Eco-Innovation Evidences et paradoxes 2 L’imagination au pouvoir 4 Construire de “l’éconovation” 6 A la recherche d’un modèle européen 8 Intégrer l’idée des limites 10 Inventer des solutions durables 11
Innover autrement et durablement
Eco-innovation : n.f. (néologisme XXIe ; de écologie et innovation) ◊ Toute solution nouvelle ou amélioration significative introduite, à n’importe quel stade du cycle de production, afin de mieux utiliser les ressources naturelles (matières premières, énergie, eau et sol), de réduire l’impact environnemental et d’intégrer la dimension sociale.
Une publication Technopolis Group, entreprise internationale de conseil dédiée à l’amélioration de l’efficacité des modes de soutien public à la création de connaissance et de valeur.
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Evidences et paradoxes Né de la fusion des termes écologie et innovation, l’éco-innovation est un concept qui fait le pari de combiner dimension durable et croissance économique. Elle associe les découvertes technologiques ou organisationnelles à la recherche d’un meilleur équilibre en matière de gestion humaine et environnementale. L’éco-innovation contribue à améliorer la productivité des ressources ou leur efficience en matière énergétique. Elle consiste aussi à limiter les rejets de substances toxiques ou polluantes. Par ailleurs, la création de ces nouveaux produits, systèmes, services ou procédures doit aussi se faire de manière à satisfaire les besoins humains et à fournir une meilleure qualité de vie à chacun. On y trouve donc à la fois une dimension sociale et environnementale, et pas uniquement technologique. Comprendre la démarche éco-innovante, c’est commencer par lever certains malentendus. L’éco-innovation, c’est bien plus que le développement de nouvelles technologies, c’est une nouvelle manière de réfléchir au cycle de production complet et à son impact sur l’environnement. Au niveau macro-économique, une innovation technologique peut induire autant de changements positifs que négatifs, en termes d’efficience énergétique ou de gestion durable de ressources. En tant que telle, la technologie ne suffit pas à garantir les critères d’une véritable éco-innovation.
Eco-innovation : l’innovation à dimension sociale et environnementale Nouveaux produits, systèmes, services ou procédures qui ont pour but de : • Améliorer la productivité des ressources naturelles • Améliorer l’efficience en matière énergétique • Limiter les rejets de substances toxiques • Satisfaire les besoins humains • Fournir une meilleure qualité de vie à chacun
Au niveau micro-économique, l’introduction d’une innovation technologique dans un système complexe nécessite la mise en œuvre d’une série d’autres innovations, de nature différente, souvent organisationnelles. L’intervention de multiples acteurs, qui doivent travailler en synergie et complémentarité, est alors signe d’une véritable écoinnovation, d’un changement de perspective et de priorités. A noter que les systèmes éco-innovateurs, qui offrent les plus grands défis à relever, en termes technologiques et organisationnels, sont aussi les plus prometteurs, en termes de gains d’efficacité des ressources matérielles et énergétiques. Petit décodage des pratiques actuelles:
Innovation et écologie ne coulent pas de source Les deux ne vont pas nécessairement de paire. Les entreprises technologiquement innovantes ne sont pas pour autant celles qui ont le meilleur impact sur l’environnement. En Europe, la moitié des entreprises innovantes estiment n’avoir « aucun impact favorable » sur la gestion de l’environnement. Seules 14% des entreprises innovantes estiment que la bonne gestion de l’environnement, l’amélioration de la santé ou de la sécurité, sont des préoccupations majeures dans le développement de leur activité. En réalité, la majorité des entreprises innovantes en Europe n’ont toujours pas placé la préoccupation environnementale, ni la consommation des ressources au centre de leur stratégie d’innovation.
Oublier les vieux systèmes L’analyse des cycles de vie et de production montre que les innovations technologiques, ayant un impact environnemental, se situent surtout en amont plutôt qu’en aval dans la chaîne de production. En matière d’éco-qualité, changer les systèmes industriels requiert le développement et la mise en œuvre de nouvelles technologies plutôt qu’une modification des systèmes existants, anciens ou peu récents.
