N° 4 17.04.2015
www.syndicom.ch Le syndicat des médias et de la communication
le journal
AZB 3001 Bern Les changements d’adresse sont à signaler à : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, case postale 6336, 3001 Berne
votations fédérales du 14 juin
OUI à la loi sur la télé : Roger de Weck défend le service public pages 2-3
dossier dématérialisation
Premier volet : les « visions de La Poste » à l’ère de la digitalisation pages 4-5
journée internationale des travailleuses et travailleurs
séminaire cct swisscom
Avenir du travail : premières réflexions autour d’« Industrie 4.0 » page 6
portrait de membre
Mousse Boulanger, écrivaine, inaugure sa nouvelle rubrique « Auteurs de chez nous » page 13
Appel 1er Mai En 1890, des syndicalistes sont descendus pour la première fois dans la rue un 1er Mai, en Suisse comme dans le reste de l’Europe. Ils répondaient à l’appel du Congrès international des travailleurs de Paris qui, une année plus tôt, avait proclamé le 1er Mai Journée internationale du travail, suite au dur conflit de Chicago, dans le contexte de la grève pour la journée de travail de huit heures. En Suisse aussi, les collègues revendiquaient haut et fort la journée de huit heures. Mais les patrons leur opposaient une fin de non-recevoir. C’est contre cela que nous nous sommes battus. La lutte pour de bonnes conditions de travail et une participation équitable aux fruits du travail a été dure, en Suisse aussi. Sur les lieux de travail et dans la rue. Les manifestations du 1er Mai se sont toujours plus fait entendre, attirant toujours plus de monde.
graphisme : janka rahm melgar
Depuis lors, nous avons beaucoup obtenu : dans de nombreuses entreprises, nous avons obtenu la journée de huit heures, la plupart du temps sur une semaine de cinq jours, ainsi que l’introduction des vacances, des hausses de salaire, une sécurité au travail améliorée et la création de l’assurance maladie, de l’assurance accidents et des rentes de vieillesse. Bref, le mouvement des travailleurs et travailleuses a conquis de haute lutte plus de justice sociale. En 2015, ce combat n’est pas terminé. La Suisse n’a jamais été aussi riche qu’aujourd’hui. Elle pourrait se permettre d’offrir une vie meilleure à l’ensemble des travailleurs et travailleuses, à tous les retraités et toutes les retraitées. La réalité est malheureusement différente. Les disparités sociales croissent. La répartition des revenus et de la fortune est extrêmement inégale. L’écart entre « ceux d’en haut » et « ceux d’en bas » se creuse. La mondialisation fait toujours plus de perdants. Les travailleurs et travailleuses sont rejetés hors du monde du travail, poussés vers l’aide sociale. Plus tard, ils paieront cette injustice en recevant des rentes de vieillesse plus maigres. Il devient plus difficile pour les jeunes d’entrer rapidement sur le marché normal du travail. Avec 4,9 %, le chômage est plus élevé que dans le Bade-Wurtemberg et la Bavière. Nous sommes bien loin du plein emploi. Les pressions sur les salaires s’accentuent. Et la charge de travail a sensiblement augmenté. Tous ces faits inquiètent les gens. C’est contre cela que nous nous battons.
(suite page 10)
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syndicom | N° 4 | 17 avril 2015
oui le 14 juin à la loi sur la radio et la télévision
La TV au lendemain de Pâques
PHOTO WWW.PARL AMENT. CH
Quel rapport entre un lapin en chocolat et la votation concernant la révision de la Loi sur la radio et la télévision (LRTV) ? C’est facile, il vous suffit de lire le texte jusqu’au bout pour le comprendre. Philipp Cueni, SSM
Géraldine Savary, conseillère aux Etats PS du canton de Vaud « Chaque entreprise en Suisse utilise les informations transmises par les médias ; leurs employés écoutent la radio dans les locaux ou les véhicules. Il est donc normal que les entreprises contribuent au financement de l’information. Avec la nouvelle redevance, elles paient une part modeste de 15 %. »
L’Union suisse des arts et métiers, à l’origine du référendum contre la révision de la LRTV, ne ménage pas sa peine dans cette campagne. Non seulement elle argumente avec des chiffres mensongers et des allégations fantaisistes mais elle se plaît à disserter sur des choses totalement hors de propos comme les prétendues augmentations du budget de la SSR – qui n’est pas à l’ordre du jour. Et on ne vote pas non plus sur le programme télé.
de quoi s’agit-il vraiment ? La votation porte sur un nouveau système de perception de la redevance, plus équitable que le système actuel, puisqu’il fera passer tout le monde à la caisse – y compris les anciens resquilleurs. Un système qui abaissera aussi la redevance de 462 à 400 fr. Enfin, la part allouée aux chaînes de radio et de télévision privées leur fournira des ressources supplémentaires pour la formation. La SSR, en revanche, touchera les mêmes contributions qu’auparavant.
Voilà donc assez de bonnes raisons de voter OUI. L’USAM invoque haut et fort les quelque 16 % à peine d’entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur au demi-million, qui seront seules à devoir payer une redevance plus élevée. Or, l’objet de la votation soulève des questions fondamentales qui vont bien au-delà du simple cadre légal : il en va en effet du principe même de la solidarité. Même si certains ne regardent pas la télévision et n’écoutent pas la radio, le système audiovisuel public profite néanmoins à l’ensemble des citoyens. L’offre en matière d’information, de culture, de formation et même de divertissement favorise la discussion démocratique, qui est bénéfique à tous. Même à ceux qui s’en tiennent à l’écart. En résumé : un système de redevance plus équitable, des redevances réduites pour les ménages, des améliorations en faveur des chaînes privées. Et moins de contrôles Billag, donc moins de bureaucratie. Enfin, un meilleur système de redevance renforce le service public dans le domaine
audiovisuel. Il est donc facile de dire OUI à la LRTV – les arguments ne manquent pas.
conditions de travail ssr : référence en journalisme Et le lapin en chocolat dans tout cela ? Tout le monde ne regarde pas forcément la télévision et tout le monde ne mange pas forcément du chocolat – oui mais tous les contribuables financent néanmoins les subventions allouées à l’industrie du chocolat. L’USAM ne semble pas s’en offusquer. Et les exemples de ce type ne manquent pas. Pour finir, n’oublions pas l’aspect syndical : de nombreux collègues dans les médias privés subissent des mesures de démantèlement et pâtissent des mauvaises conditions de travail. Faut-il alors renforcer – ne serait-ce qu’indirectement – les bonnes conditions de travail existant, comparativement, à la SSR ? Bien entendu ! Car en affaiblissant la SSR, on affaiblirait encore davantage les normes et les conditions de travail dans le journalisme – au détriment de tous.
solidarité avec la grève de radio france Depuis le 19 mars, une grève paralyse les antennes de Radio France. Cinq syndicats avaient déposé un préavis de grève illimitée. « Face au désengagement de l’Etat, à l’étranglement budgétaire actuel, aux projets de restructurations de la direction de Radio France, qui portent atteinte aux emplois, aux métiers, aux contenus, à l’organisation du travail, les salarié·e·s manifestent leur refus de la démolition programmée de Radio France et de ses missions de service public. » L’information et la culture, au même titre que la santé et l’éducation, sont des biens communs qui devraient être soustraits aux logiques marchandes. Extrait du communiqué d’Acrimed (www.acrimed. org), 1er avril 2015.
Publireportage
Aide aux vacances Reka
Enfin des vacances ! Et maintenant ? Grâce à l’Aide aux vacances Reka, chaque année, 1300 familles bi- et monoparentales peuvent s’offrir une semaine de vacances pour 100 francs. Mais que faire de tout ce temps libre ? Les semaines vacances découverte organisées dans les villages de vacances Reka Bergün et Pany offrent un programme varié d’activités. Nature, jeux, sport et plaisir La semaine de vacances débute par un petit-déjeuner dominical, pris en commun. Les familles font connaissance, les gérants présentent le programme d’activités et fournissent conseils et idées – par ex. comment découvrir la région en famille par ses propres moyens. Durant la semaine, une série d’excursions, de randonnées faciles et d’activités communes sont organisées. Parallèlement, les familles ont encore suffisamment de temps pour leurs propres occupations. « Ces semaines de vacances sont aussi pour nous une belle expérience humaine » déclare Marlies Sidler. « Généralement, nos hôtes sont faciles à vivre. Ils communiquent sans préjugés avec les participants, quelle que soit leur couleur de peau ou leur culture, et apprécient beaucoup notre engagement. Pour nous, c’est très gratifiant de voir les contacts se nouer. » L’offre de l’aide aux vacances Les vacances découverte, destinées aux familles bi- et monoparentales avec des enfants de 4 à 12 ans, sont proposées dans les villages de vacances Reka Bergün (3-10 octobre 2015) et Pany (10-17 octobre 2015). Conditions de participation, demande d’inscription et informations sur les autres offres de l’Aide aux vacances Reka sont disponibles sur reka.ch/offressociales ou par téléphone au +41 31 329 66 80.
A Bergün, le trekking avec des chèvres est un temps fort de la semaine de vacances découverte.
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syndicom | N° 4 | 17 avril 2015 oui le 14 juin à la loi sur la radio et la télévision
La SSR sur le banc des accusés Les éditeurs, comme Tamedia, aimeraient bien limiter le mandat de la SSR et son expansion sur Internet. Roger de Weck, directeur général de la SSR depuis 2011, rappelle en quoi consiste le mandat de service public qu’il défend. Antonella Rainoldi * La réflexion sur le service public semble ne pas vouloir prendre fin. Et chaque jour est marqué par des interrogations pressantes. L’une d’entre elles : quelles sont les prestations relevant de la stricte compétence du service public ?
des téléspectateurs. Un service public qui n’atteint pas le grand public n’est pas un service public. Nous sommes un service public, un service au public, un service au grand public.
Roger de Weck : Ce qui est décisif, c’est le mélange adéquat. Un bon programme télévisé ou radiophonique, tout comme un bon journal, se compose d’ingrédients déterminés. Les ingrédients des chaînes de service public sont totalement différents de ceux des chaînes commerciales. Sur une chaîne commerciale, il n’y aura jamais un magazine culturel, un magazine scientifique, un magazine économique, un documentaire en prime time.
Audio, vidéo et même texte : la SSR est souvent accusée de s’être étendue sur le Web bien au-delà de son mandat de service public.
Le mélange adéquat comprend également le divertissement. Selon vous, le divertissement relève-t-il des prestations du service public ? Oui. Ce n’est pas par hasard que les personnes qui ont rédigé la Constitution suisse ont prévu que le mandat comprendrait, outre l’information, la formation et la culture, également le divertissement. Il n’y a pas, dans le monde, de chaîne généraliste qui pourrait se permettre de renoncer au divertissement donc à une partie importante
C’est une accusation infondée. La raison d’être de la SSR est de faire de la production audiovisuelle. Mais nous vivons à l’époque du numérique. Et nous devons être là où se trouve notre public. Avec Internet, pour la première fois dans l’histoire du monde, nous disposons d’une plate-forme pour les images, pour le son et pour le texte. La SSR reste fidèle à sa mission, et pour mettre en valeur l’audiovisuel, on se sert d’un peu de texte.
Le problème, c’est l’« extranéité » du texte par rapport à l’émission télévisée ou radiophonique. Pour les articles étrangers à une émission télévisée ou radiophonique, la concession nous invite à ne pas dépasser les mille caractères. Mais à titre de compensation, elle nous permet d’approfondir des contenus qui ont un lien direct – temporel ou thématique – avec les émissions proposées.
vance devrait être trop élevée. La publicité finance 25 % de nos programmes. Grâce à elle, la redevance est plus modérée.
A propos de redevance, quelle est la logique de la révision de la Loi fédérale sur la radio et la télévision (LRTV), sur laquelle le peuple suisse se prononcera le 14 juin ?
Pour Roger de Weck, directeur général de la SSR, « un bon programme télévisé ou radiophonique, tout comme un bon journal, se compose d’ingrédients déterminés ». (Photo SSR)
Autre accusation : le service public dispose de trop de recettes financières. Il y en a même qui voudraient qu’il soit totalement découplé de la publicité, comme c’est le cas dans d’autres pays européens. Prenons le système allemand. Avec 80 millions de personnes et des programmes en une seule langue, l’allemand, l’Allemagne n’a pas besoin de publicité. Les chaînes de télé cessent de diffuser les spots à 20 h. Les recettes publicitaires représentent 5 % du budget d’ARD et de ZDF. Afin de pouvoir financer la totalité de la production dans un pays comme la Suisse, avec à peine 8 millions d’habitants et des programmes dans quatre langues, la rede-
Il s’agit d’une votation sur le mode de financement du service public et non sur le service public lui-même. Cela dit, nous avons aujourd’hui une redevance liée à la possession d’un appareil de réception. De plus en plus de personnes, cependant, suivent nos programmes sur les smartphones, sur les tablettes, sur les ordinateurs, partout et à tout moment. A l’ère du numérique, pratiquement chaque ménage possède un moyen d’accéder à la radio et à la télé. C’est pourquoi le Conseil fédéral et le Parlement ont décidé de remplacer l’actuelle redevance de réception par une redevance généralisée. Les avantages seront considérables.
Si la révision de la LRTV apporte vraiment un meilleur mode de financement, pourquoi l’Union suisse des arts et métiers (USAM) – qui représente les petites et moyennes entreprises – a-t-elle saisi le référendum ?
Personnellement, je suis surpris, parce que la majeure partie des entreprises profiteront du nouveau système. L’offre de la SSR est de plus en plus utilisée dans les entreprises, pas seulement dans les véhicules de livraison ou d’affaires. Depuis que l’utilisation en ligne est possible, on peut accéder aux informations dont on a besoin à tout moment. Et dans la vie d’une entreprise, cela peut être utile. C’est la raison pour laquelle les grandes associations comme Gastrosuisse, Economiesuisse, ou l’Union suisse des paysans soutiennent la nouvelle loi et ne partagent en aucune manière l’opinion de l’USAM.
La Commission fédérale des médias (COFEM) s’occupe également du service public. Qu’attend-on de cette commission ? La commission examine de façon approfondie l’espace médiatique suisse et le rôle du public suisse. Nous avons besoin d’une politique médiatique qui soit bien fondée. Souvent, l’opinion publique discute de politique médiatique sans beaucoup de connaissances en la matière, et je pense que cette commission saura apporter un savoir-faire, une expertise et une profondeur d’analyse qui favoriseront un débat de qualité.
* Journaliste RP
la course à l’audience
L’emprise de Tamedia sur le Web C’est l’histoire de Goliath qui voulait se faire passer pour David. Le paysage de la presse suisse est aujourd’hui très largement dominé par un très petit nombre d’acteurs incontournables. Et l’offre numérique ne fait pas exception. C’est alors que l’arrivée d’un nouveau venu, là où deux grands groupes quasi monopolistiques consolidaient tranquillement leur emprise sur les médias suisses (à grands coups de rachats d’annuaires et de services online), pose problème : la SSR cannibalise-t-elle le marché lorsqu’elle quitte son domaine Radio / TV pour produire des contenus Web ? C’est ce que laisse croire Pietro Supino (président de Tamedia, l’information n’est pas anodine) dans une tribune intitulée « C’est le moment d’imposer des limites à la SSR avant qu’elle n’étouffe les médias privés » publiée le 31 mars et dont Pascal Décaillet chante les louanges le 1er avril dans son « SSR contre éditeurs, une guerre de titans qui n’est pas la nôtre ». Etrange peut-être que ces avis soient justement publiés dans Le Temps, un des médias qui, par la qualité des contenus qu’il propose à ses lecteurs et par la richesse des compétences de ses journalistes, a certainement
le moins à craindre de la concurrence des sites d’information en continu (et est un des seuls média online à ne pas publier quotidiennement des galeries de bikinis pour augmenter ses pageviews…). Pour se faire une idée des rapports de force qui se tendent entre les différents titres de
médias online, un petit détour par le panorama (ci-dessous) des audiences de ce mois de février s’impose. Cette visualisation montre l’extrême centralisation du paysage médiatique en Suisse : cinq groupes rassemblent la quasi-totalité des médias online (pas en
termes de diversité mais de « parts de marché » du Web helvétique). Parmi eux, Ringier, Tamedia et la SSR se partagent 55 % de l’audience (de tous les sites affichés ici), un pourcentage encore plus fort si on ne tient compte que des sites de médias (cercles bleus et gris foncé) : 35,5 % des audiences web pour Tamedia, 18,2 % pour Ringier et 17,2 % pour la SSR1 (suivent le groupe NZZ avec 9,2 % et Springer avec 4,9 %). Alors, qui est Goliath et qui est David ? Tant mieux s’il existe un média de service public que nos redevances financent, lui permettant de traiter de l’actualité en continu avec fiabilité sans devoir s’abaisser à flatter des annonceurs ! Et tant mieux s’il existe des médias qui valorisent leur valeur ajoutée et leur expertise pointue !
