syndicom - le journal

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N° 7 10.07.2015

le journal

www.syndicom.ch Le syndicat des médias et de la communication

AZB 3001 Bern Les changements d’adresse sont à signaler à : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, case postale 6336, 3001 Berne

rapport annuel postcom

éditorial

Les nains moraux

Distribution à domicile : « La Poste peut mieux faire » gronde la PostCom page 4

« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens », avait prévenu le 29 janvier l’inénarrable J.-C. Juncker, président de la Commission européenne. La crise grecque aura révélé cette détestation de la souveraineté populaire. L’idée d’un référendum sur la poursuite de l’austérité a dû couper la chique à tous ceux pour qui la démocratie est bien trop dangereuse pour la laisser aux mains des peuples européens. Toute la construction néolibérale de l’Europe – dont la possibilité des Etats de se financer auprès de la banque centrale remplacée par l’endettement sans fin auprès des marchés – a consisté à réduire la marge de négociation. Alors ces 61 % de Grecs qui, refusant la fatalité, ont dit OXI (non) à la troïka et à l’austérité imposée, c’est un nouveau souffle pour un autre chemin. Ils se sont mêlés des affaires des « grands de ce monde » qui, selon la formule des philosophes Benasayag et Charlton, « ne sont que les nains moraux auxquels nous déléguons notre puissance pour mieux nous opprimer ». Il faut de toute urgence une conférence où l’on discutera de la restructuration d’une grande partie des dettes qui pèsent sur le Portugal, l’Italie, l’Espagne, etc. plaide Thomas Piketty, économiste et auteur du Capital au XXIe siècle (Le Monde.fr, 02.07.2015). Comme dans l’après-guerre, rappelle-t-il, seul un effacement de la dette – colossale – a permis le « miracle allemand ». Faire payer la Grèce pour l’exemple, c’est condamner toute l’Europe à une longue récession et faire le jeu de l’extrême droite, qui saura capitaliser cette haine des peuples.

cct industrie graphique 2016

poste allemande

Un mois de grève : conflit historique chez Deutsche Post

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Bons débuts, mais il faut préparer la riposte à l’offensive en règle de Viscom page 7

étendre ou limiter la surveillance de masse ?

Un « Patriot Act » à la sauce suisse ? Comment et quand les autorités peuvent-elles lire notre communication ? Comment notre sphère privée peut-elle être protégée ? Le parlement a accepté la révision de la loi fédérale sur la surveillance de la correspondance par poste et télécommunication – et déjà la résistance s’organise. › pages 2-3

Yves Sancey, rédacteur romand visite À sKYguide

Les chevaliers du ciel

PHOTO SKYGUIDE

Chaque jour, 26 000 avions se croisent au-dessus de l’Europe, dont 3150 sont pris en charge par skyguide. Pour mieux comprendre qui sont les travailleurs de cette entreprise – dont la CCT est actuellement négociée, notamment par syndicom – et les enjeux autour de la sécurité du ciel, la rédaction s’est rendue sur place. Yves Sancey Garantir une gestion sûre, fluide et économique du trafic dans l’espace aérien suisse et dans l’espace des pays limitrophes, tel est le mandat de skyguide, une entreprise de droit privé à but non lucratif basée à Genève et détenue à 99,9 % par la Confédération.

En une année, 1400 personnes surveillent plus de 1,1 million de vols – dont quelque 500 000 arrivées et départs – gérés sur 14 sites, mais principalement par les deux centres de Genève et Kloten / Dübendorf. Parce qu’elle est un carrefour dense et étroit de voies aériennes

au centre de l’Europe, la gestion du ciel en Suisse est particulièrement complexe. Derrière chaque point sur les écrans de contrôle, ce sont 200 à 300 personnes dont les employé∙e∙s de skyguide ont la responsabilité.

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étendre ou limiter la surveillance de masse ?

Un « Patriot Act » à la sauce suisse ? La planète Internet se fâche. Et pour une bonne raison. Mi-juin, le Parlement a adopté deux nouvelles lois : la loi sur le renseignement (LRens) et la loi fédérale sur la surveillance de la correspondance par poste et télécommunication (LSCPT), qui permettront une surveillance accrue des communications de la population suisse. Carlos Hanimann * Deux ans après les révélations du lanceur d’alerte de la NSA, Edward Snowden, la Suisse prend un tournant problématique : au lieu de limiter la surveillance de masse, elle étend sa portée. Différents groupements politiques, notamment des partis de jeunesse et des cybermilitant·e·s, ont déjà annoncé leur intention de lancer un référendum. Si le Conseil national et le Conseil des Etats approuvent ces deux lois en automne après avoir éliminé de petites divergences (voir encadré), la Suisse sera confrontée à un débat d’envergure sur la surveillance étatique. Mais procédons dans l’ordre. Au début de 2013, la ministre de la Justice Simonetta Sommaruga présentait la révision totale de la LSCPT. Sous un nom qui pourrait prêter à sourire, un projet de loi plutôt menaçant : le champ d’application de la loi serait élargi, la durée autorisée de conservation des données de communication prolongée et les autorités de poursuite pénale recevraient de nouveaux moyens et équipements pour faciliter la surveillance de la communication via les téléphones portables, le téléphone ou Internet. Ce projet de loi a déjà suscité de vives critiques durant la consultation. Sur plus de cent participant·e·s, quatre ont appuyé la loi sans réserve : les cantons d’Uri, d’Obwald, de Genève et La Poste Suisse. Tous les autres ont émis des réserves. Qu’implique la LSCPT ? La loi apporte cinq nouveautés controversées.

cinq nouveautés controversées 1. Les chevaux de Troie étatiques. Sous l’appellation sibylline de GovWare, ils permettent à la police et aux ministères publics d’accéder à l’ordinateur de personnes considérées comme suspectes pour y chercher des preuves. Comme aujourd’hui, les criminels ne communiquent plus par téléphone ou courriel mais au moyen de services et de programmes codés tels que Skype ou PGP, il est impossible de mettre sur écoute des conversations téléphoniques ou d’intercepter des courriels. C’est pourquoi le piratage direct des ordinateurs de suspects doit être rendu possible. La mesure n’est pas contestée pour la seule raison qu’elle constitue une atteinte à la sphère privée des personnes soupçonnées, mais aussi parce que l’opération, complexe sur le plan technique, présente de nombreuses lacunes. Le risque existe, par exemple, que maintes données récoltées par un cheval de Troie s’avèrent non pertinentes pour la poursuite pénale. En outre, très peu d’opérateurs sont en mesure de programmer un cheval de Troie en tenant compte des restrictions prescrites par la législation. Enfin, un cheval de Troie présente des lacunes en matière de sécurité que d’autres institutions peuvent exploiter. Plus prosaïquement, c’est comme si la police ouvrait une brèche dans le mur pour fouiller l’appartement d’un suspect, sans la refermer ensuite. 2. Les IMSI-catchers. Ce sont des appareils qui fonctionnent comme des aspirateurs. Mais au lieu d’as-

pirer la poussière, ils récoltent des données. Ils peuvent identifier des détenteurs de téléphones portables dans un rayon d’un kilomètre. Les appareils sont aujourd’hui de si petite taille qu’on peut les mettre dans un sac à dos. Ils s’apparentent à une antenne-relais agissant entre le téléphone mobile espionné et les antennes-relais de l’opérateur téléphonique. Ils permettent de pister le trafic des téléphones portables et de détecter dans le monde entier les numéros d’identification (International Mobile Subscriber Identity, IMSI) de leurs détenteurs. Selon l’équipement de ces appareils, il est possible non seulement de lire les numéros, mais encore de procéder à des manipulations sur le natel et d’intercepter des conversations téléphoniques. Les IMSI-catchers peuvent être utiles pour rechercher des personnes disparues. Mais ils servent aussi aux recherches par quadrillage ou par profilage pour le compte de services de renseignement ou de police. On peut ainsi surveiller par exemple tous les participants à une manifestation. Dans les régimes autoritaires, ces appareils sont donc très prisés pour identifier et poursuivre des opposants au gouvernement. Bien que l’utilisation des IMSIcatchers ne soit pas encore réglementée par la législation, la Police judiciaire fédérale en fait déjà usage. L’année dernière, la police cantonale zurichoise a même fait l’acquisition de deux IMSI-catchers. Mais elle n’a pas divulgué les modèles achetés, ni le nom des fournisseurs.

3. La conservation des données. De nombreuses voix se sont élevées contre l’extension de la durée autorisée de conservation des données. Les données de communication dites secondaires donnent des informations sur qui téléphone ou échange des courriels, quand, où, avec qui et pendant combien de temps. Aujourd’hui, les opérateurs tels que Swisscom, Sunrise ou Salt sont tenus par la loi de conserver ces données pendant six mois. A l’avenir, ce délai sera prolongé d’une année. Si une procédure pénale est ouverte à l’encontre d’un suspect, les autorités peuvent exiger la production de ces données. Et c’est là que se pose le problème de la conservation des données : elles sont stockées préventivement sans motif ni soupçon, au cas où une personne commettrait ultérieurement une infraction à la loi. Dans une interview sur la conservation des données de communication, le préposé fédéral à la protection des données Hanspeter Thür a déclaré que cette méthode est « délicate sur le plan des droits fondamentaux », car « on instaure ainsi un soupçon généralisé ». C’est pourquoi de larges milieux politiques considèrent la conservation des données comme une mesure de surveillance préventive, même si les données ne peuvent être évaluées qu’a posteriori et avec le seul assentiment d’un tribunal des mesures de contrainte. En effet, la surveillance ne commence pas lors de l’analyse des données mais déjà au moment de leur collecte.

« Patriot Act » : les Etats-Unis reviennent en arrière, la France fonce Au terme d’une procédure rouleau compresseur rendant quasiment impossible tout débat démocratique serein, les sénateurs le 23 puis les députés le 24 juin ont adopté définitivement le projet de loi sur le rensei-

PHOTO DR

Il y a quatorze ans, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis se dotaient du « Patriot Act », qui octroyait de très larges pouvoirs aux organisations de lutte contre le terrorisme et a permis à la NSA de mettre en place son vaste système de surveillance – Prism – dont l’ampleur a été révélée par l’exespion et lanceur d’alerte Edouard Snowden. Le 4 juin dernier, le Sénat américain a adopté l’« USA Freedom Act », qui limitera certains pouvoirs de surveillance de la NSA, en contrepar tie de la prolongation du « Patriot Act » dans le reste du monde. Le même jour, alors que les Américains modèrent, timidement certes, leurs ardeurs sécuritaires, s’ouvrait en France la discussion sur le projet français de loi sur le renseignement.

gnement. Les révélations, entre les deux, de Libération, Mediapart et WikiLeaks sur l’espionnage de trois présidents successifs par l’Agence nationale de sécurité (NSA) américaine, entre 2006 et 2012 au moins,

ont fait l’effet d’un coup de tonnerre sans pour autant perturber la teneur des discussions du côté du Palais Bourbon. Ce texte très controversé prévoit une extension inédite des moyens dévolus aux services de renseignement et est la copie conforme de tout ce qui, aux Etats-Unis, a été à l’origine de ces dérives. La loi est désormais entre les mains du Conseil constitutionnel, qui a un mois pour rendre son avis. Décision attendue le 24 juillet. (YS) 3 avril, aux abords de l’Assemblée nationale, Paris ∙ A l’appel de plusieurs associations (dont La Quadrature du Net et Amnesty International) et syndicats (presse et magistrature), les opposants au projet de loi sur le renseignement critiquent la mise en place d’une « surveillance de masse » en instrumentalisant le massacre de janvier à Charlie Hebdo.

Plusieurs cours constitutionnelles en Allemagne et en Autriche, ainsi que la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE), ont jugé la conservation des données comme une atteinte disproportionnée aux droits fondamentaux et non légitime. En Allemagne, plusieurs tentatives d’introduire la conservation des données ont échoué en raison d’une forte résistance. Actuellement, le gouvernement débat sur une durée autorisée de conservation des données de dix semaines. Même si la législation suisse en matière de conservation des données repose sur une meilleure assise juridique que d’autres lois européennes comparables, le Tribunal administratif fédéral a été saisi d’un recours. Il émane de l’ONG Société numérique suisse (Digitale Gesellschaft), une alliance formée de groupes politiques et de cybermilitants, en collaboration avec le journaliste et directeur du centre de formation des médias (MAZ) Dominique Strebel et le conseiller national vert, et membre de syndicom, Balthasar Glättli. La partie plaignante considère comme non légitime l’extension de la durée de conservation de six à douze mois, ainsi que le stockage des données. Son recours est toujours pendant auprès du Tribunal administratif fédéral. Les plaignants ont annoncé leur intention de porter si nécessaire le jugement, attendu cette année, devant la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg. Pendant des années, Balthasar Glättli a dû se battre devant le tribunal pour obtenir ses propres données. L’année dernière, il les a mises à disposition du portail en ligne watson.ch pour montrer ce qu’elles dévoilent sur sa personne. Même si le contenu de ses communications n’a pas été archivé, elles donnent des indications détaillées sur les emplacements où B. Glättli a séjourné pendant une demi-année, les endroits où il a dormi, les personnes avec qui il a discuté et le nombre et l’heure d’envoi des textos échangés avec sa conjointe. 4. L’élargissement du champ d’application. La LSCPT s’applique actuellement aux seuls opérateurs télécom mais à l’avenir, de simples fournisseurs de messagerie ou de réseaux WLAN devront aussi se conformer à la loi. Les restaurants ou hôtels qui proposent un réseau ouvert pourront donc être tenus de transmettre leurs données de communication. De sérieuses


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La convoitise et le désir d’en savoir plus semblent l’emporter sur la nécessité et l’efficacité. Or aucune preuve tangible ne semble confirmer que ce développement est indispensable. En examinant l’utilité de la conservation des données de communication, l’institut allemand Max-Planck a même abouti à une conclusion qui étaye cette constatation. Dans une étude publiée en 2010, on peut lire que rien ne permet de conclure « que la conservation des données telle que pratiquée en Suisse depuis près de dix ans conduise à une élucidation de cas systématiquement plus élevée [qu’en Allemagne] ». Dans le débat sur la LSCPT, on s’appuie par conséquent volontiers sur les affirmations de groupes d’intérêt. Bien sûr, les ministères publics préfèrent avoir plus d’informations, accéder à de plus grands volumes de données et disposer de moyens plus efficaces de surveillance. Mais sont-ils vraiment nécessaires ? Et justifient-ils une atteinte si grave à la sphère privée des citoyens ?

conséquences financières pourraient en résulter, surtout pour les petits fournisseurs. 5. L’accès des services secrets aux données. Une innovation contestée n’est certes pas réglementée dans la LSCPT, mais en dépend directement : l’association dangereuse de la LSCPT avec la loi sur les services secrets. Même si la ministre de la Justice Simonetta Sommaruga rappelle à chaque occasion qu’il ne faut pas faire un amalgame entre la LSCPT et la loi sur le renseignement (LRens) et que la LSCPT n’a rien à voir avec des formes de surveillance préventives, les deux lois sont intrinsèquement liées. En cas d’acceptation des deux lois sur la surveillance, les services secrets auraient accès aux données récoltées dans le cadre de la LSCPT. La loi dispose que cette atteinte à la sphère privée doit être autorisée. Le Tribunal administratif fédéral doit donner son consentement. Mais la mesure demeure extrêmement discutable sur le plan juridique, car le suspect n’a aucune possibilité de savoir s’il est surveillé par les services secrets, encore moins de faire recours contre cette surveillance.

