syndicom - le journal

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N° 6 12.06.2015

le journal

www.syndicom.ch Le syndicat des médias et de la communication

AZB 3001 Bern Les changements d’adresse sont à signaler à : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, case postale 6336, 3001 Berne

loi sur les télécommunications

succès populaire de la pétition

Pour syndicom, consulté, protection et sécurité des données sont primordiales  pages 4-5

«Touche pas à ma boîte » : pétition de 8360 signatures remise au DETEC  page 6

édito

La lutte paie aux IRL+ : grâce à deux mois de mobilisation, le plan social s’améliore  page 7

inégalité DE SALAIRES

Résultat choc d’une recherche : 7 % de salaire en moins pour les femmes, d’entrée de jeu  page 10

Dossier dématérialisation de nos branches # 3

Big Data, Big Business

Même pas peur !

La Poste et Swisscom se positionnent comme des acteurs qui comptent dans la gestion des données, en particulier dans la cybersanté. La digitalisation et l’interconnexion des données sensibles exigent des investissements massifs et créent des emplois. Notre dossier rend compte des luttes, tant économique que politique, autour du dossier médical électronique › Pages 2 et 3

PHOTO HEIKE GRASSER / EX-PRESS

Le 14 juin, il faut dire trois fois Oui : à la loi sur la télé, à l’initiative des bourses et à l’initiative sur les successions. Faire baisser la redevance de près de 60 fr., garantir la diversité et l’indépendance des médias. Sortir de la jungle inéquitable de l’accès à une HES ou à l’Université. Réduire un peu les inégalités sociales en taxant les héritiers à partir de 2 millions et financer au passage l’AVS. Tout cela ne devrait pas susciter trop de doutes. Pourtant, à coup de millions et de mensonges, la droite veut nous faire renoncer à ce vote de bon sens. Le chiffre délirant d’une redevance à 1000 fr. est avancé sans honte. L’ogre SSR ferait une concurrence déloyale à de « pauvres petits éditeurs » comme Tamedia et Ringier qui achètent pourtant des sites Internet à coups de milliards ! La droite brandit l’épouvantail des pertes d’emplois à cause de la difficulté de transmettre les entreprises familiales en cas de décès. Rien de tel pourtant dans les cantons où cette mesure est déjà en vigueur ! Uniformiser le système des bourses pour forcer les cantons pingres à s’aligner coûterait entre 120 et 500 millions. Plutôt qu’un coût, il s’agit d’un investissement face au manque de main-d’œuvre qualifiée. Le 14 juin, ne nous laissons pas intimider.

imprimerie à renens (VD)

Yves Sancey, rédacteur romand

L’ordinateur dans la salle d’opération · L’anamnèse électronique d’un patient peut lui sauver la vie – mais aussi poser problème, si des données sont détournées.

révision de la loi sur la radio et la télévision (LRTV)

PHOTO JUMP CUT – R TS

14 juin : OUI au service public, NON à Télé Blocher La votation sur la redevance pour la radio et la télévision non liée à la possession d’un récepteur a dégénéré en un débat sur le service public. Les milieux de droite réclament à grand bruit que la SSR réduise sa voilure. Un « non » le 14 juin laisserait la voie complètement libre à la représentation des intérêts commerciaux des émetteurs privés. Des chaînes de radio comme Couleur 3 seraient menacées de disparition et il faudrait payer pour un bon nombre de retransmissions – comme les matchs de la Ligue des Champions.

Personne dans le camp bourgeois ne mentionne que sans l’argent de la redevance, de petits bijoux comme la série romande Station horizon (photo) ou l’excellente émission d’actualité satirique 26 minutes, ainsi que de nombreux téléfilms maison, n’auraient jamais vu le jour. La Suisse romande n’a pas la taille critique pour lever de tels financements. Selon la droite, si le public veut voir des films et des séries, il devra toujours plus se rabattre sur les chaînes payantes. Les consommateurs devraient se contenter

des programmes de divertissement des chaînes privées et accepter bien plus de télévision médiocre que la RTS n’en propose actuellement. On ouvrirait ainsi grand la porte à la berlusconisation du paysage médiatique suisse. Blocher et consorts sont déjà dans les starting-blocks pour s’implanter dans le marché de la radio et de la télévision, après avoir pris possession de la Basler Zeitung et de la Weltwoche en Suisse alémanique.

Thomas Zimmermann, USS


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Dossier dématérialisation de nos branches # 3

Le dossier médical connecté est déjà en chemin Depuis longtemps, les progrès de la numérisation touchent le système de santé. Radiographies et cartes dentaires, rapports médicaux et analyses de laboratoire sont disponibles aujourd’hui également sous forme électronique. Les apps pour smartphone et les appareils de fitness fournissent des données détaillées. Le dossier personnel de santé devient une véritable mine d’or pour le marché des données. Qu’est-ce que cela implique pour nous ? Leo Keller * A l’hôpital et dans certains cabinets médicaux, le dossier médical du patient est archivé électroniquement depuis longtemps déjà. A l’avenir, ce phénomène prendra de l’ampleur  : les données seront élaborées en temps réel, donc au moment où elles sont consignées dans le dossier médical. Avec les bracelets de sport spéciaux, les balances et de simples podomètres, ainsi que des capteurs et apps pour smartphone, des mesures permanentes de notre consommation d’énergie, notre taux de sucre dans le sang, notre pouls ou des courbes de poids et d’autres données peuvent déjà

Big Data qu’est-ce que c’est ? Le terme « Big Data » désigne des volumes de données qui sont trop lourds, trop différents ou pas du tout structurés et qui changent ou augmentent très rapidement (3V – volume, variety, velocity), de sorte qu’il n’est plus possible de les évaluer dans des banques de données avec les méthodes classiques de traitement des données. Les données récoltées peuvent provenir de pratiquement n’importe quelle source : de la communication électronique (mail, SMS, Twitter, etc.), en passant par les données recueillies par des autorités et entreprises, jus­ qu’aux contenus générés par les dispositifs de surveillance les plus divers. Grâce à la technologie Big Data, des données provenant de toutes sortes de sources peuvent être évaluées en quantité et à une vitesse illimitées, ce qui n’était pas possible jusqu’à présent. Ainsi, des barrières techniques qui constituaient jusqu’à présent une protection des droits de la personnalité et des dispositions sur la protection des données deviennent soudain franchissables. C’est pourquoi les problèmes prennent de l’ampleur et deviennent pressants. (lk)

être collectées et analysées en rités, les employeurs, les associations, les entreprises pharmaceutemps réel. Au niveau de la réglementation, de tiques et autres entreprises dans nombreux pays introduisent donc le domaine de la santé et de l’alides cartes d’assurés et des certifi- mentation ont aussi un grand intécats de patients électroniques. En rêt à avoir accès aux données des Suisse, le rapport 2013 Santé2020 – patients – anonymisées ou pas – et Politique de la santé : les priorités du à des dossiers complets. Conseil fédéral sert de modèle. On y lit que la cybersanté doit être Menace ou défi promue : Les plus grands dangers de la « Les instruments de cybersanté cybersanté touchent la protection doivent permettre d’améliorer la de la personnalité, la protection qualité des soins et la sécurité des données et surtout les droits des patients en donnant à tous de propriété liés aux données perles soignants accès, partout et à sonnelles de santé. On parle ici de tout moment, aux informations « patient transparent ». et aux documents importants du Les caisses maladie, les groupes patient en question. La cybersan- pharmaceutiques, les fournisseurs té contribue ainsi à renforcer l’efficacité en évitant les « Nous sommes tous des milliardaires diagnostics en données et nous ne voulons effectués à pas laisser plus longtemps ce double. Ce faisant, il s’agit trésor à Google ou à Apple. » d’accorder une grande importance à la protection des données personnelles… » informatiques ont un accès légal aux données de la santé. Mais la protection de la personnalité peut Toutes les données de santé être compromise si des pirates d’un patient regroupées en un réussissent à avoir un accès illéseul endroit L’introduction du dossier électro- gal aux données ou à les subtilinique du patient, qui renferme ser. Ce gros problème n’est de loin toutes ses données médicales, pas résolu. marque un changement décisif. Les données sur la santé et la malaLes bases légales sont contenues die sont des informations convoidans la loi fédérale sur le dos- tées : il arrive toujours plus frésier électronique du patient. En quemment que des employeurs juin 2014, le Conseil des Etats a créent de véritables fiches de malatraité cette loi. Il l’a transmise die de leurs employé·e·s, qu’ils au Conseil national sans opposi- s’échangent selon les circonstion, mais avec de légères modi- tances. Depuis longtemps, l’accès à de telles données n’est plus une fications. Avec toutes les données du patient chimère. regroupées et disponibles sur le réseau, le personnel de la santé Secret médical sous pression (médecins, thérapeutes, hôpitaux, Le secret médical – et donc la relaetc.) peut vite se faire – beaucoup tion de confiance entre le médeplus facilement qu’aujourd’hui – cin et le patient – est mis sous une une idée de son anamnèse. Cela pression énorme. Les renseignepermet des diagnostics rapides et ments en ligne des caisses malapeut sauver la vie en cas d’urgence. die sur les données concernant Toutefois les assurances, les auto- la maladie ou le traitement pour-

Série « dématérialisation de nos branches » La technologie Internet modifie radicalement notre monde – dans tous les domaines de la vie et du travail. Dans une série d’articles, nous voulons mettre en lumière ses répercussions sur les branches de notre syndicat. Les articles sont disponibles dans un dossier sur le site de syndicom, où ils peuvent être téléchargés.

084501267

raient à l’avenir leur permettre d’intervenir immédiatement et donc d’exercer encore davantage de pression sur les médecins traitants et les patients, de stopper des traitements, d’exclure des patients ou de rationner des traitements. Et le problème principal est que Le déplacement de nos droits de propriété incontestés à nos propres données de santé n’est pas du tout clair techniquement, bien que la nouvelle loi le prévoie, et encore moins garanti. Le professeur de l’EPF Ernst Hafen, cofondateur de l’association « Données et santé », se bat pour que tous gardent la maîtrise de leurs données. Dans une interview accordée à la revue Der Beobachter (16.5.2014), il déclare  : « Il faut un changement de culture. D’abord les citoyens doivent se rendre compte que leurs données ont une valeur, peu importe qu’ils vivent en Suisse, aux Etats-Unis ou en Afrique. Au niveau des données, nous sommes tous des milliardaires et nous ne voulons pas laisser plus longtemps ce trésor à Google ou à Apple. Ensuite, il faut prendre conscience qu’on peut gérer ses données numériques comme on le ferait pour son argent. Ainsi, chacun·e peut apporter sa contribution à l’efficacité du système de santé et à la recherche. C’est la véritable médecine personnalisée. »

« Je décide quelles données je veux communiquer. » D’après l’Organisation suisse des patients (OSP), les risques sont considérables. Dans une interview sur le thème «  Données numériques de la santé, la panacée ? », la directrice de l’OSP Lotte ArnoldGraf déclare (dans IT for Health 1 / 2014) : « Il y a clairement des risques d’abus. Qui contrôle la protection des données ? Les données ont une grande valeur. Selon une information récente, il s’est avéré qu’un groupe américain a vendu des données de patients qui n’avaient pas été anonymisées. De telles données ont une valeur inestimable pour les assurances. (…) Des erreurs de diagnostic ou des soupçons pourraient constituer un autre problème. Un médecin doit seulement noter : « Soupçon de… » Que se passe-t-il si cela est enregistré et qu’il en résulte des conséquences discriminantes ou stigmatisantes pour le patient ? C’est pourquoi il est important que le patient soit bien informé. Le libre choix de la part du patient est ici fondamental  : je décide quelles données je veux communiquer. »

Qu’est-ce que cela implique pour nous ? En tant que syndicalistes, nous devons instaurer un débat critique sur trois aspects : • Protection de la personnalité : la loi doit définir clairement les objectifs et aussi prévoir des moyens efficaces pour leur mise en œuvre – également dans les organisations de travailleurs –, afin de garantir les intérêts des membres du syndicat en tant que patients. • Protection des données : la loi doit être assortie d’un règlement d’application tel que les fournisseurs de services soient tenus de répondre d’éventuelles violations de la loi et de rendre compte des mesures mises en œuvre pour le respect de la confidentialité et la défense contre la cybercriminalité. Ainsi, les entreprises qui ont leur siège en Suisse et dont les employé·e·s travaillent en Suisse ne seraient pas désavantagées et l’accès via des services étrangers pourrait être significativement réduit. • Maîtrise de ses propres données : l’encadrement des innovations techniques (dossier cybersanté) ne requiert pas seulement des lois efficaces, mais aussi des règlements internes aux entreprises ainsi que des évolutions sociétales.

* Leo Keller est fondateur et proprié­ taire des sociétés d’Internet Netbreeze (vendu à Microsoft) et Blue Ocean Semantic Web Solution.

Quelques liens : Dossier électronique : goo.gl/hCLRsq « Santé2020 » : goo.gl/hp14W4


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Duel de géants

Commentaire

La Poste et Swisscom s’intéressent de près au dossier électronique du patient. Des centaines de millions sont en jeu dans cette ruée vers l’or vers le marché du Big Data en général et la cybersanté en particulier. Serge Gumy *

Une évolution à l’avantage des employés ? La semaine dernière, nous avons reçu deux communiqués de presse étroitement liés aux thèmes de cette double page.

D’un côté, le géant bleu, Swisscom. De l’autre, le géant jaune, La Poste. Au milieu, les blouses blanches des professionnels de la santé, et surtout les données médicales de leurs patients. Alors que le dossier électronique est appelé à se répandre en Suisse (lire cidessous), les deux ex-régies fédérales, qui ont divorcé en 1998, se disputent le marché de la cybersanté. Le choc des deux titans promet des étincelles. Le géant bleu, d’abord : via sa nouvelle division en cybersanté Swisscom Health (200 employés, chiffre d’affaires « de plusieurs dizaines de millions de francs » non précisé), l’opérateur téléphonique fait

son marché. Dernière acquisition en date, celle de H-Net SA, société active dans la transmission électronique de factures médicales.