Martin Grandjean (extrait d’un article paru sur son site www.martingrandjean.ch) 1. Hors Télétexte. Sans oublier non plus qu’une grande partie des pages vues sur les sites de la SSR concernent des contenus non éditoriaux (ceux critiqués par le président de Tamedia): programmes TV, météo, etc.
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syndicom | N° 4 | 17 avril 2015
Dossier Dématérialisation De nos branches
A l’ère de la digitalisation La révolution numérique n’est en marche que depuis peu de temps, mais sa portée sera sans précédent. Et comme les révolutions précédentes, elle n’épargnera personne. Car l’enjeu de demain n’est plus le travail humain – le business du futur s’appelle Big Data. Avec lui, l’Internet va bouleverser notre société en profondeur. La classe moyenne a intérêt à bien se couvrir. Nina Scheu « Big Data, voilà la formule magique. En d’autres termes, collecter des données : chaque achat que nous effectuons, chaque lettre que nous envoyons, chacun de nos voyages en train est répertorié et enregistré pour notre profil de consommation personnel. »
MONTAGE PLONK & REPLONK – ARCHIVES MUSÉE DE L A POS TE PARIS
Aujourd’hui déjà, la plupart des voitures repèrent de loin les embouteillages. De petites caméras intégrées nous facilitent le parcage et bientôt, notre véhicule nous avertira aussi quand une pièce du moteur doit être changée. Sans doute saurat-il aussi d’emblée où trouver la pièce de rechange dans les entrepôts du fabricant et fixer automatiquement un rendez-vous chez le garagiste collant parfaitement avec notre agenda. Le frigo de demain fonctionnera de manière semblable, connaissant parfaitement nos habitudes et nos préférences alimentaires. Il se chargera ainsi d’organiser à point nommé nos achats via Internet et leur livraison à notre porte d’entrée. Des brosses à dents elles aussi parfaitement adaptées aux besoins personnels des utilisateurs seront conçues à l’ordinateur puis, une fois le paiement effectué (en ligne, bien sûr) fabriquées chez soi via une imprimante 3D. Grâce à nos mouvements oculaires et à la vitesse de nos clics sur l’ordinateur, qui pourraient aujourd’hui déjà être mesurés, les employeurs pourront déterminer qui travaille de façon concentrée et rationnelle et qui doit au contraire être poussé à la retraite anticipée. Les conséquences de la digitalisation sont bien plus importantes qu’elles ne le semblent pour l’instant. Car elles modifient notre comportement et nous rendent manipulables. Une grande partie de la population préfère depuis longtemps s’informer sur Facebook et twitter plutôt que sur les portails Internet des médias auxquels ils se réfèrent, qui (pour l’heure) sont encore élaborés selon des critères journalistiques. Comment les éditeurs de journaux et de magazines pourraient-ils dès lors espérer encore faire des bénéfices, après avoir conduit leurs imprimeries et leurs produits imprimés à leur perte ou même à leur fermeture ? C’est à La Poste que la solution se dessine le plus clairement,
mais toutes les grandes entreprises ou presque se sont empressées de lui emboîter le pas. Big Data, voilà la formule magique. En d’autres termes, collecter des données : chaque achat que nous effectuons, chaque lettre que nous envoyons, chacun de nos voyages en train est répertorié et enregistré pour notre profil de consommation personnel. Sans parler des transactions financières, relevées dans les moindres détails. Vous avez des frais de maladie élevés ? Aucune caisse d’assurance ne voudra plus vous accepter. Vous buvez exclusivement du Coca Zero ? Vous le paierez plus cher, car la puce électronique de votre chariot à commissions sait que vous serez plus enclin à y mettre le prix que votre voisin adepte de Pepsi, auquel on aura au contraire envoyé sur son téléphone portable une offre d’action pour du Coca, dès l’entrée du magasin. La cohorte de vendeuses et de vendeurs autrefois si prompts à nous offrir leurs bons conseils parfois jusqu’à l’agacement, sera désormais aussi superflue que les ergothérapeutes et les aides-soignant·e·s, qui auront été remplacés depuis belle lurette par des robots thérapeutiques. Le gouffre entre ceux qui décideront de la technologie nécessaire et ceux qui seront amenés à l’utiliser se creusera autant que celui entre les pauvres et les riches. Entre deux, le vide sidéral. Que faire de tous ces préposé·e·s aux guichets, de toutes ces vendeuses et vendeurs et de tout le personnel du secteur tertiaire dont le travail ne sera plus nécessaire et donc plus rémunéré ? Dans ce numéro et les éditions suivantes, nous nous penchons sur la digitalisation dans les branches représentées par syndicom. Nous commençons par un petit tour d’horizon des nouvelles visions de La Poste, l’un des principaux protagonistes du « Big Data », véritable partie de poker où se disputent les bénéfices du toutnumérique.
cct Poste on tour
La nouvelle CCT constitue une base solide Dans le cadre d’assemblées organisées ces dernières semaines dans toute la Suisse, les employé·e·s de La Poste ont pu s’informer sur leur nouvelle CCT, en discuter et poser des questions. Une majorité d’entre eux juge que le renouvellement de la CCT est réussi et que les bonnes conditions de travail à La Poste sont assurées. Début mars, les partenaires sociaux annonçaient la fin des négociations de la CCT Poste 2016. Dans une semaine, une vaste conférence CCT réunira 250 délégué·e·s syndicom, chargés de décider s’ils acceptent ou non le résultat des négociations. syndicom a organisé plus d’une centaine d’assemblées dans tout le pays, de Saint-Gall à Genève, pour sonder l’opinion des membres. Ces rencontres ont été l’occasion de discuter de la
nouvelle CCT et de poser certaines questions critiques : comment s’expliquent les différences entre les suppléments versés à Poste CH SA et ceux octroyés par CarPostal SA ? Pourquoi la deuxième pause de courte durée estelle supprimée ? Comment peuton compenser les jours fériés qui tombent sur un jour non travaillé ? La protection contre le licenciement est-elle préservée ? Par ailleurs, la nouvelle réglementation concernant les primes
Comme ailleurs en Suisse, plus d’une centaine de personnes étaient réunies à Lausanne pour débattre des résultats de la négociation de la nouvelle CCT Poste.
de fidélité n’est pas très appréciée. Beaucoup de collaboratrices et collaborateurs de longue date l’assimilent clairement à un démantèlement. La réaction de la base peut être résumée ainsi : si l’on considère le résultat global avec un peu de recul, la nouvelle CCT constitue néanmoins une base solide pour continuer à garantir de bonnes conditions de travail à La Poste. La majorité approuve par conséquent la nouvelle CCT. (BS)
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syndicom | N° 4 | 17 avril 2015 Dossier Dématérialisation De nos branches: 1 – la Poste
Plus de pression sous couvert de modernisation ? « Simplicité et système », tel est le slogan qui illustre la vision de La Poste pour l’avenir de l’entreprise, présentée en début d’année. De nouvelles applications, majoritairement numériques, sont destinées à faciliter l’accès de la clientèle aux services postaux. Mais cette vision s’accompagne aussi d’une recherche permanente d’amélioration du rendement et de nouvelles transformations au niveau de l’entreprise, qui se répercutent aussi sur les employé·e·s et sur le réseau postal. Bruno Schmucki L’année passée, la direction du groupe s’est rendue dans la Silicon Valley pour un séminaire de plusieurs jours destiné à échafauder la nouvelle vision pour l’avenir de l’entreprise. Le choix du lieu – berceau de nombreuses grandes entreprises IT – n’était pas anodin, il devait servir de source d’inspiration et faisait à la fois office de programme. A la fin de l’automne, les cadres ont ensuite été conviés à une conférence au pied du Cervin, où ils ont été intronisés comme « ambassadeurs internes ». « L’accueil a été unanime et très positif » pouvait-on lire en janvier dans le journal des collaborateurs « La Poste » au sujet des réactions à la nouvelle vision présentée à Zermatt. Dans la même édition, les chefs livrent d’ailleurs leur profession de foi à ce sujet. Le responsable du personnel Yves-André Jeandupeux entend ainsi renoncer à un bureau personnel au nouveau siège de La Poste, afin de simplifier le travail en réseau et la collaboration. Franz Huber, responsable Réseau postal et vente, recommande quant à lui aux employé·e·s « d’en étudier les contenus, de manière à identifier et à comprendre le sens profond de celle-ci [la nouvelle vision] ». Pour accélérer ce processus, la directrice générale de La Poste se rendra dès le mois de mai sur une douzaine de sites aux quatre coins du pays pour expliquer en personne « dans quelle direction La Poste suisse entend se développer et quels sont les chances et les enjeux sur cette voie ». La participation, prévue en dehors du temps de travail, est facultative ; le repas est offert et le nombre de places limité.
l’offensive numérique Il est facile de comprendre quelle est l’orientation stratégique centrale de La Poste : l’an passé, le groupe a investi à nouveau beaucoup d’argent dans la numérisation et l’automatisation (cf. encadré Rapport financier 2014). Elle a introduit différentes nouvelles prestations destinées à relier le monde physique et numérique. Citons notamment l’application « PostCard Creator », qui permet de télécharger des images et de les envoyer ensuite sous forme de cartes postales imprimées ; en téléchargeant cette application sur son smartphone, on peut envoyer gratuitement une carte postale par jour. Ou encore la boîte aux lettres électronique « E-Post Office ». Le destinataire peut ainsi choisir de recevoir ses lettres par courrier électronique. Le service « Mes Envois » permet, quant à lui, d’être averti par SMS de l’envoi d’un colis et peut être adapté aux besoins des clients : transférer le colis à une autre adresse, choisir un office de poste ou prolonger le délai de retrait. Le traditionnel récépissé jaune comporte désormais un code-barre (« Code QR »), qui permet d’accéder à ce service via Internet ou depuis son smartphone. Et même le bon vieux timbre-poste a désormais son pendant
électronique. Il suffit de demander un code par SMS et de l’inscrire ensuite sur l’enveloppe à la place du timbre.
les guichets en Perte De vitesse PostFinance n’est pas en reste au niveau des innovations électroniques. La refonte du site E-Finance en automne dernier a permis d’introduire de nouvelles options et passerelles électroniques. Grâce à une modification d’ailleurs controversée des conditions générales, PostFinance a désormais aussi accès aux donnéesclients, qu’elle entend exploiter pour proposer des offres ciblées de tiers. Le « client transparent » permet de gagner beaucoup d’argent. PostFinance offre désormais aussi le moyen de payer sans espèces à l’aide de son smartphone, grâce à l’application « Twint ». Avec l’introduction de ces relais électroniques, les guichets dans les offices de poste perdent encore de la vitesse. Dans le rapport financier 2014, on relève que « Du fait qu’un nombre croissant de clients optent pour des services et des offres électroniques, le recul tant du volume du courrier que de la demande de pres-
tations traditionnelles au guichet va se poursuivre. » Ce qui exigerait un « développement ciblé du réseau postal ». En clair : la fermeture d’offices de poste, la mutation en agences et la transformation en service à domicile. Une autre entreprise fédérale – les CFF – poursuit la même stratégie. Le président du conseil d’administration Ulrich Gygi, lui-même ancien chef de La Poste, déclarait ainsi récemment dans la presse dominicale : « Il est clair que nous ne pourrons pas simplement ajouter de nouveaux canaux de vente sans réduire les actuels. »
automatisation accrue L’automatisation de nombreux processus de traitement du courrier et des colis produit à peu près les mêmes effets. La tendance n’est certes pas nouvelle, mais elle s’est accélérée encore au cours de ces dernières années. D’ici fin 2015, 55 % environ des lettres seront triées par machine pour leur acheminement jusqu’aux boîtes aux lettres privées. Ce n’est bien sûr pas sans conséquences pour les facteurs et les factrices. Leur temps de tournée se raccourcit avec la disparition du tri manuel. Et les tournées peuvent être optimisées en per-
bénéfice en hausse : la Poste se Porte bien La Poste Suisse a réalisé un bénéfice de 638 millions l’an passé – 12 millions de plus qu’en 2013. Le résultat d’exploitation, qui s’élève à 803 millions, est légèrement inférieur à l’année précédente ; cette baisse est principalement liée aux correctifs de valeur. La Poste a investi l’an passé 443 millions de francs dans des projets de numérisation et d’automatisation. En 2014, l’entreprise comptait 44 681 emplois à plein temps – env. 575 de plus que l’année précédente. Il faut noter que les effectifs à l’étranger ont augmenté de 850 emplois, ce qui signifie que 275 postes à plein temps ont disparu en Suisse. (BS)
manence. Un projet pilote mis en œuvre dans les cantons de Vaud et de Fribourg intitulé « Poste à la carte » va dans le même sens : il vise à déterminer si les clients souhaitent être livrés uniquement certains jours spécifiques. La recherche proclamée de l’amélioration des performances pour le client se combine à l’augmentation du rendement.
une Passerelle vers l’e-commerce De nouvelles installations et une augmentation des capacités permettent en outre de gérer le volume croissant des colis généré par l’e-commerce. La Poste réagit ainsi à la pression du marché en prolongeant les heures de distribution et en instaurant de nouvelles possibilités de retirer les colis vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans des casiers automatiques. Il existe déjà 30 installations de ce type, baptisées « My Post 24 ». Le boom du commerce en ligne a incité La Poste à aménager également un entrepôt « hautement automatisé » à Oftringen, où œuvrent désormais les robots jaunes. « YellowCube » propose ainsi un service logistique complet aux entreprises de commerce en ligne. Les offices de poste se voient également confier une nouvelle mission dans l’e-commerce. Ils devraient désormais inclure dans leurs locaux une plate-forme marketing qui fera simultanément office de « showroom ». Un projet pilote vient de démarrer.
conséquences Pour les emPloyé·e·s Il est bien sûr trop tôt pour évaluer précisément quelles seront les répercussions de cette évolution sur le personnel de La Poste. Mais il est certain qu’il doit s’attendre à des changements considérables. Comment interpréter autrement les grandes déclarations et les formules incantatoires martelées par les chefs de La Poste dans le journal des collaborateurs. Les exigences pour les profils d’embauche dans la vente et la distribution vont certainement encore augmenter. Un autre danger est que La Poste externalise davantage encore de travaux en interne ou à des sous-traitants extérieurs, où le niveau des salaires est plus bas et les conditions d’embauche moins bonnes, pour réduire les coûts. Le pourcentage des envois transportés par La Poste elle-même n’est actuellement déjà plus que de 20 %. Les « conducteurs » de La Poste risquent de disparaître complètement dans la foulée des économies. La nouvelle vision de La Poste exige donc une plus grande vigilance syndicale. Car elle ne doit pas accélérer la dérégulation des conditions de travail et la pression au rendement exercée sur le personnel sous couvert de modernisation. La Poste vit aussi de sa réputation de service public de qualité avec des collaboratrices et collaborateurs satisfaits.
