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Les cahiers n° 205 septembre-octobre 2013
Des liens pour aimer, partager, servir
L’événement
Les jeunes font leur rentrée !
Dossier
Vers un renouveau du bénévolat
Incontournable
Pape François : « Allez, sans peur, pour servir »
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Magazine
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L’événement : Les jeunes font leur rentrée ! 4
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Dossier : Attirer de nouveaux bénévoles
Histoire : Saint Vincent de Paul, modèle pour Ozanam et saint patron des Conférences 32
Vers un renouveau du bénévolat
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Entretien : Chantal Demoustier
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Incontournable : Pape François : « Allez, sans peur, pour servir » 35
Reportage : Immersion familiale en forums associatifs 10
Service
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Spiritualité
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Actus SSVP
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Actus juridiques et sociales
Réflexion : De Jérusalem à « toutes les nations » 24
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Témoignage : Gina et Alejandar : « Nous avons été évangélisées par les pauvres » 27
International 20 Carnet de route : « Missionnaires de la charité : allons aux pauvres ! » 21
Courrier 38
Contemplation 28 Parole de Dieu
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Prier en Conférence
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Ce numéro comprend un encart d’abonnement entre les pages 2-3 et un bon de commande entre les pages 38-39.
édito
Conversion et place du pauvre
© SSVP
L
’appel à la charité lancé par le pape François lors des JMJ de Rio de Janeiro est clair et fort. Il s’adresse bien sûr à tous les baptisés et au-delà à tous les hommes. Mais ce message a, pour nous Vincentiens, une résonnance particulière. Il nous renvoie à la source de notre engagement : la rencontre avec les pauvres et les plus démunis. Il ne s’agit pas seulement du service des pauvres comme le développent de nombreuses organisations caritatives à travers le monde, s’efforçant de soulager la misère et de redonner une dignité aux reclus. Si la Société de SaintVincent-de-Paul s’attache à « enserrer le monde dans un
réseau de charité », selon le souhait de Frédéric Ozanam, la mission vincentienne va plus loin. Elle vise à mettre la relation avec le pauvre au cœur de notre foi. Notre projet associatif, voté en juin 2013, a pour ambition de remettre les plus démunis au cœur de notre vie spirituelle, individuelle et collective, en sortant du cadre de nos « bonnes actions » qui parfois, ou souvent, laissent le pauvre « à sa place ». L’enjeu du renouvellement des Vincentiens dans nos Conférences et associations est d’abord un enjeu de conversion pour chacun d’entre nous. Bertrand Ousset Président national
n°205 - septembre-octobre 2013 - Les cahiers Ozanam
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Magazine L’événement
Les jeunes font leur rentrée ! Rassemblés au Cénacle de Versailles du 30 août au 1er septembre, une trentaine de Vincentiens ont participé à la rencontre nationale des jeunes de la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Sur les pas de Frédéric Ozanam, au rythme d’interventions, de jeux et d’une nuit d’adoration, ils ont entamé leur année de service par un retour aux fondamentaux. Par Maud Favre, Conférence jeunes de Saint-Jean-Eudes, Paris XII e
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uarante-huit heures auront suffi pour renforcer nos convictions, créer du lien entre Vincentiens, nous conforter dans nos actions, mais aussi et surtout remuer nos habitudes, repousser nos zones de confort.
La foi dansée au rythme brésilien Les sept jeunes Vincentiens partis au Brésil pour participer à la rencontre mondiale de la Famille vincentienne, puis aux Journées Mondiales de la Jeunesse, ont ouvert le week-end. Ils ont témoigné de l’engouement des jeunes d’autres pays pour la SSVP, de l’énergie mise par la Famille vincentienne à changer le monde. Là-bas, faire partie de la Société de Saint-Vincent-de-Paul est un héritage familial. Trois Vincentiens animent une réflexion sur la visite à domicile.
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Les cahiers
Ozanam - n°205 - septembre-octobre 2013
Dès l’âge de 8 ans, les enfants participent aux visites des plus démunis. Pas étonnant qu’ils soient trois cent mille membres, dont cent mille jeunes. Les gens vivent leur foi, profondément ancrée dans leur culture : on danse la foi, on chante la foi, on rit la foi... En d’autres termes, on communique la joie de la foi. Et les quelques pas de samba que nous avons esquissés ce soir-là ont contribué à mettre dans nos cœurs un peu de cette chaleur brésilienne !
« Back to basics » Réchauffés par la samba et l’enthousiasme brésilien, nous aussi voulons essaimer, faire naître de nombreuses Conférences à travers le pays. Et pour cela, comme l’a souligné le Comité jeunes de Paris, rien de mieux que de marquer cette année par un retour aux fondamentaux : back to basics* ! Il est temps de retrouver l’essence même de nos actions : « S’aimer, prier, agir », selon le désir de Frédéric Ozanam. Ainsi, cette année, les Conférences jeunes mettront l’accent sur la vocation première des Conférences : la foi. En effet, les différents intervenants l’ont souligné, appuyés par les lettres d’Ozanam : la charité auprès des plus démunis est un moyen et non une fin. La finalité de l’action est la foi qui en émane et non l’inverse ; sinon nous ne serions pas membres de la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Entendre les témoignages et interventions de Vincentiens
Être le maillon d’une chaîne de charité.
Merci aux Sœurs du Cénacle pour l’accueil, à la Société de Saint-Vincent-de-Paul et à toutes celles et ceux qui ont participé à l’organisation. Merci aussi à tous les intervenants qui nous ont nourris de leurs riches expériences et savoirs : Dominique Robin (Vincentien et écrivain), Elisabeth Tiberghien (Vincentienne et fonda-
trice de l’association la Deuxième marche), Laurent Dalmas (personne aidée), Michaël Cadot (président de Conférence à Trappes), Emmanuel Lobgeois-Maître (Vincentien à la Celle-Saint-Cloud), Arnaud Kurzenne (Vincentien à Versailles), Pierre Buntz (comédien et metteur en scène) et Amin de Tarazzi (Vincentien, ancien Président national et international)
nous indigner et œuvrons à la suite d’Ozanam : « Gardez-vous, car c’est le péril des âmes honnêtes et des cœurs haut placés, de désespérer de votre siècle ; arrachez-vous à ces découragements qui renoncent à rien entreprendre quand ils assistent, disent-ils, à la décadence de la France et de la civilisation, et qui, à force d’annoncer la ruine prochaine d’un pays, finissent par la précipiter. La Charité publique doit intervenir dans les crises ! » Jeu de piste sur les pas d’Ozanam, à la rencontre de ses proches.
Indignez-vous ! Il n’y a pas eu que la samba pour nous remuer ! Un rappel des paroles du Pape à Lampedusa, le 8 juillet 2013 : « Nous sommes tombés dans la mondialisation de l’indifférence. Nous sommes habitués à la souffrance de l’autre, cela ne nous regarde pas, ne nous intéresse pas, ce n’est pas notre affaire ! » Cette phrase a résonné comme une invitation à nous indigner toujours plus, avec courage et espérance, là où nos voisins de métro se résignent et trouvent cela normal. Repensons à notre capacité à
Clin d’œil providentiel Hasard du calendrier, ou clin d’œil de la Providence, l’Évangile de la messe dominicale clôturant notre rencontre nous envoie en mission : « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé » et « Quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; et tu seras heureux, parce qu’ils n’ont rien à te rendre : cela te sera rendu à la résurrection des justes » (Lc 14,1.7-14). Que dire de plus. De retour à nos activités, alors que certains reprennent le chemin de l’école et du travail, nous reprenons, confiants et enrichis, le chemin des personnes que nous visitons. Continuons à nous indigner, à ouvrir nos cœurs à tous ceux que nous croisons et à nous unir dans la prière. Parce que seul, c’est bien. En groupe, c’est encore mieux ! Comme le dit encore Ozanam : pour agir, « Il me faut l’entourage moral de la famille, le sentiment du Nous ! » *Revenons à l’essentiel !
n°205 - septembre-octobre 2013 - Les cahiers Ozanam
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Photos : © SSVP
pendant cette rencontre nous aide à prendre conscience de l’ampleur du « réseau de charité ». N’est-il pas au cœur de nos vies et de nos Conférences ? Nous sommes un maillon de la chaîne à l’œuvre dans nos quartiers quand nous nous tournons vers les plus pauvres et aussi, n’oublions pas, un lien essentiel qui construit le réseau des Conférences à travers le monde. La responsabilité de chacun est d’être une part de cette chaîne. Et quel beau réseau de charité était représenté ce week-end ! Chaque rencontre nationale fait se resserrer les maillons de cette chaîne de charité que nous représentons.
Dossier
© CCFD-Terre Solidaire
CCFD-Terre Solidaire lance un programme d’ouverture aux jeunes adultes.
Vers un renouveau du bénévolat Dans notre « vieux pays », le bénévolat souffre d’une image dépassée : on représente souvent les séniors exerçant un contrôle sur les associations. Ces mêmes organismes se plaignent pourtant de ne pas trouver de sang neuf. Or contrairement aux idées reçues, le taux d’engagement des jeunes (en pourcentage et non en temps passé) serait semblable à celui des autres tranches d’âge ! En ces temps de crise, les jeunes souhaitent plus que jamais s’engager. Mais ils ne trouvent pas assez de missions adaptées à leur disponibilité. Les clichés divisent « jeunes » et « vieux » créant un associatif bicéphale, alors qu’il y a tant à faire ensemble. Par Marie-Alix Roqueplo, journaliste
L
es Français aiment la vie associative, car elle permet la découverte de l’engagement, la création collective, l’élaboration du projet, le vécu en groupe et la prise de responsabilité. En France, le secteur associatif mobilise l’équivalent d’un million de salariés à temps plein. D’après l’Injep (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire), la France comptait entre 700 000 et 800 000 asso-
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Les cahiers
ciations actives en 2002. Actuellement, l’estimation est supérieure à un million.
Défaut de communication Ce chiffre, certes encourageant, reflète aussi un défaut de communication entre les associations et un éparpillement des compétences. « Les jeunes ont tendance à créer des tas d’associations où ils peuvent faire ce qu’ils veulent, rester entre eux autour
Ozanam - n°205 - septembre-octobre 2013
de thèmes festifs et culturels. Il faut aller les chercher, leur faire confiance pour faire ensemble », suggère Chantal Demoustier, bénévole chez France Bénévolat après une carrière dans les ressources humaines. Le problème est que les jeunes ne trouvent pas de réponses concrètes à leur désir d’engagement. D’abord, même s’ils sont naturellement tournés vers les valeurs de solidarité, ils manquent de soutien et
© Ordre de Malte
d’inspiration de la part de leurs institutions (école, politique...). Le taux d’engagement en France est deux fois inférieur à celui de certains pays européens comme l’Angleterre et les Pays-Bas. Pourquoi ? Dans ces pays, le système éducatif et les entreprises s’impliquent fortement pour favoriser et encourager un apprentissage et une reconnaissance de l’engagement dans la Cité. Ensuite, même si toutes les associations s’accordent à dire que la jeunesse est indispensable à leur pérennité, elles sont au fond réticentes à l’idée d’engager des jeunes puisqu’elles ne sont pas sûres de
pouvoir compter sur eux longtemps. « Les jeunes ça dort tout le temps », confiait une bénévole de 65 ans. En réalité, s’ils disposent de peu de temps libre dans leurs études, ils sont aussi très mal informés des activités associatives autour de chez eux, ce qui ne facilite pas leur recrutement. Grégory, jeune entrepreneur de 30 ans, note que les grandes associations manquent souvent d’une communication assez « sexy » pour attirer un jeune. Finies les campagnes d’affichage trop larges et la distribution de tracts, c’est par les jeunes qu’on attire les jeunes. Une population
L’Ordre de Malte parie sur l’implication de la nouvelle génération.
trop vieillissante peut être un véritable point négatif à l’image des associations. Recruter un jeune pour aider à la communication de l’association et faire des interventions dans des établissements scolaires, par exemple, consistent en une démarche plus profonde de recrutement et de sensibilisation de potentiels jeunes bénévoles.
