Bordeaux Aujourd'hui #07

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AUJOURD’HUI

Dossier Dossier

Saint-Émilion •• Guide Guide d'achat d'achat crus crus classés, classés, grands grands crus crus 2006 2006 •• Faut-il Faut-il un un nouveau nouveau classement classement ?? •• Une Une mosaïque mosaïque de de terroirs terroirs RENCONTRE

DÉGUSTATION

Pierre Lurton

Bordeaux supérieur 2006

Le gardien du temple

Les 60 meilleures bouteilles de 5 à 10 €

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6€

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N°7

V I N S

Ne peut être vendu séparément du numéro 90 du magazine Bourgogne Aujourd'hui. N°90 BIMESTRIEL - BELGIQUE : 7 € - SUISSE : 12 FS - ALLEMAGNE : 7 € CANADA : 10,95 $ - MAROC : 55 DH - PAYS-BAS : 6,35 € - LUXEMBOURG : 7 €

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AUJOURD’HUI

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Édito

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Saint-Emilion ! “Saint-Emilion, un vin renommé, une cité historique”, titrons-nous en ouverture du dossier consacré à Saint-Emilion, appellation quasi mythique, qui avec quelques autres symbolisent la grandeur des vins français dans le monde. Après quelques millésimes que nous qualifierons de délicats, 2009 arrive, porteur de tous les espoirs, que certains s'aventurent déjà à comparer au “magique” 2005. À Bordeaux comme ailleurs, on sait que la qualité du millésime influe fortement sur le moral des viticulteurs. Une excellente année contribuera-t-elle à apaiser la tension qui règne dans le village depuis un certain 29 mars 2007, jour où le tribunal administratif de Bordeaux décida -saisi par 7 châteaux recalés quelques mois plus tôt par le nouveau classement décennal (2006) des crus classés- de suspendre ce classement de 2006 et de proroger celui de 1996 ? Alors que la bataille juridique semble enfin s'être calmée après plus de deux années d'âpres affrontements, on peut donc espérer que 2009 contribuera à ramener le sourire à tout le monde et à apaiser les mœurs. On peut l'espérer parce que les viticulteurs de Saint-Emilion vont bien devoir se remettre autour d'une table et y rester jusqu'au jour où ils auront enfin trouvé une solution pour décider ensemble de relancer ce classement ou, ensemble toujours, d'y renoncer. Parce que toutes les hypothèses sont finalement envisageables. Le Médoc, Sauternes et les Graves ont leurs classements, mais pas Pomerol, appellation voisine de Saint-Emilion où une hiérarchie claire s'est quand même dégagée au fil du temps. Composition du jury de dégustation, fiabilité de la dégustation et des dégustateurs, style des vins, type de classement… Dans ce numéro 7 Bordeaux Aujourd'hui apporte quelques pistes de réflexion sur le futur du classement de Saint-Emilion ; un futur sur lequel bon nombre de consommateurs et de distributeurs se posent forcément des questions...

Christophe Tupinier

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L O G O T Y P E

IDENTITÉ VISUELLE CHARTE GRAPHIQUE

PLAQUETTE

P A C K A G I N G

ÉVÉNEMENTIEL

V I S U E L P U B L I C I TA I R E SITE INTERNET

Parce que la réussite passe par la communication, Ecrivin met son expertise et son savoir-faire à votre service.

www.ecrivin.fr 40, route de Savigny - 21200 Beaune - Tél. 03 80 25 90 30 - Fax 03 80 25 90 31 ÉCRIVIN ÉDITE

“BOURGOGNE AUJOURD’HUI”


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Sommaire

Temps forts

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Début des vendanges en août . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Les nouvelles en bref . . . . . . . 6

Guide d’achat Saint-Émilion

Rencontre

Pierre Lurton . . . . . . . . . . . . . . 8 Patrimoine

Bordeaux rime avec château . . . . . . . . . 12

■Guide d’achat Saint-Emilion

Un vin renommé, une cité historique . . . . . . . . 18 Faut-il un nouveau classement ? . . . . . . . . . . . . 22 Sélection . . . . . . . . . . . . . . . . 24

8

Bordeaux supérieur

Le “socle fort” de la pyramide . . . . . . . . . . . 28 Sélection . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Rencontre Pierre Lurton, Le gardien du temple

Dégustation

Domaine de la Passion Haut-Brion . . . 34 Entreprise Bourgogne Aujourd'hui Bordeaux Aujourd’hui 40, route de Savigny 21200 Beaune Tél. 03 80 25 90 30 Fax 03 80 25 90 31 Internet : www.vins-et-terroirs.com Directeur de la publication Thierry Gaudillère Rédacteur en chef Christophe Tupinier Ont collaboré à ce numéro Pauline Boyer Martine Crespin Franck Dubourdieu Laurent Gotti Didier Ters Photographies CIVB DR Thierry Gaudillère Lionel Georgeot Stéphane Klein Photo de couverture Stéphane Klein Rédaction graphique Odile Hadey Rachel Weill

Administration Peggy Grizot

Prix de l'abonnement d'un an France

Direction artistique Odile Hadey Thierry Vigoureux

Bordeaux Aujourd'hui est éditée par ÉcriVIN SARL constituée le 26 juillet 1994 au capital de 7 622,45 € Durée 99 ans Siège social 40, route de Savigny 21200 BEAUNE Associés Thierry Gaudillère Christophe Tupinier Co-gérants Thierry Gaudillère Christophe Tupinier

Régie publicitaire SARL ÉcriVIN Thomas Blot Caroline Bachelet 40, route de Savigny 21200 Beaune Tél. 03 80 25 90 33 Fax 03 80 25 90 31 Imprimé par SIPE 25110 Baume-les-Dames N° ISSN 1260-1063 Commission paritaire 0609K88997 Dépôt légal 15748

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

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6 numéros : 32 €

Les annonces publicitaires présentées dans ce numéro sont laissées sous la seule responsabilité de leurs auteurs. La reproduction, même partielle, des articles et illustrations parus dans Bordeaux Aujourd'hui est interdite.

Maison Quien et Cie . . . . . . . 36 Vignoble

Médoc Un peu de vin blanc... . . . . . . 38

■Art de Vivre Caudalie

À la source du succès . . . . . . 40 Gastronomie

Bonnes adresses gourmandes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42


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Début des vendanges en août Le château Haut-Brion a commencé de couper ses premiers raisins de sauvignon le 31 août ! Et alors ? “Cela n'a rien d'exceptionnel. Avec le réchauffement climatique nous commençons régulièrement de vendanger des sauvignons fin août, début septembre. 2009 est donc dans la norme”, tempère Alain Puginier, responsable de la communication. En revanche l'état sanitaire parfait, les 14° naturels et l'excellent équilibre sucreacidité constatés sur ces premiers raisins sont moins "dans la norme" et témoignent simplement du magnifique été sec, ensoleillé et chaud (sans excès) qu'a connu le Bordelais en 2009. Ceci étant, à Bordeaux, la réussite d'un millésime se juge d'abord à l'aune de la qualité des vins rouges et pour ces derniers, même si tous les espoirs sont logiquement permis, la messe n'était pas encore totalement dite à l'heure à l'heure où nous écrivons ces lignes (14 septembre). Haut-Brion et la Mission Haut-Brion ont enchaîné par les jeunes vignes de merlots précoces les 9 et 10 septembre ; idem pour bon nombre de châteaux sur la rive droite (Saint-Emilion, Pomerol, Fronsac…) entre le 15 et le 17 septembre, avec un véritable coup d'envoi autour du 20. Sur la rive gauche (Médoc, Graves), les premiers merlots ont été coupés autour du 20 septembre et les vendanges des derniers cabernet-sauvignon devraient s'étaler jusqu'au 10 octobre. Il est donc urgent d'attendre avant de porter des jugements définitifs sur le millésime 2009 !

Christophe Tupinier Photographie : Stéphane Klein

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Temps forts COMMERCE

DES

VINS

Difficile campagne 2008-2009

EN BREF... Lynch Bages Le magazine américain Forbe’s vient de publier son palmarès mondial des dix meilleures propriétés viticoles en matière d'oenotourisme. On y retrouve le château Lynch Bages, cru classé à Pauillac dans le Médoc. Autour du vignoble, les Cazes ont rénové tout un hameau, le village de Bages, avec des magasins, des restaurants, un hôtel, une école de dégustation, sans compter le château lui-même dont on peut visiter les installations, ainsi qu’une exposition d’art contemporain de l’artiste Ryan Mendoza jusqu’en octobre.

Le négoce change de directeur Francis Cruse a quitté l’Union des Maisons de Bordeaux qu’il dirigeait depuis 17 ans, pour partir à la retraite. Il est remplacé par Catherine Dupérat. Cette union est en fait le syndicat des négociants en vins, qui regroupe les principales entreprises bordelaises du secteur.

La dernière campagne de commercialisation des vins de Bordeaux (1er juillet 2008 au 30 juin 2009) s'est soldée par un net ralentissement. Sur les douze mois, les volumes commercialisés approchent les 4,9 millions d’hectolitres ; on est loin des six millions d’hectolitres vendus dans les bonnes années. À l'exportation (1,62 million d'hl), la baisse est de 16% en volume et de 14% en valeur par rapport aux 12 mois précédents, ce qui place Bordeaux dans la tendance nationale qui affiche 15% de recul toutes régions confondues. À l'exception de la Chine (+62% !!!), qui ne cesse d'augmenter sa demande en vins fins et de Hong-Kong, tous les principaux marchés sont à la baisse : -25% au Royaume-Uni, -16% en Belgique et en Allemagne, -4% "seulement" au japon, mais 23% aux Etats-Unis, etc. Si la situation est légèrement meilleure dans la grande distribution française (42% des ventes de vins de Bordeaux en France) avec, sur quasiment la même période, 4% de baisse en volume et 1% en valeur, il n'empêche que face à cette situation difficile, se pose le douloureux problème de la survie de certaines entreprises viticoles ; entreprises qui au total emploient environ 40 000 personnes dans le département de la Gironde.

Préparer la reprise Côté interprofession (CIVB), les efforts de promotion à l'exportation, appuyés par les fonds communautaires, vont être amplifiés en 2010 et 2011 ; une interprofession qui multiplie également les négociations avec le préfet, le ministère, les assemblées consulaires, les banquiers et les services de l’état concernés pour trouver des solutions. Le but poursuivi est, d’abord, de trouver des aides pour soulager "un quotidien difficile et douloureux" pour certains viticulteurs qui n’ont plus de débouchés pour leurs vins ; ensuite de favoriser des regroupements et des restructurations de coopératives mal en point et trop stockées; enfin, de préparer la reprise espérée pour 2010. A ce jour, toute la viticulture girondine est touchée par la crise, à l’exception des premiers crus et des étiquettes "stars" qui, il est vrai, font désormais partie du marché du luxe et non plus du marché du vin. Les négociants commencent à souffrir également, particulièrement ceux qui ont perdu des marchés importants en Amérique du Nord et/ou en Grande-Bretagne.

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Week-end dans les Graves Soixante-dix châteaux des Graves ouvrent leurs portes au public les 17 et 18 octobre prochains pour un week-end au cours duquel vins et “polars” seront associé. Les amateurs pourront bien sûr y déguster les vins authentiques (et bon marché) de ce beau vignoble situé au sud de l'agglomération bordelaise, mais aussi faire des randonnées “mystère”, assister à un “dîner noir” ou encore à des expositions d'art inspirées de l'univers du roman noir. Renseignements au 05 56 27 09 25.

L'image du Médoc Les viticulteurs du Médoc ont choisi une nouvelle image et un nouveau logo “Assemblage parfait”, pour la promotion commune des vins des huit appellations du Médoc : médoc, haut-médoc, moulis, listrac, pauillac, margaux, saint-estèphe et saintjulien. Cette image sera déclinée sur tous les documents de communication et représente un magnum sur fond noir et lit de cailloux, d’où s’échappent des senteurs envoûtantes.

Les côtes de Bourg chez Novotel Les restaurants des hôtels Novotel proposent dans 120 établissements français des bouteilles de 37 cl de vin rouge, appellation côtes de bourg, au prix de dix euros. Baptisée Collection Novotel, cette gamme de petits flacons va s’enrichir bientôt de vins de Provence, du Rhône et d’Alsace.


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Temps forts EN BREF...

NÉGOCE

Castel a 60 ans La société Castel Frères, fondée en 1949 à Bordeaux, fête cette année son soixantième anniversaire. Elle est restée familiale et c’est la personnalité hors normes de Pierre Castel, toujours aux commandes à 82 ans, qui a propulsé cette entreprise à la première place des négociants en vins français et européens, et à la troisième place mondiale, derrière les américains Constellation et Gallo. Cette entreprise de négoce aujourd’hui planétaire a des implantations importantes en Russie, en Chine ou en Afrique du Nord. Avec Entrée du siège de la maison Castel, à Blanquefort. 11 millions de bouteilles de vins vendues en Asie, dont la moitié en Chine, Castel est même devenue l'un des premiers opérateurs d’Orient. Elle l’est aussi en France avec des marques comme Baron de Lestac, Malesan ou Blaissac qui dépassent vingt millions de bouteilles de Bordeaux en grande distribution. Mais le groupe Castel est aussi l'un des premiers propriétaires viticoles du pays avec plus de mille hectares de vignes répartis sur de nombreuses appellations : Bordeaux, Provence, Graves, Muscadet, Médoc… À ces vignobles s’ajoutent les 250 hectares cultivés en Tunisie et 1 400 hectares de vignes au Maroc. Pierre Castel, ses neveux et sa famille sont à la tête d’un empire dont le siège de Blanquefort, près de Bordeaux, donne une idée : 14 lignes d’embouteillages, un chai pour 10 000 barriques, 180 salariés, sept millions de bouteilles stockées, cent millions de bouteilles par an ! Castel possède aussi des sites de production dans le Val de Loire, le Jurançon, les côtes du Rhône, le Languedoc, le Var… et les 450 Caves Nicolas en Europe, une des enseignes les plus connues de la vente de vins.

CRISE

Le foncier soufre aussi Si les ventes de vins de Bordeaux sont en régression, les ventes de vignes soufrent également des effets de la crise internationale. Selon la Safer (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural) de la Gironde, le prix de l’hectare de vignes ne cesse de baisser un peu partout, sauf dans les grandes appellations communales comme Margaux ou Pomerol. Seulement 500 hectares de vignes ont été vendus au cours des six derniers mois de l'année, contre mille l’année dernière et les spécialistes parlent d’une véritable crise du marché foncier viticole en Gironde.

Québec, Hong Kong et Bordeaux La ville de Québec sera l’invité d’honneur du grand week-end Bordeaux fête le vin, qui aura lieu du 24 au 27 juin 2010. Lors de la précédente édition, en 2008, plus de 400 000 personnes avaient participé et 45 000 bouteilles de vins de Bordeaux avaient été dégustées le long des quais de la Garonne. Si vous êtes présent à Hong Kong du 30 octobre au 1er novembre prochains, une grande fête aura lieu sous le nom de Hong Kong Wine Festival, manifestation qui s’inspire fortement de Bordeaux fête le vin. Les Bordelais y seront bien sûr très présents à travers l’Ecole du Vin du CIVB et une organisation commune avec le Hong Kong Tourism Board. Les châteaux et les négociants de Bordeaux seront évidemment associés à la fête.

Un nouveau chai à La Louvière Les vignobles André Lurton ont inauguré le nouveau chai à barriques enterré du Château La Louvière, dans l’appellation PessacLéognan. À la fois élégant et fonctionnel, le bâtiment couvre 1 500 m2, avec notamment un système de ventilation et de régulation thermique très novateur.

Soutard en travaux Le château Soutard, cru classé de Saint Emilion, fait l’objet d’un vaste chantier de rénovation qui va durer encore plus d’un an. Des vieux bâtiments ont été démolis et seront remplacés par des nouveaux, destinés à deux chais à barriques, un cuvier pour des cuves inox et bois de 60 hectolitres, des salles de dégustation et de réception, des bureaux, etc. Soutard appartient au groupe d’assurances La Mondiale ; c’est un vignoble de 22 hectares complété par un élégant château du 18e siècle.

Tonnellerie et caritatif Dix barriques exceptionnelles ont récemment été vendues aux enchères, à Bordeaux, au profit de l’association caritative La voix de l’enfant présidée par l’actrice Carole Bouquet. Ces dix barriques de 225 litres ont été fabriquées et offertes par la Tonnellerie Sylvain. Leur bois provient d’un chêne de 350 ans, abattu en 2005, le Chêne de Morat, l’un des plus vieux arbres de la Forêt de Tronçais, dans l’Allier. La Tonnellerie Sylvain s’était porté acquéreur de cet arbre pour la somme de 37 790 € ! Parmi les 66 barriques fabriquées, dix ont été consacrées à cette vente de charité après avoir été décorées par des artistes, peintres, sculpteurs, designers. Le produit total de la vente s’est établi à 39 200 €.