Les sportifs dans le viseur Swisscom vend déjà son propre dossier électronique du patient aux hôpitaux. Il a aussi lancé Evita, un dossier de santé personnelle que le patient gère lui-même et dans lequel il verse les informations de son choix. Y compris celles enregistrées par son téléphone portable (taux de sucre, rythme cardiaque, activité physique). Swisscom Health englobe enfin Data Sport, qui gère les données (dossards, chronométrage)

Administrateur des dossiers cybersanté : La Poste ou Swisscom ? Bien que le marché de l’administration des dossiers cybersanté soit encore à un stade embryonnaire, plusieurs opérateurs luttent déjà pour se positionner. Matthias Fringer, professeur de management des industries de réseau à l’EPFL de Lausanne, estime que La Poste et Swisscom, encore majoritairement en main de la Confédération, sont en meilleure posture que les entreprises privées telles que Google, car les patients confient leurs données de santé plutôt à un acteur public. M. Fringer estime dans La Liberté (15.4) que La Poste jouit d’un capital sympathie supérieur à celui de Swisscom, car elle est entièrement publique et évolue déjà depuis un certain temps sur ce marché. En outre, le domaine de la cybersanté représenterait un débouché naturel de son métier de base en tant qu’intermédiaire entre le monde physique et le monde digital. (lk)

de compétitions populaires. « Cela touche un million de sportifs sensibles à leur santé », explique Stefano Santinelli, directeur général de Swisscom Health. A ces activités à première vue disparates, le géant bleu voit un point commun : « La santé a un besoin énorme de digitalisation : chaque année, 250 millions de documents sont encore envoyés sous forme papier », argumente Stefano Santinelli. C’est cette masse de données que Swisscom Health convoite, arguant de son expérience dans le digital, la transmission de données sécurisée et la construction de réseaux complexes.

La Poste également vise une position de leader Le géant bleu n’est toutefois pas seul en lice. Avec ses 30 employés dans le secteur cybersanté, pour un chiffre d’affaires annuel « de quelques millions de francs  », selon son responsable Renato Gunc, La Poste vise une position de leader sur le marché du dossier électronique. Elle a acquis de l’expérience en gérant des projets pilotes dans les cantons de Genève et du Tessin (en oncologie). « Dans un système de santé coûteux, le dossier électronique permettra d’améliorer la qualité et l’économicité des soins », sou-

tient Renato Gunc. Faire circuler l’information du médecin de famille à l’hôpital, puis de ce dernier au centre de réhabilitation ou à l’infirmière à domicile évite en effet de répéter des examens inutiles. « Cela peut même sauver des vies », affirme Renato Gunc. La Poste aussi a tout à gagner au développement du marché. « Nous devons chercher des alternatives au courrier physique, dont le volume est en constant recul », confirme Renato Gunc. « La cybersanté est un secteur très intéressant dans lequel nous pouvons utiliser notre savoir-faire en matière d’identité numérique, de communications sécurisées, d’archivage et de scannage. » Swisscom contre La Poste, le match est programmé. Quand la loi sur le dossier électronique du patient entrera en vigueur (elle est actuellement en discussion aux Chambres fédérales), les cantons ou des communautés de prestataires de soins structurées autour d’hôpitaux régionaux soumissionneront le chantier de leur numérisation. La compétition se jouera ainsi en plusieurs dizaines de manches. Avec, pour enjeu, des centaines de millions de francs.

* Extrait d’un article paru dans La Liberté, 15 avril 2015

Le 2 juin, La Poste annonçait la conclusion de deux nouveaux partenariats couvrant 85 % des cabinets médicaux du pays et 70 % des pharmaciens pour numériser les données médicales à travers sa p l a t e f o r m e é le c t r o n i q u e « Vivates ». Avec un secteur de la santé qui représente 68 milliards de coûts et 300 millions de documents circulant annuellement, l’enjeu est de taille. Selon une étude interne de La Poste, l’utilisation généralisée de « Vivates » permettrait d’économiser des centaines de millions de francs chaque année. Quant à ce que permettront ces économies, la question reste pour le moment sans réponse. Améliorera-t-on les conditions de travail du personnel médical ou plutôt les salaires des chefs ? Le personnel de soin passera-t-il plus de temps avec les patient·e·s ou plus de temps à entrer des données dans l’ordinateur ? Economiser n’a de sens que si le personnel et les malades y trouvent un avantage. Ce n’est pas gagné ! Le lendemain nous apprenions par le préposé à la protection des données et à la transparence que le portail de transactions en ligne (e-finance) de Postfinance tiendra davantage compte des droits à la protection des données des clients. A l’avenir, ces derniers pourront refuser en tout temps l’analyse de leurs données financières et leur utilisation à des fins commerciales, qui devenait un jeu d’enfant par l’introduction obligatoire du « e-cockpit » (affichage des dépenses). La Poste est allée trop loin dans le mourchardage de données. Nous devons nous lever pour défendre nos droits à la protection de la personnalité – aujourd’hui – et à l’avenir, plus que jamais. Nina Scheu


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syndicom | N° 6 | 12 juin 2015

Révision de la loi sur les télécommunications (LTC )

Pour syndicom, protection et sécurité D’un point de vue politique et économique, la loi sur les télécommunications (LTC) revêt une grande importance. C’est pourquoi syndicom a déjà donné sa prise de position sur la révision prévue de la LTC dans le cadre d’une audition à la Commission des transports et des télécommunications du Conseil national (CTT-CN). Franz Schori * L’évolution économique de la Suisse dépend de ses capacités de transmission de données. Si elles sont suffisantes, les entreprises ont un potentiel optimal de développement, qui est aussi dans l’intérêt des employé·e·s. En revanche, un retard dans ce domaine risquerait de compromettre l’évolution des entreprises. Un recul du nombre d’emplois pourrait en résulter – notamment dans la branche TIC (technologies de l’information et de la communication). Le taux de couverture des ménages en matière d’approvisionnement, subdivisé en différentes technologies d’accès, est l’indicateur international pour mesurer le développement des infrastructures. La Suisse fait bonne figure dans ces comparaisons, mais elle a encore du retard

à rattraper dans la couverture du réseau de fibre optique.

syndicom préconise la création d’un fonds national d’infrastructure du réseau

CN) ; en automne, le projet sera mis en consultation. Au cours des auditions, syndicom a aussi pu faire valoir son point de vue. Giorgio Pardini, responsable du secteur Télécom/IT et membre du comité

Sur la base du Rapport 2014 sur l’évolution du mar« Pour syndicom, il est important ché suisse des que l’infrastructure de réseau télécommunications, le ne se développe pas seulement Conseil fédéral dans les centres, mais aussi a engagé la révidans les agglomérations et les sion de la loi sur les télécommurégions périphériques. » nications. Au début de l’année, des auditions ont eu lieu à la Commission directeur, a élaboré la prise de posides transports et des télécommu- tion de syndicom. Cette dernière, nications du Conseil national (CTT- ainsi que le rapport du Conseil

fédéral, peut être consultée sur notre site (www.syndicom.ch/ltc). syndicom partage la position du Conseil fédéral, selon laquelle affiner et préciser la définition des services de télécommunication créerait des conditions identiques pour tous les acteurs du marché. Pour syndicom, il est important que l’infrastructure de réseau ne se développe pas seulement dans les centres, mais aussi dans les agglomérations et les régions périphériques. Afin de permettre le financement du développement de l’infrastructure de réseau sur tout le territoire, les recettes résultant de la vente aux enchères des droits d’utilisation des fréquences ne devraient plus être versées à la caisse fédérale, mais alimenter un fonds national d’infrastructure du réseau.

Regagner la confiance perdue La neutralité du réseau est une condition importante pour l’innovation. Nous saluons le fait que les entreprises de télécommunication se soient engagées dans un accord volontaire à respecter la neutralité du réseau (c’est-à-dire la garantie de l’égalité de traitement de tous les flux de données sur Internet) ; toutefois un ancrage dans la loi serait encore préférable. syndicom préconise une offre variée de services, qui inclut, en plus de la neutralité du réseau, la garantie de la liberté de choix des consommateurs. syndicom se rallie au Conseil fédéral pour que la protection des consommateurs soit améliorée, avec une attention particulière accordée à la protection de la jeunesse.

Licenciement collectif chez Conduit Europe (1818)

CCT CONTACT CENTER SIGNÉE

Accord CCT dans la branche des centres de contact

Offres de jobs à Marrakech et Vienne

syndicom et contactswiss (l’association patronale de la branche des centres de contact et des call centers) ont signé une convention collective de travail (CCT). Leur objectif commun consiste à harmoniser les conditions de travail et à faire déclarer la CCT de force obligatoire générale par le Conseil fédéral.

La globalisation a parfois des conséquences étranges. Ainsi, les propriétaires américains du call center Conduit Europe (1818) à Bienne ont estimé qu’il était acceptable de délocaliser des employé·e·s de Bienne à Marrakech ou à Vienne. syndicom a réagi immédiatement et présenté des perspectives inattendues aux employé·e·s concernés. Franz Schori *

PHOTO JENS FRIEDRICH

20 mai 2015, syndicom et contactswiss signent une CCT – une étape historique ! Depuis la gauche : Daniel Hügli, Giorgio Pardini, Daniel Münger (syndicom), Peter Weigelt, Milo Stössel, Isabel Diaz (contactswiss).

Ces dernières années, les centres de contact et les call centers sont devenus une composante importante de l’économie suisse. Sur mandat de nombreuses entreprises, ils assurent un suivi téléphonique sur des questions concernant les produits et prestations, effectuent des opérations de vente et de paiement, ainsi que des études de marché. Les exigences posées aux employé·e·s de la branche des centres de contact et des call centers ont augmenté parallèlement à la croissance de ce marché. Des standards minimaux en matière de conditions de travail

protègent les salarié·e·s du dumping salarial et social. En outre, ils apportent aux centres de contact et aux call centers une contribution essentielle à l’assurance de la qualité. Fin 2014, syndicom et contact­ swiss se sont mis d’accord sur la conclusion d’une CCT. Elle a été signée le mercredi 20 mai. Son entrée en vigueur est prévue pour le 1er septembre 2015. syndicom et contactswiss poursuivent l’objectif commun de régler les conditions de travail dans la branche des centres de contact et des call centers et de faire déclarer la CCT de force obligatoire générale par le Conseil fédéral. (syndicom)

Le 20 mai, les quelque 60 employé·e·s du service de renseignement Conduit Europe (1818) n’en croyaient pas leurs yeux : dans une lettre, leur employeur leur communiquait son intention de fermer le site de Bienne et la possibilité de commencer en août un nouvel emploi à Marrakech ou à Vienne. Conduit Europe espérait ainsi contourner la procédure légale à

suivre en cas de licenciement collectif. Tant syndicom que le directeur de l’Economie publique du canton de Berne, Andreas Rickenbacher (SP), sont intervenus pour exiger que Conduit Europe ouvre une procédure de consultation conformément à l’article 335 du Code des obligations. Au cours de trois réunions du personnel rapidement convoquées, les

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syndicom | N° 6 | 12 juin 2015

des données sont primordiales Le zèle démesuré en matière de surveillance dont font preuve certains services secrets a ébranlé la confiance de la population dans la sécurité de ses données et la protection de sa sphère privée. On risque d’en arriver à une situation où le développement pourrait être compromis par des oppositions, des référendums financiers et des dispositions rigides concernant la construction dur réseau. Afin de l’éviter, la confiance perdue doit être regagnée en renforçant les dispositions concernant la protection et la sécurité des données. Si cet objectif est réalisé, une opportunité se présentera à la Suisse de renforcer sa compétitivité sur le plan international.

* Secrétaire politique spécialisé Télécom/IT CCT Skyguide AOT

Les négociations ont commencé employé·e·s ont chargé syndicom du mandat de négociation pour la procédure de consultation et la conclusion d’un plan social. En outre, ils ont élu dans leurs rangs un groupe d’accompagnement qui aura pour tâche de préparer les négociations avec syndicom et d’évaluer les résultats intermédiaires. Entre-temps, Conduit Europe a accepté d’entamer des négociations avec syndicom, afin d’élaborer des mesures pour atténuer les conséquences de licenciements éventuels. En parallèle, syndicom a pris contact avec les partenaires sociaux qui s’occupent de call centers en Suisse occidentale. Il s’est avéré que les employé·e·s de Conduit Europe ont de bonnes chances de trouver un nouvel

Le 6 mai, les négociations sur le renouvellement de la CCT Skyguide AOT ont commencé. Les négociations se déroulent dans un climat constructif et dans le respect mutuel. La délégation de négociation – les comités des associations du personnel de l’administration, des opérations et de la technique (AOT) et les syndicats dont syndicom – est convaincue de trouver une solution porteuse d’avenir pour satisfaire tant les intérêts des employé·e·s AOT que ceux de l’entreprise. La délégation informera dans les détails en temps utile. Un grand merci aux collègues qui, par leurs prises de position dans le cadre de la consultation, lui ont permis de soumettre une requête sérieuse.

Maison-mère 1818 Auskunft appartient, de même que les filiales en Autriche, en France, en Irlande et au RoyaumeUni, au groupe américain kgb, dont le siège est à New York. En 2006, celui-ci a racheté 1818 Auskunft à la société irlandaise Conduit.

emploi. Au moment de la clôture du journal, nous étions en négociation avec Conduit Europe et en discussion avec les exploitants d’autres call centers. A suivre!

