SOMMAIRE Présentation Tunisia Health Expo Le rendez-vous des professionnels de la santé en Tunisie
l
8
La Tunisie, une destination à fort potentiel médical
l
Services de soins Les établissements publics creuset et pépinière des compétences tunisiennes
l
16
Le Conseil national de l’Ordre des médecins Des prérogatives et des missions
l
Un des fleurons du système de santé tunisien Le Centre national de greffe de moelle osseuse
l
Hydrothérapie & Thermalisme Rencontre avec Rezig Oueslati: PDG de L’ONTH
l
Sauver sa peau Au Centre de traumatologie et des grands brûlés
66
l
Le secteur privé Un enrichissement de l’offre de soins
l
l
L’hospitalité par les compétences
l
Les actes qui attirent
Formation
78
L’implantologie Une spécialité bien implantée
l
l
La PMA c’est extra !
l
La Tunisie, petit pays aux grands accomplissements
A chacun sa cure: thermalisme et thalassothérapie
l
l
Interview: Dr Sonia Ben Cheikh
l
Interview: Anissa El Materi Hached
e-santé
Industrie pharmaceutique
82
L’industrie pharmaceutique, un secteur en pleine croissance
l
L’e-Santé pour mieux soigner
l
58
l
Rétrospective
Interview: Dr Ines Fradi
L’Institut Pasteur de Tunis Un pôle de santé prestigieux l
90
Magazine officiel de Tunisia Health Expo Salon organisé par : Société des foires internationales de Tunis Parc des Expositions et Centre de Commerce International B.P. Nº1 - 2015 Le Kram - TUNIS TUNISIE Tél : (+216) 71 973 111 / 71 976 111 Fax : (+216) 71 971 666 Email : itf.com@fkram.com.tn Site Web : www.fkram.com.tn
Chef de projet Senda Baccar
Rédaction
Directeur Général
Jaouida Ben Aouali Kamel Bouaouina Saïma Ksibi
Directeur du salon
Correction
Néjib Ben Miled Slah Taboubi
Jaouida Ben Aouali
l
En bref
Crédit photo
Propiare Conseil / Shutterstock
Conception maquette et mise en page Mariem Mejri
Impression Simpact
Contact
Tél : 71 841 636 - 597 Fax : 71 841 677
www.livretsante.com Direction commerciale et marketing commercial@livretsante.com
La Tunisie des Nejib Ben Miled Directeur Général de la Société des Foires Internationales de Tunis
A
l’occasion de la 4ème édition du salon Tunisia Health Expo (du 2 au 5 mars 2016), le comité d’organisation a choisi d’élaborer un programme d’action basé sur certaines recommandations formulées dans l’étude sur le développement de la stratégie d’exportation des services de Santé en Tunisie réalisée en 2014 par le ministère de la Santé. La principale action engagée est celle de placer cette édition sous le label : La Tunisie destination santé. Le choix de ce label trouve sa justification dans le fait que le secteur de la santé a toujours occupé une place privilégiée dans la politique économique et sociale du pays, lui permettant de se doter d’atouts importants pour accéder au cercle des pays exportateurs de services de santé, de médicaments, de dispositifs médicaux et de services en rapport avec le domaine et de devenir une destination santé reconnue. A l’occasion de la 4ème édition de Tunisia Health Expo et afin de contribuer à faire connaître davantage le secteur de la santé en Tunisie et ses atouts, la Société des Foires Internationales de Tunis a initié la réalisation du magazine qui est entre vos mains et a choisi de l’intituler également « Tunisie destination santé » Ce magazine a pour objectif de promouvoir l’offre des différentes branches du secteur de la santé en Tunisie et de renforcer l’attractivité de la destination Tunisie en tant que destination d’excellence médicale, un support susceptible de poser les prémices d’une stratégie marketing collective pour l’ensemble des acteurs du secteur. La Société des Foires Internationales de Tunis tient à remercier les membres du comité de pilotage qui a veillé à l’élaboration des grandes lignes éditoriales de ce magazine et en particulier le ministère de la Santé, la Fédération Nationale de la Santé, le Conseil National de l’Ordre des Médecins de Tunisie, le Centre de Promotion des Exportations (CEPEX), l’Office National du Tourisme Tunisien
4
Tunisie destination santé - mars 2016
(ONTT), l’Agence de Promotion de l’Investissement Extérieur (FIPA-TUNISIA) et l’Office National du Thermalisme et de l’Hydrothérapie, sans oublier la maison d’édition « Méditerranée Editions Senda Baccar » et toute son équipe. Elle remercie également tous les professionnels tunisiens de la santé qui ont bien voulu, à travers leurs témoignages, contribuer à enrichir le contenu de ce magazine et à donner à ses lecteurs des informations exhaustives et pertinentes sur les différentes branches et activités du secteur de la santé en Tunisie. Enfin, tous les remerciements sont aussi adressés aux entreprises qui ont accepté, à travers les insertions publicitaires, d’apporter leur concours à cette initiative et à la réalisation de ce magazine.
la santé a toujours occupé une place privilégiée dans la politique économique et sociale du pays, lui permettant de se doter d’atouts importants pour accéder au cercle des pays exportateurs de services de santé, de médicaments, de dispositifs médicaux et de services en rapport avec le domaine et de devenir une destination santé reconnue.
tination santĂŠ
Tunisie destination santĂŠ - mars 2016
5
Pour l’éclosion d’un partenariat solidaire
Notre réussite commune à apporter, avec le concours de nos partenaires traditionnels occidentaux, les solutions adéquates et pratiques permettant de lever tous les obstacles devant l’éclosion d’un partenariat solidaire, équilibré et avantageux, concourrait, indubitablement, et de manière efficiente, à accélérer l’élargissement du marché des services de soins devant les professionnels et les responsables politiques de nos pays, en leur offrant la possibilité de mieux maîtriser les dépenses de santé ou d’investir pour la réalisation de projets d’off-shoring dans la région.
6
Tunisie destination santé - mars 2016
L
e ministère de la santé voudrait d’abord, dans les lignes qui suivent, souhaiter la bienvenue à son Excellence Mr. Abdelmalek Boudhiaf ministre de la Santé de la République algérienne démocratique et populaire, hôte d’honneur de la présente session du salon international «Tunisia Health Expo», ainsi qu’à l’ensemble des exposants venus de pays frères et amis. Ils sont les bienvenus dans ce pays conquis par la science et le développement humain et acquis à la coopération et à l’ouverture. Le ministère de la Santé souhaite également féliciter les organisateurs de cette quatrième édition de «Tunisia Health Expo», qui réussissent, chaque fois, à rassembler les partenaires et les professionnels de la santé et à planifier des forums scientifiques et économiques dédiés aux principaux corps de métiers ainsi qu’aux investisseurs dans le secteur. Ces hommages et ces remerciements
Le ministère de la Santé souhaite également féliciter les organisateurs de cette quatrième édition de «Tunisia Health Expo», qui réussissent, chaque fois, à rassembler les partenaires et les professionnels de la santé
s’adressent aussi à tous les participants tunisiens qui ont constamment soutenu les actions de promotion du label tunisien en matière de services de santé et de produits de bien-être. Ce salon sera très certainement, grâce à votre concours, d’un grand apport pour l’ensemble des pays participants, fermement déterminés à créer les conditions nécessaires à la sécurité sanitaire de leurs populations et à modeler leurs politiques de santé en fonction des besoins, des priorités qui s’imposent et des moyens disponibles. Nul doute que les échanges d’informations et de connaissances que participants et visiteurs auront en partage, à l’occasion de ce salon, avec les décideurs et les donneurs d’ordre africains, maghrébins et européens, ou encore lors des rencontres B2B prévus entre professionnels tunisiens et étrangers, apporteront des réponses sur les voies idoines à emprunter pour la concrétisation d’éventuels projets adaptés aux contextes régional et international en matière de prise en charge sanitaire et de services médicaux.
Notre réussite commune à apporter, avec le concours de nos partenaires traditionnels occidentaux, les solutions adéquates et pratiques permettant de lever tous les obstacles devant l’éclosion d’un partenariat solidaire, équilibré et avantageux, concourrait, indubitablement, et de manière efficiente, à accélérer l’élargissement du marché des services de soins devant les professionnels et les responsables politiques de nos pays, en leur offrant la possibilité de mieux maîtriser les dépenses de santé ou d’investir pour la réalisation de projets d’off-shoring dans la région. Il s’agit là d’un défi à relever et d’un challenge à gagner et nous le gagnerons ensemble en vue de promouvoir nos atouts. A vous tous, professionnels, experts, décideurs et visiteurs de ce salon, encore merci de votre participation et soyez assurés que la Tunisie s’y emploie avec résolution. Bonne chance à Tous.
Le ministère de la Santé de la république de Tunisie
Tunisie destination santé - mars 2016
7
Présentation
Tunisia Health Expo
Le rendez-vous des professionnels de la santé en Tunisie
O
rganisé depuis 2010 sous l’égide du ministère de la Santé et en collaboration avec la Fédération nationale de la santé et l’Inter syndicale des professionnels de la santé, Tunisia Health Expo est un salon biennal qui s’est fixé pour principal objectif d’être une vitrine pour faire connaître : l Les réalisations de la Tunisie dans le domaine de la santé,
Ses capacités dans les domaines d’accueil de patients étrangers et d’exportation de médicaments et de dispositifs médicaux, l
l Le fort potentiel de son marché en matière d’investissement.
8
Tunisie destination santé - mars 2016
Aussi, le salon se veut être une plateforme pour développer les échanges et le partenariat dans toutes les branches du secteur de la santé et un forum pour exposer et débattre des sujets d’intérêt du secteur. Ainsi, Tunisia Health Expo s’est positionné comme étant un événement majeur du secteur de la santé en Tunisie grâce à : Des espaces d’exposition accueillant en moyenne 120 exposants appartenant à toutes les branches du secteur de la santé : k Services de Santé kIndustries pharmaceutiques (médicaments et dispositifs) l
Présentation
Equipements médicaux Médecine vétérinaire k Hygiène hospitalière et gestion des déchets de soins k Informatique médicale k Thalassothérapie et thermalisme k Bien-être k Formation dans les métiers de la santé k Information sanitaire et prévention k k
Un visitorat de qualité et représentatif dont le nombre moyen est estimé à 7.000 visiteurs par édition, en provenance de Tunisie et de plus de 20 pays étrangers notamment arabes et africains.
l
Des rencontres d’affaires B to B entre partenaires tunisiens et donneurs d’ordre étrangers exposant au salon, spécialement invités en provenance, notamment, des pays européens, maghrébins et africains.
l
Un programme de conférences et d’ateliers de travail à haute teneur scientifique et élaboré par d’éminents spécialistes tunisiens. La 4ème édition du Salon sera organisée du 2 au 5
l
mars 2016 au Parc des Expositions du Kram-Tunis. Pour consolider davantage les grandes orientations conférées au salon depuis sa 1ère édition en 2010, cette édition sera placée sous le label : « La Tunisie Destination Santé ». Ce label trouve sa justification grâce aux performances accomplies par tous les opérateurs du secteur de la santé ayant permis à la Tunisie d’accéder au cercle des pays exportateurs de produits et services de santé. Elle se singularisera de ce fait par plusieurs nouveautés : L’invitation de l’Algérie en tant que pays hôte d’honneur
l
La tenue, pour la 1ère fois en Tunisie, de l’Assemblée générale de l’Association des centrales d’achat africaines des médicaments essentiels (ACAME). Ces centrales d’achats appartiennent à 22 pays d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique Centrale, de l’Océan Indien et du Maghreb.
l
Un espace dédié au secteur de la formation dans les métiers de la santé en Tunisie.
l
La 4ème édition sera aussi renforcée par la tenue de plusieurs conférences qui traiteront de thèmes d’intérêt et qui se dérouleront selon le calendrier suivant :
Mercredi 2 mars 2016
MATIN
APRES-MIDI
Jeudi 3 mars 2016
Vendredi 4 mars 2016
10H à 13H:
10H à 13H:
10H à 13H:
Optimisation du circuit du médicament
Perspectives de développement du médicament en Afrique
« Secteur de la santé en Tunisie : quel positionnement en Afrique ? »
14H30 à 16H30:
14H30 à 16H30:
14H30 à 16H30:
La consommation du médicament en rapport avec l’assurance maladie
« Réseau national des « La formation en santé laboratoires d’analyse le savoir-faire tunisien » intervenant dans le domaine vétérinaire : Etat actuel et perspectives »
Visant à offrir aux opérateurs du secteur de la santé des opportunités pour prendre connaissance et s’informer aussi sur la branche des équipements de laboratoires, l’édition 2016 de « Tunisia Health Expo » se tiendra, pour la 1ère fois, en même temps que le Salon international des laboratoires, « Lab Expo Tunisia ». «Lab Expo Tunisia » est un événement conçu pour répondre aux besoins de qualité et de performance des secteurs de production : sciences de la vie et santé publique, recherche scientifique, biotechnologie, agroalimentaire, environnement, mines et industrie, génie civil, chimie et pétrochimie. C’est aussi une plateforme de produits et
services couvrant, entre autres : les sciences environnementales, les biotechnologies et science de la vie, les mesures et essais, l’instrumentation des laboratoires, l’automatisation et la robotique, l’énergie et la pétrochimie, ainsi que la nanotechnologie. Les branches d’activités représentées à «Lab Expo Tunisia » : k Matériels et équipements de laboratoire k Matières premières pour laboratoires k Laboratoires prestataires de services (essais, analyses, métrologie et recherche scientifique) k Organismes d’accréditation et organismes d’essais inter-laboratoires et essais d’aptitude k Services, maintenance et formation
Tunisie destination santé - mars 2016
9
Présentation
La Tunisie
Une destination
à fort potentiel médical
Les indicateurs de santé de la Tunisie sont réputés être parmi les meilleurs des pays d’Afrique et de la région MENA et supérieurs à ceux de pays ayant un niveau de revenus équivalent, avec une espérance de vie de 70-74 ans, une mortalité infantile inférieure à 25‰, une prise en charge des pathologies lourdes par la sécurité sociale, le régime de sécurité sociale étant obligatoire, et des soins de qualité dispensés par des médecins hautement qualifiés. Ce à quoi il faut ajouter l’éradication de toutes les maladies endémiques et une formation en médecine aux standards internationaux, les médecins tunisiens étant les seuls sur le continent (hormis l’Afrique du Sud) à effectuer fréquemment des greffes rénales, cardiaques ou de moelle osseuse et la moitié des 10.000 médecins que compte le pays
10
Tunisie destination santé - mars 2016
exerçant dans le privé, où la qualité des soins attire des patients des autres pays du Maghreb (Algérie et Libye), d’Afrique subsaharienne et même d’Europe pour certains soins, surtout esthétiques et dentaires. En effet, près de la moitié des patients viennent de l’étranger pour la compétence des médecins tunisiens et le suivi de la qualité des soins. A cela il faut ajouter la proximité géographique de la Tunisie, avantage essentiellement perçu par les Libyens, l’accueil et les prestations de services. Un ensemble d’avantages qui amène certains patients européens et africains à envisager de revenir, à l’occasion, se faire soigner dans notre pays.
Jaouida Ben Aouali
www.tunisiaexport.tn
www.tunisiaexport.tn
Présentation
L
a Tunisie a réussi à améliorer, de manière continue, ses indicateurs de développement humain. De par aussi son climat, sa proximité de l’Europe et le niveau, relativement élevé, des qualifications de sa population, la Tunisie dispose d’atouts significatifs, malgré le modeste niveau de ses ressources naturelles (pétrole et phosphates). Le contexte environnemental est aussi à prendre en compte puisque ce pays a fait de grands efforts en matière d’amélioration de l’alimentation en eau potable et en matière d’assainissement. Par ailleurs, la proportion de la population vivant dans les zones urbaines a atteint environ 67 % en 2015, cette évolution s’étant accompagnée par une tendance à la sédentarité et à l’adoption d’un modèle de consommation alimentaire caractéristique analogue à celui des pays occidentaux. Le parcours incontestablement original de ce pays le distingue de tous les autres dans le monde arabo-musulman et en Afrique. L’abolition de la polygamie, intervenue dès l’indépendance (1956), associée à une politique de planification familiale et aux progrès du système de santé, explique, en grande partie, le modèle de transition observé en Tunisie. l Un accroissement naturel nettement réduit, estimé, pour la période 2020-2025 par les Nations Unies, à un taux de 0,87 %. l Transformation profonde de la structure par âge de la population à travers son vieillissement rapide, le nombre des plus de 60 ans étant estimé à 12,5 % à l’horizon 2020 par les Nations Unies. l La baisse de la mortalité infantile, qui a eu pour conséquence l’accroissement de l’espérance de vie à la naissance avec 72,5 ans pour les hommes et 76,5 ans pour les femmes. Cette chute spectaculaire de la mortalité infantile est le résultat de la promulgation du Code du Statut Personnel interdisant la polygamie, de la mise en œuvre d’une politique généralisée de planning familial et de réduction des naissances et de l’intégration de la santé maternelle et infantile et de la santé reproductive aux programmes nationaux prioritaires, dont le suivi des grossesses, les vaccinations, le suivi postnatal et l’espacement des naissances. Cette transition démographique a été suivie par une transition épidémiologique se traduisant par un recul net, parfois l’éradication, des maladies transmissibles « traditionnelles » (paludisme, bilharziose, trachome, tuberculose…), par une émergence des maladies non transmissibles de type chronique et dégénératif.
Un secteur médical institutionnalisé Encadré par le ministère de la Santé publique, le secteur de la santé en Tunisie est fortement réglementé et régi par différents organismes dont le Conseil national de l’Ordre des médecins, qui assume une mission de service public. Il est chargé, à travers la loi n°91-21 du 13 mars 1991, de « veiller au maintien des principes de moralité, de probité et de dévouement indispensables à l’exercice de la profession et au respect, par tous
12
Tunisie destination santé - mars 2016
Yes, they can ! Pour preuve, s’il en faut, de la compétence de nos médecins, quelques exemples. l Une équipe médicale tunisienne, composée d’une quinzaine de spécialistes (chirurgiens, anesthésistes, réanimateurs), a procédé avec succès, le 4 mai 2010, à la séparation de deux siamoises réunies par l’abdomen avec fusion des foies. l Une équipe médicale tunisienne, conduite par le chirurgien orthopédiste le Pr Hichem Boulila, a réussi à traiter un patient atteint du cancer du fémur sans recourir à l’amputation et ce, par l’implantation d’une prothèse partant du bassin jusqu’à la moitié de la jambe et comprenant deux articulations, de la hanche et du genou, la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) ayant pris en charge les 26.500 dinars de la prothèse. l Dirigée par le Dr Dhaker Lahidheb, une équipe de cardiologie interventionnelle de l’Hôpital militaire de Tunis a remplacé avec succès, le 11 novembre 2013, une valve aortique sans chirurgie et avec la Transcatheter Aortic Valve Implantation (TAVI) par voie fémorale. l Plus récemment, le 11 mai 2015, le Pr Nabil Hermi et son équipe ont réussi l’exploit de retirer le cœur endommagé par d’anciennes infections d’un patient étranger de 30 ans, de le réparer et de le réimplanter, alors qu’il était simplement question, au départ, de changer ou réparer une valve cardiaque. Il faut remarquer que moins de dix opérations de ce type ont été réalisées dans le monde.
Présentation ses membres, des devoirs professionnels édictés notamment par le code de déontologie ». L’Ordre des médecins assure à la fois une protection du public et celle de la profession, s’acquittant de cette mission en contrôlant l’exercice médical au niveau de la vérification de l’authenticité des diplômes et qualifications au moment de l’admission des membres, au niveau de l’organisation de la profession et de l’encadrement de la pratique, enfin au niveau de l’exercice du pouvoir disciplinaire.
Des services de soins diversifiés L’offre de soins est assurée par un dispositif composé de structures publiques, parapubliques et privées. Les structures publiques et parapubliques consistent en des établissements dépendant directement du ministère de la Santé publique et d’autres ministères et sont constituées de centres de santé de base (2.067), porte d’entrée du secteur public et formant un réseau décentralisé qui répond aux besoins en soins préventifs et en soins curatifs de base, de maternités rurales et d’hôpitaux de circonscription (118), avec un service de médecine, une maternité et un plateau technique de base, d’hôpitaux régionaux (34), premier niveau de référence pour les soins spécialisés, d’un centre de traumatologie et des grands brûlés, proposant des services de santé d’urgence avec une spécialisation dans le traitement des blessures et brûlures graves et comprenant plusieurs départements dont, entre autres, l’orthopédie, la réanimation de brûlés, la chirurgie esthétique, la médecine d’urgence, la neurochirurgie, la physiothérapie et la banque du sang, d’un centre national de greffe de moelle osseuse, d’hôpitaux militaires (03) et de polycliniques (06), pour les soins ambulatoires, tous dépendant de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Les structures privées, quant à elles, sont les cabinets médicaux (5.732), les cabinets dentaires (1.808) les cliniques (99), les centres d’imagerie médicale (138), les centres d’analyses médicales (222) et les centres d’hémodialyse (105). L’action conjuguée des deux secteurs a permis la stabilisation de l’indicateur global moyen du nombre de lits pour 1.000 habitants à un niveau très proche de 2, avec une nette prédominance du secteur public en matière de capacité hospitalière, même si l’on observe une tendance à la diminution relative de l’écart entre les deux secteurs.
Des ressources humaines compétentes et en constante évolution La densité médicale est en augmentation régulière, avec une croissance rapide du nombre de médecins spécialistes, d’autant plus rapide dans le secteur privé. La Tunisie a également investi dans le personnel paramédical, les normes d’encadrement ayant impacté sur le nombre accru d’infirmières et de sagesfemmes. A la base de cette évolution, une formation prodiguée au sein de 4 facultés de médecine, 1 faculté de pharmacie, 1 faculté de médecine dentaire, 4 écoles supérieures des sciences et techniques de la santé, 19 écoles professionnelles de la santé publique destinées à la formation du personnel infirmier et une
Un équipement médical de pointe La médecine nationale étant toujours à l’affût des dernières innovations et des progrès réalisés en termes de prise en charge, un centre privé d’imagerie médicale, le CERU de la place Pasteur à Tunis, s’est doté, en 2011, d’une unité de tomographie par émission de positrons (TEP) ou Pet Scan, plaçant la Tunisie parmi les quatre pays africains à le détenir. Le Pet Scan est une excellente technique pour le diagnostic précoce et le suivi de la maladie cancéreuse, permettant l’examen de l’ensemble du corps pour détecter tous les foyers du cancer, tant primitifs que secondaires, et une stadification plus pertinente et plus précise de l’évolution de la maladie donnant lieu à une prise en charge thérapeutique plus adéquate et une évaluation précoce de la réponse thérapeutique. Depuis son avènement et en dehors de sa valeur prouvée en cancérologie, le Pet Scan se fait de plus en plus en cardiologie et en neurologie car il permet respectivement de déterminer la viabilité du myocarde en cas d’infarctus et de détecter précocement la maladie d’Alzheimer, également dans l’exploration de certaines maladies infectieuses et inflammatoires chroniques.
Tunisie destination santé - mars 2016
13
Présentation centaine de structures privées réservées aux paramédicaux.
La chirurgie, un secteur porteur Si tous les types de soins sont recherchés, ce sont surtout les interventions chirurgicales qui attirent le plus grand nombre, qu’elles concernent la réparation d’un traumatisme grave, le soin d’une infection, l’extraction d’une structure pathologique, la libération d’un organe compressé ou qu’elles soient à visée esthétique et réparatrice, la chirurgie orthopédique étant le principal motif d’hospitalisation et passant au premier plan de la chirurgie toutes disciplines confondues. Un tel engouement pour la chirurgie en Tunisie s’explique non seulement par le sérieux, les hautes technicités et compétences de nos chirurgiens, tous affiliés à l’Ordre national des médecins, mais aussi par la qualité de nos établissements privés, accrédités auprès du ministère de la Santé publique, pensés et conçus selon les normes internationales, tous équipés d’un matériel ultramoderne et à la pointe de la technologie.
Les voies d’exportation des compétences La Tunisie offre un très large panel de spécialités médicales, comprenant toutes les disciplines, et les approches des marchés sont tout aussi multiples. Les acteurs qui façonnent l’accès des étrangers au marché se font de plus en plus nombreux, engendrant un esprit de concurrence qui ne doit rien enlever à la grande compétence de nos médecins, toutes spécialités confondues. Reste cependant à capitaliser sur la notoriété indéniable de la Tunisie en identifiant le dénominateur commun qui distingue et valorise la diversité d’une offre de qualité afin de construire une image de marque auprès des publics cibles, suffisamment forte pour que leur choix se porte principalement sur des critères de performances de l’offre et pas sur les tarifs. L’évolution du séjour de santé présente de nombreuses opportunités mais également de nombreux défis, dont la nécessité d’établir un type de dialogue différent entre le gouvernement, les fournisseurs, les compagnies d’assurance, les consommateurs et les intermédiaires spécialisés en la matière.
Une industrie pharmaceutique en plein essor Réglementée et encadrée par le ministère de la Santé publique et par certains établissements publics qui en dépendent, dont le Laboratoire national de contrôle des médicaments (LNCM), le Centre national de pharmacovigilance (CNPV), la Pharmacie centrale de Tunisie (PCT) et l’Institut Pasteur de Tunis (IPT), l’industrie pharmaceutique est en plein essor. En effet, entre 1987 et 2008, la consommation couverte par la production locale est passée de 8 % à près de 50 %, le nombre des unités de fabrication s’élevant à 29. Le secteur pharmaceutique est actuellement un des principaux secteurs industriels à haut contenu technologique, faisant de la Tunisie un des pays ayant les plus hauts taux de production locale, avec une recherche clinique sous contrat très active.
14
Tunisie destination santé - mars 2016
Thalassothérapie et thermalisme, des atouts majeurs Thalassothérapie et thermalisme sont des services de santé exportables et depuis 2000, date à laquelle la thalassothérapie a commencé à s’imposer en Tunisie, l’Etat a constamment été présent pour encadrer leur développement et soutenir l’action des investisseurs et exploitants en leur offrant un cadre réglementaire. La création, dès 1975, d’un Office national du thermalisme (ONT), devenu l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie (ONTH), illustre cet intérêt d’autant que, depuis 2008, ce dernier est placé sous la tutelle du ministère de la Santé. Un programme de mise à niveau des unités d’hydrothérapie a d’ailleurs été établi et vise à atteindre, d’ici 2020, certains objectifs, à savoir l’établissement d’un référentiel « qualité » spécifique, le développement de la thalassothérapie en harmonie avec les potentialités environnementales des zones d’implantation, la prise en compte de la spécificité de l’activité thalassothérapie dans la gestion des centres, la valorisation du potentiel de compétences et la commercialisation, ainsi que la promotion, du produit thalassothérapie. Une action, indiscutablement, de nature à consolider davantage l’excellence de la filière tunisienne dans ce domaine.
Services de soins
Les établissements publics creuset et pépinière des compétences tunisiennes La performance du secteur tunisien de la santé a été relativement bonne au cours des dernières décennies. Bien que les dépenses annuelles de santé soient toujours inférieures à 300 dinars par habitant, les Tunisiens ont une espérance de vie relativement élevée, estimée à 73 ans en 2004, un faible taux de mortalité infantile, 19 décès pour 1.000 naissances vivantes, et un taux de mortalité maternelle relativement faible, 70 décès pour 100.000 naissances vivantes. La couverture de santé a été étendue à une large majorité de la population. La Tunisie se distingue comme étant la nation arabe la plus progressiste sur les questions d’égalité des femmes. Le statut personnel des femmes en Tunisie est, en règle générale, égal à celui des hommes. Ces conditions ont contribué à un environnement de soutien au niveau de la résolution des questions de santé des femmes. Dans l’ensemble, la Tunisie a une perspective relativement positive et stable de développement, ce qui s’est aussi traduit par des améliorations régulières des résultats cliniques au cours de la dernière décennie. Parallèlement, le pays fait face à des défis nouveaux et émergents pour répondre aux besoins de la population en soins de santé alors qu’il passe par une phase de transition démographique et épidémiologique.
Jaouida Ben Aouali
L
e système de prestation des soins de santé est principalement public, avec une participation croissante du secteur privé. Au niveau national, environ 88 % des lits d’hôpitaux appartiennent au domaine public. Le principal prestataire de soins est le ministère de la Santé publique, structuré selon trois niveaux de soins. Le niveau des soins primaires compte quelques 2.028 centres de soins de santé primaires (SSP), hôpitaux de circonscription consistant en de petites installations d’une moyenne de 23 lits par installation, et centres de maternité, qui ensemble s’inscrivent dans environ 14 % de la capacité en lits du secteur public. Les soins de santé secondaires sont pris en charge par 34 hôpitaux régionaux (HR), consistant en des hôpitaux généraux s’inscrivant dans environ un tiers de la capacité totale en lits et des médecins spécialistes du secteur public. Le niveau des soins de santé tertiaires est composé d’un réseau de 22 hôpitaux universitaires
16
Tunisie destination santé - mars 2016
(EPS-Etablissements de santé publique), d’une capacité variant de 26 à 1.010 lits, qui représentent environ 50 % de l’ensemble des lits du secteur public. De plus, le système sanitaire public inclut les polycliniques de la Caisse nationale de sécurité sociale, les structures hospitalières relevant du ministère de la Défense nationale, les structures relevant du ministère de l’Intérieur et du développement local ainsi que celles propres à certaines entreprises.
La couverture de santé Plus de 80 % de la population tunisienne ont accès aux soins de santé soit dans le cadre d’un régime d’assurance maladie, soit dans celui d’un programme d’assistance médicale. Un pourcentage remarquablement élevé pour la Tunisie. Il existe deux grands types de couverture de sécurité sociale pour environ 7 millions de personnes, soit pour 71 % de la population. La Caisse nationale
de sécurité sociale (CNSS) fournit une couverture de soins de santé à 1,950 million d’affiliés du secteur privé et leurs familles constitués d’employés, de travailleurs indépendants et d’autres catégories telles que les étudiants, les handicapés, les travailleurs non salariés du secteur agricole et les Tunisiens qui travaillent à l’étranger. La Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) couvre environ 0,746 million d’employés et de retraités du secteur public ainsi que leurs familles. Les ménages relativement pauvres sont couverts par deux programmes d’assistance médicale subventionnés assurés aux affiliés et à leurs familles. Les plus démunis sont couverts par l’AMG1 (0,17 million d’affiliés) dans le secteur public, tandis que les moins vulnérables sont couverts par l’AMG2i (0,548 million d’affiliés), après paiement d’une quotepart annuelle de 10 DT pour la validation de leur carte de soins de santé.
Services de soins Les performances du système de santé tunisien La Tunisie a atteint un taux d’espérance de vie nettement supérieur et des taux de mortalité infantile, juvénile et maternelle inférieurs à ceux des pays ayant un niveau comparable de revenus et de dépenses de santé. La Tunisie a utilisé son réseau public de soins de santé primaires de manière efficace pour lutter contre les maladies transmissibles et les maladies infantiles, ce qui a nettement contribué à améliorer les résultats cliniques. Plus de 80 % de la population tunisienne ont accès aux soins de santé dans le cadre d’un régime d’assurance maladie ou d’un programme d’assistance médicale, pourcentage remarquablement élevé pour un pays du niveau de revenu de la Tunisie. En outre, l’infrastructure de santé et les ressources humaines des soins primaires et secondaires sont réparties équitablement sur l’ensemble du territoire. Dans le cadre de ses initiatives pour améliorer la qualité des soins de santé, la Tunisie a concentré ses efforts sur l’amélioration des produits, avant de se pencher sur l’amélioration des processus et sur le suivi des résultats. Une attention particulière a été accordée à la réhabilitation des installations de soins secondaires et tertiaires, y compris les services d’urgence, par le biais d’investissements en installations et en équipement. D’importants efforts ont également été déployés pour améliorer les ressources humaines dans le cadre de programmes de formation axés sur le personnel médical, paramédical, de gestion et administratif. Les efforts initiaux pour améliorer les processus des soins de santé et leurs résultats ont porté sur la mortalité maternelle et infantile, ce qui a été à l’origine de résultats significatifs au niveau des naissances. En outre, la division des soins de santé primaires du ministère Santé publique a fait œuvre de pionnier pour ce qui est de l’élaboration de directives au niveau des soins primaires pour le traitement des patients atteints de maladies chroniques. En 2003, un nouveau département pour la qualité des soins a été établi au sein de ce ministère et une stratégie nationale d’amélioration de la qualité a été lancée.
Les structures et les prestataires de soins Dès l’indépendance, l’aspect « santé publique » des problèmes sanitaires est abordé à travers la mise en place de campagnes de masse et d’un réseau de dispensaires de soins curatifs, autour desquels vont progressivement s’organiser les soins de santé de base
avec des programmes nationaux à partir de 1981, suite à la conférence d’Alma Ata (1978). Le système d’offre de soins du ministère de la Santé publique est divisé en trois parties. l Le premier niveau, ou secteur de première ligne, est celui des soins de santé de base
Il comprend 2.028 Centres de soins de santé de base (CSB) répartis sur tout le territoire. 90 % de la population est à moins de 5 Km d’un Centre de soins de santé de base. Ce secteur comprend aussi 118 hôpitaux de circonscription et maternités autonomes (périphériques).
