2013-12 - BD Nostalgia #7

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D B DÉCEMBRE 2013

LE PREMIER MAGAZINE SUR LA BD totalement gratuit

nostalgia

Joyeux Noël



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Volume 2 - Edition #7 Publication Mensuelle. SM Design 5330 desmarteau, MtL, Qc. Tél.: 514-299-1593 Rédacteur en chef Sylvio Martins Les opinions exprimées dans les colonnes de ce magazines n’engagent que leurs auteurs. La reproduction des textes, dessins et graphiques est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur et de l’éditeur. Les images sont © 2013 par leurs auteurs. Cette publication étant susceptible de comporter des erreurs. (nul n’est parfait) nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour les éventuels désagréments que cela pourrait causé. Dépôt légal à parution.

EDITORIAL

Nous voilà déjà à quelques semaines du temps des fêtes. Si, pour bien des gens, ce moment de l’année s’avère être une période de joyeuses retrouvailles familiales, pour d’autres, c’est l’inverse. C’est une nouvelle tradition du temps des fêtes, qui n’a peut-être pas la bénédiction du père Noël. De plus en plus de gens se tournent vers Internet pour revendre leurs cadeaux de Noël. Une simple recherche sur les sites de petites annonces donne de nombreux résultats. Sans compter ceux qui ne déclarent pas que leur bien leur a été offert. Rien que sur le site Kijiji, le nombre de petites annonces a presque doublé dans les jours suivants Noël, pour passer à 25 000. Internet s’impose de plus en plus comme un outil majeur de la consommation. Et pas seulement pour les cadeaux de Noël : l’an dernier, un Québécois sur deux a fait des achats en ligne, selon une étude du Cefrio. Un marché évalué à 6,8 milliards de dollars. Joyeux Noël Internet et j’espère que l’année 2014 vous sera très bonne.

Sylvio Martins

Sommaire numéro 7 - décembre 2013 section Comics américain Nouvelles - News 04 - Empereur Joker 05 - Before Watchmen

DOSSIER spécial 6 -

Witchblade

LES INDISPENSABLES 36 - The Dark Knight Returns

BD EURO Nouvelles - News 38 - 38 - 39 - 39 -

Largo Winch, Colère rouge, par Van Hamme et Francq Sillage, Chasse gardée par Morvan et Buchet, Delcourt Les premiers travaux d’Albert Uderzo Royal Aubrac tome 2, par Nicolas Sure et Christophe Bec

DOSSIER spécial 40 - Gaston Lagaffe

MANGA Nouvelles - News

64 - Seirei no moribito Gardien de l’esprit sacré 66 - Front Mission Dog LIfe and Dog Style volume 5, Ki-oon 67 - Wolfmund volume 3 par Matsuhisa Kuji, éditions Ki-oon

DOSSIER spécial 68 - Ranma 1/2

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Comic News Empereur Joker trop décousue, entre l’Homme d’acier et la némésis de Batman . Chaque jour, Superman s’enfuit d’Arkham où il est retenu prisonnier et chaque jour, Bizarro se précipite pour le remettre derrière les verrous. Lois n’est plus que Mlle Lane, peu scrupuleuse présidente de Lane Corp, tandis que Supergirl s’est faite nonne et que Superboy vend des hamburgers... Tel est le monde renversé dans lequel erre l’Homme de demain ! C’est que le Joker a remanié l’ensemble de la réalité grâce aux pouvoirs de Mr. Mxyzpltk, le facétieux lutin de la 5e dimenalbum qui propose une sion ayant eu la bonne opposition inattendue, idée de les lui prêter juste mais malheureusement pour s’amuser du résultat. Superman emprisonné à Arkham? Comme le plus grand criminel du monde? Que s’est-il donc produit pour qu’on en arrive là? Voici un

Un monde à l’image du Joker donc, discontinu, sansqueue ni tête, exubérant et irrationnel. Si le point de départ apparaît extrêmement alléchant, le résultat se révèle décevant à plusieurs niveaux. Trop lent à se mettre en place (le Joker arrive tardivement), l’intrigue se perd en péripéties qui relèvent davantage d’une suite de sketchs que d’une véritable narration. Le final, qui veut ainsi conférer à cette longue histoire une portée cosmique, toujours traité sur le ton décalé qui caractérise l’ensemble du volume, tombe à plat et peine à convaincre. 4

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Comic News Before Watchmen

Rorschach ! Ce nom fait frémir sombres malfrats et fans éperdus de Watchmen. Qu’en est-il de cette préquelle qui lui est consacrée ? Elle se signale par une ambiance soignée, mais une trame un brin décevante...

New York, 1977. Rorschach mène sa carrière de justicier masqué avec, dans son collimateur, un cartel mené par le terrifiant Crâne Cru. Dans le même temps, un serial kil-

ler surnommé “Le Barde” dissémine des cadavres de jeunes femmes marquées au scalpel. Et nous sommes quelques temps à peine avant le fameux black out qui avait semé le chaos dans la Grosse Pomme. Tous les ingrédients sont donc réunis pour créer un fameux récit, à la hauteur du personnage imaginé par Alan Moore et dessiné par Dave Gibbons. Et l’on éprouve d’abord un évident plaisir à retrouver ce “héros” battant le pavé et le voyou, donnant et recevant nombre de coups. Grâce au trait de Lee Bermejo l’ambiance de la ville se trouve comme rendue à travers le spectre des perceptions et des ressentis de Rorschach : lumière alternativement criarde et blafarde, lieux poisseux, atmosphère glauque à souhait. L’immersion opère... Tout semble donc y être et l’on sort pourtant de la

lecture avec le sentiment que le compte n’y est pas, pourquoi ? Sans doute manque-t-il une réelle perspective à l’ensemble, de quoi lui donner une vé-

demeurent à l’arrière-plan d’une intrigue essentiellement focalisée sur un médiocre gang, enjeu somme toute assez anecdotique. Il y a clairement une in-

ritable profondeur. À s’en tenir à la simple chronique, habile certes, on a en effet l’impression de passer à côté du sujet. Au final, malgré deux pirouettes intelligentes pour boucler l’histoire, on reste sur notre faim. Le black out promis et l’enquête autour du serial killer, qui ouvre pourtant le volume,

tention scénaristique de la part Brian Azzarello dans ce caractère déceptif du récit, mais le résultat est là : une forme de désenchantement, accrue par le souvenir de l’œuvre d’origine. C’était la difficulté de ce projet de préquelle(s) Before Watchmen, Rorschach s’y heurte en dépit de ses atouts prometteurs. BD Nostalgia

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J’ai plongé un regard nostalgique dans ma bibliothèque poussiéreuse et j’ai donc choisi de vous parler d’un de mes premiers souvenirs de lecteur de comics, Witchblade. C’est une série qui a vu le jour en 1995 sous le label Top Cow de Marc Silverstri chez Image Comics.

