syndicom - le journal

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N° 1 23.01.2015

www.syndicom.ch Le syndicat des médias et de la communication

le journal

AZB 3001 Bern Les changements d’adresse sont à signaler à : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, case postale 6336, 3001 Berne

neutralité d’internet

« L’universalité » du web doit continuer à être garantie sans discrimination  page 4

Fermeture imprimerie à schlieren

La direction de la NZZ a contourné la procédure de consultation  page 5

licenciement abusif

Procès Oppliger / Edipresse : défendre les militant·e·s sur les lieux de travail  page 6

journée des femmes

Un numéro spécial de 4 pages en vue de la manif du 7 mars dans ce numéro  pages I-IV

Sondage syndicom aux guichets postaux

Plus de la moitié du personnel de vente sous pression La forte pression exercée sur le personnel de vente aux guichets postaux ne concerne pas seulement des cas isolés, mais plus de la moitié des employé·e·s. Voilà ce qui ressort d’un sondage effectué par syndicom. Les conséquences sont alarmantes : l’esprit d’équipe et le plaisir de travailler en souffrent, la peur de perdre son emploi et les problèmes de santé s’accroissent. Peter Krebs

édito

Charlie Hebdo : la peur ne doit pas gagner A Paris, il y a juste une semaine, le 7 janvier, une vingtaine de personnes ont trouvé la mort dans l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo et ses suites. Nos pensées vont à toutes ces personnes et à leurs familles. Nos pensées vont aussi à tous les journalistes et dessinateurs, ailleurs dans le monde, qui ont eu les mains broyées ou reçoivent des coups de fouet pour les punir d’avoir écrit ou dessiné. En 2014, selon le baromètre de Reporters sans frontières, 66 journalistes, 11 collaborateurs de médias et 19 netcitoyens et blogueurs ont été tués. Une centaine de personnes tuées en exerçant leur métier.

Ce qui est en jeu c’est la liberté d’expression. C’est également la liberté d’information. Ce n’est pas un simple luxe pour les journalistes, mais le droit et la possibilité du public de s’informer et de se former une opinion diversifiée. C’est la possibilité et la nécessité d’une société de se connaître. Il y a un besoin de médias indépendants pouvant accéder et diffuser librement l’information. C’est un combat citoyen. Pas sûr que l’exigence d’une rentabilité à 15 % par certains patrons de médias aide beaucoup à préserver cette diversité de la presse. Certains titres de presse vont mal. C’est le

moment de soutenir nos quotidiens alternatifs et satiriques. Il est temps maintenant aussi de se poser un certain nombre de questions. Alors que tout le monde dit aujourd’hui « Je suis Charlie », qu’ont fait les politiques depuis trente ans dans les banlieues françaises ? Quel bilan faiton de la guerre contre le terrorisme ? Alors que la seule réponse semble être une logique sécuritaire, que dit-on des logiques d’exclusion d’un capitalisme qui laisse de plus en plus de monde sur la touche ? Quelle hypocrisie de tous ces chefs d’Etat invités à Paris alors qu’ils bâillonnent la presse dans leur pays !

Il faut bien sûr continuer le combat pour la liberté de l’information, pour la liberté d’expression, pour que les journalistes puissent faire leur métier dans les meilleures conditions possibles Et que le massacre contre Charlie Hebdo ne puisse pas servir à faire gagner la peur, la haine et le tout-sécuritaire.

Yves Sancey, rédacteur romand Lu à Lausanne au Rassemblement du souvenir, mercredi 14 janvier, à l’appel des journalistes vaudois. Voir p. 12


2 | Dossier pression à la vente

syndicom | N° 1 | 23 janvier 2015

Sondage syndicom aux guichets postaux

Plus de la moitié du personnel de vente sous pression suite de la page 1 dois plus que vendre et atteindre des points, tout le reste est sans importance ». Cette réponse est représentative de dizaines d’autres identiques. « Un bon service clientèle, l’amabilité, la serviabilité, toutes les valeurs que j’ai apprises » sont reléguées au second plan.

Pris en sandwich entre clients et chiffre d’affaires

PHOTO YVES SANCEY

« La pression ne cesse d’augmenter. Elle contribue à détériorer l’ambiance et incite à tra­ vailler en solitaire. Les employé·e·s ne sont plus jugés qu’à l’aune de leurs résultats de vente et des chiffres » : voilà les propos d’une employée de guichet dans la région de Berne. Elle a participé au sondage de syndicom et sa réponse reflète l’avis de nombreux collègues. 58 % des 660 sondé·e·s se sentent stressés par les directives de l’employeur, qui les contraignent à atteindre des bénéfices toujours plus élevés avec des articles et prestations n’ayant rien à voir avec La Poste. Seulement 4,5 % des sondé·e·s considèrent les objectifs de vente comme réalistes (cf. encadré). Ces chiffres prouvent que le problème est bien présent. Presque plus alarmantes encore sont les nombreuses remarques notées sur les formulaires ou envoyées par lettres séparées, relève Claudio Marrari, responsable de la région Nord-Ouest à syndicom. Elles indiquent que le problème est brûlant. Dans de nombreux cas, la pression n’entrave pas seulement le plaisir à tra­vailler, mais provoque aussi des problèmes de santé, suscite la crainte de perdre son emploi et l’irritation des clients. En plus des prestations postales traditionnelles, les employé·e·s doivent vanter toujours plus de produits étrangers à La Poste : téléphones, abonnements télécom, assurances, loto, fondue, brosses WC, articles de papeterie, confiserie, etc. L’année dernière, La Poste a ainsi atteint un bénéfice d’un demi-million de francs. Res Keller, responsable de la région Berne / Haut-Valais à syndicom, savait que la pression à la vente concernait de nombreux employé·e·s postaux : « Mais des résultats si flagrants me consternent. »

Objectifs à la vente trop élevés Les objectifs de vente fixés par la direction pour les offices de poste et les employé·e·s ont été relevés à plusieurs reprises ces dernières années. Et il ressort des réponses obtenues qu’ils sont souvent trop élevés. Car il est « irréaliste » d’atteindre les objectifs de vente au guichet « simplement en s’adressant aux clients », écrit par exemple une employée de Suisse centrale. « Il est difficile de motiver les employé·e·s avec des chiffres si élevés », note la responsable d’un petit office de poste. Beaucoup considèrent en particulier les directives du domaine télécom (Telco) comme très ambitieuses. Certains responsables d’offices de poste incitent leurs employé·e·s à promouvoir les abonnements télécom auprès de leurs amis et connaissances. « C’est le comble », s’indigne un membre de syndicom. Or plusieurs réponses indiquent que c’est monnaie courante dans le cercle pri-

vé pour atteindre les chiffres requis. D’autres cherchent à améliorer leur nombre de points en achetant des appareils qu’ils revendent ensuite selon leurs possibilités. «  J’achète chaque mois un téléphone fixe », lit-on sur le formulaire d’une employée en ville de Berne. A cela s’ajoute que les produits de télécommunication changent rapidement, si bien qu’il faut constamment remettre à jour ses connaissances : « Nous devrions posséder le savoir d’un vendeur en télécommunication exclusivement actif dans ce domaine », analyse une employée de guichet du canton de Schwyz.

Dure réalité aux guichets Bien entendu, certains résistent mieux à la pression que d’autres. L’attitude des chefs d’offices de poste joue aussi un rôle. « Heureusement que j’ai un chef qui me motive et ne me met pas toujours sous pression », remarque une collègue du canton de Lucerne. D’aucuns sont toute-

Un taux de réponse élevé et un résultat clair Le sondage mené par syndicom sur la pression à la vente, à laquelle sont exposés les employé·e·s du personnel de vente, a trouvé un immense écho. Dans trois régions alémaniques (Suisse du Nord-Ouest, Berne / HautValais et Zurich / Suisse orientale), près de la moitié des membres de syndicom sollicités, mais aussi d’autres employé·e·s ont participé au sondage. Nous avons reçu en tout 660 réponses. Les résultats sont parlants et alarmants. Parmi les trois réponses possibles, plus de la moitié des sondé·e·s (387 personnes, soit 58 %) a coché partout le « pire » : « Les objectifs de vente sont très élevés, je suis soumis à une

forte pression. » Pour 235 sondé·e·s (soit 35 %) : « Les objectifs de vente sont très élevés, mais je ne me laisse pas mettre sous pression. » Seule une minorité de 29 personnes (soit 4,5 %), est d’avis que « les objectifs de vente sont réalistes, je parviens à les atteindre ». Le sondage réfute ainsi clairement la position défendue jusqu’ici par La Poste, selon laquelle la pression à la vente n’est trop forte que dans des cas isolés. Ce problème très répandu préoccupe de nombreux employé·e·s et nuit fortement au climat de travail (cf. article principal). Le sondage a été réalisé durant le second semestre de 2014 et a été évalué depuis.

fois exposés de manière impitoyable à la pression de leurs chefs. « J’ai été menacée de licenciement faute d’avoir augmenté mes chiffres de vente », écrit une employée d’une grande commune bernoise. D’autres rapportent que leurs supérieurs hiérarchiques les ont traités d’incapables. Une phrase semble récurrente : « Si tu ne peux pas t‘identifier à la vente, il faut que tu te cherches un autre poste. » La pression transparaît dans les rapports, les entretiens de suivi extraordinaires, les séances de team et les entretiens Focus. Ces entretiens du personnel servent aussi à fixer chaque année les objectifs de vente individuels pour l’année suivante. La plupart des employé·e·s ne s’opposent en principe pas à la vente de marchandises sans lien avec La Poste. Nombre d’entre eux en comprennent même la nécessité. Mais presque tous se plaignent que tout ne tourne plus qu’autour des résultats de vente au détriment d’autres compétences : « Aujourd’hui, je ne

Les clients au guichet s’énervent souvent lorsqu’ils sont interpellés pour acheter des produits étrangers aux prestations postales. De nombreuses réponses décrivent cette expérience désagréable. Les employé·e·s de guichet sont pris en sandwich entre les objectifs de vente et les besoins de la clientèle : « On nous traite souvent de tous les noms lorsque nous sollicitons les clients au guichet ». A l’inverse, faute de le faire, nous n’atteignons pas notre objectif. C’est ainsi qu’une collaboratrice de la périphérie bernoise résume le dilemme auquel elle est confrontée. La pression constante à vendre, le manque d’esprit d’équipe, les luttes individualistes et l’absence­de reconnaissance restent littéralement sur l’esto­ mac de nombreux collègues. « La situation nous rend malades, nous épuise et nous déprime », lit-on dans une réponse. Et elle ne représente pas un cas isolé. Dans de nombreuses remarques, il est question de problèmes de santé, de stress, d’insomnie ou d’épuisement professionnel imminent. Le plaisir de travailler s’en ressent, ainsi que l’attachement des employé·e·s postaux à leur entreprise. « Nous ne travaillons plus aussi volontiers qu’il y a quelques années », écrit un collègue lucernois. Certains veulent prendre une retraite anticipée. D’autres se perfectionnent, comme cette collègue bernoise : « Mon objectif est de quitter enfin le guichet. »

Les réponses au sondage en % Les objectifs de vente sont réalistes, je parviens à les atteindre

2% 4,5%

35,5%

58%

Les objectifs de vente sont très élevés, mais je ne me laisse pas mettre sous pression. Les objectifs de vente sont très élevés, je suis soumis à une forte pression. Autres réponses


Dossier pression à la vente | 3

syndicom | N° 1 | 23 janvier 2015 Sondage syndicom aux guichets postaux

Des objectifs d’équipe plutôt que la compétition rale, plusieurs employés sont impliqués dans la plupart des affaires à traiter. En plus de bons vendeurs, une équipe a aussi besoin de collègues aimables et expéditifs qui s’occupent de l’activité principale et déchargent La pression à la vente préocainsi le personnel de vente. Ces cupe la plupart des employé·e·s de guichets. Après tout, chacun Les problèmes ont donc été abor- collègues sont tout aussi imporsouhaite avoir du succès et obtedés à la CoSpe et vous avez aussi tants dans l’équipe. Grâce à des nir de la reconnaissance. Mais recherché des solutions. Quelles objectifs par équipes, chacun une trop grande pression nuit à sont les possibilités ? La Poste en pourrait être occupé davantage en fonction de ses points forts. l’estime de soi et à la motivation a-t-elle concrétisé ? De cette réflexion est née l’idée et crée son lot de perdant·e·s. Il Définir des objectifs par équipes de confier à une partie des collaest donc essentiel que les colla– éventuellement avec un sysborateurs l’essentiel des affaires borateurs et les collaboratrices tème d’incitation – permettrait dites « transactionnelles », puissent gagner confiance dans de réduire la pression sur c’est-à-dire l’offre traditionleurs compétences et leurs nelle de La Poste. En dehors connaissances sur les le s, e ic ff o s n e y o de ce service de base, ces produits. Ils doivent et m Dans les petits n o n s n o ti derniers pourraient adresêtre bien formés pour a st ffaires des pre ser des client·e·s potenpouvoir aussi atteindre chiffre d ’a e l’activité d i lu ce e ss a p tiels à leurs collègues de é leurs objectifs. postales d s n o v u o p e n s u la vente qui se chargeEn tant que membre du No itionnelle. […] raient ensuite de fourcomité de domaine PV, trad à ir nt pas reven nir des conseils approj’ai discuté en détail avec tout simpleme .  » e st o P le il ie v fondis à la clientèle. Un les responsables de La otre « bonne n projet pilote sera mené Poste de ce sujet, non seudans le domaine PV pour vérifier lement à la CoSpe mais si c’est réalisable dans les difféles collaborateurs et collaboraaussi dans le cadre d’aterents types d’offices de poste et trices. Cette solution encouraliers de réflexion. Nous partade quelle manière. Pour nous, il gerait aussi les équipes à réageons l’idée que la conduite du est important que les offices de liser de bonnes performances. personnel doit s’appuyer sur des petite taille offrent également Fixer des objectifs d’équipe perobjectifs, mais qu’il est inutile l’ensemble des prestations, afin mettrait en outre de mettre un d’exiger que tous les collabod’éviter qu’ils ne soient déclasterme à la pénible bataille à rateurs maîtrisent l’ensemble sés comme offices de poste sans laquelle se livrent les différents du programme de vente. Les offre de conseil. Car démanteoffices de poste pour obtenir des outils de vente et les produits ler l’offre signerait le début de points de vente. En règle généchangent constamment, ce qui la fin. rend la vente difficile, en particulier pour les employé·e·s au bénéfice d’un petit taux d’occu­pa­tion. Ils doivent consacrer une partie importante de leur temps de travail à se tenir plus ou moins à jour sur les dernières nouveautés.