D’importants efforts ont également été déployés pour améliorer les ressources humaines dans le cadre de programmes de formation axés sur le personnel médical, paramédical, de gestion et administratif. Le fonctionnement de ces structures est organisé au sein de 203 circonscriptions sanitaires, entités définies territorialement et gérées collégialement par les équipes sanitaires de terrain. Le nombre total de lits pour ce niveau est de 2.650, ce qui représente environ 16.5 % de la capacité totale pour le secteur public. Exercent dans le secteur 1.559 médecins généralistes, 10.365 paramédicaux, 223 médecins dentistes, 91 pharmaciens. La répartition de ces personnels est relativement bien équilibrée sur tout le territoire et le secteur est un facteur fondamental d’équité. Il intègre sur le terrain une vingtaine de programmes nationaux gérés à l’échelle centrale par la Direction des soins de santé de base (DSSB), la Direction de la médecine scolaire et universitaire (DMSU), la Direction de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement (DHMPE) et l’Office national de la famille et de la population (ONFP). Il est chargé de toute la politique préventive et réalise environ la moitié des consultations médicales du pays, 20 % des admissions hospitalières
et 20 % des accouchements. Les soins de santé de base sont à l’origine de l’amélioration drastique des indicateurs sanitaires sur les dernières années, notamment pour la santé maternelle et infantile et les maladies transmissibles. Le capital de connaissances et de savoir-faire acquis par le personnel en matière de santé publique et d’approche « populationnelle », en fait un cadre opportun pour la prise en charge efficiente des questions sanitaires liées à la transition (maladies chroniques, dégénératives, cancers, santé des jeunes, ménopause, gériatrie…), d’autant que le secteur développe un programme innovant d’assurance qualité des soins et a engagé une dynamique de promotion d’une médecine de famille qui s’est accompagnée d’une réforme de la formation de base en médecine générale et d’une valorisation de cet exercice. l
Le deuxième niveau de soins
Il est constitué par 33 hôpitaux régionaux généralement situés dans les chefs lieu de gouvernorats. Ils sont absents dans les villes de facultés (Tunis, Sousse, Monastir, Sfax) et disposent de 5.750 lits (33.8 % de la capacité hospitalière du secteur public) et 600 médecins spécialistes environ (soit 30 % des médecins spécialistes du secteur public), avec des plateaux techniques globalement satisfaisants. l
Le troisième niveau
C’est le plus haut niveau de référence. Il s’agit du pôle universitaire, qui comprend 11 hôpitaux généraux et 23 instituts et centres spécialisés, avec 8.596 lits (50,6 % des lits du secteur public et 44,4 % de la capacité nationale totale), constituant des établissements publics de santé localisés dans les villes de facultés. Il dispose de 70 % des médecins spécialistes du secteur public et les plateaux techniques sont performants. Le troisième niveau est chargé de la formation des cadres médicaux et paramédicaux et les niveaux de compétence sont élevés.
Le secteur parapublic Il est peu sollicité et reste secondaire, il comprend les 6 polycliniques de soins ambulatoires de la Caisse nationale de sécurité sociale (C.N.S.S.), les services médicaux autonomes de certaines entreprises nationales et les services médicaux de médecine du travail à vocation préventive.
Tunisie destination santé - mars 2016
17
Services de soins
Le Conseil national de l’Ordre des médecins Des prérogatives et des missions
Organisme privé à mission de service public, le Conseil national de l’Ordre des médecins est une structure strictement professionnelle et ne subit aucune tutelle. Ses membres sont des conseillers élus par l’ensemble des médecins tunisiens qui assurent, seuls, le financement de l’institution. Il est l’interlocuteur, parfois même le conseiller des pouvoirs publics, notamment en donnant son avis sur les projets de règlements, de décrets ou de lois qui lui sont soumis par les autorités. Il porte aussi l’intérêt des patients et de la profession médicale auprès des institutions publiques.
Jaouida Ben Aouali
18
Tunisie destination santé - mars 2016
C
haque jour, les médecins, quels que soient leur mode d’exercice ou leur spécialité, écoutent, conseillent et soignent leurs patients, bien loin d’une approche administrative, procédurière et désincarnée. Engagés au service de l’humain, les médecins sont un acteur majeur de proximité, au service de la société. Le rôle du Conseil national de l’Ordre des médecins est de fédérer ces
forces vives qui travaillent pour le citoyen et la santé.
Petit détour historique Neuf mois après l’institution du Conseil national de l’Ordre des médecins en France, le 7 octobre 1940, le Conseil national de l’Ordre des médecins de Tunisie a été créé par décret beylical. Il
Services de soins relative à l’exercice et à l’organisation des professions de médecin, de chirurgien-dentiste et de vétérinaire est promulguée, abrogeant et remplaçant les dispositions des textes antérieurs et notamment le décret du 10 juillet 1947, qui stipule que le Conseil national de l’Ordre des médecins est rétabli par décret beylical et que ses membres sont élus par les médecins inscrits au tableau de l’Ordre. Elle définit les conditions d’exercice de la médecine, à savoir la nationalité tunisienne, un diplôme visé par le Secrétaire d’Etat à la Santé Publique, l’inscription au tableau de l’Ordre (pour les étrangers une autorisation d’exercice peut être délivrée à titre précaire et révocable), l’interdiction du cumul de l’exercice médical avec celui de la pharmacie sauf s’il n’existe pas de pharmacien à proximité du lieu Les missions du Conseil national d’exercice. Des sanctions sévères sont de l’Ordre des médecins prévues pour ceux qui ne satisfont pas aux critères de diplôme et exercent Elles sont multiples et sont relatives médecins et l’industrie pharmaceutique. illégalement la médecine. à la pratique médicale dans toutes ses Suite au changement de pouvoir en 1987 • Le soutien aux confrères composantes, elles visent également aux et au début des années 90, la législation intérêts du citoyen et des praticiens. Au service de tous les médecins, l’Ordre autour de l’exercice de la médecine est a pour mission d’aider les médecins en en plein débat et l’Ordre est membre • Un code de déontologie sans grave difficulté ou leur famille, quelle de toutes les commissions de réforme. cesse révisé que soit la source de ces difficultés : Plusieurs textes de lois importants Le Conseil national de l’Ordre des décès, maladie, accident, épuisement sont publiés entre 1991 et 1993 par médecins (CNOM) rédige et fait évoluer professionnel, problème financier, conflit le ministère de la Santé publique, le code de déontologie médicale inscrit conjugal… dont celui relatif à l’exercice et à dans le code de la santé publique. Il l’organisation des professions de médecin • Le conseil des pouvoirs publics élabore des commentaires pour chaque et de médecin dentiste qui traite des article du code afin de faciliter le L’Ordre des médecins est partenaire conditions de l’exercice de la médecine respect de la déontologie dans l’exercice des organismes publics de santé et par les tunisiens et par des étrangers, quotidien. pour qui les dispositions sont les mêmes des organisations syndicales, au que précédemment, de l’organisation de nom de la défense de la profession • Un rôle administratif quotidien l’Ordre des médecins, de sa mission et et des principes fondamentaux de la de son fonctionnement. Le Conseil de La loi a doté l’Ordre des médecins d’un déontologie médicale… Il émet un l’Ordre comprend désormais un Conseil rôle administratif pour lui permettre de avis sur un certain nombre de textes national et cinq conseils régionaux. veiller au maintien des compétences du réglementaires, dont les conventions Le Conseil national est composé de 16 corps médical et à sa probité. Ainsi, le négociées avec l’assurance maladie. Il membres élus pour 4 ans au scrutin Conseil national de l’Ordre des médecins fait aussi entendre sa voix dans tous secret et direct et à la majorité relative, établit et tient à jour le tableau des les grands débats de santé nationaux renouvelables par moitié tous les deux médecins qui remplissent les conditions et internationaux, qu’ils portent sur ans et rééligibles une fois seulement. légales requises pour exercer en Tunisie : l’éthique ou les évolutions de l’exercice Chacun des cinq Conseils régionaux niveau de formation, conditions de médical. comprend 8 membres élus dans les moralité, etc. Il gère l’inscription des mêmes conditions que leurs collègues médecins à ce tableau. Au delà, l’Ordre • La veille relative à la compétence du Conseil national. La loi de 1991 qui intervient également à de nombreux et au devoir institue les conseils régionaux, charge niveaux, comme le contrôle du libellé La loi a prévu que les médecins qui le Conseil national de fixer le règlement des plaques et des mentions dans les ne respecteraient pas les principes intérieur de l’Ordre. Celle-ci, élaborée annuaires et sur les ordonnances, de dévouement, de compétence et au cours des années 1999 et 2000, est le changement de qualifications des de moralité puissent comparaitre adoptée par une décision du Conseil médecins, le suivi des contrats signés devant leurs pairs au sein d’instances national prise le 5 décembre 2000. Ce par les médecins, la délivrance des disciplinaires. Les décisions règlement fixe, dans les limites de la autorisations de remplacement ou disciplinaires s’appuient, toutes, sur les législation et de la réglementation en d’exercice en lieux multiples… articles du code de déontologie. vigueur, le fonctionnement des Conseils, − Les chambres disciplinaires de • L’accompagnement des médecins national et régionaux de l’Ordre, en tant première instance, constituées près que gestionnaires d’un service public Dans un environnement juridique du Conseil régional de l’Ordre, sont et dotés à cet effet des prérogatives de et sociétal complexe, l’Ordre aide les chargées d’instruire les plaintes puissance publique. Une révision est médecins à s’installer, facilite leur déposées contre les médecins. Elles sont effectuée en 2006 et des dispositions exercice, les accompagne sur le plan indépendantes des conseils régionaux de relatives à la gestion financière et à la juridique, notamment lors de la rédaction l’Ordre. discipline ont été ajoutées, la médaille des contrats et des statuts, les conseille − En appel, c’est la chambre disciplinaire du mérite ordinal étant officiellement en matière d’assurance. Il accompagne nationale qui tranche. Elle est présidée consacrée. régulièrement les médecins dans la par un conseiller d’État et indépendante prévention et la gestion des conflits qui du Conseil national de. pourraient survenir avec leurs patients − Les recours contre les décisions de la ou avec d’autres professionnels de santé. chambre disciplinaire nationale peuvent L’Ordre rend un avis préalable sur être formés devant le Conseil d’État, toutes les conventions conclues entre les statuant comme juge de cassation. est alors placé sous la tutelle du Secrétaire général du gouvernement. Ses prérogatives sont la surveillance de l’exercice de la médecine sur tout le territoire de la Tunisie, le maintien de la discipline intérieure et générale de l’Ordre, ainsi que la garde de son honneur, de sa morale et des ses intérêts. Il délibère sur les affaires soumises à son examen, il est l’interprète des médecins auprès des pouvoirs publics. Sont autorisés d’exercer les médecins dont le diplôme aura été préalablement visé par le Secrétaire général du gouvernement tunisien, l’Ordre étant le garant de leur moralité et de leur probité (prestation de serment). Après l’indépendance, la loi 58-38 du 15 mars1958
Tunisie destination santé - mars 2016
19
Services de soins
Le président du Conseil national de l’Ordre des médecins est élu pour 4 ans par et parmi les conseils régionaux lors de la première session ordinale, il conduit la politique générale de l’institution et la représente. Il incarne le pouvoir exécutif du Conseil national. Inspirateur de la politique régionale, il convoque les membres, fixe l’ordre du jour des réunions et préside les séances. Il est également chargé de la préparation et de l’exécution des décisions. Il peut déléguer une partie de ses fonctions à ses vice-présidents. Il passe et signe, au nom du Conseil, divers contrats et conventions définis par les conseils régionaux.
Jaouida Ben Aouali
Dr Nébil Ben Zineb
In
te rv ie w
Le président veille sur l’Ordre
Médecin gynécologue et Président du CNOM Quel est le rôle et quelles sont les missions du CNOM ?
Nous avons tout d’abord et en premier lieu une mission de veille sur le respect du code de déontologie. La profession médicale est organisée autour de ce code qui suppose l’éthique, le respect de la dignité humaine, la conscience professionnelle, les relations de bonne confraternité, le secret médical, l’aspect non commercial, le tact et la mesure dans l’établissement des honoraires, etc. Nous sommes donc investis d’un pouvoir disciplinaire. Lorsqu’il y a infraction à l’un des articles du code de déontologie, nous engageons des poursuites disciplinaires contre le médecin contrevenant, allant de l’avertissement, au blâme, à l’interdiction d’exercer, jusqu’à la radiation provisoire ou définitive. La deuxième mission consiste en la défense des intérêts moraux et non financiers de la profession, les finances étant de la responsabilité des syndicats, le patient, la médecine et le médecin étant ainsi protégés. Lorsqu’il y a mauvaise pratique médicale, un dérapage au détriment du patient, nous nous y opposons. Nous avons également une mission réglementaire, essentiellement destinée à la profession libérale, à savoir la validation des diplômes, la qualification des médecins en spécialistes ou compétents dans différents domaines de la médecine, l’autorisation d’installation en libre pratique, l’établissement de la fourchette d’honoraires, à respecter par le médecin, tant pour la consultation que les actes médicaux. Nous avons enfin une mission consultative concernant tout projet de texte intéressant la profession dans son ensemble. Nous assistons à la majorité des commissions qui siègent au niveau du ministère de la Santé et des conseils d’administration des EPS et de certains hôpitaux régionaux.
Quelles sont, selon vous, les évolutions du système de santé tunisien dans ses différentes composantes ? Les évolutions peuvent être appréhendées sous différents aspects, du point de vue du corps médical, alors que nous nous plaignons d’une démographie galopante, dans le sens où le nombre d’étudiants orientés en première année vers les facultés de médecine nous semble important et est en augmentation, mais au vu des ratios, le nombre de médecins par habitant, nous sommes loin des chiffres européens, ce qui signifie que les médecins ne sont pas en surnombre. Ce que ne révèlent pas ces ratios, c’est que les soins coûtent de plus en plus cher et le pouvoir d’achat du citoyen devrait être inclus dans ces évaluations. L’on constate par ailleurs qu’il y a un mauvais financement de la santé en Tunisie, tant dans le secteur public que dans le secteur privé et ce, dans la mesure où la CNAM (caisse nationale d’assurance maladie) ne prend pas en charge toutes les maladies et où sa participation aux frais de soins est
20
Tunisie destination santé - mars 2016
C
’est dans les nouveaux locaux du CNOM, un bâtiment imposant et moderne situé non loin des cabinets et centres médicaux d’El Manar I, que nous sommes reçus par le président Nébil Ben Zineb, un homme affable et inspirant tout le respect que sa fonction représente. Il répond en toute simplicité à nos questions.
partielle et dérisoire. Un certain nombre de patients tunisiens n’a pas accès à la médecine privée, alors que l’on constate une désertion des établissements publics par les médecins due à la faiblesse des rémunérations. Il existe, par ailleurs sur le plan démographique, une disparité entre les zones côtières et celles de l’intérieur du pays qui pèchent par manque de médecins. Quant aux évolutions en matière de compétence, nos médecins sont de plus en plus compétents et ce, dû à l’accès aisé, pour nos étudiants en médecine, à l’information, facilité par l’avènement du numérique. Pour preuve, les élèves que nous adressons en vue de stages en France, par exemple, sont acceptés sans aucune réserve du fait du niveau de leur formation en Tunisie.
Que pensez-vous des enjeux numériques du monde de la santé ? Ces enjeux sont très importants, un dossier sur lequel nous travaillons au niveau du Conseil national de l’Ordre des médecins sur trois volets : l La télémédecine, qui a été avancée par le Conseil national de l’Ordre des médecins comme une solution au manque de certains spécialistes dans les régions. Nous avons évoqué l’imagerie médicale dans le sens où la présence physique d’un médecin radiologue dans tout hôpital régional n’est pas totalement indispensable car ceux sont les techniciens qui réalisent des examens importants comme l’IRM ou le scanner. Le médecin peut interpréter ces images en manipulant l’outil informatique et ce, même à distance, donnant son avis sur la pathologie éventuelle. Et encore, dans certains pays il est même possible de réaliser une intervention chirurgicale à distance grâce à la robotique. l Le projet de texte législatif, décret ou loi, visant à réguler la télémédecine. La consultation à distance n’est pas acceptée dans la mesure où elle ne remplace pas la consultation classique réalisée dans le cabinet médical, l’examen clinique étant une part importante de cette consultation. Une visite médicale sans examen clinique n’est pas conforme aux données de la science. Par contre, l’interrogatoire pourrait gagner à se faire via l’outil informatique car il serait alors plus développé, plus détaillé, le temps de consultation n’étant pas une contrainte. Par ailleurs, la concertation entre deux confrères autour d’un avis médical par exemple est possible avec la télémédecine. l Le dossier médical informatisé, un grand chantier. Nous nous sommes rendu compte que la Tunisie pèche par manque de textes imposant au praticien la tenue d’un dossier médical, ce à quoi nous voulons remédier, sur papier en premier lieu, car la tâche n’est pas simple avec l’outil informatique. Il sera alors nécessaire d’établir des règles de confidentialité, de secret médical, du fait des possibilités de piratage et du manque de sécurité des échanges par emails. Beaucoup reste à faire au niveau du respect de la déontologie dans le cadre de l’informatisation des dossiers, qui demeure toutefois une évolution inévitable.
Services de soins
Un des fleurons du système de santé tunisien
Le Centre national de greffe de moelle osseuse C’est dans le quartier hospitalo-universitaire de La Rabta que nous nous sommes rendus, en passant par l’entrée du Centre national de transfusion sanguine, pour découvrir les deux unités qui composent le Centre national de greffe de moelle osseuse. La première, bâtiment initial du centre, plus ancienne, est en cours d’extension et de rénovation. Elle abrite les services hospitaliers de prise en charge des patients. La seconde unité, récemment érigée et moderne, comprend, entre autres, un équipement à la pointe de la technologie et destiné à la fabrication, en lieu et place, de tous les médicaments nécessaires aux traitements par greffe de moelle osseuse.
Jaouida Ben Aouali
L
a directrice du centre, Souad Messoudi, chaleureuse et joviale, s’est chargée de nous accompagner tout au long d’une visite guidée et de nous présenter aux différents chefs de services qui nous ont non moins chaleureusement reçus pour nous parler, avec enthousiasme et conviction, de leurs professions et charges respectives. Des personnes compétentes et passionnées qui ne demandent qu’à mettre leur savoir-faire au service de patients atteints de pathologies souvent mortelles et qu’ils parviennent à sauver.
Souad Messoudi Directrice du Centre national de greffe de moelle osseuse Parlez-nous de ce Centre. Le Centre national de greffe de moelle osseuse a été fondé en 1998 conformément à la loi n°127 de 1994, ratifiée le 26 décembre de la même année. Il est composé de deux unités dont celle où nous nous trouvons et qui a ouvert ses portes en 2015, et qui comprend une pharmacie, des laboratoires de recherche, une administration et un dépôt. La seconde unité comprend les services hospitaliers au sein desquels les patients sont pris en charge. Ce centre est spécialisé dans la greffe de moelle osseuse, c’est le dernier recours pour sauver les personnes atteintes d’immunodéficience de la mort. Il a été développé depuis 1998 en matière de surface couverte, de 3.000 m2 il est passé à 8.000 m2 et sera enrichi d’une unité pédiatrique avec cinq cabines en cours de construction, qui sera fonctionnelle d’ici mai 2016, et ce, afin de libérer les deux cabines de soins réservées aux enfants prises sur les douze cabines existantes. Nous pourrons ainsi traiter à la fois les citoyens tunisiens et les personnes venues de l’étranger dans le cadre de l’exportation de nos compétences. Cette évolution a également concerné le personnel
22
Tunisie destination santé - mars 2016
puisque nous avons commencé avec environ 70 personnes, médecins, paramédicaux et ouvriers, pour compter actuellement 215 personnes. En outre, notre plateau technique est à la pointe du progrès.
Combien coûte la greffe de moelle osseuse ? L’allogreffe coûte entre 120.000 dinars et 800.000 dinars, avec une moyenne de 190.000 dinars pour l’allogreffe et 60.000 dinars pour l’autogreffe et, selon une convention établie avec la CNAM en 1998, le remboursement ne dépasse pas 80.000 dinars pour l’allogreffe et 45.000 dinars pour l’autogreffe. Ce qui amène le Centre à assumer les frais de la prise en charge pour les patients indigents.
Et cette convention avec la CNAM de Mauritanie ? La convention avec la Mauritanie entre dans le cadre de l’exportation de nos services de soins. Les Mauritaniens ont une grande confiance dans notre système de soins et leur ministre de la Santé, lors de sa dernière visite en Tunisie, nous a confié que ses compatriotes avaient totalement confiance en nos médecins, en leurs compétences et dans les résultats escomptés.
Projetez-vous d’établir de telles conventions avec d’autres pays d’Afrique et d’ailleurs, et lesquels ? Bien sûr et nous visons généralement les pays du continent africain, dont les ressortissants sont attirés par la compétence, la proximité et les coûts.
Services de soins
Le Service pharmacie du Centre de greffe de moelle osseuse Dr Myriam Razgalah Khrouf Chef du Service pharmacie du centre
La pharmacie comprend dix secteurs : la nutrition parentérale, la préparation des chimiotactiques, la préparation des médicaments injectables autres qu’anticancéreux, la pharmacie interne, où est pratiquée la dispensation journalière individuelle nominative (DJIN), caractéristique du centre, la pharmacie externe, l’hôpital de jour, le dépôt dispositifs, le dépôt médicaments, le dépôt sérums et les essais cliniques.
Tunisie destination santé - mars 2016
23
Services de soins Dr Assia Ben Hassen Professeur de bactériologie à la Faculté de médecine de Tunis et Chef de service des laboratoires du centre national de greffe de moelle osseuse (CNGMO) Le service des Laboratoires du CNGMO Dix-sept ans en arrière, le Centre national de greffe de moelle osseuse (CNGMO) a démarré son activité avec un très petit laboratoire de 200 m2. Actuellement, un nouveau local est disponible, de 800 m2, pour abriter un laboratoire qui a vu son activité augmenter, tant quantitativement que qualitativement, par l’introduction de différentes spécialités de biologie clinique : au départ, en 1998, il assurait uniquement la bactériologie, puis en 2000, 2002, 2006 et 2007, il a respectivement pris en charge la totalité de la biochimie, une partie de l’hématologie, de l’immunologie et de la virologie et ce, grâce, d’une part, à la persévérance de son personnel médical et paramédical et, d’autre part, au soutien de l’administration du Centre et du ministère de la Santé. L’objectif n’était autre qu’améliorer la prise en charge des patients du CNGMO par un rendu rapide des résultats. Ce service des laboratoires est un centre de production au sein de la chaîne de soins, par le nombre et la grande diversité d’analyses qu’il réalise quotidiennement, afin de permettre aux cliniciens la prise en charge adaptée aux besoins de leurs patients. Ces demandes
d’analyses sont de plus en plus importantes car les services cliniques ont beaucoup évolués dans leur activité ces dernières années par l’extension de l’hôpital de jour, la création d’une unité de soins intensifs et d’une unité de greffe pédiatrique. La paillasse de bactériologie est très développée au CNGMO car elle réalise non seulement le diagnostic des germes d’infections bactériennes mais aussi l’identification de tous les germes de colonisation par l’analyse bactériologique complète des prélèvements systématiques réalisés périodiquement, afin de donner une documentation en cas de neutropénie fébrile. La paillasse de biochimie clinique couvre quotidiennement toute la panoplie des examens biochimiques pour surveiller, au jour le jour, les effets secondaires occasionnés chez les patients sous chimiothérapie. L’immunologie apporte un soutien fondamental à la prise en charge et au suivi thérapeutique des patients ayant un déficit immunitaire. A côté de l’activité polyvalente de diagnostic biologique, il s’agit d’un laboratoire hospitalo-universitaire en bactériologie ayant une activité d’encadrement et de formation diplômante, il constitue également un site pour l’unité de recherche sur la bactériologie de la greffe de moelle osseuse.
Mohamed-Ali Snoussi pharmacien Dans le Centre de greffe, nous centralisons les préparations de chimiothérapie et quelques médicaments anti-infectieux. Dans la salle blanche, ce local protégé des contaminations extérieures, nous disposons de deux appareils, le premier est totalement étanche et stérile, c’est une hotte à flux laminaire vertical, et sert à la préparation des chimiothérapies, avec des produits toxiques. Pour une greffe de moelle osseuse, il est impératif de préparer le patient en lui administrant une chimiothérapie intensive, parfois associée à une irradiation corporelle totale, afin de détruire les cellules leucémiques résiduelles et les cellules de sa moelle osseuse pour recevoir les cellules saines. Entre les deux étapes, le patient n’aura aucune protection immunitaire, d’où ses besoins en antibiotiques et antiinfectieux, que Mounir Benzarti, technicien formé en préparation de chimiothérapie, prépare sous cette deuxième hotte. Notre
24
Tunisie destination santé - mars 2016
stratégie consiste à centraliser la production médicamenteuse afin de réduire les coûts. Ainsi, entre 2014 et 2015, nous avons économisé 500.000 dinars, sachant qu’un flacon de chimiothérapie, utilisable pour deux ou trois patients, coûte 4.000 dinars et un flacon d’antiinfectieux, à administrer quotidiennement, coûte 200 dinars. Toutes ces préparations sont réalisées ici en pharmacie, d’abord pour des contraintes de précision des dosages, ensuite pour épargner aux infirmiers un temps précieux qu’ils consacreront aux soins des patients, sans compter la réduction des risques de contamination. Par ailleurs, à chaque produit préparé nous attribuons une fiche de fabrication (nom du patient, date d’administration et dose fournie…) à des fins de traçabilité, ce laboratoire tient lieu de micro-industrie pharmaceutique.
Bien dormir
pour mieux vivre
Pour prévenir et soulager les douleurs articulaires (arthrose, maux de dos, du cou et de tête) et pour en finir avec les réveils douloureux, KONFORTA vous propose une large gamme d’articles orthopédiques en mousse à mémoire de forme. Matelas Viscoélastique de différentes dimensions qui épouse les contours de votre corps Surmatelas Viscoélastique (5cm d’épaisseur) qui se met sur votre matelas pour le compléter Oreillers cervicales Visco, différents modèles et dimensions Oreillers Viscogel pour une sensation de fraicheur Assises ergonomiques et bien plus... Découvrez toute la gamme sur notre site web: www.konforta-matelas.com ou sur notre page konforta-matelas.com 32, avenue Moheddine Kelibi - El Manar 2 - 63, avenue Fattouma Bourguiba - La Soukra - 80, avenue Ibn Khaldoun - Riadh El Andalous - Tel : 29 912 242/29 596 112/29 721 112/29 912 244 /29 596 104 - E-mail : frimousse.distribution@gmail.com
Services de soins
Un médecin
au service de la vie Primé par Sanofi pour son « Essai prospectif randomisé du filgrastim versus placebo chez l’adulte après allogreffe géno-identique de moelle osseuse », le Dr Tarak Ben Othmane est la preuve vivante de l’expertise et des compétences tunisiennes en matière de prise en charge d’immunodéficiences acquises telles que les cancers. Chef de service au Centre national de greffe de moelle osseuse, il consacre sa longue carrière à redonner espoir et une chance de rémission à des patients qui ne pensaient plus s’en sortir.
Jaouida Ben Aouali
L
a réputation du Dr Ben Othmane n’est plus à faire mais c’est un homme simple et modeste qui nous donne un peu de son temps si précieux consacré à combattre un micro-organisme aux conséquences ravageuses et létales sur l’homme. Dernier espoir de survie dans le long parcours vers la guérison, son arme fatale est la greffe de moelle osseuse. « C’est l’amour pour mes concitoyens et mon pays qui me guide », nous confie-t-il.
Pr Tarak Ben Othmane maître de conférences agrégé hospitalo-universitaire en médecine, chef de service de greffe au centre national de greffe de moelle osseuse.
26
Tunisie destination santé - mars 2016
Services de soins
Quels types de pathologies nécessitent la greffe de moelle osseuse ? Tout d’abord, le principe de la greffe de moelle osseuse ou des cellules souches hématopoïétiques (CSH) est de transplanter chez le malade des cellules saines capables de reconstituer une moelle osseuse normale et un système immunitaire compétent. Les indications reconnues sont variées et s’étendent non seulement aux formes résistantes des cancers mais également à de nombreuses affections non malignes, mais mortelles, à plus ou moins brève échéance. La greffe de moelle osseuse bénéfice de manière certaine aux enfants présentant une aplasie médullaire sévère dont le taux de guérison est supérieur à 60 %, alors qu›en l’absence de GMO, la mortalité touche plus de 80 % des cas. Autres principales indications à la GMO, le déficit immunitaire sévère, une hémoglobinopathie, essentiellement la thalassémie et la drépanocytose sévère, au cours desquelles les malades ne peuvent survivre que grâce à des transfusions itératives et un traitement chélateur du fer à vie avec tout le cortège de complications transfusionnelles. De même que les leucémies de pronostic sévère ou en rechute après un traitement chimiothérapique conventionnel et certains cancers de mauvais pronostic (neuroblastome, sarcome d›Ewing ou cancers en rechute…). Chez l’adulte, la greffe de la moelle osseuse trouve son application dans la plupart des leucémies aiguës en rémission, dans la leucémie myéloïde chronique, dans certains lymphomes malins réfractaires ou en rechute et dans certains cancers du sein ou du poumon.
Quelle méthode est le plus souvent employée ici, l’autogreffe ou l’allogreffe ? Nous avons davantage recours à l’allogreffe, qui utilise les cellules souches d’un donneur compatible, de préférence d’un donneur apparenté (frère ou sœur) ou, à défaut, d’un donneur compatible non apparenté, car avec l’autogreffe, la présence éventuelle, malgré les traitements préalables, de cellules cancéreuses résiduelles parmi les cellules souches génère un risque de récidive plus élevé que dans le cas d’une greffe allogénique. L’autogreffe, qui présente l’avantage d’un risque d’effets secondaires et de complications nettement plus faible qu’en cas d’allogreffe provenant d’un donneur, ne peut être utilisée qu’à un stade précoce de la maladie mais ce choix va dépendre d’un certain nombre d’éléments liés au malade (âge, antécédents…), à sa maladie, voire aux hasards de la génétique qui détermineront son phénotype HLA (Human leucocyte antigen ou antigène d’histocompatibilité). S’agissant de greffe autologue, il peut être difficile d’obtenir des cellules non contaminées ou des cellules susceptibles d’être utilisées. Par ailleurs, dans le cadre d’une allogreffe, les cellules du donneur sont capables d’éliminer les cellules cancéreuses qui pourraient encore être présentes dans l’organisme. On appelle cela « l’effet greffon contre cancer ». Le greffon diminue le risque
de récidive de la maladie.
Comment vous engagez-vous pour le don de moelle osseuse et tenez-vous une sorte de registre de donneurs ? Nous n’avons malheureusement pas de registre de donneurs car le don du sang n’est pas intégré dans la culture des Tunisiens, alors que dire de la moelle osseuse… Nous avons toujours recours à un donneur interne à la famille du patient.
Quels sont les progrès réalisés ces dernières années en Tunisie en matière de greffe de moelle osseuse ? Les mêmes qu’à travers le monde. L’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques demeure, jusqu’au développement de la thérapie génique, le seul traitement curateur d’un certain nombre de pathologies déficitaires constitutionnelles du tissu hématopoïétique. Elle reste le traitement éradicateur de nombre de maladies hématologiques malignes et garde cette place dans l’arsenal thérapeutique même si dans certains cas, la leucémie myéloïde chronique par exemple, l’avènement de nouvelles molécules peut modifier notablement le délai de sa mise en œuvre. Le rôle grandissant de la fonction immunothérapeutique du greffon allogénique et la réduction de l’intensité des conditionnements pré greffe vont permettre à un nombre croissant de malades d’accéder à ce type de traitement. Les possibilités nouvelles d’immunossupression et la qualité de la prévention anti-infectieuse, le développement des nouvelles sources de cellules souches hématopoïétiques, les progrès des connaissances en matière d’induction de tolérance vont autoriser, dans certaines conditions, à s’affranchir relativement de la compatibilité HLA entre donneur et receveur.
Pratiquez-vous le prélèvement par cytaphérèse ? Il s’agit justement d’un des progrès auxquels je faisais allusion précédemment. Les cellules souches peuvent être collectées classiquement à partir de la moelle osseuse ou du sang périphérique, la fameuse technique par cytaphérèse, ou encore du cordon ombilical conservé après la naissance d’un nouveauné, ces deux dernières techniques traduisant une évolution dans la prise en charge par greffe de cellules souches hématopoïétiques. Alors qu’à partir de la moelle osseuse les cellules souches sont prélevées dans l’os du pelvis, où leur concentration est très importante, le prélèvement par cytaphérèse est réalisé dans le sang du donneur après administration de certains médicaments, dont les facteurs de croissance, stimulant la moelle osseuse et forçant les cellules souches à se diriger dans le sang où elles n’y sont pas présentes en temps normal. La toute dernière innovation permet, quand un donneur compatible n’est pas disponible, de réaliser la greffe. Elle consiste à utiliser le sang de cordon ombilical comme source de cellules souches.
Tunisie destination santé - mars 2016
27
Services de soins
Sauver les enfants
est son credo Voilà un homme qui voue sa vie et son travail à une cause for honorable : sauver la vie d’un enfant dont le matériel génétique ne lui permet pas de survivre aux agressions microbiennes extérieures. Le Dr Bejaoui n’a de cesse de redonner espoir à la famille de cet enfant qu’il prend quasiment sous son aile, faisant participer la maman au long parcours vers la guérison. Aux parents venant le consulter, le regard empli de détresse, il déclare à propos du jeune patient, rassurant, « Ne vous inquiétez pas, je suis là pour le sauver et il vivra. Et il poursuit, s’adressant à nous : qu’y a-t-il de plus merveilleux que de faire en sorte qu’un enfant puisse vivre et que le bonheur se lise dans le regard de ses parents ? ».