Donner une vraie place L’Ordre de Malte France l’a très bien compris. Outre son adaptation totale aux nouvelles technologies de l’information, cet organisme donne une vraie place aux jeunes. Dans les paroisses et les écoles, il sensibilise, par exemple, les enfants et les adolescents au sens du service avant leur majorité, en récupérant auprès d’eux des produits alimentaires pour les péniches des bénéficiaires dont ils s’occupent. C’est concret, les enfants voient où vont leurs produits et cela leur donne envie d’être utiles. « Ils sont heureux de rendre service, et cela donne quelque chose de joyeux et de très communicatif. Quand un jeune s’engage, il y met le meilleur de lui-même. Il faut s’assurer qu’il n'est pas trop gourmand, mais que pour le peu où il s’investit il va jusqu’au bout. Tout cela nécessite une certaine souplesse comparable à l’organisation dans une famille »,
© CCFD-Terre Solidaire
France Bénévolat France Bénévolat, association reconnue d’utilité publique, a pour objectif de développer le bénévolat associatif. Leurs trois missions : orienter les bénévoles à choisir l’association qui leur convient, accompagner et aider les associations à trouver les profils de bénévoles dont elles ont besoin et à bien les accueillir, et enfin valoriser et faire connaître le bénévolat dans la société. Valoriser et faire connaître le bénévolat dans la société.
France Bénévolat Tél. 01 40 61 01 61 www.francebenevolat.org
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Dossier Mobiliser les bénévoles dans des projets concrets.
© CCFD-Terre Solidaire
d’une équipe qui accepte un peu de flottement lorsque ses études ou d’autres obligations l’accaparent et essentiel d’évoluer dans un groupe convivial. C’est tout l’intérêt des équipes mixtes ou intergénérationnelles. Les rythmes y sont complémentaires et la possibilité de se faire des amis reste importante. Bien sûr, il y a une tendance « zapping » que beaucoup de bénévoles plus âgés déplorent, mais pourquoi ne pas accepter une durée d’engagement courte en proposant une « démarche par projet » plutôt qu’un « fonctionnement
raconte Marie-Elisabeth Barrault, directrice Bénévolat à l’Ordre de Malte France, qui constate un certain « rajeunissement » des bénévoles avec le développement du secourisme et la lutte contre la précarité (missions soirs et week-end).
Déclencheurs d’engagement Grégory se plaint aussi d’un manque d’efficacité récurrent dans les réunions associatives : « Les personnes plus âgées et les jeunes n’ont pas le même temps à consacrer à une association. Leurs réunions durent trop longtemps, et cela n’aboutit pas forcément à une action concrète. Les jeunes ont besoin de voir les effets immédiats de leur implication. » C’est dans cette perspective que le CCFD-Terre Solidaire, dont la moyenne d’âge tourne autour de 62 ans, a lancé un programme d’ouverture aux jeunes adultes en 2008. Cette association s’est rendue à l’évidence, les jeunes apportent un renouveau. Après
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Les cahiers
«Les jeunes ont
besoin de voir les effets immédiats de leur implication.
»
avoir étudié ce nouveau public, elle a décidé de mieux les toucher par une pédagogie du « projet ». Alice Idrac, chargée de mission Éducation et Développement au CCFD-Terre Solidaire précise : « Il faut faire des propositions fortes aux jeunes et les impliquer dans de grandes décisions : c’est déclencheur d’engagement sur le long terme. Avec une certaine liberté dans ses choix d’engagements, le jeune construit petit à petit des liens intergénérationnels et prend de véritables responsabilités au sein de l’association. Ensuite, il s’investit sur la toile et ses réseaux pour témoigner de son engagement et toucher les autres jeunes. » C’est important pour lui de faire partie
Ozanam - n°205 - septembre-octobre 2013
permanent » ? Une fois que jeunes et plus vieux acceptent de travailler main dans la main, les jeunes avec leur dynamisme et les plus vieux avec leur savoir, on retrouve la même joie et la même confiance que dans une famille.
Marie-Alix Roqueplo journaliste
Contacts Ordre de Malte France Tél. 01 45 20 80 20 www.ordredemaltefrance.org CCFD-Terre Solidaire Tél. 01 44 82 80 00 www.ccfd-terresolidaire.org
Entretien
Chantal Demoustier :
« 25 % des bénévoles sont des jeunes » Face à un manque général de renouvellement au sein des grandes associations, France Bénévolat a lancé en novembre 2012 un programme d’action pour les aider à intégrer les jeunes dans leurs activités et leur gouvernance. Responsable de la formation « Place des jeunes dans les associations », Chantal Demoustier, par la voix de son vice-président, appelle à « cesser de dire que les jeunes sont un problème et que les vieux sont un coût ». Propos recueillis par Marie-Alix Roqueplo, journaliste
Notre culture française est judéo-chrétienne, empreinte des valeurs issues de grands mouvements comme le scoutisme. Les autres cultures qui viennent l’enrichir (musulmane, africaine) possèdent aussi un sens profond de la famille. En général, les jeunes font donc du bénévolat sans le savoir, car pour eux c’est naturel d’aider les autres. Aussi pour eux, là où l’entreprise est un milieu d’obligation, l’associatif est un lieu de libération, car ils y font ce qu’ils désirent vraiment ! Être utile et se faire plaisir. Je crois que la crise actuelle a eu un effet positif sur l’engagement des jeunes, car au lieu de s’enfoncer dans l’individualisme, ils veulent davantage donner de leur temps pour ceux qui en ont besoin. Il y a eu une véritable prise de conscience de la misère et de la nécessité d’aider. Maintenant il faut aller vers eux. Quels sont justement les freins à l’accueil des jeunes dans les associations ?
On ne leur propose pas d’actions assez concrètes et adaptées à leur rythme. Par exemple, on a proposé à la Croix-Rouge, qui a un vivier très important de jeunes, d’éta-
Créer des actions intergénérationnelles.
blir une carte de missions ponctuelles pour l’été à l’adresse des jeunes. Cela a été une grande réussite ! Il faut aussi leur donner des missions où ils peuvent être en groupe, car le jeune est en quête d’identité et de responsabilité. Il y a par ailleurs un manque cruel de communication entre les jeunes et les plus vieux dans les associations, alors qu’il y a tellement à faire ensemble ! Au Secours Populaire par exemple, les groupes de jeunes vivaient en vase clos. On leur a proposé de partager leurs compétences avec les plus anciens : linguistiques, informatiques… En s’appuyant sur eux, les associations peuvent développer davantage leur communication via les
© DR
Quelle est la relation que les jeunes entretiennent avec le bénévolat, le service ?
réseaux sociaux, ce qui est primordial aujourd’hui. D’un côté comme de l’autre, les clichés ont la dent dure. Pour les anciens, les jeunes dorment tout le temps, font tout le temps la fête, ne s’engagent pas. Ce qui est absolument faux ! 25 % des bénévoles sont des jeunes, mais ils restent concentrés dans des associations qu’ils créent eux-mêmes, pour rester entre eux. Eux ont peur que les bénévoles âgées soient de vieilles dames grincheuses au chignon haut. (rires)
Comment faire tomber les clichés intergénérationnels ?
Il faut intégrer les jeunes, créer des actions intergénérationnelles pour couper ces rigidités. L’accueil de jeunes étudiants chez des personnes âgées contre échange de service a été un véritable déclencheur dans la société. Comme les personnes âgées qui vont faire des lectures d’histoires ou de contes dans les écoles. Tout cela est source de richesses et d’échanges. Il faut aussi continuer d’envoyer des « ambassadeurs du bénévolat » dans les collèges/lycées pour parler de ce qu’ils vivent dans leur engagement associatif et donner envie aux ados de s’engager eux aussi.
n°205 - septembre-octobre 2013 - Les cahiers Ozanam
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Dossier Reportage
Immersion familiale en forums associatifs Les deux premières semaines de septembre, les mairies de nombreuses grandes villes organisaient une journée des associations. L’occasion pour les habitants de connaître le tissu associatif de leur ville ou quartier et de sortir de chez soi. Reportage dans les 16 e et 14 e arrondissements parisiens.
Faire découvrir aux habitants les associations de solidarité de leur quartier.
Texte et photos par Marie-Alix Roqueplo, journaliste
«L
’idée c’est de développer la solidarité ». Dominique Rousseau, adjointe au maire du 16e arrondissement a misé sur les enfants pour la réussite de cette journée. Avec deux ateliers organisés par l’UNICEF et WWF, plus de trois cent cinquante élèves des alentours pouvaient appréhender les premières notions de solidarité et d’échanges culturels par la confection de petites poupées chiffons, adoptées ensuite en échange d’un don. « Les enfants sont des esprits frais, réceptifs et pas critiques », explique l’organisatrice.
Les retraités préparent leurs engagements annuels.
Souffle d’enfance
« J’ai toujours rêvé
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Les cahiers
d’être pompier »
Ozanam - n°205 - septembre-octobre 2013
Même souffle d’enfance place Jacques Demy en ce samedi ensoleillé du 7 septembre. On quitte les appartements somptueux de la mairie du 16e pour le parvis chaleureux et animé de la mairie du 14e. Au programme : animations, danses en tout genre, démonstrations sportives, murs d’escalade... Autant de festivités pour attirer les jeunes familles du quartier. « On est venu ici pour trouver une occupation à nos filles le week-end, mais en passant dans les stands on picore quelques tracts pour réfléchir à se rendre utiles », lance un couple dynamique, flânant de stand en stand en rapport avec l’écologie. Car si le 16e a misé sur le social, le 14e déploie un large éventail d’associations culturelles et artisanales parmi lesquelles se mêlent quelques associations « d’aide à la personne », dont le Secours Populaire, la Croix-Rouge, le Secours Catholique, les petits frères des
Les animations et festivités attirent les familles du quartier.
leur uniforme coloré. Le stand a une certaine visibilité : l’orange et le rouge attirent l’œil, et sur la table trônent un casque de secouriste et un gilet orange. Les deux bénévoles sont engagés dans l’association depuis deux ans. Tous les deux ont été attirés par la Croix-Rouge spécifiquement à cause « des 7 principes de l’association » qui sont : Humanité, Impartialité, Neutralité, Indépendance, Volontariat, Unité, Universalité.
Le plus de l’association
«Jeunes, vieux,
nous avons besoin de tout le monde.
»
Le plus de l’association, c’est « que l’on donne le temps qu’on veut ». Une certaine souplesse d’organisation donc et des activités qui jouent sur des rêves d'adolescents : « Quand j’étais petit, je rêvais d’être pompier... » En face de ce stand, une vieille dame m’interpelle. C’est SOS Urgences Maman qui dépanne les mamans ou papas du 16e sans solution de gardes pour leurs enfants. Monique est bénévole depuis trente-quatre ans, date de la fondation de l’association. Chez SOS Urgences Maman, les bénévoles sont toutes des grands-mères qui adorent les enfants, et c’est ce qui fait la force de l’association. « Cela sécurise énormément les mamans ! » L’association dépanne des familles de tous milieux sociaux. « C’est un quartier où malheureusement chacun vit pour soi et ne va pas vers les autres », se désole Sylviane, responsable de section. Cela fait écho au tableau que dresse Dominique Rousseau, adjointe au maire : « Le quartier se rajeunit. Il y a de plus en plus de mères seules, de familles jeunes. Mais il y a aussi beaucoup de personnes âgées isolées, et 20 % des habitants qui vivent sous le seuil de pauvreté. Alors, jeunes, vieux, nous avons besoin de tout le monde ! »
n°205 - septembre-octobre 2013 - Les cahiers Ozanam
Photos : © SSVP
Pauvres ou l’association Valentin Huy qui accompagne les non-voyants : « Aujourd’hui, nous avons récolté trois inscriptions de potentiels futurs bénévoles, surtout des pré-retraités qui à la rentrée préparent leurs activités annuelles.» Et les jeunes ? La réponse est radicale : « Pas assez disponibles. » Sur le grand cahier des petits frères des Pauvres, une seule inscription est notée : « Et encore elle est passée en coup de vent, car elle n’avait pas le temps, comme la plupart des gens qui s’approchent des stands », soupire-t-on. Les petits frères des Pauvres accompagnent des personnes isolées. Valérie, salariée de l’association, explique le processus de recrutement des futurs bénévoles. Ils s’inscrivent ici ou à la suite de leurs réunions mensuelles d’information, puis sont orientés et tutorés le temps de leur intégration. Un recrutement beaucoup plus efficace par internet et par les campagnes d’affichage que par les journées associatives. Et les jeunes ? « On aimerait bien en avoir davantage, mais on ne les garde pas. C’est dommage, car les personnes âgées que nous accompagnons s’y attachent beaucoup », lâche Marie-Agnès, bénévole depuis dix ans. La CroixRouge ne traverse pas les mêmes difficultés. Dans la salle des Mariages de la mairie du 16e, deux jeunes arborent
Des poupées à adopter en échange d’un don.
