GrandChelem 26

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.fr is magazine dE tenn 100% GRATUIT fĂŠvrier mars 2012

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Nice - France

editorial

STAGES sur la Côte d’Azur Vivez une expérience unique sur la Côte d'Azur à

L’ ISP ACADEMY

2012, année tennistique ?

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« Je ressens plein d’émotions différentes. Juste après la victoire, je n’arrivais pas à comprendre ce qui m’arrivait. Je n’arrivais pas à croire que le tournoi était fini. » Victoria Azarenka, vainqueur de son premier tournoi du Grand Chelem en Australie et nouvelle numéro 1 mondiale

Pâques

STAGES

de

du 8 avril au 5 mai

Été

STAGES d’ du 1er juillet au 25 août

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«Au final, le chemin vers la victoire est aussi important que la victoire en soit. Et il faut se méfier du succès : tout le monde le souhaite, le désire, mais il est très pernicieux, c’est un truc de fou.» Sam Sumyk, notre coach, parrain de GrandChelem depuis la première heure

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dulité d’une championne, puis une vraie domination tactique et physique et un duel homérique, infini : les passionnés que nous sommes ont vécu un week-end austral assez « unbelievable ». Une nouvelle ère chez les Dames, une domination sans partage côté masculin, avec un Nole toujours au sommet de son art. L’art du combat, sans rémission, et la volonté de prononcer le mot « victoire » dans toutes les langues, sur tous

Jean-François Caujolle, notre rédacteur en chef,

Langues

Azarenka, face à Maria Sharapova, pour entrer dans

Nadal, pour l’écrire. Un match à sens unique, l’incré-

les continents, à l’issue de chacun des quatre tournois

qui fête la 20ème édition de son Open 13, à Marseille

Tournois

auspices, avec deux finales de choix. Celle de Vika

l’Histoire ; et celle de Novak Djokovic, devant Rafael

«Chaque année, je fais de vrais paris pour le casting, mais aussi pour la mise en scène. J’aime bien cette idée de spectacle ; d’ailleurs, c’est ce que j’ai fait à Bercy pendant cinq ans.»

Formules

Difficile de commencer l’année sous de meilleurs

du Grand Chelem, ou presque. Un chemin qu’aimerait suivre la nouvelle numéro un mondiale, la protégée de Sam Sumyk, qui a finalement signé un incroyable doublé – titre et number one –, presque par surprise, sauf

«J’ai toujours été très fidèle à ma marque et je pense aussi que, lorsqu’on se sent bien avec un modèle, il faut privilégier cette piste, plutôt que signer un gros contrat et perdre des sensations.» Nathalie Tauziat, finaliste de Wimbledon en 1998

pour ceux qui suivent de près ses progrès accomplis depuis deux ans. Multipliez ce chiffre par dix et vous comprendrez pourquoi nous avons décidé de donner les rênes de ce numéro 26 à Jean-François Caujolle, Directeur de l’Open 13, qui organisera la 20ème édition de son tournoi. Cet anniversaire méritait logiquement un gros plan, puisque tous les grands sont passés par le Palais des Sports de Marseille. La rédaction

Diffusion : 40 000 exemplaires dans 800 points en France - Liste des points disponibles sur www.welovetennis.fr - GrandChelem, le magazine gratuit 100% tennis - Fondateur et Directeur de la Rédaction : Laurent Trupiano (laurent.trupiano@grandchelem.fr) - Création artistique et mise en page : Séverine Hébrard (SBDesign – Studio Graphique. www.sbdesign.pro) Conseiller Editorial : Rémi Capber (remi.capber@ grandchelem.fr) - Rédacteurs : Gwendoline Cordeliers, Pauline Dahlem, Vincent Grethen, Audrey Riou - Site internet : http://www.welovetennnis.fr Responsable E-Commerce : Audrey Riou (audrey.riou@grandchelem.fr) - GrandChelem est édité par la société Convergence Media, 8 rue Joseph Cugnot, 38300 Bourgoin-Jallieu - Rédaction et publicité : 0427442630 – Régie : Offensive Communication (FrédériC Sebbane - 0614420241)

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www.isptennisacademy.fr Contact : Julien Bercovici • +33 (0)6 60 71 06 71 • jbercovici@ispacademies.com

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Open petitsd’Australie potins 2012

Open d’Australie 2012

Novak Djokovic,

l’Histoire a du sens

Victoria Azarenka,

le sens de l’histoire

Il y a quelques mois, la Rédaction sortait « Grand Chelem, mon amour », un livre retraçant 40 matches de 2001 à 2011. 40 matches qui racontent, selon nous, la légende d’une ère de jeu exceptionnelle. La finale de l’US Open 2011 a marqué un tournant dans le tennis du XXIème siècle, clôturant cette période bénie, pour en ouvrir une autre, inconnue. Cinq mois plus tard, après une fin de saison haletante et quelques belles agapes, l’ouverture en Grand Chelem de l’année 2012 nous a écrit un chapitre de choix dans le long roman du tennis d’aujourd’hui, d’hier et de demain.

Première finale d’un tournoi du Grand Chelem, première victoire et, cerise sur le gâteau, la place de numéro un mondiale. Après s’être également imposée à Sydney, Victoria Azarenka a plus que réussi son début de saison. La protégée de Sam Sumyk confirme les progrès accomplis depuis que notre Breton préféré l’a prise sous son aile. Ce succès marque aussi le début d’une nouvelle ère pour le tennis féminin.

Rafael Nadal et Novak Djokovic ont lutté près de six heures durant, parfois chancelants et jusqu’à tituber, mais avec une constance inouïe dans la hargne et la volonté de remporter, non plus le match, mais le point, le point suivant, juste le point suivant, comme chaque coup de piolet rapproche l’alpiniste du sommet désiré – et « désir » n’est pas juste, il s’agit de « besoin », d’un besoin de victoire, du besoin de marquer tant ce point, que l’Histoire, d’un besoin absolument irrationnel et irrationnellement absolu. Et, pourtant, ce match questionne : l’ère nouvelle qu’il annonce doit-elle être celle du physique et des doutes, celle du tennis-athlétisme, aux athlètes plutôt que de joueurs ? Quelle place accorder à ce combat de boxe, où le coup droit est uppercut au foie et le revers est un crochet du gauche, dans le panthéon de nos matches de légende et la galerie de « Grand Chelem, mon amour » ?

n avait déjà senti un vent de révolte à Wimbledon, l’année dernière, avec la victoire de Petra Kvitova, rookie à ce niveau. Un vent très vite étouffé par la surprenante victoire de Samantha Stosur en finale de l’US Open, face à l’inamovible Serena Williams. Inamovible et usée. Usée par ce sport qu’elle avoue ne pas aimer autant que l’on peut le penser. Cette déclaration de l’Américaine est presque passée inaperçue, tant Serena s’est faite étoile filante du circuit féminin. Etoile filante, mais une étoile éteinte dès le troisième tour de l’Open d’Australie 2012, par Ekaterina Marakova. Avec un peu de recul, on peut se risquer à dire que l’avènement de Victoria Azarenka marque la fin définitive d’une page, débutant un tout nouveau chapitre dans le roman du tennis féminin. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’Azarenka et ses consœurs ont faim. Faim de titres, faim d’émotions, faim de reconnaissance, pour la fin d’une époque.

Monolithique ?...

… ou exaltant ?

La question mérite d’être posée. Le temps et la durée sont une chose, la qualité en est une autre, bien distincte, qui ne permet pas de jauger de manière similaire – par exemple – les confrontations londoniennes Isner-Mahut et Federer-Nadal. Deux premiers sets moyens pour débuter les hostilités en ce dimanche aussie, mais un final grandiose et un retournement bluffant dans la quatrième manche. Le suspens se fait cache des défaillances dans ce type de rencontres. 140 fautes directes, sur 369 points joués, soit 38% d’erreurs non provoquées, pour 101 coups gagnants. Un ratio moins performant que celui de la demi-finale entre Rafael Nadal et Roger Federer, d’un niveau correct, mais assez loin des sommets ; moins performant, également, que la demie de l’US Open entre Djokovic et Federer, qui avait vu 7% de fautes directes en moins. Ce ne sont que des chiffres, mais ceux-ci soufflent, parfois, le voile brumeux et trompeur du suspens et de l’émotion. Autre point soulevé par les détracteurs de cette finale : la variété, la diversité, la recherche du coup juste et le plaisir du jeu. 50 montées au filet cumulées pour les deux joueurs ou une moyenne d’une volée jouée tous les dix échanges. Vache maigre pour les amoureux du tennis à l’ancienne, où l’on tente de tuer avant de voir mourir, où l’on cherche à gagner par toutes les solutions. Du fond de court, des angles et des courses, voilà tout ; les qualités défensives des deux joueurs sont mises en exergue durant six heures de match, plutôt que leur capacité à déborder en deux coups de raquette. C’est ce travail monolithique qui fait basculer le tennis dans le challenge physique et non plus dans le jeu, lors même que ce sport joue très justement de l’équilibre entre les deux.

A tous ces détracteurs qui affirment « Ce n’est pas du tennis ! », que peut-on rétorquer ? Deux raquettes, une balle, un filet et des lignes. Voilà le tennis. Peut-être sont-ce ces mêmes qui clament, sans vergogne, qu’un match entre Ivo Karlovic et John Isner est une parodie – trop grands, trop d’aces, trop de services, trop de tout et trop peu. Le service, l’engagement, ou la base de tout échange – un joueur sans service, comme un boulanger qui ne saurait faire sa pâte, non ?… Deux raquettes, une balle, un filet et des lignes. A ce dernier titre, la profondeur de jeu et la géométrie qu’ont montrées et Novak Djokovic, et Rafael Nadal, témoignent de qualités physiques assez ahurissantes, de qualités techniques assez exceptionnelles. « Exceptionnelles » ou « extra-ordinaire », c’est ainsi que l’on peut qualifier cette finale de l’Open d’Australie 2012. Une finale, en effet, bien loin d’être ordinaire : 5h53 d’efforts surhumains, Nadal qui tombe à genoux à l’issue de la quatrième manche et Djoko qui s’écroule sur la balle de match. Ce revers de Rafa, à 4-2 30-15, qu’on imagine dedans neuf fois sur dix, le scénario du « fourth set » et celui du cinquième… Les deux champions à qui l’on apporte une chaise au cours de la cérémonie et les mots de Nadal, qui décrivent parfaitement la rencontre (voir ci-dessous) : « C’était de la bonne souffrance. Et j’aime souffrir. » Ce qui fait un grand match, c’est encore cette collusion public-joueurs, cette empathie du premier et la capacité des seconds à étendre leurs émotions, leurs désirs, leur amour à ces millions de personnes qui les regardent lutter. Un grand match. La finale de l’Open d’Australie 2012, ou le premier match de « Grand Chelem, mon amour – 2011-2021, une décennie de légende. »

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Directe, franche et plutôt simple, Victoria est une bosseuse. Une vraie. « Je ne sais pas où se situent ses limites, mais je sais que pour parvenir à tout ça, on a beaucoup travaillé. » Sam Sumyk, son entraîneur, n’en rajoute jamais. Son credo reste toujours le même : savoir s’entourer et mettre le physique au centre des débats. Car Vika est véloce, droite, rapide, motivée. Sa frappe se fait lourde et son sens tactique s’affine et s’affinera tout au long de sa carrière. A Melbourne, face à Maria Sharapova, on peut juste constater les dégâts et être admiratif devant tant d’abnégation et de précision – malgré un début de match raté. Et l’hommage rendu par sa grande sœur, Maria, finaliste, en dit long sur le chemin parcouru par la Biélorusse. « Elle a tout mieux fait que moi, aujourd’hui. J’ai réussi deux bons premiers jeux et c’est tout. Ensuite, elle était celle qui attaquait la balle en premier, qui la frappait fort et profonde. J’étais toujours celle qui courait de partout comme un

lapin, essayant de s’accrocher en permanence. Elle était bien plus rapide. De toute façon, elle s’est toujours très bien déplacée sur le court par le passé. Mais, aujourd’hui, elle me semble plus constante. Elle est capable de tuer un point comme de vous faire jouer. Elle crée. Elle crée, de l’attaque à la défense. C’est très important et elle s’est énormément améliorée sur ce plan. » Créer du jeu, varier et rester bien ancrée sur ses points forts : Victoria Azarenka, c’est l’idée d’un tennis total ou quand le corps va, tout va. On l’a disait friable mentalement, elle n’a jamais tremblé, sauf en demi-finale, face à Kim Clijsters. « Mon bras pesait 400 kilos », avoue, tranquillement, Victoria, après ce succès. L’un des plus importants à ses yeux. « Battre Kim, qui est une référence, en demi-finale, à l’Open d’Australie, alors qu’elle est tenante du titre et que c’est la dernière fois qu’elle joue ici… Ce n’est pas rien ! » Déclic ? On ne le saura pas. En revanche, ce qu’on prévoit, c’est que Victoria

ne va pas s’arrêter là. Qu’envisage-t-elle de faire, désormais ? Réponse avec le sourire : « D’abord une douche au champagne. » Voilà une fille pour qui faire la fête n’est pas un vain mot ! « Elle aime la vie et possède une énergie débordante », explique toujours Sam. La catalyser pour en tirer la quintessence, telle est l’alchimie réussie par le Français. Une aubaine, pour un circuit féminin en mal de joueuses charismatiques. Finie la problématique liée à Caroline Wozniacki, finie l’idée d’un tennis féminin monolithique… Place au spectacle, à l’émotion et aux sourires. Il était temps !

Laurent Trupiano

Remi Capber

L’œil de Rafael Nadal

« Vous regardez autour de vous et vous voyez, de temps en temps, l’horloge… Cinq heures, quatre heures, trois heures, finalement cinq heures trente. C’était comme si ça n’allait jamais finir. Mais c’est beau d’être ici, à combattre, cette façon de repousser ses limites. C’est quelque chose que j’apprécie. J’ai toujours dit que c’était de la bonne souffrance. Et j’aime souffrir. Quand on est en forme, qu’on a la passion du jeu, qu’on est prêt à jouer, on doit être capable de souffrir et d’y prendre du plaisir. Je ne sais pas si je m’exprime bien, mais c’est quelque chose que vous comprenez peut-être. J’ai eu ce sentiment cette nuit et c’était vraiment bon. Aujourd’hui, j’ai aimé cette souffrance et toutes les douleurs qu’elle m’a causées. J’ai essayé de trouver des solutions tout le temps. J’ai joué avec beaucoup de cœur. J’ai joué avec ma tête et c’est juste bien d’être capable de faire ça au-delà du tennis. […] La manière dont Novak Djokovic retourne est quelque chose d’incroyable. Son retour est certainement l’un des meilleurs de l’Histoire. C’est mon avis. Je n’ai jamais joué contre un joueur capable de retourner comme il le fait lui quasi tout le temps. C’est vrai que j’ai fait une grosse erreur à 30-15 (4-2 30-1 Nadal, sur un passing de revers très facile), mais ce n’est pas le moment d’y penser. C’est un petit grain de sable dans un match de six heures. Il faut oublier ça, sachant que j’ai eu de vraies chances de remporter le titre et de gagner contre un joueur face à qui j’avais perdu six fois l’année dernière. L’année dernière, je n’étais jamais parvenu à le mettre dans cette situation et c’est un point très positif. En 2011, j’avais tous ces problèmes de mental. Aujourd’hui, je ne les ai pas eus. J’ai joué dans des conditions normales face à lui. C’est un autre point positif. Je n’ai probablement jamais autant dit de choses positives après une défaite ! (Rires) […] A présent, Novak Djokovic est le meilleur joueur du monde. Il fait partie de l’Histoire avec ce cinquième titre du Grand Chelem et cette place de numéro un mondial. On va voir ce qu’il va se passer par la suite. »

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L’œil de Julien Jeanpierre Julien Jeanpierre a participé activement à la préparation de Victoria Azarenka cet hiver. Aujourd’hui coach d’Arnaud Clément, il nous résume cette aventure particulière et évoque le mode de fonctionnement du team Azarenka, avec Sam Sumyk aux commandes. « En fait, ça s’est passé très vite. Sam cherchait un sparring-partner, j’étais prêt, j’y suis allé. J’ai donc passé 15 jours avec eux, à Dubaï. C’était le sprint final avant le début de saison. Je ne connaissais pas Sam, ni son team, mais tout s’est formidablement bien passé. Il n’y avait pas

de tension. On travaillait dur, mais toujours dans une ambiance positive. J’ai été surpris par la qualité de la balle de Victoria et jamais je n’ai pu descendre d’un cran physiquement, j’ai toujours été à fond. Ce qui m’a étonné, c’est aussi de voir comme j’ai été intégré, totalement ; je n’étais pas simplement celui qui tapait dans la balle. Au contraire, on me demandait mon avis et ça a été très enrichissant. Lors du débrief final, Sam m’a avoué qu’il sentait sa joueuse prête, mais qu’il restait une inconnue : sa capacité à enchaîner des gros matches à la suite. Hormis ce point précis, je les ai sentis très solides et travailler aussi dur avec autant de convivialité, c’est un vrai exploit. C’est pareil pour Victoria. Vue de loin, elle paraît un peu hautaine, mais, en fait, ce n’est pas du tout le cas. Bien au contraire. Pour moi, ça a été un vrai bonheur ! Inutile que quand j’ai lu les remerciements de Sam (NDLR : dans une interview de lequipe.fr), ça m’a fait chaud au cœur. Je vais me souvenir longtemps de tout ça, mais également du set décisif que j’ai perdu à l’entraînement face à celle qui allait devenir la future numéro un mondiale. » G R A N D C H E L E M - maga z i ne d ’ i n f o rma t i o n s G R A T U IT s ur le t enn i s - t r i me s t r i el - F É V R I E R - M A R S 2 0 1 2

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Open d’Australie 2012

Rendre hommage est un exercice difficile – et faut-il vraiment le faire ? A GrandChelem, on s’est forcément posé la question, puisque Sam Sumyk, notre parrain de la première heure, est devenu le troisième coach français de l’Histoire à remporter un tournoi du Grand Chelem ce samedi 28 janvier 2012. Son parcours confirme que, dans le sport plus qu’ailleurs, les compétences peuvent remplacer une batterie de diplômes. Parti de sa Bretagne natale avec son baluchon, ses idées et sa folle passion pour la petite balle jaune, avant de gravir, peu à peu, le sommet du tennis mondial : voilà une trajectoire qui mérite quelques explications.