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Rencontre

Pierre Lurton

Le gardien du temple Pierre Lurton préside aux destinées de deux des plus beaux fleurons de la viticulture bordelaise et par là même mondiale : Cheval Blanc et Yquem. Rencontre avec le “gardien du temple” ! M. Lurton, le millésime 2009 se précise, plutôt favorablement semble-t-il ? À ce jour*, c’est l’un des plus beaux étés depuis 10 ans, alors je pense qu’un grand millésime est en train de se dessiner ! Dans les vignes les plus précoces de Cheval Blanc, les degrés sont déjà élevés, avec de bons équilibres. Tous les espoirs sont permis pour 2009.

Repères 27 juillet 1956 : naissance à Bordeaux. 1981 : arrivée à Clos Fourtet et mariage avec Carole. 1982 : naissance de Lucie, sa première fille, suivie de Martin en 1984, Simon en 1989, Jeanne en 1991, Marie en 1995 et Emma en 2000. 1991 : nommé directeur général de Cheval Blanc. 2004 : nommé président d'Yquem.

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Un 2005 bis ? Pourquoi pas ! Il faudra faire attention comme c’est souvent le cas en millésime précoce à ne pas vendanger trop tard, surtout dans des terroirs comme les nôtres qui maintiennent une certaine fraîcheur mais qui pourraient de temps en temps amener des pointes de surmaturité. Et ce n’est vraiment pas ce que vous recherchez… Pas du tout en effet ! Les grands millésimes de Cheval Blanc ne se construisent pas sur la surmaturité du raisin, mais sur la bonne maturité. La surmaturité confit un peu les choses. Les merlots peuvent avoir des notes animales, de sous bois… ; c’est peut-être très poétique, mais la fraîcheur et la netteté du fruit me semblent beaucoup plus intéressantes. Si la pointe de surmaturité intervient sur le cabernet franc, pourquoi pas ! Cela peut apporter un peu de complexité, mais il faut faire très attention et surtout sur le merlot ou la surmaturité est l’ennemie de la finesse.

Etudiant il y a 25 ans, vous avez découvert la vigne à Clos Fourtet** qui appartenait alors à la famille Lurton. Comment la passion vous est-elle venue alors qu’a priori vous aviez choisi une autre voie, celle de la Médecine ? C’est vrai que je ne pensais pas ce métier, mais au fond de moi il y avait sans doute une génétique qui a fonctionné. J’ai aussi eu la chance à Clos Fourtet de gérer un premier cru classé au terroir exceptionnel et de fréquenter de grands œnologues comme Emile Peynaud et de grands managers comme Lucien Lurton, André Lurton, mon père Dominique qui sont aussi de grands viticulteurs. C’était parfait pour débuter une carrière ! Venons en à Cheval Blanc. Qu’est ce qui caractérise le château ? La particularité de Cheval Blanc c’est d’abord son terroir “mosaïque” de graves, de sables et d’argiles, mais la grande signature de Cheval c’est le cabernet franc qui représente 60% de l’encépagement (40% de merlot). Ce sont des cabernets francs issus du patrimoine génétique du château, qui ont été implantés en 1850-60 et continuent d’être multipliés et utilisés. Ils produisent de petits raisins qui mûrissent parfaitement bien sur ce terroir assez précoce, en donnant cette touche d’élégance que l’on aime retrouver dans un grand Cheval Blanc qui ne se construit jamais sur la force, mais autour de tanins veloutés, soyeux, fins, des tanins de “cashmere”.


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Pierre Lurton

Le gardien du temple Pierre Lurton préside aux destinées de deux des plus beaux fleurons de la viticulture bordelaise et par là même mondiale : Cheval Blanc et Yquem. Rencontre avec le “gardien du temple” ! M. Lurton, le millésime 2009 se précise, plutôt favorablement semble-t-il ? À ce jour*, c’est l’un des plus beaux étés depuis 10 ans, alors je pense qu’un grand millésime est en train de se dessiner ! Dans les vignes les plus précoces de Cheval Blanc, les degrés sont déjà élevés, avec de bons équilibres. Tous les espoirs sont permis pour 2009.

Repères 27 juillet 1956 : naissance à Bordeaux. 1981 : arrivée à Clos Fourtet et mariage avec Carole. 1982 : naissance de Lucie, sa première fille, suivie de Martin en 1984, Simon en 1989, Jeanne en 1991, Marie en 1995 et Emma en 2000. 1991 : nommé directeur général de Cheval Blanc. 2004 : nommé président d'Yquem.

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Un 2005 bis ? Pourquoi pas ! Il faudra faire attention comme c’est souvent le cas en millésime précoce à ne pas vendanger trop tard, surtout dans des terroirs comme les nôtres qui maintiennent une certaine fraîcheur mais qui pourraient de temps en temps amener des pointes de surmaturité. Et ce n’est vraiment pas ce que vous recherchez… Pas du tout en effet ! Les grands millésimes de Cheval Blanc ne se construisent pas sur la surmaturité du raisin, mais sur la bonne maturité. La surmaturité confit un peu les choses. Les merlots peuvent avoir des notes animales, de sous bois… ; c’est peut-être très poétique, mais la fraîcheur et la netteté du fruit me semblent beaucoup plus intéressantes. Si la pointe de surmaturité intervient sur le cabernet franc, pourquoi pas ! Cela peut apporter un peu de complexité, mais il faut faire très attention et surtout sur le merlot ou la surmaturité est l’ennemie de la finesse.

Etudiant il y a 25 ans, vous avez découvert la vigne à Clos Fourtet** qui appartenait alors à la famille Lurton. Comment la passion vous est-elle venue alors qu’a priori vous aviez choisi une autre voie, celle de la Médecine ? C’est vrai que je ne pensais pas ce métier, mais au fond de moi il y avait sans doute une génétique qui a fonctionné. J’ai aussi eu la chance à Clos Fourtet de gérer un premier cru classé au terroir exceptionnel et de fréquenter de grands œnologues comme Emile Peynaud et de grands managers comme Lucien Lurton, André Lurton, mon père Dominique qui sont aussi de grands viticulteurs. C’était parfait pour débuter une carrière ! Venons en à Cheval Blanc. Qu’est ce qui caractérise le château ? La particularité de Cheval Blanc c’est d’abord son terroir “mosaïque” de graves, de sables et d’argiles, mais la grande signature de Cheval c’est le cabernet franc qui représente 60% de l’encépagement (40% de merlot). Ce sont des cabernets francs issus du patrimoine génétique du château, qui ont été implantés en 1850-60 et continuent d’être multipliés et utilisés. Ils produisent de petits raisins qui mûrissent parfaitement bien sur ce terroir assez précoce, en donnant cette touche d’élégance que l’on aime retrouver dans un grand Cheval Blanc qui ne se construit jamais sur la force, mais autour de tanins veloutés, soyeux, fins, des tanins de “cashmere”.


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Rencontre Vous cherchez à reproduire le même style de vin en liquoreux à Yquem qu’en vin rouge à Cheval Blanc ? Vous savez, les équipes qui étaient là avant moi ont toujours privilégié la finesse, l’élégance et surtout l’aptitude au vieillissement qui est la signature de ces deux grands vins. Yquem, c’est un paysage, un grand terroir, un grand vin et une grande équipe de professionnels. Le décor est planté, je perpétue la tradition et si je peux apporter quelques détails à cet ensemble pour aller plus loin, tant mieux. Yquem, c’est vrai et on le voit bien dans les vieux millésimes, est un vin d’une très grande précision, élégant. Il garde de la fraîcheur, beaucoup de légèreté, un côté très digeste que l’on aime retrouver dans les grands sauternes et qui les rend faciles à associer à une multitude de mets. Vous insistez beaucoup sur la tradition du goût classique des grands vins de Bordeaux.Vous considérez-vous un peu comme un gardien du temple ? Oui, je m’associe à cette image de gardien des traditions. Il ne faut pas simplifier les mondes de complexité que sont les écosystèmes et les grands vins. J’essaie de regarder en arrière pour voir si des gestes n’ont pas été oubliés dans ce savoir-faire ancien lié aux grands vins. C’est comme dans la grande maroquinerie ou le geste joue un rôle tellement important pour sublimer la matière.

de Cheval, une telle étude donne des résultats différents et parfois même au sein d’une même parcelle. Cette étude nous a permis de rentrer dans le détail des lentilles d’argiles, des croupes graveleuses, des zones sableuses… Là dessus se superposent les cépages, ce qui nous permet d’avoir une gestion parcellaire extrêmement précise, notamment au niveau des maturités. Dans la continuité de ce travail parcellaire, nous sommes en train d’élaborer un nouveau chai que j’appelle “l’atelier du vin”, où nous aurons un réseau de cuves en béton plus petites de façon à bien séparer les différents terroirs. Et Yquem ? Avec le botrytis, la démarche est différente. Nous travaillons la diversité pour avoir un comportement le plus large et le plus étendu possible du champignon dans le temps et l’espace, de façon à épouser au mieux l’écosystème complexe d’Yquem. On raisonne parcelle par parcelle, oui, mais en ramassant en 5 ou 6 fois, sur deux mois, deux mois et demi au grès de la concentration du champignon. J’aime bien avoir une maturité relativement homogène entre les parcelles à Cheval Blanc ; par contre, à Yquem, plus je peux élargir la vendange dans le temps, mieux j’embrasse l’écosystème du cru.

"À Cheval Blanc et Yquem, il faut être humble, ne pas s'associer à la réussite de ces crus, mais savoir rester à leur service. On a plutôt des devoirs que des droits dans cette affaire !" Quand on parle de gestes anciens on pense aussi à la culture de la vigne. La grande tendance actuelle est au retour à la biologie. Comment considérez-vous ce phénomène ? Quand on a la chance de gérer un premier cru classé on doit prendre conscience du grand respect que l’on doit à la nature et de la nécessité d’être fidèle à son terroir. Nous labourons les vignes, les sols sont amendés par des composts et des fumiers traditionnels. En ce qui concerne les traitements, nous essayons d’avoir une viticulture intelligente, à base d’observations, de prédateurs d’insectes, de produits naturels… Parfois des produits sont utilisés, mais on essaie d’être le plus précis et le plus biologique possible de façon à préserver l’authenticité du goût de nos grands vins. Des études de sol ont été faîtes à Cheval Blanc par M. Van Leeuven. Quelles ont été les incidences ? Quand on a un sol en mosaïque comme celui

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Dans les grands vins rouges de Bordeaux, certains jouent plutôt la carte disons“moderne”de la matière, les autres, comme Cheval Blanc privilégient l’élégance. Cette diversité de styles est-elle une bonne chose ? Oui, c’est la diversité des climats, des terroirs et des savoir-faire, traditionnels ou plus modernes, qui fait Bordeaux. On en arrive à la notion de crus de garage, à Saint-Emilion, où l’on a vu des gens travailler sur des terroirs qui n’étaient pas forcément de grands terroirs, mais en pratiquant des viticultures très qualitatives de façon à amener des raisins à de hauts niveaux de maturité pour ensuite permettre des extraction importantes. Cela ne suffit pas d’avoir un grand terroir ! Si l’on peut y ajouter plus de précision dans le geste viticole on optimise encore mieux la matière première. Ces vins de garage ont permis à ma génération de redécouvrir la viticulture. Beaucoup ont en effet imaginé que l’œnologie était la panacée, mais ce qui est


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quand même fondamental, c’est la maturité, la qualité de la matière première donc la viticulture ; l’œnologie se rajoutant à cela on peut faire de grandes choses. Il y d’autres propriétés dans le groupe : la Tour du Pin et plus récemment Quinault (saintémilion grands crus). Est-ce difficile de concilier la haute couture et le prêt-à-porter ? Vous allez me dire qu’il faut la haute couture pour vendre le prêt-à-porter (rires) ! Ce n’est pas une mauvaise chose et je m’explique. Il y a quand même une certaine facilité dans la gestion d’un premier cru classé. Par contre, conduire une propriété comme Quinault, sur un terroir plus compliqué, permet aux équipes de Cheval Blanc d’aller au charbon et de se poser des questions qu’elles ne se posent pas d’habitude. De quelle façon les propriétaires*** de Cheval Blanc et Yquem sont-ils présents ? Bernard Arnault s’est rendu compte que ce sont là deux merveilleuses vitrines du grand luxe tournées vers le monde ; cela rentre tout à fait dans la démarche d’excellence qui est la sienne. Albert Frères a la même démarche à laquelle s’ajoute un comportement un peu plus “paysan” ; c’est un amateur de grands vins et il a la même crainte que les viticulteurs face à la grêle, le gel, trop de pluie pendant les vendanges. Ce sont aussi des hommes d’affaires. On sait qu’à Bordeaux des vins concentrés, boisés, très bien notés outre-Atlantique se sont vendus parfois plus chers que des premiers crus. Avezvous eu des pressions pour faire évoluer le style de Cheval Blanc ? Non (ferme), on ne nous a jamais demandé d’obéir aux modes, aux influences et on pourrait bien sûr penser à M. Parker. Nous nous sommes posés des questions pour savoir si Cheval Blanc devait devenir un peu plus “sexy”, mais sans perdre de vue l’objectif d’élégance. Nous n’avons jamais été poussés au crime, au contraire. Il faut reconnaître également que nous avons la chance d’avoir des actionnaires très médiatiques ce qui nous permet d’avoir une autre résonance.

Il y a une part de magie à diriger Cheval Blanc et Yquem… J’ai une chance incroyable que je mesure chaque jour. La chance de travailler dans des lieux magnifiques avec souvent le résultat à la clef, de prendre le temps de bien faire les choses, de pouvoir mener une politique élitiste, de mener le geste au bout et d’avoir une reconnaissance internationale. Alors, il est vrai qu’il faut être humble, ne pas s’associer à la réussite de ces crus, mais savoir rester à leur service. On a plutôt des devoirs que des droits dans cette affaire ! L’humilité c’est essayer de comprendre ce qui se passe sans toujours chercher à corriger des défauts apparents qui, dans ces grands châteaux, peuvent devenir des qualités. L’équation n’est pas simple ! Votre vignoble personnel de Marjosse (AOC bordeaux) vous confronte à la dure réalité économique des appellations régionales. Cela remet les pieds sur terre ? Complètement ! Les paysages sont beaux, les terroirs de qualité. Si les vignes sont bien menées, on peut faire des vins délicieux. Ceci étant, la commercialisation de ces vins là n’est pas évidente. Il se fait de bons vins dans le monde à des prix de revient très inférieurs aux nôtres. À Marjosse, je mène une politique de marque d’un vin signé par moi-même en surveillant mes prix de revient. J’ai la chance d’avoir un magnifique outil de travail, alors j’y crois et je ne suis pas le seul. Quand les vins sont bons, il y a toujours une solution commerciale. Propos recueillis par Christophe Tupinier Photographies : Stéphane Klein * Interview réalisée le 26 août 2009. ** 1er cru classé B de Saint-Emilion. *** 1998, achat du château Cheval Blanc par Bernard Arnault (LVMH) et Albert Frères. 1999, achat du château Yquem par Bernard Arnault.

Une certaine idée de la France Pierre Lurton est ce que l'on pourrait appeler un personnage aux multiples facettes. Président de Cheval Blanc et Yquem, premiers crus classés de Saint-Emilion et Sauternes, il évolue dans un monde de prestige, d'excellence, de luxe dont il maîtrise à l'évidence tous les plus fins rouages. Il nous semble également tout à fait inutile de lui faire suivre des cours du soir en communication… Bref, l'étape suivante de ce portrait devrait logiquement nous conduire à suggérer un personnage distant, donneur de leçons, voire élégamment suffisant comme il en existe tellement dans ces hautes sphères. Erreur ! Pierre Lurton allie un sens de l'humour des plus solides, un abord facile et chaleureux, à des convictions affirmées au service d'une certaine idée du goût classique et raffiné des grands vins de Bordeaux. Une certaine idée de la France en quelque sorte !

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Bordeaux rime avec château Inutile de s’appesantir sur ce point : Bordeaux rime avec Château. Non seulement l’homophonie est évidente, mais de plus, les deux mots ont fini par fonder un couple, à la fois sémantique et symbolique, auquel, il faut bien le dire, le vin doit beaucoup.

À La façade du château les Carmes-Haut-Brion (Pessac-Léognan), un écrin de vignes au coeur de la ville.