Ce fut pour moi la découverte d’un grand dessinateur devenu star grace à cette série, Michael Turner. Il m’a surement influencé inconsciemment dans la façon de dessiner les filles (autant que Jim Lee pour les mecs!). Dans la deuxième partie des années 90 j’avais un peu laissé de côté les mangas et je lisais de plus en plus de comics, notamment grâce aux séries d’Image Comics

que traduisait Sémic. Alors que pour beaucoup les comics étaient synonymes de BD qui donnait la part belle aux mecs baraqués (Batman, Superman, Captain America,etc) chez Image beaucoup de séries mettant en avant les femmes, et ceci même dans les équipes. Zealot dans les WildC.A.T.s. ,les GEN 13 (une équipe constituée de trois filles et deux mecs), les Danger Girl, et Witchblade donc… Qu’est-ce donc? La Witchblade semble être au premier abord un gant organique aux propriétés mystérieuses mais elle est avant tout une arme qui accompagna les femmes importantes de tout horizon à travers l’Histoire. Cléopâtre, Artémise 1er, Jeanne d’Arc, et même Marie Curie ont été en possession de la Witchblade (demandez à l’éducation nationale pourquoi on en parle pas dans nos cours! On nous cache des choses!). Peut-être devrais-je me demander si ce n’est pas la Witchblade qui a “possédé” ces femmes. En effet, la Witchblade possède sa propre volonté et choisit qui mérite de la porter. Celles qui n’en sont pas digne perdent leur bras (ou pire). Elle offre à sa détentrice des capacités exceptionnelles, des aptitudes de combat hors-normes, des facultés sensorielles développées et peut se transformer en armure selon la menace présente. L’hôte de la Witchblade aussi peut revivre sous forme de rêves les exploits de ses prédécesseurs. Autre question: la Witchblade a-t-elle vu BD Nostalgia

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le jour sur terre? Ses origines sont-elles magiques? Ex- tique gagnant. Irons étant une personnalité publique et ne pouvant se montrer aux yeux de tous reste tapis dans tra-terrestres ? l’ombre. C’est son garde du corps Ian Nottingham qui Cessons notre voyage dans le passé et revenons à notre dirige le tournoi. époque. De nos jours, la Witchblade fut découverte par le multimillionnaire Kenneth Irons en Grèce durant Le premier homme à concourir perd son bras de façon des fouilles archéologiques. Fasciné par sa légende il très brutale. Avant qu’un second candidat ne s’approche, cherche par tous les moyens la possibilité de l’utiliser Ian Nottingham le garde du corps mystérieux de Irons, amène un homme ligoté sur scène. Il s’agit de Michael afin d’acquérir le pouvoir mystique de ce gant. Yee. S’inquiétant pour sa partenaire il a tenté d’entrer Sara Pezzini est lieutenant de la police criminelle de par effraction. Devenu un témoin gênant de cette sordide New York. Elle et son coéquipier Michael Yee suivent réunion il doit être exécuté sur le champ. Sara surgit sur une piste criminelle qui les mènent au théâtre du Rial- scène afin de protéger son partenaire mais tous les deux to. Sara sous couverture s’engouffre dans le théâtre en tomberont sous les balles. Sara en train de perdre son demandant au préalable à Michael de ne pas la suivre sang sur la scène agonise lentement. C’est alors que la afin d’assurer ses arrières. A l’intérieur du théâtre elle Witchblade se met à se mouvoir et se projette soudaiassiste au déroulement d’un jeu macabre sur la scène. nement sur Sara, faisant d’elle son nouvel hôte et lui Kenneth Irons a organisé un concours où des hommes évite ainsi une mort certaine. Kenneth Irons intrigué par de tout horizon (mafieux, politiciens, membres du FBI) cet événement cherchera par la suite à atteindre la Witdoivent tour à tour glisser leur main dans le fameux chblade à travers Sara Pezzini en gagnant sa confiance, gant magique, Witchblade. Kenneth Irons espère ainsi en l’aidant à maitriser ce don bien avant qu’il ne décide pouvoir diriger la Witchblade en manipulant l’hypothé- de montrer son vrai visage. 10 BD Nostalgia


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Au cours de ses péripéties Sara rencontrera Jackie Estacado. Tueur de la mafia et détenteur lui aussi d’un étrange pouvoir, le Darkness, qui semble très lié à la Witchblade….mais ça c’est une autre histoire. Sur les photos ci-dessous vous pouvez voir l’ensemble de ma collection Witchblade en VF. Tous les WITCHBLADE publiés en France par Semic entre 1996 et 2002. Bon sang que ça remonte tout ça. Les prix étaient encore en francs!^^ Mais quel plaisir de lecture en tout cas à chaque fois. J’ai découvert Witchblade à son numéro 9 français et

j’ai bataillé pour pouvoir compléter ma collection. Je me souviens le numéro 2 je l’avais acheté 80 francs dans un comic shop parisien car il était en rupture de stock partout en France, et que sa côte était monté! Un numéro coutait normalement 24 francs! Haha, 80 francs, c’était cher pour le jeune lycéen que j’étais mais je n’avais pas le choix si je voulais compléter ma collection!^^ Michael Turner est resté sur les 25 premiers épisodes de Witchblade. Il a aussi dessiné les deux épi12 BD Nostalgia


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sodes du crossover Witchblade/Tomb Raider ! A partir du 26ième épisode c’est Randy Green qui reprend le crayon. Il un style vraiment différend de Turner j’ai eu du mal à m’y habituer au départ mais après c’est passé comme une lettre à la poste. J’ai même failli arrêter d’acheter la série car j’avais du mal à me faire à ce Randy Green! Michael Turner, lui était parti créé sa propre série Fathom. Quand je regarde ma bibliothèque je suis content de ne pas avoir fait cette erreur!:-) En parallèle à la série régulière Semic publiait également Witchblade hors-séries. C’était l’occasion d’y lire les “Légendes de Witchblade” qui nous racontaient les aventures des autres propriétaires de la Witchbalde qu’elles soient du passé ou dans le futur. Le magazine publiait aussi des crossovers comme “OverKill” qui était une collaboration Topc Cow/Dark Horse réunissant Witchblade, Darkness , Prédator et Aliens. Bref, un très beau programme! Après le numéro 27 de Witchblade (qui correspond à l’épisode #50 U.S.), la publication s’est arrêtée et il a fallu la suivre la série dans le magazine “Top Cow Universe”. Cela m’a foutu les boules de suivre Witchblade dans ce nouveau magazine car il fallait payer plus chère pour suivre Witchblade dans un magazine qui contenait deux autres séries dont j’en avais strictement rien à faire.^^ Top Cow Universe a duré 17 numéros. Les épisodes de Witchblade qui y sont paru vont du #51 à #71 . Personnellement j’ai les 9 premiers numéros de Top Cow 14 BD Nostalgia


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saisons avec au total 24 épisodes. Elle a été diffusée entre 2001 et 2002. Voici le trailer de lancement de la Semic aujourd’hui “disparu”, ce sont les éditions DEL- série TV. COURT qui ont repris la suite de la publication de Witchblade. Delcourt ne fait pas de kiosque et publie donc Bon, en tant que fan de Witchblade je trouvais que la suite de la série dans des albums librairies. Pour l’ins- Yancy Butler était un très bon choix pour incarner Sara tant six tomes sont parues. Chacun d’eux contient en Pezzini . Et puis je l’aimais bien même si je ne l’avais vu que dans deux films films d’action US dans les anmoyenne cinq épisodes: nées 90: en compagnie de Jean-Claude Van Damme Aux USA la série a déjà atteint son numéro #165 au- dans Chasse à l’homme(Hard Target), le premier film américain de John Woo, sorti en 1993, et Drop Zone tant dire qu’on a beaucoup de retard!!! aux côtés de Wesley Snipes en 1994. En ce qui concerne les autres médias Witchblade fut décliné en série animé japonaise d’une vingtaine d’épi- Par contre le lascar qu’ils ont choisi pour le rôle de sodes. Je n’ai regardé que les deux ou trois premiers épi- Kenneth Irons, c’est juste pas possible. Quand à la Witsodes. Je n’aimais pas du tout le style. Peut-être que je chblade elle-même, dans le comics c’est une arme orgaretenterais un jour. Pour ceux qui l’ont regardé n’hésitez nique qui peut servir d’armure , là c’est un avant-bras d’une armure médiévale …bref, next! pas à laissez un avis en commentaire. Universe.

