Newsletter Prévention et promotion de la santé Mars 2012
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Médecin de famille et médecine de l’addiction L’amélioration de la médecine de l’addiction doit aussi passer par l’amélioration des compétences en médecine de l’addiction et la mise en réseau interdisciplinaire des médecins de famille. Ceux-ci sont en effet souvent les premiers, voire les seuls interlocuteurs de personnes dépendantes. C’est suite à cette constatation que sont apparus, depuis 2001, les trois réseaux régionaux COROMA, FOSUMOS et FOSUMIS. Ils ont désormais une offre commune, le manuel disponible sur Internet «Praticien Addiction Suisse», destiné avant tout aux médecins de premier recours.
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Prévention du tabagisme
La deuxième étape de la campagne SmokeFree est visible depuis mars 2012. Si les paquets de cigarettes de la première étape étaient encore vides, fidèles à la devise «prenez un paquet de liberté», ils sont, avec les nouveaux sujets, remplis de billets de banque, de bulles de savon et de préservatifs. Le message est clair: ne pas fumer permet de vivre une vie bien remplie. La campagne SmokeFree illustre les aspects positifs du fait de ne pas fumer, tandis que les emballages de produits du tabac présentent des images choquantes sur les conséquences du tabagisme.
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Lutte contre le VIH
Un tiers de toutes les infections au VIH diagnostiquées en Suisse provient du canton de Zurich, dont 70% après des relations sexuelles non protégées entre hommes. Le canton de Genève, où vivent de nombreux migrantes et migrants issus de pays à forte prévalence en VIH, est lui aussi fortement touché. Zurich et Genève occupent, de ce fait, une place importante dans le Programme national de lutte contre le VIH et autres infections sexuellement transmissibles 2011–2017 (PNVI). La présente édition de spectra revient sur la stratégie actuelle de prévention contre le VIH et les IST.
Médecins de famille, acteurs importants de la santé publique Collaboration OFSP/Médecins de premier recours. Les médecins de famille jouent un rôle prépondérant dans la médecine de premier recours. En contact quotidien avec une clientèle hétérogène, ils prennent pour ainsi dire le pouls de la santé de la population suisse et peuvent l’influencer de manière déterminante. La division Maladies transmissibles de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) conduit plusieurs projets communs avec les médecins de famille. Le système de déclaration Sentinella et la Journée nationale de vaccination contre la grippe en sont deux exemples.
Sentinella Système de déclaration pour les maladies transmissibles Depuis 1986, le système de déclaration Sentinella remplit une mission importante de récolte de données épidémiologiques, de surveillance des maladies transmissibles et autres affections aiguës dans la médecine de famille. Quelque 150 à 250 médecins de premier recours, recrutés parmi les généralistes, les internistes et les pédiatres, déclarent des consultations en lien avec des maladies transmissibles, trop fréquentes pour faire l’objet d’une enquête complète. Ces maladies transmissibles peuvent être d’une grande importance pour la santé publique (p. ex. l’influenza), ou être soumises à un objectif de prévention (p. ex. les oreillons ou la coqueluche). Mais le système Sentinella saisit aussi des informations sur les maladies non transmissibles. Cette année par exemple, le recensement portera sur les
consultations de patient-e-s affecté-e-s par la grippe saisonnière, les oreillons, la coqueluche, l’otite moyenne et la pneumonie (étude sur la résistance aux antibiotiques), les piqûres de tiques et la borréliose, les troubles déficitaires de l’attention/hyperactivité (ADHS) ainsi que sur toutes les prescriptions d’antibiotiques.
Comment le système est-il organisé? Le programme de déclaration Sentinella
est établi chaque année par une commission ad hoc sous la direction de Charles Dvorˇák (médecin de famille à Vallorbe). Cette commission se compose pour l’essentiel de médecins déclarants, de représentants de la division des maladies transmissibles et de divers instituts universitaires. Les cabinets médicaux déclarants fournissent chaque semaine des informations sous forme anonyme à la section Systèmes de déclaration de la division Maladies transmissibles où les données sont analysées. Les informa-
tions proviennent de l’anamnèse. Outre ce monitorage, le réseau Sentinella permet également d’enquêter ponctuellement auprès du collectif de déclaration et de l’intégrer dans les études de suivi.
Maladies non transmissibles Depuis toujours, Sentinella est également ouvert au recensement de maladies non transmissibles, ce qui lui permet de mettre en réseau la médecine de premier recours et des acteurs PH en dehors des maladies infectieuses. Par
Forum Le médecin de famille: premier recours, addiction comprise Quel étonnement pour moi lorsque l’on m’a demandé d’écrire ce forum sur le médecin de famille et la médecine de l’addiction. Il existe, dans ce domaine, tellement de collègues nettement plus expérimentés. Je ne connais la misère des scènes de drogue ouvertes des années 1990 que par ouï-dire et au travers de reportages à la télévision et dans la presse. Pendant mes études de médecine, à la fin des années 1990 à l’Université de Bâle, la médecine de l’addiction était pratiquement inexistante. Médecin assistant, je n’ai été confronté aux questions de l’addiction que de manière marginale. Ce genre de patients dérangeait sans doute, raison pour laquelle nos chefs préféraient les laisser sortir le plus vite possible. Loin des yeux, loin du cœur. C’est au cours d’un engagement d’une année en psychiatrie que j’ai eu l’occasion de faire mes premières expériences avec des patient-e-s dépendant-e-s.
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Frais émoulu, je débutais mon activité en cabinet. Très vite je me suis trouvé confronté, non seulement aux aspects somatiques, mais aussi aux problèmes sociaux des dépendances. Par chance, j’ai pu compter, à l’époque, sur le soutien d’un collègue expérimenté et sur ses précieux conseils. Aujourd’hui, je suis à la tête d’un cabinet de groupe à Uri. Nouveau venu dans la région, j’ai commencé par me familiariser avec les structures locales. A qui m’adresser lorsque j’ai un problème? A qui faire appel pour m’aider à suivre un patient? Bref, il a fallu que je me connecte au système existant. C’est exactement à cette époque aussi que le projet FOSUMIS (Forum Suchtmedizin Innerschweiz) a été présenté lors de l’assemblée générale de la société cantonale de médecine. L’objectif est d’améliorer la prise en charge de la population de Suisse centrale nécessitant des soins spécifiques en l’addiction. D’une part, en renforçant la compétence profession-
nelle des spécialistes travaillant dans le domaine de l’addiction, d’autre part en améliorant la collaboration interprofessionnelle des médecins avec l’ensemble des intervenants pour un traitement interdisciplinaire des personnes touchées par un problème d’addiction. Il s’agissait donc ici aussi d’un travail de mise en réseau ou, pour faire plus moderne, de soins intégrés. Pour atteindre son but, FOSUMIS offre des formations spécifiques en addiction dans les différents cantons, ainsi qu’un ouvrage de référence («manuel») et un service de conseil en ligne. Les collègues de Suisse orientale connaissent tout cela depuis longtemps puisque FOSUMIS est pour ainsi dire le digne petit frère de FOSUMOS (et du COROMA en Suisse romande).
comme des dépendances. Et je souhaite également tout mettre en œuvre pour leur apporter une aide compétente. Qu’ai-je appris pendant mes études et en tant que médecin assistant en la matière? Peu de choses à vrai dire. Heureusement, ma participation au groupe de projet FOSUMIS et au groupe régional Uri m’a donné l’occasion de prendre part à maints débats intéressants et de partager des idées précieuses. Donc: médecins de famille et médecine de l’addiction? Sans aucun doute!
En tant que médecin de famille, je suis souvent la première personne que mes patient-e-s consultent en cas de problème. Je suis touché qu’ils me confient ouvertement des problèmes délicats,
Jürg Bollhalder, médecin FMH en médecine générale, Altdorf UR
En première ligne Le rôle des quelque 7’700 médecins de famille est fondamental pour la santé des citoyennes et des citoyens de notre pays. Un des grands défis de leur travail consiste à apprécier correctement le risque de pathologies lourdes sur la base de troubles atypiques, de prendre les mesures appropriées et de procéder aux bonnes investigations. En outre, le vieillissement de la population et la multiplication des comorbidités placent de plus en plus les médecins de famille face à des situations complexes que les seules interventions médicales ne suffiront pas à résoudre. Cela concerne en particulier les patient-e-s atteint-e-s de maladies incurables qui ont besoin d’un accompagnement palliatif. Dans cette phase de leur vie, il leur faut une personne de confiance disposant de compétences professionnelles et sociales élevées, en lien avec d’autres professionnel-le-s, capable de les conseiller et de les accompagner de manière optimale, ainsi que de leur fournir et de coordonner d’autres prestations.
ailleurs, le système est exemplaire en matière de collaboration des acteurs dans la prévention et les soins de bases à partir de données communes. Un exemple: l’enquête «Obésité et troubles du comportement alimentaire» en 2008 s’était concentrée sur les besoins et le rôle des médecins de famille afin d’utiliser les résultats ultérieurement lors de la planification d’offres de prévention développées et disponibles également en dehors du réseau Sentinella.
Les limites de Sentinella Sentinella sert principalement à la surveillance de l’influenza, au centre du système. Il se prête moins à la surveillance de maladies plus longues ou chroniques car il ne saisit pas les consultations de patient-e-s sur la durée totale de traitement. Les enquêtes de Sentinella se concentrent avant tout sur le recours et le rôle des médecins de famille. Malgré ces bémols, Sentinella reste un système précieux: c’est en effet le seul instrument de recensement perspicace à l’échelle suisse, de la médecine de premier recours.