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lui tout seul, le château résumerait presque la totalité de la production viticole girondine. Si ce n’est pas le coup du chapeau, c’est du moins le coup du château. Et désormais, tout le monde s’accorde à condenser en peu de mots son savoir viticole : à la Bourgogne ses climats, à la Champagne ses marques, à l’Alsace ses cépages, à Bordeaux ses châteaux. C’est simple, facile à retenir, ça fait savant sans cuistrerie, et puis tout est dit. Eh bien non, justement. Car Bordeaux a une telle diversité de châteaux que le résumé ne saurait satisfaire quelqu’un d’un peu curieux. Commençons par le commencement :

qu’est-ce qu’un château ? Une construction imposante, à usage parfois militaire, parfois royal, souvent belle, haute en tourelles, voire en mâchicoulis, patinée par les ans, anoblie par l’histoire. Bref, château fort, château de Chambord, de Versailles ou de Chantilly, quand ce n’est pas une forteresse où rodent encore quelques fantômes de Templiers ou de Cathares… Rien de tout cela en Gironde. Le château bordelais raconte une histoire paisible, il s’inscrit dans un environnement rural, se flanque de jolis chais bien moins communs qu’on le dit, témoigne d’un passé cossu, et finalement, fait tout pour la paix des chaumières. En fait, à Bordeaux, quelle que soit son architecture, le château est


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Le Château Beychevelle, 4e cru classé à Saint-Julien, château emblématique du Médoc par son architecture classique.

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Ci-dessus : Le château la Tour Carnet, 4e cru classé du médoc, une ancienne forteresse médiévale construite au XIIe siècle. En bas à droite : Le château Cantenac Brown, 3e cru classé de Margaux, remarquable pour sa pelouse “britannique” et son architecture style renaissance anglaise (Tudor) du début du XIXe siècle. En haut à droite : La belle demeure sobre du château Suduiraut (premier cru classé de Sauternes) a été construite au XVIIe siècle ; un peu plus tard, les jardins dessinés par Le Nôtre achèveront l'ensemble. Le domaine de Suduiraut s'étend sur 200 hectares dont 92 ha de vignes.

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d’abord une entité agricole spécialisée dans la production d’un vin de haut de gamme. Voire de très haut de gamme. Une bonne grosse ferme de pierre pourra se parer du joli nom de château, pourvu que le vin qui l’habite en soit digne. En clair, le vrai châtelain, c’est lui, et le seul maître connu est le maître de chais. Cela rassure le consommateur et rend le propriétaire modeste. Il peut même arriver que le château n’ait été bâti que pour le vin, et non pour l’homme ; l’exemple de Cos d’Estournel, cru classé de SaintEstèphe dont les pagodes orientales servent de chais, est suffisamment célèbre. Célèbre aussi, et pour cause, est la simple beauté de la plupart de ces châteaux. Ce n’est pas pour rien qu’on vient du monde entier photographier Beychevelle, Laroque, Issan, Sales, Yquem ou Olivier. Pour beaucoup de visiteurs de ces élégantes bâtisses, le rêve secret serait d’y voir la Belle au Bois dormant se réveiller, et le pont levis résonner du galop d’un noble cavalier. Les hauts murs de Lamarque évoquent encore les gaillardes gasconnades du temps jadis, le colombier de Latour en appelle à trois siècles de présence anglaise,

le charme de Beauregard est celui d’une chartreuse typique et typiquement girondine, l’élégance de Suduiraut est celle d’un classicisme serein. On pourrait multiplier les exemples.

DE

ESTHÉTIQUE L’ARCHITECTURE

Au vrai, il faudrait un livre pour les raconter tous, pour dire quels ducs, quels moines, quels pionniers d’une viticulture toujours innovante, ont élevé ces murs. Et pour détailler avec précision tous les styles d’architectures rencontrés : ici un manoir victorien, là des colonnes palladiennes, plus loin un castel néogothique, ailleurs un donjon, ou l’élégante ordonnance d’une jolie façade du XVIIIe siècle. Chercherait-on un point commun à Malle, Agassac, Filhot ou Plaisance, on ne trouverait que le vin… et bien sûr la qualité esthétique de l’architecture. Chacune a sa personnalité, son âge, son style. Mais pas un ne ressemble à l’autre, pas plus que leurs vins ne se ressemblent. En matière de châteaux, l’UNESCO ne risquait pas de se tromper en classant au Patrimoine Mondial huit mille hectares de


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vignes à Saint-Emilion, devenus paysage culturel. L’amateur y trouvera aussi des châteaux qui, de Soutard à Figeac en passant par Saint-Georges ou Trottevielle, valent largement un classement eux aussi, et enjoliveront la visite d’une incontestable plus value. Même chose à la Citadelle de Blaye, classée en hommage à l’œuvre de Vauban, d’où l’on pourra s’échapper vers des lieux moins militaires mais pas moins beaux, comme Grand Jour, Pérenne, Falfas ou Gigault. Enfin, pour ce qui concerne le Fort Vauban de Cussac, petit frère de Blaye et son voisin d’en face, également inscrit à l’Unesco, c’est tout le Médoc alors qui s’ouvre à l’amoureux de belles pierres : Cantemerle, La Tour Carnet, Calon Ségur, Loudenne, Beaumont, Langoa, Margaux… impossible de les citer tous, il y en a mille. Châteaux encore avec le souvenir de quelques gloires littéraires ou artistiques, dont les noms brillent encore sur l’étiquette. Ausone avait une belle villa à Saint Emilion, et le cru qui porte son nom, à l’endroit où lui-même faisait son vin, est au sommet de la hiérarchie qualitative de son appellation. Difficile de porter plus haut l’ombre tutélaire du plus ancien des vignerons de Bordeaux. À La Brède où Montesquieu s’est passionné pour la culture de différents cépages, on vient de replanter quatre hectares qu’il aurait pu voir de ses fenêtres. Même chose au château de Montaigne, où l’on fait du vin depuis six cents ans, et chez Mauriac, à Malagar, près de Langon. Son voisin, le Château de Malromé, y cultive toujours le souvenir de Toulouse Lautrec qui y est mort. Mort d’avoir bu beaucoup trop d’absinthe, cette fée verte si cruelle. S’il avait bu le bon vin de son cru, sa santé eût été bien meilleure. Il est enterré au petit cimetière de Verdelais, lieu de pèlerinage tout proche, mais son château est toujours debout et vaut lui aussi une visite.

le parc reste le complément indispensable du château. Des générations de vignerons ont parfois travaillé à donner à leur château un cadre digne de lui. Plus qu’un décor, c’est surtout un écrin. Il compense par son côté “nature” l’alignement un peu géométrique de la vigne mitoyenne. L’espoir d’une petite récolte de girolles, ou d’une envolée de bécasse, lui apporte un supplément de magie. Et un pouvoir d’attraction qui plaît au citadin. Car il faut bien sacrifier à ce que résume ce mot un peu rude d’œnotourisme. Le château est évidemment en première ligne quand on parle de tourisme viticole. On est entré dans l’ère du viti-vinivisite. Certains châteaux poussent le souci d’accueil très loin, avec expositions de peintures, dégustations et visites des chais ; on parle anglais à tous les étages. À regarder de près cette évolution sympathique, et que l’on peut croire nécessaire, il apparaît que le château, supposé témoin du passé, n’a jamais été aussi demandé au présent. Illustration d’une belle civilisation du vin, il devient avec le temps l’image d’un art de vivre qui parle du vin mieux que n’importe quel académicien ou œnologue. C’est lui le personnage principal, assis sur plusieurs siècles, portant beau sa vieille silhouette, et gardant en secret, dans sa cave, des trésors qui ne demandent qu’à être découverts. Didier Ters Photographies : Stéphane Klein

Les châteaux bordelais sont aussi, souvent, des lieux de vie à l'image du château Corbin, cru classé de Saint-Emilion, habité par Annabelle, Sébastien Bardinet et leurs enfants Pierre, Henri et Diane.

VINI-VITI-VISITE Contrairement à une idée sottement répandue, les châteaux de Bordeaux sont souvent ouverts et souvent habités. Au Grand Verdus comme à Roquetaillade, à Montlau comme à Bonnet, des familles s’activent à garder le patrimoine en état, et veillent à la fois au bon entretien des toitures et du chai. Le visiteur bien intentionné saura, ici ou là, glisser aussi un compliment sur le parc. Ah, le parc ! Si les dernières tempêtes ont eu le bon goût de passer ailleurs,

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Un vin renommé, une cité historique Cité historique dotée d’un riche héritage spirituel, Saint-Emilion est aussi, bien sûr, une appellation dont la renommée a fait le tour du monde ; une AOC dont la diversité est une aubaine pour l’amateur épris de subtilités. La ville “écrin” de Saint-Emilion est construite sur un réseau unique de galeries souterraines creusées dans le calcaire (ci-dessous les caves de Clos Fourtet, au cœur du plateau calcaire à astéries de l'appellation).

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d’appellation est vaste car la ville de SaintEmilion, sur les bases de l’ancienne juridiction, a satellisé sept communes alentour (voir encadré “repères”) et, plus récemment, une partie de Libourne. Près de 2 000 ha reposent, d’une part sur le plateau calcaire à astéries -le socle tertiaire de tout le vignoble bordelais, érodé par les rivières, qui n’apparaît plus qu’à SaintEmilion- et, d’autre part, sur les flancs du plateau (la côte), où la molasse sousjacente, un calcaire friable mélangé à de l’argile et du sable, apparaît en sous-sol. La terre arable argilo-sablo-calcaire est souvent peu profonde de sorte que les racines pénètrent la roche et y trouvent un confort hydraulique sans pareil. Cette topographie en hauteur (jusqu’à 100 m), outre d’accueillir historiquement des chênes verts, induit précocité de la végétation et protection contre le gel. Nombre de vieilles vignes ont survécu à la gelée de 1956 et certaines de cabernet franc sont pré-phylloxériques ! Le plateau tourmenté et les côtes, parfaitement drainées par la déclivité, recèlent la plupart des crus réputés, sur la commune de Saint-Emilion en majorité et dans trois communes au nord-est (1).

DEUX "Classicisme" de la Gaffelière, "modernisme" de Pavie, Saint-Emilion accueille tous les styles de vins, y compris dans ses plus grands châteaux.

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on vin de Lucaniac -en lieu et place d’Ausoneest aussi célèbre à Rome que la ville de Bordeaux elle-même”. Ausone, poète et vigneron, atteste, ainsi de la présence de la vigne au IVe et, déjà, de la qualité du vin. Par l’entremise d’un moine breton, Emilian, qui s’y réfugia au VIIe, Saint-Emilion revendique aussi un héritage spirituel. La communauté que cet ermite engendra, outre de le sanctifier à sa mort, entreprit le creusement dans le roc de l’église monolithe. Un travail de bénédictins qui dura deux siècles. Cloître, crypte, chapelle, collégiale… aujourd’hui restaurés, témoignent du pieu passé de la ville. De place forte en ville sainte, Saint-Emilion se laïcisa lentement pour devenir, à partir du XIXe, l’épicentre d’un vignoble réputé. La complexité du terroir de Saint-Emilion relève d’origines géologiques diverses qui ont modelé la topographie et défini des sols et sous-sols variés. En fait, la zone

APPELLATIONS

Au nord-ouest de la cité, le plateau, en pente douce vers Pomerol, est relayé par une terrasse graveleuse quaternaire (1 000 ha environ) qui repose sur de la molasse et de l’argile. Un profil médocain, retrouvé aussi, ça et là, à Pomerol, convenant parfaitement aux cabernets et qui se glorifie, entre autres, de deux joyaux excentrés : Cheval-Blanc et Figeac. À l’ouest de la ville, en pied de côte puis en pente douce vers Libourne, un glacis sablo-argileux sur molasse et argile définit un autre type de terroir qualitatif qui accueille des crus notables. Enfin, au sud-ouest, sur la rive droite de la Dordogne (1 500 ha environ), ce qu’on appelle la plaine est constituée de graves sablo-limoneuses récentes et ne peut prétendre au plus haut-niveau des terroirs sus cités. Eu égard à cette délimitation (la juridiction) un peu laxiste de l’appellation, les producteurs ont opportunément revendiqué deux AOC : Saint-Emilion, basique, autorisée à être vendue en vrac (tonneau) et Saint-Emilion grand cru, exclusivement en


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bouteille, avec des normes de production et de contrôle de dégustation plus strictes. Dans la vieille Europe, les cépages sont en adéquation historique avec le climat, fruit d’une lente acclimatation. À Bordeaux, sous régime atlantique, chacun se répartit selon ses aptitudes propres. Le merlot prédomine rive droite par son affinité avec les terroirs “frais” procurant l’été le déficit hydrique adapté à ses exigences de maturation, qu’il s’agisse du plateau calcaire où les racines s’enfoncent jusqu’à 20 m, de la molasse ou même de l’argile pure en soussol. Les cabernets -le sauvignon et surtout le franc- excellent, conjointement au merlot, sur les terres ou parcelles plus “chaudes”, plus sèches, avec une élection particulière pour les graves (sauvignon) ou les sables argileux (franc). Ce dernier cépage est la clé de la magnificence de très grands crus : Cheval-Blanc (60%), Ausone (55), Angélus (50), Tertre-Daugay (40), Canon (35), Trottevieille (35), Figeac (35 + 35 de sauvignon), Cadet-Piola (20 + 30 de sauvignon)… mais d’autres crus, non moins réputés, n’en ont qu’une portion congrue : Clos Fourtet (10), Magdelaine (10), La Gaffelière (10).

EXPRIMER “SON”

TERROIR grands vins de la rive gauche. Il est d’ailleurs aussi instructif que déroutant de les comparer à l’aveugle… Certains millésimes s’avèrent plus favorables à la rive droite (1985, 1995, 1998, 2001) par une réussite exceptionnelle du merlot. Si les terroirs de l’appellation ne sont pas tous aussi bien nés, ils sont néanmoins capables, à l’appui d’une longue tradition viticole, d’élaborer des vins de très bon niveau. Pour véhiculer le message de la haute qualité des vins de Saint-Emilion, la Jurade, noble confrérie vineuse, procède à de prestigieuses cérémonies d’intronisation in situ et de par le monde. L’identification de Saint-Emilion, à la fois comme ville médiévale et comme grand vin, lui a donné une vocation touristique majeure. Reconnu unique, ce site, élargi à toute l’aire de l’appellation, a été protégé par une inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. Franck Dubourdieu

La confrérie vineuse la Jurade, “outil” de promotion internationale des vins de l'appellation.

5 400 hectares : 822 récoltants dont 170 en cave coopérative (650 ha) Taille moyenne de l’exploitation : 6,7 ha Densité de plantation minimum : 5 000 pieds/ha Encépagement : merlot 60%, cabernet franc 30%, cabernet sauvignon 10% 8 communes : Saint-Emilion, SaintChristophe des Bardes, Saint-Laurent des Combes, Saint-Hippolyte (1), SaintEtienne de Lisse, Saint-Sulpice de Faleyrens, Saint-Pey d’Armens, Vignonet et une partie de Libourne.

Repères

Finalement cette question du pourcentage des cépages reste secondaire vis à vis de la qualité ; encore faut-il que ceux-ci aient été idéalement choisis pour chaque parcelle. La capacité de chaque cru à exprimer “son” terroir dans le vin, à être dans la vérité sans vouloir le transgresser par une technologie inadaptée ou trop brutale (extraction, oxygénation, bois…) apparaît terriblement plus importante. La mode promue par les vins de garage d’un goût mondialisé, excessif (sur-extrait, peu acide, sur-boisé…) touche malheureusement encore quelques châteaux historiques. La grande diversité des terroirs de SaintEmilion offre donc une très large palette de styles de vin ; la bande graveleuse en marge de Pomerol et les crus juchés sur le plateau et les côtes, démontrant la plus haute expression de l’appellation. Souvent autoritaires dans leur jeunesse, les vins demandent du temps pour exprimer leur noble origine dans la subtilité du bouquet et du goût. Leur potentiel de garde et de raffinement n’a d’égal que celui des plus

Office du tourisme : www.saint-emilion-tourisme.com Maison du vin : www.vins-saint-emilion.com

Photographies : Stéphane Klein, Thierry Gaudillère

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Actualité

Faut-il un nouveau classement ? Les armes juridiques se sont tues à SaintEmilion et l’heure est de nouveau à la réflexion. Comment s’y prendre pour établir le nouveau classement des crus classés ? Avec quels dégustateurs ? Pour quel style de vin ? Mais au fait : faut-il vraiment un nouveau classement ?