La délégation de négociation * Secrétaire politique spécialisé Télécom/IT

PHOTO SKYGUIDE

Dessin à partir d’une vraie pub 1818

SKYGUIDE EN 2 MOTS Créée en 2001, Skyguide est une société anonyme de droit suisse. Elle est mandatée par la Confédération suisse pour assurer une gestion sûre, efficace et économique du trafic aérien helvétique en fournissant des services de navigation aérienne civile et militaire, ainsi qu’une défense aérienne. Skyguide emploie près de 1400 personnes (en équivalents plein temps), dont 582 à Genève. On compte plus de 540 contrôleurs et contrôleuses de la circulation aérienne, civils et militaires. Plus de 300 ingénieur·e·s, technicien·ne·s et informaticien·ne·s sont responsables du développement et de l’entretien des complexes équipements techniques de la navigation aérienne. (YS)


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Projets pilotes à Réseau postal et vente (PV)

De nouveaux profils pour le personnel de guichet Avec son projet « Développement de PV », La Poste lance dans différentes régions des projets pilotes dans les offices de poste. Le projet est axé sur l’élargissement des heures d’ouverture, de nouveaux profils différenciés de tâches pour le personnel de guichet et une rationalisation de l’assortiment en produits tiers. Dans le cadre d’un groupe d’accompagnement, des membres actifs de syndicom issus du domaine PV participent à l’évaluation de ces projets pilotes. Bruno Schmucki L’été dernier, de vives critiques ont été émises concernant la « pression à la vente » dans les offices de poste. De nombreux employé∙e∙s ont indiqué que les objectifs de vente, ambitieux, représentent une lourde charge. Un sondage réalisé par syndicom

auprès du personnel de guichet dans les cantons d’Argovie, de Berne et de Zurich l’a confirmé : la pression à la vente est élevée et donne du fil à retordre à beaucoup d’entre eux. En raison des valeurs élevées atteintes dans son sondage sur

la satisfaction du personnel, La Poste a toujours relativisé cette critique. Mais ces dernières années, le thème des « objectifs de vente » est revenu plusieurs fois à l’ordre du jour de la commission spécialisée du domaine (CoSpe PV).

met de créer différents profils de tâches pour le personnel de guichet. Cela renforcerait le travail en équipe et atténuerait la pression directe à la vente pour les employé∙e∙s. Mais on examinera aussi l’assortiment en produits tiers, les structures de conduite, la systématique des objectifs et la possibilité de fournir des prestations supplémentaires pour le commerce en ligne.

PHOTO YVES SANCEY

Les offices de poste seront « développés  »

Suite aux vives critiques émises concernant la « pression à la vente », La Poste et les syndicats ont mis en place un groupe d’accompagnement pour trouver des solutions.

Ces ateliers ont aussi servi de base pour élaborer des mesures concrètes, afin de développer les affaires dans les offices de poste. En février, La Poste informait que dans plusieurs régions, au travers de projets pilotes, elle étudiait la possibilité d’élargir les horaires d’ouverture et de mieux les adapter aux besoins de la clientèle. On verra si la séparation entre affaires de conseil et affaires de transaction per-

Mise en place d’un groupe d’accompagnement Les premiers projets pilotes ont déjà commencé en avril. Parallèlement, un groupe d’accompagnement a été mis en place avec les représentant∙e∙s de syndicom et de transfair. Dans ce groupe, les responsables de La Poste informent régulièrement sur l’état d’avancement des pro-

Service public et régions périphériques

Groupe d’intérêt Mail

8360 signatures pour « Touche pas à ma boîte » universel que prévoit le mandat de La Poste. Cela d’autant plus qu’une prochaine discussion portera sur la suppression du monopole sur l’acheminement des lettres de moins de

Rencontre du domaine Mail

50 grammes. Les prestations dans les régions périphériques seraient encore davantage mises sous pression en cas de libéralisation complète du marché des lettres. (syndicom)

PHOTO YVES SANCEY

Le 8 juin, la pétition « Touche pas à ma boîte », munie de quelque 8360 signatures, a été remise au secrétariat du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC). Soutenue par syndicom, cette pétition lancée par Julien Jaquet, de Le Pâquier (NE), a suscité une vaste discussion publique et a donné lieu à une motion au Conseil national. Les dérogations à l’obligation de distribuer le courrier à domicile dans les régions à faible densité de population prévues par l’Ordonnance sur la Poste sont à examiner de manière critique. Le Conseil fédéral et le Parlement doivent créer des conditions cadres qui garantissent la viabilité financière du service

Julien Jaquet (au centre) remet au DETEC sa pétition, qui a remporté un franc succès.

Fermetures de bureaux de poste

Barbara Bassi, rédactrice de syndicom, il Giornale

PHOTO FRANÇOISE GEHRING

Vent de révolte au Tessin 1639, ce n’est pas une date historique mais le nombre de signatures recueillies en peu jours par une pétition contre la fermeture du bureau postal de Mendrisio Bourg (TI). Un carton jaune (la couleur symbolisée par les fleurs) au démantèlement du service public que La Poste Suisse réalise depuis un certain temps déjà ! Avec le soutien de ces signatures, une lettre a été envoyée à La Poste et à la conseillère fédérale Doris Leuthard.

jets. En outre, l’échange mutuel doit être intensifié et soigné. Une première rencontre a eu lieu le 23 avril. Ont aussi été thématisés à cette occasion l’essai pilote sur l’assortiment apuré de produits tiers et le pilotage d’horaires d’ouverture adaptés aux besoins des clients mené dans huit domaines. Selon syndicom, il est réjouissant que le projet « Horaires d’ouverture » porte sur les besoins de la clientèle et non pas sur l’optimisation des coûts. Cet automne, lorsque les premières évaluations des projets pilotes seront disponibles, La Poste décidera de la mise en œuvre définitive. La collaboration des représentant∙e∙s de syndicom avec le groupe d’accompagnement contribue à faire valoir les intérêts des employé∙e∙s.

En soutien à la pétition, une manifestation a eu lieu le 23 mai à Mendrisio.

Le 18 mai dernier se sont réunis à Berne les représentants du Groupe d’intérêt Mail de La Poste. La séance présidée par HP Trüniger commence à 10 h 30. Le team passe en revue le procèsverbal de la dernière assemblée et la liste des points à voir : La fin de la distribution à 12 h 30 pour les facteurs doitelle encore être respectée ? Les nominations de team leader (TL) en 4e classe dans les centres de tri nous posent des problèmes. Est-ce une manière de déclasser un TL ou un bonus pour un remplaçant de TL ? La qualité des uniformes et la quantité des pièces posent des soucis aux collègues. Une réunion pour discuter avec les responsables des autres groupes de domaine est discutée. Quelle est la situation de l’absentéisme dans les régions de distribution ? Au dire des collègues, il y a beaucoup de tournées de collègues malades ou accidentés qui ne sont pas remplacées. La situation doit être discutée lors de la CoSpe distribution. La reprise des petits colis étrangers par PM va transférer du travail supplémentaire vers les centres courrier (CC) puis vers les facteurs. Le trafic est situé la journée pour Zurich mais pendant la nuit pour le reste des CC et pendant la tournée pour les facteurs. Nous n’avons pas de chiffres sûrs pour l’instant, par

contre on imagine très bien des pointes en fin d’année. Le poids et le format vont poser des problèmes pour les collègues distributeurs. Focus est en route. Avant de signer, il ne faut pas hésiter à présenter les objectifs au syndicat si on a des doutes sur leur réalisation. Nouveaux scanners  : arrêt des tests à Fribourg pour l’instant. Autrement les premières impressions sont positives après un temps pour s’habituer au maniement. PEZU apporte encore et toujours les mêmes soucis concernant la confidentialité et le manque de suivi du questionnaire. Il est relevé que souvent les collègues, afin de ne pas avoir des séances inutiles, préfèrent noter en positif le maximum des questions. Il est clair que nous ne sommes pas de cet avis ! Les membres du groupe d’intérêt s’engagent à visiter des sections pour faire connaître au mieux notre travail et informer nos membres. La situation des départs au sein des secrétaires s’occupant du secteur Poste nous préoccupe et nous espérons que les nouveaux engagés seront du sérail et connaîtront bien l’entreprise. Il y a une place vacante à notre comité de Poste Mail, chacun ou chacune peut s’annoncer s’il est intéressé.

Didier Liardon, postier et rapport


Branches | 7

syndicom | N° 6 | 12 juin 2015 CCT 2016 pour l’industrie graphique

Nous ne nous laisserons pas intimider ! Viscom – qui a officiellement résilié le contrat collectif de travail (CCT) de l’industrie graphique pour la fin de l’année – part à l’attaque avec les 44 heures hebdomadaires, la baisse des suppléments pour le travail de nuit dans les imprimeries de journaux et des salaires minimaux réservés au personnel qualifié. Bien entendu, elle n’oublie pas de revendiquer aussi la paix absolue du travail. Angelo Zanetti * tants des salariés) et de la réduction des suppléments pour le travail de nuit dans les imprimeries de labeurs. En ce moment, crier au scandale ne sert à rien. Il s’agit plutôt de réaffirmer avec détermination notre volonté de lutter pour notre objectif. De rappeler nos revendications principales : pas de détérioration de l’actuel CCT, la DFOG maintenant et l’introduction d’un modèle de retraite anticipée.

La paix absolue du travail

La Chine en Suisse ? Pour réduire les coûts du travail, qu’elle estime trop élevés par rapport aux coûts internationaux, Viscom pose les revendications suivantes : 42 heures de travail par semaine avec la possibilité d’aller jusqu’à 44 heures pour l’impression des journaux et des labeurs ; salaires minimaux uniquement pour le personnel qualifié ; réductions des suppléments pour le travail de nuit dans les imprime-

Le 23 avril dernier, syndicom (ici Angelo Zanetti) exigeait de Viscom un CCT pour tous, avec des retraites anticipées plutôt que des licenciements.

Grand Prix suisse de design 2015

Viscom veut la paix absolue du travail pour garantir la stabilité des postes de travail. Nous pensons que la stabilité peut être garantie avant tout par une relation de partenariat social sérieuse et crédible. Pour garantir l’existence d’une concurrence loyale, il est indispensable d’introduire la DFOG, donc de renoncer à l’inacceptable guerre des prix que se livrent les imprimeries depuis des années. Il faut introduire un concept sérieux et durable de formation continue et réaliser un modèle de retraite anticipée pour offrir, entre autres, des opportunités de travail aux jeunes. Ensuite la paix du travail ira de soi.

de se rendre à la table des négociations en adoptant le rôle de victime. Rappelons-le, les salarié·e·s ne sont pas responsables de la situation difficile que traverse notre secteur. Lors du dernier renouvellement déjà, avec le passage possible aux 42 heures et la réduction des suppléments pour le travail de nuit, ils ont fait des concessions. Maintenant, au moment où il faut choisir entre lutter ou subir (encore), nous n’avons plus aucun doute : nous lutterons et défendrons nos revendications avec conviction. C’est absolument nécessaire. Alors rejoignez-nous. Venez appuyer la délégation de négociation et le comité national. Renforcez le contact avec les secrétaires régionaux et mobilisez-vous sur vos postes de travail. Il faut lutter et non pas subir !

Lutter ou subir. Il faut choisir Nous le disons haut et fort : syndicom n’a pas l’intention

* Secrétaire central Industrie graphique et impression d’emballages

plan social

La lutte paie aux IRL

contribution du Team’77 à la typographie suisse qui a marqué son époque ; ou encore la réflexion de Luc Chessex – que syndicom a récemment invité à présenter son travail – sur le pouvoir et la vérité des images, à travers une des plus grandes collections de photos sur la révolution cubaine. (ys)

PHOTO YVES SANCEY

Félicitations !

Il en aura fallu des séances pour que la direction des IRL plus consente enfin à améliorer son plan social.

PHOTO BAK / GINA FOLLY

Cette année, l’Office fédéral de la culture a décerné le Grand Prix suisse de design à la graphiste Lora Lamm, au photographe vaudois Luc Chessex ainsi qu’aux typographes André Gürtler, Christian Mengelt et Erich Gschwind, du Team’77, qui crée des polices de caractères. Parmi les élus figure donc Erich Gschwind, membre de syndicom, que nous félicitons cordialement ! Après une formation de typographe, Erich Gschwind a suivi une formation de designer typographe à Bâle. Il travaille ensuite comme typographiste dans diverses imprimeries. Par son choix, la Commission fédérale du design souligne le caractère exceptionnel et novateur du parcours des lauréats, qui ont donné des impulsions décisives à la création culturelle suisse : la police de caractère légendaire Haas Unica, une

prête à importer les conditions de travail chinoises en Suisse.

ries de journaux (comme c’est déjà le cas dans les imprimeries de labeurs) ; aucun supplément pour les heures supplémentaires, plus grande flexibilité pour l’annualisation du temps de travail ; paix absolue du travail. L’ironie du sort, c’est que l’industrie graphique qui se bat pour empêcher la délocalisation de l’impression en Chine est

PHOTO SABINE ROCK

Dans l’édition précédente de notre journal, vous avez pu lire un article sur la résiliation du CCT de l’industrie graphique, décidée par les délégué·e·s de Viscom le 23 avril dernier. Cette nouvelle nous est parvenue officiellement cinq jours plus tard. Avant le début de leur assemblée, syndicom et Syna ont distribué un tract qui demandait de négocier des changements sans résilier le CCT. La proposition n’a pas été accueillie favorablement, comme on pouvait l’attendre d’une association patronale qui ne respecte même pas les principes auxquels elle a souscrit. Nous nous référons ici à l’interruption du processus visant à déclarer le CCT de force obligatoire générale (DFOG). L’application de la DFOG, rappelons-le, est la garantie que les syndicats ont obtenue en échange des 42 heures (en cas de signature d’une convention entre la direction et les représen-

Erich Gschwind, au centre du Team’77.

Deux mois : c’est le temps qu’il aura fallu pour parvenir enfin à la signature d’un plan social satisfaisant aux IRL plus SA. Grâce à des travailleuses et travailleurs déterminés, à une commission du personnel courageuse et à syndicom, une médiation a pu voir le jour, sous l’égide du conseiller d’Etat

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vaudois Philippe Leuba et de la syndique de Renens Marianne Huguenin. Après deux séances, la partie employé·e·s et la partie patronale ont signé un protocole d’accord, qui a ensuite été soumis à l’approbation du personnel. Réuni le 2 juin, ce dernier a accepté à la majorité d’entériner le plan social, lequel prévoit entre autres des indemnités de départ pour les personnes licenciées et la prise en charge des frais liés au transport des personnes transférées à Yvonand (VD). Dans le contexte très délicat que traverse l’industrie graphique, la lutte était difficile pour les salarié·e·s d’IRL plus SA. Dans leur mandat, la commission du personnel et syndicom devaient prendre en compte les

intérêts des personnes licenciées et transférées, les plus durement touchées, mais sans oublier les intérêts des personnes qui continuent à travailler dans l’entreprise et qui avaient déjà sacrifié jusqu’à 15 % de leur salaire lors de la fermeture de Swissprinters. Lorsque le blocage était devenu inéluctable, les salarié·e·s ne sont pas tombés dans le piège du chacun pour soi et ont voté à la majorité des mesures de lutte si la direction refusait de faire un pas vers eux. Et la suite leur a donné raison, puisque la médiation a porté ses fruits. Ce qui tend à prouver qu’en s’unissant, on est véritablement plus forts !