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La technologie n’est pas tout
Travailler en symbiose
La conception et la R&D sont les phases décisives d’une technologie éco-efficiente. Cependant, les analyses sectorielles montrent que les entreprises éco-innovantes font davantage appel à des changements non technologiques que la moyenne des entreprises innovantes, quel que soit le secteur. Il apparaît ainsi que les innovations de marketing et d’organisation sont des éléments déterminants d’un changement de perspective.
Il est prouvé qu’une symbiose industrielle, qui engage des industries traditionnellement séparées dans une approche collective, présente un avantage compétitif évident. Cette démarche implique des échanges physiques de matériaux, d’énergie, d’eau et de sous-produits, mais aussi une gestion commune des déchets ou des processus de recyclage. Les synergies peuvent aller jusqu’à une mise en commun et un partage des ressources humaines. Dans la perspective d’économiser les ressources et de réduire les émissions polluantes, on s’aperçoit que ce modèle peut être valable aussi pour des activités innovantes regroupées au niveau régiona l.
Transformer l’ensemble de la chaîne Au stade avancé de la production, les adaptations se font à la marge et les modifications sont mineures. Loin des phases décisives, que sont la conception et la recherche, le choix du consommateur n’a pas d’impact déterminant sur l’ensemble du processus. Les approches politiques qui veulent rendre la consommation « soutenable ou plus responsable » ne sont pas spécialement efficaces, à moins d’être intégrées dans une perspective de transformation de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.
Source: Optigrün, FBB 2010 Green roof
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L’imagination au pouvoir L’éco-innovation ouvre tout grand les portes de l’imagination, avec des réalisations technologiques intégrées qui paraissent soudain évidentes dans une approche plus cohérente. Quelques exemples parmi d’autres comme autant de pistes...
Des cargos à voile Une entreprise de Hambourg, SkySails GmbH&Co, a développé un système de propulsion à vent des cargos, au moyen de larges voiles attachées à des filins et contrôlées par un système automatique d’ajustement. Particulièrement adapté aux nombreux porte-conteneurs qui sillonnent aujourd’hui les mers, ce système permet de réduire de la consommation annuelle de carburants de 10 à 35 %. Quand les conditions de navigation sont optimales, la consommation peut être réduite de moitié. La société allemande estime que la généralisation de cette technologie à l’échelle mondiale pourrait éviter l’émission de 150 millions de tonnes de CO2 par an. www.skysails.info/english
Isolation et solutions hybrides Dans le secteur de la construction, une entreprise belge spécialisée en matériel d’isolation des bâtiments a réussi une très logique reconversion. Etant parmi les premiers producteurs de panneaux isolants, depuis 1957, l’entreprise Gyproc a entrepris de recycler les déchets de plâtre et d’anciens matériaux de bâtiment pour en faire de nouvelles plaques de plâtre. Seuls les coûts logistiques liés à la récolte des vieux plâtres constituent encore un frein au développement de cette technologie qui relève du bon sens. L’entreprise Recyhouse poursuit une démarche similaire avec des matériaux autres que le plâtre. Mais d’autres exemples fleurissent dans d’autres domaines encore. Ce sont par exemple les bus hybrides (électricité/hydrogène) de l’entreprise belge Van Hool, ou encore le développement de « corridors verts » pour favoriser les déplacements en modes doux. Ce sont aussi les « corridors bleus » le long des canaux pour les cyclistes et dans une perspective touristique. Ce dernier projet bénéficie en Flandre d’un soutien public provincial et européen. www.g yproc.be / www.recyhouse.be / www.vanhool.be
Source: Skysails
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Des planchers aérés
Des tapis vivants
L’industrie de la construction révolutionnée par un système de plancher monolithe qui repose sur de l’air. L’invention de l’entreprise limbourgeoise Airdeck® utilise des éléments creux ultralégers, ou airbox, qui sont déposés sur un panneau de coffrage sans adhérer au béton. La production, entièrement pilotée par ordinateur, permet la fabrication d’éléments sur mesure et autorise le passage des câbles, des conduites d’air ou d’eau. L’inertie du béton est ici utilisée pour stocker l’énergie, améliorant les systèmes de chauffage ou de refroidissement. La réduction du poids des planchers permet de diminuer les coûts de construction des bâtiments ainsi que le coût du transport vers le chantier. Les airbox, fabriqués à partir de polypropylène recyclé, sont eux-mêmes récupérables et recyclables.