Nouveaux défis La médecine de premier recours ambulatoire est en forte mutation. Toujours plus de médecins (hommes et femmes) travaillent à temps partiel et dans des cabinets de groupe. Dans le passé, les déclarations provenaient du «médecin Sentinella», aujourd’hui, elles viennent des «cabinets Sentinella». L’augmentation des consultations par téléphone, des centres ambulatoires et des permanences créés justement en régions urbaines continuera à modifier Sentinella qui devra aussi relever le défi de la cybersanté (eHealth). Avec l’échange continu de données électroniques exigé entre les acteurs de la santé, le système Sentinella devra adapter ses interfaces et la codification des données médicales. Les solutions viendront du large soutien dont bénéficie le réseau et des contacts établis, comme ceux avec le projet FIRE de l’institut de médecine de famille à Zurich. Contact: Maria Schabel et Andreas Birrer, Section Systèmes de déclaration sentinella@bag.admin.ch Lien: www.bag.admin.ch/sentinella
Journée nationale de vaccination contre la grippe Vaccination sans rendez-vous
la participation à la Journée nationale de vaccination contre la grippe en sont des bons exemples. La Journée nationale de vaccination contre la grippe est une offre à bas seuil pour toutes celles et ceux voulant se protéger contre la grippe saisonnière. Ce jour-là, il est possible de se faire vacciner sans rendezvous dans de nombreux cabinets médicaux, pour un prix indicatif de 25 francs. C’est l’occasion de rappeler qu’il est temps de se faire vacciner contre la grippe. Cette journée de prévention médicale est organisée, chaque automne depuis 2004 par le Collège de médecine de premier recours au nom de toutes les organisations de médecins de famille et avec le soutien de l’OFSP.
Au-delà des groupes à risque Contrairement à la majorité des autres maladies virales causant des refroidissements, une «vraie grippe» (influenza) peut conduire à un tableau clinique grave. Le risque de complications est accru pour les personnes âgées (à partir de 65 ans), les enfants et les adultes souffrant de maladies chroniques, les prématurés et les femmes enceintes. La vaccination annuelle contre la grippe en automne leur est fortement recommandée, tout comme aux personnes qui, au sein de leur famille ou dans le cadre de leur activité professionnelle, sont en contact régulier avec des personnes à risque ou avec des nourrissons. Ces personnes ont souvent l’occasion de se faire vacciner contre la grippe lors d’une consultation médicale ou sur leur lieu de travail. Les autres personnes intéressées par une vaccination, désireuses de se protéger elles-mêmes ainsi que leur entourage, ont en revanche peu d’occa-
sions de le faire. La Journée nationale de vaccination contre la grippe permet aux médecins de famille d’offrir un accès simplifié à la vaccination contre la grippe.
Dans cette perspective, la prévention est elle aussi toujours plus importante. Les prestations préventives sont généralement conçues dans une vision à long terme. Leur effet est rarement immédiatement mesurable. Parfois il ne l’est pas du tout. Grâce 43’000 doses supplémentaires à la continuité de la relation qu’il entretient de vaccin avec ses patients, le médecin de famille La Journée nationale de vaccination sait quelles sont les mesures préventives contre la grippe s’est désormais établie pertinentes et connaît les chances de réusdans les consciences. En 2009, deux sir à modifier un comportement au cas par tiers de la population et une grande par- cas. La palette d’examens préventifs et tie des médecins la connaissaient. Bien d’interventions possibles augmente réguqu’en pratique les médecins de famille lièrement. Les médecins de famille sont de ont déjà vacciné une grande partie de plus en plus confrontés à des patients souleurs patient-e-s présentant un risque cieux qui, ayant une vague connaissance accru de complications au cours des se- des risques potentiels, exigent une explimaines précédant la journée nationale, cation à tout. Ici aussi, c’est le bon dosage quelque 57% de tous les médecins de qui détermine les bénéfices et les dangers premier recours de médecine générale de la prévention.
(SSMG) et de médecine interne (SSMI), ainsi que 12% des pédiatres y ont activement pris part. Ce jour-là, les médecins de famille participants ont délivré environ 43’000 doses de vaccin supplémentaires. L’écho relativement important et l’intérêt médiatique contribuent, selon des enquêtes, à ce que de nombreuses personnes se fassent vacciner contre la grippe, non seulement lors de la journée nationale, mais aussi avant et après. Contact: Tobias Eckert, Section Programmes de Vaccinations et mesures de contrôle, tobias.eckert@bag.admin.ch Liens: www.kollegium.ch www.influenza.admin.ch www.sevaccinercontrelagrippe.ch/fr-ch/
C’est pourquoi je plaide pour une médecine de famille hautement qualifiée, seule en mesure de décider, dans un éventail de tâches aussi large, de l’intervention juste pour le bénéfice du patient et dans l’intérêt de la collectivité.
Catherine Gasser Responsable de la division Professions médicales Office fédéral de la santé publique
Hippocrate le disait déjà: «Mieux vaut prévenir que guérir». Ce postulat s’applique toujours à de nombreuses mala- Prochaine Journée nationale de vaccination dies. Les médecins de premier recours contre la grippe: vendredi 2 novembre 2012 fournissent, notamment par des mesures de prévention, une contribution Les adresses des cabinets médicaux participants sont disponibles dè s l’automne sous importante au maintien de la santé de la www.kollegium.ch/grippe/f. Le prix indicatif de la vaccination est de 25 francs. population. La vaccination annuelle Les caisses-maladie remboursent les personnes à risque accru de complications. contre la grippe de groupes à risque et
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Managed care: l’essentiel en bref Réforme de la loi sur l’assurancemaladie. Le 17 juin 2012, les citoyens se prononceront sur le projet dit Managed Care, qui vise à ancrer les réseaux de soins intégrés dans la loi. Qu’est-ce que le Managed Care et qu’apporte la réforme? Un tour d’horizon. Le Conseil fédéral et le Parlement entendent améliorer la qualité et l’efficience dans le système de santé en encourageant le développement de réseaux de soins intégrés (Managed Care). Le renforcement de la collaboration et des synergies entre tous les fournisseurs de prestations permettra notamment d’éviter des examens inutiles et des doublons.
Qu’est-ce que le Managed Care? Le Managed Care est un modèle d’assurance-maladie dans lequel la prise en charge médicale est garantie par un réseau de soins intégrés. Ce réseau est constitué de fournisseurs de prestations qui se regroupent afin d’améliorer la coordination du traitement. Dans un réseau de soins intégrés, l’assuré bénéficie d’un traitement défini et coordonné tout au long de la chaîne thérapeutique. Le réseau doit garantir l’accès à toutes les prestations de l’assurance obligatoire des soins. Il s’agit non seulement des prestations médicales, mais aussi de toutes les prestations prévues par la
loi, comme celles des pharmaciens, des chiropraticiens, des sages-femmes, des laboratoires, des hôpitaux, des maternités ou des établissements médico-sociaux. Dans le cadre du traitement défini, des prestations complémentaires à celles prévues dans l’assurance maladie obligatoire peuvent également être proposées.
Que signifie le Managed Care pour l’assuré? L’assuré qui opte pour le modèle des réseaux de soins intégrés profite d’une participation aux coûts plus basse: la franchise se monte au plus à 10% (15% pour les autres modèles) et le montant maximal annuel ne dépasse pas 500 francs par an (1000 francs pour les autres modèles). Les assureurs peuvent en outre octroyer des rabais de prime supplémentaires ou des ristournes. En optant pour un réseau de soins intégrés, l’assuré accepte de se fournir en prestations uniquement auprès du réseau choisi, ce qui se traduit donc par une limitation du choix. Les contrats de Managed Care peuvent être résiliés chaque année, comme tous les autres modèles. Désormais, il sera toutefois possible de conclure des contrats pour des durées plus longues allant de un à trois ans contre une réduction de prime tout en conservant des possibilités de résilier le contrat avant terme.
Que signifie le Managed Care pour les assureurs et les fournisseurs de prestations?
cial. Il sera ainsi plus intéressant pour les assureurs d’offrir davantage de modèles d’assurance de type Managed Les assureurs ne peuvent pas gérer de Care, en particulier pour les personnes réseaux de soins intégrés. Ils peuvent souffrant de maladies graves ou chrocependant conclure un contrat avec un niques, au lieu de faire la chasse aux ou plusieurs réseaux. Ces contrats défi- «bons risques». nissent notamment la forme de la collaParticipation aux coûts boration, les critères de garantie de la en cas de maternité qualité, la manière dont les prestations seront rémunérées, ainsi que l’échange Désormais, les femmes enceintes n’aude données. Lorsqu’ils décident d’inté- ront plus à prendre en charge une partie grer un réseau de soins, les fournisseurs des coûts. Toutes les prestations nécesde prestations s’engagent à assumer saires durant la grossesse, l’accoucheune coresponsabilité financière. L’éten- ment et jusqu’à huit semaines après due de la coresponsabilité budgétaire l’accouchement seront entièrement est fixée conjointement avec l’assureur. exemptées de la participation aux coûts. Elle devrait inciter les fournisseurs de prestations à définir des traitements D’une manière générale, le projet veut aussi efficaces et économiques que pos- ancrer dans la loi les éléments indispensible. Les médecins doivent toutefois ga- sables au bon fonctionnement et à l’effirantir toutes les prestations nécessaires cience des réseaux de soins intégrés, à un traitement optimal indépendamment comme la coresponsabilité budgétaire des fournisseurs de prestations. Le prod’éventuels dépassements de budget. jet ménage une grande liberté de déciRestreindre la chasse sion aux acteurs dans d’autres doaux «bons risques» maines, surtout dans l’organisation Le projet comprend également un nou- interne du réseau de soins intégrés. vel affinement de la compensation des «FAQ» ad managed care sous risques entre les assureurs. Il est prévu www.bag.admin.ch/aktuell d’introduire un critère supplémentaire pour la prise en compte du risque de Contact: Sandrine Bossy, resp. suppl. maladie en plus de ceux de l’âge, du Section Tarifs et fournisseurs de prestasexe et de la durée de séjour dans un tions, sandrine.bossy@bag.admin.ch hôpital ou un établissement médico-so-
Le genre n’est pas tout, mais tout est genre Genre et dépendance. En 1997, l’Office fédéral de la santé publique a créé un mandat pour promouvoir un travail en matière de dépendance qui tienne compte des spécificités des femmes. En 2001, le mandat était étendu aux différences entre les genres, c’est-à-dire à la reconnaissance des besoins des hommes aussi. Le mandat s’est achevé fin mars 2012. Résumé.
vers horizons a toutefois permis de mettre en œuvre d’autres mesures. Par exemple l’intégration du genre dans le cursus d’études de diverses hautes écoles, la mise à disposition de connaissances sous forme de publications et le développement d’instruments. Enfin, l’inclusion d’exigences de genre dans la norme de qualité dédiée au domaine des addictions (QuaThéDA) a permis d’établir le lien avec la question de la qualité. Deux guides pour le conseil spécifique aux femmes et aux hommes dans le doAvec l’expérience, les connaissances maine des dépendances seront prochaithéoriques et pratiques ont fait appa- nement publiés. raître que le sexe social était important De la Suisse alémanique non seulement pour les femmes mais à la Suisse romande aussi pour les hommes. Si dès le départ, l’aide en matière de dépendances avait Concentré, au début, sur la Suisse aléété plus fortement orientée sur les manique, le travail a été progressivehommes, elle n’avait pas pour autant ment étendu à la Suisse romande. Le déabordé de plus près les normes sexuelles veloppement de projets et l’échange de masculines ou les représentations de la connaissances et d’expériences sont envirilité favorisant la dépendance. Les richissants pour les deux parties. Il y a mesures développées restent timides, et pourtant une ombre au tableau: la le potentiel dans le travail en matière de Suisse italophone est encore insuffisamdépendances, tenant compte des besoins ment atteinte. des hommes, est loin d’être épuisé. dans cette voie, la nécessité d’adapter les offres de prévention et d’aide en matière de dépendances aux besoins des filles et des femmes était tangible. Ce fut une période prolifique, créatrice de nombreux projets, instruments et documents. L’intégration de la méthode suisse dans la publication de l’ONU «Substance abuse treatment and care for women: Case studies and lessons learned» de 2004 restera comme un moment phare de cette activité.
