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TENNIS MAGAZINE DE 100% GRATUIT 2012 JUILLET / AOÛT
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We Love Roger
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« J’ai du mal à réaliser ce qui s’est passé. Je crois que cette fois, c’est encore plus grand. » Roger Federer, trentenaire victorieux, légende du tennis
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«La cérémonie d’ouverture était magique. En plus, je n’ai jamais pu jouer la Coupe Davis. Revêtir ce survêtement de l’équipe de France, croiser tous ces athlètes français, ça a animé ma fierté et nourrit mon ambition comme jamais.» Arnaud Di Pasquale au sujet de l’atmosphère si spéciale des Jeux Olympiques
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«Ce sont des moments rares dans une carrière, surtout pour un joueur de tennis. Les Jeux, c’est la grande messe du sport, de toutes les disciplines, de toutes les émotions. Faire partie de cette aventure, c’est quelque chose de fabuleux.» Julien Benneteau, sélectionné en double pour les Jeux Olympiques 2012
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«Je me souviens qu’il ne faisait que des chops, en revers. Il avait une bonne qualité de balle, mais il était très irrégulier et, comme je l’ai dit précédemment, il pétait vite les plombs. il était capable de casser trois raquettes en quatre jeux assez régulièrement.» Julien Jeanpierre, à propos de Roger Federer
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Roger Federer s’écroule sur le gazon du Centre Court, dans cette lumière de fin d’après-midi. Il se prend le visage dans les mains. Et regarde son clan, les yeux teintés d’incrédulité. Et pourtant… Le Suisse vient de remporter son 17ème tournoi du Grand Chelem. A la Rédaction, on a contemplé cette finale avec une certaine émotion. Ce moment d’histoire nous renvoyait à notre propre parcours. Le dernier trophée majeur de Roger, le 16ème, c’était en janvier 2010. Pour notre numéro 16… Un numéro charnière, qui marqua le passage de notre ancienne à notre nouvelle version. Deux ans et demi plus tard, tout un symbole : il s’offre son 17ème à l’heure où, nous, nous vous offrons un sixième numéro de GrandChelem annuel. Un nouveau point de passage… « Je crois que je n’ai jamais été aussi heureux », affirmait le Suisse en 2010. Aujourd’hui, il se dit, certainement, avoir parlé trop vite. Ses jumelles ont grandi et les moments sportifs difficiles qu’il a vécus ont appliqué cette fameuse et nietzschéenne sentence : « Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. » A GrandChelem/Welovetennis, nous avons fait de même. Nous avons travaillé malgré les écueils, les ornières et les bâtons dans nos roues, nous avons progressé grâce à des soutiens de taille et la fidélité de ceux qui croient en nous, jusqu’à créer un vrai bimestriel de qualité, éditer un livre, « Grand Chelem, mon amour », en préparer un autre, « Roger, mon amour », pour novembre prochain, faire de notre site d’information, www. welovetennis.fr, un site de référence, concentrant toute la petite balle jaune et battant des records d’audience. La prochaine étape ? Ne nous pressons pas. Si Roger le veut bien, il gagnera les Jeux Olympiques et réalisera encore quelque immense performance. Et, main dans la main, nous le suivrons dans son parcours. Avançons, c’est tout.
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wimbledon Je te raconterai l’histoire de ce roi… « On a vu souvent rejaillir le feu de l’ancien volcan qu’on croyait trop vieux… » Enterré durant deux ans sous les cendres et le limon de défaites précoces en Grand Chelem, Roger Federer n’était pas endormi. En veille, tout au plus. En attente, surtout. En attente de conditions optimales à la réalisation d’une grande performance. Un peu comme s’il solidifiait cratère et cheminée pour mieux tout exploser. Comme s’il faisait croître lentement, mais sûrement, la pression à l’intérieur d’une enveloppe rigide et stoïque. Mieux, il patientait et savait que son heure reviendrait après deux années de retrait dominées par Nadal et Djokovic.
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« Il est paraît-il des terres brûlées donnant plus de blé qu’un meilleur avril. » Une petite baisse de régime de la concurrence, un parcours trop cahoteux pour qu’on ne le voit autrement qu’en surprise, un Serbe anesthésié pendant deux manches et sa meilleure victime en finale des Majeurs : réveillez Haroun Tazieff et demandez-lui si tous ces paramètres ne sont pas idéaux pour qu’un mastodonte de la petite balle jaune, un Vésuve, un Etna, un Saint Hélène ne sorte de son sommeil pour éclater au monde et lancer dans les cieux ses feux incandescents et victorieux. « Roger Federer est immortel », titrait-on lors de ce jour de gloire. Pour ceux qui en doutaient, il est temps de faire profil bas. « Je voudrais que ceux qui disaient « Roger est fini » ces deux dernières années avouent, aujourd’hui, qu’ils avaient tort », insiste Riccardo Piatti. « Et quand vient le soir pour qu´un ciel flamboie le rouge et le noir ne s´épousent-ils pas… Ne me quitte pas, ne me quitte pas… » Le feu du volcan est encore bien vivace. Mais pour combien de temps, peut-on s’interroger. Quand Roger Federer, le joueur, s’éteindra pour de bon, laissant, seul, la place à Roger, l’homme et le papa... Oui, car on pensait que son retrait progressif avait déjà commencé. En douceur, avec de belles joies en Masters 1000 et ATP 500. Mais irrémédiablement. Son titre à Wimbledon vient nous rappeler qu’il restera un champion jusqu’à ce que soient rangées ses raquettes. Et jusqu’au bout, à la manière d’un Andre Agassi vainqueur de l’Open d’Australie à 32 ans passés… Le départ de Roger laissera un grand vide. Alors, en attendant, profitons et susurrons-lui à l’oreille quelque hypnotique mélodie pour reculer ce moment. « Ne nous quitte pas, ne nous quitte pas… »
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Roger, number one Dès la fin de l’année 2010, Roger Federer affirme vouloir reprendre « sa » première place mondiale. Malgré cette confiance affichée, les semaines, les mois et les années passent sans que le Suisse se rapproche réellement de cet objectif. Et, lorsqu’en septembre 2011, Djokovic, qui caracole en tête, creuse un écart de plus de 6000 points avec lui, même les plus optimistes se mettent à douter. Or, justement, ce mois de septembre 2011 est un véritable point de passage dans la reconquête federienne du pouvoir. « Après cette demi-finale perdue à New York, j’ai énormément travaillé. Je n’ai pas baissé les bras et j’ai continué à me battre. Je jouais du bon tennis, mais je ne pouvais pas me contenter de ces demi-finales et finales perdues. » Cet élan de motivation propulse le Suisse dans une saison automnale exceptionnelle. Titré à Bâle, Paris-Bercy et au Masters de Londres, Federer empoche 3000 points en moins de deux mois. « A partir de Bâle, je suis reparti dans un cycle de victoires », analyse le Suisse. « Ensuite, ma confiance n’a fait qu’augmenter avec les titres à Paris et à Londres. C’est alors que j’ai réalisé que de grandes choses étaient possibles pour 2012. » Sur sa lancée, Federer gagne les tournois de Dubaï, Rotterdam, Indian Wells et Madrid. Les points de ses demi-finales à Melbourne et Roland Garros le replacent dans la course à la première place, aux côtés des ogres Nadal et Djokovic. Fin juin 2012, une occasion se présente. Enfin. S’il gagne Wimbledon, Federer redeviendra numéro un et battra le record de longévité de Sampras aux commandes du classement ATP. Immense champion qu’il est, Roger ne laisse pas passer sa chance. Le revoilà sur la plus haute marche du classement, ambassadeur numéro un du tennis mondial devant les jeunes loups aux dents longues. « Je n’ai jamais cessé d’y croire. C’est incroyable d’égaler Sampras. Il était mon héros… La place de numéro un ne vient jamais sur un plateau. J’ai beaucoup travaillé pour en arriver là. C’est un moment magique pour moi ! » Pauline Dahlem
Les 30 glorieux En 2009, Roger Federer s’incline en finale de l’US Open. C’est un gosse de 20 ans qui lui inflige une défaite improbable, Juan Martin Del Potro. Roger, lui, vient d’avoir 28 ans, de remporter ses 14ème et 15ème titres en Grand Chelem – record battu – et, surtout… de devenir l’heureux papa de deux petites jumelles. Ce jour-là, ce 14 septembre 2009, le Suisse perd parce qu’il est homme et parce qu’il est adulte. C’est la victoire d’un enfant, Juan Martin. Et la défaite d’un père. Un père serein, qui a déjà tout vu, tout vaincu. Un père qui peut désormais perdre. Dimanche 8 juillet 2012, Roger Federer, 30 ans, remporte Wimbledon pour la septième fois de sa carrière. Il succède à Arthur Ashe, dernier trentenaire titré à Londres, en 1975. Et rejoint Pete Sampras, Andre Agassi, Ivan Lendl, Jimmy Connors, Andres Gimeno, Rod Laver, Ken Rosewall ou encore John Newcombe dans le cercle des vainqueurs de majeurs à cet âge de maturité. Face à Andy Murray, en finale, il s’impose grâce à son expérience, un calme et une maîtrise, tant de soi, que des éléments extérieurs. Une capacité à savoir avec exactitude quand appuyer, là où ça fait mal, quand se sortir les tripes, quand gérer une avance par une concentration sans failles et sans limites. Le 8 juillet dernier, trois ans après cette défaite du papa, le scénario est renversé : c’est parce qu’il est père qu’il soulève le trophée, devant ses deux enfants, présentes en tribune. Il semble porté par une force intérieure et toute la plénitude de son accomplissement. Au moment où il sert et soulève les anses dorées de sa coupe, la sienne, comme on étreint sa bien aimée, comme on l’embrasse, comme on la fait voler, Roger Federer n’a plus 30 ans, ni d’âge ; durant quelques instants, il s’offre au monde et rejoint l’univers, devient intemporel et devient absolu. Désormais, c’est sûr, cet homme est une légende. Rémi Capber
Un jardin à l’anglaise… C’est le temple du tennis, celui vierge de sponsors, celui du trophée en or. « Vous voyez le trophée… et c’est trop beau. Doré. Vous ne gagnez pas souvent de trophées dorés. Le regarder, le toucher, le porter… C’est quelque chose dont vous avez toujours rêvé. » Voilà comment Roger Federer exprimait sa joie à l’issue de son premier succès au All England Club, en 2003. Depuis, 16 autres titres sont venus compléter son palmarès, mais aucun n’a la saveur si particulière de ceux remportés à Wimbledon. « L’atmosphère, le lieu chargé d’histoire, le fait de jouer en blanc, ce tournoi respire le tennis », commente encore celui pour qui la tradition n’est pas un vain mot. Qu’il retrouve la place de numéro un mondial ici, dans son jardin, un petit exploit déjà réalisé en 2009 quand il terrassait Andy Roddick au cours d’une bataille homérique, semble d’une logique implacable. Tous les grands champions aspirent à l’emporter sur le gazon londonien. Rafael Nadal en avait fait un but, Novak Djokovic y pensait quand il avait quatre ans, Boris Becker y avait forgé sa légende et Ivan Lendl, le coach d’Andy Murray, avait tout essayé, en son temps, pour parvenir à décrocher ce Graal… sans succès. Au final, c’est presque naturel de voir Roger au firmament là où il a commencé à écrire sa légende. On savait que ce 8 juillet 2012 allait être historique, il est définitivement légendaire. « Une finale de Grand Chelem à Wimbledon, tu ne t’y habitues jamais. Cette fois, il y avait Andy en face, et on a fini avec le match sous le toit. Ca faisait beaucoup d’événements. J’ai du mal réaliser ce qui s’est passé. Je crois que cette fois, c’est encore plus grand. » Laurent Trupiano
Et maintenant ? Que lui manque-t-il ? Rien ou presque. Ah si, peut-être, l’or olympique… Forcément, il se place comme l’un des favoris à Londres, même si, comme il le précise, cette épreuve reste un peu particulière. « En deux sets, sur gazon, tout peut très vite s’envoler, il suffit d’un break dans chaque manche et le rêve de médaille part en fumée. Donc, je suis confiant, mais je sais aussi ce qu’implique cette compétition en termes de risques. Autant sur un tournoi du Grand Chelem, on peut avoir un petit passage à vide et se dire qu’on parviendra à revenir, autant là, à Londres, le moindre faux pas sera fatal. » Beau résumé des enjeux d’une compétition, qui n’aura jamais été aussi relevée depuis le retour de la petite balle jaune dans le concert olympique, en 1988. D’abord, il y aura Rafa, remonté comme une pendule, après sa rosolite aiguë. Mais aussi Nole, qui est toujours plus fort quand il s’agit de hisser au plus haut les couleurs de sa Serbie natale. Ce sera aussi le cas pour Andy, qui a, pendant cette quinzaine, vu la pression de tout un peuple se transformer en une vague d’énergie et de bonheur, tout juste stoppée par une défaite en finale. Le challenge paraît relevé pour le Suisse, éliminé, à Sydney, par Arnaud Di Pasquale, par Tomas Berdych, à Athènes, et James Blake, à Pékin. On se souvient tous de sa joie et de son émotion avec son pote Stanislas Wawrinka quand il avait décroché l’or en double… On imagine donc la liesse si, d’aventure, cela se produisait en simple... Toujours dans son jardin, seulement un mois après son triomphe légendaire. En revanche, inutile de penser que Roger, auréolé d’un nouveau titre suprême, stoppera sa carrière dans la foulée. Cette éventualité n’est pas inscrite dans son programme. Il l’a dit, il veut aller à Rio en 2016… Personne ne s’en plaindra !
Rémi Capber
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Laurent Trupiano
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JUILLET/AOÛT 2012
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WIMBLEDON
Roger, notre amour
ROGER FEDERER. 2012 WIMBLEDON CHAMPION.