CoSpe PV

Dialogue constructif et temps forts Des thèmes variés ont été abordés au sein de la CoSpe PV le 20 novembre dernier. L’un des temps forts a été l’information sur « L’ABO », une offre d’Orange en matière de télécommunications distribuée exclusivement par le canal de la Poste. Les nouveautés dans le cadre des négociations des objectifs 2015 ont aussi suscité un vif intérêt. Le rapport détaillé sur CoSpe PV est consultable sur notre site (www.syndicom.ch), rubrique : news / activités. Extraits.

Objectifs 2015 Les négociations des objectifs 2015 dans l’exploitation ont commencé. Andreas Pätzold, responsable Vente PV, a souligné que les objectifs 2015 sont comparables à ceux de l’année en cours. Le renforcement consiste pour l’essentiel à atteindre les mêmes objectifs avec un réseau de vente réduit. En termes de développement de la vente, les responsables des offices de poste

peuvent définir eux-mêmes leurs points forts dans le cadre des catégories d’objectifs définies pour l’année prochaine, et y faire participer leurs collaborateurs. Bref, on apprécie les fourchettes avec une marge de manœuvre individuelle, plutôt qu’une pondération fixe comme auparavant. Les objectifs 2015 ont été jugés réalistes par les personnes présentes à la CoSpe PV. […]

Case postale 2.0 Les clients de la Poste sont de moins en moins nombreux à utiliser une case postale. Parallèlement, le nombre d’envois dans les cases postales diminue. Le projet Case postale 2.0 vise à optimiser l’offre de case postale selon les groupes cibles et à unifier le processus de distribution. […] En 2015, les réunions de la CoSpe PV se dérouleront les 27 mai et 20 novembre.

Il n’en reste pas moins que les offices de poste continuent à étendre leur assortiment de produits et de prestations non liés à La Poste. Que se passerait-il si l’on renonçait à ces ventes supplémentaires ? Pour le réseau PV, ce domaine commercial est vital. Dans les petits et moyens offices de poste, le chiffre d’affaires engendré par ces prestations non postales dépasse déjà celui de l’activité traditionnelle. Leur suppression entraînerait une disparition massive des offices de poste et mettrait en péril plusieurs milliers de places de travail. Nous ne pouvons tout simplement pas nous

Carlo Mächler est membre du comité de branche PV (président désigné à partir de juillet 2015), du comité d’entreprise Poste et du soundingboard CCT Poste. Il est également président de la section Linth Post et anime différents cours de syndicom destinés aux employé·e·s des offices de poste.

permettre de revenir à notre « bonne vieille Poste ». Se lancer dans de nouveaux secteurs commerciaux est l’unique stratégie à adopter. Cela vaut mieux que de perdre son emploi. Mais il est important de bien préparer les collaborateurs et collaboratrices aux nouveaux produits et d’éviter une pression excessive. La conduite du personnel doit s’appuyer sur la motivation, c’est la recette du succès et du plaisir au travail. La pression et les représailles, en revanche, n’apportent qu’échec, frustration et épuisement !

Quels conseils donnes-tu aux collègues qui ont de la peine à atteindre les objectifs de vente prescrits  ? Quelle attitude convient-il d’adopter lors de l’évaluation des collaborateurs, lors des fameux « entretiens-Focus » ? Il est important de toujours rechercher à temps le dialogue avec son supérieur hiérarchique direct. Celui-ci est tenu de proposer au besoin un soutien. Si on m’attribue des objectifs que je juge irréalisables, je ne peux bien sûr guère les négocier à la baisse. Mais lors de l’entretien Focus, je peux formuler des

réserves justifiées. La règle de base de Focus est la suivante : les objectifs de travail impliquent des compétences qui doivent me permettre d’atteindre les objectifs. Si je n’ai pas encore pu développer ces compétences, des mesures de soutien doivent m’être proposées. Et c’est exactement ce que je peux demander à mon chef lors du Focus. Je peux aussi le lui demander dans un entretien intermédiaire. Dans les infos de la CoSpe News du 8.12.2014 (cf. ci-dessous), on relevait une amélioration des résultats par rapport à l’année précédente et on rappelait à cette occasion que l’engagement personnel doit aussi être pris en compte, et pas seulement les pourcentages de vente individuels. Je peux donc obtenir l’appréciation « bien atteint » même si je n’ai pas réalisé pleinement les objectifs, compte tenu des progrès et des efforts que j’ai accomplis. Si mon chef n’en tient pas compte, je peux demander dans les quinze jours un entretien pour tirer au clair les divergences et exiger qu’un·e représentant·e syndical·e y assiste.

Interview Bruno Schmucki.

Effectifs en personnel collaborateurs·trices de vente (PV) 2009 2014 Différence Total collaborateurs 7307 6771 - 536 Dont à l’échelon de fonction 5* - Femmes 1781 1217 - 564 221 180 - 41 - Hommes Dont à l’échelon de fonction 4* - Femmes 4806 4826 + 20 499 548 + 49 - Hommes

SOURCE: L A POS TE SUISSE SA

De nombreux employé·e·s de guichet déclarent que les objectifs de vente prescrits leur pèsent énormément. Que sais-tu de ces préoccupations ? En avez-vous déjà discuté à la CoSpe ?

PHOTO MARGARETA SOMMER

Carlo Mächler, responsable d’office de poste et membre de la commission nationale spécialisée Réseau postal et vente (CoSpe PV), nous livre son point de vue sur la question de la pression à la vente et nous explique comment La Poste aborde ce problème.

* Profils différenciés de fonction et de salaire (sans les fonctions de direction)

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syndicom | N° 1 | 23 janvier 2015

NEUTRALITé D’INTERNET

Les réseaux sont libres… La publication du rapport sur les télécommunications par le Conseil fédéral, en octobre 2014, a relancé la discussion sur la neutralité des réseaux. Malgré ses répercussions considérables, ce sujet a malheureusement trouvé peu d’écho auprès du grand public. L’Internet est constitué d’un ensemble de réseaux destinés au transport des données. Il permet l’échange entre utilisateurs de paquets de données à travers le monde. Aujourd’hui, les paquets de données d’un volume important, comme les fichiers vidéo, représentent un défi de taille pour les fournisseurs de réseaux.

De quoi s’agit-il ? Lorsqu’un trop grand nombre d’utilisateurs téléchargent en même temps de gros volumes de données, cela peut surcharger les services de transfert et en ralentir le flux. Les fournisseurs d’accès disposent de deux possibilités pour y remédier. L’une d’entre elles consiste à développer le réseau de câbles et à introduire de nouvelles technologies (fibre optique, FTTx) pour accroître la capacité de transfert des données. Swisscom et d’autres fournisseurs poussent à cette solution. Il faut toutefois noter que le développement du réseau et de la capacité de transfert impliquent d’importants coûts d’investissement. Ces efforts permettent de garantir une vitesse de transfert égale des paquets de données, indépendamment de leur volume. La seconde possibilité consiste à laisser le choix au fournisseur d’accès de traiter certains paquets de données de manière prioritaire. Par exemple, des e-mails pourraient être délivrés avec une vitesse de transfert maximale, alors qu’une taxe supplémentaire serait exigée pour le transfert à la

même vitesse de paquets de données importants ou de produits concurrentiels. Les fournisseurs pourraient aussi simplement bloquer ces transferts de données.

Liberté et sécurité d’investissement Les grands fournisseurs d’accès Internet (Internet Service Provider, ISP) souhaitent bien sûr préserver leur souveraineté sur leurs réseaux. Ils s’opposent donc – jusqu’ici avec succès – à une régulation technologiquement neutre des réseaux. D’un point de vue syndical, cela pose deux problèmes fondamentaux. D’une part, l’«  universalité  » du Web doit continuer à être garantie à l’avenir. Autrement dit, la nouvelle loi sur les télécommunications doit intégrer certains principes. Chaque appareil connecté à l’Internet­doit pouvoir communiquer librement avec tout autre

appareil (End-to-End). D’autre part, chaque fournisseur d’accès doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour contribuer au flux le plus efficace possible des données (Best-effort). Enfin, chacun doit pouvoir contribuer au développement du Web, proposer ses propres services et contenus, sans avoir à en demander l’autorisation à quiconque (Innnovation-without-permission). Ces principes de base doivent être clairement ancrés. D’un autre côté, il est indéniable que les investissements dans de nouveaux réseaux électroniques génèrent des coûts élevés. Les investissements nécessaires au développement de nouveaux réseaux (services à large bande) se chiffreront sans doute, selon les estimations, à plusieurs milliards de francs ces prochaines années. A lui seul, Swisscom investit chaque année plus d’un milliard

dans le développement du réseau à fibre optique. Ces investissements sont d’une importance déterminante pour l’avenir de l’économie suisse. Il faut donc préserver, d’un côté, la sécurité des investissements et les systèmes d’incitation pour les entreprises et, de l’autre, un Internet libre et ouvert. Aux Etats-Unis, le débat sur la neutralité des réseaux bat son plein depuis 2003 déjà. Mais toutes les tentatives pour ancrer la neutralité des réseaux dans la loi ont échoué à ce jour. Dans l’UE, des dispositions ont été édictées depuis 2009 et le processus visant à inscrire la neutralité des réseaux dans la loi progresse. Dans le cadre de la révision partielle de la loi sur les télécommunications (LTC), le conseiller national Balthasar Glättli exigeait également l’ancrage de la neutralité des réseaux dans une motion. Le Conseil fédéral a toutefois recommandé le rejet de cette motion.

formation et d’expression. Ce code de conduite est certes une bonne chose, mais il n’équivaut pas à une réglementation légale sur la neutralité des réseaux.

Agenda politique Les discussions sur la neutralité des réseaux concernent principalement le secteur Télécom / IT et le secteur des médias de syndicom. La politique liée aux réseaux doit être inscrite au calendrier de syndicom. La liberté d’information, d’opinion et de presse ainsi que les droits d’auteur font aussi partie de la discussion. Le sujet de la conservation des données et du blocage d’accès Internet doit être soulevé. Il faut également garantir des contenus et des services d’information de qualité. Il est de notre devoir de nous préparer à ces changements, afin de saisir les chances et limiter les risques pour nos membres. La neutralité des réseaux doit renforcer les principes de base de la liberté et de la démocratie.

Limites d’un code de conduite

L’« universalité » du Web doit continuer à être garantie à l’avenir. Un critère pour cela est la « neutralité du Net » qui exclut toute discrimination par les fournisseurs de services d’Internet à l’égard de la source, de la destination ou du contenu de l’information transmis sur le réseau. (photo Swisscom)

Les entreprises TIC Swisscom, Sunrise, upc cablecom, Orange et l’association Swisscable se sont engagées depuis lors à respecter un « code de conduite ». Elles garantissent ainsi aux utilisateurs de pouvoir accéder librement aux contenus, services, applications, matériel et logiciels de leur choix. Elles s’engagent aussi à ne bloquer l’accès à aucun service ou application, et à ne pas entraver la liberté d’in-

Giorgio Pardini, responsable secteur Télécom / IT

Références : – Rapport 2014 sur l’évolution du marché suisse des télécommunications ainsi que sur les enjeux législatifs y afférents, rapport du Conseil fédéral du 19.11.2014 – Confédération suisse, DETEC, Rapport du groupe de travail sur la neutralité des réseaux, 23.10.2014

Télécommunications

Changements de propriétaire chez Orange et Sunrise Orange Suisse repasse en mains françaises. Le 18 décembre, la société britannique Apax (capital-investissement) annonçait en effet qu’elle allait vendre l’opérateur de télécommunications Orange Suisse à NJJ Capital, la holding personnelle de l’homme d’affaires Xavier Niel, patron de l’opérateur français Free. Par le biais de cette transaction, qui se monte à 2,8 milliards de francs, Apax réalise une plus-value de 800 millions. La personne du milliardaire Xavier Niel est attachée à l’opérateur Free (groupe Iliad), un acteur entré avec fracas sur le marché français du mobile en janvier 2012. A la tête d’une fortune de 10,2 milliards de francs, Xavier Niel détient, à travers Free, 14 % du marché mobile français et, en cassant les prix, il a contraint

France Télécom, SFR et Bouygues Telecom à se restructurer. Mais le marché suisse a ses spécificités. La transaction devrait être effective à la fin du 1er trimestre 2015. L’opération est soumise à l’approbation des autorités. « Cette vente devrait permettre aux fonds conseillés par Apax de générer un rendement important », a indiqué la société britannique.

Conséquences pour le personnel ? Aucun commentaire n’est fourni sur les conséquences de ce rachat pour le personnel et le futur de la société. « Ma plus haute priorité sera de gérer Orange Suisse en accord avec l’environnement et les spécificités du marché suisse », a déclaré Xavier Niel, cité dans le communiqué. « En tant que nouveau propriétaire, NJJ apportera

de la continuité aux clients ainsi qu’à ses employés et sa direction. » A la question de synergies possibles, Johan Andsjö, directeur d’Orange Suisse, répond que « les parties n’ont pas encore évoqué le sujet ». Le rachat donne des sueurs froides à la concurrence, qui craint une baisse des tarifs. Suite à l’annonce de la transaction, l’action de Swisscom a fortement chuté à la Bourse suisse. Orange compte plus de 200 magasins à travers le pays. En 2014, elle a ouvert huit nouveaux points de vente. Son système informatique a également été modernisé. A fin septembre, le numéro trois helvétique du secteur des télécommunications, derrière Swisscom et Sunrise, qui possède son siège social dans l’agglomération lausannoise,

employait 871 collaborateurs à plein temps, soit 68 de moins qu’une année auparavant.

Entrée en bourse ou fusion entre Sunrise et Orange ? Moins d’un mois après la vente d’Orange à Xavier Niel, c’est au tour de Sunrise de changer de main. Le 14 janvier, le deuxième opérateur du pays (entre 24 et 28 % de parts de marché), a annoncé que CVC, son propriétaire, comptait l’introduire à la Bourse suisse pour la fin du premier semestre 2015 pour trouver près de 1,35 milliard de francs auprès des investisseurs. Pour justifier l’ouverture de son capital, Sunrise a évoqué un double objectif  : « saisir les opportunités de croissance qui pourraient s’offrir­ à l’avenir et renforcer considérablement son bilan ».

Mais le fonds d’investissement britannique, qui avait acquis l’opérateur en 2010, pourrait avoir un autre dessein pour Sunrise : sa vente, voire sa fusion avec Orange. C’est du moins l’hypo­thèse que formule le journaliste Anouch Seydtaghia (Le Temps, 15.1.2015). C’est, selon lui, « une partie de poker menteur qui a ainsi démarré ». « Le scénario d’une vente totale de Sunrise demeure tout à fait possible », estime pour sa part Daniel Pellet, analyste chez Bordier cité par Le Temps. syndicom suit de près ces chambardements sur le marché des télécoms et défendra les intérêts de ses membres face aux possibles conséquences pour l’emploi­de tous ces bouleversements.