Depuis le début des années 1990, la section Drogues de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) encourage les interventions respectueuses des besoins spécifiques à chaque sexe dans le travail en matière de dépendances. Souhaitant concevoir des offres d’aide et de prévention qui bénéficient à égalité aux femmes, aux hommes, aux filles et aux garçons, l’OFSP a commandé des études sur ce thème. Suite à ces études, le mandat de promotion d’un travail sexospécifique en matière de dépendances a été créé, avec les priorités suivantes: conseil, formation continue et travail de relations publiques, lancement et conduite de projets, élaboration d’instruments et de documentations Des conseils ponctuels ainsi que suivi de contacts et représentaaux instruments durables tion de la Suisse au sein des organismes internationaux s’intéressant à l’addiction Les prestations de conseils et de formations continues qui étaient au centre du et au genre. Un survol des résultats: mandat dès son origine ont conservé Des femmes au genre toute leur importance jusqu’ici. L’engaLorsque l’OFSP a commencé à s’engager gement de professionnels issus de di-
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Nouvelle priorité: la diversité
Désormais la priorité est accordée à la promotion d’un traitement professionnel de la diversité, entraînant la création de la plate-forme nationale Diversité dans le domaine des addictions. Le genre demeure un axe important, à côté de facteurs tels que le vieillissement, le
Marie-Louise Ernst
statut socio-économique ou la migration. Cette approche est indispensable, car les stratégies et les mesures qui ne font pas de différences entre les sexes abondent encore dans l’aide en matière de dépendance. Le genre n’est pas tout, mais tout est genre. Le sexe biologique (et le sexe social qui lui est étroitement associé) restent l’un des facteurs structurants essentiels dans notre société. Contact: Marie-Louise Ernst, mandatée par l’OFSP pour les questions genre et dépendances, m.l.ernst@datacomm.ch
Des informations sur l’initiative populaire sur la médecine de famille Initiative sur la médecine de famille. Dans son contre-projet à l’initiative populaire «Oui à la médecine de famille», le Conseil fédéral prend au sérieux les revendications justifiées des auteurs de l’initiative, sans toutefois prévoir dans la Constitution un statut particulier à un groupe professionnel spécifique.
suite à un allongement de l’espérance de vie de la population qui nécessite toujours plus de prestations médicales. La Suisse connaît actuellement un déficit aigu de médecins, compensé en partie par des professionnels étrangers. Les auteurs de l’initiative souhaitent toutefois que la Suisse puisse, à long terme, pourvoir elle-même à sa propre relève en médecins. L’initiative prévoit ainsi des dispositions et des prescriptions Le 1er avril 2010, l’Association profes- concrètes concernant la reconnaissance sionnelle des médecins de famille et de et l’encouragement des médecins de l’enfance a déposé l’initiative populaire famille, ainsi que l’amélioration de leur «Oui à la médecine de famille» avec plus situation professionnelle et financière, de 200’000 signatures. L’objectif est de ancrées dans la Constitution fédérale revaloriser et de garantir, à long terme, au travers d’un nouvel article (118b). une médecine de famille de qualité. Les Mettre en réseau médecins de famille y soulignent leur au lieu de fragmenter importance en tant que service de recours essentiel dans la médecine de pre- Le 16 septembre 2011, le Conseil fédémier recours – à juste titre puisque leur ral s’est prononcé contre l’initiative pogamme de prestations s’étend du traite- pulaire et en faveur d’un contre-projet ment de maladies et d’accidents à l’édu- direct. Il ne voit dans l’initiative aucune cation sanitaire jusqu’à la prévention. solution viable pour assurer une médePourtant, les auteurs de l’initiative re- cine de premier recours adéquate, acmarquent que la médecine de famille cessible à tous et de haute qualité. Il perd constamment en importance. Les reconnaît, certes, des revendications médecins de famille ont diagnostiqué, il justifiées dans certains domaines, mais y a des années déjà, des déficits fonda- déplore que l’initiative promeuve exclumentaux dans leur profession. Il manque sivement les médecins de famille. En au métier de médecin de famille une effet, l’initiative se focalise sur la médepromotion adéquate dans le système de cine de famille qui serait le seul groupe formation universitaire et postgrade, professionnel de la médecine de predes conditions d’exercice attrayantes (p. mier recours à être mentionné dans la ex. structure tarifaire) et la reconnais- Constitution, ce qui, ne serait-ce que sance. Il y aurait ainsi toujours moins de pour des raisons d’égalité de traitement, médecins de famille en Suisse alors que est problématique. En outre, l’initiative la demande augmente régulièrement promeut la fragmentation traditionnelle
de la médecine de premier recours. Or, cette situation doit être surmontée et non soutenue. Le Conseil fédéral voit l’avenir de la médecine de premier recours non dans l’amélioration du sort de la seule médecine de famille mais dans une meilleure mise en réseau de tous les professionnels médecins et non médecins. Cette approche multiprofessionnelle au sens de Managed Care est également au centre du contre-projet. Celui-ci reconnaît et promeut explicitement la médecine de famille comme un pilier important du Managed Care. Mais il intègre également d’autres secteurs de la médecine qui ont tout autant besoin de soutien – notamment en matière de relève. Le contre-projet donne ainsi une réponse plus globale aux défis actuels de la santé.
taire qui permet au Conseil fédéral d’adapter la structure tarifaire si celle-ci s’avère inappropriée et si les parties ne peuvent s’entendre sur une révision de la structure. Le même jour, le Parlement a approuvé une nouvelle révision de la loi sur l’assurance-maladie: à l’avenir, les prestataires et les assureurs définissent ensemble une méthode de contrôle de l’économicité. L’optimisation de la procédure vise une réduction des charges administratives. Dans son rapport en réponse à la motion 08.3608 «Stratégie pour lutter contre la pénurie de médecins et encourager la médecine de premier recours» de septembre 2011, le Conseil fédéral recommande aux cantons universitaires de former, à l’avenir, 1200 à 1300 médecins au lieu des 700 à 800 actuellement. La promotion ciblée de la médecine de famille La Confédération agit déjà dans la formation universitaire et post Pour réagir à court et moyen termes aux grade doit également permettre d’acdifficultés de la médecine de famille, le croître la part des médecins de famille. contre-projet direct est accompagné Sur mandat du Conseiller fédéral Alain d’une série de mesures, notamment la Berset, des responsables étudient acrévision de la loi sur les professions tuellement la mise en place d’un master médicales. Cette révision prévoit une plan «Médecine de famille»: l’objectif adaptation des objectifs de formation est de faire avancer d’autres mesures universitaire et postgrade concernant la précises pour promouvoir la médecine médecine de premier recours et com- de famille et de les mettre en œuvre le prenant aussi les compétences de la mé- plus rapidement possible. La décision decine de famille. En outre, la création du lancement du master plan interviendu titre postgrade fédéral en «médecine dra en juin 2012. interne générale» répond aux besoins Contact: Catherine Gasser, responsable essentiels des médecins de famille. La de la division Profession médicales, structure tarifaire incriminée n’est pas Unité de direction Politique de la santé, en reste: le 23 décembre 2011, le Parlecatherine.gasser@bag.admin.ch ment a adopté une initiative parlemen-
Médecine de l’addiction: des réseaux pour soutenir les médecins de famille Réseau. Arrêt du tabac, sevrage alcoolique ou prescription de méthadone: les médecins de famille sont souvent le premier recours et le plus important pour les personnes dépendantes. Des réseaux comme le Collège Romand de Médecine de l’Addiction (COROMA), le Forum Suchtmedizin Ostschweiz (FOSUMOS) et le Forum Suchtmedizin Inner schweiz (FOSUMIS) leur donnent les moyens de professionnaliser leur travail avec des patients dépendants. Le but déclaré de ces réseaux régionaux est de renforcer les compétences des médecins de premier recours en matière de médecine de l’addiction et de mieux couvrir les besoins des patients dépendants et de leurs proches. Un autre objectif consiste à renforcer la collaboration interdisciplinaire entre médecins de premier recours et spécialistes des addictions, ainsi qu’avec des professionnels en contact avec des personnes dépendantes: psychiatres, pharmaciens, médecins des prisons, mais aussi travailleurs sociaux et psychologues. Enfin, les réseaux entretiennent des contacts étroits avec des cliniques
psychiatriques, des hôpitaux universi- pale des réseaux, un manuel en ligne taires et des centres ambulatoires de destiné avant tout aux médecins de premier recours, mais aussi au personnel médecine de l’addiction. médical des prisons et des services d’urUn manuel dédié au contact gence hospitaliers. Le manuel offre une avec les patients dépendants palette variée d’instruments pratiques En 2011, les trois réseaux COROMA, FO- comme des conseils en ligne, des algoSUMOS et FOSUMIS, ainsi que l’associa- rithmes de traitement, des adresses, des tion professionnelle Ticino Addiction se check-lists, des formulaires, des textes sont regroupés en une plate-forme na- de loi et bien d’autres renseignements. tionale, afin de créer un site Internet La version allemande du manuel comcommun: www.praticien-addiction.ch. prend sept chapitres sur les thèmes suiCe site permet d’accéder à l’offre princi- vants: alcool, nicotine, cannabis, dro-
COROMA (Collège Romand de Médecine de l’Addiction) Réseau des cantons de Suisse romande Création: 2001 Offres principales: – Manuel de médecine de l’addiction sous www.praticien-addiction.ch – Colloques annuels (Journées COROMA) – Groupes régionaux de discussion – Ressources documentaires – Information sur des questions de médecine de l’addiction par courrier électronique – Formations de base et formations continues www.romandieaddiction.ch
FOSUMOS (Forum Suchtmedizin Ostschweiz) Réseau des cantons SG, GR, GL, TG, AR, AI et de la Principauté de Liechtenstein Création: 2003 Offres principales: –M anuel de médecine de l’addiction sous www.praxis-suchtmedizin.ch – Groupes régionaux de discussion sur des thèmes liés à la médecine de l’addiction – I nformation sur des questions de médecine de l’addiction par courrier électronique –F ormations de base et formations continues www.fosumos.ch
gues de synthèse, médicaments, héroïne et cocaïne. Actuellement, seul le chapitre sur l’héroïne existe en français et en italien. Les traductions des autres chapitres sont en cours. Les réseaux sont financés par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et les cantons. Contact: René Stamm, Section Drogues, rene.stamm@bag.admin.ch
FOSUMIS (Forum Suchtmedizin Innerschweiz) Réseau des cantons LU, NW, OW, SZ, UR et ZG Création: 2010 Offres principales: – Manuel de médecine de l’addiction sous www.praxis-suchtmedizin.ch – Groupes régionaux de discussion sur des thèmes liés à la médecine de l’addiction – Information sur des questions de médecine de l’addiction par courrier électronique www.fosumis.ch
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«Médecin de famille est un profession fascinante et incroyablement varié Entretien avec Ueli Grüninger. Les médecins de premier recours (médecins de famille) sont les principaux interlocuteurs des personnes présentant des problèmes de santé. L’augmentation des tâches et les progrès de la médecine requièrent de leur part davantage de compétences professionnelles tandis que, parallèlement, l’estime traditionnellement élevée dont ils jouissent et l’attrait du métier de médecin de premier recours baissent. spectra a demandé à Ueli Grüninger, médecin et secrétaire général du Collège de Médecine de Premier Recours, de nous dire où le bât blesse.
