syndicom - le journal

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N° 3 20.03.2015

le journal

www.syndicom.ch Le syndicat des médias et de la communication

AZB 3001 Bern Les changements d’adresse sont à signaler à : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, case postale 6336, 3001 Berne

télécom / it

centre d’impression snp

Cablecom biffe 250 postes : solutions cherchées en commun avec syndicom  page 5

Accord sur un plan social et éclairage sur l’empire Hersant en Suisse  pages 8-9

Dernière heure

presse

Tamedia machine à cash pour les actionnaires et broyeur d’emplois  page 9

journée internationale des femmes

Plus de 12 000 personnes à la manif ‘ du 7 mars à Berne, pour l’égalité  Nos photos en pages 10-11

CCT Poste 2016 : « Tout le monde sous un même toit »

Nous l’avons réalisé !

Restructuration à IRL+ Renens (VD)

La convention collective de travail Poste 2016 est désormais renégociée. La revendication centrale de syndicom « Tout le monde sous un même toit » est ainsi concrétisée. Chacune des trois sociétés de groupe reçoit une nouvelle CCT, dont les principaux éléments sont toutefois réglés dans une CCT faîtière.

L’annonce par la direction d’IRL+ du licenciement de 10 employé∙e∙s et de la délocalisation de son département reliure, à savoir dix salarié∙e∙s, affecte une fois de plus l’entreprise, qui était née en 2012 de la fermeture de IRL-Swissprinters. Le personnel, réuni en assemblée générale extraordinaire a mandaté la commission du personnel et le syndicat syndicom pour négocier les conditions de cette restructuration. Pendant la procédure de consultation qui prendra fin le 20 mars 2015, la commission de négociation fera tout ce qui est en son pouvoir pour limiter le nombre des licenciements. Dans les négociations qui suivront, elle tentera de mettre les propositions de cette consultation en œuvre afin d’atténuer l’effet négatif tant pour les employés qui perdront leur emploi que pour ceux qui seront obligés de changer de lieu de travail, chez M+S Reliure à Yvonand ou aux PCL à Renens.

Non seulement les apprenti∙e∙s et les auxiliaires sont désormais soumis à la CCT, mais aussi les conducteurs des entrepreneurs postaux (EP) privés. Ces derniers profitent de la nouvelle réglementation des conditions de travail. Ils sont enfin mis sur un pied d’égalité avec leurs collègues de CarPostal. C’est un grand succès. De plus, une détérioration des conditions de travail a pu être évitée. Pratiquement rien ne change en ce qui concerne les salaires et la durée du travail. La plupart des allocations sont désormais comprises dans le salaire assuré et contribuent donc à la constitution de la rente. Par contre, les primes de fidélité se sont détériorées. Des améliorations ont été atteintes pour le congé maternité et paternité, ainsi que pour la retraite partielle.

syndicom Nos messages de soutien aux six migrant∙e∙s qui occupent l’église de Saint-Laurent à Lausanne à deux pas de syndicom. A cause des Accords de Dublin, dont ils demandent le moratoire, ils sont menacés de renvoi vers une Italie débordée, ce que la Cour européenne des droits de l’homme fustige dans un récent arrêt. Manifeste à signer : www.desobeissons.ch

Détails sur le résultat des négociations : voir pages 6 et 7

SERVICES PUBLICS EN DANGER

TiSA : déréglementation tous azimuts

PHOTO ERIC ROSET

Le nouvel accord sur les services (TiSA), négocié en marge de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), va bouleverser le quotidien de populations entières : libéralisation des services publics, libéralisation à outrance des services financiers… Le rouleau compresseur TiSA pourrait déréguler presque tous les secteurs, y compris postes et télécoms. Yves Sancey, avec Isolda Agazzi (Alliance Sud) C’est un accord commercial dont presque personne ne parle, négocié dans l’opacité la plus totale : l’Accord sur le commerce des services (ACS) ou Trade in Services Agreement (TiSA). Il est actuellement en cours de négociation entre une cinquantaine de pays, dont ceux de l’Union européenne et la Suisse. Ces pays, parmi les plus fervents

défenseurs de la libéralisation, discutent en ce moment de l’ouverture du « marché des services » à la concurrence internationale. Education, santé, transports, poste, télécommunications, radio, télévision, services financiers… Tout est sur la table des négociations. Sans que les citoyens ou parlementaires aient leur mot à dire.

Ce pourrait être la fin des services publics, de l’eau, de l’éducation ou de la santé, la fin de toute volonté de réguler les marchés financiers ou de protéger les données des citoyens. Bref, une entrave encore jamais vue à l’exercice de la démocratie et au fonctionnement des politiques publiques. Ce qui suite page 2


2 | Grand angle

syndicom | N° 3 | 20 mars 2015

Grand angle | 3

syndicom | N° 3 | 20 mars 2015

SERVICES PUBLICS EN DANGER

TiSA : déréglementation tous azimuts (suite de la page 1) pourrait en sortir en 2016 ou 2017 touche de manière frontale les trois grands secteurs de syndicom : poste, télécommunications et médias. Car ces négociations commerciales secrètes ne visent qu’à accélérer les privatisations et les dérégulations, ni plus ni moins.

TiSA : 4 CLAUSES, 4 CATASTROPHES

« AMIS DES SERVICES », VRAIMENT ? Sous prétexte du blocage du cycle de Doha lancé en 2001, la Suisse négocie un accord étendu sur les services, plus connu sous son acronyme anglais TiSA, avec les autovrais amis des serproclamés «  vices », à savoir les 23 membres de l’OMC suivants : Australie, Canada, Chili, Taiwan, Colombie, Costa Rica, Hong Kong, Israël, Islande, Japon, Liechtenstein, Mexique, Norvège, Nouvelle Zélande, Pakistan, Panama, Paraguay, Pérou, Suisse, Corée, Turquie, Etats-Unis, Union européenne (UE). Cela représente 51 pays, puisque les 28 Etats de l’Union européenne comptent comme un seul membre. Menées dans les locaux de l’ambassade d’Australie à Genève, ces négociations sont secrètes. Elles ont été lancées au début de 2012 en dehors du cadre multilatéral de l’OMC. Le tour le plus récent a eu lieu début février 2015 à Genève. Les discussions pourraient aboutir dans un an ou deux. Le commerce des services peut être entravé par différents types de barrières portant sur l’accès au marché, le manque de transparence dans la régulation, la restriction dans le mouvement des personnes, un code du travail nuisant à la rentabilité, etc. TiSA vise à abattre ces obstacles et à développer de nouveaux standards dans tous les domaines. Sa finalité revient donc à limiter l’intervention de l’Etat au minimum.

SECRET DES NÉGOCIATIONS Au niveau de la procédure, le plus inquiétant est le secret des négociations. TiSA est l’accord le plus secret jamais négocié. La Suisse est le premier pays à avoir publié son offre sur Internet. La Norvège a suivi, mais les autres refusent. Les Etats-Unis ont même classé

Catastrophe 1 : Listes « négat ives » ou listes des services à exclure Selon l’accord TiSA, chaque Etat partie à l’accord doit dresser la liste de ses services qu’il souhaite soustraire aux obligations d’accès aux marchés. Cela signifie que pour tous les services ne figurant pas sur la liste des exceptions, l’ouverture du marché est obligatoire. Une source d’énergie aujourd’hui encore inconnue serait donc inévitablement soumise à l’obligation d’accès aux marchés, et il ne serait plus possible de prévoir pour cette dernière un monopole étatique par analogie à l’électricité (« Swissgrid » : Société suisse pour l’exploitation du réseau). D’autres types de prestations de services qui n’existent pas encore et qui, pour cette raison, ne figurent pas sur les listes des exceptions, seraient également soumis aux obligations d’accès aux marchés.

Catastrophe 3 : Clause « standst ill » ou clause du statu quo Selon l’accord TiSA, le niveau de régulation existant au moment de la signature de l’accord ne pourrait plus être relevé par la suite. Si lors de la signature de TiSA le canton d’Argovie, par exemple, ne dispose pas de loi limitant les heures d’ouverture des magasins, on ne pourrait désormais plus restreindre au niveau légal les heures d’ouverture des magasins. Ce principe s’applique également à d’autres restrictions, par exemple à celles limitant la vente d’alcool ou de tabac. Dans les magasins de la chaîne américaine Walmart, on peut aujourd’hui déjà acheter des armes. Cette compagnie s’imagine certainement qu’elle pourrait appliquer le même principe dans des magasins en Suisse, dans le cas d’une implantation de ses activités dans notre pays.

Catastrophe 2 : Clause « ratchet » ou clause de « cliquet »

Catastrophe 4 : Clause « future-proofing » ou clause de pérennité Selon l’accord TiSA, toute nouvelle prestation de service qui n’est pas encore inventée aujourd’hui serait automatiquement soumise aux obligations d’accès aux marchés. Mais les personnes vivant au XVIIIe siècle pouvaient-elles prévoir que nous

L’accord TiSA prévoit qu’une fois une ouverture de marché effectuée, elle est irréversible. Même si cette ouverture devait se solder par un échec complet, la possibilité d’annuler une déréglementation introduite serait définitivement exclue.

leur offre « top secret » pendant cinq ans. On ne sait donc de TiSA que ce qui a filtré auprès des ONG et des syndicats et dans la presse grâce à des fuites de Wikileaks en juin 2014. L’Internationale des services publics (PSI) a tiré la sonnette d’alarme dans sa brochure « L’ACS contre les services publics / TiSA Versus Public Services ». Les ONG européennes se sont exprimées à l’occasion d’une consultation organisée par la Commission européenne. Au niveau de sa structure, TiSA comporte trois parties : Les dispositions centrales (core provisions), à savoir les clauses qui

régissent l’accord (voir encadré « 4 clauses, 4 catastrophes »). Les annexes, c’est-à-dire les secteurs qui vont lier tous les pays participants. Et les offres et requêtes par pays. Les annexes sont les parties sectorielles de l’accord. Elles touchent tous les Etats signataires de TiSA. Actuellement ce sont les suivantes : services financiers, télécommunications, commerce électronique, transports maritimes, aériens et routiers, services professionnels, services liés à l’énergie, services postaux et marchés publics. TiSA, en effet, est conçu comme un accord pérenne dont le

tisa : les syndicats appellent à cesser ces négociations commerciales secrètes Depuis cet été, les réactions se multiplient du côté des syndicats pour dénoncer l’Accord sur le commerce des services (ACS, ou TiSA). Le Comité syndical européen de l’éducation (CSEE), qui représente 132 syndicats d’enseignants en Europe et 11 millions de salariés du secteur éducatif, a exprimé « ses plus vives inquiétudes face à l’intention de l’Union européenne d’inclure les services d’éducation dans le cadre des négociations en cours sur l’accord de libre-échange pour le commerce des services ». Pour la Confédération syndicale internationale (CSI), « le projet d’accord dont débattent des représentants de gouvernements vise à affaiblir la réglementation des services financiers et à octroyer aux fonds spéculatifs,

aux banques, aux compagnies d’assurances et autres prestataires financiers de nouveaux accès sur les marchés financiers ». Plusieurs fédérations syndicales internationales ont appelé à cesser les négociations de l’accord TiSA : l’Internationale des services publics (qui représente 669 syndicats du secteur des services publics), UNI Global Union (900 organisations syndicales et 20 millions d’adhérents dans le monde, dans les secteurs de la santé, des médias, des télécommunications ou des finances), IndustriALL (50 millions de travailleurs de l’industrie, des mines et de l’énergie) et l’UITA (Union internationale des travailleurs de l’alimentation et de l’agriculture, 383 organisations membres). (YS, avec www.bastamag.net/)

but est de libéraliser les secteurs non encore envisagés.

partie publique pourrait être mise en danger.

« SERVICES POSTAUX COMPÉTITIFS »

QUELLE RÉPONSE ? INFORMER !

Si l’intégration des secteurs mentionnés ci-dessus est en principe déjà acceptée par tous, le contenu des dispositions de l’accord fait encore l’objet de négociations acharnées. La principale crainte des syndicats et des ONG concerne la libéralisation des services publics. Deux d’entre eux sont actuellement sur la table : l’énergie et les services postaux, même si ce que l’on entend par ces derniers n’est pas clair. Les EtatsUnis parlent de « services postaux compétitifs », mais ils ne les ont jamais définis. Les ONG, les syndicats, Alliance Sud et la société civile craignent que d’autres services publics (tels que l’eau, la santé et l’éducation) fassent aussi partie du lot et finissent par être privatisés. Du fait des clauses mentionnées précédemment (services à exclure, « cliquet », statu quo et pérennité), il pourrait devenir très difficile pour un Etat de les sauvegarder, même s’ils ne sont pas négociés comme tels. Cela d’autant plus que leur fourniture est souvent un mélange de public et de privé – la

Dans un Etat démocratique, la création de lois est l’apanage du parlement. Il n’est donc pas acceptable qu’un traité d’une telle ampleur soit dicté par le secteur privé. Cela mine la démocratie. TiSA va clairement dans le sens d’une marchandisation de pans importants de l’économie – et de façon irréversible. Cela risque d’empêcher les Etats d’exercer leur pouvoir d’agir dans l’intérêt collectif. Les ONG et les syndicats sont fermement opposés à TiSA. Ils se mobilisent au niveau international (voir encadré). En Suisse, une pétition Stop TiSA (http://stop-tisa. ch/) a été lancée. Elle demande au Conseil fédéral de se retirer des négociations. Avec le comité Stop TiSA, une campagne a été lancée dans les communes suisses. La Ville de Carouge, par exemple, s’est déclarée hors TiSA. Une motion a été déposée à la Ville de Genève et à la Ville de Berne (cette dernière par les Verts). Le 11 octobre 2014 a eu lieu la journée d’action européenne contre les traités de libre-échange. Des actions ont été organisées dans plus de 300 villes. Sous le slogan

« Stop TAFTA – CETA – TiSA », du nom d’autres accords en négociation, notamment entre les Etats-Unis, le Canada et l’UE, un grand nombre de manifestants ont dénoncé les visées de ce nouveau type de traités et ont dit non à la dictature des multinationales. Alors qu’un nouveau round de négociations sur la libéralisation des services démarrait à Genève, des manifestant·e·s ont protesté le 9 février dernier contre le secret entourant ces discussions et critiqué la déréglementation mettant en danger les services publics. Ils ont présenté une pétition signée par plus de 320 000 personnes dans le monde et demandé l’arrêt des négociations. Comme leurs ancêtres, l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI) et l’Accord général sur le commerce des services (AGCS), ces accords secrets détestent être mis en pleine lumière, mettant à jour l’avenir libéral qu’ils façonnent. Il y a malheureusement encore un grand déficit d’information autour d’accords particulièrement dangereux pour la défense et la survie des services publics, auxquels la population est très attachée.