Comment expliquer la popularité inégalée du joueur suisse, au-delà de son palmarès exceptionnel et des exploits tennistiques. Voilà le défi auquel GrandChelem s'est attelé après ce 17ème titre, sûrement pas le dernier. Roger Federer est unique, en tout point, au moins six, selon nous, qui créent ce lien indicible entre les amoureux de la petite balle jaune et le plus grand joueur de tous les temps. Suisse, mais beaucoup plus que ça Genève est l'une des villes au monde où coexistent le plus de nationalités au m². Si Roger est Bâlois, sa nationalité suisse lui donne un label beaucoup moins marqué qu'un Andy Murray Ecossais, qu'un Connors, « born in the USA » ou qu'un Ice Borg 100% nordique. Roger Federer est un citoyen du monde, avant tout, et qui parle cinq langues. Ce petit point de détail fait clairement la différence. Il le rend plus proche de nous tous, Français, Espagnols, anglophones. Toutes ses performances sont contées de sa bouche, par nos mots, nos intonations et ses quelques erreurs le rendent encore plus authentique. Roger le sait et son professionnalisme dans ce domaine n'est pas marketing. Il incarne l'idée du champion international s'adressant aux siens dans toutes les langues. Avant lui, Kennedy l'avait compris à Berlin... Amoureux du jeu, par-dessus tout Quand Roger explique qu'il veut aller à Rio de Janeiro dans quatre ans, les moins férus pouffent de rire, y voient un stakhanovisme forcené et presque une plaisanterie. Ils oublient trop vite la célèbre phrase du nouveau numéro un, cette déclaration qui guide son choix, sa profession de foi : « Personne n'aime le tennis plus que moi. » Les faits parlent d’eux-mêmes. Roger, s'il avait écouté quelque Cassandre et mauvais augure, aurait déjà rangé sa raquette et parcourrait le monde comme ambassadeur des diverses marques qui s'appuient sur son image. Or, Federer a le tennis dans le sang, c'est sa raison de vivre, c'est son chemin et c’est son choix : il ne s’arrêtera que lorsque ses genoux auront décidé de plier et qu'il ne pourra plus marcher. Porte-drapeau de la variation, contre force et monotonie Le tennis est un sport en trois dimensions, fait de trajectoires, de prises de terrain, d'audace et de changements de rythme. Cette palette, Roger, parmi les meilleurs joueurs
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du monde, est le seul à la maîtriser dans son immense diversité. Chaque rencontre du Suisse est une petite invention liée à son état physique et aux conditions de jeu. Cet atout, il est aussi lié à ce formidable revers une main qu'il est le seul à pratiquer au sein du top 10. Dès lors, libre d'une main, il peut garder constamment la tête face au jeu, rester droit et trouver cet équilibre dans l'espace, qui lui donne un côté aérien, loin du sol, esthétique, inégalé et inégalable. Professeur et modèle, une icône Joueurs de tennis, on a tous eu un professeur de tennis. Le professeur, c'est celui qu'on veut imiter, celui à qui l’on veut ressembler. Celui qu'on écoute et qu'on observe, surtout quand on est en période d'apprentissage. Roger, c'est lui, ce professeur dont la technique nous parle juste en la regardant. La fluidité, la stature, la précision et la douceur. La gifle, le toucher, l'explosion, la prise de décision. Le coup qui fait mal, le point gagnant. Roger ne gagne pas du terrain, il cherche l'espace et c’est la vraie différence avec ses rivaux du moment. Le calme, la sérénité, le bonheur Tout le monde le sait : jeune, Roger Federer cassait des raquettes et pétait souvent les plombs. Si cette image du joueur de tennis a produit ses effets, au vu de la popularité de John McEnroe, par exemple, archétype de l’élément perturbateur, on aspire tous, au fond de nous, à des moments de calme, à ce doux désir de maîtriser les éléments, comme de nous laisser bercer. En un mot, avoir la main sur sa vie et son existence ou l’assurance de ce qu’elle est et du lieu où elle va nous mener. En choisissant de ne rien montrer, de rester stoïque, concentré, Roger confirme que nous pouvons tous atteindre certains objectifs élevés en gardant une ligne de conduite, en restant fidèle à sa rigueur personnelle. Que montrer une faille, dans un sport aussi concurrentiel que le tennis, c'est se mettre en
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danger automatiquement et prendre le risque de gâcher des heures et des heures de travail à l'entraînement. Mais ça ne veut pas dire que, passé le moment du combat, il faille rester dans une bulle et ne pas jouir de ses performances. Dans ce domaine, tout le monde vous le dira, Federer est un véritable expert, un chauffeur de salle, un animateur sans égal. Une femme, son pilier L'histoire d'un homme est aussi celle de sa femme, et vice-versa. Chez Roger, c'est la constance qui prime, c'est le foyer qui est au centre du projet. Et Mirka, décrite comme la maîtresse-femme, bien loin des pinups aux Ray Bans miroirs, est peut-être ce qui est arrivé de mieux au Suisse. Il y avait quelque chose de charmant, de simple et de frais à voir les jumelles applaudir leur papa, ce dimanche, sur le Central de Wimbledon. Quelque chose qui ressemblait à cette idée toute simple : on peut être une star immense et avoir une vie de famille, classique, portée par la fidélité à un modèle de normalité et d'une certaine forme de simplicité. Il est d'ailleurs assez drôle que le destin lui ait confié deux jumelles… Ce joyeux et naturel luron sait qu’il aura six paires d’yeux féminins posés sur lui jusqu'à la fin de sa vie, qui vérifieront s’il se tient à carreaux. C'est peut-être là, la vraie clé de son succès : oublier sa totale masculinité pour basculer, de temps en temps, dans la grâce du geste parfait, la grâce de la maturité, la grâce du père, tout simplement. Laurent Trupiano
MORE LEGEND
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WIMBLEDON
yes we can
Julien
Jeanpierre « federer
s’est affiné au fil
du temps»
On poursuit notre série de témoignages pour rendre hommage au vainqueur de Wimbledon 2012 et bien préparer le lancement de notre livre « Roger, mon amour », le 1er novembre prochain. Après Thierry Ascione, découpé à Roland Garros, en 2007, c’est Julien Jeanpierre, grand rival du Suisse sur le circuit junior, qui nous dévoile son rapport particulier avec Roger Federer. Confidences. Entretien réalisé par Laurent Trupiano
Quelle était la nature de tes rapports avec Roger Federer ? Mes premiers souvenirs avec lui, c’est en cadet. J’étais en cadet 2 et lui en cadet 1. On voyait qu’il avait déjà une vraie main, un timing très précis. En revanche, tout le monde voulait le jouer à cette époque, car, mentalement, il était plutôt friable (rires). En fait, il s’énervait très rapidement et ça lui coûtait souvent le match. Si on parvenait à résister et à le titiller, le duel pouvait tourner court (rires)... Puis, en Juniors, il a commencé à se calmer. Et, là, on s’est vraiment tiré la bourre.
de toutes les sollicitations que Federer suscite. C’est un truc de fou ! S’il paraît inaccessible, c’est parce qu’elle a tout verrouillé et qu’il est obligé de dire non à beaucoup de monde. Mais, franchement, heureusement ! Autrement, il ne s’en sortirait pas. Pour le reste, c’est bien calé et millimétré. D’où cette image dont tu parles quand on ne le connaît pas. Mais, dans la réalité et le quotidien, au contact, c’est tout le contraire. C’est un gars qui discute avec tout le monde dans les vestiaires. Avec Yves Allegro, ils ne font que plaisanter en permanence ! Roger est vachement déconneur. C’est un peu le roi de la blague... (Rires)
Plus que ca, même ! N’essaie pas de me rappeler ce mauvais souvenir…
Tu as une anecdote insolite à son sujet ? Oui, j’en ai une qui remonte à 2008. Je l’ai croisé dans les vestiaires, à Roland Garros, avant sa finale contre Rafael Nadal. Il me dit : « Il est chiant l’Espagnol, il ne va pas me refaire le même coup tous les ans ! Je vais essayer de le battre, je vais faire comme tu m’as dit en 96 : une première balle efficace et un coup droit… et ça va marcher. » Je lui avais fait cette réflexion 12 ans auparavant lorsqu’il m’avait mis une raclée et il s’en rappelait. C’est quand même dingue. En fait, Roger a une mémoire d’éléphant. Là-dessus, il est incroyable, il se rappelle de tout. Le fait de nous battre pour la première place toute l’année en Juniors, ça nous a forcément rapprochés. Par exemple, quand on a disputé l’Orange Bowl, j’étais tête de série numéro deux et, lui, numéro un parce qu’il était devant moi à l’ATP. Au premier tour, je joue Feliciano Lopez, qui était déjà 300ème au classement ATP, mais qui n’avait pas été désigné tête de série par les organisateurs. Ca avait fait un scandale chez les Espagnols qui voulaient boycotter le match. J’ai perdu 7-5 au troisième et lui a fait demi-finale derrière. Ces demi-finales, si je les atteignais, j’étais sûr d’être Champion du Monde Juniors. Mais, avec cette défaite, il fallait que Roger perde au premier tour pour que je reste numéro un... Il a sauvé trois balles de match contre un Letton… et il a gagné le tournoi.
C’est-à-dire… Concrètement, je suis numéro un mondial durant 51 semaines et, la 52ème, il me passe devant. J’étais plutôt dépité… Aujourd’hui, vous entretenez des rapports réguliers ? Pas tellement, non. Je ne suis pas en contact direct avec lui. Je n’ai pas son numéro de téléphone, même si je pourrais l’obtenir. En fait, je passe soit par son coach, soit par Yves Allegro qui est très proche de lui, quand j’ai quelque chose à lui dire. Et puis, je le croise assez souvent maintenant que je suis revenu sur le circuit. J’ai souvent été sparring-partner avec lui depuis deux ans, à Roland Garros. Ah oui ? Oui et c’est assez drôle. Comme j’aime le jeu, je me propose toujours auprès de l’organisation pour être sparring durant la quinzaine. Un matin, on me demande naturellement si je suis libre pour taper la balle. Une fois que je reçois des précisions et que j’apprends que ce sera sur le Central, je me suis dit qu’il y avait la possibilité, voire la certitude, que je tape avec un top player. Quand je suis entré sur le court, Roger a crié : « Non, c’est pas possible ! Julien ! » Un super moment ! Tu te rappelles de toutes tes confrontations avec Roger, en Juniors ? En fait, on s’est joués deux fois, deux semaines de suite, en finale des deux tournois de préparation à l’Open d’Australie. Il m’a battu la première fois et j’ai gagné la deuxième. Avant, j’étais quasi-numéro un chez les cadets et lui n’était pas très fort. Il possédait une super technique, mais il manquait de force. Je me souviens qu’il ne faisait que des chops, en revers. Il avait une bonne qualité de balle, mais il était très irrégulier et, comme je l’ai dit précédemment, il pétait vite les plombs. Il était capable de casser trois raquettes en quatre jeux assez régulièrement… Il faisait partie des plus nerveux. Ce qui est drôle, c’est qu’il n’était pas capable de me dominer, à cette époque. Mais, en Juniors, un jour, en 96, il m’a mis 6-3 6-0. Là, il était vraiment injouable. A la sortie du court, je lui ai dit : « C’est simple, pour toi, le tennis : une première balle de service efficace, suivie d’un coup droit. » Il a ri.
Pour en revenir à toi : tu as été coach d’Arnaud Clément durant sa fin de carrière, tu veux percer là-dedans ? Je suis un jeune coach, mais avec déjà pas mal d’expérience. Quand j’ai arrêté de jouer, il y a deux ans, je me suis aperçu que la vie du circuit me manquait. J’aime l’idée de partir, de faire mon sac, de suivre mon joueur… J’aime cette ambiance. Aujourd’hui, je profite de tout ce qui m’arrive. Alors pourvu que ça dure ! Quelle formation as-tu pour te dire « coach » ? J’ai d’abord passé mon DE, l’an dernier, puis j’ai enchaîné avec la formation haut niveau à Roland Garros. Ensuite, j’ai eu la chance de vivre une aventure très instructive avec le team de Sam Sumyk et Victoria Azarenka. Tout ça me permet d’aller plus vite dans ma formation. L’autre point important, c’est que je suis encore en bonne forme physique (rires). Je peux taper la balle avec mon joueur. En termes de logistique et d’organisation, ainsi que de performance, ça peut-être décisif !
Aujourd’hui, il donne une image d’inaccessibilité. Mais, en Juniors, c’était un bon camarade ? Attention, il l’est encore ! Peut-être même plus ! Il est très bien entouré, surtout par sa femme, qui, au départ, n’était pas très appréciée. Mais, en fait, c’est l’une des meilleures choses qui lui soient arrivées dans sa carrière, après son premier entraîneur. Elle gère formidablement bien tout ce qui entoure cette icône mondiale – car c’est une icône. On ne se rend pas compte
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Après le succès de « Grand Chelem, mon amour », tome1 de la collection Welovetennis, nous préparons le tome 2 : « Roger, mon amour ». Même format, même qualité éditoriale et toujours la même ambition : rendre hommage avec passion à l’un des plus grands champions du tennis, Roger Federer. Ce livre est déjà proposé en prévente sur www.kdotennis.com
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WIMBLEDON
CE QU’IL FAUT RETENIR
DE WIMBLEDON Lukas Rosol, THE surprise « Un miracle. » Voilà comment Lukas Rosol qualifie son exploit au deuxième tour de Wimbledon. Et quel exploit ! Mené une manche à zéro par Rafael Nadal, tête de série numéro deux et surtout double vainqueur du tournoi, le Tchèque, 100ème joueur mondial, réussit une improbable remontée pour finalement l’emporter en cinq manches, 6-7 6-4 6-4 2-6 6-3. Déjouant tous les pronostics et scotchant les bookmakers les plus avertis, Rosol bluffe tout Wimbledon en pratiquant un tennis ultra conquérant avec une réussite presque insolente. L’interruption due à la pluie à la fin du quatrième set et l’ouverture du toit ont sans doute participé à la déroute de l’Espagnol. Mais tout le mérite revient à ce joueur tchèque, totalement inconnu du grand public. Même Nadal le reconnaît. « Je jouais très bien dans le quatrième set et c’est vrai que l’interruption ne m’a pas aidé. Mais c’est le sport, c’est comme ça. Je dois accepter que mon adversaire ait fait un cinquième set hallucinant. A ce moment-là, il jouait plus qu’incroyablement bien. » Rosol, à la manière de Söderling, à Roland Garros 2009, est rentré dans le lard de son adversaire sans aucun complexes. Aces catapultés, mines de coup droit, bombes de revers… Sans se poser de questions, le Tchèque a tapé dans tout ce qui bougeait et de toutes ses forces. Le miracle ? Tout est resté dans les limites du court. « Il est allé à fond dans chaque frappe, il m’a vraiment bluffé », avoue Djokovic. Federer va même plus loin : « Dans le cinquième set, c’était juste une blague. J’étais sous le choc. J’en ai ri pendant 10 minutes, tellement c’était incroyable. » Le mot de la fin pour le héros de cette première semaine londonienne : « Moi qui bas Rafael Nadal, c’est comme si une équipe de football B de République Tchèque avait battu le Real Madrid ! Je n’y crois pas ! » Tout est dit.
L’affaire Rosol pour ou contre ? Ceux qui n’ont pas eu la chance de voir le duel entre Rafael Nadal et Lukas Rosol seront indéniablement passés à côté d’un petit monument. Si l’état de transe, le fameux passage dans ce que les sportifs de haut niveau appellent la « zone » ou le « flow », doit être illustré par des images, alors le DVD de cette rencontre va devenir la Bible en la matière. Car, contrairement à ce que pensent certains, c’est bien une performance hallucinante qu’a réalisée le Tchèque. Son agent en France, Alexis Tétang, présent devant son téléviseur n’en a pas raté une miette. « Lukas ne m’a pas étonné, il joue toujours comme ça. Il frappe très fort et ça surprend. Après, au niveau de l’attitude, il est aussi un peu hors normes. Ca peut paraître étrange, mais j’ai envie de dire que c’est sa façon d’être performant. Il sort de l’ordinaire et dans la famille du tennis, quelques fois, c’est un peu mal compris. » « Mal compris », voire pire que ça. Pour preuve, la remarque de Julien Benneteau, dans le journal L’Equipe, suite à sa défaite en cinq manches, face à Roger Federer. A la question : « Avez-vous pensé au match de la veille de Lukas Rosol ? » Le Bressan a eu cette réponse radicale. « Hier, Rosol face à Nadal, c’était juste n’importe quoi. » « N’importe quoi », oui, surtout si on résume le parcours du Tchèque à sa défaite au tour suivant, face à Kohlschreiber… Non, si on fait juste un arrêt sur image sur le regard de Rafael Nadal choqué, estomaqué, apeuré et, surtout, éliminé au deuxième tour d’un tournoi du Grand Chelem. Rien que ça.
Murray, toujours plus prêt « Au moins, je m’en rapproche… » Les yeux rougis par les larmes, Andy Murray prend le micro devant les milliers de fans du Centre Court et les millions de téléspectateurs de la BBC. Vaincu, certes, mais pas ridicule. Loin, très loin de là, même. Tout près de mener deux sets à zéro face à Roger Federer, en finale, Andy Murray s’est battu jusqu’au bout, faisant réellement trembler Sa Majesté suisse sur le gazon du Central. Avec lui, toute l’Angleterre s’est mise à y croire. Et avec lui aussi, le peuple britannique a versé quelques larmes lors d’une remise des prix particulièrement émouvante. Des sanglots dans la voix, Andy félicite Roger, remercie son clan, l’organisation, puis se tourne vers le public : « A vous tous, les gars, sincèrement merci. On me parle toujours de la pression de jouer à Wimbledon, mais ce n’est pas ce que je ressens ici. Je vous ai tous sentis unis derrière moi et c’est votre soutien qui m’a fait si bien jouer. Merci… » Emu aux larmes, Andy pose son micro et va étreindre Roger Federer. Même ses plus fidèles détracteurs sont touchés par ce beau moment. « Etre capable de tenir debout, de prendre le micro et de prononcer un tel discours après tout ce qui s’est passé montre tout simplement le genre de personne qu’est mon frère », commente Jamie Murray sur Twitter. « Et même s’il n’a pas gagné, Andy a prouvé qu’il était un champion. » Tous se l’accordent, Murray n’a jamais semblé aussi prêt de gagner son premier tournoi du Grand Chelem. Djokovic victorieux à Melbourne, Nadal à Paris, Federer à Londres… Et si Murray complétait la panoplie du Big Four en s’imposant à New York dans deux mois ?