Une série TV à vu le jour aux USA le temps de deux 16 BD Nostalgia

Mon plus grand souhait aujourd’hui serait que Del-


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court réédite au format librairie les premiers épisodes du comics, ceux dessinés par Michael Turner et Randy Green. Seulement Witchblade ne semble pas être dans les priorités de Delcourt. Déjà, le sixième tome a pris plus un an et demi pour pointer le bout de son nez. Et en plus, les locomotives que sont Walking Dead, Hellboy et Spawn sont beaucoup plus vendeurs. Je ne pense pas que Witchblade vendent autant d’exemplaires que ces séries.

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LES INDISPENSABLES

The Dark Knight Returns

Frank Miller (scénario et dessin) avec Klaus Janson (encrage) et Lynn Varley (couleurs) Si vous ne devez en lire qu’un, c’est celui là. Unanimement considéré comme LE comic de Batman, il a l’avantage de se suffire à lui-même, d’être intemporel (il ne fait suite à aucune histoire précédemment éditée), d’avoir un script merveilleusement contée et des dessins fantastiques parmi les meilleurs de Miller. L’histoire : Batman a disparu depuis longtemps, tellement longtemps qu’il est devenu une légende urbaine. Mais la corruption toujours grandissante de Gotham, ainsi que les exactions d’un nouveau gang de mutants, va lui faire reprendre du service malgré son âge avancé. Véritable chef-d’oeuvre sorti en 1986, au ton particulièrement sombre, il a complètement relancé la carrière du Caped Crusader. On y trouvera la présence de certains de ces ennemis classiques (Joker, Double face) mais aussi un affrontement mythique avec Superman. Aisément trouvable en TPB (trade paper back ou softcover), il existe aussi une somptueuse édition Absolute, reprenant en grand format cette histoire et sa “suite” The Dark Knight strikes back, plus expérimentale et moins réussie malgré tout. 36 BD Nostalgia


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Euro News Sillage, Chasse gardée par Morvan et Buchet, Delcourt

Largo Winch, Colère rouge, par Van Hamme et Francq

Autant la récente action marketing calamiteuse en ligne donnait de quoi railler la série Largo Winch, autant je reconnais volontiers que le dernier album à date, Colère rouge, qui conclut le diptyque entamé il y a deux ans avec Mer noire, s’avère un cru intéressant, même s’il n’est pas aussi réussi que son prédécesseur. Pour boucler son histoire, Van Hamme n’hésite pas à utiliser de ficelles un peu trop grosses à mon goût (Largo se découvre un soit-disant demi-frère au look de vedette, nihiliste faussement jovial) et on ne peut pas dire que ce soit très probant. Néanmoins, l’énergie, l’humour, l’application du trait qui s’est ressaisi suffisent à mon bonheur. Il n’est bien sûr pas question de donner du crédit au personnage de Largo Winch mais de reconnaître que ses créateurs ont quelque talent pour distraire avec efficacité. 38 BD Nostalgia

Le précédent opus de Sillage marquait une fin de cycle attendu et plutôt bien pesé. Le quinzième tome est avant-tout un amical hommage à Moebius puisque Nävis d’emblée est sapée comme le Major Fatal. Le récit est une nouvelle variation sur le principe des Chasses du Comte Zaroff, divertissant mais plutôt sans conséquence sur le déroulé global de l’histoire, à l’exception bien sûr de la surprise du chef qui conclut l’album et que je serai un peu zozo de vous dévoiler ici. Il ne serait pas insultant cependant de demander que tout cela ne retombe pas dans une succession d’albums plan-plan aux péripéties anecdotiques. Même si le duo réussit à nous proposer un album par an, cinq ans pour avoir l’impression d’avancer un peu, c’est long et lassant.


Euro News Les premiers travaux d’Albert Uderzo

Enfin, un salut admiratif au travail considérable de Philippe Cauvin et d’Alain Duchêne qui ont réuni dans une première intégrale chez Hors Collection les premiers travaux d’Albert Uderzo il y a près de soixante ans. Ils livrent un ouvrage somptueux, épaisse somme passionnante où chaque aspirant dessinateur peut se plonger avec confiance. Il y portera le constat qu’avant de devenir un dessinateur unique, Uderzo a fait ses gammes en s’inspirant grandement des comics burlesques qui lui ont enseigné le sens du visuel, de la gestuelle digne de la pantomime, mais surtout qu’il a accumulé les travaux et que son génie déjà affleurant dans ses séries pré-Astérix, Jehan Pistolet par exemple, sont

Royal Aubrac tome 2, par Nicolas Sure et Christophe Bec

sous l’influence de ses grands aînés américains. Replacer Uderzo dans leur filiation est très instructif et nous rappelle si besoin que la bande-dessinée a toujours été affaire de métissage, d’apprentis-

sage et d’ouverture vers le monde. Une belle conclusion pleine de promesses me semble t-il pour l’évolution de la BD qui, j’en suis convaincu, a encore de très belles pages à vous faire lire et à dessiner.

Il y a un an je distinguais le premier album de ce diptyque à présent achevé que nous propose Vents d’Ouest : Royal Aubrac. Au travers du témoignage d’un tuberculeux dont on sait par avance la guérison, les deux auteurs retracent la vie dans un navire architectural, un sanatorium planté dans la lande, le Royal Aubrac, et ressuscitent ses ombres avec tendresse. Les personnages que l’on croise, en prise avec leurs maux, sont tantôt mélancoliques, tantôt poussés par une soif ou une rage de vivre qui les consument malgré tout. La conclusion se laisse aller à une nostalgie somme toute inutile tant on sent que les pensionnaires plus ou moins chanceux du Royal Aubrac sont liés par delà les décennies, dans les souvenirs et les croquis du héros souffreteux. Deux albums délicats et bien sentis qui méritent sérieusement d’y revenir. BD Nostalgia 39


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Dossier spĂŠcial:

Gaston Lagaffe BD Nostalgia

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Naissance André Franquin donna naissance à Gaston Lagaffe au cours de l’année 1957. Il était alors le dessinateur de la série Spirou et Fantasio dans le Journal de Spirou, et aussi le dessinateur du rédactionnel automobile Starter ainsi que de la plupart des couvertures du magazine. De plus, il dessinait aussi chaque semaine une planche de la série Modeste et Pompon dans le Journal de Tintin.