Yves Sancey, avec Isolda Agazzi (Alliance Sud)

aurions besoin à l’avenir d’un réseau électrique étatique et que nous ferions fonctionner des CFF publics ? Pouvons-nous déjà connaître les prestations des services publics dont nous aurons besoin dans dix ans, vingt ans, cent ans ? Et savons-nous déjà comment nous voudrons organiser ces services : sous forme de monopoles privés ou de services placés sous la responsabilité des pouvoirs publics ? (SSP-VPOD)

NB. La procédure de l’OMC invite chaque Etat à proposer la liste des services qu’il s’engage à libéraliser : les « offres ». Sur les effets potentiels de TiSA en Suisse, il est à préciser que, dans son offre individuelle, la délégation helvétique a mis des réserves à toutes les clauses. En l’état, les services publics suisses ne sont donc pas menacés. Mais il y a deux gros bémols. Jusqu’à quand ces réserves dureront-elles sur le long terme ? Difficile à dire. De plus, il y a un flou juridique quant à savoir ce qui – l’offre individuelle (et ses clauses) ou les annexes encore en négociation – a la prééminence. (YS / IA)

Le 11 octobre 2014, à Genève, la mobilisation a été transfrontalière avec du côté de la France voisine le collectif Stop GMT (Grand Marché Transatlantique) et du côté suisse le Comité Stop TiSA de Genève, les deux regroupant de nombreuses organisations et partis politiques. (Photos Eric Roset)

Pacte de dérégulat ion en Suisse : l’appel de l’UDC Ces négociations internationales en vue d’une déréglementation tous azimuts, comme TiSA, trou­ vent des échos particulièrement favorables du côté de la droite patronale suisse. Le 22 février, en effet, la droite nationale-conservatrice helvétique invitait libéraux-radicaux et démocrates chrétiens à prendre part à un « sommet bourgeois » lors de la deuxième semaine de mars. L’agenda international entre ainsi en résonance de la pire des manières avec ce « pacte de dérégulation » auquel l’UDC tente de rallier le PDC et le PLR, soit un ensemble de mesures libérales pour aider les entreprises à faire face au franc fort. Sur le dos des travailleurs. (YS)

Le 11 octobre 2014, au moins 2000 participant·e·s ont dénoncé TiSA, un accord secret qui met en danger les services publics et vise une dérégulation générale et irréversible, notamment dans les secteurs postes et télécoms.


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syndicom | N° 3 | 20 mars 2015

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syndicom | N° 3 | 20 mars 2015 Délimitat ion du travail

ICT / Télécom

Un seul

pour réduire vos primes.

UPC cablecom coupe 250 emplois

Exposés en ligne sur YouTube

Ces trois prochaines années, UPC cablecom supprimera 250 postes en Suisse et en Autriche suite à la fusion des deux entités nationales. La restructuration affectera essentiellement la Suisse.

Le 21 novembre dernier, à Berne, syndicom a organisé un sémi­naire sur la « délimitation du travail ». Les exposés d’éminents spécialistes tels que le professeur de sociologie Ueli Mäder peuvent désormais être visionnés sur le canal YouTube de syndicom, avec traduction simultanée en français. Bruno Schmucki

La décimation des emplois chez UPC cablecom, annoncée le 24 février dernier, est un coup dur pour les employé·e·s de l’entreprise et de la branche entière. syndicom part toutefois du principe qu’une grande partie des suppressions s’effectuera jusqu’en 2018 par le biais de fluctuations naturelles. Les responsables d’UPC cablecom ont informé à temps syndicom de la mesure de démantèlement et ils l’ont associé à la recherche de solutions socialement supportables. Lors de discussions intenses, les partenaires sociaux ont envisagé des alternatives aux licenciements et des mesures d’accompagnement pour les personnes concernées. Suite à ces discussions, un plan social a été adopté. Il met à disposition des moyens pour un soutien ciblé à la réinsertion (outplacement), ainsi que pour des reconversions et des garanties financières. Les salariés de plus de 58 ans ont notamment reçu la garantie qu’ils conserveraient leur emploi. Pour le moment, le câblo-opérateur zurichois, qui dépend de

la filiale britannique du groupe américain Liberty Global, n’a toujours pas signé de conventions collectives. L’entreprise emploie quelque 1600 personnes en Suisse, contre 900 pour sa filiale autrichienne. 220 emplois devraient passer à la trappe d’ici à 2018 chez le câblo-opérateur UPC Cablecom, après sa réunion, décidée fin juillet 2014, sous le même toit avec UPC Austria. Spécialiste du marché suisse des télécommunications, le blogueur Xavier Studer, cité par La Liberté (25.2), voit dans les suppressions d’emplois le résultat d’une stratégie de réduction des coûts au travers des synergies qui seront développées avec UPC Austria. L’entreprise, de son côté, justifie les coupes dans les effectifs par la nécessité d’accélérer les investissements dans le réseau et dans de nouveaux produits. En 2014, UPC Cablecom suisse a vu son chiffre d’affaires augmenter de 4,6  % pour atteindre 1,29 milliard de francs.

Yves Sancey / syndicom

«  La flexibilisation conduit à la précarité. » Voici l’une des thèses principales présentées par le professeur Ueli Mäder au séminaire de syndicom. Et selon une étude, les employé·e·s avec les plus bas salaires sont ceux dont la santé pâtit le plus de cette situation. M. Mäder plaide donc pour que l’environnement de travail soit le plus calme et serein possible.

Nouveaux modèles de travail : réflexion crit ique Pour Klaus Pickshaus (IG Metall), le maître mot est «  humaniser le monde du travail  ». Il a également souligné le rôle des syndicats dans le cadre des nouveaux modèles de travail : « Nous devons sensibiliser les salarié·e·s aux dangers de l’organisation flexible du travail, afin qu’ils défendent en commun leurs intérêts dans un monde professionnel de plus en plus individualisé.  » Luca Cirigliano, secrétaire central de l’USS, a montré comment les employeurs font pression

BANDE SALARIALE CABLEX

Augmentation générale de salaire de 0,5 % Lors de plusieurs conférences d’entreprise à la fin de la dernière année, les collaborateurs de cablex ont jugé insupportables les conditions de travail. Malgré plusieurs interventions de syndicom, les pourparlers n’avançaient qu’en traînant. Finalement, cablex s’est donné du temps jusqu’à la fin de février 2015 pour commencer de sensibles améliorations. Publicité

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syndicom s’est mis d’accord avec cablex sur l’augmentation de salaire générale de 0,5 % pour tous au 1er avril 2015. Seule exception : les employé·e·s situés audessus de la bande salariale, qui reçoivent une prime unique à hauteur de 450 francs. L’augmentation de salaire intervient en parallèle à l’introduction de la nouvelle structure d’emplois et

des nouveaux descriptifs de fonction chez Swisscom et cablex. Si vous avez des questions ou des objections à propos de votre descriptif de fonction, vous pouvez vous adresser à vos supérieurs hiérarchiques, votre RH ou vous faire conseiller à votre secrétariat régional le plus proche.

syndicom

pour contourner et déréguler les dispositions de protection prévues dans la Loi sur le travail. Quant à la représentante du Seco, Maggie Graf, elle a rappelé les avantages offerts par la flexibilisation du travail – aussi bien pour l’employeur que pour les employé·e·s. Elle a toutefois évoqué certaines études qui pointent aussi ses effets pervers, liés notamment à l’« optimisation du temps, qui conduit à l’isolement ». Enfin, Giorgio Pardini (syndicom) a présenté les premiers résultats de l’enquête réalisée l’année passée par syndicom sur la délimitation du travail auprès des employé·e·s de la branche Télécom (voir notre dernière édition).

Documentat ion détaillée en ligne Ces quelques extraits donnent une idée de l’importance et

de la qualité du sujet traité au séminaire de syndicom. C’est pourquoi tous les exposés du 21 novembre ont été filmés et mis en ligne avec les présentations sur le canal YouTube de syndicom. Ils peuvent être suivis en version originale ou avec une traduction simultanée en français. Les personnes intéressées trouveront également tous les transparents de l’assemblée et la brochure complète « 20 réponses de 3500 employé·e·s de la branche Télécom sur leurs conditions de travail en Suisse » en format PDF sur le site Internet de syndicom. Cette documentation détaillée offre un terreau fertile pour une discussion syndicale fondée et approfondie sur les transformations du monde du travail à l’époque de la numérisation.

www.youtube.com/syndicomCH www.syndicom.ch/delimitation


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syndicom | N° 3 | 20 mars 2015

Commentaire

Amélioration ? Transformation ? Détérioration ? Bilan. Voici les trois symboles ut ilisés pour l’évaluat ion Les principaux résultats des négociations CCT ont été discutés et évalués par les participant∙e∙s à une séance du soundingboard, le 4 février 2015 à Berne.

amélioration transformation détérioration

PHOTO ARCHIVES S YNDICOM

Depuis l’été 2013, les quelque 50 membres élu∙e∙s du soundingboard ont régulièrement participé aux négociations CCT. Par la formulation de suggestions critiques et de propositions concrètes, ils ont accompagné et soutenu la délégation de négociation de syndicom.

1. Une CCT qui couvre largement Poste CH SA, PostFinance SA et CarPostal Suisse SA sont regroupés dans une CCT faîtière : « Tout le monde sous un même toit », c’est acquis ! Des conditions d’engagement inégales découlaient de la politique d’externalisation de la Poste. La nouvelle CCT faîtière rétablit l’égalité. Désormais, les apprenti∙e∙s bénéficient aussi de la protection CCT.

La CCT protège les conditions de travail de 90 % des employé∙e∙s   de Poste CH SA et de CarPostal SA, ainsi que de 75  % des employé∙e∙s de PostFinance SA. Elle entrera en vigueur le 1er janvier 2016 et sa validité échoira à fin 2018.

2. Salaires et systématique salariale Les salaires ne sont pas modifiés. Ils sont transférés tels quels dans la nouvelle CCT. La masse salariale réservée jusqu’ici à la progression fondée sur l’expérience est investie chaque année dans l’évolution salariale de l’ensemble des employé∙e∙s ; on tient compte des performances et de la situation dans la bande salariale. Désormais, les mesures salariales générales et individuelles sont incluses dans le salaire. Les adaptations salariales peuvent ainsi franchir les bandes salariales dans la nouvelle CCT, ce qui augmente les perspectives salariales. L’allocation marché du travail (AMC) est désormais intégrée dans le salaire, resp. l’allocation est transférée et incluse dans le salaire. Quatre régions salariales sont constituées. Les bandes salariales sont relevées en proportion de l’AMC actuelle correspondante.

3. Durée du travail ∕ vacances Pratiquement rien ne change : la durée de travail s’élève désormais à 42 heures par semaine ; en contrepartie, la semaine de compensation est transformée en une véritable semaine de vacances. La seule modification concerne la tranche d’âge de 50 à 59 ans – avec 6 semaines de vacances, c’est-à-dire 3 jours de moins –, ainsi que la tranche d’âge entre 60 et 65 ans, avec 7 semaines, c’està-dire un jour de moins. Cette détérioration s’équilibre pour le personnel soumis à la loi sur le travail (LTr) par la compensation ultérieure des jours fériés : ceux qui tombent sur un jour non travaillé peuvent désormais être rattrapés ultérieurement. En moyenne, ce sont 2 à 3 jours par an qui peuvent ainsi être pris comme jours de vacances.

4. Pauses payées   Les pauses rémunérées de courte durée ont constitué une importante pierre d’achoppement dans les négociations. Elles restent intégrées dans la nouvelle CCT. Les salarié∙e∙s ont donc droit à une courte pause payée de 15 min par jour de travail lors d’une durée de travail ininterrompue de trois heures et demie et plus. Comme avant, deux pauses de courte durée sont rémunérées chez Post­ Finance.

8. Plan social Exemplaire et innovateur, le plan social de 2011 a fait ses preuves. Le système dit de « cafétéria » laisse à chacun la liberté de choisir les mesures les plus appropriées pour son évolution professionnelle. La protection contre le licenciement la plus effective se trouve dans le plan social : aucun∙e employé∙e de plus de 55 ans ayant plus de 20 ans de service ne peut être licencié pour des raisons économiques. Le plan social est repris sans modification dans la nouvelle CCT.