Tsonga, un jour, peut-être… Dans une carrière, il y a des occasions à saisir. Malheureusement pour lui, Jo-Wilfried Tsonga est sans doute passé à côté de quelque chose de grand dans ce Wimbledon 2012, un peu comme à Roland Garros, trois semaines plus tôt. Situé dans une partie de tableau décimée de ses têtes de série et, surtout, de Rafael Nadal, le Français avait une autoroute jusqu’en demi-finales. Sans impressionner, mais en remplissant son contrat, Jo bat successivement Hewitt, Garcia-Lopez, Lacko, Fish, puis Kohlschreiber, pour se hisser dans le dernier carré. Seulement, voilà, au moment d’aller chercher sa place en finale de Wimbledon, le Français reste à quai. « J’ai compris qu’il fallait être patient dans un match de tennis et je sais désormais mieux attendre ma chance », expliquait Jo durant le tournoi. « Quand elle se présente, je fais mon maximum pour la saisir. » Force est de constater que le maximum n’a pas suffi face à Murray, en demi-finale. Car passés ces deux premiers sets ratés, Tsonga s’est battu pour recoller au score, empochant la troisième manche et obtenant même deux balles de break à 4-4 dans le quatrième acte. Autant d’occasions de précipiter l’Ecossais dans un cinquième set et, peut-être, de pousser son rêve de Grand Chelem un peu plus loin. En vain. Jo a rendu ces deux points beaucoup trop rapidement et, même, quasi-offert le dernier jeu du match à un adversaire qui transpirait la nervosité. Pas si loin d’une finale dans le temple du tennis, encore plus près d’une place dans le dernier carré de Roland Garros, Jo est à chaque fois resté au pied de la marche. Signe d’une progression constante ou preuve d’un manque réel d’opportunisme ? L’avenir nous le dira !
L’affaire » m a e t S / e « Juic nt tremblé légal
illégal
Les pavés o
: un grand rassemblelem he dC an Gr de ro mé nu t en éd préc Nous vous l’annoncions dans le les raquettes Wilson Juice et er ilit ab réh de n afi i, ma 30 i ed re manifester pour ment était programmé ce mercr mb no en s nu ve s ête us Vo . les ga seraient illé Wilson Steam qui, selon la CIT*, iano Lopez, Juan Martin lic Fe ri, iko sh Ni i Ke e, us ca en s ns mi défendre l’honneur des champio slogans ont ébranlé le quartier et les ero nd ba ix, -vo rte Po a. nk t inédit survenu en Del Potro ou encore Victoria Azare en em én év t ce r su es ag im en r uteuil. Retou jusqu’alors calme de la Porte d’A ce. marge des Internationaux de Fran
TC Paris
Point de ralliement
TC Paris a accueilli les manifestants Véritable QG de cette fronde, le ettes Juice et Steam. Après avoir venus clamer la légalité des raqu peaufiné les slogans, se sont englouti les petits déjeuners, ils ont s aux chants. Henri Leconte et équipés en banderoles et entraîné ort, chauffent la foule. 10 heures Paul-Henri Mathieu, venus en renf le club parisien, direction Porte précises, la manifestation quitte d’Auteuil.
Boulevard Murat
Rencontre avec une voiture officielle
Le cortège s’est agrandi, les slogans envahissent la rue. Des piétons s’étonnent, questionnent. t au Certains passionnés de tennis son leur nt orte courant de l’affaire et app , une soutien au mouvement. Soudain uée bloq voiture officielle se retrouve . par la foule des manifestants une A l’intérieur : Anne Keothavong, nbrita athlète Wilson. La joueuse nique entonne immédiatement en chœur : « Wilson Juice, légal ! » « Wilson Steam, légal ! ».
Serena, le 14ème Deux ans exactement après sa dernière victoire en Grand Chelem et un peu plus de 16 mois après une embolie pulmonaire qui aurait pu lui être fatale, Serena Williams a retrouvé la lumière ce 7 juillet 2012, à Wimbledon. Ca faisait quelques semaines qu’on sentait l’Américaine à nouveau impliquée dans son projet tennis. Plus régulière dans ses entraînements, comme dans ses résultats, depuis début avril, l’ex-numéro un mondiale a vu son travail porter ses fruits sur le Centre Court de Londres. Et si elle a frôlé la défaite au troisième tour face à Jie Zheng, Serena s’est par la suite remobilisée pour éliminer successivement Shvedova, Kvitova, puis Azarenka. Et ce n’est pas non plus Radwanska, pourtant troisième joueuse mondiale, qui lui a posé des problèmes en finale. A 30 ans passés, 14 Grands Chelems en poche, Serena Williams est-elle rassasiée ? « Je ne me suis jamais sentie aussi bien. Tout au long du tournoi, j’étais en excellente forme physique. Je crois que c’est clairement le début de quelque chose qui va être grand. En tout cas je l’espère. » La concurrence est prévenue !
Porte de Saint-Cloud
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Arrivée Porte d’Auteuil
Clash et dispersion
teuil, à bloc au métro de la Porte d’Au Les manifestants arrivent gonflés métro, continu des personnes sortant du point d’arrivée du cortège. Le flux ce flot de France, reste médusé devant venu assister aux Internationaux onnes e à l’engouement général, les pers de pancartes et banderoles. Fac nt chargées de la sécurité intervienne du role e-pa port du rès aup rapidement ou z erse disp s vou us « Vo : mouvement né! don est ton Le ir. » rven inte la police va re, le Devant l’arrivée des forces de l’ord ent, lem quil tran erse disp se mouvement li. omp acc oir dev du l’impression
Retrouvez la manifestation en vidéo en flashant ce code :
Textes de Pauline Dahlem
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*(CIT : Court Internationale de Tennis)
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nis.fr http ://www.weloveten
Le E-coaching fait ses premiers pas sur
www.kdotennis.com Il y a deux mois, le site www.kdotennis. com lançait, en collaboration avec le coach Ronan Lafaix, son service d’E-coaching. Ce concept permet aux parents, joueurs ou coaches, rencontrant une problématique liée au mental, de bénéficier d’une ou plusieurs séances de coaching en ligne. Nous sommes allés à la rencontre d’une utilisatrice, maman d’un jeune champion qui souhaitait les conseils avisés d’un entraîneur reconnu. Quelles sont les raisons qui vous ont amenée à utiliser notre service d’E-coaching ? Mon mari et moi accompagnons, au jour le jour, notre enfant, âgé de neuf ans. Il fait partie des tout meilleurs nationaux. Par souci d’anonymat, je tairais son nom. Malgré son très jeune âge, la compétition entre enfants et, même, parents est déjà féroce. Nous souhaitions que Ronan (Lafaix) nous oriente sur notre manière d’aider notre fils. Pouvez-vous nous expliquer quelle est la plus-value de cette séance d’E-coaching ? Ronan nous a éclairés par sa vision du milieu tennistique et son expérience de l’intérieur. C’est avant tout ce qui nous manquait. Nous pensions pourtant être des personnes averties... Nous avions besoin de savoir si nous suivions la bonne voie pour accompagner notre enfant. Il nous a essentiellement encouragés à nous faire davantage confiance. Sur un plan plus concret, Ronan nous a donnés plusieurs idées intéressantes que nous avions déjà commencé à développer avec notre fils. Nous allons donc continuer à travailler sur un axe spécifique : le lâcher-prise. Cette séance d’E-coaching nous a donnés les clefs pour le faire sereinement. Recommanderiez-vous le service d’E coaching ? Oh oui ! Et c’est déjà fait d’ailleurs ! (Rires)
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petits potins
grandchelem france
Goffin pète un câble
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Wimbledon, on ne badine pas avec les traditions. Vraiment pas, même. Alors, quand David Goffin, 21 ans, s’est pointé sur le court avec un tee-shirt blanc doté de trois bandes bleues au niveau de la ceinture, les officiels ont été particulièrement choqués. Il faut dire qu’il y a de quoi ! Résultat, David a été contraint, par l’arbitre, de cacher ces répugnantes décorations azur, le tout pour respecter la règle du « all in white » en vigueur sur les courts de Wimbledon. Le Belge s’est ainsi retrouvé le short remonté jusqu’à la poitrine, le tee-shirt bien rentré dans la ceinture et les genoux totalement découverts. Bref, un style old-fashion qui a beaucoup amusé les spectateurs britanniques. Goffin, lui, s’est un peu moins marré. Sans cesse obligé de remonter son attirail, le jeune Belge a totalement perdu patience au point de lâcher un cinglant : « Ils font ch… avec mon polo de m… ! » So shocking !
Vous êtes plutôt bourdon ou juste un peu bougon ? Il y avait le faucon mangeur de pigeon au dessus du Central, voilà le bourdon à l’attaque du leader du tennis français. Ce cliché, signé de notre photographe Chryslène Caillaud, est plutôt orignal. A deux consonnes près, il traduit bien l’attitude de Jo durant son deuxième tour, à Wimbledon, face à Guillermo Garcia-Lopez. Un état de fait que le Français n’a pas même nié : « Je n’étais pas dedans. Je suis un peu retombé dans mes travers, de parler, de m’agacer et de dire n’importe quoi. »
Ca tricote sur le court… et en tribune !
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Excuse-me, Miss… Je vous dérange ? Je m’appelle Andy Murray, je suis joueur de tennis et je bosse, là, avec mon collègue Marcos Baghdatis. » C’est ce qu’aurait pu dire l’Ecossais à cette Dame britannique qui a fait le buzz à son insu durant plusieurs jours à Wimbledon. Et oui ! Le tricot n’attend pas et la terre ne stoppe pas sa course autour du soleil parce que deux blancs en neige se battent à la raquette. Imperturbable, elle manie ce lainage rose et les aiguilles avec la dextérité d’un Roger Federer, pendant que le chouchou du public lutte, sur le gazon, face à Mister Baghdatis. Les commentateurs et médias britanniques n’en reviennent pas, le London’s Telegraph se met en quête de la « femme qui tricote durant un match à suspens », le Daily Mail aussi et sa vidéo est visionnée plusieurs milliers de fois sur YouTube. « C’est une manière de gérer ses nerfs, je suppose », commente-t-on à la BBC. « Ou le froid. Elle se tricote un pull pour se réchauffer. Je ne crois pas avoir jamais vu quelqu’un tricoter sur le Centre Court avant. Si les joueurs lèvent les yeux et la voient… » Et oui, Messieurs ! C’est aussi l’apanage de personnes supérieures que de savoir faire deux choses en même temps ! Que Madame tricote ne l’empêche pas de regarder le match. Demandez donc aux sociétaires du All England Lawn and Tricot Club… « Tricote avec confiance et espoir, à travers toutes les crises », disait Elizabeth Zimmerman, Grande Prêtresse du Tricotage. En l’occurrence, c’est ce qu’a fait cette Dame et Andy Murray a fini par s’en sortir. L’histoire ne dit pas si elle a pu terminer son ouvrage dans les tribunes, le match s’étant conclu à 23 heures passées. Néanmoins, il paraît qu’elle aurait envoyé un très joli pull-over rose pétant au pauvre Andy pour le consoler de sa défaite en finale… La chance…
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Directeur Europe de Tennis Warehouse, Jean-Christophe Schaffo fait le point sur un marché du tennis en pleine mutation. Il donne aussi les raisons du succès de sa plate-forme, née il y a tout juste quatre ans. Entretien.
Jean-Chistophe Schaffo
« Ce qui est au centre de nos préoccupations, c'est la qualité de nos services »
Quelle est l’origine de TWE (Tennis Warehouse) ? L’histoire de la marque ? Drew Munster est à l’origine du projet. Il a racheté une boutique spécialiste tennis à San Luis Obispo en Californie, en 1992, puis l’a renommée Tennis Warehouse. Passionné par la programmation informatique et le web naissant aux Etats-Unis, il a ensuite développé le site internet qu’on connaît tous, www.tennis-warehouse.com, dont la traduction littérale est : « L’entrepôt du tennis ». Il est toujours propriétaire du groupe et programme quotidiennement de nouvelles fonctionnalités sur notre site Internet. Nous fêtons, cette année, le 20ème anniversaire de la société, qui compte plus de 500 salariés aux Etats-Unis (tout sports confondus)*. www.running-warehouse.com, www. racquetballwarehouse.com... Sept sociétés au total. En 2007, Tennis Warehouse a pris la décision de s’implanter en Europe. En effet, l’audience Internet venant d’Europe sur le site américain était en forte croissance, mais les frais de port, frais de douanes, délais d’expédition restaient des freins au passage de commandes. L’absence d’acteur paneuropéen et la relative bonne santé du marché online ont constitué les éléments de décision pour une implantation en Europe. La société que nous avions créée avec mon ami Eric Ebele, en 2006, à Illkirch, en Alsace, a, en parallèle, connu un très fort développement entre 2006 et 2007. Ca a séduit Tennis Warehouse, qui a racheté notre activité en 2008, afin d’asseoir son développement européen sur une structure existante, jeune, dynamique et en plein boum. C’est ainsi que Tennis Warehouse Europe a vu le jour en juillet 2008. Quatre ans déjà ! Si l’on dit que TWE est l’Amazon du tennis, vous prenez ça comment ? Vous ne prendriez pas ça bien, si l’on comparait GrandChelem à L’Equipe ? (Sourires) Bien entendu, nos métiers sont différents. Nous sommes moins généralistes et beaucoup plus spécialisés. Sur www. tenniswarehouse-europe.com nous ne vendons que du matériel de tennis. Une autre différence, c’est que nous travaillons en direct à 100% avec les marques que
nous vendons, ce qui nous permet d’avoir des relations privilégiées avec elles. Nous sommes parmi les plus grands, sinon le plus grand client internetiste tennis de marques comme Babolat, Head, Wilson, Adidas, Nike, Asics, Lacoste... Nous comptons, à ce jour, 52 marques de tennis en Europe et 99 marques sur le site américain. Internet a révolutionné son rapport avec le produit. Est-ce que ça implique, obligatoirement, de jouer sur les prix ? Le prix, ce n’est pas notre cheval de bataille. Notre préoccupation principale reste la qualité de nos services. Aujourd’hui, nous employons 10 personnes à temps plein pour tester les chaussures, raquettes, cordages... Ce sont eux qui écrivent des commentaires, font des vidéos, des interviews, afin de donner un maximum d’informations à nos clients. Autre point important, tous nos conseillers par téléphone ou par e-mails sont des joueurs de tennis. Ils testent également le matériel, cassent des cordages et des raquettes de temps en temps (rires), bref, ils respirent le tennis. Je souhaite que nos conseillers maîtrisent leur sujet. Chez nous, ils ne sont pas en charge d’un rayon football, sports de raquettes et équitation en même temps. Pour les achats, notre sélection de produits tennis est la plus importante au monde et, ce, dans le seul but de satisfaire nos clients, de les surprendre et de les régaler de produits qu’ils pourront utiliser pour pratiquer leur passion. C’est la raison pour laquelle nous vendons, en exclusivité mondiale, la raquette Pro Staff 6.0 95, utilisée par Edberg et Sampras, ou encore la mythique Prince Graphite Oversize. Enfin, notre programme de raquettes-tests est unique, puisque nos clients peuvent tester gratuitement tous les cadres de notre gamme et, ce, quel que soit l’endroit où ils habitent. Il n’y a aucun autre magasin physique ou Internet qui propose de tester des raquettes Mantis ou Power Angle, par exemple. Cette question me tient à cœur, car nous avons également deux magasins, dont un basé dans la périphérie strasbourgeoise. Il est en croissance de 30% en 2012, pour sa
septième année d’existence... Notre site Internet n’empêche pas notre magasin physique de croître. CQFD. On a tendance à dire que les clients de TWE sont un peu en avance sur les tendances qui vont surgir dans le tennis. Est-ce que vous nous confirmez ça ? Oui, je pense que vous avez raison. Nos clients ont accès en avant-première et en exclusivité à un certain nombre d’articles de tennis. Ils en profitent et ils ont bien raison. Vous pensez qu’une nouvelle technologie, comme le Play and Connect de Babolat, puisse révolutionner l’approche de l’achat d’une raquette dans le futur ? Je n’ai pas encore testé le produit, mais j’ai hâte ! Ce produit fait la jonction entre le tennis et les nouvelles technologies, c’est bien. Nous ne connaissons pas encore le prix, ni le modèle économique... En théorie, l’idée est séduisante et s’inscrit dans la lignée de ce que peut faire Nike ou Adidas – Micoach, etc. Par contre, la réelle nouveauté, c’est d’obtenir des données provenant de sa raquette. Ca, c’est une révolution. Nous serons ravis d’accompagner Babolat dans la mise sur le marché de ces raquettes. On parle aussi d’un futur cordage carré, qui devrait faire beaucoup de bruit… Vous êtes bien informé ! (Sourire) Je pense que vous voulez parler des cordages L-Tec. Les sections des cordages sont triangulaires, carrées, pentagonales… Les premiers tests que nous avons faits sont très concluants. Nous allons avoir la marque en exclusivité sur Internet pour son lancement. A suivre...