Jaouida Ben Aouali
C
’est un homme passionné et totalement investi dans sa vocation que nous avons rencontré, il nous raconte les pathologies générées par cette anomalie génétique, les énormes progrès réalisés dans la prise en charge de jeunes patients, voire de nouveau-nés, dont le pronostic vital est, à la base, for engagé.
Dr Mohamed Bejaoui Professeur de pédiatrie à la Faculté de médecine de Tunis et Chef de service à l’Unité pédiatrique du Centre de greffe de moelle osseuse
28
Tunisie destination santé - mars 2016
Services de soins
Quelle différence y a-t-il entre la greffe de moelle osseuse chez les adultes et celle pratiquée chez les enfants ?
brûlure, une diarrhée profuse dans les cas extrêmes, avec atteinte du foie ou du poumon entrainant le décès.
Il n’y a aucune commune mesure entre les deux, l’enfant a son environnement spécial. Le mode de traitement, la prise en charge et le contact luimême sont différents. L’approche de la maladie est radicalement différente et séparer l’enfant de sa mère est hors de question. Par ailleurs, le métabolisme de l’enfant n’est pas identique à celui de l’adulte et, tant les médicaments que les doses administrées lui sont spécifiques. La spécialisation est la seule façon d’avancer.
Mais des tests ne sont-ils pas normalement pratiqués avant la greffe ?
Quels types de pathologies traitezvous par greffe de moelle osseuse chez les enfants ? Il existe deux grands groupes de pathologies. Les maladies dites non malignes, qui ne sont pas des cancers d’une manière générale, où la moelle osseuse, le sang, n’est pas touché, comme l’aplasie médullaire (raréfaction de la moelle osseuse), les déficits immunitaires (la moelle n’est plus en mesure de fabriquer les globules blancs, les plaquettes et tous les éléments qui circulent dans le sang), la drépanocytose et la thalassémie (défaut génétique de fabrication des globules rouges où la durée de leur vie est écourtée) qui rend l’enfant tributaire de transfusions sanguines itératives à vie, maladies très fréquentes en Tunisie, sont traitées par greffe de moelle osseuse lorsque les autres traitements échouent, il s’agit alors de déficit immunitaire primitif. Les premières greffes réalisées avec succès, d’abord aux Etats-Unis, puis en Hollande et en France, concernaient le déficit immunitaire primitif. Sans cette greffe, les enfants présentant un déficit immunitaire primitif meurent car sans défenses contre les agressions, ont parlait alors des enfants-bulles du fait de leur isolement dans un environnement aseptique. De manière générale, la greffe de cellules souches hématopoïétiques, prélevées dans la moelle osseuse, le sang périphérique ou le cordon ombilical du nouveau-né, est une thérapeutique de dernier recours car lourde et non dénuée de dangers (possibilités de séquelles ou décès).
Selon le Pr Ben Othmane il y aurait possibilité de rejet ? Il existe deux types de rejet. Lors de greffes d’organes, le receveur peut rejeter le greffon, les cellules immunocompétentes rejetant tout ce qui est étranger à l’organisme, s’agissant de cellules souches, ce type de rejet peut survenir, comme ces dernières peuvent aussi réagir contre leur hôte, c’est la GVH (Graft versus host ou réaction du greffon contre l’hôte), ce qui peut surtout toucher l’adulte. C’est une réaction excessivement grave se traduisant par de la fièvre, une éruption cutanée semblable à la
Bien entendu. Connaissant la GVH et son substratum, chez qui elle survient, il est procédé à une sélection du meilleur donneur : c’est un frère ou une sœur HLA identique, HLA (Human leucocyte antigens) étant un système de gènes qui régit la compatibilité ou non d’un individu. Alors, seulement, le risque est nettement moindre, sans pour autant être nul, seuls les jumeaux monozygotes assurant une compatibilité garantie. Cependant, les techniques de greffe ont totalement changé et court-circuiter ces réactions est aujourd’hui possible en faisant des greffes par donneurs n’étant pas HLA identiques, on parle alors de donneurs haplo-identiques. Fort de ce type de greffe dans les leucémies j’ai, le 17 mars 2015, réalisé la première, en Tunisie et dans le monde, greffe dans cette indication particulière de déficit immunitaire chez un jeune enfant et ce, après une longue discussion avec la famille. Cette expérience est d’ailleurs en cours de publication dans une revue scientifique internationale et je m’apprête à refaire cette greffe chez un autre enfant qui vient d’être admis au centre et qui est en phase de préparation : on prépare le lit du greffon en tuant la moelle du receveur avec des médicaments radiomimétiques durant 10 à 15 jours. Ensuite on procède à la greffe et à J 3 post-greffe, à J 5 postgreffe on administre d’autres médicaments visant à sélectionner et tuer les lymphocytes susceptibles d’être responsables de GVH et ce, in vivo, chez le patient.
Quel est votre ressenti après une telle réussite médicale ? Je vous répondrai par une anecdote. J’assistais à Marseille à un congrès européen organisé par le Pr Gérard Michel qui avait invité un médecin italien réputé comme étant le meilleur au monde en matière de greffe pour traiter la thalassémie. J’ai été invité à intervenir pour parler de la greffe traitant la thalassémie dans le Maghreb et j’ai commencé par parler des difficultés que nous y rencontrons, le don de sang étant la première, pour enchainer progressivement sur les résultats avec zéro décès dans ce type de greffe au Centre national de greffe de moelle osseuse. A la fin de mon intervention, le président du jury s’est exprimé ainsi : « Je vous demande d’applaudir monsieur Bejaoui, faites-le aussi pour monsieur Gerardino mais c’est l’enfant gâté de l’Europe, j’ai toujours dit que la science est une affaire d’Hommes ». Un tel respect ne peut que susciter chez moi la fierté pour moi et mon pays.
Tunisie destination santé - mars 2016
29
Services de soins
Sauver sa peau
Au Centre de traumatologie et des grands brûlés La mise en place du Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous s’est inscrite dans le cadre du renforcement de l’infrastructure sanitaire et du rapprochement des prestations de soins des citoyens. Inauguré en novembre 2012, cet établissement de santé publique a permis le transfert des services de soins, jadis assurés par une unité de traumatologie et de grands brûlés à l’hôpital Aziza Othmana, dans un centre spécialisé doté d’équipements et technologies de pointe. Il marque l’importance de la consolidation du secteur de la santé publique en vue de hisser le niveau des services d’urgences et de venir en aide aux victimes des accidents du travail, de la circulation, mais aussi des accidents tout court, d’une manière plus efficace et la plus rapide possible.
Jaouida Ben Aouali
30
Tunisie destination santé - mars 2016
Services de soins
E
n effet, plutôt que de se déplacer d’un service à un autre pour bénéficier des soins requis, c’est toute l’équipe médicale qui se mobilise pour venir au secours du patient. Ce dernier est ainsi traité de façon complète par les différents spécialistes. Il set à noter que cet établissement a nécessité l’engagement d’une enveloppe de 35 ?8 millions de dinars, dont 20,8 millions de dinars consacrés à l’acquisition du terrain, la construction, ainsi qu’à l’infrastructure spécialisée. Les 15 millions de dinars restants ayant assuré le coût de l’ameublement et des équipements.
Equipé pour sauver S’étendant sur une superficie globale de 6 hectares, dont 22.000 m2 d’espaces couverts et 3 hectares destinés à l’héliport, le Centre de traumatologie et des grands brûlés comprend sept étages, rez-de-chaussée et deux sous-sols compris. Il compte 11 services spécialisés, notamment un service d’orthopédie et de traumatologie dont la capacité d’accueil est de 46 lits, un service de réanimation des grands brûlés (20 lits), un service de chirurgie plastique, réparatrice et esthétique pouvant accueillir jusqu’à patients, un service des urgence (14 lits), un service de chirurgie (26 lits), un service de neurochirurgie (31 lits) et un service d’anesthésie et réanimation d’une capacité de 12 lits. Concernant les services techniques, le centre bénéficie d’un service de médecine physique et de rééducation fonctionnelle, d’un service d’imagerie médicale, d’un service de biologie et de banque du sang et d’un service de pharmacie.
Les cas de grands brûlés ou polytraumatisés repérés sont rapidement transférés dans le service de réanimation destiné à les accueillir. La capacité globale du centre est de l’ordre de 168 lits. Les services de soins sont assurés par un cadre médical, paramédical, administratif et un personnel ouvrier comptant 472 personnes. Ce service, étroitement lié, tant par la localisation que par la fonctionnalité, au service des urgences, est entièrement numérisé. Il compte une salle de scanner extrêmement rapide, une salle d’échographie, une salle de radiologie, une salle de radiologie pour les consultations externes et une salle pour l’imagerie par IRM. Aspect très important, toutes les salles de radiologie sont connectées entre elles suivant un réseau numérique spécifique, permettant la prise en charge
rapide des patients, un avantage de taille car il s’agit généralement de personnes polytraumatisées qu’il est indispensable de traiter efficacement. Comprenant une salle réservée aux blessés légers et jouxtant le service d’imagerie, le service des urgences assure la prise en charge de 85 % des patients qui s’y rendent. Il comprend une salle de premier diagnostic, une pour blessés légers, deux salles pour le plâtrage, mais aussi un hôpital de jour dont la capacité d’accueil est de l’ordre de 14 lits et un bloc opératoire. L’équipe d’urgence est formée de deux médecins internes, trois résidents et un médecin assistant. Les cas de grands brûlés ou polytraumatisés repérés sont rapidement transférés dans le service de réanimation destiné à les accueillir. Il s’agit en effet d’une salle de réanimation d’urgence et de déchoquage. Au second étage se trouvent le service d’orthopédie et de traumatologie et le service de chirurgie plastique, reconstructive et esthétique. Outre les Tunisiens, des patients venus des pays voisins et d’autres pays d’Afrique sont pris en charge dans le Centre de traumatologie et des grands brûlés, qui se présente comme étant un établissement arabe, africain et régional, traduisant l’importance de l’exploitation des services tunisiens de santé à l’échelle internationale. Quant au service de chirurgie plastique, reconstructive et esthétique, il s’avère indissociable des autres services car le centre accueille quotidiennement des cas de brûlures et d’accidents graves qui nécessitent l’intervention de cette spécialité.
La prise en charge des grands brûlés Incendie, tentative de suicide, accident domestique ou professionnel… Les causes de brûlures sont nombreuses. Si la brûlure est importante et profonde, le pronostic vital est souvent en jeu. Entre le risque d’infections et le risque de complications liés aux défaillances d’organes, le taux de mortalité des grands brûlés dépasse les 25 %. La prise en charge des grands brûlés nécessite des traitements très spécifiques et à la pointe de la médecine. L’épiderme, le derme et l’hypoderme sont les trois couches qui constituent la peau. Le degré d’une brûlure correspond à son niveau de gravité. Il existe trois degrés de gravité pour une brûlure. Quand la brûlure ne touche que les couches superficielles de l’épiderme, elle n›est généralement pas grave. Il s’agit d’une brûlure du premier degré. La chaleur entraîne la libération de plusieurs substances inflammatoires qui vont dilater les petits vaisseaux de la peau. Résultat, elle devient rouge, elle guérit le plus souvent en quelques jours. Quand la peau atteint une chaleur située autour de 60 °C, tout l’épiderme est
atteint et, éventuellement, la jonction derme/épiderme. Ce sont les brûlures du deuxième degré. La paroi des vaisseaux et des cellules est fragilisée. Du liquide s’accumule entre l’épiderme et le derme. Résultat, une cloque se forme et la zone devient très douloureuse. Si elles sont correctement traitées, ces brûlures guérissent en deux à six semaines. En revanche, quand il s’agit de brûlures du troisième degré, c’est beaucoup plus grave.
Il existe des centres spécifiques de traitement des grands brûlés, c’est le cas au Centre national de traumatologie et des grands brûlés. Elles se produisent quand la chaleur est supérieure à 65 °C. Toutes les couches de la peau sont atteintes. Les terminaisons nerveuses et les vaisseaux sanguins sont détruits. Du coup, les tissus se nécrosent. La peau devient sèche, cartonnée et noircit. Les tissus sous-jacents peuvent être atteints : tendons, muscles et parfois même les os. Lorsque la brûlure est profonde, elle peut provoquer un choc cardiovasculaire et une chute de tension, c’est une véritable urgence médicale. La greffe de peau : elle est obligatoire pour les personnes brûlées au troisième degré. Elle se fait en différentes étapes, dont celle du maillage. La peau est étirée comme un bas résille. Si les brûlures sont très étendues, cela rend le maillage plus compliqué, faute de peau saine. Il y a, bien sûr, une limite aux capacités d’extension de la peau. Une autre piste de traitement réside dans la culture de cellules d’épiderme, le but étant d’obtenir une peau artificielle qui sera ensuite greffée au niveau de la brûlure. Pour l’instant, les résultats sont en cours d’évaluation. Mais grâce à ces avancées, on guérit aujourd’hui des brûlures qui étaient mortelles il y a une dizaine d’années. La prise en charge des grands brûlés implique un suivi sur plusieurs années. Il existe des centres spécifiques de traitement des grands brûlés, c’est le cas au Centre national de traumatologie et des grands brûlés. Après la phase aiguë, où les interventions consistent à sauver la vie du grand brûlé, vient le temps des chirurgies réparatrices qui visent à améliorer esthétiquement et fonctionnellement les greffes qui ont déjà été réalisées. Chirurgiens, réanimateurs, infirmiers, aides-soignants… pour éviter de déplacer les grands brûlés, les spécialistes interviennent directement dans les chambres. Les chambres de réanimation peuvent se transformer en véritable bloc opératoire. Tunisie destination santé - mars 2016
31
Services de soins
Un homme dans le feu de l’action Difficile métier qu’est celui de réanimateur médical dans le Centre de traumatologie et des grands brûlés. Seuls les cas d’urgence affluent dans cet établissement et leur prise en charge comporte nombre de difficultés qu’il faut savoir affronter.
rv
ie
w
Jaouida Ben Aouali
P
our le Dr Amen Allah Messadi, c’est une véritable profession de foi que de contribuer à sauver les victimes du feu et de participer à leur rémission lente et difficile. Savoir-faire et rapidité de décision et d’action sont des qualités que seul un vrai professionnel possède. Cet homme au rôle crucial dans les traitements des brûlés répond à quelques unes de nos questions.
te
Dr Amen Allah Messadi
In
Professeur hospitalo-universitaire en réanimation médicale à la Faculté de médecine de Tunis et fondateur du service de réanimation des brûlés au Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous. Quels acteurs de santé interviennent dans la prise en charge d’un grand brûlé ? La prise en charge d’un grand brûlé est une urgence thérapeutique et nécessite l’intervention du citoyen, qui doit connaître les gestes utiles, à savoir le refroidissement initial par l’eau et éviter de souiller la brûlure par des produits domestiques, l’évaluation, par les médecins de première ligne, de la gravité et l’initiation des premiers gestes thérapeutiques. Ensuite, et au sein de la structure spécialisée, le grand brûlé nécessitera, durant son séjour, l’intervention quotidienne et permanente du réanimateur et, selon les besoins, des chirurgiens plasticiens et/ou orthopédistes, kinésithérapeutes, du psychologue et d’un personnel paramédical formé et performant.
Comment les équipes du Centre de traumatologie et des grands brûlés, faisant partie des derniers nés et fleurons du système de soins de santé public, gèrent-elles les traumatismes par brûlure ? La gestion de la brûlure ne nous pose pas trop de problèmes. Ce qui est difficile à gérer, c›est la pression souvent exercée par les familles quelque peu, et à juste titre, déstabilisées par cette épreuve difficile, générant des situations sociopolitiques compliquées, d ‹autant que la capacité du service est de 20 lits.
En tant que médecin anesthésisteréanimateur, en quoi consiste votre rôle dans ce Centre ? Je suis réanimateur médical et non anesthésiste réanimateur, les deux spécialités existent et diffèrent en pratique. Mon rôle, et celui des autres réanimateurs,
32
Tunisie destination santé - mars 2016
est de répondre aux besoins du brûlé, de palier aux différentes défaillances organiques qu’il est susceptible de présenter au cours de son hospitalisation et ce, jusqu›a sa cicatrisation. Tout doit être tenté pour garantir une qualité de vie la meilleure possible pour les victimes de cette pathologie dramatique.
La prise en charge est étroitement liée au traumatisme subi, comment les patients en phase critique sont-ils classés ? Les brûlés sont classés, selon la gravité de leur cas, par âge et par des scores tenant généralement compte du type de brûlure, de son étendue et de sa profondeur.
Quelles complications peuvent survenir ? La brûlure peut engager le pronostic vital. Elle engage souvent le pronostic fonctionnel et toujours le pronostic esthétique avec des répercussions psychologiques qu’il n’est pas facile de gérer.
Outre les soins apportés aux traumatismes physiques, y a-t-il une prise en charge psychologique du patient au sein du Centre ? La présence d’un psychologue au sein de l›équipe est fondamentale et nécessaire et nous disposons, au sein de notre équipe, des services d’une psychologue qui a beaucoup travaillé sur le sujet.
Combien de patients traitez-vous environ par an ? Le service dispose d’une capacité hospitalière de 20 lits. Nous prenons en charge, par an, près de 3.000 urgences, nous assurons plus de 4.000 consultations et nous hospitalisons en moyenne 350 patients.
Services de soins
Le secteur privé
Un enrichissement de l’offre de soins
La population, dont l’espérance de vie ainsi que le niveau éducatif ne cessent de s’élever, revendique l’assurance de l’accès à des services de qualité, faisant appel aux technologies évoluées de diagnostic et de traitement. Cette demande, notamment engendrée par les maladies chroniques, entraîne une augmentation des coûts et des dépenses de santé, d’autant que la courbe de l’offre (médecins et autres corps de santé) du secteur privé est dans une phase ascendante.
Jaouida Ben Aouali
joue un rôle central dans la dynamique de la médecine libérale.
Les structures du secteur privé
A
l’heure actuelle, plus de la moitié des médecins, généralistes et spécialistes, 15 % des lits d’hospitalisation, la quasi-totalité des officines pharmaceutiques, relèvent du secteur privé où le rythme de développement du parc d’imagerie médicale est élevé. Il est en plein essor depuis les années 1990 et dispose d’une part importante de l’équipement lourd du pays. Il est financé essentiellement par les ménages et absorbe environ la moitié des dépenses totales de santé, avec un secteur hospitalier privé qui
34
Tunisie destination santé - mars 2016
L’exercice de la médecine privée a toujours existé selon un mode individuel en cabinet de soins ambulatoires, alors que le développement de l’hospitalisation est récent. En effet, la plupart des établissements ont été créés à partir des années 1970 et plus particulièrement dans les années 1990. En 2008, on recense 99 cliniques avec 2.578 lits, constituant 12,5 % de la capacité hospitalière nationale. Mais l’évolution la plus remarquable a été celle des centres d’hémodialyse, dont le nombre a été multiplié par 5,8 entre 1990 et 2004, pour atteindre 105 centres avec 1.058 lits en 2008.
Parallèlement au développement de sa capacité hospitalière, le secteur privé a connu un développement spectaculaire dans ses composants soins ambulatoires, ainsi en moins de deux décennies, le nombre de cabinets médicaux a été multiplié par 3,3 et celui des cabinets dentaires par 3. Le secteur privé continue à se développer moyennant des investissements privés importants et un encouragement de la part de l’Etat, il est préféré par la population pour la rapidité de ses interventions. Ce secteur, qui consomme la moitié des dépenses de santé, comprend 50 % des médecins, 73% des dentistes, 80 % des pharmaciens et 7 % des paramédicaux. Les équipements lourds, l’hémodialyse et la thalassothérapie sont soumis à autorisation du ministère de la Santé et à une certaine normalisation. Les cliniques et les professions paramédicales ne sont soumises, quant à elles, qu’à un cahier des charges.
Le rôle du secteur privé La santé s’inscrit comme étant la base de l’économie d’un Etat, ce qui implique que la santé des citoyens reflète fidèlement et véritablement l’économie de celui-ci. En outre, le secteur de santé, particulièrement le secteur privé tunisien, joue un rôle grandissant dans l’exportation des services de santé, générant une nouvelle source économique pour le pays. Médecine de qualité associant compétence médicale et paramédicale, infrastructure technique développée, situation géographique stratégique, faisant de la Tunisie la porte de l’Afrique, rapidité de prise en
Services de soins
charge et coûts très compétitifs des soins sont autant de facteurs favorables au développement économique généré par ce secteur. Par ailleurs, un processus de « Certification ISO » est en cours depuis les années 2000 dans les structures de santé privées notamment du fait de l’ouverture du pays à l’exportation des services de santé.
Activités médicochirurgicales dispensées par les cliniques Les cliniques privées tunisiennes sont représentées par la chambre syndicale nationale des établissements de santé privés travaillant sous l’égide de l’UTICA (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat). L’activité hospitalière des cliniques est renforcée par un plateau technique développé et performant, représentant 68 % du parc d’équipements lourds du pays. Il comprend un centre d’imagerie médicale (scanner, IRM, unité de télé cobalt, PET Scan), en lieu et place ou à une proximité immédiate, des actes cardiovasculaires invasifs, un lithotripteur, un laser Excimer, un laboratoire de biologie, un laboratoire d’anatomie pathologique. Mono-disciplinaires (30 %) ou multidisciplinaires (70 %), les cliniques privées sont concentrées dans les grandes zones urbaines et la moitié dans la capitale, alors que les centres d’hémodialyse, soumis à la carte sanitaire, sont équitablement répartis entre les régions. Les activités médicales concernent toutes les spécialités les maternités, la gynécologie et les centres FIV la réanimation médico-chirurgicale L’activité chirurgicale est thoracique et cardiovasculaire neurologique ophtalmologique
générale et carcinologique traumatologique et orthopédique urologique maxillo-faciale et esthétique Les caisses de sécurité sociale prennent en charge la quasi totalité des soins fournis dans le cadre de la chirurgie cardiovasculaire, de la greffe de rein ou de moelle osseuse et certains actes ou examens complémentaires (IRM, Scanner, Lithotripsie) et la totalité de la dialyse rénale. l l l l
Les centres d’imagerie médicale L’imagerie médicale fonctionne en tant que médiation dans le rapport au corps (du patient à son propre corps, des soignants avec le corps du patient) et dans la relation soignant-soigné. Elle n’est plus considérée comme une spécialité mais comme une discipline. En effet, il y’a autant de spécialités d’organe en imagerie médicale que de spécialités médicales et chirurgicales auxquelles il faut ajouter la radiologie interventionnelle avec ses différentes spécialités. Cette activité s’exerce au sein de cabinets, individuels ou de groupe, ou de services de radiologie
dans le cadre d’une clinique et obéit, comme toute autre spécialité, au code de déontologie médicale. Des textes réglementaires fixent d’une part, la liste des équipements, dont l’installation est soumise à l’accord préalable du ministère de la Santé publique, et d’autre part, les indices de besoins de chaque région du pays. Elle est définie par arrêté conjoint des ministres des Finances, du Commerce et de la Santé publique, ce dernier définissant les indices de besoins de la population pour chaque type d’équipement. Il existe, en Tunisie, 54 centres de radiodiagnostic hautement équipés, dont un, à Tunis, proposant l’imagerie par PET Scan, dernier né de la technologie en termes de radiologie, élevant la Tunisie au rang des quelques pays dotés d’un tel appareillage.
Les laboratoires d’analyses médicales Sont considérés comme « analyses médicales » les examens de laboratoire
l l
l
l l l
Tunisie destination santé - mars 2016
35
Services de soins
destinés à faciliter le diagnostic médical, le traitement ou la prophylaxie des maladies humaines. Elles ne peuvent être effectuées que sur prescription établie par un docteur en médecine, sauf s’il s’agit d’analyses périodiques prescrites à l’origine par un médecin. La possibilité d’ouvrir, de diriger et d’exploiter un laboratoire d’analyses médicales privé n’est ouverte qu›aux médecins, pharmaciens ou médecinsvétérinaires spécialistes en biologie médicale, après obtention préalable d’une autorisation, laquelle est délivrée dans les mêmes conditions que celles prévues pour l’exercice de la médecine, de la pharmacie et de la médecine vétérinaire. Les laboratoires désirant pratiquer les analyses anatomo-pathologiques devront disposer des services permanents soit d’un docteur en médecine soit d›un pharmacien ou d’un docteur en médecine vétérinaire, titulaire d’un certificat universitaire d’études spéciales d’anatomo-pathologie. Les laboratoires d’analyses médicales sont au nombre de 287 et sont, comme les
36
Tunisie destination santé - mars 2016
autres activités liées à la santé, sous la tutelle du ministère de la Santé.
Les centres d’hémodialyse Les centres d’hémodialyse sont classés dans la catégorie des centres spécialisés, des établissement de diagnostic ou de traitement à vocation ambulatoire dans lesquels aucun acte d’anesthésie générale n’est permis et où l’hospitalisation est également strictement interdite. Leur équipement en matériels lourds est, comme pour les autres secteurs de soins, soumis à une autorisation du ministre de la Santé publique qui, lui-même, est tenu de consulter le comité national des établissements sanitaires privés pour toute demande de création, d’extension ou de transfert d’un centre d’hémodialyse. Les centres d’hémodialyse sont soumis au régime du cahier des charges. L’insuffisance rénale chronique est un vrai problème de santé publique dans le monde et la Tunisie compte 9.000 patients souffrant de cette pathologie,
dont 6.000 sont traités dans des centres privés d’hémodialyse. Les structures habilitées à assurer les soins d’hémodialyse voient leurs installations techniques évoluer en même temps que les techniques de dialyse évoluent, afin de garantir le meilleur traitement possible au patient. La Tunisie compte 1.522 centres d’hémodialyse répartis sur l’ensemble du territoire. Les dirigeants de ces centres ont pour ambition et objectif de perdurer l’excellente réputation de qualité de soins qu’ils apportent à leurs patients journaliers atteins d’insuffisance rénale chronique. Le patient étant le premier juge des qualités de soins et des résultats escomptés, le centre se doit d’être à la pointe du progrès technologique dans le domaine de la dialyse, ce qui a poussé l’ensemble des acteurs soignants et techniques à mettre en place les dernières techniques d’hémodialyse. Les enjeux sont principalement liés au confort du patient, à l’amélioration du traitement, à l’allongement de la durée de vie.
Publireportage
Un outil à la pointe de la technologie
le PET Scan
Dirigé par une équipe de médecins spécialistes en imagerie médicale de renom, le CERU, clinique d’imagerie médicale sise à la place Pasteur à Tunis, vient de démarrer l’exploitation d’un appareil à la pointe de la technologie: le PET Scan. Devenu indispensable dans la prise en charge du cancer, cet équipement rehausse le niveau de la médecine nationale, répondant à un besoin impérieux et complétant l’offre tunisienne en matière d’imagerie médicale. En effet, cette acquisition ajoute la Tunisie aux rares pays africains détenant un PET Scan, après le Maroc, l’Egypte et l’Afrique du Sud.
Introduction La scintigraphie est un examen d’imagerie par médecine nucléaire qui consiste à injecter un traceur spécifique à un organe précis, qui va permettre la formation d’une image de l’organe cible grâce à des informations sous forme de radiations détectées par une machine dite Gamma-caméra. Dans ce cadre, le PET Scan a révolutionné cet examen en y apportant un traceur spécifique de la cellule cancéreuse, le FDG, qui est alors détectée par la machine TEP (Tomographie par Emission de Positons). En outre, les nouvelles machines sont combinées à un scanner. La technique du Pet Scan associe au sein d’un examen d’imagerie «morpho-fonctionnel» unique des informations à la fois fonctionnelles, métaboliques et anatomiques. Elle est d’un apport majeur dans la prise en charge des patients cancéreux.
Une arme efficace contre le cancer Le PET Scan est une excellente technique pour le diagnostic précoce et le suivi de la maladie cancéreuse. L’imagerie quasi-spécifique des cellules cancéreuses permet d’examiner l’ensemble du corps pour détecter tous les foyers du cancer, primitifs et secondaires. En effet, le PET Scan est capable de détecter les tumeurs de petite taille et d’évaluer leur stade et leur gravité, représentant ainsi une grande avancée pour la cancérologie. Il est utilisé principalement pour la prise en charge et le suivi des lymphomes, des cancers du poumon, du sein, du colon et du rectum, des cancers ORL, des mélanomes, des cancers de l’ovaire, de l’utérus, de l’œsophage et de l’estomac mais aussi dans d’autres indications. Le Pet-Scan permet tout d’abord le diagnostic précoce et aisé de la maladie cancéreuse caractérisée par l’hyper-métabolisme du FDG, il devient par exemple un examen incontournable de première intention dans la caractérisation tumorale des nodules pulmonaires suspects. La deuxième grande indication est le bilan d’extension initial de la maladie cancéreuse pour une stadification plus pertinente et plus précise de l’évolution de la maladie afin de permettre une prise en charge thérapeutique plus adéquate. Par ailleurs, l’introduction du PET Scan permet d’assurer une évaluation précoce de la réponse thérapeutique essentiellement après chimiothérapie, pour un gain de temps par rapport à l’évolution de la maladie et une économie en matière de prescription médicale de molécules onéreuses car un traitement inefficace est rapidement détecté et remplacé pour de meilleurs résultats. Enfin, dans le cadre d’une suspicion de récidive locale avec élévation des marqueurs tumoraux ou symptômes atypiques, le PET Scan permet de faire un bilan du corps entier à la recherche de la récidive.
QUESTIONS à ... Docteur Majdi Mahersi
Spécialiste en médecine nucléaire, scintigraphie et thérapie aux radio-isotopes Le Docteur Majdi Mahersi, spécialiste en médecine nucléaire, scintigraphie et thérapie aux radio-isotopes est l’initiateur de ce projet ambitieux. Il a dédié au PET Scan plus de 200 m2 du CERU, l’équipant de matériaux modernes et de mobilier design. Il revient sur l’histoire d’un rêve de médecin…
Quel est l’impact de l’introduction en Tunisie du PET Scan sur le « tourisme » médical ? Chez nous, le niveau de la médecine est excellent. Nous recevons des patients des pays voisins mais aussi d’autres pays africains et d’Europe, notamment pour la chirurgie plastique et esthétique. Le « tourisme » médical est un secteur essentiel pour notre économie, c’est pourquoi nous devons être à la pointe du progrès dans les domaines des compétences, des structures et des équipements. Le PET Scan apporte une plusvalue, en particulier en cancérologie, et permet à plus d’étrangers de se faire traiter chez nous.
Quelle a été votre motivation première ? Dans un pays à haut niveau sanitaire reconnu comme le nôtre, la prise en charge de la maladie cancéreuse demeurait tronquée jusqu’à l’arrivée du PET Scan, examen révolutionnaire et pilier de l’exploration des cancers. Par ailleurs, l’ambition de tout médecin est d’être à jour dans la pratique de sa discipline pour assurer la meilleure prestation au bénéfice de ses patients. Mais je dois avouer aussi qu’à titre personnel, j’ai réalisé un rêve de médecin. Celui que j’ai juré de servir en prêtant serment : guérir ou permettre à mes confrères de mieux le faire grâce aux explorations de plus en plus pointues que je leur fournis.
Tunisie destination santé - mars 2016
37
Services de soins
L’hospitalité par les compétences
Les exportations de services de santé ont traditionnellement été dirigées du Nord vers le Sud, les patients voyageant dans le sens inverse. Mais les facteurs qui assuraient l’attractivité des systèmes de santé au Nord se sont progressivement banalisés et diffusés, avec l’accroissement et l’amélioration des compétences médicales dans un pays comme la Tunisie. Les exportations de services de santé représentent le quart de l’activité du secteur privé en Tunisie et, avec les services d’hébergement induits, elles contribuent à près de 4 % des exportations des services du pays.
Jaouida Ben Aouali
38
Tunisie destination santé - mars 2016
Services de soins
La multiplication des dispensaires, des hôpitaux de circonscription et des hôpitaux régionaux a permis d’assurer à l’ensemble de la population un accès à la médecine de base. Par ailleurs, la création d’instituts, de centres spécialisés et de centres hospitaliers universitaires (CHU) a offert une médecine de pointe s’appuyant sur un corps de spécialistes de haut niveau opérant sur des plateaux techniques performants.
La qualification des praticiens en Tunisie a rattrapé celle des pays avancés. Les bonnes performances de la Tunisie dans le domaine de la santé s’expliquent par cette augmentation continue de la densité en médecins, mais également par l’amélioration de leurs compétences techniques et de la qualité des soins.
La Tunisie, les raisons d’y séjourner
L
’augmentation rapide de la population active a engendré une pression croissante sur le marché du travail en Tunisie. Dans cette perspective, le secteur de la santé a offert des opportunités d’exportations nouvelles. En raison de l’élévation des niveaux de formation, de la standardisation des procédures et protocoles médicaux et de la disponibilité de produits pharmaceutiques et de matériel médical sur le marché international, la qualification des praticiens en Tunisie a rattrapé celle des pays avancés. Cette amélioration a permis à notre pays de réduire leurs importations de service de santé et, au-delà, de devenir des exportateurs nets de services de santé. L’infrastructure sanitaire publique s’est développée selon un schéma bipolaire, alliant l’élargissement des soins de base au renforcement d’une médecine de pointe.