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a reconnaissance de la qualité des vins de Saint-Emilion n’est advenue qu’à la fin du XVIIe siècle alors que celle des vins du Médoc l’était depuis un siècle. C’est le temps qui a séparé les deux classements, le Médoc (et Sauternes) en 1855 et Saint-Emilion en 1954 ; ce dernier ayant la particularité d’être révisé périodiquement (1969, 1986, 1996, 2006). Attaqué par des recalés, le classement de 2006 vient d’être annulé après un âpre combat juridique qui a duré plus de deux ans. Le classement de 1996 est rétabli jusqu’à la récolte 2011 avec intégration des promus du classement de 2006. Le classement actuel est donc de : 55 grands crus classés en 1996 moins 2 disparus*, moins 2 promus (2006) 1er, plus 6 promus, soit 57 GCC. 13 premiers grands crus classés en 1996 plus 2 promus, soit 15 1ers GCC. Le total donne donc un classement élargi à 72 crus. Dans l’éventualité d’une prochaine révision du classement, Bordeaux Aujourd’hui propose quelques pistes de réflexion. Les faits démontrent qu’il est urgent de réformer la commission de classement, surtout en matière de dégustation. Pour pallier toute suspicion d’arbitraire, il serait d’abord bien vu que le jury de dégustation soit totalement

indépendant de la commission de classement. Sa composition doit relever de spécialistes confirmés dans la critique des vins de Bordeaux : journalistes, œnologues, sommeliers, masters of wine… Ceux-ci seront capables d’émettre un jugement selon un objectif précisé à l’avance, d’utiliser une terminologie uniforme et codifiée. À cet effet la commission de classement aura recours à un spécialiste pour constituer un jury expert et définir les modalités de l’expertise.

DES DÉGUSTATEURS FIABLES Tout le monde est d’accord, la dégustation présente une part de subjectivité. Des affinités, aversions particulières ou des variabilités du seuil de perception peuvent communiquer, même chez des sujets entraînés, des avis différents pour un même échantillon. Le test statistique de variance s’avère donc indispensable ; il met en évidence les caractères les plus significatifs et élimine ceux qui ne sont pas partagés par le plus grand nombre. De plus, la fiabilité (répétitivité) de chaque dégustateur doit être mise à l’épreuve, à chaque session, par l’introduction, toujours à l’aveugle, de vins déjà dégustés. Tout doit être fait pour garantir la compétence des dégustateurs et le sérieux de l’interprétation des résultats. Avant de passer à l’épreuve du tasting,


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il serait vivement conseillé de faire subir à chaque vin les nouvelles techniques d’analyse des déviants les plus courants. Au-delà d’un certain seuil des molécules malodorantes sont en effet inadmissibles dans les grands vins : anisoles (moisi), phénols divers (animal, suint, putride, chimique…), méthoxypyrazines (végétal, terreux), géosmine (camphré), acétate d’éthyle (acescent) et autres molécules d’oxydation… Par ailleurs, on se posera la question de savoir s’il est pertinent aujourd’hui d’établir de nouveaux classements en tenant compte, outre la notion de qualité, des critères parfois très relatifs que sont la notoriété et le prix. La mondialisation du marché, de l’information et du goût conditionnée par une critique “impérialiste”, sont à même d’influencer ces éléments, dans un sens ou dans l’autre. Et ce ne sont pas toujours les vins les plus vertueux, au sens classique du goût immédiat et futur, qui occupent le devant de la scène dans les dégustations “marathon” des vins “en primeur” ou des vins jeunes en bouteille. La puissance et la richesse, fussent-elles artificielles, l’emportent le plus souvent sur les prémices de la finesse d’un vin conçu pour évoluer favorablement avec le temps vers l’expression de son terroir. Alors ! Veut-on répondre à l’autorité du goût mondialisé, avec ses standards reproductibles partout ? Ou bien entend-t-on préserver ce qui fait l’essence des plus grands terroirs de Saint-Emilion, après dix à vingt ans de vieillissement : l’émergence du goût singulier et raffiné de son origine ? Quel modèle doit-on privilégier : le vin de terroir qui exprime, même dans le vin jeune, l’harmonie, l’équilibre des arômes et des goûts ou le vin technologique défiguré par la richesse, sinon la démesure de tous ses éléments sensoriels ? Les sages de l’appellation doivent plancher sur cette question avant d’envisager de refaire un classement. Si un jury doit s’exprimer, la commission de classement doit lui soumettre des orientations claires sur le profil gustatif d’un cru classé de Saint-Emilion dans sa jeunesse et pendant la période de vieillissement retenue**.

FIGER LE CLASSEMENT DE 1996 ? D’ailleurs, est-il légitimement possible aujourd’hui de classer des crus à travers le jugement de la qualité ? Le classement historique de 1855 (Médoc, Graves pour un seul cru, Barsac-Sauternes) a été établi selon une historicité des crus associant la qualité du vin reconnue par les courtiers et les professionnels, la notoriété et le prix constatés sur plusieurs récoltes. Aucune appellation de France n’a procédé, à notre connaissance, à un classement des

crus par la dégustation… sauf Saint-Emilion. À l’idée évoquée de ne pas classer les vins mais les terroirs des crus en vertu de leurs potentialités historiques, il est rétorqué que la taille des crus bordelais et, souvent, le polymorphisme des parcelles, rendraient la tâche impossible, du moins si on se réfère au modèle bourguignon. Le dernier classement de terroirs notable en France est intervenu en 2001 : l’AOC alsace grand cru identifie 50 climats différents, entre 3 et 80 ha, répartis dans plusieurs communes. Est-il possible ou souhaitable, à Saint-Emilion, de procéder de la sorte ? Regardons également juste à côté de SaintEmilion, à Pomerol, qui n’a jamais sollicité de classement ; les plus grands terroirs sont pourtant presque tous au sommet de la pyramide du goût… et des prix. Laisser au marché le soin de faire “le” classement de Saint-Emilion est donc également une solution envisageable. La solution, le moindre mal, ne serait-il pas de figer le classement de 1996 élargi à 72 crus ? Cet épisode douloureux d’une bataille judiciaire dans la même commune, laisse la part belle à l’autorité du classement du Médoc et de Sauternes n’ayant pas bougé depuis 1855. Les Médocains arguent que les plus grands terroirs furent répertoriés à l’époque et que le marché est là pour sanctionner les propriétaires défaillants, ou promouvoir ceux qui auraient été oubliés. Franck Dubourdieu, Christophe Tupinier Photographies : Stéphane Klein *La Clusière et Curé Bon La Madeleine. ** 10 millésimes pour les crus classés, mais il serait souhaitable de porter la dégustation à 15 pour les 1ers crus classés.

La solution "bis" est-elle de classer les terroirs de Saint-Emilion selon leur potentiel historique, comme dans le classement de 1855 du Médoc et de Sauternes, à charge ensuite pour le marché de sanctionner les "mauvais" élèves et de récompenser les "bons" ?

Quel modèle privilégier : le vin de terroir, où l'harmonie l'emporte sur la force, ou le vin technologique avec ses standards reproductibles partout ?

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SAINT-EMILION, PREMIERS GRANDS CRUS CLASSÉS, CRUS CLASSÉS, GRANDS CRUS, 2006 Résultats

Très “bordelais” 81% de premiers crus classés retenus, 70% de crus classés, 55% de grands crus… Les résultats de cette dégustation des crus classés et grands crus de Saint-Emilion 2006 sont très “bordelais”, en ce sens qu’ils sont d’un excellent niveau et confirment que l’on est rarement déçu à Bordeaux quand on est prêt à mettre plus d’une douzaine d’euros dans une bouteille. Quant à 2006, inconstant au plan de la météo, c’est le millésime des grands terroirs et de l’élitisme vigneron. Millésime océanique, dans un style bien bordelais, 2006 est un grand millésime, peut-être un très grand, au sens du niveau qualitatif de certains vins et non de la régularité de l’ensemble, qui n’a rien à voir avec le mirifique 2005. C’est un millésime qu’il sera toujours passionnant de comparer avec 2004, son alter ego. Les meilleurs 2006 n’ont rien de spectaculaire, mais présente au contraire une beauté classique, où la richesse, la force tannique n’enlèvent en rien aux équilibres subtils de tous les éléments de l’odeur et du goût. Rive droite, rive gauche ? Après avoir dégusté récemment les vins du Médoc (Bordeaux aujourd’hui n°5), il nous semble, même si ceci exigera confirmation à l’avenir, que ces derniers ont aujourd’hui une légère longueur d’avance...

PREMIERS GRANDS CRUS CLASSÉS A CHÂTEAU CHEVAL BLANC - 19 C’est souvent la même chose avec Cheval Blanc. On ne met pas 20 sur 20 parce que l’on n’ose pas, mais si l’on veut bien raisonner en termes de finesse, de complexité aromatique, d’harmonie, de raffinement et d’évidente aptitude à la garde et bien une fois de plus Cheval est tout en haut de l’affiche.

CHÂTEAU AUSONE - 18 Un premier conseil à ceux qui veulent absolument boire Ausone 2006 jeune : le carafer au moins deux bonnes heures. C'est le temps qui lui aura fallu pour révéler son nez aux arômes fruités, floraux, vanillés éclatants. En bouche, le vin associe richesse, fraîcheur et pureté, à des tanins mûrs et racés à la fois. Voila une très grande bouteille en devenir qui nous amène toutefois à poser une question à Alain Vauthier, le propriétaire. Pourquoi, alors qu'à l'évidence, terroir, viticulture et vinification atteignent des sommets, Ausone a-t-il vraiment besoin d'exprimer ces arômes boisés-vanillés charmeurs, flatteurs, liés à l'élevage en fût de chêne ? Sans dénaturer le vin, ces arômes le marquent néanmoins fortement sans rien apporter à sa grandeur.

PREMIERS GRANDS CRUS CLASSÉS B

CHÂTEAU BÉLAIR - 16 Arômes réservés, élégants de fruits, d’épices. En bouche la texture est finement fondue, veloutée, suave “avec des tanins de taffetas”, ajoute un dégustateur sous le charme.

CHÂTEAU CANON - 16,5 Richesse et finesse aromatique composent un ensemble d’une grande complexité. Le vin est parfaitement équilibré, long, dense, pur et élégant. Un grand classique promis à un bel avenir.

CHÂTEAU LA GAFFELIÈRE - 16,5 Finesse et complexité aromatique signent immédiatement le vin. La bouche offre beaucoup de matière, de richesse, de finesse. Quel potentiel !

CHÂTEAU MAGDELAINE - 16,5 Issu à 95% du merlot en 2006, Magdelaine offre comme toujours beaucoup de raffinement et de pureté. Le vin est encore fermé, mais pur, racé, élégant, “taillé” pour la longue garde.

CLOS FOURTET - 16,5 Le premier nez est assez marqué par le boisé, mais les notes fruitées, florales s’imposent rapidement. La matière est superbe : fruitée, riche, dense, avec beaucoup d’harmonie et de finesse.

Vins notés 13,5 et 14 : château Figeac (14).

CHÂTEAU BEAU-SÉJOUR BÉCOT - 14,5 Nez discret sur les fruits noirs et le boisé torréfié. En bouche, l’ensemble est assez fin, droit, avec une belle matière. Le boisé marque un peu, mais il va se fondre avec le temps.

MEILLEURE NOTE - 17,5 CHÂTEAU TROTTE VIEILLE Le magnifique terroir du château est l’archétype du plateau calcaire de Saint-Emilion décrit par Franck Dubourdieu dans son article : du calcaire pur recouvert d’une fine couche d’argile de 30 cm d’épaisseur environ. Merlot et cabernets (45% de franc, dont une partie de très vieilles vignes pré-phylloxériques) s’équilibrent pour donner ce 2006 à la robe intense, vive. Le nez est réservé, délicat, marqué d’arômes de tabac, d’épices, de fleurs. La bouche est harmonieuse, avec un fruité mûr et fin, des tanins racés, suaves, beaucoup de longueur et un grand potentiel de garde.

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Les prix Fourchette de prix TTC (principaux sites internet) des premiers crus classés 2006, hors Cheval Blanc et Ausone: 45 à 70 €

CRUS CLASSÉS CHÂTEAU BERLIQUET (26 €) - 14,5 Ce petit château de 9 hectares situé sur terroir argilo-calcaire est fidèle à son style avec ce beau 2006 solide, droit, pur et d’une belle longueur en bouche.

CHÂTEAU CHAUVIN - 17,5 Le château couvre 15,34 hectares à 80% en merlot. Ce 2006 est un modèle d’harmonie entre un fruité bien mûr, une matière suave, riche et la finesse des tanins.


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CHÂTEAU LA CLOTTE (36 €) - 16

CHÂTEAU LA TOUR FIGEAC - 16

Quatre petits hectares seulement (80% merlot), mais 4 hectares d’un grand terroir qui chaque année produit un vin délicieux à l’image de ce 2006 dense, charnu, concentré, “taillé” pour très bien vieillir.

Propriété d’un Allemand, Otto Rettenmaier, ce château de 14,5 hectares est conduit “selon les techniques de la biodynamie” depuis 1997. Le 2006 offre une superbe matière, dense et mûre, tout en conservant beaucoup de complexité.

CHÂTEAU LA COUSPAUDE - 16

CHÂTEAU VILLEMAURINE (23,14 €) - 14,5

Nez marqué par des notes boisées et fruitées. En bouche, le vin est enrobé, suave, charnu, presque doux au palais.

Nez peu expressif, mais fin et pur. La structure est moyenne en bouche, mais le vin a du fond, de l’élégance et un bon équilibre. “Vin de garde”, pronostique un dégustateur.

CHÂTEAU DASSAULT (40 €) - 15 Robe intense, vive. Nez fin, charmeur. Le vin exprime beaucoup de délicatesse dans les tanins, le fruit, le tout avec un bon équilibre. Le boisé est encore marqué, mais il va se fondre.

CHÂTEAU DESTIEUX (28 €) - 17 66% de merlot, accompagnés de 17% de cabernet franc et 17% de cabernet sauvignon composent ce cru à la robe intense et brillante. Nez d’une grande finesse. La bouche est riche, harmonieuse, pure. “Le haut niveau”, conclut un dégustateur.

CHÂTEAU LA DOMINIQUE (27,50 €) - 14,5 Joli nez fin, sur des notes de fruits rouges. Le vin est gourmand, frais, fruité, long en bouche et très agréable.

CHÂTEAU FLEUR CARDINALE (27 À 32 €) - 16,5 Robe intense, vive. Nez plein d’élégance, de pureté. La bouche est charnue, enveloppée, suave… Un vin délicieux à déguster aujourd’hui.

CHÂTEAU FRANC MAYNE (40 €) - 16 Issu à 90% de merlot, ce très beau vin exprime des arômes élégants. La bouche est à l’unisson, distinguée, racée et d’une belle persistance.

CHÂTEAU GRAND CORBIN DESPAGNE (25 €) - 17,5 À l’évidence, François Despagne et son équipe transcendent les qualités du terroir du château pour nous offrir des vins dignes de premiers crus classés. Nouvelle démonstration avec ce 2006, au nez épicé, fruité, élégant, à la texture riche, intense, pure et harmonieuse.

CHÂTEAU LES GRANDES MURAILLES (43 €) - 15,5 Nez discrètement boisé-vanillé. Le vin est fin, frais, délicat, bien équilibré et d’une bonne longueur en bouche.

CLOS DES JACOBINS (49 €) - 15,5 Robe intense, pure. Nez plein de finesse. La bouche est dense, intense, avec des tanins soyeux et un bon équilibre. Le vin va bien vieillir tout en pouvant se déguster assez vite.

Vins notés 13,5 et 14 : Château Bellefont-Belcier (13,5 - 33 €), Château Bergat (14), Château Corbin (14), Château Larcis Ducasse (14 - 39 à 45 € chez les cavistes), Château Laroze (14), Château le Prieuré (13,5 - 38 € chez les cavistes), Château Ripeau (14 - 20 €), Château la Serre (14), Château Soutard (14 - 30 €).

GRANDS CRUS CHÂTEAU L’APOLLINE (14,50 €) - 16 Robe dense, vive. Nez expressif, fruité : pruneau, cassis… Le vin est rond, plein, complet, tout en conservant beaucoup de fraîcheur.

CHÂTEAU ARMENS (17,95 €) - 14,5 Nez classique de fruits mûrs, d’épices, complétés par une touche (discrète) boisée-vanillée. Le vin a de la matière, un fruité charmeur et une bonne longueur.

CHÂTEAU BARDE-HAUT (24,90 €) - 14,5 Arômes fins d’épices, de minéralité, de fruits bien mûrs. Le vin est dense, long, charnu et très agréable à déguster.

CHÂTEAU DU BARRY (17,50 €) - 15 Nez à la fois riche et élégant. Le vin a la gourmandise et le charme de sa dominante merlot (85%) tout en restant bien équilibré.

CHÂTEAU BOUTISSE - 15,5 CHÂTEAU GRAND PONTET - 16,5 Arômes fins, purs de fleurs et de fruits. En bouche des tanins soyeux et fins tapissent le palais, avec un fruité bien mûr et une belle longueur. Un joli vin de garde.

