Gymnase de Burier
Utopie et réalité aux XXe et XXIe siècles à travers les villes de Chandigarh et Masdar
Figure 1. Le Corbusier, La Main ouverte
Burier, Novembre 2008
Frédéric Mayunga et Thierry Raess 3M12
Nous tenons à remercier : Mme Ferret pour nous avoir suivis tout au long de notre travail et de nous avoir apporté son aide précieuse, nos familles et amis pour leur aide et leur soutien, ainsi que Tanya Sack pour les informations précieuses qu’elle nous a transmises.
Gymnase de Burier
Table des matières : Introduction
p.4
1) Une utopie du XXe siècle : la ville de Chandigarh
p.7
1.1/ Le Corbusier
p.7
1.1.1/Biographie
p.7
1.1.2/Ses œuvres
p.8
1.1.3/La Charte d’Athènes et le CIAM
p.10
1.2/ La ville de Chandigarh
p.11
1.2.1/Contexte historique et socio-économique de son élaboration
p.11
1.2.2/Localisation, site et climat
p.14
1.2.3/Urbanisme et architecture
p.15
1.2.4/Projet de société ou modèle de société
p.18
2) Une utopie du XXIe siècle : Masdar
p.22
2.1/Foster + Partners
p.22
2.2/La ville de Masdar
p.23
2.2.1/Contexte historique et socio-économique de son élaboration
p.23
2.2.2/Localisation, site et climat
p.24
2.2.3/Urbanisme et architecture
p.25
2.2.4/Projet de société ou modèle de société
p.28
3) Comparaison avec des modèles utopiques
p.31
3.1/The Social City de Ebenezer Howard
p.31
3.1.1/Le modèle urbain
p.31
3.1.2/Points de concordance avec Chandigarh et Masdar
p.33
3.1.3/Points de divergence avec Chandigarh et Masdar
p.34
3.2/France-Ville de Jules Verne
p.34
3.1.1/Le modèle urbain
p.34
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3.1.2/Points de concordance
p.37
3.1.2.1/Chandigarh
p.37
3.1.2.2/Masdar
p.38
3.1.3/Points de divergence
p.39
3.1.2.1/Chandigarh
p.39
3.1.2.2/Masdar
p.39
4) Conclusion
p.40
5) Bibliographie
p.42
6) Table des Illustrations
p.44
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Introduction De tout temps l’homme a rêvé des villes ou des sociétés idéales. Des philosophes, écrivains, architectes ou penseurs firent des récits emmenant le lecteur dans un voyage à travers une ville imaginaire parfaite. La république de Platon, pour en citer une, fait partie des modèles les plus anciens et les plus connus. Ce sont des utopies. Ce terme fut créé au XVIe siècle par Thomas More. C’est une traduction en français d’utopia, qui est un néologisme grec signifiant « sans lieu » ou encore « qui ne se trouve nulle part », qui désigne la société idéale décrite dans l’œuvre de Thomas More « Utopia ». La fiction est utilisée dans ces récits utopiques pour prendre de la distance par rapport au présent. Mais nous allons nous intéresser à une autre partie de l’utopie que celle des récits, celle des projets de villes utopiques qui pour leur part sont placées dans le présent. Selon la définition du dictionnaire l’utopie est une « conception ou projet qui paraît irréalisable »1. En théorie elle ne peut pas être réalisée, mais rien n’exclut sa réalisation, la preuve en est que certaines utopies ont servi de modèle pour des villes ou ont été partiellement réalisées. De plus avec le développement de l’architecture et de l’urbanisme au XXe siècle les frontières entre utopies et réalités se sont estompées. Dès lors les rêves de villes idéales auront tendance à se tourner vers un coté plus fonctionnel de celle-ci. Automatiquement ces cités seront plus réalistes. Que se passe-t-il alors lorsque quelque chose étant par définition irréalisable, se voit réalisée ? C’est cette interrogation qui a suscité notre intérêt, c’est donc dans cette voie que nous allons diriger notre travail. Nous avons choisi comme sujet de notre travail deux villes utopiques. La première sera une utopie réalisée au XXe siècle au nord de l’Inde, à Chandigarh, par l’architecte suisse Le Corbusier et l’autre, un projet de ville en plein désert, aux Emirats Arabes unis, Masdar, actuellement en cours de réalisation, véritable chantier du futur, près d’Abou Dhabi. Notre choix a été motivé tout d’abord par le lien que ces deux villes ont avec la géographie et
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LE ROBERT QUOTIDIEN, Dictionnaire pratique de la langue française, Paris : Dictionnaires Le Robert, 1996.