* Journaliste à la WochenZeitung Traduction Alexandrine Bieri

Feu vert politique à l’espionnage Durant la session d’été, le parlement a examiné deux lois délicates relatives à la surveillance. La Loi sur le renseignement (LRens) constitue la base juridique du Service de renseignement de la Confédération (SRC). Le 11 juin – par 37 voix contre 2 et trois abstentions – le Conseil des Etats a accepté d’accorder davantage de moyens, déjà non négligeables, d’investigation et de prévention contre le terrorisme. Si la sécurité intérieure ou extérieure est considérée comme étant menacée, ou si des intérêts nationaux d’importance sont menacés, le SRC pourra surveiller des communications (courrier, téléphone, courriel), localiser des personnes, poser des micros dans des lieux privés ou encore installer des « chevaux de Troie » dans des ordinateurs considérés comme suspects (art. 25) et même utiliser des drones. Le SRC pourra charger le service compétent de l’exploration du réseau câblé d’enregistrer les signaux transmis par réseau filaire qui traversent la Suisse (art.38). Ce que la loi rebaptise joliment « exploration du réseau câblé » n’est autre que la surveillance massive de toutes les communications électroniques (contenu intégral des communications électroniques telles que les courriels, les recherches ou la téléphonie via Internet). Le SRC obtient ainsi le pouvoir de placer préventivement sous surveillance l’ensemble de la communication électronique puisqu’aujourd’hui, toutes les communications électroniques dépassent les frontières. Le 17 juin, pour contrebalancer cet élargissement de moyens, les Etats ont également accepté la création

d’une autorité indépendante de surveillance des services secrets, travaillant en coordination avec la délégation parlementaire chargée du SRC. La gauche est divisée sur cette loi. « Nous sacrifions la liberté sur l’autel de la sécurité et, en dépit de l’affaire des fiches et des révélations de Snowden, nous allons vers des services de renseignement qui surveillent tout comme la NSA », affirme Paul Rechsteiner (PS/SG). Une autre partie de la gauche, qui a passablement modifié le texte en commission, trouve le projet équilibré. Le National examinera bientôt les divergences restantes. Un référendum va être lancé. Le 17 juin également, le Conseil national se prononçait sur la révision de la Loi sur la surveillance de la correspondance par poste et télécommunication (LSCPT). Par 104 voix contre 80, il a suivi le Conseil des Etats et accepté d’augmenter la durée de conservation des informations postales, téléphoniques et Internet de six à douze mois. Les logiciels mouchards dits « Government software » (GovWare) et des IMSI-catchers pourront être employés dans le cadre de procédures pénales, ont accepté les députés par 115 voix contre 31 et 35 abstentions. Craignant la mise sur pied d’un Etat fouineur, malgré la présence de certains garde-fous, les Verts – soutenus par une partie des socialistes et quelques UDC – ont tenté en vain de s’opposer à la loi. En Suisse, les données téléphoniques et Internet doivent obligatoirement être conservées, a décidé la Chambre du peuple. L’objet retourne au Conseil des Etats. (YS)

La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga argue que les innovations techniques impliquent d’indispensables adaptations de la loi. A ses yeux, Internet ne devrait pas être laissé aux criminels. Quant à eux, les partisans d’une surveillance accrue entonnent toujours la même antienne : sans dispositifs de surveillance bien rodés, on ne pourrait pas poursuivre certains délits graves. L’avocat Martin Steiger, spécialisé en droit numérique, a qualifié ces délits de « cavaliers de l’Apocalypse » de Sommaruga : commerce de drogue, pornographie infantile, terrorisme et criminalité organisée. En 2013, la WochenZeitung (WOZ) analysait pour la première fois l’ensemble des statistiques sur les surveillances ordonnées dans toute la Suisse. Ces statistiques montrent que trois de ces quatre « cavaliers de l’Apocalypse » jouent un rôle très marginal. En 2012, près de 40 % des surveillances ont été ordonnées pour cause d’infractions liées aux stupéfiants. Sur plus de 10 000 mandats de surveillance, seuls 41 cas concernaient la pornographie infantile ; 79 la criminalité organisée et 239 le terrorisme.

PHOTO KEYS TONE / PETER KL AUNZER

quatre « cavaliers de l’apocalYpse »

Non à la surveillance d‘Etat ∙ Le lancement d’un référendum contre la révision de la Loi fédérale sur la surveillance de la correspondance par poste et télécommunication (Büpf en allemand) est déjà décidé. La récolte de signatures commencera probablement en automne.


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RappoRt annUeL postCoM 2014

Distribution à domicile : La Poste peut mieux faire En 2014, le géant jaune a rempli les objectifs fixés par la Commission fédérale de la poste (PostCom). Plusieurs points demeurent toutefois problématiques. Il peut améliorer la distribution chez les particuliers. Yves Sancey, avec ATS Le 15 juin, à Berne, la Commission fédérale de la poste (PostCom) a annoncé aux médias que le marché postal suisse fonctionne bien : en 2014, La Poste a rempli les objectifs fixés par l’autorité. Mais le géant jaune peut faire mieux au niveau de la distribution à domicile, souligne-t-elle. Le facteur ne passe plus au domicile de 897 foyers. C’est donc 69 maisons de plus qu’en 2013 qui se passent de ce service. Cinq plaintes ont été déposées l’an dernier à ce sujet, qui continue à inquiéter les particuliers. PostCom « suit avec une extrême attention la pratique actuelle de La Poste, qui tend à supprimer la distribution à domicile dans un nombre croissant de maisons isolées ». Si la distribution à domicile est une partie importante de la desserte de base, une

« analyse approfondie a mis en évidence plusieurs points problématiques », dit-elle dans son rapport annuel. Mais « nous voulons agir sur des cas concrets pour que les solutions alternatives proposées par La Poste soient valables », souligne le vice-président de l’organe de surveillance, Georges Champoud. Il s’agit aussi d’en finir avec les clauses de confidentialité qu’impose La Poste aux particuliers, à l’issue de leurs négociations. « Nous voulons de la transparence », insiste-t-il.

Moins de BUReaUX Mais pLUs FRÉQUentÉs En 2014, les fermetures et transformations de bureaux de poste ont continué. Le géant jaune disposait à la fin de l’année de 1562 offices de poste, soit cent de moins qu’en 2013. Mais cette

fréquentation des offices, par contre, progresse de 3 % en un an. Selon le président, il y aura bien sûr d’autres suppressions d’offices de poste, mais l’organe de contrôle veillera là aussi au grain. Le gendarme de la Poste note toutefois que sur 108 litiges, la commune et le géant jaune ont abouti à une solution acceptable dans 101 cas. Seules sept plaintes sont remontées aux oreilles de PostCom. Et l’organe de surveillance n’a renvoyé sa copie à La Poste que dans un seul cas sur les quatre déjà traités.

diminution a été contrebalancée par la création d’agences postales (+91) et par le développement de services à domicile. Ainsi, le nombre total de points d’accès reste fixé à 3500, indique le rapport annuel de la PostCom. « Les agences sont une bonne solution, car elles ont des horaires d’ouverture plus étendus », affirme Hans Hollenstein, président de la PostCom. En effet, la plupart des agences sont ouvertes plus de huit heures par jour contre six à huit pour les offices. Cet argument est toutefois contrebalancé par la pratique puisque, selon la PostCom, la fréquentation journalière moyenne des agences « s’est de nouveau révélée nettement inférieure à celle des offices de poste, comme les années précédentes, mais elle est restée relativement stable par rapport à 2013 ». La

eXpeRtise sCientiFiQUe LanCÉe PostCom a également commandé une expertise scientifique en vue d’examiner les conditions de travail dans la branche, tous services postaux confondus. Le délai de grâce ayant « désor-

Caisse de pensions poste

ConFLit histoRiQUe en aLLeMagne

Un mois de grève à Deutsche Post

Les baisses de rendement se répercutent sur les rentes Compte tenu de l’évolution des marchés financiers, la caisse de pensions Poste s’attend à une perte de rendement. Pour garantir un financement convenable des futures rentes, elle baissera le taux d’intérêt technique et les taux de conversion au 1er janvier 2016.

Afin d’atténuer les baisses de rentes et de maintenir le niveau actuel des prestations, les délégations de négociation de La Poste, de syndicom et de transfair se sont entendues sur les mesures suivantes : • compenser la baisse des taux de conversion par des fonds en

Du jamais vu. La grève illimitée déclenchée depuis le 9 juin par les postiers allemands et leur syndicat Ver.di s’étend et se durcit. Avec des pointes à 24 000 postiers en grève. Des montagnes de paquets et de lettres s’accumulent dans les centres de tri. Le conflit a pour origine la volonté de DHL Deutsche Post AG, devenu un mastodonte de la messagerie mondiale, de banaliser définitivement la société anonyme héritière de l’ancien service public postal. Une nouvelle société, consacrée à la distribution des paquets et baptisée Delivery, a été créée en janvier. Principale caractéristique de cette filiale : elle pratique des rémunérations annuelles d’un niveau environ 15 % inférieur à celles que touchent jusqu’à présent les employés de La Poste.

dépôt sur les comptes épargne individuels des assurés actifs. • relever les contributions d’épargne de 1 % pour l’employeur et les employés.

Plus d’information sur : https :// www.pkpost.ch/fr/302/Home.htm

CoMMentaiRe

Baisses de rentes ? Non merci ! De solides représentations de travailleurs dans les conseils de fondation des caisses de pension et des syndicats forts sont les seuls à même de protéger les futurs retraité·e·s contre des baisses de rentes ! Et ce ne sont pas de vains mots ! Nous en avons eu la preuve lors des dernières négociations menées avec la caisse de pensions Poste sur l’atténuation de l’abaissement du taux d’intérêt technique au 1er janvier 2016. Nous avons ouvert les négociations avec la revendication « Vieillir dans la dignité ». Résultat : le niveau des rentes a pu être maintenu et les cotisations pour les employés n’ont augmenté que modérément. Malgré tout, la Loi fédérale sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité (LPP) souffre d’une « erreur de construction », car elle a été fondée sur une croissance stable. Or en période incertaine, les marchés financiers s’affolent. La décision fatale de la Banque nationale suisse (BNS) d’abandonner le cours plancher entre le franc et l’euro et d’introduire des intérêts négatifs a elle aussi des conséquences néfastes. Elle touche une fois de plus les caisses de pension, qui ont besoin d’un niveau élevé de liquidités pour assurer le paiement des rentes. En Suisse, les milliardaires ne souffrent pas de la crise. Ce sont les salariés normaux qui trinquent. A la peur de perdre leur emploi s’ajoute celle de devoir vivre d’une rente plus basse à leur retraite – et cela dans l’un des pays les plus riches du monde. L’initiative « AVS plus », lancée par l’Union syndicale suisse (USS), sera soumise au vote populaire l’année prochaine. En cas d’acceptation, les syndicats espèrent qu’elle permettra de remédier aux dérives du système LPP et de favoriser un transfert du deuxième au premier pilier. Ainsi, la sécurité sociale serait renforcée. Fritz Gurtner, responsable du secteur Logistique

PHOTO ULF_S TEPHAN

PHOTO LDD

mais expiré », les entreprises qui n’observent pas les dispositions légales doivent par conséquent s’attendre, dès cette année, à ce que la PostCom ouvre contre elles une procédure de surveillance et, selon les résultats de ses investigations, « prenne des mesures conformes aux art. 24 et 25 LPO ». « La PostCom doit toutefois jouer un rôle encore plus actif dans ce domaine », relève syndicom. Lancée en mai, l’étude sera publiée en janvier 2016 et vise à vérifier que les « standards minimaux fixés par PostCom sont respectés », précise Michel Noguet, du secrétariat technique de l’autorité de régulation. syndicom salue cette mesure, « car les conventions collectives sont insuffisantes pour réguler le marché ».

Ver.di réclame pour 140 000 employés une réduction du temps de travail hebdomadaire à 36 heures, au lieu de 38,5 heures actuellement, tout en maintenant leur salaire. Le syndicat s’oppose aussi à la volonté de la direction de rattacher certains de ses employés à un autre accord salarial, celui du secteur de la logistique, moins avantageux. Or, depuis 2008, la Deutsche Post réalise d’année en année de somptueux bénéfices (2,2 milliards d’euros en 2014). La mise en place de la filiale low cost Delivery constitue de fait, « une arme antisyndicale », pointe Anton Hirtreiter, dirigeant du syndicat Ver.di de Munich. Le 6 juillet, après trois jours d’intenses négociations, la grève s’est conclue sur un « accord satisfaisant » selon Ver. di. Nous y reviendrons.