Un résultat acceptable et équilibré après d’âpres négociations Chère et cher collègue,

5. Salaire assuré

6. Allocations pour travail de nuit et le dimanche Les allocations pour les horaires de travail irréguliers doivent être redéfinies dans la CCT. C’est la transformation la plus nette, car la Loi sur la durée du travail (LDT) prévoyait des bonifications en temps plus généreuses que dans la nouvelle Loi sur le travail (LTr) ; la LDT ne règle pas le travail du dimanche. La LTr ne prévoit qu’une compensation en temps équivalant à 10 % de la durée du travail de nuit (23 h à 6 h) et réserve la possibilité d’une majoration de salaire. La réglementation suivante a été adoptée dans la nouvelle CCT : l’allocation pour travail du soir et de nuit (20 h à 6 h) est relevée à 7 francs. Les bonus-temps pour le travail de nuit entre 24 h et 4 h (jusqu’à 5 h, si vous avez commencé avant 4 h) sont augmentés à 30  %. L’allocation pour travail le dimanche s’élève désormais à 11 francs et les employé∙e∙s qui travaillent moins de six dimanches par an reçoivent un supplément de salaire de 50 %.

9. Protection contre le licenciement L’obligation de réengagement en cas de licenciement abusif est supprimée (elle a déjà été rayée de la Loi sur le personnel de la Confédération il y a plus d’un an pour la Confédération et les CFF). A ce jour, peu de personnes y ont eu recours ; elle constituait tout au plus une mesure préventive, mais non pas une mesure de sauvetage après un licenciement. Désormais, une indemnité élevée pouvant aller jusqu’à 12 mois de salaire protège contre les licenciements abusifs. Les membres des commissions de personnel, etc. qui s’engagent pour des conditions de travail équitables en faveur de leurs collègues et pour le respect de la CCT bénéficient d’une protection supplémentaire. De façon générale, aucun licenciement ne peut être prononcé sans préavis. Les employé∙e∙s âgés ont en outre le droit de prolonger leur délai de résiliation à 5 mois.

10. Primes de fidélité La Poste verse désormais une prime de fidélité plus tôt, c’est-à-dire à partir de 5 ans de service, mais beaucoup moins élevée : 1500 francs ou une semaine de vacances. On a pu éviter une coupe claire pour les employé∙e∙s de longue date : ceux qui atteignent 20 ans de service ou plus pendant la durée de validité de la CCT continuent donc à bénéficier de trois, resp. quatre semaines de vacances (mais sans prime en espèces).

7. Frais Au niveau des frais, des adaptations étaient également nécessaires. Les nouvelles dispositions CCT tiennent compte des nouvelles bases légales. La CCT définit en détail la notion de travail « à l’extérieur » et le dédommagement des frais qui en résulte.

CarPostal reste dans le champ d’application de la Loi sur la durée du travail (LDT). Par conséquent, la CCT diverge de la CCT faîtière sur plusieurs points. Ainsi, les bonus-temps et les allocations pour travail de nuit ou le dimanche s’alignent sur les taux actuels. Désormais, les allocations sont assurées dans la caisse de pensions. Le personnel obtient en outre un jour de repos supplémentaire et la semaine de compensation est préservée.

Aujourd’hui, vingt mois environ après l’ouverture des négociations, le résultat est là. La CCT 2016 est le fruit d’un dur travail de la part de la délégation de négociation. C’est avec satisfaction et une certaine fierté qu’elle te présente aujourd’hui une nouvelle réglementation de tes conditions de travail, qu’elle juge acceptable et équilibrée. Notre groupe d’accompagnement CCT (ou « soundingboard ») et ses 50 membres partagent aussi ce sentiment. Je tiens ici à remercier vivement tous les

collègues qui se sont résolument engagés. Ils ont investi beaucoup de temps et de savoir-faire. Il t’appartient maintenant, chère et cher collègue, de juger du résultat. Tu peux t’informer en détail sur ta nouvelle CCT lors d’une des nombreuses

assemblées organisées par syndicom (calendrier des rencontres d’information ci-dessous). Forge-toi ton opinion. Et en tant que membre du syndicat, tu as toujours l’opportunité de participer aux décisions.

Alain Carrupt, président de syndicom

Fermeture de la poste de La Grangette (VD)

« CCT on tour » Région Vaud Date

Heure

Point de rencontre

Morges

Mercredi 25 mars 2015

19 h 30

Hôtel de la Nouvelle Couronne

Vevey

Jeudi 26 mars 2015

19 h 30

Hôtel de Famille

Yverdon

Vendredi 27 mars 2015

19 h 30

Restaurant La Grange

Corcelles-Payerne

Lundi 30 mars 2015

19 h 30

Restaurant Chez Fischer

Lausanne

Mercredi

2015

15 h 30

Buffet de la Gare

Lausanne

Mercredi 1er avril 2015

19 h 30

Buffet de la Gare

1er avril

Lieu

Date

Heure

Point de rencontre

Genève

Jeudi 9 avril

16 h 00

Salle UOG, pl. des Grottes 3

Genève

Mercredi 15 avril

19 h 00

Salle UOG, pl. des Grottes 3

Genève

Mercredi 22 avril

16 h 00

Salle UOG, pl. des Grottes 3

Lieu

Date

Heure

Point de rencontre

Chénens

Lundi 13 avril 2015

16 h 30

Auberge du Chêne

Chénens

Lundi 13 avril 2015

19 h 30

Auberge du Chêne

Fribourg

Mardi 14 avril 2015

16 h 30

HN Hôtel (ancien Eurotel)

Fribourg

Mardi 14 avril 2015

19 h 30

HN Hôtel (ancien Eurotel)

Bulle

Mercredi 15 avril 2015

16 h 30

Hôtel de Ville

Bulle

Mercredi 15 avril 2015

19 h 30

Hôtel de Ville

Région Genève

Région Fribourg

Région Neuchâtel Lieu

Date

Heure

Point de rencontre

Bassecourt

Mercredi 25 mars 2015

19 h 15

Restaurant du Jura, rue de l’Abbaye 2

Tavannes

Lundi 13 avril 2015

19 h 15

Hôtel Central, rue de Pierre-Pertuis 1

Neuchâtel

Jeudi 16 avril 2015

19 h 15

Ancien buffet de la Gare, salle « Spettacolo »

La Chaux-de-Fonds

Mardi 21 avril 2015

19 h 15

Restaurant de l’Union, rue de la Serre 64

Date

Heure

Point de rencontre

Mobilisation réussie Lausanne ∙ Environ 120 personnes ont participé au rassemblement contre la fermeture de la poste de La Grangette le samedi matin 28 février, faisant de ce mouvement un succès. Les habitants et les personnes venues manifester s’opposent à une importante dégradation du service public dans un quartier où vivent des milliers d’habitants. La transformation en agence postale occasionnera une perte de nombreuses prestations, alors que cet office est très fréquenté et que le quartier connaît un développement important, avec notamment la construction de plusieurs centaines de logements. Pour La Poste, il ne s’agit que de l’optimisation financière visant à gonfler ses bénéfices au détriment des usagers. Plusieurs élus ont pris la parole. Ainsi Daniel Brélaz, syndic de Lausanne, a réaffirmé le soutien des autorités de la Ville, tout en mentionnant que les autorités locales n’avaient que peu de marge de manœuvre. Françoise Longchamp, conseillère communale PLR et interpellatrice au niveau communal, a rappelé combien cet office était utile aux habitants et usagers. Julien Eggenberger, député socialiste et auteur d’une interpellation (concerne également la poste de Crans-près-Céligny, ndlr) au Grand Conseil vaudois, a insisté sur le fait que la privatisation de La Poste faisait que le système d’aujourd’hui ne prend pas en compte l’intérêt des habitants et qu’il fallait se mobiliser pour les services

publics. Jean-Christophe Schwaab, conseiller national socialiste et interpellateur au niveau fédéral, a appelé à une bataille politique fédérale en relevant qu’une victoire était possible, comme elle a été possible sur l’électricité ou contre la privatisation des banques cantonales. Philippe Morerod, secrétaire de syndicom, a apporté le soutien du syndicat des postiers. Andrea Eggli, présidente d’Acidus, a appelé à constituer un front large pour défendre le service public dans tout le canton. Finalement, Bernard Joss et Michel Perret, représentants de la société de développement du quartier, ont affirmé de manière claire le refus des habitants de voir leur office de poste fermer. Plusieurs participants à la manifestation, dont le conseiller national Eric Voruz, ont pu ensuite témoigner de leur incompréhension et leur colère. Le collectif a déjà prévu de se réunir à nouveau afin de continuer la mobilisation dans l’optique d’obtenir le maintien de ce service public.

Communiqué des défenseurs de la Grangette

N.B. Des interventions ont été faites à tous les échelons politiques pour tenter de sauver la poste de la Grangette. Les habitants ont déposé une pétition munie de plus de 1000 signatures à la Municipalité de Lausanne. Cette dernière a écrit à deux reprises au géant jaune. (réd.)

Région Valais Lieu

Et aussi

Les négociations ont été difficiles, pour nous et pour La Poste. Tant à la table des négociations que lors des nombreuses assemblées organisées avec nos membres,

nous avons débattu de revendications ambitieuses et de problèmes urgents pour trouver des solutions réalistes. Nous nous sommes battus et – parce que c’était nécessaire – nous avons instauré une pause de plusieurs mois dans les négociations.

Séances d’information

Lieu

La plupart des allocations sont désormais assurées dans la caisse de pensions Poste : l’allocation pour service de piquet, l’allocation pour travail du soir, de nuit et le dimanche. Pour de très nombreux employé∙e∙s, ces allocations constituent une part importante du salaire, car elles sont indispensables à leur subsistance. Ce serait fatal qu’elles fassent défaut à la retraite ! Pour éviter que cette situation ne se reproduise, elles sont désormais comprises dans le salaire assuré et contribuent donc à la constitution de la rente. Le revenu tiré des allocations est pris en compte dans le calcul de la rente.

syndicom a démarré les négociations sous la devise « Oui à la transformation – Non au démantèle». Malgré les importantes ment  transformations intervenues au sein de l’entreprise, nous voulions que La Poste continue à garantir de bonnes conditions de travail à ses employé∙e∙s, aux membres de syndicom. Il ne s’agit pas là d’une simple obligation héritée du passé, mais d’une promesse importante et du meilleur investissement pour l’avenir. Pour nous, il va de soi que La Poste doit tenir compte de sa bonne réputation et de son image d’employeur social dans sa vision d’entreprise.

Au mois d’août 2013, nous avons entamé les négociations sur la nouvelle convention collective de travail (CCT) avec La Poste. Dès le début, il était clair que ces négociations ne seraient pas une sinécure. Car il s’agissait, ni plus ni moins, de renouveler la CCT de 2002 et de l’adapter à des conditions-cadres très différentes. Ces dix dernières années, le quotidien professionnel des collaboratrices et collaborateurs de La Poste a beaucoup changé en raison des mutations technologiques et sociales, de la pression économique et de nombreuses réorganisations internes. La Poste est passée d’une entreprise étatique de droit public à l’entreprise de droit privé Poste Suisse SA, avec ses sociétés de groupe Poste CH SA, CarPostal Suisse SA et PostFinance SA.

PHOTO MARGARETA SOMMER

CCT Poste 2016 : « Tout le monde sous un même toit »

Branches | 7

syndicom | N° 3 | 20 mars 2015

Sion

Lundi 23 mars

16 h 00

Hôtel Ibis, Grand-Champsec 21

Sion

Lundi 23 mars

19 h 00

Hôtel Ibis, Grand-Champsec 21

Sion

Lundi 30 mars

16 h 00

Hôtel Ibis, Grand-Champsec 21

Sion

Lundi 30 mars

19 h 00

Hôtel Ibis, Grand-Champsec 21

Martigny

Mardi 31 mars

16 h 00

Hôtel Vatel, rue Marconi 19

Martigny

Mardi 31 mars

19 h 00

Hôtel Vatel, rue Marconi 19

Monthey

Mardi 7 avril

19 h 00

Tomate Bleue, pl. de Tübingen 6

Sierre

Lundi 13 avril

16 h 00

Au Bourgeois, av. Rothorn 2

Sierre

Lundi 13 avril

19 h 00

Au Bourgeois, av. Rothorn 2

Environ 120 personnes ont participé au rassemblement contre la fermeture de la poste de La Grangette. (photo Acidus)


8 | Branches

syndicom | N° 3 | 20 mars 2015

Naufrage français et base arrière helvétique

Branches | 9

syndicom | N° 3 | 20 mars 2015 Résultats 2014

L’empire Hersant en Suisse

Tamedia : machine à cash pour les actionnaires

L’annonce en novembre de la fermeture du centre d’impression de Neuchâtel, propriété de la Société Neuchâteloise de Presse (SNP), dont le capital est détenu majoritairement par le groupe français Hersant, et de 35 licenciements, a remis en lumière la présence de ce groupe de presse en Suisse. Eclairage. Yves Sancey

Le résultat de l’exercice 2014 publié le 11 mars par Tamedia bat tous les records. Dès lors, syndicom exige une nouvelle orientation de la politique de l’entreprise zurichoise. Une politique qui place au centre le personnel et la qualité éditoriale plutôt que des bénéfices records. Charlotte Spindler

Né en 1957, Philippe Hersant, dirigeant du groupe Hersant Média (GHM), est un des fils de Robert Hersant, qui était surnommé « le papivore », en raison de ses nombreuses acquisitions de journaux. Philippe a hérité en 1985 de la partie antillaise de l’empire Hersant, le groupe France-Antilles (devenu GHM en 2006). Refusant toute interview comme son père, Philippe en a également hérité une certaine conception de son métier. Dans leur livre Info popcorn, Christian Campiche et Richard Aschinger indiquent en effet que « sa stratégie ramène le rôle d’éditeur de journaux à celui d’un marchand de savonnettes. La qualité de l’information n’est pas le souci premier des journaux régionaux possédés par Hersant en France ».