Concilier vacances, tourisme et soins médicaux de grande qualité constitue désormais une tendance en pleine évolution. En effet, en premier lieu, les campagnes commerciales dans le domaine du « tourisme médical » prolifèrent en ce sens, mettant en évidence le fait que la Tunisie offre à la fois des compétences médicales de grande qualité et un environnement propice au tourisme. De plus, les établissements qui accueillent les « touristes médicaux » passent des accords commerciaux avec des touropérateurs, proposant ainsi des services touristiques adaptés. Jusqu’à récemment, le « tourisme médical » consistait surtout en une mobilité de mieux-être. Les soins consommés étaient essentiellement des soins préventifs ou alors des soins curatifs mais concernant le plus souvent des morbidités relativement bénignes. Depuis les années 1980, ce que l’on a pris l’habitude d’appeler « tourisme médical », s’oriente vers des soins diversifiés. Désormais, cette pratique concerne des pathologies lourdes qui nécessitent des soins sophistiqués et extrêmement techniques. Dans un premier temps, le domaine médical le plus concerné était la chirurgie esthétique mais il est à noter que depuis quelques années, le « tourisme médical » recouvre tout type de maladie, pouvant aller de l’anomalie cardiaque à la greffe d’organes.
Une autre particularité de ce déplacement à but thérapeutique contemporain réside dans la distance parcourue par les patients. Il s’agit plus concrètement de la mondialisation des échanges, de la diffusion des savoirs ou bien encore de la rétraction des distances du fait de l’amélioration des moyens de transports. L’originalité de cette pratique réside aussi dans le choix de cette destination. En effet, les flux s’orientent principalement vers les pays émergents et en développement comme la Tunisie. Traditionnellement, on considérait ces lieux comme des lieux de mauvaise santé, caractérisés d’une part par les maladies infectieuses et parasitaires, et d’autre part, par une offre de soins déficiente et insalubre. Malheureusement, aujourd’hui encore, ces images demeurent. Quoique fort heureusement, elles cohabitent avec une autre vision de l’offre médicale qui, cette fois, est caractérisée par un savoir-faire de qualité et la présence de technologies médicales de pointe. Ainsi, si les flux vers les pays développés existent toujours, ils sont néanmoins devenus secondaires.
Des facteurs favorables La Tunisie est située à la jonction du bassin oriental et du bassin occidental de la méditerranée à la pointe nord de l’Afrique. La Tunisie bénéficie d’un climat agréable pendant une bonne période de l’année. Cette position géographique, qui a fait de la Tunisie un carrefour de civilisations par le passé, en fait aujourd’hui une plaque tournante aussi bien pour l’investissement que pour les échanges et le commerce avec les autres nations d’Europe, d’Afrique et du Moyen Orient.
Les coûts en Europe de l’Ouest, variables selon les pathologies et les pays, sont généralement estimés au double de ceux pratiqués en Tunisie. La santé y est bien développée, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, surtout dans le grand Tunis. Les tunisiens résidants à l’étranger, estimés à plus que 900.000, peuvent constituer un centre d’intérêt pour le pays en leur fournissant des soins de qualité moins chers qu’en Europe et en assurant aux malades généralement assurés sociaux dans leurs pays d’accueil une proximité familiale généralement souhaitée.
Tunisie destination santé - mars 2016
39
Services de soins
Un sondage d’opinion CSA montre qu’un européen sur deux serait prêt à se déplacer pour bénéficier de soins dans une ville ou un pays éloigné si la sécurité sociale autorise le remboursement des soins pratiqués à l’étranger. Les coûts en Europe de l’Ouest, variables selon les pathologies et les pays, sont généralement estimés au double de ceux pratiqués en Tunisie. Outre les soins dentaires, très prisés par les Italiens en vacance dans le pays et des séances d’hémodialyse prises en charge par les tours opérateurs pour les insuffisants rénaux en vacance dans le pays, ainsi que des soins de confort en thalassothérapie, les cliniques tunisiennes reçoivent plus de 20.000 patients européens grâce à un lobbying par l’intermédiaire des tours opérateurs spécialisés dans le tourisme médial et au développement de sites Internet de cliniques spécialisées en chirurgie esthétique. De plus, on estime à plus de 100.000 patients libyens ayant reçu des soins en Tunisie rien qu’en 2011. Il semble que la Libye, et en second lieu l’Algérie et la Mauritanie, peuvent constituer des centres d’intérêt pour le tourisme médical, ainsi que certains pays africains. Un travail de prospection et de contacts avec les organismes publics et privés peut rapidement aboutir pour garantir à leur population des soins organisés de qualité et avec des tarifs convenables. En effet, des ressortissants libyens et algériens visitent la Tunisie pour avoir des check-up, poursuivre des traitements médicaux et/ou pour subir des opérations cardiovasculaires ou de yeux. De plus, plusieurs hôtels accueillent des ressortissants européens pendant l’hiver et leurs fournissent des services proches des maisons de retraite
(cliniques et médecins à proximité et conventionnés avec l’hôtel). L’avantage de la Tunisie réside aussi dans la disponibilité d’un personnel qualifié à des salaires relativement compétitifs. En effet, la Tunisie forme annuellement 700 à 800 médecins et 2.000 paramédicaux partagés à part égale entre infirmiers et techniciens supérieurs, spécialisés dans plusieurs sections telles que la radiologie, l’anesthésie, la biologie, etc. Une formation relative à l’organisation attendue des soins, à l’utilisation de l’outil informatique et au perfectionnement en langues vivantes du personnel paramédical est considérée comme primordiale dans le pays pour la qualité des services rendus. Cette catégorie de personnel constitue la charnière dans les différentes étapes de soins et mérite qu’on lui accorde une attention particulière, tant au niveau de la formation de base que dans la formation complémentaire et continue qui doit les maintenir à un niveau compétitif. Un programme d’assurance qualité basé sur un système rigoureux d’évaluation permet de maintenir à niveau ce secteur qui fait, à lui seul, la différence avec les structures publiques et privées existantes.
Une offre organisée La chirurgie esthétique a d’abord été pratiquée dans les cliniques pour les Tunisiens puis, à partir de 1998, pour les expatriés. Le bouche à oreille a ensuite conduit quelques clients européens (français, suisse, belges) à se déplacer pour se faire opérer en Tunisie. Une clinique de Tunis, en particulier, s’est construit une réputation de qualité et de prix compétitifs. Elle a opéré l’essentiel de ces premiers touristes médicaux. Une émission de télévision française l’a faite connaître à un large public en France et cette notoriété a suscité un grand nombre de contacts et de demandes d’information. Les exportations de services de santé au sens strict ne
constituent pas les seules recettes d’exportation générées par le traitement de patients étrangers. Ces soins induisent également des dépenses de séjour en Tunisie, pour les patients eux-mêmes (préparation, convalescence) et pour leurs accompagnateurs. Des tours opérateurs touristiques établissent des « packages de santé » (soins esthétiques, check-up, etc.) et les proposent à leurs clients. En effet, les tours opérateurs sont les principaux partenaires dans la diffusion de l’information, à propos des services de tourisme médical établis par la Tunisie, le service médico-touristique se composant des prestations suivantes : transport, accueil, hébergement (hospitalier et hôtelier), acte médical ou chirurgical, loisirs pendant la période de convalescence.
Des tours opérateurs touristiques établissent des « packages de santé » (soins esthétiques,check-up, etc.) et les proposent à leurs clients. Chaque prestation relève d’un acteur spécialisé : l’acte médical ou chirurgical, du médecin et du chirurgien l’hébergement hospitalier, de l’hôpital ou de la clinique le transport, l’accueil et les loisirs d’une agence de voyages l’hébergement, d’un hôtel ou autre forme d’hébergement homologué Quatre acteurs interviennent dans la prestation de tourisme médical et en garantissent la qualité et le professionnalisme. Il est évident qu’aucun des intervenants à lui seul n’est apte à assurer une prestation médico-touristique de qualité. Toutefois, le tourisme médical ne peut pas être appréhendé et conçu comme un produit touristique de masse dans la mesure où le cœur du produit reste l’acte médical ou chirurgical (constituant un facteur de risque par nature), ce qui impose : une collaboration parfaite entre les plus compétents des chirurgiens et des opérateurs touristiques le respect par tous de la déontologie médicale une prise en charge et une assistance spécifiques du patient/touriste qui doit être considéré comme un « VIP » et bénéficier d’un traitement particulier et individualisé. l
l
l
l
l
l
l
40
Tunisie destination santé - mars 2016
Services de soins
Une autre manière de promouvoir
les compétences tunisiennes Cofondateur et gérant d’Esthética Tours, une des premières agences qui organisent un séjour en Tunisie comprenant logement, soins médicaux et déplacements, Amor Dehissy a été formé à l’Ecole supérieure de commerce à Toulouse d’où il rentre au pays, diplômes en main, pour mettre en application ses connaissances dans les métiers du tourisme, de l’hôtellerie au tour operating, en passant par le secteur aérien.
F
ort de ses 30 années d’expérience dans le secteur touristique où il a occupé des postes importants, dont celui, depuis 2004, de directeur de l’agence, cet homme n’a de cesse que de promouvoir l’expertise médicale tunisienne et la haute technicité de nos établissements de soins à l’échelle internationale. En personne avisée, il répond sans détours à nos questions.
In
te
rv
ie
w
Jaouida Ben Aouali
Amor Dehissy directeur d’Esthética Tours Etant un élément important dans les voies d’exportation des compétences médicales tunisiennes, quels sont, de votre point de vue, les pays les plus demandeurs ? En l’état actuel, le marché maghrébin est le plus important pour la Tunisie notamment la Libye et, dans une moindre mesure, l’Algérie. Les marchés européen et africain sont marginaux.
Quels sont les actes médicaux les plus recherchés en Tunisie par les patients étrangers ? Les Maghrébins et les Africains sont demandeurs de toutes les spécialités médicales. Pour les Européens, il s’agit essentiellement de ce qui n’est pas remboursé par leurs systèmes de sécurité sociale et notamment la chirurgie esthétique et les soins dentaires.
Comment se déroule la prise en charge du patient depuis le premier contact ? Avec les chirurgiens, nous leur établissons un devis forfaitaire incluant chirurgie et voyage sur la base de leur demande et préférences au niveau du voyage. Une fois arrivés à l’aéroport de Tunis-Carthage, nous les prenons en charge jusqu’à leur départ. Ils n›ont aucun souci à se faire. De retour chez eux, ils restent en contact avec leur chirurgien.
Pensez-vous établir un partenariat sous forme de convention bilatérale avec les organismes (Sécurité sociale ou mutuelle) des pays d’origine des patients en vue de la prise en charge pécuniaire des actes médicaux pratiqués dans notre pays ?
Quelles sont les raisons qui poussent les étrangers à venir se faire soigner en Tunisie ?
Oui, nous avons commencé à le faire depuis peu avec une importante agence de tourisme médical basée en Allemagne et qui connait une forte croissance. Nous comptons aider les cliniques tunisiennes à accéder au marché mondial.
Pour les Maghrébins et les Africains, c’est l’indisponibilité des soins dans leurs pays et pour les Européens c’est le rapport qualité/prix.
Quelle plus-value verriez-vous dans le développement du numérique dans notre système de santé ?
Par quel biais vos services sont-ils sollicités ?
Le numérique est essentiel pour développer nos exportations de service de santé. Le secteur doit investir massivement dans le webmarketing et surtout former les médecins aux nouvelles technologies de l’information.
Essentiellement via Internet et par le bouche à oreille.
Tunisie destination santé - mars 2016
41
Le tourisme médical est le créneau dans lequel se rencontrent à la fois la volonté de diversifier le marché et le produit
te rv
ie w
Nommé à la tête de l’Office national du tourisme tunisien depuis mars 2015, Abdellatif Hmam est un haut fonctionnaire de l’Etat familiarisé avec la coopération internationale et l’export, ayant été à la tête du Centre de promotion des exportations (CEPEX), de juin 2009 à mars 2015. Promouvoir la Tunisie en tant que destination de santé est l’une des missions prioritaires de l’ONTT qui s’investit dans une stratégie de promotion et d’enrichissement du produit tunisien mais aussi des marchés cibles.
Saïma Ksibi
In
Abdellatif Hmam Directeur Général de l’Office national du tourisme tunisien Quel objectif vise votre stratégie de promotion du produit tunisien à l’étranger ?
Dans le cadre de la revue stratégique de notre travail en matière de tourisme, nous avons un double objectif : rechercher à la fois une diversification de notre produit et travailler pour celle des marchés.
Qu’entendez-vous par la diversification du produit ? Il s’agit de l’enrichissement du produit touristique tunisien, principalement celui de la mer, qui constitue un axe stratégique et un atout pour notre pays et ce, à travers plusieurs pistes comme le tourisme des événements, celui du shopping, celui du Sahara, celui sportif. Dans ce panel, nous retenons le développement du « tourisme médical ». Celui-ci comprend une variété de sous-produits allant du tourisme de bien-être, comme la balnéothérapie, l’hydrothérapie, la thalassothérapie, etc., aux soins médicaux, comme l’accompagnement des personnes âgées et celles à mobilité réduite nécessitant une assistance, en passant par l’exploration de services de soins de très haute qualité, comme la chirurgie esthétique, la chirurgie cardiovasculaire, la chirurgie ophtalmologique et la procréation médicalement assistée. Ce sont, en effet, les créneaux dans lesquels la Tunisie a capitalisé sur les 50 dernières années, avec un savoir-faire considérable et reconnu sur les plans national et international.
Et par celle du marché ? Le développement du tourisme médical cible trois régions pour des raisons totalement différentes mais complémentaires :
La région africaine francophone, principalement l’Afrique subsaharienne ses ressortissants aiment la Tunisie, ils s’y sentent bien et sont totalement rassurés d’y trouver un vis-à-vis médical parlant français, rendant la communication et la prise en charge humaine aisées. Nous sommes, certes, en compétition avec des pays voisins mais notre savoir-faire est approprié et
42
“
“
Services de soins
Tunisie destination santé - mars 2016
répond parfaitement aux attentes de nos patients étrangers venant du Mali, du Cameroun, du Sénégal qui, satisfaits, nous font la meilleure des publicités.
La région Afrique du Nord les patients libyens sont fidèles à la Tunisie et placent une confiance totale dans notre corps médical, de même que les patients venant d’Algérie, toujours plus nombreux. Avec le déploiement de Tunisair vers cette zone et notre projet de développement des complémentarités entre les agences de voyage spécialisées et les banques, qui facilitent les transferts d’argent, le Soudant représente également une cible potentielle, il suffit d’une bonne coordination entre les différentes parties concernées.
La région Europe les patients européens viennent en Tunisie pour un certain nombre de spécialités, comme la chirurgie dentaire, l’orthodontie et pour plusieurs interventions chirurgicales ou esthétiques pour des raisons pécuniaires, les prix étant nettement inférieurs à ceux pratiqués en Europe, et un temps d’attente bien plus court pour recourir à un acte médical avec, en plus, une excellente infrastructure clinique, des équipements modernes et à la pointe de la technologie et un savoir-faire de haut niveau.
Organisez-vous des campagnes de promotion du produit médical tunisien dans les pays cibles ? Nous avons l’intention de nous y atteler activement, cependant la promotion de notre savoir-faire se fait au niveau des soins et de l’accompagnement médical et commence par notre participation aux salons internationaux. Ainsi, l’année dernière, nous avons participé au Salon des seniors à Paris qui vise le flux des touristes d’un certain âge. C’est une tranche de la population qui vient en Tunisie pour profiter du soleil mais aussi de la qualité des soins offerts tant sur le plan médical qu’humain. Nous allons aussi collaborer avec les professionnels de la santé et les cliniques privées pour concocter des promotions alliant la dimension société civile à la dimension promotionnelle. Je pense plus particulièrement à des actions humanitaires pouvant être organisées par des associations pour des pays comme le Mali ou le Sénégal et qui ont déjà réussi à promouvoir l’image de la Tunisie en tant que destination de santé.
Publireportage
Carthage Assistance Un regard sur l’Afrique et une ouverture à l’international
F
ondée en 1995, Carthage Assistance et Services (CAS) est le leader du marché de l’assistance en Tunisie. Riche de ses 20 ans d’expérience et de ses 520 milles abonnés, CAS propose une panoplie de solutions d’assistance médicale et des produits fiables, de qualité et à portée de main pour ses clients. Un plateau technique actif et vigilent est mis à la disposition des clients, sept jours sur sept, avec une veille 24 heures sur 24.
Quels sont les produits proposés par Carthage Assistance en matière d’assistance médicale ? CAS propose une palette de prestations d’assistance médicale comprenant l’évacuation sanitaire par avions équipés pour les cas compliqués et urgents, le Third Part Administration (TPA), le Travel For Treatment To Tunisia (T4T2T) et le Medical On Site (MOS).
Third Part Administration (TPA) C’est une solution efficace proposée par Carthage Assistance et Services aux compagnies d’assurances étrangères et leurs adhérents qui viennent se faire soigner en Tunisie. En effet Carthage Assistance met à leur disposition son réseau de prestataires minutieusement sélectionnés parmi les meilleurs praticiens et cliniques du pays. A l’admission, le patient se présente à l’établissement hospitalier muni de sa carte d’adhésion pour bénéficier des avantages du produit TPA : Prise en charge simple et rapide, un accompagnement et un suivi minutieux, prise en charge payement à la sortie… une enquête satisfaction client est effectuée systématiquement à la clôture des dossiers.
du médecin régulateur, procède à l’étude du dossier pour choisir l’établissement hospitalier et les praticiens adéquats. L’assistance des patients T4T2T commence par l’accueil à l’aéroport Tunis-Carthage et l’accompagnement portuaire complet. Une assistance 24H/24 durant le séjour avec une régulation médicale permanente durant l’hospitalisation. En période de convalescence, Carthage Assistance met à la disposition des patients T4T2T des guest houses contrôlées par des équipes médicales et para médicales hautement qualifiées.
Le Medical On Site (MOS) Le MOS est un produit lancé par Carthage Assistance depuis une quinzaine d’années pour venir compléter le dispositif HSE de nos clients sur les sites isolés (pétroliers, industriels,…). La solution MOS consiste à mettre, à la demande de nos clients, notre know-how en matière d’audit et conseil pour l’évaluation des risques et la définition des besoins, en matière de santé et risques sur sites.
Travel For Treatment To Tunisia (T4T2T)
Afin de pallier aux éventuelles faiblesses relevées par l’audit et améliorer la sécurité du personnel sur le site, Carthage Assistance proposera les solutions adéquates : mise à disposition des compétences médicales nécessaires, unités médicales mobiles, moyens d’évacuation terrestre et aérienne avec les plans d’urgence appropriés.
Le T4T2T est le fruit d’une expérience de vingt ans ainsi que de la position de la Tunisie en tant que première destination santé d’Afrique, des compétences médicales et des établissements hospitaliers d’envergure internationale.
Pourquoi choisir Carthage Assistance et service ? Carthage Assistance et Service c’est avant tout :
Carthage Assistance propose le T4T2T comme une solution sur mesure et de confort pour les patients, elle garantit une prise en charge médicale intégrale répondant aux exigences internationales. A la réception de la demande de prise en charge avec le dossier médical du patient, l’équipe Carthage Assistance, sous le contrôle
20 ans d’expérience dans le marché de l’assistance 96 % des patients satisfaits 56 milles dossiers traités en 2015 520 milles abonnés 24h de veille et de réactivité par jour 7 jours d’assistance par semaine Tunisie destination santé - mars 2016
43
Services de soins
Les actes qui attirent
Des actes médicaux non remboursés par la sécurité sociale, des interventions onéreuses, un temps d’attente trop long allant jusqu’à un à deux mois, des compétences, un savoir-faire et une technologie peu ou pas disponibles, la proximité, sont autant de facteurs qui attirent en Tunisie nombre de patients venant de Libye, d’Algérie, de Mauritanie, d’autres pays d’Afrique et d’Europe. Dans toutes les spécialités médicales, nos praticiens ont acquis des connaissances forgées dans des facultés où l’enseignement est d’un niveau adéquat, que certains d’entre eux sont allés parfaire en Europe auprès de grands noms des sciences médicales.
Jaouida Ben Aouali
L
a Tunisie est bien placée en matière de tourisme médical grâce à des équipes médicales et chirurgicales hautement qualifiées et spécialisées. De plus, en matière de coût, la Tunisie reste compétitive : le personnel est moins coûteux et les charges sociales moins élevées, sans compter le taux de change totalement favorable
aux touristes de santé. L’offre, cantonnée initialement à des opérations de chirurgie esthétique, s’est diversifiée. La Tunisie propose d’autres actes médicaux et chirurgicaux dans le domaine de l’orthopédie, de la chirurgie digestive et de l’obésité, de la cancérologie, de la cardiologie, sans omettre la procréation médicalement assistée.
La chirurgie esthétique La Tunisie offre tout un panel de soins en la matière, de la chirurgie du visage, avec le lifting cervico-facial, les liftings frontal, temporal et malaire, la blépharoplastie, la rhinoplastie, la génioplastie, l’otoplastie, le lipofilling du visage, à la chirurgie mammaire, avec l’augmentation ou la réduction mammaire, le lifting ou le lipofilling des seins, la correction de la gynécomastie, en passant par la chirurgie du corps, avec la liposuccion, l’abdominoplastie, le lifting des bras ou des cuisses, et les chirurgies réfractives et dentaires, ainsi que la médecine esthétique. Les techniques et le matériel utilisés sont les derniers nés des innovations réalisées dans le monde, nos spécialistes étant toujours à l’affût des évolutions de leur discipline.
La chirurgie orthopédique
44
Tunisie destination santé - mars 2016
Qu’elle traite les maladies et les traumatismes de l’appareil locomoteur, comme les fractures, les ruptures et les hématomes, ou encore les déformations des os, des articulations, des ligaments, des tendons et des muscles, la chirurgie orthopédique est d’un excellent niveau en Tunisie. Elle s’est développée dans des domaines comme les prothèses articulaires, les greffes osseuses et la chirurgie endoscopique, le chirurgien orthopédiste tunisien pouvant pratiquer une intervention chirurgicale, réaliser des actes à travers de petites incisions, comme l’arthroscopie, traiter des plaies nécessitant une exploration afin de vérifier l’absence de plaies tendineuses ou articulaires associées. Outre l’Institut orthopédique Mohamed Kassab, la Tunisie vient tout récemment de se doter de SOS Mains, une unité privée spécialisée tout particulièrement dans la chirurgie de la main.
Services de soins La chirurgie digestive et de l’obésité Réalisée par des chirurgiens spécialistes tunisiens chevronnés, cette discipline concerne toutes les interventions ayant trait aux différents organes de l’appareil digestif, de l’ablation de l’œsophage à la gastrectomie partielle ou totale, de la radiofréquence hépatique à la dérivation bilio-digestive, de la cure de hernie inguinale ou ombilicale à l’appendicectomie, de la colectomie droite ou gauche à l’anastomose colo-anale. Les problèmes d’obésité ne sont pas en reste puisque les interventions qui s’y rapportent, au nombre de trois, sont également réalisées au sein de nos établissements. En effet, la chirurgie bariatrique, destinée à réduire la sensation de faim et induire la perte drastique de poids, est pratiquée, sous anesthésie générale, sous toutes ses formes en fonction des besoins de chaque patient : l’anneau gastrique concerne les patients dont l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 35 et consiste en la mise en place d’un anneau ajustable autour de la partie supérieure de l’estomac pour en réduire la capacité ; la sleeve gastrectomie est recommandée aux personnes dont l’IMC est supérieur à 40, une partie de l’estomac étant enlevée sans interrompre la continuité digestive et ce, toujours afin de réduire l’absorption de calories ; le by-pass gastrique est conçu pour ceux dont l’IMC est supérieur à 40 et consiste à réduire la capacité gastrique et à court-circuiter le bol alimentaire sur l’intestin grêle de façon à ce qu’il ne soit pas complètement absorbé par l’organisme.
L’aide médicale à la procréation (AMP) L’ICSI (Intra Cytoplasmic Sperm Injection ou injection intracytoplasmique d’un spermatozoïde) apparaît comme une technique révolutionnaire qui a bouleversé la prise en charge des couples infertiles. Initialement réservée aux infertilités à définition masculine, son application s’est étendue aux autres types d’infertilité. L’analyse des résultats sur les deux premières années d’activité fait apparaître une augmentation de l’activité du centre d’AMP de l’hôpital Aziza Othmana, entre autres, dans la prise en charge des couples infertiles par ICSI. Les résultats en termes de taux de fécondation et de taux de grossesse clinique sont concordants avec ceux publiés dans la littérature internationale sur la question. Ces résultats permettent d’évaluer, de façon globale, les chances des couples infertiles d’avoir une grossesse grâce à cette technique. C’est pourquoi, nombre de couples étrangers viennent y recourir en Tunisie.
La cancérologie Assumée et endossée par d’éminents spécialistes tunisiens, cette discipline fait intervenir les professions qui consacrent la totalité de leur activité à la cancérologie, à savoir l’oncologie médicale, l’oncologie radiothérapie, l’onco-hématologie, celles qui participent au diagnostic du cancer avec le radiodiagnostic/imagerie médicale, la médecine nucléaire et l’anatomo-cytopathologie, enfin celles dont l’intervention accrue est prévisible dans le cadre des évolutions de l’organisation des soins, ainsi les médecins spécialistes dont les pneumologues, les gastroentérologues, les neuro-oncologues, les oncopédiatres, les dermatologues, les médecins internistes et les médecins généralistes. Tunisie destination santé - mars 2016
45
Services de soins
La Société tunisienne de chirurgie laparoscopique
Une solution contre l’obésité
La STCL est une société scientifique à but non lucratif qui s›est fixé comme objectifs la participation à la promotion et au développement de la chirurgie laparoscopique en Tunisie, la création d’une dynamique d’échanges d’expériences scientifiques dans ce domaine, l’organisation de manifestations scientifiques aussi bien nationales qu’à l’étranger et la participation à la formation médicale continue.
Jaouida Ben Aouali
L
a Société tunisienne de chirurgie laparoscopique (STLC) ne ménage aucun effort pour mettre en valeur les avantages de cette technique. En effet, la laparoscopie assure moins de douleurs postopératoires et, par conséquent, moins d’usage d’analgésiques et antalgiques. Dès lors qu’elle réduit le risque d’infections nosocomiales et de problèmes d’éventration et qu’elle permet, en outre, aux patients de reprendre plus rapidement leur activité professionnelle, elle représente un bénéfice considérable sur le budget de la santé. En terme de coût, la laparoscopie semble, de prime abord, plus chère que la chirurgie classique mais elle est nettement moins onéreuse à long terme. Pathologies bénignes ou cancers et tumeurs de l’appareil digestif sont autant d’indications de la chirurgie laparoscopique. Son président, le Pr Mohamed-Hédi Balti, répond à nos questions relatives à l’une de ses indications les plus connues, à savoir l’obésité.
Pr Mohamed-Hédi Balti Président de la Société tunisienne de chirurgie laparoscopique
46
Tunisie destination santé - mars 2016
Services de soins
En tant que Président de la Société tunisienne de chirurgie laparoscopique, pouvez-vous nous parler des applications de cette technique dans notre pays ? Cette nouvelle technique, qui consiste à réaliser des interventions chirurgicales abdominales à travers de petites incisions de un centimètre environ et sous contrôle d’un endoscope relié à une caméra, a vu le jour en France à la fin des années 80 et s’est rapidement propagée à travers le monde. Nous étions parmi les premiers en Afrique et dans le monde arabe à introduire cette technique et les premières cholecystectomies laparoscopiques ont été faites en Tunisie à partir de 1992. L’amélioration de la technologie permet aujourd’hui d’effectuer pratiquement toutes les interventions abdominales par voie laparoscopique, c’est ainsi qu’actuellement en Tunisie, en plus de la cholecystectomie, l’appendicectomie et la chirurgie herniaire, des interventions plus élaborées sont effectuées d’une façon courante. C’est le cas de la chirurgie du reflux gastro-oesophagien, des colectomies, de la chirurgie pancréatique et, surtout, de la chirurgie bariatrique, aussi bien la Sleeve gastrectomie que le by-pass gastrique.
Etant donné les nombreux cas d’obésité en Tunisie, y a-t-il une demande pour recourir à la chirurgie et des trois techniques, anneau gastrique, by-pass ou sleeve, laquelle est la plus utilisée ? Il y a effectivement une demande de la part des patients tunisiens mais aussi étrangers pour la chirurgie de l’obésité. Evidemment, cette chirurgie ne s’adresse qu›aux malades ayant une obésité morbide avec un IMC supérieur à 40, l’indice de masse corporelle étant un reflet exact
de la masse graisseuse du corps et se calculant avec le rapport poids en kilos par la taille au carré. Par exemple, une patiente pesant 120 kg et mesurant 1,70 m présente un IMC de 41 et peut être candidate à une chirurgie bariatrique, la sélection des malades est donc rigoureuse. Actuellement, les interventions les plus pratiquées en Tunisie sont : en premier lieu, la sleeve gastrectomie, qui consiste en l’ablation de 75 % de l’estomac par voie laparoscopique, puis le By-pass gastrique, s’agissant de la création d’une petite poche gastrique associée à un montage intestinal en Y favorisant la malabsorption, enfin l’anneau gastrique, qui est délaissé du fait de ses mauvais résultats sur le long terme, avec un échec de l’amaigrissement évalué à 70 %.
Est-ce que des patients étrangers, venus du Maghreb, des autres pays d’Afrique ou d’Europe, viennent se faire soigner chez nous par chirurgie laparoscopique ? Toutes ces interventions sont pratiquées de façon courante dans les cliniques et les hôpitaux tunisiens et les demandes émanent aussi bien de malades tunisiens que de malades maghrébins et africains, et parfois européens. Elles nécessitent un plateau technique adéquat et une équipe multidisciplinaire permettant une bonne prise en charge.
Quel est le niveau des compétences tunisiennes en la matière ? Les compétences tunisiennes en chirurgie laparoscopique existent et la formation est assurée périodiquement par des congrès organisés par la Société tunisienne de chirurgie laparoscopique (STCL) et lors de l’édition 2015, nous avons évalué la pratique de la sleeve gastrectomie en Tunisie par une étude multicentrique.
Tunisie destination santé - mars 2016
47
Services de soins
L’implantologie Une spécialité bien implantée L’implantologie a démarré à l’hôpital Farhat Hached à Sousse en 1991, suite à la nomination de Dr Chedly Baccouche, Professeur en médecine dentaire et implantologie, comme chef de service de médecine dentaire. En 1993, elle a été reprise par l’hôpital militaire de Tunis et, la même année, a été créée l’Association tunisienne d›étude et de recherche en implantologie orale (ATERI). A partir de cette date là, l’implantologie a été généralisée au niveau des structures étatiques et des citoyens. En tant que technique chirurgicale, l’implantologie a été introduite en Afrique du Nord, puis dans le reste du continent, à partir de la Tunisie. Depuis, elle a trouvé sa véritable place auprès des citoyens et a été démocratisée au niveau des structures étatiques. Ainsi, s’est développé, sur tout le territoire tunisien, un programme de formation des médecins dentistes en implantologie, qui deviennent, dès lors, implanto-conscients, l’implantologie n’étant pas une spécialité, c’est une technique chirurgicale de formation postuniversitaire.
Jaouida Ben Aouali
48
Tunisie destination santé - mars 2016
Services de soins
L
es dentistes algériens, marocains, mauritaniens et libyens ont été formés dans notre pays et à partir de 2001/2002, l’implantologie a joué un rôle important dans le cadre du tourisme de santé, au niveau des cabinets dentaires privés, qui a drainé des ressortissants des pays du Maghreb, par défaut de compétences dans le domaine chez eux à cette époque, et d’Europe, pour des techniques et des compétences identiques et des coûts
nettement moins élevés que dans leurs pays d’origine. En outre, l’Etat avait développé l’importation des différents produits (entre autres les implants) nécessaires aux soins dans ce domaine et, concurrence oblige, la diversité des marques a fait le reste, générant la diminution des prix des implants. Ceci a permis l’accès des Tunisiens à l’implantologie, d’autant que les caisses nationales d’assurance maladie et les assurances privées prennent en charge une partie des frais. Pour ce qui
est des ressortissants français venant se faire soigner dans notre pays, leurs mutuelles ont accepté, vers 2008/2009, de rembourser 500 euros par implant et par an, ce qui a généré leur afflux dans les cabinets d’odontologie de Sousse, carrefour de l’implantologie avec la Faculté de médecine dentaire, suivie de Hammamet, puis de Tunis où la population a commencé à intégrer cette démarche thérapeutique. Nous avons rencontré le Dr Chedly Baccouche qui nous en parle.
Dr Chedly Baccouche Professeur en médecine dentaire et implantologie
Quelle est sa durée ?
Où en est la prise en charge pour les citoyens tunisiens ? La prise en charge est timide, 200 dinars pour l’acte chirurgical et 200 dinars pour l’implant sur les 1.500 à 2.000 dinars de frais globaux, mais elle est compensée par les assurances et les mutuelles privées.
Quelle différence de prix y a-t-il entre le bridge classique et l’implant ? Un bridge pour une dent manquante, qui nécessite de sacrifier deux dents, revient au même prix qu’un implant, soit 1.500 dinars. Le choix est donc vite fait entre les deux et ce, avec un intérêt grandissant de la part des citoyens pour l’implantologie qui leur apporte un confort de mastication et un bénéfice esthétique incomparables.