Des textiles biodégradables, qui servent pour les tapis dans les foires et salons, mais aussi en agriculture et horticulture, ont été développés par l’entreprise flamande De Saedeleir Textile Platform. Utilisant des biopolymères issus de la recherche en biotechnologie, la fabrication de ces tissus épargne non seulement l’utilisation des ressources fossiles mais le procédé émet aussi 80% de CO2 en moins qu’une fabrication pétrochimique. Le faible poids de ces tissus, qui disparaissent sous l’effet de la chaleur de l’humidité au bout de 3 à 5 ans, permet également de réduire les coûts et l’impact des transports. L’introduction de ces fibres dans de nombreux produits et à différents usages, pourrait se généraliser si leur coût devenait suffisamment compétitif par rapport aux produits traditionnels.
www.airdeck.be
Des enzymes et des bactéries En Belgique, l’entreprise Realco a développé un système de purification biologique des eaux usées par l’utilisation d’enzymes. Ce procédé s’applique particulièrement aux effluents de la restauration et des cuisines de collectivité, qui contiennent beaucoup de graisses et une grande proportion de déchets organiques comme de l’amidon et des protéines. Comme alternative au procédé classique de décantage, qui prend du temps, de la place et qui génère des odeurs nauséabondes, Realco propose une solution propre. Ces produits CPL combinent des bactéries spécialisées dans la métabolisation des matières organiques avec des enzymes qui découpent les graisses. En évitant les détergents chimiques, le procédé permet d’améliorer la qualité de l’eau après traitement, tout en réduisant les coûts de maintenance et de nettoyage des conteneurs. www.realco.be
www.dstextileplatform.com
Sur terre, sur mer et dans les airs Au niveau européen, plusieurs exemples de bonnes pratiques éco-innovantes sont repris dans le rapport annuel 2010 de l’Observatoire de l’éco-innovation (EIO). Il s’agit d’améliorations qui portent sur les économies d’énergie, notamment dans la construction, ou sur des développements biotechnologiques qui limitent la pollution et les rejets. Mais certains conçoivent aussi des îles solaires flottantes, comme le projet suisse Nolaris. www.nolaris.ch Si les projets originaux ne manquent pas, leur faisabilité technologique, leur réalisation et leur rentabilité économique peut s’avérer laborieuse sans soutien, encadrement ou changement de mentalité. A côté du développement des initiatives privées, les pouvoirs publics ont un rôle important à jouer pour lever les freins qui existent à l’avènement d’une société orientée vers l’éco-innovation.
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Construire de “l’éconovation” Eco-innover induit un changement de pratiques qui n’est pas évident. Plusieurs moteurs existent, notamment ceux liés à une réduction des coûts énergétiques, mais les réticences ou freins aux changements sont tout aussi nombreux. Les pouvoirs publics ont ici un rôle déterminant à jouer pour modifier les comportements et encourager de nouvelles pratiques. A cet égard, le levier fiscal semble primordial. Mais des dispositions structurelles, comme une meilleure circulation de l’information et une amélioration des facteurs organisationnels, semblent tout aussi déterminantes. Ce sont des mesures incitatives, mais aussi normatives, qui pourront le plus sûrement conduire à innover autrement.
