LE PREMIER MAGAZINE SUR LA BD totallement gratuit
JUILLET / AOÛT 2013
D B
NOSTALGIA
2
BD Nostalgia
D B
NOSTALGIA
Volume 2 - Edition #3 Publication Bimensuelle. SM Design 5330 desmarteau Montréal, Qc. Tél.: 514-299-1593 Rédacteur en chef Sylvio Martins Les opinions exprimées dans les colonnes de ce magazines n’engagent que leurs auteurs. La reproduction des textes, dessins et graphiques est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur et de l’éditeur. Les images sont © 2013 par leurs auteurs. Dessin de couverture: DC Comics, The New 52. Cette publication étant susceptible de comporter des erreurs. (nul n’est parfait) nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour les éventuels désagréments que cela pourrait causé. Dépôt légal à parution.
ÉDITORIAL Retour de vacances ! Nous voilà de retour de vacances ! Comme les autres année, nous avons voyagé à la plage de Hampton. Le séjour fut agréable et reposant, même si le retour à la réalité est dure ! Imaginez deux librairies BD. La première ne change jamais de vitrine, n’organise aucun événement, on n’y trouve pas le dernier Superman. La seconde soigne son image, suit toutes les nouveautés, met en avant ses coups de cœur… Vers laquelle allez-vous vous tourner ? Un site web suit un peu la même logique : s’il est vivant, attractif, qu’il propose des infos pertinentes et fraîches, il sera plus efficace que celui de votre concurrent qui a rédigé ses contenus une bonne fois pour toute (au moment de la mise en ligne) et qui propose une actu datant d’il y a 2 ans. La Revue BD Nostalgia va commencé aussi a créé son nouveau site web. Il y a quelques année moi et Pascal Desjardins avons commencé un site sur la BD en général comme le magazine, mais,... les temps sont différent et je me pousse a refaire un peu ce que BD Nostalgia était. Une fonte incroyable d’information pour les amateurs de Bédé. Donc, pour la prochaine édition nous allons avoir une belle vitrine avec beaucoup de chose a vous offrir. Pour finaliser le tout, adieu les vacances,... lol.
BD Nostalgia
3
Dossier spĂŠcial:
DC VS M 4
BD Nostalgia
MARVEL BD Nostalgia
5
Un sujet qui me titillait depuis quelques temps déjà : une série d’articles sur Marvel Comics et DC Comics, les deux célèbres maisons d’édition, mis en parallèle de l’histoire du comics et de mes propres préférences en matière de super-héros. Vaste sujet, vous en conviendrez. En 1935, l’homme d’affaire Malcolm Wheeler-Nicholson fonde National Allied Publications, un éditeur spécialisé dans la BD. La même année, il lance New Fun : The Big Comic Magazine, puis New Comics (futur Adventure Comics). Mais, endetté auprès du distributeur et éditeur Harry Donenfeld, l’entrepreneur est contraint de s’associer avec lui en 1937, juste avant la sortie du premier numéro de Detective Comics, pour fonder la société Detective Comics Inc. Wheeler-Nicholson ne reste qu’un an, avant de prendre la porte en raison de sa mauvaise gestion ; Detective Comics Inc en profite pour racheter National Allied Publications, au bord de la faillite. En Juin 1938, l’éditeur lance le premier numéro de Action Comics. Dans celui-ci, les aventures d’un nouveau genre de héros : le super-héros, et ses pouvoirs fantastiques. Ce super-héros s’appelle Superman ; créé en 1932 par Joe Schuster et Jerry Siegel, il leur aura fallu plusieurs années pour trouver une maison d’édition intéressée par leur personnage. Succès immédiat, et Detective Comics Inc de s’empresser de lancer de nouvelles séries de super-héros, à commencer par Sandman – créé 6
BD Nostalgia
par Gardner Fox et Bert Christman en 1939 pour Adventure Comics – et Batman – créé par Bob Kane et Bill Finger en 1939 pour Detective Comics. Plusieurs autres personnages suivront : Wonder-Woman, The Flash, The Atom, Hawkman, Hourman, Green Lantern, Aquaman, ainsi que des équipes regroupant plusieurs héros comme 7 Soldiers of Victory – avec Green Arrow, Crimson Avenger, Speedy, The Vigilante, Stars, Shining Knight, et Stripe – ou Justice Society of America, censée rassembler toutes les grandes figures de l’éditeur, mais servant en réalité à promouvoir ses personnages moins connus.
National Allied Publications et All-American Publications pour devenir National Comics ; mais le logo DC, initiales de Detective Comics, demeure sur les couvertures, et l’éditeur devient un peu malgré lui DC Comics en dépit de son nom officiel, avant de changer définitivement d’appellation en 1977. Évidemment, ce succès fait des envieux, et de nombreux autres éditeurs se lancent sur le marché des super-héros, comme Fawcett Comics avec son Captain Marvel, Quality Comics avec Plastic Man, ou encore Fox Comics avec Blue Beetle ; par le jeu des rachats, tous ces éditeurs finiront par être absorbés par DC Comics, et leurs personnages intégrés à l’univers DC lors du maxi-crossover Crisis on Infinite Earths, en 1985.
Un de leurs concurrents va tout de même sortir son épingle du jeu. Martin Goodman fonde Timely Publications en 1939, avec pour ambition de concurrencer Detective Comics Inc sur son propre terrain ; ou du moins, En 1944, Detective de récupérer une part de l’énorme gâteau que repréComics fusionne avec sentent les super-héros. Sa première publication, MarBD Nostalgia
7
vel Comics, introduit le personnage du premier Human pour les comics, qui sera plus tard connue sous le nom Torch, ainsi que le premier anti-héros : The Submariner, de Golden Age. Les super-héros sont partout, et s’exportent sous forme de dessin-animés ou de séries complus connu sous le nom de Namor. posées de mini-épisodes, diffusés au cinéma avant les Mais le plus grand coup de Timely Publications films. reste probablement Captain America : apparu dans un contexte de guerre, ce super-héros patriote n’hésite pas Mais rien ne dure jamais éternellement. Après la Se– comme nombre d’autres personnages de l’époque – à conde Guerre Mondiale, l’intérêt pour les super-héros aller botter les fesses de commence à diminuer ; des publications régulières s’arAdolph Hitler et d’Hi- rêtent, au profit de westerns ou d’histoires de SF. rohito. Captain America était l’œuvre du duo Joe Dans les années 50, dans un contexte de chasse aux Simon / Jack Kirby, qui sorcières, de nombreuses associations, auteurs, et podeviendra célèbre pour litiques, commencent à pointer du doigt la « mauvaise son incroyable potentiel influence » des comics sur la jeunesse ; Fredric Wercréatif, et le nombre im- tham publie en 1954 Seduction of the Innocent, un livre pressionnant de héros à expliquant que la délinquance juvénile est le fait non leur actif ; plus tard, Jack pas d’une mauvaise éducation, mais des comics. La Kirby formera un autre même année est mise en place la Comics Code Authoduo magique avec Stan rity, chargée de réguler la violence dans ces BD. Lee. Peu de super-héros réussissent à survivre à ces chanNous sommes alors gements, et à conserver leurs propres séries. Du côté de dans une période faste DC Comics, seuls Superman, Wonder Woman, et Bat8
BD Nostalgia
man réalisent cet exploit, tandis que Captain America et des années 40 vivaient en réalité sur une terre parallèle The Submariner ont depuis longtemps laissé leur place à la notre : Earth-II, qui sera incorporée à notre univers lors de Crisis on Infinite Earths (même si seuls les preà d’autres publications. miers Superman et The Flash y survivront). Avec Julius En 1956, DC Comics Schwartz, les origines souvent magiques des personlance une version revisitée nages laissent place à des origines scientifiques, et des de The Flash. Le succès re- héros totalement inédits font leur apparition, en particuvient, et ouvre la voie vers lier Martian Manhunter. ce qui sera plus tard connu sous le nom de Silver Age, Finalement, la concrétisation de ce renouveau sera la qui durera jusqu’à la fin réapparition de la Justice Society of America, rebaptisée des années 60. L’éditeur Justice League of America, en 1960 ; et contrairement à décide alors de continuer son ancêtre, cette série ne servira pas à promouvoir les son travail de remise au héros mal-aimés de DC Comics – limitant l’apparition goût du jour de ses héros des personnages plus connus – puisqu’elle sera réelledes années 40, sous l’égide ment composée des grandes figures de l’éditeur. de Julius Schwartz et grâce à des artistes comme Gard- A cette époque, Timely Publications s’était transformé ner Fox, Joe Kubert, ou le en Atlas Comics ; il ne deviendra Marvel Comics – du romancier de SF Edmond nom de son premier périodique – qu’en 1961. L’éditeur Hamilton ; les noms restent, mais les identités, les cos- se concentre alors sur d’autres genres que celui des sutumes, et même les pouvoirs évoluent. Ce sera le cas per-héros. Mais le succès chez la concurrence de Juspour The Atom, Green Lantern, ou encore Hawkman. tice League of America pousse son PDG, Martin GooLes auteurs expliqueront plus tard que leurs versions dman, à se relancer sur ce marché de nouveau porteur. BD Nostalgia
9
de Marvel Comics va se mettre en marche, et cela va se concrétiser par l’apparition d’une pléthore de nouvelles figures : Thor, Iron Man, The Hulk, Spiderman, The X-Men, The Wasp, Ant-Man, ou encore DareDevil ; Stan Lee va finalement jusqu’à faire revenir sur le devant de la scène Captain America, en 1964, pour le The Fantastic placer à la tête de l’équivalent maison de la JLA créé en Four marque un 1963 : The Avengers. tournant dans l’histoire du co- Thor mis à part, les super-héros Marvel Comics ne sont mics. Par oppo- pas seulement plus humains, ils ont aussi des problèmes sition aux héros plus réalistes, en plus de leurs problèmes de super-héparfaits, au men- ros. Spiderman, premier héros adolescent qui ne soit ton carré, du Gol- pas un side-kick, symbolise le passage à l’âge adulte et den Age, les per- toutes les difficultés que cela peut entrainer ; il s’adresse sonnages de Lee d’autant plus aux nerds – futurs geeks – puisque gentil et Kirby doutent et brillant, mais s’en prenant toujours plein la gueule de d’eux-mêmes, ont la part de son entourage malgré toute sa bonne volonté. des personnali- Flash Thompson, prototype du quarterback lycéen qui tés difficiles, et apprécie se moquer des intellos, apparait dès le premier parfois même su- numéro de Spiderman. The X-Men, rejetés par une pobissent leurs pou- pulation qui ne les comprend pas, et se faisant en vient à voirs plus qu’ils les craindre puis à les haïr malgré leurs actes héroïques. n’en profitent ; The Hulk, monstre incontrôlable piégé dans le corps The Thing, avec d’un calme scientifique, incarne toute la peur de l’Améson faciès, res- rique des années 60 envers le nucléaire. semble plus à un méchant qu’à un gentil. Ils ont voulu créer des héros plus humains, donc plus proches du lec- Ces héros-là ne ressemblent pas à ceux qui les ont teur, et cela a fonctionné. Dès lors, la machine à idées précédé, et vont faire un carton. Non seulement auprès Il charge Stan Lee, aidé de Jack Kirby, de créer non pas un super-héros mais une équipe de super-héros, comme la JLA. En 1961, le duo donne naissance non pas à un groupe de super-héros, mais à un groupe de monstres : The Fantastic Four.