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l’histoire, branches que nous devons aborder lors de ce travail. En effet les deux villes ont une situation géographique différente et plus d’un demi-siècle les sépare ce qui reflétera un contexte historique propre à chaque ville. Ensuite ce sujet présente une certaine actualité, notamment par rapport à l’environnement ou l’écologie, principalement pour Masdar. Ainsi le titre de notre travail est : « Utopie et réalité aux XXe et XXIe siècles à travers les villes de Chandigarh et Masdar ». Notre propos sera donc de mettre en parallèle dans le temps et dans l’espace deux utopies urbaines, de décrire leurs sites, architectures et organisations respectives. Ensuite, nous essayerons de voir aussi quelles utopies sociales ou architecturales en découlent et quelles utopies passées les ont inspirées ou leur correspondent. En effet, comme nous l’avons cité plus haut, une utopie est, par définition, quelque chose d’irréalisable, en quoi ces deux projets sontils véritablement des utopies? Nous essayerons également à travers notre travail de répondre aux questions suivantes : A quelles utopies urbaines passées pourrait-on les rattacher ? A quelles visions de la société renvoient ces deux utopies? Quelles sont les raisons qui ont mené à la construction de ces deux villes ? Quels sont les idéaux véhiculés par ces deux villes ? Chandigarh est-elle une utopie urbaine née de la décolonisation ? Quant à Masdar, s’agit-il uniquement d’une de ces villes de loisirs typique de ce XXIe siècle ? Enfin, qu’en est-il d’une utopie, comme Chandigarh, une fois réalisée ? Peut-on véritablement considérer Chandigarh comme une utopie urbaine, dans la mesure où cette ville a été réalisée et qu’elle fonctionne, et que dire de Masdar en cours de réalisation ? Nous pensons que nous trouverons de bonnes réponses à ces questions et après la première approche que nous avons effectuée nous pensons que les utopies que nous avons choisies présenteront beaucoup de points communs. La première partie de notre travail consistera donc à présenter les villes de Chandigarh et Masdar, voir les contextes historiques et socio-économiques de leurs élaborations respectives, leurs sites et situations, décrire leurs urbanismes et leurs architectures. Tenter également de voir quel était le modèle ou le projet de société à la base de la mise en place de ces deux villes. Nous tenterons ensuite de mettre en parallèle les deux villes de Chandigarh et de Masdar avec des utopies du passé; une utopie sociale des cités-jardins d’Ebenezer Howard, élaborée en
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1898 dans son livre « Demain : une Voie Pacifique pour la Réforme Réelle2 », puis une utopie littéraire chez Jules Verne, la cité de France-Ville dans « Les 500 millions de la Bégum3 » publié en 1878. L’architecture et l’urbanisme auront une place importante dans notre travail car c’est à travers eux que prend également forme l’utopie sociale. Ces comparaisons nous permettrons de voir en quoi Chandigarh et Masdar peuvent être considérées comme des utopies contemporaines réalisées ou en cour de réalisation.
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EBENEZER, Howard, To-Morrow : A peaceful Path to real Reform, Londres : Routeledge, 1898. « Demain: une Voie Pacifiste vers la Réforme Réelle » 3 VERNE, Jules, Les cinq cents millions de la Bégum, Paris : Ed. J. Hetzel, 1879.