Combien y a-t-il de sociétés savantes dans le domaine et quel est leur rôle ? Entre les sociétés et les associations, il me semble qu’il en existe sept ou huit : Elles prennent la responsabilité de la formation en invitant des professionnels essentiellement français de la technique.
Entre la pose d’un implant et celui de la couronne, il y a un délai de cicatrisation.
Ce délai dépend de l’âge du patient, plus il est âgé et plus ce délai s’allonge. Il est de 4 mois pour une personne relativement jeune et de 6 mois pour une personne âgée, chez qui la cicatrisation est plus lente. Il dépend aussi de l’état de santé du patient qui, s’il est diabétique par exemple, requiert plus de temps pour sa cicatrisation.
Que faut-il faire lorsque le patient présente une résorption osseuse ? Il faut recourir au comblement par adjonction d’os de banque, on parle alors d’allogreffe, d’os autogène que l’on obtient par prélèvement dans la partie supérieure de la mâchoire et que l’on broie. Ma préférence se porte sur l’os de banque, qui est lyophilisé et biocompatible. Actuellement, il y a également possibilité de recours à l’os synthétique, qui est neutre et fabriqué à partir de phosphate tricalcique. Ce comblement osseux est généralement réalisé lorsqu’il n’y a pas assez de hauteur au niveau des sinus, afin de relever la paroi sinusienne, et 6 mois sont alors nécessaires avant la pose de l’implant. Pour ce qui est de la mâchoire inférieure, elle est plus délicate à traiter du fait de certaines interventions supplémentaires à réaliser, à savoir la distraction osseuse. Cependant, il est généralement fait appel, dans ce cas, à un chirurgien maxillo-facial avant de procéder à l’implantologie.
Où avez-vous été formé ? J’ai entamé ma formation en implantologie en 1996 à Paris à l’hôpital Cochin et j’ai suivi, en parallèle, des cours à l’hôpital de la Salpêtrière. J’ai ensuite collaboré avec
le Centre hospitalier intercommunal de Créteil, avec l’hôpital dentaire de Milan. Par la suite, en tant que professeur en la matière, j’ai invité des professionnels français à dispenser des cours en Tunisie. La technique a donc été introduite en Tunisie sur des bases solides, avec la meilleure qualité d’implants, à savoir des marques allemandes, l’Allemagne étant performante en matière de technologie. Il est, d’ailleurs, possible aujourd’hui pour un médecin dentiste de réaliser des prothèses dans son cabinet grâce à un logiciel informatique, ce qui m’amène à vous dire qu’à l’occasion du Salon Tunisia Health Expo, j’ai invité le représentant d’une société qui fournit ce type de technologie à faire la démonstration de cet appareillage innovant susceptible d’être commercialisé dans notre pays. Bien qu’étant une affaire commerciale, il n’en reste pas moins que c’est un plus scientifique non négligeable.
Par quelle filière recevezvous les patients étrangers ? En 2000, les agences étaient les principaux acteurs de la filière de la patientèle étrangère, avec également les sites Internet des hôtels qui drainaient les visiteurs étrangers, lesquels, par ouï-dire, étaient informés quant à notre expertise et venaient se faire soigner chez nous. Les techniques et le savoir-faire étaient identiques à ceux de l’Europe et les honoraires étaient nettement inférieurs en Tunisie, les pôles les plus importants en matière d’implantologie étant Sousse, Monastir, Djerba. Par ailleurs, de nombreux Algériens, Mauritaniens et Libyens viennent aussi se faire soigner dans nos cabinets à Tunis. Tunisie destination santé - mars 2016
49
Services de soins
!
La PMA
c’est extra La procréation médicalement assistée ne fait pas de miracles, elle aide simplement la Nature à suivre son cours lorsque celle-ci n’y parvient pas toute seule. Il s’agit d’une série de techniques qui aboutissent bien souvent sur ce qui semblait impossible: une grossesse.
Jaouida Ben Aouali
P
our de nombreux couples, le chemin qui mène à la grossesse n’est pas un long fleuve tranquille. Et la solution se résume en trois lettres porteuses d’espoir : AMP ou assistance médicale à la procréation (ou PMA). Les techniques, dans le monde for complexe des éprouvettes, sont diverses.
L’insémination artificielle (IA) L’insémination artificielle est utilisée en cas d’infertilité inexpliquée ou bien pour compenser une faiblesse relative du sperme de l’homme ou des problèmes de glaire cervicale chez la femme. Elle se pratique, sans anesthésie, dans un centre d’AMP ou au cabinet du gynécologue, avec le sperme du conjoint (IAC) ou celui d’un donneur (IAD). Il s’agit de déposer directement dans la cavité utérine, au moyen d’une pipette, le sperme préparé en laboratoire (lavé et centrifugé). Avant l’insémination proprement dite, la femme suit un traitement d’inducteurs d’ovulation (hormones qui déclenchent l’ovulation) pour multiplier les chances de réussite. Ce traitement est administré sous forme d’injections quotidiennes.
La fécondation in vitro (FIV)
50
La FIV s’adresse principalement aux femmes dont les trompes sont absentes ou ne fonctionnent pas, ainsi qu’aux cas inexpliqués de stérilité. C’est la technique d’AMP la plus connue. Dans un premier temps, la femme suit un traitement d’inducteurs d’ovulation afin d’obtenir plusieurs ovocytes (et non un seul comme dans un cycle naturel). Les recherches entreprises dans ce domaine en Tunisie ont permis de mettre en place de nouveaux protocoles basés sur une prescription différente de ces inducteurs. Avant la FIV, le médecin prescrit un traitement inducteur d’ovulation plus léger basé sur l’administration d’un nombre moins élevé d’injections (six ou sept injections maximum avant la FIV) et par conséquent moins coûteux. Les ovocytes sont ensuite ponctionnés, le plus souvent sous anesthésie générale. Le matin même de la ponction, le conjoint doit donner son sperme recueilli par masturbation. Ovocytes et spermatozoïdes sont réunis dans une éprouvette. S’il y a fécondation et que l’œuf se divise correctement, il est transféré dans l’utérus environ 48 heures plus tard, au stade de deux à quatre cellules (ou un peu plus tard). Le transfert est indolore et se réalise sans anesthésie. Deux semaines plus tard, on pratique un test de grossesse pour savoir si l’embryon s’est bien implanté dans l’utérus. Plusieurs embryons peuvent être transférés en même temps. Ceux qui « restent » sont congelés, en vue d’une éventuelle tentative de FIV ultérieure. Les avancées réalisées par la recherche dans ce domaine ont permis de développer de nouvelles techniques pour Tunisie destination santé - mars 2016
Services de soins
augmenter les chances de réussite de la FIV. L’une d’elles se rapporte au diagnostic préimplantatoire qui consiste à pratiquer une biopsie au niveau des embryons afin de choisir ceux qui ne comportent aucune anomalie chromosomique, ce qui augmenterait les chances de succès de la FIV. Actuellement, 9.000 tentatives de FIV sont effectuées en Tunisie par an. Une autre grande avancée de la recherche encore au stade expérimental : les cellules souches qui permettront à des femmes stériles de produire de nouveau des ovules.
L’injection intracytoplasmique d’un spermatozoïde Cette technique permet de prendre en charge des stérilités masculines sévères. Plutôt que de déposer, comme dans une FIV classique, 100.000 spermatozoïdes autour de chaque ovocyte et de « laisser faire », on injecte un seul spermatozoïde directement dans l’ovocyte avec une petite pipette.
Les dons de gamètes Un homme ne fabriquant pas de spermatozoïdes, une femme ne produisant pas d’ovocytes, un couple risquant de transmettre une maladie génétique grave peuvent bénéficier de dons de gamètes (c’est-à-dire d’un don à la fois de sperme et d’ovocyte). Le déroulement de la FIV ou de l’ICSI sera ensuite tout à fait classique. Jamais les parents ne sauront de qui proviennent les gamètes utilisés, ces dons étant anonymes et gratuits.
Tunisie destination santé - mars 2016
51
Services de soins
Celui par qui
In
te rv ie w
tout arrive Dr Mohamed Khrouf Pr Agrégé au Service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction de l’hôpital Aziza Othmana
Le plateau technique du Centre de PMA de l’hôpital Aziza Othmana bénéficie des meilleurs équipements pour mettre toutes les chances de succès du côté des couples qui désirent un enfant et qui sont dans l’incapacité naturelle d’en avoir.
Jaouida Ben Aouali
52
Tunisie destination santé - mars 2016
Services de soins
L
e constat est là : l’infertilité apparaît chez des couples de plus en plus jeunes. Ils ont entre 25 et 35 ans et peinent à concevoir dès les premiers mois de la vie conjugale. Selon la définition donnée par les scientifiques, un couple est stérile, lorsqu’il n’arrive pas à concevoir au bout d’une année à deux ans de rapports non protégés. Aujourd’hui, plus d’un couple sur six
éprouve des difficultés à concevoir dès les premiers mois de vie commune et décide, avant la fin de l’année, de consulter pour déterminer la cause des difficultés qu’il rencontre à avoir un enfant. Le Dr Mohamed Khrouf fait partie de ces médecins qui travaillent à aider ces couples frappés d’infertilité à dépasser les obstacles qui s’interposent entre eux et le désir d’enfant.
Qui peut avoir recours à la PMA
recevez-vous des couples étrangers désireux d’avoir un enfant ?
En Tunisie, tout couple marié, en âge de procréer et qui affronte une infertilité peut recourir à une PMA. Il faut évidemment qu’une indication médicale soit retenue par les médecins spécialistes
Insémination artificielle ou FIV, pour qui et quand ? L’insémination artificielle est généralement réalisée pour les couples qui présentent des problèmes d’infertilité simples comme une altération légère du sperme, une infertilité d’origine cervicale, une infertilité inexpliquée inférieure à 3 ans, une endométriose légère ou encore une dysovulation. Une autre indication de choix est les coupes sérodiscordants (une femme séropositive pour HIV alors que le partenaire est séronégatif). La FIV/ ICSI s’adresse à des situations plus complexes, la première est l’infertilité d’origine tubaire non repérables chirurgicalement, les altérations sévères du sperme (y compris l’azoospermie), l’endométriose sévère. On peut aussi avoir recours à la FIV en seconde intention en cas d’infertilité inexpliquée ou de dysovulation quand les traitements de première intention ont échoué.
Quelle est la limite d’âge ? La limite d’âge est une condition importante à considérer surtout pour la femme Les chances de succès de la PMA sont étroitement liées à l’âge de la femme. Au-delà de 42 ans les chances de succès, toutes techniques confondues n’excèdent pas les 2 %. Nous retenons donc cette limite pour l’inclusion dans un programme de FIV. Pour l’homme, la seule limite est d’ordre éthique, il faut qu’il soit en âge naturel de procréer
Combien de couples ont recours à ce procédé en Tunisie et
En Tunisie, environ 9.000 cycles de FIV sont effectués chaque année. Beaucoup de patients étrangers sont soignés dans les différents centres de PMA répartis dans le Pays, y compris dans le centre de PMA de l’hôpital Aziza Othmana. Le processus de FIV débute souvent par une consultation chez un gynécologue spécialisé qui après l’étape diagnostique indique la technique de PMA appropriée en concertation parfois avec les biologistes de la reproduction. Le gynécologue prescrit alors le protocole à suivre et assure le suivi de la stimulation ovarienne. Concernant les médicaments utilisés pour la stimulation ovarienne (gonadotrophines), ils peuvent être octroyés par la CNAM si les patients y sont affiliés. Sinon, les patients peuvent toujours acheter leurs traitements, disponibles dans les officines. Certaines mutuelles de santé couvrent ces dépenses. Une fois l’étape de la stimulation ovarienne achevée (entre 10 et 20 jours), le gynécologue procède au recueil des ovocytes dans un centre de PMA agrée, dans lequel se fera aussi la fécondation et le transfert embryonnaire 2 à 5 jours plus tard.
Quelles sont les conditions à remplir ? Selon la loi de 2001, il faut être un couple marié et en âge de procréer Il faut bien sûr qu’il y ait une indication médicale La CNAM rembourse les médicaments de 3 tentatives pour les couples n’ayant pas d’enfants, quand la femme est âgée de moins de 40 ans
Quels sont les coûts ? Les médicaments coûtent environ de 1200 à 2000 dinars pour un seul protocole Les prestations médicales et de laboratoires coûtent environ 1500 à 2000 dinars dans le secteur privé Dans les centres publiques comme le centre de PMA de l’hôpital Aziza Othmana de Tunis ou encore le centre
public de Sousse les prestations médicales et de laboratoire sont facturés 250 DT.
Les spermatozoïdes atypiques peuvent-ils féconder un ovule ? Dans un certain degré oui, surtout grâce aux avancées de l’ICSI (utilisée de routine depuis plus de 10 ans en Tunisie) et aussi aux nouvelles techniques de sélection du spermatozoïde comme l’IMSI.
Connaît-on le taux de réussite des FIV en Tunisie ? Les taux nationaux et par centre sont répertoriés par le ministère de la santé à travers la commission de Médecine de la Reproduction Au centre de PMA de l’hôpital Aziza Othmana, nous enregistrons un taux de grossesse par transfert de 35 % en cycle frais.
Qu’en est-il du programme de préservation de la fertilité des patients qui sont soumis à un traitement anticancéreux en Tunisie ? Le programme de préservation de la fertilité de l’hôpital Aziza Othmana a démarré depuis 2013 pour les hommes et depuis fin 2014 pour les femmes. Il s’agit d’offrir aux jeunes patients (homme ou femmes, mariés ou célibataires) atteints de cancer et s’apprêtant à subir un traitement lourd qui risque d’altérer leur fertilité (chimiothérapie ou radiothérapie) la possibilité de congeler leurs gamètes afin de pourvoir les utiliser, plus tard et une fois guéris, dans le cadre d’une PMA. Le programme a mobilisé, d’une part, les spécialistes de la fertilité de notre Centre (cliniciens et biologistes) et, d’autre part, les collègues oncologues et hématologues. Il a permis, par exemple en une année, d’offrir cette technique à 25 femmes dont 80 % étaient célibataires. Il s’agit d’un grand espoir pour ces patients. Tunisie destination santé - mars 2016
53
Services de soins
La Tunisie petit pays aux grands accomplissements
Une révolution qui n’a pas abouti au chaos de la guerre civile, un prix Nobel de la paix, la Tunisie parvient, bon an mal an, à rester debout, tenant bien haut la flamme de l’espoir. Ce petit pays de près de 11 millions d’habitants ne cessera de surprendre et d’étonner les plus sceptiques. Elle le prouve dans plusieurs domaines et particulièrement dans le secteur médical.
Jaouida Ben Aouali
54
Tunisie destination santé - mars 2016
E
t pour cause, puisque la médecine tunisienne s’est illustrée par des réalisations à la hauteur de ses ambitions : coller au plus près des dernières avancées en la matière et prouver son expertise par l’acte… médical. En effet, des équipes médicales, des secteurs public et privé de soins de santé, ont brillamment réussi des interventions chirurgicales requérant savoirfaire et organisation minutieuse, dignes des plus grands. Dhaker Lahidheb, Sami Mourali, Sofiène Ghorbel, Mehdi Drira, Mohamed Bejaoui sont les noms de médecins, parmi d’autres, ayant excellé dans leur domaine, qui en remplaçant une valve aortique sans chirurgie et qui en séparant des siamois, redonnant toutes leurs chances à leurs patients de vivre et de grandir. La parole leur est donnée pour raconter leurs exploits.
Services de soins
Dr Sami Mourali Chef de service des explorations fonctionnelles de réanimation cardiologique à l’hôpital de la Rabta
S
ous la direction du Dr Sami Mourali, l’équipe de l’unité de cathétérisme de l’hôpital La Rabta de Tunis a réitéré, le 26 septembre 2015, l’expérience précédente mais, cette fois, sur deux enfants âgés de 12 et 16 ans.
Parlez-nous de cette première médicale en Tunisie qui a concerné l’implantation d’une valve pulmonaire percutanée chez deux jeunes patients âgés de 12 et 16 ans. Il s’agit de deux enfants souffrant d’une pathologie cardiaque depuis la naissance, ils avaient déjà subi une intervention chirurgicale grâce à laquelle ils ont pu survivre et grandir mais une autre intervention était devenue nécessaire du fait de leur croissance et leur évolution physique. Cette troisième intervention a été réalisée dans le cadre d’un programme comprenant, en premier lieu, l’installation d’un stent, sorte de petite armature métallique en forme de ressort, pour empêcher l’obstruction de l’artère coronaire, et en second lieu l’implantation de la valve pulmonaire.
Depuis combien de temps est pratiquée cette intervention dans le monde ? Cette technique a été réalisée pour la première fois en 2003 mais elle a connu de nombreuses améliorations depuis et ce, jusqu’en 2008-2009 où son essor a été fulgurant à travers le monde, même si elle est amenée à être sans cesse perfectionnée, car il s’agit d’une valve biologique prélevée
sur la carotide. A l’heure actuelle, 7.000 ou 8.000 valves ont ainsi été implantées.
Ce type d’intervention concerne-t-il aussi les adultes ? Non, habituellement l’implantation de la valve pulmonaire concerne une tranche d’âge identique à celle des deux enfants que nous avons opérés, entre 12 et 16 ans.
Avez-vous suivi une formation pour pratiquer cette intervention ? Effectivement, nous avons commencé cette formation un an avant l’intervention en nous rendant au Royal Brompton Hospital à Londres avec Alain Fraisse, chef de service de l’établissement, pour connaître l’organisation requise autour de cette intervention car je ne suis pas tout seul, toute une équipe est concernée, le cardiopédiatre, l’anesthésiste-réanimateur, l’équipe paramédicale, etc.
Combien coûte cette intervention ? J’aimerais avant tout adresser mes remerciements au ministère de la Santé et au service administratif de l’hôpital qui ont pris en charge les deux interventions alors que les deux enfants ne bénéficiaient pas de couverture sociale. Ces opérations ont été réalisées à hauteur de 50.000 dinars la valve.
Dr Mehdi Drira Spécialiste en anesthésie/réanimation
I
l est notoire que la tâche du médecin anesthésiste est for délicate et comporte des risques, surtout quand il s’agit d’un bébé. Alors que dire lorsque deux jeunes enfants sont concernés, qui plus est des siamois… Le Dr Mehdi Drira a pleinement rempli son rôle en ce mois de juin 2015 en participant à l’intervention de séparation des siamois.
Comment s’est déroulée l’étape de l’anesthésie ? Etait-elle aisée ? Nous avons organisé des réunions pour évaluer les risques et préparer cet acte chirurgical, la dernière ayant eu lieu la veille de l’intervention en vue de peaufiner la préparation des deux équipes d’anesthésistes car chaque jumeau nécessitait une équipe de deux personnes pour son anesthésie. Tunisie destination santé - mars 2016
55
Services de soins Dr Mohamed Bejaoui Professeur de pédiatrie à la Faculté de médecine de Tunis et Chef de service à l’Unité pédiatrique du Centre de greffe de moelle osseuse
L
a greffe de moelle osseuse consiste à remplacer dans l’organisme du patient un système immunitaire défectueux par un système immunitaire sain et fonctionnel. C’est ce qu’a l’habitude de faire le Dr Bejaoui qui, à travers cette thérapeutique lourde et coûteuse, a sauvé nombre d’enfants voués à une mort certaine sans son intervention. Voici quelques uns de ses propos, relevés lors d’une visite au Centre national de greffe de moelle osseuse : « Lors d’une greffe de cellules souches hématopoïétiques, l’organisme du receveur peut rejeter le greffon, tout comme ce dernier peut avoir une réaction de rejet contre
l’hôte, c’est la GVH (Graft versus host ou réaction du greffon contre l’hôte). Cependant, les techniques de greffe ont totalement changé et court-circuiter ces réactions est aujourd’hui possible en faisant des greffes par donneurs n’étant pas HLA identiques (compatibles), on parle alors de donneurs haplo-identiques ou semi-identiques. Fort de ce type de greffe dans les leucémies j’ai, le 17 mars 2015, réalisé la première, en Tunisie et dans le monde, greffe dans cette indication particulière de déficit immunitaire chez un jeune enfant et ce, après une longue discussion avec la famille. Cette expérience est d’ailleurs en cours de publication
dans une revue scientifique internationale et je m’apprête à refaire cette greffe chez un autre enfant qui vient d’être admis au centre et qui est en phase de préparation : on prépare le lit du greffon en tuant la moelle du receveur avec des médicaments radiomimétiques durant 10 à 15 jours. Ensuite on procède à la greffe et à J 3 postgreffe, à J 5 post-greffe on administre d’autres médicaments visant à sélectionner et tuer les lymphocytes susceptibles d’être responsables de GVH et ce, in vivo, chez le patient ».
Dr Sofiène Ghorbel Spécialiste en chirurgie pédiatrique au Centre privé Carthagène Le secteur privé de soins s’illustre brillamment avec le Dr Sofiène Ghorbel et son équipe en réalisant avec succès la séparation de siamois camerounais solidaires au niveau du thorax et du bassin.
Qu’est-ce qui a fait que les siamois camerounais dont vous avez procédé à la séparation aient été dirigés vers la Tunisie ? Remarquons que vous étiez avant dans le secteur de santé public et que vous avez assisté à une séparation de siamois à l’hôpital Habib Thameur de Tunis. C’est lors d’un congrès tuniso-camerounais à Yaoundé, où des médecins tunisiens et le ministre de la Santé camerounais se sont rencontrés, que ce dernier leur a proposé de procéder à la séparation des siamois, le secteur de la santé tunisien étant mondialement reconnu et une séparation de siamois liés au niveau de l’abdomen ayant déjà eu lieu en 2010 à l’hôpital Habib Thameur de Tunis avec ma participation sous la direction du Dr Néjib Kaâbar et du Pr Sadok Essayed. Nous avons donc proposé de réaliser cette séparation à titre gratuit, ce qui fut fait le 10 septembre 2015, après un mois de préparation de l’équipe, de mise au point du timing et une simulation de l’intervention. Auparavant, nous avons réalisé un scanner et une échographie cardiaque, les jumeaux fusionnant au niveau du ventre et de la poitrine, avec deux cœurs et un seul péricarde et deux foies accolés sur 9 cm.
56
Tunisie destination santé - mars 2016
Combien de temps a duré l’intervention ? Elle a duré 5 heures en dehors des 2 heures pour l’anesthésie et la réanimation. La séparation a pris la moitié du temps, la deuxième moitié ayant été consacrée à la fermeture des plaies et c’est dans cette phase que réside le challenge : reconstituer les muscles et la peau manquant après la séparation.
Vous allez recevoir d’autres siamois, l’intervention sera alors plus aisée pour vous après cette première dans un établissement privé ? Effectivement, nous allons opérer des siamois venant également du Cameroun, ils sont solidaires au niveau de la taille mais l’intervention est plus délicate et nous serons assistés par un médecin orthopédiste. Ils ont une vessie commune, nous allons donc la réserver pour l’un des deux siamois et procéder à l’implantation d’une vessie artificielle pour le second.
Quels spécialistes ont participé à l’intervention ? Un chirurgien cardiologue, les équipes d’anesthésistesréanimateurs et les infirmières spécialistes formées en pédiatrie.
J’insiste sur le fait que vous avez été formés dans le secteur public ? Je suis fier de dire que nous avons tous été formés dans le secteur public, que j’ai quitté pour le privé il y a un an. Il faut mettre un terme au clivage public/privé et le fameux PPP (partenariat public/privé) est de bon augure pour le système de santé tunisien où tout citoyen, tunisien ou autre, a droit à un niveau performant de soins. Ce qui importe, c’est que nous répondions aux attentes et aux besoins de chacun.
Services de soins
Dr Dhaker Lahidheb Professeur en cardiologie interventionnelle à l’Hôpital Militaire
L
e 11 novembre 2013, le Dr Dhaker Lahidheb, Professeur agrégé au service de cardiologie de l’Hôpital militaire de Tunis, a procédé avec son équipe au remplacement d’une valve aortique par voie percutanée.
A qui revient le mérite de la première en Tunisie du remplacement d’une valve aortique sans chirurgie ? Rappelons tout d’abord que votre intervention a eu lieu le 11 novembre 2013 en présence des docteurs Mustafa Ferjani, Chef du service de réanimation, Habib Bouhaouala, Chef du service de cardiologie, et Slim Chnik, spécialiste en chirurgie cardiovasculaire. Tout d’abord, nous nous réjouissons de savoir que d’autres équipes en Tunisie réalisent de telles interventions, 29 au total à l’heure actuelle, et sommes satisfaits de la participation de la Sécurité sociale aux frais, je saisis d’ailleurs l’occasion pour remercier le ministère des Affaires Sociales. Un autre sujet de satisfaction réside dans les équipes qui ont assisté à cette intervention, des infirmiers aux médecins anesthésistes en passant par les médecins, deux assistants hospitalo-universitaires dont le niveau leur permet aujourd’hui de réaliser un tel acte chirurgical. La formation d’autres médecins est donc en cours. Par ailleurs, des patients venus de l’étranger, dont certains originaires du sud de l’Europe, ont bénéficié du remplacement de la valve aortique par voie fémorale, tant dans des établissements publics que privés.
A qui bénéficie ce type d’intervention ? Elle bénéficie aux patients pour lesquels une opération à cœur ouvert est impossible à réaliser, c›est-à-dire des patients âgés ou à haut risque chirurgical. Nous avons eu, par exemple, le cas d’une femme ayant souffert d’un cancer, qui a subi une radiothérapie et une chimiothérapie, ses poumons ne pouvaient donc plus supporter une
intervention chirurgicale, nous avons réalisé chez elle cette méthode. L’avantage avec cette technique, c’est que lors de l’usure de cette valve après une longue période, 20 ans par exemple, il est possible de la remplacer de la même manière. Nous travaillions, au début, sur un patient sous anesthésie générale, aujourd’hui l’anesthésie peut être locale. Les connaissances évoluent sans cesse.
Combien de temps a duré l’hospitalisation du patient lors de votre première intervention ? L’hospitalisation a duré une semaine uniquement par mesure de précaution car c’était une première. Actuellement, un patient subissant cette opération ne reste que deux jours à l’hôpital. Plus la voie de l’intervention est réduite, l’artère fémorale en l’occurrence, moins la durée d’hospitalisation est longue.
Quels en sont les coûts ? Dans les circonstances actuelles, du fait de l’importation de la valve de l’étranger, la CNAM octroie 37.000 dinars, avec une petite participation du patient et l’Hôpital Militaire prend en charge l’anesthésie et la réanimation.
Pour conclure, que pouvonsnous dire par rapport à un tel niveau de maîtrise médicale et une telle évolution, la machine étant en marche et la formation se poursuivant ? Il me semble que, tant dans le secteur public que la médecine tunisienne dans toutes ses composantes, tant que la bonne volonté existe, nous sommes en mesure d’être optimistes car nous pouvons réussir et améliorer. Nous sommes déjà fiers de pouvoir sauver des vies sur le plan national d’abord et ensuite d’avoir une renommée internationale. Notre formation relève du plus haut niveau sur le plan mondial.
Tunisie destination santé - mars 2016
57
Industrie pharmaceutique
un secteur
L’industrie pharmaceutique
en pleine croissance
Le secteur de la santé a toujours occupé une place essentielle dans la politique sociale et économique de la Tunisie, un des premiers pays africains à s’être dotés d’une industrie pharmaceutique. Grâce aux différentes mesures incitatives et à la mise en place de cadres juridique et réglementaire adéquats, le secteur pharmaceutique tunisien est en perpétuelle évolution et regroupe aujourd’hui 42 unités. Outre la production locale qui couvre presque la moitié des besoins du marché tunisien, le pays est approvisionné à travers les importations, provenant des principaux fournisseurs comme la France, l’Italie, la Suisse, le Danemark, le Royaume-Uni et l’Allemagne, effectuées par la Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT).
Saïma Ksibi
58
Tunisie destination santé - mars 2016
Industrie pharmaceutique Une évolution importante
de plusieurs entreprises de fabrication de dispositifs médicaux.
L’ensemble des mesures mises en place pour le développement du secteur pharmaceutique ont favorisé, dès le début des années 90, la privatisation du secteur et son développement. En 2010, la production locale couvrait 45 % du marché tunisien contre 14 % seulement en 1990 et ce, grâce au développement des infrastructures sanitaires, ce qui a favorisé l’implantation
L’industrie pharmaceutique tunisienne est composée de •28 unités de production de médicaments à usage humain •22 entreprises de dispositifs médicaux •6 unités de médicaments à usage vétérinaire
Les dispositifs médicaux La production nationale de dispositifs médicaux est estimée 190 millions de dinars, dont 70 millions de dinars pour la consommation locale et 120 millions de dinars pour l’exportation ; cette dernière activité s’est développé grâce à l’implantation de sociétés totalement exportatrices. Le Centre national de pharmacovigilance (CNPV)
l
A propos du secteur pharmaceutique en Tunisie Le secteur pharmaceutique tunisien est actuellement un des principaux secteurs industriels à haut contenu technologique dans le pays l Taux d’encadrement du secteur très élevé l La Tunisie est une des pays d’Afrique ayant le plus haut taux de production locale l Augmentation continue des importations et du déficit de la balance commerciale dans le secteur l Augmentation continue des importations de produits en vrac l Aujourd’hui, approximativement 15 % de la valeur du marché sont représentés par des produits biotechnologiques. l
Les différentes structures de réglementation et de contrôle l La Direction de la pharmacie et du médicament (DPM)
C’est une unité technico-administrative du ministère de la Santé publique et ses réalisations ont récemment été reconnues à l’international par l’OMS qui lui a accordé, en 1998, le statut de Centre collaborateur en matière d’enregistrement des médicaments et de réglementation pharmaceutique. Elle est composée -De la Direction de la Pharmacie -De la Direction du Médicament -Du Bureau national des stupéfiants, qui bénéficie du statut de sous-direction et de Centre collaborateur de l’OMS. La DPM est chargée de l’élaboration, de l’application et du suivi de la politique pharmaceutique nationale. Elle est aussi chargée de délivrer l’ensemble des autorisations nécessaires pour la pharmacie et le médicament, ainsi que les activités connexes, et joue un rôle majeur dans la coordination des différentes structures impliquées dans le système national d’assurance qualité du médicament. Ses missions sont diverses, allant de la gestion et l’évaluation de dossiers techniques à la gestion administrative d’agréments et de listes professionnelles, en passant par la surveillance des importations des médicaments et le contrôle des activités pharmaceutiques.
Son rôle consiste à collecter et exploiter les données de pharmacovigilance à l’échelle nationale, ainsi qu’à alerter en cas de problèmes sanitaires. La Direction de l’inspection pharmaceutique (DIP)
l
Sa mission est de gérer toutes les inspections concernant les fabricants, les grossistes-répartiteurs, les officines et tous les établissements sanitaires disposant d›un service pharmacie ou simplement détenteurs de stocks de médicaments. l Le Laboratoire national de contrôle des médicaments (LNCM)
Il est chargé du contrôle qualité des médicaments, des dispositifs médicaux et des produits cosmétiques, d’hygiène corporelle et diététique disponibles en Tunisie. L’Agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental des produits (ANCSEP)
l
Récemment créée, elle coordonne les activités de contrôle sanitaire et environnemental des produits exercées par les différentes structures publiques concernées. l
Les douanes
Elles vérifient le caractère légal de toutes les importations de médicaments et de produits de santé et ne permettent le dédouanement des marchandises qu’après obtention d’une autorisation unique et spécifique pour chaque livraison émise par la DPM (bon de dédouanement). Tunisie destination santé - mars 2016
59
Industrie pharmaceutique Les créneaux porteurs Importance du rôle joué par la Pharmacie centrale de Tunisie La Pharmacie centrale de Tunisie joue un rôle pivot dans la politique pharmaceutique tunisienne. Depuis plus de 40 ans, elle est le seul importateur de médicaments en Tunisie et principal régulateur du système d’approvisionnement pharmaceutique du pays. L’établissement a ainsi acquis une connaissance du marché mondial des médicaments et de la négociation des contrats, un avantage très important pour le système pharmaceutique tunisien. La centralisation des achats de médicaments pour un pays de la taille de la Tunisie présente beaucoup d’avantages en termes de rentabilité, de coût et de planification des commandes, évitant les ruptures de stock ou encore les sur-stockages. La Pharmacie centrale de Tunisie au service des intérêts de la Santé publique De par la loi, la Pharmacie centrale de Tunisie est placée sous la tutelle du ministère de la Santé publique, le contrôle technique étant exercé par la Direction de la pharmacie et du médicament (DPM) qui délivre les autorisations préalables en matière d’importation, de dédouanement et de mise à la consommation. Des obligations du service public en Santé Les missions de la Pharmacie centrale de Tunisie sont officiellement définies par la loi 90-105 et sont relatives à l’approvisionnement de toutes les structures de dispensation du médicament ou encore la présentation de toutes les informations appropriées sur les médicaments disponibles aux professionnels de santé. Néanmoins, d’autres obligations très contraignantes de la Pharmacie centrale de Tunisie méritent d’être signalées, à savoir lUne présence pharmaceutique à assurer sur la totalité du territoire tunisien l Le maintien de stocks stratégiques dans le cadre de l’équivalent tunisien du plan « ORSEC », c’est-à-dire des stocks réservés aux situations d’extrême urgence ou dans les cas de catastrophes naturelles. Ces stocks, répartis à travers tout le pays dans des dépôts régionaux de la Pharmacie centrale de Tunisie, représentent la consommation d’environ 3 à 4 mois de la population desservie par ces dépôts. l La nécessité d’assumer les lourdes charges financières liées au mécanisme d’autocompensation du prix des médicaments dans le circuit officinal.