Traductions : Laurence Strasser
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Séminaire CCT SwiSSCom Group deS 12-13 marS
Premières réflexions autour d’« Industrie 4.0 » Le groupe stratégique CCT de Swisscom Group a soulevé un sujet sensible en abordant la problématique de la « délimitation du travail ». Au cours de son dernier séminaire, il ne s’est cependant pas contenté de formuler des revendications concrètes pour améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Il s’est aussi penché sur l’avenir du monde du travail, qui sera marqué par la 4e révolution industrielle. Franz Schori *
la TeChnoloGie numérique : moTeur de la révoluTion induSTrielle 3.0 & 4.0 La troisième révolution industrielle se traduit par une automatisation toujours plus grande
grâce à l’électronique et à l’informatique. C’est ce qui caractérise l’évolution, depuis les années septante, du monde d’aujourd’hui. Un monde du travail qui offre à la plupart d’entre nous de nombreuses possibilités de développement professionnel et d’épanouissement. Le défi majeur, pour les syndicats, consiste à préserver la conscience de l’appartenance à une collectivité. La troisième révolution industrielle à peine intégrée, nous voilà déjà de plain-pied dans la 4e révolution industrielle (Industrie 4.0). On parle de la numérisation du travail et de la société, de l’Internet des objets et des services, de production intelligente en réseau, de Big Data et d’intelligence artificielle. Les smartphones, les véhicules à conduite automatique, les imprimantes 3D ou les lunettes Google en sont les premières manifestations. Inquiétant ? L’avenir est en marche, nul ne saurait l’arrêter. En allant au-devant de ces nouveaux défis, nous n’avons pas à craindre l’avenir. Nous contribuerons, au contraire, à le forger.
d’« Industrie 4.0 ». Selon lui, la 4e révolution industrielle offre de nombreuses chances, notamment des instruments de travail qui favorisent l’apprentissage. Mais elle comporte aussi des risques. D’un point de vue syndical et sociétal, le plus grand danger est de voir diminuer les emplois malgré l’augmentation galopante de la productivité, dès que la phase d’adaptation de l’économie et des infrastructures sera achevée. Pour l’heure, les entreprises manquent non seulement de main-d’œuvre qualifiée disposant des connaissances IT indispensables, mais aussi de modèles de direction exemplaires sur les-
de donner du sens au travail en établissant des règles de collaboration ensemble. La direction traditionnelle doit faire place au coaching – et des processus sur mesure doivent être adoptés dans presque toutes les activités. Les formes d’organisation futures constituent également un défi pour les syndicats. Car le monde du travail de demain a aussi son revers de la médaille… La disponibilité constante est un des risques inhérents au monde du travail de demain. La « délimitation du travail » est donc un sujet d’actualité brûlant.
* Secrétaire politique spécialisé Télécom / IT
De la première à la quatrième révolution industrielle
4e révolution industrielle Réseau d’éléments informatiques (usines « intelligentes ») INTERCONNEXION
Industrie 4.0
3e révolution industrielle Introduction de l’électronique et de l’informatique AUTOMATISATION
« induSTrie 4.0 » exiGe de nouveaux ConCepTS de direCTion Au séminaire CCT de Swisscom Group, Rolf Kurath, spécialiste en développement d’organisations, ancien responsable HR / ER de Swisscom, puis responsable Training et Transformation à la Poste, a présenté les tenants et les aboutissants
quels s’appuyer pour répondre aux exigences élevées d’Industrie 4.0, selon Kurath. « Le monde du travail aura surtout besoin de collaborateurs qui participent à la réflexion et au changement ; il faut aussi développer la responsabilité individuelle, la confiance, et se concentrer sur la motivation intrinsèque, c’est-à-dire la motivation que l’individu peut puiser en lui-même », affirme l’expert. Les supérieurs hiérarchiques de demain ne seront plus des donneurs d’ordre, mais incarneront un modèle, a encore souligné Kurath. L’avenir repose sur la gestion autonome et décentralisée en équipe ; il est essentiel
Industrie 3.0
2e révolution industrielle production de masse et organisation scientifique du travail ÉLECTRIFICATION
Industrie 2.0
1re révolution industrielle grâce à l’énergie hydraulique et à la vapeur MÉCANISATION
Industrie 1.0 Début du 20e siècle
Fin du 18e siècle
Début des années 70 du 20e siècle
Degré de complexité
Il y a deux cents ans environ, l’énergie hydraulique et la vapeur permettent l’introduction de la production mécanique. Il s’ensuit une chute des prix des biens de consommation de masse et les pays occidentaux connaissent dès lors de grands chambardements. La première révolution industrielle accélère le développement des villes et l’essor du capitalisme. C’est alors aussi que se forment les premiers syndicats en vue d’améliorer les conditions de travail déplorables de l’époque et de répartir plus équitablement la valeur ajoutée. Environ cent ans plus tard, l’électricité et le travail à la chaîne marquent le début de la deuxième révolution industrielle. Les syndicats sont parvenus à imposer largement la journée de travail de huit heures en parfaite adéquation avec le système des trois huit dans les usines. S’ensuit une longue lutte qui s’avère payante pour les assurances sociales, les vacances, une meilleure protection de la santé et des formes démocratiques de société. La haute conjoncture des années cinquante et soixante incarne le succès de la deuxième révolution industrielle dont pratiquement tout le monde a bénéficié.
Aujourd’hui Source: DFKI/Bauer IAO
Constanze Kurz, VB 02, FB Betriebs-und Branchenpolitik Photos : Imprimerie 1890 (CC), Usine Ford 1926 (LDD), Imprimerie Springer Berlin 1995 (Ralf Roletshek /CC), Tablette 2015 (La Poste SA)
ConférenCe d’enTrepriSe Cablex du 6 marS
Cablex : ultimatum reporté de trois mois Chez cablex, filiale de Swisscom, l’atmosphère est lourde. De nombreux salarié·e·s de cablex sont prêts à recourir à des actions syndicales pour exiger de meilleures conditions de travail. La Conférence d’entreprise accorde toutefois à cablex un délai supplémentaire jusqu’à fin juin. Le 6 mars dernier, ce n’était pas la première fois que les employé·e·s de cablex débattaient de leurs conditions de travail à la conférence d’entreprise. En raison de la surcharge constante de travail liée aux sous-effectifs, bien des collègues sont à bout. Les infractions à la loi sur le travail et à la convention collective de travail sont pour ainsi dire quotidiennes. L’employeur est regardant sur les frais et les vêtements de travail et le ton rude adopté à l’égard des employé·e·s contribue au mauvais climat. Plus d’une fois, syndicom a discu-
té avec cablex de ces conditions parfois intenables. cablex a promis à chaque fois des améliorations, qui sont intervenues ponctuellement. Mais la situation ne s’est toujours pas améliorée durablement. Lors de la conférence d’entreprise de décembre dernier, les employé·e·s de cablex avaient décidé d’accorder encore trois mois à leur employeur pour qu’il remédie à la situation de manière tangible dans toute la Suisse. A la conférence d’entreprise du 6 mars, les quelque 70 participant·e·s ont rele-
vé certaines améliorations. Mais elles sont partiellement dues à la diminution importante de la charge de travail durant les mois d’hiver en raison du froid. L’épreuve de vérité est donc attendue pour ce printemps. A la prochaine conférence d’entreprise du 3 juillet, les collègues discuteront à nouveau de leurs conditions de travail. Espérons que le nouveau CEO de cablex ne laissera pas la situation se dégrader davantage d’ici là.
Franz Schori
ConférenCe d’enTrepriSe Cablex Vendredi 3 juillet 2015 De 10 h 15 à env. 14 h (avec repas de midi), restaurant Jardin, Militärstrasse 38, Berne Thèmes : – Conditions de travail / mesures syndicales – Mise en œuvre des augmentations salariales – Mise en œuvre des nouvelles classifications (projet « Claire ») – Divers Inscription : telecom@syndicom.ch ou 058 817 18 18
Branches | 7
syndicom | N° 4 | 17 avril 2015 le préTexTe du franC forT danS l’induSTrie Graphique
Suppression du taux plancher : une situation critique, aussi pour syndicom Voilà trois mois que la Banque nationale a annoncé la suppression du taux plancher de 1,20 franc par rapport à l’euro et nous constatons aujourd’hui que nos branches sont malheureusement elles aussi touchées, en particulier les librairies, les ateliers de reliure, ou les sociétés d’emballage et d’impression d’étiquettes. Angelo Zanetti*
TouTeS leS réGionS SonT ConCernéeS Aucune région n’échappe à cette situation. En Suisse romande, les employé·e·s de l’Office du Livre à Fribourg se sont vu imposer une augmentation de leur temps de travail et une réduction de salaire. En Suisse alémanique, le fabricant d’étiquettes Eson Pac à Aesch a également baissé les salaires. L’entreprise Karl Augustin SA à Thayngen, où nous nous
étions opposés avec succès à la rétribution en euros des travailleurs frontaliers en 2010 déjà, entend maintenant introduire la semaine de 45 heures. L’entreprise Pago SA à Grabs, filiale du groupe Fuji Seal, tend vers le même objectif. Au Tessin, Südpack SA de Bioggio préoccupe particulièrement notre syndicat, qui s’oppose à un paquet de mesures prévoyant une augmentation du temps de travail et la suppression des suppléments ou une diminution salariale importante. Enfin, l’imprimerie Limmatdruck Zeiler SA à Köniz, qui appartient au groupe allemand RLC Packaging, veut introduire la semaine de 45 heures et supprimer le 13e salaire en cas de résultat financier négatif en 2015. Toutes ces entreprises n’ont pas de contrat collectif de travail (CCT), c’est pourquoi elles peuvent introduire de telles mesures sans trop de difficultés. L’entreprise Südpack constitue la seule exception, puisqu’elle a conclu un CCT d’entreprise. Si l’on compare la situation dans la branche de l’industrie graphique, qui bénéficie d’un CCT national, on constate bien que certaines entreprises ont introduit l’horaire réduit, mais rien de plus.
Lorsqu’un groupe international possède plusieurs sites de production, comme RLC Packaging (carte), il est facile de menacer de délocaliser des emplois pour péjorer les conditions de travail des salariés suisse.
la prudenCe S’impoSe La prudence s’impose néanmoins, car l’actuel CCT échoit à la fin de l’année et sera sans doute durement attaqué. L’association patronale Viscom décidera de la marche à suivre le 23 avril prochain à Zurich, mais on sait déjà qu’elle compte résilier le CCT et introduire la semaine de 42 heures, en réduisant également les suppléments dans le secteur des imprimeries de journaux. Rassembler les informations, se laisser du temps, limiter temporellement d’éventuelles mesures, préserver la garantie de l’emploi, telle est notre position dans cette situation et nous recommandons à nos membres et aux commissions d’entreprise d’en faire autant. Dans les entreprises dépourvues d’une véritable représentation syndicale, il est difficile d’intervenir et la pression sur les salarié·e·s est très forte.
Südpack SA de Bioggio (Ti) prévoit une augmentation du temps de travail et une importante baisse de salaire.
PHOTO S YNDICOM
l’appui préCieux du SyndiCaT A part Südpack, où nous avons depuis des années un CCT d’entreprise, l’exemple le plus intéressant à considérer, notamment aussi en vue de l’avenir, est sans doute l’imprimerie Zeiler AG à Köniz, qui produit entre autres les emballages pour les capsules Nespresso. Un groupe d’imprimeurs affiliés à notre syndicat s’est adressé à nous et nous avons trouvé ensemble un chemin pour proposer des adaptations aux mesures envisagées par l’entreprise. Même si tout ne s’est pas passé exactement comme prévu, les personnes concernées ont non seulement apprécié notre soutien mais ont également compris l’importance d’avoir
SOURCE RLC PACKAGING
Avec la suppression du taux plancher et le prétexte du franc fort, la course aux économies bat son plein, plus que jamais. L’Union syndicale suisse (USS) a annoncé que des centaines d’entreprises ont déjà adapté le temps de travail et diminué les salaires. Il est peut-être temps de rappeler leur responsabilité aux employeurs et à leurs représentants – comme l’a fait l’USS – pour qu’ils mettent en pratique ce qu’ils prônent dans les médias, à savoir qu’il faut temporiser et peser soigneusement la situation avant d’intervenir. C’est d’autant plus indispensable que diverses entreprises ont déjà mis en exécution des mesures illégales, comme une réduction salariale plus importante pour les frontaliers.
l’appui du syndicat. Les contacts et la collaboration doivent se poursuivre, car l’accord est limité à fin décembre 2015. Il est prévu d’instaurer une commission d’entreprise, qui suivra de près l’évolution de la situation en se préparant surtout à d’éventuelles nouvelles mesures. Nous avons en outre pris contact avec les collègues du syndicat allemand Ver. di pour examiner les possibilités d’une action commune. Pour conclure, j’aimerais non seulement appeler toutes les personnes actives dans nos branches à nous informer de la situation dans leurs entreprises, mais aussi à s’affilier au syndicat. C’est la seule façon de répondre aux attaques. Il existe bien sûr la voie juridique (voir l’article à ce sujet, page 12), mais l’action syndicale est encore plus importante. Les exemples cidessus illustrent que dans les entreprises qui recourent volontiers à la pression ou même au chantage, on peut avancer avec prudence et de manière tactique. Les événements montrent à quel point il est nécessaire de négocier démocratiquement avec les salarié·e·s et le syndicat. Cette voie est à la fois sensée et indispensable. Là où des mesures ont été instaurées de force, le climat de travail s’est fortement détérioré. Nos branches traversent une phase économique difficile, pas seulement à cause de l’abandon du taux plancher. La tâche du syndicat est de veiller à ce que les travailleurs ne soient pas les premiers à passer à la caisse et à en payer le prix fort.
* Secrétaire central IGE Voir aussi « Doit au but », page 10
délimiTaTion du Travail
Workshops chez Swisscom En février, syndicom a publié une étude sur la délimitation du travail (www.syndicom.ch/delimitation), basée sur une enquête représentative menée auprès des entreprises de la branche Télécom (voir syndicom, le journal, N° 2 / 2015). Elle montre que la plupart des employé·e·s souffrent de stress dû à une surcharge de
travail. Beaucoup d’entre eux ont de la peine à lâcher prise pendant leur temps libre ; ils ne peuvent donc pas déconnecter et se reposer. C’est pourquoi syndicom organise actuellement des workshops sur 15 sites de Swisscom en Suisse alémanique et en Suisse romande. Les employé·e·s de Swisscom sont
invités à chercher avec nous des solutions d’amélioration lors de ces workshops. Ils peuvent faire valoir jusqu’à trente minutes d’absence payée pour y participer. Des workshops bien fréquentés ont déjà eu lieu à Berne, Bâle, Olten, Lucerne et Zurich. Les prochains auront lieu aux dates suivantes :
• 21 avril, 12 h 30 : Zurich Müllerstrasse, Diamant 2 • 21 avril, 16 h 00 : Zurich Binz, NE40 • 22 avril, 12 h 00 : Lausanne Bergières, salle auditorium • 22 avril, 15 h 00 : Genève Wagner, salle 34 Mont-Tendre • 28 avril, 12 h 30 : Berne Ittigen, Schilthorn
• 28 avril, 16 h 30 : Sion, salle Multimedia • 6 mai, 11 h 00 : St-Gall, Wassergasse 52, Grosses Sitzungszimmer 7.743 • 6 mai, 16 h 00 : Coire, Ringstrasse 32, Raum 2.21 • 29 mai, 12 h 00 : Berne Genfergasse, salles de conférence BO53, BO55 et BO57
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syndicom | N° 4 | 17 avril 2015
Santé au travail
Et si on parlait du travail ? SOCIOLOGIE • Le travail s’est éclipsé du débat social à mesure que l’emploi l’envahissait. Il n’est plus question d’avoir de bonnes conditions de travail, mais d’obtenir ou de conserver un emploi. Eclairage de Viviane Gonik, spécialiste de la santé au travail. Premier volet d’une série publiée dans Le Courrier. Viviane Gonik * Le travail occupe une grande partie de notre temps et de notre énergie, physique et psychique. On en parle, la plupart du temps pour s’en plaindre, à ses amis, collègues ou famille. Cependant, le travail s’est éclipsé du débat social à mesure que l’emploi l’envahissait. Le problème ne serait plus de le transformer, de l’organiser différemment, d’en améliorer les conditions, mais d’abord d’en avoir, fût-ce au prix de lourdes concessions sur sa qualité, son intensité, sa pénibilité. Un emploi ou des bonnes conditions de travail, telle est la question, ou plutôt tel est le chantage qu’on fait peser sur les employé·e·s, même en Suisse, qui croule sous l’argent et où le taux de chômage est relativement bas. Vous voulez garder un emploi ? acceptez alors des baisses de salaires, des horaires absurdes, une charge de travail toujours plus lourde, un contrôle toujours plus tatillon et éloigné de la réalité du travail.