notre projet innovateur «Coaching santé», un programme qui vise un changement de comportement chez le patient et qui a fait ses preuves dans la pratique. Chaque année enfin, le CMPR remet un prix de recherche en médecine de premier recours; la médecine de premier recours est un sujet d’étude encore relativement récent dans les universités – les instituts de médecine de premier recours datent de 2004 – et le développement de la prise en charge médicale pose de nombreuses questions auxquelles la recherche médicale actuelle ne peut fournir de réponses. Formation, garantie de qualité, recherche, prévention et promotion de la santé sont donc les tâches principales de la fondation. Nous menons toujours davantage spectra: Qu’est-ce que le de projets avec des partenaires issus Collège de Médecine de Premier des secteurs privé et public. L’Office féRecours? déral de la santé publique (OFSP) est Ueli Grüninger: Le Collège de Médecine pour nous un partenaire très important. de Premier Recours (CMPR) est une fonNous allons tout droit vers une dation créée en 1994 par les trois assopénurie de médecins de premier ciations professionnelles de médecins recours. A votre avis, pourquoi? de premier recours: la Société Suisse de Médecine générale, la Société Suisse de La première raison, évidente, est que la Médecine interne et la Société Suisse de Suisse forme trop peu de médecins dePédiatrie, en collaboration avec l’Acadé- puis des années. Il faudrait 1300 noumie suisse des sciences médicales et les veaux diplômés chaque année, alors qu’ils ne sont que 700 environ. Ce n’est cinq facultés de médecine de Suisse. pourtant pas l’intérêt qui manque. L’anQuelles sont les activités princinée dernière, 1300 jeunes ont été refupales du Collège? sés au prétexte qu’on ne peut adapter le La fondation a pour but de maintenir et nombre de places d’étude aux besoins de promouvoir la qualité de la médecine de premier recours, dans les domaines «Si des mesures efficaces ne de la pratique, de la formation et de sont pas prises rapidement, la recherche. Au niveau de la formation continue, nous organisons chaque il va devenir impossible de année des Colloques qui regroupent garantir la prise en charge quelque 1500 participants. Pour garanmédicale de base.» tir la qualité, 400 futurs médecins de premier recours obtiennent chaque année une attestation de formation com- existants: les universités, les cantons et plémentaire pour la pratique du labora- la Confédération se passent la patate toire au cabinet médical (AFC – Labo du chaude. Du coup, la Suisse doit faire vePraticien) après avoir suivi un cours de nir des médecins des pays voisins pour trois jours, ainsi que pour les examens combler ce déficit; cette situation n’est radiologiques à fortes doses, supervisés pas viable, pour des raisons éthiques et par des experts CMPR. Nous dévelop- politiques. pons et organisons aussi des pro- Deuxième raison, la démographie. grammes de prévention et de promotion D’une manière générale, il y a de moins de la santé au cabinet médical: la Jour- en moins de jeunes et, donc, moins de née nationale de vaccination des méde- relève potentielle. Parallèlement, le cins de premier recours qui aura lieu nombre de personnes âgées augmente cette année pour la neuvième fois; et ainsi que les besoins en prestations médicales. Troisième raison, l’augmentation de l’offre médicale. Ces deux derNotre interlocuteur niers points augmentent la demande en Ueli Grüninger (62), médecin spécialisé force de travail. Mais, quatrième raison, en médecine interne, chargé de cours à les ressources en personnel sont insuffila Faculté de médecine de l’Université santes. En effet, non seulement le de Berne; d’abord activité de médecin nombre de médecins formés est insuffiinterniste, puis stage post-doc (à la sant, mais en raison de l’augmentation Johns Hopkins University de Baltimore/ du travail à temps partiel chez les médeUSA), à partir de 1986 à l’Institut de mécins – un effet secondaire de l’arrivée en decine sociale et préventive à Berne masse très réjouissante des femmes –, (option prévention médicale), à partir de c’est mathématique, le compte n’y est 1991 à l’OFSP (en dernier: domaine des pas. Aujourd’hui, pour dix postes à plein lois sur les professions médicales unitemps, on a plutôt besoin de 15 que de 10 versitaires et professions psycholopersonnes. Enfin, cinquième raison, la giques), depuis 2003 secrétaire général charge de travail administratif pèse de du CMPR. plus en plus lourd sur les médecins de premier recours. Conclusion, si des me-
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spectra 92 Mai 2012 Médecin de famille
Ueli Grüninger
sures efficaces ne sont pas prises rapide- bonne médecine de premier recours. ment, il va devenir impossible de garan- Les médecins de famille sont en alerte tir la prise en charge médicale de base. depuis le milieu des années 2000. La manifestation du 1er avril 2006 a été un Faut-il conclure de vos propos moment phare. Déjà à l’époque, nous que le métier de médecin de demandions une meilleure formation, premier recours n’est pas assez de meilleures conditions de travail, daattrayant? vantage d’investissements dans la prise Médecin de famille est un métier fasci- en charge de base et un droit de regard. nant. Mais le contexte n’est pas optimal. Cette initiative est l’aboutissement de C’est pourquoi il faut insister et investir ces exigences. Elle a rencontré un bon davantage pour assurer une formation écho puisqu’elle a rassemblé plus de continue pragmatique, et des conditions 200’000 signatures en un temps record. correctes qui réduisent la charge élevée Les médecins de famille sont ainsi devede travail, les longs temps de présence, nus une force politique à prendre au la paperasserie et la pression écono- sérieux. Ils ont créé, avec l’association mique. Les médecins de premier re- professionnelle des médecins de famille et cours sont en fait de petits chefs d’entre- de l‘enfance Suisse, une nouvelle organiprise. Ils doivent s’affirmer sur le sation faîtière dont la mission est de se marché mais, en même temps, ils ont préoccuper de questions politiques et synsouvent les mains liées et sont sous dicales. Le Collège des Médecins de Precontrôle permanent. Pourtant, j’ai l’im- mier Recours et les sociétés professionpression que les médecins de premier nelles de médecine restent compétentes recours jouissent d’une considération pour les questions professionnelles. encore élevée de la part de la population. Le manque de médecins de Mais en fin de compte, nous n’avons pas premier recours est un problème trop à nous plaindre de notre métier, et aux racines multiples. C’est c’est pourquoi nous préférons le vanter. peut-être pourquoi personne ne Car médecin de premier recours est et s’en saisit concrètement. Qui reste un métier véritablement merveildevrait le faire? leux, varié et gratifiant. A mon avis, il faudrait déjà commencer Que veut l’initiative pour la par asseoir tout le monde à la même médecine de famille, déposée table: représentants de la formation, de l’année dernière, pour revalorila politique, de l’administration, les méser l’activité des médecins de decins eux-mêmes, les autres métiers famille? de la santé et même la population – tous Cette initiative est née de notre grand devraient avoir un droit de regard souci que la société – et plus encore les lorsqu’il s’agit de santé. En tant que cidécideurs – ont trop peu conscience de toyen, je me demande souvent si les parl’importance pour la population d’une lementaires sont vraiment les représen-
ée.» tants du peuple et pas avant tout des lobbyistes. Tous les acteurs du secteur de la santé n’ont pas les mêmes intérêts; il s’agit d’un secteur économique en croissance et les groupes d’intérêts veulent naturellement qu’il rapporte toujours plus. Mais tout ceci se paye: par une augmentation des coûts et des primes. Il faudrait ici une décision de principe et qu’ensuite quelqu’un prenne la direction du dossier. C’est difficile
« Nous demandons un changement de mentalité. Les mesures préventives devraient pouvoir être facturées – ce qui inciterait à les pratiquer régulièrement et durablement.» dans un état fédéraliste tel que la Suisse, où les cantons sont souverains dans les questions de santé. La Confédération n’intervient que subsidiairement ou lors de missions spéciales, comme avec les maladies transmissibles. La loi sur la prévention, actuellement en consultation, veut transférer à l’Etat un peu plus de pouvoir de coordination et de droits. Le projet de loi a de la peine, mais j’espère vraiment la création de davantage de structures et de compétences pour clarifier la coordination et les responsabilités entre tous les acteurs. Par sa taille, ses ressources et son réseau, l’OFSP joue ici un rôle important. Personnellement, je regrette que l’OFSP ne montre pas toujours le courage d’assumer le leadership.