CHÂTEAU LAROQUE (28 €) - 16,5 En 2006, le grand vin a représenté un peu moins de la moitié de la surface du château, avec une dominante merlot à 87%. Le vin est plein, ample, charnu, avec une finesse et une race de cru classé.

CHÂTEAU MONBOUSQUET (40,50 €) - 17 Racheté en 1993 par Gérard Perse, le château couvre 33 hectares et s’exprime en 2006 dans un style “moderne”, avec beaucoup de richesse, d’intensité, d’extrait, de rondeur, sans pour autant basculer dans l’excès.

CHÂTEAU PAVIE-DECESSE (179,50 €) - 15 Propriété de Gérard Perse, ce petit château couvre 3,65 hectares plantés à 90% en merlot. Le 2006 est plein de sérieux, structuré, avec des tanins mûrs et une bonne longueur.

Robe intense. Nez de fruits bien mûrs qui s’affine à l’aération vers des notes florales, épicées. Le vin est soyeux, enrobé, tout en conservant beaucoup de délicatesse.

CHÂTEAU DE CANDALE (30 €) - 15 Trois hectares seulement sur les 11 que compte ce château propriété de M. et Mme Adams (Roylland et Fonplégade) rentrent dans la composition de cette cuvée pleine de richesse, de matière, tout en conservant un fruité frais et gourmand.

CHÂTEAU CANTENAC CUVÉE CLIMAT (35 €) - 15,5 Cette cuvée est issue d’une sélection de grappes sur l’ensemble du vignoble. Le vin est encore fermé, mais le potentiel est au rendez-vous avec beaucoup de matière, de pureté et un bel équilibre.

CUVÉE CLASSIQUE (17 €) - 15 Nez marqué par des arômes fruités et boisés. Le vin est charmeur, suave, bien équilibré entre fruit et matière. À apprécier dès aujourd’hui.

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Guide d’achat

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CHÂTEAU LA CROISILLE - 15

CHÂTEAU JEAN FAURE - 14,5

Les arômes évoquent la richesse avec des notes de fruits noirs, d’épices, de vanille. Le vin est puissant, rond et bien équilibré.

Le vin se goûtait mal le jour de la dégustation, avec un coté serré, dur. Mais il a du fond, un bon équilibre et tout porte à penser que l’évolution sera très favorable. Un peu de patience !

CHÂTEAU CROQUE-MICHOTTE (18 €) - 16,5

CHÂTEAU LA FLEUR - 16

Certifié bio, le château couvre un peu plus de 13,5 hectares plantés aux trois-quarts en merlot. Arômes fruités, élégants. Le vin est charnu, rond, frais, harmonieux et d’une belle longueur.

CHÂTEAU FAUGÈRES CUVÉE CLASSIQUE (29 €) - 17 Robe d’une grande intensité. Nez marqué d’arômes fruités, torréfiés. Le vin est riche, plein ; il n’a pas la matière de la cuvée spéciale Péby ci-dessous mais sans doute un peu plus de finesse.

CUVÉE SPÉCIALE PÉBY (85 €) - 16,5 Une cuvée très spéciale, à un prix également très spécial, issue à 100% du cépage merlot et dont 8 500 bouteilles seulement ont été produites. Arômes de fruits noirs bien mûrs, de boisé. Le vin est riche, suave, tout en gardant beaucoup de chair, de fraîcheur et une belle harmonie.

CHÂTEAU DE FERRAND (20 €) - 16,5 Le château aime laisser le temps au temps ; il ne commercialise ses vins qu’après 5 ans minimum de vieillissement et propose ainsi aujourd’hui des millésimes de 1995 à 2005. 2006 poursuivra joliment la série dans un style riche, pur, long et élégant.

CHÂTEAU FOMBRAUGE (25 €) - 15 Propriété de Bernard Magrez, Fombrauge est une référence pour sa régularité dans un style “moderne”, charnu, rond, fondu, ou le fruité s’exprime toujours avec beaucoup de charme.

MEILLEURE NOTE - 17,5 CHÂTEAU LA GRAVE FIGEAC (19,50 €) 6,7 hectares (65% merlot et 35% cabernet franc) très bien placés en bordure de Cheval Blanc et beaucoup de travail à la vigne et en cuverie donnent ce magnifique 2006 aux arômes complexes et purs. Le vin est long, distingué, charnu, avec de beaux tanins racés. La grande classe digne d’un cru classé !

CHÂTEAU HAUT TROQUART LA GRACE DIEU, CUVÉE PASSION (18,20€) - 16,5 4 000 bouteilles seulement ont été produites de cette cuvée au nez de fruits noirs, de moka, de réglisse, à la texture dense, concentrée et pure à la fois.

CHÂTEAU LAMARTRE (ENVIRON 10 €) - 15 Arômes fruités très expressifs : framboise, cassis… En bouche, la matière est riche, ample, enrobée par un joli fruité mûr et frais à la fois.

Robe profonde, brillante. Nez fin, racé, autour de notes minérales et fruitées. Le vin est riche, structuré, sur un joli fond de tanins mûrs, fins. Un grand cru de caractère et de garde !

CHÂTEAU LA FLEUR D’ARTHUS (20 €) - 15 Nez assez boisé (100% barriques neuves), qui conserve néanmoins de la finesse, avec une touche florale. En bouche, le boisé marque également mais le vin est délicat, fin et d’une bonne longueur.

CHÂTEAU LA FLEUR LAROZE - 14,5 Deuxième vin du château Laroze, cette cuvée s’exprime dans un style assez riche, ample, rond et encore ferme. “À attendre”, recommande un dégustateur.

CHÂTEAU LA FLEUR POURRET (24 €) - 14,5 Nez floral, délicat… Le vin est plein, dense, il doit s’affiner, mais le potentiel de garde est bien là !

CHÂTEAU GALETEAU (13 €) - 15,5 Le château utilise 30% seulement de barriques neuves et c’est à signaler… Nez délicat, sur des notes fruitées et épicées. Texture fine, douce, suave, gourmande et harmonieuse.

CHÂTEAU GESSAN (12,50 €) - 14,5 Robe intense. Nez marqué d’arômes de fruits noirs, de boisé. Le vin est pur, droit, élégant et d’une bonne longueur en bouche.

CHÂTEAU LA GOMERIE - 16 Robe intense, brillante. Nez parfumé de cassis, myrtille ; le boisé reste discret. La bouche est charnue, gourmande, les tanins veloutés, le tout avec une certaine finesse.

CHÂTEAU GRAND LARTIGUE - 14,5 Nez délicat, fin et frais. Le vin est léger, suave, élégant. Un bon “classique”.

CHÂTEAU GUILLEMIN LA GAFFELIÈRE (11,50 €) - 14,5 Arômes de fruits bien mûrs, presque compotés. Le vin est riche, suave, gourmand et délicieux à déguster aujourd’hui.

CHÂTEAU HAUT CORBIN - 14,5 Nez intense, avec un boisé-toasté-torréfié très présent. Le style du vin est résolument “moderne” (sans excès), gourmand, enveloppé, suave et charmeur.

CHÂTEAU MANGOT, CUVÉE QUINTESSENCE (29 €) - 14,5 Nez intense de fruits rouges bien mûrs. Le vin est bien fait, dense, extrait, avec un boisé qui va demander un peu de temps pour se fondre.

CHÂTEAU DE MILLERY (23 €) - 14,5

Les dégustateurs Franck Dubourdieu (journaliste), Ludovic Lalande (courtier), Hervé Romat (œnologue), Didier Ters (journaliste), Christophe Tupinier (Bordeaux Aujourd’hui).

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Nez de fruits rouges : framboise, cassis… Le vin est charmeur, rond, gourmand et très agréable à déguster aujourd’hui.

CHÂTEAU PATRIS (18 €) - 16 Nez complexe et complet, marqué d’arômes épicés, fruités, complétés d’une touche boisée. Le vin allie rondeur, densité et équilibre pour donner le parfait exemple d’un bon 2006.


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PETIT CORBIN-DESPAGNE - 16 Le second vin de Grand Corbin Despagne a été élevé à 50% en cuve, comme quoi ce n’est pas la barrique de chêne qui fait le vin... Nez expressif de fruits noirs, d’épices. La bouche est suave, gourmande, tout en gardant un grain net et une belle fraîcheur.

CHÂTEAU ROYLLAND (15 €) - 14,5 Egalement propriétaire du cru classé Fonplégade, Steve et Denise Adams exploitent les 10 hectares de ce château planté à 90% en merlot. Les arômes sont riches sans perdre leur élégance. Idem en bouche où la densité s’accompagne d’un bon équilibre et d’un côté très flatteur.

CHÂTEAU PETIT FIGEAC - 14,5 Nez expressif de cerise à l’eau de vie, de prune… Le vin est rond, fruité, gourmand, bien équilibré, prêt à boire aujourd’hui.

CHÂTEAU TAUZINAT L’HERMITAGE - 14,5 Conduit par Catherine Moueix (Taillefer à Pomerol), le château délivre un délicieux 2006, charnu, agréable et très harmonieux.

CHÂTEAU PETIT FOMBRAUGE (22,80€) - 15 2,45 hectares plantés à 90% de merlot et un vin au nez fruité, frais, expressif. La bouche est charnue, gourmande, fruitée et bien équilibrée. Un vrai plaisir !

CLOS LES GRANDES VERSANNES (15 €) - 16,5

CHÂTEAU PIGANEAU (13 €) - 14,5

Le merlot ne représente que 55% de l’assemblage (28% de cabernet franc et 17% de cabernet sauvignon) dans ce vin aux arômes séduisants de fruits rouges bien mûrs, d’épices, à la bouche riche, pleine, charnue et harmonieuse.

Nez encore marqué par le boisé : cacao, fumé, vanillé… La bouche est pleine, très riche, mais encore fermée. À décanter ou, mieux, à laisser vieillir avant consommation.

DÉLICE DU PRIEURÉ (17 €) - 15,5

CHÂTEAU PIPEAU (17 €) - 14,5 25 hectares, 90% de merlot, en 2006 château Pipeau est dense, suave, avec un boisé marqué qui va demander du temps pour s’intégrer au vin.

CHÂTEAU DE PRESSAC (22,50 €) - 15,5 Pressac fait partie des références de l’appellation et demande du temps pour se révéler. Le vin est dense, complexe, profond, mais encore fermé. Patience…

CHÂTEAU REINE BANCHE - 17 Le château borde le premier cru classé Grand Corbin Despagne et il est comme ce dernier géré par François Despagne. À noter que Reine Blanche est certifié bio. Ce 2006 s’exprime avec un bel équilibre entre délicatesse, fruit et suavité des tanins pour donner un vin harmonieux, plein de charme.

CHÂTEAU ROCHEBELLE (20 €) - 15

Le second vin du château le Prieuré est produit à 100% à partir du cépage merlot, ce qui lui confère un style plein, suave, avec un fruité gourmand.

GALIUS (12,80 €) - 17 Créée en 1982, Galius est une marque de l’Union des Producteurs de Saint-Emilion. 50 000 bouteilles ont été produites à partir de sélections parcellaires. C’est une réussite, avec un vin délicieux, au style charmeur, charnu, soyeux et harmonieux.

Vins notés 13,5 et 14 : Château Béard (13,5 - 18,50 €), Château Bellisle Mondotte (14 - 19,50 €), Château Jacques Blanc (13,5 - 16 €), Château le Chatelet (13,5 - 31 €), Château la Confession (14 - 38 €), Château Franc Lartigue (14 - 13 €), Château la Grâce Dieu, cuvée Passion 2 Femmes (14 - 17,60 €), Château Laplagnotte-Bellevue (13,5 - 15 €), Château des Laudes (14 - 16 €), Château Pindefleurs (13,5 - 15,5 €), Château Pontet-Fumet (13,5 - 15 E), Château Puy Razac (14 - 11 €), Château Monlot (14), Château Montlisse (14 - 16 €), Clos Larcis (13,5 - 18,48 €), Le Petit Pas (13,5 - 13 €).

Robe soutenue, brillante. Le signe d’une concentration que l’on retrouve au nez comme en bouche. Une aération sera nécessaire avant consommation.

CHÂTEAU ROL VALENTIN (33 €) - 14,5 Une des “stars” de l’appellation qui nous délivre en 2006 un vin rond, sur le fruit, suave, enrobé. Un pur plaisir !

CHÂTEAU LA ROSE BRISSON (12 €) - 14,5 Nez pur, expressif, fruité. Le vin est concentré, harmonieux, avec des tanins encore fermes, mais de qualité. “Vin de garde”, conclut un dégustateur.

CHÂTEAU LA RÉVÉRENCE (23 €) - 15 Voilà un vin peu expressif, mais pur, élégant. L’ensemble est bien construit, fin, harmonieux, encore un peu dur en finale, mais quelques années en cave vont arrondir les angles pour donner une belle bouteille.

Notation sur 20 Les notes sont données dans un cadre : celui d'un millésime, d'une appellation et d'une “classe”, classement ou niveau quand il existe ; ainsi un bordeaux supérieur 2007 pourra parfaitement, comme un premier cru classé 2005, obtenir la note de 20 sur 20. Notation 18 à 20 : vin hors normes 16 à 17,5 : vin exceptionnel 14,5 à 15,5 : très bon vin 13,5 et 14 : bon vin au-dessus de la moyenne de l’appellation

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Appellation

Bordeaux et Bordeaux Supérieur

Le “socle fort” de la pyramide En AOC régionales bordeaux plus qu’ailleurs c’est avant tout le travail de l’homme qui va déterminer la qualité du vin. Ceci étant dit, ces AOC qui constituent le “socle fort” de la pyramide des vins de Bordeaux peuvent cacher de petites perles, à prix d’amis. 28 • Bordeaux Aujourd’hui 7

A

vec la moitié environ des surfaces totales plantées à Bordeaux, le vignoble des AOC régionales bordeaux recouvre… argilo-calcaire, grave, argilo-sableux, limon… Il n’est pas question de juger leurs aptitudes comparées, leur vocation plus ou moins viticole, puisqu’à un certain niveau, le mode de culture et les conditions de production ont une influence plus grande sur la qualité du vin que le sol et le sous-sol. Une vigne en palus, piètre terroir, pourra donner, en rouge, de meilleurs résultats en vigne basse, labourée, à 6 000 pieds/hectares et 45 hl/ha de rendement, que le plus beau terroir argilo-calcaire ou de graves, soumis aux conditions autorisées dans ces AOC : 3 300 pieds/ha, vignes hautes et désherbées, 55 hl/ha de rendement (2008). À partir de ce constat, il n’est plus besoin d’évoquer la notion de terroir

et d’abuser l’amateur avec tous les mots magiques qu’il inspire. S’il reste le juge de paix de la hiérarchie des grands crus, il impose pour s’exprimer certaines conditions d’exploitation beaucoup plus contraignantes que celles autorisées.

NORMES

LAXISTES

Une grande partie de la zone de production cumule ces normes laxistes avec des sols peu ou non propices à la viticulture. Il s’agit principalement du plateau de l’Entredeux-Mers, notamment dans sa partie orientale, source majoritaire des bordeaux génériques. Ainsi atteint-on le sommet de la non qualité sur des terres trop argileuses où s’exerce une viticulture productiviste, avec son corollaire apparu en 2000 : la mévente des vins en vrac (au tonneau), sinon à des cours comparables à ceux de 1982 ! C’est à dire en dessous du prix de revient. Cette grave crise fait son


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Repères Superficie totale : 60 000 ha (120 000 au total à Bordeaux), selon la répartition géographique suivante : Entre-Deux-Mers 75%, Libournais 17%, Blayais/Bourgeais 6%, Graves/Sauternes 1%, Médoc 1%. Bordeaux rouge : 40 000 ha rendement max. 55 hl /ha (2008) Bordeaux supérieur rouge : 12 000 ha rendement max. 53 hl/ha (2008) Bordeaux blanc : 8 000 ha rendement max. 60 hl/ha (2008) 5 800 déclarants (dont 800 en bordeaux supérieur) 2 600 coopérateurs (42 coopératives)

œuvre et l’AOC Bordeaux voit le nombre de ses adhérents fondre à vue d’œil. Dans cet océan de vignes, on trouve une viticulture à deux vitesses, celle évoquée ci-dessus, subissant la concurrence des vins “industriels” du Nouveau Monde, et celle qui produit moins et mieux pour s’accrocher au wagon de la qualité, offrant des vins authentiques, personnalisés, avec un fruit optimum, un équilibre structurel et la plus grande pureté aromatique.