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1/ Une utopie du XXe siècle : la ville de Chandigarh 1.1/Le Corbusier 1.1.1/Biographie Le Corbusier, de son vrai nom, Charles-Edouard Jeanneret-Gris, est né le 6 octobre 1887 à La Chaux-de-Fonds dans le canton de Neuchâtel. Cette ville étant connue pour son industrie horlogère, le jeune Corbusier ne va pas y échapper. Tout comme son grand-père ainsi que son père, il devient un excellent fabriquant de montres. A treize ans, il intègre l'Ecole d'Art de La Chaux-de-Fonds afin d'approfondir ses capacités. Son professeur de l'époque, Charles L'Eplattenier, conscient du talent de son élève, le pousse à se diriger dans le domaine de l'architecture. Ainsi en 1904, il réalise sa première villa, il n'est alors âgé que de 17 ans. Trois ans plus tard, il entame une série de voyages en tant que touriste au lieu d'approfondir sa connaissance et sa culture comme lui conseillent ses prédécesseurs. En 1908, le touriste laisse sa place au célèbre architecte que nous connaissons. Il quitte la Suisse pour Paris et complète sa formation dans l'agence Perret. L'institut dont il était élève, lui demande de devenir enseignant d'art décoratif, afin de partager son expérience. Une année plus tard, en 1911, Jeanneret accompagne son ami Klipstein en Grèce et en Europe centrale. Ce voyage apporte un certain changement par rapport à l'architecture allemande qu'il a étudié pendant 10 ans. Pendant ce voyage, il découvre l'architecture comme espace et réalise de nombreux schémas et croquis. Cette nouvelle découverte s'accompagne d'un regard plus scientifique qui l'aide à la compréhension des formes et espaces des habitats méditerranéens. Ce voyage l'ayant énormément marqué, il commence à commenter ses dessins. Dès ce moment-là, ses croquis sont toujours accompagnés de petits textes. Ces commentaires sont par la suite rassemblés et un ouvrage est créé « Le voyage d’Orient4 ». Dès son retour en Suisse, victime de son succès, Jeanneret est sollicité afin de construire plusieurs villas. S'intéressant à tous domaines liés à l'architecture, il étudie l'habitat populaire en France, la nouvelle architecture des banlieues anglaises, la cité 4
LE CORBUSIER, Le voyage d’Orient, Paris : Forces Vives, 1966.
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jardin de Hampstead, la reconstruction des cités détruites lors de la Grande Guerre en France. Il touche à tout. En 1917, il s'installe définitivement à Paris. Dès son installation ses activités se diversifient. Il y ouvre par la suite son atelier d'architecture. À l'aide du peintre Amédée Ozenfant, il établit le purisme: courant artistique contemporain qui représente des objets de la vie courante. Les deux compères s'associent à nouveau et créent leur revue « L'esprit nouveau ». À travers ce magazine, ils s'expriment et provoquent à la fois. C’est à partir de ce moment précis que Jeanneret utilisera son pseudonyme: Le Corbusier. Grâce à cette revue, Le Corbusier attire une clientèle spécifique, cette dernière ayant un faible pour l'architecture originale et personnelle. Parallèlement à son métier d'architecte, il se lance dans des théories sur l'urbanisme, avec une multitude de projets à la clé en Europe, Afrique du Nord et Amérique latine. Pendant cette période, ses voyages et absences se multiplient. Il devient très vite critiqué et victime de polémique. En effet ses projets sont trop décalés pour l'époque qui est assez conservatrice. Notamment lorsqu'il propose de raser Paris, de sauvegarder les monuments importants et d'édifier d'immenses gratte-ciel en contrepartie. En 1929, année du krach boursier américain, suivi de la Grande Dépression, il va encore plus se pencher sur les problèmes de concentration urbaine. De 1945 à 1950, il va être à l'origine de plusieurs projets, dont les plus connus sont La Cité Radieuse de Marseille et Chandigarh. Le 27 août 1965, lors d'une baignade dans la Méditerranée, il meurt subitement au Cap-Martin (au sud de la France). Il est enterré sur place. Une année plus tard, son ouvrage « Le voyage d'Orient5 » est publié.
1.1.2/Ses œuvres : Étant donné que le Corbusier est à l'origine d'un grand nombre de projets architecturaux, nous avons décidé de citer les œuvres qui nous semblent les plus importantes. Pour commencer, la Cité Radieuse ou l’Unité d'Habitation de Marseille édifiée entre 1945 et 1952. Ce projet a un lien direct avec le programme de recherche qui a duré près d’un quart de siècle, sur le logement et la question urbaine de Le Corbusier. Le but est de répondre aux problèmes de 5
LE CORBUSIER, Le voyage d’Orient, Paris : Forces Vives, 1966.