Quels sont, pour vous, le rôle et la responsabilité des médecins de premier recours en matière de santé publique, au niveau de la prévention, du dépistage précoce, de la surveillance (Sentinella) etc.? Ruth Dreifuss, ancienne ministre de la santé, qualifiait très justement les médecins de premier recours de «pivot du système de santé». Que ce soit en consultation, lors de visites à domicile ou par son engagement dans la commune où il a son cabinet, un médecin de premier recours pense toujours, au-delà de l’individu, à l’ensemble de sa patientèle, à la collectivité dans laquelle il travaille et vit. Il vaccine, pratique des examens de dépistage précoce, ou déclare au médecin cantonal un nombre soudain élevé de patients atteints de diarrhée. Au final, les quelque 7000 médecins de premier recours sont des acteurs centraux de la santé publique.
Serait-il intéressant pour les médecins de premier recours d’assumer des tâches supplémentaires de santé publique? Quelles seraient les bonnes incitations? D’abord, il faut rester réaliste: un chercheur américain a calculé qu’un médecin de premier recours devrait travailler plus de 24 heures par jour pour faire
tout ce qu’il devrait – rien que dans la prévention. Mais déjà sans ces tâches, un médecin de premier recours est suffisamment occupé. Mais venons-en aux incitations. Les études qui existent nous enseignent que les médecins de premier recours font partie des médecins les plus favorables à la prévention et à la promotion de la santé. Mais ils se heurtent à leurs limites lors de la mise en œuvre: le temps, mais aussi la rémunération insuffisante, voire complètement inexistante. Il faut rémunérer de manière appropriée les médecins de premier recours pour des tâches classiques de prévention et de santé publique. Aujourd’hui, ils ne peuvent pas facturer, par exemple, leur conseil en prévention, ou très exceptionnellement (comme le conseil en obésité chez les enfants). La raison invoquée par les caisses et l’autorité de surveillance OFSP est que la loi sur l’assurance-maladie ne s’applique qu’aux maladies. Derrière ce raisonnement se cache la vision préhistorique et complètement dépassée d’une opposition irréductible entre maladie et santé. Alors que le passage de l’une à l’autre est progressif. Les soins que la loi sur l’assurance-maladie accepte de payer pour guérir les maladies, contiennent presque tous des mesures préventives, compte tenu du niveau de la science; et celles-ci devraient donc, à mon sens, pouvoir être facturées – ce qui inciterait à les pratiquer régulièrement et durablement. Nous aurions enfin des conditionscadres correctes. C’est pourquoi nous demandons un changement de mentalité.
Que faire pour inciter les étudiants en médecine à s’intéresser au métier de médecin de premier recours et à s’engager dans cette voie? Les futurs médecins devraient apprendre à connaître le travail en cabinet très tôt, pendant leur formation déjà: on ne peut aimer que ce que l’on connaît. Nous le voyons bien avec les tutorats en cabinets de médecins de premier recours introduits ces dernières années et qui sont très prisés des étudiants. Plus tard, au cours de la formation postgrade, il faudrait financer suffisamment de postes à l’hôpital et chez les praticiens où l’on peut apprendre ce que l’on doit pouvoir faire plus tard en tant que médecin de premier recours. Et il faudrait aussi améliorer les conditions-cadres du travail en tant que médecin de premier recours, car elles ont une influence déterminante sur le choix du métier: un meilleur barème tarifaire, ainsi qu’une meilleure reconnaissance de la part des décideurs et des bailleurs de fonds.
Comment peut-on inciter les médecins de premier recours à s’engager en faveur du dépistage précoce et de la prévention? Il n’y a pas à les inciter, la motivation est là. Mais il faut leur donner des compétences en la matière et améliorer les conditions-cadres.
Par ailleurs, ils n’ont pas besoin d’encore plus de nouveaux programmes de prévention, mais de programmes mieux coordonnés et mieux orientés sur les différents problèmes. C’est pourquoi je m’engage par exemple pour que tous les acteurs impliqués dans les programmes de prévention nationaux se réunissent et réfléchissent avec nous, médecins de premier recours, sur la manière de rassembler les diverses aspirations dans un paquet pratique et interthématique. Voilà qui servirait à quelque chose. Les médecins de premier recours ne traitent pas une adiposité ou une dépendance à l’alcool, mais des personnes avec des comportements qui leur sont propres. C’est pourquoi le CMPR a développé le modèle de conseil «coaching santé».
un objectif de comportement très concret et établit ensuite un parcours pour atteindre l’objectif qu’il s’est luimême fixé. Son médecin l’accompagne et l’encourage par ses connaissances et sur la base de ses expériences avec d’autres patients. Notre test en situation réelle a montré que 36% des patients qui ont entamé un tel projet l’ont mené à bien. C’est exceptionnel – trois fois plus que ce que l’expérience nous permettait d’attendre. Il ne faut pas fixer d’objectifs trop ambitieux au début, comme un sevrage tabagique total. Il peut s’agir d’objectifs plus modestes, comme de perdre quelques kilos ou de marcher 20 minutes d’un bon pas trois fois par semaine. Il s’agit de montrer aux patients qu’au travers du soutien de leur médecin ils peuvent accroître la confiance en Comment fonctionne leur capacité d’agir sur leur santé et obce coaching santé? tenir ainsi des succès. Pour que ces enCe projet nous permet d’intégrer le tretiens de motivation soient conduits conseil portant sur les comportements dans les meilleures conditions, nous importants pour la santé dans un pro- avons formé les médecins participant gramme-cadre de prévention et de pro- au projet pilote avec des acteurs jouant motion de la santé au cabinet médical. le rôle de patients. Nous partons du principe que les patients Vous semblez convaincu; quelles ont envie de faire eux-mêmes quelque sont les expériences faites avec chose pour leur santé mais que, pour le coaching santé et comment des raisons diverses, ils n’ont pas enréagissent les médecins de core suffisamment développé leur motipremier recours? vation, leur confiance et leur disposition à changer concrètement de comporte- Nous avons constaté avec intérêt que ce ment. Dans un premier temps, le médecin programme n’incite pas seulement les et le patient explorent donc la situation patients mais aussi les médecins à modide départ, les expériences et les préfé- fier leur comportement. Le coaching santé donne au médecin de premier recours des compétences essentielles en matière «Les médecins de premier de communication visant un changement recours sont en fait de petits de comportement. Nombre de médecins chefs d’entreprise. Ils doivent impliqués dans le projet pilote ont coms’affirmer sur le marché mais, mencé à l’utiliser progressivement dans d’autres situations. Nous avons aussi un en même temps, ils ont souautre motif de satisfaction: 16 des 20 mévent les mains liées.» decins du projet pilote à Saint-Gall souhaitent continuer spontanément le coarences du patient, pour ensuite mettre ching santé après la fin de l’année de test. en place ensemble des mesures réalistes Quelles conclusions en tirezafin que le patient transforme son projet vous au Collège de Médecine de de santé personnel en action sur son Premier Recours? comportement. Le médecin devient le Nous réfléchissons à la manière coach, le patient l’acteur principal. d’étendre le programme. Les patients Un exemple? apprécient de ne plus être considérés Un patient – appelons-le Pierre Dupond – comme des cas d’hypertension, de souffre d’hypertension. Son médecin lui surpoids, de tabagisme mais comme des prescrit donc un médicament. Mais êtres humains. Ils prennent conscience Pierre Dupond peut aussi contribuer lui- qu’ils ne peuvent pas se contenter de même à lutter contre son trouble. Le déléguer la responsabilité de leur santé médecin l’interroge donc sur la percep- mais être eux-mêmes acteurs de leur tion qu’il a de son comportement en ma- santé. Notre souci avec le projet n’est tière de santé et sur son envie éventuelle donc pas son acceptation par les méded’agir lui-même contre son hyperten- cins et les patients. Il s’agit bien plus des sion. D’après l’étude que nous avons questions liées à son financement (forconduite pendant 12 mois auprès de mation des médecins, production de 20 cabinets médicaux de premier re- matériel, support en cabinet) et ensuite cours avec 1000 patients dans le canton celles liées à une rémunération correcte de Saint-Gall, plus de 90% des patients de cette prestation de conseil médical. acceptent ce type d’offre et remplissent Nous avons transmis les données et jusensuite un questionnaire chez eux. tificatifs de nos tests à Santé Suisse et à Pierre Dupond réfléchit ainsi plus préci- l’OFSP qui en avaient fait la demande sément à ses propres modèles de com- avant le projet et attendons avec intérêt portement et aux changements pos- une réévaluation positive concernant le sibles. Lors de la consultation suivante, financement de ces prestations de il en discute avec son médecin, choisit conseil.
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Un petit paquet pour une grande joie de vivre Campagne SmokeFree 2012. La nouvelle campagne met une fois de plus l’accent sur les avantages d’une vie sans fumée. L’approche positive trouve un écho favorable auprès de la population et des partenaires. Pas d’index moralisateur ni de scénarios d’horreur pour la campagne actuelle de prévention du tabagisme, mais célébration d’une vie naturellement sans fumée et de ses avantages. Depuis 2011, la Confédération adopte une attitude encore plus systématiquement positive – au travers de la campagne SmokeFree – sur le fait de ne pas fumer, que lors des campagnes précédentes.
