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5-8 décembre 2023

www.food-security.net

RELEVÉ DES CONCLUSIONS 39e RÉUNION ANNUELLE

Agir d’urgence pour sauver 31.7 millions de vies et bâtir un avenir sans crise alimentaire et nutritionnelle

1Tenue à Praia, au Cabo Verde, la 39e réunion annuelle du RPCA a été ouverte par Son Excellence Monsieur José Ulisses Correia e Silva, Premier Ministre de la République de Cabo Verde. La réunion a rassemblé 230 participants en présentiel et en visioconférence pour examiner les résultats provisoires de la campagne agropastorale 2023-24, la situation alimentaire et nutritionnelle de la région, y compris les conséquences des crises sécuritaires et socio-politiques.

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La production céréalière de la campagne 2023-24, évaluée à 76.5 millions de tonnes, connait une baisse de 1 % par rapport à la campagne précédente, mais une hausse de 3 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les productions de racines et tubercules, estimées à 207.7 millions de tonnes, sont en hausse de 2 % par rapport à la campagne précédente et de 7 % par rapport à la moyenne quinquennale. La disponibilité en fourrage et les conditions d’abreuvement du bétail sont plutôt bonnes, malgré des poches de déficits observées dans certaines régions du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal, du Cabo Verde et du Tchad.

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L’approvisionnement des marchés est satisfaisant, à l’exception des zones d’insécurité dans le LiptakoGourma, le bassin du Lac Tchad et certaines localités des États du nord-ouest du Nigeria. Les fermetures des frontières imposées par certains pays, ainsi que les sanctions à l’encontre du Niger, perturbent le bon fonctionnement des marchés de ce pays, ainsi que ceux des localités situées au nord du Nigéria et du Bénin.

Les membres du Réseau attirent l’attention des décideurs politiques sur la persistance de facteurs exacerbant les crises alimentaires et nutritionnelles dans la région. Il s’agit notamment de :

L’intensification des violences sécuritaires, y compris le risque d’extension au Nord du Togo et du Bénin, est responsable de déplacements forcés de plus de 8.3 millions de personnes dont la majorité est en situation de précarité. À cela, s’ajoute un nombre important de réfugiés dû notamment au conflit au Soudan. L’insécurité restreint fortement la libre circulation des personnes et des biens, mais aussi l’accès aux populations se trouvant dans les zones concernées. Sur le plan budgétaire, elle contraint les gouvernements à augmenter leurs dépenses militaires au détriment des investissements structurants en faveur de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. 4

Placée sous les auspices des Commissions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la réunion annuelle rassemble les principales parties prenantes de la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la région (ministres et autres représentants, responsables des organisations régionales, société civile et secteur privé, partenaires techniques et financiers). Elle est co-organisée par le Comité permanent interÉtats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) et le Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE).

La persistance de l’inflation réduit le pouvoir d’achat des ménages dans un contexte où le marché joue un rôle prépondérant dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle. La moyenne de l’inflation sur les denrées de base est de 20 %, avec des pics en Sierra Leone (54 %), au Ghana (35 %) et au Nigeria (27 %). Elle est alimentée par la persistance des entraves au commerce régional, l’augmentation des coûts de transport, la dépréciation de la plupart des monnaies de la région, les conséquences du conflit entre la Russie et l’Ukraine et l’insécurité civile dans la région.

L’insuffisance de ressources financières mobilisées face à l’amplification des crises alimentaires et nutritionnelles. En 2022, six personnes sur dix en situation de crise alimentaire n’ont pu bénéficier de l’assistance alimentaire requise. De même, l’assistance fournie aux 40 % restants ne représente que 45 % de la valeur distribuée durant les années précédentes. Ainsi, les interventions humanitaires actuelles, faiblement connectées à des actions de développement, ne fournissent qu’une infime partie des besoins et n’offrent aucune perspective de changement durable dans la vie des bénéficiaires.

Environ 31.7 millions de personnes ont besoin d’assistance alimentaire et nutritionnelle immédiate. Si des mesures appropriées ne sont pas prises, 44.5 millions de personnes pourraient être affectées par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle aiguë pendant la soudure en juin-août 2024, dont plus de 2 millions en urgence. En outre, 85.6 millions de personnes, actuellement sous pression alimentaire, pourraient basculer dans la crise en l’absence de mesures appropriées. La crise nutritionnelle persiste également au Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad où près de 16.5 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de la malnutrition aiguë, dont 4.8 millions d’enfant affectés par la forme sévère. 5

Secrétariat du

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Discutant du thème central de la réunion annuelle portant sur les systèmes alimentaires, les membres du Réseau notent des transformations rapides des régimes alimentaires dans la région du fait de la croissance démographique, de l’urbanisation croissante et de l’accroissement des revenus. Ils attirent l’attention des autorités sur :

Le coût exorbitant d’une alimentation nutritive que 85 % de la population de la région ne peut s’offrir. La mauvaise alimentation est à l’origine de maladies non transmissibles exerçant une pression sur les dépenses de santé publique, sans oublier les pertes de productivité et la réduction de l’espérance de vie des populations concernées.

L’insuffisance des investissements dans les systèmes d’information sur les marchés qui réduit fortement la capacité des pays à produire des analyses prospectives régulières sur le fonctionnement des marchés et les options d’alimentation nutritive permettant de guider les choix des consommateurs.