Qualité ou rentabilité ? Dans toutes les entreprises, dans tous les métiers, dans la fonction publique comme dans le privé, on observe deux grandes tendances dans les méthodes de management et d’organisation du travail. En premier lieu, une multiplication de prescriptions, d’indicateurs à fournir, de comptabilisation des activités, une masse de travail administratif à accomplir qui détourne des activités réelles du travail et en dénature le sens : il faut
métro-boulot-Kino Au travers de films, documentaires ou fictions, et de débats, Métro-Boulot-Kino offre un lieu d’échanges, de rencontres et de débats sur le travail et ses enjeux contemporains. Prochaine séance : mardi 28 avril
Des dames comme tout le monde de Maïté Débats et Carole Prestat (France, 2000, documentaire, 52’) Des femmes de cultures différentes, seules ou en groupe, s’expriment sur la question du travail, sur leur relation au travail, sur leur condition, sur la famille, la précarité… Au Cinélux, boulevard SaintGeorges 8, Genève (arrêt : Jonction). www.metroboulotkino.ch
passer son temps à remplir des tableaux d’indicateurs et d’objectifs plutôt que résoudre les problèmes des usagers, bien s’occuper des malades, des élèves ou des clients. Le travail, l’activité réelle, disparaît du contrôle, seule reste l’enveloppe : il s’agit alors de contrôler directement les personnes. On ne s’intéresse plus à la productivité des biens et des services mais uniquement à la rentabilité des personnes. Il ne s’agit plus, par exemple pour un hôpital, d’offrir des soins de qualité, mais d’être rentable, en choisissant les bonnes maladies, les usagers payants, ou en instaurant une tarification par pathologies.
qui qualifie un droit ou un état « obtenu par la prière », qui ne s’exerce que grâce à une autorisation révocable. La notion de précarité implique donc clairement un rapport social de domination dans lequel le devenir d’un individu est soumis à la décision d’autrui. La précarité renvoie aussi à l’incertitude, au caractère de quelque chose dont on ne peut garantir la durée, la solidité, la stabilité, qui à chaque instant peut être remis en question par des décisions administratives ou arbitraires. La précarité, c’est donc l’incertitude et la domination.
précariSation et déStabiliSation
Il s’agit alors, en plus de la précarité, d’introduire « une précarisation » de tous et toutes par des pratiques de déstabilisation. On peut citer, à titre d’exemple, les pratiques de changements incessants qui traversent toutes les grandes entreprises, les restructurations de diverses natures, telles que les redéfinitions de services, de départements, les recompositions de métiers, la mobilité systématique, les déménagements géographiques, les changements de logiciels, la reconfiguration des espaces… Certes, les directions allèguent la nécessité de s’ajuster à un management par la peur Pour instaurer le management environnement fluctuant, incerpar la peur, on organise une tain et présentent le changehyperactivité, un productivisme ment comme une vertu en soi obtenir la docilité effréné qui rend le salarié abso- qui remplace celle de progrès, deS employéS Les évaluations du travail sont lument incapable de dégager du mais il y a bien aussi l’objectif de désapproprier les devenues de plus en salariés de toute maîtrise plus extérieures, fonde leur travail. « Il nous dées sur des indicateurs faut produire de l’amnéde débit : le nombre de « Pour instaurer le management par la sie », expliquait dans les patients, de dossiers, peur, on organise une hyperactivité, un années nonante un manad’élèves qui réussissent, productivisme effréné qui rend le salarié ger de France Télécom. etc. Il s’est développé Deux Français sur trois un discours paradoxal absolument incapable de dégager affirment avoir peur le autour de la qualité (ou du temps pour prendre du recul. » matin en allant au trade la satisfaction de vail, selon une enquête l’usager / client) : qualité publiée le 7 mars 2014 totale dans le discours, par le site de recrutement exigence de rentabilité sans se préoccuper de la réali- temps pour prendre du recul. Il Meteojob (« Peur au travail », té du travail, que de toute façon est constamment dans une acti- Figaro.fr) et réalisée en février le manager ne peut plus per- vité urgente. De surcroît, il est de la même année. Les princicevoir, dans la mesure où il ne surveillé par des caméras ou des pales raisons : la pression hiéconnaît pas nécessairement le logiciels de contrôle du temps de rarchique (27,7 %), la peur d’armétier. Notion de qualité d’au- travail. Et on lui donne des objec- river en retard (25,3 %), suivies de près par la charge de travail tant plus floue et absurde qu’elle tifs inatteignables qui le mettent se base sur des indicateurs abs- en situation de faute prescrite : (21,4 %) ou encore la peur de faire traits, déconnectés du travail, il part en situation de coupable une erreur (18,6 %). Les patrons sont aussi redoutés par les salaalors même que les employé·e·s, dans l’exécution de son travail. dépassé·e·s par la surcharge de Cette stratégie de « modernisa- riés, qui sont 18,9 % à craindre un travail, ont souvent l’impression tion managériale » de l’entre- échange avec leur supérieur hié– justifiée – de bâcler leur travail. prise vise à transformer ses rarchique. En parallèle s’instaure un climat salariés qui ne seraient pas La menace du licenciement, parde peur, pour obtenir la docili- adaptés aux nouvelles règles de fois associée à la menace du té des employés. La précarité, la concurrence mondiale, qui dépôt de bilan de l’entreprise, la multiplication des contrats à seraient enclins à la contesta- permet d’obtenir des employés durée déterminée en sont un des tion et à n’en faire qu’à leur tête, et de l’encadrement un surcroît outils. Il est peut-être utile d’in- selon leurs propres valeurs pro- de travail et de performance, diquer que l’étymologie du mot fessionnelles, éthiques ou même voire des sacrifices, au nom de la nécessité de donner chacun précaire vient du latin precarius citoyennes.
et collectivement un coup de collier. Aussitôt après, on s’appuie sur ces nouvelles performances pour les transformer en normes et justifier un nouveau dégraissage d’effectifs. La menace aggrave la menace et n’apporte pas la sécurité souhaitée vis-à-vis de l’emploi. Etau qui se resserre de façon implacable puisque, chaque année, les investisseurs (ou les députés de droite pour le secteur public) profitent d’une concurrence / chantage mondialisée pour exiger une augmentation de la rentabilité des capitaux investis (ou de faire autant – voire plus – avec des budgets publics en diminution). Sur toute la planète, le capitalisme en crise presse le citron du travail, dans une société de plus en plus inégalitaire.
Se plier ou Se taire Pris dans ce piège, les employés doivent se plier et se taire. Toute critique, toute revendication est interdite : on peut citer par exemple une circulaire d’un conseiller d’Etat qui, au nom du secret de fonction, interdit toute critique vis-à-vis des politiques publiques, ou encore les licenciements des délégués syndicaux ou des grévistes, comme à Gate Gourmet ou à l’hôpital de la Providence. Cette peur isole aussi les employés : on n’ose plus parler, se parler, dire que ça va mal ; et rend toujours plus difficile une pensée sur son travail et une action collective. La mise en concurrence engendre un climat de défiance généralisée, et les collègues sont souvent perçus comme des obstacles ou des menaces. C’est une diminution de la vie collective, une perte de substance des collectifs de travail qui caractérisent le monde du travail moderne, les valeurs syndicales en pâtissent. Le mal-être est vécu de façon très personnelle et n’est pas nécessairement interprété comme un symptôme d’un rapport de forces défavorable entre salariés et employeurs. Réfléchir, discuter sur ce qu’est le travail aujourd’hui, sur comment sortir de l’impuissance et de la peur solitaire, tel est un des objectifs de l’association Métro-Boulot-Kino, qui organise chaque mois la projection d’un film parlant du travail, suivie d’une discussion.
*Ergonome, spécialiste de la santé au travail et active à MétroBoulot-Kino. Article paru dans Le Courrier, 29.9.2014.
Actualités | 9
syndicom | N° 4 | 17 avril 2015 Signature de la charte de la Sécurité
syndicom lutte contre les accidents professionnels Les statistiques semblent invraisemblables : en Suisse, on compte pas moins d’une centaine d’accidents professionnels par heure de travail. Presque tous les deux jours, les accidents du travail coûtent la vie d’une personne. Le programme de prévention de la SUVA « Vision 250 vies » vise à réduire de moitié le nombre d’accidents professionnels graves ou mortels entre 2010 et 2020, et à sauver ainsi 250 vies. La charte de la sécurité élaborée par la SUVA – en collaboration avec des syndicats, des associations patronales et des sociétés de planification –
est le pivot de ce programme de prévention. En signant la charte de sécurité, les entreprises et les organisations s’engagent officiellement à adopter les règles de sécurité sur le lieu de travail spécifiques à la branche. Les entreprises mettent en particulier en œuvre les mesures suivantes : • Application générale du principe « STOP EN CAS DE DANGER – SÉCURISER – REPRENDRE LE TRAVAIL ». Ce principe est respecté scrupuleusement même en cas de stress au travail. • Les « règles vitales » propres à la branche sont déclarées de
250 000 accidentS du travail par an En Suisse, on dénombre actuellement quelque 250 000 accidents du travail par an, dont 181 500 accidentés sont assurés à la SUVA. Ces accidents concernent un ouvrier de chantier sur cinq, un monteuréchafaudeur sur quatre, un ouvrier forestier sur trois. Chaque année, quelque 19 000 accidents professionnels impliquant des apprentis se produisent dans les entreprises assurées à la SUVA. Trois connaissent une issue fatale. Les apprentis présentent un risque d’accident professionnel largement supérieur à celui des autres employés. En moyenne des années 2007 à 2011, ils affichent un risque d’accident professionnel de 128 accidents pour 1000 apprentis. Chaque année, un apprenti sur huit est donc victime d’un accident. (YS)
force obligatoire ou des règles de sécurité spécifiques à l’entreprise sont définies avec la SUVA. • Les travailleurs sont formés aux règles de sécurité – si possible directement sur leur place de travail. Depuis févier 2015, syndicom est partenaire officiel de la charte de la sécurité. « syndicom veut renforcer le dialogue avec les différentes branches et les partenaires sociaux pour les encourager à signer la charte. Nous voulons nous engager pour optimiser la sécurité sur le lieu de travail. Car le travail ne doit en aucun cas entraîner des risques mortels », déclare Bernadette Häfliger Berger, vice-présidente de syndicom et responsable Egalité et droit. Maya Griesser, responsable à ce jour de la sécurité à syndicom, ajoute : « Il est important que syndicom ait adhéré à la charte de la sécurité. Nous devons maintenant prendre contact à ce sujet avec les entreprises. »
Pour des informations complémentaires et pour signer la charte : www.charte-securite.ch
PHOTO NAOMI KUNZ
syndicom a signé la charte de la sécurité de la SUVA. La reconnaissance officielle des règles de sécurité spécifiques aux branches a pour objectif de limiter les accidents professionnels. Naomi Kunz
encore merci maya ! Nous tenons à prendre ici officiellement congé de Maya Griesser, qui a pris sa retraite. Nous lui adressons tous nos vœux pour son avenir et la remercions sincèrement de son engagement de longue date au sein du syndicat. Retoucheuse en héliogravure diplômée, Maya Griesser a été à partir de 1990 secrétaire régionale à Zurich (comedia) pendant de nombreuses années. Après une longue absence pour raisons de santé, elle a pu reprendre son activité professionnelle en 2012, en tant que spécialiste de la sécurité à syndicom. Maya était responsable des questions de sécurité et de santé et membre de la commission correspondante au sein du syndicat. Elle entend profiter de sa retraite pour se consacrer à la gravure sur métal. Nous lui souhaitons des heures créatives et joyeuses ! (NK)
le premier pilier reSte robuSte
AVS : pas de panique ! Il n’est pas étonnant que, pour la première fois depuis 1999, le résultat par répartition de l’AVS soit négatif. En effet, ces dernières années, l’AVS a été privée de 300 à 400 millions par année à cause de la deuxième réforme de l’imposition des entreprises, car nombre de cellesci versent toujours plus des dividendes non assujettis à l’AVS au lieu de salaires. D’autre part, le chômage n’a jamais été aussi élevé en Suisse (selon la définition de l’OIT), ce qui diminue les cotisations salariales reçues par l’AVS. De fait, les personnes en fin de droit n’en paient pas et celles versées par les chômeurs et chômeuses baissent nettement. Par conséquent, l’Union syndicale suisse rejette résolument les scénarios panique assortis de demandes de démantèlement, qui se multiplient aujourd’hui à cause des nouveaux chiffres de l’AVS. Depuis la création de l’AVS déjà, le vieillissement de la société est une réalité. A cause de la forte augmentation de l’es-
bénéfice de l’avS : + 88 % Si, pour la première fois depuis 1999, les dépenses de l’AVS dépassent les recettes, créant un découvert de 320 millions de francs sur un total des cotisations de 40,547 milliards, le premier pilier reste néanmoins dans les chiffres noirs dans son résultat d’exploitation. Les performances, certes particulièrement élevées (6,7 % de rendement), de ses placements ont permis de dégager 1,7 milliard en 2014, soit trois fois plus qu’en 2013. (YS)
pérance de vie et de la nette baisse des taux de natalité, le rapport cotisant·e·s / bénéficiaires de rentes est passé de 6,5 : 1 à 3,4 : 1. Avec des réserves de 45 milliards, l’AVS reste néanmoins des plus robustes. Depuis 1975, le nombre des personnes à la retraite, désormais 2 millions, a plus que doublé. Mais les cotisations salariales à l’AVS n’ont plus été relevées depuis lors. Une seule fois pendant ces quarante ans, 1 % de TVA a été ajouté. Cela montre que le mécanisme social de financement de cette assurance – des cotisations prélevées sur la totalité des revenus d’une activité lucrative – est extrêmement solide. C’est pourquoi tous les scénarios catastrophe qui s’appuyaient sur l’évolution démographique se sont révélés erronés. Ces prochaines années, l’arrivée à la retraite des classes d’âge à forte natalité nécessitera provisoirement plus de ressources. Ces besoins pourront être surmontés sans problème avec la hausse de la TVA proposée par le Conseil fédéral ou d’autres mesures encore. Si l’activité lucrative augmente fortement, ou si les aberrations entraînées par la deuxième réforme des entreprises sont corrigées, le besoin de recettes supplémentaires se fera moins sentir. Mais il n’est pas possible d’envisager de retirer encore plus de ressources à l’AVS. L’USS s’oppose donc résolument à ce que les taux d’intérêt de la dette de l’AI envers l’AVS passent de 2 % à 1 %, comme le propose le Conseil fédéral dans le cadre du programme de consolidation et de réexamen des tâches (CRT).