D

ans le monde des coaches, il y a les coaches… et il y a Sam Sumyk. Jamais pressé, jamais hautain, jamais prétentieux. Un mec cool, amoureux de son métier et amoureux de l’autre. Dans le player’s lounge, il y a ceux qui traînent et se font voir – et il y a Sam Sumyk, qui y passe quelques secondes, voire une petite minute, pour ne pas « perdre son temps ». Dans les boxes, il y a les stars et ceux qui se font discrets – et il y a Sam Sumyk, avec son tee-shirt et le message pour son premier professeur de tennis, un Gallois qui possédait un court en gazon. Voilà, en quelques mots, résumée l’approche très personnelle de ce Breton au cœur tendre. Un cœur tendre et l’œil juste – la parole est au Maître : « En Bretagne, peu de mots, que des maux... ‘Faut bosser, se taire, s’endurcir. Sinon, pas d’existence sur cette terre. Jouer au tennis sur un dolmen n’est pas un exercice facile. Comment résumer mes aventures ? Avec, d’abord, un peu de

chance, un zeste d’opportunisme, la volonté de devenir entraîneur. » Entraîneur, coach, appelez ça comme vous le voulez, Sam, lui, a sa définition. Encore une fois, c’est la sienne, il faut vous y faire : « On peut tous être meneurs d’hommes. On peut tous encourager, être très positifs, mais brutaux, également, quand il faut distribuer des cartons jaunes ou rouges à son athlète. » Une version que confirme avec soin sa protégée. « Quelques fois, Sam ne mâche pas ses mots… » explique Victoria. Et les mots, malgré une certaine timidité, Sam les manie avec soin, ça fait partie de son arsenal. Car communiquer, c’est sa ligne directrice, mais pas n’importe comment, ni n’importe quand. On se souvient avec effroi sa trogne dans le sous-sol du Suzanne Lenglen, à Roland Garros 2010, quand Vika avait vécu un gros trou d’air face à la sculpturale Gisela Dulko. Là, plus un mot, un grand silence, comme une sanction, et deux semaines de vide et de questionnements.

Malgré la déception, malgré les déceptions, il faut savoir repartir et, surtout, rester libre. « Je suis soucieux d’aimer mes proches, de respecter et de conserver mes potes, de travailler honnêtement et scrupuleusement auprès de mes joueuses dans cette douce et juste harmonie. Le tout, avec peu de rigueur, sans jamais imposer. Le libre choix et l’esprit libre. » Et, pour y parvenir, il faut que le contrat soit clair avec sa championne. Or, avec Vika, clair, tout l’est, puisque c’est elle qui paie la facture. « Cette situation n’est pas évidente à gérer, sauf quand l’athlète est intelligent. » Mettre le savoir au centre des discussions, toujours rechercher des solutions, aller à la rencontre de tout ceux qui ont fait l’histoire de ce sport… La quête de ce marin est infinie. « J’aime entraîner, partir d’une feuille blanche et faire progresser. » Un credo mis en œuvre dès sa prise de fonction avec la joueuse biélorusse, en 2010. Depuis, tous deux – ou, plutôt, tout le team (NDLR : Jean-

Jean-Pierre Bruyere, ostéopathe, et Mike Guevarra, préparateur physique –, a fait du chemin, atteignant le fameux Graal, cette victoire en Grand Chelem. « Au final, le chemin vers la victoire est aussi important que la victoire en soit. Et il faut se méfier du succès : tout le monde le souhaite, le désire, mais il est très pernicieux, c’est un truc de fou. C’est pour ça que, de temps en temps, on a du mal à s’endormir et qu’on boit un peu de bon pinard. (Rires) » Rester humble, voilà la dure réalité du druide Sumyk. Et, on le sait, le druide ne dévoile jamais la recette de sa potion magique… ou si peu. « Je n’ai pas de recettes particulières pour réussir, fussentelles issues de ma bretonne attitude aiguë ! Non, simplement, j’ai foi en ce que je fais. » Beaj vat, Sam ! Laurent Trupiano

L’œil de Ronan Lafaix, ex-coach de Stéphane Robert (61ème en 2010) « Oser, être différent, croire en soi, chercher, se poser des questions et, surtout, travailler sur l’humain en premier. Azarenka explique, notamment, que Sam lui a appris à maîtriser ses émotions ; je ne suis pas étonné et son succès est tout à fait mérité. Pour moi, Sam est le plus grand coach français, c’est évident. A chaque fois que j’ai pu m’entretenir avec lui, quand j’étais encore sur le circuit, je sentais qu’il était toujours dans une quête, une recherche permanente. Ses résultats ne sont pas le fruit d’un hasard, car c’est un bosseur, comme tout son team. Il a su garder une forme de liberté dans son action et c’est essentiel dans ce job. Ce qu’il y a de plus symbolique, c’est que Sam a passé l’océan pour réussir. Il est allé s’exporter, il est devenu un citoyen du monde. Les Tricolores qui ont ce parcours sont justes des extraterrestres. Je ne peux qu’être admiratif, même si je pense que c’est loin d’être fini ! »

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© 2012 Wilson Sporting Goods Co.

SAM SUMYK De Quiberon à Melbourne….

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Sur cette photo, un jou eur pro du tour a claire ment été identifié entra raquette avec tant d’e in d’utiliser la raquette ffets et de puissance qu Wilson Steam - la fam i pourrait être interdite tionale de Tennis le so euse des terrains de tennis. upçonne également de La Cours de Justice Intern comploter afin de domi que jouer contre Kei Nis aner l’Australian Open et hikori pourrait s’avérer Davis Cup. Soyez inform dangereux. Vérifiez pa és r vous même la preuve sur WilsonTennisCourt .com

Est-ce que la nouvelle raquette Wilson Steam est légale ? Utilisez votre téléphone afin d’ê tre le juge.


Open d’Australie 2012 Je L’Australie, vue par

LE BUZZOMETRE

L’Open d’Australie, c’est un tournoi un peu fou, au pays des kangourous et des aborigènes, le premier du Grand Chelem et le dernier de la tournée australe : un cocktail explosif qui a créé quelques situations rocambolesques au travers des ans – on se souvient encore des vannes de Caroline Wozniacki en 2011… 2012 n’a pas échappé à la règle et les deux semaines de matches ont été marquées par des pétages de plomb et autres improbables actions en tous genres. Petit retour sur notre top 6 du buzz, façon Melbourne, avec notre buzzomètre de l’Open d’Australie.

A ust ral ie à , on jou ait l’Open d’ s 70. A cet te épo que née , comme an ais les s orm dan Dés . allé «J’y sui s joueurs européens et il y ava it peu de endrie r, je ne peu x cal du eau Ko oyo ng , sur gazon, niv au ent près de cet évènem up dan s le ten nis . l’Open 13 est sit ué rep rés ente beauco r mo i, l’A ust ral ie, ça Pou . dre Ne wc om be, Sto lle, de ren s m’y pay le pas déb uté ma car rière, j’ai nd qua e ud là-bas ... J’a i cqu cha Me s ici, trè C’étai t la l’an née , il fai t fro id de ut déb le able (NDLR : si roy aus Laver.. . C’e st com plètement inc i-fin ale Safin-Fede rer s fac e à Ka rol pra Sam e Pet de le sou ven ir d’u ne dem le match rément un sty le dif férent, en 2005) et, dan s . Ma lade, il ava it car -8 au cinquième set 10 te por l’em e Pet Kucera. » vom i sur le cou rt !

1. Berdych-Almagro le clash

4. Alizé Cornet frôle la disqualification

Dimanche 22 janvier - 5h03 (heure de Paris) Lu 20 000 fois sur Welovetennis.fr Vu 90 000 fois sur YouTube

Mardi 17 janvier - 11h10 (heure de Paris) Lu 6500 fois sur Welovetennis.fr Vu 9000 fois sur YouTube

Alizé Cornet n’est pas réputée pour l’exemplarité de son attitude sur un court de tennis. Cette image ne s’est malheureusement pas arrangée lors de son premier tour, à Melbourne. Sanctionnée par une juge de ligne pour une faute de pied donnant balle de break à son adversaire, au milieu d’un troisième set extrêmement disputé, la Niçoise perd complètement son self-control. Elle se prend le visage dans les mains, râle, peste, pleurniche... Puis balance le jeu. Et derrière ? Alizé pète un plomb, sort la balle de sa poche, arme sa raquette, vise la juge de ligne et... se ravise, au dernier moment. Si la Française était allée au bout de son intention, la disqualification aurait été immédiatement prononcée. C’était moins une...

5. Wawrinka, la main baladeuse

2. David Nalbandian, viento loco Mercredi 18 janvier - 5h37 (heure de Paris) Lu 16 000 fois sur Welovetennis.fr Vu 130 000 fois sur YouTube « Que veulent les arbitres ? Avoir leur photo dans le journal ? » Cette phrase, signée David Nalbandian, traduit bien la rage qu’a ressentie l’Argentin à l’encontre de l’arbitre de chaise, après sa défaite 10-8 au cinquième set face à John Isner. Et pour cause... A 8-8 dans cette manche décisive, David obtient une troisième balle de break sur le service adverse. L’Américain la sauve par un ace, d’abord annoncé faute, puis finalement donné gagnant par Kader Nouni, arbitre de la rencontre. Nalbandian réfléchit, marche un peu, puis demande la vidéo. Mais Nouni refuse : « C’est trop tard, il fallait challenger plus tôt. » Bouillonnant de rage, l’Argentin convoque le superviseur, se plaint, s’énerve, négocie... Et perd le match deux jeux plus tard. En conférence de presse, Nalby règle ses comptes avec l’ami Kader. « Franchement, je ne comprends pas ce qui lui a pris. Il m’a dit : « Trop tard ! » alors qu’on voit des joueurs prendre un temps fou avant de demander le challenge. Qui peut être assez stupide pour faire ça à ce moment du match ? » John McEnroe, que l’on sait grand copain du corps arbitral, enfonce le clou : « C’est une injustice totale et absolue. Cet arbitre est idiot et devrait être banni à vie. Ou au moins prendre un an de suspension. » C’est dit.

3. Quand Marcos pète un plomb... Mercredi 18 janvier - 11h12 (heure de Paris) Lu 12 400 fois sur Welovetennis.fr Vu 560 000 fois sur YouTube Si cet Open d’Australie ne marquera pas la carrière de Marcos Baghdatis d’un point de vue sportif, le Chypriote n’en restera pas moins l’une des grandes stars de la quinzaine. Et pour cause ! Terriblement frustré par son pauvre niveau de jeu lors de son deuxième tour contre Stanislas Wawrinka, le bon Marcos trouve un moyen radical de se calmer. Il commence par fracasser – et avec la manière ! –, son instrument de travail. Puis s’assoit, réfléchit, se calme... Et recommence ! Et une, et deux, et trois autres raquettes explosées plus tard, Baghdatis reprend la partie. Bilan de sa journée : une défaite précoce, une gamme de raquettes brisées, un record de vues sur YouTube et... 800$ d’amende.

le.

ef Notre rédac ch

DE L’OPEN D’AUSTRALIE

C’est l’histoire d’un petit match entre amis, disputé dans la chaleur d’un dimanche après-midi. On commence paisiblement, on s’observe, on frappe, on se tire la bourre. Peu à peu, la tension monte. L’enjeu d’une qualification pour les quarts de finale de l’Open d’Australie rattrape les deux joueurs. Et puis ? Le clash. Pris pour cible par Nicolas Almagro alors qu’il avait manqué son approche au filet, Tomas Berdych plonge pour éviter la balle. Touché au bras, malgré tout. Il se relève, se retourne et ignore son adversaire qui s’excuse au filet. Le match se termine dans un climat tendu, le Tchèque refusant de serrer la main de son vaincu. Le public siffle copieusement son attitude. Et la polémique enflamme Melbourne Park. « C’était un simple fait de jeu ! » jugent certains. « Berdych n’a juste pas été correct ! » « Foutaises ! » répond celui-ci. « Almagro avait tout le terrain pour me passer et m’a délibérément visé. S’excuser comme il l’a fait ne suffit pas. Il fallait réfléchir avant d’agir. C’est tout ». Ambiance...

an-Françoi s Cauj ol

Mercredi 18 janvier - 11h24 (heure de Paris) Lu 2500 fois sur Welovetennis.fr Vu 3000 fois sur YouTube Mais dis donc, Stanislas ! Merci de garder tes distances avec ces damoiselles juges de ligne ! Vous ne l’avez peut-être pas vu, mais Stanislas Wawrinka a été repéré en flagrant délit de candide tripotage… Face à Marcos Baghdatis, au deuxième tour, il s’est laissé aller à quelque innocente palpation, prenant pour cible une juge de ligne, au fond du court. Le bougre pensait certainement que son petit geste technique, certes très bien masqué par un simulacre de rééquilibrage après un léger trébuchement, passerait inaperçu dans les tribunes survoltées de Melbourne Park. Eh bien non ! Sitôt la rencontre terminée, le jeu de mains du Suisse a été décortiqué par de multiples ralentis via des images qui ont immédiatement fait le tour de la toile. Dommage Stan, c’était quand même bien joué !

6. Monfils, une maxiballe qui coûte cher Samedi 21 janvier 2012 - 10h41 (heure de Paris) Lu 1600 fois sur Welovetennis.fr Vu 2000 fois sur YouTube Gaël Monfils n’avait pas besoin de ça. Revenu dans un match au scénario fou-fou-fou face à Mikhail Kukushkin, au troisième tour de cet Open d’Australie, le Français semblait bien parti pour réussir un come-back quasi-miraculeux. Car mené deux sets-zéro par un adversaire survolté, la Monf’ avait réussi à revenir dans la partie, poussant Kukushkin au cinquième. Mais à 5-4, dans l’ultime manche, alors que Gaël sert pour rester dans la rencontre, c’est l’incident. Remise en contexte : le public de la Margaret Court Arena de Melbourne est en ébullition. Le suspense est maximal, la tension à son comble. Monfils mène 30-15 sur son jeu de service et claque sa première balle. Et puis ? Le jeu s’arrête, la faute à une maxiballe tombée sur le court au beau milieu de l’échange. Petit détail sans conséquence, à première vue. Sauf que Gaël, déconcentré, enchaîne par une double faute et de vilaines erreurs. La suite, on la connait : Monfils quitte cet Open d’Australie dès le troisième tour, tristement battu par le 92ème joueur mondial. Ou comment un incident mineur peut faire basculer votre sort…

Le Juice Power

L’histoire de Victoria Azarenka et de sa nouvelle raquette, la Wilson Juice, n’est pas banale sur le circuit. Explications de Sam Sumyk, coach de la Biélorusse : « En fait, elle a été approchée par Wilson, car elle était en fin de contrat. Elle a essayé plusieurs cadres ; la Juice lui a plu. On a demandé quelques modifications pour qu’elle soit tout à fait adaptée à son jeu. » Une procédure plutôt classique, en somme. Là où l’aventure devient spéciale, c’est qu’après l’avoir adoptée depuis tout juste un mois, Victoria Azarenka triomphe par deux fois avec la Juice en remportant le tournoi de Sydney et son premier Grand Chelem, avec, à la clé, la place de numéro un mondiale et 12 matches d’invincibilité. On ne peut rêver mieux comme lancement d’un nouveau modèle pour Wilson. « En fait, je l’ai essayée, je l’ai aimée. Elle me donne plus de puissance, de contrôle, même si la raquette magique n’existe pas ! » a expliqué Victoria en conférence de presse, à l’issue de sa victoire face à Maria Sharapova. « Magique », peut-être pas, mais efficace, oui, car il est plutôt rare qu’à ce niveau une championne change d’instrument et obtienne, si vite, des résultats probants. C’est sûrement le Juice Power !

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La

TennisBOX

s’invite au TC La Châtaigneraie Lancé en novembre 2011, le concept TennisBOX, permettant aux joueurs amateurs de partager un moment de tennis avec un ex-pro ou un coach du circuit professionnel, connait un beau succès. Cette initiative originale a déjà séduit de nombreux passionnés dont le rêve est de tutoyer le haut-niveau. Un rêve qu’Alexis, actuellement 15/1, a vécu à fond. Grâce à sa TennisBOX, il a partagé deux heures de jeu en compagnie de Thierry Ascione, ex-81ème mondial, sur les mythiques courts du Tennis Club de la Châtaigneraie. Témoignages.