10 BD Nostalgia
BD Nostalgia
11
des enfants, mais aussi auprès des adolescents et des Comics avec « Snowbirds Don’t Fly », une histoire dans adultes, qui se reconnaissent dans ces super-héros d’un laquelle Green Lantern et Green Arrow découvrent que Speedy, l’assistant de ce-dernier, se drogue. La drogue genre nouveau. ne sera pas le seule problème de cet acabit évoqué dans Début des années 70, le Silver Age laisse place au les comics ; à partir des années 70, Iron Man devient Bronze Age, une époque marquée par un retour à des alcoolique. thématiques moins ancrées dans la SF, plus proches des Le début des années 70 est marqué par la fin du duo réalités sociales, voire plus crues. Il ne semble pas y avoir eu d’événement spécifique pou- Lee/Kirby, puisque Jack Kirby quitte Marvel Comics vant marquer clairement le passage d’un âge à l’autre. Il pour DC Comics, où il va créer notamment le peren existe tout de même un qui a effectivement fait date sonnage de Mister Miracle. De nouvelles séries appa: en 1971, l’United States Department of Health, Edu- raissent d’un côté comme de l’autre, parfois en dehors cation, and Welfare demande à Stan Lee de dénoncer du thème du super-héros, comme Conan the Barbarian, l’usage de la drogue dans le très populaire comics Spi- Solomon Kane, ou Beowulf. derman. L’auteur accepte, mais ne reçoit pas l’aval du Comics Code Authority, qui juge inacceptable de parler Pour Arnold T. Blumberg, l’industrie du comics basde drogue dans une BD (même pour la dénoncer), alors cule définitivement dans le Bronze Age avec « The que la demande vient d’un autre organisme gouverne- Night Gwen Stacy Died », en 1973, histoire dans lamental ; Stan Lee décide de publier ce numéro de Spi- quelle The Green Goblin provoque la mort de Gwen derman sans l’accord du CCA, donc sans le logo corres- Stacy, la petite-amie de Spiderman. pondant, ce qui le pousse finalement à revoir certaines de ses positions concernant ce qui est acceptable ou non Dans le Bronze Age, les comics vont connaitre pludans un comics. DC Comics emboite le pas à Marvel sieurs évolutions, à commencer par un retour en force 12 BD Nostalgia
BD Nostalgia
13
de The X-Men. Créée en 1963, l’équipe souffre d’un manque de popularité, et se voit confiée en 1975 aux talents combinés de Chris Claremont et John Byrne, deux auteurs qui vont redynamiser le titre en introduisant de nouveaux personnages, et mettre en place une version inédite de l’équipe, composée de Storm (une Kenyanne et ancienne voleuse), Wolverine (un Canadien avec une véritable proportion à la violence), Sunfire (un nationaliste japonais), Thunderbird (un Indien d’Amérique fier de ses racines), Banshee (un ancien criminel irlandais), Nightcrawler (un Allemand à l’apparence démoniaque), et Colossus (un fermier soviétique) ; de part sa mixité et le passé parfois peu reluisant de ses membres, ces X-Men de la génération Blue symbolisent tous les changements intervenus dans les comics.
tout Black Panther. Néanmoins, quelques détracteurs reprochent aux éditeurs de plus vouloir profiter du succès du cinéma de blaxploitation que de véritablement mettre les minorités à l’honneur.
L’autre mouvement d’importance, c’est la montée en flèche du féminisme, qui doit trouver un écho dans les comics. Chez Marvel Comics, il est décidé de créer des pendants féminins de quelques-unes de leurs grandes figures, ce qui donne naissance à She-Hulk, Ms Marvel (futur Warbird), et Spider-Woman. Du côté de DC Comics, une anecdote amusante évoque comment les auteurs travaillant alors sur Batman, au lieu d’essayer de concevoir de nouveaux antagonistes féminins pour le Dark Knight, ont cherché dans les personnages créés à l’origine par Bob Kane dans les années 30/40, pour Deux mouvements vont particulièrement marquer les finalement re-découvrir Poison Ivy et la propulser sur le USA, ce qui va évidemment avoir une répercussion devant de la scène. chez Marvel et DC, désormais plus proches des réalités Petite curiosité : en 1976, Marvel Comics décide de sociales de leur pays. créer un héros destiné uniquement au marché britanLe premier de ces mouvements, c’est celui des nique : Captain Britain. Il deviendra par la suite un perAfro-Américains. Dans « I Am Curious (Black) ! », en sonnage récurrent des publications de l’éditeur. 1970, Lois Lane décide d’utiliser une machine pour devenir noire et découvrir les formes de racisme dont est Comme pour son apparition, il n’y a pas de date prévictime cette communauté au jour le jour. Les super-hé- cise indiquant la fin du Bronze Age et le passage dans ros issus des minorités font leur apparition, avec chez le Modern Age, dans lequel nous nous trouvons actuelDC Comics un nouveau Green Lantern nommé John lement (nous manquons probablement de recul pour déStewart, Vixen, Cyborg, et Black Lightning, et chez terminer si nous avons subi une évolution du marché Marvel Comics – outre Storm – le chasseur de vam- justifiant un changement d’ère). Un point couramment pire Blade, Luke Cage, Falcon, Misty Knight, et sur- pris, c’est le crossover Crisis on Infinite Earts, en 1985, 14 BD Nostalgia
BD Nostalgia
15
qui revisite plusieurs ennemis du Dark Knight avec parfois un tel impact sur le spectateur que ces changements se ressentiront jusque dans les comics ; ainsi apparait Harley Quinn, et le public découvre un Mister Freeze humain et poignant. Ces dernières années, outre le lien toujours plus étroit existant entre ces deux géants et l’inCette période est aussi marquée par la publication dustrie du film – DC Comics appartient désormais au de deux titres cultes, perçus par de nombreux lecteurs même groupe que la Warner, et Marvel Comics ayant comme révolutionnaires : The Dark Knight Returns de été racheté par The Walt Disney Company – chacun a Frank Miller, et surtout Watchmen de Alan Moore et montré des politiques différentes. Dave Gibbons. Deux comics sortis sous label DC CoDu côté de DC Comics, il semble y avoir une volonté mics. de casser l’image presque iconique de certains personLe Modern Age est marqué d’un côté par l’inclusion nages, avec des montures comme les All-Star et autres importante d’Hollywood, mais aussi par l’arrivée d’une Elseworlds, ou des crossovers montrant des aspects génération d’auteurs fortement influencés par les tra- sombres de plusieurs héros bien connus, comme Idenvaux de Frank Miller sur DareDevil, et ceux du duo tity Crisis. Claremont/Byrne sur Uncanny X-Men. Chez Marvel Comics, le lecteur aura pu assister à un Le personnage de Wolverine, excessivement populaire, travail de modernisation, qui passe d’un côté par ses liva en particulier avoir de nombreuses répercussions sur cences Ultimate – ou les séries classiques de l’éditeur l’industrie, en entrainant dans son sillage la naissance telles qu’elles auraient pu être si elles étaient apparues et/ou la mise en avant de nombreux anti-héros, comme dans les années 2000 – et de l’autre la destruction en règle de certains éléments jusqu’ici jugé immuables ; The Punisher, Cable, ou Spawn (chez Image Comics). De nombreux protagonistes, sous l’impulsion de Bat- cela a particulièrement touché l’univers de The X-Men, man DKR et Watchmen, gagnent en profondeur psycho- qui a subi des changements radicaux ces dix dernières logique et en complexité. Une situation qui se ressent années, mais cela s’est réalisé aussi à plus grande échelle notamment dans le dessin-animé Batman TAS, de 1992, via des crossovers comme Civil War ou Secret War. qui marque le retour en grâce de DC Comics – dernièrement distancé par son grand rival – et surtout lui permet de combiner tous ses personnages et tous ses univers dans une seule et même continuité, pour ainsi gagner infiniment plus de clarté.
16 BD Nostalgia
BD Nostalgia 17
LE MONDE DES COMICS
Batman: Death of the Family, le bilan Après un bilan sur le crossover Green Lantern: Rise of the Third Army en début de semaine, je vais me concentrer aujourd’hui sur celui qui vient de se terminer : Death of the Family. Je sais, j’ai mis Rotworld de côté mais c’est parce que sa fin m’a laissé un arrière-goût amer et que je préfère prendre encore un peu de distance avant d’en parler.
se dire d’un côté “Ils critiquent parce que c’est cool de critiquer un truc acclamé par tous” et de l’autre “ils acclament parce que tout le monde acclame”. Ce n’est pas forcément la position la plus intelligente et avec Death Of The Family j’ai décidé de remettre en cause Scott Snyder, peut-être justement à cause de ma déception sur la partie Rotworld de Swamp Thing.