étaient toujours très importants. Ce personnage qui émergea de la tête de Franquin était au départ uniquement là pour faire de l’animation « à la petite semaine » dans le Journal de Spirou.

La forme graphique de Gaston fut élaborée par Franquin, alors que sa personnalité fut créée avec l’aide d’Yvan Delporte. Le nom de Gaston fut, lui aussi, trouvé par Delporte, d’après un de ses amis, un certain Il eut l’idée de créer un personnage de bande dessinée Gaston Mostraet qui était gaffeur lui aussi. qui n’en serait pas un, un personnage qui n’aurait aucune qualité, qui serait bête, pas fort et moche. Ce serait Ce que Franquin oublia, c’est que son beau-père portait le même prénom : ce choix lui posera plus tard quelques un « héros sans emploi ». problèmes familiaux. Il soumit l’idée à Yvan Delporte, alors rédacteur en chef du Journal de Spirou, qui la trouva excellente. À Les débuts dans le journal de Spirou cette époque, Delporte encourageait les membres de son Gaston apparut le 28 février 1957 dans le n° 985 de équipe à collaborer. Dès qu’un auteur comme Franquin, Spirou. Cette première apparition n’est accompagnée Peyo, Will ou Roba était bloqué dans une histoire, il d’aucun mot d’explication ou de titre, ce n’est qu’un faisait appel aux autres membres de l’équipe. Delporte dessin en noir et blanc dans un quart supérieur de la se retrouvait au centre de cette collaboration et ses avis page, entouré de traces de pas, où il se tient timidement 42 BD Nostalgia


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devant une porte ouverte sur laquelle est écrit « Spirou rédaction ». Il porte des cheveux courts et lisses, un pantalon noir à revers, une veste, une chemise blanche et un nœud papillon qu’il réajuste nerveusement. Il a la bouche légèrement ouverte, ce qui sera effacé par erreur dans les publications en albums, les correcteurs pensant qu’il s’agit d’une tache d’encre. La semaine suivante, toujours un seul dessin, un titre Gaston et les traces de pas l’accompagnant. Plus détendu, il se tient les mains dans les poches devant la porte fermée de la rédaction. S’il garde le même costume que la semaine précédente, sa veste par contre est déboutonnée. Il regarde autour de lui, un petit sourire aux lèvres. Sept jours plus tard, dans le Spirou n° 987, il laisse tomber le costume pour ses légendaires vêtements. Seules les espadrilles manquent, il a pour l’instant gardé les chaussures des semaines précédentes. Assis sur une chaise, l’air nonchalant, il allume sa première cigarette. Les semaines suivantes, le mystère s’épaissit. Dans le 44 BD Nostalgia

Spirou n° 989, un communiqué de Fantasio (écrit par Yvan Delporte) met en garde contre ce personnage « Attention ! Depuis quelques semaines, un personnage bizarre erre dans les pages du journal. Nous ignorons tout de lui. Nous savons simplement qu’il s’appelle Gaston. Tenez-le à l’œil ! Il m’a l’air d’un drôle de type.» Puis, la semaine suivante, c’est le célèbre dialogue entre Gaston et Spirou: – Qui êtes-vous ? – Gaston. – Qu’est-ce que vous faites ici ? – J’attends. – Vous attendez quoi ? – J’sais pas… J’attends… – Qui vous a envoyé ? – On m’a dit de venir… – Qui ? – Sais plus… – De venir pour faire quoi ? – Pour travailler… – Travailler comment ? – Sais pas… On m’a engagé…


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– Mais vous êtes bien sûr que c’est ici que vous devez venir ? – Beuh…

amusanteA 11. Dans le n° 1003, il laisse échapper les souris blanches de son élevage, qui se retrouvent alors sur presque toutes les pages du journal.

Gaston est néanmoins embauché chez Spirou et les La première planche de gag de Gaston fut publiée dans gaffes commencent dès le numéro suivant (n° 991) : le n° 1000 de Spirou : sur la couverture de ce numéro, sur un dessin en deux pages, Gaston renverse de l’encre Franquin avait dessiné 999 têtes de Spirou et une seule sur le courrier de la semaine. de Gaston. À l’époque, Franquin dessinait le personnage et trouvait les idées de gag avec Yvan Delporte, Les semaines suivantes verront Gaston exercer plu- mais quand ils arrivèrent au bout des fantaisies qu’ils sieurs travaux au sein de la rédaction. Dans le Spirou pouvaient mettre dans le journal, ils se décidèrent à n° 992, il est coursier à vélo mais, victime de trois acci- mettre Gaston dans une bande dessinée. dents, il rentre à pied et couvert de bleus. Des bas de page aux demi-planches Dans le n° 994, il travaille aux rotatives où il arrive Jidéhem à fourrer son doigt entre deux cylindres. La semaine L’annonce de l’apparition en bande dessinée de d’après, il perturbe pour la première fois le journal, où Gaston intervint dans le n° 1025 du Journal de Spirou, il sape la rubrique rédactionnelle le Fureteur en glissant et ce fut Fantasio qui s’en chargea. Dès le commencesa tête au moment de la photographie de la page. Et ment de la série, Jidéhem, qui venait d’arriver à l’atelier ce n’est que le début : il remplace ensuite le nom du de Franquin, aida beaucoup ce dernier avec le dessin. journal par le sienA 10, il tache plusieurs chroniques Alors âgé de vingt-deux ans seulement, Jidéhem était ou les fait même exploser, grâce à la boite de chimie arrivé à l’atelier envoyé par Charles Dupuis. Il avait au46 BD Nostalgia


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paravant travaillé avec Greg et Tillieux dans le journal Gaston passera en demi-planche dans le n° 1119 du 24 Héroïc-Albums, jusqu’à ce que ce dernier fasse faillite. septembre 1959. Mais dans le n° 1183 du 15 décembre 1960, coup de théâtre, Gaston est licencié et disparaît Pour les dessins, Franquin faisait un crayonné assez du journal de Spirou. poussé, voire très poussé pour le personnage, et Jidéhem encrait presque toute la page. Dans l’esprit de Tout commence sur la couverture du no 1175 du jourFranquin, Gaston était une série destinée à être reprise nal de Spirou daté du 20 octobre 1960. Gaston fait enpar Jidéhem, mais celui-ci avoua un jour à Franquin trer une vache dans la rédaction, en disant : « Avec ça, je que « Gaston, finalement, je ne le sens pas : il est trop serai vite le champion des brigadiers M ». Il s’agit-là en souple pour moi ! ». Franquin a alors gardé Gaston fait d’une campagne pour le lait en Belgique, à laquelle pour lui-même, Jidéhem se contentant de dessiner participent beaucoup de personnalités belges comme les décors. Les idées étaient entièrement trouvées par Hergé, Jacques Brel ou le père Dominique Pire (prix Franquin, sauf pour un unique gag trouvé par Jidéhem. Nobel de la paix en 1958) et, bien sûr, FranquinA 18. Les lecteurs français, non concernés par la campagne, Jidéhem inspira quelques traits de caractères de Gaston trouvent eux la phrase : « Elle est bien, hein ! Et comme : les « Bof » et « M’enfin » venaient de la façon de par- laitière, il paraît qu’elle est championne. » ler de Jidéhem à l’époque, et, quand Franquin racontait les gags de Gaston, il prenait la voix de son assistant. Il « Inouï ! il y a une vache dans les bureaux de la rédonnera également son nom à un des personnages de la daction ! », commente le journal. Pas si incroyable que série, puisque Jidéhem est l’acronyme des initiales de ça, l’histoire est tout à fait authentique. Sur une proson vrai nom, Jean De Mesmaeker. Après deux années position de Franquin, Dupuis acheta une vache qu’il passées dans les bas de pages du journal de Spirou, garda un an et demi, l’artiste ne se décidant pas à la 48 BD Nostalgia