Patricia Alcaraz, secrétaire régionale Presse


8 | Actualités syndicales

syndicom | N° 6 | 12 juin 2015

Enregistrement du temps de travail et santé

« Le timbrage est comme un système d’alerte » Les salarié·e·s doivent pouvoir enregistrer leur temps de travail. Corina Müller, responsable de la division Protection des travailleurs au Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), nous explique pourquoi cette obligation est inscrite dans la loi sur le travail. Sina Bühler* Corina Müller, l’enregistrement du temps de travail est un aspect important de la protection de la santé des salarié·e·s. Pourquoi ? Corina Müller : C’est la seule façon de contrôler le dépassement des valeurs limites fixées par la loi en matière de santé. C’est pourquoi l’obligation d’enregistrer les heures travaillées est aussi inscrite dans la loi sur le travail. Les entreprises peuvent ainsi contrôler si elles assument leur responsabilité en matière de protection de la santé. Et les inspections du travail ont besoin de chiffres pour contrôler le respect de la loi.

Le compromis

Que dit la loi

Voilà ce que disent les syndicats

Combien de temps devez-vous travailler ? A combien de temps s’élève la durée quotidienne du repos ?

Le conseiller national Hans-Peter Portmann (PLR/ZH) et le conseiller aux Etats Paul Niederberger (PDC/NW) ont déposé deux motions au Parlement pour tenter d’abolir l’enregistrement du temps de travail dans des branches entières. Or le compromis négocié par les partenaires sociaux pourrait leur mettre des bâtons dans les roues. Luca Cirigliano, secrétaire central à l’Union syndicale suisse (USS), déclare : « Cette nouvelle réglementation prévoit certes des exceptions à l’obligation d’enregistrer le temps de travail, mais elles sont formulées de manière très restrictive. » Il est important, précise Cirigliano, que ces exceptions ne soient possibles que si les salarié·e·s concernés sont soumis à une convention collective de travail. Cette dernière doit aussi prévoir des mesures de protection de la santé et des services internes ad hoc. « En outre, ajoute Luca Cirigliano, les salarié·e·s doivent consentir par écrit à renoncer à l’enregistrement des heures de travail. » En d’autres termes, ils peu­ vent aussi refuser de signer. La simplification de l’obligation de documenter le temps de travail requiert aussi le consentement des commissions du personnel, ou des syndicats et des employé·e·s.

Qu’en est-il du travail du dimanche ? Dans la brochure du SECO « Travail et santé – Durée du travail et du repos », vous trouvez toutes les réponses importantes concernant la loi sur le travail. Lien : http://goo.gl/P0e4Gk Documentation sur le site du seco : http://urlz.fr/22G8

Quel est le seuil de tolérance ? Cela dépend de la branche, de l’âge des employé·e·s et de la profession. La loi fixe la limite de la durée maximale du travail à 50 heures par semaine. Pour les employé·e·s des entreprises industrielles, des bureaux et des grandes entreprises du commerce de détail, le seuil est de 45 heures par semaine au maximum. Il est important aussi que la durée du repos soit respectée : tous les travailleurs doivent bénéficier d’un repos quotidien d’au moins onze heures consécutives. Et ils doivent pouvoir prendre des pauses durant la journée.

nalières. Cela implique toutefois que les travailleurs signent un accord écrit.

L’enregistrement du temps de travail sera bientôt simplifié.

Outil important pour la protection de la santé, l’enregistrement du temps de travail peut se dérouler de différentes manières. En voilà une originale mais peu recommandée ! Ici Harold Lloyd dans la scène célèbre du film Safety last ! (Monte là-dessus en français) sorti en 1923.

Le salaire n’est donc pas déterminant ?

Oui, une audition est actuellement en cours. Le projet se base sur un accord que les partenaires sociaux ont trouvé suite à une proposition de compromis du conseiller fédéral Schneider-Ammann. En été, le Conseil fédéral prendra connaissance des résultats de l’audition et décidera de la suite de la procédure.

Comment se présente cet accord ? La responsabilité est donc finalement du ressort des salarié·e·s…

Depuis quand est-il obligatoire d’enregistrer la durée du travail ?

Non. C’est comme pour l’obligation de porter le casque sur les chantiers : l’ouvrier est tenu de le porter, mais l’entreprise est responsable qu’il le fasse.

Cette obligation est inscrite depuis 1966 dans la loi sur le travail. La formulation actuelle date de 2000. Dès lors, la loi prévoit une compensation de temps pour le travail de nuit. La durée du travail effectué la nuit ne peut donc pas excéder 9 heures dans un espace de 10 heures ; pendant la journée, au maximum 12,5 heures de travail peuvent être accomplies dans un espace de 14 heures. Ceci correspond à la durée maximale du travail quotidien.

Et que se passe-t-il si une entreprise se soustrait à sa responsabilité ? Les inspections cantonales du travail la rappellent à sa responsabilité et lui fixent un délai pour introduire l’enregistrement du temps de travail. Faute de quoi, l’entreprise peut être menacée de sanction. Le non-respect est puni d’une amende.

Qui doit enregistrer le temps de travail ?

De manière générale, à quoi se résume le temps de travail ?

La responsabilité incombe à l’employeur. Une entreprise peut toutefois déléguer la saisie du temps de travail à ses employé·e·s en leur mettant à disposition des instruments ad hoc.

Il s’agit du temps où un employé doit se mettre à disposition de son entreprise. Dans une boutique de mode, les préparatifs du matin et les décomptes du soir font aussi partie du temps de travail. Et pour les employé·e·s qui ne sont pas autorisés à quitter leur poste de travail, les pauses comptent aussi comme temps de travail – par exemple, quand ils doivent surveiller une machine.

PHOTO LDD

Ces règles valent-elles pour tous ? Non, les personnes (par exemple cadres dirigeants) non soumises à la loi sur le travail en sont exclues. En outre, il existe aujourd’hui déjà une saisie simplifiée du temps de travail pour certains groupes de cadres qui bénéficient d’une grande autonomie dans l’organisation de leur travail et qui ne sont pas tenus de travailler régulièrement le dimanche ou la nuit. Ils peuvent renoncer à timbrer et n’inscrire que le nombre des heures de travail jour-

Les partenaires sociaux peuvent renoncer à l’enregistrement du temps de travail dans une convention collective de travail (CCT) : cette règle ne s’applique toutefois qu’aux salarié·e·s qui gagnent plus de 120 000 francs par an et qui sont libres d’aménager leur temps de travail. La CCT devrait donc prévoir des mesures particulières en matière de protection de la santé, ainsi qu’un service interne pour les questions liées au temps de travail. Par ailleurs, la simplification de l’enregistrement du temps de travail devrait aussi pouvoir être étendue. Si une commission d’entreprise ou la représentation des travailleurs d’une branche se prononce en faveur de la simplification, elle devrait pouvoir être appliquée également à d’autres groupes d’employé·e·s autorisés à aménager leurs horaires de travail. Ici aussi, un accompagnement paritaire doit être prévu.

Bien se préparer L’audition relative à l’ordonnance court encore jusqu’au début du mois de juin. Comme elle risque ensuite d’entrer rapidement en vigueur, il est important que les commissions d’entreprise s’y préparent. Si vous remarquez que votre employeur prévoit d’appliquer l’ordonnance, vous êtes priés de prendre contact avec votre syndicat aussi rapidement que possible. Car une bonne convention collective de travail ne peut être négociée que sur la base d’une bonne préparation. (SB)

Cette simplification s’appliquerait-elle à tous les employé·e·s de ces groupes ? Non, les employé·e·s concernés devraient convenir par écrit d’y renoncer. Et ceux qui s’y opposent doivent toujours avoir la possibilité d’enregistrer leurs heures.

Il y a aussi des salarié·e·s qui refusent un système de timbrage. Ils le trouvent fastidieux. L’enregistrement du temps de travail peut se dérouler de différentes manières. Il constitue toutefois un instrument important pour constater des anomalies en matière de protection de la santé. Nous en avons besoin pour réagir si nécessaire. C’est une sorte de système d’alerte.

* Journaliste free-lance

PHOTO USS

Non, c’est la protection de la santé qui prime.

Corina Müller, avocate, est cheffe de la division Protection des travailleurs, Direction du travail, au Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO).

vos droits

Luca Cirigliano, secrétaire central de l’USS, est responsable du dossier Droit du travail.


Actualités syndicales | 9

syndicom | N° 6 | 12 juin 2015 Mobilisation romande contre la réforme de l’AVS

Longue-vue

Vide politique à lire en creux

Prévoyance vieillesse – Plus de mille personnes ont manifesté le 30 mai après-midi à Lausanne, pour dénoncer le projet du Conseil fédéral de réforme de la prévoyance vieillesse. Yves Sancey avec ATS

PHOTO USS

« 64 ans c’est bien assez, non, non, non au paquet Berset  », « Nous sommes rouges, rouges de colère contre les fossoyeurs de nos retraites », « Pas de cadeau pour les nantis, de l’argent pour les petits », ont scandé les manifestant∙e∙s. Ils avaient répondu à l’appel lancé notamment par une vingtaine de syndicats dont syndicom, groupes de défense des femmes et politiques romands. Des sec-

tions syndicales de Fribourg et de Genève avaient aussi appelé à participer au mouvement. La réforme proposée par le conseiller fédéral socialiste Alain Berset se fera sur « le dos des femmes », avec un âge de la retraite passant à 65 ans. Il est exclu « que nous travaillions une année de plus pour les mêmes rentes », a affirmé Geneviève de Rham, militante du SSP. Si l’on accepte cette hausse, ce sera « la porte ouverte à une retraite pour tous à 67 ans ». Contre ce projet, il faut préférer le renforcement de l’AVS, « une vraie assurance solidaire » qui ne rapporte « rien aux requins du 2e pilier ». Avec « Prévoyance vieillesse 2020, toute la population va devoir payer », a-t-elle lancé en demandant le rejet de « ce paquet toxique ». En novembre dernier, Alain Berset a transmis son projet au Parlement. Il prévoit entre autres la retraite des femmes à 65 ans, la suppression de la rente veuve pour celles qui n’ont pas d’enfants, une baisse du taux de conversion du 2e pilier et une hausse de la TVA de 1,5 point d’ici 2030.

Asile

Vaud s’élève contre les renvois « Dublin » Le Collectif R appelle le Conseil d’Etat à majorité roseverte à revenir d’urgence à la raison. Il doit respecter la volonté du Parlement, autorité suprême du canton, et entendre le vibrant appel à la solidarité émanant de la société civile, dont témoignent la forte mobilisation du 9 mai et la lettre ouverte parue le 26 mai dans Le Temps et signée par près de 170 artistes et intellectuel·le·s. (YS)

PHOTO YVES SANCEY

Contre les renvois de migrants en Italie, plus de 1000 personnes (selon le collectif R) ont scandé « Les bateaux coulent, la Suisse refoule », « Stop aux renvois vers l’Italie », le 9 mai à Lausanne (photo). Elles ont appelé la Suisse à en faire davantage et demandé aux autorités cantonales de stopper les renvois vers la Péninsule. Les manifestants ont dénoncé le parfait cynisme de la Suisse. Le pays renvoie des réfugiés en masse vers l’Italie, alors que chaque jour des centaines de personnes y posent le pied après une traversée dantesque de la Méditerranée et que des cadavres parsèment les plages de Lampedusa. Depuis le 8 mars, cinq migrants menacés d’expulsion vers l’Italie ont trouvé refuge dans l’église Saint-Laurent à Lausanne. Plusieurs manifestations ont suivi et la question s’est invitée au Parlement vaudois. Le 12 mai – par 68 voix contre 57 et 2 abstentions – ce dernier a voté une résolution déposée par le député Serge Melly (Vaud libre) en faveur d’un arrêt des renvois en Italie et d’une prise en compte des situations personnelles dans le cadre des Accords de Dublin. Le Collectif R se réjouit de ce que la majorité des députés vaudois n’ont pas cédé à la rhétorique d’impuissance et de déresponsabilisation de la droite dure et du conseiller d’Etat Philippe Leuba.

« La Confédération ne pourvoit pas à l’équilibre de son budget et garantit des prestations étatiques inefficaces. » «  Elle favorise l’incompréhension mutuelle entre les cultures et les communautés linguistiques. » Et encore « la Suisse pourvoit à un système de soins médiocre financièrement insupportable et à des conditions néfastes pour la santé. » Quel gouvernement serait assez fou pour se présenter devant le peuple avec un tel programme ? Absurde ! Et pourtant ! Tout au contraire, le Conseil fédéral affirme, dans ses objectifs pour 2015 à 2019, qu’il accomplira exactement l’opposé de ces stupidités. Mais ce n’est pas moins absurde, car les poncifs éculés servis en guise de « lignes directrices » par les autorités sonnent creux, puisque tellement évidents. Un exemple ? La première priorité du gouvernement est ainsi libellée : « La Confédération pourvoit à l’équilibre de son budget ». Mais n’importe quel apprenti comptable sait dès la première année que l’orthodoxie financière interdit de prévoir un déficit, puisque ce serait prévoir sciemment d’aller dans le mur. Dans cet esprit, les 16 objectifs du programme de législature 2015-2019 publié par le Conseil fédéral le 8 mai 2015 ne révèlent aucune politique originale, puisque personne ne peut vraiment être contre. Qui pourrait en effet s’opposer à l’idée que « la Suisse veille à ce que ses infrastructures de transports et de communications répondent aux besoins, soient fiables et disposent d’un financement solide » ?

PHOTO DR

Un millier de manifestants contre la réforme Berset

En buvant la piquette insipide du gouvernement jus­ qu’à la lie, il est toutefois possible d’y découvrir, « en creux  », une certaine politique. Il suffit de lire ce qui n’y figure pas ! Il n’y a ainsi pas un mot sur le respect et la défense de l’environnement, pourtant indispensable au maintien de la vie. Il n’y a rien sur le nécessaire resserrement de l’écart grandissant dans la répartition des richesses, des salaires et des fortunes qui constitue néanmoins un thème de prédilection de l’Organisation de coopération et de développement économiques ou du World Economic Forum. Plus terre à terre, il n’y a rien sur la crise du logement qui plombe les conditions de vie qualitatives et économiques d’une grande partie de la population. Et surtout, rien sur les moyens nécessaires pour mettre en œuvre les belles idées généreuses énoncées. Rien sur la fiscalité à renforcer alors que des coupes de 570 millions de francs sont prévues dans les dépenses fédérales pour 2016, puis encore de 1,3 milliard dans les prochaines années. Au final, le Conseil fédéral accouche d’un programme incomplet d’idées générales sans moyens concrets. Quelle politique d’avenir !