Après les débuts souvent acclamés de Scott Snyder et Greg Capullo sur Batman, et le fameux Court of the Owls / Night of the Owls, il était temps de voir si la suite était du même accabit . Pour beaucoup ce “second” arc consacré au retour du Joker allait aiguiser le jugement à porter sur Scott Snyder. En effet, vous avez pu voir ici et à peu près partout un engouement pour son travail ces deux dernières années, et certaines voix se sont élevées pour dire qu’on en faisait parfois (peut-être) trop. A partir de là chacun pourrait rester sur ses positions et
Alors au final, cet arc vaut-il tout le bruit qui a été fait autour ? Une nouvelle fois je pense que le public sera divisé. C’est d’ailleurs étonnant de voir que Batman #17 a été critiqué par beaucoup de lecteurs sur Internet, alors que la plupart des gros sites de review lui ont mis la note maximale. Ne verrait-on pas là le symptôme du critique qui veut montrer qu’il a mieux compris que le public lambda ? C’est ce que j’ai pensé avant de le lire et de conclure qu’en fin de compte, un peu comme pour Lost, l’effet de ce final dépend totalement de ce que
18 BD Nostalgia
BD Nostalgia
19
LE MONDE DES COMICS
le lecteur attendait du crossover. Et on peut aisément : détruire la Bat-Family qui selon lui affaiblit le Chevalier Noir, son “Roi”, celui avec qui il joue au chat et comprendre les déceptions. à la (chauve)-souris depuis le début. Quant à sa façon de faire, elle est étonnamment méthodique et calculée. The Killing Joke Replaçons donc les choses dans leur contexte. Scott Alors le Joker a-t-il vraiment changé ? Snyder a décidé que son second gros arc des New 52 se concentrerait sur le Joker. Pour ça, il avait besoin que Déconseillé aux jeunes lecteurs le reste des auteurs laisse le personnage tranquille pen- Si l’on se rend bien compte d’une chose pendant cet dant un moment. Et c’est ainsi que dans Detective Co- arc, c’est que le Joker de Scott Snyder est bien loin du mics #1, Tony Daniel faisait disparaître le Joker dans Joker que vous aviez pu découvrir dans la série animée uncliffhanger qui nous montrait son visage arraché. Un de votre jeunesse. Froid et sadique, il maîtrise avec peran plus tard il est de retour et vient terroriser Gotham fection l’horreur, et sait où taper pour faire mal. Ainsi il nous offre quelques scènes d’une cruauté sans nom, City. Mais son comportement semble avoir changé... dont une tapisserie d’être humains encore vivant rappelant les films les plus malsains qui soient. Si Batman Le Retour du Roi Le Joker revient et commence très fort en attaquant est un personnage très populaire auprès du public, DC le commissariat du G.C.P.D. A partir de là, il se met à Comics accepte ici de ne pas le rendre lisible par tous, reproduire ses premières exactions dans l’objectif d’at- et c’est un bon point. Espérons juste qu’ils n’en abusent tirer Batman, pour finalement lui avouer son objectif 20 BD Nostalgia
BD Nostalgia
21
LE MONDE DES COMICS comment fait-il ? On est habitués aux éléments temporels un peu abusés des comic books, mais ici ça semble réellement dur de tout imbriquer dans l’histoire. Mais passons, puisque ce n’est pas là-dessus que nous allons juger cet arc. Tout termine par une punchline La question reste donc de savoir si Snyder remplit son contrat. Tout ce déchaînement d’horreur amène-t-il sur une fin cataclysmique ? La famille est-elle détruite ? Qui va y laisser sa peau ? A l’inverse de ses arcs précédents, il n’y a pas de gros mystère au centre de l’histoire. Le seul qui vient s’y insérer concerne la relation ambigüe entre Batman et le Joker. Ce dernier suggère que la famille n’est pas au courant de tout, et qu’elle a été trahie par celui qu’elle
pas. Et le Joker ira-t-il jusqu’à commettre l’irréparable avec la Bat-Family ? Au cœur de la famille L’un des éléments au centre du récit est la connaissance que le Joker semble avoir des acolytes de Batman. On ne sait jamais trop s’il connaît réellement leur identité ou s’il joue de coups de chance, mais il s’en prend systématiquement à ceux qui travaillent ou ont travaillé avec notre héros. Et après avoir déjà tué un Robin il y a bien longtemps, on attendait impatiemment de voir ce qu’il allait faire pour priver Batman de cette famille qui le retient. Le tout donne des tie-ins sensiblement plus intéressants que sur Night of the Owls, à la différence qu’ils s’étendent ici sur plus d’un numéro, et que le lecteur peut s’y perdre. Le mal est partout Car l’un des éléments les plus perturbants ici est la chronologie. Le Joker parvient a torturer et capturer place sur un piédestal. Si une partie du mystère est réchacun des membres de la Bat-Family dans sa série vélé pendant le run (le Joker est supposé avoir accédé à respective. Il semble tout le temps présent partout, mais la Batcave et connaître l’identité de chacun), c’est réel22 BD Nostalgia
BD Nostalgia 23
LE MONDE DES COMICS lement Batman #17 qui vient éclairer le tout, et marquer naque ? Je pense honnêtement qu’on est en droit d’y voir les deux. le destin de chacun. Il va être dur de ne pas tout spoiler pour ceux qui n’auraient pas tout lu, mais en conclusion tout ceci n’était qu’une vaste blague : il n’y a aucune conséquence directe sur les membres de la Bat-family, tout n’a servi qu’à instaurer le doute et à briser la confiance de chacun envers Batman. Je ne dis pas qu’il y a des pistes à ex-
Ramener le Joker à son état de psychopathe plus tenté par l’idée de jouer une blague à Batman que par celle d’éliminer ses acolytes, et transformer le tout en méta-blague envers le lectorat, ce n’est selon moi pas un coup de génie, mais tout de même plutôt intelligent. Je l’ai apprécié comme j’ai apprécié la fin de Lost. Mais on peut aussi le voir d’une autre façon. L’auteur fait presque une promesse à son lectorat en le lançant sur des pistes qui n’aboutiront finalement pas. Et ce ne serait pas un problème de passer l’éponge si l’histoire n’avait pas été étalée sur tant de numéros. D’autant que certains éléments du numéro 17 apparaissent plus comme de la facilité pour la suite que comme un vrai coup de génie. Ça semble un peu malhonnête de ma part de ne pas trop me mouiller et de vous laisser décider (la note ici correspond nettement à mon avis mais je ne connais même pas l’avis des autres membres de la rédac’), mais c’est juste qu’ici je pense sincèrement qu’il y a autant de choses à aimer qu’à regretter de cet arc, et que c’est selon la face du comic que vous préférerez mettre en avant que vous ferez votre choix. On se retrouve devant un paradoxe avec cet arc, car si Court of the Owls avait une ampleur certaine, on en voit pour le moment peu de conséquences, et c’est ici le contraire : l’arc en lui-même, à l’exception de certains faits marquants, a moins d’envergure que ce qu’on attendait, mais devrait avoir des conséquences bien plus sévères.
plorer ou qu’il n’y a pas de grosses révélations impactantes, mais pas celles attendus. La blague est double car en plus de celle infligée par le Joker à la Bat-Family, il y a celle de Scott Snyder envers le lecteur : tout ce à quoi vous vous attendiez n’a pas lieu, mais pourtant le résultat escompté est là, Batman se retrouve isolé. Alors génie ou non ? Doit-on voir ici un coup de génie ou une grosse ar24 BD Nostalgia
Reste à espérer que les auteurs des séries secondaires prennent bien tout cela en compte dans le comportement de leurs personnages. Ce n’est donc pas réellement sur cet arc que l’on jugera Scott Snyder, mais sur le prochain qui devrait ramener le Riddler sur le devant de la scène. Invariable S’il y a bien un côté cependant que l’on ne peut nier, c’est le talent de Greg Capullo qui nous a une nouvelle fois subjugués par ses dessins sur la série principale. On espère qu’il restera encore très longtemps sur le titre en reprenant son souffle de temps en temps grâce aux fillins, à commencer par le mois prochain avec l’intérim de luxe d’Andy Kubert !
BD Nostalgia 25
LE MONDE DES COMICS
Voici le premier numéro de New Avengers a être touché par l’event Infinity. On y voit la Terre qui commence à être envahie et la demeure de Flèche Noire qui tombe sous les assauts. Les Illuminati seront la première ligne de défense, mais tiendront-ils la ligne de front ?
INFINITY
Comme depuis le début, c’est Jonathan Hickman qui scénarise tandis que l’excellent dessinateur brésilien Mike Deodato assure les illustrations des pages intérieures mais aussi de la couverture. Ce numéro tie-in débarque en librairie le 21 Août pour 4$.
26 BD Nostalgia
LE MONDE DES COMICS
Batman Black & White
Le premier numéro de la nouvelle mini-série Batman : Black & White arrive sous peu, le 4 Septembre prochain. Il promet d’être magnifique comme à son habitude, avec des collaborations d’artistes tels que Neal Adams, Sean Murphy ou Chris Samnee pour ne citer que ceux-là. On aura aussi le droit à une couverture variante réalisée par l’excellent Phil Noto. Vu le niveau de celle-ci, il va être difficile de choisir entre ce petit bijou et la couverture régulière dantesque qu’a dessiné Marc Silvestri. Deux pour le prix d’une, c’est pas possible ? BD Nostalgia 27
28 BD Nostalgia
BD Nostalgia 29
Dossier spécial: ASTÉRIX LE GAULOIS
Astérix le gaulois
Depuis l’Antiquité, règne la conviction que c’est grâce à Rome et à César que la Gaule estentrées dans le monde de la civilisation. Mais alors que ce message a été puissamment propagé par les manuels scolaires de la Troisième République, les découvertes archéologiques de cestrente dernières années nous démontrent au contraire que loin d’avoir vécu repliés sur eux-mêmes, les principaux peuples gaulois avaient noué d’intenses relations politiques etéconomiques avec l’Italie, relations dont on peut retrouver les traces dans le commerce du vin, lacréation de monnayages, les innovations en matière d’agriculture et d’élevage, ainsi probablementque dans certaines formes d’urbanisme. Il suffit pour s’en convaincre d’étudier le spectaculairesanctuaire gaulois de Tintignac en Corrèze (découvert à l’automne 2004), ou de lire les travauxde Christian Goudineau sur ce monde qui revit après des siècles d’oubli et d’ignorance ! Lestéréotype du gaulois mous30 BD Nostalgia
tachu, bagarreur, indiscipliné, et râleur, vivant dans des huttes au milieu des bois va-t-il pour autant disparaître ? C’est peu probable car la science ne peut riencontre un imaginaire mis en place durant des décennies par l’école républicaine, et dont Astérix et ses copains du village gaulois n’ont pas peu contribué à entretenir le mythe par le rire ! En effet, si le monde de Jules César (figé pour la narration à -50 av. J.-C.) est utilisé comme cadre narratif à la série des Astérix, et si les « bonshommes à gros nez » d’Uderzo etGoscinny ont rendu le monde antique plus accessible et sympathique à plusieurs générations delecteurs, jeunes et moins jeunes, ces Gaulois moustachus, vêtus de braies et grands dévoreurs desangliers relèvent davantage d’une vision dépassée de nos ancêtres les Gaulois, que de la réalitéque nous révèlent les archéologues. Tout n’est pas faux bien sûr, mais tout est mélangé, et
Dossier spécial: ASTÉRIX LE GAULOIS
au grédes différents albums, l’espace antique ( Italie, géographie tout aussi imaginaire que les Gaulois quila Gaules, Grande-Bretagne, Germanie, Grèce, Égypte ) peuplent. Un aigle romain est planté sur le lieu suppova jusqu’à englober l’Amérique ( La Grande Traver- sé de Gergovie, Lutèce est déjà l’hypothétique capitale sée ), nos Gaulois, livreurs de menhirs(objets d’une civilisation antérieure de près de deux mille ans à l’arrivée des Celtes en Gaule ! )finissant par rencontrer de vrais Vikings ( Astérix et les Normands ), dans un saut chronologiqueaussi surprenant qu’efficace. Mais ce désordre est la source même du rire, et il engendre le mythe en tissant la fictionsur l’Histoire : derrière la Gaule de César c’est en fait le monde contemporain qui est se donne àvoir, celui de la France des années 19601980, dans une représentation parfaitement codifiée. Comme dans toute série de télévision ou de bande dessinée, les albums d’Astérix fonctionnentgrâce aux variations sur ce code : c’est à l’intérieur de ce code que doivent se comprendre les« erreurs historiques » facilement repérables (et d’autant moins graves), mais sans ce code c’estle mythe même d’Astérix qui disparaît. La carte qui ouvre chaque album scelle à sa manière ce pacte de lecture, en nous plongeant dans une BD Nostalgia
31
Dossier spécial: ASTÉRIX LE GAULOIS
d’une Gaule non encore unifiée, et le village armoricain des« irréductibles Gaulois » est le double positif d’Alésia : grâce à sa potion magique ses habitantssont invincibles, irréductibles ils font oublier la réalité de l’ultime défaite gauloise. Mais levillage est entouré des camps romains de Petibonum, Laudanum, Babaorum et Aquarium, dontles noms nous avertissent que l’espace de ces aventures est utopique, et qu’il vaut mieux prendre ici l’Histoire par le petit bout de la vignette. Sur les vingt-quatre albums de la série cosignés par Goscinny (texte) et Uderzo (dessin), seuls quelques uns ont un rapport évident avec l’Histoire et les réalités du monde antique, et ils’agit pour la plupart des albums des premières années: Astérix le Gaulois (1961), La Serpe d’or (1962), Astérix gladiateur (1964), Astérix légionnaire (1967), Le Bouclier arverne (1968), Les Lauriers de César (1972), et bien sûr le chef d’œuvre : Astérix et Cléopâtre (1965). Tous les albums conservent un décor antique, avec souvent un grand souci du détail, mais non sans de nom32 BD Nostalgia
breuses distorsions chronologiques : ainsi Rome dans Astérix gladiateur ou Les Lauriers de César est déjà la Ville de marbre des Empereurs, Colisée compris ! D’autre part, les aventures du petit Gaulois se déroulent dans un monde binaire, qui oppose les valeurs de convivialité, desolidarité et de résistance du village gaulois et de ses alliés, à celles d’ordre, de discipline et deconquête de l’Empire romain. Par contre, la fonction prépondérante du chef gaulois, le rôle des druides ou l’importance des guerriers que réunit le banquet final, semblent bien correspondre àune certaine réalité des sociétés gauloises. Mais pour notre propos, c’est la figure du barde Assurancetourix qui pose question. Personnage récurrent, il fait partie des cinq Gaulois (avec le chef, Abraracourcix, le druide, Panoramix, et les deux guerriers, Astérix et Obélix) qui ont droit aux honneurs de la page de présentation. Mais cette place distinctive accordée à un gay compagnon, fort apprécié quand il ne dit rien ne l’empêche pas de se retrouver album après album attaché, bâillonné et frappé, qu’il chante… ou non ! Ain-
Dossier spécial: ASTÉRIX LE GAULOIS
si, au début du Bouclier Averne quand Abraracourcix, Astérix et Obélix quittent le village sans prévenir personne afin d’échapper à un banquet qui ne ferait qu’endommager un peu plus le foie déjà très malade du chef, Cétautomatix, le forgeron aux gros bras, se précipite chez Assurancetourix pour le seul plaisir de l’empêcher dechanter : démarche aussi préventive que gratuite !