YS, avec L’Humanité


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syndicom | N° 7 | 10 juillet 2015 sUites de La votation sUR La Loi sUR La Radio et La tÉLÉvision (LRtv)

Il est temps de se réveiller Le 14 juin, grâce au vote de la Suisse romande, la nouvelle loi sur la radio et la télévision (LRTV) a passé la rampe. Déjà quelques semaines auparavant, il ne faisait aucun doute que les cantons alémaniques, en particulier conservateurs, voteraient non, certains même très massivement. Mais le résultat du Tessin a surpris tout le monde. Barbara Bassi, rédactrice tessinoise Pourquoi le peuple tessinois a-t-il voté contre la révision de la LRTV qui fera bénéficier les ménages privés d’une réduction de la redevance télévision ? Canton très sensible au thème du travail, le Tessin a voulu donner un signal à interpréter comme un non aux subventions. Qu’est ce qui a incité les Tessinois à mettre en jeu des centaines d’emplois?

Une vision à court terme, l’ignorance, l’égoïsme, l’émotivité ou l’endoctrinement politique? La plupart du temps, j’ai entendu la réponse suivante dans la rue : « J’ai voté non, car je trouve cette taxe injuste ». En d’autres termes, on ne veut pas payer pour une prestation qu’on ne consomme pas. Mais ce n’est pas le cas, car selon les données sur la consomma-

tion, la grande majorité de la population résidante du canton recourt tant aux radios et télévisions privées qu’à la SSR. Dans la plupart des cas, la réflexion s’était limitée à une réaction instinctive, à l’adage populiste selon lequel « moins de taxes pour tous » constitue la panacée. Presque personne n’avait réalisé qu’un Non signifierait une attaque

directe contre le service public en général – avec pour inconvénient d’anéantir l’offre radio-télévision actuelle et de contribuer, directement ou indirectement, à une suppression d’emplois. Cela devrait nous intéresser de savoir que cet argent remplit les poches d’entrepreneurs indifférents aux standards déontologiques et à la qualité des conditions de travail, qui ne cherchent qu’à exploiter ces canaux médiatiques à leur guise, sans devoir rendre de comptes à personne, sans respecter les minorités linguistiques, sans fournir un service aux malentendants. Si les citoyens ne comprennent pas que les grandes forces économiques de notre pays ont une stratégie de démantèlement du service public qui touchera ces trois prochaines années à coup sûr aussi la Poste et les Télécommunications puis sans doute la santé, l’éducation et les transports, alors j’ai envie de dire que ce peuple souverain ne mérite que les conséquences qui en résulteront.

CoMMentaiRes

Armistice Le battage médiatique autour d’une révision purement technique de la LRTV acceptée de justesse est enfin retombé. Les managers, qui affectionnent le langage combatif, déclarent pourtant avoir remporté une bataille – mais que la guerre n’est pas encore gagnée. Si l’image semble exagérée, le message n’est pas faux. Car les forces politiques qui ont imposé par référendum une coûteuse votation ne vont pas en rester là. Leur but est de démanteler le service public en général, et la SSR en particulier. Pour les syndicats aussi, la question va susciter un nouveau débat approfondi. Quel service public voulons-nous dans les médias ? Quelles sont nos attentes vis-à-vis de la SSR ? Il est clair que les médias jouent un rôle social, culturel et politique. La mission de la SSR garde toute son importance en Suisse. Elle doit contribuer – par des informations – à la formation de l’opinion, au développement culturel, à la formation et au divertissement. Elle doit encourager la compréhension, la cohésion et l’échange entre les régions linguistiques et les groupements sociaux. De nombreux médias privés

contribuent certes aussi au service public. Mais contrairement à la plupart des chaînes et groupes d’édition privés, la SSR ne travaille pas seulement avec des objectifs de rentabilité. Son fonctionnement est différent et lui permet de rester indépendante. Autrement dit, elle jouit de grandes libertés dans la conception de ses programmes, mais elle doit se démarquer des médias commerciaux et donc offrir davantage pour la collectivité. C’est à l’aune de ces critères qu’elle est jugée et qu’elle doit rendre des comptes. Stephanie Vonarburg, secrétaire centrale Presse et médias électroniques

Mise au pas du service public ?

sondage CLaiRe (swissCoM)

Pietro Supino parle d’une « fonction de compensation » pour restreindre la SSR aux « contributions importantes pour la politique nationale et que le marché ne propose pas ». Blocher parle-t-il par la bouche de Supino ? Juste deux éditeurs salivant devant la bête aux abois dont on va se partager les bons morceaux ? L’estocade est portée par Le Temps (16.6.2015) qui, le mardi suivant la votation, enfonce la dernière banderille avec son titre « Après le petit oui, un réseau se tisse pour mettre au pas la SSR ». A qui le tour ? Et qui sera là pour résister et défendre un service public qui a aussi ses défauts (trop de hiérarchies et de chefs, journalistes sous pression car en trop petit nombre…) ? Le fait que la SSR produise des émissions de grande qualité et que les Romands aient clairement fait pencher la balance du côté du Oui donne quelques espoirs ! Yves Sancey, rédacteur romand

Depuis plus de cinq ans, les éditeurs organisent la corrida médiatique autour du service public pour mettre la main sur les parties basses (sport et divertissement) mais lucratives et laisser à l’Etat les parties nobles (politique et culture) mais peu rentables.

ConFÉRenCe d’entRepRise CaBLeX

2000 participant·e·s Ça suffit ! à l’enquête ! L’an dernier, des atteintes à la loi sur le traDu 9 juin au 10 juillet dernier, syndicom a réalisé un sondage en ligne sur la nouvelle Job Architecture à Swisscom et sa mise en œuvre (Projet « Claire »). Près de 2000 salarié·e·s y ont participé. Actuellement, syndicom évalue les résultats en détail. Après quoi, il en discutera avec Swisscom et le personnel de l’entreprise dans le cadre d’assemblées d’information prévues dans toute la Suisse. (SF)

PHOTO YVES SANCEY

PHOTOS THOMAS CUNZ

« Non à Téléblocher », titrions-nous en une de notre dernière édition. Nous ne croyions pas si bien dire. Une semaine à peine après la votation, le tribun UDC Blocher tombe le masque. « A terme la SSR va disparaître », lâche-t-il à l’émission Forum (22.6.2015). Elle « doit redéfinir son périmètre en fonction du principe de subsidiarité. L’audiovisuel doit abandonner toutes les activités que les médias privés sont capables de mener de manière rentable. En revanche, la SSR doit continuer à produire de l’information globale, trop chère pour le privé », ajoute le milliardaire zurichois. On résume : bénéfices privés, déficits publics. Voilà le bel agenda néolibéral de cette droite décomplexée. La même logique attend La Poste : les morceaux rentables au privé. Ce qui ne rapporte pas (assez) au public. La bataille est engagée depuis longtemps. « La SSR a un appétit d’ogre ! » se plaignait Valérie Boagno, présidente de Médias Suisses (Tribune de Genève, 21.6.2010). « Il faut strictement limiter le service public sur le marché de l’information, nettement plus qu’auparavant », grognait Gerhard Schwarz, directeur de l’officine néolibérale Avenir Suisse (Tages-Anzeiger et Le Temps, 23.12.2011). En début de campagne, Pietro Supino – l’actionnaire en chef principal de Tamedia, que l’on ne sent pourtant pas menacé par la SSR – vitupérait « la SSR et les habits neufs de l’empereur » (LT, 31.3.2015).

vail et à la CCT ont fait débat plus d’une fois chez cablex. Le remboursement parcimonieux des frais et des vêtements de travail, ainsi que le ton brusque adopté à l’égard des employé·e·s ont encore détérioré l’ambiance. Lors d’une conférence d’entreprise en décembre, le personnel de cablex a donc accordé trois mois à l’entreprise pour améliorer la situation. A la conférence d’entreprise de début mars, de premiers progrès

ont été constatés. L’ultimatum a été prolongé jusqu’à fin juin. La Conférence d’entreprise du 3 juillet a malheureusement constaté que cablex n’a pas réussi à tenir sa promesse d’améliorer durablement la situation. Les collègues ont fait part de leur déception, car la situation n’a jamais été aussi grave que ces derniers mois quant au manque de personnel et aux durées de travail beaucoup trop longues qui en résultent.

Les employé·e·s de cablex veulent toutefois laisser une chance à leur nouveau CEO, Daniel Binzegger, pour modifier ces conditions intenables. La Conférence d’entreprise a donc constitué une délégation formée de collègues de toutes les régions, qui rejoindra syndicom à la table de discussion avec le CEO. L’objectif est d’attaquer les problèmes à la racine et de les résoudre le plus rapidement possible dans le cadre du dialogue social. (SF)


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syndicom | N° 7 | 10 juillet 2015

VISITE À SKYGUIDE

Les chevaliers du ciel Pour entrer à skyguide, il faut montrer patte blanche. Comme pour un oignon, il y a plusieurs couches – des guérites, des sas, la présentation d’un badge – pour atteindre le cœur : les salles des machines et de contrôle. L’exemple du piratage informatique qui a paralysé fin juin l’aéroport de Varsovie pendant cinq heures montre le sérieux des menaces. A Genève, seule une petite partie du personnel – en charge des atterrissages et décollages – travaille dans la tour de contrôle. La plus grande partie du personnel de skyguide travaille dans un autre bâtiment, à quelques encablures, pour tout ce qui concerne la suite du vol et les avions qui traversent la Suisse sans s’y arrêter. Daniel Ferretti, représentant de la section contrôle aérien et membre de syndicom, nous fait visiter ces lieux qu’il connaît comme sa poche. Au sous-sol se trouvent des infrastructures de génération d’énergie de secours et de climatisation. Le rez-de-chaussée est dédié aux équipements techniques, soit plus de 60 systèmes informatiques nécessaires pour le contrôle aérien et leurs systèmes redondants (communication, navigation, surveillance radar, intégration et visualisation des données). Dans les rangées d’armoires de serveurs informatiques clignotent une myriade de petits boutons multicolores. Passionné d’aviation et d’informatique, Ferretti connaît toutes les ficelles d’un métier qu’il a connu avant l’arrivée des ordinateurs. « Mon rôle ? Savoir si les 60 systèmes fonctionnent et, s’ils sont dégradés, pouvoir commuter et redémarrer. Il faut savoir comment tous les systèmes interagissent entre eux et donner les bons conseils au chef de salle en cas de panne et, le plus difficile, savoir estimer le temps de la réparation ! » La salle de contrôle, où il a son poste, est située au premier étage, avec des équipes regroupées selon les différentes couches d’altitude des avions. « En moyenne, il y a entre 15 et 25 avions

PHOTOS YVES SANCEY

250 aVIonS conTrôléS SImUlTanémEnT

TraVaIllEUrS À SKYGUIDE ∙ Daniel Ferretti, membre de syndicom et représentant de la section contrôle aérien, devant ses équipements informatiques (à g.) et Roger Gaberell, responsable de la communication (à dr.).

par secteur. Et il y a 10 secteurs. On peut donc avoir jusqu’à 250 avions contrôlés simultanément par Genève, par 18 personnes au maximum. De nombreux filets de sécurité gérés par la technique encadrent leur travail », explique Ferretti. Au deuxième étage se trouve l’administration.

BIEn-êTrE phYSIqUE ET pSYchIqUE Pour affronter un tel défi, il est important que ce personnel hautement qualifié travaille dans de bonnes conditions. « skyguide attache beaucoup d’importance au bien-être physique et psychique des salarié∙e∙s. De bonnes conditions de travail contribuent aussi à motiver un personnel très investi », indique Roger Gaberell, le responsable de la communication. « Dans ce but, nous favorisons le développement du personnel, tout en offrant des conditions de travail avantageuses et en promouvant la santé et les formes de travail flexibles. » « Avec 87 % de degré de satisfaction professionnelle, notamment par rapport au contenu du travail, le résultat d’un récent sondage du personnel montre le bon climat qui règne chez nous », poursuit Gaberell. La rotation du personnel (environ 2 %) est très faible et l’ancienneté du personnel se situe en moyenne autour de treize ans. Pour fidéliser des salarié∙e∙s dont la formation coûte relativement cher et pour compenser le travail de nuit et du dimanche, l’entreprise offre de très

bons salaires, du temps de récupération après un service de piquet, des formations continues, des possibilités de faire carrière et une bonne caisse de pension. « Nous défendons également une culture ouverte. Si une personne ne va pas bien, a fait une erreur ou voit un problème, elle peut l’annoncer sans crainte. On va prendre cela au sérieux et le traiter sans que la personne ait à craindre pour son poste », précise Gaberell. skyguide est particulièrement attachée au partenariat social. En témoignent des rencontres fréquentes avec les syndicats, notamment au sein des commissions CCT. « Cela se passe très bien avec syndicom », souligne Roger Gaberell. Ferretti en témoigne : les négociations en vue du renouvellement de la CCT pour mars 2016 se déroulent dans un climat constructif. « Si skyguide est un bon employeur, c’est aussi grâce au travail et à la coopération avec syndicom. Il est important que nos salarié∙e∙s s’engagent auprès d’un partenaire social d’une telle fiabilité », rappelle Gaberell.

nUaGES noIrS DanS lE cIEl Avec le concept de « Ciel unique européen », auquel la Suisse et skyguide sont associées par les accords bilatéraux, la surveillance aérienne suisse pourrait toutefois connaître un certain nombre de défis – voire de soubresauts – ces prochaines années. La Commission européenne veut mieux organiser le trafic aérien en

Yves Sancey

l’ESpacE aérIEn « romanD » ∙ Jusqu’à 250 avions contrôlés simultanément.

PHOTO YVES SANCEY

PHOTO SKYGUIDE

lE cŒUr DE SKYGUIDE ∙ La salle de contrôle.