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syndicom | N° 1 | 23 janvier 2015 NZZ Print

Procédure de consultation contournée à la NZZ Le 9 janvier se terminait la procédure de consultation sur la décision de fermeture de l’imprimerie NZZ à Schlieren. Le personnel attend maintenant la réponse du conseil d’administration. La pétition dotée de 1000 signatures et les documents présentés suffiront-ils à annuler cette décision absurde ? Nina Scheu Plus d’un millier de personnes, dont des employé·e·s de l’imprimerie, mais aussi de nombreux membres de la rédaction NZZ et plusieurs parlementaires, ont signé une pétition exigeant le maintien de l’imprimerie NZZ à Schlieren. Le 19 décembre, une centaine d’entre eux se tenait devant le bâtiment principal à la Falkenstrasse à Zurich pour dire personnellement au CEO Veith Dengler ce qu’ils pensent de sa décision de fermer cette imprimerie rentable et de longue tradition. Impassible, Dengler a écouté les discours de la commission d’entreprise et du personnel. Et il a répété dans le micro des journalistes ce qu’il avait déjà expliqué maintes fois : l’impression du journal coûte de l’argent qu’il souhaite manifestement investir ailleurs

Emois autour du rédacteur en chef Pendant les fêtes, alors que le président du conseil d’administration Etienne Jornod retournait en Thaïlande après avoir interrompu son séjour un jour auparavant – pour se faire expliquer par les chefs de rubrique de son journal pourquoi l’idée d’introniser Markus Somm en tant que rédacteur en chef de la NZZ avait provoqué une vague d’indignation dans le grand public – les représentant·e·s du personnel, eux, se sont mis à étudier les

documents de la procédure de consultation. Ces derniers leur avaient été remis pour qu’ils élaborent des propositions à l’intention de la direction, afin d’éviter le licenciement en masse prévu à Schlieren. Au terme de la procédure de consultation, le 9 janvier, ils ont présenté à la direction un document volumineux qui prouve que la fermeture de l’imprimerie NZZ à Schlieren n’est pas seulement inutile du point de vue économique, mais aussi infondée.

Succès commercial Le groupe NZZ gagne aujourd’hui 6 fr. sur 7 avec des produits imprimés. Les produits numériques sont encore bien loin de générer ne serait-ce qu’une fraction du revenu tiré des produits imprimés. A Schlieren, le carnet de commandes du centre d’impression est bien rempli. Depuis 2011, les chiffres suivent une courbe ascendante. Et si l’imprimerie n’est pas exploitée à fond, c’est aussi parce que la direction NZZ ne promeut plus que des canaux numériques depuis des années.

Procédure de consultation contournée Le but d’une procédure de consultation consiste à présenter aux représentations du personnel des alternatives au licenciement collectif prévu. Toutefois, une pro-

cédure de consultation ne respecte les dispositions légales que si le résultat est ouvert. Donc seulement s’il ne crée pas de circonstances contraignantes rendant impossible toute autre décision. Pourtant de telles circonstances ont été créées à plusieurs reprises : via des informations préalables à la clientèle et même par la prise de rendez-vous qui anticipaient la décision du conseil d’administration. Déjà le 25 novembre, lors de la communication de la décision provisoire de fermeture, tous les clients ont été informés que leurs journaux ne pourraient plus être imprimés à Schlieren dès juin 2015. Pas étonnant dès lors que la concurrence ait cherché dès le lendemain à démarcher ces journaux – avec un certain succès.

Un cadeau pour la concurrence ? ! Lors d’une externalisation semblable à celle de la relocalisation prévue de l’impression du journal dans l’imprimerie Bubenberg de Tamedia, des managers bien formés devraient toujours dresser la liste de tous les avantages et inconvénients. Or dans le cas présent, seul l’aspect financier est pris en compte. En revanche, les inconvénients et risques ne sont ni mentionnés, ni chiffrés en coûts. Et pourtant ils sont nombreux. A commencer par la perte totale de contrôle en matière

La pétition dotée de 1000 signatures remise le 19 décembre à la direction de la NZZ suffira-t-elle à faire annuler cette décision absurde ? (photo Nina Scheu)

de délais de bouclage, de processus de production, de contenu et de coûts, sans compter la perte de toute flexibilité stratégique à l’avenir. Du point de vue des actionnaires, la décision de délocalisation est aussi une mauvaise affaire. En cas de fermeture de l’imprimerie à Schlieren, il faut compter avec un amortissement important. Tamedia profiterait en outre des rotatives neuves de la NZZ, qui changeraient de mains à un prix dérisoire, alors que certaines d’entre elles n’ont été acquises qu’au deuxième semestre 2014. Jusqu’à présent, les commissions d’entreprise et du personnel ont exigé le retrait de la décision de fermeture. Elles envisagent désormais de demander de reporter au moins la décision pour que les actionnaires contribuent au financement

ou pour réévaluer la situation contractuelle avec d’autres entreprises. A l’heure actuelle, elles attendent la réponse de la direction, tout comme 184 employé·e·s de l’impri­me­rie NZZ – dont 125 risquent d’avoir pour seule perspective le chômage. En tous les cas, syndicom continuera de soutenir les employé·e·s concernées. En négociant un plan social, et aussi s’ils décident d’exprimer leur volonté de résistance. Mais, de préférence, en débouchant des bouteilles de champagne si la direction daigne encore revenir sur sa décision.

Plus d’infos sur la protestation contre la fermeture de l’imprimerie et sur les documents de la procédure de consultation : www.syndicom.ch/news

Italiques

As-SOMM-ez la NZZ ! C’était en janvier 2030. Les deux derniers éditeurs du pays se regardaient en chiens de faïence. «  Tu ne penses qu’au rendement », lançait l’un d’eux. Et l’autre de rétorquer : « Avec tes attaques idéologiques, tu as encore fait fuir le dernier lecteur. » Cet échange intervenait entre les représentants de Blocher-Swiss-Media (BSM) et de Commerz-Media AG (CM). Après la dernière bataille visant à concentrer les médias il y a quinze ans, BSM et CM se retrouvaient seuls sur le marché. Avec son cri de guerre «As-Sommez la NZZ», BSM avait cherché à s’approprier fin 2014 le vénérable fleuron du libéralisme suisse. Et il n’en était pas resté à cette seule tentative : des politiciens du PRD seraient venus à sa rescousse pour s’attaquer à la NZZ. Tout cela pour obtenir quelques voix

au Conseil national. L’autre fleuron de la presse suisse, Le Temps, fut jeté aux oubliettes dans la sombre « newsroom » d’une obscure « Springier-Joint-Venture » par l’un des groupes précurseurs de CM, avant que la voix de la Suisse romande ne finisse par se taire. Auparavant, il y avait encore pléthore d’éditeurs locaux, régionaux et alternatifs. C’était au temps où le Conseil fédéral instituait et destituait de coûteuses commissions, dont les rapports arrivaient toujours à la même conclusion : la politique doit promouvoir la qualité, ce à quoi la majorité des éditeurs fit toutefois échec avec succès. Peu à peu on s’est rendu compte que l’avenir appartiendrait à Blocher-Swiss-Media, qui œuvrait pour la résurgence des porteparole du parti, et à Commerz-

Media, qui réduisait son mandat d’information à la publication de bribes d’information interchangeables. Alors le calme revint dans le pays. Après le naufrage de la NZZ et du Temps, mis à part les discussions candides de soi-disant experts invités sans retenue à débattre sur le service public, un silence de mort s’installa. Comme par un effet de domino, tous les autres journaux indépendants tombèrent entre les mains des deux éditeurs. Ceux-ci continuèrent à se livrer bataille pour s’affirmer sur le marché et déjouer la concurrence en jetant des millions de francs par les fenêtres. BSM attisa la haine contre tout ce qui pensait et agissait à l’encontre du Parti. CM ferma des imprimeries, remplaça des journalistes par des robots et passa au Content Management

System (gestion de contenu, en français). Déjà quelques années plus tard, le dernier assainissement de marché entre CM et BSM révéla une situation sans issue. Les lecteurs se plaignaient que ce qu’ils lisaient dans les journaux était du pareil au même. Ils commencèrent alors à lire des livres – écrits par des journalistes licenciés et des auteurs passés sous silence. En janvier 2030, les derniers éditeurs étaient assis face à face, prêts à se sauter à la gorge. Un coup de tonnerre éclata alors, ce qui était inhabituel en janvier. Aucune mesure n’avait été prise contre les tempêtes toujours plus fréquentes, car pas plus les journaux CM que BSM n’avaient informé sur les causes du mal, le changement climatique. Les uns, parce que ce n’était rien d’autre

que des théories de la gauche pour le Parti ; les autres, parce que les lecteurs en auraient laissé tomber leur croissant dans le café en lisant de tels articles. Soudain, avec un sifflement terrible, la foudre est tombée sur le bâtiment. Il a été calciné. Des deux éditeurs du pays, il ne reste plus que le cœur de pierre de l’un et le poing de fer de l’autre dans les décombres et les cendres.

Helen Brügger Dessin Tomz


6 | Branches

syndicom | N° 1 | 23 janvier 2015

LICENCIEMENT ABUSIF

Défendre les militants sur les lieux de travail ! Militant syndical chez Edipresse Suisse (devenu Tamedia) et membre du conseil de fondation de la caisse de pension, Hans Oppliger se bat pour faire constater devant la justice la nullité de son licenciement survenu lors de la restructuration de l’imprimerie de Bussigny fin 2009. Le Tribunal de Montbenon, à Lausanne, vient d’entendre les témoins. Sylviane Herranz * « Je suis prêt à retrouver ma place de travail et mon mandat à la caisse de prévoyance de l’entreprise. Et tout de suite ! » Jeudi dernier, à la sortie du tribunal de Montbenon à Lausanne, le syndicaliste Hans Oppliger affichait à nouveau sa détermination à remporter le procès l’oppo­sant à l’entreprise Edipresse, rachetée par Tamedia. Ce jour-là s’était tenu la deuxième séance d’auditions de témoins, interrogés sur les événements survenus en automne 2009 et les mois qui ont suivi, lors de la restructuration d’Edipresse et de la centaine de licenciements prononcés non seulement au Centre d’impression de Bussigny où travaillait l’imprimeur Hans Oppliger, mais également dans les rédactions et le prépresse à Lausanne. Une première audience avait déjà eu lieu la semaine précédente. En tout, onze témoins se sont présentés devant la juge de la Chambre patrimoniale du canton de Vaud. Des auditions attendues depuis plus d’un an et demi, la première séance au tribunal s’étant déroulée en mai 2013 !

son mandat à la caisse de pension. Lors de la restructuration de 2009-2010, Hans Oppliger se retrouve dans la charrette des licenciements, avec d’autres représentants du personnel. Protégé par un article du Contrat collectif de travail (CCT) prévoyant une procédure spécifique en cas de licenciement d’un représentant élu des travailleurs, Hans Oppliger l’a contesté et a saisi la justice. Défendu par les avocats Me Christian Bruchez et Me Romolo Molo, il demande la nullité de son congé, la procédure de l’article 306 du CCT n’ayant pas été respectée. « Cette procédure ne vise pas à obtenir un délai de congé d’un ou deux mois supplémentaires, mais bien à trouver une alternative au licenciement de ces délégués du personnel et à protéger leur mandat », relève Bernard Remion, ancien responsable de la branche à syndicom, entendu lui aussi comme témoin. Si la nullité du licenciement est accordée, l’imprimeur pourrait retourner à sa place de travail.

Cerottini et une conseillère juridique de Tamedia. L’ancien directeur du centre d’impression d’Edipresse, appelé à la barre, a défendu cette absence de lien. Par contre il n’a pas pu donner de précisions sur l’entretien qu’il a eu avec Hans Oppliger en avril 2010, lors duquel il lui a notifié son congé. Comme l’ancienne responsable des ressources humaines, il ne s’en souvient plus.

Imprimeur engagé L’avocat de l’employeur souhaitait aussi nier le rôle actif de Hans Oppliger dans l’entreprise et son appartenance au syndicat. Une tâche rendue compliquée après le témoignage de plusieurs collègues du militant. Parmi eux, un impri-

Une protection nécessaire

Rendre la mariée plus belle… Nullité demandée L’audition des témoins a permis de préciser certains faits et de dresser le portrait d’un syndicaliste entièrement dévoué à la défense des conditions de travail et des retraites de ses collègues. Imprimeur­, Hans Oppliger était engagé au sein du syndicat comedia, devenu syndicom, depuis des lustres. Il a été membre de la commission du personnel et du conseil de fondation de la caisse de retraite à l’imprimerie Edipresse à Vernier, avant le transfert de ses activités à Bussigny en 2006. Là, Hans Oppliger ne gardera que

Pour Hans Oppliger, il ne fait aucun doute que son licenciement visait à faire taire une voix se battant au sein du conseil de fondation de la caisse de pension contre une baisse du taux de conversion favorable à l’employeur, baisse entrée en vigueur par la suite. Convaincu que la restructuration aurait pu être évitée, il estime aussi que le licenciement collectif avait pour but « de rendre la mariée plus belle » en perspective de l’achat d’Edipresse au prix fort par Tamedia. Un lien contesté par l’employeur. Ce dernier était représenté par l’avocat Me Eric

Le long procès de l’imprimeur Hans Oppliger contre Edipresse pour licenciement abusif se poursuit. En présence d’un large comité de soutien comme ici le 8 janvier dernier. (photo Yves Sancey)

Concentration de la presse

A l’issue de ces deux journées d’auditions, le tribunal sera à nouveau convoqué, si possible encore en 2015, pour entendre les plaidoiries des avocats. Et même si le temps s’écoule depuis son licenciement, Hans Oppliger ne désespère pas que justice soit rendue. Car pour lui, l’enjeu du procès est important, c’est le droit d’être un militant syndical actif sur son lieu de travail : « Il faut régler la question de la protection des personnes de confiance dans les entreprises, sinon les syndicats n’ont pas d’avenir. Il n’est pas nécessaire de le faire avec une initiative populaire, mais en dénonçant systématiquement les employeurs licenciant des syndicalistes. »