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Service Actus SSVP
Le projet associatif est voté Le 15 juin 2013 a eu lieu l’assemblée générale de l’association, sous la houlette de son président national, Bertrand Ousset. Cette AG marque un tournant dans l’histoire de la SSVP. En effet, un nouveau projet associatif a été voté. Il faut à présent se mettre à l’œuvre pour le faire vivre. Par Bénédicte Jannin, responsable communication
V
oilà plus de deux ans que le projet piloté par Michel Rouzé s’élabore selon trois objectifs précis : revivification, transformation et adaptation de la SSVP en France.
S’adapter aux pauvretés À l’heure où l’association fête ses 180 ans, ses dirigeants font le constat d’un nécessaire changement et d’une adaptation des pratiques aux pauvretés de notre temps. Et c’est en allant chercher dans les racines de la SSVP, en écoutant le message de son fondateur Frédéric Ozanam et, surtout, en travaillant sur les réalités et les besoins du
mouvement que le projet associatif a vu le jour. Le travail était fastidieux : de réunions en séminaires, de sollicitations en comptesrendus, de visites en rencontres nationales, l’équipe a rencontré une très grande partie du réseau de charité sur l’ensemble du territoire.
Cinq axes pour une conversion Ainsi les propositions contenues dans le Projet Ozanam reposent sur cinq axes : - Réaffirmer avec force et clarté notre vision et nos fondamentaux ; - Relever les défis des pauvretés de notre temps ;
Et c’est avec une grande confiance que Michel Rouzé annonce : « Je voudrais remercier tous ceux qui ont participé aux réunions décentralisées et ceux qui participeront aux futures activités […]. Il va nous falloir beaucoup de détermination, de patience, de courage et d’obstination. […] On a à relever un vrai défi de modernité. » Par conséquent, le président, Bertrand Ousset, appelle les 17 000 bénévoles et les Bertrand Ousset, président national et Jacqueline Colson, vice-présidente.
© SSVP
Les responsables de régions et de départements sont venus représenter leur localité.
- Développer la spiritualité dans la SSVP ; - Rénover l’organisation du mouvement ; - Attirer de nouveaux Vincentiens.
La SSVP reprend le chemin de la conversion.
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Les cahiers
Ozanam - n°205 - septembre-octobre 2013
2 000 responsables vincentiens à apporter le témoignage vivant de ce que sont l’esprit vincentien, la relation vincentienne, l’action vincentienne. « Pour y arriver, il nous faut en toute humilité reprendre individuellement et collectivement les chemins de la conversion ; cette conversion permanente à laquelle les baptisés sont appelés et il nous faut la renouveler au sein de la SSVP. »
UGSEL : remise du chèque de 400 000 €
x 31/07/2013
x 09/08/2013
x 05/09/2013
Dans la rubrique Opinions, le Président national de la SSVP, Bertrand Ousset, analyse le message délivré par le pape François, lors des JMJ au Brésil dénonçant l’indifférence de notre société. Il souligne le caractère révolutionnaire du message pontifical.
La Croix met à l’honneur l’opération « Août Secours Alimentaire » qui a lieu à Pantin (93) pour la 5e année. En un mois, 600 000 repas sont distribués par les bénévoles de la SSVP aux plus démunis, oubliés des associations d’entraide durant l’été.
Le carnet Les Essentiels, agrafé dans la revue, présente chaque semaine une personnalité. À l’honneur en septembre, Bertrand Ousset : son parcours, ses passions, son cheminement spirituel, son engagement au sein de la Société de Saint-Vincentde-Paul.
président du CD 85 (Vendée) Il a commencé à 16 ans aux côtés de parents proches, présidents de Conférences à Nantes, en montant des seaux de charbon à une « vieille dame ». En 1997, il a créé une Conférence à Nantes. Arrivé aux Sables-d’Olonne pour la retraite, il y a naturellement intégré la Conférence locale.
Alain Dorfner président de l’Accueil Ozanam Madeleine (Paris) Veuf et remarié, il a un fils. Cet ingénieur, qui a fait carrière dans le groupe Nestlé, est aussi secrétaire général d’une association qui organise des concerts à Deauville (Festival de Pâques). En complément de sa présidence à l’Accueil Ozanam, il est administrateur du Foyer de la Madeleine et bénévole.
Françoise Barthonnet, présidente du CD 72 (Sarthe) Après une carrière professionnelle aux MMA et seize ans de bénévolat à la Conférence SainteJeanne-d’Arc du Mans, cette mère de famille fera de son mieux pour rajeunir les Conférences, avec des manifestations culturelles, sportives et des animations dans les écoles, dans un esprit d’équipe.
n°205 - septembre-octobre 2013 - Les cahiers Ozanam
© DR
2 La presse parle de nous
Benoît Williamson © SSVP
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es actions solidaires mises en place dans le cadre de l’opération « Jeu Ici, Toi Ailleurs » avec l’UGSEL (Union générale sportive de l’enseignement libre), au profit de la SSVP et des Enfants du Mékong, ont récolté Les fruits d’une mobilisation 400 000 euros de dons. des départements. Dans près de 1 000 classes de collèges et primaires, partout en France, bénévoles, que chacun peut être attentif à les enfants se sont mobilisés pour les plus l’autre, que des « lointains » ont besoin de démunis. Pour la SSVP, une vingtaine de beaucoup, mais aussi des personnes qui Conseils départementaux ont organisé plus vivent à leur porte. de 100 opérations à travers toute la France Un chèque de 400 000 € de dons a été remis et les DOM-TOM. Chacun des enfants a pu à la SSVP et aux Enfants du Mékong. Les donner le meilleur de lui-même, collaborer dons ainsi recueillis permettront à la SSVP en équipes et apprendre à respecter ses par- d’aider à financer sept projets de charité de tenaires de jeux, agir contre la pauvreté. Ils proximité, à l’international et en France. ont découvert, grâce aux témoignages des Clotilde Lardoux, assistante communication
Nouveaux mandats
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Service Face à face
Laurie et Paul : « Nous avons fait
l’expérience du bénévolat en couple » Bénévoles ensemble dans l’association A bras ouverts - ABO, qui propose des week-ends de loisirs mensuels à des adolescents handicapés, les jeunes mariés témoignent de la fécondité du service des autres vécu en couple. Un bénévolat à l’unisson qui porte ses fruits. Propos recueillis par Capucine Bataille, RC
© DR
Être utile aux autres et continuer de se découvrir mutuellement.
Comment êtes-vous devenus bénévoles pour ABO ?
Paul : Étant fiancés, nous cherchions une activité « intelligente » à partager. C’était à la fois pour passer du temps ensemble et pour se mettre au service des autres. Laurie : Nous avons alors entendu parler de l’association A bras ouverts par des amis et l’avons contactée via internet. Nous souhaitions deux choses : être utiles aux autres et continuer de nous découvrir mutuellement. Nous savions que nous allions être dans des situations difficiles où nous ne serions pas toujours à l’aise. Ça apprend à être vrai avec l’autre, à ne pas tenter de paraître parfait. Pourquoi avoir choisi ABO ?
Paul : Le premier critère était la souplesse dans l’investissement. Nous voulions prendre un engagement tenable, compa-
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Les cahiers
tible avec nos emplois du temps respectifs. Quand on rentre à ABO, on reste très libre ! On ne s’engage qu’à une chose : participer à deux week-ends avant de dire si l’on souhaite continuer ou non. Le second critère est celui de l’utilité. Lors de notre premier weekend, nous avions déjà une mission, comme les autres bénévoles. Nous formions chacun un binôme avec un adolescent dont nous avions la responsabilité. Nous n’étions pas là pour regarder. Laurie : Pourtant, s’occuper d’une personne handicapée quand on n’a pas l’habitude, c’est difficile. Le premier week-end nous a un peu déstabilisés ! Quelques semaines plus tard, nous sommes repartis avec ABO pour un deuxième week-end. Cette fois-là, ce fut plus simple. Moins impressionnant. Finalement, ça avait du sens de nous demander de nous engager pour deux
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week-ends minimums ! Après le premier, nous n’aurions peut-être pas osé continuer. (rires) Paul : Heureusement, nous étions « chapeautés ». Le responsable du groupe faisait attention à nous, nous aidait quand il le fallait... Le soir, nous avons pu partager entre bénévoles notre ressenti sur la journée, prendre conseil et prier. Il y avait un bon équilibre entre responsabilité et esprit de groupe. Auriez-vous préféré suivre une formation avant d’être « sur le terrain » ?
Paul : Non, je ne pense pas. Même si c’est parfois difficile, être immédiatement dans l’action, ça dédramatise. On se jette à l’eau. Laurie : Et puis, une formation théorique nous aurait fait aborder les personnes par leur handicap. Ce n’est pas le but. À ABO, on privilégie la relation, on cherche à découvrir la personnalité de son binôme. Que retirez-vous de cette expérience ?
Laurie : Nous avons beaucoup appris et totalement changé de regards sur les personnes handicapées. J’espère que nous transmettrons ce regard décomplexé à nos enfants. Paul : Aujourd’hui, nous avons dû quitter Paris, et ABO, parce que j’ai trouvé un nouvel emploi à Paray-le-Monial. Mais ce qui est sûr, c’est que nous recommencerons à servir ensemble, en couple ou en famille.
Jean-Paul : « Si je peux rendre
ce que j’ai reçu, je le ferai »
Jean-Paul Perrin, membre de la Société de Saint-Vincent-de-Paul depuis près de cinquante ans, a d’abord lui-même été aidé par l’association. De personne bénéficiaire à bénévole, il apporte son regard depuis « l’autre côté de la barrière ». Zoom sur un bénévolat partagé. Propos recueillis par Capucine Bataille, RC
Comment êtes-vous devenu bénévole à la Société de Saint-Vincent-de-Paul ?
Vous êtes passé du statut de personne aidée à bénévole. Cela vous donne-t-il un regard différent ?
Je pense que quelque part c’est un atout. Cela fait maintenant quarante-cinq ans que je suis bénévole à la SSVP et bien sûr je ressens toujours cette même satisfaction de pouvoir aider une personne à mon tour.
national. La Société de Saint-Vincent-de-Paul a pris de plus en plus de place dans ma vie… Pensez-vous avoir quelque chose de spécifique à apporter à la SSVP ?
© SSVP
Tout a commencé dans les années cinquante, quand j’étais enfant. Mon père avait des problèmes de santé et ma mère ne travaillait pas. Les temps étaient difficiles pour notre famille. C’est là que nous avons rencontré des bénévoles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul près de chez nous. Ils nous sont venus en aide. Grâce à eux, la Conférence ayant un vestiaire et faisant de la distribution alimentaire, nous avons pu bénéficier de vêtements et de colis. Un peu plus tard, quand j’ai eu 14 ans, j’ai été embauché dans une quincaillerie. La femme du patron était aussi vincentienne. J’ai alors continué à rencontrer les bénévoles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul du quartier. Un jour, le président de la Conférence m’a proposé de venir leur prêter main-forte. Je n’ai répondu qu’une seule chose : « Si je peux rendre ce que j’ai reçu, je le ferai. C’est devenu ma devise. »
Ne pas hésiter à notre tour à demander de l’aide.
Au début, on m’a demandé de rendre visite à trois dames âgées. Puis j’ai participé au vestiaire et aux colis alimentaires. Plus tard, on m’a confié des responsabilités : président de Conférence, président de l’Association roannaise affiliée à la SSVP, président du Conseil départemental de la Loire, membre du Conseil d’administration de l’Union des Œuvres Françaises de Saint-Vincentde-Paul avant qu’on ne fusionne avec le Conseil national de France. Aujourd’hui, je suis membre du Conseil d’administration
En tant que président de Conférence, il m’arrive de contacter des jeunes que nous avons aidés. Ils sont malheureusement de plus en plus nombreux. Je les mobilise pour des projets précis, comme la collecte alimentaire annuelle. Lorsqu’ils le peuvent, ils sont très heureux de pouvoir rendre service à leur tour, rendre un peu de ce qu’ils ont reçu. Je suis bien placé pour le savoir… C’est pourquoi, en tant que membre du Conseil d’administration, je pousse pour que l’on ouvre davantage nos Conférences. Il ne faut pas avoir peur d’y faire rentrer ceux que l’on a sortis du pétrin, lorsqu’ils le souhaitent. Il faut oser les solliciter pour des actions ponctuelles. C’est ça aussi la réciprocité. Ne pas hésiter, à notre tour, à leur demander leur aide !