Chute française de la maison Hersant Dans les années 2000, du fait de l’endettement considérable de GHM, Hersant se désengage, vend de nombreux titres et restructure. Le transfert massif des annonces gratuites vers le Web a été négocié trop tardivement, avec des concurrents bien implantés. En 2011, Hersant dépose le bilan de sa société de journaux gratuits ParuVendu et de son centre d’impression. A la clé, le plus gros plan de licenciement en France en 2011 : plus de 3000 salarié·e·s virés, après des années d’ancienneté, avec en poche le seul minimum légal. L’affaire est toujours devant les Prud’hommes, avec 356 dossiers. En 2012, les banques

l’obligent à céder plusieurs titres. Dans Le Nouvel Obs (27.2.2012), le syndicat national français des journalistes (SNJ) dénonce la faillite du journal Paris Normandie due à des déficits structurels organisés : versement exorbitant de taxes managériales (managements fees) à GHM, vente d’actifs dont l’entreprise n’a pas vu la couleur, rotative faite d’un assemblage biscornu de vieilles machines, etc. En mai 2014, le groupe NiceMatin, propriété de Hersant, est placé en redressement judiciaire, puis repris en novembre par une coopérative de salariés, soutenue par Bernard Tapie. L’intersyndicale CGT-SNJCGC dépose en juin une plainte visant l’actionnaire principal GHM, pour banqueroute et abus de biens sociaux. « Trois millions d’euros ont été pompés chaque année depuis 2008 dans la trésorerie de Nice-Matin, qui sont en réalité des dividendes déguisés. Hersant a fait payer à NiceMatin des services dont nous n’avions pas besoin, des ‹ managements fees › tels qu’un service informatique et un service juridique » indique Jean François Roubaud, du SNJ, cité par L’Humanité (5.6.2014). En 2014, l’empire Hersant finit de se désagréger outre-mer avec, le 30 septembre, le placement en redressement judiciaire du quotidien France-Antilles Martinique, en cessation de paiement. Philippe Hersant « a complètement abandonné un navire amiral en train de couler », déplore le SNJ.

Exil fiscal Cela est ressenti d’autant plus fortement que, comme l’indique ladepeche.fr (19.2.2011), « les salariés reprochent entre autres à Philippe Hersant de céder ses bijoux de famille en France mais de se constituer un nouvel empire en Suisse, sur le lac Léman ». Un empire helvétique « financé par les bénéfices accumulés, entre autres, sur le dos des salariés français et les », dénonce le ventes de titres  SNJ. Depuis 2004, Hersant a en effet élu domicile à deux pas de Genève, à Presinge. Dès lors, la presse française le traite volontiers d’exilé fiscal. Il faut dire, explique Le Temps (24.7.2010), qu’au moment où il s’apprête à vendre ses parts dans Socpresse (4e groupe de presse français) à Dassault, « un exil fiscal lui permet d’échapper à l’impôt sur les plus-values sur les ventes d’actions et d’être au plus près de ses affaires suisses ». En 2011, il figurait dans la liste du magazine Bilan des 300 plus riches de Suisse, avec une fortune estimée entre 80 et 160 millions d’euros.

Base arrière helvétique Depuis 2001, Philippe Hersant s’est constitué une base arrière solide en Suisse, où il a lancé une active campagne d’acquisitions et compte désormais quatre quotidiens. Par le truchement d’Editions Suisses Holding (ESH), installé à Fribourg, Philippe Hersant possède une participation majoritaire dans le groupe Filanosa, avec dans son escarcelle de nombreux titres. Hersant est propriétaire de

La Côte (depuis 2001) à Nyon, et majoritaire dans L’Express (Neuchâtel) et L’Impartial (La Chauxde-Fonds) depuis 2002 quand l’éditeur de la SNP, Fabien Wolf­rath, lui a ouvert son capital. En 2010, Le Nouvelliste tombe entre ses mains et il est l’actionnaire principal de Rhône Média. ESH détient également des participations dans la télévision genevoise Léman Bleu et 35 % du capital de TVM3. Selon Le Point (21.12.2012), le groupe suisse d’Hersant compterait 350 salariés et réaliserait un chiffre d’affaires de 70 millions d’euros (93 millions de francs suisses d’alors).

Changement de méthode ? Les espoirs déçus d’Hersant d’entrer au capital de La Liberté de Fribourg (Bilan, 4.7.2011) et l’échec d’une imprimerie commune, évoquée un temps, avec le groupe Saint-Paul qui a préféré imprimer ses journaux chez Tamedia à Bussigny (VD), semblent avoir scellé le destin du centre d’impression de Neuchâtel, fermé en novembre. Datant de la fin des années 1980, les installations auraient nécessité un renouvellement trop coûteux, avait indiqué la SNP. Hersant a surtout fait le choix, rentable à court terme pour lui, de ne

pas investir, quitte à perdre une partie de son indépendance. Au final, ce sont 35 personnes qui sont licenciées (voir l’article cidessous sur l’aboutissement du plan social et syndicom, le journal n° 15, 2014). La partie suisse du groupe a-t-elle des soucis à se faire quant aux déboires de GHM dans l’Hexagone ? Dans un article du Temps (24.7.2010), Jacques Richard, alors administrateur délégué d’ESH, assurait « qu’il n’y a pas de vase ». Ce communicant avec GHM  groupe n’a certes aucune activité en Suisse, puisque Hersant y opère à travers ESH. Un certain nombre de procédures en France, encore en cours, lui demandent néanmoins des comptes. Dénoncées par les syndicats, les méthodes de Hersant en France – qui privilégient des profits à court terme, le pillage de la trésorerie et les plans sociaux au rabais plutôt que des investissements et une stratégie sur le long terme – laissent malheureusement planer quel­ques doutes sur la capacité à ne pas reproduire en Suisse les mêmes méthodes. Pour l’avenir des salariés travaillant dans les titres et la viabilité des imprimeries d’Hersant Suisse, nous espérons nous tromper.

CENTRE D’IMPRESSION SNP (NEUCHÂTEL)

SNP : accord sur un plan social Dans le cadre de la fermeture au 30 avril prochain du centre d’impression de la Société Neuchâteloise de Presse (SNP), les représentants de la direction, du personnel et de syndicom sont parvenus à un accord concernant les mesures d’accompagnement pour le personnel licencié. En novembre 2014, la SNP annonçait la fermeture de son centre d’impression de Neuchâtel pour le 30 avril 2015 et le transfert de ses productions auprès du CIL à Bussigny. Cette décision impliquait le licenciement de 35 collaborateurs. La direction de SNP s’est réunie dès le mois de janvier avec une délégation du personnel, assistée de syndicom. Les discussions ont permis de trouver un accord sur un plan social visant prioritairement à favoriser la reconversion professionnelle et la recherche d’emploi des collaborateurs licenciés, amortir le choc économique du licenciement et prendre en

considération la situation particulière des collaborateurs de plus de 60 ans. Le plan est notamment composé de mesures touchant à la formation, à l’outplacement, à des compléments de salaires et d’indemnités de chômage, ainsi qu’à des dotations aux capitaux de prévoyance. « Mandaté par le personnel de la SNP, syndicom, avec la commission du personnel, a cherché à le défendre au mieux même si un plan social, aussi bon soitil, ne remplace jamais la douleur et les conséquences dramatiques d’un licenciement » indiquent, pour leur part, Alex Patiño et Jean-François Donzé, délégués

syndicaux de syndicom. « Malheureusement, ajoutent-ils, au final, le plan social ne comporte pas d’indemnités de départ ni de préretraites contrairement aux souhaits du syndicat et du personnel. Toutefois, vu la situation, le syndicat, en contact permanent et en accord avec le personnel, a accepté le résultat des négociations mais sera vigilant dans l’exécution complète de tous les points de l’accord. » Le plan a été approuvé par l’Assemblée du personnel de production de la SNP. Sa mise en application sera assurée par une commission paritaire qui se réunira dès la fin mars. (syndicom)

Qui peut rêver d’un bénéfice avant amortissement et impôts – celui qui révèle la véritable force de frappe financière d’une entreprise – de 231 millions (soit une marge Ebitda de 20,7  %)  ? Tamedia, qui réalise « l’un des meilleurs exercices de Tamedia au cours de ses cent vingt ans d’existence » jubile Pietro Supino, président du conseil d’administration. Des chiffres qu’aucun autre groupe suisse de médias n’atteint, même approximativement.

Machine à sous Dans le secteur multimédia, Tamedia se mue en véritable machine à sous ; le secteur Digital croît et contribue toujours plus au bénéfice. Mais le secteur Print se taille toujours la part du lion, avec plus de deux tiers des bénéfices. Loin d’une crise de la presse, les médias

régionaux dégagent une marge Ebit­ da de 16,6 % et les médias nationaux de 18,5 % ! C’est avec les ressources des médias imprimés que Tamedia finance sa croissance dans le secteur numérique et enrichit ses actionnaires. syndicom ne critique pas l’engagement de Tamedia dans les médias et la publicité numériques. Mais il considère comme un affront que ces bénéfices ne soient pas investis dans le personnel, l’amélioration de la qualité éditoriale et du travail, mais qu’ils reviennent principalement aux actionnaires en étant soustraits à l’entreprise. La rémunération totale des sept membres de la direction augmente de 30 % à 8,2 millions de francs. Les dividendes des actionnaires doivent augmenter de 12,5 %, ce qui fait passer leurs indemnités à près de 48 millions de francs.

106 postes à la trappe chez Ziegler Druck (ZH)

Seuls 6,6 millions de francs sont prévus à titre de « participation au bénéfice » pour les 3400 employé·e·s qui ont contribué au bénéfice. Des augmentations de salaire adéquates pour tous passent une fois de plus à la trappe.

Augmentat ions de salaire indispensables Tamedia a les moyens financiers nécessaires pour développer la qualité éditoriale, améliorer les conditions de travail et augmenter les salaires. Des médias de qualité exigent des effectifs de personnel suffisants pour les produire. Et des personnes compétentes méritent de bonnes conditions de travail, ainsi qu’une convention collective de travail pour les journalistes, inexistante en Suisse alémanique et au Tessin. (syndicom)

Hommage à Jean-François Bapst

Tamedia mettra un terme aux activités d’impression commerciale de Ziegler Druck à Winterthour à la fin de cette année. C’est l’épilogue du rachat en août 2013 du Landbote de Winterthour et de son imprimerie par Tamedia. La mesure touche 106 collaborateurs. Quinze d’entre eux se voient proposer une retraite anticipée et les cinq apprentis poursuivront leur formation dans d’autres entités du groupe, voire ailleurs. Des solutions sont en cours de recherche pour 73 employés. Un plan social avait déjà été élaboré l’an dernier avec les partenaires sociaux, annonce l’éditeur zurichois. Lors des négociations du plan social, Tamedia n’a fait qu’une offre au rabais indigne de sa forte capacité financière.

Les activités d’impression digitale et les neuf employés qui y sont rattachés seront cédés à Stämpfli. Schellenberg Druck reprendra les activités d’impression offset et les quatre collaborateurs concernés au 1er avril de cette année. (syndicom)

Fermetures d’imprimeries

Tragique décès à la SNP Jean-François Bapst travaillait depuis plus de vingt-cinq ans à Neuchâtel, comme imprimeur à la SNP (Société Neuchâteloise de Presse). Il y imprimait notamment les journaux de

L’Express et de L’Impartial. Depuis plus de vingt-cinq ans, il était également membre de comedia puis de syndicom. Ce métier d’imprimeur lui tenait particulièrement à cœur. La fierté de participer à la chaîne de la transmission de l’information et du débat dans le canton. Pendant plus de vingtcinq ans, il y a consacré sa vie et une bonne partie de ses nuits. Ses collègues, c’était un peu sa famille. Le métier est bien sûr soumis aux défis de la dématérialisation de l’information et de la concentration, avec des machines toujours plus puissantes et rapides. A neuf ans de la retraite, il était persuadé de finir sa vie professionnelle à la SNP, la rotative ayant encore de la réserve, malgré des pannes pour lesquelles elle n’était pas responsable. L’annonce de la fermeture du centre d’impression de Neuchâtel et du licenciement de ses 31 salariés, révélée par le site arcinfo.ch le 27 novembre, Jean-François l’a vécue comme un véritable choc. Un plan social a certes été négocié au mieux par syndicom et des représentants des travailleurs, mais à plus de 55 ans, les perspectives d’emploi dans la branche sont bien maigres. Les contraintes du chômage qui se précisaient – et le cortège de déceptions à chaque réponse négative reçue aux offres déjà entreprises – l’ont insidieusement anéanti. N’ayant pas supporté ce licenciement, comme il l’a clairement écrit dans une lettre expliquant son geste, JeanFrançois a choisi de mettre fin à ses jours et de s’en aller le 25 février, à l’aube de ses 56 ans. Sa famille, ses collègues et le syndicat sont très affectés par ce décès qui rappelle que les décisions économiques et politiques des entreprises ont des conséquences, parfois dramatiques, pour les salarié·e·s qui les subissent.