Magasins spécialisés vs. Internet : y a-t-il vraiment une guerre ? Le marché du tennis est assez tendu et l’arrivée d’Internet a bousculé des comportements. Reste que, comme l’explique justement le Directeur Europe de Tennis WareHouse, Jean-Christophe Schaffo, chaque acteur a des spécificités différentes. C’est, encore une fois, la qualité du service qui reste la clef. Il répond à ceux qui l’accusent de tuer le marché. «Donner des informations qualitatives sur les produits, comme nous le faisons au travers de vidéos, de tests, d’interviews, de compte-rendus écrits sur notre site Internet ou nos pages Facebook, je ne pense pas que ça puisse être assimilé à tuer le marché. Bien au contraire. Mettre des marques non-distribuées en France sur le marché constitue un plus pour les clients français, également. On ne peut pas dire que ça contribue à tuer le marché. Les marques, qui produisent des articles de plus en plus techniques, nous utilisent également afin de diffuser des messages aux passionnés de tennis. Nous ne contribuons pas à tuer le marché, mais, au contraire, à le développer. Nous sommes confrontés à des problématiques que les magasins spécialisés ne connaissent pas : frais de port, frais de douanes, marges plus faibles qu’en magasins, logistique et stockage, informatique et web, piratage, fraude… Croire qu’Internet est l’eldorado, croire qu’Internet est la perle qui tue le marché des petits magasins spécialistes, c’est faux. Je connais des magasins spécialistes qui font entre 5 et 15% de croissance chaque année. Dois-je pour autant dire qu’ils tuent le marché Internet ? Bien sûr que non. Je suis content qu’ils prospèrent et ça contribue à garder un nombre de pratiquants importants. L’essentiel est là. Je pense qu’il y a de la place pour tout le monde ! Il y aura toujours des gens qui préfèreront acheter en magasins avec un contact physique, essayer les produits sur place... D’autres préfèrent commander en ligne. Cette question me tient à cœur, car nous avons également deux magasins, dont un basé dans la périphérie strasbourgeoise. »
Merci aux spécialistes tennis !
GrandChelem est né en 2006 et, dès le premier numéro, les magasins spécialistes tennis ont joué le jeu. GrandChelem a toujours été soutenu par ces amoureux du tennis, grâce à une distribution active dans leur boutique. Aujourd’hui, ils sont 90 dans le réseau, sur tout le territoire et nous tenions à les remercier, car ils ont été, dans une certaine mesure, à l’origine du succès indéniable de GrandChelem.
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roland garros 2012
roland garros 2012
8 clichés pour une petite éternité Mardi
Razzano, l’exploit
29 mai 2012
C’est la sensation du premier tour, à Roland Garros. Virginie Razzano, 111ème mondiale, crée une immense surprise en sortant Serena Williams au bout du suspense, 4-6 7-6(5) 6-3, après plus de trois heures de jeu. L’Américaine, qu’on annonçait grande favorite au titre, quitte Paris dès le premier tour. Un sacré choc !
Mardi
Tsonga, si près, si loin
5 juin 2012
Jo-Wilfried Tsonga passe tout près d’un exploit retentissant en quarts de finale de Roland Garros. Après un premier set catastrophique, le Français joue un tennis de rêve pour mener deux manches à une face au numéro un mondial, Novak Djokovic, obtenant même quatre balles de match en fin de quatrième set. En vain, c’est bien le Serbe qui s’impose, 6-1 5-7 5-7 7-6 6-1. Jo était tout près d’accrocher une première demi-finale à Paris. Rendez-vous l’année prochaine !
Jeudi
PHM, le miracle
31 mai 2012
Un peu plus d’un an après avoir subi une très lourde opération du genou, PaulHenri Mathieu réussit un retour tonitruant à Roland Garros. Alors que les médecins lui avaient expliqué qu’il ne pourrait peut-être plus rejouer au tennis, l’Alsacien gagne son premier match en cinq sets, porté par le public du court numéro deux. Le meilleur est à venir, puisqu’au deuxième tour, le Français s’offre l’exploit du tournoi en sortant John Isner, 10ème mondial, 18-16 au cinquième set. Sensationnel.
Mardi
Federer, le tie-break fou
5 juin 2012
Roger Federer a alterné le très bon et le beaucoup moins bien. Dépassé pendant un set et demi de son quart de finale face à Juan Martin Del Potro, le Suisse a alors retrouvé ses fulgurances lors d’un tie-break titanesque. Des frappes supersoniques, une intensité rare dans un jeu décisif finalement remporté 7-4 par l’Argentin. Relancé par ce jeu décisif électrique, le Suisse finira le match en roue libre, revenant ainsi de deux manches à zéro avant de s’imposer.
Jeudi
Errani, la surprise
7 juin 2012
A la surprise générale, Sara Errani se qualifie pour la finale de Roland Garros. Elle, qui n’avait jusqu’alors jamais dépassé les quarts d’un tournoi majeur et, surtout, jamais battu de joueuses du top 10, domine successivement Angelique Kerber, 10ème, et Sam Stosur, 6ème, pour atteindre la finale. Maria Sharapova l’empêchera finalement d’aller au bout de son rêve.
Dimanche
10 juin 2012
Djokovic, les nerfs craquent
Ce moment, Novak Djokovic l’attendait depuis près de deux ans. Arrivé en finale de Roland Garros pour la première fois, le Serbe est enfin en position de détrôner Rafael Nadal à Paris. Il a malheureusement pris conscience de l’écart qui le séparait encore du roi de la terre battue dans un match au meilleur des cinq sets. Try again, Novak !
Samedi
Sharapova, le Grand Chelem
9 juin 2012
Il y a quelques années, Maria Sharapova comparait ses déplacements sur terre battue à ceux d’une « vache sur une patinoire ». Depuis, la Russe a énormément travaillé, comblant ses lacunes physiques et travaillant son jeu sur terre battue. Quatre ans après son dernier titre majeur à l’Open d’Australie 2008, Maria Sharapova remporte Roland Garros, réalisant ainsi le Grand Chelem en carrière. De retour à la première place mondiale, la Russe a retrouvé la lumière. Enfin.
Lundi
Ne t’excuse pas, Rafa !
11 juin 2012
Pour la septième fois de sa carrière, Rafael Nadal remporte Roland Garros. Un grand soulagement pour le maître des lieux, qui réussit enfin à dominer à nouveau Novak Djokovic en finale d’un tournoi du Grand Chelem. Nadal règne toujours sur Paris et c’est tant mieux !
Pendant ce temps-là… Rebound Time au pied du central Chez Tecnifibre, on sait recevoir ! A l’occasion de sa traditionnelle soirée, désormais mythique, la marque française avait placé le rose au centre des préoccupations. Logique, avec sa stratégie Rebound centrée sur la femme. On attend avec impatience la Rebound Party de 2013...
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Quand Start Events invite, ça ne rigole pas Franck Boucher a lancé officiellement son concept de conciergerie pour les sportifs de haut niveau. Il avait donc convié au Duplex l’ensemble des acteurs de la petite balle jaune. Une belle brochette pour une soirée plus que réussie, un beau lancement qui prédit un bel avenir.
Bennet’ passe serrer des pinces entre les gouttes Pour notre rendez-vous avec Julien, nous avions organisé la rencontre au village chez son équipementier Babolat. Un passage remarqué, mais retardé par un orage qui a transformé les carrés VIP en piscine.
Nico a enfin sa une Après le match légendaire face à Isner, à Wimbledon 2010, on avait bouclé la Une de GrandChelem numéro 19 avec Nicolas Mahut flottant dans l’espace. Malheureusement, le succès de Rafael Nadal à l’US Open 2010 l’a vite rendue caduque. Mais ce n’est pas pour ça qu’on devait définitivement l’oublier. On l’a donc offerte à Nico et elle rejoindra son hall of fame déjà bien fourni. G R A N D C H E L E M - maga z i ne d ’ i n f o rma t i o n s G R A T U IT s ur le t enn i s - t r i me s t r i el -
JUILLET/AOÛT 2012
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grandchelem tour
Jeux sets et Manche pour la Coupe Soisbault 2012 La Coupe Soisbault, du 5 au 8 août, est un passage obligé de l’été tennistique: une épreuve historique, organisée depuis 1965; un vrai juge de paix, pour toutes les jeunes filles performantes en Juniors; l’occasion d’admirer les talents de demain dans un cadre formidable, à Granville. Interrogeons Roger Davy, Directeur de l’événement, pour en apprendre plus…
Entretien réalisé par Pauline Dahlem
Qu’est-ce que la Coupe Soisbault ? C’est un championnat d’Europe par équipes, de tennis féminin, ouvert aux joueuses de moins de 18 ans. Chaque équipe est constituée de trois joueuses et d’un coach. Dans chaque rencontre, il y a deux simples et un double. C’est une sorte de format Coupe Davis. A Granville, on joue la phase finale. Cette dernière suit une phase qualificative qui a lieu dans quatre pays différents. Seules les finalistes et vainqueurs de chaque phase qualificative viennent disputer la phase finale. Chaque année, il y a donc un doute sur la participation des Françaises… Il faut qu’elles se qualifient! Depuis combien de temps existe cette compétition ? A l’origine, elle avait lieu en Espagne, où elle s’appelait la Coupe de la Reine, et en France. Puis, les deux épreuves ont fusionné et, aujourd’hui, la Coupe Soisbault est organisée une fois sur deux en Espagne et en France. D’ailleurs, le nom complet de la compétition est « Soisbault Reina Cup ». Il faut savoir qu’en France, la première Coupe Soisbault a eu lieu en 1965 à Deauville. Depuis 1995, on l’organise à Granville. La compétition a donc un certain prestige… Oui, on la qualifie même de Fed Cup Junior, car la plupart des futures joueuses de Fed Cup disputent la Coupe
Soisbault quand elles sont plus jeunes. Les meilleures Juniors de chaque pays dans la tranche d’âge 16-18 ans répondent quasiment toujours présentes. Vous pouvez nous citer quelques noms connus qui sont passés à Granville ? Bien sûr ! Déjà, je peux vous dire que, parmi les 128 joueuses présentes dans le tableau final Dames de Roland Garros, cette année, 20 avaient disputé la Coupe Soisbault entre 1998 et 2008. Sara Errani, 10ème mondiale, finaliste à Paris, était dans l’équipe italienne présente à Granville en 2005. Dominika Cibulkova, la Slovaque qui a battu Azarenka en huitièmes, était aussi présente en 2005 dans l’équipe de Slovaquie. On a aussi six joueuses actuelles ou ex-top 10 qui ont disputé la Coupe Soisbault, dont Amélie Mauresmo.
En tant qu’organisateur, votre meilleur souvenir ou une anecdote à raconter ? Des beaux souvenirs, il y en a beau-
Conseiller Général de Saint Hilaire-du-Harcouët, en charge du sport et des événements sportifs, Jacky Bouvet est plus qu’enthousiaste à l’idée de recevoir une nouvelle fois la Coupe Soisbault sur « ses » terres.
Il semble que le tennis fasse partie de l’histoire de la Manche… Tout à fait. Il y a toujours eu des tournois de tennis d’importance. Je pense, en-dehors de la Coupe Soisbault, à l’Open de tennis féminin d’Equeurdreville et au
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Challenger La Manche-Cherbourg. Chez les féminines, en particulier, nous avons de très bons espoirs qui montent… Valentine Bacher, Alice Robbe, Nastasia Jedrychowski et Aloïse Dorey. La dimension du tennis féminin est vraiment une particularité du département. Je n’oublie pas, non plus, les espoirs masculins comme César Turpin Delisle, Hugo Jardin, mais également le Manchois Axel Michon, d’origine granvillaise, joueur du TC Caen, classé 284ème à l’ATP. Plus qu’un outil de promotion pour le Conseil Général, cette épreuve peut aussi servir à mettre en place des animations auprès d’un certain public. Vous avez un exemple pour cette édition ? Le Conseil Général soutient la globalité du projet en tant que partenaire. Après, il y a toutes les animations qui se greffent autour et qui sont gérées par les organisateurs.
Pour le public qui viendra à cette époque de l’année, c’est également l’occasion de découvrir la baie du Mont Saint-Michel, tout le littoral et les festivals de l’été – je pense aux « Traversées de Tatihou », même si c’est un peu plus loin… Le charme du club, la terre battue, les équipes venues de toute l’Europe… Au final, la Manche possède, tous les deux ans, un petit Roland Garros ! On l’appelle aussi le Petit Nice et nous en sommes très fiers, car il y a très peu de tournois sur terre battue en France !
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Tout le monde peut venir assister aux matches ? Oui, les gens sont tous les bienvenus. L’entrée est gratuite et totalement libre. On peut venir jeter un œil, rester une petite heure ou toute la journée, c’est comme on veut ! En général, on a environ 800 spectateurs pour la finale. Sur l’ensemble de la compétition, près de 3000 personnes viennent assister aux matches de la Coupe.
Justement, la France a-t-elle souvent gagné cette compétition ? Non, pas très souvent ! Même si on a reçu toutes les meilleures nationales à Granville, comme Aravane Rezai, Virginie Razzano, Tatiana Golovin, Nathalie Dechy ou Amélie Mauresmo… Mais cette compétition est très relevée, il n’est pas facile de s’imposer.
JACKY BOUVET « Nous en sommes très fiers car il y a très peu de tournois sur terre battue en France ! »
Le Conseil Général est fortement impliqué dans la Coupe Soisbault, pourquoi ? Fervent défenseur du sport, le Conseil Général de la Manche est fortement impliqué dans la vie du département sur ce plan. Il soutient les clubs et comités sportifs, afin d’encourager les pratiques et d’accompagner l’organisation de compétitions. C’est donc une évidence et une grande fierté pour le Conseil Général de la Manche d’être aux côtés d’un tournoi de cette envergure, porté par un club de renom ! La Soisbault Reina Cup contribue à la renommée et à la vitalité de notre département.
coup. On se rappelle, notamment, de très, très belles finales. En ce qui concerne les anecdotes, je me souviens qu’on a parfois dû aller chercher des joueuses en catastrophe à la gare pour que leur pays ne soit pas disqualifié. Ou de joueuses dont les raquettes avaient été égarées pendant le voyage… Ce n’était pas simple à gérer !
Daniel Caruhel « Une expérience tennistique forte »
La Coupe Soisbault est un moment fort du calendrier de la ville de Granville. En effet, la « Monaco du Nord » a toujours vécu au rythme du tennis, surtout en été, comme nous le confirme son Maire, Daniel Caruhel. Interview. Pourquoi Granville accueille et soutient la Coupe Soisbault ? Le lien entre Granville et la Coupe Soisbault, c’est avant tout une très belle aventure humaine. Une opportunité. La ville de Granville a saisi la balle au bond il y a 17 ans, sur proposition des organisateurs de la coupe, via la Ligue de Normandie. Nous avions les structures, le potentiel humain... et beaucoup de volonté! Ce championnat constitue, en outre, un événement incontournable du tennis international, d’où l’importance que nous y attachons. Les valeurs de cette compétition sont en phase avec l’esprit de Granville ? Absolument. Ce championnat répond à une mission fondamentale : permettre aux joueuses de moins de 18 ans de confirmer leur potentiel. C’est un honneur et un réel plaisir pour la ville de Granville de révéler les championnes de demain et de les accueillir sur les courts de tennis qui jouxtent le prestigieux jardin Christian Dior
et la villa « Les Rhumbs », maison d’enfance du célèbre couturier. Cet événement est, en outre, très fédérateur pour le club. Les jeunes ont la possibilité d’être ramasseurs de balles, les membres s’investissent dans l’organisation… Il s’agit d’une expérience tennistique très forte ! Par le passé, le tennis s’est inscrit dans l’histoire de la ville ? Granville s’est largement développé à la fin du XIXème siècle, autour de l’essor des bains de mer. La ligne de chemin de fer Paris-Granville, inaugurée en 1870, a transformé le port de pêche en élégante station balnéaire, lieu de villégiature des clientèles parisiennes et étrangères. A l’image du casino, créé en 1911, du golf, véritable links lancé en 1912… La pratique du tennis constituait l’une des activités de loisirs privilégiées des estivants. Cette tradition balnéaire est encore, aujourd’hui, largement ancrée à Granville. Le championnat constitue à ce titre un rendez-vous tennis incontournable.