Ainsi, les membres du Réseau exhortent les États et leurs organisations régionales à investir durablement dans la résilience et les transformations souhaitées des systèmes alimentaires.

En examinant les initiatives et approches novatrices de réponse structurelle aux crises alimentaires, les membres du Réseau félicitent la Guinée pour les investissements réalisés tout en recommandant que des efforts similaires soient consentis en faveur des maillons postproduction afin d’optimiser le fonctionnement des chaines de valeurs agro-alimentaires et d’assurer une pérennisation des acquis.

Concernant la gouvernance des enjeux alimentaires et nutritionnels, les membres adressent leurs félicitations au Sénégal pour les avancées réalisées dans l’évaluation des capacités de leadership et de pilotage des défis alimentaires, et l’encouragent dans la validation des résultats de l’exercice ainsi que la mise en oeuvre des améliorations préconisées. Ils encouragent également les États à s’inspirer de l’expérience éthiopienne afin d’étendre davantage les programmes de protection sociale y compris les soutiens productifs en faveur de la transformation durable des moyens d’existence des populations les plus vulnérables.

Ils félicitent et encouragent également les parlementaires et les organisations de la société civile dans leurs initiatives de veille et d’interpellation sur l’application de la Charte pour la prévention et la gestion des crises alimentaires et plus globalement sur les enjeux alimentaires et nutritionnels. Les membres saluent l’expérience du Front parlementaire contre la faim, soutenue par la coopération espagnole et la FAO et invitent la région à s’en inspirer afin de renforcer l’interpellation et l’adoption de lois favorables à la réalisation de l’objectif faim zéro.

Échangeant sur les expériences et bonnes pratiques de renforcement des systèmes alimentaires, les participants saluent les efforts du gouvernement du Cabo Verde dans la mobilisation d’importantes ressources internes pour mettre en œuvre des programmes ambitieux d’adaptation climatique et de gestion de l’eau en vue de l’intensification agricole, l’extension de la protection sociale et l’alimentation scolaire. En dépit des arbitrages budgétaires difficiles, les membres du Réseau exhortent les États de la région à s’inspirer de l’expérience du Cabo Verde afin de renforcer la durabilité des systèmes alimentaires et la résilience des personnes les plus vulnérables.

À la suite de leurs travaux, les membres du Réseau : Réitèrent leurs recommandations formulées lors de la 38ème réunion annuelle du Réseau à l’attention des États sur l’urgence : i) d’accélérer la mobilisation des ressources pour le financement conséquent des plans nationaux de réponse et de faciliter l’accès aux zones d’insécurité ou difficiles d’accès, en particulier au Burkina Faso, au Mali, au Niger, au Nigeria, et au Tchad ; ii) de renforcer les instruments et les mesures politiques de soutien au pouvoir d’achat des populations.

Recommandent à la CEDEAO, à l’UEMOA et au CILSS, et à leurs États membres de : i) mettre en place un système de financement durable des systèmes nationaux d’information sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, y compris sur les marchés ; ii) mettre en œuvre des approches et instruments dédiés à l’amélioration de l’efficacité de la réponse aux crises alimentaires, y compris le renforcement des synergies avec les programmes de protection sociale, de la coordination et l’adaptation des modalités de réponse au contexte actuel marqué par l’extension de l’insécurité, l’accroissement des effectifs de populations déplacées par la forte inflation ; iii) poursuivre le renforcement des capacités de pilotage des enjeux alimentaires par les États, ainsi que de celles de la société civile pour assurer la veille et l’interpellation ; iv) accompagner l’initiative politique visant l’opérationnalisation de l’approche humanitaire-développement-paix, en particulier dans les pays du front sécuritaire.

Réitèrent également leur recommandation faite aux États et à leurs organisations inter-gouvernementales (OIGs) lors de la 38ème réunion annuelle sur la nécessité de s’investir résolument dans les réponses structurelles inclusives afin d’inverser les tendances alimentaires et nutritionnelles négatives dans la région ;

Réitèrent leurs recommandations à la CEDEAO et à l’UEMOA sur l’urgence : i) de renforcer le dialogue auprès de leurs États membres en vue de la réduction significative des entraves au commerce régional et à la transhumance transfrontalière ; ii) de mobiliser les instruments régionaux de réponse aux crises alimentaires pour soutenir les États dans la prise en charge des personnes en besoin d’assistance ; iii) d’accélérer le renforcement des capacités d’intervention de la Réserve régionale de sécurité alimentaire, y compris son financement souverain.

Invitent les partenaires à se mobiliser et à s’engager dans un partenariat dans la durée avec les États et leurs OIGs afin de s’attaquer aux causes sous-jacentes des crises alimentaires et nutritionnelles chroniques et d’accompagner les transformations des systèmes alimentaires, y compris l’adaptation des communautés et des systèmes de production aux chocs climatiques et socio-économiques. Ils soulignent l’importance de construire les interventions de réponse d’urgence autour des instruments et mécanismes existants, y compris la stratégie régionale de stockage et ses mécanismes d’approvisionnement auprès des organisations de producteurs agricoles de la région.

Les participants conviennent que la réunion restreinte aura lieu les 3-5 avril 2024 à Paris. La 40ème réunion annuelle aura lieu les 3-6 décembre 2024; la confirmation du pays hôte et du thème central sera faite ultérieurement.

Praia, le 8 décembre 2023

Les Participants à la 39e réunion annuelle du RPCA

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