VITICULTURE

ÉLITISTE

Quand on s’attache à découvrir des crus dans cette mer immense, il faut garder un moral d’aventurier et ne pas économiser son palais. Les meilleurs vins naissent sous l’AOC bordeaux supérieur, mais l’AOC bordeaux, dans des proportions plus faibles, recèle aussi des produits de qualité. D’excellents vins -rouges surtout, mais aussi clairets, rosés, blancs secs et

liquoreux- peuvent se rencontrer dans n’importe quelle commune du Bordelais, là où une élite restreinte pratique une viticulture de haut niveau sur de bons terroirs, bien exposés, avec des installations et un savoir-faire qui n’ont rien à envier aux plus grands crus. Quelques zones ou communes émergent, particulièrement en rouge : les palus du Médoc et de la rive droite de la Dordogne, certaines communes du Libournais, les coteaux de Sainte-Foy-la-Grande… Alors que les prix des crus renommés effraient les amateurs français, ces vins cachent des trésors en regard du sempiternel rapport qualité/prix. Il faut renoncer au prestige de l’étiquette et s’offrir ces crus pour satisfaire régulièrement son goût pour les bons vins de Bordeaux. Franck Dubourdieu

En haut à gauche : Le merlot est le cépage dominant en bordeaux supérieur. En haut à droite : Le vignoble de Rauzan et son vignoble, dans l'Entre-Deux-Mers. En bas : Paysage typique de l'Entre-Deux-Mers, avec alternance de vignes et de cultures.

Planète Bordeaux Outre son statut de syndicat professionnel des vignerons, Planète Bordeaux, situé à Beychac et Caillau (à 20 minutes de Bordeaux), est à la fois lieu culturel et commercial. Il est proposé un voyage multi-sensoriel et ludique, clôturé par une dégustation avec système vidéo interactif, pour identifier les châteaux concernés et leurs productions. Ce lieu convivial propose aussi une large gamme des meilleurs crus au prix du domaine. Planète Bordeaux 33750 Beychac et Caillau Tél. 05 57 97 19 20 www.planete-bordeaux.net

Photographies : Stéphane Klein, CIVB

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BORDEAUX SUPÉRIEUR rouge 2006

Résultats

Très bon niveau Sur 98 bordeaux supérieur 2006 dégustés à l’aveugle, 58 sont sélectionnés ce qui donne un très bon pourcentage de réussite (59%) et démontre à la fois la qualité du millésime et la solidité qualitative du “socle” de la pyramide des appellations bordelaises. Tous les styles de vins se retrouvent dans cette sélection, des cuvées “sympas” à boire entre copains, aux bouteilles les plus ambitieuses dignes de très bons crus bourgeois, le tout à des prix qui dépassent rarement les 10 €. Précisons enfin que la plupart des vins sélectionnés sont en vente (prix du château) au caveau de la maison des bordeaux et bordeaux supérieur à Beychac et Caillau (le long de la route nationale entre Bordeaux et Libourne)

CHÂTEAU LA MOTHE DU BARRY Vignobles Duffau - Les Arromans n° 2 - 33420 Moulon Tél. 05 57 74 93 98 - Fax 05 57 84 66 10

MEILLEURE NOTE - 17,5 CUVÉE LE BARRY (8,45 €) “Excellent”, conclut tout simplement un dégustateur conquis. Ce vin charme dès les premières notes aromatiques. La bouche est charnue, intense. Un bordeaux vraiment supérieur

CHATEAU DE BONHOSTE 5, Bonhoste - 33420 Saint-Jean-de-Blaignac Tél. 05 57 84 12 18 - Fax 05 57 84 15 36

CUVÉE PRESTIGE (8,10 €) - 16 Le nez est marqué par des arômes de torréfaction, une touche épicée. La bouche est ample et harmonieuse. Une finale sur des notes de cassis conclut la dégustation. Un vin à garder encore un peu.

CHÂTEAU DE BRONDEAU 33500 Aveyres - Tél. 05 57 55 11 80 - Fax 05 57 55 11 84

CUVÉE CLASSIQUE (8,50 €) - 16

CHÂTEAU BEAU RIVAGE 7, chemin du Bord de l’eau - 33460 Macau Tél. 05 57 10 03 70 - Fax 05 57 10 02 00

CUVÉE CLASSIQUE - 14,5 Un vin structuré, soutenu par une belle fraîcheur tout au long de la dégustation. Des arômes de fruits rouges bien murs montent au nez. Un vin net et vigoureux.

CHÂTEAU BELLE-GARDE

Nez épicé et toasté. La bouche est très plaisante, onctueuse. Un vin souple, gourmand et d’une belle longueur. Du plaisir.

DOMAINE DES COLLINES 2, la Hage - 33420 Saint-Aubin de Branne Tél. 06 80 87 67 77 - Fax 05 56 86 85 47

CUVÉE CLASSIQUE (8,50 €) - 15 Un vin de belle tenue, aux tanins élégants, à défaut d’être très concentré. L’ensemble présente un bon équilibre et une finale vive.

33420 Genissac - Tél. 05 57 24 49 12 - Fax 05 57 24 41 28

CHÂTEAU COURONNEAU

CUVÉE L’EXCELLENCE DE BELLE-GARDE (8,50 €) - 17

33220 Ligueux - Tél. 05 57 41 26 55 - Fax 05 57 41 27 58

Le nez est riche, sur des notes de fruits noirs mise en valeur par un boisé délicat. La bouche est charnue, enveloppée par des tannins soyeux. Un vin riche et harmonieux.

CHÂTEAU DE BEL Malbatit - 33500 Arveyres - Tél. 06 63 09 75 82 - Fax 05 57 51 97 11

CUVÉE CLASSIQUE - 16 Un nez sur des arômes de fruits, relevé d’un boisé élégant s’exprime avec générosité. La bouche est gourmande, souple. Un vin sur le fruit, “goûteux”.

CHATEAU DE BLASSAN

CUVÉE CLASSIQUE (5,50 €) - 15,5 Le nez est net, élégant, sur des arômes de fruits noirs et d’épices douces. La bouche est ronde, ample, construite sur des tanins mûrs. Un bon bordeaux concentré et harmonieux.

CHÂTEAU LA FRANCE 33750 - Beychac et Caillau - Tél. 05 57 55 24 10 - Fax 05 57 55 24 19

CUVÉE CLASSIQUE - 14,5 Le nez est marqué par de belles notes de fruits noirs et un boisé flatteur. La bouche est ronde, gourmande. Un vin plaisant.

CHÂTEAU DE GOELANE

Lugon et l’Ile Du Carnay - Tél. 05 57 84 40 91 - Fax 05 57 84 82 93

21-24, rue Guynemer - 33295 Blanquefort Tél. 05 56 35 66 05 - Fax 05 56 95 54 20

CUVÉE CLASSIQUE (5,25 €) - 15,5

CUVÉE CLASSIQUE (6 €) - 15

Des jolies notes de fruits rouges s’offrent au nez. La bouche est ronde, bâtie sur des tanins fins. L’ensemble donne un vin flatteur près à boire dès maintenant.

30 • Bordeaux Aujourd’hui 7

Un vin qui exprime une bonne maturité de fruit tout au long de la dégustation. La bouche est d’un bel équilibre et la finale d’une longueur respectable.


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B ORDEAUX

SUPÉRIEUR

CHÂTEAU HAUT-GAUSSENS 4, les Gaussens - 33240 Vérac - Tél. 05 57 84 42 55 - Fax 05 57 84 42 55

CUVÉE CLASSIQUE (6 €) - 15,5 Un vin d’une belle concentration, qui sait également garder de la vigueur et de la fraicheur. Le tout est mis en valeur par un boisé de belle qualité. Du joli travail.

CHÂTEAU HAUT NADEAU 3, chemin d’Estevenadeau - 33760 Targon Tél. 05 56 20 44 07 - Fax 05 56 20 44 07

CUVÉE RÉSERVE PROPRIÉTAIRE (5,60 €) - 15 Le nez livre avec générosité des notes de fleurs et de fruits noirs. La bouche est fraîche, sur le fruit. Un vin net et expressif.

CHÂTEAU DE LAGORCE Odile et Patrice Bortoli.

33760 Targon - Tél. 05 56 23 60 73 - Fax 05 56 23 65 02

CUVÉE RÉSERVE (5,95) - 16,5

CHÂTEAU MOUTTE BLANC

COMME

UN CRU CLASSÉ

Que Moutte Blanc sorte aussi en tête de notre banc d’essai, parmi 150 bordeaux supérieur, ne surprendra pas les amateurs éclairés. Cultivé (6 000 pieds/hectare ; âge des vignes : 65 ans), vinifié, élevé (Boissenot comme œnologue-conseil ; 25% bois neuf) comme un grand cru classé -le château La Lagune n’est pas loin- il en a toutes les apparences. Son assemblage est très Médocain : 50% merlot, 25% cabernet-sauvignon, 25% petit-verdot. Cépage oublié, le petit-verdot revit avec bonheur pour anoblir le vin par sa force de caractère raffinée. Ce 2006 succède sans rougir au si réputé 2005 et offre dès aujourd’hui un immense plaisir que confortera le temps. À déguster pendant 10 à 15 ans. Odile et Patrice Bortoli - 33460 Macau Tél. 05 57 88 40 39 e.mail : moutteblanc@wanadoo.fr

CUVÉE CLASSIQUE (8,70 €) - 17,5 Le premier nez est discret, puis des arômes floraux très élégants se mettent en place. La bouche brille également par la qualité et la finesse des tanins. Un vin pur, s’exprimant dans un style que l’on peut qualifier de “grand classicisme bordelais”.

Un nez puissant exprime des arômes d’épices et de torréfaction. Ces derniers laissent place à des notes de myrtille et de cassis. La bouche est structurée, sur des tanins fondus et fins. Un vin plein et complet.

CHÂTEAU DE LISENNES Chemin de Pétrus - 33370 Tresses - 05 57 34 13 03 - Fax 05 57 34 05 36

CUVÉE PRESTIGE (8 €) - 15 Le nez présente des arômes de fruits noirs et des notes chocolatées. La bouche est souple, assez harmonieuse. Un vin qui peut-être bu dès aujourd’hui ou attendu quelques années.

CHÂTEAU LA PEYRÈRE DU TERTRE La Peyrère - 33124 Savignac - Tél. 05 56 65 41 86 - Fax 05 56 65 41 82

CUVÉE JEAN (10 €) - 16,5 Un boisé vanillé-torréfié assez marqué s’exprime au nez. La bouche est dense, concentrée. Un vin bien travaillé qui pourra être gardé quelques années en cave.

CHÂTEAU MALROMÉ 33490 Saint-André du Bois - Tél. 05 56 76 44 92 - Fax 05 56 76 46 18

CUVÉE COMTESSE ADÈLE (10 €) - 16,5 Un nez floral (rose) s’impose avec classe et élégance. En bouche les tanins sont soyeux, amples et un fruité expressif se révèle en note finale. Un vin plein d’harmonie.

CHÂTEAU MARÉCHAUX Les Maréchaux - 33124 Savignac Tél. 05 57 84 26 29 - Fax 05 57 74 25 84

CUVÉE CLASSIQUE (7,50 €) - 15 Un vin qui présente une belle personnalité : les tanins sont fins et réglissés. Le tout est soutenu par un boisé vanillé de qualité. Un bordeaux charmeur.

CHATEAU PANCHILLE CHÂTEAU LE GRAND VERDUS 33670 Sadirac - Tél. 05 56 30 50 90 - Fax 05 56 30 50 98

CUVÉE GRANDE RÉSERVE (15 €) - 16,5 Un vin gourmand, riche, dont les tanins montrent encore une pointe de fermeté aujourd’hui, mais qui reste très harmonieux. Les plus patients attendront encore deux ans pour déguster ce très beau bordeaux à son meilleur niveau.

CHÂTEAU HAUT CHATAIN 33500 Néac - Tél. 05 57 25 98 48 - Fax 05 57 25 95 45

CUVÉE CLASSIQUE (5,80 €) - 17 Un vin qui présente une très belle matière en bouche. Les tannins sont fins, racés, profond. Un fruité complexe, de fruits à maturité se déploie et persiste en finale. Une grande réussite.

33500 Arveyres - Tél. 05 57 51 57 39 - Fax 05 57 51 57 39

CUVEE ALIX (8,50 €) - 15 Le nez offre de discrètes notes toastées et réglissées. La bouche est charnue, gourmand. Un bon et plaisant bordeaux supérieur.

CHÂTEAU PENIN Truquet - 33420 Génissac - Tél. 05 57 24 46 98 - Fax 05 57 24 41 99

CUVÉE GRANDE SÉLECTION (8,75 €) - 16 Au nez des notes de fruits rouges dominent un boisé de belle qualité. La bouche est expressive et s’affirme sur des tanins serrés et concentrés. Un vin complet pour un château qui confirme son statut de “référence” dans l’appellation.

CUVÉE LES CAILLOUX (11,80 €) - 15 Un vin vigoureux, frais et fruité. Bref, le résumé d’un beau bordeaux travaillé, vinifié avec soin et encore un peu “réservé”. Patience…

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Guide d’achat

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CHÂTEAU PIERRAIL Le Pierrail - 33220 Margueron Tél. 05 57 41 21 75 - Fax 05 57 41 23 77

CUVÉE CLASSIQUE (9,25 €) - 15 Une belle fraicheur aromatique se dégage au nez comme en bouche. Les tanins sont denses, serrés, soutenus par un boisé bien intégré. À déboucher dans deux ans.

CHÂTEAU ROQUES MAURIAC Château Lagnet - 33350 Doulezon Tél. 05 57 40 51 84 - Fax 05 57 40 55 48

CUVÉE HÉLÈNE (6,50 €) - 15 “Un bon bordeaux de copains”, conclut un dégustateur. Un vin qui présente de l’harmonie, du fruit et un certain volume. Bref, un vin pour les occasions “sympa”.

CHÂTEAU SARAIL LA GUILLAUMIÉRE 33450 Saint Loubes - Tél. 05 56 20 40 14 - Fax 05 56 78 93 18

Per Landin et Jean Gazaniol.

CHÂTEAU DE PARENCHÈRE

20

ANS AU SOMMET

Le jury a bien fait son travail puisqu’il a mis en avant une valeur sûre qui ne se dément pas depuis 20 ans, qu’il s’agisse de la cuvée normale (60% merlot, 30% cabernetsauvignon, 10% cabernet-franc ; âge des vignes : 25 ans) ou de la cuvée Raphaël (50% merlot, 50% cabernet-sauvignon ; âge : 45 ans). D’un seul tenant, sur un beau plateau argilo-calcaire, le domaine (60 hectares) a été acheté en 2005 par un suédois amoureux du vin : Per Landin. Mais l’ancien propriétaire, Jean Gazaniol, le fils de Raphaël, est resté aux commandes techniques. Ces deux 2006 démontrent la grande régularité de la qualité à l’appui des moyens les plus judicieux mis en œuvre sur cet authentique terroir. D’un bel agrément, la cuvée normale se déguste dès aujourd’hui jusqu’en 2012 et la cuvée Raphaël porte en elle tant de promesses -à l’instar d’un grand cru Médocain- qu’il serait dommage de ne pas lui laisser le temps de s’épanouir quelques années ; à déguster d’ici 2020.

CUVÉE CLASSIQUE (5,20 €) - 14,5 Le nez évoque les pétales de rose mais aussi les fruits frais. La bouche est dense, suave. Un bordeaux “gourmand”, d’une bonne envergure.

CHÂTEAU DE SEGUIN 33360 Lignan de Bordeaux - Tél. 05 57 97 19 81 - Fax 05 57 97 19 72

CUVÉE PRESTIGE (9 €) - 15 Le nez est d’une belle finesse aromatique, soutenu par un boisé discret et de qualité. Les tanins sont fermes en bouche mais n’altèrent pas l’harmonie générale.

CUVÉE CLASSIQUE (6,90 €) - 15 Un vin d’une expression aromatique pure et fine. Une race que l’on retrouve également en bouche : les tanins sont élégants et serrés. Un vin qui présente encore de la réserve.

Les prix Fourchette de prix TTC départ château des bordeaux supérieur : 6 à 10 €

33220 Ligueux - Tél. 05 57 46 04 17 - www.parenchere.com

CUVÉE RAPHAËL (10,90 €) - 17 Le nez offre des notes fruitées d’une belle finesse. L’équilibre et la concentration sont au rendez-vous en bouche. 0Les tanins sont mûrs. L’ensemble reste assez retenu pour l’heure. Un vin de garde.

CUVÉE CLASSIQUE (6,80 €) - 16 Un vin qui présente beaucoup d’harmonie tout au long de la dégustation. Un fruité fin s’exprime au nez. La bouche est savoureuse, dans un style franc et droit bien typé bordeaux.