Union syndicale suisse
Journée d’étude : travailler et vivre online chanceS et riSQueS deS formeS virtuelleS de travail Fribourg, Hôtel NH, 30.6.2015, 10 h 00-15 h 45 En collaboration avec l’Union syndicale suisse Programme de la journée 10 h 00 Salutations : Un thème d’une grande actualité. Pierluigi Fedele, Unia 10 h 10 Réflexion sur le travail « Always and everywhere » ? Quelles réponses à la crise du temps « industriel » ? Nicola Cianferoni, Université de Genève 10 h 30 Risques et chances des nouvelles formes de travail pour la conciliation entre famille et emploi. Elodie Baerlocher, Bureau UND 10 h 50 Du point de vue de l’ergonomie et de l’organisation du travail : quels défis, potentialités pour l’aménagement des conditions de travail et des lieux de travail du futur ? Rafaël Weisbrodt, ERGOrama, chargé MSST 11 h 40 Aperçu juridique : enregistrement du temps de travail, présence versus prestation, aménagement des contrats, des CCT etc. Défis et objectifs d’un point de vue syndical. Luca Cirigliano, USS 12 h 15 Repas de midi 13 h 30 Ateliers 1. Organisation du travail et problématique de la délimitation du travail 2. La conciliation vie professionnelle et vie privée et les nouvelles formes de travail : piste ou leurre ? 3. Conséquences psychosociales et protection de la santé des travailleurs·euses Dans les ateliers : Denise Chervet (ASEB), Nicola Cianferoni, Luca Cirigliano, Pascal Crespin, (Unia), Giorgio Pardini (syndicom), Beat Ringger, Rafaël Weisbrodt 15 h 00 Podium : Conclusions et pistes pour le travail syndical esquissées dans les ateliers 15 h 45 Mot de clôture. Beat Ringger, SSP/ VPOD Journée proposée en traduction simultanée (plénière, ateliers 2 et 3) Coûts : non-membre : Fr. 180.– ; membre : gratuit (Garanto, SEV, syndicom, Unia, SSP/ VPOD, Nautilus) Inscription : www.movendo.ch / tél. 031 370 00 70, fax 031 370 00 71 Monbijoustrasse 61, 3000 Berne 23
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syndicom | N° 4 | 17 avril 2015
Aux OrIgINES Du 1 er MAI
Il y a 125 ans, on fêtait le premier 1er Mai Noël est célébré seulement par la chrétienté, carnaval aussi. Le passage à la nouvelle année ne tombe pas partout sur le 1er janvier. Les fêtes nationales ont lieu à des dates propres aux différents pays. Le seul jour férié de portée véritablement universelle c’est le 1er Mai. Comment en est-on arrivé là? Ewald Ackermann * Le mouvement ouvrier, qui prend de l’ampleur à la fin du XIXe siècle, place la journée de huit heures au centre de ses revendications. Les syndicats des Etats-Unis entendent faire aboutir cette revendication le 1er mai 1886, car le 1er mai est le jour où les ouvriers négocient leurs nouvelles conditions de travail. Ce 1er mai-là, une grande grève débute à Chicago. Elle s’achèvera le 4 mai par un attentat dirigé contre la police et une bataille de rue. Au cours de la parodie de procès qui s’ensuit (le procureur Grimell : « Les ouvriers doivent
être pourchassés comme des rats jusque dans leurs trous »), sept dirigeants du mouvement ouvrier sont condamnés à mort. Quatre subiront le châtiment suprême, un se suicidera dans sa prison, deux seront graciés et leur peine commuée en détention à vie. En 1893, les condamnés, premiers martyrs du mouvement ouvrier, seront réhabilités.
DécISION Du cONgrèS SOcIAlISTE En Europe et en Australie également, le mouvement ouvrier gagne en importance. Il exige, là aussi, la journée de huit heures.
1 er MAI
Mais cette revendication – estiment les dirigeants du mouvement – doit être posée et adoptée au plan international. C’est pourquoi le Congrès socialiste international, qui se tient à Paris en 1889, proclame le 1er mai jour de revendication des travailleurs et travailleuses. Dans tous les pays, des manifestations seront organisées le 1er mai 1890 pour demander l’introduction de la journée de huit heures et l’amélioration de la protection des travailleurs et travailleuses. La grève de Chicago a joué un rôle dans le choix de la date du 1er mai,
mais aussi la dimension symbolique du mois de mai, considéré comme le mois du renouveau et de la fécondité.
lE 1 Er MAI EN SuISSE En Suisse, le 1er Mai 1890 est fêté dans pas moins de 34 localités. A cette époque, l’Union syndicale suisse comptait à peine 5000 membres, le Parti socialiste suisse avait neuf mois d’existence. « Quelques milliers » de personnes ont probablement débrayé ce jour-là, la plupart à Berne. En début d’après-midi, on dénombre déjà 2000 manifes-
tants qui défilent dans les rues de la ville fédérale, sagement rangés derrière la bannière de leur syndicat. Dans la plupart des localités, les manifestations du soir connaissent une affluence encore plus grande. Les chiffres sur la participation à ces premières journées d’action revendicative sont parvenus jusqu’à nous grâce aux services du Ministère public de la Confédération, qui faisait espionner systématiquement les manifestations…
* Service de la communication de l’Union syndicale suisse
MANIFESTATIONS
Appel de l’USS (suite de la page 1) Programme du 1er Mai en Romandie Au lieu de s’attaquer aux problèmes, les partis de droite, les milieux économiques et les patrons veulent miner la justice sociale. Nombre de patrons prennent prétexte de la forte surévaluation du franc, non seulement pour maintenir, mais même pour augmenter leurs marges. Appliquant le principe selon lequel, quand les affaires marchent, on empoche les bénéfices et quand elles vont mal, on répercute les risques sur le personnel, ils introduisent des salaires en euros illégaux, baissent les salaires, délocalisent des emplois et prolongent la durée du travail. C’est contre ces « profiteurs de la crise du franc » que nous nous battons. Au lieu de demander à la Banque nationale de remplir son mandat légal et d’œuvrer pour un cours de change franc-euro raisonnable, les partis de droite votent à l’unisson des milieux économiques et propagent des recettes idéologiques bien connues : dérégulations, démantèlement des services publics, programmes d’austérité, régression sociale, baisses d’impôts pour les entreprises et les riches et renoncement à des mesures attendues depuis trop longtemps pour réaliser l’égalité salariale prescrite par la Constitution. C’est contre cela que nous nous battons. Au lieu de résoudre les problèmes, on exploite la détresse et les peurs des gens en lançant des campagnes d’exclusion : contre les bénéficiaires de l’aide sociale, contre les rentiers et rentières de l’AI, contre les minorités religieuses et surtout contre les étrangers et les étrangères. Or, l’exclusion et les discriminations ne portent pas seulement atteinte aux personnes qu’elles frappent, mais aussi à toute la société. Et elles mettent en danger le bien-être. C’est contre cela que nous nous battons. L’heure est à la justice sociale. Des salaires équitables et des rentes décentes, des conditions de travail de qualité, des emplois sûrs et l’égalité salariale entre femmes et hommes, c’est économiquement possible en Suisse. Il s’agit d’une question de volonté et de rapport de force. C’est pourquoi nous réclamons haut et fort des salaires décents, des rentes meilleures, de bonnes conditions de travail et le plein emploi. Nous voulons une Suisse juste, solidaire, sans discrimination et ouverte. C’est pour cela que nous nous battons. C’est pour cela que, en ce 125e anniversaire de la Fête du travail, nous lançons notre mot d’ordre à travers tout le pays : Justice sociale – Pas d’exclusion ! (USS)
BERNE
BIENNE Dès 12 h : Service de bar à la place Centrale. 16 h 15 : Départ du cortège en direction de la place Centrale 16 h 45 : Discours : Daniel Hügli (Union syndicale et député PS). Corrado Pardini (CN PS / Unia), Samantha Dunning (députée PSR), Lena Frank (coprésidente Jeunes Vert·e·s Suisse, Unia). 17 h 30 : Remise du prix Unia « Travail et solidarité ». Dès 18 h : Service de bar et concert : Lucien Dubuis Trio. 20 h : Clôture de la manifestation. lONgEAu / lENgNAu Lieu : Aula Dorfschulhaus 15 h 15 : rassemblement Marktplatz à Granges, manif jusqu’à la gare de Granges Nord. Transport par bus à Longeau. Discours : Roberto Zanetti (CE SO), Bea Heim (CN SO). Remo Bill (PS Granges), Dana Augsburger-Brom (Conseil de ville de Bienne, Unia). De 16 h 15 à 20 h : Risotto gratuit ; saucisses, pain et salades. 16 h 30 : Divertissement cabaret politique (Linggi Schnure).
FRIBOURG
FrIBOurg Place Python – Fribourg, toute la journée. Manif à 14 h. Discours à 15 h 30 avec Timnit Mehari (CCSI / SOS Racisme), Jean-Pierre Biolley (ex-Pavatex), Christian Levrat (CE et président du PSS). Animation, stands, boissons, nourriture.
GENÈVE
gENèVE Nos emplois, nos salaires, nos retraites : unissons-nous ! 11 h : au monument à la mémoire des Brigadistes, rue Dancet côté plaine de Plainpalais, allocutions d’Alexander Eniline (PDT) et d’un·e collègue du SEV, apéritif offert. 15 h : départ du cortège bd James-Fazy, pl. 22-Cantons, r. Chantepoulet, pont du Mont-Blanc, pl. Port, rues Rhône, Italie, Basses, Corraterie, pl. Neuve, Bastions.
16 h : à l’entrée du parc des Bastions côté place Neuve, allocutions de solidaritéS et d’Unia. 17 h : parc des Bastions, partie festive avec un manège et des poneys pour les enfants. Sur scène : concerts et DJ en collaboration avec Jours de mAi. Dès 12 h et jusqu’à 23 h : restauration avec plus de 30 stands. Au crépuscule : projection par Spoutnik : « L’An 01 ». Retransmission des discours sur Radio Zones 93,8 FM.
INTERJURASSIEN
lE NOIrMONT 16 h 30 : Rassemblement devant la gare du Noirmont. 17 h : Cortège du 1er Mai interjurassien. 18 h 15 : Discours Alain Berset (conseiller fédéral). 19 h : Apéro puis repas à la Halle communale. Animation musicale par Vincent Vallat. dès 21 h 30 : Junior Tchagga, en concert à la Halle communale. Boissons, repas, grillades à prix populaires.
NEUCHÂTEL
lE lOclE Place du Marché par tous les temps. 11 h : Ouverture de la fête et apéro / musique. 12 h à 14 h : Repas / musique.
13 h 30 : Discours. Bernard Remion (ancien secrétaire régional de syndicom), Marianne Huguenin (syndique de Renens, POP). 14 h à 14 h 45 : Cortège. 15 h : Discours. Pascale Gazareth, Pierre-Yves Maillard (conseiller d’Etat VD). 18 h : fin de la fête.
VALAIS SION Dès 17 h à la place des Tanneries (parking du Scex). Dès 18 h : Partie officielle avec la fanfare des retraités PTT. Aldo Ferrari (Unia), Rebecca Ruiz (CN PS). Président du jour : Mathias Reynard (CN PS). Dès 19 h 30 : Concert exceptionnel de Fleuve Congo. Stand de boissons, cantine et musique !
VAUD lAuSANNE Touche pas à mon salaire ! Touche pas à ma retraite ! 15 h 00 Rassemblement place de la Riponne 15 h 15 Manifestation à travers la ville 17 h Place Centrale : Concert Plus de détails sur www.union-syndicalevaudoise.ch NYON Tour en petit train de 9 h à 10 h. Rendezvous au débarcadère de Nyon et apéro devant la section de Nyon de 10 h à 11 h. YVErDON 17 h : Rassemblement sur la place Pestalozzi ; distributions de ballons, stands de nourriture (sandwiches, soupe, saucisses) et de boissons. 18 h 30 : Cortège en ville. Dès 19 h : Allocutions et Fanfare l’Avenir . Discours : Arnaud Bouverat (Unia), Nicolas Rochat (député PS). Dès 20 h 30, grande salle de la Maison des Associations (quai de la Thièle 3) : Table ronde « Nos retraites à la sauce Berset – l’indigestion ? » modérée par Sylviane Herranz (L’Evènement syndical). Intervenantes : Michela Bovolenta (SSP), Doris Bianchi (USS), Cesla Amarelle (PS), Christiane Jaquet-Berger (AVIVO).
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syndicom | N° 4 | 17 avril 2015 ANArchISME ET SYNDIcAlISME à gENèVE
Les luttes d’hier et d’aujourd’hui Le vernissage du livre de l’historien Alexandre Elsig sur la Ligue d’action du bâtiment (LAB) de Genève a permis de susciter le débat sur le rôle des syndicats aujourd’hui. Inspirée par les idéaux anarchistes d’action directe, la LAB est créée par des ouvriers genevois à la fin des années vingt en vue de faire respecter une convention de travail acquise de haute lutte. Aline Andrey * « Action directe et défense des conditions de travail hier et aujourd’hui ? » C’est sous cette appellation qu’une rencontre-débat a été organisée par le Collège du travail le 25 février, à l’Université ouvrière de Genève, à l’occasion du vernissage du livre de l’historien Alexandre Elsig La ligue d’action du bâtiment. L’anarchisme à la conquête des chantiers genevois dans l’entredeux-guerres. Dans les années trente, la Ligue d’action du bâtiment (LAB), était le bras armé d’inspiration anarchiste de la FOBB à Genève. Elle a réussi à faire entendre ses revendications et à imposer les conventions de travail grâce à ses actions directes, parfois illégales.
l’ANArchISME DANS lE MONDE OuVrIEr
justice. Tronchet prend un mois de prison ferme ; ses compagnons, 15 jours avec sursis. « Alors que le PS était à la tête du gouvernement cantonal, cette sanction crée la rupture entre la gauche et la force anarchiste. C’est le chant du cygne pour la LAB », a relevé Alexandre Elsig. « L’emprise de l’anarchisme dans le monde ouvrier genevois aura duré un peu moins d’une décennie. »
lES luT TES AujOurD’huI Alors que la LAB reste un mouvement majeur dans l’histoire du syndicalisme genevois, le débat qui a suivi ce bref exposé a dépeint un contexte politique et syndical bien différent d’alors. Même si, comme l’a introduit Manuela Cattani, secrétaire générale du SIT et présidente de la Communauté genevoise d’action
L’historien a rappelé deux moments forts du mouvement. Celle de l’affaire de Versoix, qu’il relate dans son livre par ces mots : « Le 15 janvier 1931, L’Internationale retentit avec un écho particulier « Sur la question du sabotage sur le parvis du Palais de jusou de luttes fortes, comme tice genevois. Entonné par les militants de la Fédération des la LAB les a menées, c’est ouvriers du bois et du bâtiment aux travailleurs d’en décider… » (FOBB) et orchestré par leur meneur Lucien Tronchet, le chant célèbre une importante victoire judiciaire de la Ligue d’action syndicale (CGAS) « nous sommes dans une du bâtiment (LAB). En effet, quelques période où les luttes vont s’accentuer… » minutes plus tôt, le juge avait pronon- Alessandro Pelizzari, secrétaire régional cé la libération immédiate de quatorze d’Unia Genève et vice-président de la syndicalistes inculpés dans l’affaire dite CGAS, a souligné les ambiguïtés de la “de Versoix”. » « La bande à Tronchet », lutte syndicale et l’importance de réflécomme elle était appelée à l’époque, chir à la fonction des syndicats : « Est-ce avait été accusée de violation de domicile que l’organisation syndicale est un vecpour avoir voulu faire cesser de force le teur qui permet ou empêche l’organisatravail sur un chantier un samedi après- tion de luttes collectives ? Ou comment le midi en vertu de la convention de travail syndicat peut redevenir un vecteur d’organisation collective ? Alors qu’en Suisse, récemment acquise. Quatre ans plus tard, en 1935, les mili- et nous l’avons vu lors du 9 février 2014, tants de la LAB démolissent des taudis les syndicats ne sont pas vus comme « insalubres et surpeuplés » avec pour une alternative crédible aux discours de objectif l’amélioration des conditions de l’UDC. Et qu’il y a amalgame entre les synlogement et la création d’emplois. Cette dicats et la social-démocratie qui restrucfois-ci, le syndicat sera sanctionné par la ture les retraites… »
« Un appareil syndical doit être capable aujourd’hui de former un horizon politique commun face à la fragmentation du monde du travail et au manque de boussole politique. Il faut un syndicalisme ouvert, et le réinventer tous les jours. » Dans ce sens, Alessandro Pelizzari a relevé l’importance des luttes inédites comme chez Merck Serono, avec les cols blancs comme acteurs syndicaux, ou la grève de quatre Polonais sur un chantier à Genève, malgré la précarité de leur statut. Mais aussi la lutte des TPG « importante pour l’ensemble des syndicats ». Vincent Leggiero, président de la section TPG du SEV, est revenu sur cette grève menée en novembre. « Par son ampleur, le mouvement a réussi à ébranler le Conseil d’Etat, appareil de la bourgeoisie, du capitalisme », a-t-il rappelé. « Le SEV s’est battu pour son indépendance. Et l’indépendance, c’est la clé de voûte de la lutte, sinon c’est de l’accompagnement. C’est ce que les directions essaient tout le temps : nous associer à leurs décisions pour dégrader les conditions de travail. »
La ligue d’action du bâtiment. L’anarchisme à la conquête des chantiers genevois dans l’entre-deuxguerres, Alexandre Elsig, Editions d’en bas & Collège du travail, 2015. 24 fr. Couverture: la grève des couvreurs en 1931. Au centre, à gauche du tambour, Lucien Tronchet, fer de lance de la LAB.