Michel Schweri

AUTEURS DE CHEZ NOUS

« Quand les déshérités souffrent, les multinationales dansent » Quel titre pour un livre paru aux Editions de l’Aire, à Vevey ! C’est un ancien pasteur, André Jufer, qui crie son indignation face aux politiques occidentales, particulièrement celles des géants de l’industrie agro­ alimentaire. On assiste à la destruction du tissu agricole et à l’appauvrissement des paysans qui sont dépossédés de leurs terres et de leurs moyens d’existence. Le rouleau compresseur de la pauvreté écrase les plus démunis, qui tentent de fuir jusqu’à nos frontières d’où ils sont expulsés. Bien qu’il dise qu’il n’est ni historien, ni journaliste, André Jufer fait un formidable travail d’information. Magnifiquement documenté, il évoque l’extrême danger de la mondialisation libérale en cours et s’in-

terroge sur la montée actuelle du racisme et de la xénophobie. Très habilement il se réfère à la réaction des paysans de l’automne 2009. On pouvait voir dans les champs, aux abords des fermes, des banderoles portant l’inscription « Révolte des paysans pour un prix du lait équitable ». Le printemps 2015 s’annonce-t-il plus favorable à un revenu raisonnable ? Quand l’auteur brosse un panorama de la Suisse du XVIe siècle à nos jours, on est sidéré par la similitude des conditions de voyage des migrants suisses de l’époque et celles des immigrants d’aujourd’hui. De 1815 à 1914 on estime à 500  000 le nombre de Suisses qui ont émigré dans des

pays d’outre-mer. Les régions les plus pauvres, celles qui émigrent en priorité, sont  le Seeland bernois, le Laufonnais, les districts de Saint-Gall, l’Oberland, l’Emmental, les régions alpestres, Glaris, le Valais et le Tessin dont 30 000 habitants partent en Californie. Dans ces régions un habitant sur douze prend le chemin de l’exil. Ils partent sur des voiliers, ils sont 600 à 800 entassés, assaillis par la faim, la soif, le froid, la peur, serrés les uns contre les autres, infestés de vermine et de rats. Comment ne pas avoir honte de la xénophobie qui rampe actuellement en Suisse face aux demandeurs d’asile ? Les Amériques ont accueilli nos compatriotes nettement plus généreusement, et pourtant

elles n’ont pas eu la réputation humanitaire dont la Suisse se targue. Un livre qu’il faut lire si on ne craint pas de changer son point de vue négatif face aux demandeurs d’asile.

Mousse Boulanger André Jufer, Quand les déshérités souffrent, les multinationales dansent : paysans, réfugiés et multinationales. Préface de Doudou Diene ; postface de Gabrielle Nanchen. Editions de l’Aire, Vevey, 2014, 369 p., 36 fr.


10 | GI femmes

syndicom | N° 6 | 12 juin 2015

INEGALITé DE SALAIRES

7 % de salaire en moins d’entrée de jeu Dès leur entrée dans la vie professionnelle, les jeunes femmes gagnent 7 % de moins que leurs collègues masculins avec une formation professionnelle identique. Cet écart ne s’explique donc pas par des différences de qualifications ou d’expérience. Les opposants aux contrôles salariaux mettent néanmoins en doute le caractère discriminatoire des différences salariales. Or une étude du Fonds national suisse de la recherche scientifique montre que les jeunes femmes sont défavorisées dès le départ. Angela Ziehler *

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l’attitude différente que les employeurs adoptent à l’égard des femmes. Ils partent du principe qu’elles seront plus enclines à réduire ou interrompre leur activité pour se consacrer à leur famille. Dès lors, trop investir dans le salaire et la carrière des femmes ne serait pas rentable. De plus, on constate que les salaires des jeunes employés augmentent aussi plus rapidement. L’argument selon lequel la discrimination salariale serait une pure théorie et que la méthode statistique exclurait d’autres facteurs de rémunération déterminants ne tient donc pas la route. Au contraire, dès leur entrée dans

la vie active, les femmes gagnent en moyenne 7 % de moins que les hommes avec une formation identique. Ce taux ne diffère guère de l’écart salarial moyen de 9 % observé dans toutes les classes d’âge.

PNR 60 « ÉGALITÉ HOMMES - FEMMES »

Beaucoup reste à faire Lancé en 2007, le Programme national de recherche (PNR 60) a étudié de près la situation de la Suisse en matière d’égalité entre hommes et femmes par le biais de 21 projets de recherche. On dispose désormais de la synthèse de ses conclusions. Constat principal : l’égalité entre hommes et femmes n’est que partiellement réalisée dans les domaines de la formation, du marché du travail, de la conciliation entre vie de famille et vie professionnelle ainsi que de la sécurité sociale. La conciliation de la famille, de la formation et de l’emploi exige des offres d’accueil bon marché pour les enfants ainsi que pour les adultes ayant besoin de soins. En la matière, la Suisse est à la traîne en comparaison internationale. Pour qu’il vaille la peine d’exercer un travail rémunéré, il faut que le revenu, les impôts, les transferts sociaux et les frais de garde soient coordonnés les uns avec les autres de manière à ce qu’un salaire plus élevé entraîne un revenu disponible plus élevé. Une offensive de formation pourrait aider les personnes non qualifiées au chômage, qui sont plus souvent des femmes que des hommes, à achever une formation professionnelle complète. De façon générale, les instruments de la sécurité sociale (assurances sociales et aide sociale) devraient tenir compte

* Secrétaire centrale Femmes, Migration, Indépendants

Source : Michael Marti et Kathrin Bertschy (Ecoplan), BELODIS – Berufseinstieg und Lohndiskri­ minierung – neue Erklärungsan­ sätze zu einer Schlüsselphase für ge­schlechtsspezifische Ungleichhei­ ten, FNS, PNR 60, décembre 2013.

PHOTO ERIC ROSET

Les différences salariales entre hommes et femmes s’élèvent à 20 à 30 %. Un tiers environ des écarts salariaux (9 %) n’ont aucune explication objective, même si l’on tient compte de qualifications, d’exigences et d’activités différentes. Ces écarts sont considérés comme discriminatoires. Le Conseil fédéral propose par conséquent d’introduire des contrôles salariaux réguliers, afin de mettre enfin en œuvre le principe « à travail égal, salaire égal ». Les opposants au contrôle des salaires prétendent que les différences salariales sans explication objective ne seraient pas discriminatoires. Selon eux, d’autres facteurs, tels que les performances individuelles, influent sur le salaire sans apparaître dans les statistiques. Une étude – pour le moment en allemand seulement – réalisée dans le cadre du programme national de recherche PNR 60 sur l’égalité entre les sexes présente un tout autre tableau. L’étude « Belodis » montre que les femmes gagnent 7 % de moins que les hommes avec une formation identique, dès leur entrée sur le marché du travail. L’expérience et les qualifications acquises n’entrent donc pas encore en ligne de compte. Pourtant, les jeunes femmes démarrent dans la vie professionnelle avec un retard salarial considérable. Les notes finales de diplôme et les compétences n’ont guère d’incidence sur le montant du salaire. Le genre est déterminant. Ce constat vaut également dans les professions où la répartition hommes-femmes est équilibrée. L’équipe de chercheurs estime que cette situation découle de

de la diversité des modèles familiaux. En raison de la connexion entre les cotisations d’assurances sociales et un parcours professionnel continu et à temps plein, les femmes de plus de 50 ans sont souvent défavorisées ou ne sont pas suffisamment protégées lorsqu’elles subissent une situation de rigueur et sont alors tributaires de l’aide sociale ou des prestations complémentaires de l’AVS / AI : à l’âge de la retraite, elles reçoivent une rente jusqu’à trois fois moins élevée que celle des hommes qui – déchargés du travail familial non rémunéré – travaillent souvent à temps plein et sans interruption et peuvent ainsi se protéger (voir notre édition N° 1 / 2014). Ce n’est que lorsqu’ils bénéficieront d’une protection sociale et d’une prévoyance appropriées, même en travaillant à temps partiel, que les hommes et les femmes auront les mêmes chances de couvrir leurs besoins vitaux de façon autonome. (PNR60)

Publication : PNR 60 Egalité entre hommes et femmes : résultats et impulsions. Fonds national suisse, Berne 2014, 61 p. Le rapport de synthèse peut être téléchargé sur le site www.nfp60.ch ou être commandé gratuitement à l’adresse : nfp60@snf.ch

Le 7 mars dernier à Berne, plus de 10 000 personnes manifestaient notamment contre les discriminations salariales entre femmes et hommes. Une nouvelle étude leur donne raison.


Actualités | 11

syndicom | N° 6 | 12 juin 2015 portrait

Parfois, il écrit lui-même des lettres Ivan Calvi, 26 ans, n’avait d’abord aucune intention de devenir facteur, mais plâtrier. Car « tu peux te vanter plus tard d’avoir construit les murs de telle ou telle maison ». Puis il fit un stage à La Poste… Katrin Bärtschi

un paquet de chips affranchi et adressé Le jeune postier de Schlieren (Köniz / BE) est un gars avenant et sympathique, un peu timide mais drôle. Malgré son teint et ses cheveux clairs, il dégage un charme méditerranéen. Il se souvient de situations loufoques vécues au travail : « Un samedi, j’ai dû remettre un slip noir accompagné d’un billet sur lequel étaient inscrites l’adresse du destinataire et la marque. Une autre fois, j’ai découvert un morceau de fromage dans le courrier. Et il m’est même arrivé de devoir livrer un paquet de chips affranchi et adressé ! » Au cours des dix années où il a travaillé à La Poste, Ivan a assuré la distribution dans différents arrondissements, notamment dans le quartier de Lorraine. C’est là qu’il a effectué sa première tournée à 100  % pendant son apprentissage. «  Ce n’était pas une rue en ligne droite. Je devais faire des crochets à gauche et à droite – avec beaucoup de marchandise dans ma remorque.  » Entre-temps, Ivan connaît de

nombreux habitants du quartier, ans et demi, des tournées sont avec lesquels il a souvent l’occa- souvent regroupées, afin que les sion de bavarder. Notamment facteurs arrivent à couvrir leur avec les personnes âgées. « Mon temps de travail. « Comme la clômétier me plaît. Nous travaillons ture de la distribution du courà l’intérieur et à l’extérieur, nous rier est fixée à 12 h 30, nous resavons des contacts humains. » Ivan se donne ainsi la peine « Je pourrais envisager d’avoir d’apporter au premier étage le courmoins de vacances, mais le salaire rier d’une dame qui j’en ai absolument besoin. » a du mal à se déplacer. «  Nous bavarIvan Calvi, postier et membre de syndicom dons un peu. Elle se à propos de la nouvelle Poste SA réjouit de me voir et guette déjà ma venue à la fenêtre. »

Moins de courrier « Les lettres jouent bien entendu un rôle important pour mon gagne-pain », dit le jeune facteur. « Mais aussi en dehors du travail, je me réjouis de recevoir des lettres et des cartes, par exemple à Noël ou pour mon anniversaire. De temps en temps, j’en écris moi-même. » S’il n’était pas facteur, il se contenterait peut-être d’envoyer des textos, admet-il. Le volume de lettres a diminué, constate Ivan. Et le travail est devenu plus simple. « De nombreux processus sont maintenant accomplis à l’aide de machines. Nous n’avons plus besoin de trier beaucoup de courrier à l’aube et l’après-midi.  » Aujourd’hui, les facteurs ne gèrent plus euxmêmes les enveloppes scellées de paiement ou les quittances. «  Après la tournée, nous nous contentons de les remettre à la caisse principale. » Depuis l’introduction du tri séquentiel il y a presque trois

sentons une certaine pression », dit Ivan. « Mais le stress n’est pas nouveau. Il existait déjà lorsqu’un collègue était malade et que nous devions nous répartir sa tournée. Aujourd’hui, il y a moins de marchandise, mais nous devons plus souvent regrouper des tournées. Je n’aime pas que cela se répète pendant des jours, ça me donne des maux d’estomac. »

« Sommes-nous trop bien lotis ? » Ivan souhaite rester à La Poste. « J’adore mon travail. Parfois j’ai peur de voir mon taux d’occupation réduit. » Sa femme, elle aussi factrice de formation, travaille à près de 50 % comme femme de ménage. Ils ne peuvent pas exercer tous les deux le métier qu’ils ont appris, en raison des horaires de travail. « La Poste a été transformée en une société anonyme et nous pourrions donc avoir moins de vacances à l’avenir. Je pour-

PHOTO KATRIN BÄR TSCHI

Ivan a découvert le métier de facteur à l’occasion d’un stage de courte durée auquel l’avait inscrit sa tante et il y a aussitôt pris goût. Il se disait aussi que La Poste est réputée être un bon employeur qui garantit des emplois sûrs. Ivan a passé avec succès l’examen d’entrée. Il a donc suivi son apprentissage dans la région de distribution courrier (RDC) d’Ostermundigen (BE), où il travaille encore aujourd’hui en tant que logisticien.

rais l’accepter, mais par contre j’ai absolument besoin de mon salaire.  » Il ajoute que le pire serait de perdre son travail, « surtout depuis que j’ai des enfants. Ce n’est pas facile de trouver un nouvel emploi ». Pour Ivan, le plus important est que sa femme et ses enfants restent en bonne santé. Qu’ils soient heureux et aient un avenir prometteur : « Alors je suis aussi comblé. Je ne rêve pas de posséder une maison et d’avoir beaucoup d’argent. »

Depuis le début de son apprentissage, Ivan est membre de syndicom. « Quand tu as des problèmes, tu trouves du soutien auprès du syndicat. Dieu soit loué, cela n’a pas été nécessaire jusqu’à présent. » Ivan trouve aussi que l’action politique des syndicats est importante, notamment la renégociation de la CCT. « La convention collective et la politique postale ne font pas l’objet de discussions entre les collègues. Je ne sais pas pourquoi. Nous sommes peut-être trop bien lotis. »