le protagoniste semble corroborer cette idée. En effet, dans Astérix gladiateur, le barde est enlevé pour être offert comme cadeau à César qui ne voit comme alternative que d’en faire un gladiateur ou de le donner en pâture aux lions : serait-ce parce que l’insupportable chant du barde rappelle àtous que l’Histoire n’offre que la mort comme perspective finale ? Attaché et bâillonné par lesRomains au début du scénario, c’est encore atPourquoi cette violence contre l’insoutenablechant taché et bâillonné qu’Assurancetourix la termine,exclu d’Assurancetourix ? Peut-être parce que chez les Gau- du banquet sous les étoiles, qui célèbre la vie et la joie. lois historiques, le barde, poète-chanteur-professeur qui célébrait les exploits des héros était la mémoire de son On peut voir ce refus de l’Histoire être annoncé dans peuple. Le barde bâillonné ne serait-il pas alors l’image les différents éléments du pacte delecture qui ouvrent et de l’Histoire que la bande dessinée muselle ? Pour Di- ferment chaque album (la carte, la page de présentation, dier Pasamonik c’est même en cela que réside le geste la situation initialetoujours identique, le banquet final), fondateur du mythe d’Astérix : bâillonner l’Histoire, en conférant par-là même la puissance cartoonicienne c’est se libérer de sa tutelle et faire une pied de nez à la àl’univers ainsi créé. loi inflexible du temps, « etceci dans un immense éclat de rire ! ». Dans le monde d’ Astérix , les corps qui ne sont que des images ne souffrent jamais vraiment, et la potion Le seul album de la série dont Assurancetourix soit magique garantit la pérennité utopique de cette société BD Nostalgia 33
Dossier spécial: ASTÉRIX LE GAULOIS
anhistoriquesur lequel le temps n’a pas de prise. A la fin du Bouclier arverne, album peut-être le plus« historique », puisqu’il raconte la quête du bouclier de Vercingétorix, le barde,exceptionnellement, participe au festin final, à la différence du chef sous le coup d’une nouvellecrise de foie, de femme et…d’Histoire ? Toutefois si le barde se retrouve régulièrement empêché d’émettre son intolérable chant,sa maison domine tout le reste du village, comme pour nous rappeler que tout n’est pas qu’utopiedans ces aventures : l’Histoire veille, même si elle est désormais obsolète. Goscinny et Uderzo sevantent de l’authenticité de leurs sources : « Ma principale source de documentation est La Guerre des Gaules de Jules César. Il est d’ailleurs merveilleux car il est encore plus menteur quemoi ! J’utilise aussi. La Vie quotidienne à Rome de Jérôme Carcopino ». Avec une source principale qualifiée « d’encore plus menteuse », et comme seul ouvrage de référence avoué unlivre d’avant-guerre sur la vie quotidienne de la Rome impériale (près d’un siècle après César !), la recherche de la vérité historique n’est sûrement pas le 34 BD Nostalgia
souci principal de nos deux auteurs,davantage en quête de rire que d’Histoire. Et si cette dernière est malgré tout présente, c’est l’Histoire des manuels scolaires avec ses belles images et ses plaisanteries de potache.
Dossier spécial: ASTÉRIX LE GAULOIS
Un des procédés comiques les plus utilisés dans Astérix consiste à prendre une référenceantique au pied de la lettre et de jouer avec son signifiant pour en révéler, par le détournement, la vis comica secrète. Ainsi, l’épisode des « armes projetées » aux pieds du général romainvictorieux est employé à différentes reprises dans les albums de la série. Voyons ce qu’en dit le grand Jules. En 52 av. JC., au lendemain de la défaite d’Alésia, etayant perdu tout espoir, « Vercingétorix convoque l’assemblée, il déclare qu’il n’a pas entrepriscette guerre à des fins personnelles, mais pour la liberté de tous. Puisqu’il faut céder à la fortune,il s’offre à eux, ils peuvent à leur choix
devant le camp. Les chefssont amenés, Vercingétorix est remis, les armes sont projetées» ( Guerre des Gaules 7, 89 ). L’expression « les armes sont projetées ( arma proiciuntur )» est une traduction littérale assezfautive dans la mesure où elle ne permet pas de comprendre que les armes sont en fait jetées duhaut des murs. Voilà comment dans Astérix Vercingétorix jette littéralement ses armes sur les pieds de César !Mais l’origine de ce détournement burlesque doit également être recherché du côté del’iconographie nationaliste. En effet, tandis que la figure de Vercingétorix et des Gaulois futlongtemps gommée d’une Histoire de France aristocratique qui leur avait préféré les Francscomme ancêtres fondateurs, le XIX e siècle a promu le chef arverne en jeune héros apollinien,rebelle et musclé donnant sa vie pour son peuple. Sous la III e République, Vercingétorix est partout, et l’immense tableau de Lionel Royer dépeint en 1899 une scène de reddition, danslaquelle le chef vaincu est plus grand et plus majestueux que son adversaire triomphant, maissombre. Ce tableau fut popularisé par les livres d’histoire, et plus tard le gouvernement de Vichycherchera même à voir dans cet épisode désormais fameux la preuve que le progrès peut naître d’une défaite. Nul doute qu’Uderzo s’inspira de cette scène mélodramatique pour tirer un effetcomique du renversement vainqueur-vaincu.
apaiser les Romains par sa mort ou le leur livrer vivant. On envoie à ce sujet une députation à César. Celui-ci ordonne que les armes soient livrées, queles chefs soient L’humour langagier est l’autre grand procédé comique amenés. Lui-même va s’installer sur le retranchement dans Astérix, procédé qui multiplieles jeux sur le signiBD Nostalgia 35
Dossier spécial: ASTÉRIX LE GAULOIS
fiant en se fondant sur une certaine complicité scolaire disparues - du Petit Larousse : « Il m’est arrivé de recevoir des lettres de latinistesdistingués me signalant une grâce à latransformation ludique de textes connus. incorrection dans telle ou telle phrase, je les renvoyais alors à la pagetant du Petit Larousse. Moi, je ne peux pas faire d’erreurs… je n’ai jamais fait de latin». Étrangement d’ailleurs, ce ne sont pas les Romains qui recourent le plus à la langue de Cicéron,mais les pirates, improbables personnages qui, comme la coccinelle des Rubrique-à-brac de Gotlib, apportent une sorte de régularité dans le désordre comique de la série. Dans le même ordre d’idée, des citations attribuées à César sont reprises, modifiées,amplifiées depuis « Les Gaulois sont venus, ils ont vu et ils ont emporté Caligula Minus ! »( Astérix le Gaulois ), jusqu’à « J’irai, je verrai, je vaincrai » dans Astérix chez les Belges. Cedernier album est d’ailleurs particulièrement riche en détournements ludiques, comme celui oùGoscinny On trouve en particuliers de nombreux effets comique- adapte pour César des vers de L’Expiation dans lessinduits par le recours au latin, pour lesquels Goscinny quels Victor Hugo décrit la bataillede Waterloo : affirme avoir puisé dans les pages roses – aujourd’hui 36 BD Nostalgia
Dossier spécial: ASTÉRIX LE GAULOIS
BD Nostalgia 37
Dossier spécial: ASTÉRIX LE GAULOIS
Et, triarii, principes aux caligæ de cuir, Hastati dont Rome faisait des légionnaires, Vélites, sagitarii qui traînaient leur crinière Portant des clipeus et jambières de métal Tous ceux d’Alésia et ceux de Pharsale…,
dront pas – est le fruit de nos connaissances gauloises essentiellement limitées à l’époque au Mallet-Isaac, le manuel de notre école primaire <sic>. Mais rassurez-vous,nous avons beaucoup travaillé par la suite, par Bélénos ! ».