QuI DécIDE ? Après une discussion nourrie sur le rôle des syndicats – défenseurs des travailleurs seulement ou plus globalement du peuple ? – l’intervention de Charles Magnin, président du Collège du travail, a résumé la situation : « Comment fédérer les forces en révolte contre les inégalités, dans ce moment historique particulier d’intensification des crises ? » Après quoi, deux questions du public ont permis de créer un lien direct avec la LAB. A savoir : Est-ce que des actions de sabotage illégales pour des conditions de travail dignes sont encore possibles ? Et auraientelles le soutien des syndicats ? Ou les syndicats sont-ils des digues qui permettent, pour les Etats et les patrons, que la révolte ne déborde pas, en jouant notamment les pompiers dans certaines situations ?
Ce à quoi Manuela Cattani a répondu : « Je n’ai jamais eu à faire le pompier. Plutôt l’inverse… » Alors que son homologue Alessandro Pelizzari relevait : « Unia a joué les pompiers parfois, comme à Reconvilier par exemple [faisant référence au conflit à la Boillat, ndlr], où la lutte a été stoppée. Or ce n’est pas à l’appareil syndical, mais aux assemblées générales des travailleurs de décider. » Et Vincent Leggiero de conclure : « Dès le moment où l’on va à l’encontre des travailleurs, on n’est pas des pompiers, mais des traîtres. Sur la question du sabotage ou de luttes fortes, comme la LAB les a menées, c’est aux travailleurs d’en décider… »
* Extrait d’un article paru dans L’Evénement syndical, N° 12, 18.3 2015.
PrESSE rOMANDE ET DIVErSITé
Article 60 : un nouveau titre prometteur Un nouveau mensuel vient d’enrichir la presse écrite romande : Article 60. La survie de ce journal associatif révélera la capacité qu’a le paysage médiatique suisse à conserver une diversité. Le numéro « zéro » est paru à la fin de l’année dernière, dans une quasi-indifférence. Pour mettre en valeur la richesse de la vie associative en Suisse romande, une vingtaine de pages, avec peu de publicité. « Nous n’avons aucune couleur politique et ne sommes affiliés à aucune structure », explique sa rédactrice responsable Sophie Nedjar. « Mais il est évident qu’en voulant don-
ner la parole aux actrices et aux acteurs de la vie associative, nous avons aussi une démarche un peu orientée (elle sourit). » « Des mots, des actes, des associations », c’est le principe de ce journal basé sur le bénévolat et les abonnements. « L’article 60 du Code civil suisse est consacré aux associations. Nous y sommes très attachés et voulons montrer qu’au-delà des institutions classiques, il y a une vie. La vie civile. Elle est importante », poursuit la rédactrice. Culture, opinions, coups de gueule, portraits décapants, témoignages, Article 60 espère sortir du lot et se démar-
quer du reste de la presse écrite romande. « Nous en sommes à notre quatrième véritable numéro. Nous vivons un peu de la publicité, mais pas encore assez pour être autonomes et rémunérer les personnes qui travaillent pour nous », poursuit Sophie Nedjar. Laquelle espère cependant que d’ici quelques numéros, ce journal dont la rédaction est basée à Lausanne mais qui est imprimé à Delémont parviendra à être pleinement viable financièrement. « La vie associative est pour nous essentielle. C’est dans ces milieux que se mènent des débats passionnants sur la culture, l’économie,
la politique et la politique sociale. Mais ces milieux n’ont hélas pas assez souvent accès aux grands médias nationaux ou régionaux », se désole-t-elle.
Dans ce 4e numéro, notamment, un hommage à Anne Cunéo, une réflexion passionnante sur la vie des journalistes indépendants en Syrie, ou encore une analyse à contre-courant des conséquences du taux de change sur l’emploi. Article 60, aussi en vente dans certains kiosques, espère pouvoir bientôt rémunérer pleinement ses collaboratrices et collaborateurs. « Qui sait, peut-être serons-nous un jour un nouveau 24 Heures ? » s’amuse Sophie Nedjar. Qui sait ?
Mohamed Hamdaoui Plus d’infos : www.article60.com
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syndicom | N° 4 | 17 avril 2015
EtrE pauvrE En SuiSSE
LonguE-vuE
Le nombre de « bénéficiaires » de l’aide sociale est en augmentation en Suisse – et les jeunes de moins de 25 ans en forment le plus grand groupe d’âge. La droite de la droite (l’UDC, donc) a trouvé le coupable de cette augmentation : la Conférence suisse des institutions d’aide sociale (CSIAS). Le « forfait de base » d’aide sociale, fixé par la CSIAS, est actuellement de 986 francs pour une personne seule, et c’est trop pour l’UDC. L’UDC voudrait donc en revenir à un système où chaque commune déterminerait elle-même, au plus bas niveau possible, ce niveau de l’aide sociale, devenue une aumône. But de l’exercice : réduire ces aides de 40 %. Or elles sont déjà insuffisantes à assurer une existence digne, alors que les coûts de l’aide sociale ne représentaient en Suisse, en 2012, qu’un cinquantième des dépenses totales du système de « sécurité sociale ». Cela aussi, c’est encore trop. D’ailleurs, toute dépense sociale n’est-elle pas de trop pour l’UDC ? La Suisse compte plus de millionnaires que de bénéficiaires de l’aide sociale – dont le nombre, pourtant, est en augmentation : un habitant de la Suisse sur treize était touché par la pauvreté en 2012 : cela fait 600 000 pauvres (7,2 % de la population), dont environ un quart exercent cependant une activité rémunérée. Ces 600 000 personnes ont un revenu disponible inférieur au seuil de pauvreté, fixé à 2200 fr. par mois pour une
personne seule, 4050 fr. par mois pour un couple avec deux enfants. En sus de ces 600 000 pauvres, au moins 400 000 personnes seraient à risque de le devenir. On fait quoi, en Suisse, aujourd’hui, avec 986 francs par mois pour une personne seule, 1509 fr. pour un ménage de deux personnes, 2110 fr. par mois pour une famille de quatre personnes ? C’est le forfait de base d’assistance sociale que la Conférence suisse des institutions d’aide sociale (CSIAS) a fixé, et dont elle estime qu’il suffit pour l’entretien des personnes qui reçoivent ce pactole que l’UDC veut encore réduire. L’« entretien » ? La nourriture, la vêture, les transports, les télécommunications et la formation. Les soins de base sont couverts par l’assurance de base dont les primes, comme le loyer (s’il n’est pas trop élevé), s’ajoutent au forfait de base. 986 francs par mois, cela suffit-il pour avoir « la possibilité de participer à la vie sociale et professionnelle », comme la coprésidente de la CSIAS, Thérèse Froesch, définit la fonction de cette aide ? Evidemment non – une étude récente, commanditée par la CSIAS elle-même, conclut que les forfaits d’aide sociale sont de 100 fr. trop bas. Mais pour l’UDC, le niveau actuel est déjà trop élevé – alors, le hausser encore, il n’en est pas question, il faut le baisser de presque 400 fr. Parce que 600 balles par mois, ça suffit à une personne seule, en Suisse, selon l’UDC. Cela
Flibustiers du travail suffit pour vivre ? mais qui vous parle de vivre ? Cela suffit pour survivre. Subsister. Loin des regards, et sans récrimination. Subsister, et rien de plus : il ne faudrait pas que « plus que survivre » devienne un objectif de politique sociale. Comme chacun sait, « plus que survivre », c’est l’ambition ultime des pauvres. Pas seulement des assistés, mais aussi des « travailleurs pauvres ». Et cette ambition ultime, même pas vivre mais seulement « plus que survivre », doit rester une ambition ultime. Surtout pas un droit, mais quelque chose comme un horizon, qu’on n’atteint jamais, qu’on croit voir et qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on croit s’en approcher. « Ce n’est pas un principe de charité qui guide l’octroi de l’aide sociale, mais un principe de droit garanti par la Constitution suisse », écrivent une vingtaine d’organisations d’entraide et de syndicats, dont les centres sociaux protestants, Caritas, l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière, Pro Infirmis, le SSP, l’Union syndicale suisse, Travail Suisse… Un « principe de droit », et alors ? Depuis quand les « principes de droit » s’appliquent-ils aux pauvres ? D’ailleurs, les pauvres ne sont-ils pas, par définition, responsables de leur pauvreté et profiteurs de la richesse des autres ? Salauds de pauvres…
Pascal Holenweg (février 2015, extrait d’un texte paru sur : causetoujours.blog.tdg.ch)
Cela fait déjà quarante ans que les « Trente Glorieuses » sont terminées. Et avec elles, la répartition des richesses plus ou moins équitable entre le capital et le travail a disparu pour faire place à une exigence de rentabilité extrême de la part des investisseurs. Leur norme de rendement s’établit désormais autour des 15 % des fonds placés, goinfrant l’entier de la valeur ajoutée produite par l’entreprise. Une telle revendication n’est toutefois pas due à l’avarice personnelle d’individus qu’il suffirait de ramener à la raison. Non, elle découle plutôt d’une nouvelle conception de la « saine » gestion des entreprises. Dont les syndicats doivent prendre toute la mesure pour contester intelligemment chaque vague de licenciements. Auparavant, le patron était maître chez lui et ne devait rien à personne, il accumulait laborieusement quelques sous par jour pour payer cash de nouvelles machines. Une dette minimale et un autofinancement vertueux constituaient la stratégie d’investissement favorite d’entreprises volontiers paternalistes, lesquelles faisaient au passage aussi profiter les salariés d’une certaine conception de l’« intérêt commun » à tirer à la même corde. A l’inverse, aujourd’hui l’emploi périclite, les salaires stagnent ou régressent tandis que les dividendes des actionnaires et les rémunérations des big chiefs s’envolent, puisque ces braves gens s’indexent mutuellement les revenus les uns sur les autres pour se jurer fidélité sur la rentabilité maximale. Car la stratégie gagnante est désormais d’extraire au plus vite tout l’argent dégagé par les entreprises avant la prochaine plongée boursière ou le plus petit creux conjoncturel. Et comme personne ne sait vraiment quand la situation économique va se retourner, autant prendre les devants et réaliser régu-
PHOTO DR
La galère à 986 francs par mois
lièrement les profits, par exemple chaque année en touchant des dividendes confortables. Vendre ses actions lorsque le rendement est au plus haut de la courbe est ainsi une façon d’accroître ses biens dans l’immédiat, mais aussi de rendre son capital « liquide » pour le réinvestir dans une autre entreprise prometteuse. C’est si vrai que de nombreux groupes rachètent eux-mêmes les actions de leurs investisseurs pour leur permettre d’aller placer leur pactole ailleurs et spéculer au passage sur leur prochaine victime. Un tel système pratiqué à large échelle confisque l’argent au profit d’une minorité et en prive l’innovation productive, le développement de l’emploi, les salariés, le fisc et le progrès social. Les déserteurs de l’entreprise sauvent régulièrement leur peau et font systématiquement porter les risques à ceux qui restent, les travailleurs, les petits cadres, les soustraitants qui subissent le prochain dégraissage pour rendre l’entreprise toujours plus attrayante aux futurs investisseurs de passage. Si la lutte syndicale peut contribuer à contenir de tels processus prédateurs, elle ne peut les enrayer, surtout pas en se contentant de quémander un partage raisonnable des superbénéfices. Elle devra se faire politique pour réclamer des mesures fiscales coercitives et redistributrices sur les fortunes personnelles et sur les entreprises.
Michel Schweri
« Suite à la récente augmentation du franc suisse par rapport à l’euro, plusieurs entreprises ont annoncé devoir licencier du personnel, réduire les salaires, ne les verser plus qu’en euros, ou encore augmenter la durée du travail sans compensation financière. Est-ce légal ? » Le contrat de travail présuppose que la prestation de travail est fournie contre une rémunération fixée à l’avance. L’employeur doit supporter le risque d’entreprise. Il doit verser le salaire fixé quelle que soit sa situation financière, ou les éléments extérieurs qui influent sur celleci. Le fait de baisser les salaires en raison de l’augmentation de valeur du franc suisse par rapport à l’euro revient à faire supporter au travailleur le risque économique de l’entreprise. Idem quant à la décision subite de payer en euros des salaires jusqu’ici payés en francs suisses. Or les variations du cours de la monnaie, comme les problèmes de liquidités ou de baisse des commandes, sont des événements extérieurs de nature économique qui rentrent dans la sphère de risque de l’employeur. Si l’employeur ne redistribue
pas les éventuels gains aux salarié·e·s en situation économique favorable, il devrait aussi assumer les pertes liées à la variation du cours et intégrer ce risque à sa stratégie. Le temps de travail, le salaire, les vacances, etc. sont des éléments essentiels du contrat de travail. Ils ne peuvent être modifiés sans accord écrit exprès du travailleur. Des modifications unilatérales des conditions de travail n’entrent en vigueur qu’après l’échéance du délai ordinaire de résiliation. Le salarié∙e est alors confronté au dilemme d’accepter la modification ou de risquer le licenciement. On peut donc s’interroger sur la validité d’un tel consentement, qui ressemble plus à une contrainte qu’à une volonté librement exprimée. En cas de modification des conditions de travail décidées de manière unilatérale par l’employeur en raison de la cher-
té du franc, les salarié∙e∙s peuvent négocier certaines conditions en contrepartie. D’abord, la transparence doit absolument être garantie. Pour justifier une augmentation du temps de travail ou une réduction des salaires, l’employeur est tenu de publier tous les chiffres à sa disposition. Ensuite, les mesures exigées par l’employeur doivent être limitées dans le temps et une protection contre le licenciement doit être assurée durant cette période. Les mesures envisageables peuvent varier selon l’entreprise. Il est donc important de consigner par écrit que les mesures sont limitées dans le temps, afin que les conditions de travail initiales soient à nouveau automatiquement appliquées ensuite. Enfin, aucune modification de contrat ne doit être signée sans avoir au préalable
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Le franc explose = travailler plus sans augmentation de salaire ?
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Droit au but
demandé conseil à syndicom. Le syndicat vérifie que les mesures soient légales et s’assure qu’il ne s’agit pas d’un un licenciement collectif. Car une procédure collective des salarié·e·s leur assure une meilleure protection et renforce leur position de négociation. Si votre employeur exige des adaptations concernant l’augmentation de la durée du travail ou la réduction du salaire, il est important que vous preniez immédiatement contact avec syndicom pour que nous puissions vous soutenir.
Isabelle Pauchard et Kathrin Melzani, collaboratrice au service juridique
Actualités | 13
syndicom | N° 4 | 17 avril 2015 portrait DE mEmbrE
« Goûter, mâcher, décortiquer et répéter les mots » Mousse Boulanger a tour à tour été comédienne, journaliste, productrice à la radio, écrivaine et poète. A 88 ans, elle a gardé sa malice de petite fille et son goût irrépressible pour la liberté qu’elle met au service de la littérature. Le car postal me dépose à Mézières dans la campagne vaudoise. La maison de Mousse Boulanger est à deux pas. J’entre par le jardin qui s’est autorisé à faire pousser çà et là des primevères. Un chat gambade et se faufile où bon lui semble. La douceur du soleil de mars annonce le printemps. Mousse m’accueille avec chaleur. Une cuchaule fribourgeoise m’attend sur la table en bois. Le safran lui donne une belle couleur jaune. Elle fait chauffer la cafetière. A 88 ans, elle m’impressionne par son dynamisme. Son rire généreux. Son regard malicieux. Une voix. Une présence. Elle me montre son jardin, où une graine ramenée il y a trente ans de Turquie est devenue un magnifique arbre contre lequel elle posera après l’entretien. Mousse aime les histoires. Les raconter. Les écrire.