Quel est votre souhait pour cette édition 2012 ? Je souhaite naturellement que cette édition soit la plus réussie possible, que les joueuses portent haut les couleurs du tennis international féminin et de leurs nations respectives. Je ne doute pas que le public sera au rendez-vous pour cet événement sportif, qui se veut convivial et qui contribue réellement au rayonnement de Granville.
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TennisBOX débarque au Stade Français La
La TennisBOX, concept permettant aux joueurs amateurs de partager un moment de tennis avec un ex-top 100 ou un coach du circuit, connaît un succès grandissant, depuis son lancement en novembre 2011. Après avoir participé à une TennisBOX Player, en compagnie d’Alexis et Thierry Ascione (voir GrandChelem #26), nous avons assisté à une séance TennisBOX Coach avec Cyril et Lionel Roux, son entraîneur d’un jour et celui de l’équipe de France de Coupe Davis. Témoignages.
« Quand j’ai appris que le concept TennisBOX existait, je n’ai pas longtemps hésité ! J’ai choisi la TennisBOX Lionel Roux, car, en plus d’être entraîneur de l’équipe de France de Coupe Davis, c’est un commentateur sportif qui a une analyse très fine. L’accueil fut amical et le contact simple. Après quelques échanges sur mes objectifs, nous avons frappé les premières balles. J’ai vite été confronté à ce que j’attendais du haut-niveau : une impressionnante puissance et un beau toucher de balles. Quant à Lionel, il a rapidement rencontré mon impressionnant toucher de bâches ! (Rires) La séance s’est construite autour d’exercices, de jeux et sur un travail tactique : quels coups privilégier ? comment travaillent les pros dans telles ou telles circonstances ? Des conseils précieux que je vais chercher à mettre en pratique. En plus d’être un incroyable coach d’un jour, Lionel est vraiment une personne sympathique et abordable. Une expérience que je conseille chaudement… En tout état de cause, je sais quel cadeau demander pour mon anniversaire ! Seul bémol, j’ai des courbatures monstres… Il faudrait songer à une TennisBOX Récup’ ! (Rires) »
« J’ai été agréablement surpris du niveau de Cyril. Il a vraiment une frappe très puissante. J’avoue que ça m’a même un peu déstabilisé au début. Quand tu n’as que l’habitude du haut-niveau, tu ne t’attends pas à ce qu’un joueur amateur puisse frapper aussi fort. Le souci, dans le cas de Cyril, c’est qu’il veut tellement frapper la balle qu’il manque vraiment de régularité. On a travaillé cet aspect du jeu. Comment construire un point, un échange qui lui permet de déclencher, avec beaucoup plus de sécurité, son coup droit surpuissant. Je pense que j’ai pu lui apporter un regard extérieur, plus pro, qui va l’aider. […] Je suis un vrai fan du concept TennisBOX ! Et juste ravi de faire partie du Team. Toutes les séances TennisBOX que j’ai effectuées avec ces amateurs m’ont permis de rencontrer de vrais, vrais passionnés. J’ai pu leur faire partager mon expérience, mes petites infos du circuit... J’ai bien vu que ça les éclatait… et, ça, j’adore ! »
Lionel Roux, membre du Team TennisBOX, ex-48ème joueur mondial, entraîneur de l’équipe de France de Coupe Davis et de l’équipe de France olympique
Cyril, 15/2, utilisateur de la TennisBOX Coach Lionel Roux et mitrailleur de fond de court
Zoom sur le club hôte : le Stade Français Un club historique
Fondé en 1880, le Stade Français regroupe 23 activités, 20 sections sportives de compétition et 18 écoles de sport. A son palmarès, 1000 médailles olympiques, mondiales, européennes et nationales. Le tennis a toujours tenu une place de choix au sein de l’association. Dès 1912, la Faisanderie accueille les premiers championnats du monde de tennis sur terre battue disputés en France. Quelques années plus tard c’est au Stade Français que l’on doit la construction du stade Roland Garros pour permettre aux célèbres « Mousquetaires » d’y disputer la finale de la Coupe Davis face aux Etats-Unis en 1928…
Un tournoi de jeunes à renommée internationale
En 1990, le Stade Français crée un évènement tennistique international avec l’Open des Jeunes – BNP Paribas Cup. Ce tournoi, en partenariat avec l’UNESCO, procède a des pré-qualifications dans 30 villes de France pour se terminer en juin-juillet sur les courts de La Faisanderie avec les meilleurs jeunes joueurs et joueuses mondiaux de 13-14 ans. Parmi les champions qui ont joué l’Open : Tatiana Golovin, Justine Henin, Agneszka Radwanska, Caroline Wozniacki, Juan Martin Del Potro, Richard Gasquet, Paul-Henri Mathieu, Gaël Monfils, Andy Murray, Gilles Simon, Jo-Wilfried Tsonga…
Pour s’inscrire
La Faisanderie (club loisir et familial) L’admission est soumise au parrainage de deux membres du club. . Droit d’admission : 1000€ (dégressif pour les familles). . Cotisation annuelle : semaine 810€ (à partir de 30 ans), à laquelle s’ajoutent des compléments week-ends. Tarifs dégressifs pour les familles. Centre sportif Géo-André (Mise en forme-Tennis-Squash) . Droit d’admission : 105€ . Cotisation annuelle (660€ à 820€)
Toutes les TennisBOX sont sur
Rodolphe Gilbert rejoint le Team TennisBOX Ex- 61ème mondial, membre de l’équipe de France de Coupe Davis, Rodolphe compte à son palmarès des victoires sur Pete Sampras, Karol Novacek, Guy Forget et Boris Becker. Aujourd’hui consultant à l’Equipe TV, il est également dénicheur de talents pour la marque Adidas. Il sera ravi de vous faire vivre l’expérience du haut-niveau. Ce gaucher, toujours très affûté, est encore classé… -15, à 45 ans.
Les infrastructures /// 4 sites accueillent 12000 membres
. le Centre sportif Géo-André (Paris, Porte de Saint-Cloud). La Faisanderie, Parc de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). le Golf du Stade Français à Courson (Essonne) . le Haras-Lupin à Vaucresson (Hauts-de-Seine)
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faites vos jeux
Tony Estanguet
Faites vos Jeux ! Rien ne va plus… Novak Djokovic, Rafael Nadal, Roger Federer, Andy Murray, Jo-Wilfried Tsonga… Tous ont répondu présent à l’appel des nations et des Jeux Olympiques. Pour la première fois de l’ère Open, les JO proposeront un tableau digne d’un Grand Chelem, digne, tout simplement, de leur importance dans le panthéon du sport. Ici, point de poker menteur, c’est la machine à sous – peu seront élus, nombreuses les surprises, les joueurs, des plus grands aux petits, portés par un souffle de gloire national. Tous s’accordent à considérer les Jeux comme un cinquième tournoi majeur. Tous affirment leurs ambitions et clament haut et fort leur volonté de conquérir l’un des trois métaux. Tous misent gros, avec le rêve partagé de rentrer au pays cousus d’or, brodés d’argent ou ceints de bronze. Un seul entendra résonner son hymne national. Pour comprendre ce qu’il se passe dans cette compétition, pourquoi elle rend possible d’impossibles épopées – Nicolas Massu pourra vous en parler… –, la Rédaction de GrandChelem est allé rencontrer des témoins privilégiés. Arnaud Di Pasquale, médaillé de bronze en 2000, qui raconte une histoire incroyable, celle d’un garçon métamorphosé le temps d’une compétition. Tony Estanguet et Laura Flessel, porte-drapeaux bleu-blanc-rouge en 2008 et 2012. Julien Benneteau, heureux participant à l’édition londonienne et potentiel médaillable. Et Lionel Roux, entraîneur d’une délégation aux dents longues. Enquête sur un événement au-delà du tennis et au-delà du sport. Rémi Capber
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« Le tennis est un vrai sport olympique »
Porte-drapeau de la délégation tricolore à Pékin, Tony Estanguet a passé le flambeau bleu-blanc-rouge à Laura Flessel, début juin, sur le Central de Roland Garros. GrandChelem est allé à sa rencontre pour en savoir plus sur l’esprit des JO. Et a découvert un kayakiste qui s’y connaît pas mal en tennis…
Les Jeux et les Français Sur l’ensemble des olympiades, de 1896 à 1924, puis de 1988 à nos jours – le tennis n’était plus discipline olympique entre 24 et 88 –, la France compte 17 médailles, dont cinq en or. Ca la place sur le podium, en troisième place des plus grandes nations olympiques du tennis, derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Mais depuis la réintroduction de la discipline en 1988, le bilan est beaucoup moins flatteur… Les Tricolores ne sont que 14ème au classement des nations. Le dernier ressortissant français à avoir décroché l’or olympique ? Suzanne Lenglen, à Anvers, en 1920. Les représentants tricolores ont néanmoins réussi de belles performances avec, notamment, la médaille de bronze d’Arnaud Di Pasquale à Sydney, en 2000, et la médaille d’argent d’Amélie Mauresmo à Athènes, en 2004. Espérons que 2012 marquera le renouveau bleu-blanc-rouge !
Les Jeux et les stars Les olympiades se succèdent et le tennis prend de plus en plus d’importance. Voilà plusieurs mois que les tout meilleurs joueurs mondiaux répètent sans relâche que les JO font partie de leurs objectifs majeurs cette saison. Roger Federer rêve de compléter sa collection de grands trophées par une médaille d’or et Novak Djokovic donnera tout pour apporter un titre olympique à la Serbie. Quant à Rafael Nadal, il voudra absolument redresser la barre après sa défaite prématurée à Wimbledon. C’est simple, tous les membres du top 10 seront présents à Londres, pour un tournoi olympique qui s’annonce explosif. Autre signe de bonne santé du tennis aux JO : de nombreux joueurs et joueuses ont été désignés porte-drapeaux de leurs nations respectives à l’image de Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic ou encore Maria Sharapova.
Les Jeux, le tennis et l’histoire Introduit, supprimé, boudé, puis réintégré : l’histoire du tennis aux Jeux Olympiques est particulièrement tumultueuse. En 1896, lors de la première olympiade de l’ère moderne, le Lawn Tennis est bien au programme des disciplines olympiques. Ce sport prend petit à petit de l’importance au fil des ans, l’épreuve s’ouvrant même aux femmes quelques années plus tard. Mais en 1924, c’est le couac. L’épreuve de tennis aux Jeux de Paris tourne au ridicule en raison d’une organisation bâclée. La Fédération Internationale de Lawn Tennis (future ITF) demande alors au CIO de traiter son sport avec plus d’égard. Les deux organismes se froissent également sur la question de l’amateurisme du tennis. Le CIO lance un ultimatum en réclamant la suppression du tournoi de Wimbledon qui se déroulait une semaine avant les Jeux. La Fédération Internationale refuse. Et la sanction tombe : le tennis est exclu des disciplines olympiques. La rupture mettra 64 ans à cicatriser. Car à la fin des années 1970, Philippe Chatrier, alors président de l’ITF, s’engage dans un combat pour la réintégration du tennis comme discipline olympique. Ses détracteurs affirment que ce sport a déjà suffisamment de rendez-vous majeurs, entre les Grands Chelems et la Coupe Davis. Mais le Français veut à tout prix relancer cette discipline sur la scène internationale. En 1981, Chatrier obtient la réintégration du tennis dans le giron olympique. Un tournoi de démonstration est disputé aux Jeux de Los Angeles, en 1984. Et en 1988, à Séoul, le tennis est définitivement de retour. Miroslav Mecir et Steffi Graf sont sacrés premiers champions olympiques de tennis de l’ère open. Il était temps ! Pauline Dahlem
Classement depuis le retour Depuis que le tennis est revenu aux Jeux Olympiques, ce sont les Etats-Unis qui règnent en maîtres avec 10 médailles et trois des Jeux en 1998 titres. La France est classée 14ème avec le bronze d’Arnaud Di Total Pasquale à Sydney et la médaille d’argent à Athènes d’Amélie Mauresmo. Elle avait été dominée, à l’époque, par Justine Henin. 1 États-Unis 3 2 5 10 Si l’on tient compte des résultats avant le retour du tennis dans le 2 Russie 2 2 1 5 concert olympique, c’est à dire de 1896 à 1924, la France grimpe 3 Chili 2 1 1 4 logiquement, se classe 3ème et remporte le bronze !
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Classement global sur l’ensemble des Jeux Olympiques depuis 1896 Total
1 États-Unis 17 5
10
32
2 GB
15 13 12
40
3 France
5
17
5
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Vous pensez que le tennis a sa place dans le concert olympique ? Au départ, il y avait beaucoup de réticence, c’est certain. En fait, les meilleurs joueurs n’étaient pas toujours présents au rendezvous. Depuis ce faux départ, les choses ont beaucoup évolué et tous les joueurs du monde ont inscrit les Jeux Olympiques comme un événement majeur de leur carrière. Et ça fait une vraie différence. Savoir que Novak Djokovic, Roger Federer, Rafael Nadal ou Jo-Wilfried Tsonga vont se battre pour une médaille, ça confirme que le tennis est un vrai sport olympique. Comment expliquez-vous ce mouvement ? C’est peut être une question de génération. En tout cas, aujourd’hui, il y a une vraie joie et un honneur à représenter son pays aux JO, même quand on est joueur de tennis. Ca, je le ressens et on le constate aussi avec Nole et Rafa qui sont porte-drapeaux. Le tennis fait maintenant partie des meubles ! (Rires) Ca veut qu’on a trouvé notre place ? Oui, c’est ce que je dis. De toute façon, je considère qu’il y a de la place pour tout le monde et pour toutes les disciplines majeures. Il serait illogique de se priver des plus grands champions de la planète. C’est pour ça que l’arrivée du golf ou du rugby ne me dérange pas plus que ça. Les Jeux Olympiques doivent rester le plus gros événement sportif de la planète. Je suis d’ailleurs satisfait de constater que le Comité International Olympique est ouvert, curieux, prêt à faire évoluer les mentalités. Après, quand on fait entrer de nouvelles épreuves, on est aussi contraint de faire des choix, car il faut en sortir d’autres. Pourtant, ces trois disciplines – le golf, le tennis, le rugby – font partie de celles où l’argent est assez présent, à des niveaux divers... Je m’attendais à cette question (rires). Au final, c’est tout à fait secondaire. Et je suis très sincère, ce n’est pas de la langue de bois. En effet, ce qui nous guide, c’est la performance
et le fait de tout réunir pour parvenir à décrocher une médaille. C’est ça, le ciment de l’équipe de France, que l’on soit judoka, tennisman ou kayakiste. Parmi les joueurs qui vont se rendre à Londres, lequel voudrais-tu rencontrer ? J’ai toujours apprécié l’idée d’avoir une technique tout à fait parfaite. D’ailleurs, c’est ma ligne de conduite dans ma discipline. Inutile de vous dire que, pour moi, « champion de tennis » rime avec Roger Federer. Mais, malheureusement, on n’a pas tellement le temps d’aller à la rencontre des participants étrangers. Je me souviens juste d’avoir croisé Rafael Nadal, il y a quatre ans, ce fut plutôt bref (rires) ! Quand tu as été porte-drapeau en 2008, est-ce que tu t’es attaché à donner des conseils à l’équipe de France de tennis ? Ce type de dialogue n’existe pas entre les sportifs de haut niveau et, de toute façon, je n’aurais pas osé. En revanche, je me souviens d’une rencontre avec Jo-Wilfried Tsonga, lorsque j’ai été nommé, c’était très sympa. J’entretiens aussi de bonnes relations avec Arnaud Di Pasquale, d’autant plus que sa médaille à Sydney constituait un vrai petit exploit. Entre médaillés, il y a une certaine forme de solidarité et ça perdure avec le temps. On peut appeler ça l’ « esprit olympique ». Arnaud t’a demandé des conseils pour bien préparer ces Jeux de Londres ? Oui, nous avons échangé. Et j’ai tout à fait compris leurs choix. Notamment celui de ne pas être au Village durant la totalité de la compétition. Ca me plaît, parce que c’est un choix qui est dicté par l’objectif d’être le plus performant possible, d’être dans des conditions optimales de préparation. Par le passé, ça aurait pu poser des soucis ? Le Village, c’est un vrai symbole, c’est toute l’histoire des Jeux. Mais, à Londres, il y a un souci de distance entre les sites et compro-
mettre son épreuve par principe, sans se soucier des soucis logistiques, ce serait un suicide. S’installer tout près de Wimbledon, dans des maisons, c’est le bon choix, celui de la raison, qui peut permettre, à l’équipe de France, d’aller chercher une médaille. Je sais que c’est un de leurs objectifs.
deux passages qui ne durent pas plus d’une minute trente ; je trouve déjà que rester hyper concentré sur cette courte période demande un effort surhumain... Si on rajoute à ça la gestion des émotions, je trouve que les champions de tennis sont vraiment des sportifs remarquables.