60
Tunisie destination santé - mars 2016
Au regard des potentialités du marché mondial et des atouts de la Tunisie, l’industrie de santé, qui comprend l’industrie paramédicale, l’industrie pharmaceutique, les services de santé, la télémédecine, les biotechnologies et les activités R&D, boostera la croissance dans les années à venir et renforcera le positionnement de la Tunisie. Parmi les créneaux novateurs liés à l’industrie pharmaceutique en Tunisie figurent • La production de médicaments génériques • La production de vaccins et médicaments à partir de la biotechnologie • Les arômes • Les produits paramédicaux • Les articles de conditionnement • La verrerie pharmaceutique • L’externalisation des activités de recherche et développement • Les biotechnologies (des technopôles sont dédiés à cette filière). Par ailleurs, les industries pharmaceutique et paramédicale gagneraient à profiter de la notoriété de la Tunisie dans le domaine de la santé pour envisager un positionnement autour de deux axes : -Le façonnage en petites et moyennes séries -La Tunisie comme plateforme de distribution de l’industrie paramédicale de la région Afrique du Nord et Afrique.
UN SYSTÈME D’INFORMATION FIABLE ET UNIFIÉ UNE SOLUTION UNIQUE POUR LA GESTION ADMINISTRATIVE ET MÉDICALE
UNE BASE DE DONNÉES
UNIQUE POUR TOUS LES MÉTIERS ADMINISTRATIF, GESTION DES RESSOURCES, MÉDICO-TECHNIQUE
UNE LARGE COUVERTURE FONCTIONNELLE
UN ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL FULL WEB UN ACCÈS À L’INFORMATION 24/7, QUEL QUE SOIT LE LIEU GÉOGRAPHIQUE
PLUS DE 600
ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ ÉQUIPÉS
PLUSIEURS CLIENTS
AU MAGHREB ET EN AFRIQUE
DE L’OUEST
www.discoveryinformatique.com
Une expérience de plus de 20 ans dans l’intégration et la verticalisation de solutions métier.
UNE INFORMATION
PARTAGÉE ET DISPONIBLE EN TEMPS RÉEL
www.softwaymedical.fr
Industrie pharmaceutique
Atelier de dialogue public/privé sur l’optimisation des procédures de l’AMM
Une nouvelle réforme du secteur sera prochainement engagée pour faire de l’industrie pharmaceutique un moteur de croissance et de développement pour la Tunisie. Tenu le vendredi 29 janvier, « Enjeux de l’optimisation des procédures d’AMM en Tunisie », le premier dialogue public-privé dans son genre a regroupé tous les intervenants du secteur de l’industrie pharmaceutique. Rencontre avec le Dr Ines Fradi, Directrice générale de la DPM.
Dr Ines Fradi Directrice générale de la direction de la pharmacie et du médicament
Comment ce projet d’atelier a-t-il démarré avec la Banque Mondiale ? Ce projet a commencé lorsque la présidence du gouvernement a voulu travailler sur des créneaux porteurs de la Tunisie en vue de développer la compétitivité, l’export et l’employabilité de certains secteurs. Neufs secteurs ont été, à la base, sélectionnés, sur lesquels une étude diagnostique a débuté avec quatre ou cinq domaines, dont le secteur pharmaceutique, et à partir de là un diagnostic général de ce secteur a été effectué pour cerner les points forts, les atouts mais aussi les contraintes, tout ce qui pose problème dans la promotion de l’export et tout ce qui permettrait de le développer davantage… Ce diagnostic a aussi permis d’établir un état des lieux des exportations et ce qui en ressort nous amène à conclure que le secteur pharmaceutique n’est pas très développé, avec uniquement 6 % des exportations totales, malgré un grand potentiel. Il est tout à fait possible de développer l’exportation de la production industrielle pharmaceutique, d’autant que
62
Tunisie destination santé - mars 2016
la Tunisie a été le premier pays à développer l’industrie pharmaceutique en Afrique. Nous étions parmi les pionniers en la matière et il est grand temps d’aller de l’avant. Le diagnostic a permis de mettre en relief les contraintes et de déterminer ce qui empêche le secteur d’évoluer et de passer à la vitesse supérieure en termes d’exportations.
Quelles contraintes ont été identifiées au cours de cette étude ? Elles sont au nombre de cinq, à savoir l’optimisation des procédures d’AMM, trop longues et ayant fait l’objet de l’atelier du 29 janvier 2016, la modernisation du système de fixation de la direction des prix des médicaments, l’établissement d’un système efficace d’approvisionnement du médicament et la révision de tout ce qui est compensation et qui commence à constituer un frein, le développement de la recherche clinique et préclinique, un préalable indispensable si l’on veut passer à l’innovation et développer ce secteur, et la promotion de la demande extérieure d’exportation à travers
Industrie pharmaceutique
des actions globales et la promotion de notre médicament en dehors de la Tunisie.
Jusqu’à présent, les mesures prises et les outils employés n’ont pas suffi. Le CEPEX, la FIPA, etc. n’ont pas mis en valeur notre secteur pharmaceutique, pour quelles raisons ? Oui, certains préalables sont à prendre en compte pour travailler avec le groupe export. En fait, cinq groupes de travail ont été constitués à partir des cinq contraintes. Chacun de ces groupes, compte tenu du dialogue public/privé, était constitué de représentants des secteurs public et privé pour trouver des solutions et des compromis. L’avancement du travail étant différent d’un groupe à l’autre, celui chargé des procédures d’AMM a le mieux avancé.
Qui sont les représentants de ce groupe ? Ce sont les représentants de structures comme la DPM, le Laboratoire national du contrôle des médicaments, le Comité technique de spécialité pharmaceutique, qui siège au niveau de la DPM et octroie l’AMM, ainsi que les représentants des industriels, de la Chambre nationale des industries pharmaceutiques (CNIP) et le SEPHIRE (Syndicat des entreprises pharmaceutiques innovantes et de recherche). L’ensemble de ces acteurs s’est réuni plusieurs fois au cours de ces derniers mois pour trouver des solutions, à court et à long terme, pour la procédure d’AMM.
Quel a été l’objectif de la journée du 29 janvier 2016 ? Le dialogue public/privé sur l’optimisation des procédures d’AMM visait à présenter le premier plan d’action préparé pour le court terme, à entamer une réflexion sur les stratégies d’amélioration des procédures pour le long terme et, dans le cadre d’une agence de produits de santé éventuelle, à étudier la question de savoir comment serait l’AMM, quels en sont les préalables et quelle réflexion sur le long terme.
Est-ce une agence différente de la vôtre ? Cette agence regroupe les différentes structures donc la DPM, le LNCM et tous les agents décideurs du secteur pharmaceutique. Il s’agit en fait de tous les intervenants dans le domaine des produits de santé.
Cela changerait donc le rôle et les missions de la DPM dont la principale est l’octroi d’AMM ? Oui, effectivement, cela réformerait tout le système.
Quelles sont la fonction et les principales missions de la DPM ? La DPM se charge de tout ce qui est procédures réglementaires du médicament mais elle gère également la pharmacie, l’octroi des officines, les licences d’exploitation, les transferts, les ouvertures et les fermetures d’officines. L’industrie
« pharmaceutique est un secteur qui a du potentiel »
Mais l’AMM demeure toutefois l’essentiel de son activité ? Son rôle essentiel a trait
aux AMM mais elle est aussi chargée du contrôle technique à l’importation et de tout ce qui se rapporte aux dispositifs médicaux, les AMC, les substituts de lait maternel, les filtres pour dialyses, l’importation des compléments alimentaires et des produits cosmétiques, etc.
Songez-vous à simplifier les processus ? Pour l’atelier « Dialogue public/privé sur l’optimisation des procédures de l’AMM », les objectifs de la journée du 29 janvier 2016 étaient principalement la présentation du premier plan d’action à court terme, l’activation et l’amélioration des processus clés de l’AMM afin de réduire les délais, plus précisément le délai entre le dépôt du dossier et le moment où l’industriel reçoit sa première réponse, qu’elle soit positive ou qu’elle relève des insuffisances. Pour y parvenir, « Ce qui est bien dans certaines actions sont proposées, voire même ce dialogue est que entreprises. les deux parties Il s’agit d’annoncer la mise publique et privée en œuvre de ce plan, ce qui sont vraiment consiste à recruter et renforcer les engagées » capacités du Laboratoire national de contrôle des médicaments (LNCM), ce sont des pharmaciens formés dans la formulation des dossiers d’AMM donc dans l’évaluation technique, un travail de contrôle physico-chimique des produits devant aussi être réalisé. Bien évidement, un logiciel et un système de traçabilité ont été mis en place pour permettre au LNCM de retrouver, à n’importe quel moment, un dossier car jusque là, il s’agissait de fichiers Excel. Un programme de formation est prévu avec une formatrice internationale qui sera présente pour accompagner les évaluateurs, l’équipe commençant à s’élargir et des compétences techniques afin de faciliter son travail et améliorer, bien sûr, la qualité des médicaments étant requises.
Outre l’évaluation de la situation actuelle et la proposition de solutions, quel sera, par la suite, le rôle du secteur privé lorsque les mesures auront été prises ? Le secteur privé est parfaitement investi et l’engagement total des parties publique et privée est une bonne chose, le secteur privé ayant même mis des fonds avec la banque mondiale pour soutenir le plan d’actions. Le secteur public est aussi engagé et motivé par la mise en place de cette réforme, il suffit de voir le nombre de réunions que nous avons eues, soit trente, dont cinq avec le ministre de la Santé publique. Nous voulons travailler sur des réformes réelles pour accompagner ce secteur et l’aider à évoluer et avancer.
Quel est le rôle du dialogue public/privé ? Discussion et communication entre les deux secteurs est l’intérêt de ce dialogue. Il permet de mieux voir les contraintes, d’avancer plus vite, de comprendre les difficultés et de parvenir aussi à trouver des compromis.
Il existe un guide en ligne pour l’enregistrement des médicaments, lequel est-ce ? En effet, il se trouve dans le site de la DPM et tout le monde peut le consulter sur le lien www.dpm.tn/pdf/guide_enreg2. pdf.
Tunisie destination santé - mars 2016
63
Industrie pharmaceutique
L’Institut Pasteur de Tunis
Un pôle de santé prestigieux Fondé en 1893, l’Institut Pasteur de Tunis, le troisième après Paris et Saigon, a très rapidement connu son âge d’or, avec l’arrivée de Charles Nicolle quelques années après sa création, avec à la fois la vaccination, le développement des vaccins, leur production, tant pour le BCG que pour d’autres vaccins, et une composante recherches, très importante, qui a touché à différents domaines, aboutissant à différentes découvertes de l’époque. Charles Nicolle, prix Nobel en 1928, a développé les notions d’infections inapparentes et d’infections pouvant être transmises et générant des maladies, des notions qui ont trouvé toute leur explication et leur développement avec le SIDA. L’Institut Pasteur de Tunis est un laboratoire de référence pour la région OMS Méditerranée orientale (EMRO) en matière de formation, de
planification, de stratégie dans les programmes de lutte contre la poliomyélite et d’autres maladies. Il se place au troisième ou quatrième rang au niveau du Réseau international des Instituts Pasteur (RIIP) en termes de production scientifique, en matière de nombre de chercheurs et de missions, il compte parmi les instituts les plus importants. Avec le Pr Hechmi Louzir, son directeur depuis juillet 2007 et initiateur de son plan de restructuration, l’Institut Pasteur de Tunis vise une meilleure visibilité en Tunisie et dans le monde, un vaste programme qualité et le renforcement, ainsi que la réorganisation, des activités de diagnostic, de recherche/développement et de production de certains vaccins et sérums thérapeutiques. Nous l’avons rencontré.
Jaouida Ben Aouali
Pr Hachmi Louzir Directeur de l’Institut Pasteur de Tunis
Concernant la fabrication de vaccins et de sérums, où en est-on en Tunisie et quels produits sont mis en avant ? Historiquement, de nombreux vaccins et sérums étaient fabriqués mais, pour certains d’entre eux, dans des conditions qui ne sont plus acceptables en termes de sécurité, de normes, de bonnes pratiques de fabrication par rapport aux normes internationales en constante évolution. Il a donc fallu faire des choix, ce que l’Institut Pasteur de Tunis a fait en interrompant certaines productions et en sélectionnant le BCG, car stratégique du fait du nombre très réduit de producteurs dans le monde, les sérums thérapeutiques antirabiques, du fait de la difficulté à en trouver sur le marché international, de leur prix et des besoins dans le cadre de programmes nationaux, les sérums anti-scorpions et anti-vipères, car spécifiques à notre région. Ces choix nous ont coûté un investissement de dix millions de dinars, soit le double du budget annuel de fonctionnement de l’Institut et ce, afin de nous aligner sur les normes de fabrication, avec les nouvelles technologies, des cinq produits sélectionnés. Ceci pour montrer que le savoir-faire ne suffit pas, à lui seul, pour la production, celle-ci ayant un coût, étant assujettie à tout un process, obéissant à des normes de plus en plus strictes. Par contre, nous sommes sur d’autres projets pour lesquels il peut y avoir des produits susceptibles d’être mis sur le marché car nous avons des structures de recherche, c’est notre métier, mais nous avons besoin d’un partenaire pour passer au développement,
64
Tunisie destination santé - mars 2016
nos moyens étant limités et ce, sans parler de la production industrielle.
Le BCG est stratégique du fait du nombre très réduit de producteurs dans le monde, autant que les sérums thérapeutiques antirabiques, du fait de la difficulté à en trouver sur le marché international. Pouvez-vous nous parler des projets de vaccin antirabique, pour BioPharma en Indonésie, et de vaccin BCG, pour le Center for Diseases Control de Corée du Sud ? Ayant valorisé certains de nos produits et les développements technologiques au sein de cet institut étant notoires avec nos bioréacteurs, nous avons été sollicités pour le vaccin antirabique par la société BioPharma en Indonésie, celle-ci ne possédant pas la technologie du vaccin antirabique. Nous sommes donc en train de mettre en place un transfert technologique pour la production du vaccin antirabique de l’Institut Pasteur de Tunis vers la société BioPharma, restent les étapes des développements et de
Industrie pharmaceutique la production industrielle. D’autre part, un pays très développé en matière de biotechnologie et introduit dans la recherche comme la Corée du Sud, qui produisait le vaccin du BCG pour la population, a interrompu cette production suite à la construction de nouvelles structures aux nouvelles normes de bonnes pratiques de fabrication mais le savoir-faire a été perdu. C’est à travers l’OMS, qui a procédé à une évaluation de notre institut le déclarant aux normes pour la fabrication de vaccins, que le Center for Diseases Control de Corée du Sud nous a contactés pour le transfert technologique du BCG. Nous aurons, en contrepartie, l’avantage d’être l’instance qui implémentera et aidera à la mise en place d’autres produits issus de technologie de la Corée du Sud.
maladies au cours desquelles on continue à souffrir comme le cancer. Si donc dans dix ans un pays ne maîtrise pas les biotechnologies, il ne peut plus espérer figurer parmi les pays les plus développés.
Ayant valorisé certains de nos produits et les développements technologiques au sein de cet institut étant notoires avec nos bioréacteurs, nous avons été sollicités pour le vaccin antirabique par la société BioPharma en Indonésie.
Si demain, nous ne maîtrisons pas les biotechnologies nous serons dépendants des pays étrangers pour l’importation des médicaments, soigner les patients, avec des coûts énormes pour le pays. D’un point de vue stratégique pour la Tunisie, il est impérativement nécessaire de promouvoir les biotechnologies, d’autant que nous avons du potentiel. Se tourner vers la bioproduction est une nécessité.
En effet, plutôt que d’être rémunérés pour cette opération, nous proposons un retour de transfert de technologies bénéficiant non pas directement à l’institut mais à la Tunisie à travers l’industrie pharmaceutique où l’Institut Pasteur pourrait se positionner comme intermédiaire et conseiller pour aider à développer des produits. En outre, l’Ethiopie est intéressée, de même que le Maroc, par notre savoir-faire en matière de production de sérums.
Qu’en est-il de votre collaboration avec le technopôle de Sidi Thabet ? L’Institut de Sidi Thabet est porté par l’Institut Pasteur de Tunis, il est censé développer les produits biologiques mais tel n’est pas encore le cas. L’Etat doit prendre conscience des enjeux et des développements biotechnologiques et investir dans ce domaine, simplement parce que les industriels privés ne peuvent, dans un premier temps, assumer la bio-production qui, elle, implique des délais, à moyen et long terme, de rentabilité. Si aujourd’hui le budget du médicament dans le monde se répartit à 80% sur les produits chimiques classiques et à 20 % sur les produits issus des biotechnologies en termes de chiffres d’affaires, demain ou dans dix ans la répartition va s’inverser, on aura de plus en plus recours aux produits biologiques dans le traitement des
D’un point de vue stratégique pour la Tunisie, il est impérativement nécessaire de promouvoir les biotechnologies, d’autant que nous avons du potentiel. Se tourner vers la bio-production est une nécessité.
La vocation naturelle de l’Institut Pasteur étant la recherche scientifique au service de la santé de l’homme, qu’en est-il au niveau du développement de nouvelles molécules ? Nos publications et nos brevets d’inventions rendent compte du travail réalisé dans le secteur recherche et innovation de notre institut pour un certain nombre de produits. Ainsi, une quinzaine de projets ont été identifiés à différents stades de développement, qu’il s’agisse de vaccination, de traitement ou de diagnostic. Concernant les vaccins, celui de l’hépatite E, pour laquelle il n’existe pas de vaccin à l’heure actuelle, les vaccins contre la tuberculose de l’adulte, les vaccins contre la leishmaniose et quelques vaccins vétérinaires également. En matière de traitements, un certain nombre de molécules ont été conçues et sont issues des recherches des équipes travaillant sur les venins des biomolécules thérapeutiques, les venins des serpents et des scorpions contenant plusieurs molécules ayant des effets sur certaines fonctions, la vascularisation, l’hémostase, etc. Pour ces quelques brevets, notre stratégie consiste à promouvoir des interactions entre les chercheurs de l’institut, moyennant la Cellule de communication, valorisation et transfert technologique, et d’éventuels industriels internationaux. Pour ce qui est des diagnostics, nous avons des brevets en rapport avec la tuberculose, les leishmanioses ou des maladies infectieuses comme la toxoplasmose.
nal
atio n r e t n i es à l’
nnu
s reco e c n e t pé Des com
Pour certains diagnostics, les déficits immunitaires congénitaux et les leucémies, nous sommes reconnus à l’échelle maghrébine et mondiale, ce grâce à quoi des patients d’Algérie, de Lybie, du Maroc viennent se faire explorer au sein de notre institut par prélèvement de cellules fraîches. Les médecins avertis de ces différents pays prennent des rendez-vous avec le Dr Ridha Barbouche, formé par le Pr Alain Fisher (spécialisé en immunologie pédiatrique et chercheur biologiste français) à l’Université Paris Descartes, qui s’occupe de ce laboratoire. Un autre diagnostic est réalisé chez nous, celui de la leucémie myéloïde chronique. Pour ce faire, il faut quantifier un messager issu d’une translocation n’existant que chez les patients concernés et ce, grâce à une PCR en temps réel, une technique assez sophistiquée que nous maîtrisons et pour laquelle nous avons une reconnaissance dans la région. Par ailleurs, nous vendons le Lima BCG pour le traitement des cancers de la vessie, celui-ci n’est pas produit en Algérie, il n’existe pas au Maroc non plus. C’est un produit frais (conservé à -80 °C) pour lequel les patients atteints de cette maladie viennent se faire soigner chez nous et certains médecins urologues algériens achètent pour une centaine de doses (100 dinars l’unité) pour leur usage professionnel. Tunisie destination santé - mars 2016
65
Hydrothérapie & Thermalisme
Rencontre
Rezig Oueslati
PDG de L’ONTH
« Si l’ONTH a réussi aujourd’hui à défendre sa position, c’est essentiellement parce qu’il a su exploiter les richesses du pays » 66
Tunisie destination santé - mars 2016
La Thalassothérapie
est un produit de santé par excellence Nommé en Juillet 2015 à la tête de l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie, la carrière et l’expérience de Rezig Oueslati est celle d’un homme ambitieux, avec en tête de nombreux objectifs. Grâce à sa carrière et à la richesse de son expérience, il a réussi à gravir les échelons au fil des années et à être affecté à plusieurs postes clés, notamment au sein du ministère de la Santé où il avait été successivement en charge de plusieurs départements. Il a dirigé le Centre de maternité et de néonatalogie de Tunis, le Centre national de médecine scolaire et universitaire, le complexe thermal de Djebel Oust et plusieurs hôpitaux. Rezig Oueslati est aujourd’hui PDG de l’ONTH et Vice-président de la Fédération mondiale du thermalisme et du climatisme. Au cours de cette rencontre, il nous parle de sa carrière, de son poste actuel et de l’hydrothérapie en Tunisie.
Saïma Ksibi
Parlez-nous de votre parcours J’ai fait mes études supérieures à la Faculté de Droit et de Sciences Politiques et j’ai soutenu ma thèse à l’Ecole Nationale d’Administration, pour devenir Conseiller des Services publics au sein du premier ministère. Mon cursus comprend le premier ministère, le ministère de la Justice (particulièrement dans les affaires foncières), le ministère de la Santé publique, ainsi que plusieurs autres postes de responsabilités et de commandement. Ma première nomination a eu lieu à l’âge de 27 ans en tant que Directeur général du Centre de maternité et de néonatalogie de Tunis et c’est à partir de là que j’ai commencé à faire mon chemin dans les CHU, que ce soit en tant que Directeur général de la Rabta, Directeur général de l’Institut Pasteur, Directeur général de l’Institut national de neurologie, ou en tant que Directeur général du Complexe Sanitaire de Djebel Oust, etc. En 2008, j’ai été nommé Directeur général adjoint à l’Office national du thermalisme, puis son Président directeur général en 2015 et c’est un honneur, pour moi, de succéder aux grands qui se sont succédé dans cette institution depuis 1975, notamment Mahmoud Ben Hassine, Chedly Karoui, Mohamed Hadj Taieb, Monjia Mahjoubi et tous ceux qui ont fait de l’Office national du thermalisme ce qu’il est aujourd’hui.
Etant à la tête de l’ONTH, comment concevezvous le développement du thermalisme intérieur ? Nous avons mis en place un plan directeur à travers lequel nous allons exploiter les richesses de chaque région. Durant la période 2010-2015, nous avons fait des investissements à hauteur de 174 millions de dinars et créé plus de 3.000 emplois. Si l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie a pu aujourd’hui défendre sa position, c’est essentiellement parce qu’il a su exploiter les richesses du pays et en créer d’autres. Son expertise a été mise au service d’investissements comme le Centre thermal de Boulaâba, celui de Beni Mtir ou encore le grand projet de Korbous, quasiment prêt pour l’inauguration, ainsi que de nombreux autres investissements dans plusieurs régions du pays.
Et si vous nous parliez de la nouvelle norme ISO17680 ? La norme ISO17680 est inspirée de la norme tunisienne
“
“
Hydrothérapie & Thermalisme
NT 126.05 relative aux «Services touristiques» et aux «Bonnes pratiques en thalassothérapie». Les experts tunisiens, à savoir les membres de l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie et ceux de l’Institut national de la propriété foncière et de normalisation, ont réussi à en faire une norme internationale en cinq étapes (Tunisie, Malaisie, Corée, Portugal, Espagne). C’est un pas de plus pour la Tunisie, qui compte 60 centres de thalassothérapie et est classée deuxième, que de se faire valoir par la science. Notre pays bénéficie de la seule structure dans le monde (ONTH) qui gère les trois eaux et nous nous distinguons des autres pays, qui ne disposent pas de structure de référence, car nous avons des textes et une réglementation clairs. Avoir la certification ISO 17680, pour un centre de thalassothérapie, constitue une garantie de la qualité.
Quels sont vos plans d’action pour cette norme ? Nous allons d’abord commencer par les formations, puis sensibiliser et informer les centres en vue de l’adoption de cette norme, qui ne leur sera que bénéfique, et nous allons tenter de voir les possibilités de financement public pour la création d’un fonds de soutien pour la mise à niveau des centres de thalassothérapie.
Qu’en est-il des eaux conditionnées en Tunisie ? En Tunisie, le secteur des eaux minérales s’est libéralisé et est passé de la production de trois marques fabriquées par une entreprise publique, la Société des stations thermales et des eaux minérales (SOSTEM), rachetée en 2003 par la Société de fabrication des boissons de Tunisie (SFBT) qui détient les trois quarts du marché. Les eaux minérales sont commercialisées par des entreprises ayant obtenu une licence selon la loi de 1993 et sont contrôlées par l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie. Il existe environ vingt marques détenues par une douzaine de sociétés exploitant une vingtaine de sources dans les différents territoires du pays, du nord au sud, soit 11 gouvernorats. Ces unités produisent plus de 260 milles bouteilles, emploient 3.500 salariés et génèrent une rude compétition entre les différentes unités de production. Par ailleurs, toutes ces unités de mise en bouteille d’eau minérale sont placées sous la tutelle de l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie.
L’ONTH est aujourd’hui sous la tutelle du ministère de la Santé, pourquoi ce transfert du ministère du Tourisme à celui de la Santé ? En 1974, l’ONTH était, en premier lieu, sous l’égide du ministère de la Santé et nous voilà de nouveau aujourd’hui faisant partie de ce même ministère. Ceci s’explique par le fait que la thalassothérapie est un produit de santé par excellence. L’eau minérale est un produit alimentaire et l’ONTH a un laboratoire accrédité pour contrôler et garantir la qualité des eaux minérales commercialisées, en plus de l’eau thermale, bénéfique pour la santé, il a été démontré par des études scientifiques que la thalasso, le thermalisme et les eaux douces procurent le bien-être de l’individu et préviennent plusieurs maladies. Le label de l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie tourne donc, par excellence, autour de la santé. Tunisie destination santé - mars 2016
67
Hydrothérapie & Thermalisme
Quelles sont les vertus de la thalassothérapie ?
68
Une cure médicale est un parcours médicalisé Tunisie destination santé - mars 2016
“
“
La thalassothérapie est une thérapeutique naturelle et dépourvue d’effets secondaires, qui vient en complément d’autres thérapeutiques telles que l’allopathie et la chirurgie. Préventive, elle retarde le vieillissement, lutte contre le stress ou renforce la résistance physique et mentale. C’est dans le traitement des maladies chroniques, comme les rhumatismes, les allergies, les problèmes vasculaires et même le surpoids, que la thalasso trouve sa plus belle expression car elle offre, sinon un traitement radical, une amélioration réelle. Les vertus de la thalassothérapie sont reconnues dans le soulagement de plusieurs rhumatismes comme l’arthrite ou l’arthrose. De nombreux essais cliniques ont été menés sur le sujet : l’hydrothérapie pratiquée sous différentes formes (bains hydromassants, jets d’eau, relaxation piscine, enveloppements…) diminuerait l’intensité des douleurs liées aux rhumatismes, notamment celles provoquées par l’arthrose des genoux et de la hanche, améliorerait significativement la capacité fonctionnelle des patients et favoriserait le bienêtre.
La surveillance médicale
Hydrothérapie & Thermalisme
Dr Anis Sellem Directeur du Centre de thalassothérapie au Royal Kenz Thalasso & SPA
est-elle obligatoire ? La cure est un parcours médicalisé. Le bénéfice qui en est attendu doit être mesuré par un médecin.
Quels sont les bienfaits des algues et de la boue marine ? La thalassothérapie ne se limite pas à l’eau de mer, des éléments caractéristiques du milieu marin comme les algues et la boue marine étant également utilisés dans les soins, notamment les bains et les enveloppements. Les algues ont une exceptionnelle concentration en sels minéraux, en oligo-éléments et en vitamines (iode, phosphore, potassium, magnésium, fer, fluor, calcium…), jusqu’à 100.000 fois supérieure à celle de l’eau de mer. Tous les oligoéléments nécessaires en rhumatologie sont ainsi présents dans les algues. Elles procurent de nombreux bienfaits pour la santé : elles permettent de purifier l’organisme, d’assainir la peau, de favoriser la circulation sanguine, de soulager les symptômes liés aux rhumatismes Riche en ions négatifs provenant de la flore et de la faune marine désintégrée, la boue marine est connue pour son action antalgique, anti-inflammatoire et détoxifiante.
La thalasso permetelle de lutter contre la fibromyalgie ? La fibromyalgie est une maladie peu connue et dont les causes sont aujourd’hui encore mal comprises. Elle se caractérise principalement par des troubles du sommeil et des douleurs musculaires pénibles et diffuses dans l’ensemble du corps, bien qu’aucune lésion ne soit visible au niveau des muscles, à tel point que les personnes qui en sont atteintes ne parviennent pas à travailler à temps plein et présentent des difficultés à effectuer certaines
tâches du quotidien. La thalassothérapie permet, en particulier, de lutter contre la fibromyalgie. La thalasso permet-elle de réussir le pari de minceur et de rectifier les habitudes alimentaires ? L’alimentation est essentielle pour une bonne santé. Durant une cure thalasso, des conseils diététiques sont donnés aux curistes pour les aider à changer leur hygiène alimentaire, peu ou pas adaptée à leur rythme de vie ou à leurs problèmes de santé. Les centres de thalasso l›ont bien compris, bien manger est la clé de nombreux maux. C’est pourquoi ils proposent des cures thalasso minceur clé en main sur les thèmes du surpoids, du stress, de l›amincissement.
Combien de temps doit durer une cure en centre de thalassothérapie pour être efficace ? Pour bénéficier pleinement des effets bienfaisants, une cure doit durer au minimum 5 jours. Les effets seront pérennes pendant environ 6 mois. Les «week-ends découverte» qui attirent un nouveau public lui permettent de se relaxer, lui donnent un avant-goût et l’envie de revenir mais ils ne sont réellement profitables qu›à ceux ayant récemment fait une cure et pour se recharger quelque peu. Comment voyez-vous évoluer le marché de la thalassothérapie ? Le marché s’est tassé depuis le début de la crise, les chiffres de fréquentation ayant baissé après l’attentat de Sousse. La demande est réduite. Seul un plan de sécurisation des sites touristiques pourra sauver la Tunisie et il devra durer des années, nécessitant des moyens sérieux. Les curistes considèrent aujourd’hui la sécurité en général et la sécurité d’une destination comme étant le facteur le plus important au moment de faire leur choix.
Que cherche souvent le client dans un centre de thalassothérapie ? La qualité des prestations offertes et depuis cinq ans, la Tunisie s’est engagée dans une procédure qui a abouti à la publication, en mars 2015, de l’ISO 17680 : une norme internationale de certification des centres de thalassothérapie élaborée sur la base d’une norme tunisienne régissant le secteur en Tunisie. Un grand acquis pour restructurer le secteur. Cette norme servira de référentiel international pour la Certification des centres de thalassothérapie et, par voie de conséquence, d’outil de mise à niveau du secteur de l’hydrothérapie.
Quelles seront nouveautés « thalasso » pour 2016 ? L’important, ce sont les fondamentaux de la thalassothérapie et ses effets préventifs et curatifs. La gamme des cures et des forfaits proposés est très vaste. On en compte au moins une quinzaine, voire davantage dans chacun des centres.
Tunisie destination santé - mars 2016
69
Hydrothérapie & Thermalisme
“
“
Le rétablissement de la sécurité est un facteur clé pour attirer les curistes
Tout d’abord quel est le profil de la clientèle de thalassothérapie ? Aujourd’hui, la thalassothérapie accueille une clientèle variée qui se rend au sein des centres pour quelques jours (3 à 4 jours en moyenne), voire même le temps d’un week-end, afin de se ressourcer. Il s’agit d’une clientèle composée surtout de femmes et très attachée à un établissement car le taux de fidélisation varie de 30 à 50 % selon les centres. Cette clientèle est exigeante. Pas d’erreur, il faut bien traiter. Chaque massage a ses spécificités et ses normes. L’idéal est une cure de huit jours mais six jours donnent déjà des effets à long terme, sur deux ou trois mois. Le marché du bien-être est un secteur porteur et lucratif. D’où la nécessité, pour un centre, de s›entourer d’un personnel compétent en matière de marketing, de conseils et de vente de produits. La mer est une source de vie, curative, elle soigne, apaise et régénère. Sauf contre-indication médicale, les séjours de thalassothérapie concernent tous ceux qui souhaitent se faire du bien et préserver leur capital santé. Tout établissement exploitant ce terme doit impérativement répondre à au moins deux critères d’exigence : être situé au bord du littoral et utiliser l’eau de mer.