« Mousse ». Un prénom que la petite fille fera sien, bien que sa mère, retournée le lendemain à l’Etat civil, l’ait fait précéder de deux prénoms plus conventionnels. Son nom de famille « Boulanger » est aussi l’objet d’une histoire rocambolesque puisque c’est le nom de scène que s’était choisi son mari Pierre – son père était boulanger – qui en avait marre que l’on estropie son nom à consonance germanique
rets parisiens de son mari. Leur rencontre à Yverdon. Une évidence. Et le goût de l’écriture ? « Il est venu en catimini à l’adolescence. » Par la reconnaissance d’un professeur. « Mes mots avaient donc une valeur. Dès cet instant je me mis à les goûter, les mâcher, les décortiquer, les répéter jusqu’à perte de sens. » Un professeur de français, poète, l’encourage. Un frère aîné fou de littérature
sur les affiches de ses spectacles partout dans le monde.
lui met Madame Bovary entre les mains. Mousse va sur ses quinze ans et elle est foudroyée : « La littérature fait battre le cœur, donne à vivre mille vies, ouvre les portes de l’esprit et de l’imagination. Elle est mon souffle, ma respiration, ma lutte, mon apaisement, ma religion. » De fait, sa vie est traversée par cette passion pour la poésie qu’elle a partagée avec son mari dans des récitals poétiques, puis des émissions de radio.
DéfEnDrE LES autEurS DE ChEz nouS
qu’elle est de gauche – elle n’a jamais été mensualisée par la radio. Elle est donc très mal payée, une heure d’émission pouvant facilement demander deux jours de travail. « Inévitablement, je me suis inscrite au syndicat. J’étais toujours à la limite de me faire jeter dehors. » Elle tient bon. Productrice à la Radio suisse romande, Mousse Boulanger défend pendant de longues années la création littéraire romande. Cet engagement se prolonge au conseil de la Bibliothèque nationale Suisse, à la Société suisse des écrivains qu’elle préside de 1978 à 1982, puis à Pro Litteris, où elle se bat pour les droits d’auteurs et que ces derniers « aient droit de bouffer ». Depuis 1967, elle trouve encore le temps d’écrire une trentaine de livres : romans, nouvelles, poèmes. Elle contribue également au journal L’Essor, dont elle fait partie du comité de rédaction. Cette défense des auteurs de chez nous, Mousse Boulanger nous fait l’honneur de la prolonger dans les pages de ce journal puisque, depuis cette édition, elle nous présentera, un numéro sur deux, un livre d’une ou un auteur romand. Il est midi. L’heure et demi que nous avons partagé ensemble est passée à toute vitesse. On profite du soleil pour faire une petite balade jusqu’au village à côté avec son auberge à la cuisine simple et gourmande. Elle me parle de son fils, des enfants de l’école qui la saluent parce qu’elle vient leur raconter des histoires, de Jacques Chessex, son voisin de Ropraz, ami et grand écrivain qui l’emmenait dîner le dimanche. Mousse a toujours une histoire sous la main. On parle peinture et sculpture. Puis vient l’heure de se quitter. Je reprends le bus, le cœur léger de cette belle rencontre.
Pour ne pas avoir de comptes à rendre sur ses activités politiques – elle ne cache pas
Texte et photo : Yves Sancey
« C’ESt unE rêvEuSE » Elle m’offre son dernier livre, Les frontalières, qui raconte son enfance. Une famille nombreuse, « pauvre mais heureuse », insiste-t-elle. « On s’aimait. On aimait la vie. » Le bonheur qui rayonne malgré les nuages noirs qui s’amoncellent au ciel de 1938. Déjà petite, Mousse a la bougeotte. Elle est curieuse. Toujours en vadrouille. Elle part s’amuser dans la forêt voisine. Les orvets sont des petits nains qu’elle met dans ses poches. « Ma mère disait de moi “C’est une rêveuse”. » Dès sa naissance en 1926 à Boncourt, village frontière du Jura, des fées semblent avoir aiguillé sa vie vers la poésie. Son arrivée au monde est l’objet d’une très belle histoire qui explique son prénom si original. Son père, trop heureux, annonce sa venue au monde à la cantonade. On lui offre tant de bières (des mousses) que, devant l’officier d’Etat civil, il est incapable de se rappeler le prénom choisi pour sa fille. Le fonctionnaire improvise :
ouvrir LES portES DE L’imagination Mousse se lève et va chercher le café qui est prêt. Elle revient. Les anecdotes s’enchaînent : une grand-mère veuve qui fait de la contrebande pour faire tourner la famille, un père qui se bat en faveur de l’AVS (au risque de perdre son emploi chez le cigarettier Burrus, qui faisait campagne contre) et pour que ses enfants fassent des études. Une semaine à conduire l’acteur Gérard Philipe dans les rues de Genève, un voyage avec l’Orient Express, les caba-
autEurS DE ChEz nouS
sé Ribeaud, rie (Sahara), (Londres) et siècle, il fut TV romande fonction de Il consacre e coopérant manitaires à ants et cinq
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HISTOIRE D’UN SITE CONTAMINÉ ET DE SON ASSAINISSEMENT À LA FRONTIÈRE FRANCO-SUISSE
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JOSÉ RIBEAUD
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MAUDITE DÉCHARGE
HISTOIRE D’UN SITE CONTAMINÉ ET DE SON ASSAINISSEMENT À LA FRONTIÈRE FRANCO-SUISSE
José Ribeaud, Maudite décharge.Histoire d’un site contaminé et de son assainissement à la frontière franco-suisse, Editions Alphil à Neuchâtel, janvier 2015, 332 p., 35 fr.
Un livre qui porte un titre qui fait peur. Il ne fait pas allusion aux fantômes ou aux surhommes, mais il décrit un lieu bien précis, la décharge de Bonfol, L’auteur : José Ribeau est un journaliste originaire du Jura, qui a fait un remarquable travail de recherches et d’information. Il se trouve que je connais bien ce lieu, Bonfol et ses caquelons, ses sifflets, ses catelles. Ses étangs avec ses grenouilles. Dans son introduction l’auteur a une phrase qui éclaire d’emblée toute l’histoire catastrophique de ce lieu : « La terre argileuse de Bonfol est une fée et une sorcière. » Cette terre a fait vivre toute une région, elle a fourni du travail à ses habitants et elle a fini par les empoisonner. Après la cessation de l’exploitation, les immenses trous d’où était extraite l’argile ont donné
des idées à l’ancien directeur de l’entreprise de céramique. Issu de la région bâloise, il s’est vite acoquiné avec l’industrie pharmaceutique de ce lieu pour y ensevelir 400 000 fûts de déchets hautement toxiques – la glaise étant censée recouvrir ces détritus, les empêcher à tout jamais de dégager leurs miasmes, leurs poisons. On fit venir un expert bâlois pour vérifier l’étanchéité hydrologique est géologique de la glaisière. Ses recherches aboutirent à la conclusion que l’imperméabilité du sous-sol argileux présentait une sécurité suffisante pour y déposer des résidus de produits chimiques sans risques de pollution des eaux souterraines. Il recommanda toutefois d’installer un système de drainage, ce que l’industrie refusa d’exécuter.
Les déchets s’entassèrent – 114 000 tonnes – et d’étranges transactions s’installèrent entre l’industrie chimique bâloise, l’ancien patron de l’usine de céramique et la Municipalité de Bonfol, bien incapable de lutter à part égale contre des mastodontes de l’industrie et de la finance. Les habitants du village se plaignaient des odeurs dégagées par les dépotoirs, odeurs qui pénétraient dans leurs maisons et perturbaient gravement leur santé. Commencé en 1950, ce dépotoir sera dénoncé dès l’année 2000. En 2010 une forte explosion stoppa tous les travaux d’assainissement jusqu’en 2013, année durant laquelle l’excavation des déchets fut activée et devra se poursuivre jusqu’en 2016. Ensuite viendra une période de
Avant d’entrer en journalisme, le Jurassien José Ribeaud fut secrétaire syndical puis enseignant. (photo LDD)
post-assainissement qui durera une dizaine d’année. Grâce au livre de José Ribeaud publié aux Editions Alphil à Neuchâtel, on évitera peutêtre d’autres catastrophes semblables à venir.
Mousse Boulanger
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syndicom | N° 4 | 17 avril 2015
formation
MOVENDO l’institut de formation des syndicats Inscription sur notre site www.movendo.ch, par e-mail info@movendo.ch ou par téléphone 021 310 48 70 Accompagner et conseiller des collègues en situation difficile F1.7.1507, 27-28.4.2015 ; Hôtel de France, Ste-Croix. Thèmes principaux : Analyse de situation de conflits – Evaluation des actions possibles – Recherche de solutions équitables. Intervenants : Roland Conus (Unia), Achille Renaud (Unia) La communication interculturelle F2.4.1513. 4-5.5.2015 ; Hôtel Préalpina, Chexbres. Thèmes principaux : Concepts de culture et d’interculturalité – Stéréotypes et préjugés – Liens entre perceptions, valeurs et cultures – Compétences interculturelles. Intervenante : Catherine Fellmann (formatrice d’adultes) Mes droits sur ma place de travail abordés de façon pratique F2.2.1501. 8.5.2015 ; Hôtel La Longeraie, Morges. Thèmes principaux : Droits sur la place de travail – Cas pratiques – Apport du syndicat. Intervenant : Achille Renaud (Unia) Cycle ARPIP 2014-2015 – Politique générale de placement en capitaux, exercice des droits de vote des actionnaires – F1.3.1504. 21.5.2015, Hôtel Préalpina, Chexbres. Thèmes principaux : Cadre et conditions légales des placements – Types et structure de placements – Mécanismes boursiers – Exercice du droit de vote des actionnaires Intervenant·e·s : Caroline Schum (responsable de la fondation Nest), Roby Tschopp (directeur Actares), Olivier Gros (Ethos) L’analyse transactionnelle, niveau 2 F2.4.1503. 28-29.5.2015 ; Hôtel Préalpina, Chexbres. Thèmes principaux : Les états du moi – Mécanismes de la passivité et moyens pour en sortir – Les jeux psychologiques et les mécanismes de conflits – Répercussions des divers scénarios sur les comportements, les sentiments et les choix Intervenante : Nicole Senn Mayor (formatrice d’adulte) Economie politique – comprendre les enjeux F2.1.1502. 28-29.5.2015 ; Hôtel La Longeraie, Morges. Thèmes principaux : Dimension politique de l’économie – Notions et mécanismes de base – Cycles de croissance et de décroissance – Rôle de l’Etat – emploi, répartition des richesses – Structure de l’économie suisse et évolution – Débats actuels sur l’économie suisse. Intervenants : Samuel Bendahan (économiste, chargé de recherche), André Mach (maître d’enseignement en sciences sociales et politiques) La politique en direct – une journée au Palais fédéral F2.1.1506. 3.6.2015 ; Palais fédéral, Berne. Visite d’une session du parlement fédéral – Ronde de questions et d’échanges avec des politiciennes et politiciens – Les enjeux politiques pour les syndicats. Intervenant·e·s : Cesla Amarelle, Maria Bernasconi, Ada Marra, Jean-Christophe Schwaab, Eric Voruz, Véronique Polito (USS) Fonctionner dans une équipe, un groupe, un comité F2.5.1511. 16-17.6.2015 ; Hôtel Préalpina, Chexbres. Thèmes principaux : Stades de développement d’une équipe – Organisation – Objectifs – Ressources – Les formes de relations – La communication – Stratégies pour sa propre équipe. Intervenant : Gabriel Delaunoy (master en sciences humaines, médiateur) Pour les membres, les frais (cours, alimentation et / ou nuitée selon annonce) d’au moins un cours par année sont pris en charge par le syndicat. Après réception de votre inscription, nous vous informons des conditions auxquelles vous pouvez participer à la formation choisie.
perfectionnement : travail en permanence syndicale ou autres Ce séminaire permet de connaître des stratégies de communication et des techniques de discussion ; d’échanger des expériences en permanences syndicales ou autres ; d’analyser des problèmes rencontrés et de rechercher des solutions adéquates. Il a pour objectif l’amélioration de la communication interculturelle et intergenre. Public cible et prérequis : Ce cours concerne le personnel des syndicats ou d’autres personnes intéressées (voir frais ci-dessous) ayant de l’expérience du travail en permanence syndicale ou autres. Dates et lieu : 29-30 juin (2 jours) à Bienne Intervenant·e·s : Catherine Fellmann (formatrice d’adultes, EFFE) ; Péan Rebetez (formateur d’adultes, Péanformation) Frais de cours : pour le personnel des syndicats affiliés à Movendo : 660 fr. (pris en charge par le syndicat concerné) ; pour autre personne intéressée : 990 fr. ; + alimentation et nuitée (pout tou·te·s) : 310 fr. Inscriptions : Monbijoustrasse 61, CP, 3000 Berne 23, tél. 031 370 00 70, info@movendo.ch sudoku La solution du sudoku syndicom du N° 03 / 2015 était : 871 (de gauche à droite). Le gagnant est Martial Horner, d’Ependes (FR). Il gagne un bon d’essence de 30 francs par notre partenaire de prestation Eni. Nous le félicitons chaleureusement ! 1
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9 Horizontalement : IV I. On s’y croise. Retira. II. Arrivasse. Entre patates et possibles. V III. Petit morceau de viande bien cuit. Rêves d’Icare. IV. N’a pas pu retenir Napoléon. Oui méridional. VI V. Pressé de hisser les voiles. Hésitation. VII VI. Légion. Débloque le clavier. VII. Mieux pur qu’idiot. Rame en couple. VIII VIII. Pas neutre. Jaugeai. IX. Comme le travail de nuit. Salé et mélangé. IX X. Pas une rame. Cité d’Irak. X valaiXI. Aux origines de Rome. Têtes couronnées sannes. XI XII. Empreinte dans la cire. Pauvre bière. XIII. Appel. Entre Maroc et Espagne. Entre deux XII infinis.
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Verticalement : 1. Armée concurrente de Rome. 2. Comme un chien ou comme un gradé. Entendu. Petite confédération. 3. Roumain sur plaque. Intégration antique. 4. Lever la croupe. Concurrent d’Al-Nosra. Sud des Alpes. Type de lave. 11 4 5. Addition. Houspiller. Anagramme de très poilu. 6. Eau-de-vie naturelle. Es. 7. Problème. Un égoïste ne pense pas au mien. 8. Fatiguai. Arabe franchouillard. 9. Chimère. Aux deux bouts de l’Etna. 8 10. A la mode des années 60. Ours de Renart. 11. 1936. 12. Sans allemand. Fermiez. 3 13. Amoncellement.5Sceau. 14. Petit matin. Soit. Conduit une laineuse. 15. Petites à noyaux.
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Inscriptions sur www.helias.ch
Le nouveau programme pour 2015, avec des cours de perfectionnement attractifs, est en ligne sur www.helias.ch. Sauf indications contraires, animatrice : Birgit Ewert, instructrice Adobe ; lieu : Imprimerie Saint-Paul, boulevard de Pérolles 38, Fribourg. Les nouvelles applications mobile de Adobe Creative Cloud. 6 mai. Délai d’inscription : 20 avril. Photoshop avec tablette graphique Wacom Intuos 4. 7 mai. Délai d’inscription : 20 avril. Retouche d’image avec GIMP – l’alternative gratuite à Photoshop. 18 mai. Délai d’inscription : 28 avril. Illustrations avec Inkscape – l’alternative libre à Illustrator. 19 mai. Délai d’inscription : 28 avril. Nouvelles fonctionnalités InDesign Adobe CC 2014. 19, 26 ou 30 juin. Délai d’inscription : 25 avril. Le cours est sur une journée, avec trois dates à choix. La photographie numérique, atelier théorique et pratique. Lieu : LookA, rue du Nord 4, 1800 Vevey. Animateur : Luca Carmagnola. Deux dates à choix : 12 et 13 mai, délai d’inscription : 21 avril ; 17 et 18 novembre, délai d’inscription : 27 octobre.