Davantage d’air pour l’amour L’image-clé des spots TV, des annonces et des affiches était, et reste, le paquet de cigarettes vide de la marque SmokeFree et le slogan «Prenez un paquet de liberté». Un an plus tard, la campagne SmokeFree revient avec de nouveaux sujets. Cette fois, les paquets ne sont plus vides, mais débordent de billets de banque, de bulles de savon et de préservatifs. Le message est clair: les non-fumeurs profitent de la vie à 100%. Le contenu des paquets reflète les nombreux effets secondaires agréables d’une vie sans tabac comme, davantage d’argent, davantage de beauté ou davantage de place pour l’amour et la famille. L’amour est aussi le thème du dernier spot TV qui met en scène un jeune couple passionné. Puis, quand les deux tourtereaux ont terminé leurs ébats, madame regarde d’un œil inquiet son partenaire se saisir d’un paquet de clopes. Mais celui-ci ne contient, en réalité, que des préservatifs qui tombent par dizaines à la fin de la vidéo, sous le regard ravi et soulagé de la jeune femme.
Echos positifs Le message positif et la mise en œuvre créative de SmokeFree passent très bien dans la population, ainsi que l’évaluation des trois étapes de la campagne 2011 l’a montré. Les personnes interrogées ont mieux noté les valeurs «sympathique» ou «original» que les qualificatifs «moralisateur» ou «ennuyeux». Les notes accordées à «ennuyeux» sont restées constamment basses pendant les trois étapes de la campagne ce qui permet de conclure qu’il n’y a pas encore de signes de saturation. L’attitude adoptée par SmokeFree donne également un bon résultat: les personnes interrogées qui ont vu la campagne ont une perception plus positive de la vie sans tabac que les personnes qui n’ont pas vu la campagne. De même, les petites fiches avec les astuces pour arrêter de fumer et les avantages de la vie sans fumée trouvent un excellent écho. Elles ont été évaluées majoritairement comme claires et intelligibles (89%), sympathiques (79%) et instructives (71%).
Plus de 105’800 paquets offerts Chaque jour, de nombreux paquets sont encore envoyés par la poste à la demande des internautes ayant cliqué sur la page de SmokeFree pour aider les futurs non-fumeurs non seulement à arrêter, mais aussi à commencer, une nouvelle vie. Depuis ce printemps, les paquets peuvent être aussi envoyés sous forme électronique, sous emballage virtuel accompagné d’un message de motivation personnel et de la photo de l’expéditeur. Pour réussir, les campagnes nationales ont néanmoins toujours besoin de partenaires qui aident à ancrer les messages. Là encore, SmokeFree a rencontré un bon écho. De nombreuses organisations partenaires ont soutenu
la campagne, parmi lesquelles des organisations cantonales, des écoles, des hôpitaux, des ONG et de nombreux autres services. Jusqu’en automne 2011, elles ont commandé plus de 39’000 paquets SmokeFree avec les astuces et les avantages. Plus de 3000 posters de campagne ont été envoyés à des organisations qui voulaient elles-mêmes conduire une action SmokeFree. Et le paquet SmokeFree géant, haut de 2 mètres, a été l’hôte de maints salons et manifestations. Des entreprises privées ont également témoigné un grand intérêt à la campagne et utilisé les affiches
et les petits cadeaux dans leurs propres actions. L’idée et le message de la campagne SmokeFree ont donc rencontré un bon écho et le potentiel ne semble pas encore épuisé. Les nouveaux sujets et spots TV de la campagne suivent ce principe et le développent en tenant compte des résultats de l’évaluation. Contact: Nicole Disler, Section Campagnes nicole.disler@bag.admin.ch Lien: www.smokefree.ch
Nouvelles images contre force de l’habitude Prévention du tabagisme. La deuxième série des mises en garde combinées est utilisée sur les produits du tabac depuis le 1er janvier 2012.
textes d’avertissement apposés sur les produits du tabac doivent être accompagnés, depuis 2010, d’illustrations et du numéro de la ligne stop-tabac sur chaque paquet (0848 000 181). Trois séries de 14 illustrations seront impriLa psychologie cognitive nous enseigne mées en alternance tous les deux ans que les images et la nouveauté re- afin que l’attention des consommateurs tiennent davantage l’attention que les ne se relâche pas. La deuxième série des écrits et l’habitude. C’est pourquoi les «mises en garde combinées» est appli-
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spectra 92 Mai 2012 Médecin de famille
cable depuis janvier 2012. Une nouvelle fois, il s’agit d’illustrations et de messages écrits portant sur les thèmes de la dépendance, des décès prématurés, de la protection des enfants et des fœtus et du soutien pour arrêter de fumer. Les mises en garde doivent couvrir au moins 35% du recto et 50% du verso des paquets. L’objectif est de mieux informer les fumeurs sur les risques du taba-
gisme et de les motiver à arrêter. Il s’agit également d’encourager les non-fumeurs à ne pas commencer à fumer.
Echo favorable L’impact des mises en garde est analysé depuis 2006 dans le cadre du Monitorage sur le tabagisme en Suisse. Le rapport ad hoc, publié en octobre 2011, a montré que 61% de la population suisse
Forte demande de conseil pour arrêter de fumer Monitorage sur le tabac. Nombre de fumeuses et de fumeurs attendent que leur médecin leur parle de leur tabagisme et les incite à arrêter. L’occasion n’est pas toujours saisie. Les médecins et les dentistes devraient être plus proactifs en la matière. En 2010, une enquête sur le thème «Le conseil en matière de tabagisme lors d’une consultation médicale ou dentaire vu par les fumeurs et ex-fumeurs» a été conduite dans le cadre du monitorage sur le tabac en Suisse (voir encadré). Cette enquête révèle que 84% des fumeurs de 14 à 65 ans ont déjà parlé de leur tabagisme chez leur médecin ou leur dentiste, ce qui représente 4 points de plus que lors de l’enquête 2005– 2006. La question du tabagisme semble s’inviter de plus en plus dans les conversations médecin-patient, y compris à l’initiative du patient. 20% des 84% ont déclaré avoir abordé eux-mêmes le thème.
tion descend à 12%. Dans un peu plus de la moitié des cas, les fumeurs se sont vu proposer une aide au sevrage (le plus souvent un substitut nicotinique) par leur médecin, et environ un quart au cabinet dentaire. Parmi les fumeurs certes incités à arrêter de fumer mais à qui aucune offre concrète de sevrage n’a été proposée, 10% déclarent qu’ils auraient souhaité un soutien. L’étude confirme également l’efficacité d’un tel soutien médical: 20% des ex-fumeurs reconnaissent que les conseils de leur médecin ont joué un rôle dans leur sevrage.
Conseil en pharmacie
En matière de tabagisme, les médecins de famille sont de loin les interlocuteurs privilégiés des hommes (85%) comme des femmes (65%). Pour ces dernières, la discussion la plus récente sur le tabac s’était déroulée chez le gynécologue (16%). 6% des fumeurs interrogés ont eu déjà une fois des conseils en désaccoutumance en pharmacie. Un grand potentiel semble exister dans ce domaine: 55% des personnes interrogées souLes portes sont ouvertes haitent recevoir, en pharmacie égaleLes médecins rencontrent chez leurs pa- ment, des conseils sur le sevrage tabatients fumeurs une grande disposition à gique. Les besoins en conseil et la parler lorsqu’ils veulent aborder la motivation semblent donc exister de la question du tabagisme. De nombreux part des fumeurs. fumeurs souhaitent même véritablement être interrogés sur leur dépen- Aux cabinets médicaux et aux pharmadance: 60% attendent que la question de cies de ne pas trop hésiter et d’exploiter leur tabagisme soit soulevée par leur davantage les occasions de renforcer la médecin, et 37% par leur dentiste ou volonté d’arrêter de fumer chez chaque son équipe. La majorité s’attend en patient – aussi vague soit-elle. outre à se voir conseiller d’arrêter de fumer. Toutefois, cette occasion n’est pas toujours saisie: seuls 34% de tous les fumeurs déclarent que leur médecin leur a conseillé d’arrêter de fumer lors de leur dernier entretien sur la question. Dans les cabinets dentaires, la propor-
juge les mises en garde illustrées comme «bien», voire «très bien». Dès 2009, c’est-à-dire avant l’introduction obligatoire des mises en garde illustrées, la moitié des personnes interrogées indiquait déjà avoir vu ces images au moins une fois. L’introduction obligatoire des illustrations en janvier 2010 a fait passer cette proportion à 76%. Toutefois, ni les fumeurs ni les non-fumeurs n’esti-
Monitorage sur le tabac en Suisse Le monitorage sur le tabac en Suisse permet de suivre en continu la consommation de tabac d’un échantillonnage représentatif des 14–65 ans en Suisse. Entre janvier 2001 et décembre 2010, 2500 entretiens téléphoniques trimestriels ont été effectués. C’est donc un ensemble de données portant sur plus de 10’000 personnes interrogées qui est analysé chaque année.
Arrêt du tabagisme – promotion nationale et actions cantonales
Contact: Laure Curt, Section Tabac, laure.curt@bag.admin.ch
ment que les illustrations peuvent inci- tion n’était apposée que sur 1 paquet ter à arrêter de fumer. Néanmoins, la sur 14. majorité des personnes interrogées Contact: Michael Anderegg, pense qu’elles confortent les non-fuUnité de direction Protection meurs dans leur volonté de ne pas comdes consommateurs, mencer. Avec l’introduction de la menmichael.anderegg@bag.admin.ch tion obligatoire de la ligne stop-tabac en 2010, la proportion de personnes la connaissant est passée de 34% en 2006 à 47% en 2010. Avant 2010, cette men-
Concours pour arrêter de fumer 2012. L’Association suisse pour la prévention du tabagisme et des organisations de santé cantonales exhortent les fumeurs à faire une pause sans tabac au mois de juin. Participer au concours pour arrêter de fumer et faire une pause sans tabac entre le 4 juin et le 2 juillet 2012 peut rapporter le prix principal de 5000 francs. Dix prix de consolation de 500 francs seront aussi tirés au sort. Pour organiser le concours, AT-Suisse collabore étroitement avec les services cantonaux de prévention du tabagisme, la Ligue pulmonaire suisse et la Ligue suisse contre le cancer. Lier la promotion nationale à des actions régionales accroît sensiblement le nombre d’inscriptions. Inscription possible en huit langues Le concours s’adresse aussi aux fumeurs issus de la migration. Le bulletin d’inscription et plusieurs fiches d’informations sont donc disponibles non seulement en allemand, en français et en italien, mais aussi en albanais, en portugais, en serbe/croate/bosniaque, en espagnol et en turc. Les partenaires du concours pour arrêter de fumer sont: la Fédération des médecins suisses, pharmaSuisse, la Société suisse des médecins dentistes SSO, l’Association suisse des infirmières et infirmiers, et les Swiss Dental Hygienists. Contact: Association suisse pour la prévention du tabagisme, info@at-schweiz.ch Lien: www.at-schweiz.ch.