Droit au But

« En tant qu’imprimeur, je suis quasiment seul responsable de la machine à imprimer dans l’entreprise où je travaille. Son nettoyage et son entretien font donc aussi partie de mes tâches. Après le constat d’un gros défaut, il m’a été reproché de négliger l’entretien de la machine. Or j’étais trois semaines en vacances avant qu’elle ne tombe en panne et quelqu’un d’autre s’en est occupé pendant mon absence. L’employeur m’a informé qu’un demi-mois de salaire sera retenu sur le prochain versement de mon salaire pour réparer les dommages causés à la machine. Est-ce légal ? » D’après la loi, une retenue sur le salaire est légale si un accord, l’usage, un contrat-type de travail ou une convention collective le prévoient. Le contrat collectif de travail de l’industrie graphique ne fait pas mention d’une retenue de salaire. Il reste donc à tirer au clair si la possibilité d’une retenue sur le salaire existe dans ton contrat indivi-

duel de travail ou dans le règlement de l’entreprise. Si c’est le cas, la retenue sur le salaire est en principe licite. La retenue sur le salaire est limitée par deux restrictions légales : la retenue ne doit pas excéder, au total, le salaire d’une semaine de travail, ni un dixième du salaire dû le jour de la paie – en principe chaque mois. Le contrat-type de

travail ou la convention collective peut déroger à cette règle. La réduction ne doit néanmoins pas compromettre le minimum vital. Dans ton cas, les restrictions légales s’appliquent sans modification. Si ton contrat individuel de travail ou le règlement de l’entreprise prévoient la possibilité d’une retenue de salaire, ton employeur doit tenir compte des restrictions légales susmentionnées. La retenue d’un demimois de salaire est illicite si elle dépasse la retenue possible (un dixième) par jour de payement ou si elle dépasse le montant total du salaire (d’une semaine de travail). En revanche, l’employeur peut retenir pendant

plusieurs mois le salaire à raison d’un dixième du salaire mensuel jusqu’à concurrence de la somme du dégât ou – si c’est le cas plus tôt – jusqu’à concurrence du salaire d’une semaine de travail. La retenue est réputée garantir les créances futures de l’employeur ou celles découlant des rapports de travail. Ces créances doivent bien entendu être légitimées. L’employeur peut utiliser la retenue seulement s’il peut prouver que tu as provoqué le dommage intentionnellement ou par négligence. Vu que tu étais en vacances les trois dernières semaines avant la survenue du dommage, on peut douter que tu en sois responsable.

PHOTO MARGARETA SOMMER

Retenue sur le salaire

Je te recommande donc d’exiger de ton employeur qu’il tire au clair la situation et qu’ au besoin, il te rembourse la retenue. syndicom te soutient volontiers.

Kathrin Melzani, conseillère juridique, collaboratrice au service juridique


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syndicom | N° 6 | 12 juin 2015

Comité central du 20 avril 2015

Un syndicat fort au service de ses membres Le 20 avril, le comité directeur a présenté au comité central un rapport sur le projet stratégique « syndicom 2020 ». En outre, il a fait plusieurs propositions de stratégie en vue de la mise en consultation en interne. Que contient le projet ? Dans quelle direction vont les propositions stratégiques ? Alain Carrupt : Le projet « syndicom 2020 » s’inscrit dans le prolongement de la vision « syndicom 2020 » adoptée par le Congrès de décembre 2013. Un des buts de ce projet est que les membres et employé∙e∙s de syndicom adhèrent à la vision « syndicom 2020 » et soient convaincus de l’avenir de notre syndicat. Nous voulons d’une part une stratégie qui garantisse notre pérennité et d’autre part, nous voulons associer étroitement nos membres et le personnel à son élaboration. Le rapport mis en consultation contient une analyse de la situation et propose les éléments clés de cette stratégie qui vise, dans un premier temps, une consolidation, puis un développement de notre organisation. Cette nouvelle orientation stratégique de syndicom doit mettre au centre de ses priorités la politique conventionnelle, le travail et le développement syndical dans les entreprises, les branches et les secteurs.

Tu parles d’une vaste procédure de consultation. Qui a voix au chapitre ? Et comment se présente le calendrier pour la consultation ? La discussion a commencé au congrès 2013 avec la discussion sur la vision 2020. Nous sommes maintenant dans la phase de concrétisation de cette vision. Un groupe de travail a élaboré l’avant-projet « syndicom 2020 ». Il a été lancé à l’assemblée du personnel, le 25 novembre 2014. A cette occasion, le personnel politique et administratif s’est penché atten-

tivement sur les forces et les faiblesses de syndicom. En janvier 2015, le personnel a été associé une nouvelle fois au projet par le biais d’un sondage. Le 29 novembre 2014, l’Assemblée des délégué∙e∙s a pu s’exprimer sur les forces de notre syndicat. Les 21 et 22 février 2015, un atelier du futur auquel ont été invités les membres du comité central et les présidences des branches et groupes d’intérêt, s’est penché également sur la situation actuelle de syndicom. Ensuite, l’atelier a priorisé la discussion sur la stratégie future de l’organisation et formulé diverses pistes. Toutes les données et informations recueillies ont été présentées en détail dans un rapport à l’intention du comité directeur. Ce rapport du groupe de travail « syndicom 2020 », les différentes pistes proposées par l’atelier du futur, un papier stratégique des responsables des secteurs, ainsi que d’autres contributions à la discussion ont servi de base au document mis en consultation. Cette consultation se déroulera de juin à septembre 2015 auprès des organes (comité central, groupes d’intérêts, commissions, comités des branches et des secteurs, sections etc.) et du personnel. Après cette procédure, il appartiendra au comité directeur de faire au comité central des propositions de principe à l’attention de l’Assemblée des délégué∙e∙s de novembre 2015 et pour certains éléments à l’attention du Congrès de 2017 pour déterminer l’orientation stratégique future de syndicom.

PHOTO MARGARETA SOMMER

Le débat sur la stratégie future de syndicom est lancé. Dans l’interview accordée à notre journal, Alain Carrupt, président de syndicom, explique comment les membres et les employé∙e∙s peuvent avoir voix au chapitre et codécider. Interview Bruno Schmucki *

Alain Carrupt revient sur le rapport sur le futur de syndicom discuté au comité central et mis en consultation pour un large débat.

A ton avis, de quoi faut-il tenir compte afin que le processus visant à formuler ensemble une stratégie soit fructueux ? Où vois-tu des dangers et des problèmes ? La pratique habituelle est que la stratégie d’un syndicat se discute lors des congrès. Souvent sur la base de propositions ou de papiers de discussion portés à la connais-

PHOTOS BRUNO SCHMUCKI

Protestation de la base à la séance du CC • Près de 25 membres ont demandé de convoquer un congrès extraordinaire et critiqué la procédure concernant l’élaboration du papier stratégique. Ceci a suscité une discussion controversée au comité central et une vague de protestation. L’action s’est toutefois parfaitement inscrite dans le calendrier et a symboliquement ouvert une phase intense pour la consultation interne et le débat.

sance des délégué∙e∙s quelques semaines avant le congrès. Nous avons choisi une voie différente. Nous voulons que cette stratégie soit le fruit d’un large débat, à tous les niveaux de notre organisation. Evidemment cette voie est plus difficile et contraignante mais aussi plus démocratique. Les discussions portant sur la future stratégie doivent pouvoir se dérouler sans tabous et sont de ce fait souvent très émotionnelles. Et bien entendu le danger est que des éléments d’analyse isolés ou des contributions partielles à la discussion soient sortis de leur contexte et présentés comme des décisions, alors que le débat ne fait que commencer. A ces difficultés découlant de la voie choisie, il convient de rajouter l’adaptation indispensable de nos ressources en fonction d’un nombre de membres en diminution constante depuis plusieurs années. L’important pour que notre démarche soit couronnée de succès est d’avoir une communication claire et transparente, d’associer à la discussion le maximum de membres, de respecter les compétences des différents organes élus démocratiquement, d’éviter les manœuvres de coulisse et surtout de soigner une culture du débat qui se concentre sur l’intérêt de l’organisation. L’essentiel étant de se rappeler en permanence que le but principal est d’assurer la pérennité d’un syndicat fort au service de ses membres.

A la dernière séance du CC, un groupe de militant∙e∙s de la base a protesté par une

action contre la procédure antidémocratique et contre les cachotteries du comité directeur. Ces reproches sont-ils fondés? La base de syndicom ne peut-elle pas avoir voix au chapitre? Je salue tout d’abord l’engagement de ces membres. C’est la preuve que notre syndicat vit. Ils l’ont fait de bonne foi et je ne saurais leur faire le moindre reproche, si ce n’est de ne pas s’être mieux renseignés auparavant. Ils auraient ainsi pu constater que ce projet que nous voulons transparent et largement participatif s’inscrit absolument dans la même ligne que leur démarche. Je l’ai relevé lors de leur visite, j’approuve la plus grand partie de leurs demandes. J’ai cependant remarqué que leur conception de la démocratie de base, avec par exemple la revendication d’un congrès syndicom ouvert à nos 37 000 membres va bien au-delà de ce que prévoient nos statuts, adoptés de manière démocratique. Tous les membres intéressés à participer à la procédure de consultation peuvent le faire, si ils ne sont pas membres de comité ou délégué∙e∙s, en s’adressant à leur section. Ils pourront également commander dès le 20 juin la documentation mise en consultation auprès du secrétariat central (sp@syndicom.ch). En plus nous organiserons en septembre de cette année un workshop pour les sections et dans la première partie de 2016 une journée des personnes de confiance qui devrait rassembler un très grand nombre de militant∙e∙s.

* Porte-parole alémanique de syndicom


Actualités | 13

syndicom | N° 6 | 12 juin 2015 VOTATIONS FédéRALES DU 14 JUIN

Sortir de la jungle des bourses d’études Le 14 juin, le peuple votera sur l’initiative populaire déposée par les syndicats étudiants visant à harmoniser les critères d’attribu­ tion et les montants alloués. Le point avec Michael Moser, coprésident du groupe d’intérêt Jeunesse de syndicom. Yves Sancey En Suisse, il existe presque autant de modèles de bourses d’études que de boursiers. Les montants peuvent varier du simple au triple. Ils dépendent du revenu et de la situation globale des parents, mais aussi du canton de l’étudiant∙e, du nombre d’années passées à l’Université, etc. Pour mettre fin à cette jungle où règne l’arbitraire (hasard statistique ou chance d’être né dans un canton généreux), l’Union des étudiants de Suisse (UNES) propose que l’harmonisation des appuis à la formation soit du ressort de la Confédération.

PHOTO GAETAN BALLY / KEYS TONE

Bio express : Michael Moser, 30 ans, formation de polygraphe, maturité professionnelle, Passerelle, bachelor en histoire et économie. Actuellement en études master. Il vient d’être élu par le CC (voir ci-dessous) nouveau responsable de la Jeunesse de syndicom.

syndicom, le journal : Michael, astu bénéficié d’une bourse durant tes études ? Michael Moser : Non, jamais. Et je n’ai jamais essayé d’en obtenir une. Je sais que c’est extrêmement difficile, car mes parents gagnent bien. Et cela même si je n’habite plus chez eux. Et c’est ma seconde formation. J’ai fait d’abord un apprentissage comme polygraphe et maintenant j’étudie l’histoire et l’économie à l’Université. Je serais bien sûr très soulagé de recevoir une bourse qui me garantisse au moins un revenu minimal.

sûr des jobs d’étudiants. 75 % des étudiants suisses doivent travailler, mais la plupart des étudiants ne peuvent pas en vivre. Car les jobs d’étudiants sont si mal payés qu’on ne peut pas gagner sa vie avec un petit taux d’occupation. La différence doit être compensée par une aide des parents ou une bourse d’études. Je peux m’en sortir avec un 40 %, car je vis très modestement. Et en raison de ma profession initiale, je touche un meilleur salaire que dans un job classique d’étudiant.

Tu dois donc travailler à côté de tes études… Oui, je travaille à 40 % en poursuivant ma profession initiale de polygraphe. Sans cette activité accessoire qui me permet de vivre, je devrais arrêter mes études ou du moins les interrompre.

Oui, c’est toujours plus difficile car la durée des études tend à raccourcir. Le but est d’obtenir un bachelor en trois ans. Mais comme j’ai dû travailler à côté de mes études, cela m’a pris quatre ans et demi. Tu ne peux

Non ce n’est pas facile, mais j’ai eu de la chance. Il existe bien

Y a-t-il des filières impossibles à suivre avec un travail à côté ?

Quel est le rôle d’une bourse ?

Finalement, tu arrives à faire tes études sans bourse, alors pourquoi dire oui le 14 juin ?

Oui. Dans certaines filières, comme en médecine, il faut compter six heures par jour de présence à l’Uni. A cela s’ajoutent encore de nombreuses heures passées à étudier. Pour ce choix d’études, une activité rémunérée n’est pas possible sans que le repos et le temps de récupération n’en pâtissent, au risque d’être même complètement sacrifiés.

Son rôle n’est pas de supprimer l’obligation ou la possibilité de travailler pendant les études : cela constitue une bonne école de vie. Une bourse ne doit pas remplacer mais compléter cette expérience professionnelle, afin d’éviter de devoir arrêter ses études ou de ne même pas pouvoir les entamer pour des raisons financières.

Avec le système de Bologne il est très difficile de travailler à côté des études…

As-tu trouvé facilement ce travail à 40 % ?

pas étudier à 100 % quand tu travailles à 40 %. Donc si les taxes universitaires augmentent, les premiers à en pâtir sont les étudiants qui financent eux-mêmes leurs études en travaillant. Car la durée de leurs études se rallonge et du coup, ils paient plus longtemps des taxes semestrielles. Du seul fait des taxes semestrielles, mon bachelor m’a coûté 1,5 fois plus cher que si j’avais pu l’obtenir en trois ans.

L’initiative veut avant tout harmoniser les bourses à l’échelle suisse. Actuellement, chaque canton dispose de son propre système. Ce qui veut dire que les montants alloués varient énormément en fonction du canton où l’on habite. On en arrive à des situations absurdes où deux

collègues d’études, d’une même classe et dans les mêmes circonstances, ne sont pas traités de la même manière. Au seul motif que l’un vient de Zurich et l’autre de Berne, alors qu’ils étudient tous deux à Bâle. L’initiative vise à instaurer, enfin, les mêmes conditions pour tous.