Sans oublier le drôlatique (mais gastronomiquement Il ne fait aucun doute que Goscinnyet Uderzo ont vouinjuste) « Waterzooie ! Waterzooie !Waterzooie ! lu donner une certaine forme de vraisemblable au cadre historique dans lequelévoluent des aventures d’Astérix Morne plat ! ». (même s’il est encore moins authentique qu’eux-mêmes Mais le gag sans doute le plus réussi se trouve dans le pensaient), mais tout en utilisant ce cadre antique, ils Astérix légionnaire, au moment où notre héros ayant ont créé un mythe contemporain. oublié le mot de passe Cogito ergo sum, se tourne vers Obélix qui lui réplique « Oh tu sais moi les langues En effet,comme dans l’Antiquité, la mythologie d’Astérix est située dans un temps imaginaire arrêté, letemps étrangères… Et puis toi tu penses, moi jesuis ! ». des origines, pour parler en fait du monde moderne. Mythe et histoire C’est le lecteur lui-même qui par sonrire fait le lien En 1997, à l’occasion de l’exposition au Musée national des arts et traditions populaires, Uderzo fit cet aveu : entre sa réalité et l’utopie pseudo-historique d’ Astérix, « Kaléidoscope de nos cultures respectives et contem- aidé en cela par l’utilisation de langages graphiques et poraines, Astérix – les professeurs ne nous en vou- iconiques d’aujourd’hui : ainsi la couverture d’ Astérix 38 BD Nostalgia
Dossier spécial: ASTÉRIX LE GAULOIS
et Cléopâtre renvoie évidemment aux grandes productions hollywoodiennes et à ses génériques de légende, eton trouve dans d’autres albums des références explicites à la publicité, aux vacances ou la vie dans les grandes villes modernes, éléments fondateurs de la mythologie contemporaine selon Roland Barthes.Situé par ses auteurs aux débuts d’une Histoire de France imaginaire, la série des Astérix flatte le lecteur en attribuant à ses prétendus ancêtres, et donc à lui-même, le courage, la générosité et l’esprit de résistance grâce à un jeu d’identification renforcé par un anachronismesystématique. Mais alors que la mythologie classique est souvent tragique et terrifiante, celle d’ Astérix est comique et amusante, et associe, en souriant, les mythes modernes aux mythes classiques, comme quand Amora, la déesse de la moutarde, monte au nez des autres dieux ! Lasérie utilise également tout un ensemble de stéréotypes qui constituent un système de référencescommunes à un lectorat de plus en plus étendu dans l’espace et dans
le temps. Quant à l’Histoire,sa place est centrale mais déplacée, à l’image des malheureux pirates qui suivent le triomphe de César à la fin des Lauriers de César. Ces derniers renvoient sans doute à la victoire de Pompéesur les pirates en -67, et à un épisode de la vie de César qui, enlevé par des pirates dans sa jeunesse, leur avait prédit qu’il prendrait sa revanche, ce qu’il fit un fois au pouvoir ! Mais cette image finale permet aux deux auteurs de la série de donner une certaine épaisseur historique à ceséternels naufragés. Vaincus et enchaînés (« Tu nous avais promis de nous mene’ au t’iomphe : c’est ‘éussi ! »), ils défilent derrière un César debout sur son char, qui rêve pour sa partde…ragoût ! En refaisant l’Histoire par le petit bout de la vignette, celui du rire et de l’humour, Goscinny et Uderzo ont créé une image et un mythe, celui du petit Gaulois invincible et malin,que la modernité ne peut pas écraser, revanche dérisoire d’une fierté nationale mise à mal par lamondialisation et l’impérialisme américain (romain ?). BD Nostalgia 39
40 BD Nostalgia
LES NOUVEAUTÉ DE LA BD EURO
« Spyware T1 : Otaku » par JeanClaude Bauer et Didier Quella-Guyot Dans la vitrine d’une librairie, l’éditeur d’un célèbre (c’est-à-dire du financement participatif). Et que ses écrivain d’origine cambodgienne découvre « Otaku édinautes sont devenus des personnages de l’histoire », le nouveau livre portant la signature de son auteur visibles dans plusieurs cases et s’adressant aux héros. fétiche que vient de publier la concurrence. Pourtant, cet écrivain, aujourd’hui établi à Paris, est certain de ne pas être le géniteur de cet ouvrage illustré qui a été géré à distance, via Internet. Évidemment, personne ne le croit quand il dit tout ignorer de ce bouquin, surtout quand sa femme, après avoir fouillé dans ses archives informatiques, pour vérifier ses dires, découvre le fichier bel et bien enregistré sur son disque dur ! Est-il en train de devenir fou ou est-il la victime d’une machiavélique machination ? À partir de ces différentes interrogations, notre collaborateur Didier Quella-Guyot a su développer, pour ce thriller très efficace et solidement ancré dans un réalisme urbain contemporain, une ambiance paranoïaque où le mystère flirte avec l’étrange. Ce qui permet au lecteur de s’identifier aisément au héros et à ses proches — partageant leurs doutes et leurs interrogations sur jusqu’à quel point l’humain peut rester maître de sa propre créativité ? Curieusement, alors que le trait spontané du portraitiste Jean-Claude Bauer, pourtant rôdé par des années de pratique consacrée à l’illustration judiciaire, manque cruellement d’homogénéité, le style du scénariste, quant à lui, semble à la fois plus mature et épuré ; et du coup plus efficace que sur certaines de ces autres collaborations aux dessins plus fouillés ou plus classiques (1) : mais l’ensemble fonctionne parfaitement, et c’est ça le plus important dans une bande dessinée… Sachez enfin que la série est proposée par Sandawe.com, maison d’édition belge communautaire basée sur le concept du crowdfunding BD Nostalgia
41
42 BD Nostalgia
LES NOUVEAUTÉ DE LA BD EURO
« Freaks’ Squeele Funérailles T1 : Fortunate Sons » par Florent Maudoux
Après « Rouge » (dessiné par Sourya), un premier spinoff plus léger — et peut-être un peu moins convaincant — centré sur la divine Xiong Mao, étudiante à la Faculté des Études Académiques des Héros, l’incroyable apprentissage des superhéros narré dans « Freaks’ Squeele » bénéficie d’un autre dérivé. Celui-ci est carrément noir et fracassant, et s’intéresse plus précisément à un personnage secondaire de cet univers : Funérailles, un professeur fantomatique et défiguré. Même si Florent Maudoux reste, ici, complètement maître de sa création, assumant avec brio scénario et dessins, ce prequel risque toutefois de déconcerter, dans un premier temps, les accros de l’ébouriffante série mère, car il est situé dans un monde d’heroic-fantasy et est traité de façon bien moins décalée et humoristique ; même si actions, complots et rebondissements ne manquent pas pour finir de convaincre les plus réti-
cents au genre… Après de nombreux combats, un valeureux guerrier va conquérir l’amour de l’héritière de la maison de l’Araignée, pervertie par l’ambition et la corruption. Quelques mois après l’officialisation de leur relation, le couple a le bonheur d’avoir deux enfants : Scipio et Pretorius (le futur Funérailles). Ce dernier est rejeté par son ambitieuse mère, car elle ne peut se résoudre à avoir deux enfants « parfaits », ce qui donnerait crédit à une prophétie concernant la déchéance de l’empire et la fin de leur monde. Horriblement dévisagé et amputé d’un bras, il est sauvé par le chirurgien eunuque qui l’a mis au monde. Il va être élevé, loin de son frère dont le destin semble plus favorable, au sein d’une véritable Cour des Miracles. Contre toute attente, alors que tout les oppose désormais, ces deux jumeaux séparés à la naissance vont se retrouver…
BD Nostalgia 43
44 BD Nostalgia
LES NOUVEAUTÉ DE LA BD EURO
« Le Vent des cimes » par Éric Buche et Christian Perrissin En s’inspirant, en partie, de l’exploit réalisé par Henri Guillaumet, pionnier de l’aéropostale qui, en 1930, s’écrasa dans les montagnes d’Amérique du Sud à la suite d’une tempête de neige, et qui réussit à survivre après cinq jours de marche harassante, le scénariste Christian Perrissin (« El Niño », « Martha Jane Cannary », « Kongo »…) nous livre une bouleversante histoire d’amour, enluminée par le trait élégant et souple d’Éric Buche : le style du dessinateur de « Franky Snow » col-
lant très bien au propos, car il s’éloigne légèrement du parti pris délibérément cartoon qu’il a plutôt l’habitude d’utiliser sur sa série phare. Et tout au long des cent quatre-vingts pages que compte ce bel album romantique, au format un peu plus petit que les recueils classiques, sa mise en page éclate, tandis que son dessin devient plus réaliste tout en gardant un côté humoristique qui participe entièrement à la narration ; cette dernière étant habilement parsemée de flashback bien amenés, jusqu’à une fin tragique et inattendue. Les deux auteurs, passionnés d’aviation et par les récits de ces hommes étonnants de courage et d’abnégation qu’étaient Mermoz, Saint-Exupéry ou Guillaumet, se connaissent depuis vingt ans (en 1992 et 1993, ils ont réalisé ensemble les deux albums de la série « Hélène Cartier », leur première bande dessinée publiée, chez Alpen Publishers) et s’étaient promis de retravailler ensemble : ce sujet les a, de nouveau, rassemblés. À Buenos Aires, au début des années, Rachel attend le retour de Jack, son fiancé. Ils s’apprêtent à se marier, dès que celui-ci, pilote de l’aéropostale, aura terminé le transport du courrier à travers les Andes. Malheureusement, au cœur de la cordillère enneigée, une effroyable tempête s’est déchaînée, provoquant le crash de son avion. Angoissée, car sans aucune nouvelle, la jeune femme, elle-même férue de voltige et d’acrobatie aérienne, va se porter au secours de l’élu de son cœur, car elle est persuadée qu’il est toujours vivant… BD Nostalgia 45
46 BD Nostalgia
BD rétro
Rubrique-à-brac par Gotlib Rubrique-à-brac est une série de bande dessinée créée par Gotlib en 1968 qui eut un très grand succès. Elle fait suite aux Dingodossiers dont Gotlib était le dessinateur et René Goscinny, le scénariste. La « RAB » présente une collection de récits disparates : relecture anachronique de contes de fées, études fantaisistes du monde animal, comme le cochon, le pélican ou le zèbre (généralement avec l’aide du professeur Burp), pensées philosophiques sur la vie, « comment reconnaître un mutant à sa façon de plier une carte routière », sans oublier les aventures des policiers Bougret et Charolles, ou encore le développement imaginé à partir de la formule E pericoloso sporgersi (« Il est dangereux de se pencher » [par la fenêtre]) autrefois visible dans de nombreux trains circulant en France, à côté de l’avertissement analogue en français, allemand et anglais… Un nouvel opus de cette saga artistique est sorti en 1997 : la Rubrique-à-brac Gallery. Gotlib y revisite à sa manière les plus grandes œuvres picturales de notre ère (le David de Michel-Ange, La Naissance de Vénus de Cabanel, La Joconde de Léonard de Vinci, Le Sacre de Napoléon de David, L’Autoportrait de Van Gogh). L’humour de Gotlib, qui s’exprime sous la forme de dessins et parodies de tableaux, est assorti d’un commentaire documenté des œuvres originales, écrit par Marie-Ange Guillaume. En hommage à la fameuse Rubrique, un recueil paraît en 2008 : la Rubrique Abracadabra (sous-titrée par tous les caïds de la BD (sauf Gotlib)) réunit ainsi les contributions de Bilal, Binet, Tronchet, Édika, Benacquista et Barral, Pierre Christin et Mézières, Goossens, Margerin, Ferri et Larcenet, Arleston et Mourier, Léandri et Solé, Maëster, Dal et Jannin, Mandryka, Dupuy et Berbérian, Lefred-Thouron et Chauzy, Tardi, Lindingre et Julien/ CDM, Ptiluc, Zep, Belkrouf et Boucq, Blutch, de Caunes et Guarnido. Cinq héros récurrents, Isaac Newton, la coccinelle, le professeur Burp, le commissaire Bougret et son fidèle adjoint Charolles interviennent à tout propos. Isaac Newton, en recevant, selon la légende, une pomme sur la tête, en a déduit la loi de l’attraction universelle, ce qui fait de lui le personnage qui recevra tout objet en chute libre de la série (un bouton, un petit-suisse — non, un petit Suisse —, un kangourou, un arbre, un pélican, une citrouille... ) afin de réinventer chaque fois l’histoire. La coccinelle, d’abord introduite de manière sporadique et d’un graphisme assez sommaire, s’embellit au fil des apparitions et finit par installer sa présence, tout en donnant son avis sur tout, comme un minuscule chœur antique, et parlant régulièrement de ses brocolis. Elle per-
met également à Gotlib de s’exprimer à travers elle. La coccinelle est initialement apparue pour remplir les cases qui, sans décor, paraissaient vides. D’abord muette, « après elle s’est mise à parler, elle a eu un rôle à part entière, qui faisait que les gens lisaient deux fois chaque case. Certains étaient agacés, parce que ça parasitait »1.