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Prise en charge adaptée aux besoins spécifiques des femmes et des hommes: Guide à l’intention des conseillères et des conseillers dans le domaine des dépendances
Ce guide destiné aux professionnel-le-s du domaine des dépendances doit leurs permettre d’assurer une prise en charge adaptée aux besoins spécifiques des femmes et des hommes. Une conception en deux parties distinctes reflète ces différences. Le guide décrit les conditions-cadres à réaliser au niveau institutionnel et il aborde les questions liées à la socialisation féminine et masculine en lien avec les problèmes de dépendances. Il contient enfin des conseils pratiques pour préparer et mener des entretiens.
La brochure peut être téléchargée sous www.bag.admin.ch >Thèmes > Drogues > diversité
Date/lieu – Titre
Descriptif
Contact
30 mai 2012 Palais des congrès à Bienne
De 2006 à 2012, l’OFSP a financé 4 programmes-pilotes d’intervention précoce dans les écoles, menés par le centre de compétences suisse en promotion de la santé et prévention RADIX et la Haute école de travail social de Fribourg. Ainsi une cinquantaine d’écoles romandes et alémaniques ont développé des processus d’intervention précoce. Cette journée d’étude permettra d’en faire le bilan, d’échanger et de mettre en évidence les enseignements tirés de ces expériences et de réfléchir à leur durabilité.
www.radix.ch/ip
Quels sont les besoins et attentes des écoles? Quels sont les besoins du point de vue de la promotion santé et de la prévention? Quelles sont les caractéristiques d’une offre de bonne qualité? Comment les principes d’action en promotion de la santé (participation, empowerment, durabilité) peuvent-ils être assurés dans les offres? La journée d’étude s’adresse à l’ensemble des spécialistes et des acteurs de la promotion santé et de la prévention dans les écoles: responsables de projets, chercheur-e-s, collaborateurs et collaboratrices des administrations publiques, du travail social scolaire, de la psychologie scolaire, responsables de formation initiale ou continue, conseillers et conseillères aux écoles et toute personne intéressée par ce thème.
Organisation: éducation + santé Réseau suisse www.educationetsante.ch Contact: Barbara Zumstein, Coordinatrice du programme, zumstein@radix.ch
Cette conférence abordera les thèmes de recherche dans les systèmes de santé, les besoins futurs du marché du travail dans le domaine de la santé et les stratégies qui permettront de maintenir et d’améliorer la santé de la population.
Inscription: www.sph12.organizers-congress.ch
La SSAM organise sur mandat de l’OFSP cet événement international en collaboration avec ses partenaires français, belges, québécois et le Réseau MedNet du Groupe Pompidou. Tous les deux ans, les professionnel-le-s francophones se retrouvent pour échanger autour des thèmes actuels liés aux traitements basés sur la substitution. Cette année, un accent est mis sur les aspects du droit de la santé et des cadres légaux et administratifs qui règlent cette forme de traitement. Le TDO3 se déroule parallèlement à la 3ème Conférence nationale sur la substitution (NaSuKo3), dans les mêmes locaux.
L’inscription à une conférence garantit l’accès à l’autre. Le programme du jeudi matin est commun aux deux événements (voir www.tdo3.org)
Agenda
Bilan national des programmes «Intervention précoce dans le champ de la formation» 13 juin 2012 Université de Berne, UniS Comment réussir à ancrer durablement la promotion de la santé dans les écoles? Journée d’étude nationale
30 et 31 août 2012 CHUV Lausanne
Les inscriptions seront ouvertes et le programme complet disponible en mars 2012
Swiss Public Health Conference – (Re-) Organizing Health Systems 18 et 19 octobre 2012 Centre International de Conférences Genève TDO3: 3ème Colloque international francophone sur le traitement de la dépendance aux opioïdes
Contact
Abonnement gratuit
Section, Service
Téléphone
Section, Service
Téléphone
Section Alcool
031 323 87 86
Section Tabac
031 323 20 43
Section Bases scientifiques et juridiques (Programmes nationaux de prévention) 031 323 87 93
Section Drogues
031 323 87 13
Section Prévention et promotion (Maladies transmissibles)
031 323 88 11
Documentation Sida
031 323 26 64
Section Campagnes
031 323 87 79
Section Nutrition et activité physique
031 323 87 55
Programme national Migration et santé
031 323 30 15
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spectra online: www.spectra.bag.admin.ch Impressum • spectra No 92, Mai 2012 «spectra – Prévention et promotion de la santé» est un bulletin d’information de l’Office fédéral de la santé publique qui paraît six fois par an en français, en allemand et en anglais. Il publie également des opinions qui ne coïncident pas avec la position officielle de l’office.
Textes: Collaborateurs de l’OFSP, Christoph Hoigné et autres auteurs Traduction: Marie-Françoise Dörig-Moiroud Photos: OFSP, Christoph Hoigné, iStockphoto Graphisme: Lebrecht typ-o-grafik, 3006 Berne Impression: Büetiger AG, 4562 Biberist Tirage: 6 400 ex. allemands, 3 400 ex. français, 1 050 ex. anglais
Editeur: Office fédéral de la santé publique 3003 Berne, Tél. 031 323 54 59, Fax 031 324 90 33, www.bag.admin.ch Réalisation: Pressebüro Christoph Hoigné, Allmendstr. 24, 3014 Berne christoph.hoigne@la-cappella.ch
Il est possible de commander des numéros séparés et des abonnements gratuits à: GEWA, Alpenstrasse 58, Case postale, 3052 Zollikofen Téléphone 031 919 13 13, Fax 031 919 13 14, service@gewa.ch
Responsable de la commission de rédaction: Adrian Kammer, adrian.kammer@bag.admin.ch
Le prochain numéro paraîtra en Juillet 2012
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Théâtre et prévention – un duo convaincant Une pièce de théâtre contre l’excision des filles. La pièce «Tough Decision» raconte l’histoire d’un père qui, le jour de l’excision de sa fille, revient sur sa décision et lui épargne une douleur inutile. Cette pièce permet à la prévention contre l’excision des filles de toucher le groupe-cible d’une manière inédite et prometteuse. La Première aura lieu le 26 mai 2012 à Ostermundigen. Mister Odoko vient d’Afrique, où il vit, pour rendre visite à son frère qui vit en Suisse. Le choc qu’il ressent devant le comportement libre des jeunes femmes ici le conforte dans sa conviction: sa fille Sah doit devenir une épouse honorable, estimée et «précieuse» – et donc, doit être excisée conformément à la tradition. Telle est la situation de départ de la pièce. Au fil des quatre actes, la conviction de Mister Odoko faiblit, surtout à cause de sa femme qui, devant l’imminence de l’excision de sa fille revit son propre traumatisme. Elle s’oppose alors à son époux et à la grandmère de Sah avec véhémence et reçoit le soutien de toute la communauté village oise. La fin est heureuse, la raison gagne.
De la part de migrantes pour des migrantes «Tough Decision» est un projet né d’une collaboration entre African Mirror Foundation, Caritas Suisse, le Swiss
bonne base pour lancer le débat qui a lieu après la représentation.
Pièce de théâtre «Tough Decision» Première: 26 mai 2012, 19 h 00 (ouverture des portes 18 h 00), Tell Kultur Zentrum, Bernstrasse 101, Ostermundigen Langues: anglais et allemand, français ou somali sur demande Informations et réservations: il est possible d’engager la troupe pour des représentations supplémentaires. S’adresser pour cela auprès de Caritas Suisse, toughdecision@caritas.ch
African Forum et les Femmes somaliennes de la région de Berne. Le projet est soutenu par l’Office fédéral des migrations et l’Office fédéral de la santé publique qui font de la prévention depuis 2005 contre l’excision des filles. Sur la scène, des actrices professionnelles et des acteurs amateurs issus de la migration. Un narrateur guide le spectateur en anglais, en français ou en somali, d’autres langues suivront. Pat Santschi, artiste et réalisatrice nigériane vivant à Berne, a également participé à l’élaboration de la pièce et l’a mise en scène. Elle s’exprime ainsi sur l’excision des filles: «J’aime nos traditions. Mais je ne peux pas accepter l’excision des filles.»
Concept à succès Cette pièce permet aux organisations participantes de faire passer des messages de prévention par le biais du théâtre, ce qui est une nouveauté en Suisse. En Afrique, le théâtre est une forme déjà largement répandue et appréciée de la diffusion d’informations. Au Nigéria et en Somalie, mais aussi en Allemagne, des groupes de théâtre ont fait de bonnes expériences avec un projet semblable. Les auteurs de l’initiative «Tough Decision» espèrent également pouvoir atteindre de la même façon les migrant-e-s africain-e-s en Suisse. La pièce sensibilise le public directement, sans accuser ni juger, et crée ainsi une
Contact: Sabina Hösli, Programme national Migration et santé, sabina.hoesli@bag.admin.ch
«La motivation de la famille est un facteur déterminant de la réussite du traitement.» Le surpoids et l’obésité chez les enfants. Dre Nathalie FarpourLambert. Les réponses de la Médecin-adjointe responsable de la médecine du sport et de l’obésité pédiatrique, Présidente du programme de soins Contrepoids, Département de l’enfant et de l’adolescent, Hôpitaux Universitaires de Genève, Suisse.
Le surpoids et l’obésité chez les enfants: quelle est la situation aujourd’hui ? Ces dernières décades sont marquées par des changements profonds du style de vie qui ont contribué à l’établissement d’une épidémie d’obésité. Celle-ci peut aussi rarement être secondaire à une maladie endocrinienne, des médicaments ou un syndrome génétique. En Suisse, 12 à 23% des jeunes sont en excès de poids et 2 à 8% souffrent d’obésité. La prévalence est plus élevée en ville, chez les familles d’origine étrangère ou de niveau de formation faible.