« C’était énorme ! Franchement, un concept génial. C’est sûr, ça change des entraînements habituels. Au bout de cinq minutes de jeu, j’étais en nage. Normalement, je ne me fatigue pas rapidement. C’est même mon point fort, le physique. Mais là, la cadence était tellement élevée... Quand Thierry s’est amusé à m’envoyer quelques pétards, j’ai tout de suite compris ce que pouvait être le haut-niveau. J’ai profité de cette expérience pour bien travailler mon revers. On a fait de bonnes séquences. Thierry m’a donné deux-trois petits trucs qui vont vraiment me servir. Maintenant, il faut juste que j’apprenne à respirer. Je crois bien que j’ai passé la moitié de la TennisBOX en apnée ! (Rires) »

« La TennisBOX, c’est un concept que j’adore. On n’est pas dans une séance d’entraînement classique. On ne se prend pas au sérieux, mais, en même temps, je joue à fond le jeu. Je pense que je donne des conseils dont les joueurs pourront profiter. Moi, ce qui me fait plaisir, c’est de voir un mec super content de jouer et c’est assez rare de nos jours pour être noté. (...) En ce qui concerne Alexis, il m’a pas mal impressionné. Il est 15/1, mais on sent bien qu’il n’est pas loin de la seconde série. Il m’a un peu usé… Je pense que cette TennisBOX m’a fait perdre un petit kilo ! (Rires) »

Toutes les TennisBOX sont sur

Thierry Ascione, ex-81ème mondial

Alexis, 15/1, après avoir utilisé sa TennisBOX Player

Zoom sur le club hôte : le Tennis Club de la Châtaigneraie (92) Club mythique, de l’ouest parisien, le Tennis Club de la Châtaigneraie accueille la TennisBOX Player de Thierry Ascione. Le club a peu à peu fait peau neuve depuis la venue de Georges Brasero. Ce Franco-argentin au CV tennistique très fourni a repris depuis huit ans ce club, qui a la réputation de proposer l’une des plus belles terres battues de la région parisienne. Rencontre. Aujourd’hui, tu nous reçois dans ton club, le Tennis Club de la Châtaigneraie, pour la TennisBOX de Thierry Ascione. Mais, avant ça, tu as eu une autre vie dans le tennis... C’est vrai. Je suis dans le monde du tennis depuis un petit moment. J’ai été agent de joueurs pour une entreprise anglaise. Je me suis occupé de nombreux pros, comme Mariano Puerta, Gaston Gaudio ou Paul-Henri Mathieu. Je faisais l’intermédiaire avec leurs sponsors, je les conseillais dans leurs placements financiers, je les aidais au jour le jour... J’ai gardé de très bons liens d’amitié avec eux. J’aime ce milieu, il m’a tout donné et je veux lui apporter aussi. J’ai, d’ailleurs, ouvert la Masia Tennis Academy*, à Valence, avec mon ami, David Sanchez (ex41ème mondial). Un endroit de rêve, entièrement consacré au tennis. C’est ouvert à tous, du moment que vous voulez progresser. Beaucoup de joueurs et de personnes célèbres viennent jouer ici. Qu’est ce qui fait de la Châtaigneraie un endroit si attractif ? C’est vrai qu’on en voit tous les jours sur nos courts. Les joueurs et les célébrités viennent ici parce que nous sommes très discrets. Le club est familial, sans chichis. Cette année, par exemple, on a eu la belle surprise d’accueillir John Travolta. Il a été d’une simplicité désar-

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mante. Le cadre très « vieille France » du club plaît beaucoup. Et puis, la qualité de notre terre battue est reconnue pour être exceptionnelle. Enfin, nous sommes à seulement 13 minutes de Roland Garros. La plupart des adhérents des grands clubs parisiens (Stade français, Racing Club de France, Tennis Club de Paris) louent régulièrement nos courts couverts. C’est un formidable terrain d’entraînement pour les plus grands joueurs. On a déjà reçu Roger Federer ou Rafael Nadal... Je me rappelle, notamment, de ce 28 mai 2008 : il pleut sur Roland Garros, nos courts sont réquisitionnés. Sur le premier, Maria Sharapova, celui d’à côté, Marat Safin, puis, en enfilade, James Blake, Rafael Nadal, David Ferrer... Un jour exceptionnel ! Nos adhérents, en véritables connaisseurs, étaient aux anges.

des tournois. Désormais, on en organise trois par an. Je tiens aussi à dire que nous sommes un club totalement privé et, de ce fait, ouvert à tous. Si vous voulez venir jouer sur nos terres battues, toute l’équipe de la Châtaigneraie vous accueillera avec grand plaisir.

Le club a été considérablement modernisé. Quels sont tes objectifs ? On s’est appuyé sur l’architecture en bois en y ajoutant des éléments plus modernes. On voulait rester dans une forme d’élégance tout en dépoussiérant le style. Notre clientèle est plutôt haut de gamme. On se doit de répondre à leurs exigences. Nous avons donc internalisé un Pro-Shop entièrement équipé par Babolat, mis en place un système de cordage express... J’essaie de dynamiser encore plus le club avec

Pour toute information sur le TC de la Châtaigneraie : www.tennisclubdelachataigneraie.com

Découvrez la magnifique Masia Tennis Academy : http://www.masiatennisacademy.com

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GrandChelem France

GrandChelem France

notre rédac chef Jean-François Caujolle

Objectif

Roger Federer

de belles garanties. L’année où j’ai racheté, on a emprunté beaucoup d’argent et on a investi de manière presque irrationnelle en doublant ou triplant les garanties. Et ça a fonctionné. On a été récompensé par la victoire de Lendl la première édition, celle de Becker, puis, ensuite, la présence régulière de Kafelnikov. Mais Roger Federer est aussi venu quatre fois, Nadal a été présent, tout comme Djokovic, trois années de suite. Mis à part les Australiens et les Américains, on a eu tous les plus grands. On se rappelle qu’il y avait l’ambition de convaincre Federer pour cette année. C’était de l’info ou de l’intox ? De l’info ! D’ailleurs, j’en ai une autre, puisqu’on discute, désormais, avec lui pour la prochaine édition. En 2013, ce sont les 20 ans du tournoi

fameuse époque où la mafia russe avait un peu pris en otage les grandes stars du sport. Il perd au deuxième tour. Résultat : la saison suivante, il décide de s’inscrire sans garantie. Je trouve ça surprenant… mais Yevgeny vient me trouver et m’explique : il est ici pour remporter le titre et réparer les péripéties de l’année précédente. A l’époque, il est numéro deux mondial. Ca résume bien les relations qu’on peut avoir avec les joueurs, des relations axées sur la simplicité. Simplicité, s’il y a une garantie au bout… Aujourd’hui, c’est clair que ça devient très dur d’avoir un joueur dans les 30 premiers sans garantie. A Rotterdam, où le tournoi est assez gigantesque, avec le plus grand village d’Europe, et bien, cette année, Richard Krajicek a choisi de miser sur Roger Federer et Juan Martin Del Potro.

On a quand même l’impression que certains joueurs demandent beaucoup… Peut-être, mais je ne crois pas que ce soit trop. Maintenant, c’est sûr que je suis responsable d’un certain climat, car je suis celui qui paie le mieux. Il y a des tournois ATP 250 où le budget des garanties est limité à 300 000€. Moi, je suis plus proche de 700 000€ et ça ce sait. On est juste derrière Dubaï, Pékin ou Doha, à égalité avec Barcelone et Rotterdam. Mais encore loin de Halle... Cette année, là-bas, il y aura Djoko, Nadal et Federer ! Un chèque d’environ trois millions de dollars… L’économie d’un tournoi dépend beaucoup de la qualité des partenaires, non ? La qualité et la fidélité, oui. A l’Open 13, on a de la chance, avec la BNP, Sodexho, Onet et tous les

Entretien réalisé par Remi Capber et Laurent Trupiano

Jean-François Caujolle, Directeur de l’Open 13, de l’Open de Nice et de celui de Bruxelles, nous a reçus chez lui, à Marseille. Il nous a fait partager son univers improbable, entre franc-parler, références à Sénèque et quête du plaisir. Ce bonhomme très singulier et toujours un peu marginal nous a fait le plaisir d’être le Rédacteur en Chef de ce numéro de GrandChelem. Après cinq années passées à la tête de Bercy et à l’occasion de la 20ème édition de l’Open 13, il confie, dans nos colonnes, ses satisfactions et ses rêves de créateur hédoniste accompli.

Organiser la 20ème édition de ton tournoi, ça doit te faire quelque chose, non ? On pourrait en faire des tonnes, c’est vrai (rires), mais ce n’est pas dans ma philosophie et, à vrai dire, ça ne représente rien pour moi. Je ne suis pas marqué par la flèche du temps. Je ne suis pas passéiste, je vis dans l’instant présent. Ce qui n’empêche pas que beaucoup de choses se soient passées. Chaque édition est compliquée. Il y a des écueils de plus en plus élevés en fonction de la crise économique, du calendrier, des garanties données aux joueurs, de l’avènement des pays asiatiques et du Moyen-Orient qui mettent beaucoup plus de moyens. Quand tu as racheté le tournoi, quelle était ton ambition d’origine ? Plus que d’ambition, on va parler de philosophie. Et, cette philosophie, elle est tournée vers le plaisir. Me faire plaisir de façon naïve et prétentieuse, mais aussi faire plaisir aux autres, aux passionnés, aux Marseillais et à nos futurs partenaires. On arrive à faire tout ça avec un tournoi de tennis ? Oui, comme on peut y arriver avec un événement culturel ou dans la relation à l’autre. Aujourd’hui, des milliers de personnes viennent voir du tennis en février, au

Palais des Sports. Avec mon équipe, on a donc réussi à réunir deux choses qui comptent dans nos vies : Marseille – et le sud – et le tennis. Depuis que je suis tout petit, j’ai toujours rêvé de tennis... D’accord, mais, là, on est chez toi et il n’y a pas un seul objet lié au tennis… Et oui, je n’ai pas de coupes, pas de raquettes, pas d’affiches... Alors quelle est vraiment ta relation au tennis ? Je dirais qu’il y a eu deux étapes. La première, c’est la passion. J’avais 10 ans et demi, c’était un mercredi après-midi. Je découvre ce sport et, le soir, je pleure dans mon lit. Je ne veux pas aller à l’école le lendemain, je veux jouer au tennis. Cette phase a existé tant que j’ai été amateur. Quand je jouais contre le mur, j’étais dans la peau de Roy Emerson. En plus, j’avais un professeur qui savait nourrir cette passion et qui m’a élevé au tennis presque comme un fils. Après, il y a eu la dure réalité de la carrière d’un sportif de haut niveau. Passer deux heures par jour à ne faire que ça, ça a été un petit choc. Un plaisir, aussi, mais paradoxalement une souffrance. A cette époque, c’était très ingrat, surtout si on compare notre statut à celui

« On a souvent dit que j’étais un joueur marginal »

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des joueurs d’aujourd’hui. Maintenant, on est beaucoup mieux préparé au passage d’amateur à professionnel. Les étapes sont mieux définies. Cette transition n’a pas été facile pour moi. C’est pour ça qu’on a souvent dit que j’étais un joueur marginal, voir fainéant, que je n’avais pas le niveau que je devais atteindre. Moi, j’estime ne pas avoir eu la force de caractère, ni la bonne préparation, pour aller plus haut que ce que j’ai accompli. Avoir été ancien joueur, ça facilite le rôle d’organisateur ? Evidemment. D’ailleurs, ce sont souvent d’anciens joueurs qui sont aux commandes des tournois. C’est le cas à Marseille, comme à Metz. C’est presque incontournable pour réussir. Les exemples de Gilles Moretton ou Patrice Dominguez le prouvent. A l’Open13, l’organisation est familiale, beaucoup de tes proches travaillent à tes côtés. Pourquoi ? Personnellement, je suis fier de cet esprit de famille qui règne au sein de notre équipe. Les 15 personnes qui travaillent n’ont pas le sentiment d’être dirigées ou commandées par un boss. Tout le monde a son autonomie. On revient à ce qui se passait dans les sociétés traditionnelles, où l’on naissait avec une fonction presque pré-définie. J’ai besoin de ça ; je délègue au maximum. Mais, le souffle général, c’est moi

G RGARNADNCDHCEHL EE LME M- maga z i ne t i ot inosn sG RGARTAUTITU ITs ur i s i s- t- rti rme s t srti reli el- N É CAERMS B 2R 0E 1 22 0 1 1 - maga z i ned ’ di n’ ifnofrma o rma s urle let enn t enn i me - OF VÉ EV M R IBERRE -- D M

qui le donne. Je connais bien les sensibilités des gens qui m’entourent et je m’efforce, chaque jour, de renvoyer un sentiment de confiance. C’est essentiel. C’est quoi un Open 13 réussi ? C’est celui où l’on a vu du grand spectacle, pas celui où le profit est le plus élevé. J’ai en tête une édition où Del Potro et Murray s’étaient retirés. Financièrement, ça avait été un bon bilan, puisque je n’avais pas eu les garanties à payer. Mais, sur le court et dans les tribunes, on n’avait pas vu cette étincelle habituelle... Sur vingt éditions, il doit bien y en avoir une qui t’a marqué plus que d’autres ? D’abord, je tiens à préciser une chose : si l’Open 13 est ce qu’il est, aujourd’hui, c’est, surtout, grâce à deux grands joueurs : Arnaud Clément et Sébastien Grosjean. Ces deux-là ont toujours joué le jeu, notamment après l’épopée de 91, en Australie. A ce moment précis, le tournoi était remis en cause par les institutions. Leur fidélité et leur aura lui a donné une autre dimension et un boost incroyable. Une vraie légitimité. Avant nous, c’était IMG qui s’en était occupé pendant six ans, mais Patrick Proisy (NDLR : ancien Directeur de l’Open 13) ne pouvait pas faire les mêmes paris que nous, car il avait des comptes à rendre sur le plan financier. Dès qu’on a repris les rênes, j’ai compris qu’il fallait investir dans les joueurs. Donc, verser

et dixième anniversaire de sa victoire à Marseille. Tout un symbole. Mieux, en 2013, Roger ne sera pas obligé de jouer les Masters 1000, il pourra s’aménager un calendrier sur mesure. La porte est plus ouverte qu’en 2012.

Du coup, son budget est limité pour les autres joueurs et, notamment, ceux du top 30. Ca va créer, logiquement, un tableau à deux vitesses. Voilà. Alors, effectivement, si l’Open 13 se trouve dans le trio de tête de l’ensemble des ATP 250 en termes de valeur sportive, ce n’est pas parce qu’il y a Jean-Francois Caujolle ou la mer, mais parce que notre calendrier est très favorable et qu’on est généreux avec les joueurs et leurs garanties.

« Roger Federer est venu jouer quatre fois à l’Open 13, Nadal a été présent, tout comme Djokovic »

Ca veut dire que Roger Federer jouera encore au tennis en 2013... Tu sais, d’après lui, il jouera même encore en 2015… C’est possible d’installer une relation humaine avec les joueurs ou est-ce qu’il n’est question que de chéquier ? J’ai une vraie anecdote à te raconter pour te répondre : une année, Kafelnikov, qui a été souvent décrit comme un chasseur de primes, nous demande une wildcard. On la lui donne, parce qu’il n’était pas inscrit. La semaine d’avant, il gagne l’Open d’Australie… Autant dire qu’il aurait pu faire l’impasse, car l’Open13 se déroulait la semaine d’après. Il ne recevait aucune garantie chez nous, alors que, dans le même temps, il pouvait s’aligner à Dubaï où on lui proposait un très gros chèque. Et bien, il est venu chez nous et pas à Dubaï. Pour le remercier, on lui a offert une montre Daytona, gravée à son nom. D’ailleurs, à chaque fois que je le croise aujourd’hui, il me montre la montre – il la porte régulièrement. L’année d’après, on le fait venir avec une grosse garantie. C’est la

Ces garanties, tu ne trouves pas qu’elles sont trop élevées ? Si l’on compare ce que gagnent les joueurs de tennis aux footballeurs, golfeurs ou basketteurs, ce ne sont pas les plus riches. Il n’y a que quelques tournois où ils peuvent faire de l’argent. D’ailleurs, un joueur doit savoir gérer ces aspects-là pour ne pas commettre d’erreurs. Je pense, notamment, à Andy Murray, la saison dernière. Aujourd’hui, on ne peut pas se permettre de ne pas jouer pendant cinq semaines... Les joueurs ont besoin de jouer et de gagner des matches, c’est pour ça qu’ils ne viennent pas simplement pour toucher de l’argent. Sur ces questions-là, moi, je n’ai aucun tabou. Cette année, je peux vous dire que je donne des garanties à sept gars.

institutionnels, de la Ville de Marseille au Conseil Général. Eux nous suivent depuis le début. Je n’ai pas eu de turnover et c’est très rare dans ce métier. C’est aussi ça qui me permet de maintenir un budget de quatre millions d’euros, là ou les autres ATP 250 ne dépassent pas 2,5. En fait, tu raisonnes plus comme un producteur de spectacles ! C’est ça, oui. Chaque année, je fais de vrais paris pour le casting, mais aussi pour la mise en scène. J’aime bien cette idée de spectacle ; d’ailleurs, c’est ce que j’ai fait à Bercy pendant cinq ans. Si je ramène Federer, par exemple, je ne ferais pas venir plus de monde – on est déjà complets à partir de vendredi. Et, les journées faibles, le lundi et le mardi, je ne vendrais pas plus de billets, car il ne jouerait pas avant le jeudi. En revanche… quel plaisir ce serait de le revoir sur le court !