*Article paru dans L’Evénement syndical du 21 janvier 2015

Redevance radio / TV

Référendum déposé

Alliance Ringier et Axel Springer Mi-décembre, Ringier et Axel Springer annonçaient leur intention de réunir des grands titres de presse. L’alliance des éditeurs zurichois et berlinois aura des effets en Suisse romande. Des suppressions d’emplois­sont attendues. L’un, Ringier, est numéro deux des médias en Suisse, propriétaire entre autres du Temps, L’Hebdo, L’Illustré, Edelweiss, TV8 et Schweizer Illustrierte. L’autre, Axel Springer, est numéro deux en Allemagne, présent en Suisse avec les magazines PME Magazine et Beobachter, notamment. Sous réserve de l’aval de la Commission de la concurrence (comco), la société commune Ringier Axel Springer Medien Schweiz réunirait plusieurs titres reconnus. Les titres de la palette « Blick » ne sont toutefois pas concernés. Ringier et Axel Springer ont en effet signé une déclaration d’intention en ce sens. En mettant leurs atouts en commun, ils projettent d’étendre à la Suisse l’expérience d’un partenariat

meur a expliqué qu’en tant que représentant du personnel à la caisse de pension, Hans Oppliger informait régulièrement les travailleurs de ce qui s’y passait. « Nous nous sommes aussi beaucoup tournés vers lui lors de la restructuration, même s’il y avait la commission. » Il s’est toujours opposé aux licenciements. Et nous avait averti : « C’est dur pour ceux qui vont partir, mais c’est dur aussi pour ceux qui vont rester. Et c’est la réalité, le travail est intensif ! » Un supérieur du syndicaliste a rappelé que Hans Oppliger s’impliquait non seulement beaucoup au niveau syndical mais aussi au niveau professionnel. Il a ajouté que c’est quelqu’un allant jusqu’au bout dans ce qu’il faisait et disant ce qu’il avait à dire « de manière toujours courtoise et en respectant les règles ».

déjà fructueux. Depuis juillet 2010, les deux éditeurs ont développé ensemble leurs activités commerciales en Europe de l’Est. La part des opérations digitales, limitées à 7 % à la naissance de cette coentreprise, a ainsi plus que quintuplé. Pour Daniel Pillard, directeur de Ringier Romandie, cité par l’ATS, ce projet est une « bonne affaire en termes commerciaux ». But officiel annoncé de l’opération : renforcer la compétitivité sur le marché suisse de la presse écrite et de la publicité. Sans oublier l’impératif de notre époque : accélérer la numérisation des titres des deux groupes. syndicom et impressum jugent de façon critique cette consolidation de Ringier et Axel Springer. Il est à craindre que des titres de magazine et avec cela des emplois disparaissent. syndicom voit le projet d’un œil critique : « A moyen terme, l’un ou l’autre titre pourrait disparaître », estime le porte-parole Bruno Schmucki, interrogé par l’ATS.

Une fois de plus, la diversité des médias en pâtira, selon lui. « C’est une concentration supplémentaire sur un marché déjà concentré  », constate le syndicaliste. L’association des journalistes Impressum se dit inquiète et demande des garanties pour les emplois et l’indépendance journalistique des titres. Le maintien de ces derniers ne signifie pas forcément que les rédactions pourront travailler de manière indépendante, fait valoir l’organisation. Pour le moment, sur le court terme, aucune conséquence n’est annoncée pour les rédactions. La tentative d’augmenter les gains avec moins de forces de travail n’est pas exclue avec cette joint venture. Enfin, une position dominante sur le marché a des répercussions pour les journalistes indépendants et cela pourrait leur rendre impossible le choix entre différents mandants. La Comco devra aussi accorder de l’atten­tion à cet aspect dans l’examen qu’elle fera. (ats / red)

Le peuple votera sur la nouvelle redevance pour la radio et la télévision. Le référendum lancé par l’Union suisse des arts et métiers (USAM) a en effet recueilli le 12 janvier 102 000 signatures. Soit plus du double que nécessaire. Pourquoi l’USAM part-elle en guerre ? Avant tout parce que la facture des entreprises va augmenter de 200 millions, même si, pour 80 % des firmes, la facture sera moins lourde. La plupart des 102 000 paraphes ont été récoltés dans les cantons de Zurich et de Berne, mais la Suisse romande a aussi livré son lot. La votation pourrait avoir lieu le 14 juin, a estimé le directeur de l’USAM Hans-Ulrich Bigler. La révision de la loi prévoit notamment une généralisation de la redevance à tous les ménages, qu’ils possèdent ou non un poste de radio ou de télévision. Dans un premier temps, quelque 20 000 ménages sans poste de réception seront exonérés provisoirement sur demande. Le référendum ne part pas avec les faveurs de la cote, car les partisans avancent que la redevance baissera de 462 à 400 francs. Pour l’USAM, il ne s’agirait que d’une promesse creuse. Pour rappel, c’est Billag, filiale de swisscom, qui encaisse cette redevance depuis 1998, sur mandat de la Confédération. C’est le Conseil fédéral qui fixe le montant de la redevance. Le produit de la redevance est essentiellement destiné au financement des chaînes de radio et de télévision de la SSR (service public). (YS, avec ATS).


Numéro spécial Journée des femmes 2015

syndicom, le syndicat des médias et de la communication Groupe d'intérêts Femmes www.syndicom.ch Égalité salariale

Enfin réaliser le droit constitutionnel au même salaire  page 2

Femmes dans les syndicats

Concours égalité

syndicom se bat pour la cause des femmes  page 3

Notre quiz pour lectrices et lecteurs vigilant·e·s, nombreux prix à gagner  page 4

Appel à la manif

Le 7 mars, toutes et tous à Berne ! Le sujet de l’égalité des salaires peut paraître lassant. Depuis trente-trois ans déjà, le droit à un salaire égal pour un travail équivalent est ancré dans la Constitution. Ce qui semble aller de soi est pourtant loin de la réalité. En 2014, les femmes gagnent en moyenne toujours 19 % de moins que les hommes. Elles perdent ainsi chaque année 7,7 milliards de francs ! On le déplore, on ressasse le sujet chaque année, mais rien ne change. Des thèses inédites ont été avancées par les milieux patronaux pour expliquer cette situation illégale. Au printemps dernier, le directeur de l’Union patronale suisse a insinué que les différences salariales découleraient de l’attitude des femmes. Elles ne seraient pas prêtes à fournir des efforts importants. Ce qui sous-entend que les femmes sont paresseuses et qu’elles méritent donc des salaires inférieurs. Ripostons : le 7 mars, nous montrerons notre détermination à ces Messieurs !

Un milliard volé aux femmes Dans son projet de démantèlement de la prévoyance vieillesse 2020, le Conseil fédéral détourne la notion d’égalité. Si les femmes gagnent moins que les hommes tout au long de leur vie, si elles fournissent la plus grande partie du travail non rémunéré et ont en plus le toupet de vivre plus longtemps, il convient de relever au moins l’âge de leur retraite. Voilà une justice facilement explicable. L’augmentation immédiate de l’âge de la retraite réduirait les rentes des femmes de 1,1 milliard de francs par an. Mais les mesures de démantèlement de ce paquet ne s’arrêtent pas là. Le taux de conversion de la LPP serait abaissé de 6,8 à 6 % – pour les hommes aussi. De plus, le paquet de réformes s’accompagnerait d’une augmentation des déductions sur le salaire et d’une hausse de la TVA. Enfin, la Confédération entend se retirer largement du financement de l’AVS, alors même qu’il faudrait la renflouer pour faire face à l’évolution démographique.

Lançons un signal fort Mobilisons-nous le 7 mars pour montrer que les syndicats s’opposent fermement à une réduction de l’AVS. Cette manifestation ne concerne pas seulement les femmes. Si nous parvenons à remplir la place Fédérale, nous lancerons un signal fort pour • des salaires équitables ; • une AVS forte ; • un vrai partage du travail non rémunéré fourni pour la société.

Toutes et tous au rendez-vous. NOUS VOULONS PLUS D’ÉQUITÉ – ET MAINTENANT ! Bernadette Häfliger Berger, vice-présidente syndicom Rendez-Vous : 7 mars 2015, 13 h 30 à la Schützenmatte à Berne. La manif se terminera sur la place Fédérale. Inscription et infos : www.syndicom.ch ∕ 7mars

Ensemble à la manif des femmes à Berne • L’égalité doit enfin être effective (photo archives syndicom)

Interview avec Sandra Guignard

Le modèle familial n’est plus du tout figé Qu’est-ce que l’égalité signifie pour toi ? Pour moi, l’égalité c’est à capacité et à compétences égales, ne faire aucune différenciation de traitement  ; par exemple au niveau salarial. Rien ne justifie le fait que, pour un travail et une disponibilité équivalente, le salaire ne le soit pas. Aujourd’hui, le modèle familial n’est plus du tout figé et doit être renouvelé ; les femmes ne sont plus entretenues par les hommes.

Lorsque je pense à mes contemporains, je ne connais aucun couple qui fonctionne sur ce modèle.

Dans ta pratique professionnelle, astu été confrontée à des cas flagrants d’inégalité ? Comme je travaille en indépendante, je n’ai pas de point de comparaison ; j’ai plutôt gardé des relations d’amitié et de travail avec des femmes, c’est difficile de se rendre compte des ­différences suite page 2

Sandra Guignard, photographe formée à l’ECAL, a cofondé en 2009 Le Studio Survolté à Lausanne. Elle participe au journal féministe George. Elle est active dans la commission des indépendants / libres de syndicom. (photo Yves Sancey)


II | Numéro spécial Journée des femmes 2015 Discrimination salariale

Un long chemin vers l’égalité des salaires Malgré la loi sur l’égalité, les femmes suisses continuent à gagner moins que leurs collègues masculins. La discrimination salariale a assez duré – il est temps que ça change ! Regula Bühlmann *

La bonne volonté ne suffit plus Le Dialogue sur l’égalité des salaires, à caractère purement facultatif, n’a rien changé à cette situation : à peine 50 entre­ prises y ont participé, au lieu de la cen­ taine escomptée. D’où l’échec de cette mesure. Pourtant, l’économie et les employeurs continuent à tabler sur des mesures facul­ tatives et s’opposent par tous les moyens à l’introduction de règles plus dissua­ sives. Cette situation est préoccupante, car les lois doivent être respectées. Et qui veut interpréter la loi sur l’égalité comme une mesure facultative piétine l’Etat de droit. La Confédération doit s’engager davantage pour le respect de la loi sur

Une barre énergétique féministe • Premiers pas timides de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. (photo USS)

l’égalité. L’autorité chargée de contrôler l’égalité des salaires proposée par Simo­ netta Sommaruga marque un premier pas dans la bonne direction. Le secret des salaires ne pourra alors plus servir de pré­ texte, car les résultats des analyses seront publiés dans le rapport annuel – sans pré­ ciser toutefois l’ampleur exacte des écarts salariaux constatés.

Le travail gratuit des femmes Le déséquilibre salarial entre femmes et hommes constitue une entrave durable à l’égalité des chances. Tant que les conséquences financières d’une réduc­ tion de l’activité professionnelle seront plus importantes pour les hommes que pour les femmes, la répartition inéqui­ table entre travail rémunéré et travail

non rémunéré persistera. En 2010, le tra­ vail non rémunéré fourni par les femmes dans le cadre de la garde des enfants et des soins aux malades était estimé à 69 milliards de francs (ce chiffre serait encore bien plus élevé si l’on tenait compte de l’ensemble des bénéficiaires). Cette somme est presque quatre fois plus élevée que les impôts directs per­ çus auprès des entreprises par la Confé­ dération, les cantons et les communes. L’économiste Mascha Madörin, qui a ras­ semblé ces chiffres, parle ici à juste titre d’un impôt réel fourni chaque année par les femmes.

Toutes à Berne ! Les syndicats font front commun contre la discrimination salariale. La manifesta­

Interview avec Sandra Guignard suite de la page 1 potentielles avec mes confrères et concur­ rents. Chacun décide de son tarif horaire en fonction de son expérience, de la demande du mandataire et du matériel qu’il a à disposition… !

Qu’est-ce qui t’a rendue sensible à cette problématique ? En général je suis assez réactive à l’injus­ tice. Du coup, les inégalités flagrantes me choquent ! Il y a déjà quelques années, quand j’étais encore en stage, une col­ lègue et amie m’avait parlé de l’impor­ tante différence de salaire entre elle et ses collègues masculins et cela m’avait frap­ pé. Je ne suis plus sûre que ce soit direc­ tement lié, mais aux études j’en avais éga­

lement fait le sujet d’une affiche dans le cadre d’un rendu de graphisme.

Y a-t-il des figures féminines qui t’ont marquée ou inspirée ? Je ne connais pas assez les grandes figures féminines de l’histoire pour que l’une d’entre elles me vienne à l’esprit sponta­ nément… Mais avec le recul, je dirai que la démarche de Simone de Beauvoir avec son manifeste des 343 est admirable ; franchise et courage sont de nobles qua­ lités que les femmes se sont peu à peu reconnues et se permettent aujourd’hui d’affirmer. Les femmes que j’ai en tête sont plutôt des femmes que je connais, toutes générations confondues et dont les

capacités d’adaptation et d’organi­ sation sont remarquables ; j’admire­toutes ces fe­m­ mes confrontées à la double journée, qui arrivent à faire avancer les choses tant sur le plan pri­­ vé que sur le plan pro­ fessionnel et qui savent rester acces­ sibles sans en être aucunement moins compétentes ! Elles montrent une voie…

Interview Yves Sancey

tion du 7 mars sera un signal fort pour l’égalité. L’engagement des syndicats va plus loin encore : dans les branches à bas salaires (secteurs des services, des soins et du commerce de détail), où il n’existe pas de conventions collectives de travail (CCT), les femmes sont surreprésentées. Beaucoup d’entre elles font partie de la catégorie dite des working poors. Or les CCT, qui fixent des salaires minimaux, permettent de réduire les écarts salariaux entre les femmes et les hommes. Atte­ lons-nous à la tâche et conventionnons ces secteurs !

* nouvelle secrétaire centrale de l’Union syndicale suisse (USS) responsable du dossier de l’égalité des sexes

PHOTO THOMAS CUNZ

Selon l’article 8 de la Constitution intro­ duit en 1981, « l’homme et la femme ont droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale ». La loi sur l’égalité de 1996 doit garantir l’application de cet article. Mais les femmes attendent toujours : les écarts salariaux peuvent atteindre 23,6 %, et ce taux reste stable depuis des années. Même si tous les écarts ne sont pas liés à une discrimination (3/5 environ s’ex­ pliquent par d’autres facteurs tels que la formation, les interruptions de carrière et le taux d’occupation), ils demeurent injustes. Les interruptions de carrière et le travail à temps partiel chez les femmes s’expliquent souvent par le fait qu’elles assument la majeure partie du travail non rémunéré. Elles renoncent à des opportu­ nités de carrière en faveur de l’éducation des enfants, du travail domestique et des tâches d’assistance et subissent ainsi des pertes de salaire. Mais cette réalité n’ex­ plique pas les 2/5 restants : une femme gagne en moyenne 8,7 % de moins qu’un homme à travail égal et qualifications égales, du simple fait d’être une femme. Il s’agit là clairement de discrimination salariale.