Freins et moteurs Pour les entreprises éco-innovantes, la réduction des coûts, notamment énergétiques, apparaît comme un des premiers moteurs à l’introduction de nouvelles pratiques. Les prix élevés de l’énergie, actuels et escomptés, ainsi que la rareté prévisible de certaines matières premières, sont des facteurs déclencheurs d’un changement de pratiques et de recherche de nouveauté. Pourtant, de manière générale, les entreprises sont encore trop peu conscientes des opportunités réelles qui existent de parvenir à réduire les coûts à long terme, grâce à des investissements dans des processus éco-innovants en termes énergétiques. Améliorer l’image de l’entreprise représente également une des motivations importantes pour introduire l’éco-innovation, l’adhésion du client étant considérée par plus de 40% des éco-innovateurs comme nécessaire au développement de l’activité. Cependant, il s’avère que le prix plus élevé des produits « environnementaux » reste un frein majeur à la pénétration du marché. Ainsi, la demande indéterminée du marché est un des freins identifiés, de même que des retours sur investissements incertains. Les principales barrières à l’éco-innovation restent liées aux coûts élevés de l’activité d’innovation, au manque de sources de financement internes et à des risques économiques perçus comme excessifs. Un tiers des entreprises interrogées considèrent également qu’un accès insuffisant aux subsides publics et aux incitants fiscaux constitue un frein important. Tous les regards se tournent alors vers les pouvoirs publics.
Le rôle des pouvoirs publics Si le prix et les aspects réglementaires apparaissent comme des enjeux compétitifs déterminants pour les entreprises éco-innovantes, elles attendent aussi des pouvoirs publics un signal clair. Cette orientation privilégiée doit se retrouver dans la fiscalité mais aussi l’ouverture des marchés publics et la définition de nouvelles normes.
Les marchés publics verts Une pression significative de la demande de produits et services éco-innovants pourrait être exercée par des agences publiques à travers leurs commandes, appelées aussi marchés publics verts. Cependant, dans l’UE25, seuls 36 % des appels d’offre contiennent des critères environnementaux légaux et appropriés. En outre, certaines catégories d’achats sont plus adaptées à des fournitures vertes que d’autres. Une récente étude souligne l’importance pour les approvisionnements verts d’intégrer une évaluation du coût du cycle de vie, et pas uniquement le coût d’achat. Dans ce cas, il apparaît que l’accent mis sur le seul prix d’achat durant le processus d’appel d’offre n’est plus justifié. En commençant à se procurer des « produits verts », les autorités publiques peuvent jouer un rôle de modèle, aidant ces produits à se positionner plus largement sur le marché public et privé. L’effet des achats publics verts sur le développement de l’éco-innovation dépendra cependant de l’ensemble de critères de soumission et des conditions générales du marché. L’influence des marchés publics sur l’émergence de ces marchés pilotes doit encore être expérimentée.
Réglementation et normalisation L’influence des réglementations sur l’éco-innovation semble déterminante. Plusieurs études confirment que le respect de la réglementation environnementale est une des motivations-clé pour innover au sein des entreprises. Rencontrer les exigences réglementaires semble être une raison suffisante pour développer des activités éco-innovantes. La normalisation est donc essentielle pour permettre la reconnaissance de l’intérêt que représentent les technologies environnementales et faciliter leur dissémination. Par ailleurs, des marqueurs de performance avancés et un usage plus répandu de l’étiquetage sont nécessaires pour informer les consommateurs sur les conditions de production.
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Mesures fiscales
Education à une culture éco-innovante
Les mesures fiscales sont un autre facteur déterminant pour stimuler l’éco-innovation. Néanmoins, plutôt que réduire les taxes sur la R&D environnementale, l’éco-innovation serait davantage stimulée par une réorganisation radicale des systèmes de taxation, notamment en déplaçant la charge fiscale du travail sur les ressources. Il s’agit là d’une modification structurelle essentielle.
Les facteurs culturels ont également un rôle à jouer. Le niveau d’éducation et la disponibilité de l’information sont particulièrement significatifs et peuvent influencer la demande des consommateurs en faveur de produits et services éco-innovants.
Induire des changements structurels
Le développement de l’éco-innovation est souvent gêné par une pénurie de personnel qualifié, dû à des programmes d’éducation inadéquats. On observe actuellement un trop faible nombre d’étudiants et de gradués dans les disciplines concernées et un manque de personnes avec des compétences interdisciplinaires.