Europe pour le rendre plus efficace, plus sécurisé et moins nocif pour l’environnement. Depuis 2006, la Suisse participe au projet FABEC, qui réunit six Etats (Allemagne, Belgique, France, Luxembourg, Pays-Bas et Suisse) pour créer un bloc fonctionnel d’espace aérien commun et satisfaire aux exigences de « Ciel unique européen ». Pour Daniel Ferretti, il s’agit d’une « logique purement financière, qui n’a rien à voir avec l’aviation ». Les critères de performance applicables à la deuxième période (2015 à 2019), qui sont encore en cours de négociation, ont provoqué de vifs débats dans toute l’Europe. « Avec des salaires qui aujourd’hui augmentent automatiquement et indépendamment de l’évolution économique, les négociations de la CCT vont devoir tenir compte de ces normes européennes de baisse des coûts », lance Roger Gaberell. « Ensemble, avec les partenaires sociaux, nous trouverons des solutions satisfaisantes pour tout le monde », plaide-t-il. Cela pourrait passer par l’introduction d’un centre virtuel (Virtual Centre) qui vise à harmoniser et à moderniser les outils et les méthodes de travail entre Genève et Zurich. « La fusion virtuelle et graduelle de ces deux sites permettra notamment d’améliorer la sécurité, la flexibilité et la productivité du contrôle aérien », indique Gaberell. Des économies devraient en résulter, mais aussi des investissements. « Ces économies ne seront qu’à long terme car, au début, on va rajouter une complexité énorme pour obtenir l’interopérabilité des deux centres et il faudra davantage de personnel pour la réaliser puis l’entretenir », tempère Ferretti. « Cela donne un objectif formidable à tout le personnel et évite une guerre entre Genève et Zurich. C’est un projet commun. Pour la vie de l’entreprise, cela n’a pas de prix », glisse-t-il. La conclusion d’une bonne CCT aussi, pourrait-on ajouter.


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syndicom | N° 7 | 10 juillet 2015 néGocIaTIonS ccT InDUSTrIE GraphIqUE

Bons débuts, mais il faut se préparer à la lutte Le 24 juin, les négociations sur le renouvellement du contrat collectif de travail (CCT) de l’industrie graphique ont commencé à Berne. Bien que nous ayons déjà obtenu deux résultats, il faudra lutter pour atteindre nos objectifs et s’opposer aux revendications absurdes de Viscom. Angelo Zanetti * le personnel non qualifié, réduire les indemnités en cas de maladie, introduire un article de crise, etc. ? Quant à notre seule revendication – la retraite anticipée – elle a été jugée bonne, mais trop coûteuse et donc irréalisable. Alors si nous ne sommes pas encore en Chine, nous nous en rapprochons dangereusement. Au travers de ses revendications, Viscom vise clairement à démanteler le CCT actuel. Et nous ne pouvons pas l’accepter !

Officiellement, les négociations contractuelles ont débuté le 24 juin. A partir de cette date et jusqu’au 4 novembre, cinq rondes ont été prévues pour arriver à un accord acceptable par les deux parties. En principe, durant la première rencontre, les délégations effectuent une analyse économique du secteur et étayent leurs revendications. Cette fois-ci, elles ont cherché un consensus concernant la déclaration de force obligatoire générale (DFOG) et le règlement sur la formation continue.

mET TonS la prESSIon !

La matinée s’est terminée sous de bons auspices avec la conclusion de l’accord sur la formation continue, dont la gestion sera poursuivie par notre syndicat dans le cadre du programme Helias. Depuis des années, syndicom propose à ses membres une large offre de cours en lien avec leur profession (voir p. 14). De plus, un second accord a été conclu avec le règlement sur l’application et le contrôle du CCT, qui représente une étape importante en vue de sa déclaration de force obligatoire générale (DFOG). Ce règlement fixe le système des contrôles dans les entreprises, ainsi que les sanctions en cas de non-respect du CCT et son financement. Rappelons que malgré ses engagements, Viscom avait unilatéralement interrompu le processus DFOG l’année dernière. Par la signature de ces deux accords, et pour autant que les négociations aboutissent à la conclusion d’un CCT, Viscom ne remet plus en question le principe de la force obligatoire. La persévérance et la ferme volonté de notre syndicat et de syna ont donc porté leurs fruits. Il fallait régler d’emblée ces aspects formels,

PHOTO KEYS TONE / S TEFFEN SCHMIDT

UnE prEmIèrE éTapE poSITIVE

Le 23 avril dernier, les imprimeurs manifestaient « Pour une industrie graphique forte, Oui à un CCT pour tous (DFO maintenant !) » et une retraite anticipée plutôt que des licenciements. D’accord avec la DFO, Viscom vise le démantèlement du CCT avec des revendications antisociales. La campagne sera longue et intense.

mais néanmoins importants pour le processus DFOG. Il manque bien sûr la composante principale, à savoir un CCT, mais plus rien ne s’oppose à la réalisation de l’objectif que s’est fixé notre syndicat : un champ d’application qui couvre toutes les entreprises, membres de Viscom ou pas. Nous espérons qu’à l’avenir, ces premiers pas contribueront à de bonnes conditions de travail.

BIEnTôT lES mêmES conDITIonS DE TraVaIl qU’En chInE ? Avant de présenter le catalogue de revendications de Viscom, son président s’est référé à l’article paru dans syndicom le jour-

nal du 15 mai. Il nous a assuré qu’il n’est pas question d’introduire des conditions de travail chinoises dans l’industrie graphique suisse. Mais peut-on raisonnablement ajouter foi à cette affirmation ? Si oui, pourquoi la durée du travail devraitelle être portée à 42 heures dans toute la branche, donc aussi dans les imprimeries de journaux ? Après avoir déjà réduit de 50 % le supplément pour le travail de nuit dans les imprimeries de labeurs, pourquoi vouloir mettre à la même enseigne les collègues des imprimeries de journaux ? Pourquoi vouloir supprimer les indemnités pour les pauses et les repas de midi, abolir le salaire minimum pour

De cette première rencontre, notre délégation garde un sentiment positif, mais aussi l’envie et la volonté de lutter. Nous voulons non seulement préserver notre CCT d’une offensive en règle, mais aussi faire aboutir le projet de retraite anticipée. Les attaques de Viscom visent notamment le personnel de nuit, en particulier dans les imprimeries de journaux. Son intention d’éliminer le salaire minimum pour le personnel non qualifié ouvre tout grand la porte au dumping salarial, en particulier dans les régions périphériques. On peut aisément imaginer ce qui se passerait dans des cantons tels que le Tessin, Genève, le Jura, BâleCampagne ou Saint-Gall. L’introduction de la semaine de 42 heures donnerait le feu vert aux licenciements dans les imprimeries de labeurs, où le travail ne suffit déjà pas à garantir les 40 heures. Face à ces attaques, il est donc nécessaire de resserrer nos rangs. Le syndicat va au-devant d’une campagne longue et intense. Nous devons lutter pour de bonnes conditions de travail. Et mettre la pression !

* Secrétaire central Industrie graphique et impression d’emballages

FErmETUrE DE nZZ prInT

Derniers jours à Schlieren Les machines pourraient continuer à tourner jour et nuit tant les commandes affluent. Mais l’entreprise, qui est sur le point de fermer, a licencié tout son personnel. Une visite d’adieu à l’imprimerie NZZ. Adrian Riklin * Ce vendredi soir, Thierry Grandchamp, membre de syndicom, semble de très bonne humeur. Il me salue devant l’entrée latérale du bâtiment de la NZZ à Schlieren (ZH), juste à côté des voies ferrées. Thierry Grandchamp est l’un des 125 employés qui devra vider son casier d’ici à fin juin. Depuis que la direction de la NZZ a décidé de fermer l’entreprise en février, l’imprimerie florissante a réduit peu à peu ses mandats.

DES EmploYé·E·S rEchErché·E·S

UnE cErTaInE noSTalGIE

Comme nombre de ses collègues, Thierry Grandchamp, 44 ans, travaille depuis des années à Schlieren. En 1988, ce technologue en impression (terme utilisé aujourd’hui pour désigner les imprimeurs qualifiés) a commencé son apprentissage d’imprimeur chez NZZ Print, où il a ensuite participé à la conception des différents processus d’impression – qui ont évolué de l’impression en relief à l’offset.

Ce soir, à quatre jours de la fermeture, Thierry Grandchamp travaille l’une de ses dernières nuits à Schlieren. Syndiqué depuis son apprentissage à comedia et depuis 2011 à syndicom, il ressent néanmoins un certain soulagement: hormis quatre personnes, les 73 collaborateurs de la production ont trouvé un nouveau poste ; 33 de leurs collègues prennent une retraite

anticipée : « Les employé·e·s de NZZ ont une bonne réputation dans la branche. Parmi le personnel non qualifié, la plupart ont aussi retrouvé un emploi dans une imprimerie. » Thierry Grandchamp travaillera sur rotative dans une imprimerie d’héliogravure à Volket, à quelques minutes en voiture de son appartement. Le calme qui s’installe progressivement dans les couloirs et les salles de production

risque de devenir fantomatique d’ici fin juin, date à laquelle seront imprimées les dernières feuilles.

Un maUVaIS SIGnal poUr la BranchE La protestation de nombreux employé·e·s de la NZZ (appuyés par des journalistes et des alliés solidaires) contre la décision de fermeture annoncée en novembre semble avoir suffisamment suite pages 8-9


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syndicom | N° 7 | 10 juillet 2015

portraits de salarié·e·s à l’imprimerie de schlieren

Derrière les chiffres, des humains « On avait voulu des bras, ce sont des hommes qui sont venus », a écrit Max Frisch dans sa préface au film d’A. J. Seiler « Siamo Italiani ». Et derrière les millions engrangés par les actionnaires des imprimeries et des journaux suisses, il y a aussi des hommes et des femmes qui ont des vies, des rêves, des passions qui ne s‘arrêtent pas avec un licenciement collectif.

Cette série de portraits de 16 salarié·e·s à l’imprimerie NZZ Print par Ursula Häne, photographe à la WoZ, est parue dans la WochenZeitung (WoZ) deux semaines après l’annonce de la décision de fermeture définitive en février. Cette décision qui ne vise que la maximisation du profit de la NZZ, puisque l’imprimerie marchait à plein régime, laisse 125 personnes sur le carreau. Depuis, la plupart ont pu rebondir. Ces petits portraits montrent que, derrière les chiffres de rentabilité et de licenciements, il y a des hommes et des femmes. Avec leur vie, leurs rêves et leurs passions. Un bel hommage à toutes ces personnes sans qui l’économie ne tournerait pas, nos journaux ne s’imprimeraient pas et les poches des actionnaires resteraient désespérément vides. (ys)

fermeture de nZZ print

Derniers jours à Schlieren suite de la page 7 impressionné la direction pour l’inciter à conclure un assez bon plan social. Sinon, la suppression des postes n’aurait pas été aussi facile : une grève aurait pu discréditer durablement la réputation de l’entreprise, dont près de la moitié du personnel est syndiqué. « En versant des indemnités de départ relativement élevées, la direction voulait éviter un conflit du travail prolongé. L’opposition à la fermeture est ainsi restée modeste », confirme Dominik Dietrich, secrétaire régional à syndicom. Plusieurs mois de salaire et des indemnités de travail en équipe proportionnelles aux années de service ont été versés. « On n’a pas vu un aussi bon plan social dans la branche de l’industrie graphique ces vingt dernières années », dit aussi Thierry Grandchamp. « Mais il ne justifie pas la fermeture », souligne Dietrich, qui a lui-même travaillé comme imprimeur durant de nombreuses années. Jusqu’à la décision définitive de février, il s’est engagé avec syndicom pour le maintien de l’entreprise dans le cadre d’une procédure de consultation. En janvier, la commission du personnel a expliqué en détail dans son rapport pourquoi une fermeture « est stratégiquement fausse et inutile d’un point de vue économique ». Mais cela n’a servi à rien. « La direction du groupe ne s’intéresse qu’à maximiser les profits, relève Dietrich. La branche entière en paie aujourd’hui le prix : la fermeture est un mauvais signal pour l’industrie graphique. » Dietrich est heureux que la plupart des employé·e·s aient déjà trouvé des alternatives : « Les personnes non qualifiées ont eu le plus de difficultés à retrouver un emploi. Dans l’ensemble, on s’en est tiré à bon compte » chez NZZ Print, estime Dietrich.

stratégie simple et cynique: maximiser les profits Des indemnités de départ élevées, des contributions à la formation continue, un soutien pour la recherche de postes : tout cela ne change rien au fait qu’il est irresponsable de fermer une entreprise rentable. La stra-

tégie qui sous-tend cette décision est aussi simple que cynique : l’objectif, en sacrifiant cette imprimerie, est d’améliorer le résultat opérationnel du groupe « d’une dizaine de millions par année ». « Depuis des années, personne n’avait été licencié chez NZZ Print. Les employé·e·s de longue date formaient une équipe parfaitement rodée. Et l’identification à l’entreprise dépassait la moyenne », dit Thierry Grandchamp. Il jette un coup d’œil à sa montre. Plus que quelques minutes avant d’entamer son travail en équipe de nuit. Durant ce bref silence, la tristesse est palpable. « L’ambiance de travail me manquera, dit Thierry Grandchamp. Une telle cohésion est rare aujourd’hui – c’est comme si on brisait une famille. » Huit heures moins cinq. Thierry Grandchamp saisit la poignée de la porte. « Chaque semaine, on verse des larmes d’adieu », ditil. Puis il rit. « Nous sommes une joyeuse troupe multiculturelle », ajoute-t-il avant de partir. « Ici un Australien, là-bas un Américain – et là-bas, regarde : voilà un Argovien ! » Thierry Grandchamp s’engouffre déjà dans le bâtiment. Peu après, un bourdonnement sonore s’en échappe. La rotative de 120 tonnes, de 68 mètres de long et 13 mètres de haut, rugit. 124 000 exemplaires défilent à travers les rouleaux de la machine et les tours d’impression avant d’être recrachés par les plieuses. La machine tourne comme à l’accoutumée, bruyamment et à plein régime, comme si rien ne devait jamais changer.