NZZ : plan social, dernière consolation à Schlieren Malgré tous les efforts de la commission du personnel et d’entreprise ainsi que de syndicom, la fermeture de l’imprimerie NZZ n’a pas pu être évitée. Un bon plan social a néanmoins été négocié pour les 125 personnes licenciées. Il est inadmissible que la fermeture de l’imprimerie de Schlieren (pourtant rentable !) n’ait pas pu être évitée, que les arguments pertinents de la commission du personnel et d’entreprise aient été balayés par le conseil d’administration sans autres contre-arguments. C’est un scandale dont peu de personnes ont reconnu la portée. L’attention médiatique s’est plutôt focalisée sur la question du débarquement avorté de l’UDC dans ce bastion radical. (YS)

nouveau bref débrayage chez Roth & Sauter Après un deuxième débrayage de deux jours après celui du 23 février, les salarié·e·s de l’imprimerie Roth et Sauter à Denges (VD) ont repris le travail, au matin du 4 mars, suite au versement de leur salaire de février, avec six jours de retard par rapport à la mise en demeure qu’ils avaient envoyée à leur directeur. Les salarié·e·s sont particulièrement inquiets pour les deux mois qui les séparent, pour certains, de la fin de leurs contrats de travail. La direction a évoqué, oralement et dans la presse, des pistes pour l’avenir d’une partie du personnel. Les salarié·e·s et syndicom, qui les défend, attendent des propositions concrètes rapidement. (YS)

Yves Sancey

Nous adressons toutes nos félicitations à notre partenaire CPT pour son 125e anniversaire et le remercions de sa bonne collaboration. Le groupe Hersant supprime son imprimerie de Neuchâtel (ici la rotative) et délocalise l’impression à Bussigny chez Tamedia. Même si syndicom s’est battu pour obtenir le meilleur plan social possible, 35 salarié·e·s perdent leur emploi. (photo SNP)

Nous nous réjouissons d’un avenir commun avec la CPT et lui souhaitons une excellente santé.


10 | Manifestation du 7 mars 2015

syndicom | N° 3 | 20 mars 2015

Manifestation du 7 mars 2015 | 11

syndicom | N° 3 | 20 mars 2015

Femmes en force à Berne

Plus de 12 000 l’exigent : égalité salariale ici et maintenant !

plus de 5500 signatures Pour Regula Bühlmann, secrétaire centrale de l’USS, l’égalité salariale est d’abord une question de justice : « Concernant l’application des lois, les mesures facultatives constituent de toute évidence la mauvaise approche. Nous avons besoin maintenant de mesures contraignantes. Nous avons besoin de l’égalité sala-

riale pour que le travail rémunéré et le travail non rémunéré soient répartis équitablement, mais aussi pour que les femmes reçoivent une rente équitable, une fois à la retraite. » Afin que ces revendications se réalisent de manière durable, l’alliance a lancé un manifeste sur l’égalité salariale en prélude à la manifestation. Parmi les premières signataires, on trouve des personnalités comme la syndique de Zurich Corine Mauch, la réalisatrice Chantal Millès, l’artiste Pipilotti Rist et les anciennes conseillères fédérales Micheline Calmy-Rey et Ruth Dreifuss. A mi-mars, plus de 5500 personnes l’ont signé.

PHOTO YOSHIKO KUSANO

Non au paquet Berset

400 millions pour la remise en cause des rentes de veuve, 100 millions de cotisations supplémentaires. On nous dit ‹ c’est ça l’égalité ›. Mais les femmes gagnent toujours 20 % de moins que les hommes ! » Les inégalités de salaires et de parcours professionnel se répercutent sur le niveau des rentes. Ainsi, la rente moyenne du 2e pilier des femmes est de 18 000 francs contre 37 000 pour les hommes ! Seules 57 % des femmes touchent une rente du 2e pilier, contre 87 % des hommes. Cette manifestation est organisée dans le cadre de la Journée internationale des femmes, habituellement fêtée le 8 mars, et de la

L’autre grande revendication de la journée, c’est le refus des femmes d’une élévation de l’âge de la retraite prévue, entre autres attaques contre le système de retraites, par le projet « Prévoyance 2020 » du conseiller fédéral (PS) Alain Berset. Ce dernier a en effet présenté son paquet sur les retraites. Les deux mesures au cœur du projet sont l’élévation de l’âge de la retraite des femmes et la baisse du taux de conversion. Les femmes devront travailler une année de plus et payeront la facture de la réforme des retraites, rappelle le syndicat SSP : « 1,1 milliard d’économies pour la retraite à 65 ans,

Beau succès pour les organisations féministes et syndicales, dont syndicom [ci-dessus Angela Zihler (à g.) secrétaire centrale femmes / migration / indépendants et Bernadette Häfliger Berger, vice-présidente et responsable de l’égalité], à la veille de la Journée mondiale des femmes. Sur la place Fédérale à Berne, le 7 mars, plus de 12 000 personnes, de la gauche jusqu’à la droite, ont exigé l’égalité salariale « ici et maintenant ». L’autre grande revendication était le refus de l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, de la suppression des rentes de veuve et du paquet Berset. Les femmes font déjà la double journée (travail et ménage), s’occupent davantage des petits-enfants et des grands-parents (triple journée) tout en gagnant 20 % de moins ? Ça suffit !

4e action planétaire de la Marche mondiale des femmes (MMF). « Une caravane féministe part le 8 mars du Kurdistan turc ; elle parcourra l’Europe sur 17 000 km pour renforcer les liens entre les femmes qui résistent aux attaques qui, sous divers déguisements, sont partout dans le monde le produit du système patriarcal et capitaliste que nous combattons. Cette caravane, conduite par de jeunes féministes, sera en Suisse entre le 14 et le 25 mai, dont le 19 mai à Fribourg et du 23 au 25 mai à Genève » a indiqué Carolina Eraso, de la MMF, dans une des dernières interventions sur la place Fédérale.

Conférence de l’Union Syndicale Suisse Contrôles efficaces des salaires – maintenant ! Vendredi 12 juin • 9 h 30 à 16 h 30 • Hôtel Bern, Berne Chaque année, à cause des discriminations salariales, les femmes perdent 7,7 milliards de francs. Les organisations de femmes et les syndicats combattent depuis longtemps ces inégalités. Des mesures basées uniquement sur le volontariat ne produisent pas de résultat, comme le démontre le faible bilan de la mesure fédérale « Dialogue sur l’égalité des salaires ». Ce programme basé sur la seule « bonne volonté » patronale a pris fin, faute d’un nombre suffisant d’entreprises prêtes à y participer. Le Conseil fédéral doit reprendre la main. Or, il a annoncé dernièrement vouloir ordonner des mesures politiques. Quelles seront-elles ? Dans

Manifestat ion romande RETRAITES 2020, c’est NON ! Samedi 30 mai 2015 • 14 h 30 Lausanne • Place Saint-François

PHOTO SANDRA GUIGNARD

Une vaste alliance de femmes demande au Conseil fédéral que des mesures efficaces soient désormais prises, car les mesures facultatives n’ont pas atteint leur objectif : trente-quatre ans après son

d’alliance F, a souligné l’importance de l’égalité salariale pour les femmes et l’économie : « L’inégalité salariale agit tout au long de la vie ; les jeunes femmes entrent en effet dans la vie professionnelle avec 8 % de salaire en moins. »

Cet argent leur manque, comme il manque à leurs familles et aux retraitées. C’est pourquoi une alliance de 48 organisations emmenées par alliance F et l’Union syndicale suisse (USS) a, à l’occasion de la Journée internationale de la femme et deux jours avant l’« Equal Pay Day » (journée de l’égalité salariale), appelé à une grande manifestation à Berne. Plus de 12 000 femmes et hommes ont suivi cet appel et exigent, avec cette alliance de femmes, l’application rapide et systématique de l’égalité salariale. A cet effet, des contrôles s’imposent. Kathrin Bertschy, coprésidente

PHOTO SUSANNE OEHLER

7,7 milliards par année perdus

inscription dans la Constitution fédérale, l’égalité salariale n’est toujours pas devenue réalité. En Suisse, les femmes continuent de gagner 18,9 % de moins que les hommes. Une partie de cette inégalité peut s’expliquer par des critères comme le travail à temps partiel, l’expérience professionnelle et les responsabilités assumées. Mais environ 40 % de la différence de salaire ne peut pas se justifier avec des critères objectifs. Ils sont donc, purement et simplement, de la discrimination. Chaque année, les femmes perdent 7,7 milliards de francs uniquement à cause de leur sexe.

PHOTO YOSHIKO KUSANO

Des salarié·e·s de très nombreux syndicats – dont syndicom – étaient présent·e·s. Les manifestant·e·s formant une mer de ballons roses et blancs sont partis de la Schützenmatte vers 13 h 30, puis ont traversé la ville avant de rejoindre la place Fédérale. Dix représentantes d’organisations engagées y ont pris tour à tour la parole.

PHOTO SANDRA GUIGNARD

PHOTO YOSHIKO KUSANO

Sur la place Fédérale à Berne, le 7 mars, plus de 12 000 femmes et hommes, de la gauche jusqu’à la droite, ont exigé l’égalité salariale entre femmes et hommes. Une grande partie des manifestant·e·s ont également exprimé leur refus de l’augmentation de l’âge de la retraite et du paquet Berset. Yves Sancey avec l’USS

Avant que la discussion ne démarre aux Chambres fédérales, et avant les élections, envoyons un signal clair à nos élu·e·s et renvoyons le « paquet Berset » à son expéditeur.

quelle direction iront-elles ? Plus généralement, comment pouvonsnous enfin atteindre l’égalité salariale ? La conférence de l’USS apportera des réponses à ces questions. Membres : gratuit (Unia, SEV, syndicom, SSP, Garanto et Nautilus). Frais de la journée non-membres : 180 francs. Intervenant·e·s : notamment Paul Rechsteiner, président de l’USS et conseiller aux Etats ; Regula Bühlmann, secrétaire centrale de l’USS ; Sylvie Durrer, directrice du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes (BFEG) ; Vania Alleva, viceprésidente de l’USS. Infos, inscriptions : www.movendo. ch, cours (B4.1.1501)


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syndicom | N° 3 | 20 mars 2015

portrait de membre

LES TYPOs à l’honnneur

Interconnexion, encouragement et inspiration Mari Buonocore étudie la communication visuelle à Lugano. Elle se consacre entre autres à la photographie et au traitement vidéo. Pour elle, syndicom est un lieu de mise en réseau. Giovanni Valerio et Felix Graf * Giulia Centemeri Fontana, j’ai compris que syndicom offre de nombreux avantages. Il organise par exemple régulièrement des cours et je peux compter sur lui si j’ai besoin d’aide ou de conseils. » Les événements organisés par syndicom jouent un rôle important pour Mari. Elle y recueille des idées utiles pour les spécialistes de la communication visuelle. L’un de ces événements est le « Communico », une journée organisée à l’université de Mari pour les membres du domaine du graphisme et de la communication visuelle. Mari s’enthousiasme aussi pour un autre projet : les profils, actuellement en cours de développement, qui seront présentés sur le site Internet de syndicom. Il doit en résulter une plateforme, où chaque membre créatif de syndicom pourra s’enregistrer et télécharger ses propres travaux.

« J’apprécie de pouvoir enfin me consacrer à ce qui n’était auparavant qu’un hobby ! » C’est ainsi que commence l’interview avec Mari Buonocore, 23 ans, actuellement en deuxième année d’étu­ des de communication visuelle à la SUPSI (école universitaire professionnelle de la Suisse italienne) à Lugano Trevano. Elle y étudie tous les domaines de la communication visuelle – de l’édition à la photographie, en passant par la vidéo et le Web. Plus d’une fois, elle a déjà mis en pratique les méthodes apprises en classe dans des projets personnels. « C’est très précieux, il en reste toujours quelque chose à mentionner dans le curriculum vitae ou à présenter sur des plateformes en ligne telles que Flickr, où je mets en ligne la plupart de mes photos. » Depuis qu’elle a 13 ans, Mari se passionne pour tout ce qui touche au traitement de l’image et de la vidéo. Après ses études au gymnase, elle suit le cours propédeutique au CSIA (Centro scolastico per le industrie artistiche, école des arts appliqués) avant de s’inscrire à la SUPSI. « Je constate souvent que de nombreuses options ne seraient pas si faciles d’accès sans une formation gymnasiale. »

Source d’inspiration Mari estime qu’il est important pour les jeunes de se syndiquer. « Car les problèmes des uns concernent souvent beaucoup d’autres jeunes. Le syndicat est en mesure d’apporter des solutions que l’on trouverait difficilement seul ! » Elle répète souvent à ses camarades qu’ils n’ont pas d’excuse de renoncer à adhérer. L’affiliation offre un soutien et parfois aussi une source d’inspiration. « Pendant les manifestations organisées par syndicom, il est possible de rencontrer des collègues de travail et de nouer des contacts utiles pour son futur professionnel ! »

Travailler pour des amis et des connaissances Comme Mari étudie à plein temps, elle manque de temps pour l’apprentissage pratique. Mais elle accepte régulièrement de petits mandats : « Je travaille pour des amis et des connaissances. Ils me paient généralement un montant horaire qu’ils estiment adapté. » C’est par l’intermédiaire de camarades qui l’ont rendue attentive au syndicat que Mari s’est affiliée à syndicom. « Après une discussion avec la secrétaire régionale