Pour revenir au tennis, tu pratiques un peu ? Plus maintenant ! Mais, quand j’étais jeune, on avait un court de tennis à quelques mètres de chez nous. Je me souviens de parties endiablées avec ma famille, mon frère... Mais j’avoue que je n’ai jamais atteint un niveau extraordinaire (rires) !
Un petit mot de toi, maintenant… Que vises-tu à Londres ? Je reviens de loin, donc parvenir à décrocher un podium serait déjà un petit exploit.
Qu’est-ce que tu apprécies tout particulièrement dans ce sport ? Le point qui me sidère – et je pèse mes mots –, c’est la capacité à se concentrer sur une si longue période. Se remettre en cause après chaque point, d’autant qu’à haut niveau, chacun de ces points compte. Le tout, en maîtrisant technique et physique. C’est vraiment impressionnant ! Je suis très admiratif et respectueux. Dans ma discipline, on a
Il fut un temps où tu te battais contre ton frère pour la sélection olympique. Ca a laissé des traces ? Non, au contraire, puisqu’aujourd’hui, mon frère est mon entraîneur, on partage encore plus de moments forts. On continue l’aventure olympique ensemble, c’est vraiment géant ! Je le répète, les Jeux Olympiques restent un événement unique et souvent mémorable. Entretien réalisé par Laurent Trupiano
Laura Flessel, porte drapeau à Londres « Il y a de la place pour tout le monde et, au fil des années, des Jeux Olympiques, j'ai rencontré des sportifs, beaucoup de sportifs. Concrètement, quand j'ai croisé Gustavo Kuerten, à Sydney, dans la zone internationale, il était tout aussi heureux que moi. J'ai eu la chance de le chambrer, car les footballeurs français avaient gagné en 1998... Je lui ai rappelé le 3-0. Lui, le nombre d'étoiles sur le maillot brésilien ! (Rires) Ca a été un moment très court, mais vraiment intense et il était super heureux de vivre ces moments forts. Quand je regardais Santoro, lui ne se voyait vivre les Jeux qu'à l'intérieur du village olympique, c’est pour dire comme l’atmosphère y est particulière. Quand on parle à nos tennismen français, on se rend compte qu’ils n'attendent que ça : se retrouver, non pas au sein de leur team, mais au sein de l'équipe de France, pour passer 15 jours de bonheur. On les voit, on se côtoie et, au final, c'est toute une famille sportive qui se crée et se lie, la famille sportive française. C'est vraiment un moment magique. »
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faites vos jeux
Allez, on s’y replonge. On est en 2000, c’est l’été et, logiquement, tu prépares les Jeux... En fait, avec l’équipe, on est allés faire un stage de préparation une semaine avant le début de la compétition. Un stage effectué dans les mêmes conditions que celles du tournoi. On savait que d’autres sportifs français allaient se retrouver avec nous, dont des escrimeurs et des boxeurs. On sortait de l’US Open et on enchaînait de suite sur les Jeux. Pour nous, il était hors de question d’être ailleurs qu’au Village Olympique. On a voulu vivre le truc de l’intérieur, avec cette magie que tout ça peut apporter. Nous étions répartis par quartiers, avec des bus qui desservaient chacun d’eux. C’était énorme. Ces quartiers étaient remplis de drapeaux qui étaient affichés sur les maisons.
Arnaud Di Pasquale « J’ai eu des ailes qui me sont poussées dans le dos »
Vainqueur de Roger Federer lors de la petite finale en 2000, à Sydney, l’actuel responsable du haut niveau à la Fédération Française de Tennis est le seul joueur tricolore médaillé, chez les hommes. Alors qu’il sera le chef de la délégation des Bleus à Londres, Arnaud revient, pour GrandChelem, sur ce qui reste l’expérience de sa vie de champion. Un témoignage émouvant, une véritable odyssée.
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Quelle est la différence entre les Jeux Olympiques et un Grand Chelem ? La différence, c’est la dimension nationale, la dimension du drapeau. Tu ressens énormément de fierté. La cérémonie d’ouverture était magique. En plus, je n’ai jamais pu jouer la Coupe Davis. Revêtir ce survêtement de l’équipe de France, croiser tous ces athlètes français, ça a animé ma fierté et nourri mon ambition comme jamais. J’ai eu des ailes qui me sont poussées dans le dos et je me suis littéralement envolé. Je n’ai jamais ressenti de tels sentiments dans une autre compétition. Jamais. La bulle dans laquelle je suis entré, je ne l’ai jamais retrouvée ailleurs. Elle était absolument impénétrable et j’avais toujours en tête cet objectif : rentrer avec une médaille, coûte que coûte. Je me suis senti investi d’une mission. C’était très fort, vraiment. L’hymne, le podium… On sent que tu as vécu quelque chose de fort... Ce podium, je l’ai eu avec un jour de retard, la petite finale se jouant avant la finale, le lendemain. Je sortais d’une très, très grosse fête, parce qu’il fallait la fêter, cette médaille ! J’étais cuit. Mais je me tenais bien à côté de Kafelnikov (médaillé d’or) et Haas (médaillé d’argent). En termes d’émotions, le moment sur le podium est un peu particulier. Les émotions les plus fortes, tu les vis avant, après la balle de match. Tu es envahi par une espèce d’ivresse, de bonheur. Je me rappelle un souvenir précis … J’avais l’air plus bête qu’autre chose (rires). Des gens m’attendaient à la sortie du Central, dont le staff et quelques autres sportifs, des lutteurs ou des boxeurs - c’était d’ailleurs super sympa de voir ces cloisons tomber. Et je ne pouvais pas leur parler. Je rigolais bêtement pendant de longues minutes et je leur disais : «Je suis désolé, mais, en tout cas, je suis le plus heureux du monde ! » Je suis allé dans le vestiaire pour me calmer, tellement j’étais euphorique.
Tu peux nous rappeler ton parcours durant l’épreuve et ta montée en puissance ? Je fais mon premier match contre Nicolas Kiefer. Le niveau de jeu est moyen des deux côtés. Je suis très nerveux, mais je m’en sors 6-4 6-3 sans être très bon. On est tendus, c’est l’événement, l’entrée dans la compét’… C’est bizarre. Mais il se passe un truc pendant le deuxième match, contre Vladimir Voltchkov. Je gagne 6-2 6-2 avec la sensation d’être physiquement indébordable. C’est là que mes fameuses ailes commencent à pousser. Je ressens quelque chose d’assez extraordinaire, le déclic se produit. Je commence à mettre des petits rituels en place, je sens qu’il faut que j’aie mes habitudes et mes routines. C’est idiot, mais, par exemple, je ne me suis pas étiré après ma deuxième victoire, parce que je ne l’avais pas fait après ma première. Tout ça n’est que superstition, bien sûr. C’est d’ailleurs ce genre de choses qui fait que c’est un tournoi différent, car je ne l’ai jamais fait ailleurs. Je me souviens de signes assez forts, dont un fou rire avec Arnaud Clément : il est tard, je joue le lendemain, mais je sens que, de toute façon, ça va le faire. Même le manque de sommeil ne m’atteindra pas. Après, je joue contre Magnus Norman, sur le Central. Il doit être dans les cinq premiers (NDLR : quatrième). Je gagne 7-6 au premier set, je suis mené 5-1 dans le second, mais je reviens… C’est dire s’il se passe un truc. Je suis présent, dans le point, peu importe le score. Les ailes sont là et poussent un petit peu plus. Au final, je l’emporte 7-6 7-6, c’est une belle perf’ pour moi, car il est bien au-delà au classement. Ensuite, j’affronte Juan Carlos Ferrero, en quarts. Le tableau avançant, je sais que je monte en régime. C’est un match que je sens bien. Ferrero devait être 10ème ou 11ème et je gagne 6-2 6-1. Il n’y a que moi sur le terrain. En face, il ne peut rien faire, c’est incroyable. Bon, je ne parlerai plus jamais comme ça de moi de ma vie (rires) ! Ferrero ne joue pas mal, c’est juste que je l’ai surclassé et lui-même avait déclaré, après le match, qu’il ne comprenait pas pourquoi je n’étais pas top 5. Je fais alors partie des quatre derniers et je sens l’engouement, au Village, notamment.
tournoi, ils ont vécu l’événement de manière intense. Et puis, ils m’encourageaient. En plus des tennismen, je sentais les athlètes qui étaient derrière moi. Il y a une vraie évolution entre le début de la compétition et ce moment qui me voit débarquer au milieu des possibles médaillés. Ce qui est fou, c’est que le tennis est un sport un peu à part, aux Jeux. Tu sens qu’on te regarde avec des yeux bizarres quand tu arrive au Village. Un jour, j’amène mon linge à laver, on me pose une question presque débile : « Vous lavez vous-même votre linge ? » Comme si on utilisait une chemise neuve par match... On peut gagner un peu plus de blé que certains, mais ce n’est pas pour autant qu’on est complètement cons. On est des gens normaux. Je trouve qu’on avait été un peu marginalisés. Nous, notre travail, c’était de casser cette case dans laquelle on nous avait mis et nous décloisonner au maximum. Et ce qui est étonnant, c’est que ça a pris. A un moment, je suis allé voir le kiné dans la salle où l’on se fait masser, où il y a tous les Français réunis. Quand j’ai vu qu’ils m’avaient tous suivi et qu’ils me félicitaient, ça m’a gonflé à bloc. Ca te donne encore plus envie et tu te dis que tu as moins le droit à l’erreur. Finalement, je me retrouve en demi-finale contre Kafelnikov et, là, tout s’effondre. La raison de cette défaite est simple : en plus d’être intrinsèquement plus fort que moi, il est, lui-même, dans un état d’esprit similaire au mien. Je perds donc 6-4 6-4, logiquement.
C’est clairement l’aventure de ma vie tennistique !
Arnaud Clément, ton compagnon de chambre, il joue quel rôle à ce momentlà ? Arnaud, c’est mon pote, on se marre sans arrêt. Avec Nicolas Escudé et Fabrice Santoro, on était tous les quatre aux Jeux. Même si eux n’ont pas forcément brillé durant le
Le lendemain, tu as cette petite finale. Ce n’est pas trop dur de perdre, puis de se dire, ensuite, que l’on va rejouer ? Si, si, ça a été très dur. L’enjeu est terrible, je ne pense qu’à ça, je dors très mal… Mais je relève vite la tête, parce que je sais que je n’ai pas le choix, il me faut cette médaille de bronze. Je joue contre Roger Federer. Ce n’est pas le Roger d’aujourd’hui, bien sûr, mais on connaît son talent. On sait aussi qu’il est friable mentalement, donc je me dis que ça va passer si j’arrive à tenir jusqu’au bout. Il est plus fort que moi, mais ça peut passer. C’est un match hyper tendu et mauvais en termes de niveau de jeu. L’enjeu est trop fort, je crois, on est dépassés tous les deux par le truc et on a autant envie d’aller chercher la médaille. On s’accroche, même si ce n’est pas génial. Je suis extrêmement nerveux, je gueule dans tous les sens, j’ai peur de passer à côté, peur de rater... Je gagne le premier set 7-6, alors qu’il se procure deux balles de manche. Puis, j’ai deux balles de match
au deuxième, dans le tie-break, à 6-4. Là, je frappe un coup droit bas-duf’, le bras tremble tellement... J’avais l’impression d’avoir un plâtre à la place. Roger égalise à un set partout. Ensuite, je me fais breaker à 2-2, au troisième. Je ressens une telle nervosité à ce moment-là que je commence à cramper. Je fais venir les kinés, je me fais étirer. Ca provoque une réaction : j’aligne quatre jeux. Je me sens plus qu’en grand danger, mais j’arrive à inverser la tendance. Je me dis encore plus que je ne peux pas rentrer sans rien et que c’est maintenant que ça se joue. Cette victoire prend du relief quand tu te dis, qu’en face, il y avait Roger Federer ? Bien sûr. Même si, en fait, les gens que j’ai battus ne comptent pas. Ca aurait été n’importe qui, je l’aurais battu de la même manière. C’est clairement l’aventure de ma vie tennistique. Ce n’est pas Palerme, ce n’est pas mon huitième à Roland, ce n’est pas mon titre de Champion du Monde Junior. Et après ça ? Et bien, je reviens dans ma vie de joueur de tennis, qui est très belle, qui est très sympa, mais qui ne me transcende pas de la même manière. Il y a eu une réunion avec la délégation et le Président de la République, à votre retour ? Oui, tous les médaillés se sont fait décorer Chevaliers de l’Ordre du Mérite. C’était Jacques Chirac à l’Elysée, à l’époque. On a eu droit à une réception très agréable. Finalement, pour toi, le tennis a largement sa place aux Jeux Olympiques… Pour moi, oui. Je défendrai toujours ce genre de compétitions nationales où l’on représente son pays. Ca prend une dimension tellement supérieure, les choses à côté paraissent futiles. Evidemment, on n’a pas tous ce sentiment. Mais certains l’ont beaucoup plus qu’on ne le pense, comme Richard Gasquet. Quoi qu’il en soit, ça demeure quelque chose de propre à chacun. Cette médaille aux JO, qu’est ce qu’elle représente ? C’est mieux qu’un Grand Chelem ou qu’une Coupe Davis ? Je crois que c’est quelque chose qui reste à part, de par la rareté de l’événement. Prenons l’exemple de Nicolas Massu (médaillé d’or en 2004). Je pense qu’il s’est transcendé. C’est hallucinant ce qui s’est passé. Moi, je n’ai pas pu aller au bout, mais je comprends tellement… C’est quelque chose d’unique. Quand on a cette fibre pour le cocorico, il n’y a rien de plus beau !