Est-ce que la thalassothérapie tunisienne est normalisée ? La prolongation de la norme ISO 17680 est le fruit d’un travail colossal en la
70
Tunisie destination santé - mars 2016
Hydrothérapie & Thermalisme
Habib Bouslama Directeur du Nahrawess Thalasso Resorts
matière qui a duré près de huit années de rencontres, de déplacements et d’études. La Tunisie, pionnière dans le domaine de la thalasso, a été désignée pour conduire ces travaux ayant abouti à l’adoption, par vote, de ses propositions. Inspirée de la norme tunisienne NT 1260, cette norme vient couronner un long parcours pour l’élaboration des normes internationales dans le secteur de l’hydrothérapie, avec ses trois composantes : la thalassothérapie, le SPA du bien-être et le SPA médical. Cette norme servira de référentiel international dans la certification des centres de thalasso et leur mise à niveau. Son application par nos centres contribuera et aidera nos clients à choisir leur destination et leurs cures, d’où la nécessité d’attribuer à tous les centres en activité le nombre d’étoiles correspondant à leurs prestations. Il est vrai que la vitesse de croisière que nous avons atteinte nous oblige à nous accorder sur des exigences optimales pour garantir à notre activité une qualité pérenne. On ne se positionne pas sur la scène internationale comme étant la 2ème destination mondiale par le nombre de centres mais par la qualité de nos prestations, lesquelles prestations souffrent depuis un certain temps de ce déficit de normalisation et, surtout, d’un nombre croissant d’intrus dans l’activité. Cette composante du produit touristique tunisien assure à la Tunisie une valeur ajoutée appréciable et contribue, par la même, à l’amélioration du taux d’occupation de nos lits avec une clientèle à haut pouvoir d’achat.
Les intrus guettent-ils le secteur ? Tout n’est cependant pas rose pour la thalassothérapie. Un danger guette, en effet, ce créneau : l’apparition de certains intrus, notamment ces loueurs de centres. Certains sportifs et marchands de tapis s’improvisent prestataires de services thalasso. Ce genre de pratiques risque d’entacher la réputation de la Tunisie en tant que destination de santé. Il est grand temps de mettre en place un cahier de charges règlementant cette activité et de créer un comité de déontologie médicale afin d’obliger les centres à prendre en charge le curiste. L’Etat, tout comme le secteur privé, a tout intérêt à soigner ce créneau porteur. La vigilance est de rigueur pour mettre fin aux abus. Le ministère de Santé doit engager une lutte sans merci contre les intrus dans le secteur de la thalassothérapie. Des agents de contrôle doivent être mobilisés et sillonner les divers centres pour s›assurer de la conformité des soins fournis, avec les normes strictes en vigueur en la matière. Cette stratégie doit aussi prévoir la formation du personnel exerçant dans les centres grâce à la multiplication des stages. Il est désormais grand temps de mettre de l›ordre dans ce secteur et de respecter le cahier de charges. Personnellement, j’ai ouvert un centre de formation à Hammamet mais personne n’est venu s’inscrire. Certains promoteurs accordent peu d’intérêt à la formation de leur personnel. Ils embauchent souvent des kinés sans qualification.
Le secteur est particulièrement menacé à cause des « beznassas », qui s’improvisent masseurs sans qualifications ou maîtrise des techniques. Ce fléau qui semble s’accroître au fil des années risque de nuire à l’image de notre thalassothérapie.
Comment voyez-vous évoluer le marché de la thalassothérapie ? Le marché s›est tassé depuis 2015. Le booking est nul pour cet hiver. La situation actuelle du pays a freiné la venue des curistes en Tunisie. Le rétablissement de la sécurité est un facteur clé pour attirer les touristes. Et pour attirer ces curistes, il faut doter le secteur d’une meilleure visibilité. Le marketing, la publicité et des actions de communication joueront un rôle déterminant dans cette phase. Il faut également renforcer la visibilité des campagnes de communication dans les médias étrangers, le succès de ces campagnes étant tributaire de trois facteurs : l’instauration de la sécurité, le degré de détermination des professionnels à améliorer la qualité des services de leurs centres et, enfin, la promotion de la Tunisie en tant que destination de thalassothérapie confirmée.
Tunisie destination santé - mars 2016
71
Hydrothérapie & Thermalisme
A chacun sa cure thermalisme
&
thalassothérapie
L
e thermalisme et la thalassothérapie ont leurs adeptes en Tunisie et à l’étranger. Ils constituent, avec toutes leurs composantes, un vecteur de développement très important pour la médecine douce, le tourisme de santé et le développement régional. Les stations thermales et de thalassothérapie ne sont plus exclusivement thérapeutiques en Tunisie. Aujourd’hui, elles ont accompli leur propre cure de jouvence et sont devenues les nouveaux hauts lieux de la forme. Ouvertes à tous les publics et à tous les âges, leur taux de fréquentation atteint des records. On n’y va plus seulement pour traiter les affections du système digestif, des articulations, de la peau ou des voies respiratoires mais aussi pour y épanouir son corps. Ces lieux de bien-être sont pris d’assaut par des milliers de curistes. Il s’agit d’un secteur en pleine expansion et toujours d’avenir pour les professionnels.
Ma cure thermale La cure thermale est apaisante en soi grâce au rituel qui préside à son organisation et dispense le curiste de toute initiative, la règle étant de s’abandonner, de se laisser aller, principe de base du repos. Le traitement s’accomplit à heures fixes. Il prévoit une progression des doses. Les bains sont pris à température contrôlée, généralement tièdes ou chauds, parfois jusqu’à 38 °C, d’où des effets très favorables à la circulation du sang. Il en résulte une réelle sensation de bienêtre. Les douches peuvent être réglées à jet puissant ou alternatif, tonifiant la peau et les articulations. D’autres techniques existent et sont adaptées à des thérapeutiques locales, voies respiratoires, gynécologie, calmant les muqueuses. Ailleurs, ce sont des vapeurs d’eau minérale qui sont utilisées pour soigner l’asthme ou les rhumatismes. Enfin, les boues, appliquées en cataplasmes, à température élevée, provoquent une transpiration intense qui élimine les toxines du corps et décongestionne l’organisme. Complétées par des massages ou des séances de kinésithérapie, ces cures aboutissent à une incontestable remise en forme dont les effets sont durables.
72
Tunisie destination santé - mars 2016
Hydrothérapie & Thermalisme
Le Hammam quand vapeur rime avec détente Bain turc ou bain maure, le hammam tenait depuis longtemps en Tunisie une place primordiale. Hammam signifie « source de chaleur » en arabe. Détente et relaxation, ce sont les maîtres-mots du hammam. Une virée du côté de Hammam Bent J’didi, tout près de Hammamet, permet de découvrir les vertus du bain maure. Cette station thermale est très prisée des curistes du sud du Cap-Bon, ceux de Nabeul et Hammamet notamment, et de Sousse et ses environs, qui la prennent d’assaut de novembre à avril pour passer une partie de l’hiver au chaud et profiter des vertus de ses eaux thermales riches en calcium, magnésium, sodium, potassium, bicarbonates, sulfates, chlorures, fluorures et nitrates et conseillées pour soigner des maladies relevant de la rhumatologie ou de la dermatologie, comme elles contribuent au traitement de certaines séquelles inflammatoires ou postopératoires de la gynécologie. Il s’agit donc d’une eau hyperthermale chlorurée et sodique forte, de 60 °C de température, pompée et collectée dans une bâche se trouvant au sommet d’une colline et diffusée selon un mode gravitaire aux deux établissements de soins, l’un pour les hommes et l’autre pour les femmes, inaugurés en 1993 avec les 48 nouveaux bungalows, en renfort de l’îlot, déjà existant, de maisons traditionnelles alimentées en eau thermale pour des bains intra-muros. Le complexe thermal de Lalla Khadija, que l’Etat tunisien projette d’y édifier, donnera, sans aucun doute, toute sa dimension touristique à la station et attirera certainement les touristes de Nabeul, Hammamet et Sousse pour des cures à la carte, comme il accueillera ses propres « pensionnaires » puisqu’il sera doté de facilités d’hébergement touristique et trouvera dans les deux beaux parcours de golf avoisinants et la toute proche station intégrée de Yasmine Hammamet le complément touristique idéal à son produit essentiellement thermal.
Envie d’investir Les potentialités dont disposent la Tunisie en la matière ne cessent de séduire plus d’un investisseur. C’est ainsi qu’une vingtaine de nouveaux projets ont été identifiés et que des intentions d’investissement ont été exprimées et ce, afin de promouvoir le secteur avec le concours et l’appui constant de l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie. L’on s’attend, par ailleurs, à une mobilisation d’investissement public de 65 millions de dinars en vue de consolider les réseaux d’infrastructure. La finalité est d’encourager l’investissement privé, dont le montant s’élèverait, au cours des prochaines années, à 1.043 millions de dinars. Les autorités publiques n’ont, jusqu’à ce jour, ménagé le moindre effort pour soutenir le secteur du thermalisme. Ainsi, elles ont défini des actions spécifiques, identifié les orientations stratégiques et mis en place les moyens et outils nécessaires à la promotion de ce créneau porteur, notamment dans l’enrichissement de l’offre touristique et du développement régional. Depuis 1995, l’Etat tunisien a cédé la main au secteur privé qui a pris la relève dans la gestion, l’investissement et l’exportation d’un service public. Parallèlement, il a confié l’application de sa politique à l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie qui s’est chargé de la restructuration du secteur, notamment, à la faveur d’une nouvelle distribution des rôles entre l’administration et le secteur privé. D’importants avantages sont accordés aux promoteurs, de l’étude jusqu›à la phase finale de réalisation du projet.
Tunisie destination santé - mars 2016
73
Hydrothérapie & Thermalisme
Thalasso quand on élimine les toxines et que l’on recharge ses batteries Se ressourcer, manger sainement, écouter son corps et repartir d’un bon pied ! Les cures de thalasso offrent détente et énergie nouvelle aux organismes. Reconnue de nos jours par la médecine, la thalassothérapie nous offre plutôt une pause « bien-être » au milieu du stress quotidien. Hippocrate recommandait déjà, 400 ans avant J.C, l’usage de la thalassothérapie pour les démangeaisons de la peau. De même, Platon déclarait, à propos de la thalassothérapie, que « la mer lave tous les maux de l’homme ». La thalassothérapie trouve ses racines dans l’Antiquité, quelques siècles avant notre ère, chez les peuples vivant près de la mer. Les Romains et les Grecs connaissaient la thalassothérapie sous forme de bains froids et chauds alternés mais elle est, par la suite, délaissée lors de la chute de l’Empire Romain plus précisément. Cette époque de décadence a en effet jeté une certaine méfiance sur la thalassothérapie qui, de nos jours, a ses adeptes en Tunisie. De nombreux hôtels thalasso y offrent des soins à la carte pour éliminer le stress quotidien en bord de mer. La qualité de l’accueil et le charme touristique de ce pays feront de votre séjour thalasso un vrai plaisir au soleil. De nombreux forfaits hôtels thalasso à petits prix vous permettront de découvrir un cadre somptueux pour vous relaxer. Une telle cure allie le charme oriental à la diversité de ses sites et la proximité de ses terrains de golf. Le curiste pourra découvrir, pendant son séjour, les différentes cultures de ce pays : phénicienne, romaine et arabo musulmane. De superbes hôtels thalasso vous ouvrent leurs portes pour éliminer fatigue et stress, mincir et vous offrir de vraies vacances relaxation.
Tous les centres doivent respecter les réglementations en vigueur et tous sont régulièrement contrôlés
C’est ainsi que le nombre de centres tunisiens n’a cessé de croître pour avoisiner la cinquantaine, pour la plupart munis des meilleurs matériels
74
Tunisie destination santé - mars 2016
techniques sur le marché, aux normes très rigoureuses de sécurité et d’hygiène et, surtout, l’assistance de tous les instants d’une équipe de professionnels homogène constituée de cadres médicaux et paramédicaux, disponibles et sérieux. Les curistes d’aujourd’hui ne sont plus ceux de l’époque où ils cherchaient uniquement repos, confort et remise en forme. Certes, ces indications sont bel et bien présentes, importantes et représentent encore plus de la moitié des causes qui motivent la réservation d’une cure de thalasso en Tunisie. Quant aux autres motifs, ils sont le fait d’Internet et autres médias, d’une information plus précise, plus détaillée, et d’exigences for précises et parfois difficiles à satisfaire.
17 à Djerba, 9 à Yasmine Hammamet, 8 à Sousse, 4 à Hammamet, 3 à Mahdia, 3 à Gammarth, 3 à Tabarka et 3 à Monastir.
Les centres tunisiens sont munis des meilleurs matériels techniques sur le marché et sont aux normes très rigoureuses de sécurité et d’hygiène
Un label qualité La Tunisie développe une thalassothérapie de haut niveau, conforme aux meilleures normes internationales, dont la qualité a été, dès l’origine, partie intégrante de son ambition. Dès 1992, un décret-loi définissait les critères d’implantation, de gestion, ainsi que de prélèvement et de stockage de l’eau de mer. Il était exigé que les centres soient dirigés par un médecin. En 2007, un nouveau décret renforçait les contrôles et plaçait les centres de cures marines sous la tutelle du ministère de la Santé publique. Un air pur, un climat doux et ensoleillé une grande partie de l’année, une eau de mer riche en sels minéraux et en oligoéléments et de nombreuses sources thermales lui donnaient de solides atouts pour engager un tel développement. Aujourd’hui, de Tabarka au nord-ouest, à Zarzis au sud-est, répartis sur ses 1.300 kilomètres de côtes, la Tunisie compte près d’une soixantaine de centres de thalassothérapie, à quelques unités près, autant qu’en France. Toujours sous la tutelle du ministère de la Santé publique, ils dépendent de l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie.150 milles curistes choisissent la Tunisie, dont 27.761 français, 16.991 russes, 7.035 allemands, 5.207 britanniques, 3.584 italiens, 1.140 espagnols, 1.815 belges, 1.704 algériens, 1.790 libyens et 7.125 tunisiens. Ces centres totalisent un nombre de 1.496 cabines de soins offrant une capacité de traitement de 4.909 curistes par jour. Des centres dont la plupart, sinon tous, sont situés dans des zones touristiques, à concurrence de 54 % dans des unités hôtelières de catégorie 5 étoiles et de 46 % dans des unités hôtelières de catégorie 4 étoiles. Les curistes sont répartis sur les principales zones touristiques avec une palme d’or pour Sousse (50.792 curistes), Djerba (19.640), Mahdia (15.703), Tunis (9.599), Nabeul-Hammamet (8.940), Monastir (1.333) et Tabarka-Aïn Drahem (895). 60 centres offrent des cures de qualité, dont
Ces centres sont équipés des matériels les plus performants et une multitude de soins spécifiques sont mis à la disposition des curistes en fonction des besoins thérapeutiques, prodigués par un personnel disponible et qualifié. Ces centres ont parfois su intégrer intelligemment l’architecture et l’ambiance locale, soit, par exemple, à travers une déco orientale de style andalou-mauresque, avec fontaines élégantes et bassins aux douces formes oblongues, ou une déco à l’antique avec une forêt de colonnes et des mosaïques variées. Les soins par l’eau de mer comprennent, entre autres, les jets, les propulseurs, les drainages, les bains bouillonnants ou froids, les hydromassants, les modelages, les douches toniques mais aussi les soins à base d’algues ou de boues marines. En Tunisie, la thalassothérapie permet de profiter d’un cadre naturel exceptionnel, combinant forme, détente et découverte. La plupart des centres de thalasso se situent sur des sites privilégiés en bord de mer. La destination Tunisie n’envisage pas en rester là. Une vingtaine de centres sont en cours de réalisation ou au stade de l’étude. Ce qui portera le nombre de centres à une soixantaine à l’horizon 2020 avec, évidemment, un impact certain sur les recettes en devises et le nombre d’emplois directs et indirects dans le secteur touristique
Un personnel hautement qualifié Les soins en thalassothérapie sont pratiqués dans un but de prévention mais aussi de remise en forme. Comme pour le thermalisme, le cadre y est médicalisé et les patients font des cures. Certains centres ont opté pour le luxe et l’espace, d’autres se révèlent plus intimistes et
Hydrothérapie & Thermalisme
conviviaux. Tous doivent respecter les réglementations en vigueur et tous sont régulièrement contrôlés. Les curistes d’aujourd’hui ne recherchent plus uniquement repos, confort et remise en forme. Très informés, plus minutieux, ils ont des exigences précises. Les exploitants ont compris qu’il fallait optimiser leurs cures et leurs soins et offrir à cette nouvelle clientèle des résultats palpables et effectifs, l’objectif commun étant de garantir la présence de profils hautement qualifiés. L’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie accorde, en fait, une grande place à la formation du personnel. La Tunisie compte une douzaine d’écoles de formation aux métiers du « bien-être » agréées par le ministère de l’Education et de la Formation professionnelle. Outre les vertus de l’eau de mer, on y enseigne l’hydrothérapie, la massothérapie, qui inclut les rituels venus de tous les continents, la climatothérapie, la maintenance, etc. Les professionnels n’ont de cesse d’imposer un service standard en termes de matériels techniques et de respect des normes internationales de sécurité et d’hygiène. Ils poursuivent leur développement avec de nouveaux soins, de nouveaux équipements, de nouvelles cures et de nouveaux rituels. Concernant la sécurité des installations techniques et des locaux, les exigences de la réglementation sont rappelées. Des points précisent aussi des règles élémentaires, tels que l’équipement des sols des zones humides intérieures en antidérapants. Les compétences minimales du personnel du centre de thalasso sont également précisées, avec le rappel des métiers existants tels que ceux d’hydrothérapeute, d’esthéticienne, d’hydro-esthéticienne et de masseur-kinésithérapeute.
Tunisie destination santé - mars 2016
75
Hydrothérapie & Thermalisme
La folie des SPA Le spa, c’est la nouvelle tendance bienêtre. D’une quarantaine il y a dix ans, ils sont 340 aujourd›hui. Le spa suscite, aujourd’hui, un engouement particulier auprès des curistes, du fait qu›il soit devenu un palliatif doux dans les soins de certaines maladies du siècle : stress, angoisse, surmenage et autre vieillissement prématuré. L’inventaire des centres spas en Tunisie en 2015 a permis d’identifier 340 centres dont 288 appartenant à des établissements hôteliers, alors que les 52 restants sont classés comme étant urbains. L’inventaire a également permis d’identifier quatre formes d’exploitation : les centres spas appartenant aux établissements hôteliers et gérés, directement, par les promoteurs, les centres spas propriété des établissements hôteliers mais confiés en gestion à une autre société sous forme de location, les centres spas exploités par des hôtels sous forme de franchise et les spas urbains, une nouvelle catégorie de centres qui combine spa et institut de beauté. L’enquête de FICOM a révélé que dans l’offre « balnéothérapie » des centres spas, ce sont les bains spécialisés, le hammam et le sauna qui sont les plus utilisés. 63 % des centres offrent des bains spécialisés (bain hydromassant, bain bouillonnant, bain à remous, jacuzzi, bain à jet sous-marin, bain à vapeur, bain flottant, bain nordique etc.), 76 % sont équipés de hammams, 63 % sont munis de sauna, 20 % sont dotés de jacuzzi, 17 % proposent des bains d’hydromassage et que certains d’entre eux disposent de piscines thermales. L’enquête a aussi révélé que 18 % de ces centres sont munis de douches médicales. Ce taux concerne 24 % des spas urbains. Par contre, seuls 2 % des centres spas sont équipés d’aquagym, ce taux étant de 8 % pour les spas
76
Tunisie destination santé - mars 2016
urbains. Aujourd’hui, les spas urbains se multiplient. Il en existe différents types : spa destination, spa resort, spa d’agrément, spa d’hôtel, spa d’aventure, spa safari, spa minéral, day spa, club spa, spa de croisière, spa urbain, spa terroir. Bien sûr, ces spa misent d’abord sur les clients locaux mais certains cherchent aussi à séduire les touristes. Depuis une dizaine d’années, la tendance bien-être connaît en Tunisie un véritable envol. Certes, de nombreux instituts de beauté améliorés se parent du titre de spa. Leurs clients sont, bien sûr, des locaux, avant tout. Mais pas uniquement. Pour assurer leur remplissage, nombreux sont les établissements qui cherchent à améliorer leur visibilité auprès des touristes de passage.
Spa et détente, une tendance qui fait du bien Les centres tunisiens offrent des conditions idéales pour l›accueil des curistes. La proximité de l’Europe et le standing de nos hôtels et centres de soins sont des atouts pour drainer de plus en plus de curistes. Les soins sont prodigués sous surveillance médicale. Les douches, bains, applications ou enveloppements de boue ou d’algues, à la base des cures, sont réalisés dans un but curatif. C’est dire que la Tunisie a tous les atouts pour développer ce créneau. La demande est devenue, en effet, pointue et les clients du spa se montrent de plus en plus exigeants quant à la qualité des prestations. Ils recherchent des prestations innovantes, à la mode et souhaitent, souvent, changer de destination. Tout comme les thermes à l’époque des romains qui étaient devenus des lieux de convivialité, le spa intègre aujourd’hui ce même esprit. Profiter d’un moment de détente dans un spa
est une occasion de prendre soin de soi, de se recentrer sur son corps dans une ambiance de luxe et de confort. Le spa est devenu un lieu privilégié pour profiter d’un moment de relaxation à travers des soins de beauté et des traitements à base d’eau. Outre ses propriétés relaxantes, le spa est très apprécié pour les bienfaits qu’il apporte à la santé physique et morale.
L’inventaire des centres spas en Tunisie en 2015 a permis d’identifier 340 centres dont 288 appartenant à des établissements hôteliers Il permet de retrouver un équilibre général notamment au niveau de la circulation sanguine : les vaisseaux sont dilatés, la pression sanguine est augmentée, ce qui soulage les tensions artérielles mais aussi les migraines et les douleurs chroniques liées au stress. L’apport en oxygène et en nutriments est favorisé, ce qui facilite l’évacuation des toxines. Utiliser le spa permet la décontraction des fibres musculaires pour relaxer le cou, les épaules, les trapèzes et le dos. L’effet relaxant est immédiat et la concentration est améliorée. Le spa, c’est aussi la possibilité de ralentir le vieillissement par la gestion et le contrôle du stress qui accélère le vieillissement des cellules. La relaxation par la pratique du spa est donc bénéfique pour conserver les défenses naturelles et la jeunesse.
Formation
Dans les métiers de santé, la formation en Tunisie est solide et reconnue à l’échelle internationale Dr Sonia Ben Cheikh
La Tunisie investit beaucoup dans la formation des ressources humaines pour les besoins de la santé, c’est un secteur dont la capacité permet, d’une part, de fournir un personnel médical et paramédical de qualité évoluant chaque année et, d’autre part, d’attirer de plus en plus d’étudiants étrangers. Entretien avec le Dr Sonia Ben Cheikh, directrice du Centre de formation pédagogique des cadres de la santé.
Saïma Ksibi
Quelles sont les missions du Centre national de formation pédagogique des cadres de la santé publique ? Je viens d’être nommée à la tête de cette prestigieuse institution, mise en place en 1980, et c’est un honneur, pour moi, de succéder à de grands professeurs en médecine ayant fait de ce centre ce qu’il est aujourd’hui. Je pense au Pr. Hlaiem, à qui ont succédé les Professeurs Taoufik Ennacef, Noureddine Achour, Abdeladhim et Lotfi Ben Lallahom. Le centre se charge d’assurer des formations continues et présentielles aux infirmiers, pour leur permettre d’accéder au grade d’infirmier principal, et aux aides-soignants,
78
Tunisie destination santé - mars 2016
pour obtenir le titre d’infirmier. Nous formons, chaque année, environ 700 personnes pour les grades d’infirmier et d’infirmier principal. Cette formation est clôturée par un examen d’évaluation à travers lequel chaque candidat doit valider 10 modules à l’issue desquels il passe à la formation théorique, qui s’étale sur deux mois, et à la formation pratique, durant également deux mois. Le Centre national de formation pédagogique des cadres de la santé publique a placé, parmi ses priorités, l’encadrement spécifique et adapté des techniciens supérieurs, leur permettant d’évoluer dans le grade, et nous planifions d’intégrer, au même titre que la formation pour les grades d’infirmier et d’infirmier principal, celle, à la carte, pour les techniciens supérieurs et pour toutes les sous-spécialités que le domaine peut comprendre.
Formation Quelles sont les nouveautés du centre pour les deux dernières années ? En 2015, une nouvelle formation, celle en administration, a été mise en place. Elle est ciblée et personnalisée et s’est adressée à environ 2.000 personnes à travers des cycles s’étalant sur deux à trois jours pour une durée totale de 32 jours autour de 20 thèmes relatifs à l’administration (gestion des ressources humaines, gestion administrative, gestion des malades, accueil, etc.). C’est une réussite réelle et je félicite, d’ailleurs, le Pr Ben Lallahom, initiateur de cette formation.
« Parler le même langage entre médecin et administrateur est important » Pour 2016, nous planifions une formation continue spécialement conçue pour accéder au grade de professeur paramédical et la première promotion sera effective dans le courant de l’année.
Quelle est l’utilité de cette formation de professeurs paramédicaux ? Intégrer ce programme et former des professeurs paramédicaux est important pour décharger, au niveau des établissements et des écoles d’infirmiers et techniciens supérieurs, les 90 % des médecins mobilisés pour assurer les cours. Je pense que des techniciens supérieurs formés peuvent, à leur tour, communiquer leurs connaissances à d’autres techniciens supérieurs qui, eux-mêmes, prendront la relève par la suite. C’est donc une fierté, pour ce centre, de lancer cette année, en étroite collaboration avec l’unité de formation des cadres de la santé, de nouvelles sessions d’enseignement 2.000 continu et de permettre aux techniciens agents ont supérieurs de passer le concours d’accès été formés en au grade de professeur paramédical. administration Cette année, l’aspect positif, réside dans le fait que les gens s’intéressent de en 2015 plus en plus aux cycles proposés par le centre, d’où la volonté de reprendre ceux délaissés depuis trois ans. Notre programme a été validé et sera bientôt lancé.
Qui assurera ces formations ? Ce sont des personnes triées sur le volet et qui représentent les compétences du pays, c’est à dire des directeurs et des directeurs généraux du Premier ministère et des hauts fonctionnaires de différents autres ministères, et non uniquement ceux du ministère de la Santé, afin de transmettre leurs connaissances et garantir une formation solide aux candidats potentiels.
Qu’en est-il de la formation en administration ? L’année 2016 verra le redémarrage et la poursuite de la formation en administration pour tous les professionnels de la santé, même les médecins qui souhaitent y participer, ce qui est d’une grande importance car aujourd’hui, au niveau central comme au niveau régional, des médecins se retrouvent à la tête d’administrations et institutions comme la direction régionale de santé publique. Ils ont donc besoin d’une formation administrative. Au niveau du ministère de la Santé, un grand nombre de médecins sont à la tête de différentes directions. Cette formation vise à ce que médecin et administrateur parlent le même langage, ce qui sera bénéfique tant au niveau de l’hôpital qu’au niveau central. C’est le cas au niveau de
l’hôpital parce que le directeur est souvent un administrateur, un gestionnaire, alors que les professeurs chefs de services sont des médecins et ne connaissent pas assez bien les contraintes administratives pouvant l’amener à refuser certaines demandes. 700 Etant donné les demandes émanant infirmiers et de certaines directions du ministère aides-soignants de la Santé, comme celle de l’inspection sont formés médicale qui organise, chaque année, un chaque année concours relatif à l’intégration de 50 à 70 au centre nouveaux inspecteurs, nous projetons de proposer plusieurs sessions de formation en inspection médicale destinées aux médecins et pharmaciens, voire aux médecins dentistes. Ces sessions sont généralement organisées dans les hôtels mais cette année nous prévoyons d’exploiter l’amphithéâtre de notre centre, ainsi que la grande salle de réunion qui peut être aménagée en ateliers de formation. Nous projetons également d’organiser des programmes à la carte pour les techniciens supérieurs dans le secteur privé et ce, parce que plusieurs spécialités existent et que nous avons été sollicités par ce secteur en vue d’un partenariat public/privé. Cette formation se fera au niveau national et bénéficiera à chaque secteur du savoir-faire de l’autre pour permettre l’évolution de la santé en Tunisie. Fusionner public et privé et créer ce type de partenariat est d’ailleurs un de nos objectifs et ne peut être que bénéfique.
Pensez-vous décentraliser la formation et être plus présents dans les régions ? Tout à fait ! C’est justement l’un de nos projets. Le centre pédagogique existe, en effet, depuis 1980 mais n’a pas de véritables antennes au niveau régional. Les seules existant à ce jour sont les écoles de santé. Mais elles ne suffisent malheureusement pas pour constituer de vraies antennes du centre dans les régions et ce, parce que leur charge de travail est trop importante, étant très sollicitées par l’unité centrale de formation des cadres de santé, l’école des infirmiers, l’école des techniciens supérieurs, etc. C’est pourquoi nous pensons mettre en place une antenne régionale au niveau des écoles de formation, voire au niveau des directions régionales de la santé, créant ainsi un vis-àvis dans ces régions, d’où l’idée de décentraliser la formation que nous proposons déjà en administration à Tunis, dans trois régions pilotes, à savoir, le nord, le centre et le sud.
« Notre projet consiste à décentraliser la formation » Cette décision sera bientôt mise à exécution, aboutissant un jour à des minis centres pédagogiques et des pôles de formation continue dans toutes les régions.
Pour finir, quel regard portez-vous sur la formation en métiers de la santé en Tunisie ? En se référant aux chiffres, on constate que le nombre de personnels paramédicaux et infirmiers travaillant à l’étranger est élevé. Qu’ils soient recrutés dans les pays du Golfe ou en Europe, nos infirmiers et nos techniciens sont des pionniers dans les grands hôpitaux au Qatar, en Allemagne, en France, au Royaume Uni, … Leur compétence est reconnue et ce, grâce à la formation solide et polyvalente qu’ils ont reçue en Tunisie. Dans les métiers de santé, la formation en Tunisie est solide et reconnue à l’échelle internationale.
Tunisie destination santé - mars 2016
79
In te r
Anissa El Materi Hached
“
Le sérieux et la discipline sont la clé de réussite
“
vi e
w
Formation
Après 15 ans d’engagement total, l’Université privée Mahmoud El Materi a atteint les plus hauts pourcentages de réussite et est parvenue à placer plus de 90 % de ses diplômés dans les hôpitaux et les cliniques privées en Tunisie et à l’étranger. La clé de cette réussite, c’est avant tout le sérieux et la discipline, ainsi que la richesse et la polyvalence de la formation proposée par cette université. Questions à Anissa El Materi Hached, présidente de l’Université Mahmoud El Materi.
Saïma Ksibi
80
Tunisie destination santé - mars 2016
Formation
Quelles sont les différentes spécialités proposées dans votre établissement ? Notre établissement propose six filières qui consistent en la formation d’infirmiers, de kinésithérapeutes et physiothérapeutes, de sages-femmes, d’anesthésistes, de nutritionnistes et de gériatres. La formation s’étale sur 3 ans d’études, selon le programme imposé par le ministère de l’Education nationale, et le diplôme obtenu est agréé par l’Etat. Nous proposons aussi des matières supplémentaires en plus de celles imposées et ce, afin de garantir une formation polyvalente et riche à nos étudiants. Il s’agit de l’enseignement de trois langues vivantes, de l’informatique et de la communication.
Quelle est, selon vous, la clé de la réussite pour un étudiant dans le domaine de la santé ? Comme dans tout autre secteur, il est très important d’être sérieux, d’aimer sa spécialité et de travailler dur pour réussir et obtenir son diplôme, ce qui justifie, d’ailleurs, les critères précis de présélection et de tri que nous fixons pour chaque étudiant aspirant à intégrer notre université.
Quels sont, justement, ces critères ? Pour ce qui est de la présélection, il est tout d’abord indispensable d’avoir le diplôme du baccalauréat de la filière des sciences expérimentales, avec 12 de moyenne au minimum, et de passer un entretien psychotechnique, pour les candidats présélectionnés, à travers lequel nous leur demandons de justifier leurs motivations relatives aux études préparant aux métiers de la santé et aux choix de notre université. Suite à quoi nous rencontrons les parents afin de les impliquer dans la formation de leurs enfants qu’ils doivent sans cesse encourager.
Pour quelles raisons, selon vous, les étudiants sont-ils attirés par les métiers de santé ? Pour les bacheliers des filières scientifiques, la formation en santé ouvre de plus larges horizons.
Qu’est-ce qui motive leur choix de l’Université Mohamed El Matri ? Notre université est réputée pour sa rigueur, sa discipline, son
sérieux et la qualité de la formation proposée, ce qui constitue souvent la raison première qui amène les parents à inscrire leurs enfants chez nous.
Quels sont les points forts de la formation que vous proposez ? Nous accordons beaucoup d’importance à la qualité de la formation proposée et veillons à ce que ce soit une formation polyvalente et riche mais nous misons aussi énormément sur nos enseignants, dont le niveau est élevé, la plupart étant des professeurs agrégés, compétents, sérieux et donnant des cours à la Faculté de médecine. Afin de garantir un certain niveau de formation, nous luttons contre l’absentéisme et travaillons sans relâche sur la rigueur et la discipline. Nous exigeons que les certificats médicaux délivrés, en cas d’absence, soient accompagnés du rapport du médecin et nous faisons signer un papier par les parents dès la rentrée, dans lequel ils sont informés qu’un taux d’absentéisme dépassant les 20 % durant l’année universitaire est sanctionné, pouvant aller jusqu’au renvoi définitif.
Comment se passe la formation ? En plus de la formation théorique, des stages dans les hôpitaux et les cliniques sont requis toutes les matinées et ce, dès la 1ère année. Par ailleurs, nous organisons des stages au sein de notre établissement, dans des salles spécialisées et équipées du matériel nécessaire, en plus du volet théorique et des cours dispensés les après-midis.
Pouvez-vous nous donner des chiffres clés relatifs à votre institution ? Nous formons, chaque année, environ 900 étudiants toutes filières confondues sur les trois niveaux et entre 200 et 250 étudiants obtiendront leurs diplômes à la fin de l’année, dont au moins 200 d’entre eux sont déjà recrutés et vont intégrer les équipes de cliniques ou d’hôpitaux. 20 à 25 étudiants sont engagés par des établissements sanitaires à l’étranger (Bruxelles, France, Canada et pays du Golfe), ils passent des concours et des examens et sont généralement rapidement pris.