* Article paru dans la WochenZeitung (WoZ) du 25.6.2015

Le 25 juin, c’était la dernière WoZ qui était imprimée à Schlieren. Une petite partie du personnel y travaille encore jusqu’en septembre – à la démolition des machines, rangement et nettoyage. A partir de juillet, la WoZ sera imprimée dans l’imprimerie de la St-Galler Tagblatt (NZZ Group).

rita pally (62 ans), collaboratrice spécialisée • « J’aime les fleurs. » Rita Pally travaille depuis vingt-cinq ans à Schlieren. Elle a grandi à Curaglia (GR) et parle les quatre langues nationales. En été, elle prendra une retraite anticipée. Ensuite elle passera encore plus de temps dans son jardin ouvrier à Oberengstringen et se consacrera à la création de collages en fleurs pressées.

jasmin kündig (22), cuisin physique », dit la jeune femm nats régionaux de la Société pâtissière, travaille depuis 20 un nouveau poste dans l’Ober

christian möller (38), mécanicien d’exploitation • « La famille donne du sens à ma vie. » Pendulaire depuis sept ans, ce carrossier automobile de Thuringe se rend à Schlieren avec sa Honda. Il a opté pour le travail en équipe afin de consacrer davantage de temps à sa famille et à ses fils Jan (3 mois) et Carl (9 ans).

christof goetschi (53), res c’est pour moi de la détente à passionné de modèles réduits Dès cet été, l’imprimeur offse compte fréquenter plus souve

noah schamberger (25), technologue en impression • « Le simple fait de savoir que mon métier n’a pas d’avenir me décourage. » Noah Schamberger travaille depuis 2006 à Schlieren, où il a aussi accompli son apprentissage. Il est ouvert à toute opportunité de carrière pour son avenir professionnel. Son vélo fabriqué maison, sans vitesses ni freins, lui procure un sentiment de liberté. giuseppe bufalino (60), aide imprimeur • « C’est le paradis ici. » Giuseppe Bufalino (Thalwil) travaille depuis vingt-sept ans à Schlieren. Il sera bientôt à la retraite anticipée. Ce natif de Sicile, joueur de foot invétéré pendant cinquante ans et fan d’Inter Milan « depuis sa naissance », pourra prochainement s’adonner à sa nouvelle passion : de longues promenades avec des collègues.

marco meyer (30), technolo une chance. » Depuis 2010, M board se rend régulièrement 24 signatures de ses collègue pour son mariage.

ostoja spasojevic (58), aid cinq kilos de figues. » Après v vic prendra sa retraite anticip partiel. A côté de son travail,


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syndicom | N° 7 | 10 juillet 2015

nière • « Nager me procure une bonne sensation me qui a déjà gagné une médaille d’argent aux championsuisse de sauvetage. La cuisinière, aussi boulangère et 011 pour le personnel de Schlieren. Elle vient de trouver rland zurichois.

thierry grandchamp (44), technologue en impression • « Me voilà donc obligé de chercher un nouveau travail. » Depuis 1992, ce syndicaliste travaille à Schlieren, où il a déjà suivi son apprentissage. Pendant longtemps, ce joueur de tennis passionné (ancien champion junior de Suisse orientale) a organisé le tournoi de la NZZ. Il se verrait bien travailler dans le domaine social.

jason dähler (26), opérateur de machine • « Quand je pratique la boxe thaïlandaise, je peux évacuer mon surplus d’énergie. » Jason Dähler travaille depuis bientôt quatre ans à l’imprimerie NZZ, où il est en charge de la réparation des diverses installations. Trois fois par semaine, il va s’entraîner dans la commune voisine de Dietikon après le travail.

sponsable d’équipe Impression • « L’aéromodélisme, à l’état pur. » Chaque fois que c’est possible, ce pilote s saisit l’occasion de s’adonner à son passe-temps favori. et, qui travaille depuis vingt-deux ans chez NZZ Print, ent des cours d’informatique.

oktay bülent serdaroglu (43), opérateur de machine • « J’espère retrouver un aussi bon climat de travail – si possible dans une imprimerie. » Depuis 2004, Oktay Bülent Serdaroglu travaille à Schlieren. Il a grandi à Istanbul et quitté Trabzon en 1993 pour venir s’installer en Suisse. Avec son fils Mehmet, il se rend souvent au local de l’association Zenozena à Baar. Tous deux sont des supporters du FC Trabzonspor.

franko brajkovic (48), opérateur de machine • « Après que la direction a informé de sa décision de fermer l’imprimerie fin juin, j’étais abattu. » Franko Brajkovic travaille depuis quinze ans à l’imprimerie NZZ, où il apprécie le bon climat de travail. Il s’occupe de l’entretien et du contrôle des machines d’adressage et d’emballage. Pendant son temps libre, il pratique la danse avec passion. Actuellement, il apprend la salsa.

ogue en impression • « Changer de travail peut aussi être Marco Meyer travaille à la NZZ. Ce passionné de skatesur sa place favorite à Nuolen au bord du lac de Zurich. es décorent sa planche, qu’il a reçue l’année dernière

jasmina stankovic (21) et petra kneubühl (22), technologues en impression • « Le vélo nous permet de déconnecter », disent Jasmina Stankovic (g.) et Petra Kneubühl (dr.). Jasmina Stankovic terminera cet été son apprentissage de technologue en impression et veut rattraper la maturité en suivant une deuxième voie de formation ; Petra Kneubühl se perfectionne en cours d’emploi, en gestion des médias et économie.

marcel keller (43), opérateur de machine • Ce mécanicien sur machines travaille depuis quatre ans à Schlieren. « Si quelqu’un lit le journal dans le tram, je m’en réjouis – contribuer à transmettre du savoir me plaît » : il veille à l’encartage des supports (aussi ceux de la WoZ) dans le journal. C’est aussi un photographe passionné : www.flickr.com/photos/radical_overflow.

de imprimeur • « L’année dernière, j’ai récolté presque vingt-cinq ans de loyaux services à la NZZ, Ostoja Spasojepée en été. Ensuite, il souhaite trouver un poste à temps , il jardine et s’occupe de ses arbres fruitiers.

felix tabulong (48), opérateur de machine • « Je travaille volontiers en équipe de nuit, car je dispose ainsi de plus de temps la journée pour m’entraîner. » Depuis vingtcinq ans, Felix Tabulong travaille à l’imprimerie NZZ. Pendant ses jours de congé, ce père de deux fils adultes pratique la course à pied, la natation et différents sports de combat.

david pierlot (33 ans), chef d’équipe • Ce mécanicien auto de formation travaille à Schlieren depuis 2005. « Je travaille volontiers en équipe,car j’ai ainsi beaucoup de temps à consacrer à mes enfants Estelle et Maxime. » Dans sa fonction, il organise le travail d’envoi et vérifie la production : « J’aime relever sans cesse de nouveaux défis. »


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syndicom | N° 7 | 10 juillet 2015 Fin du taux plancher de la BnS

arme de déSinFormation maSSive

Franc fort : 2454 emplois perdus Depuis le 15 janvier, et dans toute la Suisse, ce sont plus de 31 770 employés qui ont été touchés par des mesures liées au franc fort suite à la décision de la Banque nationale suisse (BNS) d’abolir le taux plancher entre l’euro et le franc suisse. Par rapport à l’euro, le franc suisse risque de rester fort en 2015, notamment au vu de la situation actuelle à Athènes. Un contexte économique qui a des conséquences importantes pour l’industrie d’exportation, le tourisme ou le commerce de gros et de détail helvétiques. Licenciements, baisses de salaires, allongement du temps de travail, salaires payés en euros ou suppression du 13e salaire : les conséquences du franc fort se répercutent directement sur les travailleurs de ces secteurs. Plus de 2400 emplois ont été supprimés. Comme il n’existe actuellement aucune statistique officielle sur ces questions, les

chiffres réels sont donc certainement plus importants. Selon les chiffres de la RTS – compilés grâce aux informations des syndicats et celles publiées dans la presse – ce sont 2454 postes de travail qui ont été perdus en Suisse, suite à des licenciements ou des délocalisations, depuis le 15 janvier 2015. En outre, plus de 23 260 employés ont été priés de travailler plus longtemps (jusqu’à 45 h par semaine pour nombre d’entre eux) pour le même salaire, tandis que 6050 personnes ont subi des baisses de salaires directes. Si la force du franc reste à son niveau actuel, l’Union syndicale suisse prévoit la perte de quelque 15 000 emplois rien que dans l’industrie sur la deuxième partie de l’année 2015. Jugeant la passivité de la BNS « inacceptable », l’USS exigeait mi-juin « un nouveau cours plancher ou un objectif de cours »

YS, avec RTSinfo

politique Sociale et avSpluS

Renforcer l’AVS : financièrement supportable Il fallait bien s’y attendre : lors de sa session d’été, le Conseil des Etats a clairement rejeté notre initiative « AVSplus : pour une AVS forte ». Mais, lors de la votation populaire, les cartes seront à nouveau brassées. Car un supplément de 10 % sur les rentes de vieillesse de l’AVS s’impose. AVSplus apportera chaque mois aux couples une amélioration de leur rente d’environ 350 francs. Par année, cela représentera plus de 4000 francs. Pour les personnes vivant seules, l’amélioration sera d’environ 200 francs par mois, ou près de 2500 francs par an. Les coûts induits par ces améliorations seront inférieurs à 4 ‰ du salaire pour le travailleur et autant pour l’employeur.

Vu la substantielle augmentation des rentes qui en découle, ces pour-mille ne devraient pas être un tabou. Voulons-nous laisser les rentes AVS perdre insidieusement de leur valeur par rapport à l’évolution économique ? Ou voulons-nous à nouveau les renforcer parce qu’après trente ans, c’est redevenu une nécessité ? La réponse est claire : l’AVS, qui est l’institution sociale centrale la plus forte pour la grande majorité des gens, doit être renforcée et non pas affaiblie comme dans le projet « Prévoyance vieillesse 2020 ». C’est pour cela que nous devons nous battre.

Guerre de l’information en Ukraine Une scène courante de la guerre dans l’est de l’Ukraine : un journaliste gît à terre ; bien qu’équipé d’un gilet pare-balles portant l’inscription « Presse », il est poursuivi par un combattant armé. Roman Berger * Depuis le début de cette guerre civile il y a quatorze mois, huit journalistes au moins sont morts dans l’exercice de leur profession. Dans le conflit qui se déroule en Ukraine, les journalistes ne sont pas seulement victimes de violence, ils sont également instrumentalisés dans une guerre de l’information. Les parties en conflit s’accusent mutuellement de propagande et d’attiser un « discours de haine ». La télévision russe contrôlée par l’Etat affirme que « l’Ukraine est contrôlée par une junte fasciste et nazie ». Le gouvernement ukrainien, pour sa part, déclare mener une « opération antiterroriste » contre les insurgés. La guerre civile en Ukraine et les nouvelles tensions Est-Ouest ont incité l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à organiser à Vienne une conférence de deux jours sur le thème « Sécurité des journalistes. Liberté de la presse et pluralisme en période de conflit ».

pire qu’au tempS de la guerre Froide « C’est pire qu’au temps de la guerre froide », nous dit le journaliste ukrainien Yevhen Fedchenko. Le gouvernement russe utilise l’information comme une arme de guerre. La chaîne de télévision RT (Russia Today), qui diffuse des informations en anglais, et le portail d’information Sputnik, disponible en 30 langues, ont permis à Moscou de déclencher une guerre de l’information globale. Paula Slier, collaboratrice à RT, s’insurge : « Il était grand temps que l’Occident entende un autre son de cloche que celui de CNN, BBC et Voice of America ». Le spécialiste anglais des médias Aidan White rappelle que l’image des médias américains de renom est ternie.

Ces derniers avaient repris la propagande du gouvernement Bush pour justifier l’intervention américaine en Irak. Mikhail Zygar est le rédacteur en chef de l’unique chaîne de télévision russe indépendante, Doschd (« pluie »). « C’est justement parce que nous sommes obligés de lutter contre la propagande de l’Etat qu’il existe encore en Russie des médias indépendants avec une qualité élevée de journalisme. » Après s’être presque effondrée sous la pression du Kremlin, Doschd fait à nouveau 15 % d’audience auprès de la classe moyenne urbaine.

« deux payS, un métier » Boro Kontic, qui forme des journalistes à Sarajevo, rappelle les guerres de Yougoslavie dans les années nonante : « A l’époque, en Bosnie-Herzégovine, tout journaliste qui voulait écrire la vérité était licencié ou risquait sa vie. En période de guerre, l’opinion publique attend des journalistes qu’ils prennent parti en tant que patriotes. » Dunja Mijatovic, représentante de l’OSCE pour la liberté des médias, affirme « tenter presque l’impossible ». Elle s’est engagée à jouer les médiatrices entre les fédérations de journalistes d’Ukraine et de Russie. Dans leurs pays, les journalistes risquent cependant d’être qualifiés de « cinquième colonne » et de traîtres à la patrie, parce qu’ils discutent avec « l’ennemi ». Sous la devise « Deux pays, un métier », les fédérations de journalistes appellent à la solidarité. Mais elles sont bien conscientes qu’à elles seules, elles ne sauveront pas le journalisme de la guerre de l’information qui s’envenime.