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Le·la gagnant·e – dont le nom paraîtra dans le N° 5 – recevra un portemonnaie. Prière d’envoyer votre solution (le mot-mystère seulement) jusqu’au 5 mai à syndicom, le journal, rue Pichard 7, 1003 Lausanne. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
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LAUSANNE
2 e journée des alternatives urbaines Du 8 au 10 mai, au théâtre 2.21 et dans le quartier du Vallon. Que faire pour assurer un avenir vivable et équitable dans nos villes ? Comment partager la ville, faire de la culture un levier pour le renouvellement urbain, réaliser la transition énergétique et climatique ou encore se loger autrement ? Trois jours pour assembler découvertes et expérimentations concrètes dans ces domaines et bien d’autres encore. Ateliers, tables-rondes et conférences, mais aussi balades sensibles, cuisine participative, marché libre… Sans oublier une touche festive. Toutes les infos sur http://alternativesurbaines.ch
FRIBOURG
conférence publique La fiscalité en Suisse et dans le canton de Fribourg, Jeudi 23 avril à 18 h 30, Université de Fribourg, Miséricorde, auditoire 3120. Daniel Lampart, économiste en chef de l’Union syndicale suisse, Alain Mauron, administrateur du service cantonal des contributions, Olivier Groff, chef du secteur taxation des personnes morales. Org. Union syndicale fribourgeoise
ROMANDIE
1 er mai Voir toutes les infos pour chaque canton à la page 10.
secrétariat régional lausanne
ZURICH
conférence sur l’avenir de la branche livre Dimanche 3 mai, de 10 h 30 à 16 h, Zürich, Kanzlei Club, Kanzleistrasse 56 (près de l’Helvetiaplatz). Notamment avec Paul Rechsteiner et un podium l‘après-midi. S’annoncer auprès de caroline.vogt@syndicom.ch Il n’est malheureusement pas prévu de traduction française. personnel et organisation mat teo antonini, nouveau secrétaire central du secteur logistique La commission Personnel élargie du comité central (CC) a élu Matteo Antonini en tant que nouveau secrétaire central du secteur Logistique. M. Antonini, 34 ans, a étudié les sciences politiques. Depuis 2009, il était responsable du secteur Arts et métiers au syndicat Unia dans le canton de Vaud. En plus de son activité syndicale, il a aussi travaillé au Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), au DFAE et à l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière (OSEO). Matteo Antonini a convaincu la commission électorale par ses compétences professionnelles, sa personnalité et son multilinguisme. Nous félicitons Matteo Antonini de son élection et lui souhaitons un bon début à syndicom au 1er août 2015.
let tre de lecteur
Premier remboursement de primes payées en trop Vous vous en souvenez : beaucoup d’assuré·e·s ont payé pendant plusieurs années des primes en excédent à leur caisse maladie. Cela pour un montant de 1,6 milliard ! De longues et laborieuses tergiversations présidèrent à une décision de remboursement, partiel puisque la moitié seulement sera ristournée aux assuré·e·s. Un véritable scandale. La presse vient de communiquer quelques informations relatives au mode de remboursement choisi. Ainsi avonsnous appris que les Vaudois recevront en juin 119 fr. 70, les Genevois 79 fr. et les Fribourgeois 22 fr. 40. Ces sommes devraient être déduites de la prime. Dès lors, à chacun·e· d’entre nous le soin de vérifier que tel soit bien le cas.
Il vaut la peine de prêter attention au mode de calcul choisi pour procéder à cette première tranche de restitution de fonds, qui porte sur un montant de 254,7 millions. 166 millions proviendront d’un supplément mensuel prélevé chez les assuré·e·s des cantons ayant payé des primes trop basses dans les années passées. De son côté, la Confédération versera 88,7 millions. Ce qui revient à dire que la moitié de ce premier remboursement résultera de nos impôts ! Cela parce que la Confédération est considérée comme étant en partie responsable d’une situation qui s’enlisa pendant des années. Nous nous souvenons en effet des interventions des conseillers d’Etat Maillard
et Unger, lesquels dénoncèrent à réitérées reprises les sommes payées en trop par les assuré·e·s. Il fallut beaucoup trop de temps pour que ces dénonciations justifiées trouvent un écho auprès des instances fédérales. Un écho bien partiel puisque, comme nous le soulignons plus haut, les assuré·e·s perdront la moitié de ce qu’ils ont payé en trop ! Le remboursement des primes payées en excédent se déroulera sur trois ans. Il en coûtera en tout 266 millions à la Confédération (sur les 800 millions qui seront remboursés). Chacun·e· devra donc veiller à la suite des opérations de restitution
Rémy Addor
décès Angeles Jésus, Lausanne, décédé le 20.02.2015 à l’âge de 77 ans. Membre de la section IGE Vaud-Lausanne depuis 1974.
Jaquenoud Jean, Nidau, décédé le 08.03.2015 à l’âge de 75 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1957.
Burkhalter Jean-Pierre, Petit-Lancy, décédé le 20.02.2015 à l’âge de 84 ans. Membre de la section Genève depuis 1999.
Landry Marcel, Biel / Bienne, décédé le 09.03.2015 à l’âge de 88 ans. Membre de la section Biel / Bienne depuis 1954.
Dumont Charles, Pensier, décédé le 13.11.2014 à l’âge de 68 ans. Membre de la section Fribourg depuis 1999.
Leyvraz Ami, Les Tavernes, décédé le 08.02.2015 à l’âge de 75 ans. Membre de la section Vaud Télécom depuis 1965.
Galli Heinz, Moutier, décédé le 21.02.2015 à l’âge de 60 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1971.
Schneider Rudolf, La Chaux-de-Fonds, décédé le 08.03.2015 à l’âge de 81 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1999.
Grand Francis, Semsales, décédé le 26.02.2015 à l’âge de 94 ans. Membre de la section Fribourg depuis 1999.
Rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 27, fax 058 817 19 39 courriel : lausanne@syndicom.ch Lundi à vendredi : permanence téléphonique 8 h 30-12 h et 14 h-16 h Permanence syndicale sur rendez-vous tous les lundis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au lundi 12h. Les membres peuvent aussi contacter les secrétaires sur leurs numéros directs Alex Patino : 058 817 19 30; Catherine Tabary : 058 817 19 34; Fabienne Brunner : 058 817 19 36; Patricia Alcaraz : 058 817 19 31; Philippe Morerod : 058 817 19 37 autres secrétariats régionaux Bienne : Murtenstrasse 33, 2500 Bienne, tél : 058 817 19 85, fax : 058 817 19 86 Fribourg : Rte de Beaumont 22, 1700 Fribourg, tél : 058 817 19 90, fax : 058 817 19 91 François Ducrest : 058 817 19 92 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mardis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mardi 12h. Genève : Rue de Montbrillant 36, 1201 Genève, tél : 058 817 19 22, fax : 058 817 19 26, Eric Schwapp : 058 817 19 24 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mercredis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mercredi 12h. Neuchâtel : Temple-Neuf 11, cp, 2001 Neuchâtel, tél : 058 817 19 18, fax : 058 817 19 21 Jean-François Donzé : 058 817 19 19 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mardis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mardi 12h. Valais : Av. de la Gare 41, 1950 Sion, tél : 058 817 19 80, fax : 058 817 19 81 Elisabeth Di Blasi : 058 817 19 23 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les lundis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au lundi 12h. Pour contacter directement un·e secrétaire de syndicom par courriel (e-mail), composez son adresse ainsi : prenom.nom@syndicom.ch (sans accent) secrétariat central Monbijoustr. 33, cp 6336, 3001 Berne tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17 courriel : mail@syndicom.ch caisse de chômage Rue Pichard 7, 1003 Lausanne info@syndicom.caissechomage.ch tél. 021 310 06 66, fax 021 310 06 61 Permanence téléphonique : lundi, mercredi et jeudi 9 h-11 h 30 Réception des assuré·e·s : mardi de 9 h à 11 h 30 et mercredi 14 h-16 h (3e étage). Expédition des documents : Looslistrasse 15, 3027 Berne. Caisse de chômage, Genève Rue de Montbrillant 36, 1201 Genève, Tél. 022 749 29 05 Mercredi de 16 h à 19 h, jeudi de 9 h à 12 h Le mercredi, antenne chômage et permanence syndicale sont regroupées et ouvertes aux membres de syndicom aussi bien qu’aux chômeurs, membres ou non.
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syndicom | N° 4 | 17 avril 2015
FORUM SOCIAL MONDIAL 2015
Malgré la tourmente, un forum réussi Des milliers de personnes venues des quatre coins du monde se sont rassemblées à Tunis pour le Forum social mondial (FSM), du 24 au 28 mars. Après le récent attentat terroriste, le FSM symbolise plus que jamais l’espoir et la démocratie dans le monde arabe. Sina Bühler * Au premier abord, le Forum social mondial ressemblait à une grande fête. De nombreux stands de nourriture et d’information s’alignaient sur les allées du campus de l’Université El Manar, où la musique battait son plein. Des activistes palestiniens se rassemblaient en chantant derrière leur drapeau. Au deuxième jour, des syndicalistes, des ONG et divers mouvements sociaux se sont retrouvés pour débattre des grands enjeux actuels et discuter des alternatives à l’ordre néolibéral du monde, sous la devise « justice sociale et dignité ». La résistance du peuple grec contre les programmes d’économie était bien sûr à l’ordre du jour, tout comme la lutte contre le traité de libre-échange transatlantique (TTIP) et contre l’accord TISA (Trade in Services Agreement). Le Forum veut durcir le front de la dette et le pouvoir qu’elle confère aux institutions de Bretton Woods sur le Maroc et la Tunisie, la Grèce et tant d’autres. Pour la première fois, on s’est aussi préoccupé de la problématique terroriste, après le tragique attentat perpétré contre le Musée du Bardo à Tunis, qui a coûté la vie à plus de vingt personnes, à peine une semaine avant. La décision des organisateurs de maintenir le forum a permis de concentrer la solidarité mondiale avec le mouvement démocratique tunisien. En dépit de cette attaque terroriste, seules dix inscriptions ont été annulées ; 70 000 personnes rattachées à 4300 organisations issues de 120 pays ont participé au 13e Forum social mondial.
FSM 2016 : à MONtRéAL, POUR FAIRe DIALOgUeR Le FSM et « OCCUPy » La 14e édition du Forum social mondial aura lieu au Canada, à Montréal, la deuxième ou la troisième semaine d’août 2016. Les mouvements sociaux y sont très actifs. Le Québec a connu un mouvement « Occupy » en 2011 et le Printemps québécois ou « Printemps érable » en 2012. Fin mars 2015, près de 60 000 étudiant·e·s ont déclenché une grève pour protester contre les mesures d’austérité prévues par le gouvernement québécois et contre les hydrocarbures. (YS)
ont voté dans les campagnes pour Kalthoum Kennou, la seule femme candidate aux élections présidentielles fin 2014 », se réjouit Therese Wüthrich. Kalthoum Kennou est une femme impressionnante, qui a beaucoup appris à la délégation sur « la femme tunisienne », ces femmes combatives ainsi désignées par les hommes du pays. Elle a également rappelé la représentation très faible de celles-ci dans le gouvernement, au Parlement ou dans les organes dirigeants des syndicats.
SOCIété CIvILe INteRNAtIONALe
Le 24 mars, dans la capitale tunisienne, des milliers de participant·e·s de 120 pays ont animé la marche d’ouverture du Forum social mondial. (photo Sergio Ferrari)
PeNDANt SOCIAL AU WeF Le Forum social mondial est né en 2001 à Porto Alegre au Brésil, en signe de protestation contre le Forum économique mondial de Davos (WEF), les sommets économique du G8 et les stratégies des multinationales pour partager le monde entre les plus puissants, au mépris des populations des pays en développement. « La société civile recherchait de nouvelles formes de contact international. Une plateforme d’échanges sans hiérarchie et sans doctrine uniformitaire », déclare Peter Niggli, directeur d’Alliance Sud. Cette communauté de travail de politique du développement organise depuis de nombreuses années le voyage de la délégation suisse au forum, en partenariat avec E-changer / Comundo, qui soutient des mouvements sociaux dans des pays en développement avec l’appui d’expert·e·s suisses. La délégation suisse, forte de 70 participant·e·s, était formée de parlementaires, de syndicalistes, de journalistes et des représentant·e·s d’ONG.
CONtRe LA teRReUR Sergio Ferrari, porte-parole d’E-changer et ancien membre du comité de la branche Presse et médias électroniques de syndicom, s’est dit impressionné par la force du FSM, qui en est pourtant déjà à sa 13e édition. « Après les attentats, nous pensions que le forum était condamné. Non pas pour des raisons de sécurité,
Marche de clôture du Forum social mondial en solidarité avec la Palestine. (photo Sergio Ferrari)
mais parce que les opposants à la globalisation sont confrontés à une réalité de plus en plus complexe. » Il a également été frappé par la profondeur des débats auxquels il a assisté et qui ont ravivé son enthousiasme. E-changer a également présenté une initiative au Forum des parlements dans le cadre du FSM. Elle exige que les entreprises ayant leur siège en Suisse soient tenues de respecter les droits humains partout dans le monde. Cette idée sera reprise par de nombreux parlementaires dans leur propre pays.
FORte PRéSeNCe DeS FeMMeS Therese Wüthrich, ancienne secrétaire centrale de syndicom, a fait le voyage en Tunisie pour la deuxième fois, après avoir participé au forum en 2013. « Cette année encore, de nombreuses femmes du Maghreb étaient présentes. Dans les ateliers auxquels j’ai participé, elles étaient également nombreuses sur l’estrade. Pour elle, le programme organisé par E-changer / Comundo et Alliance Sud en préambule au FSM est aussi très important : « J’ai eu l’occasion de me rendre dans un centre d’accueil pour femmes et à la commission d’élection indépendante. » Cette dernière a mis sur pied des campagnes dans les zones rurales pour inciter aussi les femmes analphabètes à aller voter. « Une démarche manifestement fructueuse, puisque beaucoup de femmes
La représentante palestinienne au Forum parlementaire mondial à l’Université El Manar de Tunis. (photo Sergio Ferrari)
Le conseiller aux Etats écologiste Luc Recordon participe chaque année au FSM depuis 2004. « Pour moi, c’est comme un cours de perfectionnement. Les médecins se rendent à des congrès, moi je me rends au Forum social mondial, en tant qu’élu politique », dit-il. Pour lui, parallèlement aux échanges internationaux, les contacts noués au sein de la délégation suisse sont aussi très importants. « Je rencontre chaque année de nouveaux collègues suisses qui partagent les mêmes préoccupations que moi. » Il espère que le forum reste ce grand kaléidoscope qu’il est actuellement. Car certains souhaitent restreindre la pluralité du forum et concentrer les multiples mouvements en un seul mouvement citoyen politique homogène. « Personnellement, je ne le souhaite pas, même si cette réflexion doit aussi avoir sa place », affirme Recordon. Le syndicat Unia était aussi présent à Tunis avec une délégation importante. Pour Pierluigi Fedele, membre du comité directeur, les organisations de travailleurs font résolument partie de la société civile si souvent invoquée, qui se retrouve ici à Tunis. A ses yeux, elle reste une organisation internationaliste, « même si on tend à l’oublier un peu dans nos luttes habituelles de travail. » Indépendamment de l’appartenance idéologique, certaines brèches s’ouvrent parfois. « Prenons par exemple les entreprises suisses en Tunisie : nous avons discuté avec l'Union générale tunisienne du Travail (UGTT) des possibilité très concrètes de soutien aux employé·e·s tunisiens dans ces entreprises. »
* Journaliste free-lance et coprésidente de la branche presse et médias électroniques
Atelier sur la coopération solidaire Nord-Sud-Nord organisé par E-changer / Comundo. (photo Théodora Peter)