L’effet Jimbo Jean-François Caujolle est connu pour son duel homérique face à Jimmy Connors, alors 3ème joueur mondial, sur le Central de Roland Garros, en 1980*. Il revient, pour GrandChelem, sur cet événement, avec quelques révélations qui permettent de mieux comprendre comment le match a basculé. « Tout le monde m’en parle, de ce match. C’est ma marque de fabrique, il me ressemble. Il pointe mes capacités, mais aussi mes faiblesses et, surtout, mon manque de responsabilité vis-à-vis de l’événement. Si je me suis lancé dans l’organisation de tournois, c’est peut-être pour exorciser ça. Je tiens quand même à préciser que ce match a été entaché de deux fautes d’arbitrage assez énormes. Alors, il ne faut pas dire que le public était contre moi. On était mercredi, il y avait beaucoup d’enfants… De toute façon, je n’ai jamais su gérer le public. Quand je rentrais sur un court, j’avais toujours l’impression qu’il était contre moi. Ca a souvent été une souffrance. Ca devait être lié à un manque de confiance en moi et, plutôt que de chercher la solution, je me trouvais des excuses. Avant ce fameux match, j’avais réalisé une belle saison sur terre, j’étais en forme et, Connors, je l’avais dominé à Monte-Carlo. Comme ce mec avait le don de la provocation, il est allé jusqu’à donner une conférence de presse à son arrivée, à Orly, juste avant Roland. Là, quand on l’interroge sur son objectif pour le tournoi, il répond : jouer Caujolle. Ses vœux furent exaucés... Et, pourtant, je mène 6-2 6-3 5-2. Tous les points sont vraiment accrochés. Ma première balle de match sort de rien. Sur le jeu suivant, à 30-A, je sers un ace. Connors conteste et montre une autre marque. Je passe alors le filet pour montrer la bonne à l’arbitre. Et c’est là que le public commence à siffler. Je me souviens aussi que l’arbitre initialement prévu avait eu une indigestion. Du coup, c’est un vieux monsieur qui l’avait remplacé... Connors l’a complètement terrorisé, notamment quand il montait sur la chaise pour lui expliquer qu’il se trompait. On ne pourrait plus voir ça, aujourd’hui ! Bref, le match a tourné… et je l’ai perdu. Ce qui est drôle, c’est que je l’ai de nouveau croisé l’année d’après**, au troisième tour. Il m’avait insulté tout le match et m’avait fait un doigt ! (Rires) Et, le plus marrant, avec le recul, c’est que personne ne se rappelle qu’il s’agissait juste d’un deuxième tour. Alors, quelques fois, j’en profite… Je m’invente une demi-finale… (Sourires) » *Jimmy Connors bat Jean-François Caujolle, 3-6 2-6 7-5 6-1 6-1, Roland Garros 80, R64 ** Jimmy Connors bat Jean-François Caujolle, 6-0 6-2 6-0, Roland Garros 81, R32

Pourquoi ? Parce que c’est Federer. Il m’impressionne. Il est formidable. Il a tout. Le pied, la main et l’œil. Le touché vient ensuite, mais n’est qu’une conséquence. McEnroe avait le même type de qualités. Donc j’aimerais me faire plaisir en le voyant évoluer encore une fois à Marseille et, ce, même si j’ai été comblé par son succès à Bercy, pour ma dernière année en tant que Directeur. Ca faisait cinq ans que j’attendais ce moment !

« Je suis celui qui paie le mieux »

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GrandChelem France

Les petits tournois, nçoi s vus par Jean-Fra

Cauj olle.

Propos recueillis par Pauline Dahlem

Lumière sur le circuit secondaire Parce que le tennis n’est pas que strass et paillettes des circuits ATP et WTA, GrandChelem s’est intéressé à deux épreuves, Challenger et ITF, qui auront lieu dans les prochaines semaines. L’occasion, pour beaucoup, de voir du jeu, un bon niveau, de vieilles gloires en reconquête ou les jeunes pousses, champions et championnes de demain. Focus sur l’Open BNP Paribas-Banque de Bretagne de Quimper et l’Open GDF SUEZ de Lyon.

ef Notre rédac ch nt on ret rou ve vra ime « Sur ces tou rno is, bel le idée la t ven sou a y Il des pas sio nnés. rà un événement spo d’a sso cie r sa rég ion que c’es t pre sque ais dir je s, sen n mo tif. A s rie n de péj oratif. du bénévo lat - n’y voi r que Ro lan d pou ité J’a i beauco up mil rno is. Ce n’étai t tou res Ga rro s aide les aut intena nt, il y ma ma is, pas le cas, ava nt ; la Fédératio n de ce pou de p cou a un pet it i, Ca a bie n évo lué. Mo pou r les ATP 250. les ou s ger llen Cha si je peu x aider les » Fut ure s, je le ferai.

Mathieu Blesteau, Directeur du tournoi Challenger de Quimper (6 au 19 février) « Nous aurons un tableau extrêmement dense » Le Co-Directeur de l’Open de Quimper, Mathieu Blesteau dresse les enjeux de la deuxième édition de l’Open de Quimper. Ce tournoi Challenger (42 500€+H) aura lieu du 6 au 12 février 2012 dans la capitale historique de la Cornouaille, avec, comme l’année dernière, un plateau français très relevé.

Comment tu expliques cet engouement ? Je crois que c’est parce que les Bretons sont plutôt sevrés d’événements sportifs. Alors, quand il y en a un dans la région, ils répondent présents. Notre

tournoi se veut attractif et populaire – on est très heureux, parce qu’il y a vraiment beaucoup de répondant de la part du public ! Quel est le plateau de joueurs, cette année ? Arnaud Clément nous a confirmé sa participation. C’est notre tête d’affiche pour cette deuxième édition. Il n’avait pas pu venir l’an passé, car blessé, mais, pour cette année, on croise les doigts. Beaucoup d’autres Français ont également répondu présent : Edouard Roger-Vasselin, Stéphane Robert, Florent Serra… Il est également possible d’attribuer au dernier moment des invitations à des joueurs comme Jérémy Chardy, Nicolas Mahut… Et puis, n’oublions pas Paul-Henri Mathieu, qui a inclu le tournoi dans son programme de retour à la compétition. Quels sont vos objectifs pour cette deuxième édition ? On veut continuer à grandir, faire de ce tournoi un vrai succès populaire. L’an dernier, nos tribunes étaient tout le temps pleines. On veut que ça continue. Les Bretons sont demandeurs de tennis de haut niveau, ils ne sont pas blasés comme on peut l’observer ailleurs. Nous, on est là pour leur offrir la possibilité de voir ce tennis de qualité et casser cette image de sport réservé aux riches. C’est, d’ailleurs, pourquoi en semaine, les billets sont tous à 5€ seu-

lement. On invite des élèves des écoles et collèges alentours, on invite tous les gamins des écoles de tennis de la région... On a aussi essayé de progresser sur notre communication en disposant plein de maxiballes partout en ville. Avec les couleurs du tournoi, bien sûr ! Il faut que la ville sente vraiment le tennis tout au long de la semaine. A plus long terme, quelles sont les perspectives ? A plus long terme, on voudrait changer de site, aller vers un vrai Palais des Sports. On veut améliorer la notoriété du tournoi et, surtout, pérenniser l’événement. Le stabiliser dans le calendrier. C’est pour ça qu’on voudrait rester quelques années en 50 000$+H. Vous savez, ça coûte déjà très cher d’organiser un tel tournoi. Ce n’est pas facile, surtout dans le contexte actuel. Il y a plein de tournois de ce type qui sont et seront annulés cette année. Alors on est déjà contents de s’en sortir aussi bien. Passer en catégorie ATP 250 serait vraiment une autre histoire. Je crois qu’il faut être réaliste aussi, vue la taille de la ville de Quimper. Il faudrait acheter une date, avoir un budget colossal… Non, pour le moment, il n’en est pas du tout question.

Jean Wallach, Président de la Ligue du Lyonnais, organisatrice du premier open GDF Suez de Lyon Parilly (27 Février au 4 Mars) « On espère voir de bonnes joueuses internationales »

JE NE PENSE QU’À ÇA!

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C’est la deuxième édition de l’Open de Quimper ; quelles sont les nouveautés, cette année ? Il y en a beaucoup ! D’abord, la dotation. On était un Challenger de 35 000$, on passe en 50 000$+H. Conséquence : plus de points ATP à gagner et des prizes money plus importants pour les joueurs. D’autre part, on a agrandi les espaces, notamment le village. On passe d’une surface de 800m² à 1200m², avec des espaces restauration, un restaurant VIP repensé, un grand bar avec écran géant, une

boutique, un média center intégré au village... En fait, l’idée, c’est de permettre au public de se détendre entre les matches, de passer le plus de temps possible sur le site, sans rester tout le long dans les tribunes. Parce que, ce qui me dérange sur beaucoup de tournois Challengers, c’est qu’à part les matches, les gens n’ont pas d’endroits où se détendre. C’est pour ça qu’on a amélioré notre village. On a également changé de partenaire titre. L’année dernière, on était avec Euro Energie, que je remercie, d’ailleurs, particulièrement. Pour 2012, c’est BNP Paribas-Banque de Bretagne qui a pris le relais. Enfin, on a aussi augmenté notre capacité d’accueil du public en tribunes. L’an dernier, on a joué à guichets fermés à partir du mardi soir. Il y avait énormément de demande. On est passé de 850 à 1200 places, dont 1000 sur le Central. Et, pour le moment, la billetterie fonctionne très bien, on est très satisfaits !

L’Open GDF-SUEZ de Lyon, tournoi ITF 10 000$, se déroule, cette année, à Bron, du 27 février au 4 mars 2012. Organisé par le Tennis Club de Lyon lors de ses trois premières éditions, il a changé de mains mi-2011, repris par la Ligue du Lyonnais. Retour avec Jean Wallach, Président de celle-ci, sur le dernier événement tennis subsistant dans l’agglomération lyonnaise. ce propos, je tiens à rendre hommage au TCL et aux gens qui ont contribué à l’organisation de l’Open au cours des années précédentes. Ils ont fait un travail remarquable et le tournoi n’a cessé de s’améliorer au fil des différentes éditions.

Comment s’est passée la reprise du tournoi ? La décision s’est prise assez rapidement. Le Tennis Club de Lyon nous a fait savoir, au cours de l’été, qu’il ne voulait pas continuer l’aventure. Début septembre, on a donc pris la décision de reprendre le tournoi pour l’organiser au Centre de Ligue de Bron-Parilly. A

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Quels sont vos objectifs, cette année ? On imagine qu’il s’agit de promouvoir le tennis lyonnais… Tout à fait. Le premier objectif, c’était de conserver ce tournoi dans le Rhône. Depuis la perte du Grand Prix de Tennis de Lyon, il n’y a plus beaucoup d’événements tennis dans la région... D’autre part, on veut utiliser cette épreuve pour fédérer les dirigeants du tennis de la région, en profiter pour organiser des rencontres entre les professionnels de ce sport. L’idée, c’est que toutes ces personnes puissent venir sur l’événement pour échanger, apprendre, partager. Fédérer, c’est le but. Et

puis, il y a un autre élément : on a beaucoup de très bonnes joueuses à la Ligue du Lyonnais et c’est parfois difficile et très couteux, pour elles, de se lancer sur le circuit international. Comment on met en valeur ce type d’épreuve ? Si on veut réaliser nos objectifs, il faut mettre en œuvre tout un ensemble d’événements parallèles au tournoi, des soirées, des animations… On a ainsi prévu un programme d’animations continu ; sur ce plan, on veut continuer dans la voie de ce qui a été fait les années précédentes. L’idée, c’est aussi de montrer notre savoir-faire, de montrer qu’on est capables d’organiser une belle épreuve. Et le public ? On veut rendre le tournoi attractif. On va installer des tribunes, petites pour le début de la semaine et plus conséquentes pour le week-end final. L’entrée sera gratuite et libre. Il faut que les licenciés, comme les non licenciés, puissent venir voir du tennis de haut niveau de façon très libre. Il faut savoir qu’on est par-

tenaires de l’UNICEF dans le cadre de l’opération villeenfant, à Bron, et peut-être que l’on demandera aux spectateurs de la finale de donner un petit quelque chose pour ça. Sinon, on a également prévu d’inviter les enfants des écoles de tennis de la région et ceux des écoles tout court. Vous parliez des joueuses de la Ligue du Lyonnais. Qui sont-elles ? Caroline Garcia, qui s’entraîne pourtant ici, ne jouera pas le tournoi. Il est trop faiblement doté, il n’y a pas assez de points et Caroline est trop bien classée pour avoir un intérêt à le jouer. Par contre, Jessica Ginier (478ème), Anais Laurendon (423ème), Alix Colombon (928ème) et Elixane Lechemia (432ème) seront bien présentes ! On espère aussi voir de bonnes joueuses internationales, dans la mesure où notre tournoi s’inscrit dans un circuit de trois 10 000$ en France sur trois semaines, avec trois étapes : Mâcon, Lyon et Dijon. Sur ces trois semaines, il y a pas mal de points en jeu et les distances sont faibles. Certaines pourraient donc inscrire Lyon à leur programme pour cette raison.

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20-26 février 2012

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RAQUETTE, BALLE ET CORDEUR OFFICIELS DE ROLAND-GARROS

Andy RODDICK (USA)

Dans le monde de la raquette, il y a des modèles qui ont écrit des légendes. La Babolat Pure Drive en fait partie. C’est pour ça que nous avons lancé, avec la marque française, un grand jeu-concours sur www.sagapuredrive.com. L’objectif : fêter l’arrivée de la nouvelle version, sortie en ce début d’année 2012. Pour vous permettre de répondre plus facilement aux questions disponibles sur Internet, voici quelques indices. De quoi mener l’enquête et, surtout, revivre les temps forts de la Pure Drive dans l’histoire du tennis.

Li NA (CHN)

Kim CLIJSTERS (BEL)

La saga pure drive en chiffre

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Comme le nombre de versions qui ont vu le jour

Carlos Moya, Andy Roddick et Kim Clijsters : voici un trio magique plutôt sympathique. Tous les passionnés se rappellent de la gifle en coup droit façon Carlos, grand frère de Rafael Nadal. C’est, d’ailleurs, Moya qui a été la première grande star de la marque, celui qui est à l’origine du succès de la Pure Drive. Ont suivi Andy Roddick a suivi, numéro un après son succès à l’US Open 2003. Presque en parallèle, Kim Clijsters atteignait également la première place mondiale sans avoir remporté un titre du Grand Chelem, une anomalie qu’elle allait assez vite réparer.

Les raquettes bleues, comme les pros les appellent sur le circuit, ont beaucoup évolué depuis la sortie du premier modèle, en 1994. Un modèle que Rafael Nadal avait utilisé, avant de passer à l’Aéroprodrive. Technologie Woofer, en 1998, l’année du titre de Moya, Cortex Système, en 2006, lancement de la série GT, en 2009… La Pure Drive n’a cessé de se modifier pour devenir un best seller de la marque tricolore. La dernière version marque un petit tournant, puisque le bleu est quasi oublié, au profit d’un noir verni très stylé.

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Comme le nombre de victoires en Grand Chelem

Il n’y a que le gazon qui n’a pas encore vu triompher la Pure Drive, puisque, en 2011, Na Li est venue compléter le team des vainqueurs en Grand Chelem, avec sa victoire à Roland Garros. Pourtant, en 2009, Andy Roddick n’était pas passé loin face à Roger Federer, au cours d’une finale devenue légendaire. Pour Kim, l’éclosion eut lieu après quatre grosses déceptions et un syndrome Lendl, qu’il fallait vite évacuer. Ce fut fait en 2005, à New York, face à notre Mary Pierce.

Nouvelle raquette Pure Drive : le côté obscur de la puissance. Pour des frappes tout en puissance.

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Comme le nombre de numéros un mondiaux armés de ma Pure Drive

Comme le nombre de joueurs dans le top 100

Cinq joueurs dans le top 100 chez les Messieurs, neuf chez les Dames, le team Pure Drive réunit plus de 10 nationalités, avec, par exemple, Somdev Devvarman, le numéro un indien. A noter l’arrivée, cette saison, de l’espoir belge Yanina Wickmayer et la présence tricolore de Julien Benneteau, revenant à un très bon niveau, ainsi que la jeune Caroline Garcia.

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Deux places VIP aux Internationaux de France Une Jumbo raquette Roland Garros La raquette Pure Drive signée par Julien Benneteau Une Jumbo Shoes Propulse Une tenue short + polo Un thermobag Babolat

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GRANDCHELEM VOUS DONNE RENDEZ-VOUS

OPEN DE DOHA : CE QU’IL FAUT RETENIR Le tournoi de Doha est l’un des rendez-vous à ne pas manquer du début d’année masculin. Pour ouvrir la saison 2012, cet ATP 250, doté d’1 024 000$, a sacré un Français, Jo-Wilfried Tsonga, dans une finale 100% Tricolore, face à Gaël Monfils. Retour en quatre points sur une semaine aussi frenchy que qatarie.

Roger et Rafa lancent la saison 2012

Un dernier carré de luxe

C’est devenu une tradition à Doha. Roger Federer et Rafael Nadal, grands habitués du tournoi qatari, ont participé comme chaque année à une opération de promotion pour lancer la nouvelle saison de tennis. Les deux plus grandes stars du circuit ont ainsi échangé quelques balles dans le spectaculaire amphithéâtre de Katara éclairé par plus de 4000 bougies pour l’occasion. « Il y avait vraiment une atmosphère particulière avec tous ces lumignons allumés », raconte Roger Federer. « C’était un mélange de romantisme et de dramaturgie. On avait l’impression de vivre dans l’ambiance des nuits arabes. J’ai vraiment apprécié l’expérience. » Rafael Nadal s’est également régalé. « C’est vrai qu’on a toujours fait des choses spéciales à Doha. Et je peux vous dire que c’est un très, très bel endroit. » Nul doute que ces deux-là reviendront sûrement l’année prochaine vivre à nouveau une expérience hors-du-commun !

Le tableau de la 20ème édition du Qatar Open avait fière allure, cette année, fort de la notoriété de ses principales têtes de série. Roger Federer, Rafael Nadal, Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils, Mikhail Youzhny, Viktor Troicki ou encore Andreas Seppi avaient ainsi tous choisi de débuter leur saison par cet ATP 250 particulièrement bien doté. Et, bonne nouvelle pour les organisateurs, la très grande majorité de ces têtes d’affiche a tenu son rang, offrant ainsi d’excellents matches dès les quarts de finale. Mieux, les quatre premières têtes de série se sont toutes retrouvées en demi-finales, pour un dernier carré de gala. Et si le duel Federer-Tsonga n’a malheureusement pu avoir lieu, la faute au retrait du Suisse, touché au dos, on a bien assisté à un excellent Monfils-Nadal dans l’autre moitié du tableau. Une fin de tournoi d’une qualité rare pour un événement ATP 250 !