Les dégustateurs Régis Deltil (négociant), Franck Dubourdieu (journaliste), James Lawther (journaliste), Michel Mas (négociant), Didier Ters (journaliste), Christophe Tupinier (Bordeaux Aujourd'hui), Guy Vatus (amateur), Florence Varaine (journaliste).

32 • Bordeaux Aujourd’hui 7

Notation sur 20 Les notes sont données dans un cadre : celui d'un millésime, d'une appellation et d'une “classe”, classement ou niveau quand il existe ; ainsi un bordeaux supérieur 2006 pourra parfaitement, comme un premier cru classé 2005, obtenir la note de 20 sur 20. Notation 18 à 20 : vin hors normes 16 à 17,5 : vin exceptionnel 14,5 à 15,5 : très bon vin Vins notés 13,5 et 14 : Château Bellevue (13,5), Château Bellevue Peycharneau (14 - 6 €), Château Brande Bergère (14), cuvée O'Byrne (14 - 8,20 €), Château Cablanc cuvée Prestige (14 - 8 €), Château Le Conseiller (14 - 12,80 €), Château Dallau (13,5 - 4,10 €), La Dame de Cœur du Chateau Peyfaures (13,5 - 16 E), Château Fayau cuvée Prestige (14 - 5,95 €), Château Gayon cuvée Prestige (13,5 - 7,50 €), Château Les Gravières de la Brandille (13,5 - 4,80 €), Château Landereau (13,5 - 5,30 €), Château Laronde-Desormes (13,5 - 9,70 €), Clos des Moines (13,5 - 6 €), Château Mirefleurs (13,5 - 5,50 E), Château Mousseyron cuvée Joris (14 - 6,30 €), Château Nardique la Gravière (13,5 - 5,90 €), Château Passe Craby (13,5 - 4,50 €), Château Peyfaures (13,5 - 8,50 €), Château Recougne (13,5), Château Roques Mauriac cuvée Hélène (14 - 6,50 €), Château Sainte-Marie vieilles vignes (14 - 6,50 €), Château La Verrière Bellevue (13,5 - 4,80 €).


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Dégustation

Domaine de la Passion Haut-Brion

Retour vers le futur Resté près de 30 ans dans l’ombre du Château Haut-Brion, le domaine de la Passion-Haut-Brion vole aujourd’hui de ses propres ailes.

L Repères Appellation : Pessac-Léognan Gérante : Marie-Félicia Allary Superficie : 1,3 hectare 60% cabernet franc 40% cabernet sauvignon e.mail : passionhautbrion@orange.fr

34 • Bordeaux Aujourd’hui 7

e château Haut-Brion a donc un fils caché. Et celui-ci est bien décidé à se faire connaitre. Son nom : le domaine de la Passion Haut-Brion. Un petit poucet à l’échelle bordelaise, 1.3 hectare d’un seul tenant, mais remarquablement enclavé entre les vignes de Haut-Brion, en bordure également de la Mission HautBrion. Son étonnante histoire l’a conduit à être davantage qu’un simple voisin du fameux château premier cru classé en 1855. Depuis 1978, le vin produit par ces vignes entrait dans l’assemblage de Haut-Brion lui-même. Cette année-là, Michel Allary, chirurgien parisien et propriétaire de la Passion Haut-Brion en avait confié l’exploitation au prestigieux château. Arrivé au terme du bail et après une fin de collaboration tumultueuse, la famille a décidé de faire renaitre ce cru. L’objectif est

clairement défini : produire un vin de terroir, fruit d’un travail d’orfèvre, capable de soutenir la comparaison avec ces illustres proches de la galaxie Haut-Brion. Le millésime 2007, réalisé avec très peu de moyens dans des locaux peu adaptés a été un galop d’essai. Entre temps, la famille Allary s’est entourée des conseils du médiatique Stéphane Derenoncourt, tant à la vigne qu’en vinification, pour atteindre ses objectifs. Le millésime 2008 marque donc la véritable renaissance de ce cru. L’encépagement orienté principalement sur le cabernet franc (60%) et le cabernet sauvignon (40%) est plutôt original sur ce secteur. Il subsiste une centaine de pieds de merlot (qui n’entrent pas dans l’assemblage du 2008). Une orientation qui date de 1982. Auparavant l’assemblage de la parcelle associait cabernet sauvignon et merlot. En 2008, les cabernets francs ont été vendangés le 9 octobre et les cabernet sauvignon une semaine plus tard. La récolte du fait d’une présence assez sévère de mildiou a donné lieu à un tri sévère. Finalement, le rendement a été limité à seulement 18 hectolitres au total. 2009, marquera une nouvelle étape de ce retour en pleine lumière. Un chai est en cours de construction à Pessac sur le lieu même de l’ancienne maison de la famille. Il devrait être opérationnel pour les vendanges 2009. Quant au millésime 2008, il sera produit à seulement 2 400 bouteilles.

Laurent Gotti Photographies : Christophe Deschanel


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Au printemps dernier, les salons de l'Hôtel Georges V, à Paris, ont accueilli la réception officialisant la relance du domaine de la Passion Haut-Brion. En bas à droite : Michel Allary, chirurgien à Paris et propriétaire du domaine.

La dégustation AU PASSÉ ET AU PRÉSENT Pour comprendre ce cru renaissant, les familles propriétaires ont exhumé quelques millésimes de leurs caves. 2008 - 16 sur 20

1975 - 13,5

Le nez est plutôt discret, d’une belle finesse sur

Le nez montre des notes de sous-bois, de terre même. Après une belle attaque en bouche, la matière se resserre rapidement. Un vin dont la rigidité, la fermeté l’emportent sur le fond et l’harmonie. Le plaisir n’est pas au rendez-vous.

des notes évoquant les fruits rouges à belle maturité, avec une touche fumée, tabac. Il évoque un vin d’une certaine classe. La bouche ne donne pas non plus dans l’exubérance, mais elle joue sur un registre harmonieux et délicat. Un vin d’esthète

1970 - 16

plus que de gourmand.

La robe est dense, brillante. Des notes empyreumatiques et épicées se bousculent au nez. Une profondeur aromatique qui trouve un écho du plus bel effet dans la structure tannique. Une matière ample et puissante tapisse le palais. Une trame d’une superbe densité.

1976 - 15 La robe est couleur rubis à reflets orangés, signe d’une évolution assez avancée. Le nez est généreux offrant des arômes de fruits confits, de résine et de pruneau. Les tanins sont fondus et suaves. L’ensemble ne manque pourtant par de vigueur. Une finale fumée conclut la dégustation. Un vin qui constitue une belle surprise par son harmonie et son équilibre.

1966 - 17 Un vin qui régale par son harmonie et sa finesse. La robe est d’une grande brillance. La bouche déploie des tanins au touché soyeux, aérien. Des notes de chocolat et de cèdre montent au nez.

Une matière croquante, élégante qui se prolonge sur une finale aux notes de fruits noirs. Un vin d’un remarquable équilibre, dans la plénitude.

1961 - 18 Le nez présente des notes fumées, épicées (clou de girofle) et une touche d’agrumes confits. Mais ce vin séduit surtout par sa densité, sa sève en bouche. Les tanins sont denses et satinés. Il monte en puissance tout au long de la dégustation. Le type de bouteille qui se fait regretter quand arrive la dernière gorgée…

1959 - 16,5 Quelle présence et quel dynamisme pour une bouteille d’un demi-siècle tout juste ! Des notes mentholées et des arômes complexes, à l’évolution harmonieuse sont bien là : fruits confits, sous-bois. La bouche est dense, charnue. Les tanins sont serrés mais sans agressivité.

Bordeaux Aujourd’hui 7 • 35


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Entreprise

Maison Quien et Cie

Un négoce bien bordelais La société Quien et Cie, petite maison de négoce en vins de Bordeaux, représente un bon archétype du commerce bordelais, né au XIXe siècle, et poursuivant à l’export le travail des fondateurs.

O Repères Fondateur : Gustave Quien Année de création : 1877 Organigramme Philippe Quien : président du conseil de surveillance François Gillet : PDG Anouchka Gillet : administratrice Commercialisation : deux tiers (CA) à l'exportation Adresse : 4, quai de Bacalan Bordeaux

36 • Bordeaux Aujourd’hui 7

n pourrait passer devant sans la voir. Cultivant une discrétion bien bordelaise, la société Quien et Cie a pignon sur rue au bord de la Garonne, mais ne comptez pas y trouver l’enseigne criarde d’un marchand de pizzas ou de crédit. Les marchands de vins ont ici une plus juste mesure de leur image. Discrète, donc, pour ne pas dire modeste, les Quien travaillent au premier étage du 4 quai de Bacalan, avec vue imprenable sur la Rivière, et des murs décorés de portraits d’ancêtres. Nous sommes bien à Bordeaux. Sans doute la consonance étrangère du nom (prononcez “Kwinn”), va-t-elle dérouter le passant fraîchement débarqué, qui ne sait pas encore que Bordeaux est un club où seuls les étrangers sont admis. Mais justement, les Quien ne sont pas si étrangers que cela. En effet, la famille Le Quien de Neuville (prononcez “Kien”) était une noble lignée de Picardie que la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV a jetée hors

de France. Elle s’installa d’abord en Allemagne, où un descendant devint maire de Sarrebruck, puis à Amsterdam où une branche fit souche. C’est de là que Gustave Quien, fils d’un commerçant et importateur d’épices, vint s’installer à Bordeaux où il fonda, en 1877, une maison de commerce qui fit rapidement fortune. Gustave Quien tira parti de son ascendance néerlandaise pour vendre des vins de Bordeaux en grande quantité aux colonies de l’époque, les Indes Néerlandaises, c’est-à-dire l’Indonésie. Son neveu Frederick lui succéda à sa mort en 1924, après vingt ans passés en Chine où il avait lui aussi fait fortune. Mais c’est le fils de Frederick, Otto Quien, qui prit rapidement les rênes de la maison, et poursuivit son développement grâce à ses talents de vendeur hors pair. Et il lui a fallu bien du talent pour survivre dans les années de crise, puis de guerre, qu’il eut à affronter. Mais Otto Quien sut s’appuyer, d’une part, sur son réseau à l’export, qu’il cultivait par


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d’incessants voyages, d’autre part, sur la distribution du cognac, qu’il vendait beaucoup en Orient, grâce à quoi il devint un des plus gros agents de Rémy Martin. “À l’époque, on n’hésitait pas à partir quatre mois par an en bateau”, rappelle son fils Philippe Quien. C’est ce dernier qui est aujourd’hui président du conseil de surveillance de la maison familiale, d’autant plus familiale qu’il a installé aux manettes sa fille Anouchka et son gendre François Gillet, qui est le président en exercice. Avec l’arrivée de Philippe Quien, dans les années 1960, la société a relancé le commerce des vins, un peu délaissé au profit d’un cognac plus rémunérateur, et s’est spécialisée dans la distribution de grands et petits châteaux du Médoc. Les premières années n’ont pas été faciles, mais à partir du millésime 1975, puis surtout avec le 1982, Philippe Quien s’est ouvert la route des Etats-Unis avec profit. Aujourd’hui, la maison Quien et Cie fait les deux tiers de son chiffre d’affaires à l’export, mais seulement

la moitié de ses volumes. Car elle se consacre aussi au marché intérieur, ne négligeant aucun débouché, qu’il s’agisse de la grande distribution, du caviste ou du particulier. Ainsi, avec 130 ans d’ancienneté sur la place, la famille Quien illustre très bien la permanence d’un négoce de petite taille, bien géré, relativement discret, qui traverse les siècles avec la capacité de courber le dos dans les années noires. On compte des dizaines, sans doute des centaines, de sociétés de commerce analogues dans le Bordelais, partenaires de la viticulture régionale, mais aussi acteur d’un marché mondialisé, auquel leur savoir faire ancestral a permis de s’adapter. Pour autant, toutes ces familles négociantes ne sont pas héritières de nobles protestants et picards. Ce qui autorise Philippe Quien à regarder, sans nostalgie mais non sans fierté, le blason de ses ancêtres accroché au mur de son bureau.

Philippe Quien, sa fille Anouchka et son gendre François Gillet… La maison Quien reste une affaire familiale.

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Vignoble

Médoc

Un peu de vin blanc…

Quelques propriétaires du Médoc poursuivent avec succès la tradition du vin blanc, sur des terroirs voués au rouge. Inventaire d’une production mal connue, mais souvent issue de chais glorieux. 38 • Bordeaux Aujourd’hui 7

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our aussi loin que l’on remonte dans l’histoire viticole du Médoc, on y trouve toujours une production de vins blancs. Cela peut paraître incongru dans une région dont le vignoble parait obstinément orienté au rouge, mais cela ne l’est pas car la Gironde fut pendant très longtemps un gros producteur de vins blancs, y compris dans le Médoc, jusqu’au milieu du XXe siècle. Ces vins étaient le plus souvent secs, mais on notait aussi des volumes conséquents de vins doux, dits demi-secs, destinés à un marché de vrac pour certains pays d’Europe du Nord et de l’Est. Dans les propriétés de renom, type crus classés ou grand bourgeois, le blanc était souvent une production annexe, destinée à la consommation des propriétaires, de leur personnel et de leurs amis. Il apparaît, selon le témoignage de vieux vignerons, que la vendange des blancs, toujours antérieure à celle des rouges,

permettait d’ensemencer le cuvier, voir d’installer un pied de cuve, pour mieux déclencher la fermentation des rouges. Beaucoup devaient le faire, mais peu devaient le dire… Après la première guerre mondiale, dans les années 1920, on a compté jusqu’à 20 producteurs de blancs dans la seule commune de Saint Laurent. Un peu plus au nord, à Saint Germain d’Esteuil, la production de vins blancs dépassait couramment les 400 tonneaux, soit près de 500 000 bouteilles, ce qui parait incroyable aujourd’hui. Il y a toujours des vins blancs dans le Médoc, mais en quantité si limitée qu’ils ressemblent à quelques gouttes claires dans un océan de rouge. Au total, sur l’ensemble de la presqu’île, on recense une vingtaine de producteurs, cultivant 70 hectares. Et encore, seuls seize d’entre eux commercialisent leurs vins blancs, soit environ 300 000 bouteilles. Ces vins relèvent de l’appellation bordeaux Blanc, et n’ont pas le droit à l’appellation médoc, en dépit de leur origine géographique. Certains propriétaires ont bien tenté de créer une AOC médoc Blanc, conscients que le mot Médoc sur l’étiquette serait une plus value commerciale. Mais le projet trouva peu d’écho, et il fut même jugulé par diverses instances, car ni les crus classés du Médoc, ni le syndicat des bordeaux, ne voyaient d’un bon œil cette tentative de sécession. L’une des étiquettes les plus anciennes, en tout cas centenaire, parait être celle de Pavillon Blanc, le vin blanc 100% sauvignon du Château Margaux. C’est un vignoble de douze hectares, à la sortie du village, sur un terroir qui n’a pas été jugé digne de produire un grand vin rouge. Il est en outre très gélif, ce qui a imposé l’installation de rampes d’aspersion contre le froid du printemps, comme à Chablis. Pavillon Blanc et Pavillon Rouge (nom du second vin de Château Margaux) sont devenus au fil du temps de véritables


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marques, distribuées par la place de Bordeaux, et connues des oenophiles du monde entier. Une autre étiquette célèbre est celle de Caillou Blanc, le blanc de Château Talbot à Saint Julien. Cinq hectares de vignes lui sont dévolus, et la qualité du vin autant que le renom de la maison mère lui vaut un large club d’amateurs. Le blanc du Château Loudenne, cru bourgeois de Saint Yzans, est fort connu du consommateur britannique, pour son excellent rapport qualité/prix, d’une régularité sans faille. Toutes les autres productions sont issues de volumes moindres, même si leur terroir d’origine est glorieux, comme celui d’Aile d’Argent à Mouton Rothschild, du Blanc de Lynch Bages à Pauillac, ou des Arums de Lagrange à Saint-Julien. Il s’agit là de vignobles d’environ 4 hectares, petites filiales de grands crus classés, dont les vins sont commercialisés par le négoce dans la foulée des rouges. Encore plus confidentiels sont les blancs de La Tour Carnet, Chasse Spleen, Vieux Robin, Lieujean ou Prieuré Lichine. Ce qui ne veut pas dire négligeables sur le plan qualitatif…. À Listrac, les jolis noms de La Pâquerette et La Mouette ont disparu, mais subsistent encore avec succès le Cygne de Fonréaud, le Merle Blanc de Clarke et Saransot Dupré. Environ deux hectares chacun, mais des blancs rares et de belle tenue, qui ont su trouver un marché auprès d’amateurs exigeants, à la recherche de vins personnalisés et originaux. Nul doute que le socle calcaire du terroir listracais ne favorise ici la riche personnalité du sauvignon. Enfin, tout près de Bordeaux, la Dame Blanche du château du Taillan et le Château Linas à Blanquefort, perpétuent à la fois le souvenir et l’existence de ces “vins de banlieue”, dont Bordeaux (mais aussi Paris) tiraient jadis un orgueil légitime. Les blancs du Médoc ne diffèrent pas de

manière spectaculaire, sur le plan du goût, de ceux des autres vignobles girondins. Leur encépagement est dominé par le sauvignon et le sémillon, avec une subsistance sympathique de la muscadelle. Leurs terroirs se partagent entres graves sableuses et argilo-calcaire, deux grands classiques bordelais. Seules leur qualité et leur origine leur assurent pour l’heure un débouché commercial, souvent facilité par des petits volumes. Il est cependant intéressant de constater que la majorité des propriétés du Médoc qui proposent aujourd’hui du blanc ont replanté des vignes blanches. La production était tombée au tiers de ce qu’elle est aujourd’hui, lorsque de nombreux crus ont relancé leur blanc, et non des moindres. Sur ce point, on peut donc parler d’un petit renouveau, mais dans la continuité.