Numéro spécial Journée des femmes 2015 | III equité

syndicom s’engage pour l’égalité entre femmes et hommes

syndicom accorde une grande importance à l’égalité et sa poli­ tique syndicale le démontre. Près d’un tiers de ses membres sont des femmes. Avec elles, syndicom s’engage pour l’égalité des salaires et des chances, ainsi que pour la conciliation entre famille et pro­ fession : • A la Poste, nous avons œuvré avec succès pour un élargisse­ ment des mesures facilitant la garde des enfants. • Chez Swisscom, nous avons pla­ cé la conciliation entre profes­ sion et famille au cœur des pro­ chaines négociations CCT. • Dans le commerce du livre, notre engagement syndical et celui des libraires ont permis d’améliorer les conditions de travail de nom­ breuses femmes. • Dans l’industrie graphique, le relèvement des salaires mini­ maux a surtout permis aux femmes qui touchent de petits salaires d’améliorer leur revenu. La commission des femmes de syndicom participe activement aux discussions et consultations politiques concernant l’égalité et organise des formations dans ce domaine.

Un syndicat actif avec des femmes engagées Si tu souhaites t’engager ou devenir membre, il suffit de nous contacter. CONTACT : Angela Zihler, secrétaire centrale femmes à syndicom, tél. 058 817 18 18.

PHOTO THOMAS CUNZ

Dans de nombreuses branches et entreprises, l’égalité n’est pas encore devenue une réalité. Pour que cela change, nous avons besoin d’un syndicat qui s’engage pour la défense des droits des femmes et pour plus de justice

Pour plus de renseignements : femmes@syndicom.ch

Caricature parue dans Le Courrier

Interview de Roland Lamprecht

« Il faut s’engager pour l’égalité » Les femmes ne tirent pas seules à la corde de l’égalité, les hommes jouent aussi leur rôle. Roland Lamprecht, pour sa part, prend ce rôle très au sérieux.

Roland Lamprecht, ingénieur des ventes E-Services à PostFinance et délégué syndicom

PHOTO LDD

Comment concilies-tu famille et travail ? C’est simple : par un manque de sommeil… Les mercredis aprèsmidi, je reste à la maison pour me consacrer à mon fils de 2 ans et demi. Pour compenser, je tra­ vaille un peu plus longtemps le soir, quand il est couché. L’année prochaine, je prendrai des vacances non payées pour pouvoir passer aussi du temps avec mon second enfant. J’au­ rais volontiers réduit mon temps de travail, mais je n’aurais alors pas pu garder ma position pro­ fessionnelle. Au début j’y ai son­

gé, mais j’aime trop mon travail. Ma femme me soutient, mais j’ai bien sûr dû restreindre un peu mes loisirs.

Que signifie pour toi l‘égalité ? Les deux sexes doivent pouvoir exercer et endosser la même res­ ponsabilité. Je me serais senti terriblement exclu si je n’avais pas pu participer dès le début à l’éducation de notre fils. Dans le monde du travail, les entreprises peuvent propager l’égalité, mais il faut s’engager à cette fin. Or les entreprises tuent souvent dans l’œuf ces efforts.

Qu’en est-il dans ton entreprise ? Pour moi, l’égalité passe par des choses très simples : je débar­ rasse par exemple la table de midi, au lieu d’en laisser le soin aux femmes. Pour le reste, je ne peux malheureusement pas changer grand-chose. Sou­ lignons quand même que, dans mon entreprise, les femmes et les hommes gagnent des salaires identiques. Mais il n’y a tou­ jours pas assez de femmes à la direction. Pour modifier la situa­ tion, des quotas sont indispen­ sables, au moins jusqu’à ce que nous ayons une véritable mixi­

té. Même s’ils ne sont pas popu­ laires, ils permettent d’atteindre cet objectif.

Est-ce que tu gagnes autant que ta femme ? Ma femme est libraire, un métier traditionnellement féminin, et je suis employé de commerce. Je peux générer un bonus supé­ rieur au salaire annuel de ma femme – mes compétences ne peuvent pas expliquer un tel écart.

Interview : Tamara Gerber


IV | Numéro spécial Journée des femmes 2015 Interview Angela Kindlimann

Organiser sa vie comme on veut

Angela Kindlimann, éditrice et vice-présidente de la commission des femmes

Tu es une membre très active. Pourquoi t’engages-tu en particulier pour l’égalité ? J’ai 29 ans et je travaille en tant que représentante d’édition. Dans mon entourage professionnel, je côtoie surtout des messieurs de l’âge de mon père. Cela m’incite à m’engager. Et en tant que vice-présidente du GI Femmes à syndicom, j’ai la possibilité et les moyens de m’investir. J’estime avoir une certaine obligation envers la société.

l’égalité, pourquoi ne l’avonsnous pas encore  ? A syndicom, je cherche par exemple à sensibiliser les gens à la transparence salariale. Je souhaite aussi redorer l’image du féminisme. Certaines femmes, dont je ne m’exclus pas, peuvent devenir très dures.

Qu’en est-il de l’égalité dans ta vie privée ? Je suis aussi très engagée dans mon cercle d’amis et je les agace parfois lorsque je pinaille. Mais il est important pour moi de dire « chercheuse » et « directrice », d’utiliser la féminisation. Mis à part la discrimination en vigueur sur le lieu de travail, je dirais que je vis sur un pied d’égalité avec les hommes.

Quels objectifs te fixes-tu en t’enga­geant pour le syndicat ?

Où observes-tu de la discrimination ?

Des objectifs syndicaux, mais aussi sociaux. Si nous voulons

Je connais le système salarial de notre entreprise et sais que

je touche le même salaire que mes collègues masculins. Mais j’ai participé récemment à une conférence en Allemagne. Et le responsable des ventes m’a présentée comme l’assistante de mon chef. Il ne l’aurait pas fait si j’avais été un homme. Et j’exécute le même travail que mon chef.

Où peut mener l’égalité ? Pour moi, l’égalité signifie que chaque femme et chaque homme peut organiser sa vie comme il ou elle l’entend. En d’autres termes, si une femme souhaite vivre selon le modèle classique de la famille, c’est important qu’elle puisse le faire. Mais l’inverse doit aussi être possible : les hommes aussi doivent pouvoir travailler à temps partiel.

Interview : Tamara Gerber

PHOTO THOMAS CUNZ

PHOTO LDD

Angela Kindlimann s’engage comme membre du comité de branche des libraires et en tant que vice-présidente de la commission des femmes.

Quiz sur l’égalité Depuis quand la Constitution fédérale garantit-elle aux femmes le « droit à un salaire égal pour un ­t ravail de valeur égale » ? 2014  1981  1848 Quel est l’écart salarial entre femmes et hommes aujourd‘hui ? 5%  10%  20% Quelle est la proportion de femmes membres de syndicom ? la moitié   un tiers  un cinquième en suisse, Combien la seule discrimination salariale fait-elle perdre chaque année aux femmes ? 180 Mio. de francs  3,3 Mia. de francs  7,7 Mia. de francs 1er prix : Bon Ticketcorner d’une valeur de Fr. 200.– 2e–10e prix : Hotelcard annuelle d’une valeur de Fr. 95.– Merci de compléter ce quiz en ligne et de l’envoyer, sur syndicom.ch ∕ 7mars Délai d’envoi : 7 mars 2015

Relèvement de l’âge de la retraite

Aux origines du 8 mars

L’égalité a bon dos Le Conseil fédéral veut relever l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. A deux reprises, ce projet a été balayé. Doris Bianchi * Pour l’USS (Union syndicale suisse) et ses organisations, il n’est pas question d’assai­nir l’AVS sur le dos des femmes – sous couvert d’égalité. Ce projet ne va pas dans le sens de l’égalité. Il relève d’un simple exercice d’économie, sans commune mesure avec la réalité du marché du travail : où sont les employeurs disposés à verser aux femmes les mêmes salaires qu’aux hommes et à engager des femmes d’un certain âge pour les occuper jusqu’à la retraite ? Tant que ces conditions ne sont pas réunies, on ne peut pas parler d’égalité. Or nous en avons besoin. Et maintenant !

Modèles dépassés Les plans de démantèlement de la prévoyance vieillesse permettraient à la Confédération d’économiser 3,3  milliards de francs durant la seule période transitoire. Or le Conseil fédéral, mais aussi la société, retirerait davantage de cet exercice d’économie si les femmes bénéficiaient enfin des mêmes opportunités que leurs collègues masculins sur le marché du travail et si elles cotisaient à l’AVS sur la base des mêmes

salaires. 22 % des femmes en âge de travailler n’exercent pas d’activité professionnelle. Près de 60 % des femmes salariées sont en outre engagées à temps partiel – souvent à de faibles taux d’occupation. Cette situation n’est pas toujours voulue. Il manque souvent des structures de garde pour permettre de concilier travail et famille. Il arrive aussi que des couples doivent persister dans des modèles familiaux dépassés, parce que les pères ne peuvent pas réduire leur taux d’occupation. Du coup, le travail domestique et familial reste le lot des femmes et des mères. En outre, les femmes qui veulent travailler sont découragées à l’idée de gagner moins pour un travail identique, et avec moins de possibilités de carrière.

Non-reconnaissance du travail gratuit Cette politique patronale hostile aux familles et aux femmes se traduit aussi dans le taux d’activité des salariées plus âgées. Dans les faits, plus de 60 % des femmes quittent le marché du travail avant 64 ans, donc avant même d’avoir atteint l’âge ordinaire de la retraite. Ici aussi, les obligations familiales jouent un rôle. De nombreuses femmes sexagénaires s’occupent de leurs petits-enfants et apportent ainsi une contribution essentielle à la conciliation entre famille et profession de la jeune génération.

D’autres soignent leurs parents, beauxparents ou conjoints malades. Le relèvement de l’âge de la retraite méconnaît la réalité sociale de ces femmes. Il fait fi de leur contribution non rémunérée à la prospérité de la société.

Rentes très basses En raison de leur activité lucrative réduite, d’interruptions prolongées dans leur carrière professionnelle et de salaires bas, les femmes perçoivent aujourd’hui des rentes vieillesse nettement inférieures à celles des hommes. L’AVS tient compte du travail non rémunéré grâce à la dissociation des revenus (splitting) et verse des bonifications pour tâches éducatives et d’assistance. Mais les rentes de la prévoyance vieillesse (LPP), pour celles qui ont la chance d’en toucher une, sont largement inférieures à celles des hommes. Malgré tout, les femmes devraient cotiser une année de plus et attendre une année de plus pour toucher cette rente. Relever l’âge de la retraite des femmes pour assainir l’AVS est injuste et inacceptable. Raison pour laquelle cette mesure doit être rejetée sans scrupule. Il faut au contraire améliorer les rentes des femmes en renforçant l’AVS.

* Secrétaire centrale chargée des assurances sociales à l’Union syndicale suisse (USS)

Le 8 mars 1908 à New York, 15 000 femmes de l’industrie de l’habillement et du textile ont manifesté pour une réduction de la durée du travail, un meilleur salaire, le droit de vote et l’élimination du travail des enfants. Elles ont adopté le slogan « Du pain et des roses », le pain symbolisant la sécurité économique et les roses, une meilleure qualité de vie. Le 8 mars 1910, lors de la 2e conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, Clara Zetkin, leader socialiste allemande, a proposé l’instauration d’une journée internationale de la femme. Le 8 mars 1911, pour la première fois,cette journée a été célébrée avec éclat en Allemagne, Autriche, Danemark, Suisse et aux Etats-Unis. A New York, les ouvrières du textile poursuivaient leurs protestations. En 1977, l’Assemblée générale de l’ONU adopte une résolution proclamant une Journée des Nations Unies pour les droits des femmes et la paix internationales et invite tous les pays à consacrer la journée du 8 mars à cette célébration. (YS)

impressum rédact ion : Tamara Gerber, Bruno Schmucki Maquet te : Roger Leuenberger / Alain Gonthier Correction : Marie Chevalley Impression : Ringier Print Adligenswil, case postale 3739 6002 Lucerne, www.ringier.ch Editrice : syndicom – Le syndicat des médias et de la communication Monbijou­strasse 33 Postfach 6336, 3001 Bern Tel. 058 817 18 18, Fax 058 817 18 17 mail@syndicom.ch • www.syndicom.ch


Actualités | 7

syndicom | N° 1 | 23 janvier 2015 salaires

Des écarts qui se creusent L’Union syndicale suisse réclame des réformes fiscales et une hausse d’au moins 2 milliards des subsides pour les primes maladie, pour combler les écarts croissants de revenu. Ces vingt dernières années, la politique suisse a perdu la boussole sociale. Au lieu de corriger le fort creusement des écarts de salaire, les politiques ont augmenté, et non allégé, la charge supportée par les ménages de salarié·e·s ordinaires. C’est pour­ quoi l’Union syndicale suisse (USS) veut des hausses de salaire pour les personnes à bas ou moyens revenus, en particulier pour les titulaires d’un certificat fédéral de capacité (CFC) ; cela, via des réductions plus fortes des primes des caisses maladie et un relèvement des rentes AVS. Le tout dernier rapport de l’USS sur la répartition des revenus et de la fortune en Suisse présenté le 5 janvier ne laisse subsister aucun doute : les écarts de revenus entre les personnes à gros salaires et les salarié·e·s « normaux » continuent à largement se creuser. Depuis 1996, les salaires du 1 % le mieux rémunéré ont augmenté, en termes réels, de 40 % environ, alors que cette hausse n’était que de 8, respectivement 12  % pour les

bas et moyens revenus. Et les personnes professionnellement actives au bénéfice d’un CFC (diplôme le plus élevé) ont dû se contenter de moins de 5 %. L’évolution des revenus des personnes à la retraite est encore plus inégalitaire que pour les salarié·e·s, car les 2e et 3e piliers prolongent et accentuent à cet âge les déséquilibres de la vie active. S’y ajoute que, relativement à l’évolution économique, les rentes AVS perdent toujours plus de leur valeur et ne suivent pas le rythme de l’évolution des salaires.

Fiscalité pour les riches Au lieu d’intervenir pour corriger ces faits, les politiques ont même renforcé l’évolution toujours plus inégalitaire des salaires : les classes de revenu supérieures ont vu leur charge fiscale s’alléger (surtout impôts directs), quand les bas et moyens revenus voyaient la leur s’alourdir fortement, à cause de la hausse de taxes et, surtout, des primes des caisses maladie. En

fin de compte, le revenu disponible réel des personnes à petits salaires a baissé de 200 fr. (personnes vivant seules), respectivement de 190 fr. (couples avec 2 enfants) entre 2002 et 2012. Le revenu des classes de revenu moyen a stagné, alors que le 1 % le mieux rémunéré a eu 1930 fr., respectivement 2860 fr. de plus dans son porte-monnaie. Pour retrouver la boussole sociale, l’USS demande une hausse des subsides servant à financer les réductions des primes maladie. Aucun ménage ne doit être contraint de consacrer plus de 10 % de son revenu à ses primes ; dans une deuxième étape, l’objectif devra être de 8 %, comme le but social formulé à la fin des années 1990, lors de la révision de la loi sur l’assurance-maladie.