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logements collectifs que connaît la France en ce moment-là6 et, du point de vue architectural, de redresser le niveau, car la France accumule les échecs dans ce domaine. Afin de répondre à la commande du ministre de la reconstruction Raoul Dautry, le Corbusier va développer cette cité verticale qui en plus d’être en avance sur son époque, a l’avantage d’utiliser certaines techniques modernes, telles que la suppression du gaspillage et la prise en charge des plus lourdes tâches domestiques. L’idée de base est la suivante: des ensembles de logements individuels, supportés par des pilotis, sont construits sur un terrain artificiel. Selon Le Corbusier, cette Unité d’Habitation devrait permettre d’équilibrer l’individuel et le collectif dans une juste répartition des tâches quotidiennes. Cette Cité Radieuse, étant un projet totalement nouveau pour l’époque, l’innovation qui en découle porte sur quatre points précis : la dimension urbaine car il s’agit d’un renouvellement total de l’îlot, les techniques de construction qui sont tournées vers une méthode industrielle, l’emploi de nouveaux matériaux, afin de rendre les techniques d’assemblage et de montage plus simple et finalement l’élaboration du logement, la lumière, la ventilation ainsi que le son sont contrôlés techniquement et d’un point de vue spatial, des appareils pouvant servir à de nouveaux usages dans l’habitat. L'immeuble compte 1600 habitants, qui résident dans 337 logements de 23 types différents, ainsi que des bureaux, des commerces, un hôpital, un hôtel, un gymnase et une école maternelle. Comme pour la plupart de ses projets, l’Unité d’Habitation est d’abord vivement critiquée, certains Marseillais la surnommant même de « maison du fada ». À présent, elle est considérée comme monument historique et de plus en plus de touristes la visitent. Il s'agit d'une des cinq Cités Radieuses créées par Le Corbusier, trois autres se trouvant en France: Rezé7, Firminy8, Briey9 et une en Allemagne à Berlin. Quant à Chandigarh, le Corbusier est nommé architecte en 1946. Grâce à cette désignation, il va enfin pouvoir appliquer ses principes architecturaux et urbains à plus grande échelle, après tant d‘essais souvent jugés comme irréalistes. Mais le projet est principalement conçu entre 1951 et 1962. Cette nomination vient après deux échecs consécutifs pour son étude d’aménagement à Rio et l’aménagement du front de mer d’Alger. Jeanneret est aussi l’auteur de la Ville Contemporaine de 3 millions d’habitants. Il s’agit d’une maquette qu’il a élaborée 6
Nous sommes en pleine période d’après-guerre, il faut alors tout reconstruire. Commune française qui se situe dans le département de la Loire-Atlantique. 8 Commune française qui se situe dans le département de la Loire et dans la région Rhône-Alpes. 9 Commune française qui se situe dans le département de Meurthe-et-Moselle et la région Lorraine. 7
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en 1922. Le Corbusier tente d’établir une cité idéale. Comme pour la plupart de ces projets, la majorité des personnes se moque. De plus cette maquette a bel et bien un lien avec la reconstruction du centre de Paris en 1925. Dans ses réalisations et ses projets, Le Corbusier a toujours opté pour une architecture très fonctionnelle et conceptuelle. Il va réunir ses principales idées et concepts dans la Charte d’Athènes.