Le professeur Burp fait régulièrement des exposés sur les bêtes et la vie animale. Bougret et Charolles, caricatures respectives de Gébé et Gotlib, deux policiers menant des enquêtes absurdes impliquant chaque fois deux suspects : Aristidès Othon Frédéric Wilfrid, caricature de Fred et Blondeaux Georges Jacques Babylas, caricature de Goscinny, ce dernier se trouvant toujours être le coupable. Cette série de planches apparaît dans le troisième tome. De nombreuses variantes existent. Mentionnons Sherlock Bougrès tout en franglais (“aille demande qu’à vous croire, beut canne iou prouve it?”) ou encore la première enquête de nos héros, encore au cours préparatoire. Cette série est en fait une caricature des Cinq Dernières Minutes, reprenant même la phrase fétiche « Bon sang mais c’est bien sûr ! ».
BD Nostalgia 47
D
BÉDÉ M
48 BD Nostalgia
Dossier spĂŠcial:
Macross
MANGA
BD Nostalgia 49
50 BD Nostalgia
Dossier spécial: MACROSS
A l’époque ou le manga macross est paru sur les écrans japonais, on aurait sans aucune retenue avancer que macross se déroulait dans un futur proche. Hors ce “futur” proche n’était rien d’autre que l’an de grâce 1999 , nous admettrons donc que le créateur de macross était un peu optimiste sur nos capacités technologiques à venir (pour ceux qui ne le sauraient pas déjà, le créateur de macross se prénome Haruhiko Mikimoto il était le character designer) .Juste au passage, nous lui devons d’ailleurs une autre série d’animation de grande qualité parue sur nos écrans dernièrement : Vision d’Escaflowne .
rant cette aire, le carcasse du vaisseau géant sétant écrasé quelques années auparavant est découverte .... immédiatement des scientifiques sont amenés à étudier cette épave qui semble contenir de nombreux mystères .
Le Commencement En 1999, un gigantesque vaisseau de classe inconnue surgit de l’hyperespace aux environs de la terre, ce vaisseau suit une course à trés haute vitesse qui va l’amener inévitablement à percuter la planète . A Au fil des années qui suivent cette découverte, une cette époque la Terre est en pleine guerre totale ou base puis une ville se forme autour du site ou se siles gouvernements, factions et milices s’affrontent tue l’épave : c’est la naissance de macross city . Pôle technologique terrestre . sans relache ... Ces conflits vont pousser la population terrestre à En effet en quelques années, les scientifiques réuscréer un nouvel ordre mondial, en effet un trève est sient à extraire un grands nombres de connaissances entamée et permet de créer le premier gouverne- et de technologies de cette épave et l’adaptent à leurs ment mondial terrestre, ou tous les pays du monde besoins : c’est ainsi que la robot-technologie fait son entier ne forment qu’un seule et unique entité. DuBD Nostalgia
51
Dossier spécial: MACROSS
appatition, permettant de créer les valkyries dont je ville d’Ataria du Sud, ou la ville autour du Macross. vais vous révéler tous les détails par la suite et per- Elle continua son développement jusqu’en 2009 mettant de remettre sur pied l’immense forteresse pour l’inauguration du SDF-1. volante qui est baptisée SDF-1 (super dimentionnal fortress). C’est au moment de l’inauguration du sdf-1 que la série robotech (macross en réalité) débute. Macross City, l’histoire de la ville C’est suite à l’analyse de l’ASS-1 qui deviendra le SDF-1 Macross en février 2001 que le projet de reconstruction et de réparation débute. Apportant toute une population de techniciens, d’ingénieurs et autres ouvriers qui sont arrivés sur le site de l’île d’Ataria du Sud. Bien sûr ils sont venus avec femmes et enfants pour une partie d’entre eux, portant la population a environ 56 000 personnes, voire sûrement plus, et naturellement une ville sera construite à partir de Mais le 7 février 2009 pendant la cérémonie du prerien tout autour du SDF-1, et cela avec tous les équi- mier vol du SDF-1 les Zentradi font leur apparition pements nécessaires à une ville moderne. N’ayant et suite au tir automatique déclenché par le SDF-1, pas réellement de nom, ont la nomme simplement la la bataille d’Ataria du Sud commence. La ville sera 52 BD Nostalgia
Dossier spécial: MACROSS sous la menace de l’ennemi, car très rapidement elle sera bombardée par la flotte en orbite. Puis aussitôt après cela, elle devra faire face a l’assaut des Regults Zentradi. Pour échapper à cette menace, le SDF-1 fait un fold qui le propulse dans l’orbite de Pluton, par manque de chance, et à cause des circonstances à ce moment là, comme il était trop prêt de la ville, il emporte celle-ci avec lui, laissant une ville gelée dans le vide spatial avec d’innombrables débris en tout genre. Et surtout les survivants de l’attaque dans les abris souterrains de la ville. Ont ignore combien de gens sont morts pendant l’attaque Zentradi. La ville Macross Dans le SDF-1 De février a Mars 2009, les civils sauvés par la forteresse Macross vont reconstruire une ville dans les parties non utilisées du SDF-1; ils construisent en
En novembre 2009 le SDF-1 revient sur terre et se pose dans le pacifique, la population de la ville pourtant ne peu pas évacuer le vaisseau. 30 novembre 2009 un Queadluun-Rau Zentradi piloté par la fameuse pilote d’élite Milia Fallyna, réussi à entrer et combat un bref moment dans la ville, elle sera finalement expulsée par Maximilian Jenius un pilote de VF-1 de L’UN Spacy. En décembre 2009 le SDF-1 est contraint de repartir dans l’espace, ont évite de peu l’émeute en ville grâce a l’intervention télévisée de Global et Minmay. Le 10 janvier 2010 les Zentradi utilisant une ruse s’infiltrent dans le Macross, une bataille ce déroule dans Macross City pendant un concert de Lynn Minmay, la ville sera très endommagée. Le 11 février 2010 c’est le jour du grand combat contre la flotte Boddole, où la ville va encore subir des dégâts importants. Macross City déménage sur Terre En Mai 2010 Macross City déménage sur terre. Cette ville est située à l’est du Grand Canon I en Alaska, encerclant le cratère formé par l’atterrissage du SDF-1. Ce cratère va se remplir d’eau pour devenir le lac Macross. Cette ville va devenir la nouvelle capitale du gouvernement, et abrite donc le siège du gouvernement de la NUN, ainsi que le QG de l’UNF.
prenant divers matériaux et matériels laissés à la hâte dans l’ancienne ville d’Ataria du Sud en orbite prêt de pluton. C’est aussi a cette époque que le nom de Macross City fait son apparition dans le vocabulaire des réfugiés.
Humains et Zentradi vont vivre ensemble dans cette ville qui entoure le SDF-1. Un téléphérique reliera le SDF-1 a la nouvelle ville,
C’est en Mars 2009 que les travaux vont s’achever pour la ville. Ont retrouve bon nombre d’infrastructures propre à une ville normale, et même une caserne pour les militaires. Le nombre d’habitants civils est d’environ 56 000 personnes. C’est en mars lors de la transformation en mode attaque du SDF-1 que le ville subit quelques dommages. Un plan visant à éviter ce problème est planifié par l’armée pour préparer la population à ce problème, et aussi pour protéger la ville. composée d’immeubles et d’un quartier résidentiel. Le premier concours Miss Macross est organisé en octobre 2009 dans la salle de concert de Macross En janvier 2012 c’est la bataille contre Quamzin City, Lynn Minmay gagne le concours. Kravshera et Lap Lamiz où la ville comme le SDF-1 BD Nostalgia 53
Dossier spécial: MACROSS
seront rudement touchés. Macross City se développe et évolue On possède peu d’informations
concernant
ganise les célébrations du 30ème anniversaire de la fin de la Ière guerre spatiale. Dans le même temps intervient l’incident Sharon Apple. La ville a beaucoup changé d’aspect, elle est plus importante est nettement plus moderne qu’avant. Le lac Macross est aménagé comme une gigantesque salle de concert, et les immeubles ont des designs plutôt futuristes. Le Macross Memorial Hall est un musée où sont exposées des valkyries dont le fameux prototype numéro 2 du YF-19 qui a sauvé la ville de Sharon Apple. Un long chenal partant du lac Macross coupe la ville en deux, lui-même étant surplombé de routes et de ponts en tout genres. Le SDF-1 trône toujours fièrement dans le lac, et a même été réparé et restauré. Cette ville fait penser a une grande mégalopole, ont ignore le nombre d’habitants a cette époque.
Macross City pendant la période allant de 2012 à 2030, mais en novembre 2030 la seconde bataille En 2047 à Macross City ce déroule le concert des pour la défense de Macross City éclate, et cela suite Milky Dolls, un groupe de 5 filles constitué en intéà la rébellion armée des Zentradi géants sur Terre. grant les travaux effectués sur la Sound Force du Macross 7. Par ailleurs peu après, les Zentradi géants seront Le 14 février 2051 Aegis Focker se bat pour la déinterdits sur Terre a cause de ses évènements. Mars 2040 refait parler de Macross City qui or- fense de la ville, et avec l’aide de Vindirance, il re54 BD Nostalgia
Dossier spécial: MACROSS
pousse l’attaque de l’organisation Lactance et de Wilbur Garland.
Le 28 septembre 2059 Macross City est encore sous la menace d’un ennemi. Cette fois ce sont les Vajras qui attaquent. Ont ignore si les dégâts dans la ville sont importants. C’est également à cette époque que le rôle de la ville comme siège du gouvernement diminue car du fait de l’éloignement, la plupart des flottes d’émigration super longue distance deviennent indépendantes. Macross City dans la chronologie alternative Macross City existe aussi dans le chronologie alternative et donc dans Macross II Lovers Again. Bien que l’on manque de données sur son histoire. Cette ville a sa propre identité. Macross II nous laisse entrevoir une ville hight tech avec le SDF-1 au centre de la ville transformé en gigantesque parc de la culture. Elle semble être située en bord de mer ou près d’un lac. Malheureusement celle-ci sera en partie détruite, ainsi que le SDF-1 pendant la bataille défensive de la ville contre les terribles Marducks. Ces évènements ce sont déroulés en 2091.
BD Nostalgia 55
Dossier spécial: MACROSS
LE MYTHE MACROSS EST NÉ Présentation de l’historique de la saga MacrossPrésentation de l’historique de la saga MacrossPrésentation de l’historique de la saga MacrossPrésentation de l’historique de la saga MacrossPrésentation de l’historique de la saga Macross
note également quelques changements comparé à ce qui ce faisait à l’époque, par exemple la série aurait pu s’arrêter à l’épisode 27, ou les humains et leurs alliés Zentradis gagnent le combat principal, et basta fin de l’histoire. Hooo surprise !! et bien la non pas du tout, l’histoire continue encore sur neuf épisodes, narrant le devenir des personnages, ainsi que la découverte de l’après guerre, avec la vie des héros et la reconstruction de la civilisation humaine avec leurs anciens ennemis extraterrestres, une première pour une série animée nippone sous ce format.