Des hausses substantielles de salaire s’imposent Vu le résultat modeste des négociations salariales pour 2015, des hausses substantielles de salaire s’imposent pour les bas et moyens revenus, en particu-

Assurances sociales : ce qui change et ce qui reste En matière de sécurité sociale, qu’est-ce qui a changé ou n’a pas changé avec la nouvelle année ? Ci-après, quelques-uns des principaux changements intervenus au début 2015 concernant les prestations et les cotisations de la sécurité sociale, ainsi que des révisions d’assurances en cours. Jasmin Aregger *

Adaptation des rentes AVS Après la dernière adaptation de 2013, les rentes ont été à nouveau adaptées cette année à l’évolution des salaires et des prix (indice mixte). La rente minimale a été augmentée de 5 fr., soit 0,4 %. La raison de cette hausse très modeste est la relative stabilité des prix à la consommation en 2014. L’indice mixte a été fixé en décembre 2014 sur la base d’un renchérissement estimé à 0-0,5 % seulement. En 2015, les rentes minimales et maximales se montent donc à 1175 fr. (minimum) et 2350 fr. (maximum) pour une rente simple, 2340 fr.  /  3525 fr. pour une rente de couple, 936 fr. / 1880 fr. pour une rente de veuf / veuve.

Obligation de cotiser Les cotisations des indépendant·e·s et des personnes sans activité lucrative restent inchangées. Les personnes exerçant une activité indépendante dont le revenu annuel a été supérieur à 56 200 fr. en 2013 / 2014 ont dû s’acquitter de cotisations AVS / AI et allocations pour perte de gain représentant 9,7 % de leur revenu. Si elles ont gagné moins que cette somme, leur taux de cotisation s’est situé entre 5,223 et 9,202 % (barème dégressif ). La limite supérieure du barème dégressif correspond à quatre fois le montant annuel de la rente AVS minimale. Avec la hausse de celle-ci à

lier les titulaires d’un CFC. Des hausses générales sont indiquées ici, dans le cadre des conventions collectives de travail, et non des hausses individuelles, car ces dernières profitent avant tout aux revenus les plus élevés. Enfin, pour atténuer les différences de revenu des personnes à la retraite, il faut développer l’AVS, une assurance au financement

social, comme le demande l’initiative « AVSplus : pour une AVS forte ». Au lieu d’affaiblir la principale assurance sociale qu’est l’AVS, comme le ferait le projet « Prévoyance vieillesse 2020 » (relèvement de l’âge de la retraite des femmes, retrait partiel de la Confédération du financement de l’AVS, frein aux dépenses), il faut la renforcer. (USS)

Abolition du cours plancher

Sécurité sociale en 2015

AVS

DESSIN DE T IGNOUS PARU DANS CHARLIE HEBDO

1175 fr. depuis le 1er janvier 2015, le revenu annuel maximum passe à 56 400 fr. A partir du 1er janvier 2015, les « petits boulots » effectués par des jeunes ou des jeunes adultes (jusqu’à 25 ans) sont exemptés de cotisations AVS. Il s’agit ici de revenus obtenus en travaillant pour des ménages privés inférieurs à 750 fr. par an. La loi n’oblige donc pas les personnes qui occupent des baby-sitters à verser des cotisations patronales à l’AVS, sauf si l’employé·e·s l’exige ou si son salaire dépasse les 750 fr. par an.

AI Adaptation des rentes AI Comme pour les rentes AVS, ces rentes augmentent en 2015. Elles sont différenciées en fonction du degré d’invalidité en rentes complètes, trois quarts de rente, demi-rentes ou quarts de rente. La rente d’invalidité (minimales et maximales) est la suivante en 2015 : Rente complète : 1175  francs / 2350  francs ; trois quarts de rente : 882  fr. / 1763  fr. ; demi-rente : 588  fr. / 1175  fr. ; un quart de rente : 294  fr. / 588  fr. Pour consulter l’ensemble des modifications sur les prestations et les cotisations de la sécurité sociale : www.syndicom.ch/assurancessociales2015

* collaboratrice scientifique de l’USS

Danger énorme pour les salaires et les emplois La décision prise le 15 janvier par la Banque nationale suisse (BNS) d’abolir le cours plancher de 1,20 franc pour 1 euro met en très grand danger et les salaires et les emplois de l’économie d’exportation et augmente les risques de déflation en Suisse. Même avec un cours de 1,20 franc pour 1 euro, notre monnaie était toujours nettement surévaluée. La suppression du cours plancher ouvre tout grand la porte aux spéculations sur le franc. Il faut donc s’attendre à ce que ce dernier s’apprécie de manière incontrôlée. L’économie d’exportation (industrie, tourisme), qui

souffre, aujourd’hui déjà, de la surévaluation du franc verra ses charges s’accentuer. L’histoire de la politique monétaire de la Suisse montre que la BNS doit fixer un cours plancher pour le franc, implicitement ou explicitement. [...] Lors de l’intro­duc­tion de l’euro, la BNS a défendu implicitement un cours plancher de 1,45 franc, respectivement 1,50 pour 1 euro à travers sa politique en matière d’inté­ rêts. Elle est coresponsable de la forte appréciation du franc par rapport à l’euro intervenue à partir de 2010, parce qu’elle n’a pour la première fois plus défendu ces seuils implicites. (USS)

Librairies particulièrement touchées Les effets du franc suisse fort ne sont pas encore perceptibles. Mais l’expérience de l’été 2011 montre qu’en raison de la force du franc et des réductions de prix qui ont résulté, les librairies suisses vont sans doute vivre une situation très difficile, avec un chiffre d’affaires presque mécaniquement en forte baisse pour le premier semestre 2015. Avec un marché romand du livre dépendant à 80 % des importations de livres en France, c’est également fatal. Les charges restant les mêmes, des baisses de salaire ou des renoncements au 13e salaire sont à prévoir dans les petites librairies. Dans les grandes, l’avenir dira s’il est possible de trouver des solutions pour éviter des licenciements pour les plus grands groupes. (YS)


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syndicom | N° 1 | 23 janvier 2015

Portrait

« Tout change tellement vite à La Poste » Il y a des années, Gloria da Silva a pu compter sur le soutien d’un syndicat lors d’un conflit avec son employeur. Aujourd’hui encore, elle est membre de syndicom. A 51 ans, elle travaille comme collaboratrice interne au Mösli, le centre de logistique d’Ostermundigen. Katrin Bärtschi Chagrin d’amour Gloria est arrivée à La Poste par hasard. En 1981, âgée de 18 ans, elle immigre en Suisse, non pas à la recherche d’un meilleur tra­ vail comme la plupart de ses compatriotes, mais par chagrin d’amour. Une amie portugaise, qui elle-même vit et travaille

PHOTO LDD

Les mains revêtues de gants, Gloria­trie le courrier du matin qui n’a pas pu être traité méca­ niquement, scanne les lettres recommandées et jongle avec les boîtes de tri. Difficile d’imaginer le centre de logistique d’Oster­ mundigen sans cette jolie Por­ tugaise.

pour Gloria. Elle doit parfois déjà en Suisse, lui trouve un job C’est ainsi qu’elle est placée au commencer le travail à quatre dans la gastronomie. Gloria tra­ Mösli, où elle se dit contente de heures du matin et souhaite vaillera ensuite dans les Grisons son travail. quand même profiter de ses soi­ et au Tessin. rées avec son ami. En 1991, une ancienne collègue Manque de sommeil lui parle de son travail à La Poste Le travail est cependant deve­ qui lui plaît et est en outre bien nu plus dur. « Nous devons por­ Soutien du syndicat payé. Gloria décide de postuler ter beaucoup de caisses. Autre­ « Tant que le travail me plaît, elle aussi au siège de La Poste à fois, au service du courrier, nous j’aime­rais bien pouvoir rester au Berne et obtient un entretien à devions seulement retourner les Mösli », affirme sans hésitation la la Schanze. Elle est engagée la sacs pour les vider. » Gloria se postière. « Mais cela ne dépend même année au service des colis, souvient de cette époque et du pas de moi. Tout change telle­ où elle restera jusqu’à sa ferme­ manque de sommeil : ment vite à La Poste. » ture en 2000. Ensuite, Gloria est membre de elle passe au service des syndicom. « S’il devait à r u jo n guichets. y avoir un jour à nou­ u ir o v « S’il devait y a x u veau un conflit que je « J’aurais aimé suivre la e p it que je ne fl n co n u u a e v ne peux pas résoudre formation d’assistante nou pter m co x u e p je , le u seule, je peux comp­ postale au guichet, mais pas résoudre se  » t. ter sur le soutien du les autres femmes me a ic d u syn sur le soutien d syndicat. Comme causaient sans cesse autrefois au service des tracas et personne des guichets à la Schanze. » A ne m’a soutenue. C’était ses débuts à La Poste, c’est son peut-être par jalousie ou « Nous recevions le courrier à supérieur lui-même qui lui a concurrence, ou pour défendre trier par numéro postal en pro­ parlé du syndicat. « D’abord, j’ai leur poste, je ne sais pas. Tout venance de toute la Suisse pour pensé : je n’ai pas besoin de ça ». cela m’a pesé au point que notre région. Nous nous occu­ Mais ensuite, elle s’est félici­ j’en suis tombée malade et que pions aussi du tri par rues ou tée de son affiliation. « On ne j’ai finalement quitté le ser­ par circonscriptions pour la ville s’y connaît pas suffisamment de Berne ou du tri préalable du vice des guichets. J’ai alors inté­ dans les lois.  » Elle reconnaît courrier pour les grandes villes gré le service du courrier, où je aussi l’importance des syndi­ comme Lucerne, Zurich, Neu­ me suis sentie beaucoup plus cats pour la nouvelle CCT, mais châtel ou Genève. Ou encore du à l’aise. Je préférais me lever admet n’avoir jamais participé service de transit, pour le cour­ tôt que de travailler dans cette à une manifestation. « J’ai tou­ rier acheminé via Berne. Je tra­ atmosphère pénible aux gui­ jours craint que l’on m’y aper­ vaillais alors par équipes. Mon chets », raconte Gloria. Quelques çoive et que de telles activités rythme de sommeil s’en ressen­ années plus tard, le service du déplaisent à mon employeur. » tait. A l’ouverture du centre de courrier de la Schanze ferme Mais elle ajoute  : «  Il est vrai Härkingen, tous les services ont à son tour. Gloria connaissait que nous devrions défendre nos été dissous à la Schanze. » bien les tournées dans les dif­ droits tous ensemble, et non cha­ Aujourd’hui encore, le manque férents quartiers de la ville des­ cun pour soi. » de sommeil est un problème servis depuis Ostermundigen.

Droit au But

Droit aux indemnités de chômage La loi fédérale sur l’assurancechômage obligatoire et l’indem­ nité en cas d’insolvabilité (LACI) fixe les conditions d’octroi des indemnités de chômage. Selon ces dispositions, il faut être sans emploi ou partiellement sans emploi, avoir subi une perte de travail à prendre en considéra­ tion, être domicilié en Suisse, avoir achevé sa scolarité obli­ gatoire et n’avoir pas encore atteint l’âge donnant droit à une rente AVS. Il faut également rem­ plir les conditions relatives à la période de cotisation ou avoir un motif pour en être libéré. Enfin, il faut être apte au place­ ment et satisfaire aux exigences du contrôle (envoyer un certain

nombre de postulations, trans­ mettre les formulaires mensuels, etc.). Suite à ton licenciement, tu es sans emploi et tu as subi une perte de travail à prendre en considération. Tu travailles en Suisse, tu disposes d’un certificat fédéral de capacité et tu n’as pas encore atteint l’âge de la retraite. Comme tu es en mesure de tra­ vailler, que tu le souhaites et le peux, tu es donc apte au place­ ment. Dans ton cas, il faut tou­ tefois examiner de plus près la question de la période de coti­ sation. Pour remplir les conditions liées à la période de cotisation, il faut avoir exercé une activité soumise

à cotisation pendant au moins douze mois durant les deux der­ nières années, c’est-à-dire avoir cotisé à l’assurance-chômage. Des indemnités de chômage peuvent être octroyées même si les conditions de la période de cotisation ne sont pas rem­ plies. Une personne peut ainsi être exemptée de cotiser pour cause de formation scolaire, de reconversion ou de perfection­ nement professionnel. L’exemp­ tion de cotiser est aussi valable en cas d’accident, de maladie ou de congé-maternité. Enfin, les personnes qui, par suite de sépa­ ration de corps ou de divorce, sont contraintes d’exercer une activité salariée ou de l’étendre

peuvent également avoir droit à des indemnités journalières. L’exercice d’une activité salariale à l’étranger peut aussi constituer un juste motif dans certaines conditions. A partir du 1er février 2015, tu seras sans emploi. Le délaicadre pour la période de coti­ sation porte sur les deux der­ nières années et dure dans ton cas du 1.2.2013 au 31.1.2015. Pen­ dant cette période, tu dois avoir cotisé durant douze mois consé­ cutifs ou être libéré des condi­ tions relatives à la période de cotisation. Comme tu as travaillé durant exactement douze mois, tu as rempli les conditions. Les voyages ne constituent pas un

PHOTO LDD

« J’ai 30 ans et suis diplômé en logistique. Mon contrat a malheureusement été résilié au bout d’un an déjà, à fin janvier 2015. Auparavant, j’ai voyagé pendant un an et demi. Mon collègue m’a dit que je n’aurais pas droit aux indemnités de chômage pour cette raison. Qu’en est-il ? Je recherche activement un emploi, mais mes économies ne suffiraient pas à combler une absence de revenu jusqu’à ce que j’en trouve un nouveau. »

motif d’exemption des cotisa­ tions, mais cet aspect ne joue pas de rôle dans ta situation puisqu’il suffit d’avoir exercé une activi­ té durant douze mois. Comme tu satisfais aussi aux autres exi­ gences mentionnées ci-dessus en matière d’octroi d’indemnités, tu as droit aux indemnités de la caisse de chômage.