Encore une victoire française !

20ème anniversaire

Ce n’est pas une nouveauté, l’Open du Qatar a souvent bien réussi aux joueurs français. Cette 20ème édition n’a pas dérogé à la règle puisqu’un nouveau Tricolore a inscrit son nom au palmarès du tournoi, après Fabrice Santoro, en 2000, et Nicolas Escudé, en 2004. Il s’agit de Jo-Wilfried Tsonga, vainqueur 7-6 6-3 d’une finale historique face à Gaël Monfils. C’était en effet la toute première fois que deux joueurs français se retrouvaient en finale de ce tournoi. Une vraie performance pour le tennis hexagonal dans la mesure où l’Open du Qatar est réputé pour son niveau toujours particulièrement relevé.

L’Open du Qatar fêtait, cette année, son 20ème anniversaire. Désireux de marquer le coup, les dirigeants avaient organisé toute une série de festivités, invitant les anciens vainqueurs du tournoi. Stefan Edberg, Fabrice Santoro, Nicolas Escudé, Younes El Aynaoui, Stefan Koubek et Roger Federer ont répondu favorablement à l’invitation. Bien pratique pour les organisateurs, qui, suite au forfait imprévu de Federer, en demi-finale, ont improvisé une petite exhibition Tsonga-Edberg tout à fait sympathique. Et, pour finir sur une bonne note, une cérémonie organisée en l’honneur de tous ces champions, à l’issue de la finale entre Jo-Wilfried Tsonga et Gaël Monfils, est venue clore cette 20ème édition anniversaire. Vivement l’année prochaine !

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GRANDCHELEM VOUS DONNE RENDEZ-VOUS

Qatar Total Open Ladies

un parfum de Masters Après les festivités entamées par les ténors du circuit masculin, début janvier, place aux filles du côté de Doha. Après avoir accueilli le Masters durant trois ans, ce tournoi reprend ses droits sur le circuit. Pour fêter le dixième anniversaire de l’épreuve, les organisateurs ont décidé de mettre les petits plats dans les grands avec un plateau assez exceptionnel, forts de la présence de Viktoria Azarenka, nouvelle numéro un mondiale, mais aussi de Caroline Wozniacki, Petra Kvitova, Samantha Stosur et la tenante du titre, Vera Zvonareva.

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aîtes un petit sondage sur le circuit et vous vous apercevrez vite que les joueuses apprécient vraiment l’étape qatarie. Un entraîneur chevronné nous le confirmait, d’ailleurs, il y a quelques temps : « Les conditions sont optimales et l’accueil reste incomparable. Alors, c’est vrai que certains diront que tout ce luxe est un peu disproportionné. Mais, moi, je trouve que ce qui compte avant tout, c’est le confort de jeu, d’entraînement et de récupération des joueuses. On parcourt le monde entier toute l’année et, là, c’est un havre de paix. La pression existe aussi sur le court, mais elle est différente. » Voilà le cadre planté. Place, maintenant, au plateau qui, pour fêter le dixième anniversaire, est plutôt relevé. D’ailleurs, le Président de la Fédération de Tennis du Qatar, Nasser Bin Ghanim Al Khelaifi, s’en félicite : « Nous sommes très fiers d’accueillir les meilleures joueuses de la planète pendant une semaine. Ca va être une semaine assez incroyable. » Difficile de le contredire, puisque c’est l’ensemble des stars de la nouvelle

génération qui seront présentes et, notamment, la récente lauréate de l’Open d’Australie, Victoria Azarenka. « L’Open du Qatar est devenu un Grade 1 du circuit ; c’est une vraie reconnaissance de notre travail », commente le Directeur du tournoi, Karim Alami. On risque ainsi d’avoir un nom plutôt prestigieux s’inscrire une nouvelle fois au palmarès de cet événement. Un événement qui a déjà vu Martina Hingis, Anastasia Myskina et Maria Sharapova soulever le trophée. Au final, l’Open du Qatar ne devrait pas souffrir de son retour dans le circuit traditionnel, après avoir passé trois années à recevoir le Masters. Sur le court, gageons que la bataille sera ardue, vu le faible écart, au classement, séparant Azarenka et celle qui va devenir sa grande rivale, Petra Kvitova. On sera également attentif à l’attitude ou la réaction de Caroline Wozniacki. A la Danoise de prouver qu’elle fait toujours partie du ghota du tennis mondial. Quant à Vera Zvonareva, vainqueur l’an dernier, c’est l’occasion de faire de son début de saison raté un mauvais souvenir.

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GrandChelem France

GrandChelem France

spécificités. Mais ils sont tous confrontés à une réalité économique, liée à la pratique du tennis en général. Frédéric Fontang, le coach de Caroline Garcia, avec Abdou Haitof lors du test à la Ligue du Lyonnais

Abdou Haitof

« Une machine High Tof dans un club, c’est plus de membres, plus de pratique et plus d’animations de qualité. » La machine High Tof ? On vous en avait parlé dans GrandChelem 24. Rappelez-vous : ce lance-balles ultra-moderne, mais aussi ultra-simple à utiliser, permettant aux clubs, aux enseignants, aux passionnés, jusqu’aux joueurs de haut niveau, de s’entraîner d’une manière différente et beaucoup plus efficace. Cela va faire six mois que la machine High Tof a été lancée ; six mois, ou l’occasion de faire un point avec son créateur, Abdelkader Haitof. La révolution est en marche.

Vous pouvez nous dire où vous en êtes du développement du réseau de la machine High Tof ? Ca se passe bien. On a commencé par le très haut niveau et un accord avec la Fédération Française de Tennis. On a ainsi équipé la Direction Technique Nationale à Roland Garros, mais aussi l’ensemble des Pôles France. Ces implantations ont pu être faites, car l’ensemble des cadres techniques de la FFT ont validé les qualités de la machine High Tof. Aujourd’hui, dans chaque centre d’entraînement, elles sont intégrées dans le programme de perfectionnement des espoirs de demain. C’est une vraie fierté de contribuer à l’éclosion de nouveaux champions. Très vite, de par sa facilité d’utilisation, les cadres techniques l’ont adoptée et adaptée. C’est un exemple de développement que nous avons déjà réédité au niveau euro-

péen puisque la Fédération Luxembourgeoise est équipée et que c’est en cours pour la Fédération de Catalogne. Ca veut dire que vous allez déjà vous exporter ? Le tennis est un sport mondial, donc ça fait partie de nos objectifs. Mais, l’une de nos priorités, c’est de développer le réseau en France pour qu’il existe un réel maillage de l’ensemble du territoire. Qu’une machine High Tof soit disponible à quelques kilomètres de chaque passionné, qu’il soit un joueur classé, comme un pratiquant loisir. Justement, au niveau des clubs, que donne ce développement ? J’ai envie de dire que l’on poursuit notre tour de France. Chaque club a ses particularités, ses

Location

Mais cette réaction paraît logique… Tout à fait et on a conscience de tout ça. Mais nous sommes aussi là pour adapter notre offre à la demande. Adapter. C’est primordial. On a mis en place des formules de location ou de vente qui permettent de gérer la problématique des choix budgétaires. D’autre part, on assure un service après-vente tout à fait irréprochable. Je veux rassurer les membres des clubs et insister sur le fait que la machine High Tof est un accélérateur de la pratique, tant au niveau de la performance, qu’à celui d’une école de tennis. C’est un plus indéniable, qui facilite l’apprentissage et amène l’enfant à la réussite. Qu’est-ce qui vous permet de dire ça ? Tout simplement parce qu’après avoir convaincu le tennis de haut niveau, nous avons tout remis à plat, au sein d’High Tof, pour construire un programme « écoles de tennis ». Pour ce faire, on s’est appuyé sur l’expertise de la Ligue de l’Essonne et de son équipe technique dirigée par mon ami Anthony Guillou. On a fait des tests

C’est-à-dire ? Les enfants se dépensent plus et la machine est perçue comme un ami. Les enfants aiment ce qui est technique, ça les attire, et renvoyer la balle d’une machine, c’est drôle, c’est ludique. A long terme, je dirais même que la machine High Tof permettra de fidéliser davantage de pratiquants. Chez les adultes, il peut y avoir la même réaction ? Evidemment, car la machine facilite l’efficacité et le degré de réussite. En gros, on frappe plus coups en moins de temps. La séance est plus intense et l’envie de jouer plus importante. En parallèle, comme répéter, au tennis, c’est aussi progresser, en quelque sorte, la machine permet de s’améliorer plus rapidement. Vous répondez quoi à ceux qui vous accusent de vouloir remplacer l’homme par la machine ? Le débat est éternel, mais les exemples qu’on a mis en place, aujourd’hui, dans notre réseau, prouvent tout le contraire. Donc l’enseignant, en club, ne doit pas avoir peur ? Mais peur de quoi ? Cette machine a été conçue pour eux, pour faciliter leur travail, pour leur permettre de préparer les séances à l’avance, d’être au contact de leurs joueurs sur chaque frappe. Après, je conçois aisément qu’il y ait un peu d’appréhension dans un premier temps.

Acquisition

Formule illimitée

Formule light

Formule 1

Contrat d’un an en utilisation illimitée Prix 220€ par mois Caution 1000€

Contrat d’un an 4 heures par semaine OU PLUS Prix 8,5€ la séance d’une heure Caution 1000€

Acompte Abonnement + Loyer

Pour toute question, vous pouvez nous contacter au

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Ca veut dire qu’ils ne comprennent pas votre démarche ? Au contraire, les Présidents de club sont toujours de vrais passionnés qui connaissent très bien le tennis, ce qui n’est pas le cas dans tous les sports. Le message passe très bien. Néanmoins, on se heurte souvent à un problème de budget ou à la peur que la machine soit perçue comme un investissement non prioritaire réservé à des clubs privés et des académies. Ce qui n’est pas du tout le cas.

avec des jeunes, des tous petits et, là encore, le résultat était spectaculaire : une séance mixte comprenant un échauffement avec la machine et un cours classique donnaient des résultats incroyables.

Prix d’achat

Comment parvient-on à les convaincre ? Sur le court. A partir du moment où ils l’utilisent, où ils l’ont à disposition. C’est la preuve par le terrain. Quand l’idée du mini-tennis est arrivée, comme celle des balles intermédiaires, tout ne s’est pas mis en place en quelques mois. Il a fallu convaincre les gens et que les Ligues, comme la Fédération, montrent l’exemple, pour que tous les acteurs comprennent que ces nouveaux outils favorisent la pratique du tennis. On a l’impression que votre volonté, elle est là : relancer une envie de tennis ! Exactement. Le haut niveau, c’est bien. Voir des championnes taper la balle face à la machine, comme on a pu le faire en décembre avec Victoria Azarenka, et son coach Sam Sumyk, à Monte Carlo, c’est très gratifiant. Mais le haut niveau reste le haut niveau. J’aimerais qu’on comprenne qu’une machine High Tof dans un club, c’est plus de membres, plus de pratique et plus d’animations de qualité.

Président, Norbert Rampolla –, tout comme celles du Dauphiné Savoie et des Hauts-de-Seine Pour la Ligue du Lyonnais et Jean Wallach, c’est imminent. Les comités sont aussi très actifs. Notamment, celui des Flandres de Patrice Brulez, qui est en cours d’équipement. Pour l’instant, si vous deviez résumer cette aventure en un mot ? Un mot, c’est trop court ! Je dirais : passion. Passion, parce qu’à chaque test, on rencontre des amoureux du tennis et les échanges sont incroyables. Dévouement, car les Présidents de club sacrifient beaucoup de leur temps libre pour gérer leur structure. Enfin, découverte, parce que le monde du tennis, des tournois et tout ce qui l’entoure est un univers de la performance.

Oui, mais l’investissement est important, non ? Pas forcément. La machine High Tof est un outil de haute technologie, fabriquée en France, ce n’est pas un plot ou une cible qu’on place sur un court, c’est sûr. Mais je suis sensible à ça et c’est pour cette raison qu’on a créé des offres adaptées à chaque structure. Aujourd’hui, on n’a eu aucun retour négatif sur le réseau installé. A chaque fois, c’est un vrai succès. Vous en êtes où avec les Ligues qui sont des formidables point d’ancrage pour tous les licenciés d’une région… C’est en cours, je pense, notamment, à la Ligue des Yvelines – et le travail remarquable du

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GrandChelem France Propos recueillis par Remi Capber

Il y a un an, nous avions fait le point avec la Fédération Française de Tennis sur le chantier du tennis féminin. Un programme d’envergure avait été lancé, afin de redresser la barre et retrouver, à terme, le statut qui doit être celui de la France parmi les meilleures nations féminines du circuit. Un programme dont les enjeux dépendaient de la base : la pratique des joueuses, dès le plus jeune âge, et un équilibre entre élite, formation et loisir. Premier bilan des actions entamées avec Alexandra Fusai, responsable du haut niveau féminin, Carine Bornu, coordinatrice nationale du haut niveau féminin junior, et Odile de Roubin, coordinatrice nationale adjointe du programme avenir national. Il y a un an, vous nous parliez de communication avec les joueuses, en mettant l’accent sur l’idée d’être le plus proche possible de leurs aspirations. Comment s’est passée l’année 2011 sur ce plan ? Alexandra Fusai : C’est un point de réussite, clairement. On a réussi à recréer du lien et, créer du lien, c’est être proche du projet des joueuses. On n’en entraînait pas beaucoup et on voulait apprendre à connaître celles qui évoluaient en-dehors de la structure fédérale. Connaître leurs méthodes, leur entraîneur, leur préparateur physique… Être très proches de ce qu’elles font, savoir quels sont leurs objectifs, comment elles veulent les atteindre, où elles veulent aller, comment on peut les aider, par quels moyens, qu’est-ce qu’on peut mettre en place... C’est primordial qu’elles aient une relation de confiance avec leur Fédération et que cette dernière puisse les suivre individuellement. Qu’elles puissent s’exprimer, nous parler de leurs attentes, de leur forme… Vous proposez des actions concrètes dans ce sens ? AF : Bien sûr, par l’accompagnement adapté : ca peut être financier, sur les tournois, en stage… D’ailleurs, c’était aussi la logique du stage qui a eu lieu à Saint Cyprien, en fin d’année. Il y a une vraie dynamique qui a été mise en place et les joueuses se sentent concernées. Elles sont venues avec leurs structures d’entraînement afin de rester dans la continuité de leur préparation hivernale, une période où les fondamentaux sont travaillés pour la saison qui vient. Mieux, les entraîneurs ont vraiment joué le jeu. On se voyait le soir, entre nous, on mettait au point la programmation du lendemain… Il y a eu des moments forts communs, d’échauffement, d’étirements, de gainage. Egalement des petits moments plus sympas et ludiques. Les filles se sont retrouvées, ensemble, très naturellement.

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Il y a eu une vraie dynamique et, ce, entre différentes générations. C’est extrêmement positif. L’un de vos maîtres mots, c’est l’adaptation et une forme d’individualisation… AF : Oui, c’est sûr. Toutes les joueuses n’ont pas les mêmes besoins, ni les mêmes attentes, ou les mêmes objectifs. Il y en a qu’on entraîne, d’autres qu’on n’entraîne pas ; certaines sont en début de carrière, en milieu ou en fin… Il faut aussi être capable de leur dire que l’on n’est pas d’accord, de leur conseiller de partir dans un autre sens. Expliquer que leur progression peut passer par d’autres étapes. Après, elles font leurs choix. On est plus directifs avec les personnes qu’on entraîne, mais il faut prendre en compte les personnalités de chacune. Être à l’écoute, tout en les guidant.

« Faire vivre les joueuses ensemble de manière à avoir une équipe de Fed Cup solidaire » Vous parliez des stages ; vous avez mis l’accent sur les rassemblements, cette année… Carine Bornu : C’est même quelque chose qu’on a essayé de mettre en place depuis deux ans maintenant. L’idée, c’est de faire vivre des joueuses ensemble de manière à avoir, plus tard, une équipe de Fed Cup solidaire. Par exemple, on regroupe les joueuses du programme junior national en Pôle France ou sur des Centres de Ligues pour les sortir de leur environnement quotidien et créer une dynamique D’ailleurs, quand on se déplace sur les tournois, on commence vraiment à voir les petites Françaises ensemble. Notre politique commence à porter ses fruits. On sent que ça a un impact : elles partent regonflées et dans l’attente de la prochaine échéance. C’était la première étape.