dessiner. La vache eut même un veau, et Dupuis finit par les vendre tous deux. Il dut pourtant en racheter une seconde quand, quelques mois plus tard, Franquin se décida enfin à la dessiner. La vache fut gagnée peu après lors d’un concours.

bliée sous forme d’un faire-part de décès. Le retour de Gaston se fait dès le numéro suivant, annonce faite sur la couverture, avec un Gaston qui promet à Fantasio de ne plus jamais être en retard pour le courrier. Le premier boulot de Gaston est justement de répondre aux sept milleC.Œ 7 lettres de soutien envoyées à la rédaction. Dans le no 1190, Gaston lui-même déclare qu’il répondra personnellement aux milliers de lecteurs qui ont écrit pour réclamer son retour. Une série qui s’étoffe La série se développe de plus en plus, et de nouveaux personnages font leur apparition. M. De Mesmaeker apparaît dans le gag 109 : c’est Greg qui a soufflé à Franquin l’idée de créer un homme d’affaires. Mais c’est au cours de l’année 1962 que seront créés les personnages qui deviendront plus tard des piliers de la série. Longtarin (Lontarin au début) est créé dans le gag 191, il ne porte à ce moment-là pas encore de nom, et il faudra attendre plusieurs années avant qu’il ne devienne un personnage récurrent de la série. Viennent ensuite Yves Lebrac et Léon Prunelle, créés en même temps dans le gag 207 : ce ne sont au départ que de simples membres de la rédaction, et il faudra attendre

Après plusieurs semaines dans la rédaction (et de nombreux gags), le pire arriva. M. Dupuis tomba nez à nez avec la vache dans ses locaux. Il mit Gaston à la porte sur-le-champ. L’éditorial est signé Yvan Delporte, sous la plume de Fantasio : « Après avoir hâtivement rassemblé ses objets personnels, Gaston Lagaffe s’en est allé, l’oreille basse, son Gaston géant en latex sous le bras avec le sentiment profond d’être la victime d’une monstrueuse incompréhension. » Gaston disparut un court temps du journal. Quelques nouvelles furent données par Fantasio dans le no 1185, où il dit « l’avoir croisé dans la rue tout triste. » Dans le numéro suivant, Fantasio prend les choses en main et demande aux lecteurs du journal de Spirou d’écrire à l’éditeur pour « sauver Gaston. » La semaine suivante, on apprend que « des milliers de lettres en faveur de Gaston » sont déjà arrivées à la rédaction du journal. Finalement, dans le numéro suivant, le no 1188, l’éditeur cède et réembauche Gaston. La nouvelle est puBD Nostalgia 49


le départ de Fantasio, quelques années plus tard, pour qu’ils jouent un véritable rôle dans la série. Après eux, c’est Jules-de-chez-Smith-en-face qui est créé, bien qu’il ne soit pas visible pour sa première apparition : c’est en effet à ses débuts un personnage qu’on ne voit jamais, aidant à commettre des gaffes par téléphone ou en communiquant d’une fenêtre à l’autre. Sa première apparition visible se fera dans le gag 458, lors de sa cinquième intervention16. Enfin, dans le gag 224, c’est au tour de Mademoiselle Jeanne d’apparaître dans la série, presque par hasard, juste pour les besoins d’un gag : Gaston avait besoin de sa queue de cheval pour son costume de bal costumé.

la fonction de Gaston est « ... ? ».

Dans le Spirou n° 1312, Franquin et Delporte inventent une rédaction fictive dans un rédactionnel intitulé « Spirou, comment c’est fait ? », où sont présentés tous les personnages de la série travaillant pour le journal, avec leur nom complet et leur fonction dans la rédaction. Ce rédactionnel est, pour certains personnages de la série, le seul endroit où l’on découvrira leur véritable nom, prénom ou fonction. On y apprend d’ailleurs que

Un album no 1 en fait no 5 et début de la pagaille Fiat repeinte aux couleurs de celle de Gaston exposée au salon de l’automobile de Bruxelles en 2006. En 1966, les services commerciaux de Dupuis sortent un album no 1 de Gaston, Gare aux gaffes, censé être une réédition de l’album Gaston sorti six ans auparavant. Il contient en fait des gags plus récents, publiés

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En 1963, Franquin tombe malade. En repeignant la cabane de son jardin, il utilise sans aérer la pièce un produit dont l’inhalation est nocive. L’hépatite virale va se doubler d’une remise en question professionnelle. Alors que QRN sur Bretzelburg (QRM sur Bretzelburg à l’époque de la publication dans Spirou) disparaît du sommaire du journal, Gaston est, lui, toujours au rendez-vous chaque semaine, malgré les conseils des médecins qui conseillent à Franquin un repos complet. Mais celui-ci aime trop son métier pour l’arrêter définitivement.


les semaines précédentes dans Spirou. Cette décision anodine, prise pour donner une cohérence commerciale à la série, sera à la base d’une belle anarchie dans la numérotation des futurs albums. Cet album constitue pourtant une étape importante de la série. Pour la première fois dans une bande dessinée destinée à la jeunesse, un sentiment amoureux est sous-entendu entre deux personnages. C’est aussi l’arrivée de la Fiat 509, rapidement redécorée par Gaston avec des grilles de mots croisés pour lui donner un air plus sport, voiture qui permettra aussi une exploitation plus poussée du personnage de Longtarin apparu peu avant. Gaston adopte un nouvel animal, un homard sauvé de l’ébouillantage.

Gaston, le Gaffophone, fait son apparition. Franquin en a eu l’idée en se promenant dans le musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren, là-même où Hergé avait trouvé sa documentation pour Tintin au Congo. « L’idée m’est venue en voyant une harpe africaine. » dira plus tard Franquin. Le voyant pour la première fois, Fantasio le baptise « brontosaurophone. » Pour Gaston, le principe de cet instrument est simple : « une vibration du tonnerre avec une résonance maximale. » Il lui suffit d’un seul gag pour prouver sa puissance destructrice, proche d’un séisme, en faisant s’effondrer le plafond du cinquième étage sur la tête de ses occupants.