Votre établissement est la seule université privée spécialisée dans le domaine paramédical en Tunisie, et qui accorde des bourses aux étudiants mais selon des
critères bien définis. Pouvezvous nous en dire davantage ? Nous avons quelques étudiants issus de milieux défavorisés et qui font énormément d’efforts, motivés par le travail et l’envie de réussir, mais ils n’ont malheureusement pas les moyens d’assumer les frais de leurs études. Notre université propose donc, chaque année, 30 bourses d’études tout au long du cursus universitaire, soit les trois ans de formation, suivant deux critères essentiels, à savoir le milieu social et l’assiduité de l’étudiant.
Vous lancez, cette année, un cycle de formation continue dans le domaine paramédical. Pouvez-vous nous en parler ? Effectivement, il s’agit du CEFOR, c’est le Centre d’études et de formation continue, spécialisé dans les métiers de santé, dans le cadre duquel nous formerons des techniciens de laboratoires et des préparateurs en pharmacie, des prothésistes dentaires, ainsi que des secrétaires médicaux. Pour intégrer ce cours, un niveau scolaire minimum équivalent à la 4ème année secondaire (terminale) est nécessaire.
L’Université Mahmoud El Materi noue des partenariats avec d’autres pays. Qui sont ces partenaires ? Nous visons à élargir notre réseau à l’international par l’établissement de partenariats avec d’autres pays à travers, par exemple, une convention d’échanges de stages et de cours avec un partenaire français spécialisé en kinésithérapie. Nous travaillons également sur la préparation d’une filiale de notre université à l’étranger, plus précisément à Paris, pour ouvrir le marché du travail à nos étudiants dans les pays ciblés en leur accordant le nombre d’heures manquantes à leur cursus, sachant que pour un diplôme d’infirmier en Tunisie 4.000 heures de cours sont nécessaires, alors qu’en France 5.000 heures sont exigées. Cette compensation se fera donc au sein de notre filiale, qui sera inaugurée en octobre prochain à Paris et gérée par des professeurs et des encadrants français de haut niveau, permettant à nos étudiants d’avoir l’équivalence de leur diplôme. Tunisie destination santé - mars 2016
81
e-santé
L’e-santé pour mieux soigner
Les 10 dernières années ont été marquées par le développement de nouveaux services, les téléservices, fournis à distance par utilisation des réseaux modernes de télécommunications. Ces derniers représentent un moyen stratégique de renforcement de la compétitivité de l’économie et la télémédecine, ce service surmesure qui en fait partie, est perçue comme étant à haute valeur ajoutée car la santé 2.0 répond aux exigences de notre société en améliorant encore la qualité des soins, en rationalisant et en diminuant les dépenses de santé. Autant de technologies au service de la forme de tout un chacun, de la prévention des accidents, de la surveillance des malades chroniques et de leur traitement ou le maintien à domicile des personnes âgées grâce à la télévigilance qui minimise les dangers de l’isolement. La Tunisie, toujours à l’affût des dernières avancées et innovations en matière de soins, n’a pas manqué de suivre le mouvement avec, à l’initiative du Dr Aziz El Matri son président fondateur, la création de la Société tunisienne de télémédecine et e-Santé. Ce dernier ayant clairement saisi l’importance du numérique dans la santé et la valeur ajoutée qu’il peut apporter à notre système de soins.
Jaouida Ben Aouali
Naissance d’un secteur Intégrée au plan informatique du ministère de la Santé en 1996, la télémédecine a ainsi vu le jour en Tunisie. Quelque temps plus tard, en 1999, la Société tunisienne de télémédecine et e-Santé (STTe-S) a été créée à l’initiative du Dr Aziz El Matri. Après cette date, 23 stations ont été installées,
82
Tunisie destination santé - mars 2016
dans 9 hôpitaux principaux, 5 centres ou instituts spécialisés et 6 hôpitaux régionaux, et certains services ont eu des liaisons plus ou moins régulières avec des hôpitaux étrangers dont ceux de Marseille, Nice, Toulouse et Rome. Comme en 2009 seulement quatre de ces stations continuaient à fonctionner, la Société de télémédecine et e-Santé a participé à la mise en place de quatre
commissions : institutionnalisation de la télémédecine et sa place dans l’organisation des soins, protocoles et codification des actes de télémédecine, cadre juridique et déontologique nécessaire au développement de la télémédecine et rémunération des actes de télémédecine. Après une période de gel de leurs activités dû aux événements politiques qu’a connus
e-santé la Tunisie, l’intérêt porté par le ministère de la Santé et celui des Technologies de l’information et de la communication a permis, depuis 2012, de relancer la dynamique de la télémédecine dans le pays. C’est ainsi qu’en 2013, une réunion officielle entre le bureau de la STTe-S, en présence de son président, et le directeur général du CATEL (Club des acteurs de la télésanté), Pierre Traineau, a abouti à un accord de partenariat entre les deux organismes dans le cadre du projet « Alliance franco-tunisienne pour le numérique ». Ensuite, en 2014, la STTe-S a participé à diverses réunions du CATEL et de l’ISFTEH (Inetrnational society for telemedicine and e-Health). Voilà de quoi rassurer quant au développement de la télémédecine et de l’eSanté en Tunisie, ce secteur ayant un énorme potentiel, d’autant qu’il s’agit d’un passage obligé pour notre système de soins si nous souhaitons rester compétitifs en matière de services de santé, tant à l’échelle nationale qu’internationale.
Une volonté bien affirmée dans la mise en place du numérique en santé Les enjeux que constitue l’introduction du numérique dans la pratique médicale n’ont pas échappé aux acteurs du secteur. En effet, l’intérêt de la Tunisie pour la télémédecine s’est, en fait, manifesté depuis déjà 17 ans, à travers une série de symposiums sur la question, dont le premier, international et organisé en 1998 par le Conseil national de l’Ordre des médecins de Tunisie en collaboration avec l’Union des médecins arabes qui siégeait dans le pays, autour de la télémédecine pour l’Afrique, le Monde Arabe et l’Europe. En outre, notre pays a joué le rôle de précurseur dans la zone arabo-africaine en la matière puisque, dès 1996, ont eu lieu les premières expériences de visioconférence, menées par des médecins tunisiens en partenariat avec des confrères européens, la proclamation, par le ministère de la Santé publique de l’époque, d’un arrêté créant le Comité technique de télémédecine en son sein et l’introduction, dans ce ministère, de la télémédecine comme outil de travail, suivant le plan informatique stratégique, dans les établissements publics et ce, afin d’exploiter de façon judicieuse les équipements lourds, d’octroyer un deuxième avis médical dans les cas d’urgence, d’éviter les évacuations inutiles d’un hôpital régional vers les centres de référence, de permettre l’échange de dossiers médicaux, de constituer des équipes médicales par visioconférence, de coopérer sur les plans scientifique et médical avec des pays étrangers et enfin de développer la formation médicale continue à travers des réseaux de téléenseignement. De son côté, depuis 2009, la Société tunisienne de télémédecine et e-santé a élargi son champs d’activités en intégrant des professionnels autres que ceux du secteur de la santé, comme des ingénieurs en informatique et en télécommunication. Elle a également établi une collaboration avec plusieurs organismes étrangers comme la Société européenne de télémédecine et e-Santé, la Société arabe de télémédecine et e-Santé et la Société internationale de télémédecine et e-Santé.
La Tunisie surfe sur la vague de l’e-santé Forte de son expertise et de son savoirfaire en matière de santé, soutenue par les compétences nationales du secteur des services informatiques, la Tunisie n’a pas manqué de faire ses preuves quant à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication dans le domaine médical. Et pour cause, puisqu’une équipe tunisienne de quatre jeunes docteurs en biologie a mis en place des techniques permettant d’améliorer le diagnostic génétique moléculaire et la prise en charge thérapeutique dans certains types de cancer, comme le rétinoblastome (une tumeur maligne et d’origine génétique de la rétine apparaissant avant l’âge de 5 ans), le cancer du sein et celui des ovaires. « Nous offrons nos services aux cliniciens afin de les aider à opter pour des thérapies ciblées dans certains cas de cancer. Nous effectuons des tests génétiques qui permettent de prédire la récidive ou la progression d’une tumeur cancéreuse. Les tests que nous proposons permettent également, dans certains cas de cancers héréditaires, d’évaluer les risques de leur survenue chez des individus sains mais ayant une prédisposition familiale. Nous effectuons des diagnostics qui aident les médecins à opter pour des traitements thérapeutiques ciblés dans certaines pathologies cancéreuses », explique l’un des chefs des projets dans le quotidien La Presse du 14 janvier 2016. Par ailleurs, deux ingénieurs chercheurs en informatique ont développé un logiciel permettant de détecter une modification du volume des structures cérébrales chez des patients atteints de pathologies neurodégénératives. Mesurant également avec une grande précision l’indice de modification et de connectivité entre le noyau gris et le cortex, il est destiné aux médecins radiologues, leur servant à établir un diagnostic précis de l’évolution de la maladie. Il est à souligner que ces deux projets ont été primés, le 12 janvier 2016 au Pôle technologique d’El Ghazala où ils vont s’installer, dans le cadre du programme transfrontalier italo-tunisien AIDA (Autoimmunité-diagnostic assisté par ordinateur) dans le domaine des TIC appliquées au diagnostic des maladies auto-immunes, visant à appuyer financièrement (10.000 de fonds d’amorçage) les entreprises et les startup travaillant au développement de systèmes informatiques novateurs au service de la santé et de l’industrie médicale. Par ailleurs, une troisième start-up, constituée en 2014 et développant des logiciels intelligents, dont celui permettant un diagnostic précis du cancer du sein, a participé, le 26 octobre 2015, au Big Booster de Lyon, une compétition européenne de start-up, où elle a été classée parmi les vingt meilleurs. Son chef de projet, Kirmène Marzouki, a annoncé sa participation au concours de Boston en février prochain, ce qui donnera une meilleure visibilité de la jeune entreprise, tant à l’échelle nationale qu’internationale. Tunisie destination santé - mars 2016
83
e-santé
Homo Numerus A l’ère du numérique, il n’est désormais plus possible d’évoluer sans recourir aux technologies de l’information et de la communication et le secteur de la santé ne fait pas exception. C’est ce qu’a compris le Dr Aziz El Matri, dont la curiosité et l’ouverture d’esprit l’ont amené à s’intéresser à l’e-Santé.
In
te
rv
ie
w
Jaouida Ben Aouali
La Tunisie était l’un des précurseurs de la télémédecine dans la zone arabo-africaine puisque c’est en 1996 qu’ont eu lieu en Tunisie la promulgation, par le ministère de la Santé publique, d’un arrêté créant le Comité technique de télémédecine, présidé par le directeur général de la santé, et la décision du ministère d’introduire, dans le cadre du plan informatique stratégique, la télémédecine comme outil de travail dans les établissements publics avec les objectifs suivants : l’exploitation judicieuse des équipements lourds, la possibilité d’un deuxième avis médical, surtout dans les cas d’urgence, la diminution des évacuations inutiles d’un hôpital régional à un établissement de référence, l’échange de dossiers médicaux, la pratique des téléstaffs par l’usage des visioconférences, la coopération scientifique et médicale avec des pays étrangers et le développement de la FMC (Formation, management et conseil) à travers un réseau de téléenseignement. Et c’est suite à ces événements précurseurs et au premier Symposium international qu’a été créée la Société tunisienne de télémédecine, à l’instigation du Dr Aziz El Matri. Rencontre avec cet homme qui nous parle de son expérience numérique.
Président fondateur de la Société tunisienne de télémédecine et d’e-Santé
Qu’est-ce qui vous a amené à créer la Société tunisienne de télémédecine et d’e-Santé ? En tant que secrétaire général adjoint et président du comité scientifique de
84
Dr Aziz El Matri
Tunisie destination santé - mars 2016
l’Union des médecins arabes (UMA), dont le siège était en Tunisie, j’étais invité en 1993 à une réunion organisée par la Fondation Carter (USA) sur la mondialisation dans le domaine de la santé et j’ai découvert la notion de télésanté. Elle était présentée comme un moyen d’améliorer les soins de santé dans les zones défavorisées et de réduire les inégalités devant la maladie. En 1998, j’ai organisé,
avec des collègues du bureau du Conseil national de l’Ordre des médecins de Tunisie (CNOM) dont je faisais partie, sous l’égide de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Symposium international de télémédecine pour l’Afrique, le Monde Arabe et l’Europe, qui avait réuni près de 300 personnes. L’une des ses
e-santé
recommandations était de créer des associations de télémédecine dans les pays arabes et africains. La Tunisie a été le premier pays arabe où a été créée, en 2000, une société savante de télémédecine. Comme le ministère de la Santé publique avait, de son côté, pris la décision, dès 1996, d’introduire la télémédecine dans le cadre de son plan informatique stratégique et qu’il avait promulgué un arrêté créant le Comité technique de télémédecine, notre société s’est trouvée régulièrement invitée à participer aux réunions de ce comité et dans les commissions spécialisées. Depuis cette date, nous avons eu une collaboration régulière avec les structures du ministère pour faire évoluer la télémédecine et l’e-Santé, en général.
Avez-vous des relations avec des associations étrangères et internationales ? Notre société est membre de la Société arabe de télémédecine et e-santé , la Société européenne de télémédecine et e-santé, dont je suis l’un des membres du conseil d’administration depuis plus de10 ans, membre national de la Société internationale de télémédecine et e-santé et partenaire officiel de CATEL (réseau multidisciplinaire d’acteurs de la télésanté en France), nous avons signé récemment un protocole de partenariat avec la Société française de télémédecine et nous sommes en pourparler pour nous associer à la Société américaine.
Quelles sont vos réalisations et vos projets avec CATEL ? Le partenariat avec CATEL entre dans le cadre de l’Alliance francotunisienne pour le numérique. Le protocole a été signé en juillet 2012, en présence des deux présidents de la république, lors de la visite officielle du président François
Hollande à Tunis. Nous avons, dans ce cadre, des réunions régulières avec des responsables tunisiens et français et nous entretenons des échanges scientifiques dans chacun des deux pays, dont notre participation à partir de Tunis à un forum international annuel en visioconférence, reliant 25 à 30 villes dans le monde. Nous avons quelques projets de coopération dans le traitement des plaies et en téléradiologie.
Quels développements peut-on attendre pour le secteur de la santé en Tunisie? Nous avons travaillé, depuis des années, avec le ministère de la Santé sur l’institutionnalisation de la télémédecine dans l’organisation des soins, les protocoles et codifications des actes, sur la rémunération des actes de télémédecine et l’élaboration d’un texte de loi réglementant la télémédecine dans les secteurs aussi bien public que privé, qui sera, nous l’espérons, bientôt voté par l’Assemblée des représentant du peuple (ARP). Par ailleurs, le ministère de la Santé et le ministère des Technologies de l’information, de la communication et de l’économie numérique (MTICEN) nous ont fait participer à un séminaire organisé en février 2015 pour mettre au point le projet d’un « plan stratégique national Tunisie e-Santé ». De son côté, notre association a organisé cette année un symposium sur la télémédecine au service des pôles de santé appelant au développement de la télémédecine et de l’e-santé pour mieux servir les régions déshéritées.
Quel est le rôle de la Tunisie sur le plan international ? En Tunisie, nous pouvons collaborer avec des pays étrangers, surtout du nord de la méditerranée, pour avoir un avis supplémentaire (2ème ou 3ème avis) dans les cas médicaux qui posent problème et éviter les déplacements inutiles et
parfois pénibles des malades. Nous pouvons exporter les services de nos compétences médicales, tout en les gardant dans le pays. Nous pouvons, par exemple dans le cadre de la téléradiologie, faire interpréter par des radiologues tunisiens des clichés pris dans des établissements sanitaires en Europe. Il est à signaler que ce type de coopération existe entre les USA et la Russie. En ce qui concerne les coopérations avec les pays africains, les médecins tunisiens peuvent jouer un rôle pour donner un deuxième avis (télé-expertise) à propos de patients suivis dans leurs pays ou faire le suivi de patients opérés dans les établissement sanitaires tunisiens et qui rentrent dans leurs pays d’origine. La Tunisie peut servir de station de dispatching (Hub) entre l’Afrique sub-saharienne et les pays d’Europe ou d’ailleurs.
Est-ce que l’e-Santé concerne d’autres intervenants que les professionnels de la santé et comment faut-il les former ? Les médecins, pharmaciens, dentistes et les paramédicaux sont au premier plan pour prendre en charge les malades mais la télésanté nécessite la collaboration avec d’autres catégories de professionnels comme les informaticiens, les ingénieurs de télécommunication et les techniciens de toutes spécialités pour faire fonctionner le système. Il faudra, dans l’avenir, former les cadres dans la complémentarité de façon à ce que les professionnels de la santé aient des connaissances techniques et que les autres professionnels aient des connaissances en sciences de la santé. Notre association a commencé, bien que timidement, à le faire à la Faculté de médecine de Tunis et à Sup Com. Le chemin est encore long mais nous sommes sur la bonne voie.
Tunisie destination santé - mars 2016
85
e-santé
Le génie
In
te
rv i
ew
et le talent faits homme Kirmène Marzouki Fondateur de la société Spike-x et chef du projet permettant un diagnostic précis du cancer du sein
Ayant participé au Big Booster, un programme d’accompagnement développé sur six mois entre Lyon et Boston et permettant d’accélérer le positionnement à l’international des jeunes développeurs de technologies de pointe dans les domaines de la santé, de l’environnement et du digital, Kirmène Marzouki et sa société Spike-x ont été sélectionnés, lors de la première session à Lyon, parmi les vingt candidats internationaux pour se rendre à Boston. Les résultats finaux de cette compétition seront dévoilés les 13 et 14 avril 2016. Nous souhaitons à notre génie de figurer sur la plus haute marche du podium des trois finalistes qui seront gratifiés de la coquette somme de 100.000 euros. Nous l’avons rencontré avant son départ pour les Etats-Unis.
Jaouida Ben Aouali
En tant qu’ingénieur informaticien, qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à la santé et, plus précisément, à concevoir un logiciel pour le dépistage précoce et précis du cancer du sein ? En réalité, je suis enseignant chercheur. A travers des projets d’études, des encadrements de mastères, de thèses, j’ai approché quelques hôpitaux à Tunis,
86
Tunisie destination santé - mars 2016
notamment l’Institut orthopédique Mohamed Kassab, la Clinique de la CNSS, l’hôpital Farhat Hached de Sousse, ainsi que des cliniques privées pour y développer des systèmes d’aide à la décision, les neurones artificiels étant ma spécialité (cognitive science ou sciences cognitives). Peu à peu nous avons été amenés à travailler sur un petit système pour la détection des tumeurs cérébrales (Institut Mohamed Kassab), c’est ce qui m’a fait prendre conscience de nos capacités et le choix d’un système pour le diagnostic rapide
et précis du cancer du sein a été fait de façon arbitraire. Nous avons donc réalisé cette étude à travers un PFE (projet de fin d’études) d’ingénieur, nous avons également lancé un projet concernant la prédiction des mélanomes à travers un téléphone mobile, à partir duquel un médecin radiologue peut établir son diagnostic à distance, et développé une autre application mobile, en cours d’essais, pour le travail collaboratif entre médecins radiologues. Il s’agit d’une application pour l’échange d’images médicales en vue de l’obtention d’un
e-santé
deuxième avis, elle permet le transfert de ces images au format DICOM (Digital imaging and communication in medicine) des appareils radiographiques et le relevé de mesures, tout comme avec un matériel de radiographie de laboratoire.
Ceci m’amène à vous poser la question de savoir comment protéger les données médicales d’un patient ? Le format DICOM comporte les informations du patient, nous avons donc créé un outil permettant le cryptage de ces informations que le médecin radiologue peut utiliser à volonté selon qu’il souhaite
ou non les transmettre.
Vous avez participé au Big Booster de Lyon où vous avez été classé parmi les 20 meilleures start-up innovantes en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient. Avez-vous été sollicité pour votre réalisation par des acteurs étrangers de la santé ? Nous avons été approchés par des investisseurs étrangers, plus précisément par une société française qui a participé à la mise au point du fonds Africinvest
(ancien Tuninvest), mais je n’ai pas souhaité m’engager complètement car l’aventure du Big Booster n’est pas terminée et de nombreux investisseurs seront présents à Boston, dont Philips Healthcare, General Electric Healthcare, etc.
Vous savez qu’une Société tunisienne de télémédecine et e-Santé existe, pensez-vous travailler en partenariat avec elle ? Bien entendu, c’est tout à fait possible et je pense que nous sommes complémentaires en matière de santé numérique.
Tunisie destination santé - mars 2016
87
e-santé
w e i erv
Int
La santé à l’heure du numérique
Kaïs Sellami président de la Fédération des technologies de l’information et de la communication à l’UTICA Le 21ème siècle est sans conteste celui du numérique et les nouvelles technologies ouvrent de nouvelles voies pour le secteur médical. D’une logique de la guérison, nous commençons à passer à une logique de la prévention, réduisant ainsi les dépenses de santé. En effet, il n’y a plus de discontinuité entre le quotidien et le maintien de notre santé comme cela put être le cas auparavant avec les visites annuelles chez le médecin. Grâce aux données récoltées en permanence par les objets connectés, la santé devient une affaire de chaque instant. Pour faire le point, nous avons rencontré Kaïs Sellami, président de la Fédération nationale des technologies de l’information et de la communication auprès de l’UTICA.
Jaouida Ben Aouali
K
ais Sellami, ingénieur diplômé de l’Ecole Centrale de Paris et détenant un Exécutive MBA, est Directeur Général d’un groupe leader dans les TIC et opérant sur les marchés du Maghreb, d’Europe et d’Afrique sub-saharienne. Elu en avril 2012 Président de la Fédération nationale des TIC, il est aussi élu en janvier 2013 membre du Bureau exécutif de l’UTICA. Dans le cadre moderne et somptueux de son bureau, c’est un homme aimable et avenant qui nous reçoit pour nous parler du rôle de l’Institution en matière de numérique dans le secteur de la santé.
En tant qu’ingénieur informaticien de formation et président de la Fédération des technologies de l’information et de la communication à l’UTICA, quelle est votre approche de la santé et de l’informatique ? Comment ces deux disciplines peuvent être liées aujourd’hui ? Aujourd’hui nous sommes à l’ère du numérique, où l’informatique, les télécommunications et toutes les technologies numériques sont devenus essentiels pour tous les métiers et dans tous les secteurs économiques. Il n’est plus possible de développer, voire maintenir un secteur ou un domaine sans y introduire le numérique, tant dans le secteur de la santé que dans l’industrie ou dans le tourisme, le transport, l’éducation... Ce que nous sommes en train de vivre aujourd’hui, c’est clairement une révolution des technologies de l’information
88
Tunisie destination santé - mars 2016
e-santé et de communications. Les métiers du numérique permettent de se développer d’une façon extraordinaire et de traiter des éléments en temps réel. Par rapport à la Santé, il s’agit d’analyser l’information de façon instantanée. Cette information peut être à la fois utile pour le diagnostic de la pathologie du patient, sa prise en charge et sa guérison. Actuellement, on constate à travers le monde l’introduction du numérique dans tous les secteurs de la santé, aussi bien au niveau des actes médicaux ou chirurgicaux qu’à celui des appareils et outils employés. On observe cela aussi en radiologie et dans les systèmes d’informations des hôpitaux et des cliniques. Le numérique est devenu une nécessité pour la santé de manière générale. Pour ne citer que l’aspect purement médical, l’exemple des systèmes d’analyse du sang avec des outils numérisés au niveau des laboratoires de biologie, l’équipement en matériels numérisés pour détecter certaines anomalies de l’œil chez l’ophtalmologiste moderne... En outre, la télémédecine permet de toucher les zones rurales sans se déplacer mais en étant connecté, d’étudier une radiographie à distance et d’en faire le diagnostic adéquat. C’est un exemple comme d’autres. On utilise de plus en plus des objets et outils connectés et intelligents (avec l’IoT Internet of Things) aussi bien pour la prévention que pour les soins. Par ailleurs, le Big Data qui, avec la généralisation d’Internet, permet l’accès immédiat à des bases d’informations médicales et thérapeutiques énormes et aussi intelligentes, permettant de livrer aux professionnels de la Santé l’information en temps réel ou un diagnostic instantané relatif à une anomalie ou maladie quelconque. Quant à la gestion des dossiers médicaux au niveau des hôpitaux ou des cliniques et dans plusieurs pays du Monde, le patient peut, lui-même, consulter ou présenter en ligne son dossier médical numérique unique, celui-ci est consulté, alimenté et mis à jour au gré de ses consultations ou séjours dans les divers établissements. Alors tout cela n’est pas que de la technologie mais c’est d’abord et surtout de la Médecine, et ça fait réellement sauver des vies !
Sommes-nous, tout de même, sur la bonne voie ? Sommes-nous sur la bonne voie ? Sans parler de l’aspect purement médical, sur ce plan tout le monde sait que la Tunisie est bien positionnée quant à ses compétences médicales, les médecins tunisiens ayant une très bonne réputation et une grande reconnaissance au niveau international, l’introduction du numérique dans la santé en Tunisie est encore «trop» lente. Je pense qu’au niveau des cliniques privées il y a, de plus en plus une prise de conscience sur l’importance du numérique au niveau purement médical mais aussi management. Là-dessus, je peux dire que
plusieurs cliniques ont fait le pas, même si beaucoup de choses restent encore à faire en termes de sécurité informatique mais aussi de respect de la confidentialité des données personnelles, désormais obligatoire. En revanche, au niveau des hôpitaux publics, nous sommes encore très loin de l’évolution numérique mondiale dans ce secteur. Même si un ou deux hôpitaux font exception, des efforts énormes sont à faire au niveau de chaque CHU et de manière consolidée, cohérente et coordonnée entre l’ensemble des CHU. D’où un grand chantier e-Santé que nous appelons de nos vœux…
Quelle est la mission de la Fédération par rapport aux systèmes de soins ? Vous avez beaucoup de choses à nous dire concernant votre rôle institutionnel ? Depuis plus de trois ans, au niveau de la Fédération TIC, nous avons développé toute la stratégie « Tunisie digitale », en collaboration avec les gouvernements qui se sont succédé, notre principe étant d’abord d’avoir une vision globale du numérique en Tunisie et de mettre en place une stratégie pour son introduction dans tous les corps de métiers et dans tous les secteurs de l’économie tunisienne et ce à horizon 2018. Le numérique constituera le moteur de la transformation socio-économique pour l’ensemble des professions, des institutions, des entreprises et de l’administration. Cette stratégie est répartie en 6 axes : l’axe Infrastructure, incluant des projets comme le déploiement du Très Haut Débit ; l’axe e-Business incluant des projets comme la e-Santé, e-Tourisme, e-Culture, e-Transport, les places de marchés numériques… ; l’axe e-Government pour lancer des projets d’administration électronique, de l’Identifiant Unique… ; l’axe Offshoring duquel est lancé tout le chantier Smart Tunisia permettant de positionner la Tunisie comme plateforme et destination régionale pour le numérique ; l’axe Innovation en particulier pour la promotion des start-up innovantes et des centres de R&D numériques et enfin l’axe Usage décliné en divers projets comme la e-éducation et la promotion des MOOCs dans les universités. Tout cela doit être accompagné par des mesures et actions indispensables comme la promotion du payement électronique et du mobile payment, les réglementations sur les données personnelles, sur les droits de propriété, la facilitation des marchés publics, le PPP… La gouvernance de cette stratégie Tunisie Digitale est supervisée, sur proposition de la Fédération, par un Conseil National Stratégique de l’Economie Numérique, qui a été bien constitué mi-2015 et qui est présidé par le Chef de Gouvernement lui-même et composé par autant de représentants du secteur public (essentiellement ministres) que du secteur privé. Bref un grand
travail exceptionnel de total partenariat et de co-pilotage a été réalisé entre le secteur privé mené par la Fédération TIC et le secteur Public mené par les divers gouvernements d’après la révolution. Partenariat que nous appelons à préserver aujourd’hui afin de réaliser concrètement tous ces projets prometteurs et permettre aux professions et secteurs économiques de voir réellement l’impact du numérique sur leurs métiers. Concernant la e-Santé que nous considérons comme une priorité pour notre pays et nos citoyens, il est important d’avoir une plateforme commune, unifiée et sécurisée, pour tous les hôpitaux et établissements de santé publics en Tunisie. Ca permettrait entre autres un partage temps réel des données, des connaissances et des dossiers médicaux, mais aussi une uniformisation des processus de gestion et de traitement des patients ainsi que des prescriptions, voire des actes, médicaux, cliniques, radiologiques à distance et inter-établissements (télémédecine).
Comment comptez-vous déclencher le lancement de ces projets de santé numérique ? Nous mettons sur la table de la prochaine réunion du Conseil Stratégique du Numérique, prévue incessamment, la priorité du lancement de ce chantier de Santé numérique (e-Santé), vu son urgence pour la santé du citoyen et pour la modernisation du secteur public de la Santé. Nous sommes aussi en contact avec le ministère de la Santé et le ministère des Technologies de l’information, de la communication et de l’économie numérique pour sensibiliser sur l’urgence de la mise en œuvre de ce chantier de transformation numérique de la Santé. Parallèlement à cela, plusieurs actions de sensibilisation sont menées avec ou par la société civile et par les professionnels de la santé sous forme de forums et de symposiums. L’évènement dans lequel nous sommes aujourd’hui en est un exemple.
Quel est votre mot de la fin ? Je dirais, pour terminer, qu’en tant que professionnels du numérique, nous ne pourrons rien faire pour développer la santé numérique sans les professionnels de la santé qui, eux-mêmes, doivent vouloir cette révolution numérique, principalement concernés, ils vont exprimer leurs besoins et les différentes étapes par lesquelles il faudra passer pour intégrer ce développement du numérique. Nous avons besoin des spécialistes médicaux pour mettre en œuvre ces dispositifs. Par ailleurs, le numérique n’est autre qu’un outil à destination des métiers, impliquant d’abord les professionnels concernés. C’est donc maintenant aux professionnels de la Santé, privés ou publics, de se lancer dans une transformation digitale profonde de leur métier. Il y va de la santé de ce secteur, il y va de la santé du citoyen… Tunisie destination santé - mars 2016
89
Rétrospective
Les Laboratoires Dar Essaydali ont le vent en poupe
Le PET Scan
ou l’enrichissement du matériel médical tunisien
I
ls abordent leurs 3ème année d’export à pas sûrs et ont choisi la Côte d’Ivoire, qui détient plus de 20 % en parts de marché de la région, pour intégrer le marché pharmaceutique de l’Afrique francophone. Une cérémonie d’inauguration a été organisée par Dar Essaydali à Abidjan en présence de son Excellence l’Ambassadeur de Tunisie à Abidjan, M. El Oued, ainsi que la directrice de la DPM, les présidents des Ordres des médecins et des pharmaciens et le représentant local de Mondiale Elite Pharma. 25 AMM sont déjà acquises avec la commercialisation des produits inhérents. D’autres médicaments sont en attente de visa et le circuit de distribution est assuré par Laborex, Tedis et Copharmed.
Discovery Informatique
s’investit dans le secteur de la santé en Tunisie et à l’étranger
S
pécialisée en radiologie et en médecine nucléaire, radiologie numérique, Scanner, IRM, scintigraphie, traitement à l’iode radioactif, la clinique CERU Médecine Nucléaire s’est dotée de la première installation de PET Scan en Tunisie. Cette technique d’imagerie par PET Scan, devenue indispensable dans la prise en charge du cancer, rehausse le niveau de la médecine nationale et répond à un besoin impérieux complétant l’offre tunisienne en matière d’imagerie médicale.
F
orte de plus de 20 ans d’expérience dans l’intégration et la verticalisation de solutions métier, Discovery Informatique travaille sur le développement de son activité d’intégration des systèmes d’information hospitaliers (SIH) en collaborant avec son partenaire Softway Medical, leader sur le marché français depuis 2006, afin d’offrir à l’ensemble des unités hospitalières (privées ou publiques) et les cliniques un SIH aux normes internationales et un SIR aux centres de radiologie avec respectivement les solutions « Hôpital Manager » et « One Manager». Discovery Informatique a également multiplié les partenariats et ce, en signant trois contrats en Tunisie avec la Clinique Internationale Hannibal, la Polyclinique les Berges du Lac et la Clinique Cardiologique Générale du Lac, en plus d’une signature en Afrique (Abidjan) avec la Polyclinique Internationale Sainte Anne Marie (PISAM).
rses en Tunisie e iv d s n tio a rm fo s e d , M M L’U ans le cadre de la diversification des formations proposées, l’Université Mahmoud El Materi a créé CEFOR, un r e g n a Centre d’études et de formation continue spécialisé dans tr é l’ les métiers de santé pour l’obtention des diplômes de technicien et bientôt à
D
de laboratoires et de préparateur en pharmacie, de prothésiste dentaire, ainsi que de secrétaire médical. L’UMM travaille à l’amélioration des formations qu’elle propose et a d’ailleurs signé des conventions avec des partenaires étrangers pour des échanges de stages et de cours. Dans le cadre d’une extension à l’étranger, l’UMM prépare actuellement une ouverture prochaine de sa filiale à Paris (prévue en octobre 2016).
90
Tunisie destination santé - mars 2016