La deuxième étape, c’est d’arriver à les regrouper davantage sur des compétitions. On l’a fait l’année dernière, ponctuellement, en intégrant les joueuses du programme junior avec les joueuses du Pôle France. Depuis quelques mois, on essaie même d’organiser des tournées avec les premières pour leur permettre de se confronter au circuit international. Partir seule avec son entraîneur à l’étranger, ça coûte cher : ces invitations en tournées sont un plus pour elles dans leur formation. De façon générale, une relation de confiance s’installe progressivement : elles voient que nous n’accompagnons pas uniquement les joueuses entraînées dans les structures fédérales. A l’heure où on a tendance à pointer du doigt un esprit trop compétiteur sur le circuit féminin et une mauvaise ambiance entre les filles en situation de concurrence, jouer la carte du regroupement, c’est un peu aller à contre-courant, non ? Odile de Roubin : Exactement ! Mais on a observé, par exemple, que les filles adoraient être entre elles dans les petites catégories. Elles préfèrent même, parfois, être dans un groupe de filles plus faibles que dans un groupe de garçons. Moi, quand j’entends dire que les filles ne peuvent pas s’entraîner ensemble… Sincèrement, je suis convaincue du contraire. Et vous arrivez à valoriser l’individualité, malgré le travail en groupe ? CB : Tout à fait. Si on rassemble les filles lors des stages, on essaie, justement, d’individualiser le suivi au maximum. Les besoins sont différents de l’une à l’autre, les entraîneurs aussi. On s’adapte : analyses vidéo, évaluations physiques, programmation de compétitions, etc. On prend chacune des gosses en compte, on ne met pas tout le monde dans le même panier. D’ailleurs, quand on propose un stage ou une tournée,

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on le fait en respectant le programme de la joueuse. AF : Après, il n’y a pas qu’un seul chemin. Il n’y a pas qu’une vérité. On n’est pas obligé de s’entraîner individuellement, comme on n’est pas obligé de s’entraîner en groupe. A nous, Fédération, de les accompagner et de les aider à devenir des championnes avec un bon état d’esprit. On parle beaucoup de compétition, mais la base reste les écoles de tennis. La fidélisation des pratiquantes est toujours un enjeu majeur ? OdR : C’est tout le problème. Pour avoir une élite, il faut fidéliser les filles, de manière à ce qu’elles aient le temps de progresser. Le tennis a l’image d’un sport difficile, mais on veut faire comprendre qu’il est, en fait, facile d’apprendre – et c’est la réalité. Avec toutes les actions mises en place, on fait en sorte que ce soit le tennis qui s’adapte aux gens et non pas les gens qui s’adaptent au tennis. J’imagine qu’il est encore beaucoup trop tôt pour parler de résultats… OdR : Oui, mais je pense qu’il se passe vraiment quelque chose, à l’heure actuelle. La manière de considérer les filles et le tennis féminin évolue, aussi bien dans les écoles de tennis que dans les formations d’élite. AF : D’ailleurs, sur ce point, je tiens à préciser une vraie avancée. Dans toutes les formations pour le Diplôme d’Etat, qui permet de devenir enseignant, il y a désormais un module tennis féminin, qui aborde les spécificités et la psychologie féminines. Des colloques sont aussi proposés tout au long de l’année, afin de sensibiliser les enseignants à l’approche de ce tennis particulier. On mène de très nombreuses actions en profondeur.

LES RAQUETTES FFT Épreuve féminine par équipes réservée aux joueuses non classées, 40 et 30/5

Finale nationale à Cannes les 19, 20 et 21 octobre 2012

Week-ends et nombreux cadeaux à gagner INSCRIPTION GRATUITE DANS VOTRE CLUB Pour plus d’informations : www.fft.fr

FFT / Direction des Activités Fédérales / Direction de la Communication • Maquette : Agence TWAPIMOA • Photos : © FFT / Christophe Saïdi • © Ville de Cannes • © B. Djuranovic, Freefly / Fotolia

Premier bilan

©fft

LE CAS FRANÇAIS


Raquette, tu me veux du bien

Raquette, tu me veux du bien

Dossier réalisé par Remi Capber, Pauline Dahlem, Audrey Riou, Laurent Trupiano

La raquette, vue par

Jean-Françoi s Cauj olle.

ef Notre rédac ch t me s ner fs « Je pas sai s sou ven is ille urs, des ma uva des sus . Je garde, d’a t tai C’é . res cad rs nie sou ven ir de me s der exc elle nte s, ma is t ien éta s elle ; des Fila i pro blème au niv eau elle s ava ien t un vra tou jou rs peu r ais du ma nch e et j’av ass ez pou r fini r la ir avo en pas ne de ren con tre . »

Nathalie Tauziat

« On ne peut pas mettre en place n’importe quelle stratégie avec n’importe quelle raquette » Nathalie Tauziat fait partie du cercle très fermé des Français finalistes en Grand Chelem. Ex-numéro trois mondiale en 2000, elle a atteint la dernière marche du tournoi de Wimbledon en 1998 avec sa Pro Kennex. Aujourd’hui missionnée par Tennis Canada pour entraîner Eugénie Bouchard, grande espoir nationale, elle porte un regard expert et complet sur la raquette en tant qu’objet, forte de ses expériences passées et actuelles. Entretien.

Raquette, tu me veux du bien… Chaque début d’année, les équipementiers-tennis sont en ébullition. C’est un peu leur montée des marches, ce moment où ils présentent leurs tous nouveaux modèles. L’enjeu est de taille, d’autant qu’il n’est pas toujours facile de changer les habitudes des champions. La raquette est un objet fascinant pour certains, un accessoire pour d’autres. Toujours est-il que l’histoire de cet instrument s’écrit aussi sur tous les courts du monde, au fil des performances des plus grandes stars du circuit. GrandChelem a donc mené l’enquête pour comprendre comment un lancement peut être réussi, quels sont les rapports qu’entretiennent les joueurs avec ce compagnon un peu spécial et, surtout, si cet ex-bout de bois sera un jour un instrument électronique. Suspens…

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Charles Auffray « Le rapport qu’on a avec sa raquette, c’est une forme de rituel » Charles Auffray, l’ancien joueur, et Charles Auffray, le formateur : une manière particulière d’envisager l’objet raquette. Directeur de l’ISP Academy, à Sophia Antipolis, il donne son avis sur les tendances actuelles en s’appuyant sur son vécu et un profil multifacettes. Charles, tu as été joueur ; quel rapport tu entretenais avec ta raquette ? Là, tu n’as pas trouvé le bon client pour ton dossier ! (Rires) Je ne dis pas que je pouvais jouer avec n’importe quel cadre, mais c’est clair que je n’étais pas un passionné de la question. En revanche, j’étais beaucoup plus pointilleux sur le cordage. Je fais partie d’une génération qui sortait de l’ère Borg. En gros, on avait des raquettes lourdes en tête pour avoir de la puissance, un point, c’est tout. On n’était pas dans la phobie du bon équilibre, du gramme en trop. Je ne sais pas si c’était une bonne chose, mais c’était comme ça.

c’était même énorme, une vraie chance. Sur le coup, j’étais plutôt heureux, mais, en fait, je ne me rendais pas compte. Une fois sur le court, j’ai été tétanisé. Complètement à côté de la plaque. Restons sur une note positive, alors ! (Rires) Tu dois bien avoir un bon souvenir de ton passage au haut niveau ? Evidemment, mon meilleur souvenir restera ma victoire au Critérium. C’est elle qui me permet d’aller en première série. A l’époque, une victoire au Crit’, à Roland Garros, c’était un vrai petit exploit. Ca reste la plus belle victoire de ma carrière, beaucoup plus qu’un succès sur un tournoi Future dans un sombre pays européen ! (Rires)

Tout te convenait… Je le pense, même si j’ai joué avec une Head Radical. Par contre, j’avais une vraie particularité : je tenais ma raquette en bout de manche avec trois doigts, le quatrième étant sous le caoutchouc. Ca m’a joué des tours ! Je me souviens d’un match où j’ai cassé plusieurs manches. J’étais connu pour ma poigne et, cette fois-ci, j’ai bien failli finir sans raquette du tout…

Tu es une fétichiste de la raquette ? J’ai toujours été très fidèle à ma marque (NDLR : Pro Kennex). Et je pense aussi que, lorsqu’on se sent bien avec un modèle, il faut privilégier cette piste, plutôt que signer un gros contrat et perdre des sensations. A la fin de ma carrière, on peut même dire que je jouais gratuitement et ça ne me dérangeait pas. Tu as gardé un modèle avec lequel tu as réalisé un exploit ? En fait, j’ai gardé trois modèles de la Kennex Kinetic XL. Mais je dois avouer que je ne sais même pas si, parmi les trois, il y en a un qui a été en finale de Wimbledon. Depuis, on a déjà essayé de me les acheter, mais j’ai refusé. Ce n’est pas tant que c’est symbolique, mais c’est aussi la raquette avec laquelle je m’exprime le mieux. Or, comme je joue encore un peu, ce n’est pas négligeable ! Ah oui ? Tu joues encore ? Oui, et uniquement pour le plaisir, mais avec ma vie de famille, ce n’est pas évident à gérer. Jouer à 17h30 le soir et le lendemain à 9h00, ce n’est pas toujours possible. On constate une baisse de la pratique du tennis, notamment au niveau des femmes ; je pense que revoir le format des tournois et des compétitions serait un bon axe de réflexion. Il n’y a pas de solution magique, mais c’est une piste à explorer.

vers l’avant, faire avancer la balle ; on a essayé des choses, comme rajouter du poids en tête, avec une raquette plutôt légère. Ca m’a permis de pratiquer le jeu que j’ai produit toute ma carrière, sans m’appuyer sur un physique de folie, tout en rythme, plutôt qu’en puissance ! (Rires) Marion (Bartoli), elle a un peu cette attitude également, puisqu’elle joue avec une raquette allongée... Oui, c’est un peu la même démarche. En gros, c’est compenser un manque physique et maximiser le potentiel de son cadre. Il s’agit juste de le vouloir, d’y croire, de faire des tests… Ne pas simplement penser qu’avec n’importe quelle raquette, on peut mettre en place n’importe quelle stratégie, n’importe quel type de jeu. C’est assez essentiel dans le tennis moderne.

« On a essayé des choses, comme rajouter du poids en tête, avec une raquette plutôt légère »

Revenons à la raquette : la génération que tu entraînes, elle est plus axée sur le matériel que la tienne ? Non, au contraire. Mais, là encore, il s’agit de mon expérience du terrain, donc il ne faut pas en tirer une généralité. Je dirais que cette génération présente un manque de connaissance sur certains aspects essentiels, comme l’équilibre d’un cadre, ou le fait que chaque raquette doit être identique. C’est là dessus que j’insiste. Que dans leur thermobag, les cadres soient les mêmes, à quelques grammes près. Même si on sait tous que ce n’est pas la raquette qui fait le champion.

Est-ce que l’avenir passe par une raquette bourrée de puces ? Elle te donnerait des informations précises sur le nombre de frappes, etc. Je ne sais pas, je ne me suis pas posée la question. Mais ce serait le même débat qu’avec la vidéo. En fait, le joueur a tendance à ne pas croire son coach, il faut constamment lui prouver les choses. La vidéo sert à ça. Dans le cas d’une raquette bionique (rires), ce serait le même principe. Si j’observe que mon athlète décentre souvent ou que son plan de frappe n’est pas le bon, je pourrais, sur écran, confirmer mon analyse. Je gagnerai un peu de temps à le convaincre !

On te sent très affutée sur la question… Je n’avais pas un physique d’Enfer (rires) et, avec mon entraîneur, on a cherché à maximiser notre approche. Et la raquette faisait partie de cette démarche. Je voulais jouer

Tu as un peu disparu de la circulation ; que faistu en ce moment ? J’ai passé tous mes diplômes – et, notamment, ceux d’entraîneur de haut niveau – et j’ai eu la chance d’être

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missionnée par la Fédération Canadienne depuis août. Je cherchais un compromis entre ma vie de famille et mon envie de coacher, de transmettre mon savoir. Là, j’ai trouvé un véritable équilibre. Je m’occupe d’Eugénie Bouchard, qui va faire sa dernière année chez les Juniors en 2012. Notre objectif, c’est de tenter d’accrocher un titre du Grand Chelem à son palmarès et, surtout, de la préparer au haut niveau, parce que ça va venir très vite. Quand on s’appelle Nathalie Tauziat, on peut entraîner une fille qui joue en fond de court ? Oui et heureusement ! J’ai toujours voulu faire ça ; je ne suis pas coach par obligation, j’aime ça. Après, même s’il n’y a pas beaucoup de joueuses qui montent au filet, le tennis féminin reste un tennis d’attaque où il faut frapper tôt, ne pas attendre la faute de l’adversaire. Tout ça, ça ressemble beaucoup à mon approche et à ma philosophie de jeu. Tu as un vrai regret dans ta carrière ? Evidemment, oui… J’ai déconné lors de la finale de Wimbledon. Jamais je ne m’étais préparée à ça. Personne, dans mon entourage, ne pensait que j’allais disputer, un jour, ce genre de match. Du coup, quand c’est arrivé, je n’étais pas en mesure de donner le meilleur de moi-même. Avec le recul, c’est un vrai regret. D’ailleurs, je décris assez bien cette situation et cet enchainement des événements dans mon livre... Ah oui ! Ce fameux livre, qui avait fait grand bruit…* Du bruit, c’est certain, mais pas pour les bonnes raisons. Mon intention, c’était de parler de ma vie sur le circuit. Mais quelques passages ont été mis en avant pour créer des polémiques. Je le regrette, car mon message était plutôt essentiel. Mon idée, c’était d’expliquer qu’on peut arriver à se hisser tout en haut de la hiérarchie du tennis, même sans avoir un physique de folie ou toutes les armes apparentes. Si c’était à refaire… Je pense que je ne le referais peut-être... pas ! (Rires) *Les Dessous du tennis féminin, Nathalie Tauziat

Santoro, lui, ne pouvait pas rentrer sur un court sans avoir, dans son sac, des raquettes absolument identiques… Oui, je sais. Je pense qu’il y a aussi une part de fétichisme. Quelques fois, j’ai tendance à dire que la raquette, le rapport qu’on a avec elle, c’est une forme de rituel pour le champion. Ca fait partie de son habitude, voire de sa préparation. Ce n’est pas critiquable. Après, moi, j’ai toujours eu un rapport différent avec cet objet. Ca provient peut-être du fait que je pratique d’autres disciplines où je trouve que le matériel a une influence beaucoup plus importante sur la performance. Je pense à la planche à voile, au cyclisme. Dans ces sports, un matériel peu adapté peut conduire à des résultats catastrophiques. Au tennis, c’est moins décisif. Oui, moins décisif. Peut-être, mais le matériel a quand même énormément évolué… C’est un fait indéniable et on tient compte de tout ça dans notre travail au quotidien, dans mon académie. On sensibilise nos joueurs et on cherche à améliorer leurs performances, en changeant de type de matériel si nécessaire. Il faut savoir s’adapter, quantifier, qualifier. Et c’est vrai qu’aujourd’hui, le matériel est devenu de plus en plus performant. Performant et précis… De mon temps, il y avait une mode. Aujourd’hui, la gamme s’est élargie, le poids de la raquette va de 255 à 345 grammes. Mais, toutes ces évolutions se sont faites en parallèle à celles du cordage. Selon moi, les deux sont indissociables. Je me rappelle, lorsque j’ai joué pour la première fois avec un Luxilon, ça a été un vrai choc. Je tapais, mais la balle restait dans le court avec des trajectoires incroyables.

« J’avais tendance à m’infliger quelques châtiments corporaux plutôt que casser des raquettes » Quand tu dis qu’un cadre peut améliorer ton jeu, ça ne contredit pas ce que tu nous expliques précédemment ? Non. En fait, tous les jours, à l’académie ISP, on est confrontés à des situations où l’on cherche à améliorer la performance. On fait aussi de la formation, donc la marge de manœuvre est plus importante. Cette année, par exemple, un de nos pensionnaires manquait de puissance au service. En changeant de type de cadre, on a résolu ce souci en partie. Sur quelle expertise vous appuyez-vous pour faire ces choix ? Sur notre expérience, sur un dialogue permanent avec nos athlètes, mais aussi en collaboration avec notre partenaire, Tecnifibre. A ce niveau-là, les joueurs bénéficient aussi du service de leurs marques qui sont toutes à la pointe de la recherche.

« Je tenais ma raquette en bout de manche avec trois doigts »

Tu y crois, toi, à la raquette du futur, bourrée de puces ? Tout ce qui peut nous aider est le bienvenu ; il faut presque s’obliger à y croire. Dans la formation d’un champion, il y a l’évolution des performances et les progrès accomplis chaque jour. Si, demain, une raquette permet de pouvoir quantifier une partie de ces-dites performances, c’est très bien et, nous, on saura exploiter cette technologie.

Revenons aux jeunes que tu formes chez ISP. Ils sont intéressés par les questions de matos ? Je trouve qu’ils sont avertis, qu’ils s’y intéressent suffisamment et, surtout, qu’ils sont ouverts aux changements. De toute façon, c’est plus tard, dans leur carrière, que ça deviendra difficile de changer, de tester, de remettre en cause un choix. Quand un joueur se sent bien avec un cadre et qu’il est un joueur confirmé, c’est presque impossible de lui imposer une nouvelle raquette et, ce, même si ça pourrait améliorer son jeu. Il est dans une certaine forme d’habitude et de zone de confort. Il voit plus les risques que ça peut engendrer que les éventuels progrès.

Dans le monde des académies, la tienne, ISP, est un peu à part, non ? Je ne sais pas. Quand j’ai lancé ce projet, j’avais une envie : vivre une expérience d’entreprise en m’appuyant sur ma passion. J’avais remarqué que beaucoup de sportifs de haut niveau pouvaient parfaire leur formation en exploitant leurs qualités sportives au sein des universités américaines. Très vite, on a donc établi des passerelles entre ISP et les plus grandes universités outre-Atlantique. Ca a tout de suite fonctionné, car il y avait une vraie demande. Aujourd’hui, c’est le cœur de notre activité, auquel s’est ajouté des stages performances et un team élite, ce qui était une suite plutôt logique.