Le véritable album no 5, Les gaffes d’un gars gonflé, sort l’année suivante. Gaston sort de plus en plus de la rédaction pour découvrir le monde extérieur. C’est aussi la période de la contre-culture de la jeunesse dont Gaston, apparu dix ans plus tôt, semble être un précurseur. Franquin arrête Spirou et Fantasio Le passage de Gaston au format standard pleine page est aussi celui de l’abandon de Spirou et Fantasio par Franquin. Ce dernier éprouve en effet de plus en plus de lassitude à animer un personnage dont il n’est pas le créateur et auquel il ne peut pas faire faire ce qu’il souhaite (le personnage de Spirou appartient légalement aux éditions Dupuis), au contraire de celui de Gaston pour lequel il s’enthousiasme de plus en plus. La dernière histoire de Spirou et Fantasio par Franquin s’intitule Panade à Champignac. Le début de l’aventure se situe dans l’univers de Gaston, ce dernier est même la cause du départ de Fantasio pour Champignac. La seconde aventure de l’album, intitulée Bravo les brothers, se déroule entièrement dans l’univers de Gaston. Jidéhem, l’assistant de Franquin depuis les débuts de Gaston, prend son envol pour animer sa propre série, Sophie, dont il est le créateur. Franquin se retrouve seul face aux décors de Gaston, alors que cela faisait longtemps qu’il ne les dessinait plus lui-même dans ses planches. Que ce soit pour Gaston ou Spirou et Fantasio, ses assistants, Roba, Will ou Jidéhem, le secondaient. Franquin avait été obligé de mettre ce système en place à cause des contraintes et des délais de production. Ce retour aux sources lui permet de s’exprimer totalement dans le dessin, le décor n’est désormais plus fonctionnel, il participe au gag.

Disparition de Fantasio Quand Franquin décide d’abandonner les aventures de Spirou et Fantasio au profit de Fournier, il cesse aussi de dessiner Fantasio dans Gaston, pour éviter que deux versions du même personnage par deux dessinateurs coexistent dans le journal de Spirou. Pour le remplacer, Franquin met au premier plan un personnage apparu depuis longtemps dans la série mais jusqu’ici confiné à un second rôle, un certain Léon Prunelle. Désormais le rôle de Fantasio est réduit à celui de touriste jusqu’à disparaître définitivement de la série. La couverture de l’alL’arrivée du Gaffophone Franquin, débarrassé de Spirou, peut donner libre bum n° 6 Des gaffes et des dégâts illustre parfaitement cours à son imagination. La plus célèbre invention de ce changement, Gaston tenant une réplique miniature du BD Nostalgia

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Gaffophone fait, en touchant une des cordes de l’instrument, tomber du mur un portrait de Fantasio dont le sous-verre se brise en touchant le sol, comme s’il n’était déjà plus qu’une image du passé. L’âge d’or de la série Franquin, désormais libre de tout autre engagement, peut se consacrer entièrement à Gaston. Les inventions de Gaston se succèdent. Le cosmo-coucou (« L’horloge en avance sur son temps »), inventé en pleine guerre de l’espace entre Américains et Soviétiques, est une horloge murale sous forme de réplique exacte de la capsule Apollo dont le cosmonaute sort toutes les heures comme un coucou-suisse ; il permet à Gaston et M. De Mesmaeker de signer un contrat pour une fabrication en série. Le Mastigaston permet de mâcher sans se mordre les joues, la piste de ski pour escalier, la machine à jouer du bilboquet et qui finit par se suicider et l’insecticide qui fait fondre les vêtements. « Je suis un bricoleur refoulé. Je bricole donc par Gaston interposé », dit Franquin. Gaston lui permet de toucher à toutes les disciplines scientifiques ou technologiques. 52 BD Nostalgia

Franquin est un perfectionniste, il invente par l’intermédiaire de Gaston des machines complètement loufoques, mais des machines qui pourraient quand même fonctionner. « J’aime bien la crédibilité, le gag porte mieux. Si Gaston invente une machine, je dois l’étudier pour que le lecteur n’y puisse rien détecter qui devrait l’empêcher de marcher, sinon je ne serais pas content ». Une des plus loufoques de ces inventions, la « main-fauteuil », est née des lectures de jeunesse de Franquin, en l’occurrence la bande dessinée américaine Smokey Stover, où les personnages s’asseyaient dans de grandes mains. Une autre créativité de Franquin est le renouvellement de l’onomatopée. Traditionnellement pour contourner la censure, les auteurs de bande dessinée utilisaient des injures purement graphiques, un nuage noir traversé d’un éclair, une tête de mort, un singe ou un cochon. Franquin lui invente le juron-onomatopée, le premier est poussée par Prunelle dans la planche 564 « Grrdidjiiii ! ». Cette première tentative est suivie à la planche 569 du désormais légendaire « Rogntudju ! » qui reste comme le juron préféré de Prunelle. Devenant ainsi le premier personnage de bande dessinée à jurer ouverte-


ment sans que la censure ne puisse s’y opposer. La ménagerie de Gaston s’agrandit de deux nouveaux pensionnaires qui deviennent récurrents dans la série, le chat dingue et la mouette rieuse. Apparus ensemble lors de la planche 613, ils ne veulent plus quitter Gaston, le chat depuis qu’il a goûté la cuisine de Gaston, la mouette après avoir passé l’hiver dans la rédaction. Pour ce qui est du graphisme du chat, Franquin s’est inspiré de son propre chat, César, avec quelques influences de chats de dessins animés comme le chat de la Metro-Goldwyn-Mayer ou Grosminet. Le chat César a même inspiré plusieurs gags, comme le gag de la ficelle déroulée dans toute la pièce : c’est l’épouse de Franquin qui en rentrant un jour découvrit que César, en jouant avec un rouleau cylindrique de ficelle, l’avait déroulé et noué dans tous les pieds de tables, chaises et fauteuils. Le choix du second animal de Gaston est plus surprenant, c’est en se promenant aux Étangs d’Ixelles que

Contrairement aux animaux précédent (hérisson, perroquet, vache, lionceau, homard) qui disparurent au bout de quelques gags, la mouette et le chat restèrent jusqu’à la fin, Franquin pensa que leur aspect trop banal serait remarqué en cas de disparition soudaine de la série et la personnalité de Gaston pourrait s’en trouver changée. Nouvelle révolution dans la bande dessinée à la planche 658, la signature de l’auteur participe désormais pleinement au gag. Gaston teste une nouvelle invention, la cigarette-alcootest qui finit par lui exploser à la figure. Sous la dernière case, à la place de la signature, se trouve une espadrille de Gaston brûlée. Un premier essai avait déjà eu lieu lors de la planche 644 où Franquin avait signé « Franqrrrheuh ». Cette signature spéciale, Franquin en a l’idée depuis l’époque de Jidéhem, où Franquin avait imaginé donner vie à leurs deux signatures qui se battent jusqu’à s’esquinter mutuellement. Cette idée de signature-gag vient du fait que Franquin craignait toujours de ne pas faire rire, alors il rajoutait des gags pour être sûr. Il fait pareil dans le décor en rajoutant parfois un nom rigolo en arrière plan (une moto qui s’appelle « Sapetoku » ou un petit chien). Franquin pensant toutefois cette trouvaille trop facile avait peur que le lecteur se lasse rapidement et avait cherché en vain une idée pour la remplacer, mais il ne la trouva jamais. La vie en dehors de la rédaction Franquin balade Gaston de plus en plus en dehors de la rédaction. L’album Gaffes, bévues et boulettes compte vingt-et-une planches qui se déroulent à l’extérieur sur les quarante-trois que compte l’album. Franquin qui était un perfectionniste veut un monde qui se rapproche le plus possible de la réalité. Ainsi quand la planche 726 se déroule dans une poissonnerie, Franquin décide d’aller prendre comme modèle une poissonnerie au sud de Bruxelles. Armé de son crayon et de son carnet il dessine assis dans le fond de la boutique l’étalage sous les yeux du poissonnier flamand qui ne parlait pas bien le français et qui n’avait pas compris le but de l’opération.