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Service Initiatives
Témoigner dans son réseau personnel Patrick Saillant préside le Conseil départemental du Puy-de-Dôme (CD 63). Pour trouver de nouveaux bénévoles, il a osé communiquer vers son réseau personnel sans dissimuler ses difficultés à attirer des bonnes volontés pour donner de leur temps. Par Benoît Pesme, responsable développement réseau
Rebondir pour rajeunir « En effet, écrit-il, comme beaucoup d’autres associations – mais cela n’est pas une consolation – la Société de SaintVincent-de-Paul souffre d’un réel problème de recrutement et de renouvellement des générations. » Le rajeunissement n’a pas eu lieu ? Inutile de s’appesantir. Cela se voit ! Il préfère rebondir : « Cela n’empêche pas notre mouvement de mener à bien de nombreuses actions », souligne-t-il à l’intention de son réseau. Et d’évoquer les visites hebdomadaires à domicile, dans des maisons de retraite, ou dans des centres pour personnes ayant un handicap, l’aide alimentaire (équivalent à soixante-quinze repas quotidiens), les dépannages financiers, les repas solidaires et les sorties récréatives ou culturelles, l’aide au logement étudiant, sans compter le soutien scolaire et l’alphabétisation. Ensemble auquel s’ajoute le financement de projets en France comme à l’étranger. Le président va droit au but : « Sans renouvellement et apport de sang neuf et sans l’arrivée parmi nous, notam-
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Les cahiers
ment (mais pas exclusivement), de personnes de 30 à 60 ans et de jeunes retraités, notre mouvement finira inévitablement par s’étioler », insiste-t-il.
Faire la différence S’engager oui, mais pour quelle raison ici plutôt qu’ailleurs ? Qu’est-ce qui fait la différence ? Patrick Saillant puise alors à la source : « La Société de Saint Vincentde-Paul est un mouvement chrétien qui repose sur deux fondements : la spiritualité et la charité de proximité et qui vient, principalement par la visite, au secours de personnes démunies ou en solitude. » Il poursuit : « Il a plus que jamais sa raison d’être : nous en faisons la constatation
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quotidiennement au contact de tant de personnes seules que nous visitons. Il est par ailleurs dans la droite ligne de l’enseignement de l’Église qui nous invite à la fois à prier et à nous engager dans le service des plus pauvres. » Patrick Saillant termine sa lettre par un appel personnel et direct : « Si l’un ou l’une d’entre vous est intéressé par notre engagement ou connaît des personnes de son entourage familial ou amical que notre mouvement peut intéresser, qu’il n’hésite pas à me joindre. » Ajoutée à d’autres actions de recrutement, cette communication a permis cette année aux Vincentiens du Puy-de-Dôme d’accueillir une vingtaine de nouveaux bénévoles. Vingt nouveaux bénévoles en un an.
© DR
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a lettre que Patrick Saillant a adressée à son réseau est une action de communication. Dans ce courrier, il s’ouvre à ses amis des richesses de l’action que mènent les bénévoles vincentiens de son CD. Mais il ne cache pas ses difficultés. Il sait que les temps sont durs pour le bénévolat associatif et la SSVP ne fait pas exception. Il n’y a rien à dissimuler.
Actus juridiques et sociales
Cotisation des membres d’une association Pourquoi est-il nécessaire de cotiser lorsque l’on fait partie d’une association ? Depuis quand faut-il payer pour aider les autres ? La cotisation signifie leur qualité de membre adhérent aux bénévoles d’une association. Au-delà de l’engagement qu’elle symbolise, elle favorise l’organisation et le fonctionnement associatifs. Par Bertrand Decoux, secrétaire général
© Christophe Bessard
Matérialiser son engagement.
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a cotisation annuelle des bénévoles matérialise le renouvellement de l’engagement de chacun pour les douze mois à venir. Elle permet également à une association : de différencier les membres des non-membres, de signifier son adhésion à l’association de façon claire et non équivoque, de bien identifier les votants lors de l’assemblée générale, de bien préciser à l’assureur offrant la garantie responsabilité civile le nombre de membres adhérents, même si cette garantie RC couvre également les bénévoles occasionnels impliqués dans les activités organisées par l’association,
de préciser de façon certaine le nombre de membres adhérents aux partenaires, pouvoirs publics, etc. Comment fonctionne le système des cotisations ? la cotisation est annuelle, le montant et les modalités sont votés chaque année en assemblée générale, il faut être à jour de ses cotisations (année courante et années passées) pour pouvoir voter, le montant peut être modique (par exemple 5 €), dans la pratique, la cotisation peut être couplée à une participation aux frais de l’association ou à un abonnement à la revue de l’association. Par exemple pour la SSVP en France, certains départements couplent l’abonnement aux Cahiers Ozanam à la cotisation annuelle. La cotisation doit être une disposition statutaire et par la même doit donc être appelée et gérée consciencieusement.
Le point sur
La spirale du surendettement Le surendettement guette de nombreux ménages, surtout en période de crise. Heureusement, des mesures pour aider à s’en sortir ont été renforcées en 2013. Une personne physique est surendettée lorsqu’il lui est impossible de faire face à ses dettes. Une procédure de surendettement, entièrement gratuite, peut alors être engagée. Pour bénéficier de cette procédure, la personne surendettée doit saisir la commission de surendettement des particuliers par l’intermédiaire d’une succursale de la Banque de France. La commission est chargée de mettre en place un plan de redressement, en accord avec l’intéressé et ses créanciers. En mars 2013, 778 000 ménages étaient en cours de désendettement. La dette moyenne s’élevait à 38 300 €. De nouvelles mesures de lutte contre le surendettement sont ou devraient entrer en vigueur en 2013 : - Procédure de surendettement simplifiée avec une durée réduite ; - Mise en place d’un registre national des crédits aux particuliers ; - Encadrement renforcé du crédit renouvelable ; - Mise en place de « Points conseil budget » sur tout le territoire pour conseiller et orienter les personnes en difficulté financière. Toutes ces mesures entrent dans le plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, du 21 janvier 2013 Sophie Rougnon, responsable administratif et financier
Pour en savoir plus : http://vosdroits.service-public.fr/N99.xhtml
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Service Actus juridiques et sociales
Les 7 clés de la mobilisation Les Conférences sont des cellules vivantes. Pour vivre et se déployer, deux choses sont nécessaires : des projets et des bénévoles pour les mener à bien. Cela exige un investissement de chacun. Car pour mobiliser, il faut se mo-bi-li-ser ! Par Benoît Pesme, responsable développement réseau
1 Le projet
2 L’argument
C’est le projet qui mobilise. Exemple : ma Conférence a décidé de créer un atelier de réparation de bicyclettes basé sur le bénévolat. J’ai le local. J’y crois. Je cherche des bénévoles bricoleurs pour faire tourner l’atelier. J’en parle autour de moi à des gens que je sais sensibles à la démarche portée par la SSVP.
Le travail concret. Un bénévole engagé dans une association est par définition quelqu’un de convaincu par son objet. Exemple : la tenue d’un vestiaire qui remplit bien son office d’habiller des familles, avec les contacts que cela représente, est un argument mobilisateur. Il faut montrer ce lieu, le faire visiter et témoigner.
3 L’offre Le bénévole n’attend pas d’argent. Pour exercer la mission qui lui est confiée, il attend d’être mieux formé. Exemple : pour accueillir des personnes désorientées, la bonne volonté ne suffit pas. Il faut savoir écouter, ne pas juger, etc. Pour cela, il faut être en mesure d’accompagner le bénévole en lui proposant une formation.
4 La promesse La qualité d’un dépliant ou les couleurs d’une affiche ne sont rien s’il n’y pas derrière un visage souriant, un regard engageant. Exemple : je visite chaque semaine deux personnes à leur domicile. Je passe du temps avec elle et je vois que ça leur fait du bien. Je parle de ma joie à vivre cet engagement, une occasion de me donner.
5 L’état d’esprit Ne pas faire de la mobilisation une préoccupation ou un problème. L’inscrire plutôt comme une démarche, une sorte de second réflexe vital portée par la Conférence et chacun de ses membres.
6 La démarche C’est bien souvent à sa porte qu’il faut regarder. Exemple : cela fait deux ans que je suis bénévole dans une Conférence, mais je n’en ai jamais parlé autour de moi. Je décide d’en parler à mon entourage proche, famille, amis, paroisse, réseau associatif, entreprise.
7 Le « Plus »
© France Bénévolat
La spiritualité vincentienne, qui nourrit la charité en direction de la personne pauvre, est un chemin proposé à qui veut vivre sa foi. Il faut être explicite sur cette dimension. Si cela peut freiner l’investissement de certains, ce « plus » est la raison de l’engagement de beaucoup.
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Les cahiers
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Renouveler et transmettre À Bellac en Haute-Vienne, la Conférence Notre-Dame de Lorette est énergique. Malgré son jeune âge, elle a déjà doublé son effectif depuis son redémarrage en 2011 ! Questions à son président : Philippe Camilleri, avez-vous un secret ? Propos recueillis par Benoît Pesme, responsable développement réseau Dans un département rural frappé par la crise, les urgences sont nombreuses. Comment avez-vous déterminé vos priorités ? Il nous est vite apparu que notre action serait centrée sur la visite à domicile, au cœur de la spiritualité et de la vocation de saint Vincent de Paul. Cela s’est imposé avec d’autant plus de force que les besoins en lien humain, social et affectif sont très importants ici.
Nous nous réunissons en moyenne tous les deux mois, toujours dans la même salle à la même heure, et ce rite est maintenant bien rodé. Après une courte prière et la lecture d’un texte choisi pour son caractère édifiant ou sa richesse spirituelle, nous abordons et traitons les affaires courantes, y compris les questions administratives, puis évoquons la situation de chacune des personnes que notre groupe a prises en quelque sorte sous sa protection. Quelles sont les actions que vous avez menées pour vous faire connaître ?
Plus notre action est simple et discrète plus elle est vraie, et moins il est difficile de faire de la communication. Ce principe nous a amenés dans un premier temps à concentrer l’information sur les personnels soignants à domicile, infirmières, aides
Il n’existe pas de cloison entre visités et visiteurs.
© SSVP
Une vie de Conférence cela ne s’improvise pas. Il faut accueillir la spiritualité de saint Vincent, s’y former et la transmettre. Comment avez-vous fait ?
ménagères qui sont en contact direct avec les personnes que nous voulons atteindre. Leur accueil a été positif et on nous a indiqué quelques situations difficiles où nous avons tout de suite pu intervenir. Enfin, les deux campagnes d’affichage contre la solitude associées à la distribution de dépliants dans les églises, les boulangeries et les bureaux de l’ADPAD (Association D’Aide aux Personnes A Domicile) nous ont amené donateurs, nouveaux membres et nouvelles personnes à visiter. Quels liens avez-vous avec les paroisses, les autres Conférences et le Conseil départemental ?
Nous bénéficions du soutien sans faille de notre Conseil départemental, capable de répondre aux questions qui parfois nous agitent. Les deux curés qui se sont succédé
dans notre paroisse nous ont également toujours soutenus et encouragés. Qu’est-ce qui fait que les gens viennent et surtout restent ?
Nous sommes fragiles, mais cette fragilité est plus un moteur qu’un obstacle. Nous ne sommes pas là pour « faire du chiffre ». Nous rencontrons actuellement une vingtaine de personnes âgées à leur domicile ou à la maison de retraite, nous les suivons s’il le faut à l’hôpital en cas de maladie ou d’accident. Une fois adoptée, la personne visitée reste dans notre groupe et ce sont des amitiés qui se lient. Il devient difficile alors de dire qui donne et qui reçoit. Il n’existe ainsi pas de cloison entre visités et visiteurs. C’est ainsi que nous faisons l’expérience d’une sorte de communauté aux contours flous, mais à l’objet limpide.
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Service International
Célébrer notre charisme vincentien Avec Frédéric Ozanam et Pier Giorgio Frassati comme intercesseurs, les Journées Mondiales de la Jeunesse 2013 avaient une couleur toute particulière ! Deux Vincentiens étaient proposés comme modèles aux jeunes du monde entier réunis au Brésil, à Rio de Janeiro, du 22 au 28 juillet dernier. Par Julien Spiewak, vice-président international pour la jeunesse
Frédéric Ozanam, grand intercesseur des JMJ.