Au-delà de leur rôle en matière fiscale et réglementaire, les pouvoirs publics ont également un rôle à jouer pour impulser des changements plus structurels en matière de circulation de l’information, d’éducation et de sensibilisation, et même de pratiques organisationnelles. Cette incitation peut prendre la forme d’orientations, de recommandations ou de mesures d’accompagnement.
Enfin, plusieurs études soulignent l’importance de la confiance, de la collaboration et de l’investissement de toutes les parties prenantes dans la mise en œuvre des projets relatifs aux nouvelles technologies. Celles qui ont un impact direct sur la vie des communautés locales nécessitent une acceptation sociale comme, par exemple, les énergies renouvelables ou la gestion des déchets.
Circulation de l’information
Management environnemental
De nombreuses entreprises éco-innovantes comptent sur l’information transmise par d’autres pour développer un marché encore incertain. Une connaissance horizontale des possibilités d’innovation peut donc avoir un grand impact sur le développement de leurs activités. Savoir permet de lever les incertitudes à propos des solutions technologiques les plus efficaces, celles qui permettent d’aboutir à une haute performance environnementale des produits et des procédés.
Toutes les améliorations structurelles orientées sur l’environnement sont un moteur important d’éco-innovation. A côté des instruments traditionnels, comme l’amélioration des capacités technologiques d’une entreprise, les outils de management environnemental sont déterminants. Ainsi, les changements organisationnels sont des déclencheurs très appropriés. Le partage d’expérience, une meilleure circulation de l’information, une valorisation des compétences spécifiques, permettent également de détecter de potentielles économies de coûts, en termes de matériaux et d’énergie. Ces changements internes, orientés vers une sensibilité à l’environnement au sens large, permettent aussi de modifier des comportements et des habitudes, d’induire des réflexes et des pratiques différentes. A noter qu’une gestion attentive des ressources humaines, incluant de bonnes conditions de travail mais aussi la motivation et le développement personnel, font partie intégrante d’un processus éco-innovant soucieux de durabilité.
Par ailleurs, le prix semble déterminant dans la demande de biens et services éco-innovants et l’étude d’un panel d’experts a démontré que le niveau de revenus reste un facteur primordial dans la capacité des consommateurs de répondre à l’innovation.
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A la recherche d’un modèle européen Induire un changement structurel vers des activités économiques plus efficaces en termes de ressources et d’énergie, semble nécessaire dans tous les pays européens, à plus ou moins grande échelle. Mais pour évaluer l’importance de l’éco-innovation dans notre économie, il faut parvenir à mesurer des pratiques différentes, à étalonner et comparer les innovations et les impacts environnementaux, dans une perspective globale.
EU-27 Eco-Innovation Scoreboard: composite index 160 140 120 100 80 60 40 20
Il s’agit en réalité de développer un nouvel outil de mesure car les indicateurs, les statistiques et les bases de données, actuellement disponibles dans l’Union européenne, sont insuffisants pour permettre de faire des choix politiques corrects. Les marqueurs d’une politique d’innovation sont pertinents mais pas suffisants. S’il existe des outils pour analyser le cycle complet d’éco-efficience des produits et des services, il manque une base de données intégrée au niveau de l’Union européenne, qui permettrait d’avoir une information exhaustive sur les produits et services écoinnovants. En 2010, l’Observatoire de l’Econovation (EIO) a donc développé un tableau de bord spécifique qui permet de comparer les performances des Etats membres de l’Union européenne. Il en ressort que Finlande, Danemark, Allemagne, Autriche et Suède sont les pays les plus écoinnovants dans l’UE. Cependant, aucun Etat n’affiche des
Finland
Denmark
Austria
Germany
Belgium
Sweden
Netherlands
United Kingdom
Spain
Ireland
Italy
EU AVERAGE
France
Slovenia
Luxemburg
Portugal
Czech Republic
Malta
Hungary
Latvia
Cyprus
Estonia
Bulgaria
Poland
Greece
Slovakia
Romania
Lithuania
0
Source: The Eco-innovation challenge: Pathways to a resource-efficient Europe’ www.eco-innovation.eu/reports