Traduction de l’allemand : Alexandrine Bieri

Mari Buonocore · Ceci n’est pas un selfie, mais un vrai autoportrait. (photo Mari Buonocore)

Profil Flickr de Mari : flickr.com/photos/maricore

Droit au but

Résiliation du contrat pendant un congé non payé « Je travaillais depuis dix ans auprès du même employeur quand j’ai convenu oralement avec lui d’un congé non payé de trois mois pour entreprendre un long voyage à l’étranger. A mon retour, j’ai trouvé la lettre de résiliation de mon employeur dans le courrier. Comme personne n’avait retiré la lettre recommandée à la poste, elle m’avait ensuite été adressée par courrier normal. J’ai ainsi appris que mon contrat de travail avait été résilié dans le respect du délai de résiliation de deux mois. La lettre de résiliation m’avait déjà été envoyée trois semaines après mon départ. Que faire ? » La résiliation est une déclaration d’intention unilatérale nécessitant réception. Elle est considérée comme remise si elle a été adressée au destinataire de manière à lui permettre d’en prendre connaissance. Tu as reçu la lettre de résiliation par courrier recommandé. Comme la lettre recommandée n’a pas été retirée, le dernier jour du délai prévu pour le retrait constitue la date de réception du point de vue juridique. Par conséquent, la résiliation est réputée valable. Indépendamment de la date de notification, il faut s’interroger sur le début du délai de résilia-

tion. Il doit laisser du temps à la personne licenciée pour chercher un nouvel emploi. La lettre de résiliation t’a été envoyée par ton employeur en connaissance de ton absence. Tu ne pouvais donc en prendre connaissance qu’à ton retour et n’avais aucune raison d’effectuer des recherches d’emploi avant cette date. L’employeur étant conscient de ce fait, le délai de résiliation ne court qu’à partir de la fin de ton congé non payé. Les rapports de travail se poursuivent donc pendant le délai de résiliation de deux mois et l’employeur est tenu de te verser ton

salaire pour le travail fourni pendant cette période. Si ton employeur invoquait un autre délai de résiliation, il serait qualifié d’abusif. Car en prononçant un licenciement pendant le congé d’un salarié, l’employeur éviterait de payer le salaire durant le délai de résiliation. De plus, tu as pris ce congé sabbatique en étant sûre de retrouver ton travail ensuite, ce qu’il convient de protéger. Je te recommande d’informer ton employeur par lettre recommandée que le délai de résiliation ne court qu’à l’expiration de ton congé non payé et que tu es dis-

carnet

L’œil de Jean Mentha « Une vie de typographe », c’est ainsi que Jean Mentha a sous-titré le livre qui nous fait parcourir soixante années de formations, de créations, de regards sur la typographie suisse (romande et alémanique) mais aussi française, depuis le début de son apprentissage le 1er avril 1954. « Un œil, des œils », cette particularité orthographique est le titre qu’il a choisi pour nous faire vivre à travers son regard, ses yeux, l’itinéraire d’un typographe, d’un enseignant, d’un créateur toujours à la recherche de la beauté des formes : depuis la plus simple, celle d’un caractère typographique ou d’un logo, à celle plus complexe d’une affiche ou d’une mise en page. Le choix de ce titre, qui attire l’œil, nous oblige à résister aux ordres des « corrigeurs » informatiques qui veulent nous forcer à corriger « œils » en « yeux ». Ces « œils » de caractères pourraient résumer les traits principaux de Jean Mentha : un résistant de caractère.

Les lumières

Jean est un typographe mais pas comme les autres. Sa « carrière » ne fut pas linéaire, même s’il a toujours préféré les linéales. Jean est un créateur, mais pas comme les autres : impossible de le classer dans un style autre que le sien, qu’il mettait au service des communautés où il a vécu. Jean fut un enseignant en typographie, mais pas comme les autres : il faisait vivre ses cours pour susciter de tous ses élèves le plus de créativité possible. Ce qui fut très difficile avec moi quand j’ai suivi ses cours pour l’obtention du brevet de typographiste (encore un mot qui résiste au « corrigeur » Word). Dans son livre, Jean raconte toutes les étapes de cette vie de recherche de la beauté et de création à travers ses œuvres mais aussi à travers celles des autres, qui lui ont ouvert le regard sur toutes les facettes des « œils » de caractères. Mais je vous laisse découvrir la suite dans des pages qui se succèdent avec autant de plaisir que de facilité parce qu’il est passionnant de lire le récit

d’un passionné. Je ne voudrais cependant pas terminer sans souligner que Mentha est aussi un homme engagé, citoyen du monde, membre du syndicat depuis le 1er jour de son apprentissage et fier d’avoir un petit-fils polygraphe et typographiste, Pietro Togni, qui a réalisé la mise en page de son livre, et est syndiqué tout comme lui

Bernard Remion

Jean Mentha, Un œil, des œils. Une vie de typographe. Propos recueillis et mis en forme par Claude-Alain Kleiner. Editions Attinger, Hauterive, 2014, 144 p.

Chroniques typographiques illustrées Roger Chatelain aime partager sa passion pour la typographie et l’enseignement. Dans ce troisième volume de ses petites chroniques illustrées, il continue de nous raconter de petites histoires de quelques pages. Ainsi disserte-t-il sur les vertus supposées et en partie contestables de la « belle page », la page de droite d’un livre. Pour cette édition, il tranche en quelque sorte le débat avec un format vertical sur deux pages qui supprime la notion de page de gauche ou de droite ! Au détour des pages, Chatelain fait se télescoper un Blaise Cendrars typographe avec Le Corbusier, des dadaïstes en passant par des typographes tombés dans l’oubli comme Imre Rainer et son fabuleux caractère, le Pepita. Autre pépite, un rappel de la tradition anarchiste des correcteurs ou le rôle de certains

typographes comme Robert Estienne, défenseur de la libre pensée, jugé puis brûlé à Paris. Chatelain peut nous tenir en haleine sur l’histoire du circonflexe dont certains ont voulu la disparition en 1990 et d’autres qui se sont demandé si son nom en avait été privé. Des clins d’œil au Jura, forcément, et aux fidèles compagnons des arts graphiques. Des jeux de mots. L’ouvrage de Chatelain se lit d’autant mieux que de très instructives illustrations, comme le beau dessin de Martial Leiter sur la lutte du papier à l’heure de la dématérialisation, parsèment le chemin de la lecture offrant de très belles plages de respiration et d’inspiration au lecteur, novice et curieux ou au spécialiste. Un livre qui élargit notre regard et notre connaissance sur cet art typographique toujours fascinant

qui ordonne la pensée et le discours avec seulement vingt-six lettres.

Yves Sancey Roger Chatelain, Vous avez dit typographie ? Nouvelles « Chroniques typographiques illustrées », Editions Ouverture, Collection Son mot à dire, Le Mont-surLausanne, 2014, 160 p.

Sur son petit carnet elle a noté : farine, œufs, sel, poivre, concombre, papier toilette… ou quelque chose de ce genre. Banale et quotidienne liste de courses d’une femme qui, pour ne pas trop se perdre dans les couloirs labyrinthiques d’un centre commercial, prépare ses achats à l’avance. Mais cette fois, commençant un jour et le poursuivant durant une année, elle a tenu le journal de ses visites à cet hypermarché du centre commercial des Trois-Fontaines, en région parisienne. « Voir pour écrire, c’est voir autrement », confie-t-elle. Elle note donc ce qu’elle voit, ce qu’elle entend, les gestes, les habits, les choix des uns et des autres, les promotions, les affaires de Noël, la queue devant la caissière, l’impatience… Le texte qui ressort de ses déambulations d’écriture est un texte fluide, mélodieux, posant de la douceur là où la dureté et la pauvreté s’exclament, écornant sans rancœur avec la lucidité et la neutralité qu’on lui connaît ce système capitaliste aux cartes de prêts et aux annonces criardes ; notant ici le mensonge, là l’absence d’humanité ou de bienveillance. Elle, Annie Ernaux, la femme extirpée de sa classe sociale ouvrière et de la honte d’y avoir grandi ; elle, l’auteure reconnue, au terreau autobiographique, sociologique, qui interroge l’expérience collective au travers de l’expérience individuelle ; elle qui fut une enseignante… nous invite ainsi au cœur de la lutte des classes. D’un côté celles qui consomment bio au marché du quartier, de l’autre celles qui font la queue sous des néons et dont tout le monde se fout bien. Et cette description finement romancée révèle peu à peu une déclaration pour l’humain, petite chose travailleuse perdue dans une fourmilière trop enfouie, trop bordélique, trop injuste mais où elle a appris à vivre, parfois en poésie, parfois en invisible, parfois en soumission. Alors il s’agit de lever la tête vers ces néons blafards, comme cette mère qui dit un jour à sa fille : « regarde les lumières mon amour », pour se dire que rien, non, n’est totalement perdu, et que même la fadeur d’un centre commercial peut, de pages en pages, révéler quelque chose de plus précieux que tout : ce que nous sommes.

Karelle Ménine Annie Ernaux, Regarde les lumières mon amour, Editions du Seuil, Paris, 2014, 76 p. (photo C. Hélie / Gallimard)

Journée d’action mondiale pour la défense du droit de grève

Grosse mobilisation pour le droit de grève Le 18 février, à Genève, plusieurs centaines de syndicalistes ont participé à la journée d’action mondiale pour la défense du droit de grève. Des centaines d’actions ont eu lieu dans plus de 60 pays. Un premier succès a ensuite été obtenu à l’OIT. PHOTO MARGARETA SOMMER

La résiliation des rapports de travail peut être prononcée durant un congé non payé. Les principales obligations contractuelles des deux parties (c.-à-d. versement du salaire contre prestation de travail) sont suspendues pendant un congé sabbatique, mais le contrat de travail subsiste pour les autres droits et obligations. Par conséquent, un licenciement peut aussi être prononcé durant un congé non payé. Il faut en revanche vérifier s’il a été remis dans le respect des règles légales et quel est le début du délai de résiliation dans un tel cas.

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posé à travailler durant ces deux mois. S’il invoque un délai de résiliation antérieur, fais immédiatement recours pour licenciement abusif.

Kathrin Melzani, conseillère juridique, collaboratrice au service juridique Traduction de l’allemand : Laurence Strasser

Les attaques dirigées contre le droit de grève se multiplient. Au cœur même de l’Organisation internationale du Travail (OIT), l’Organisation internationale des Employeurs (OIE) bloque la reconnaissance explicite de ce droit humain. Les syndicalistes ont exigé, devant le siège de la Fédération des entreprises romandes (FER) qui, en tant que membre de la délégation suisse auprès de l’OIT, est en étroit contact avec l’OIE, que le droit de grève soit reconnu par celle-ci. Luca Cirigliano, secrétaire central de l’Union syndicale suisse (USS), a remis une lettre à Blaise Matthey, direc-

teur général de la FER, et souligné que « le droit de grève est le droit humain fondamental des travailleurs et travailleuses de recourir, en cas de conflit, à l’ultime mesure de lutte dont il disposent, c’est-à-dire d’arrêter le travail ». Même si l’OIT a, suite à la plainte déposée par l’USS, blâmé à plusieurs reprises la Suisse et demandé qu’elle prenne les mesures qui s’imposent, les employeurs, les milieux économiques et la droite politique bloquent les timides tentatives faites par le Conseil fédéral pour améliorer dans la loi la protection contre le licenciement.

Il est plus que temps que les droits syndicaux fondamentaux, comme la protection contre le licenciement antisyndical, la réintégration des personnes abu-

sivement licenciées et le droit de grève, soient pleinement respectés, ont encore souligné les représentant·e·s de la Communauté genevoise d’action syndi-

cale (CGAS), du Cartel intersyndical du personnel de l’Etat et des syndicats internationaux. La mobilisation a porté ses fruits : le droit de mener des actions collectives a été reconnu lors d’une réunion spéciale à l’OIT tenue du 23 au 25 février à Genève.

USS / YS Ce 18 février, quelque 200 syndicalistes suisses et internationaux ont exigé, devant le siège de la Fédération des entreprises romandes (FER), membre de la délégation suisse auprès de l’OIT, qu’elle reconnaisse le droit de grève. (photo Demir Sönmez)


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formation

ARC JURASSIEN

Inscriptions : Monbijoustrasse 61, CP, 3000 Berne 23, tél. 031 370 00 70, fax 031 370 00 71, info@movendo.ch

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2015 de la section Elle se tiendra le samedi 11 avril à 14 h 30 au centre de Loisirs de Saignelégier (salle Saturne). A l’ordre du jour : rapport, comptes, budget, informations syndicales. Les orateurs du jour seront : Fabienne Brunner secrétaire régionale, sur le thème du « burnout », et Bernard Remion, ancien secrétaire régional IGE. L’invitation se fera par le bulletin de section N° 40, que chaque membre de la section recevra prochainement. Le comité vous attend nombreuses et nombreux à cette assemblée durant laquelle vous aurez l’occasion de vous informer et de vous exprimer sur les sujets du moment. Un apéro dînatoire suivra cette assemblée auquel chaque membre est cordialement invité.