© J. Spiewak
Les Vincentiens manifestent pour la paix.
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our célébrer notre charisme et partager notre attachement à la Famille vincentienne, nous avions donné rendez-vous à tous les Vincentiens qui participaient aux JMJ mercredi 24 juillet à partir de 18 h sur la plage de Copacabana.
800 jeunes dans la rue Près de 800 jeunes sont arrivés en masse malgré le temps pluvieux avec des drapeaux de leur pays, des banderoles et t-shirts de la SSVP... Une grande partie des jeunes avait participé quelques jours avant à la rencontre internationale de la Famille vincentienne à Belo Horizonte. Tout le monde était heureux de se retrouver et d’échanger sur les premières impressions de Rio. Les jeunes du Brésil avaient prévu des bandanas pour tout le monde avec l’inscription « Jeunes Vincentiens pour la paix », ainsi
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Les cahiers
que de la peinture blanche pour se mettre deux traits sur chaque joue.
Guerriers de la paix
ont tenu à rendre hommage à notre principal fondateur en cette année de bicentenaire. Plusieurs journalistes et équipes de télévision ont filmé l’événement pour le plus grand bonheur des jeunes ! Rendez-vous à Cracovie en 2016 pour les prochaines JMJ en espérant que la Famille vincentienne soit toujours aussi présente.
Ils étaient parés comme de véritables « guerriers de la paix ». Un temps de prière était ensuite organisé en portugais, espagnol et anglais. Sous une pluie battante, les jeunes ont partagé des La Famille vincentienne textes, prié, chanté… sur la plage de Copacabana. Ils sont ensuite partis en procession sur l’avenue de Copacabana en tenant une énorme banderole à l’effigie de Frédéric Ozanam. Avec toujours autant de ferveur et de chants dans toutes les langues, les jeunes
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Carnet de route
Les enfants de l’école des Filles de la Charité accueillent les Vincentiens français. nt parties de e (à gauche) fo Inès et Delphin n de la SSVP France au Brésil. gatio l’heureuse délé
« Missionnaires de la charité : allons aux pauvres ! »
Mille jeunes Vincentiens venus d’une trentaine de pays, de tous les continents, se sont retrouvés trois jours à Belo Horizonte (Brésil) pour une sorte de forum mondial de la charité. Sept bénévoles français se sont rendus à ce rassemblement des jeunes de la Famille vincentienne. Touchés par le message adressé aux Vincentiens du monde entier, ils témoignent et transmettent la joie reçue. Par Delphine Sterlin et Inès de Feydeau, Vincentiennes
C
’est dans une cité de Belo Horizonte, accueillant habituellement les enfants défavorisés des favelas, que des jeunes Vincentiens venus du monde entier, Jeunesse mariale, Société de Saint-Vincent-de-Paul, Filles de la Charité, jeunes d’établissements scolaires, se sont rassemblés pour chanter, prier, danser, approfondir le charisme de saint Vincent de Paul et donner un nouvel élan à
leur vie. Au terme de ces trois jours de festivités, un désir profond s’est affermi dans le cœur de ces jeunes : s’engager toujours davantage dans le service des plus pauvres.
Une famille riche Nous avons redécouvert la richesse de la grande Famille vincentienne qui dépasse toutes les frontières et les
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Service Carnet de route cultures ! Cette famille est avant tout unie dans le Christ ! En témoigne la prière du chapelet récitée tous ensemble, chacun dans sa langue, pour la paix dans le monde. La volonté de chacun de partager et de découvrir l’autre a su dépasser la barrière de la langue. Les Brésiliens nous ont appris la simplicité des cœurs, bien plus que des mots, le sourire nous permet d’exprimer notre joie ! Des temps de prière, des témoignages saisissants, des visites des lieux de charité, des catéchèses, des parties de foot : chaque activité ou rencontre était prétexte à une explosion de joie et de festivités au rythme des chants et de la samba. Au cœur de cette rencontre vincentienne, c’est le profond désir de Frédéric Ozanam « d’enserrer le monde dans un réseau de charité » qui prenait vie !
L’Évangile est une parole vivante : mise en scène
Répondre à l’appel « Missionnaires de la charité : allons aux pauvres ! », ce thème nous dévoile le point central de l’esprit de saint Vincent de Paul et répond parfaitement à l’appel des JMJ de Rio : « Allez de toutes les nations, faites des disciples ! » Les enseignements nous ont rappelé que pour un Vincentien, être missionnaire et faire des disciples passent par la rencontre avec le pauvre. Le service rendu aux pauvres est à l’image du Christ serviteur. Nous sommes appelés à devenir la Bonne Nouvelle pour nos frères pauvres. Être la Bonne Nouvelle trace en nous un chemin de joie : être joyeux auprès des pauvres pour leur transmettre, en plus de l’aide matérielle, la joie et l’espérance
Notre mission est claire : enserrer le monde dans un réseau de charité.
du Christ. Cette optique transforme nos visites, nous allons à la rencontre de l’autre au nom de Jésus-Christ. En retour, nous sommes, nous-mêmes, évangélisés par les pauvres. Nous sommes comme transformés, ils nous apprennent à voir nos pauvretés et nous montrent la voie de la pauvreté évangélique, source de vie.
Prendre soin du blessé
rtenir à La joie d’appa tienne. n ce n la Famille vi
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Les cahiers
Ozanam - n°205 - septembre-octobre 2013
Comme le Bon Samaritain demande à l’aubergiste de « prendre soin du blessé à son départ », aidons notre entourage et la société à repérer toute forme de pauvreté et à aller au-devant des pauvres. Notre action doit être un exemple de charité, un élan, un souffle pour entraîner les
Michael Thio exhorte les jeunes à lutter contre les nouvelles pauvretés.
«Nous deviendrons alors la voix des pauvres et ainsi la voix du Christ dans le monde.
»
consciences et inciter le monde à lutter contre la pauvreté. Nous deviendrons alors la voix des pauvres et ainsi la voix du Christ dans le monde. Car « Aller aux pauvres » ne signifie rien d’autre que d’aller au Christ ! Le pauvre est un autre Christ, la rencontre avec le pauvre n’est autre que la rencontre avec le Christ lui-même ! Le sacrement
Chapelet et procession : prière pour les cinq continents.
À la rencontre mondiale de la Jeunesse vincentienne, on ose la rencontre.
de l’Eucharistie se poursuit dans le service du pauvre et du prochain. Saint Vincent de Paul nous encourage à façonner notre regard afin de « voir le Christ dans les pauvres et les pauvres dans le Christ ». La clé pour vivre de cet esprit missionnaire vincentien, c’est de vivre des Béatitudes, c’est de vivre enraciné dans le Christ. Chaque jeune vincentien est invité à se nourrir quotidiennement de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie. Ce sacrement est un précieux trésor qui transformera nos cœurs et nos vies, nous apprendrons à regarder notre prochain, et le pauvre en particulier, avec le regard de Jésus : nous le considérerons alors comme le bien-aimé de Dieu. Le pauvre deviendra pour nous « notre maître ».
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Photos : SSVP et J. Spiewak
des lectures du jour lors de la prière du matin.
Spiritualité Réflexion
De Jérusalem à « toutes les nations » Lors des JMJ à Rio de Janeiro, le pape François rappelait aux jeunes que l’Église entière est missionnaire. En effet, sur la montagne, en Galilée, Jésus ressuscité envoie les onze apôtres. C’est là qu’ils reçoivent la mission de « faire des disciples » (Mt 28, 16-20). Ainsi Jésus n’attend pas que l’Église soit parfaite pour rayonner : elle commence, pauvre, sa pêche aux hommes. Par Jérôme Delsinne, c.m.
A
vant d’être envoyés, avant de recevoir le nom d’« apôtre », les premiers disciples ont écouté et suivi Jésus. Ce sont tous des femmes et des hommes simples. Il y a aussi parmi eux des gens mal famés, des publicains et des pécheurs. Tous cependant ont répondu à l’appel radical de Jésus qui consiste à tout quitter et à le suivre sans trop savoir où ils vont (Jn 13, 36). Avant de commencer son ministère public, Jésus, le « fils du charpentier », restera dans le silence tout en prenant le temps d’observer les hommes et leurs activités.
Affronter la mer
Jérôme Delsinne conseiller spirituel national de la SSVP
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Les cahiers
C’est le cas de Pierre et André, les deux premiers appelés au bord du lac, et de Jacques et Jean, fils de Zébédée. Jésus les regarde longuement, admire leur courage, contemple leur fidélité et leur esprit d’équipe dans toutes les situations : partir au large, affronter la mer calme ou démontée de jour comme de nuit, rapporter le filet plein au risque de perdre cargaison et équipage ou rentrer au port bredouille, réparer les filets, apprécier ensemble du poisson grillé sur la plage… « Venez à ma suite et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. » C’est à partir de ce métier que Jésus formera ses disciples à cette autre pêche peu ordinaire, celle de leurs semblables. Après la pêche miraculeuse (Lc 5, 1-11), Pierre, André, Jacques et Jean, l’effroi passé, laissent là leurs anciens outils et compagnons de travail. Ils se doutent bien que cette pêche nouvelle dont parle le Christ réclame une technique neuve. Pour découvrir cette nouveauté, cet
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inattendu de Dieu, qui souvent fait peur, provoque des réticences et des résistances, il faut tout un art que Lui seul met en œuvre pour convertir. Comment en effet ramener à bon port tous ces hommes qui ne savent pas nager, malmenés par les flots, pris dans les tourbillons ? Comment empêcher la noyade, et donc une mort certaine, à tous ces hommes qui se jettent à l’eau sans préparation, sans formation ? Comment aller au large rechercher des hommes perdus, désorientés et épuisés par une trop longue traversée ? Avec quels nouveaux filets et avec quelle nouvelle barque ? Et surtout comment revenir tous ensemble et vivants ? Fort heureusement, pour « faire » des disciples et des pêcheurs d’hommes, cela consistera avant tout à écouter, marcher et regarder. Puis à s’approcher. La terre possédant également ses propres profondeurs et ses propres ténèbres, il s’agira alors pour nous disciples, non seulement de faire comme Jésus, mais de « descendre ».
Une vraie « plongée » Dans la parabole du Bon Samaritain (Lc 10, 25-37), Jésus propose à qui veut le suivre une véritable « descente », un véritable baptême ou une vraie « plongée ». Notre troisième homme descend de Jérusalem à Jéricho. Il a quitté la ville sûre, car gardée et fortifiée, et entame sa descente vers Jéricho. En cours de route, il aperçoit une chose inerte au bord du chemin. « Pris de pitié », il descend de sa monture et s’approche. Ce quelque chose reprend forme humaine :
Vitrail illustrant la parabole du Bon Samaritain à la cathédrale Notre-Dame de Chartres.
un homme blessé, gisant dans son sang. Il descend encore en se mettant à genoux pour guetter un signe de vie. Il descend encore, penche sa tête près de la poitrine de l’inconnu blessé pour écouter sa respiration et les battements de son cœur. Le souffle est ténu, mais il vit encore, le pauvre homme ! Les premiers soins sont prodigués à terre. La remontée peut alors commencer. C’est alors que les deux hommes se relèvent ensemble, l’un levant et portant l’autre. Nous pouvons imaginer notre Bon Samaritain qui restera un cran en dessous, à terre et à pied : sa mon-
ture servira uniquement à transporter l’homme blessé. Le « relèvement » se fait jusqu’à l’auberge, se poursuit avec la convalescence. Cette parabole lumineuse met également en lumière la « descente » et la « remontée » prochaines de Jésus qui s’identifie au Samaritain.
L’Église s’adapte L’ordre donné par Jésus ressuscité aux disciples était de rester à Jérusalem jusqu’à ce qu’une force venue d’en haut leur fût donnée (Lc 24, 49). À la Pentecôte, la promesse
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Spiritualité
La Pentecôte, fresque de plafond dans la cathédrale de Hechingen, par Fidelis Schabet.
s’accomplit : une fois l’Esprit répandu sur la première communauté chrétienne en prière, le récit nous montre clairement que c’est l’Église qui s’adapte, qui « descend » en se mettant à la portée « de toutes les nations qui sont sous le ciel » à Jérusalem : « Nous les entendons annoncer dans nos langues les merveilles de Dieu » (Actes 2, 11). La dernière Parole de Jésus, avant qu’Il ne s’élève et qu’une nuée Le soustrait à leurs regards, « Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre », a trouvé elle aussi son accomplissement. L’Église, au début de ce troisième millénaire, est présente sur les cinq continents et continue de « faire des disciples ».