1.1.3/La Charte d’Athènes et le CIAM Le premier Congrès International d’Architecture Moderne (CIAM) se tient en 1928 à La Sarraz en Suisse. Organisé par Le Corbusier, il réunit 28 architectes européens dans le but de promouvoir une architecture et un urbanisme fonctionnel. Ces Congrès eurent lieu régulièrement jusqu’en 1956. Ces architectes, conscients des perturbations provoquées par le machinisme, constatent que la transformation des organisations économiques nécessite un bouleversement de l’ordre architectural. Leur but premier est de replacer l’architecture dans son véritable environnement, qui est l’ordre économique et sociologique, ainsi que de la mettre au service des individus. Le 4e Congrès se tient à Athènes en 1933. Après l’analyse de plusieurs villes, les urbanistes et architectes de l’époque établissent une charte d’urbanisme : La Charte d’Athènes était née. L’ouvrage10 n’est publié que huit ans plus tard, en 1941. Le Corbusier en étant l’auteur, pouvait être fier, car cette « Charte » a eu une énorme influence sur l’architecture européenne des années 50 et 60. La Charte réduit l’homme aux quatre fonctions : de travail, de distraction, de logement et de déplacement. La circulation est un point essentiel dans la construction d’une ville moderne avec le succès que connaissent le train, les premières automobiles et autres engins volants. L’homme y est même réduit à un simple être circulant. Son principal problème dans la ville devient alors la vitesse de ces nouveaux engins qui bousculent radicalement les rapports de communication, d’espace et de temps. Le seul ennui est que l’ancienne ville n’est pas adaptée au progrès technique. La Charte recommande entre autre la meilleure orientation possible afin de profiter d’un ensoleillement maximum des logements, un grand nombre d’espaces verts propice à la promenade ou aux activités sportives, mais aussi une proximité des lieux de travail. Afin de circuler dans ces villes tout en préservant le patrimoine historique si 10
Le Corbusier, Charte d’Athènes, Paris, Seuil, 1957.
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nécessaire, un système routier est inventé. Il s’agit de voies « spécialisées » qui varient selon les destinations: des voies « lentes » pour les piétons, qui ne croisent jamais les voies rapides destinées aux automobiles ni celles réservées aux camions de livraisons et aux transports en commun : les voies intermédiaires. Les années 1950 seront caractérisées par une reconstruction de grandes villes occidentales victimes de la Seconde Guerre Mondiale. Les idées de La Charte et de Le Corbusier seront mal interprétées, en effet la qualité sera remplacée par la quantité. C’est l’apparition d’immenses blocs alignés les uns aux autres avec le minimum d’espace entre eux, ne laissant plus aucune place aux espaces verts. Le plus ahurissant est que les médias de l’époque vantent les mérites de cette construction en un temps record de milliers d’appartements, sans même faire attention à l’insuffisante qualité des logements, ni au manque de voies de communication entre les futurs ghettos et le centre des villes. En somme, Le Corbusier est un architecte suisse de renommée mondiale qui va voir arriver l’occasion tant attendu de pouvoir appliquer les principes de sa charte, lors de la construction de la ville de Chandigarh.
1.2/La ville de Chandigarh 1.2.1/Contexte historique et socio-économique Avant la Deuxième Guerre Mondiale, l’Inde est fortement endettée vis-à-vis de la GrandeBretagne. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la situation change et à partir de 1942 la Grande-Bretagne est débitrice de l’Inde à cause des emprunts qu'elle a dû faire sur place. Londres est alors forcé d’accepter le leadership américain, or les Etats-Unis, dès 1945, sont favorables à l’indépendance de l’Inde qui représente un allié potentiel dans la Guerre Froide qui se profile. Les rapports compliqués entre hindous et musulmans rendent une séparation inévitable. Muhammad Ali Jinnah, leader de la Ligue musulmane, propose alors la création du Pakistan, ce que le Congrès accepte en juin 1947 avec la division de l’Inde11 en deux Etats, l’Inde et le Pakistan. Finalement, le 15 août 1947 marque la naissance de deux Etats indépendants : l’Union indienne, peuplée majoritairement d’hindous et le Pakistan, peuplé 11
Figure 2
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majoritairement de musulmans. Cette partition entraîne des migrations des deux côtés, les musulmans d’Inde traversent la frontière pour passer au Pakistan et les hindous du Pakistan se pressent de rejoindre l’Inde. Le climat de violence accélère la retraite des troupes britanniques, ce qui laisse les hindous et musulmans seuls face aux problèmes du tracé des frontières, finalement tracées selon des critères religieux. La nouvelle frontière traverse ainsi la province du Panjab dont la capitale, Lahore, se retrouve du côté pakistanais. Le Premier ministre de l’Inde, Jawaraharlal Nehru décide de faire construire une nouvelle ville qui sera la capitale du Panjab et de l’Haryana. Le gouvernement du Panjab avec l’accord du gouvernement indien décide, en mars 1948, d’installer cette ville au pied du Shivaliks, une chaîne de montagnes faisant partie de l’Himalaya. Nehru fait appel à Albert Mayer, un architecte américain, qui réalise en 1949 le premier plan de la ville avec l’aide de Matthew Nowicki, jeune architecte polonais vivant aux États-Unis. Le décès de ce dernier, en août 1950, sera la cause de l’abandon d’Albert Mayer. Le projet est alors confié à Le Corbusier et son équipe, composée de son cousin Pierre Jeanneret, Jane Drew et son mari Maxwell Fry. Ensemble ils vont concevoir cette cité et suivre sa construction. Une grande partie du projet sera réalisée et conçue entre 1951 et 1962. Le Corbusier sera l’auteur d’autres projets au sein de la ville jusqu’en 1969. Chandigarh fut nommée d’après le temple « Chandi Mandir », se trouvant à quelques kilomètres du site de la ville, dédié à Chandie, la déesse du pouvoir, et « Garh » signifiant forteresse.