L’analyse transactionnelle, niveau 1 (F2.4.1502). 13-14.4.2015 ; Hôtel de France, Ste-Croix. Thèmes principaux : Présentation de l’analyse transactionnelle – Etats du moi – Echanges principaux – Coopération – Signes de reconnaissance. Intervenante : Nicole Senn Mayor (formatrice d’adultes). Cycle ARPIP 2014-2015 – Allocation stratégique de placement (F1.3.1503). 16.04.2015 ; Hôtel Préalpina, Chexbres. Thèmes principaux : Les types de placements d’actifs – Définir l’allocation stratégique de placement – Les responsabilités du conseil de fondation - Le rôle des consultant·e·s. Intervenants : Aldo Ferrari (Unia), consultant en placement. PowerPoint (F1.6.1506). 21.4.2015 ; Synergic, Yverdon-les-Bains. Thèmes principaux : Animation – Ecritures spéciales – Utilisation des fonds prédéfinis – Insertion du bruitage, d’une musique – Création d’un diaporama – Astuces. Intervenant : Otto Keller (ingénieur et formateur).

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Les bases de Windows sur PC (F2.6.1503). 23-24.4.2015 ; Synergic, Yverdon-les-Bains. Thèmes principaux : Monde de l’informatique – Gestion de dossiers et fichiers – Fonctions de base – Personnalisation du bureau – Aperçu des logiciels de la bureautique. Intervenant : Otto Keller (ingénieur et formateur).

Cct poste 2016 « on tour » Dates, fin mars et avril, et lieux dans votre région des séances d’information sur les résultats de négociation de la nouvelle CCT Poste 2016 : page 7 !

La répartie judicieuse (F2.4.1515). 24.4.2015 ; Hôtel La Longeraie, Morges. Thèmes principaux : S’immiscer dans un débat spontané – Choisir les mots justes et percutants – Gérer le temps court à disposition – Composer avec ses propres émotions. Intervenant : Roland Borremans (formateur d’adultes).

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Accompagner et conseiller des collègues en situation difficile (F1.7.1507) ; 27-28.4.2015 ; Hôtel de France, Ste-Croix. Thèmes principaux : Analyse de situations de conflits – Evaluation des actions possibles – Recherche de solutions équitables. Intervenants : Roland Conus (Unia), Achille Renaud (Unia). Pour les membres, les frais (cours, alimentation et / ou nuitée selon annonce) d’au moins un cours par année sont pris en charge par le syndicat. Après réception de votre inscription, nous vous informons des conditions auxquelles vous pouvez participer à la formation choisie. La communication interculturelle (F2.4.1513). 4-5.5.2015 ; Hôtel Préalpina, Chexbres. Thèmes principaux : Concepts de culture et d’interculturalité – Stéréotypes et préjugés – Liens entre perceptions, valeurs et cultures – Compétences interculturelles. Intervenante : Catherine Fellmann (formatrice d’adultes). Relancer l’économie pour toutes et tous, austérité ou courage ? (F2.1.1503). 6.05.2015 ; Hôtel Préalpina, Chexbres. Thèmes principaux : Banques centrales – Banques commerciales – Création de la monnaie – Traités économiques – Endettement public – Privatisation – Alternatives à l’austérité. Intervenant : Samuel Bendahan (économiste, chargé de recherche). I Gestion de projets : survol Ce séminaire permettra aux participant·e·s d’acquérir les bases pratiques de la gestion d’un projet : genèse, définition et déroulement d’un projet ; définition des étapes et des jalons ; instruments de pilotage et d’évaluation. Les éléments concernant le travail d’équipe et la communication interne, essentiels dans la gestion de projets, seront également abordés. Dates : les 04.06., 16-17.06. et le 26.08.2015 en Romandie (4 journées) Intervenant-e-s: Olivier Tilleux (EFFE) ; Marie-Thérèse Sautebin (formateurs d’adultes) Frais de cours : (1320 fr.), alimentation et 1 nuitée pour le personnel des syndicats affiliés à Movendo (470 fr.) : pris en charge par le syndicat concerné. Gestion de projets : approfondissement + coaching Condition d’inscription : avoir suivi la première partie (survol) de ce séminaire et avoir un projet concret à mener Ce séminaire permettra aux participant·e·s d’acquérir des compétences approfondies en gestion de projets : rôles et définition des tâches ; contraintes et ressources nécessaires ; planification des étapes ; pilotage concret du projet ; travail en réseau (experts, groupe de résonance) ; communication interne et externe ; évaluations intermédiaires et finales. Les participant·e·s travailleront concrètement sur leur propre projet en bénéficiant du coaching des intervenant·e·s. Dates : les 16-17.09., 27-28.10. et le 23.11.2015 en Romandie (5 journées) Frais de cours : (1650 fr.), alimentation et 2 nuitées pour le personnel des syndicats affiliés à Movendo (670 fr.) : pris en charge par le syndicat concerné.

SECTEUR MÉDIAS COURS DE PERFECTIONNEMENT 2015 Inscriptions sur www.helias.ch

Le nouveau programme pour 2015, avec des cours de perfectionnement attractifs, est en ligne sur www.helias.ch. Animatrice (sauf indications contraires) : Birgit Ewert, instructrice Adobe. Lieu (sauf indications contraires) : Imprimerie Saint-Paul, boulevard de Pérolles 38, Fribourg. Nouveautés d’Adobe Creative Cloud. 6 mai. Délai d’inscription : 14 avril. Photoshop avec tablette graphique Wacom Intuos 4. 7 mai. Délai d’inscription : 14 avril. La photographie numérique, atelier théorique et pratique. Lieu : LookA, rue du Nord 4, 1800 Vevey. Animateur : Luca Carmagnola. Deux dates à choix : 12 et 13 mai, délai d’inscription : 21 avril  et 17 et 18 novembre, délai d’inscription : 27 octobre. Retouche d’image avec GIMP – l’alternative gratuite à Photoshop. 18 mai. Délai d’inscription : 28 avril. Illustrations avec Inkscape – l’alternative libre à Illustrator. 19 mai. Délai d’inscription : 28 avril. Mise en page avec SCRIBUS – l’alternative libre à InDesign ou Quark Xpress. 20-21 mai. Délai d’inscription : 28 avril. Joomla Introduction. 16-17 juin. Délai d’inscription : 26 mai. Animateur : Ueli Baumgartner + Beat Kipfer.

CONTACTER SYNDICOM

Agenda

MOVENDO l’institut de formation des syndicats

Changement de date : merci de bien prendre note et modifier la date pour le cours Helias 2015F.19 Création de site Internet avec Adobe Muse déplacé du 26 mars au 22 avril (délai d’inscription 31 mars).

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Nouveautés d’Adobe Creative Cloud. 9 septembre. Délai d’inscription : 18 août. Site Internet avec Adobe Muse. 29 septembre, délai d’inscription : 8 septembre. Animateur : Tony Manganelli. iPad pour l’utilisation professionnelle. 6 octobre 2015. Délai d’inscription : 15 septembre. Publication sur iPad à partir d’InDesign. 7-8 octobre 2015. Délai d’inscription : 15 septembre. Création de formulaire avec InDesign. 27-28 octobre 2015. Délai d’inscription : 6 octobre. Nouveautés d’Adobe Creative Cloud. 2 décembre. Délai d’inscription : 10 novembre. NOUVEAU : Internet, risques et opportunités : Optimisez vos chances de réussite. 12 novembre. Délai d’inscription: 20 octobre.

Conférence de branche Industrie graphique Industrie graphique – CCT 2016 – Samedi 11 avril 2015, Zurich, Restaurant Falcone, Birmensdorferstrasse 150. Le 11 avril prochain, la branche Industrie graphique tiendra à Zurich sa première conférence nationale sur le thème du CCT 2016. D’importantes décisions devront être prises étant donné que Viscom résiliera certainement l’actuel CCT qui expire le 31 décembre. Pour avoir voix au chapitre, inscris-toi maintenant à la conférence nationale de la branche à cette adresse : caroline.vogt@syndicom.ch. Convaincs tes collègues d’en faire autant. Dans un esprit d’équipe, luttons ensemble 1

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Adressez votre solution (les trois chiffres dans les cases en bleu, dans l’ordre, de gauche à droite) d’ici au 6 avril à : Rédaction syndicom, le journal, rue Pichard 7, 1003 Lausanne. La réponse et le nom du ou de la gagnant·e seront publiés dans le N° 4. Il ou elle recevra un bon d’essence de 30 francs offert par notre partenaire de prestation Eni.

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pour de bonnes conditions de travail dans ce secteur important pour l’économie de notre pays. Les journaux, les revues, les livres, les catalogues, les calendriers, le matériel publicitaire et bien d’autres produits qui sont imprimés aujourd’hui le seront aussi demain. Ne permettons pas qu’ils soient imprimés sans aucune reconnaissance pour le dur tra-

vail fourni. Nous voulons un modèle de retraite anticipée. Nous voulons un CCT déclaré de force obligatoire maintenant et disons NON à une nouvelle attaque contre l’actuel CCT. Merci de remplir le sondage ! Réserve la matinée du 23 avril. On planifie une première action pour notre CCT !

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Let tre de lecteur

NEUCHÂTEL

GROUPEMENT DES RETRAITÉ·e·S DE L’IMPRIMERIE L’assemblée générale annuelle s’est tenue dans le local syndicom, rue du Temple-Neuf 11, le 12 février à 14 h 30. Ordre du jour statutaire. Le président Eric Schindelholz ouvre la séance, souhaite la bienvenue, communique le programme d’activités 2015 de l’Arc jurassien et fait part de la correspondance concernant l’unification des cotisations. Le procès-verbal de la dernière assemblée générale est lu par André Glauser. Concernant les rapports, le président relate les faits de l’année écoulée. Suite à la démission de la présidence du collègue Joaquim Tavares il a accepté cette fonction. Le 19 mars le comité a participé à l’assemblée annuelle des retraités de l’Arc jurassien à Maivilliers. Le 26 mars, notre nouveau caissier, le confrère Guy Vogelsang, nous a quittés et le samedi nous avons dit au revoir à notre dévoué et regretté collègue. Mercredi 13 août, notre groupement est une nouvelle fois attristé par le décès de l’épouse de notre confrère Jean-René Mentha. Un moment de silence est observé en leur mémoire. Deux collègues ont participé à la course et visite, magnifiquement organisée, à Meiringen. Croisière annuelle le 14 août, à Praz. 15 octobre : sortie du livre de notre confrère J. Mentha Un œil des œils (voir page 13). Le comité a participé à la réunion du 22 octobre, à Saignelégier, concernant l’unification des cotisations syndicom, et également à la course et visites de Tavannes et Champoz. Dernière rencontre de l’année : déjeuner de fin d’année au Restaurant du Vignoble à Peseux. Une belle et conviviale réunion. L‘intérim de la trésorerie a été assuré par le président. Les vérificateurs des comptes, Margrit Tavares et André Glauser, ont proposé à l’Assemblée d’approuver les comptes avec remerciements pour l’intérim assumé, suite au décès du titulaire. Nominations : présidence : Joaquim Tavares, secrétariat : Margrit Tavares et trésorier : Eric Schindelholz. Vérificateurs des comptes : André Glauser et Marcel Desperques. Programme d’activités : participation aux sorties des retraités de l’Arc jurassien et rencontres traditionnelles du groupement. Divers : Dépôt des archives du groupement de Neuchâtel. Le comité

E

Gagnante du Quiz sur l’égalité Dans le journal de syndicom (01 / 2015) du 23 janvier, nous renvoyions à un quiz en ligne sur l’égalité. L’heureuse gagnante du premier prix est Kremena Lehman de Härkingen (SO). Nous la remercions chaleureusement avec un bon Ticketcorner d’une valeur de 200 fr. !

LA POSTE, UN SERVICE PUBLIC BAFOUÉ ! Une ordonnance permet de renoncer à la tournée du facteur dans les zones comptant moins de cinq maisons à l’hectare, ou si le temps nécessaire pour desservir une maison habitée dépasse deux minutes. Des députés de divers partis veulent obliger le gouvernement à revoir la liste des exceptions du service universel. Mais le Conseil fédéral fait le gros dos, en évoquant l’équilibre financier de l’ancienne régie. Il semblerait, qu’une majorité de nos parlementaires nationaux s’inquiètent davantage de se faire de l’argent au travers des conseils d’administration et autres lobbys, que de se tracasser des citoyens désappointés. Selon les estimations, ce sont plus de 10 000 habitations qui n’ont plus aucun droit légal à être desservies, donc menacés potentiellement. Mais ou va ce pauvre géant jaune, qui fait pourtant des milliards de bénéfices ces dernières années ? Il préfère vendre des pommes de douche pour mieux doucher ses clients que de s’occuper de ce à quoi il est dévolu ? Une anomalie évidente avec ses bénéfices excessifs, La Poste, soi-disant service public, n’est pas censée faire du bénéfice, donc au travers de ces milliards engrangés nous payons un impôt indirect inadmissible ! Car pour une bonne part, cet argent va rejoindre la caisse sans fond de la Confédération… Et, plus inquiétant encore, le désir de cette dernière de ne plus verser d’argent dans la caisse de pensions Poste, argent pourtant dû par la caisse fédérale ! Cela, en regard de l’ancienne CFA, dilapidée par les décideurs fédéraux d’alors… En marge de cette fumisterie, reste ces baisses de prestations en distribution, les fermetures de bureaux de poste toujours de rigueur. Cela, au grand dam des habitants des villages ou quartiers périphériques des villes. Tout cela, toujours sans l’ombre d’une réaction des parlementaires nationaux. On va prochainement voter, une occasion de se servir de la pomme de douche achetée à La Poste ! En marge d’une réaction civique, les gens commencent à en avoir marre et réagissent. Un mouvement est parti d’une pétition lancée par un habitant du Pâquier (NE), qui demande simplement d’honorer une distribution à chacun, car chacun paye des impôts pour obtenir un même droit et service.

secrétariat régional lausanne Rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 27, fax 058 817 19 39 courriel : lausanne@syndicom.ch Lundi à vendredi : permanence téléphonique 8 h 30-12 h et 14 h-16 h Permanence syndicale sur rendez-vous tous les lundis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au lundi 12h. Les membres peuvent aussi contacter les secrétaires sur leurs numéros directs Alex Patino : 058 817 19 30; Catherine Tabary : 058 817 19 34; Fabienne Brunner : 058 817 19 36; Patricia Alcaraz : 058 817 19 31; Philippe Morerod : 058 817 19 37 autres secrétariats régionaux Bienne : Murtenstrasse 33, 2500 Bienne, tél : 058 817 19 85, fax : 058 817 19 86 Fribourg : Rte de Beaumont 22, 1700 Fribourg, tél : 058 817 19 90, fax : 058 817 19 91 François Ducrest : 058 817 19 92 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mardis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mardi 12h. Genève : Rue de Montbrillant 36, 1201 Genève, tél : 058 817 19 22, fax : 058 817 19 26, Eric Schwapp : 058 817 19 24 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mercredis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mercredi 12h. Neuchâtel : Temple-Neuf 11, cp, 2001 Neuchâtel, tél : 058 817 19 18, fax : 058 817 19 21 Jean-François Donzé : 058 817 19 19 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mardis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mardi 12h. Valais : Av. de la Gare 41, 1950 Sion, tél : 058 817 19 80, fax : 058 817 19 81 Elisabeth Di Blasi : 058 817 19 23 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les lundis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au lundi 12h. Pour contacter directement un·e secrétaire de syndicom par courriel (e-mail), composez son adresse ainsi : prenom.nom@syndicom.ch (sans accent) secrétariat central

Va-t-on pouvoir espérer un stop à la désertification postale ?