Franquin opta pour une mouette ; cet animal capable de déprimer les gens uniquement avec son air de mauvaise humeur et piquant des crises de colère en piquant tout le monde sur la tête fut une source récurrente de gags. Graphiquement, Franquin, bien qu’y prenant un certain plaisir, eut toujours du mal à la dessiner correctement.

Les amis prennent de plus en plus d’importance dans la série, Jules-de-chez-Smith-en-face apparu depuis longtemps dans la série devient un personnage principal. Bertrand Labévue est lui apparu un jour le temps d’une demi-planche pour remplacer Gaston qui ne peut pas venir au bureau, il ne lui faut pas longtemps pour renverser sur Fantasio une bouteille d’encre de Chine. Il a par la suite un rôle mineur celui de profiter des talents de bricoleur de Gaston, comme le jour où il lui construit une boite aux lettres aspirante. Mais c’est dans l’album n° 11 qu’il a un véritable rôle en formant avec Jules et Gaston le gang des gaffeurs. Contrairement à Jules, BD Nostalgia 53


Franquin a fait une véritable personnalité à Bertrand : la Seconde Guerre mondiale monté par Gaston n’hésite celui d’un éternel déprimé au point que Franquin dit pas à bombarder le bureau du rédacteur en chef incarné par Prunelle. Ce gag vient du fait que Franquin n’aimait qu’il est une des facettes de sa personnalité. pas la rubrique « Mister Kit », qui était consacrée aux Gaston s’évade aussi de la rédaction en rêvant : un maquettes et qui sous pression des lecteurs présentait le paquebot en pleine mer fait naufrage, parmi les passa- plus souvent des engins militaires allemands. gers Mademoiselle Jeanne et Gaston qui, après avoir affronté un banc de requins avec une lime à ongle, À cette période Franquin prenait des libertés sur le dompte l’un d’entre eux pour échouer avec sa belle sur rythme de parution. Le rédacteur en chef de l’époque une île déserte, tous deux se voyant déjà comme les avait trouvé une solution pour qu’il livre chaque se« Robinsons de l’amour ». Malheureusement, Prunelle maine un gag, le coin des classiques ainsi chaque secherchant les contrats ou amenant un sac de courrier maine où Franquin ne livrait pas de planche, était proen retard le fait revenir à la réalité. Jamais la relation grammé dans le journal un gag ancien. Comme Franquin Jeanne Gaston ne fut aussi explicite, Gaston ne cachant détestait voir d’anciens trucs « parce que le dessin avait plus son amour pour sa collègue. Franquin la dessine vieilli » il était obligé de faire des efforts pour en fournir maintenant beaucoup moins moche voire carrément un nouveau. Des libertés, Franquin en prend aussi sur sexy, quand elle sort de l’eau elle est même « appétis- le format des gags, ainsi le gag en demi-planche ou en strips fit son retour, mais aussi le gag en un seul dessin sante » dit Franquin. apparut. Gaston sur le déclin L’album Le Gang des gaffeurs fut le dernier publié Franquin reprit du poil de la bête suite à un festival de régulièrement. Depuis 1965 un album de Gaston sort bande dessinée d’Angoulême où il rencontra des élèves chaque année. Ce silence s’explique par les différents d’une école de onze à quatorze ans. Ils dessinent enprojets de Franquin en cette période. Le Trombone il- semble et très vite ils racontent des gags vieux de dix ou lustré supplément pirate du journal Spirou fabriqué quinze ans qui les amusaient toujours. Franquin revint dans la cave de la rédaction que Franquin anime, lui d’Angoulême avec la nouvelle motivation de faire plaipermet de montrer sa désapprobation avec le contenu sir aux gens et de sortir au moins un quatorzième album. du journal de l’époque. Ainsi le gag 827 montre la violence de la critique, un avion miniature allemand de 54 BD Nostalgia


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Anime/Manga - News Seirei no moribito

gardien de l’esprit sacré Balsa accepte la proposi- Ce qui frappe en premier tion et s’enfuit du palais dans Serei no Moribito, avec Chagum, celui-ci de- ce sont les graphismes venant par la même occa- qui sont de toute beauté.

Balsa est une jeune femme de trente ans qui, dans le passé, en raison de certaines circonstances,

l’eau, l’enfant fut protégé par une sphère bleue. En remerciement, elle se retrouve invitée dans

a pris la vie de huit personnes qui lui étaient chères. Afin d’expier ses meurtres, elle a décidé de devenir garde du corps et de protéger ce même nombre de personnes. Après deux ans d’absence, elle revient dans la région de Yogo, où elle sauve le jeune prince Chagum de la noyade, étant au passage spectatrice d’un évènement surnaturel : sous

le palais afin d’y passer la nuit. Elle fait ainsi la connaissance de la seconde femme de l’empereur qui la prie de sauver le jeune prince. En effet, on a récemment découvert que Chagum est possédé. Cette rumeur pouvant détruire le prestige de la famille impériale aux yeux de son père, ce dernier déQue ce soit pour les percide de sacrifier le jeune sion la huitième personne sonnages ou les décors, ils enfant. C’est ainsi que qu’elle protégera… sont très beaux (j’ai même

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contempler certains paysages plutôt que les personnages à certains moments). Mais cela ne s’arrête pas là, non, l’histoire est très intéressante et complexe. On tombe dans un monde évoquant une époque ancienne du Japon en y mêlant de l’action avec des

l’animé) ou encore Tohya, Shuga, Tanda, voir même les chasseurs de l’empereur ont un caractère bien défini et prononcé. Finalement, on ne peut même pas dire ce qui est le mieux dans cet animé tellement la qualité est au rendez vous mais surtout stable pour tous les épi-

combats très bien faits ainsi qu’une pointe de fantastique qui donne un sens mystique à l’animé. L’intrigue se déroule petit à petit, sans grand bouleversement, se concluant d’une façon assez simple dont chacun appréciera à sa manière (personnellement, j’aurais aimé une autre fin, beaucoup plus tragique).

sodes. L’unique point négatif ce cet animé est qu’il manque de rebondissement sérieux. A la limite, cela devient parfois ennuyeux car certains épisodes ne servent pas à grand chose. Bien sur, ce qui compte avant tout, c’est cette ambiance poétique qui se dégage de l’animé mais un brin de retournement de situation du style : «woua je suis sur le cul» aurait été la bienvenue. Un animé à ne pas manquer qui vous emmènera dans un monde fantastique et poétique.