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Entretien réalisé par Laurent Trupiano
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faites vos jeux NOTRE SELECTION POUR LONDRES
Gaël Monfils, 25 ans, 15ème mondial • En 2008, à Pékin, Gaël Monfils avait réalisé un beau parcours, ne s’inclinant qu’en quarts de finale face à Novak Djokovic, 6-4 1-6 6-4. Sur gazon et après une longue période d’inactivité due à une blessure au genou, les chances du Français de briller à Londres paraissent très minces. • Chances de médaille : 10% Gilles Simon, 27 ans, 13ème mondial • Eliminé en huitièmes de finale à Pékin en 2008, Gilles Simon aura à cœur de mieux faire à Londres, cette année. Même si le gazon n’est pas sa surface préférée, le Niçois pourrait créer la surprise avec son jeu atypique, d’autant plus qu’il n’est pas engagé en double et sera donc particulièrement frais physiquement. • Chances de médaille : 10%
Une préparation
millimétrée P
our rêver de l’emporter, il faut déjà bien se préparer. C’est ainsi qu’on pourrait résumer le choix effectué par la délégation française. En effet, après un bref séjour au Village Olympique, le team France logera dans deux maisons à Wimbledon, pour éviter une perte de temps. « Au départ, c’est important de s’imprégner de l’ambiance du Village, je sais ce que ça peut renvoyer comme énergie », explique Arnaud Di Pasquale. « Les Jeux, c’est une épopée. On est tous habillés pareil et, mon but, c’est de créer quelque chose de très fort entre nous. » Au préalable, un petit stage de quatre jours est prévu avec tous les joueurs sélectionnés. Un stage pour que chacun prenne conscience des enjeux. Pour créer une unité entre tous les protagonistes. « Même si le fonctionnement est différent de la Coupe Davis, de par la nature de la compétition, c’est évident qu’il y a quelques similitudes et certaines affinités qui existent entre les gars », résume Lionel Roux, l’entraîneur. Reste que l’on va aussi manier quelques symboles pour renforcer les liens : tous partiront le même jour, en Eurostar, et se retrouveront sur le quai de la gare. « J’ai tenu à mettre en place ce rendez-vous », développe DiP’. « Les Jeux, c’est le drapeau, la nation. D’une certaine manière, on part en mission. » Pour ce qui est des objectifs, il préfère, en revanche, avancer à pas comptés : « Tous les joueurs sont médaillables. Je suis hyper optimiste. J’ai envie de leur donner cette envie, celle de se surpasser, d’être habité, comme je l’ai été à Sydney. C’est la réalité du sport qui l’emportera, mais l’essentiel est de tout mettre en place et de pousser le plus fort possible pour que ce soit une réussite. » Pauline Dahlem
Jo-Wilfried Tsonga Michael Llodra • Considérée comme la meilleure chance de médaille française au tennis, la paire Jo-Wilfried Tsonga-Michael Llodra a les moyens d’aller chercher le titre à Londres. Les deux Français ont déjà gagné des matches importants en Coupe Davis et sont chacun d’excellents joueurs de double. • Chances de médaille : 40%
Jean-Jacques Poupon, le cordeur
Richard Gasquet Julien Benneteau • Particulièrement motivé à l’idée de disputer les Jeux, Julien Benneteau donnera tout aux côtés de Richard Gasquet pour aller chercher une médaille en double. S’ils n’ont pas souvent joué ensemble, les deux Français sont tous deux plutôt bons dans cette discipline. Ils avaient même obtenu des balles de match face à la paire Federer-Wawrinka, championne olympique en titre, à Indian Wells, il y a deux ans. Pourquoi pas une surprise ! • Chances de médaille : 10%
Lionel Roux, l’entraîneur
Alizé Cornet, 22 ans, 60ème mondiale • Invitée par la Fédération Internationale de Tennis pour disputer ces Jeux Olympiques, Alizé Cornet fera son maximum pour se montrer digne de cette wildcard. S’il y a un vrai mieux dans ses résultats, ces derniers temps, la Française risque néanmoins d’avoir beaucoup de mal à Londres. Le gazon n’est effectivement pas sa meilleure surface et la concurrence sera très rude. Mais on ne sait jamais ! • Chances de médaille : 1%
« Les Jeux Olympiques, ce sont des souvenirs éternels. J’étais présent à Athènes et à Pekin. Avec le recul, j’ai un peu l’impression qu’il ne s’agissait pas du même événement. En Chine, tout était grandiose, presque trop, d’ailleurs. Mais j’ai eu la chance de pouvoir visiter la Cité Interdite, de me rendre à la Muraille de Chine… Bref, les Jeux Olympiques sont toujours teintés d’histoire, voire de géopolitique. Toutes les nationalités sont présentes, on sent un vrai brassage. Le réfectoire du Village Olympique en est un beau résumé. Toutes les spécialités du monde entier sont en libre service (rires). J’ai participé à beaucoup d’épopées avec les Bleus, mais les Jeux Olympiques sont à part, vraiment hors du commun. En parler me donne des frissons. Je suis très heureux de pouvoir me rendre à Londres, même si je connais déjà très bien les lieux. Que le tennis participe à cet événement, ça me paraît essentiel. Et je vous assure que les gars prennent ça plus qu’au sérieux. Ils sont à fond, ils savent qu’ils peuvent écrire l’histoire. J’étais aux côtés d’Arnaud Clément et Michael Llodra quand ils ont perdu pour la médaille en bronze. C’était un vrai drame… »
« Faire partie de la délégation est un vrai petit rêve. Je n’ai jamais pu participer aux Jeux et ça reste un regret. Alors, pouvoir aider le team France est une véritable motivation. Je suis un grand fan de sport en général. Les Jeux Olympiques, ça évoque forcément des choses très fortes : Carl Lewis, Los Angeles, Pierre Quinon... La flamme, le concert des nations, bref, une grande et belle fête. Quand Arnaud (Di Pasquale) m’a demandé de l’accompagner dans cette aventure en tant qu’entraîneur, je n’ai pas réfléchi longtemps (rires). Je vais m’attacher à préparer au mieux l’équipe, même si on est dans une configuration très différente de la Coupe Davis. On est tous très motivés et l’on ne veut pas rentrer bredouille. L’objectif, c’est au moins une médaille. Après, la couleur, on verra ça sur place (rires) ! »
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Richard Gasquet, 26 ans, 19ème mondial • Absent des Jeux de Pékin en 2008, Richard Gasquet vivra à Londres sa première olympiade. Grand amateur du jeu sur gazon, le Français se sent capable d’aller chercher une médaille sur les courts de Wimbledon. Ce ne sera pas simple, mais tout reste possible ! • Chances de médaille : 10%
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Alizé Cornet-Kristina Mladenovic • Respectivement 84ème et 78ème mondiales en double, Alizé Cornet et Kristina Mladenovic devront s’employer pour passer quelques tours à Londres. Néanmoins, Mladenovic possède une excellente première balle et Cornet a déjà gagné de bons matches en double. Espérons une bonne surprise ! • Chances de médaille : 2%
© Conception OZ • FFT / Direction de la Communication et du Marketing / Direction des Activités Fédérales • Photos : @ FFT / C. Saïdi
Jo-Wilfried Tsonga, 27 ans, 6ème mondial • Jo-Wilfried Tsonga disputera à Londres ses tout premiers Jeux Olympiques. Grand amoureux de l’esprit olympique, le numéro un français devrait être ultramotivé à l’idée d’aller chercher une médaille. Sur gazon et avec sa confiance actuelle, il peut clairement viser l’or. • Chances de médaille : 50%
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Julien Benneteau « Aller à Londres, c’est un vrai
Entretien réalisé par Laurent Trupiano
Marc Renoult
privilège »
« Le double est un formidable outil pédagogique »
Qualifié en double avec Richard Gasquet, Julien Benneteau va participer à ses premiers Jeux Olympiques, après avoir vécu une période assez épique au début de l’été. Incarnant à merveille l’esprit olympique, il nous a accordé un entretien pendant Roland Garros. A Monte-Carlo, au printemps, tu étais au sommet de ton niveau ? C’était mon premier tournoi sur terre de l’année. Dans une telle situation, c’est sûr que c’était un bon niveau, effectivement. J’étais très, très, très content de la manière dont je jouais. C’était un peu dans la lignée de ce que j’avais fait depuis le début de la saison. Au final, cette blessure arrive au plus mauvais moment… Ca n’arrive jamais au bon moment, de toute façon ! Elle m’a un peu stoppé dans mon élan, c’est vrai. Revenir aussi vite, c’est dingue ! Tu as dû y laisser beaucoup d’énergie... Ce qui est marrant, c’est que le lendemain où on a pris la décision de jouer Roland Garros avec les médecins, j’ai été vidé pendant deux jours. Je ne comprenais pas ce qui se passait, je ne mettais plus une balle dans le court. Je n’avais pas d’énergie. J’avais beaucoup travaillé pour revenir, mon esprit était accaparé par ça... On ne peut pas le quantifier, ce n’est pas palpable, on ne peut pas se rendre compte à quel point ça prend du jus ! Il faut finalement arriver à gérer cette situation plutôt spéciale pour éviter une forte décompression et le contrecoup qui va avec. Il faut être vigilant, ne pas faire n’importe quoi dans son programme, bien doser les journées d’entraînement. On sent que ton jeu a évolué vers un style plus offensif… C’est une chose sur laquelle on met vraiment l’accent avec Loïc Courteau. Il me pousse à le faire de plus en plus. Quand il y avait les semaines de Coupe Davis, Guy Forget reprenait vraiment ce message. Alors, il ne faut pas oublier la base de mon jeu, c’est-à-dire être solide, ne pas faire de fautes, repousser mon adversaire. Mais, aussi, dès qu’il y a une opportunité qui se présente, en profiter et rentrer dedans. Lionel Roux nous répète souvent : « Julien, c’est un vrai joueur de Coupe Davis, il est très attaché à l’idée de défendre les couleurs de son pays. » Logiquement, ta sélection pour les Jeux de Londres doit te faire plaisir… Plaisir, plus que ça... C’est exceptionnel ! C’est
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le summum du sport. Les Jeux Olympiques, c’est un truc de dingue. Avoir la chance de jouer pour son pays, d’aller chercher une médaille, de défiler… Ce sont des moments rares dans une carrière, surtout pour un joueur de tennis. Les Jeux, c’est la grande messe du sport, de toutes les disciplines, de toutes les émotions. Faire partie de cette aventure, c’est quelque chose de fabuleux. Un vrai privilège. Même si tu ne joues que le double ? Complètement ! Une médaille en double, ça a autant de valeur qu’une médaille en simple ! Ca se prend ! Ca fait le même nombre de médailles à la fin pour la France. Inutile de dire que je suis très motivé. Arnaud Di Pasquale nous a expliqué votre mode de préparation. Comment allezvous vivre ça ? Comme la Coupe Davis ? Non, je pense que chacun va avoir son mode de fonctionnement. Chacun, dans sa journée, va s’organiser en fonction de ses matches. Ce sera forcément différent de la Coupe Davis. Même si c’est vrai que l’on va vivre ensemble, qu’on sera dans les maisons. Il y a des sports que tu vas aller voir ? Je ne sais pas du tout ce qu’il est possible de faire et ce qui est impossible. Est-ce qu’on sera loin des autres sites ? Est-ce qu’on pourra y aller ? Je n’en sais rien du tout. Je ne veux pas y aller non plus en touriste pour voir un truc. Je veux me concentrer à fond sur le double, essayer de faire le mieux possible et ramener une médaille. C’est l’objectif. Après, s’il y a une possibilité, une occasion, une chance de voir une autre discipline, évidemment que j’irai avec le plus grand plaisir ! Loïc Courteau fait partie du cercle fermé des entraîneurs vainqueurs en Grand Chelem. Il t’a apporté quelque chose de particulier depuis qu’il est à tes côtés ? Il possède une très, très grande connaissance du jeu. Il a une manière de voir le jeu dans la-
Aux Jeux Olympiques, le double prend une dimension particulière, puisqu’il peut permettre de remporter des médailles toujours précieuses. Il nous semblait utile de faire le point sur cette discipline avec Marc Renoult, responsable du club fédéral des enseignants professionnels, véritable passionné de cette discipline.
quelle je me retrouve énormément. Ca aide. Il faut savoir qu’un couple joueur-entraîneur passe énormément de temps ensemble. Le temps en-dehors du terrain est très important. Et, en-dehors du terrain, on s’entend très bien : on est capable de discuter sérieusement, de déconner énormément, de se chambrer, tout en se respectant l’un l’autre. Mieux, quand je vais à l’entraînement avec lui, je sais que je ne vais pas m’emmerder. Il a cette force et c’est lié à sa personnalité, à son tempérament. Ce qui veut dire que tu t’es déjà emmerdé… Avant, oui (rires) ! Quand on joue l’un avec l’autre pendant une séance d’entraînement, il trouve toujours de petits trucs pour valoriser ce temps. Même si c’est une journée où je suis fatigué et de mauvaise humeur, moins motivé, il y a un moment, dans la séance, où il arrive forcément à tirer quelque chose de positif de moi. C’est essentiel ça, non? C’est surtout rare, je pense. Et, pour moi, c’est vraiment très appréciable. Votre couple, il est né à Winston Salem, avec cette histoire de déluge... Non, il n’est pas né là-bas, mais c’est vrai que ce sont des aléas de la vie du circuit. (Rires) Vous avez vraiment eu peur ce soir-là ? Peur, un peu. Mais le souci, c’est qu’on ne trouvait pas d’hôtel. Loïc est claustrophobe, il s’est vu dormir dans la voiture… et il a eu une crise ! (Rires) Il y avait 180km/h de vent dehors, il tombait des trombes d’eau… Une pluie d’ouragan, je vous laisse imaginer ce que c’est. Et, là, il est sorti de la voiture, parce qu’il avait besoin de respirer, il suffoquait, il s’imaginait enfermé dans le véhicule toute la nuit... J’avoue que j’ai vraiment éclaté de rire. Quand je l’ai vu sortir par ce déluge, je me suis dit : «On est bien barrés ! » Finalement, on a eu de la chance, on a trouvé un hôtel un
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peu pourri, mais c’est une histoire qui restera et qu’on pourra raconter plus tard. Aujourd’hui, où tu te situes dans ta carrière ? Quels sont tes objectifs ? Il y a encore plein de choses à faire ! C’est pour ça que je ne me sens pas du tout en fin de carrière. Je me sens frais, j’ai envie de continuer sur le circuit, de jouer, de progresser avec Loïc, pour aller chercher un titre en simple, pour rester en équipe de France de Coupe Davis, pour qu’on arrive à tirer le maximum de cette équipe, tous ensemble, avec le nouveau Capitaine, tous les joueurs, et qu’on aille chercher ce graal. Voilà. Prendre du plaisir. Et continuer à progresser au classement. C’est presque une deuxième jeunesse ? Plus on est vieux, plus on joue bien, plus on est serein ! Oui, c’est vrai, c’est vrai. Quand tu étais à Bourg-en-Bresse, est-ce que tu pensais en arriver là ? J’ai toujours voulu faire ça, depuis que je suis tout petit. En 1991, quand je suis dans les tribunes, à Lyon, pour la finale de la Coupe Davis, je rêve de participer à cette épreuve… On essaie de résumer le personnage de Federer dans notre prochain livre, « Roger, mon amour ». Tout le monde nous dit que c’est quelqu’un de drôle, dans le vestiaire, à qui on peut parler… J’ai des rapports normaux avec lui. Il peut effectivement avoir un mot sympa, on peut discuter d’un sujet sans problèmes. On peut déconner, rigoler, regarder un match, analyser le truc... Il est accessible, il est sympa. Entretien réalisé par Laurent Trupiano
Pourquoi nourrissez-vous cette passion pour le double ? J'aime ce que le double implique en termes de cohésion et d'esprit d'équipe. En double, on est souvent dans la question du choix : le court est plus petit car il y a plus de monde dessus et on n’a pas vraiment le temps de temporiser. C’est une discipline qui développe d'autres qualités, une autre perception de l'espace, de l’attention. Et puis, inutile de dire que le double, c'est également le choix de l'attaque, de la volée et de la prise de risque ! Pour toutes ces qualités, je trouve que c’est une épreuve sublime, qu'il faut valoriser et utiliser. Pourtant, on a un peu l'impression qu'elle est laissée à l'abandon ? Il faut distinguer le très haut niveau et la pratique dans les clubs. Au haut niveau, plusieurs choses ont été mises en place, le super tie-break, notamment. Par le passé, de grands champions s’alignaient en simple comme en double. Aujourd’hui, c'est plus rare. Mais, si les grandes stars participaient au double durant les grands tournois, on en parlerait forcément plus. Là, malheureusement, on est confronté à l'évolution du tennis de haut niveau. Vus la concurrence et l'engagement physique, il semble impossible que les meilleurs puissent prendre le risque de mettre en péril un titre en simple en jouant le double. C'est tout à fait compréhensible. Ceci dit, c'est aussi rafraîchissant de voir que les stars s'y mettent volontiers lorsque les conditions de performance sont optimales. D'ailleurs, à Londres, on va avoir un tournoi assez impressionnant. Je parie qu’il y aura un vrai impact sur le plan médiatique ! Cet abandon du double paraît un peu idiot, puisque cette discipline peut être aussi une vraie rampe de lancement… Je le répète, il n'y a pas d’abandon, mais une situation complexe qui rend délicate la participation aux deux tableaux, simple et double. On s'est donc orienté vers une forme de spécialisation. Mais, comme vous le dites, il arrive aussi que la pratique du double permette à des joueurs de prendre confiance, de poser leur jeu et, par la suite, de réaliser une très belle carrière en simple. Ça peut constituer un point de passage.
C'est le cas, notamment, de Michael Llodra ? Tout à fait, Mika est un bon exemple. Et il y en a d'autres ! Je pense à Nicolas Mahut, mais aussi à Julien Benneteau et, bien sûr, à Guy Forget. A mon avis, le double permet d'acquérir de la maturité d’une manière assez différente du simple. En double, vous partagez tout avec votre partenaire. Notamment la pression, les angoisses, les émotions… Si sur le circuit ATP, le double semble être plus une contrainte qu'autre chose. L'ITF a eu une bonne idée en le valorisant par un système de points incitatifs… Oui, ça a été mis en place sur le circuit junior. Quand vous avez des résultats en double, vous obtenez des points pour votre classement en simple. En fait, vos performances en double comptent à hauteur de 25% dans votre classement. Ce n'est pas rien ! Là, c'est une façon très concrète de valoriser la pratique et, surtout, la performance en double. Et puis, c’est très positif que ce soit mis en place chez les Juniors, car les joueurs sont encore en période de formation, voire d'apprentissage sur certaines séquences de jeu. A l’échelon du club, le double reste présent lors des matches par équipes, notamment. Mais ils sont disputés à la fin, seulement lorsqu’ils sont décisifs… Est-ce qu'on ne pourrait pas le valoriser plus en le plaçant en début de rencontre ? C'est une bonne remarque et ça fonctionne d'ailleurs comme ça en championnat universitaire américain. Quand on a décidé de limiter le nombre de doubles, notre volonté était aussi de permettre aux clubs d'offrir des courts libres le week-end à des membres qui ne participent pas aux compétitions. Notre souci se situait là. Il ne s’agissait pas de dévaloriser la pratique.