Secouer les habitudes En clamant « Passons aux barbares ! », Frédéric Ozanam appelle à l’évangélisation et à une véritable mission. Une mission qui secoue les habitudes et les routines du clergé comme des laïcs. Déjà Frédéric et ses compagnons s’étaient engagés à conquérir les jeunes âmes perdues en refondant une jeunesse catholique par les moyens solides et inépuisables de l’Église : la prière, la réflexion et le partage de foi, l’exercice humble et régulier de la charité. Une nouveauté se présente à leurs yeux, qui est aussi une nouvelle forme de pauvreté extrême : le monde des ouvriers et leurs dures conditions de travail et de vie, monde qui a surgi avec la nouvelle ère industrielle. Dans une lettre à son ami Foisset, Frédéric explique la démarche : « En disant “passons aux barbares”, je demande
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Les cahiers
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que nous fassions comme lui [le pape Pie IX], que nous nous occupions du peuple qui a trop de besoins et pas assez de droits, qui réclame avec raison une part plus complète aux affaires publiques, des garanties pour le travail et contre la misère, qui a de mauvais chefs, mais faute d’en trouver de bons. » Il poursuit : « Nous ne conver-
« À la Pentecôte, c’est l’Église qui s’adapte,
qui “descend” en se mettant à la portée “de toutes les nations qui sont sous le ciel” à Jérusalem.
»
tirons peut-être pas Attila et Genséric ; mais, Dieu aidant, peut-être viendrons-nous à bout des Huns et des Vandales. Lisez le commencement de La Cité de Dieu, Salvien, Gildas, et vous verrez que dès le cinquième siècle beaucoup de saints avaient plus de goût pour les Goths, les Vandales, les Francs ariens et idolâtres, que pour les catholiques amollis des villes romaines. » Frédéric a eu, avec ses compagnons, la hardiesse et l’audace missionnaire d’évangéliser le peuple – tant les ouvriers que les militaires, les jeunes étudiants et les adolescents par diverses œuvres de charité : visites à domicile, cours du soir, cours en prison, bibliothèque, atelier de formation professionnelle – et, en même temps, d’évangéliser à nouveau les catholiques « amollis des villes », non seulement à Paris, Lyon, Nîmes, mais dans d’autres cités afin d’« enserrer le monde dans un réseau de charité ». Que l’audace missionnaire de Frédéric, en cette année du bicentenaire, nous stimule pour aller et faire de nouveaux disciples de la charité du Christ ! *Lettre à M. Foisset, du 22 février 1848, n° XXXII, tome II, p. 207-213.
Témoignage
Gina et Alejandar : « Nous avons été évangélisées par les pauvres »
Rencontre avec Gina et Alejandar, Vincentiennes, américaines présentes au rassemblement mondial des jeunes Vincentiens à Belo Horizonte (Brésil) en juillet 2013. Par Eric de Pesloüan, responsable du Comité jeunes de Paris
Ce premier contact avec la SSVP a-t-il continué de porter du fruit dans vos vies ?
Gina : Nous avons découvert l’esprit vincentien pendant nos études, en intégrant une université vincentienne. Il en existe quatre : une aux Philippines, une proche des chutes du Niagara, une à New York et la dernière à Chicago. Elles accueillent beaucoup d’étudiants de classes populaires ou faisant partie de minorités. En plus de leur enseignement classique, elles sont fortement engagées sur la charité. Les étudiants participent à des services pour aider les pauvres de leurs quartiers. Alejandar : Ce qui est drôle, c’est que nous sommes toutes les deux arrivées là par hasard ! (rires) Nous n’avions pas choisi cette université pour ses qualités vincentiennes, mais pour des raisons pratiques ! Je n’avais jamais entendu parler des Vincentiens avant de m’y inscrire. Mais comme les autres étudiants, nous avons assisté aux conférences et participé aux services organisés. Personnellement, j’ai choisi de m’investir dans les grands dîners hebdomadaires organisés pour les personnes sans domicile.
Gina : Nous avons fait un break dans nos études pour partir un an en mission avec MISEVI (Misioneros Laicos Vicencianos, trad : Missionnaires laïques vincentiens), dernière association à être rentrée dans la Famille vincentienne. Je suis partie au Kenya pour m’occuper d’enfants, et Alejandar est allée au Panama aider à la construction de maisons. Alejandar : Nous avons passé une année complète chez les Filles de la Charité, vivant en communauté avec elles. Nous avons pu observer et apprendre comment elles vivent la charité sur le terrain. Il me semble que l’apprentissage de l’esprit vincentien dans les écoles et les universités est un moyen efficace d’impliquer les jeunes sur les pas de saint Vincent de Paul. Nous sommes nombreux à nous investir après nos études. Comme le dit Sœur Christiane Price, responsable du développement des Conférences jeunes aux USA : « Ce ne sera peut-être pas directement à la sortie des études, mais tôt ou tard, l’esprit vincentien rejaillira ! Quand on a été Vincentien, cela ne s’oublie pas ! »
© SSVP
Comment avez-vous découvert la SSVP ?
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans l’esprit vincentien ?
Alejandar : J’ai été touchée par le grand respect accordé aux personnes aidées, les
Le contact avec les personnes pauvres transforme la vie de foi.
vrais liens humains qui se créent. La priorité n’est pas de gérer efficacement des situations de masse, mais de faire naître des relations de qualité. Pour autant, la démarche est pensée intelligemment. Les actions sont réfléchies, utiles et novatrices. Elles apportent une aide durable permettant aux personnes de se relever définitivement. Gina : La découverte de cette spiritualité, de ce contact avec les personnes pauvres a transformé ma vie de foi. J’étais déjà croyante, mais ma foi était « endormie ». J’ai été remuée, secouée par les actions auxquelles j’ai pris part. J’ai découvert ce que veut dire « être catholique ». Au contact des pauvres, ma foi a énormément grandi. Au fond, nous avons été « évangélisées par les pauvres ».
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Spiritualité Contemplation
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Les cahiers
Ozanam - n°205 - septembre-octobre 2013
Espérance du matin Depuis toujours, toi qui es Seigneur, Tu descends vers nous en Rédempteur. Sur notre sommet, le Corcovado, Le monde est éclairé par ton amour. Jésus, Tu nous convies : « Amis, venez à Moi ! » Jésus, Tu nous envoies : Heureux qui te suivra ! Printemps des cœurs, tu nous rajeunis, Espérance offerte à notre nuit. Tu es la vie, le feu que nous cherchons, À nous de croire en toi ! Qu’il serait bon, qu’il ferait soleil Si la terre allait où tu vas ! Non aux déserts d’un vieux monde froid, Fais lever sur nous justice et paix !
Hymne officiel des JMJ 2013 de Rio de Janeiro
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Spiritualité Parole de Dieu Par Jean-Claude Peteytas, diacre et Vincentien
«P
renez sur vous mon joug, devenez mes disciples. » 1 Jn 3, 1-3
P
our le 4 octobre, fête de saint François d’Assise, la liturgie nous propose le passage de saint Mathieu où Jésus nous invite à devenir ses disciples, à Lui qui est doux et humble. Le disciple est celui qui remet toute sa vie à Celui qui a porté le premier le fardeau de la croix. Un fardeau et un joug faciles à porter mais d’une grande exigence. Il s’agit de se faire petit pour ne pas vouloir être autre chose que disciple contemplant le Père révélé par Jésus.
«C
e n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure. » Jn 15, 9-17
T
exte profond et paroles du Christ qui disent l’essentiel en cette fête de sainte Marguerite-Marie Alacoque (16 octobre) qui reçut la grâce de l’apparition du Sacré-Cœur. Ces lignes de saint Jean proclament le mystère de l’Amour : celui du Père et celui du Christ pour les hommes. À nous aussi il nous est demandé de faire connaître ce mystère de l’Amour. Le Christ nous a choisis. Pour porter du fruit, il nous faut donner du temps à la prière et à l’oraison. Là, nous puisons l’Amour à la Source pour partager avec nos frères vers lesquels nous sommes envoyés.
«N
ous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à Lui parce que nous le verrons tel qu’il est. »
© J. Spiewak
Mt 11, 25-30
E
n ce 1er novembre, nous entendons de nouveau l’appel universel à la sainteté. Nous sommes enfants de Dieu et cela sera pleinement manifesté un jour. Le triomphe du Seigneur se manifestera alors en ses élus. La nouvelle révolutionnaire, c’est
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Les cahiers
Ozanam - n°205 - septembre-octobre 2013
que tout être humain est dès maintenant enfant de Dieu. Chaque être humain, quel que soit son pays, son milieu social, chaque être humain que nous sommes appelés à aimer, à servir – saint Vincent de Paul en était convaincu : « Tournez la médaille et vous verrez un enfant de Dieu ! » Avec la fête de Toussaint, nous sommes appelés à l’Espérance. Comme le dit l’auteur de l’épître aux Hébreux (12, 1-2) : « Il faut rejeter tout fardeau, et le péché qui nous assiège, et courir avec constance l’épreuve qui nous est proposée, fixant les yeux sur le chef de notre foi… Jésus. »
«M
on fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur. » Ben Sirac le Sage 3, 17-24
F
êtes chères aux Vincentiens en ces 27 et 28 novembre : NotreDame de la Médaille Miraculeuse et sainte Catherine Labouré. Dans notre vie chrétienne, nous sommes appelés à avancer dans la confiance en Marie, dans la confiance en sa prière de mère auprès de son Fils, dans la confiance en un amour qui ne passera jamais. À l’exemple de sainte Catherine, nous sommes invités à servir les pauvres avec une joyeuse humilité. « À suivre Jésus qui nous dit la vraie mesure où Dieu se donne. Heureux le cœur dont l’amour est la loi. »
À Rio de Janeiro, les paroisses se parent pour accueillir des chrétiens du monde entier.
Prier en Conférence Par Juliette Asta, Vincentienne et membre du CA
Rayonner en Conférence Notre pape François nous invite à bâtir une Église pauvre avec les pauvres. Notre vocation vincentienne se retrouve dans cette invitation. Mais pour remplir pleinement sa vocation, tout Vincentien doit chercher à approfondir sa foi en Jésus-Christ, afin qu’elle transparaisse à travers ses actions auprès des plus pauvres et que sa spiritualité devienne de plus en plus rayonnante.
N
os Conférences représentent une richesse du mouvement vincentien. C’est en leur sein, entre autres, que nous pouvons nourrir notre foi par la lecture régulière de la Parole, des textes de nos saints patrons, par les échanges en profondeur sur ce qui nous anime.
Changer notre cœur C’est là que nous pouvons progressivement changer notre cœur, avancer sur le chemin de conversion, en appelant l’aide de l’EspritSaint pour nous inspirer dans ce renouveau. Comme le souhaitait Frédéric Ozanam, nos Conférences doivent être lieu de fraternité joyeuse. « Les réunions se déroulent dans
un esprit de fraternité, de simplicité et de joie chrétienne » (Règle, 3.4). Les réunions de Conférence sont des moments privilégiés où l’on partage entre amis les joies, les peines, les difficultés de chacun, les questions posées par nos activités auprès des plus démunis. C’est ce climat convivial qui nous permet de préparer les rencontres avec les personnes accueillies, visitées ou accompagnées. « Les Vincentiens s’attachent à établir des rapports de confiance et d’amitié [...] Ils ne jugent pas ceux qu’ils servent. Au contraire, ils essayent de les comprendre comme un frère. » (Règle 1.9).
Rayonner pour attirer L’engagement vincentien auprès des plus pauvres est un bel engagement dont nous devons être fiers. Il est exigeant et nous devons le faire connaître pour entraîner d’autres bénévoles. Que nos Conférences rayonnent pour s’ouvrir et attirer encore davantage. « La Société est ouverte à tous ceux qui veulent vivre leur foi à travers l’amour du prochain dans le besoin » (Règle 3.1). Le commentaire de la règle est encore plus clair : « Les Conférences sont ouvertes à tous, car la Société ne veut pas créer des groupes fermés, isolés du monde. Plus nous serons nombreux, plus notre témoignage sera rayonnant. Le manque de nouveaux confrères et de nou-
velles consœurs peut être considéré comme un signe révélateur que quelque chose ne fonctionne pas au sein de la Conférence. » Alors, n’ayons pas peur ! Osons témoigner de notre engagement dans nos familles, nos paroisses, notre lieu de travail ! Mais il faut savoir être vigilants et rester forts dans nos convictions. Renforçons notre audace dans la chaleur de l’équipe, sachons reprendre souffle grâce à nos prières communes pour aller de l’avant et porter témoignage.