Olivia Kaderli, Master of Law, collaboratrice au service juridique


Actualités | 9

syndicom | N° 1 | 23 janvier 2015 Carnet

Pionnier dans la jungle des mots son pays – l’Allemagne – envers laquelle il ne trouve, à la sortie de la guerre, aucune excuse. Arno Schmidt écrit ce qu’il vit, ce qu’il voit, le tout dans un style épu­ ré, familier, inspiré du quotidien remanié en outil d’imaginaire. Des combinaisons d’instantané

Arno Schmidt. Scènes de la vie d’un faune, Ed. Tristram, 2011.

de vie et de poésie. L’année 2014 a fêté les cent ans de sa naissance sans parvenir pour autant à élever sa voix aussi haut que nécessaire. Arno Schmidt n’est pas un écri­ vain allemand « facile », il bous­ cule ses lecteurs, sans égard à ce qui, prétendument, serait cho­

PHOTO ALICE SCHMIDT

Son carnet est un carnet à spi­ rales, infinies spirales du temps. Un carnet écorné, seul à une table, d’un or pauvre : celui des conquêtes. Il est un aventurier de la langue, solidement criti­ qué par ses contemporains mais d’une stature qui impressionna quiconque le croisa. Un écrivain qui n’hésitait pas à considérer qu’un grand écrivain doit assu­ mer de vivre en son isolement. Il était de cette époque où il fallait se retrousser les manches pour manger, et pour lui qui ne quit­ tait jamais sa plume ce n’était pas sans difficultés. Son premier livre, Léviathan, est un succès autant qu’une saignée contre

quant. Scènes sexuelles, athées, révoltées, qui lui vaudront des inculpations pour blasphème et pornographie. Son pays se recons­ truit, s’enrichit, il reste avec son épouse Alice, sa fidèle parmi les fidèles, à la marge, en pauvreté parfois extrême où l’on se prive d’un repas pour en maintenir un autre, où l’on dort pour répondre à la faim. Puis, peu à peu, aidé, travaillant pour la radio, pour des journaux, faisant des traductions, il parvient à vivre. Son écriture se fait plus exigeante et il main­ tient sa féroce soif d’indépen­ dance. « Ceux qui commandent sont toujours les pires. Un type bien aurait horreur d’être un

chef…  » Cette résistance, com­ mune à Günter Grass, transporte une utopie sombre, une possibili­ té du pire à portée de lendemains. Il se tourne vers la science-fiction où son imaginaire prodigieux et son amour des mots s’enlacent à merveille ; multiplie les photo­ graphies ; se libère des règles de l’orthographe ; se passionne pour l’argot, sans jamais rien perdre de son goût de vérité. « L’écrivain doit être objectif, une sorte de miroir du monde… » disait-il. En cette année 2015, cent et un ans après sa naissance, Arno Schmidt est toujours à découvrir.

l’électricité avec l’Union euro­ péenne, un accord qui est pour­ tant repoussé à une date très éloignée, suite à l’acceptation de l’initiative de l’UDC « Contre l’immigration de masse ». Ni les petits clients, ni les PME, ni la branche de l’électricité ne profiteraient de l’ouverture intégrale de ce marché. L’élec­ tricité est un bien public indis­ pensable. Tout le monde en a besoin, comme d’un appro­ visionnement fiable en eau potable. Comment imaginer

que les ménages doivent ache­ ter leur eau sur le marché libre ? Aujourd’hui, l’urgence la plus grande revient à un approvi­ sionnement en électricité stable et ménageant le climat. Avec la libéralisation, le Conseil fédéral met ainsi en danger ses propres objectifs en matière de transi­ tion énergétique. L’USS rejette l’ouverture du marché de l’élec­ tricité.

Karelle Ménine

Libéralisation du marché de l’électricité

Electricité : ouverture intégrale rejetée Le Conseil fédéral veut impo­ ser, par le biais d’un simple arrêté fédéral, la libéralisation intégrale du marché de l’élec­ tricité à partir de 2017. L’Union syndicale suisse (USS) ne s’y oppose pas uniquement sur le fond, elle ne peut pas non plus comprendre pourquoi une telle étape devrait se faire sous la forme d’un arrêté fédéral. Toutes les entreprises dont la consommation annuelle d’électricité est d’au moins 100 MWh devraient à l’avenir

être contraintes d’acheter leur électricité sur le marché. Les ménages pourraient choisir entre celui-ci et leur fournisseur de base. C’est ainsi que le gou­ vernement présente l’ouver­ ture intégrale, soit la deuxième étape de l’ouverture du marché de l’électricité. Mais l’électrici­ té fournie via l’approvisionne­ ment de base renchérirait par rapport à aujourd’hui et son prix serait certainement tou­ jours supérieur aux prix du marché. On veut contraindre

de cette manière les ménages à passer au marché, alors qu’un marché libéralisé de l’électri­ cité, c’est prouvé, n’en vaut jamais la peine pour les petits consommateurs. Le Conseil fédéral risque, avec cette libéralisation totale, de déstabiliser encore plus la branche de l’électricité qui, à cause des prix historique­ ment bas de l’électricité, fait face à d’importantes difficul­ tés. L’argument avancé pour cette ouverture est l’accord sur

Sortie du Groupement des retraités syndicom de l’Est vaudois Valais romand

USS-info, 15.1.2015

Amicale des Anciens de l’imprimerie de Lausanne

Le GI retraités Est-Vaudois/Valais romand a décidé que la sortie d’automne se ferait au Marché de Noël de Montreux. Devant l’impossibilité de faire avan­ cer le marché à octobre (!), c’est donc le 11 décembre dernier qu’une douzaine de collègues assidus se retrouvèrent sous le Marché-Couvert. Force fut de constater que cette manifes­ tation a pris une ampleur considérable. Et qu’elle est restée malgré cela très accessible, proche des visiteurs locaux, présentant une grande majorité de pro­ duits d’ici. La météo n’étant pas très hivernale, tout le monde a eu grand plai­ sir à flâner d’un stand à l’autre, à ren­ contrer par-ci par-là de vieilles connais­ sances, puis à prendre l’apéritif tous ensemble au magnifique Espace des Bûcherons, la commune de Montreux n’étant pas connue que pour son casi­ no et son festival de jazz, mais égale­ ment pour l’étendue de ses forêts doma­ niales. Le repas traditionnel eut lieu au Casino. Mets et vins excellents à des prix très « démocratiques », service atten­ tionné, ce fut pour plusieurs d’entre nous une découverte réjouissante, au goût de reviens-y. Et c’est, selon la for­ mule consacrée, dans la joie et la bonne humeur que tout ce petit monde s’est séparé en fin d’après-midi, en se don­ nant rendez-vous à mai 2015. (M.Ch.)

Ce traditionnel repas est tou­ jours un moment de ren­ contre très chaleureux entre anciens de l’imprimerie. Cette année, il s’est déroulé le mardi 16 décembre 2014 au Restaurant de la Piscine à Renens. A 11 h 30, l’apéritif offert par la caisse de section syndicom IGE Vaud est servi dans la magnifique salle du restaurant. Au cours du repas qui s’ensuit, notre président, David Bühl­ mann, souhaite la bienvenue aux 42 personnes présentes et annonce brièvement les activi­ tés prévues pour l’année pro­ chaine. Les participants ont apprécié la qualité du menu servi (jambon de Parme, médail­ lon de bœuf aux champignons, cassata napolitaine, …). Ce repas de fin d’année est très attendu; c’est l’occasion de se remémorer de bons souvenirs entre anciens compagnons de l’imprimerie, de se revoir et de passer de bons moments ensemble. Mer­ ci encore à Michel Pitton pour l’organisation et à notre photo­ graphe Rodolphe Aeschlimann.

D’autres photos sur : www.syndicom.ch/fr/gi/ retraites/regionale-gruppen.html

Le comité

PHOTOS RODOLPHE AESCHLIMANN

Ambiance conviviale au repas de fin d’année

PHOTOS RODOLPHE AESCHLIMANN

Joyeux Noël à Montreux


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syndicom | N° 1 | 23 janvier 2015

formation

Agenda

SECTEUR MÉDIAS cours de perfectionnement 2014 Inscriptions sur www.helias.ch

NEUCHÂTEL GROUPEMENT DES RETRAITÉ·e·S, SECTEUR IMPRIMERIE ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE Jeudi 12 février 2015 à 14 h 30 au secrétariat régional de syndicom, rue du Temple-Neuf 11 (2e étage, ascenseur).

Animatrice (sauf indication contraire) : Birgit Ewert, instructrice Adobe. Lieu : Imprimerie Saint-Paul, boulevard de Pérolles 38, Fribourg

ORDRE DU JOUR : 1. Bienvenue et communications. 2. Procès-verbal de la dernière assemblée générale. 3. Rapports : a) du président ; b) du secrétaire ; c) du trésorier ; d) des vérificateurs des comptes. 4. Nominations : a) du président ; b) du vice-président ; c) du secrétaire ; d) du trésorier ; e) des vérificateurs des comptes et des suppléants. 5. Programme d’activité pour 2015 (propositions). 6. Divers.

Illustrations avec Inkscape – l’alternative libre à Illustrator. 19 mai. Délai d’inscription : 28 avril.

Nouveautés de Adobe Creative Cloud. 28 janvier. Délai d’inscription : 6 janvier. iPad pour l’utilisation professionnelle. 3 mars. Délai d’inscription : 10 février.

Joomla Introduction. 16-17 juin. Animateurs : Ueli Baumgartner + Beat Kipfer. Délai d’inscription : 26 mai.

Publication sur iPad à partir d’InDesign. 4-5 mars. Délai d’inscription : 10 février.

Nouveautés de Adobe Creative Cloud. 9 septembre. Délai d’inscription : 18 août.

Création de formulaire avec InDesign. 18-19 mars. Délai d’inscription : 24 février.

iPad pour l’utilisation professionnelle. 6 octobre. Délai d’inscription : 15 septembre.

Nouveautés de Adobe Creative Cloud. 6 mai. Délai d’inscription : 14 avril.

Publication sur iPad à partir d’InDesign. 7-8 octobre. Délai d’inscription : 15 septembre.

Photoshop avec tablette graphique Wacom Intuos 4. 7 mai. Délai d’inscription : 14 avril.

Création de formulaire avec InDesign. 27-28 octobre. Délai d’inscription : 6 octobre.

Retouche d’image avec GIMP – l’alternative gratuite à Photoshop. 18 mai. Délai d’inscription : 28 avril.

Nouveautés de Adobe Creative Cloud. 2 décembre. Délai d’inscription : 10 novembre.

La photographie numérique, atelier théorique et pratique. Animateur : Luca Carmagnola. Lieu : LookA, rue du Nord 4, 1800 Vevey.

GENÈVE

Mise en page avec SCRIBUS – l’alternative libre à InDesign ou Quark Xpress. 20-21 mai. Délai d’inscription : 28 avril.

Deux dates à choix: 12 et 13 mai, délai d’inscription : 21 avril ; 17 et 18 novembre, délai d’inscription : 27 octobre.

PRéAVIS – Assemblée générale 2015 La section de Genève informe ses membres que l’assemblée générale 2015 se déroulera à l’UOG le samedi 14 mars 2015 à 14 h (NOUVELLE DATE !!!) La séance est en effet déplacée au 14 et n’aura pas lieu le 7 comme annoncé dans notre dernière édition de 2014 !! Plus d’informations dans le prochain bulletin de section (février 2015). Collaboration « société civile » : SOS-ASILE VAUD, Ass. Droit de Rester, Solidarités sans Frontières, Berne (SOSF). S’approprier des outils pour résister à la violence qui imprègne notre société au quotidien. Comment ne pas se laisser contaminer par la violence et le racisme ? Comment comprendre que l’ambiguïté fait partie de nous, de nos actions, de la violence du pouvoir ? Comment mieux la connaître et la travailler ? 7

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syndicom est le syndicat leader des branches Poste, Logistique, Télécommunication, Technologie de l’information et Médias. Il compte dans tout le pays près de 38 000 membres et s’engage pour les droits des salariés et pour une Suisse sociale et ouverte au monde. Nous recherchons de suite ou selon entente un·e

SECRÉTAIRE SECTEUR LOGISTIQUE (80 %) En tant que secrétaire centrale du secteur des branches Poste, Coursier, Express, Colis, Transport routier et Infrastructure, vous assumez leur représentation au sein du syndicat, dans la politique et face aux employeurs. Vous êtes notamment en charge des sociétés de groupe de La Poste. Vous êtes responsable de la planification et de la réalisation de campagnes et projets nationaux, en particulier du développement syndical dans ces entreprises. Pour ce faire, vous collaborez étroitement avec nos régions. Dans le cadre du travail de lobbying et de relations publiques, il vous incombe d’assurer la coopération et les contacts avec les autorités, des offices et d’autres associations. En outre, vous représentez syndicom à l’Union syndicale suisse et dans d’autres organes. Votre profil • formation professionnelle achevée ou diplôme universitaire / d’une haute école spécialisée ; • plusieurs années d’expérience professionnelle dans la branche ; • intérêt particulier pour les questions syndicales en lien avec la branche Logistique ; • expérience et bon réseau relationnel dans des syndicats ou autres organisations à but non lucratif ; • expérience de conduite de projets ou de campagnes ; • très bonnes connaissances des questions de politique syndicale (et sociale) ; • excellentes capacités de planification et d’organisation ; • assurance dans les négociations en allemand et / ou en français, avec de très bonnes connaissances de l’autre langue (autres langues : un atout) ; • bonnes connaissances informatiques en tant qu’utilisateur·trice. Compte tenu de la composition de l’équipe, nous nous réjouissons tout particulièrement des postulations de candidat·e·s francophones. La représentation des intérêts de nos membres est au centre de vos préoccupations ; vous êtes flexible et savez vous adapter aux situations les plus diverses. Pour ce job intéressant et exigeant, vous êtes en outre capable de vous imposer, avez le sens de la négociation et savez travailler en équipe. syndicom offre non seulement des activités variées dans un environnement de travail politique, mais aussi d’excellentes conditions de travail. Votre lieu de travail est à Berne. Etes-vous intéressé·e ? Alors envoyez-nous votre dossier de candidature complet d’ici au 13 février 2015 à syndicom, division du personnel, Monbijoustrasse 33, 3011 Berne. Tous renseignements complémentaires peuvent être obtenus auprès de Fritz Gurtner, responsable du secteur Logistique et membre du comité directeur, tél. 058 817 18 31 ou auprès d’Alain Carrupt, président, tél. 058 817 18 24.

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sudoku Adressez votre solution (les trois chiffres dans les cases en bleu, dans l’ordre, de gauche à droite) d’ici au 4 février à : Rédaction syndicom, le journal, rue Pichard 7, 1003 Lausanne. La réponse et le nom du ou de la gagnant·e seront publiés dans le N° 2. Il ou elle recevra un sac à dos offert par notre partenaire de prestation Reka.