Même l’élaboration du scénario sera remarquée, car cassant radicalement les codes ou les schémas conçus à cette époque, le retentissement de tout ça, sera comme le fut Evangelion en 1995, pour faire simple, quasi révolutionnaire, et ce premier opus de la saga Macross va Dans le contenu de cet animé on innove encore avec entrer dans la légende de la japanimation de façon dules fameuses scènes surnommées Itano circus, ou l’on rable. Il sera classé par la suite dans la catégorie Shonen, voit les méchas virevolter en combattant dans tout les ayant pour thèmes: space opéra - mecha - science ficsens, mais de façon agréablement chorégraphiée. On tion - romance - musique - action - psychologique. 56 BD Nostalgia
Dossier spécial: MACROSS
LA SAGA MACROSS DÉBUTE Présentation de l’historique de la saga Macross C’est un peu plus tard en 1984 que le film sera lancé au japon sous le nom de Macross Do You Remember Love ? ( connu aussi sous le nom de Macross DYRL?), avec un budget tout juste énorme pour l’époque, c’est d’ailleurs le film de japanimation le plus cher de l’époque, ce qui sera aussi une première, et bien entendu le succès sera au rendez vous encore une fois. L’animation et l’histoire étant complètement revues, ce film deviendra la time line de la saga un peu plus tard. En 1987 un OAV orienté musical sera commercialisé sous le nom de Macross Flashback 2012. Est il utile de dire que lui aussi sera agréablement accueilli par les fans, car la fin est présentée comme une bande-annonce laissant envisager une suite. Pourtant son contenu ne sera que purement musical, et reprenant les scènes du film, avec quelques nouvelle scènes sur la fin, comme le départ du megaroad-1.
chanteuse incarnant le personnage de Minmay quand elle chante. Ou favoriser voir accélérer d’une certaine façon, l’apparition et l’utilisation des idoles dans l’animation japonaise, et cela juste après que cette série soit sortie. Ce point est sujet a de nombreuses discutions enflammées d’ailleurs, entre ceux qui le pensent et l’affirment, et ceux qui sont contre cette idée.
Certains pensent que cet animé de 1982 et son film de 1984, ont surement du influencer partiellement le développement des idoles ( chanteurs et chanteuses pop à succès ) au Japon, par le biais de Mari Iijima, la BD Nostalgia 57
Dossier spĂŠcial: MACROSS
58 BD Nostalgia
Dossier spécial: MACROSS
A l’occasion des dix ans de la saga mythique de Macross, un nouvel opus intitulé Macross II a été lancé en 1992. Du staff initial, nous ne retrouvons surtout que le character designer, Haruhi Mikimoto. En fait, ce nouveau volet est paru à l’initiative des producteurs et non pas du studio Nue, qui était aux commandes du film et de la série originale. Exit donc les célèbres Shôji Kawamori et Kenichi Matsuzaki et place à un réalisateur inconnu, Kenichi Yatagai. Les six OAVs de Macross II sont devenus célèbres dans l’histoire de la japanimation par le flop retentissant qu’elles ont eu au Japon. La série a même failli s’interrompre au quatrième épisode, tellement les ventes ont été mauvaises. L’histoire est loin d’être originale avec une pâle copie des intrigues de l’histoire de départ, quelques lourdeurs et un manque évident d’originalité. En revanche, le récit est plus mouvementé et il donne une belle place à l’action, ce qui n’est pas si mauvais que cela, avec un peu de recul. Un autodafé était peut être éxagéré mais les fans de Macross considèrent encore Macross II comme une histoire parallèle qui n’a pas sa place dans la chronologie officielle, où sont admis Macross Seven et Macross Plus. BD Nostalgia 59
Dossier spĂŠcial: MACROSS
60 BD Nostalgia
Dossier spécial: MACROSS
Macross Plus 30 ans se sont écoulés depuis l’attaque de la Terre menée par la flotte extraterrestre zentradienne du commandant Bodolza et de la victoire de la forteresse Macross. Dès lors, les Hommes et une partie des Zentradiens
Terre, la planéte Eden est réputée pour être une destination privilégiée des colons. Ancré d’un esprit pionnier, un bon nombre de personnes a vu en cette planète une opportunité de démarrer une nouvelle vie. Débute alors l’histoire d’un pilote d’essai du nom d’Isamu Dayson qui a été muté au centre de vols d’essai de la base New Edwards. Né sur Terre et doté d’une technique de vol hors du commun, le gouvernement des Forces Alliés lui a ordonné de rejoindre l’équipe s’occupant de tester le YF-19, un chasseur modulable en mecha-robot. Se trouve aussi sur la base une autre équipe testant le grand frère du YF-19, le chasseur YF-21 ayant la particularité d’être piloté uniquement par les ondes cérébrales et prochainement destiné à être adopté officiellement par les Forces Alliés en cas de tests concluants. Le pilote d’essai de ce chasseur ultra-moderne, un Zentradi du nom de Guld Goa Boman fut par le passé le meilleur ami et le rival le plus coriace d’Isamu.
Les deux hommes se retrouvent aujourd’hui pour se livrer des duels fratricides et tenteront à bord de leur chasseur respectif les moindres folies pour conquérir les cieux. Mais un jour lors d’un concert donné par la très célèbre chanteuse virtuelle Sharon Apple produite par Myung Fan Lane, l’amie d’enfance d’Isamu Dayson et de Guld Goa Boman, le coeur électronique de Quelque part, à une dizaine d’années lumière de la la vedette totalement insensible va laisser transparaître
ont décidé de se réconcilier et de répandre la paix aux confins de la Galaxie. Ainsi commença la colonisation des Hommes de diverses régions de la Galaxie tout en préparant un éventuel et nouvel assaut des rebelles Zentradis.
BD Nostalgia
61
Dossier spécial: MACROSS
une mystérieuse émotion...Les souvenirs ressurgiront alors et les cicatrices du passé s’ouvriront à nouveau. J’ai revu Macross Plus tout récemment, et force est de constater que les OAVs n’ont rien perdu de leurs qualités, même 15 ans après. L’univers est assez éloigné de la série Robotech : ce ne sont pas les mêmes personnages, et l’intrigue ne concerne plus une invasion extraterrestre, mais une course aux armements entre 2 groupes industriels militarisés. On a ainsi droit à de spectaculaires voltiges aériennes, un des points forts de l’OAV, et bien entendu à de magnifiques transformations des avions en méchas de toute beauté, à mon avis les plus réussis avec ceux des dernières séries Gundam (distribuées en France, celles-là). L’action est au rendez-vous, mais aussi l’indispensable querelle amoureuse si chère à cette saga, tout comme les chansons, sublimes, qui apportent leur douceur dans un monde où la guerre semble être présente à tous les coins de rue (ou de l’espace si vous préférez). On peut regarder les 4 OAV d’un coup (ce que j’ai fait), ce qui donne la durée d’un long-métrage, histoire de passer une bonne soirée entre potes. Mon seul regret, est qu’après Macross Plus, plus rien n’est été édité en France, les droits sont semblent-ils bloqués entre Harmony Gold (détenteur de la série Robotech) et les japonais, suite à un quiproquo (financier ?). Bref, je suis triste de ne pouvoir me régaler avec Macross Frontier, mais qui sait ce que nous réserve l’avenir. 62 BD Nostalgia
Dossier spĂŠcial: MACROSS
BD Nostalgia 63
Dossier spĂŠcial: MACROSS
64 BD Nostalgia
Dossier spécial: MACROSS
Macross 7 Trente-cinq ans après la Guerre stellaire, qui changea pour toujours l’avenir de deux civilisations, l’alliance humains-zentrans a envoyé de nombreuses missions de colonisation dans l’espace afin de donner aux deux races les plus grandes chances de survie possibles. Ceci est l’histoire de la septième flotte de colonisation de type Macross qui arrive à l’orée du mystérieux système Varauta, commandée par un héros de la Guerre stellaire, le commandant Maximilien Jenius : prévenu par son conseiller zentran Exedore du danger que renferme ce système, Sterling décide malgré tout de poursuivre le voyage dans cette direction… Les gens qu’ils y rencontreront s’avèreront bien plus redoutables que les zentrans, mais d’une manière radicalement différente… Macross 7 est un de ces animés que l’on pourrait qualifier d’écologique, tant par le recyclage de scènes et de plans que par le scénario redondant du début de la série… De ce fait, durant la première partie, bien qu’il y ait des éléments originaux (certes kitsch, mais admettez que piloter un mécha avec un manche de guitare, le tout en chantant, ça a ce petit truc en plus que je ne saurais expliquer…), on a tendance à trouver le temps long. D’autant plus qu’on nous sert du Planet Dance ad
nauseam… Cependant, après avoir vu la totalité de la série, on se rend compte que certaines de ses longueurs sont nécessaires à la mise en place de l’intrigue, mais cela n’en excuse pas pour autant le schéma : attaque ennemie, Basara chante, fuite de l’ennemi, fin de l’épisode. Après, il ne faut pas se leurrer, l’intrigue est prévisible. Toutefois, cela n’enlève rien au charme de la série car, bien que l’animation ne soit clairement pas terrible, même pour l’époque (1994), on finit par s’y attacher, grâce sans doute à un character design réussi pour les personnages principaux. Mais ce qui fait la force de la série (et accessoirement de la franchise Macross), c’est la musique. C’est à se demander si le budget réservé à l’animation n’est pas passé dans la composition de l’OST. De toute la franchise, je pense que l’OST de Macross 7 est la plus marquante. Pour conclure, Macross 7 est, malgré une animation à l’origine pas terrible qui n’a pourtant pas trop mal vieilli, un bon divertissement grâce à sa bande originale qui, elle, n’a pas pris une ride. Fire !… BOMBER !! BD Nostalgia 65
Dossier spĂŠcial: MACROSS
66 BD Nostalgia
Dossier spécial: MACROSS
Macross Zero Macross, c’est avant tout 13 séries d’animes, d’OAVs Zero qui se pose comme la nouvelle référence graet de films. Il s’agit sans aucun doute de la deuxième phique dans le monde de l’anime. grande saga de Mecha, loin derrière Gundam mais très loin devant le reste des animes. Comme dans toutes les En 1999, un énorme vaisseau extra-terrestre s’écrase grandes saga, les différents volets sont d’une qualité sur terre. Bien entendu, qui dit vaisseau spatial dit technologie nouvelle, et c’est pour mettre la main sur ces technologies qu’une guerre s’engage entre les UN (ONU en français, bien que visiblement elle ait perdu ses principes pacifiques) et les anti-UN. Cette guerre fratricide dure depuis déjà 8 ans et à épuisé les réserves en hommes de la planète. Les armées des deux bords commencent à recruter des adolescents pour pouvoir continuer à se taper dessus. Sans formation ou presque, ces jeunes gens partent aux commandes d’avions un peu spéciaux, direction le casse-pipe. Shin Kudou est l’un d’eux. Son appareil est abattu lors d’une mission par un étrange avion : celui-ci s’est en effet transformé en mecha. Lorsqu’il reprend connaissance, il est dans un village coupé du monde sur une île perdue au milieu de l’océan. Or c’est dans les fonds inégale. Le massacre appelé Dragon Ball GT repré- marins à proximité de cette île que des scientifiques sente bien ces différences de qualité. Entre les OAVs, viennent de découvrir les restes d’un objet extra terles films, les films live et les séries dérivées, réalisés par restre. Il semblerait bien que les légendes de l’île, qui autant de studios différents, il est normal que la qualité parlent de dieux tout-puissants, soient finalement un peu plus que des légendes... ne soit pas toujours au rendez-vous. Mais heureusement, ce n’est pas le cas pour Macross BD Nostalgia 67
Dossier spĂŠcial: MACROSS
68 BD Nostalgia
Dossier spécial: MACROSS
Comme dit dans l’introduction, Macross Zero c’est avant tout une grande claque visuelle. A part les personnages et certains décors, tout est réalisé en 3D. La 2D est elle aussi sublime, mais elle n’arrive pas à la cheville de la 3D qui est bien au-delà de toute la production actuelle. Elle surpasse même celle de Innocence, mais uniquement sur le plan technique car artistiquement Innocence est véritablement grandiose. La caméra bouge en permanence, et les combats aériens sont magnifiques. Pour tout dire, ce sont les seuls combats aériens que je trouve agréables à regarder. La sensation de vitesse n’est pas qu’un vague mot ici : ça va vite, très vite et quand un personnage dit « il est trop rapide », on est bien forcé d’être d’accord avec lui. Et c’est sans doute grâce à la 3D que cette vitesse ne transforme pas la série en bouillie visuelle. On pourrait continuer à s’extasier longtemps, mais je pense que c’est assez clair : Macross Zero, c’est plus que beau. Il faut dire que pour arriver à cette qualité, les créateurs ont dû prendre du temps : pas moins de deux années de production pour seulement 5 épisodes, ce n’est pas rien. Les épisodes sont sortis au rythme de un tous les quatre mois. Ce ne sont pas les autre studios qui sont fainéants, c’est juste que Bandai a pris un temps incroyable pour produire un anime magnifique.