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Figure 2. Carte historique de l’indépendance et de la partition de l’Inde
Cette période marque également le début de la Guerre froide. Les Etats-Unis et l’URSS s’affrontent politiquement et idéologiquement. Plusieurs pays de l’Europe de l’Est et de l’Asie se rallient aux Soviétiques. L’Inde de Nehru, qui refuse de prendre position, va s’allier avec la Yougoslavie et l’Egypte qui formeront ainsi le « Mouvement des Non-alignés », une organisation internationale à laquelle vont se rallier les pays désirant rester neutre. Avant la création de cette organisation, Le Corbusier proposa à Nehru le projet de la Main ouverte12. Ce monument, seulement dressé en 1986 à Chandigarh, est une représentation artistique d’une main. C’est un symbole de paix, d’ouverture et de partage mais aussi du non-alignement, grande préoccupation de Nehru à ce moment. Ainsi la création du Pakistan et de l’Inde sont à la base de la naissance de Chandigarh. Nous allons maintenant étudier la situation géographique de la ville choisie par le gouvernement du Panjab.
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Figure 6
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1.2.2/Localisation, site et climat Le site de la ville se trouve au pied la chaîne himalayenne de Shivalik aux coordonnées suivantes : 760 47' 14E longitude 300 44' 14N latitude. Les plaines sont en légère pente. La surface du sol est constituée de lits de rochers, cailloux, gravier, sable, limon et d’argile. Il y avait auparavant un lac encerclé par un marais. Chandigarh 13 a une superficie de 114 km², 79 km pour la ville, 35 km classés en secteur rural. Elle est exposée vers le sud-ouest et bénéficie ainsi d’un bon ensoleillement. La ville est traversée par deux fleuves, le Patiala-Ki-Rao Choe et le Sukhna Choe, qui sont deux ruisseaux saisonniers drainant la région respectivement d’ouest et d’est. Il y a également un lac, le lac Sukhna, qui est un endroit important de la ville car il se prête aux loisirs. La région se distingue par un climat tropical composé de deux saisons. De mi-mars à mi-juin il y a la saison chaude ou l’été, de fin juin à mi-septembre la période de mousson, de miseptembre a mi-novembre la saison de transition ou l’automne post mousson et de minovembre a mi-mars, l’hiver. Mai et juin sont les mois les plus chauds avec des températures variant entre 25 0C et 370C pouvant monter jusqu’à 440C. Janvier est le mois le plus froid avec des températures allant de 3.60C à 230C. Les précipitations annuelles sont de 111cm et les vents sont généralement faibles et soufflent du nord-ouest au sud-ouest avec des exceptions de vents de l’est au sud-est soufflant parfois pendant la saison chaude. Ce climat tropical très chaud doit impliquer des adaptations architecturales conséquentes. Il va être intéressant de voir ce que Le Corbusier en fit et de quelle manière il organisa la ville.