La prière, âme de l’action Saint Vincent de Paul le rappelle souvent, la prière est l’âme de l’action : « Une chose importante à laquelle vous devez vous appliquer soigneusement est d’avoir grande communication avec Notre-Seigneur dans l’oraison ; c’est là le réservoir où vous trouverez les instructions qui vous seront nécessaires pour vous acquitter de l’emploi que vous allez avoir » (XI, 344-346). Comme le souligne le père Jean-Pierre Renouard : « Servir, évangéliser, former, se perfectionner, rien ne peut se faire sans une tension vers le spirituel. La prière est au rendez-vous quotidien de toute action vincentienne » (Saint Vincent de Paul, maître de Sagesse, 2010). Car « À ceux qui connaissent l’engagement dans l’action, il faut la prière. À ceux qui connaissent la prière, il faut l’engagement » (Dom Helder Camara, Cahier de la Réconciliation, 2000).
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Magazine Histoire
Saint Vincent de Paul
modèle pour Ozanam et saint patron des Conférences Aux côtés de Sœur Rosalie, Frédéric Ozanam et ses amis rencontrent en 1833, dans le quartier Mouffetard, le pauvre en tant que personne. La Conférence de charité est immédiatement placée sous le patronage de saint Vincent de Paul et le 4 février 1834, Léon Le Prévost demanda que « ce patronage devînt effectif, par la célébration solennelle de la fête de saint Vincent, par la récitation d’invocations au commencement et à la fin des séances ». À travers le témoignage des fondateurs de la Société et la dévotion de Frédéric pour Monsieur Vincent, découvrons l’utilité d’imiter encore ce modèle. Par Dominique Robin
O
zanam avait entendu parler de saint Vincent dès son enfance. Il y fait déjà allusion en 1831, c’està-dire deux ans avant la naissance de la Société de SaintVincent-de-Paul : « Charité, amour entre les hommes, et ce précepte fait des martyrs, ce précepte fait les Vincentde-Paul, ouvre la main du riche, remplit celle du pauvre1. »
Héritiers de saint Vincent Dominique Robin, Vincentien, professeur d’histoire en retraite et auteur
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Les cahiers
Cela peut s’expliquer par le fait que le cœur de saint Vincent, à la suite d’aventures rocambolesques qui datent de la Révolution, était alors présent à Lyon2. Quelques années plus tard, le 1er août 1838, Ozanam pouvait ainsi écrire, de Lyon, à son ami François Lallier : « Nous venons de fêter ici notre patron saint Vincent de Paul [alors célébrée le 19 juillet]. Le 19 au matin, trente membres environ des deux Conférences se trouvaient réunis à la cathédrale dans la chapelle où se conserve le cœur du saint. » Autre exemple de cette piété à l’égard de saint Vincent, en 1834, un groupe restreint de confrères de
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la Société, Ozanam en tête, résolut d’aller célébrer sa fête dans la modeste paroisse de Clichy, près de Paris, où M. Vincent avait été curé en 1612. Ils se considéraient comme ses héritiers, ses fils, et c’est à ce titre qu’ils sollicitèrent l’honneur de porter sa châsse sur leurs épaules, à la procession. Effectivement, à plusieurs reprises, Frédéric parle de saint Vincent comme d’un « père » : « Donc nous aussi, dans ce patron, nous honorerons un père3 », écrit-il.
Père d’Ozanam À l’Assemblée générale de la Société de Saint-Vincentde-Paul du 17 juillet 1837, il dit encore : « Nous serons donc tous ensemble ce jour-là, sous les yeux de saint Vincent de Paul notre père, de notre reine la Sainte Vierge Marie, de Jésus-Christ notre Dieu. » Le mot n’est pas fortuit. Il correspond en effet à la connaissance qu’Ozanam avait de saint Vincent grâce à la lecture de sa vie par Abelly, premier biographe de saint Vincent4, lecture qu’il a imposée d’ailleurs en
« Un saint patron
n’est pas en effet une enseigne banale […] C’est une vie qu’il faut continuer
© Leemage
»
Saint Vincent de Paul et les Dames de la Charité, peinture de Boucharlat à la chapelle de saint Vincent de Paul, église de Saint-Germain-en-Laye.
1839 à toutes les Conférences existant alors. Voici ce qu’Abelly fait dire à saint Vincent, dans une nouvelle édition de la Vie de saint Vincent de Paul, publiée en 1839 : « Nous nous pouvons considérer comme les pères de ceux qui viendront après nous […] Ceux qui seront après nous dans deux ou trois cents ans nous regarderont comme leurs pères. » Frédéric Ozanam se place ainsi délibérément dans cette filiation. Il aime saint Vincent, on ne peut en dou-
ter. C’est ainsi qu’il écrit le 20 juillet 1850 au docteur Édouard Dufresne : « Nous venons de célébrer notre fête de saint Vincent de Paul et j’en suis encore ému. » À la fin de sa vie, Frédéric n’aura de cesse de se mettre sous la protection du saint. Ainsi, quelques semaines avant sa mort, voulant encore espérer, il affirme, en juillet 1853 : « Les forces me reviennent et Dieu me donne l’espérance de revoir mes amis, de me retrouver à vos fraternelles assemblées et de suspendre peut-être, à l’autel de notre saint, le bâton qui, pendant plusieurs mois, a soutenu mes pas. »
Double culte d’un modèle Pour Ozanam, l’imitation de saint Vincent de Paul est un moyen de suivre Jésus-Christ dans sa préférence pour les pauvres. « Un saint patron n’est pas en effet une enseigne banale […] C’est un type qu’il faut s’efforcer de réaliser, comme lui-même a réalisé le type divin qui est Jésus-Christ. C’est une vie qu’il faut continuer, un cœur auquel il faut réchauffer son cœur, une intelligence où l’on doit chercher des lumières ; c’est un
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Magazine Histoire modèle sur la terre et un protecteur au ciel ; un double culte lui est dû, d’imitation et d’invocation. C’est d’ailleurs à ces seules conditions, de s’approprier les pensées et les vertus du saint, que la Société peut échapper aux imperfections personnelles de ses membres, qu’elle peut se rendre utile dans l’Église et se donner une raison d’existence », écrit Ozanam à François Lallier, le 17 mai 1838. Mais ce chemin a ses exigences et Frédéric Ozanam ne se contente pas de demi-mesures. En effet, l’Église de France, trop souvent compromise par son alliance avec le trône, donne des signes de faiblesse. Ozanam compte sur la foi et le dynamisme des jeunes pour la relever : « La foi y est partout languissante ; la pratique y est encore observée, mais souvent sans intelligence. Il faudrait éclairer ce demi-jour, réchauffer cette tiédeur.5 »
et se mettre, comme l’avait fait avant nous Frédéric Ozanam, sous sa protection : « Ceux qu’il faut secourir provoquent et raniment la charité de ceux qui les secourent ; ils s’entraident ainsi les uns les autres, vivent d’un même esprit et sont enveloppés tous ensemble sous le manteau de saint Vincent de Paul.6» 1. Frédéric Ozanam, Réflexions sur la doctrine de Saint-Simon, 1831. 2. Le cœur de M. Vincent a été conservé à la cathédrale de Lyon jusqu’en 1947 où le cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, l’a remis à la chapelle des Filles de la Charité, rue du Bac à Paris. 3. Louis Baunard, Frédéric Ozanam d’après sa correspondance, 1922, p.127. 4. La vie du vénérable serviteur de Dieu, Vincent de Paul, instituteur et premier supérieur général de la Congrégation de la Mission (Paris, Florentin Lambert, 1664). 5. Frédéric Ozanam, À l’Assemblée générale de la Société de Saint-Vincentde-Paul, 27 avril 1838. 6. Frédéric Ozanam, À l’assemblée générale, 4 décembre 1836.
Évangélisation vincentienne Frédéric donne là sa version d’une évangélisation dont les Vincentiens deviendront alors responsables. Pour répondre à cette fin, très en avance sur la conception qu’on peut se faire des laïcs à son époque, il demande aux Conférenciers de briguer la sainteté : « Il y a moins de conversions à opérer, plus d’édification. Les catholiques ne nous manquent pas, il en faudrait faire des saints. Et comment faire des saints sans l’être soi-même ? Comment prêcher aux malheureux une résignation, un courage dont on se sent dépourvu ? Comment leur adresser des reproches dont on se sent digne ? Voilà, Messieurs, la difficulté principale de notre position ; voilà ce qui fait qu’au milieu des familles que nous visitons, souvent le silence se fait sur nos lèvres et la confusion dans notre cœur, parce que nous nous voyons égaux en infirmités et souvent inférieurs en vertus à ceux qui nous entourent, et nous reconnaissons avec saint Vincent de Paul "que ces pauvres de JésusChrist sont nos seigneurs et nos maîtres et que nous ne méritons pas de leur rendre nos petits services." » Il s’agit bien là d’une ligne de conduite qui est tracée et qui doit servir de réflexion à tous. Ainsi, chaque membre de la Société pourra approcher, chacun selon ses moyens, l’esprit de saint Vincent de Paul
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Les cahiers
Ozanam - n°205 - septembre-octobre 2013
Publication Saint Vincent de Paul et le temps de la Charité, par Dominique Robin
Saint Vincent a encore beaucoup à dire sur la charité, dans la discrétion et l’humilité. Au temps des premières locomotives, Frédéric Ozanam écrivit que « le chemin de fer rapproche singulièrement les distances, mais à mesure que tous les mouvements s’accélèrent, l’activité de la vie se multiplie, les occupations se pressent ». Mais « le temps de la charité » demande une certaine gravité parce que Dieu lui-même est dans les pauvres : aller vers les pauvres c’est donc rencontrer Dieu. Pour ces raisons, la charité ne s’improvise pas. 20 € - commande@ssvp.fr
Incontournable Sur la plage de Copacabana (Brésil), le pape François s’est adressé aux trois millions de jeunes présents. Son message fort et percutant a ébranlé nombre d’entre eux. Mais ce beau sermon de la messe de clôture des JMJ, le 28 juillet dernier, s’adresse plus largement à tous les chrétiens du monde. Le pape rappelle que l’évangélisation de nos frères ne peut se faire que par la charité. En ce début d’année scolaire, laissons la parole au saint-père qui nous envoie ensemble en mission au service de nos frères.
C
es jours-ci, à Rio, vous avez pu faire la belle expérience de rencontrer Jésus, et de le rencontrer ensemble ; vous avez senti la joie de la foi. Mais l’expérience de cette rencontre ne peut rester renfermée dans votre vie ou dans le petit groupe de votre paroisse, de votre mouvement, de votre communauté. Ce serait comme priver d’oxygène une flamme qui brûle. La foi est une flamme qui est d’autant plus vivante qu’elle se partage, se transmet, afin que tous puissent connaître, aimer et professer Jésus-Christ qui est le Seigneur de la vie et de l’histoire (Rm 10, 9).
© J. Spiewak
Allez Cependant attention ! Jésus n’a pas dit : si vous voulez, si vous avez le temps, allez, mais Il a dit : « Allez, et de toutes les nations faites des disciples. »
Pape François : « Allez, sans peur, pour servir » n°205 - septembre-octobre 2013 - Les cahiers Ozanam
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Biographie 17 décembre 1936 : né Jorge Mario Bergoglio, à Buenos Aires (Argentine) de parents immigrés italiens. 11 mars 1958 : rentré au noviciat de la Compagnie de Jésus. 13 décembre 1969 : ordonné prêtre. 31 juillet 1973 : nommé provincial des jésuites d’Argentine. 1992, puis 1997 : nommé évêque auxiliaire, puis archevêque de Buenos Aires par Jean-Paul II. Il préfère à la résidence des archevêques un petit appartement. Il crée une ligne téléphonique dédiée pour être disponible nuit et jour pour les prêtres du diocèse. 13 mars 2013 : élu pape, il est le premier à porter le nom de François, en mémoire de l’engagement de saint François d’Assise auprès des plus pauvres.