performances optimales dans tous les indicateurs, si bien qu’il n’existe, dans ce premier groupe, aucun pays qui puisse servir de modèle à suivre. Un second groupe de huit pays, qui comprend la Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Espagne, l’Italie, la France et le Luxembourg scorent autour de la moyenne communautaire établie à 100. L’ensemble de ces pays, à l’exception de la Grèce et du Portugal, forme ce qui était initialement l’Europe des 15. Le dernier groupe est principalement constitué des nouveaux pays adhérents et parmi ces 14 pays, la Lituanie, la Slovaquie et la Roumanie ferment la marche. Tous les Etats de ce dernier groupe sont situés dans l’Est ou le Sud de l’Europe. L’analyse peut être affinée par l’examen des performances obtenues dans différentes sous-catégories. Il apparaît ainsi
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que le classement varie selon qu’on mesure les investissements consentis, le nombre d’activités, les brevets accordés, l’impact environnemental ou les conséquences sociales. Les résultats mesurés sont sensiblement différents et les performances des Etats assez peu homogènes, y compris pour les Etats « leaders». Sans surprise, à l’exception de la Bulgarie qui performe dans la dimension sociale, les Etats qui figurent dans le bas du tableau sont également les plus faibles dans les différentes souscatégories. Tous les tableaux et les chiffres sont disponibles dans le rapport annuel 2010 de EIO.
www.eco-innovation.eu
Une analyse statistique plus fine de certaines données de l’UE27 montre encore que : • Très peu de pays ont des performances comparables en termes d’innovation, d’intensité énergétique et de productivité des ressources. Les critères sont rarement liés entre eux. • Les hautes performances éco-innovantes observées dans certains pays européens sont à mettre en étroite corrélation avec le PIB et la compétitivité. • La performance environnementale des pays «leaders» est souvent assez faible, utilisant beaucoup de ressources, de matières premières et d’énergie, tout en émettant beaucoup de CO2. • Leaders européens de l’innovation, la Finlande et la Suède ont de moins bons résultats en termes d’intensité énergétique et productivité des ressources. • Un groupe de nouveaux Etats membres (Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Slovaquie) scorent faiblement, aussi bien en termes d’innovation que d’intensité énergétique.
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Intégrer l’idée des limites Même en intégrant des préoccupations environnementales, les objectifs fondamentaux de la politique européenne restent aujourd’hui ceux de la croissance économique. La politique d’innovation s’inscrit dans cette logique, cherchant à améliorer la compétitivité, en contribuant à l’emploi et à la croissance. Cependant, elle ne donne aucune préférence spécifique au déploiement de mesures en faveur d’un développement sociétal et environnemental plus soutenable. A ce jour, la nécessité de se tourner vers une société dématérialisée n’est jamais explicitement recommandée, reconnue, ni même évoquée. Développer une politique d’éco-innovation consiste en réalité à mener une politique d’innovation de troisième génération. Pour formuler une telle politique, il ne faut pas se focaliser sur les seuls besoins à court terme de la croissance économique mais intégrer un développement soutenable à long terme. Par conséquent, il faut travailler à l’amélioration de la compétitivité des entreprises de manière à éviter les effets négatifs pour l’environnement naturel, en intégrant la notion de ressources limitées. Cette politique doit reconnaître que la technologie seule ne peut pas être une solution au problème de la durabilité, qu’il faut intégrer la dimension sociale mais aussi celle de la finalité de la consommation.
Six étapes innovation:
pour
parvenir
à
l’éco-
1° mettre en place des cadres conceptuels, avec des définitions et des mesures 2° identifier les défis politiques majeurs
Une politique d’éco-innovation doit se focaliser sur les systèmes innovants pour aider « à l’acceptation des limites», autant dans la dimension environnementale que sociale. Une telle approche intègre la notion de ressources naturelles limitées et de « soutenabilité » sociale. La politique d’innovation devient alors explicitement reliée à un ensemble de buts sociaux et environnementaux, avec des normes d’activités économiques et de marché.