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Figure 3
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Figure 3. Carte de l’Inde
1.2.3/Urbanisme et architecture La ville de Chandigarh est un énorme quadrillage de « secteurs14 », sorte de quartiers de mêmes dimensions dont l’organisation interne est planifiée. Ce concept à été repris par Le Corbusier du schéma d’urbanisme de Mayer, plus en rondeur et moins géométrique. Ces « secteurs » sont des rectangles de 800 mètres par 1200 mètres. Chaque secteur est une unité indépendante avec sa propre école, ses lieux de loisirs et de travail. Ces secteurs sont numérotés de 1 à 47 (Le Corbusier étant superstitieux omit le 13). La ville est bâtie selon le
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concept des fonctions de la Charte d’Athènes, c'est-à-dire travail, distraction, logement et déplacement dans l’espace. Premièrement, la fonction de travail est présente dans divers lieux : l’Assemblée, le Secrétariat et la Haute Cour, formant le complexe du Capitole15, et la maison du gouverneur (qui n’a plus ce rôle aujourd’hui) au nord ou encore l’Université du Panjab au nord-ouest et la zone industrielle au sud-est.
Figure 4. La Haute Cour, Chandigarh
Deuxièmement, la fonction de distraction : Chandigarh possède beaucoup d’espaces verts, de parcs, de jardins et même un lac artificiel, la vallée des loisirs est une « coulée verte » traversant la ville et où rien ne peut être construit. Au centre-ville se trouvent des cinémas, restaurants, bars et autres édifices du genre. Troisièmement, la fonction de logement, les habitations ont été séparées en treize types, de la maison somptueuse du Ministre aux maisons à deux pièces pour les employés les moins bien payés. Par contre, quelque soit l’importance de l’habitation, elle comporte au moins des installations sanitaires, une cuisine, une véranda et une cour tenant compte des contraintes climatiques et des modes de vie locale. Le Corbusier estime que la dernière fonction, celle du déplacement, poserait de nombreux problèmes dans 15
Figure 4
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les villes modernes. En effet, les moyens de transports tels que les premiers véhicules, les trains et autres se développaient rapidement à cette époque et les grandes cités anciennes risquaient de ne pas être adaptées à un grand flux de véhicules. Ainsi, il mit en place une organisation très précise de la circulation avec la règle 7V créé par lui-même et le CIAM16. Il s’agit d’un partage des voies de circulation en sept catégories dans l’ordre décroissant de leur importance. Les V1 sont des voies rapides qui ont pour but de relier Chandigarh à d’autres villes. Les V2 sont des artères, les V3 des voies à vitesse mécanique, les V4 des rues marchandes, les V5 des rues de circulation restant à l’intérieur des secteurs, les V6 des voies conduisant les véhicules et piétons aux portes des maisons et enfin les V7 qui sont des sentiers et des pistes cyclables. Le Capitole est un élément non négligeable. Il est constitué de trois réalisations architecturales exceptionnelles, le Secrétariat, la Haute Cour et l’Assemblée Législative qui sont le centre dirigeant de Chandigarh. Au même endroit se situe également La Main ouverte17, symbole de Chandigarh. Dans toutes ses réalisations, Le Corbusier utilisa le béton, son matériau de prédilection, en même temps les ressources en Inde étant limitées, le béton baissait les coûts de construction. De plus, ce matériau laissé nu juste après le décoffrage (lorsque les planches en bois servant de moule au béton sont retirées) donna une grande liberté à Le Corbusier et une multitude de possibilités plastiques. On notera que les briques utilisées dans les constructions indiennes traditionnelles sont fortement présentes dans les constructions ce qui donne une touche locale à l’œuvre. Le Corbusier a voulu créer une ville fonctionnelle en appliquant ses théories de la Charte d’Athènes, ce qu’il réussit. Mais dans toute ville il y a une société. Nous allons donc nous intéresser de plus près à celle de Chandigarh.