Monbijoustr. 33, cp 6336, 3001 Berne tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17 courriel : mail@syndicom.ch

Alain Michaud

caisse de chômage

Barraud Henri, Lausanne, décédé le 21.02.2015 à l’âge de 90 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1946.

Jordan Violette, Echallens, décédée le 23.12.2014 à l’âge de 88 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1999.

Rue Pichard 7, 1003 Lausanne info@syndicom.caissechomage.ch tél. 021 310 06 66, fax 021 310 06 61 Permanence téléphonique : lundi, mercredi et jeudi 9 h-11 h 30 Réception des assuré·e·s : mardi de 9 h à 11 h 30 et mercredi 14 h-16 h (3e étage).

Cosandier Jean-Claude, Carouge GE, décédé le 28.05.2014 à l’âge de 69 ans. Membre de la section Genève depuis 1963.

Morel Louis, Genève, décédé le 21.09.2014 à l’âge de 85 ans. Membre de la section Genève depuis 1999.

Expédition des documents : Loosli­strasse 15, 3027 Berne.

David Jean-Paul, Cossonay-Ville, décédé le 06.02.2015 à l’âge de 78 ans. Membre de la section IGE Vaud-Lausanne depuis 1956.

Nideröst Ernst, Neuchâtel, décédé le 29.11.2014 à l’âge de 88 ans. Membre de la section Arc jurassien Télécom depuis 1952.

Guye Michel, Forel (Lavaux), décédé le 03.01.2015 à l’âge de 66 ans. Membre de la section Vaud Télécom depuis 1979.

Ropraz-Ballif Marinette, Villaz-St-Pierre, décédée le 04.02.2015 à l’âge de 60 ans. Membre de la section Fribourg depuis 2010.

Jeannerat Charles, Seleute, décédé le 19.12.2014 à l’âge de 81 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1999.

Vauthey-Zema Gérard, Vevey, décédé le 26.12.2014 à l’âge de 75 ans. Membre de la section IGE Vaud-Lausanne depuis 1958.

Joly-Christeller Rosemonde, Genolier, décédée le 10.02.2015 à l’âge de 66 ans. Membre de la section Genève depuis 2000.

Vuillème Humbert, Neuchâtel, décédé le 31.01.2015 à l’âge de 70 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1962.

Caisse de chômage, Genève Rue de Montbrillant 36, 1201 Genève, Tél. 022 749 29 05 Mercredi de 16 h à 19 h, jeudi de 9 h à 12 h Le mercredi, antenne chômage et permanence syndicale sont regroupées et ouvertes aux membres de syndicom aussi bien qu’aux chômeurs, membres ou non.

décès

IMPRESSUM rédaction Allemand : syndicom, die Zeitung, Naomi Kunz, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 68, redaktion@syndicom.ch

mise en pages Alain Gonthier (f), Katja Leudolph (d), Daniela Raggi (i) correction Marie Chevalley (f), Ulrike Krüger (d), Petra Demarchi (i)

Français : syndicom, le journal, ISSN 1664-896X Yves Sancey, rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 38, redaction@syndicom.ch

abonnements 50 fr., 70 fr. pour l’étranger, gratuit pour les membres de syndicom. syndicom, le journal paraît au moins 15 fois par an

Italien : syndicom, il giornale, Barbara Bassi, via Genzana 2, 6900 Massagno, tél. 058 817 19 63, redazione@syndicom.ch

changements d’adresse syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne

publicité Priska Zürcher, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 19, fax 058 817 18 17, stab@syndicom.ch impression Ringier Print Adligenswil ag, cp 3739, 6002 Lucerne prochaine parution 17 avril (délai rédactionnel : 30 mars) éditeur syndicom, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne


16 | La dernière

syndicom | N° 3 | 20 mars 2015

Accord sur l’enregistrement de la durée du travail

Bataille autour de la timbreuse…

Un accord a été trouvé en vue d’une nouvelle réglementation de l’enregistrement de la durée du travail pour protéger les salarié∙e∙s contre le travail gratuit, la surcharge de travail et le burnout. Elle a été négociée par l’Etat avec les syndicats et le patronat.

Réglementation très restrictive La durée maximale légale de travail, respectivement les dispositions relatives

obtenu l’accord écrit du ou de la salarié∙e concerné.

Le pire évité

PHOTO MAR T IN RUETSCHI / KEYS TONE

En Suisse, les entreprises sont tenues par la loi d’enregistrer les temps de travail de la quasi-totalité de leurs employé∙e∙s. Mais cet instrument de protection contre le travail effectué « gratuitement », la surcharge de travail et l’épuisement professionnel a été insuffisamment appliqué et imposé ces dernières années. Les associations économiques, le Parlement et le Conseil fédéral ont fait pression pour qu’il soit tenu compte de cette réalité en matière d’enregistrement de la durée du travail. Désormais, la nouvelle réglementation donne une nouvelle base à l’enregistrement de la durée du travail. Elle est acceptée par le Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) et par les faîtières. On a neutralisé un effet « boule de neige » échappant à tout contrôle. A l'avenir, la grande majorité des salarié∙e∙s continueront à être protégés sous cet angle. Maintenant, aux employeurs et aux autorités d’imposer les nouvelles règles.

La pointeuse reste d’actualité · Ici une employée timbre sa carte chez ABB à Baden (1994).

aux pauses et au temps de travail supplémentaire, continue à s’appliquer à tout le monde. Ne peuvent être exclus de l’autre obligation d’enregistrer la durée du travail que les salarié∙e∙s qui disposent d’une grande autonomie dans leur travail, peuvent définir eux-mêmes l’essentiel de leurs horaires et gagnent

000 francs par an. Cette plus de 120  exception doit être réglée dans une convention collective de travail (CCT) conclue par des partenaires sociaux représentatifs. La CCT doit en outre prévoir des mesures de protection de la santé et contre les risques psychosociaux. Et il faut en particulier que l’employeur ait

Avec la nouvelle réglementation, la suppression de l’enregistrement de la durée du travail dans des branches entières, que demandent par exemple deux motions encore pendantes devant les Chambres fédérales, a été évitée. De plus, on courait le risque que le Conseil fédéral décide de son propre chef des exceptions plus larges via une modification de l’ordonnance. La nouvelle réglementation empêche certaines formes de renoncement automatique à l’enregistrement de la durée du travail, comme la fixation d’un simple seuil de salaire au-delà duquel un renoncement serait autorisé sans autre. Ou d’autres réglementations permettant qu’il suffise qu’un∙e employé∙e soit inscrit au registre du commerce pour qu’il / elle n’ait automatiquement plus besoin d’enregistrer son temps de travail, comme le voulait au départ le SECO. L’ordonnance modifiée sur la loi sur le travail est partie en consultation accélérée. (USS)

INTERVIEW DE Roland Kreuzer et Giorgio Pardini

Et concrètement avec la nouvelle réglementation ? La nouvelle réglementation de l’enregistrement de la durée du travail concerne avant tout les branches télécom et médias de syndicom. Quel retentissement les nouvelles dispositions auront-elles sur le quotidien du travail dans ces branches ? Nous l’avons demandé à Roland Kreuzer, responsable du secteur média, et Giorgio Pardini, responsable du secteur télécom / IT. Naomi Kunz

médias de syndicom, les rédactions sont directement touchées. En Suisse alémanique, il y a une année que nous dénonçons – avec impressum – les conditions de travail qui y règnent, et nous avons fait pression pour que les inspecteurs du travail effectuent des contrôles sur le respect des durées de travail et de repos. Après presque onze ans de vide contractuel, nous avons besoin d’une convention collective de travail (CCT) pour la Suisse alémanique et le Tessin. Et cette CCT doit définir les conditions de la suppression ou de la simplification de la saisie du temps de travail dans le cadre de la nouvelle ordonnance. Giorgio Pardini : Dans certaines CCT de la branche Technologies de l’information et de la communication (TIC), nous avons déjà des réglementations qui permettent de renoncer à la saisie du temps de travail. Ces réglementations, bien que clairement décrites dans la CCT, se trouvaient dans une zone grise jusqu’à présent. Grâce à la nouvelle réglementation, qui s’appuie partiellement sur nos solutions CCT existantes, nous consolidons une pratique courante. Dès lors, les exigences minimales ont l’avantage d’être identiques pour toutes les entreprises. Cette nouvelle réglementation renforce

le partenariat social, notamment dans le domaine de la protection de la santé.

Qu’amène concrètement cette décision politique ? RK : Nous espérons que Schweizer Medien se rende à l’évidence qu’il lui est impossible de faire avancer les choses sans CCT ni partenariat social avec syndicom et impressum. L’année dernière, les groupes Tamedia, Ringier et NZZ s’étaient plaints auprès du Conseil fédéral de l’actuelle réglementation de la saisie du temps de travail, qui, depuis longtemps, ne correspond plus « aux réalités du monde professionnel, ni aux formes de travail et de direction ». Nous attendons maintenant avec impatience la réaction des éditeurs. S’ils acceptent de conclure une CCT pour les journalistes et s’adaptent ainsi aux réalités du monde professionnel et aux besoins de leurs employé∙e∙s, cette convention réglera aussi la saisie du temps de travail et la protection de la santé. GP : Durant les débats politiques, maintes entreprises de la branche TIC ont réintroduit la saisie du temps de travail, parfois sous la pression exercée par les inspecteurs du travail. Dans certains cas, l’introduction est intervenue au moyen d’instruments provisoires, ce qui était compréhensible au vu des discussions parfois confuses. Maintenant que nous savons dans quelles conditions il est pos-

sible de renoncer à une saisie du temps de travail, je pars du principe que nous concrétiserons les discussions CCT avec les entreprises respectives.

A quels problèmes pourriez-vous être confrontés ? RK : Les éditeurs et le président de leur association, Hanspeter Lebrument, risquent de ne plus trouver d’issue à la situation inextricable dans laquelle ils se sont mis ces dernières années en refusant de négocier une CCT. Nous les aiderons volontiers à en sortir, car tant les journalistes que les éditeurs sont pénalisés du fait que la nouvelle ordonnance n’est pas appliquée correctement dans les rédactions pour cause de refus de négocier la CCT. GP : Si ces nouvelles réglementations sont convenues dans le cadre d’une solution CCT, aucun problème n’en résultera dans la branche TIC, pour autant que les réglementations soient mises en œuvre concrètement. En revanche, un problème pourrait se poser dans le domaine de la saisie simplifiée du temps de travail si elle est fixée par les représentations du personnel dans des accords d’entreprise individuels. Selon mes expériences, cette solution est plutôt insatisfaisante. Car les représentant∙e∙s du personnel changent régulièrement, alors que les organisations syndicales sont durables.

PHOTOS JENS FRIEDRICH

Comment appliquer la nouvelle réglementation de la saisie du temps de travail dans vos branches ? Roland Kreuzer : Dans le secteur des

Roland Kreuzer et Giorgio Pardini.

Voyez-vous des ébauches de solution efficace ? RK : Une CCT doit aussi définir pour les journalistes une durée hebdomadaire maximale de travail, afin de fixer des limites à ne pas dépasser et au-delà desquelles ils ont droit à des heures supplémentaires. En matière de protection de la santé, il s’agit de préciser où et comment mettre des priorités pour les journalistes. Techniquement, il est aujourd’hui possible de saisir facilement le temps de travail quotidien, par exemple à l’aide d’une app – sans bureaucratie ni chicanes. GP : Elles doivent être fixées dans la CCT. L’aspect juridique civil doit par exemple aussi être pris en considération : en cas de litige, la saisie personnelle des heures de travail de l’employé∙e doit être admise comme preuve devant le tribunal, tel que nous l’avons déjà convenu dans maintes CCT.

Traduction de l’allemand : Alexandrine Bieri


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