Service | 11

syndicom | N° 1 | 23 janvier 2015 Agenda

CONTACTER SYNDICOM

Let tre de lecteur

PRÉAVIS

Déclaration de force obligatoire

Conférence de branche IGE

(Réaction à l’article « Abus de confiance de l’association patronale » dans syndicom, n° 13 / 2014, 7 novembre 2014)

Samedi 11 avril 2015, 10 h 30 à max. 15 h 40 Secrétariat régional de syndicom, Looslistrasse, Berne

Je comprends parfaitement la frustration de syndicom concernant le rejet de la déclaration de force obligatoire (DFO) par Viscom. Le moment est toutefois venu pour le syndicat de se poser quelques questions critiques. Après les négociations CCT, syndicom-sos a écrit sur son site Internet : « La DFO annoncée comme acquise pourrait se révéler être un boomerang. Rien ne présage pour l’instant de son aboutissement. En plus, le SECO devrait donner son approbation. A-t-on vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué ? » Oui, c’est exactement ce qu’a fait syndicom. On a accepté en contrepartie une prolongation du temps de travail. Ceci ne peut qu’étonner et je me demande comment freiner ainsi la perte de membres.

Tous les membres de la branche Industrie graphique et impression d’emballages (IGE) sont invités à la conférence. Mais seuls les membres travaillant dans une entreprise de la branche ont le droit de vote, ainsi que les membres du comité de branche IGE, deux membres retraités et deux membres sans emploi par grande région. Viscom résiliera-t-il le CCT à fin 2015 ? Viscom devrait résilier le contrat collectif de travail (CCT) 2013 pour l’industrie graphique à fin 2015. La discussion doit donc être axée sur notre stratégie syndicale CCT : • Evaluation de la situation actuelle dans les entreprises et dans la branche ; appréciation du CCT : état de mise en œuvre de la déclaration de force obligatoire générale

Richard Frick, syndicom-sos

Conformément à l’art. 5, al. 2 du règlement de branche, les propositions dûment motivées doivent être adressées par écrit au plus tard six semaines avant la conférence de branche, c.-à-d. d’ici au vendredi 27 février à : secrétariat central de la branche IGE, Angelo Zanetti, secrétaire central, angelo.zanetti@syndicom.ch.

Commentaire de syndicom à cet te let tre de lecteur Un grand merci à notre collègue pour ses remarques. Nous ne comptons toutefois pas rester les bras croisés par dépit. Malgré la politique d’obstruction de Viscom, nous continuons de travailler à la mise en œuvre de la DFO. Avant Noël, nous avons eu une autre rencontre avec le SECO pour déterminer comment faire avancer le processus DFO. Le SECO présentera de nouvelles propositions fin janvier. Nous ne lâchons pas prise, même si nous avons affaire avec Viscom à une organisation prête à ignorer les accords pris !

L’ordre du jour sera transmis aux participant·e·s de la conférence de branche IGE en temps utile.

Angelo Zanetti, secrétaire central IGE et Roland Kreuzer, responsable du secteur Médias

• Nos objectifs et notre stratégie pour le CCT • Mobilisation pour une nouvelle CCT ; formation d’un comité de mobilisation

Les inscriptions et / ou désistements doivent être annoncés d’ici au jeudi 2 avril 2015, à : administration du secteur Médias, Caroline Vogt, caroline.vogt@syndicom.ch ou par téléphone au 058 817 18 72.

FÉLICITATIONS ! Les heureux gagnants du concours REKA 2014 sont Monsieur Martin Peter Hunziker de Bâle et Monsieur Denis Pidoux de Bretignysur-Morrens ! Ils se sont engagés avec succès pour syndicom en syndiquant de nouveaux membres. Nous les remercions cordialement de leur engagement et leur offrons chacun 1000 fr. de bons de voyage REKA. Le concours aura de nouveau lieu cette année. Afin que syndicom reste fort et s’engage pour le bien-être des travailleurs, nous avons constamment besoin de nouveaux membres. Parmi tous les membres qui auront syndiqué un ou plusieurs nouveaux membres d’ici au 31 décembre 2015, nous tirerons au sort deux bons de voyage REKA d’une valeur de 1000 fr. chacun. Pour commander le set de syndicalisation, avec des brochures et des déclarations d’adhé­sion  : kommunikation@syndicom.ch. Ton secrétariat régional te renseigne volontiers si tu as des questions. (syndicom) Décès Baechler Bernard, La Roche, décédé le 17.11.2014 à l’âge de 79 ans. Membre de la section Fribourg depuis 1974. Beutler Charles, Genève, décédé le 29.01.2014 à l’âge de 78 ans. Membre de la section Genève depuis 1956. Hauser Albert, Genève, décédé le 29.11.2014 à l’âge de 78 ans. Membre de la section Genève depuis 1954. Mayor Bernard, Genève, décédé le 15.11.2014 à l’âge de 87 ans. Membre de la section Genève depuis 1948. Mouret Georges, Lausanne, décédé le 06.12.2014 à l’âge de 97 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1934.

secrétariat régional lausanne Rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 27, fax 058 817 19 39 courriel : lausanne@syndicom.ch Lundi à vendredi : permanence téléphonique 8 h 30-12 h et 14 h-16 h Permanence syndicale sur rendez-vous tous les lundis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au lundi 12h. Les membres peuvent aussi contacter les secrétaires sur leurs numéros directs Alex Patino : 058 817 19 30; Catherine Tabary : 058 817 19 34; Fabienne Brunner : 058 817 19 36; Patricia Alcaraz : 058 817 19 31; Philippe Morerod : 058 817 19 37 autres secrétariats régionaux Bienne : Murtenstrasse 33, 2500 Bienne, tél : 058 817 19 85, fax : 058 817 19 86 Fribourg : Rte de Beaumont 22, 1700 Fribourg, tél : 058 817 19 90, fax : 058 817 19 91 François Ducrest : 058 817 19 92 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mardis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mardi 12h. Genève : Rue de Montbrillant 36, 1201 Genève, tél : 058 817 19 22, fax : 058 817 19 26, Eric Schwapp : 058 817 19 24 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mercredis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mercredi 12h. Neuchâtel : Temple-Neuf 11, cp, 2001 Neuchâtel, tél : 058 817 19 18, fax : 058 817 19 21 Jean-François Donzé : 058 817 19 19 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mardis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mardi 12h. Valais : Av. de la Gare 41, 1950 Sion, tél : 058 817 19 80, fax : 058 817 19 81 Elisabeth Di Blasi : 058 817 19 23 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les lundis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au lundi 12h. Pour contacter directement un·e secrétaire de syndicom par courriel (e-mail), composez son adresse ainsi : prenom.nom@syndicom.ch (sans accent) secrétariat central Monbijoustr. 33, cp 6336, 3001 Berne tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17 courriel : mail@syndicom.ch caisse de chômage Rue Pichard 7, 1003 Lausanne info@syndicom.caissechomage.ch tél. 021 310 06 66, fax 021 310 06 61 Permanence téléphonique : lundi, mercredi et jeudi 9 h-11 h 30 Réception des assuré·e·s : mardi de 9 h à 11 h 30 et mercredi 14 h-16 h (3e étage). Expédition des documents : Loosli­strasse 15, 3027 Berne. Caisse de chômage, Genève Rue de Montbrillant 36, 1201 Genève, Tél. 022 749 29 05 Mercredi de 16 h à 19 h, jeudi de 9 h à 12 h Le mercredi, antenne chômage et permanence syndicale sont regroupées et ouvertes aux membres de syndicom aussi bien qu’aux chômeurs, membres ou non.

IMPRESSUM rédaction Allemand et rédactrice en chef : syndicom, die Zeitung, Nina Scheu, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 68, redaktion@syndicom.ch Français : syndicom, le journal, ISSN 1664-896X Yves Sancey, rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 38, redaction@syndicom.ch Italien : syndicom, il giornale, Barbara Bassi, via Genzana 2, 6900 Massagno, tél. 058 817 19 63, redazione@syndicom.ch

mise en pages Alain Gonthier (f), Katja Leudolph (d), Daniela Raggi (i) correction Marie Chevalley (f), Ulrike Krüger (d), Petra Demarchi (i) abonnements 50 fr., 70 fr. pour l’étranger, gratuit pour les membres de syndicom. syndicom, le journal paraît au moins 15 fois par an changements d’adresse syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne

publicité Priska Zürcher, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 19, fax 058 817 18 17, stab@syndicom.ch impression Ringier Print Adligenswil ag, cp 3739, 6002 Lucerne prochaine parution 20 fevrier (délai rédactionnel : 2 février) éditeur syndicom, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne


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syndicom | N° 1 | 23 janvier 2015

HOMMAGE à Charlie Hebdo

Une semaine de folie

Lausanne, 7 janvier 2015 – Près de 500 personnes se rassemblent en silence sur la place de la Riponne après l’attentat contre Charlie Hebdo. (photo Yves Sancey). Et un dessin de Catherine paru dans le Charlie Hebdo du 14.1.15. Chronique subjective d’une semaine pas ordinaire. Le choc à la radio le 7 janvier à midi : « Attentat contre Charlie Hebdo. Une dizaine de morts et des blessés ». Puis les noms. Au compte-goutte. A chaque nom, des pleurs et des « c’est pas possible ». Ils ont assassiné Honoré, Tignous, Cabu, Wolinski et Charb. Et « Onc’ » Bernard Maris, économiste, Elsa Cayat, psychanalyste et chroniqueuse et Mustapha Ourrad, correcteur. Trois attentats meurtriers et la terrible liste de dix-sept noms connus et moins connus. Des blessés aussi. Des larmes. Beaucoup de larmes. De la sidération. Et des souvenirs qui remontent. Souvenirs de dessins et de lectures de Charlie Hebdo. Des souvenirs d’énervements aussi avec les pénibles éditos de Val et l’affaire Siné. Une fixation sur les musulmans. Un peu moins Charlie Hebdo depuis quatre ans. Puis des manifs spontanées en Suisse et dans de nombreuses villes du monde. Réconfortant. Près de 4 millions de personnes à Paris pour dire l’attachement à la liberté de la

presse, d’information et d’expression. Le droit à l’humour, à la caricature, à la critique des religions, des pouvoirs, des intégrismes. Le droit de rire à une époque qui ne donne plus beaucoup d’occasions de se marrer. Un sursaut. Un élan collectif. Une envie de dire que l’on peut vivre ensemble. Rire à nouveau. Des manœuvres de Sarko pour remonter du 3e au 1er rang de la photo officielle. Les fientes de pigeon sur Hollande. Rires. Rire de voir qu’à l’heure des tablettes, on s’arrache encore un bon vieux journal en papier. Qu’il y a encore des imprimeries en France. Et repartir en lutte. Résister à la peur. Résister, debout, à la barbarie, aux diktats politiques, religieux ou financiers. Puis la BNS qui libère le franc et nous rappelle que la crise est toujours là, en arrière-fond, et que de prochaines bulles ne demandent qu’à éclater. Une semaine de folie quoi. Quelques photos pour s’en rappeler et se souvenir.

Zurich, 8 janvier – Près de 600 personnes se rassemblent le soir à la Bürkliplatz, à l’appel de diverses organisations de journalistes. (photo Olivier Pagès)

Genève, 10 janvier – 2000 personnes ont défilé. L’hommage a été ponctué d’émouvants concerts improvisés par un groupe de musiciens rassemblés spontanément sur Facebook. (photo Demir Sönmez)

Yves Sancey, rédacteur romand

Lausanne, 11 janvier – Près de 2000 personnes ont défilé suite à une invitation lancée via les réseaux sociaux. (photo Mike Sommer)

14 janvier 2015 – A l’appel des syndicats des journalistes, des manifestations se sont tenues à Lausanne (300 personnes, photo Alex Patino), Berne et Sion (300 personnes).

HOMMAGE

René Vautier, décès d’un cinéaste combattant

René Vautier lors d’une rétrospective de ses films à Lausanne en mars 2008. (photo Carine Roth)

« René Vautier, la première fois que je l’ai rencontré, c’était un personnage de bandes dessinées : un jeune cinéaste filmant une grève dans les années cinquante à Brest. Il était le héros de la BD d’Etienne Davodeau, Un homme est mort. Une rétrospective de ses films à Lausanne en mars 2008, m’a permis de rencontrer ce cinéaste franc-tireur en chair et en os. » C’est avec ces mots que je commençais il y a quatre ans un article, pour le journal de comedia, sur ma rencontre avec cet archétype du cinéaste engagé, anticolonialiste et témoin des luttes du XXe siècle. L’anecdote l’avait fait beaucoup rire quand je la lui avais racontée. René Vautier était notamment le réalisateur du film sur la guerre d’Algérie Avoir 20 ans dans les Aurès. Racontant la désertion d’un soldat français en Algérie qui refusait l’exécution sommaire d’un prisonnier algérien, le film a reçu le prix de la critique internationale au Festival de Cannes en

1972. Il a été interdit pendant onze ans de télévision française. « Depuis que j’ai une caméra en main et sans jamais d’autre raison que celle d’exercer mon métier de cinéaste, j’ai été inculpé une dizaine de fois, et j’ai passé quelques années en prison. On m’a tiré dessus un nombre de fois que je n’ai jamais essayé de calculé. J’ai été expédié 4 ou 5 fois à l’hôpital par balles, accident provoqué ou matraque. On m’a volé de la pellicule, on m’a volontairement voilé des bobines entières », nous avait-il raconté. Il se revendiquait comme le cinéaste français le plus censuré. A juste titre. Il a notamment été l’auteur d’Afrique 50, court-métrage réalisé à 20 ans, devenu le premier film anticolonialiste du cinéma français, qui a été censuré pendant quarante ans et lui a valu une condamnation à un an de prison. Un livre-DVD sorti en 2013 raconte l’aventure extraordinaire du tournage du film (éditions Les Mutins de Pangée).

Le cinéaste a aussi tourné des documentaires sur les luttes ouvrières Quand tu disais Valéry (1975) ou Quand les Femmes ont pris la colère (1976), coréalisé avec Soazig Chappedelaine, sur la lutte de 12 salariées qui ont séquestré leur patron à Nantes. C’est à Vautier que l’on doit la fin officielle de la censure politique au cinéma en France. Grâce à trente-trois jours de grève de la faim, en 1973. C’est à lui aussi que l’on doit, et il le racontait avec une certaine fierté, les premiers pas au cinéma de Claudia Cardinale dans son court métrage Anneaux d’Or (1955). Résistant sous l’Occupation, emprisonné pour son premier film, passé du côté du FLN pendant la guerre d’Algérie, membre du groupe Medvedkine après mai 1968, défenseur de l’autonomie bretonne, le cinéaste René Vautier est mort le 4 janvier en Bretagne. Il avait 86 ans.

Yves Sancey


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