De nos jours, 16 châteaux seulement du Médoc commercialisent des vins blancs, pour une production totale de 300 000 bouteilles environ.

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Tendance

Caudalie

À la source du succès

À quelques pas du château Smith Haut Lafitte, Les Sources de Caudalie et leur Spa de Vinothérapie s’imposent comme le lieu chic et incontournable de la découverte du vin et de “l’art de Vigne”, comme on le dit dans la famille Cathiard. Voyage au cœur de ce lieu magique et efficace. 40 • Bordeaux Aujourd’hui 7

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rois lieux, trois univers, trois réussites. En 20 ans seulement, la famille Cathiard a fait du domaine de Smith Haut Lafitte, à Martillac, le temple chic du monde du vin. Le château, tenu par les parents Florence et Daniel, reste la vitrine du vignoble, le lieu de la découverte traditionnelle du vin. À quelques mètres seulement, Les Sources de Caudalie, l’hôtel, monté et dirigé par la fille cadette Alice, et son mari Jérôme Tourbier, se veut l’antre de l’art de vivre dans les vignes. Et le spa attenant innove avec la vinothérapie, fondée sur la marque de cosmétiques Caudalie créée par la fille aînée, Mathilde et son mari Bertrand. Sur le domaine, entouré par la vigne familiale d’un seul tenant, pas un seul pas qui ne fasse l’éloge du dieu Bacchus, qui ne rap-

pelle que le vin est plus qu’une boisson, un monde. “On a fait de ce lieu une vraie destination en elle-même, car notre concept a du sens, commente Alice Tourbier, à la tête des Sources de Caudalie. Ce n’est pas un hôtel classique. On promet, plus qu’une découverte, une véritable expérience”. Cette expérience, c’est la plongée complète dans le monde du vin. La stratégie, celle du détail. Car rien ici n’est laissé au hasard. Dans les couloirs de l’hôtel, dans la partie La Bastide des Grands Crus, les noms des chambres sonnent comme des clins d’œil pour les connaisseurs, comme une jolie poésie pour les novices : “La part des anges” fait référence à la part d’alcool qui s’évapore lors de la mise en fût d’un alcool, “Les accabailles” évoquent la grande fête qui marque la fin des vendanges,


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Repères “Les douelles” sont les planches de bois qu’on assemble pour former la barrique... “Le but est que les clients repartent enrichis intellectuellement”, explique Alice Tourbier. On ne séjourne pas seulement aux Sources de Caudalie, on vit sur le domaine, à la façon d’un châtelain du Bordelais, ou d’un négociant en vins du début du XXe siècle.

EVEIL

DES SENS

Impossible de rester enfermé dans sa chambre (avec vue sur les vignes, toujours). Chaque client est invité à visiter le château Smith Haut Lafitte. Pour parfaire sa découverte du monde viticole, on peut aussi s’adonner, sur le site, à des cours de dégustation de vin, des visites du vignoble à vélo (prêté par l’hôtel), ou à une petite partie de golf sur le domaine... Mais aussi à des cours de cuisine avec Nicolas Masse, le nouveau chef des deux restaurants de la maison : La Table du Lavoir et La Grand’Vigne. Car la gastronomie est évidemment indissociable du vin, et de l’art de vivre qui va avec... L’ultime étape dans le voyage des sens, est le Spa de Vinothérapie, qui jouxte l’hôtel. Là encore, la vigne est au cœur de cette

idée, unique au monde, lancée par la famille, et qui s’appuie sur les produits Caudalie, à base des polyphénols contenus dans les pépins de raisin. “Tout est intimement lié à la vigne, décrit Alice Tourbier. Le Spa est l’alliance de l’eau de source du domaine, puisée à 540 mètres, naturellement chaude et riche en minéraux et oligo-éléments, et de la vigne, des

bienfaits du raisin”. Bain barrique, bains à la vigne rouge ou au marc de raisin, enveloppement merlot, gommage Crushed Cabernet, drainage vrilles de vigne, modelage Pulpe Friction... le vocabulaire, encore une fois, célèbre le vin dans toutes ses splendeurs. Du coup, même les hommes se laissent tenter par ces soins de goût et de caractère. La formule familiale, aboutie et raffinée en tous points, cartonne. Alice et Jérôme Tourbier ont ouvert en novembre dernier Les Etangs de Corot, le pendant parisien des Sources de Caudalie. Ils viennent d’inaugurer un spa au sein de l’Hôtel Plazza de New-York, et bouillonnent déjà d’idées pour diffuser leur art de vivre dans les vignes. Pauline Boyer

1990 : rachat du château Smith Haut Lafitte par Florence et Daniel Cathiard. 1994 : lancement de la marque de cosmétiques Caudalie. 1999 : ouverture des Sources de Caudalie, avec 29 chambres. 2001 : ouverture de La Grange au bateau avec 20 nouvelles chambres. 2009 : les Sources de Caudalie gagnent leur 5e étoile.

Les sources de Caudalie, un haut lieu de détente et de culture, avec notamment (ci-dessus à droite) cette sculpture de Barry Flanagan, célèbre artiste gallois.

Pratique Côté chambres : de 250 à 650 € en haute saison. Formules demi-pension gourmande ou minceur, 326 € par personne pour deux nuits. Côté tables : menus à l’auberge La table du Lavoir, de 26 à 35 €, vin non compris. Menus au restaurant gastronomique La Grand’Vigne, à 60 ou 85 €. Côté Spa : cinq cures possibles, de 325 à 435 € pour deux jours. Côté pratique : Chemin de Smith Haut Lafitte, 33650 Martillac Tél. 05 57 83 83 83 www.sources-caudalie.com

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Bonnes adresses

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OS PR AT IQU ES

Du verre à l’assiette Nouvelles adresses gourmandes, changement de décor, confirmation ou arrivée d’un chef… Tout ce qui fait l’actualité épicurienne de Bordeaux et de son vignoble. Martine Crespin Photographies : Stéphane Klein, DR

Dans le vignoble LA

BOULE D'OR

L’une de ces adresses qui ne font pas la une des medias mais qui, dès que l’on y fait étape, offrent le spectacle de salles pleines et joyeuses. Jean-Claude Bonnefon et son associé Pascal Lequeux animent ce restaurant de village avec une réelle bonne humeur et le chef y met du sien pour répondre à l’unisson. Des formules pour le moins abordables et savoureuses, complétées par une carte qui fait la part belle aux spécialités de la région. Impeccable menu à 25 € : foie gras mi-cuit et sa compote d’oignon, entrecôte grillée à l’échalote conforme à la tradition médocaine, assiette de brebis et confiture de cerise noire et soupe de fraises. Pour les amateurs, une carte des vins intéressante qui, bien entendu propose une sélection de moulis à prix très raisonnables. À noter, une terrasse plaisante, ouverte cet été, pour savourer les derniers beaux jours de septembre … Formules à partir de 12 € (midi), menu à 25 € et carte. 212, avenue de la Gironde, à Moulis en Médoc. Tél. 05 56 58 09 03

LE

Jean-Claude Bonnefons et Pascal Lequeux.

WINE DINNER

Si nous avons déjà salué l’impeccable travail du jeune chef Olivier Garnier au Wy, le restaurant de la Winery, il convient d’apprécier une nouveauté lancée par Philippe Raoux : les Wine Dinners. Le principe est archi-simple : un menu gourmand concocté par le chef, des accord mets-vins et un propriétaire qui vient, en personne, commenter ces choix et répondre aux questions des participants. Des soirées chaleureuses, sans chichi, qui permettent à une clientèle plutôt jeune d’aborder le monde du vin sans complexe ! La Winery, à Arsac - Tél. 05 56 39 04 91

Fabien Garnier, Second et Olivier Garnier, Chef.

En bref… CHANGEMENT DE CHEF À CAUDALIE

FORCÉMENT SAUTERNES …

Venu du Grand Hôtel de Saint-Jean de Luz, où il avait obtenu un macaron Michelin, Nicolas Masse est en charge depuis cet été des deux tables des Sources de Caudalie : côté “gastro” La Grand’Vigne et côté “bistrot” La Table du Lavoir. Un jeune chef bourré de talent, habitué à travailler les beaux produits du sud-ouest autour d’un répertoire résolument créatif, qui n’oublie pas pour autant ses fondamentaux. Château Smith Haut Lafitte, à Martillac. Tél. 05 57 83 83 83

Profitez de l’arrière-saison pour découvrir l’adorable village de Sauternes et son vignoble depuis l’une des plus agréables terrasses de la région, celle du Saprien. Une maison de tradition et de qualité qui fait la part belle au vin sous toutes ses formes. Du classique foie gras à la gelée de Sauternes au parfait glacé… au Sauternes. Le Saprien - 14, rue Principale, à Sauternes. Tél. 05 56 76 60 87

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À Bordeaux SEPTIÈME

PÉCHÉ

La petite adresse confidentielle qui monte, qui monte… Un lieu bien connu des bordelais (l’ex-Oiseau Bleu), à l’orée du quartier des Chartrons, où un jeune couple vient de s’installer pour vivre une aventure gastronomique ambitieuse. Laurence Doisy, pro du marketing et de la gestion de l’hôtellerie de luxe et Jan Schwittalla, 27 ans, fort de son expérience de chef de partie dans de prestigieuses brigades, formé auprès de l’unique cuisinier 2 étoiles Michelin à Berlin, dans son pays natal, ont imaginé un lieu qui leur ressemble. Une ambiance contemporaine élégante et chaleureuse, de beaux matériaux, des tables superbement dressées pour une cuisine qui se veut résolument créative et gastronomique. Le menu découverte est à 49 €, à décliner selon votre bon plaisir, avec amuse-bouche et mignardises : terrine de foie gras, bonito et bigorneaux, poudre d’huile d’olive, pot au feu de coques et jeunes légumes d’été, épaule d’agneau du limousin rosée, artichauts violets, et crème brûlée déstructurée à la vanille Bourbon, caramel et cerise en deux textures… Les plus gourmets se laisseront surprendre par le menu dégustation à 75 €, véritable feu d’artifices de saveurs où l’on retrouve les produits les plus nobles. Septième Péché - 65, cours de Verdun, à Bordeaux - Tél. 05 56 06 42 16

GAULT MILLAU D'OR

Laurence Doisy, gérante et Jan Schwittalla, Chef.

POUR

PASCAL NIVEAUDEAU

Le petit monde girondin du vin et de la gastronomie s’est retrouvé, en juin dernier, pour fêter le chef du Pressoir d’Argent : Pascal Nibaudeau. En effet, ce trentenaire recevait le Gault Millau d’Or, Trophée Villeroy & Boch, destiné à récompenser un talent en voie de confirmation. Trois petits tours à l’Ecole Hôtelière de La Rochelle, pour ce jeune charentais, puis des horizons plus lointains… Il en rapporte une vraie curiosité et un enthousiasme pour les aventures inattendues. Celle de l’ouverture du Regent Grand Hotel à Bordeaux en est une : il sait que tout le monde attend au tournant ce cuisinier formé à Bruxelles, au Seagrill auprès d’Yves Mattagne, chef étoilé de réputation internationale. D’emblée, il séduit à la Brasserie de l’Europe, puis, un peu plus tard, dans un registre plus exigent, celui du Pressoir d’Argent, lieu prestigieux, dédié à l’excellence. On y retrouve ses fondamentaux : des produits rares préparés avec éclat, sans tricherie, avec une modernité qui séduit sans choquer. De l’incomparable show du homard à la presse d’argent, spectaculaire et exquis une fois dans l’assiette, au crabe royal de la mer des Glaces en passant par le caviar d’Aquitaine, on ne peut qu’applaudir le choix de notre confrère gastronomique. Pascal, il a tout d’un grand ! Le Pressoir d’Argent - 5, cours de l’Intendance, à Bordeaux. Tél. 05 57 30 43 04

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Au fil des pages Une sélection de livres sur le vin et la gastronomie. Pour apprendre, pour découvrir, à feuilleter ou à dévorer. Rubrique réalisée en partenariat avec l’Athenaeum à Beaune - www.athenaeumfr.com

Le cœur de Bordeaux, crus classés de Graves

James Lawther, éditions de la Martinière, 45 € Si la préface est de Hugh Johnson et le texte d’introduction de Michel Bettane, le fond du texte est de James Lawther, journaliste britannique Master Of Wine, installé à Bordeaux et qui connaît le vignoble sur le bout des doigts. Ce beau livre superbement illustré (photos d’Alain Benoit) présente l’histoire et les spécificités des 16 crus classés de Graves, vignobles situés aux portes sud de l’agglomération bordelaise dont les noms résonnent forcément aux oreilles de l’amateur : Haut-Brion, Haut-Bailly, domaine de Chevalier, Pape Clément, Smith Haut Lafitte, Latour-Martillac, etc. Cet ouvrage ne pas révolutionner le genre mais pour chaque château il apporte des informations (histoire récente et ancienne, propriétaires, encépagement, terroirs, style des vins…) qui permettent au final d’avoir une vision globale assez précise de ces crus classés de Graves. Précisons que la recette d’un grand chef accompagne le descriptif de chaque château.

Guide du Bordeaux

Oz Clarke, éditions Gallimard, 29 € Le livre n’est pas tout nouveau, mais n’en constitue pas moins un ouvrage intéressant sur le Bordelais écrit par l’un des plus acerbes et des plus drôles critiques britanniques sur le vin. Après avoir dressé, en introduction, un tableau assez complet du vignoble (cépages, vinification, lieux et paysages, économie, tourisme viticole…), Oz Clarke rentre dans le détail des régions viticoles, appellation par appellation et surtout château par château. Si tous les grands noms du vignoble sont bien sûr décrits par le détail et occupent la plus large partie de l’ouvrage, les “petits” ne sont pas oubliés pour autant, avec de larges commentaires sur les crus bourgeois mais, aussi sur les vignobles de côtes, ou encore sur les bordeaux de l’Entre-Deux-Mers.

L’âme du vin chante dans les bouteilles

éditions d’Art, 32 € Ce livre est fait le catalogue d’une exposition à ne pas manquer qui se tient au musée d’Aquitaine, à Bordeaux, jusqu’au 20 octobre prochain ; le musée a conçu et réalisé l’exposition avec l’apport de plus de quarante collections publiques et privées, françaises et étrangères. On y trouve : “mille et un contenants du vin : amphores, tonneaux, bouteilles, carafes, pichets, flacons, gourdes… qui racontent l’histoire des hommes et du vin, de la façon dont on le conserve, dont on le transporte et dont on le boit. De l’antiquité à nos jours, dans les lieux de culte ou à la taverne, à table ou même en marchant (…)”. Le tout étant magnifiquement illustré et traduit dans la langue de Shakespeare.

Guerre et Paix dans le vignoble

Jean-Pierre de la Roque et Corinne Tissier, éditions Solar, 22 € Ecrit par un grand reporter au magazine Challenges et une journaliste économique dans le domaine du luxe, ce livre a l’ambition de nous livrer : “Les secrets de douze dynasties du vin” qui concentrent être leurs mains quelques-uns des vignobles les plus prestigieux d’Europe. On apprend rien de vraiment nouveau, mais c’est écrit avec beaucoup de simplicité et de clarté, sans recherche du scandale à tout prix, il faut le noter, et permet de faire le point sur quelques dynasties turbulentes et affaires tumultueuses qui ont agité le monde du vin : les rapports parfois difficiles entre les Rothschild, ou entre les familles de Villaine et Leroy au domaine de la Romanée-Conti, la galaxie Lurton… Au final 12 histoires pour comprendre l’histoire de ces grandes familles et savoir comment elles ont su conserver et valoriser un patrimoine aujourd’hui considérable.

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