© J. Spiewak
Magazine Incontournable
Partager l’expérience de la foi, témoigner la foi, annoncer l’Évangile est le mandat que le Seigneur confie à toute l’Église, et aussi à toi. Mais c’est un commandement, qui ne vient pas d’un désir de domination, d’un désir de pouvoir, mais de la force de l’amour, du fait que Jésus en premier est venu parmi nous et ne nous a pas donné quelque chose de Lui, mais Il nous a donné Lui-même tout entier ; Il a donné sa vie pour nous sauver et nous montrer l’amour et la miséricorde de Dieu. Jésus ne nous traite pas en esclaves, mais en personnes libres, en amis, en frères ; et non seulement Il nous envoie, mais Il nous accompagne, Il est toujours à nos côtés dans cette mission d’amour. Où nous envoie Jésus ? Il n’y a pas de frontières, il n’y a pas de limites : Il nous envoie tous. L’Évangile est pour tous et non pour quelques-uns. Il n’est pas seulement pour ceux qui semblent plus proches, plus réceptifs, plus accueillants. Il est pour tous. N’ayez pas peur d’aller, et de porter le Christ en tout milieu, jusqu’aux périphéries existentielles, également à Celui qui semble plus loin, plus indifférent. Le Seigneur est à la recherche de tous, Il veut que tous sentent la chaleur de sa miséricorde et de son amour.
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Les cahiers
Ozanam - n°205 - septembre-octobre 2013
« Jésus n’a pas dit : ‘‘ Va ’’, mais ‘‘ allez ’’ : nous sommes envoyés ensemble. » L’Église a besoin de vous, de l’enthousiasme, de la créativité et de la joie qui vous caractérisent. […] Savez-vous quel est le meilleur instrument pour évangéliser les jeunes ? Un autre jeune. Voilà la route que tous vous devez parcourir.
« Celui qui transmet
la joie de la foi reçoit davantage la joie.
»
De plus, Jésus n’a pas dit : « Va », mais « allez » : nous sommes envoyés ensemble. Chers jeunes, percevez la présence de l’Église tout entière et de la communion des Saints dans cette mission. Quand nous affrontons ensemble les défis, alors nous sommes forts, nous découvrons des ressources que nous ne pensions pas avoir. Jésus n’a pas appelé les Apôtres pour qu’ils vivent isolés, Il les a appelés pour former un groupe, une communauté […]
Pour servir
Le pape François envoie tous les chrétiens en mission au service de leurs frères.
Sans peur Sans peur. Quelqu’un pourrait penser : « Je n’ai aucune préparation spéciale, comment puis-je aller et annoncer l’Évangile ? » Cher ami, ta peur n’est pas très différente de celle de Jérémie, venons-nous d’entendre dans la lecture, quand il a été appelé par Dieu pour être prophète. « Oh ! Seigneur mon Dieu ! Vois donc : je ne sais pas parler, je ne suis qu’un enfant. » Dieu dit, à vous aussi, ce qu’Il a dit à Jérémie : « Ne crains pas […] car je suis avec toi pour te délivrer » (Jr 1, 7.8). Il est avec nous ! […]
La dernière parole : pour servir. Au début du Psaume que nous avons proclamé il y a ces mots : « Chantez au Seigneur un chant nouveau » (95, 1). Quel est ce chant nouveau ? Ce ne sont pas des paroles, ce n’est pas une mélodie ; c’est le chant de votre vie, c’est le fait de laisser votre vie s’identifier à celle de Jésus, c’est avoir ses sentiments, ses pensées, ses actions. Et la vie de Jésus est une vie pour les autres. C’est une vie de service […] Trois paroles : Allez, sans peur, pour servir. En suivant ces trois paroles, vous expérimenterez que celui qui évangélise est évangélisé, celui qui transmet la joie de la foi reçoit davantage la joie. Chers jeunes, en retournant chez vous n’ayez pas peur d’être généreux avec le Christ, de témoigner de son Évangile. Dans la première lecture quand Dieu envoie le prophète Jérémie, Il lui donne pouvoir « pour arracher et abattre, pour démolir et détruire, pour bâtir et planter » (Jr 1, 10). Il en est de même pour vous. Porter l’Évangile c’est porter la force de Dieu pour arracher et démolir le mal et la violence ; pour détruire et abattre les barrières de l’égoïsme, de l’intolérance et de la haine ; pour édifier un monde nouveau. Chers jeunes : Jésus-Christ compte sur vous ! L’Église compte sur vous ! Le Pape compte sur vous ! Marie, la Mère de Jésus et notre Mère vous accompagne toujours de sa tendresse : « Allez et de toutes les nations faites des disciples ! » Amen.
n°205 - septembre-octobre 2013 - Les cahiers Ozanam
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Magazine Courrier Agenda
In memoriam
25 octobre 2013
Christian Verheyde
26 octobre 2013
a rejoint la maison du Père
Réunion des Animateurs de région (siège) Convention (Paris)
22-23 novembre 2013
Conseil d’administration (Lyon) Semaines sociales de France (Paris, Lyon et Strasbourg)
5-6 décembre 2013
Formation des présidents de CD (siège)
14-15 décembre
Conseil d’administration (Paris)
Les Cahiers Ozanam, revue de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, 120, avenue du Général Leclerc, 75014 Paris www.ssvp.fr Directeur de la publication : Bertrand Ousset l Rédactrice en chef : Capucine Bataille l Rédacteurs : Juliette Asta, Capucine Bataille, Bertrand Decoux, Jérôme Delsinne, Bénédicte Jannin, Clotilde Lardoux, Benoît Pesme, Bertrand Ousset, Jean-Claude Peteytas. l Ont participé à ce numéro : Inès de Feydeau, Maud Favre, Valérie Grabé, Eric de Peslouan, Dominique Robin, Marie-Alix Roqueplo, Sophie Rougnon, Julien Spiewak, Delphine Sterlin. l Service abonnements : Clotilde Lardoux, 01 42 92 08 17 l Photo de couverture : SSVP. l Fabrication / production : CLD, 33 avenue du Maine, 75015 Paris l Graphisme : Florence Vandermarlière. l Impression : Imprimerie de Champagne, Z.I. les Franchises, 52200 Langres l Numéro CPPAP : 310G79517 l Dépôt légal : Septembre 2013 – n°205– 09/2013. l ISN : 1965 2917 l Abonnement 1 an, 5 numéros : 13 € l
Confrère engagé et dévoué depuis 1995, Christian avait fondé l’Accueil Ozanam de Lille, qui continue aujourd’hui de porter des fruits et vient en aide à de nombreuses personnes dans le besoin. Beaucoup d’entre vous ont eu la joie de le rencontrer lors du Congrès national de Lille en 2008, qu’il avait brillamment organisé avec son épouse, Geneviève. Également ancien vice-président du Conseil national de France, conférencier, rédacteur dans la rubrique Histoire des Cahiers Ozanam et auteur de Prier 15 jours avec Frédéric Ozanam, il s’évertuait à faire connaître la figure et le message de notre fondateur, auquel il était si attaché. Nombreux sont ceux qui peuvent témoigner de son immense gentillesse et de son dévouement pour la SSVP. Je souhaite tout particulièrement remercier son épouse et ses enfants de lui avoir permis de s’investir autant dans notre « chère petite Société ». Les services rendus sont nombreux, les amitiés profondes, je rends grâce à Dieu que nos chemins se soient croisés. À toute la Famille vincentienne : je confie Christian et ses proches à vos prières.
Toutes vos informations et photos sont à envoyer à la rédaction huit semaines avant la date de parution (édition sous réserve d’espace) à capucine.bataille@ssvp.fr
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Les cahiers
Ozanam - n°205 - septembre-octobre 2013
Bertrand Ousset, Président national
© SSVP
22-23-24 novembre 2013
- le jeudi 15 août 2013 -
s n o i g é r n e am a n a d z n O Age aire de Frédéric Pratique
n e t n e c i B
Albi (CD 81) 29 septembre - 15 octobre : Exposition du bicentenaire Bernay (CD 27) 16 novembre : l Journée Vincentienne à la maison paroissiale l Messe l Exposé de N. Robins sur le bicentenaire d’Ozanam et les 180 ans de la SSVP Bordeaux (CD 33) 15 novembre - 12 décembre : Exposition du bicentenaire 4 - 7 décembre 11h00 -18h00 : l Exposition « La SSVP hier et aujourd’hui : deux siècles de lutte contre la solitude » à l’espace Saint-Rémi l Remise du « prix Ozanam » aux élèves et étudiants pour leur action pour « Le Pain de l’Amitié » 5 décembre - 17h30 : Conférence sur Ozanam par B. Cattaneo, suivie d’une table ronde à l’espace Saint-Rémi 7 décembre - 19h00 : Dîner concert « Musique et chansons de tous les temps » et vente de vin au profit de la SSVP à l’Hôtel Mercure Château Chartrons Cannes (CD 06) 18 - 23 novembre : Exposition du bicentenaire à Notre-Dame du Bon Voyage 24 - 1er décembre : Exposition du bicentenaire à Nice 21 novembre - 17h00 : l Conférence sur Ozanam par B. Cattaneo
Projection du film « Quelle était verte ma vallée » l Messe présidée par le Cal Tukson à la basilique du Sacré-Cœur 21 - 27 octobre : Exposition « La saveur des oranges Picon » et photos sur la misère à Marseille à la crypte de l’église des Réformés l
Débats sur la pauvreté, Ozanam et la SSVP dans 3 établissements scolaires l
Chartres (CD 28) 18 octobre : Soirée musicale avec présentation de la SSVP 28 à l’église de Luisant 26 - 27 octobre : Bric-à-brac à la maison pour tous « Les comtesses » Clermont-Ferrand (CD 63) 1er - 15 décembre : Exposition du bicentenaire au Centre diocésain de pastorale 5 décembre - 12 h00 : Fête annuelle de la SSVP du Puy-de-Dôme Lyon (CD 69) 3 - 11 novembre : Exposition du bicentenaire à Saint-Nizier et parcours dans la ville autour des grandes figures spirituelles lyonnaises du 19e siècle, dont Ozanam 5 novembre : l Présentation du guide « Sur les pas d’Ozanam et de saint Vincent de Paul à Lyon » par son auteur, Julien Spiewak
Senlis (CD 60) 31 octobre - 4 novembre : Exposition du bicentenaire Strasbourg (CD 67) 6 octobre : Concert de charité en l’église Saint-Florent de Strasbourg
Reims (CD 51) 16 - 29 octobre : Exposition du bicentenaire à la Cathédrale Notre-Dame
8 novembre : Conférence de B. Cattaneo sur « Réflexion sur la modernité de Frédéric Ozanam à la lumière des bouillonnements de son époque et d’aujourd’hui »
Rennes (CD 35) 4 octobre - 18h00 : Conférence sur Ozanam par B. Cattaneo à l’espace Ouest-France 12 octobre : Spectacle « 1833, pages de feu, lettres d’amour », lecture de lettres d’Ozanam à Saint-Malo 1er - 28 octobre : Exposition du bicentenaire
Versailles (CD 78) 5 octobre - 14h30-22h00 : l Journée au Lycée Blanche de Castille l Conférence de D. Robin sur Ozanam et saint Vincent de Paul l Messe avec Mgr Aumonier l Spectacle Vincent Depaul à Villepreux
Saint-Aubin-lès-Elbeuf (CD 76) 2 octobre - 20h30 : Conférence du père Marcelin sur saint Vincent de Paul et Ozanam
Retrouvez toutes les informations sur les célébrations du bicentenaire sur le site www.ssvp
20h00 : Conférence de B. Barbiche « La vie exemplaire d’Ozanam » à Saint-Nizier 10 novembre - 19h : Messe des jeunes de la SSVP et de la Communauté de l’Emmanuel à Saint-Nizier l
Marseille (CD 13) 25 - 26 octobre : l Colloque « Ozanam, inventeur de la démocratie chrétienne » l Spectacle de lecture de lettres d’Ozanam « Le temps des fiançailles »
n°205 - septembre-octobre 2013 - Les cahiers Ozanam
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« 1833, Pages de feu, lettres d’amour » de Bruno Dardelet aux Éditions CLD Un recueil de 176 pages, format 21 x 21, qui offre un voyage dans l’histoire. Consacré à Frédéric Ozanam, voici un beau recueil d’images, de textes d’amis, compagnons, poètes, historiens, et autorités politiques ou religieuses, accompagné des commentaires de l’auteur.
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