3° mettre en place des objectifs de politique à long terme, avec des cibles précises
Pour travailler à l’avènement d’une éco-innovation, le secteur public peut utiliser plusieurs leviers, en adoptant des mesures aussi importantes que l’ouverture des marchés publics ou la définition d’un cadre réglementaire et normatif, avec la mise en place de stricts standards de performance environnementale. Des incitants fiscaux mais surtout une sensibilisation à l’éco-innovation à travers des projets de démonstration sont des clés très utiles. Enfin, il faudrait pouvoir arrêter une planification stratégique et définir des prévisions à moyen terme.
6° éduquer aux politiques éco-innovantes, avec évaluation continue et pratique de feedback
S’agissant d’un défi politique complexe, le soutien à l’éco-innovation exige une approche coordonnée, plus spécialement entre l’innovation, la recherche et la politique environnementale, sans négliger la dimension sociétale. La
4° obtenir une bonne proportion de politiques en faveur de l’éco-innovation 5° assurer la cohérence politique, avec des synergies et une coordination des niveaux
mise en place de mesures spécifiques doit se faire en étroite collaboration entre les différents niveaux politiques, en poursuivant une vision commune. Il s’agit d’arrêter un ensemble d’objectifs et une stratégie partagée par tous les acteurs concernés. Les agences environnementales devraient coopérer plus systématiquement avec les décideurs politiques de l’innovation.
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Inventer des solutions durables Les principaux défis pour l’éco-innovation restent le changement climatique, la limitation des ressources naturelles et la compétition globale accrue. La réponse politique à ces défis sera de conjuguer durabilité et croissance économique, à travers une plus grande dématéralisation. Comme les recherches de l’Observatoire pour l’Econovation (EIO) le prouvent et toutes les études le démontrent, écoinnover implique une démarche d’invention continuée à finalité déterminée. Cette démarche innovante doit intégrer la perspective de la finitude des ressources, avec une croissance économique maîtrisée, dans une société dématéralisée.
Quelques grands principes à retenir:
Il est nécessaire d’avoir un changement radical du cadre de référence, notamment dans les systèmes règlementaires et fiscaux, afin de conduire les entreprises et les consommateurs à évaluer correctement l’utilisation de ressources.
• L’éco-innovation n’est ni un secteur, ni une technologie spécifique. Limiter l’éco-innovation aux « biens et services environnementaux » n’est pas la voie politique à suivre.
Une politique résolument éco-innovante implique de :
• Il n’est pas démontré que la performance d’innovation contribue à utiliser moins intensivement les ressources ou à rendre l’activité socio-économique plus soucieuse de l’environnement.
• Définir les objectifs à travers des mesures à plus long terme, en liant l’impact de l’innovation à la productivité des ressources ; • Focaliser l’attention des subventions directes sur des mesures fiscales, règlementaires et normatives promouvant l’éco-innovation ; • Soutenir l’innovation conduisant à un cycle de production éco-efficient comme, par exemple, une symbiose industrielle intégrée, avec une politique coordonnée au niveau régional.
• Fusionner simplement les outils environnementaux traditionnels et les outils de politique d’innovation ne va pas mener à une dématérialisation radicale de nos économies, ni réduire l’empreinte écologique. Il faut aller bien au-delà. • L’adoption d’une attitude pro-active des pouvoirs publics est cruciale pour induire le changement et favoriser l’émergence d’une économie écoinnovante.
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En savoir plus L’Observatoire de l’éco-innovation: www.eco-innovation.eu
Technopolis Group Technopolis a développé une grande expertise en matière d’éco-innovation, en liaison avec la problématique du développement durable. Bénéficiant d’une longue expérience dans le domaine des programmes de recherche environnementaux et énergétiques, ainsi qu’en matière de gestion des déchets, Technopolis propose une large gamme d’études stratégiques tant au niveau européen que national. Technopolis apporte ses conseils auprès des organisations gouvernementales internationales, nationales ou régionales. Les experts de Technopolis peuvent effectuer une évaluation couplée des politiques d’environnement, avec les projets de recherche et d’innovation et préparer les études nécessaires à la définition de nouveaux programmes publics.
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