L’initiative ne concerne-t-elle que les filières universitaires ? Non, et beaucoup de personnes n’en sont pas conscientes. Les bourses ne se limitent pas à une formation de degré tertiaire. En tant que syndicat de professionnels, nous sommes directement concernés, car les apprenti·e·s et les personnes qui effectuent une formation professionnelle supérieure (école supérieure, HES, brevet ou maîtrise fédérale) peuvent aussi demander des bourses. Je trouve que c’est très important. Une bonne formation ne repose pas forcément sur la seule Université, elle suppose que les gens puissent développer leurs capacités au mieux. Afin de ne pas exclure dès le départ la moitié de la population, un système de bourses juste et transparent est indispensable : l’avenir de notre pays réside dans la formation, aussi bien dans les écoles professionnelles qu’à l’Université.

COMITé CENTRAL

Nouveaux secrétaires centraux pour le secteur Logistique et la Jeunesse

Par l’élection de Michael Moser, 30 ans, le CC règle la succession

PHOTO YVES SANCEY

PHOTO LDD

PHOTO BRUNO SCHMUCKI

En élisant Sheila Winkler et Roland Lamprecht, le CC complète la direction du secteur Logistique. Sheila Winkler, 34 ans, rajeunit l’équipe du secteur Logistique et apporte une expérience de plusieurs années, acquise à La Poste et dans d’autres domaines de syndicom. Grâce à son plurilinguisme et à sa formation de psychologue, elle dispose de très bonnes qualifications pour assumer ses nouvelles tâches.

acquis dans l’entreprise et la branche.

tés d’entreprise et instances sectorielles. En tant que conseiller à la clientèle de longue date chez PostFinance, il apporte un savoir-faire important qu’il a

Roland Lamprecht, 37 ans, n’est pas un inconnu à syndicom. Il était membre du comité central et s’est engagé en tant que délégué dans plusieurs comi-

Lors de sa séance du 30 mai, le comité central (CC) a élu trois nouveaux secrétaires.

de Loïc Dobler en tant que secrétaire central de la jeunesse. Polygraphe, Michael Moser dispose de bonnes connaissances de la branche. En tant que membre du CC (depuis 2012) et président du GI Jeunesse (depuis 2013), il a à son actif une grande expérience dans le domaine syndical. Ces derniers mois, il a assuré la suppléance de Loïc Dobler, qui a accompli son service civil. Le CC et le CD sont très heureux de pourvoir les postes vacants avec des candidat·e·s compétents et leur souhaitent plein succès dans leurs nouvelles fonctions.


14 | Service

syndicom | N° 6 | 12 juin 2015

Formation

MOVENDO l’institut de formation des syndicats

Atelier vidéo et « Social médias »

Inscription sur www.movendo.ch, par info@movendo.ch, par tél. 021 310 48 70, par fax 021 310 48 79

14 septembre à Neuchâtel et 23 au 24 septembre à Sainte-Croix (durée : 3 jours avec 1 nuitée) Les campagnes constituent un puissant moteur pour le développement syndical, politique ou associatif. Elles permettent de faire valoir et d’imposer nos revendications auprès de la population et d’améliorer notre rapport de force. Pour agir sur l’opinion publique, une utilisation adéquate de vidéos et des réseaux sociaux type Facebook ou Twitter est nécessaire, impliquant idées et savoirfaire. Lors de ce cours, chaque participant·e travaillera à la réalisation et diffusion de courtes vidéos. Objectifs de ce séminaire : Les participant·e·s seront en mesure de réaliser un petit film de présentation / promotion d’un thème de campagne et d’utiliser les nouveaux médias et réseaux sociaux de manière adéquate pour servir leur campagne. Public cible et prérequis : Ce cours concerne les personnes qui remplissent une fonction professionnelle qui implique la participation à l’élaboration ou la conduite de campagnes. Intervenants : Wirth Alain, réalisateur audiovisuel et Martin Diethelm, Kampagnenforum GmbH. Frais de cours (990 fr.), alimentation et nuitée (470 fr.) sont pris en charge par le syndicat concerné pour le personnel des syndicats affiliés à Movendo. Inscriptions : Monbijoustrasse 61, CP, 3000 Berne 23, tél. 031 370 00 70, Fax 031 370 00 71, info@movendo.ch 1 2 3 4 5 6 7 8 9

Vivre et travailler online, chances et risques des formes virtuelles de travail – Journée d’étude en collaboration avec l’USS (B2.1.1501). 30.6.2015 ; Fribourg, NH Hôtel. Thèmes : Effets des formes de travail virtuelles sur la vie privée et professionnelle – Santé psychique et travail : faits et chiffres – Enregistrement et contrôle du temps de travail : situation juridique – Menaces de précarisation – Exigences syndicales et réponses aux défis. Intervenant·e·s : notamment Denise Chervet, Nicola Cianferoni, Luca Cirigliano et Giorgio Pardini Animer et conduire une séance (F1.6.1501). 16.9.2015 ; Neuchâtel, Hôtel Alpes et Lac. Préparer une séance ; donner la parole ; répartir les temps de parole ; recadrer les discussions. Intervenant : Achille Renaud (Unia) Diffuser des informations dans les médias (F1.6.1503). 14.9.et 28.9.2015 ; Morges, Hôtel la Longeraie. Comprendre le fonctionnement des médias ; précautions et conseils ; rédiger un article ou une lettre de lecteur pour une publication syndicale ou un journal d’entreprise ; utiliser les médias électroniques ; évaluer l’impact de ses interventions. Intervenant : Michel Schweri (Unia) La politique en direct - une journée au Palais fédéral (F2.1.1507), 16.9.2015 ; Palais fédéral, Berne. Visite d’une session du parlement fédéral – Ronde de questions et d’échanges avec des politiciennes et politiciens – Les enjeux politiques pour les syndicats. Intervenant·e·s : Cesla Amarelle, Maria Bernasconi, Ada Marra, Jean Christophe Schwaab, Eric Voruz, Claude-Alain Frund (Movendo) Gestion de l’agressivité dans les services publics - asa (F2.5.1506). 17.9.2015. Lieu du cours : Morges, Hôtel La Longeraie. Qu’est-ce que l’agressivité ? ; attitudes par rapport aux comportements agressifs ; stratégies pour une issue favorable. Intervenante : Dominique Barras (formatrice d’adultes et médiatrice)

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Sudoku

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Mots croisés V Définitions : VI Horizontalement : I. A risque. II. Lave pacifique. Attrapé. Au vert. VII III. Mélange de vigne. Musiques en 1967. VIII IV. En toi et en moi. Bienvenues. Etreignit. 5 V. Chanta au clair de lune. De Grande-Bretagne. VI. Sierra Leone. Petit gaz. Dynamique.IX VII. Beurré le matin, porté le soir. Star à Vérone. X VIII. Actu. Compagnie en restructuration. IX. Fédération de l’extrême droite. Numéro de comXI mune. X. Ensemble sans motif. Place de jeu. Sent le poisXII son. XI. Livre liturgique. Hèle. Dans le désert irakien. XIII XII. Assez drôle. Echelle sonore. XIII. Sorte de bière. Croc à carcasse. Partie d’exclusion.

SECTEUR MÉDIAS

cours de perfectionnement 2014 Inscriptions sur www.helias.ch Le programme pour 2015, avec des cours de perfectionnement attractifs, est en ligne sur www.helias.ch. Sauf indications contraires, animatrice : Birgit Ewert, instructrice Adobe ; lieu : Imprimerie Saint-Paul, boulevard de Pérolles 38, Fribourg. Nouvelles fonctionnalités Illustrator et Acrobat Adobe CC. 10, 20, 21 ou 25 août. Délai d’inscription : 21 juillet au 4 août selon le cours. Le cours est sur une journée, avec quatre dates à choix.

Verticalement : 1. Plus ou moins agréables à l’ouïe. 2. Nage ou vole. Effeuillé. 3. Montra. 4. Poilé. Armes. Langue des huiles du Nord. 5. Pont de titis. Dessous de bras par SMS. 6. Prénom très provincial. Règles. 7. Bas du dos. Roi maritime. 8. Pour toi. Top du3top. 9. Aurochs. C’est-à-dire. 10. Confiant. Magazine d’actu. 11. Périodes. Festival très romain. 12. En Rhénanie-Palatinat. Queue de rat. 13. Dieu, déterminant pour les Espagnols. Le faisait entre le bon 8 grain et l’ivraie. 14. Adjectif d’esclavagiste. Chopé. 15. Petit saint désorganisé. Etalerai.

Le·la gagnant·e – dont le nom paraîtra dans le n° 7 – recevra une gourde de la COOP Protection juridique. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Prière d’envoyer votre solution (le mot-mystère seulement) jusqu’au 30 juin à syndicom, 1 Pichard 2 7,31003 Lausanne. 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 le journal, rue

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Site Internet avec Adobe Muse. 29 septembre. Délai d’inscription : 8 septembre. Animateur : Tony Manganelli.

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iPad pour l’utilisation professionnelle. 6 octobre. Délai : 15 septembre.

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Publication sur iPad à partir d’InDesign. 7 octobre. Délai : 15 septembre. Nouvelles fonctionnalités Photoshop Adobe CC 2014. 20 ou 22 octobre, 3 ou 6 novembre. Délai : 29 septembre et 13 octobre. Le cours est sur une journée, avec quatre dates à choix. Création de formulaire avec InDesign. 27 octobre. Délai d’inscription : 6 octobre. La photographie numérique, atelier théorique et pratique. 17 et 18 novembre. Délai d’inscription : 27 octobre. Lieu : LookA, rue du Nord 4, Vevey. Animateur : Luca Carmagnola. -- NOUVEAU -Internet, risques et opportunités : Optimisez vos chances de réussite. 12 novembre, 17 à 20 h. Délai d’inscription : 20 octobre. Lieu : eracom, rue de Genève 55, Lausanne. Animateur : Stéphane Koch. Initiation à Glyphs 2.0. 19 novembre. Délai d’inscription : 29 octobre. Lieu : eracom, rue de Genève 55, 1004 Lausanne. Animatrice : Julie Janet Chauffie.

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II La solution du sudoku syndicom du N° 5 / 2015 était : 726 (de gauche à droite). La gagnante est Claudine Perret-Conne, de Ferlens (VD). Elle gagne 50 francs en chèques Reka offert par notre partenaire de prestation. III Nous la félicitons chaleureusement !

Informations détaillées sur www.movendo.ch Pour les membres, les frais (cours, alimentation et / ou nuitée selon annonce) d’au moins un cours par année sont pris en charge par le syndicat. Après réception de votre inscription, nous vous informons des conditions auxquelles vous pouvez participer à la formation choisie.

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syndicom | N° 6 | 12 juin 2015 Let tre de lecteur

Agenda

GENÈVE - CINÉMA

Avec le soutien de:

SAINT-PIERRE-DE-CLAGES Fête du livre - 28 au 30 août 2015 Syndicom présent ! Depuis plusieurs années syndicom tient un stand à la Fête du Livre de St-Pierrede-Clages (VS). La présence sur le stand est assurée bénévolement par l’équipe de

Organes centraux dans la ligne de mire !

Pour marquer la cinquième année de notre présence, nous avons décidé d’utiliser le produit de la vente pour mener une opération spéciale « Boule à zéro ». Le produit de nos ventes permettra de distribuer la bande dessinée Boule à zéro du dessinateur Serge Ernst et du scénariste Zidrou à des enfants hospitalisés. Cette BD raconte avec beaucoup d’humour et de tendresse le quotidien de Zita, une petite fille atteinte d’une grave maladie et donc habituée aux hospitalisations. Vous désirez soutenir cette opération ? Deux possibilités s’offrent à vous. Vous pouvez nous offrir des livres que nous vendrons sur notre stand. Vous pouvez aussi nous rendre visite lors de la fête du livre et nous acheter des livres. Sur présentation de votre carte de membre syndicom, nous déduirons volontiers de votre achat le prix d’entrée à la manifestation. Merci d’avance de votre soutien ! Alain Carrupt, président de syndicom

METROBOULOTKINO L’An01 : « On arrête tout ! » Mardi 23 juin, 19 h, Cinélux 8, bd St Georges, Jonction, Genève. Pour sa dernière séance avant la pause estivale, le cinéclub syndical Metroboulotkino programme L’An01 de Jacques Doillon, Alain Resnais et Jean Rouch (1973), adapté d’une BD de Gébé. Emblématique de la contestation des années 1970, le film raconte l’abandon – consensuel et festif – de l’économie de marché, du productivisme, et de toutes les obligations, formes d’autorité et de pouvoir au profit de l’écologie, de l’amour libre et de la vie en communauté. L’An01 est aussi l’occasion de revoir la bande du Café de la Gare, l’équipe de Hara-Kiri… et bien d’autres. Infos : http://metroboulotkino.ch/ St-Pierre-de-Clages

Village Suisse du Livre

www.village-du-livre.ch

Suisse romande et des collègues romands du secrétariat central. Le bénéfice de la vente des livres que nous proposons est à chaque fois versé à une œuvre d’entraide.

Les lectrices·lecteurs du dernier syndicom le journal auront remarqué que, lors de la récente conférence des présidents du GI Retraités, l’Assemblée a soutenu la proposition de la section vaudoise Poste de revoir les conditions d’octroi des chèques REKA aux membres retraités. Rappelons que la revendication demande que le montant annuel passe de 700 à 1000 fr., avec un rabais de 10 %. Le même compte rendu rappelle que « 30 % des membres de syndicom étaient à la retraite en 2014 ». C’est dire l’importance de cette catégorie, dont la revendication se veut particulièrement mesurée face aux services rendus aux actifs, services qui sont volontiers soulignés dans le journal syndical ou lors d’assemblées générales. Sans oublier l’importance de la contribution financière des aînés à la bonne marche du syndicat ! Il faut maintenant souhaiter que l’appui donné par l’ensemble des délégués à cette revendication incite les organes syndicaux centraux à l’examiner positivement dans les meilleurs délais. Une entrée en vigueur en 2016 comblerait les retraité·e·s de satisfaction ! En effet, l’emploi de plus en plus généralisé des chèques REKA apparaît dans les statistiques de l’institution. C’est dire si ce mode de paiement est apprécié. De plus, à l’heure où la compensation du renchérissement s’éloigne de plus en plus de l’horizon, la mise en œuvre de cette revendication apporterait aux aîné·e·s un signe tangible d’empathie. Alors, soyons confiant·e·s !