Des complications médicales et psychosociales peuvent souvent apparaitre tôt: maladies cardiovasculaires, intolérance au glucose et diabète de type 2, apnée du sommeil, affections orthopédiques ou digestives, isolement, anxiété et dépression.
La lutte s’organise, où en sommes-nous ? La prévention débute dès la petite enfance, voir la grossesse, et le traitement des enfants en excès de poids est initié le plus tôt possible, avant la puberté. Une bonne synergie entre les actions de prévention primaire et secondaire est importante. Elles doivent prendre en compte les activités physiques et sédentaires, l’alimentation, le sommeil et les facteurs psycho-sociaux. Les comportements des enfants sont non seulement influencés par ceux de leurs parents, mais aussi par leur environnement. C’est pourquoi une approche inter disciplinaire à différents niveaux est intéressante (famille, médecins et professionnels, école/crèche, commune, gouvernement, industrie). Le médecin a donc un rôle important à jouer en détectant les enfants à risque d’excès de poids, ou déjà touchés, et en débutant une prise en charge au cabinet médical, en collaboration avec les professionnels de la santé de sa région.
Les buts du traitement sont d’une part de ralentir la prise de poids (<3 kg/an) et de diminuer le percentile d’IMC, tout en assurant une croissance normale, mais aussi de réduire l’impact psychologique de la maladie. Les restrictions alimentaires induisent beaucoup de frustrations et peuvent contribuer au développement de troubles du comportement alimentaire. C’est pourquoi le traitement se fait aujourd’hui par une approche interdisciplinaire (médecine, activité physique adaptée, diététique et psychologie) reposant sur 3 piliers: une alimentation équilibrée (sans régime restrictif), une activité physique régulière et un soutien psychologique. Des changements de comportement de toute la famille sont nécessaires.
socio-économique bas, origine africaine, hispanique ou asiatique). Le rôle du médecin est d’informer, de motiver et de soutenir les enfants et leur famille, en utilisant les techniques de l’entretien motivationnel et cognitivocomportemental. Le médecin détermine d’abord les causes du surpoids, puis aide l’enfant et ses parents à choisir 1 ou 2 objectifs réalistes à réévaluer à court-terme. Il encourage vivement les changements réalisés et rappelle les messages. Il faut aussi de la patience et de la persévérance. La motivation de la famille est un facteur déterminant de la réussite du traitement.
Le médecin est-il bien préparé à cette problématique?
De nombreux médecins estiment qu’ils manquent de formation dans le domaine de l’obésité infantile. Ils deLe médecin calcule systématiquement mandent souvent des outils afin de poul’indice de masse corporelle (IMC) lors voir informer et motiver les familles. des visites de routine et le reporte sur C’est pourquoi l’Office fédéral de la sanles courbes de corpulence afin de détec- té publique, avec la collaboration d’exter une augmentation trop anormale de perts de l’obésité de l’enfant et de l’IMC. Les enfants à risque d’obésité et l’adulte, développe des outils éducatifs de complications peuvent être identifiés (brochures, fiches pratiques, site Interpar une anamnèse familiale détaillée net) afin d’aider les médecins dans cette (obésité parentale, maladies cardiovas- tâche difficile qu’est le traitement de culaires, diabète de type 2, prématurité/ l’obésité. retard de croissance intra-utérin, niveau
Que peut faire le médecin pour prévenir le risque de surpoids ?
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Répartition inégale du VIH et des IST – il faut des priorités Programme national VIH et autres infections sexuellement transmissibles 2011–2017. Pour la première fois, le Programme national ne vise pas seulement la prévention de nouvelles infections au VIH mais explicitement aussi la prévention d’autres infections sexuellement transmissibles (IST).
La chaîne de transmission peut ainsi être brisée et, puisque si possible aucune nouvelle infection ne sera à déplorer en avril, la charge virale baissera dans la communauté gay. Cette action devrait également permettre de réduire le risque de s’infecter au VIH lors de contacts isolés non protégés.
Le PNVI définit les priorités des acteurs
Le 1er décembre 2010, Journée mondiale du sida, le Conseiller fédéral Didier Burkhalter a présenté au public le Programme national VIH et autres infections sexuellement transmissibles 2011–2017 (PNVI). En progression, des IST telles que la syphilis, la gonorrhée ou les chlamydias sont considérées comme un moteur de diffusion important de l’épidémie de VIH: une IST accroît la réceptivité au VIH et augmente l’infectiosité des personnes séropositives.
Le PNVI est né d’un processus participatif et sert aujourd’hui de référence aux acteurs travaillant dans la prévention du VIH et des IST. SANTE SEXUELLE Suisse et Aide Suisse contre le Sida sont les principaux partenaires avec lesquels l’OFSP réalise la campagne LOVE LIFE. SANTE SEXUELLE Suisse, organisation faîtière des centres de consultation en planning familial, grossesse, sexualité et éducation sexuelle, concentre également ses efforts sur l’ensemble de la population en dehors de la campagne. C’est pourquoi il est essentiel pour le travail de cette organisation que le PNVI consigne les droits en matière de sexualité, et s’efforce d’atteindre la santé sexuelle telle qu’elle est définie par l’OMS. SANTE SEXUELLE Suisse con sidère comme primordial d’étendre le programme à d’autres maladies sexuelles. Aide Suisse contre le Sida s’appuie sur le PNVI pour concentrer davantage encore son travail sur la mission de prévention auprès des groupes particulièrement vulnérables HSH, population migrante et travailleurs et travailleuses du sexe, ainsi que sur la lutte contre la discrimination de personnes séropositives.
Répartition inégale des agents pathogènes dans la population – octroi de priorités Avant le développement du programme, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a chargé un panel international d’experts (Rosenbrock et al. 2009) d’évaluer le système suisse en matière de prévention du VIH et de formuler des recommandations. L’une des plus importantes consiste à intensifier les efforts là où le virus se manifeste souvent ou plus souvent («put the effort where the virus is»). Cette recommandation induit un octroi de priorités à différents niveaux.
Priorité 1: les groupes-cibles Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes sont particulièrement vulnérables Les groupes-cibles ont été constitués en fonction du risque qu’ils courent de s’infecter au VIH ou à une autre IST, et répartis sur plusieurs axes d’intervention: le groupe-cible de l’axe 1 est celui de la population vivant en Suisse au sein de laquelle la prévention a réussi à empêcher une épidémie de VIH. Afin que cela demeure, la campagne LOVE LIFE est poursuivie – atteignant toutes les personnes sexuellement actives en Suisse, elle constitue la base de la prévention. L’axe d’intervention 2 s’adresse aux personnes particulièrement concernées par le VIH et les IST ou aux groupes à risque: les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), les travailleurs et les travailleuses du sexe, les migrants et les migrantes de pays où l’épidémie est généralisée (p. ex. Subsahara), ainsi que les consommateurs de drogue par injection (IDU). Les hommes incarcérés présentent également un risque d’infection au VIH ou à une autre IST plus élevé que ceux qui ne le sont pas. L’axe d’intervention 3 s’adresse aux personnes infectées par le VIH ou une IST, ainsi qu’à leurs partenaires sexuels. Le VIH et les IST doivent être détectés dès que possible et bénéficier d’un traitement correct. C’est pourquoi l’OFSP
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A Genève vivent de nombreux migrants et migrantes issus de pays où l’épidémie de VIH touche l’ensemble de la population. En conséquence, Genève déclare Priorité 2: les cantons de nombreux diagnostics dans ce groupe de population. Avec le soutien de Les cantons de Zurich et de Gel’OFSP, les deux cantons ont mandaté nève sont le plus fortement tou- une évaluation externe de leur système chés par des infections au VIH de soins afin de pouvoir répondre enOctroyer des priorités pertinentes sup- core mieux à leurs défis spécifiques et à pose la prise en compte du lieu des in- investir les fonds de manière ciblée. fections: plus de 98% des HSH et plus de Projet «Break the Chain» 80% des hétérosexuels s’infectent en milieu urbain. Les cantons de Zurich, Lors d’une infection récente au VIH, la Genève, Vaud, Bâle-Ville et Berne sont charge virale augmente fortement au particulièrement concernés. Il est donc cours des premières semaines et la perjudicieux d’investir des moyens finan- sonne touchée est entre 20 et 100 fois ciers avant tout dans les cantons où les plus infectieuse que par la suite, souvent infections au VIH ont lieu et peuvent sans avoir connaissance de l’infection au VIH. Un gay sur deux environ est inêtre empêchées par la prévention. Un tiers de toutes les infections diagnos- fecté par quelqu’un qui est devenu sérotiquées en Suisse provient du canton de positif depuis peu et qui, donc, se trouve Zurich, dont 70% suite à des relations dans cette phase de primo-infection. sexuelles non protégées entre hommes. Afin de briser la chaîne de transmission, La raison est simple: le milieu gay est le projet «Break the Chain» préconise très vivant à Zurich qui est un pôle d’at- que le plus grand nombre possible traction pour les cantons environnants d’hommes ayant des relations sexuelles et les pays voisins. D’où l’importance de avec des hommes évitent les risques la prévention du VIH et des autres IST, d’infection pendant un mois dans l’annon seulement pour la ville elle-même, née (avril), puis se soumettent à un mais aussi pour l’ensemble de la Suisse dépistage avec les partenaires avec lesquels il veulent renoncer au safer sexe. alémanique. encourage l’information volontaire des partenaires.
Contact: Roger Staub, chef Section Prévention et promotion, roger.staub@bag.admin.ch
Minisérie Les programmes nationaux de prévention Quid de la prévention du tabagisme, de l’alcoolisme, des dépendances, du VIH et autres IST? Quoi de neuf dans l’alimentation et l’activité physique? spectra présentera un bilan intermédiaire des quatre grands programmes nationaux de prévention conduits par l’Office fédéral de la santé publique:
spectra 88 – septembre 2011
Programme national Tabac, 2008–2012
spectra 89 – novembre 2011
Programme national alimentation et activité physique, 2008–2012
spectra 90 – janvier 2012
Programme national Alcool, 2008–2012
spectra 91 – mars 2012
Troisième programme de mesures en vue de réduire les problèmes de drogue (ProMeDro III), 2007–2011
spectra 92 – mai 2012
Programme national VIH et IST, 2011–2017