* Journaliste RP

Paul Rechsteiner, président de l’USS et conseiller aux Etats

Sortie JeuneSSe

La conférence de Zimmerwald aura 100 ans Du 5 au 8 septembre 1915, un groupe de socialistes issus de douze pays se réunissait dans le petit village de Zimmerwald, entrant ainsi dans l’histoire. Parmi eux se trouvaient Robert Grimm et Lénine. Chacun d’eux a fortement influencé le mouvement ouvrier de son pays. La conférence est considérée comme l’un des événements les plus importants sur la voie de la création de l’Union soviétique, ainsi que vers la division du mouvement ouvrier

entre socio-démocrates et communistes. Remonte le temps avec la jeunesse de syndicom et la région Berne. Nous aurons une visite guidée privée de l’exposition temporaire du musée régional Schwarzwasser, avec l’historien Adrian Zimmermann. Après la visite de l’exposition, tous les membres intéressés seront invités à un repas de midi en commun à Schwarzenburg. La visite en allemand est gratuite pour les personnes de tous âges ;

tu peux donc emmener des amis et connaissances. Inscription par mail : jugend@ syndicom.ch Date : 22 août, 10 h 30 – 13 h 00 (repas de midi). Lieu de rencontre : dans le premier wagon après la locomotive du train à destination de Schwarzenburg, départ 10 h 36 (merci de te procurer le billet de train). Plus d’informations sur l’exposition : www.regionalmuseum. info (en allemand seulement)

rencontre et atelierS, 4-5 SeptemBre La société Robert Grimm, en collaboration avec diverses institutions, a aussi organisé une conférence qui se tiendra les 4 et 5 septembre, avec des participants de haut niveau (plus dans notre prochaine édition).


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syndicom | N° 7 | 10 juillet 2015

PORTRAIT DE MEMBRE : EVELINE DUDDA – JOURNALISTE AGRICOLE

Pas que des fleurs dans la tête ! En février, Eveline Dudda a démissionné de son poste de rédactrice en cheffe au magazine « Freude am Garten ». Elle n’acceptait plus que l’édition mélange des contenus rédactionnels et RP. Portrait d’une femme déterminée. Suleika Baumgartner * Alors qu’elle est encore stagiaire, elle tombe enceinte pour la première fois. Lorsqu’elle commence ses études à 21 ans, elle a déjà deux enfants, qu’elle élève seule. Elle finance sa formation en travaillant comme distributrice de journaux et vendeuse à un marché de légumes. A l’époque déjà, elle se rend régulièrement dans les montagnes suisses : « voyager en train à travers la vallée du Rhin, c’était comme rentrer à la maison. » Son déménagement dans les Grisons semble donc tout naturel, d’autant qu’elle

« Plus d’une fois, j’ai été contente que syndicom existe », dit Eveline Dudda. Notamment lorsque l’un de ses articles a été réutilisé dans plusieurs publications de l’éditeur du Südostschweiz – sans que la rédaction ne l’ait contactée au préalable ni même rétribuée. « Dans de telles situations, il est utile pour une journaliste indépendante de pouvoir s’adresser à un syndicat, qui donne des arguments et des conseils juridiques. » Finalement, l’éditeur a transigé. « Ensuite les articles ont été vraiment bien rétribués », dit Eveline Dudda. Mais comme par hasard, elle n’a plus reçu de mandat par la suite. En février 2015, elle s’adresse une nouvelle fois à syndicom. Une année auparavant, la journaliste de 56 ans reprend la direction de la rédaction de la revue de jardinage Freude am Garten. Après quelques numéros, le magazine a fière allure : « Je voulais produire un magazine qui offre davantage que de belles images. Les passionnés de jardin ne sont pas idiots. » Son refus de mélanger les contenus rédactionnels et RP et les vaines discussions qui s’ensuivent l’amènent à démissionner. A nouveau, le syndicat la soutient dans le litige et le dernier paiement de ses honoraires.

y gérait une maison de vacances avec d’autres personnes. Eveline Dudda travaille d’abord à l’Office cantonal de la protection de l’environnement à Coire, puis dirige pour la Confédération une campagne visant à promouvoir le compostage de manière décentralisée. Elle commence aussi à donner des cours. En 1993, elle se met à son compte comme conseillère en compostage. Après sept ans, elle change de cap : elle suit une formation de conceptrice d’images web (webpublisher) et se met à travailler pour une start-up. Mais

DE L’AGRONOMIE AU JOURNALISME AGRICOLE

ThèMES VERTS – VASTE DOMAINE Ces dix dernières années, elle s’est fait un nom dans le journalisme vert : « dans neuf cas sur dix, les rédactions m’achètent mes propositions de thèmes. » Son atout : « Les journalistes qui possèdent mon bagage technique ne courent pas les rues. J’aime en outre analyser des statistiques. La politique agricole devient toujours plus complexe ; tout l’art consiste à écrire sur ce thème de manière simple et claire. » Actuellement, Eveline Dudda travaille sur un livre consacré aux cultures maraîchères : « Jusqu’à présent, il n’existe à ma connaissance aucun livre de jardinage qui tienne compte des particularités de la Suisse. » Aussi son livre contiendra-t-il par exemple des conseils sur les cultures par régions. Eveline Dudda est convaincue qu’il existe un marché pour une nouvelle revue de jardinage. Elle a déjà élaboré un concept, la recherche d’un éditeur est en cours. A ses yeux, une revue de jardinage devrait être si intéressante que même les personnes qui n’ont pas la main verte la lisent. Elle veut aussi thématiser le jardinage en ville et de nouvelles formes de vente, comme l’agriculture contractuelle. Son but ultime est « d’interpeller de jeunes familles avec des enfants ».

* Journaliste indépendante à Zurich

PHOTO SABINE ROCK

Depuis quatorze ans, Eveline Dudda habite avec son partenaire dans une maison en périphérie de Saint-Gall (Altstätten) avec jardin potager et plates-bandes, pigeonnier et arbres fruitiers. Son accent pourrait être assimilé à un dialecte du Vorarlberg, mais elle est originaire de la région de Stuttgart. « Je voulais faire quelque chose qui ait du sens », dit-elle. Son choix se porte alors sur l’agronomie.

un jour, ses jeunes chefs se laissent submerger par un mandat important et Eveline Dudda se retrouve à la rue.

Eveline Dudda dans son jardin – sous un cerisier – à Hinterforst dans la vallée du Rhin saint-galloise.

DROIT AU BUT

« Il y a deux ans, j’ai perdu mon emploi. Je me suis donc annoncé à la caisse de chômage et j’ai reçu des indemnités de chômage. Durant cette période, j’ai pu travailler dans une entreprise quelques heures par semaine. Après une année, j’y ai obtenu un poste à plein temps et je me suis donc désinscrit de la caisse de chômage. Aujourd’hui, une décision de la caisse de chômage exige que je restitue les indemnités journalières. Comment est-ce possible ? » L’art. 25 LPGA prévoit que les prestations indûment touchées doivent être restituées. Une institution d’assurance sociale ne peut toutefois pas exiger sans autre la restitution d’indemnités journalières ou de rentes. La situation doit justifier un réexamen ou une révision. Concrètement, cela signifie qu’il ne doit y avoir aucun doute que le versement des indemnités était une erreur ou que des preuves ou faits nouveaux importants en justifient la restitution. Dans votre cas, on a constaté après le

versement des indemnités de chômage, et même seulement après votre désinscription de la caisse de chômage, que vous aviez exercé une activité lucrative rémunérée pendant que vous perceviez ces indemnités. En principe, il est possible et même recommandé de travailler pendant la période durant laquelle on touche des indemnités de chômage. Mais il est indispensable de déclarer le revenu tiré de cette activité à la caisse de chômage. Car ce gain intermédiaire doit être pris en compte

dans le calcul des indemnités journalières. Si l’on omet d’annoncer ce revenu, on enfreint l’obligation de déclaration. Un gain intermédiaire est financièrement rentable, il ne faut donc pas hésiter à l’annoncer. Car la somme du salaire et des indemnités journalières versées – bien que réduites – est toujours supérieure au seul montant des indemnités de chômage. Comme vous n’avez pas annoncé l’activité lucrative exercée pendant la période où vous avez perçu des indemnités journalières, la caisse de chômage n’a constaté l’omission qu’au moment du contrôle annuel de routine effectué sur mandat du Secrétariat d’Etat à l’économie SECO. C’est pourquoi la décision de restitution n’a été prononcée que maintenant. Compte

tenu des délais de prescription légaux, cette décision est encore valable. Le droit de demander la restitution des indemnités s’éteint un an seulement après que l’institution d’assurance a eu connaissance du fait, mais au plus tard cinq ans après leur versement. Comme l’obligation de déclaration a été enfreinte, la caisse de chômage n’a pas constaté que des indemnités ont été versées en trop. Leur restitution peut donc être exigée. La caisse de chômage doit tenir compte du gain intermédiaire réalisé. Pour corriger les indemnités journalières, elle peut demander la restitution des indemnités versées en trop. Les restitutions de prestations peuvent toutefois faire l’objet d’une demande de remise. Si

PHOTO LDD

Restitution d’indemnités de chômage

la personne concernée était de bonne foi et que la restitution des prestations la mettait en difficulté, les autorités peuvent renoncer totalement ou partiellement à exiger la restitution. Une telle demande doit être adressée dans les trente jours après l’entrée en force de la décision. Dans votre cas, il faut examiner en détail si les conditions de remise sont remplies. Le mieux est de vous adresser à votre secrétariat régional.

Olivia Kaderli, Master of Law, collaboratrice au service juridique


Actualités | 13

syndicom | N° 7 | 10 juillet 2015 LA MOBILISATION DES MAçONS NOUS CONCERNENT TOUS

CARNET

Lutter ensemble pour une meilleure convention et pour la retraite à 60 ans

Carnet de routes

Cette année, des enjeux majeurs attendent les travailleurs de la construction : la convention nationale pour le secteur principal de la construction (CN) expirera à la fin de l’année. Or sans CCT, pas de salaires minimaux, pas de 13e salaire garanti, ni de maintien convenable du paiement du salaire en cas de maladie. Nico Lutz* travailleurs de la construction paient de leur santé.

des entreprises peu sérieuses de pratiquer la sous-enchère salariale.

SOUS-ENChèRE SALARIALE Un autre problème majeur est la sous-enchère salariale. Il faut introduire de toute urgence des mesures plus efficaces pour lutter contre ce phénomène malheureusement usuel sur les chantiers en Suisse. Les travailleurs de la construction triment parfois pour des salaires de misère. Il est scandaleux qu’en Suisse, des ouvriers travaillent pour à peine quelques francs par heure. Et dans le secteur, cette situation se répercute sur tous les salaires. C’est pourquoi il faut des mesures efficaces pour empêcher

RETRAITE À 60 ANS Enfin, il faut défendre la retraite à 60 ans des travailleurs de la construction. Ils seront nombreux à atteindre l’âge de la retraite ces prochaines années. Certains maîtres d’œuvre veulent s’en servir comme d’un prétexte pour augmenter l’âge de la retraite. Le Parlement des travailleurs de la construction d’Unia l’a rappelé très clairement: il n’en est pas question!

* Responsable du secteur Construction au syndicat Unia

La protection insuffisante des travailleurs de la construction en cas d’intempéries est le problème le plus grave. La pression sur les délais a aussi considérablement augmenté ces dernières années. Bien trop souvent, les travailleurs sont ainsi contraints à continuer de travailler même par mauvais temps – dans des conditions dangereuses, sous la pluie ou la neige. Chaque année, un ouvrier sur cinq est victime d’un accident de travail. Il est indispensable d’améliorer la nouvelle convention à ce sujet, car les

vacances peut coûter très cher. Tous les travailleurs et travailleuses, quel que soit leur âge, doivent obligatoirement être assurés à l’assurance accidents par leur employeur. S’ils travaillent moins de 8 heures par semaine chez le même employeur, cette assurance ne couvre que les accidents professionnels et, au-delà, tous les accidents. En cas d’accident, l’employeur doit avertir les parents (art. 32 LTr). Les autres cotisations sociales (AVS/AI/APG) ne sont obligatoires qu’à partir de l’année où l’on a ses 18 ans. Si l’employeur ne paie pas ses cotisations, il s’agit de travail au noir et cela entraîne des sanctions.

obligé de respecter les conventions collectives de travail (CCT). S’il n’existe pas de CCT ou contrat type de travail (CTT) fixant des salaires minimaux, les employeurs sont tenus de respecter les salaires d’usage de la branche et de la région. L’USS recommande un salaire minimum de 22 francs par heure.

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PROTECTION INTEMPéRIES

leur position. Au départ il y a un pas, puis un autre et encore un autre, qui tels des battements sur la peau d’un tambour s’additionnent pour composer un rythme, le rythme de la marche. » Voici un livre réédité en poche, à glisser dans son sac, que cela soit ou non un sac de voyage… Voici un livre où se plonger sans crainte de voir le temps se dilater et les pieds frémir d’impatience, autant que toutes les parcelles de ce corps nomade que nous habitons… Il nous emmène en ce récit où se croisent Borges, Rousseau ou Kierkegaard, où la marche retrouve sa place essentielle première, celle qui laisse le droit de rêver et de se perdre. Où marcher a à voir avec écrire et penser. Se dessiner. Se renouveler. « Rien de plus évident, rien de plus obscur aussi que ce déplacement qui s’égare si facilement dans la religion, la philosophie, le paysage, l’aménagement du territoire, l’anatomie, l’allégorie, le désespoir. L’histoire de la marche est une histoire secrète encore à écrire... », dit Rebecca Solnit. Son livre en est un superbe chapitre.

Karelle Ménine Rebecca Solnit, L’art de marcher, Actes Sud, Babel, 2004, 395 p., 15.50 CHF.

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Des conditions de travail dangereuses et pénibles, la pression sur les salaires et les attaques contre l’âge de la retraite, ces problèmes ne concernent pas que le secteur de la construction. Cette évolution s’observe dans presque tous les métiers. Le combat des travailleurs de la construction est donc celui de tous les salarié·e·s en Suisse. Si l’on ne parvient pas à défendre la CN, la pression pèsera aussi plus fortement sur toutes les autres CCT. Par conséquent, il est important que tous les salarié·e·s se solidarisent avec les travailleurs de la construction. Les salarié·e·s doivent reprendre conscience de leur force et s’engager pour des conditions de travail justes et convenables.