On voit beaucoup de Seniors s’y essayer… Bien sûr et c'est plutôt logique. Mais on a mis en place une vraie politique auprès des jeunes, car le double les oblige à être dans des situations nouvelles, à changer leurs habitudes, leur façon de jouer. Il y a un véritable chantier pédagogique. Un chantier qui a déjà démarré ! On a des outils, avec les formats de matches qu'on a préconisés chez les jeunes. La Coupe de France de double est aussi un vrai succès, elle est très appréciée et a su s'installer dans le calendrier. C'est une compétition par Ligues pour les 10-11 ans, créée en 2006. Voilà un bel exemple de réussite ! Il existe donc une volonté fédérale de faire évoluer les choses ? Oui. Et, pour ça, il faut aussi toucher les enseignants qui sont les vrais prescripteurs. En tant que responsable du club fédéral, qui réunit de nombreux DE, je m'attache à le faire. A Roland Garros, lors de notre traditionnelle journée des enseignants, j'ai essayé de valoriser l'intérêt du double dans l'apprentissage, notamment sur le plan tactique. Il faut intégrer de façon constante le double durant toute la saison, et faire en sorte que les joueurs prennent conscience de ce que ça peut leur apporter dans le jeu.
Autre question : le double n’est-il pas un formidable outil pour la pratique loisir ? C'est exactement ça et on travaille dessus. Il y a une vraie convivialité dans la pratique du double. C'est plus ludique et, dans une certaine mesure, moins physique. On est plus souvent dans la réussite. Du coup, ça valorise le jeu, car les situations d'échec se répètent moins. Bref, ça n'a que des avantages.
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Nice - France
TENN IS-ETUDES
sur la Côte d’Azur
Ouvrez-vous les portes des
Sophia Country Club Il se passe toujours quelque chose au
Après des mois de travaux, le nouveau Sophia Country Club a terminé sa mue avec l’ouverture officielle de son spa de 600m². Tout est maintenant prêt pour accueillir les sportifs de haut niveau et une clientèle cherchant à se régénérer au cœur d’un complexe novateur et idyllique. Etats des lieux avec Alain Pistolesi, l’heureux Directeur de cet hôtel resort nouvelle génération. Alain, on voit enfin le bout du tunnel ? Concrètement, oui ! Le Spa est ouvert, il est unique avec des techniques exclusives. Son inauguration signifie que la première grande tranche de rénovation du Sophia Country Club est terminée. On a pris un petit peu de retard, mais c’est logique, vus les investissements programmés et, surtout, notre ambition en termes de qualité de prestations. Au final, avec ISP et le tennis d’un côté, le golf de l’autre, et, maintenant, le paddle, le Sophia Country Club est l’épicentre d’un véritable complexe sportif... On remet au goût du jour l’idée du Country Club, effectivement. On a toujours expliqué, depuis le début, que notre volonté était de construire un lieu de référence pour la préparation des sportifs, pour la revitalisation des cadres de haut niveau, mais on n’a pas oublié l’idée d’en faire également un vrai lieu de vacances et de loisirs.
C’est pour ça que la piscine a été complètement repensée et qu’un ensemble de services a été mis en place pour faciliter un séjour de relaxation. Maintenant, vous nous préparez quoi pour la deuxième phase ? On va condamner l’un des courts couverts et l’on va transformer cette surface en une salle de fitness sur deux niveaux. Ce sera le dernier outil de notre processus. Encore une fois, on va mettre en place ce qui se fait de mieux dans ce domaine. On sait que les sportifs de haut niveau sont déjà venus nombreux se préparer à des échéances importantes. Vous avez des exemples, en tête ? Forcément, l’équipe belge de sprint, en athlétisme, avec les frères Borlée, qui sont venus juste avant les Championnats d’Europe, à Helsinki. Mais aussi le décathlonien Hans Van Alphen. Ca nous permet de nous rôder et d’adapter nos
services pour être, à l’avenir, encore plus performant. La journée d’un champion est minutée, et c’est à nous de nous adapter notamment pour les soins, la nourriture et le repos. Au Sophia, on veut garantir de la performance mais aussi de la discrétion et du calme, c’est une des clés de la réussite quand on se positionne sur cette clientèle. Mais j’ai envie de dire que c’est exactement pareil pour les cadres qui viennent chez nous pour se ressourcer ou pour un séminaire. Avez-vous l’idée aussi d’installer des événements récurrents ? On est sur plusieurs sujets innovants et notamment un dans le tennis qui va faire du bruit. Il est vrai que l’avantage de notre resort est de tout concentrer sur un même lieu autant du point de vue sportif, que des soins, du bien être et aussi des loisirs. A ça, je me permets aussi de rajouter une donnée fondamentale, le soleil (rires).
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Le Paddle débarque Si le Sophia fait la part belle au tennis avec l’académie ISP, il s’ouvre aussi vers de nouvelles disciplines. La construction de quatre courts de Paddle le prouve et c’est un véritable show-room d’un projet national mené par Robin Haziza, joueur du Paddle Pro Tour, qui est lancé. L’objectif ? Démocratiser cette discipline, qui est déjà un succès en Espagne, sur tout le territoire. Interview.
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Pourquoi le Paddle ne perce pas en France ? C’est une mauvaise question ! (Rires) Le Paddle ne peut pas se développer, car il est encore trop méconnu. Et, surtout, on a un vrai déficit en termes de courts. C’est le constat que j’ai fait depuis quelques années. Au lieu de rester les bras croisés, j’ai décidé lancer le concept du Real Paddle. L’idée s’inspire fortement de Soccer 5 de Zinédine Zidane. On veut mettre en place des structures, accueillir les pratiquants, rendre populaire et ludique cette discipline, car, une fois qu’on y a gouté, on ne s’en passe plus ! Le site du Sophia Country Club, c’est une vitrine ? C’est exactement ça. C’est notre premier site, mais l’ambition est de s’installer sur tout le territoire. C’est également d’offrir des solutions à des clubs omnisports ou de tennis qui voudraient se lancer dans le paddle. Comment expliquer le succès considérable du Paddle en Espagne ? Il y a trois raisons. La première est historique. Cette discipline existe depuis longtemps là-bas, car elle a été lancée par des Argentins. La seconde, c’est que l’ancien premier ministre Jose Maria Aznar a été filmé en train de jouer. A l’époque, ça a eu un vrai impact. Tout le monde s’est dit : « Si le premier ministre s’éclate, pourquoi pas moi ! » La dernière, c’est lié au jeu en lui-même. C’est un sport moins contraignant que le tennis, plus facile dans la pratique dès les premiers coups de raquette. On vous sent motivé ! Je suis le premier joueur tricolore à avoir intégré le circuit professionnel. Je suis certain que le Paddle a un véritable avenir en France. Mais cet avenir ne passe pas par une volonté venue d’en haut, par une Fédération ou une institution. Il faudra juste un peu de temps, mais je suis confiant !
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guest star
Mathilde Johansson « Au début, j’avais choisi la danse classique » Meilleure Française à Roland Garros, Mathilde Johansson présente un parcours atypique. Aujourd’hui plus sereine que par le passé, elle a décidé, avant tout, de prendre du plaisir et de profiter au maximum des années à venir. Dans l’esprit, aussi, de réaliser un gros coup comme point d’orgue d’une carrière déjà bien remplie !
A Fès, tu es lucky-loser et c’est reparti ! Dans un premier temps, j’ai déjà gagné ma première rencontre, en qualifications (sourires) ! Après, je réalise un très bon match contre Shahar Peer, ça m’a donné beaucoup de confiance pour la suite. On s’en rend compte aujourd’hui, le tennis féminin français va mal. Comment ça s’est passé pour toi ? Pour ma part, je ne suis pas du tout allée en pôles. Je suis très famille et je n’avais pas envie de partir de chez mes parents. Je trouve que les pôles ne sont pas une bonne solution pour les jeunes filles. Je pense qu’être éloignée de ses proches, ça n’aide pas à se construire. Voir une nation comme la France très peu représentée en haut de la pyramide, ça fait pas mal de bruit. Qu’en penses-tu, toi ? Le tennis est un sport très cyclique. Bon, c’est vrai que nous sommes une belle nation de tennis, donc c’est étonnant que personne ne prenne la relève… On a eu une génération totalement énorme, il y a quelques temps, la génération 1979. Mais, d’ailleurs, peut-être n’en retrouvera-t-on plus jamais des comme ça… Comment s’est déroulé ton parcours ? Pour commencer, mon premier classement, ça a été 15/5. Je ne me souviens plus vraiment de mon âge à l’époque. Après, je suis passée 15/3, puis 15, 3/6, 1/6, -4 et -30 pendant quatre ans et après… Déjà toute petite, tu avais l’espoir de devenir une championne de tennis ? Oui ! Mais c’est comme si j’avais dit que je voulais être astronaute ! C’était un truc un peu… Je n’en avais aucune idée ! Je jouais beaucoup au tennis et c’est vrai que ça le faisait bien de dire que je voulais être championne. Alors qu’au fond de moi, ce n’était peut-être pas ce que je désirais… Comment t’est venue cette passion pour ce sport ? Mes parents jouaient au tennis ensemble pour s’amuser, en vacances… Et, avec ma sœur, on les suivait sur les courts, car on n’avait pas trop envie de rester seules à la maison. C’est comme ça que tout a commencé. J’ai tapé mes premières balles et je me débrouillais plutôt bien. A mes sept ans, mes parents voulaient que je fasse un sport. J’ai choisi la danse classique, mais, très vite, je n’ai pas apprécié de voir ma prof’ assise dans un
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coin de la salle et nous faire faire les mêmes exercices à chaque séance. Nous sommes donc allés voir au Tennis Club s’il restait de la place. Malheureusement, il n’y en avait plus... Mais la chance était de mon côté. Un centre aéré qui devait venir ce jour-là a dû annuler à cause d’une panne de bus. L’entraîneur était là, il n’y avait personne sur les courts et il m’a fait frapper quelques balles. Et c’est comme ça que tout a commencé ! Au final, je suis un peu venue au tennis par le fruit du hasard (rires). Qu’est ce qui te motive, aujourd’hui ? Le classement, la performance, un titre, jouer Roland Garros ? Je dirais la maturité. Et puis, aussi, mon début d’année qui n’a pas été facile. Là, je suis à Roland Garros, un grand événement (NDRL: l’entretien a été réalisé pendant le tournoi)… Par ailleurs, je suis plus proche de la fin de ma carrière que de mes débuts. Je ne vais pas avoir l’occasion de disputer encore dix Roland Garros. J’ai donc envie d’en profiter, du public, de l’accueil en France... Je n’avais jamais autant profité de tout ça avant. C’est important, ça m’aide même pendant mes matches.
« J’ai fait le buzz au niveau de la cosmétique de la raquette » Mais tu n’extériorises pas plus qu’avant… Cette semaine (à Roland Garros), je n’ai pas trop pu. Au deuxième tour, par exemple, je joue contre ma partenaire d’entraînement, Petra (Cetkovska). Je ne pouvais pas me le permettre, par respect pour elle. Surtout, ce n’est pas très bon pour moi de trop extérioriser. Sinon, je m’emballe et après… Je commence à bien me connaître, crois-moi. C’est pour ça que je ne suis pas trop démonstrative. Mais, à la fin du match, la pression tombe et je me lâche un peu plus. On a appris que tu te plaignais de ne pas avoir de sponsors. A Roland Garros, tu as été contrainte de choisir et de t’acheter une robe... Ca te surprend ? Surprend… Non. Mais ce n’est pas très agréable. Au début, je me suis dit : « Bon, okay, pas de sponsors, très bien. Je pourrai montrer ma différence. » Mais, rapidement, tu te rends compte que ça serait bien d’en avoir un ! Cette fameuse robe, que tu as portée à Roland Garros, tu l’as achetée dans un magasin, tu as fait tes retouches ?… Oui, à l’origine, elle était plus longue. Mais j’en ai achetées plusieurs, de différente couleurs, au cas où. Pour Roland, je n’avais qu’une couleur, mais si jamais, par la suite, je ne trouve toujours pas de sponsors, j’aurai d’autres couleurs en stock ! Tu te vois où dans cinq ou six ans, à la fin de ta carrière ? Bonne question (sourire). Je ne sais pas, vraiment. Honnêtement. J’ai un peu envie de rester dans le milieu, mais pas trop non plus. Ce milieu, je
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l’apprécie de plus en plus et ça n’a pas toujours été le cas. Mais, plus la fin approche, plus j’ai envie de rester au contact de cette vie, une vie géniale. A travers une marque, je ne sais pas (rires), mais rester dans les grands événements, oui. On parle souvent de ton côté glamour. Il y a des choses qu’on t’a faite faire et que tu n’as pas appréciées ? En fait, c’est une idée reçue ! On ne m’a jamais proposé de choses vraiment décalées, autres que des magazines de tennis. Mais j’aimerais bien le faire. Je fais des photos un peu sexy pour l’Open de Côte d’Azur depuis trois ans et j’avoue que ça m’a vraiment plu. Je me suis trouvée belle ! La Suède, ça représente quoi, pour toi, à part un lieu de naissance ? Beaucoup, beaucoup. J’ai acheté une maison là-bas, car ma grand-mère y vit, entre Stockholm et Göteborg, à un quart d’heure de la ville natale de Robin Söderling – qui est aussi celle de mon père, pour l’anecdote (sourire). J’essaie d’y retourner tous les ans ; pour moi, c’est ressourçant. J’ai passé beaucoup de mon enfance là-bas, parce qu’on y retournait tous les étés. C’est vraiment un endroit très reposant. C’est calme et, quand on arrive à l’aéroport, on sent que l’on n’est pas en France. Tu vas donc peut-être y finir tes jours (rires) ? Non… J’ai acheté une maison de vacances pour perpétuer ce que j’y ai vécu dans mon enfance. Si j’ai des enfants, je pourrai les emmener là-bas et cultiver ainsi leur côté suédois. Mais bon, de là à y habiter, je ne suis pas sûre de franchir le cap ! Tu joues avec une raquette Tecnifibre, une maque qui évolue sur le circuit… Qu’est-ce que ça t’inspire ? J’ai fait le buzz au niveau de la cosmétique de la raquette (rires). Tout le monde me dit qu’elle est belle, que j’ai une raquette spéciale Johansson. Au premier abord, les gens me demandaient ce que je faisais, qu’est ce que c’était que ça… Je leur ai répondu simplement que c’était un très bon cadre, avec, comme vrai plus, un aspect féminin beaucoup plus poussé que chez les autres marques.
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Tu as participé à certaines réunions de travail pour la création de cette raquette? Exactement, j’ai même eu mon mot à dire ! Je pense, d’ailleurs, que certaines choses ne leur ont pas plu (sourires). Je trouvais qu’ils se dirigeaient trop vers le normal et le conventionnel. photo : C.Dubreuil
Question banale, j’imagine… Quand on accumule dix défaites d’affilée, ça se passe comment dans la tête ? En fait, quand tu dépasses cinq défaites à la suite, tu t’en fiches un peu. Sauf que tu te dis : « Ca y est, ça va être fou de perdre encore une fois ! » Mais j’ai relativisé : je jouais bien, mon niveau de jeu n’avait pas baissé. Sur ces dix défaites, j’en ai perdues six en trois sets. Tu te dis alors que tu n’es pas si loin de la victoire. Et, à partir du moment où tu continues à bien t’entraîner, c’est juste une question de temps… et de bon tableau également !
Que ce soit une marque française, ça a joué au moment de t’engager avec elle ? On s’est très bien entendus et je ne regrette vraiment pas. Dans les moments difficiles, ils ont été là. Entretien réalisé par Laurent Trupiano
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GUSTAVO KUERTEN Ambassadeur Lacoste
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