Parlons des personnages : ils ont tous un charisme assez prononcé, que ce soit pour Balsa (qui, par le fait qu’elle soit une héroïne atypique, en fait tout son charme), Chagum (il évolue pas mal tout au long de

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Anime/Manga - News

Front Mission Dog LIfe and Dog Style volume 5, Ki-oon Décidément cette série se distingue sur mes étagères et a sensiblement marqué mes goûts en matière de manga de stratégie militaire que je regardais de prime abord avec une pointe de condescendance. Or je reconnais que la haute tenue du scénario, tour à tour malin, précurseur, cruel, toujours pertinent, me met dans la position du lecteur impatient : chaque nouveau tome qui arrive sur mon bureau est dévoré dans les heures qui suivent et je ne m’en 66 BD Nostalgia

lasse pas. Bien sûr, l’effet de surprise est éventé à présent, mais le tandem Yasuo Otakagi et C.H. Line réussit dans leurs récits courts à prendre aux tripes, à interpeller devant l’absurdité d’une situation, soulignant la capacité d’entraide des plus démunis tout autant que leur fragilité. Sans aucun doute je poursuivrai la lecture de cette série jusqu’à sa conclusion et vous encourage à la (re)découvrir sérieusement.


Anime/Manga - News

Wolfmund volume 3 par Matsuhisa Kuji, éditions Ki-oon Autre série dont chaque que l’on a la chance de suivre au même rythme que ses sorties au Japon et qui s’impose sans conteste comme l’une des meilleures séries disponibles aujourd’hui. Il faut trois tomes au mangaka Matsuhisa Kuji pour entrer dans le vif du sujet, c’est-à-dire la première tentative sérieuse de prendre le château sinistre (le Wolfsmund du titre) qui verrouille les Alpes autrichiennes et nouveau tome suscite dont le contrôle représente chez moi un sifflement un enjeu majeur pour les admiratif, Wolfsmund, rebelles suisses en quête

de cohérence politique et armée. On a droit à de remarquables morceaux de bravoure, de séquences souvent troubles, malsaines, mais porteuses de sens. La violence, parfois insoutenable, n’est jamais gratuite. Les enjeux sont posés au travers de la brutalité des actes, de la tension croissante, de l’exposition efficace et sans fioriture des protagonistes. Wolfsmund est sans doute la meilleure surprise de cette année sur le champ du manga

pour moi, même si je reconnais volontiers que j’ai sensiblement baissé ma consommation de la BD japonaise. BD Nostalgia 67


Dossier SpĂŠcial: 68 BD Nostalgia

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Ranma ½ est un manga de Rumiko Takahashi de 38 volumes. Il raconte l’histoire pleine en rebondissements et quiproquos de Ranma Saotome et de sa fiancée Akane Tendô. Beaucoup de personnages sont en effet capables de se transformer en animaux au contact de l’eau froide ce qui provoque de nombreux gags et péripéties. Ranma ½ a été publié au Japon par Shōgakukan et en France dès février 1994 par les éditions Glénat. Il a été ensuite adapté en anime sous forme de série (2 saisons : « Ranma ½ », « Ranma ½ Nettou Hen »), films et OAV. Enfin, après presque 14 ans d’absence sur les écrans télévisés, un nouvel OAV spécial de 30 min a été présenté à l’exposition « It’s A Rumic World » à Tokyo en 2009 à l’occasion du 50ème anniversaire du magazine Weekly Shōnen Sunday. Intitulé « Nightmare! Insense of Spring Sleep! », l’OAV est une adaptation d’un chapitre du même nom du tome 34 du manga et est sorti en DVD au Japon le 29 janvier 2010.

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Début L’histoire commence chez la famille Tendô, qui réside à Nerima (arrondissement de Tokyo), Genma Saotome et son fils Ranma amis de la famille doivent venir les voir. Les pères des deux familles ont arrangé le mariage de Ranma avec l’une des trois filles Tendô depuis très longtemps, afin d’unir leurs deux écoles d’arts martiaux et poursuivre l’exploitation du dojo familial Tendô. Tout irait pour le mieux si M. Saotome ne se transformait pas en panda géant, et que Ranma Saotome n’alternait pas ses formes entre celles d’un beau lycéen très doué en arts martiaux et celles d’une ravissante jeune fille également très douée en arts martiaux. La double apparence de Ranma, ainsi que les autres transformations en humain ou en animal de plusieurs autres protagonistes constituent la source de nombreux quiproquos et coups de théâtre dans Ranma ½, au gré des expositions à l’eau froide (transformation) ou chaude (retour à la normale). Il en résulte suspens et effets comiques à un rythme effréné, d’autant que les transformations sont généralement un secret honteux


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connu d’un petit cercle d’intimes, qui peuvent en user dont le passe-temps favori est de voler des sous-vêtements féminins. Ces deux-là sont de grands maîtres en comiquement. arts martiaux et jamais à court de techniques bizarres, ruses vicieuses et autres coups bas. Histoire au fil des tomes Ranma et sa fiancée Akane, benjamine de la famille Tendô, vont affronter beaucoup de problèmes, tels que Ranma et Akane sont aussi têtus et fiers l’un que l’autre, et ils ne prennent pas de gants. La série les : les rivalités en amour des personnages. Ranma traîne trois autres fiancées importantes : Shampoo, l’Amazone chinoise qui veut l’épouser parce qu’il l’a vaincue en duel et qui se transforme en chat ; Ukyô, l’amie d’enfance que Genma avait fiancée à un Ranma âgé de cinq ans ; Kodachi, la gymnaste douée en herboristerie qui a le coup de foudre soudain pour Ranma… Ranma traîne aussi un prétendant : Tatewaki Kunô, un kendoka amoureux de Ranma fille (qu’il appelle « la fille à la natte », osage no onna). De son côté, Akane traîne deux autres fiancés : le même Tatewaki Kunô, qui ne peut jamais se décider entre l’amour d’Akane et celui de la fille à la natte, amour qu’il a créé de toute pièces, et Ryôga, un ami d’enfance de Ranma devenu son rival rancunier par la suite. montre à la fois cohabitant paisiblement et rivaux face des adultes envahissants : Cologne, l’arrière-grand- à la question des fiançailles. mère de Shampoo qui soutient cette dernière dans son entreprise ; Happôsai, le vieillard pervers et accessoire- des ennemis divers et variés. À mesure que l’histoire ment le maître du père de Ranma et du père d’Akane, passe, les origines de leurs adversaires se diversifient 72 BD Nostalgia


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considérablement et sortent du cadre des lycées de Nerima et des environs. Entre tous ces rivaux et rivales jaloux, la vie de Ranma et d’Akane s’avère périlleuse. La série change quelque peu de ton après l’arrivée de la mère de Ranma (volume 22, soit environ la moitié de l’œuvre originale et la fin de la série TV). Les bonnes vieilles histoires comiques basées sur des arts martiaux délirants s’espacent pour laisser un peu plus de place au développement des personnages. C’est aussi à partir de là que se multiplient les personnages aux pouvoirs clairement fantastiques, jusqu’à l’apothéose qu’est la fin, une massive histoire de deux tomes qui passe par des tons plus variés qu’à l’ordinaire. 74 BD Nostalgia


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