Tu insistes sur la notion de groupe chez ISP ? C’est notre base, notre philosophie. On estime qu’on progresse plus vite en groupe. Que se tirer la bourre, c’est plus performant et positif que la structure en binôme, prof-coach et sparring. Evidemment, il faut accepter cette philosophie et savoir en changer quand elle atteint ses limites ou que ça ne convient plus à la performance d’un champion arrivé à maturité. Le fait d’être à Sophia Antipolis, dans un complexe idyllique, ne vous isole pas des centres névralgiques du tennis en France ? Au contraire, ça nous donne une forme de légèreté. Et puis, on est tout le temps bercés de soleil ! (Rires) ISP, bien qu’installée en France, s’inscrit dans une logique internationale. Le tennis est un sport planétaire, il y a des jeunes qui désirent progresser partout dans le monde. On répond à cette demande et c’est très enrichissant de côtoyer d’autres cultures, d’autres modes de fonctionnement. Pour revenir à notre dossier, tu as fait quoi des Radical que tu utilisais quand tu étais professionnel ? J’en ai gardé quelques unes malgré tout. C’est logique, c’est affectif. Tu as conservé celle que tu avais utilisée face à Kuerten, à Roland Garros (NDLR : Charles Auffray a affronté Gustavo Kuerten au premier tour de Roland Garros 1998, pour une défaite 6-0 6-2 6-2)? Là, je commence à croire que tu cherches à me provoquer ! (Rires) On m’a dit que tu n’étais pas vraiment un casseur ? Non, c’est vrai, j’avais tendance à m’infliger quelques châtiments corporaux plutôt que casser des raquettes, mais, face à Guga, ça a été bien pire. C’est un souvenir horrible… C’est-à-dire... Jouer sur le Central, c’est un rêve. Face à Gustavo Kuerten,

L’académie ISP, une philosophie…

C

harles Auffray et toute son équipe accueillent des jeunes espoirs, tout au long de l’année, dans le cadre idyllique de Sophia Antipolis, via un système de Tennis Etudes. Cette activité est complétée par le team Elite, composé de joueurs aspirant au top 100 mondial. L’objectif d’ISP ? Permettre à des joueurs de très bon niveau de parfaire leur formation pour intégrer des universités américaines. Ainsi, ils peuvent compléter leur cursus scolaire tout en renforçant les équipes de tennis outre-Atlantique. Parallèlement, des stages de perfectionnement pour tous types de joueurs sont organisés pendant les périodes de vacances. Ils rencontrent un fort succès, comme le confirme Julien Bercovici, Chargé de Développement : « Notre point fort, à l’ISP, c’est que nous abordons et entraînons les stagiaires comme nous abordons nos joueurs pros, avec la même ambition et des outils communs. Nos stagiaires plongent dans cet état d’esprit et c’est un magnifique accélérateur de sensations et de progression. C’est ça, notre secret, à l’ISP Academy ! » www.isptennisacademy.fr

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Raquette, tu me veux du bien

Raquette, tu me veux du bien

Novak Djokovic vs. Roger Federer

C’est l’un des classiques de ces dernières années. Mais c’est aussi le match phare des terrains marketing. Novak Djokovic, tête de pont de la marque Head, fait désormais partie des joueurs les plus bankables au monde, ces joueurs qui font vendre, ces joueurs dont l’aura dépasse le cadre du tennis. Roger Federer, de son côté, est l’icône de Wilson depuis des années. Le gentleman du tennis possède une image de marque unique dans ce qu’elle véhicule. Sur le ring de GrandChelem, Folco Canonico, Directeur Commercial de Head France, affronte Frank Wauters, son homologue chez Wilson France. Prêts ? Jouez.

Folco Canonico Directeur commercial Head France Avec Novak Djokovic, vous avez touché le jackpot ! Je dirais même que c’est le turbo de la marque. Celui qui l’a reboostée, celui qui l’a remise sur les bons rails. D’ailleurs, il y a un parallèle entre la demande de produits Djokokic et les performances de ce dernier. Et, encore plus quand on choisit de changer la version de sa raquette en passant du blanc au noir. Djokovic fait vendre, même dans les pays latins ? Oui, mais moins que Rafael Nadal. En revanche, dans les pays de l’est, il domine les débats outrageusement ! (Rires)

« Novak Djokovic joue le jeu à fond »

C’est facile de calculer le retour sur investissement quand on a un team aussi important que le vôtre ? Pour Djokovic, il ne faut pas mettre en parallèle le montant du contrat et le chiffre d’affaire de sa gamme, ce serait trop simpliste. Il est juste possible de faire des choix locaux pour pénétrer un marché spécifique. Et, là, c’est plus facile de calculer ce retour sur investissement. L’an dernier, avec le fameux film de Djokovic sur l’avion*, vous avez bousculé des traditions en termes de communication. On a même le sentiment que vous avez lancé une vraie tendance... On avait fait un constat : une distance s’était installée entre les joueurs et la marque Head. Une certaine froideur, en fait.

Notre but, ça a été de renverser cette tendance. Evidemment, on a de la chance, parce qu’on bénéficie d’un Novak Djokovic qui joue le jeu à fond. Il fallait rétablir un lien fort avec le consommateur et Novak été notre ambassadeur. Ou plutôt le médiateur. Et il est plutôt bon ! (Rires) Ca lui a aussi permis de trouver sa place aux côtés des icônes Nadal et Federer. Dans cette idée, c’est quoi, un bon lancement ? Un bon lancement, c’est quand l’ensemble des éléments du mix-marketing sont maitrisés. Dans le passé, on était dans une approche purement technique. Aujourd’hui, les lignes ont bougé et la concurrence est plus forte. Le consommateur est devenu beaucoup plus exigeant, il ne se satisfait pas uniquement d’un bon produit abouti techniquement. Et il règne en maître. Il faut pouvoir préempter son approche et ses désirs en termes d’utilisation. Un produit à la technique innovante, mais pas dans l’air du temps, ça ne fonctionne plus. L’aspect esthétique a pris une place décisive. La dernière composante restant l’endossement. L’endossement, ce sont les valeurs qui sont portées par le joueur tête de pont du modèle de la marque. C’est cet ensemble de choses qui crée un ressenti ; ressenti guidant l’achat en magasin. Tu as l’air d’insister sur le côté léché du produit... Tout est millimétré. Les vernis utilisés, la qualité de la finition… Ce sont des points sur lesquels il ne faut pas

lésiner. La raquette, c’est aussi une partie de soi-même. On a fait beaucoup d’efforts en ce sens sur la gamme qui vient de sortir, avec l’utilisation de reflets et une véritable minutie dans le détail. Je le répète, la raquette doit être un vrai beau produit. Chez Head, on bénéficie de l’historique de la marque dans le domaine du ski, un domaine toujours prescripteur en termes de tendance. Néanmoins, l’endossement reste une clef décisive pour toucher le compétiteur. Maintenant que vous avez réussi avec Nole, il faut faire pareil avec Andy Murray ? C’est dans les tuyaux. On a des choses qui vont venir avec la nouvelle Radical. Elles sont dans l’esprit de ce qu’on est capable de faire. D’une certaine manière, on a acquis la compétence d’impliquer fortement le joueur dans notre stratégie de communication. L’idée, c’est que le champion ne nous donne pas simplement cinq minutes de son temps à l’arrache parce que c’est rédigé dans son contrat. Au contraire, il faut qu’il s’implique, qu’il sente qu’il peut grandir avec nous et qu’il s’adresse de façon directe et différente à ses fans. Souvent, c’est traité sous la forme de l’humour ; c’est performant si le scénario est bien rédigé. * « Tennis Wing », un film publicitaire réalisé en 2011 par Head, mettant Novak Djokovic en scène sur les ailes d’un avion

« Travailler avec Roger, c’est plutôt facile : il n’est pas contre le changement ou les évolutions »

Avoir la signature de Roger, ça suffit pour vendre plus ? La signature de Roger Federer, c’est un plus incontestable. D’ailleurs, l’idée de la marque Federer, c’est Nike qui l’a lancée, avec le sigle RF. Ce qui est intéressant avec Roger, c’est qu’il a un œil très pointu sur le produit. Il est assez intraitable et il nous permet aussi de progresser. C’est un champion hors norme, mais aussi un vrai stratège au niveau marketing. C’est pour ça que tu as un carton plein de prototypes dans ton bureau ? Effectivement, ce carton, ce sont tous les modèles dont la cosmétique ne plaisait pas à Roger Federer. D’une certaine manière, ce sont des collectors. Autant dire que je suis heureux de les avoir récupérés ! (Rires)

Pete Sampras, autre grand leader de votre marque, n’était pas aussi regardant… Pete, c’était… comment dire ? Spécial. Il ne voulait pas que sa raquette change. Il nous avait même prévenus qu’il était prêt à rompre son contrat si l’on engageait des modifications et qu’il nous achèterait, chaque année, 500 cadres avec les spécificités de sa raquette originelle. En comparaison, travailler avec Roger, c’est plutôt facile, car il n’est pas contre le changement ou les évolutions. Il est très à l’écoute et comprend la démarche de sa marque partenaire. Malgré cet attachement à Roger Federer, cette année marque un petit tournant quand même… Wilson reste le numéro un mondial, mais Wilson, en France, manque de jeunesse. Il fallait corriger le tir, se remettre en question, chercher des solutions pour mieux toucher les jeunes. Ca a débouché sur le lancement des gammes Steam et Juice. C’est plutôt déroutant, on était habitués à plus de classicisme, chez vous... Exactement, mais ce n’est pas venu par hasard. On a mis en place des focus groupe partout dans le monde, au sein des clubs, des académies, des Fédérations... Ces couleurs flashies ne sont pas sorties de nulle part ou d’un cabinet de tendances. Elles sont le résultat de consultations très poussées sur les courts du monde entier.

Le joueur du circuit, c’est de la crédibilité ? C’est carrément indispensable, c’est la clef. Il ne faut pas rêver, sauf à avoir une innovation technologique incroyable et, encore, je pense que ce n’est pas suffisant. Le tennis a changé d’ère. Il est planétaire et omniprésent sur tous les supports médias. Il faut avoir un team international avec plusieurs figures et, nous, on est très attentifs à ça. En parlant de lancement de raquette, quel est celui qui t’a le plus marqué ? Celui du K Factor, en 2007, avec le teasing qu’on a su mettre en place. En plus, les réseaux sociaux n’existaient pas dans leur étendue actuelle, à l’époque, donc c’était plus compliqué de créer du buzz. K, c’était le synonyme de contrôle. En Australie, pour le lancement, Roger Federer remporte le tournoi avec sa K Factor, sans perdre un set. Difficile d’être plus cohérent en termes de message ! Point de vue technologie, quelle est l’innovation, chez un concurrent, qui t’a le plus convaincu, ces dernières années ? Convaincu, ce n’est pas le mot, mais les trous de chez Prince, c’est plutôt respectable. D’abord, parce que des joueurs du circuit les ont adoptés ; également parce que cette technologie est visible pour le consommateur. Ca, c’est fondamental.

L’endossement, qu’est-ce que c’est ? L’endossement publicitaire, c’est utiliser une célébrité – ici, un joueur de tennis – pour représenter et faire la promotion d’une marque. ils n’ont ni Roger, ni Novak Lilian Villechenoux – Directeur Prince France

« Cette année marque un tournant dans notre stratégie. On croit toujours à l’idée de l’endossement, mais on veut compléter cette démarche par un

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investissement important auprès des futurs champions. C’est dans ce secteur qu’on concentre nos efforts, tout en gardant un team de très haut niveau, avec Gaël Monfils comme leader. Prince possède une image forte en termes d’innovation technologique et EXO3 (NDLR : une raquette) aura marqué

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« La France est un marché privilégié pour le tennis »

Pierre Bayssat, Directeur Commercial de Tecnifibre, nous donne les clefs pour comprendre et analyser le marché de la raquette. Qui achète ? Qui pratique ? Quelle est la force du joueur représentant une marque ? Ou la raquette comme outil marketing. Quel est votre sentiment général sur le marché de la raquette, d’un point de vue économique ? La France est un marché privilégié pour le tennis. Il est très organisé, c’est le troisième marché mondial tant en volume qu’en chiffre d’affaires… En gros, ça représente 600 000 raquettes par an. Ce sont les Etats-Unis qui sont en tête, avec pas moins de deux millions de raquettes. Et le Japon, deuxième, ce qui se sait moins. En France, le marché possède de vraies spécificités. Je dirais que le niveau de pratique est élevé, si on le compare à d’autres pays de culture tennis. C’est dû à la qualité de l’enseignement et au travail des clubs à travers leurs écoles de tennis. Après, la deuxième place du Japon, elle peut surprendre si on se place du point de vue du haut niveau et de la position de ce pays dans la hiérarchie sportive ; mais, la vérité, c’est que le tennis y est un sport phare, avec beaucoup de pratiquants, notamment chez les femmes. Il pèse près de 800 000 raquettes par an... Mais, pour revenir à la France, l’autre point essentiel, c’est que deux raquettes sur trois sont achetées par des joueurs de moins de 18 ans. La moitié des licenciés sont des jeunes, souvent des compétiteurs et, donc, des consommateurs. La France est, d’ailleurs, le marché le plus dynamique au monde sur le plan des jeunes.

Est-ce qu’un champion fait vendre ? Il y a effectivement un rapport direct entre l’image d’un joueur et les ventes, mais je pense que ce rapport n’existe réellement que pour trois stars : Federer, Nadal et Djokovic. Ces trois-là, ils ont un vrai impact sur la demande. On observe ça tous les jours et de façon très concrète. Ils symbolisent des valeurs de performance auxquelles les jeunes s’identifient. Après, ce pouvoir d’identification est beaucoup plus limité que par le passé et le nombre d’athlètes le possédant beaucoup plus restreint. En France, je rajouterais Jo-Wilfried Tsonga à cette short list. Là encore, le fait que ça ait changé, c’est positif, car il y a de la place pour d’autres approches marketing, différentes de celle qui consiste à avoir un joueur bankable. Tu peux acquérir une légitimité sur le marché féminin sans avoir nécessairement la numéro un mondiale. Le joueur est donc une condition nécessaire, mais pas suffisante. Le team de champions sans un vrai réseau de prescripteurs, de relais de proximité et de pratiquants qui jouent avec la marque, ça ne sert à rien. Il faut que celle-ci soit vue et, ce, à tous les niveaux, du tournoi senior au tournoi pro. Si la marque se contente d’avoir des joueurs du top 30, mais qu’elle n’anime pas le tennis localement, elle n’aura ni la confiance de la distribution, ni celle du pratiquant, qu’il soit compétiteur ou pas. Il faut trouver le juste équilibre et sentir que le joueur

joue le jeu. Avec Janko Tisparevic, on ne peut pas se plaindre. Son implication est totale et il est fier de porter nos couleurs. Ca, c’est très important. Pourquoi Tecnifibre a décidé de se lancer sur le secteur de la raquette, alors que, dans le même temps on voyait disparaître des marques légendaires ? En fait, on a commencé à produire des cadres en 2005. C’est vrai qu’on est les jeunots du marché. Notre logique s’appuyait sur notre connaissance du secteur et de la pratique, grâce à nos compétences dans le cordage. On touchait tous les jours aux spécificités du haut niveau (NDLR : Tecnifibre a été longtemps cordeur officiel de Roland Garros), mais aussi celles de la pratique loisir, par notre service de promotion et nos clubs partenaires. Naturellement, on a tourné notre développement vers la raquette, ça nous semblait plutôt logique et légitime. On se disait que ça allait intéresser nos clients et d’autres amoureux du tennis. On est encore en phase de construction et d’apprentissage, mais nos chiffres progressent et il y a un bel engouement sur notre dernière collection. L’autre bonne nouvelle, c’est qu’on a fait nos armes et que le marché et les distributeurs comprennent vraiment ce qu’on peut apporter en plus, par rapport aux autres marques déjà bien installées.

Karine Molinari

Frank Wauters Directeur commercial Wilson France Federer comme leader, on ne peut pas rêver mieux, non ? Federer, c’est notre locomotive et on s’en réjouit tous les jours. D’ailleurs, il n’a jamais été aussi fort pour nous, notamment avec toute une gamme de cadres qui reprend sa section de raquette. Et, ça, c’est une grande première dans notre histoire. Comme pourrais-je me plaindre d’avoir un joueur de cette dimension en tête de gondole ? Il faudrait être fou ! Plus de 50 produits portent son nom, du thermobag, jusqu’à un bi-pack. C’est difficile de mettre plus en avant le plus grand champion Wilson de l’histoire.