nutes qu’un épisode classique joue sans doute là dedans, tout comme le fait d’avoir fait disparaître le générique de début. Bien sûr, tout n’est pas parfait. Mais en 5 épisodes, il aurait été dur de faire mieux. Les background des personnages principaux et de certains secondaires sont développés, sans que cela diminue la qualité de l’intrigue. Il est vrai que vu le format, développer des personnages secondaires aurait pu tuer l’intrigue en la dilatant. Mais il n’en est rien. Car au delà des combats, ce qui est intéressant c’est cette rencontre entre deux civilisations, entre leurs représentants qui sont parfois butés d’un coté comme de l’autre. Saupoudrez un peu de romance sur le tout et des passages pour faire pleurer dans les chaumières et vous aurez une bonne recette pour donner de la consistance à des personnages qui étaient déjà crédibles. Mieux ! Cette série évite soigneusement les clichés habituels, tout comme les répliques trop attendues. On n’échappe cependant pas à quelques scènes lyriques au possible et bien pensantes pour nous sortir une morale pacifico-écologique. Le dernier reproche n’en est pas vraiment un. Il s’agit plutôt de quelque chose qui fait sourire : régulièrement, on nous sert une bonne tranche de chanson. Jusque là, rien de dramatique. Le hic, c’est que ces chansons sont en français. Outre l’accent déplorable, la voix est terriblement aigüe et les images qui vont avec sont d’un glamour qui va sans doute bien avec l’image de la France dans l’archipel (et dans le reste du monde) mais qui dénotent un peu au milieu de l’histoire.
Bien sûr, des jolis dessins n’ont jamais fait un bon anime. Sans une histoire et des personnages attachants, cette série ne serait rien de plus qu’une démonstration Macross Zero est un anime qui mérite plus que le détechnologique. Et heureusement pour nous, Bandai a fait du très bon tour : il faut le voir. Il ne marquera pas les esprits par travail de ce coté aussi. En effet, le studio réussit le tour ses réflexions philosophiques, mais il est passionnant, de force de créer des personnages auxquels ont s’iden- et techniquement impressionnant. tifie en seulement 5 OAV. Le format plus long de 5 miBD Nostalgia 69
Dossier spĂŠcial: MACROSS
70 BD Nostalgia
Dossier spécial: MACROSS
Macross Frontier Il y a maintenant un peu plus d’un an, je vous faisais part de mon enthousiasme face au film Macross Frontier : Itsuwari no Utahime. Première partie d’un retelling de la décevante série anniversaire des 25 ans de la franchise Macross, Itsuwari no Utahime était un film
triangle amoureux principal, en étoffant l’histoire des héros… le parfois fort navrant Macross Frontier est devenu un très agréable spectacle, dont le défaut principal se situait au niveau de l’espacement des scènes d’action du film. Un an plus tard, me voici donc à vous parler de la suite et fin de Macross Frontier, Sayonara no Tsubasa. Sayonara no Tsubasa est un film que j’attendais à moitié en piaffant d’impatience, à moitié avec la peur au ventre. Le film pourrait-il être du niveau de Itsuwari no Utahime alors qu’il devait terminer l’histoire de Macross F… sachant que la deuxième partie de la série était la plus mauvaise ? A quel point le travail de réécriture affecterait-il les pires points du scénario de la série comme la chute de Sheryl, la balade dans l’espace de Ranka, ou le complot d’état ? Le triangle amoureux qui allait, c’était promis par Shôji Kawamori, être enfin résolu, le serait-il de manière convenable ?
étonnamment convaincant, car il recentrait l’intrigue En bref, c’était loin d’être gagné d’avance. Et poursur les personnages et évènements principaux. En sup- tant… primant des sous-intrigues (toute la partie au lycée), des personnages secondaires inutiles (Nanase), en re- Et pourtant, Sayonara no Tsubasa est un fantastique travaillant l’histoire de manière à garder le focus sur le spectacle. Un film fantastiquement fun, qui a tout pour BD Nostalgia 71
Dossier spécial: MACROSS
plaire, qui continue dans la lignée de Itsuwari no Uta- à rendre son scénario passionnant à suivre, multipliant hime à centrer son intrigue sur ses héros, à réécrire son les rebondissements inattendus tout en jouant égalehistoire, et à donner dans le grand spectacle. Le film revendique en effet, plus encore que Itsuwari no Uta-
ment un peu sur les attentes des spectateurs de la série.
hime, un côté blockbuster, et tout est là pour assurer le spectacle et repousser l’ennui : le grand final du film est tellement over the top que c’en est presque hilarant ! Cette seconde partie de Macross F en film réussit également à justifier et à boucler les nouvelles sous-intrigues rajoutées par Itsuwari no Utahime, et arrive vraiment 72 BD Nostalgia
C’est simple, ce n’est plus le même Macross Frontier. De très loin, les choses semblent être les mêmes : on nous présente toujours la guerre de l’humanité contre ces espèces d’insectes géants que sont les Vajras. D’un peu plus près, on se rend déjà compte que les enjeux ont bien changé. Presque tous les personnages gagnent à la réécriture, certains voyant leurs rôles complètement changés et bien mieux intégrés. Adieu à Grace,
Dossier spécial: MACROSS
méchante parce qu’être méchant c’est cool, au moe- Sinon, pour vous le résumer de manière plus simple : blob Ranka désespérément navrant, à Sheryl perdue Itsuwari no Utahime et Sayonara no Tsubasa ensemble qui tombe dans la boue et que personne ne reconnait… Sayonara no Tsubasa ne donne pas qu’une résolution au triangle amoureux de la série, il étoffe ses protagonistes du début à la fin jusqu’à donner des conclusions à leurs histoires à chacun, et même aux histoires de kabuki du héros, Alto. Et puis, plus de 3 ans après le début de la série, ce fameux triangle amoureux est finalement résolu de manière définitive ! Il fallait y arriver, après tout ce temps. Si je dois trouver un reproche à faire à ce Sayonara no Tsubasa (outre un tantinet trop de blabla hippie, « mais comment peut-on savoir que les plantes n’ont pas de sentiments ? », et trop de Alto travesti), il se trouve dans l’OST. Si elle est agréable à écouter, elle n’est pas à la hauteur de ce que proposait la série ou le premier film : Kindan no Elixir, qui ouvre le film, n’arrive pas à la cheville de Universal Bunny, Houkago Overflow est loin de Anata no Oto… et surtout, le medley qui se trouve à la fin du film est très, très loin d’égaler le nyan nyan medley. Là où le film se sauve sur ce plan ? C’est simple, à mon sens, Sayonara no Tsubasa ~ the end of triangle, la chanson finale, celle qui donne son nom au film, est le chef d’oeuvre du film, la cerise sur le gâteau d’un final fantastique, la meilleure chanson de l’intégralité de la franchise. Simplement.
donnent Macross Frontier, fait correctement. Tout y est présent, tout y est mieux résolu, tout y est plus satisfaisant. Si vous n’avez pas vu la série, ne prenez même pas la peine de la regarder et passez directement aux films, qui sont eux, enfin, un digne cadeau d’anniversaire pour la saga Macross, qui n’avait pas su donner de tel spectacle depuis Macross Plus. Entre Macross 7, Macross Zero et la série Frontier, la saga Macross a été mise à mal pendant de nombreuses années, mais aujourd’hui, je n’ai qu’une chose à dire… Vivement que l’on fête les 30 ans ! BD Nostalgia 73
Dossier spĂŠcial: goldorak
74 BD Nostalgia
Dossier spécial: goldorak
Chronologie Robotech par rapport au calendrier humain -100 000 : les Haydon sont un peuple ayant atteint un état de vie désincarné ; ils visitent plusieurs planètes (Optera, Peryton, Karbarra, Praxis, Garuda, Spheris et la Terre) et les ensemencent de vie, satisfaisant ainsi leur tentation démiurgique ; la Terre reçoit la fleur de vie, qui est ensuite transplantée sur Optera ; ils se replient sur la planète Haydon IV, où ils vivent une vie oisive servis par des robots -670 : début de l’ère de Lanack (EL) -502 (1171 EL) : naissance de Zor sur Tirol 851 (1520 EL) : le vaisseau spatial tirolien Aztraph découvre Optera, la planète des Invids (Inbits) ; Zor, un scientifique à son bord, séduit Regis (Refles), la régente des Invids, et découvre la fleur de vie ; -1028 (1697 EL) : l’Aztraph est de retour sur Tirol et Zor étudie la fleur de vie ; -1086 – 1167 (1755 – 1836 EL) : Zor réussit à extraire la protoculture de la fleur de vie, en plaçant celle-ci dans une matrice qui permet de la maîtriser ; le culte de « Trois-en-un » se développe sur Tirol, et donne naissance aux Maîtres de Robotech; -1251 (1920 EL) : développement du transport hyperspatial (space fold) -1331 : début de l’ère de Robotech (1 ER) ;
-1346 (16 ER) : clonage des Zentradiens pour servir de mineurs -1418 (88 ER) : destruction d’Optera par les Haydonites (Robots des Haydons); -1485 – 1827 (157 – 500 ER) : les Maîtres de Robotech consolident leur empire ; les invids se reproduisent par fractionnement et déclarent la guerre aux Maîtres de Robotech ; -1893 – 1967 (586 – 640 ER) : Zor voyage sur Haydon IV, où il entre en contact avec la Conscience de la planète ; il décide de construire une forteresse spatiale ; avec une partie des Zentradiens (et notamment avec le commandant Dolza il entre en rébellion contre les Maîtres de Robotech, et commence à ensemencer d’autres planètes avec la fleur de vie : Peryton, Karbarra, Praxis, Garuda et Spheris ; -1998 (671 ER) : Zor vole la matrice de la protoculture et la cache dans sa forteresse spatiale ; il se fait attaquer et tuer par les Invids, mais a auparavant ordonné à l’équipage de la forteresse de se diriger vers la Terre ; -1999 (672 ER) : la forteresse spatiale s’écrase sur Terre, sur l’île de Macross, durant la Troisième Guerre mondiale. BD Nostalgia 75
76 BD Nostalgia