Programme et infos : www.village-du-livre.ch L’affiche de l’édition 2015 est l’œuvre du collectif Plonk et Replonk.

Rémy Addor

Compte rendu

GROUPEMENT DES RETRAITÉS POSTE ET SWISSCOM FRIBOURG ET ENVIRONS Assemblée générale C’est à Marly, au restaurant de la Gérine, le mercredi 25 février à 14 h 15, que s’est déroulée notre assemblée générale annuelle avec 53 participant·e·s. En l’absence de président, André Burgy, membre du comité, ouvre l’assemblée en invitant les membres à observer un instant de silence en mémoire des personnes décédées dans le courant de l’année. Il salue les invités présents, Alain Carrupt, Gabriel Cuany (Arc jurasdécès Duboscq Marie-Thérèse, Lausanne, décédée le 26.08.2014 à l’âge de 83 ans. Membre de la section IGE Vaud-Lausanne depuis 1973.

sien), Bernard Faillettaz (Vaudoise Poste), Alain Michaud et François Ducrest, secrétaire régional à Fribourg. Aux points 1 et 2 de l’ordre du jour, Pierre Savary, ancien président, mais toujours actif au comité, lit le procès-verbal de l’assemblée générale de 2014. Il poursuit et maintient l’attention de l’auditoire en faisant un rapport sur la situation pas très positive du monde actuel. Le caissier Francis Chassot présente les comptes qui se soldent par un déficit de plus de Fr. 1300.–. Pour remédier à ce découvert chronique, le comité est en discussion avec le comité de la section fusionnée P+T pour récupérer environ 1 fr. par membre retraité sur les 2 fr. que la section reçoit en retour de la centrale de Berne. Le montant maximum annuel demandé est de Fr. 3000.–. Le projet est présenté à l’Assemblée qui y souscrit à l’unanimité. La cotisation annuelle de 15 fr. par membre reste inchangée.

Le comité actuel de 4 personnes est réélu par acclamation, mais nous sommes toujours à la recherche d’un·e· président·e· et d’un·e· secrétaire, c’est urgent ! Jean-Marie Baechler, responsable des manifestations, nous présente la sortie et visite de 2015. Le 13 mai, visite d’ELSA à Estavayer-le-Lac. Le 9 septembre, sortie en car vers Morgins – Lindarets (France) – repas – Thonon (bateau) – Lausanne – Fribourg. L’assemblée se termine à 16 h 30, suivie d’une collation prise dans la bonne humeur. André Burgy

Faillettaz André, Epalinges, décédé le 12.05.2015 à l’âge de 95 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1939.

Niklaus Bernard, Lausanne, décédé le 16.11.2013 à l’âge de 82 ans. Membre de la section IGE Vaud-Lausanne depuis 1950.

Journée d’étude : Vivre et travailler Online

Pécoud André, Petit-Lancy, décédé le 28.04.2015 à l’âge de 76 ans. Membre de la section Genève depuis 1999.

En collaboration avec l’Union syndicale suisse Chances et risques des formes virtuelles de travail

Theurillat-Crevoisier Myriam, Saint-Imier, décédée le 28.03.2015 à l’âge de 58 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1999. Tissières Arthur, Orsières, décédé le 05.05.2015 à l’âge de 87 ans. Membre de la section Valais romand depuis 1949.

Fribourg, Hôtel NH, 30.6.2015, 10h00 – 15h45

Programme détaillé et inscription www.movendo.ch Monbijoustr. 61, 3000 Berne 23 - téléphone 031 370 00 70 / fax 031 370 00 71 Coûts Non-membre: Fr. 180.Membre: gratuit (Garanto, SEV, syndicom, Unia, ssp, Nautilus)

PHOTOS JEAN-MARIE BAECHLER

Haefliger Joseph, Sion, décédé le 03.05.2015 à l’âge de 73 ans. Membre de la section Valais romand depuis 1968.

IMPRESSUM rédaction Français : syndicom, le journal, ISSN 1664-896X Yves Sancey, rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 38, redaction@syndicom.ch Allemand : syndicom, die Zeitung, Naomi Kunz, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 68, redaktion@syndicom.ch Italien : syndicom, il giornale, Barbara Bassi, via Genzana 2, 6900 Massagno, tél. 058 817 19 63, redazione@syndicom.ch

mise en pages Alain Gonthier (f), Katja Leudolph (d), Daniela Raggi (i) correction Marie Chevalley (f), Ulrike Krüger (d), Petra Demarchi (i)

Journée d’étude : abonnements Vivre et travailler Online

Fribourg, Hôtelpour NH, 30.6.2015, 10h00 – 15h45 50 fr., 70 fr. l’étranger, gratuit pour les membres de syndicom. syndicom, le journal paraît au moins 15 fois par an

En collaboration avec l’Union syndicale suisse Chances et risques des formes virtuelles de travail changements d’adresse

syndicom, changements d’adresse, Programme détaillé et inscription www.movendo.ch Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne

Monbijoustr. 61, 3000 Berne 23 - téléphone 031 370 00 70 / fax 031 370 00 71 Coûts Non-membre: Fr. 180.Membre: gratuit (Garanto, SEV, syndicom, Unia, ssp, Nautilus)

publicité Priska Zürcher, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 19, fax 058 817 18 17, stab@syndicom.ch impression Ringier Print Adligenswil AG, Ebikonerstrasse 75, 6002 Lucerne prochaine parution 10 juillet (délai rédactionnel : 22 juin) éditeur syndicom, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne


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syndicom | N° 6 | 12 juin 2015

Santé au travail

Burn-out ! La perte de sens au travail SOCIOLOGIE • Après un premier volet sur les conditions de travail 1, Viviane Gonik ausculte le phénomène du burn-out, ou épuisement professionnel, qui toucherait entre 10 et 20 % de la population active en Suisse. Et dont les causes sont à rechercher du côté de l’organisation du travail. Viviane Gonik *

irritabilité, grande fatigue et découragement Cet épuisement se manifeste dans un premier temps par une baisse de la tolérance aux contrariétés, une irritabilité, une grande fatigue. Face à ces difficultés, les personnes essayent de se protéger, en se mettant en retrait à l’abri des impacts émotionnels, en développant une attitude presque cynique face aux usagers ou aux collègues. Malgré la fatigue et le découragement qui s’installent, la personne essaye d’atteindre ses objectifs ou ceux qu’on lui fixe en se lançant dans un pseudo-activisme marqué en réalité par une baisse de l’efficacité professionnelle. Si rien ne vient contrecarrer ce long processus, s’installe alors le burn-out caractérisé par l’épuisement des capacités émotionnelles, la perte de l’intérêt et de l’empathie pour ceux qu’on est censé aider, une confusion mentale et la perte de l’estime de soi-même. Cela peut aller très loin, jusqu’à une profonde dépression et même jusqu’au suicide. Longtemps, on a considéré que ce phéno­ mène ne touchait que les personnes travaillant dans une relation d’aide et de soutien : professions médicales, éducateurs, enseignants… Aujourd’hui, des personnes travaillant dans les chantiers, les banques, les télécommunications, la fonction pub­ lique, se plaignent de burn-out et en présentent les manifestations. Il est difficile de mesurer l’ampleur du phénomène,

LECTURES CHOISIES Quelques lectures pour prolonger la réflexion sur ces sujets : Christophe Dejours, Souffrance en France. La bana­ lisation de l’injustice sociale, Paris, Seuil, 1998 ; Yves Clot, Le travail à cœur. Pour en finir avec les risques psychosociaux, Paris, La Découverte, 2010. Vous pouvez éga­ lement venir chaque dernier mardi du mois, aux projections et discussions de Metroboulotkino. (VG)

faire un mauvais travail, associés à un manque de reconnaissance de la part de la hiérarchie, mettent à mal la conscience professionnelle des personnes.

L’empêchement de penser

PHOTO ERGO DIREK T VERSICHERUNGEN

« Docteur, mon travail me rend malade, je me sens à bout, je n’ai plus la force de me lever le matin pour aller travailler… ». Ce type de remarques est de plus en plus souvent rapporté aux médecins de premier recours qui, la plupart du temps, se sentent impuissants devant ces souffrances. On parle alors de burn-out ou d’épui­ sement professionnel, une notion qui certes n’existe pas dans la classification médicale, mais qui est largement utilisée par les personnes pour évoquer leur malêtre psychique et de leur souffrance. Les symptômes ont été décrits par Feuderberger dans les années quatrevingt comme un incendie intérieur  : « Leurs ressources internes en viennent à se consumer comme sous l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte. »

Viviane Gonik : « Le culte de l’urgence, la pression sur les délais très courts, la pression du marketing et celles des actionnaires conduisent souvent à “bâcler” son travail. »

mais on estime qu’en Suisse, 10 à 20 % de la population active seraient touchés. Ce n’est donc plus dans la profession ou dans l’implication individuelle des personnes qu’il faut chercher les causes du burn-out, mais bien dans le travail lui-même et dans son organisation.

Concurrence généralisée Depuis les années quatre-vingt, le travail et son organisation ont subi des modifications profondes. Aux prises avec une concurrence de plus en plus forte, les entreprises se sont restructurées. On voit apparaître dans tous les secteurs

que le sens du travail est remis en question.

Le sens perdu du travail Une des causes principales du burnout se trouve dans l’écart entre les valeurs propres des personnes sur ce qu’elles considèrent comme du « beau travail » et la réalité de ce qu’elles sont amenées à devoir faire. En effet, une des valeurs centrales pour toute personne active est le désir de faire un travail de qualité et que ce travail soit reconnu. Comme le dit Christophe Dejours, la reconnaissance passe par un jugement

« Ce n’est pas dans la profession ou dans l’implication individuelle des personnes qu’il faut chercher les causes du burn-out, mais bien dans le travail lui-même et dans son organisation. »

une culture de « services » : les patients des hôpitaux, les élèves des écoles deviennent des clients qui doivent obtenir satisfaction. Les différents services d’une entreprise sont mis dans un rapport de clientèle : l’atelier de réparation offre des services à la production qui elle-même en demande au marketing, etc. Les services sont en concurrence entre eux et même les employé·e·s. Il faut « vendre » plus, « gérer » plus de dossiers, « prendre en charge » plus d’usagers que son collègue, sous peine d’être mis sur la touche ou même licencié. Les personnes au travail sont alors pla­ cées dans des situations contradictoires, sources de grandes tensions. En premier lieu, on met en avant le mot d’ordre de « qualité totale et zéro défaut » tout en poussant les employé·e·s à bâcler leur travail. D’autre part, on demande aux employé·e·s de faire preuve d’intel­ ligence, tout en leur « interdisant » de pen­ ser aux conséquences de leurs actions. C’est au travers de ces contradictions

d’utilité – « ce que je fais est utile » – et un jugement esthétique – « c’est du beau travail » –, jugement donné par les pairs et qui confère alors à celui qui le reçoit l’appartenance à un métier, à un collectif de travail. S’il respecte les règles de tra­ vail, il est admis dans le cercle. Cela per­ met de conjurer la solitude. Mais à l’heure du slogan de la qualité totale, de plus en plus de travailleurs·euses se plaignent de devoir faire du mauvais travail. Le culte de l’urgence, la pression sur les délais très courts, la pression du mar­keting et celles des actionnaires conduisent souvent à « bâcler son travail ». On voit ainsi des ingénieur·e·s qui doivent mettre sur le marché des produits mal testés pour devancer des concurrents, ou se servir de leur créativité pour fabriquer des produits qui deviendront obsolètes après le temps de garantie ; des vendeurs·euses qui sont encouragés à mentir, imputant aux clients les erreurs qu’ils savent très bien être celles des entreprises. Ces men­ songes, cette impression constante de

Contrairement au temps du taylorisme, les managers ont compris qu’au-dessus des bras du travailleur, il y avait une tête, que cette tête réfléchissait et que cette réflexion était fondamentale pour que le travail s’exécute. Aujourd’hui, le management demande un engagement total au projet de l’entreprise : il faut y mettre son corps, sa force, son intel­ ligence et même son émotion. L’entretien individuel d’évaluation qui s’est géné­ ralisé dans toutes les entreprises et la fonction publique permet de tester cet engagement. Cependant, il devient en même temps difficile – si ce n’est inter­ dit – de penser à l’intégralité de son tra­ vail. D’une part, le temps pour penser s’amenuise, s’il ne disparaît pas, sous la pression du «  juste à temps  » (par exemple, les journalistes sur le Web qui doivent diffuser l’information sans délai) et, d’autre part, la question de la finalité des actions demandées est bannie de l’entreprise. Quelle est l’utilité de mon travail, quelles seront les répercussions de la décision managériale que je dois exécuter, de délocaliser, licencier, mettre au placard des salarié·e·s ? Toutes ces ques­ tions, toutes ces réflexions sont interdites, et pour faire face à ce « tabou », les per­ sonnes tiennent en s’insensibilisant vis-àvis de la souffrance d’autrui, ce qui passe en partie par la désensibilisation de soi. Elles sont alors amenées à effectuer des actions qui mettent à mal leur dignité. Car si elles n’adhèrent pas à la finalité qu’impliquent leurs actions, ce n’est pas la finalité qui peut être critiquée, mais elles-mêmes, à titre individuel. Les employé·e·s sont ainsi pris dans une autre contradiction  : devoir engager son intelligence, tout en s’empêchant de penser. Travail mal fait, actions indignes, sens du travail perdu, ces contradictions mettent à mal la dignité des personnes. Telles apparaissent alors les causes du burn-out. La prévention ne peut s’opérer qu’au niveau de l’organisation du travail, des conditions dans lesquelles il est réalisé, et par la reconstruction des collectifs de travail autour des questions du travail (et non pas en organisant des fêtes ou des loisirs de bureau !), en instaurant des espaces de délibérations d’où pourraient émerger des solutions satisfaisantes pour tout le monde et qui redonnent sens au travail.

*Ergonome, spécialiste de la santé au tra­ vail, www.metroboulotkino.ch. Extrait d’un article paru dans Le Courrier, 14.11.2014. 1. Le premier volet de cette série est paru sous le titre « Et si on parlait du travail ? » dans Le Courrier du 29.9.2014 et dans notre édition N° 3 / 2015.


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