Pierre Bayssat Directeur commercial tecnifibre France

l’histoire de la raquette, comme la Prince Graphite par le passé. La preuve : un joueur comme Donald Young n’est pas sous contrat avec nous, mais joue en Prince. »

« La raquette du champion, c’est souvent son porte-bonheur » Karine Molinari est agent de joueurs chez Octagon. Ces personnes, souvent au centre des tractations pour la négociation d’un contrat raquette, occupent un rôle décisif auprès du joueur. Comment se passe le choix d’un cadre, comment se construit un contrat… Coup d’œil sur les coulisses du business. Quel est le rôle de l’agent dans la négociation d’un contrat raquette ? Chez Octagon, on ne s’occupe jamais de ça, sauf si le joueur nous le demande. Dans ce cas, on joue plutôt le rôle d’interface avec la marque. Avant de changer de cadre, le joueur teste souvent l’ensemble de la gamme des marques en fonction de son type jeu. Au préalable, nous, on envoie les spécificités techniques de la raquette d’origine afin que le choix soit le plus pertinent possible. Une fois le test validé, on revient vers la marque pour définir un cadre contractuel et commercial. On parle d’argent à ce moment-là ? Oui, mais ce n’est pas l’essentiel. Ca ne doit surtout pas être le montant du contrat, la clé du choix pour le joueur. Par le passé, on a déjà vu des erreurs commises dans ce sens et, sportivement, ça a été désastreux. Sincèrement, le jeu n’en vaut pas la chandelle… C’est-à-dire ? En général, un bon contrat raquette représente 25% d’un bon contrat textile. Donc, excepté pour le top 5, le contrat raquette ne pèse pas plus que ça dans l’économie d’un

Arnaud Barazer - Directeur Vökl France

« Chez nous, l’équation est assez simple, car on a pas de joueurs du top 100. C’est un choix à la fois financier, mais

joueur du top 100. Et puis c’est quand même leur outil de travail. J’essaie toujours de les sensibiliser à ça pour éviter de commettre des erreurs. C’est peut-être pour ça qu’ils en changent rarement ? Quand un joueur se sent bien et qu’il est normalement conseillé, il va privilégier son bien-être, son confort, son niveau de performance. D’autant qu’il existe un vrai climat de superstition autour de cet objet. Tu as un exemple précis ? Oh oui, il arrive que des modèles changent de cosmétique au fil des années, mais pas de spécificités technique. Et bien, pourtant, quand ça se produit, c’est souvent la panique chez les joueurs. Ils restent persuadés que ce n’est pas le même cadre. Entre eux, c’est un sujet dont ils parlent ? Ils se prêtent même leurs cadres, échangent leurs sensations. Je les trouve, d’ailleurs, assez pros dans leur démarche et très sensibles à des variations de poids et d’équilibre. La raquette du champion, il ne faut pas

aussi pragmatique. De plus, notre positionnement, c’est la qualité de nos produits et leur technologie. On est un peu comme une Lexus, il faut nous essayer pour nous adopter. L’endossement, ce n’est pas qu’on y croit pas, mais encore

oublier que c’est souvent son porte bonheur… surtout quand il gagne ! C’est dans cette attitude que l’on peut sentir une différence entre les jeunes joueurs et les professionnels ? Les espoirs, eux, sont plus dans une forme de mimétisme lié aux grands champions. C’est pour ça que ce marché est plus sensible aux phénomènes de mode. Un petit mot sur l’Open de Guadeloupe*, un tournoi que tu organises : comment se prépare cette deuxième édition ? Cette année, on a travaillé, notamment, notre qualité d’accueil pour les joueurs. Le fait qu’on puisse construire un player’s lounge dans le Palais des Sports, c’est une très bonne nouvelle. En plus, il est tout près du Centre de Ligue. Il faudra juste traverser une très longue pelouse en… voiture de golf. Ca, c’est de l’innovation ! (Rires) * Open de Guadeloupe, Challenger 100 000$, au Gosier, du 26 mars au 1er avril 2012

faut-il trouver un joueur qui porte bien nos couleurs et qui se sente impliqué. Par le passé, on avait eu Jiri Novak (NDLR : ex-numéro cinq mondial, en 2002), ça nous avait permis d’acquérir une certaine notoriété, c’est certain. »

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Raquette, tu me veux du bien

INTERNATIONAUX DE TENNIS MASCULIN www.opendequimper.com

Bientôt une Le portrait chinois de…

Jean-Jacques Poupon

L

’annonce a été faite un peu avant le bouclage du magazine, par un simple communiqué arrivé sur le desk de la Rédaction. Babolat annonçait sa nouvelle aventure : « Play and Connect », ou la raquette intelligente. Un projet qui tombe à pic pour notre dossier. Une aubaine. Logique, alors, de nous rendre au siège de la marque, à Lyon, dont l’innovation technologique est le sceau, le sceau de la fameuse double ligne. « Ca fait plus de cinq ans qu’on est sur ce concept, il était logique de l’annoncer aux passionnés », explique tranquillement Jean-François Morard, le Directeur Europe. Une raquette intelligente, tout le monde en rêve. Ce qu’on oublie, c’est que Tretorn, en 1990, avait déjà lancé l’idée, avec un cadre qui était capable de mesurer la vitesse de chaque frappe. « Aujourd’hui, je ne peux pas vous dire ce qu’enregistrera cette raquette, ni comment, ni pourquoi ! » Secret défense. Difficile de percer le mystère ; faisons donc, simplement, quelques suppositions, histoire d’anticiper les probables révélations, même si le défi technologique semble assez compliqué à résoudre. « Installer des puces, en gros, de la technologie embarquée sur une raquette, ce n’est pas simple », nous explique un ingénieur chevronné. « On n’est pas comme avec une voiture. Ca va, obligatoirement, entraîner des modifications en termes d’équilibre. D’ailleurs, je crois plus à une aide extérieure par des systèmes de caméra, par exemple, qu’à une raquette smartphone, qui va nous permettre toutes les folies. » « Notre idée, c’est de s’appuyer sur une technologie innovante », rassure Gael Moureaux, chef de projet. « Quand on sort d’un match qu’on a gagné, on dit souvent : « J’ai bien senti la balle. » On veut offrir la possibilité d’expliquer pourquoi. »

Bref, Babolat se positionne pendant que les autres n’y croient pas. « Si je gagne 6-2 6-3, je n’ai pas besoin de savoir pourquoi en connectant ma raquette ou en analysant ma rencontre ; j’ai gagné, c’est tout », commente Frank Wauters, Directeur Commercial de Wilson France, avec le sourire. De notre côté, on attend avec impatience les premiers prototypes qui seront présentés à Roland Garros. «Tout sera dévoilé en mai, du côté de la Porte d’Auteuil », continue Jean-François Morard. « Puis, des joueurs chevronnés, ainsi que des coaches, vont nous aider à régler les petits détails. Suivant ces réglages, on pourra annoncer la date de lancement de la raquette Play and Connect. Mais ce sera en 2013. » C’est une petite révolution et une révolution en marche. On a vraiment hâte de pouvoir connecter notre raquette à notre ordinateur, vérifier si l’on a décentré, connaître la vitesse moyenne de notre première balle, ou la distance totale que l’on a parcourue… Et, pourquoi pas, que notre raquette envoie aussi un petit sms pour annoncer notre victoire à notre petit(e) ami(e) ! Et Jean-François Morard de calmer nos ardeurs : « Comme toute évolution, il faut savoir rester patient. L’idée, ce n’est pas de sortir une raquette gadget, mais bel et bien d’offrir de nouveaux services à nos joueurs, qu’il soit pros ou amateurs. C’est ce qui nous a poussés dès le départ à lancer ce défi. » Si, effectivement, le défi est de taille, le choix est aussi stratégique économiquement. Car si cette raquette répond à une nouvelle demande, au vu de l’invasion de la technologie dans notre vie courante, elle pourrait bien devenir le best seller du 21ème siècle… ou pas !

Bientôt une raquette qui envoie un sms pour annoncer notre victoire à notre ami(e) ?

Il est le cordeur le plus célèbre du monde de la petite balle jaune française : Jean-Jacques Poupon, qui prépare les raquettes de l’équipe de France de Coupe Davis, mais aussi celles de Rafael Nadal, répond aux 15 questions de ce portrait chinois. La franchise à la Bretonne. Si tu étais un tournoi du Grand Chelem ? Roland Garros. C’est dans ce stade mythique que mon activité professionnelle a pris une dimension inimaginable et inimaginée à mes débuts. Après 30 ans, Roland Garros est ma deuxième maison, avec Babolat. Concarneau restera toujours la première ! Si tu étais une tension ? Déjà, il faut préciser avec quelle corde, car une tension s’adapte en fonction de son jeu, des conditions, mais surtout du cordage. Donc, avec un boyau, je dirais 24kg pour la tension. Ca colle à ma personnalité : pas traumatisant, souple, sensible et délicat. Si tu étais une raquette en bois ? Les nerfs de McEnroe avec sa Dunlop Maxpli. Si tu étais une raquette moderne ? L’Aeroprodrive, de Babolat. Une raquette puissante, maniable, qui donne un maximum d’effet. Au-delà de ça, c’est une raquette que j’adore préparer et qui a déjà gagné 11 tournois du Grand Chelem (NDLR : 10 pour Rafael Nadal et un pour Francesca Schiavone). Si tu étais une région, autre que la Bretagne ? La région lyonnaise ! C’est là que j’étais rattaché professionnellement. Et puis, là-bas, il y a de la bonne nourriture et du bon vin ! Si tu étais un joueur des années 80 ? Yannick Noah ! Il a fait vibrer la France. J’adorais lui corder ses raquettes et, depuis, nous avons vécu des moments inoubliables ensemble. C’est un personnage. Si tu étais un héros de l’histoire de France ? D’Artagnan. Si tu étais un cordage ? Le boyau, car il va bien avec ma tension ! Si tu étais une traversée ? La Route du Rhum, car elle part de ma Bretagne (NDLR : Saint Malo) et que son nom est plutôt sympa. Un ti’ punch à l’arrivée, c’est bien mérité ! Un nom plutôt cool, d’ailleurs, pour une course qui l’est beaucoup moins. Si tu étais une sucrerie ? Un bon caramel au beurre salé. De Guérande, bien sûr ! Si tu étais une taille de manche ? Quatre, pour qu’il soit bien adapté à mes grandes mains et éviter, ainsi, de me faire une tendinite… Si tu étais une victoire de Rafael Nadal ? Pas facile, comme question, encore une fois… J’hésite entre la première et la dernière, à Roland Garros. La première, car Rafa venait de changer de raquette (NDLR : il est passé de la Pure Drive à l’Aeroprodrive) et qu’il a sorti une saison incroyable, avec une maturité et une envie énormes pour son jeune âge, à l’époque. Le prodige est sorti de sa tanière cette année-là ! Et puis, la dernière, car, face à Roger, c’était la finale attendue par tout le monde. Parce que Roger avait battu Novak au tour précédent et qu’il a produit, pour la première fois, face à Rafa, un match digne de son immense carrière et niveau. Pour Nadal, c’était aussi une période délicate avant le tournoi (NDLR : défaite contre Djokovic à Madrid) et il est allé chercher la victoire avec ce qui le caractérise le plus : son mental. Et puis, on lui avait changé son jeu de raquettes juste avant le tournoi pour qu’il ait plus de sensations. J’ai dû appliquer toutes mes recettes magiques – que je garde secrètes – pour qu’il se sente parfaitement bien avec. Une belle victoire ! Mais, plus que tout, en demi-finale de Coupe Davis, en 2011, lorsqu’il apporte le point de la victoire à son pays et qu’il vient m’embrasser avant même de rejoindre ses coéquipiers... Quel beau moment de reconnaissance, juste avant ma retraite !

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crédit photo : Patrice Laurent - studio Agena

De tous temps, la raquette de tennis a évolué, passant du bois au métal, puis aux matériaux composites. Par la suite, les fabricants se sont concentrés sur des innovations technologiques afin de la rendre plus confortable, plus facile à jouer, plus légère. Aujourd’hui, il semble bien que cette démarche soit arrivée à maturité. C’est l’heure. L’heure de l’innovation finale, l’heure de la science fiction. L’heure de la raquette du futur, connectée, connectante, ou l’avenir de la recherche. Alors, imaginons un peu cet instrument magique, un projet qui semble être dans les tuyaux.

2e ÉDITION

6 au 12 février 2012

50 000 $ + H

Tennis de Creac’h Gwen reservations@opendequimper.com V IL L E DE Q U I M P E R


Tecnifibre croit en son étoile Cela fait maintenant un an que Tecnifibre a décidé de s’installer en Chine. L’objectif ? Y suivre de près le développement de la petite balle jaune et accompagner les espoirs d’un pays qui pourrait devenir un poids lourd de la planète tennis au 21ème siècle.

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ldorado, croissance à deux chiffres… Il semble que la Chine soit devenue le rêve de tout équipementier de tennis qui se respecte : « Tout est hors normes, ici », explique Guillaume Ducruet, Responsable Sport Marketing au sein de Tecnifibre. « Tout va plus vite. Les moyens sont considérables, c’est presque irrationnel. Dès mon premier voyage, j’ai été frappé par cette envie et cet engouement autour du tennis. On a vraiment l’impression que tout est possible, que construire de beaux clubs n’est pas un problème… Bref, que l’ensemble des acteurs ont vraiment l’intention de faire de la Chine un grand pays de tennis ! » Tout est possible, si et seulement si l’ancrage local est réussi. « Quand Guillaume Peyre m’a expliqué qu’il avait un projet en Chine, ça a fait tilt », continue Guillaume Ducruet. « On a toujours été proches de lui, puisqu’il a été le coach de Marcos Baghdatis. Notre collaboration est presque devenue naturelle. » Connaître les us et les coutumes chinoises, voici donc la première pierre à poser pour ne pas avoir de grosses surprises. « Si ça fonctionne déjà au niveau féminin, avec Na Li ou Jie Zheng, côté masculin, il y a tout à faire

et à construire. S’associer à ce mouvement, c’est un peu s’inscrire dans l’histoire du tennis. Il était logique que l’on mette en place les recettes qui ont fait le succès du programme Next en Europe. » Le premier acte ? Signer Big Georges – tel est le surnom donné au numéro un chinois. Ze Zhang est actuellement classé au-delà de la 250ème place mondiale. Ce joueur au potentiel énorme (voir interview) débute une nouvelle carrière, celle d’un joueur professionnel, celle qui doit l’amener à viser le top 100. « Notre connaissance du circuit, le parrainage de Janko Tipsarevic, tout ça peut permettre à notre team chinois de progresser plus vite, de ne pas se tromper de stratégie de calendrier, par exemple. Pour l’instant, ces joueurs sont très peu sortis de leur zone asiatique. A terme, logiquement, ils devront aller en Europe ou aux Etats-Unis. D’ailleurs, ils ont bien compris que c’était indispensable pour pouvoir prendre des points et de l’expérience. Notre accompagnement va les aider ; nous ne sommes pas simplement leur équipementier et, avec Guillaume Peyre, un vrai climat de confiance s’est installé. L’objectif est clair : permettre à cette génération de progresser rapidement. »

« Rapidement », c’est un peu le mot à la mode au pays du petit livre rouge. Rouge, comme l’était la Tfight 305 de Ze Zhang, noire, cette année. Zhang, un nom à retenir, un nom qui devrait faire parler de lui dans les années à venir.

Guillaume Peyre responsable du haut niveau masculin pour la fédération chinoise

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« Permettre au premier joueur chinois de rentrer dans les 100 meilleurs mondiaux »

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Guillaume Peyre est responsable des joueurs professionnels au sein de la Fédération Chinoise de Tennis. Il est donc parfaitement bien placé pour analyser le tennis chinois, ses forces et ses jeunes qui montent. Voilà, en quelques mots, pas mal de clefs pour comprendre la stratégie mise en place autour du tennis dans l’Empire du Milieu. Avec, en toile de fond, la percée dans le top 100 des jeunes pousses nationales. Quelle est la culture tennis en Chine ? Depuis la victoire de Na Li à Roland Garros, le tennis intéresse de plus en plus de monde. La culture du sport de haut niveau est très forte en Chine. Les Jeux Olympiques alimentent cette dynamique. Obtenir la médaille d’or reste l’objectif majeur toutes disciplines confondues. Le tennis féminin possède depuis des années des joueuses susceptibles de réaliser une telle performance. Les moyens sont donc plus importants pour les filles que pour les garçons. Tant qu’un joueur n’obtiendra pas de très bons résultats sur le plan international, on assimilera toujours le tennis chinois aux filles. La Fédération joue un rôle primordial. Elle met tout en œuvre pour développer le tennis de haut niveau. Quelle est ta vision à court ou à long terme sur le tennis en Chine ? Je pense que le tennis va continuer à se développer. Ca me rappelle un peu 83, l’année où Yannick Noah gagne Roland Garros. Le tennis a connu un grand boom. La Chine possède une génération de joueuses exceptionnelles avec Na Li, Shuai Peng et Jie Zheng. Tout s’organise pour préparer la relève. Ainsi que pour permettre au premier joueur chinois de rentrer dans les 100 meilleurs mondiaux... Côté tennis loisir, les Chinois adorent les sports de raquette et de balle. Tout porte donc à croire que le tennis en Chine a un bel avenir... Tecnifibre se lance sur le marché chinois. Comment se positionne la marque en termes de promotion ? Déjà, je suis très heureux de promouvoir, en Chine, une marque de tennis française et de

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qualité comme Tecnifibre. La marque a sous contrat les deux meilleurs joueurs chinois, membres de l’équipe nationale et joueurs de Coupe Davis. Chez les jeunes, Tecnifibre s’active et va prendre sous son aile de très bons éléments. D’autres outils promotionnels, comme le sponsoring de tournois ou l’académie 6ème sens, à Pékin, offrent une très bonne visibilité auprès des pratiquants. Les deux meilleurs joueurs chinois, Ze Zhang et Ze Li, font partie du team Tecnifibre. Tu peux nous en dire plus sur eux ? Zhang Ze est un jeune joueur de 21 ans. Champion de Chine, numéro un national au classement ATP (NDLR : il est 290ème), il possède

un bon potentiel pour rentrer dans le top 100. Grand de taille, très athlétique, c’est un gars qui aime jouer le point et utiliser ses qualités physiques pour contrer. Pour le moment, l’expérience des grands matches lui fait défaut. Mais sa montée au classement va lui permettre de démarrer sur le circuit Challenger. C’est là que tout se joue ; il devra gravir les échelons un par un. De son côté, Ze Li a 24 ans. Il est numéro deux, 350ème à l’ATP et joue en Coupe Davis. Lui a choisi de rejoindre Tecnifibre, parce qu’il souhaitait effectuer des modifications de poids et d’équilibre sur sa raquette. Les spécialistes de la marque ont produit un cadre spécifique à sa demande. C’est ce savoir-faire, les services et la qualité du matériel qui ont motivé son choix. Zhu Zhi Cheng, numéro un chinois chez les cadets, vient aussi d’intégrer le team NEXT de Tecnifibre. Ce jeune est prometteur ? La première fois que je l’ai vu jouer, je me suis arrêté pour l’observer, car c’est le genre de joueurs qui t’interpelle. Une frappe sèche, une vitesse de main supersonique, rapide dans les déplacements… C’est un garçon qui a toutes les qualités pour devenir un très bon joueur. J’aime son profil de jeu, son physique, sa détermination et son projet atypique encouragé par son père. Un système en autarcie qu’il est rare de voir en Chine à cet âge-la.

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Son matériel Ze Zhang, numéro 1 chinois joue avec une T FIGHT 305 cordée en BLACKCODE 1,24.

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