Il y a sans doute un peu de poussière entre les pages de son carnet, de la poussière que l’on ramène des chemins. Il y a sans doute un filet de nuage et quelques graines d’herbe sauvage égarés entre les lignes comme des notes de musique sur une partition. Des carnets d’écriture elle a dû en user, en égarer, en perdre sous un orage ou sur un ferry entre deux rives… Rebecca Solnit arpente la marche avec une passion inextinguible, ses carnets de notes l’accompagnent et son art d’écrire a sans doute à voir avec son art de marcher. On la suit sans égarement au rythme d’une écriture limpide et aérée. Qu’y-a-t-il au départ ? La curiosité envers ce qui a façonné et l’homme et le monde, l’envie d’aller toujours plus loin en son sujet : pourquoi l’homme marche-t-il encore aujourd’hui alors que tout lui permet de voler, de trainer, de rouler ? Que trouvet-il en cet acte qui le fascine encore tant ? « Qu’y-a-t-il au départ ? Une tension musculaire. On appuie sur le pilier d’une jambe, le corps se tient entre terre et ciel. L’autre jambe ? Un pendule dont le mouvement part de l’arrière : le talon se pose sur le sol, le poids du corps bascule vers l’avant du pied, le gros orteil se soulève, et à nouveau le subtil équilibre du mouvement s’inverse, les jambes échangent

Zurich, 27 juin ∙ 15 000 maçons manifestent pour une meilleure convention, pour une protection efficace contre les intempéries, le maintien de la retraite à 60 ans et contre la sous-enchère. De quoi renforcer leurs représentants pour les négociations et, par ricochet, l’ensemble des travailleurs !

FORMATION & JEUNESSE

Petits jobs de vacances et droit du travail

À PARTIR DE qUEL âGE ET POUR qUELLE DURéE ? On ne peut fort heureusement pas faire travailler les enfants à partir de n’importe quel âge. La loi sur le travail (LTr) ne l’autorise qu’à partir de 15 ans, 13 pour les travaux légers, voire moins de 13 ans pour les manifesta-

tions sportives et culturelles, à des conditions spécifiques et sur autorisation d’une autorité cantonale (art. 30 LTr, art. 7 OLT 5). Dans tous les cas, les moins de 18 ans ont besoin de l’assentiment de leurs parents avant de signer un contrat de travail. L’ordonnance 5 de la LTr (OLT 5) précise les règles qui s’appliquent aux jeunes travailleurs et travailleuses de moins de 18 ans. Elle précise notamment l’interdiction d’employer les jeunes à des travaux dangereux, dans certaines branches. Le travail dominical n’est autorisé que pour les jeunes ayant achevé leur scolarité obligatoire, au maximum un dimanche sur deux et uniquement dans la restauration (interdit en-dessous de 16 ans) (art. 13 OLT 5). Quant au travail de nuit, il est interdit aux moins de 18 ans en dehors d’une

formation professionnelle (art. 12 OLT 5). Le soir, les moins de 16 ans ne peuvent être employés que jusqu’à 20 heures, les 16-18 ans jusqu’à 22 heures (art. 31 al. 2 LTr).

BIEN ASSURé ! Négliger les assurances sociales dans le cas d’un petit job de

PHOTO CHRIS T INE BÄRLOCHER

L’été est là, et avec lui les grandes vacances. Pour de nombreux écoliers, gymnasiens et étudiants, c’est aussi le temps des petits boulots qui permettront de se faire un peu d’argent de poche, d’en mettre de côté pour les prochaines vacances et, très souvent, de financer les études. Quand on occupe ce genre d’emploi, on est un·e salarié·e comme les autres. Et qui dit salarié dit règles du droit du travail, salaire décent et respect des règles de la sécurité au travail.

Véronique Polito*

SALAIRES MINIMAUx ET SALAIRES D’USAGE A ce jour, il n’existe pas de salaire minimum légal. L’employeur est

* Secrétaire centrale, pour la commission Jeunesse de l’USS

ASTUCE La commission Jeunesse de l’USS met à disposition des jeunes et de leurs proches une brochure contenant toutes les informations utiles sur le droit du travail. A télécharger sur : www.jeunesse-syndicale.ch.


14 | Service FormAtion

MOVENDO L’institut de FormAtion des syndicAts

inscription sur www.movendo.ch, pAr inFo@movendo.ch, pAr téL. 021 310 48 70, pAr FAx 021 310 48 79 Cycle ARPIP 2014-2015 – Allocation stratégique de placements (F1.3.1503). 8.9.2015 ; Lausanne, Espace Dickens. Les types de placements d’actifs ; cadre et conditions légales ; structure d’un portefeuille de placement ; responsabilités du conseil de fondation ; rôle des consultants. Intervenants : Aldo Ferrari (UNIA), Mohammad Reza Nadjafi (MBS Capital Advice), Mohsen Sohrabi (MBS Capital Advice) Animer et conduire une séance (F1.6.1501). 16.9.2015 ; Neuchâtel, Hôtel Alpes et Lac. Préparer une séance ; donner la parole ; répartir les temps de parole ; recadrer les discussions. Intervenant : Achille Renaud (Unia) Diffuser des informations dans les médias (F1.6.1503). 14.9.et 28.9.2015 ; Morges, Hôtel la Longeraie. Comprendre le fonctionnement des médias ; précautions et conseils ; rédiger un article ou une lettre de lecteur pour une publication syndicale ou un journal d’entreprise ; utiliser les médias électroniques ; évaluer l’impact de ses interventions. Intervenant : Michel Schweri (Unia)

syndicom | N° 7 | 10 juillet 2015 AgendA

BIENNE

groupe d’intérêt des retrAité·e·s de BieL / Bienne « Grillparty » jeudi 6 août N’oubliez pas la fête du grill au refuge en bois de la sablière Brügg (Blockhaus Sandgrube Brügg) du 6 août 2015. Le délai d’inscription est fixé au 26 juillet 2015. Meilleures salutations. Le comité.

SAINT-PIERREDE-CLAGES

Fête du Livre du 28 Au 30 Août 2015 Syndicom présent ! La politique en direct – une journée au Palais fédéral (F2.1.1507), 16.9.2015 ; Palais fédéral, Berne. Visite Depuis plusieurs années synd’une session du parlement fédéral – Ronde de questions et d’échanges avec des politiciennes et politiciens – Les dicom tient un stand à la Fête enjeux politiques pour les syndicats. Intervenant·e·s : Cesla Amarelle, Maria Bernasconi, Ada Marra, Jean Chris- du Livre de St-Pierre-de-Clages tophe Schwaab, Eric Voruz, Claude-Alain Frund (Movendo) (VS). La présence sur le stand Gestion de l’agressivité dans les services publics - asa (F2.5.1506). 17.9.2015. Lieu du cours : Morges, Hôtel La est assurée bénévolement par Longeraie. Qu’est-ce que l’agressivité ? ; attitudes par rapport aux comportements agressifs ; stratégies pour une l’équipe de Suisse romande et issue favorable. Intervenante : Dominique Barras (formatrice d’adultes et médiatrice) des collègues romands du secrécentral. -croisés syndicom juin 2015 Améliorer sa rédaction de lettres et courriels (F2.6.1501). 22.9.2015 et 15.10.2015 ; Morges, Hôtel la Longe-Motstariat SOLUTIONS raie. Style d’écriture actuel ; personnalisation du message ; construction du contenu avec entrée en matière et conclusion claire ; travaux concrets sur des écrits personnels. Intervenant : Jean Stoepfer (formateur d’adultes) Programme et infos : www.village-du-livre.ch Revendications au travail, comment les négocier ? (F2.4.1517). 25.9.2015, 16.10.2015 et 19.11.2015 ; Morges, Hôtel la Longeraie. Clarification des revendications ; fixation des objectifs ; outils et stratégie de négociation ; 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 médiation. Intervenants : Samuel Perriard (médiateur, coach et formateur), Achille Renaud (Unia) I P E R I L L E U S E Politique migratoire et droits des migrant·e·s : situation et perspectives (F2.1.1504). 5.10 et 6.10.2015 ;II A A I E U R Hôtel La Longeraie, Morges. Thèmes principaux : Histoire de la politique migratoire, de la Loi sur les étrangersIII C P E M O N T E croisés et des accords de libre circulation avec l’UE – Positions syndicales sur la libre circulation et la Loi sur les étran-IV mots O I B N E E S gers. Intervenantes : Cesla Amarelle (prof. en droit Uni Neuchâtel), Aurora Garcia (Unia). Informations détail-V U L U L A lées sur www.movendo.ch S L A R LA soLut ion du mots VI T O A du S n° T Pour les membres, les frais (cours, alimentation et / ou nuitée selon annonce) d’au moins un cours par année sontVII croisés 06 / 2015 I N «F Fest O S pris en charge par le syndicat. Après réception de votre inscription, nous vous informons des conditions auxquellesVIII étAit ivALs ». Q F N vous pouvez participer à la formation choisie. IX X N I C E N E LeU gagnant estS Daniel Maillefer à Ballaigues XI E U C O L O G E AteLier vidéo et « sociAL mediAs » (VD). Il reçoit un bon XII S H I D ECOOP C I 14 septembre à Neuchâtel et 23 au 24 septembre à Sainte-Croix d’une valeur de 100 francs. XIII M A L T E E E (durée : 3 jours avec 1 nuitée) Chaleureuses félicitations ! Les campagnes constituent un puissant moteur pour le développement syndical, politique ou associatif. Elles F E S T I V A L S permettent de faire valoir et d’imposer nos revendications auprès de la population et d’améliorer notre rapport de force. Pour agir sur l’opinion publique, une utilisation adéquate de vidéos et des réseaux sociaux type Facebook ou Twitter est nécessaire, impliquant idées et savoir-faire. Lors de ce cours, chaque participant·e sudoku travaillera à la réalisation et diffusion de courtes vidéos. 1

Objectifs de ce séminaire : Les participant·e·s seront en mesure de réaliser un petit film de présentation / promotion d’un thème de campagne et d’utiliser les nouveaux médias et réseaux sociaux de manière adéquate pour servir leur campagne. Public cible et prérequis : Ce cours concerne les personnes qui remplissent une fonction professionnelle qui implique la participation à l’élaboration ou la conduite de campagnes. Intervenants : Wirth Alain, réalisateur audiovisuel et Martin Diethelm, Kampagnenforum GmbH. Frais de cours (990 fr.), alimentation et nuitée (470 fr.) sont pris en charge par le syndicat concerné pour le personnel des syndicats affiliés à Movendo. Inscriptions : Monbijoustrasse 61, CP, 3000 Berne 23, tél. 031 370 00 70, fax 031 370 00 71, info@movendo.ch

SECTEUR MÉDIAS cours de perFectionnement 2014 Inscriptions sur www.helias.ch Le programme pour 2015, avec des cours de perfectionnement attractifs, est en ligne sur www.helias.ch. Sauf indications contraires, animatrice : Birgit Ewert, instructrice Adobe ; lieu : Imprimerie Saint-Paul, boulevard de Pérolles 38, Fribourg. Nouvelles fonctionnalités Illustrator et Acrobat Adobe CC. 10, 20, 21 ou 25 août. Délai d’inscription : 21 juillet au 4 août selon le cours. Le cours est sur une journée, avec quatre dates à choix. Site Internet avec Adobe Muse. 29 septembre. Délai d’inscription : 8 septembre. Animateur : Tony Manganelli. iPad pour l’utilisation professionnelle. 6 octobre. Délai : 15 septembre. Publication sur iPad à partir d’InDesign. 7 octobre. Délai : 15 septembre. Nouvelles fonctionnalités Photoshop Adobe CC 2014. 20 ou 22 octobre, 3 ou 6 novembre. Délai : 29 septembre et 13 octobre. Le cours est sur une journée, avec quatre dates à choix. Création de formulaire avec InDesign. 27 octobre. Délai d’inscription : 6 octobre. La photographie numérique, atelier théorique et pratique. 17 et 18 novembre. Délai d’inscription : 27 octobre. Lieu : LookA, rue du Nord 4, Vevey. Animateur : Luca Carmagnola. -- NOUVEAU -Internet, risques et opportunités : Optimisez vos chances de réussite. 12 novembre, 17 à 20 h. Délai d’inscription : 20 octobre. Lieu : Eracom, rue de Genève 55, Lausanne. Animateur : Stéphane Koch. Initiation à Glyphs 2.0. 19 novembre. Délai d’inscription : 29 octobre. Lieu : Eracom, rue de Genève 55, 1004 Lausanne. Animatrice : Julie Janet Chauffie.

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Adressez votre solution (les trois chiffres dans les cases en bleu, dans l’ordre, de gauche à droite) d’ici au 11 août à : Rédaction syndicom, le journal, rue Pichard 7, 1003 Lausanne. La réponse et le nom du ou de la gagnant·e seront publiés dans le N° 8. Il ou elle recevra une gourde offerte par notre partenaire de prestation CPT.

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Samedi 3 octobre à Nyon PROGRAMME 8 h 30 Ouverture; 9 h Introduction; 9 h 15 Présentation de l’exposition Paléo poster HEAD 9 h 30 Nouvelle Noire (Clovis Vallois & Anton Studer-Zurich / CH) 10 h 15 Damien Gautier (Bureau 205 – Lyon / FR) 11 h Pause 11 h 30 Paula Troxler Zurich / CH 12 h 15 Guide du typographe (Marc Augiey & Roger Chatelain – Lausanne / CH) 13 h Apéritif dînatoire Prix: Etudiant / apprenti membre syndicom Fr. 10.–; Membre syndicom Fr. 50.Etudiant / apprenti Fr. 40.–; Membre SGD Fr. 50.–; Non-membre Fr. 100.– Un tarif préférentiel pour les groupes est proposé aux écoles. Le nombre de places étant limité, nous vous recommandons de vous inscrire au plus tôt, votre inscription ne sera validée qu’une fois votre paiement reçu. Ouverture des inscriptions : 17 juillet. Clôture : le 18 septembre au plus tard, dans la limite des places disponibles. Inscription : www.journeetypo.info ou par email / téléphone à : patricia.alcaraz@syndicom.ch / 058 817 19 31 Lieu : UNI global union, av. Reverdil 8-10, 1260 Nyon. En voiture : autoroute Lausanne-Genève, sortie Nyon. En train : arrêt gare de Nyon, 5 minutes à pied. Plus d’infos dans notre prochaine édition.

secrétAriAt régionAL LAusAnne

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15e JOURNÉE ROMANDE DE LA TYPOGRAPHIE (JRT)

A propos du Rapport de gestion 2014 de la CP Poste

décès Deppierraz Joël, Nyon, décédé le 25.05.2015 à l’âge de 53 ans. Membre de la section de Genève depuis 1979. Devaud Michel, Epalinges, décédé le 06.06.2015 à l’âge de 66 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1964. Isoz Charles, Epalinges, décédé le 20.05.2015 à l’âge de 88 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1946.

Autres secrétAriAts régionAux Bienne : Murtenstrasse 33, 2500 Bienne, tél : 058 817 19 85, fax : 058 817 19 86 Fribourg : Rte de Beaumont 22, 1700 Fribourg, tél : 058 817 19 90, fax : 058 817 19 91 François Ducrest : 058 817 19 92 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mardis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mardi 12h. Genève : Rue de Montbrillant 36, 1201 Genève, tél : 058 817 19 22, fax : 058 817 19 26, Eric Schwapp : 058 817 19 24 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mercredis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mercredi 12h.

Let tre de Lecteur

Chaque assuré∙e dispose des chiffres clés de l’exercice 2014 de la Caisse de pensions (CP) Poste. Cette version raccourcie de l’exercice écoulé était accompagnée d’une lettre informative relative à la belle performance financière (rendement de 6,76 %) et à un degré de couverture de 101,4 %. Elle attire toutefois notre attention sur le fait que le rendement nécessaire à la garantie des prestations risque fort d’être insuffisant au cours des dix prochaines années ; d’où la crainte d’une diminution du degré de couverture. Ce dernier (ré)apparaît chaque fois que l’on aborde la situation d’une caisse de pensions. Aussi vaut-il la peine de reproduire le calcul effectué à ce sujet par la CP Poste en 2014. Il découle du total de l’actif du bilan, soit 16 001 524 536 CHF, duquel on déduit les dettes, le compte de régulation passif et la réserve de l’employeur sans renonciation à l’utilisation, soit 571 499 029, pour obtenir la fortune de prévoyance nette de 15 430 025 507 CHF. Cette fortune, comparée aux capitaux de prévoyance et aux provisions techniques donc aux engagements de la caisse, soit 15 222 115 059 CHF, donne le degré de couverture de 101,4 % ! Arrêtons-nous maintenant à la réserve de fluctuation de valeur, dont l’absence empêche la CP Poste de compen-

Les membres peuvent aussi contacter les secrétaires sur leurs numéros directs Alex Patino : 058 817 19 30; Catherine Tabary : 058 817 19 34; Fabienne Brunner : 058 817 19 36; Patricia Alcaraz : 058 817 19 31; Philippe Morerod : 058 817 19 37

ser le renchérissement aux retraité·e·s. Elle est estimée à 2 739 980 711 CHF. Dans le résumé global de l’examen actuariel, l’expert en prévoyance professionnelle précise qu’à cette somme importante doit être ajouté le montant de la réserve de cotisation de l’employeur avec renonciation d’utilisation (531 030 395 CHF). De sorte que le déficit de réserve de la CP Poste s’élève effectivement à 3,082 milliards de franc au total ! Si ces données donnent un peu le tournis, elles n’en demeurent pas moins essentielles à la bonne compréhension du fonctionnement de notre institution de prévoyance et des responsabilités de celles et de ceux qui la gèrent. Les collègues vaudois se souviennent tout particulièrement des propos réalistes (mais non alarmistes) tenus par Madame la Directrice Françoise Bruderer, lors de l’assemblée générale de janvier écoulé. La lecture du Rapport global de gestion 2014 de la CP Poste démontre la volonté de transparence des responsables, de même que leur souci de maintenir une institution capable de faire face à ses engagements. A cet égard, la décision du Conseil de fondation de verser la totalité du gain obtenu en 2014 (environ 650 millions) dans une provision destinée à cofinancer une réduction future du taux technique et des taux de conversion. Citons pour terminer un des paragraphes conclusifs du Rapport de gestion 2014 ; il souligne qu’une gestion par le Conseil de fondation assurant la sécurité et mesurant les risques qui se retrouve dans notre stratégie de placement prudente, notamment par l’assurance des monnaies, a permis d’éviter que les gains de 2014 ne soient complètement anéantis par les conséquences des événements de janvier 2015 (soit la décision de la BNS !).

Magnin Pascal, Villars-sur-Glâne, décédé le 10.05.2015 à l’âge de 45 ans. Membre de la section de Fribourg depuis 1986.

Rémy Addor

Reynaud Yves, Genève, décédé le 31.05.2015 à l’âge de 80 ans. Membre de la section de Genève depuis 1958.

Note de la rédaction: sur la question de la CP Poste, voire également l’article en page 4.

Neuchâtel : Temple-Neuf 11, cp, 2001 Neuchâtel, tél : 058 817 19 18, fax : 058 817 19 21 Jean-François Donzé : 058 817 19 19 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mardis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mardi 12h. Valais : Av. de la Gare 41, 1950 Sion, tél : 058 817 19 80, fax : 058 817 19 81 Elisabeth Di Blasi : 058 817 19 23 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les lundis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au lundi 12h. Pour contacter directement un·e secrétaire de syndicom par courriel (e-mail), composez son adresse ainsi : prenom.nom@syndicom.ch (sans accent) secrétAriAt centrAL Monbijoustr. 33, cp 6336, 3001 Berne tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17 courriel : mail@syndicom.ch cAisse de chômAge Rue Pichard 7, 1003 Lausanne info@syndicom.caissechomage.ch tél. 021 310 06 66, fax 021 310 06 61 Permanence téléphonique : lundi, mercredi et jeudi 9 h-11 h 30 Réception des assuré·e·s : mardi de 9 h à 11 h 30 et mercredi 14 h-16 h (3e étage). Expédition des documents : Looslistrasse 15, 3027 Berne. Caisse de chômage, Genève Rue de Montbrillant 36, 1201 Genève, Tél. 022 749 29 05 Mercredi de 16 h à 19 h, jeudi de 9 h à 12 h Le mercredi, antenne chômage et permanence syndicale sont regroupées et ouvertes aux membres de syndicom aussi bien qu’aux chômeurs, membres ou non.

impressum rédAction Français : syndicom, le journal, ISSN 1664-896X Yves Sancey, rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 38, redaction@syndicom.ch Allemand : syndicom, die Zeitung, Naomi Kunz, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 68, redaktion@syndicom.ch Italien : syndicom, il giornale, Barbara Bassi, via Genzana 2, 6900 Massagno, tél. 058 817 19 63, redazione@syndicom.ch

mise en pAges Alain Gonthier (f), Katja Leudolph (d), Daniela Raggi (i) correction Marie Chevalley (f), Ulrike Krüger (d), Petra Demarchi (i) ABonnements 50 fr., 70 fr. pour l’étranger, gratuit pour les membres de syndicom. syndicom, le journal paraît au moins 15 fois par an chAngements d’Adresse syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne

puBLicité Priska Zürcher, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 19, fax 058 817 18 17, stab@syndicom.ch impression Ringier Print Adligenswil AG, Ebikonerstrasse 75, 6002 Lucerne prochAine pArution 28 août (délai rédactionnel : 10 août) éditeur syndicom, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne


16 | La dernière

syndicom | N° 7 | 10 juillet 2015

hommage

Luisa Cuesta, figure de la résistance en Uruguay Le 20 mai dernier a eu lieu à Montevideo, capitale de l’Uruguay, la 20e Marche du silence (Marcha del Silencio) en mémoire des disparus uruguayens durant la dernière dictature (1973-1985). Pour la première fois sans Luisa Cuesta. Alexis Patino *

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Mais cette 20e Marche, l’édition 2015, n’en était pas une de plus. En effet, c’était la première sans la participation physique, sur place, de Luisa Cuesta, une des responsables de l’Association des familles de disparus et figure emblématique de la résistance à l’injustice dans ce petit pays d’Amérique du Sud. En 1973, elle a été incarcérée durement en Uruguay durant plusieurs mois pour ses actions militantes. Mère de Nebio Melo, militant et journaliste disparu en Argentine le 8 février 1976, elle n’a eu de cesse de dénoncer la disparition de son fils à cause des militaires uruguayens agissant en Argentine dans le cadre du plan Condor 1. En Argentine, puis lors de son exil à Amsterdam, elle a dénoncé la disparition de son fils. Dans des instances internationales, puis lors de son retour en Uruguay, où elle a fortement contribué au regroupement des familles autour de l’Association des disparus, elle fut de tous les débats, manifestations et autres actes solidaires avec les autres familles des autres pays touchés par les dictatures et leurs atrocités

Suite à un coup d’Etat militaire en 1973 – activement soutenu par les Etats-Unis, avec la formation des militaires (interrogatoire et torture) dans la tristement célèbre Ecole des Amériques – l’Urugay a connu, douze ans durant, une terrible dictature. La Marche du 20 mai est l’occasion de rappeler aux différents gouvernements qui se sont succédé depuis le retour des droits démocratiques que les plus de 200 disparus le sont toujours, et que contrairement à l’Argentine voisine, aucune avancée collective significative n’a été constatée. Seuls deux cas ont été éclaircis.

Quelques semaines avant le 20 mai 2015, Luisa a eu un accident vasculaire cérébral. Depuis, elle est en convalescence. Les familles, amis et militants, fortement mobilisés autour de cette femme d’un courage extraordinaire, qui a défié tous les présidents qui se sont succédé depuis 1985 ainsi que les menaces et intimidations des militaires, ont manifesté avec des photos à son image afin de démontrer qu’elle était avec eux. Femme extrêmement populaire à Montevideo, il suffit de se balader avec elle dans la rue pour sentir toute l’affection qu’elle reçoit. Elle a toujours reçu le soutien des syndicats, sensibles à ses combats et à ceux de son fils. Une place d’honneur lui est toujours réservée lors des discours du 1er Mai, ainsi qu’à l’Association des disparus.

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symbole vivant de la lut te Depuis, elle est le symbole vivant de cette lutte pour la récupération non seulement du corps de son fils mais également, et surtout, de la vérité : où sont-ils, s’ils sont morts, qui les a tués, où, quand et pourquoi ? Et enfin, pour la justice : que les responsables des violations des droits de l’Homme soient jugés et condamnés. Luisa a aujourd’hui 95 ans. Et, jusqu’à l’année dernière, elle a marché comme des milliers d’Uruguayens sur l’Avenida de 18 de Julio, l’artère principale de la capitale.

Luisa Cuesta a été déclarée citoyenne illustre de Montevideo. Le 7 mars 2014, elle a été distinguée Femme d’honneur uruguayenne par la Poste uruguayenne, qui a sorti pour l’occasion un timbre à son effigie. Pour moi, c’est l’occasion de rendre hommage à la sœur de mon arrièregrand-mère.

* Secrétaire régional en charge de l’industrie graphique

1. L’opération Condor est le nom donné à une campagne d’assassinats et de lutte antiguérilla conduite conjointement par les services secrets du Chili, de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay au milieu des années 1970, sous l’œil bienveillant des Etats-Unis.

conciliation entre famille et profession

Dix ans d’assurance maternité : il faut aller plus loin et on ira plus loin !

1. 18 semaines de congé maternité payées à 100 % : une allocation perte de gain de 80 % du salaire ne suffit pas, précisément aux femmes qui touchent

3. des réglementations pour la période qui précède l’accouchement, afin que

des salaires bas, pour couvrir le coût de la vie ; l’Organisation internationale du Travail demande aussi 18 semaines ;

les femmes aient, en cas de besoin, droit à un congé payé.

2. un congé paternité et un congé parental : une répartition équitable

raient aussi une avancée substantielle, de sorte que la Suisse ne serait plus la lanterne rouge européenne au chapitre de la conciliation entre famille et profession. (USS).

Ces solutions répondent à des besoins avérés des familles. Elles représente-

du travail rémunéré et du travail non rémunéré entre la femme et l’homme n’est possible que si le père peut prendre rapidement sa place de personne de référence pour l’enfant ; l’USS demande un congé paternité de 8 semaines et 24 semaines de congé parental à répartir également entre les parents ;

dans les branches syndicom

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Le 1er juillet 2005, après des débats qui ont duré des décennies, le congé de maternité a été introduit en Suisse. Dix ans plus tard, le 1er juillet 2015, la Commission féminine de l’USS a fêté cet anniversaire sur la place Fédérale. Pour les femmes de l’USS, après ces dix années, d’autres progrès doivent être réalisés dans la protection des mères et des parents, ainsi que dans la possibilité de concilier famille et profession. La commission de l’USS a constaté que nombre de branches et d’entreprises n’ont pas profité de l’allégement apporté à l’époque par l’introduction des allocations perte de gain en cas de maternité pour améliorer le minimum légal de 14 semaines de congé payées à 80 %. C’est pourquoi les femmes de l’USS demandent :

Dans les branches et les entreprises où syndicom a conclu des conventions collectives de travail (CCT), il a obtenu des améliorations qui dépassent les standards légaux minimaux. Exemples actuels : • CCT Poste CH SA, valable dès le 1.1. 2016 : le congé de maternité est prolongé à 18 semaines, avec une compensation salariale de 100 %. La CCT prévoit en outre un congé payé de paternité et d’adoption de deux semaines. Il doit être pris dans l’année qui suit la naissance de l’enfant. Enfin, un

congé non payé de quatre semaines peut être pris. • CCT Swisscom 2015 : le congé de maternité dure 17 semaines. La CCT prévoit en outre un congé payé de paternité et d’adoption de 10 jours. Il doit être pris dans l’année qui suit la naissance de l’enfant. En présence d’un compte capital temps de longue durée, le congé de maternité / paternité peut être prolongé ou une réduction temporaire du temps de travail peut être convenue, sans modifier le taux d’occupation (ni le salaire) fixé dans le contrat. (syndicom)


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