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Congrès internationaux d'architecture moderne Figure 6
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Figure 5. Plan de Chandigarh
1.2.4/Projet de société ou modèle de société Tout d’abord Chandigarh18 a été créé, en plus de l’aspect fonctionnel de capitale, pour incarner un renouveau, une naissance, celle de l’Inde libre et indépendante. Pour se détacher de l’image de l’ancienne Inde, colonisée par les Britanniques, il fallait de la modernité, des idées fraîches et novatrices. Le Corbusier a su apporter cela à Chandigarh. Son idée principale était de redonner la ville aux habitants. Dans sa conception de la ville idéale, l’homme doit être au centre de toutes préoccupations et la cité doit être adaptée à lui et non le contraire. Chandigarh
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Figure 5
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était une utopie architecturale ou urbanistique. En effet, l’Inde offrait au Corbusier un terrain idéal pour mettre en pratique ses théories et ses rêves. Premièrement, l’application de la Charte d’Athènes présenté précédemment. Le but est d’obtenir un fonctionnement idéal de la ville car pour réaliser une ville utopique il faut tout d’abord éliminer tous les problèmes urbains que peuvent rencontrer les habitants. Ces problèmes majeurs sont éliminés grâce aux quatre fonctions de la Charte d’Athènes c'est-à-dire : travail, distraction, logement et déplacement dans l’espace. Le Corbusier créa même un édit de Chandigarh qui a pour but d’éclairer le présent et le futur des habitants. La ville est adaptée à l’échelle de l’homme, elle est conçue de manière à ce que tous ses besoins quotidiens soient satisfaits. Les parcs sont nombreux car l’homme doit être en harmonie avec la nature. Le Corbusier a éloigné le bruit et la pollution le plus qu’il pouvait. Ainsi n’importe quelle industrie qui n’utiliserait pas de l’électricité est bannie et les véhicules n’ont pas accès à de nombreuses zones de repos telles que le lac et les parcs. Ces mesures peuvent nous sembler évidentes, mais il ne faut pas oublier que lors de la réalisation de cette ville, il y a plus d’un demi-siècle, les villes n’en étaient pas encore à ce stade d’urbanisation. Deuxièmement, les constructions sont toutes en béton brut. Réelle marque de fabrique de Le Corbusier, ce matériau permit une révolution d’une part de l’esthétique, certes discutable, mais également des possibilités géométriques qu'il offrait. En effet grâce à sa solidité et sa maniabilité, des constructions peu conventionnelles ont pu être réalisées avec peu de difficultés et à moindre coût. D’une autre part Chandigarh se veut être une ville de paix et d’harmonie. Son symbole, la Main ouverte19, dessiné par Le Corbusier, signifie « ouverte pour recevoir, ouverte pour donner » et représente également une colombe symbole de paix. Cela signifie que cette cité est ouverte à tous. Chacun y est libre et vit en harmonie avec les autres et la nature. Elle a en effet joué ce rôle en accueillant les réfugiés fuyant l’ouest du Panjab lors de la partition. D’ailleurs les habitants de Chandigarh sont de confessions multiples. Ils sont majoritairement hindouistes, islamiques et sikhs. Ce mélange est bien vécu et il n’existe aucune répression ou obligation touchant à la religion. En conséquence Chandigarh est une ville très ouverte. En somme l’utopie que représente Chandigarh est universelle, elle ne représente ni un idéal européen ni un idéal indien, le rêve de liberté véhiculé par la cité est
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Figure 6
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commun et partagé par tous. L’Inde est un pays très pauvre, en voie de développement. Pourtant, à Chandigarh le niveau de vie est largement plus élevé que dans le reste de l’Inde. La vie des habitants de Chandigarh a beaucoup d’avantages. Premièrement, l’hygiène de la ville. Chandigarh est une ville d’une extrême propreté en comparaison au reste des villes d’Inde qui sont parfois de véritables bestiaires urbaines. Pour le plus grand bonheur des habitants, les vaches, singes ou encore éléphants ne se promènent pas en toute liberté sur les routes. Les habitants respectent beaucoup leur ville. Ils sont fiers et ont conscience de la chance qu’ils ont d’y habiter. Ainsi ils en prennent soin et n’encombrent pas les rues, pelouses ou encore les bords du lac de déchets. Deuxièmement, les logements de la ville de Le Corbusier possèdent tous au minimum deux pièces, une salle de bain, l’eau courante et l’électricité. Il est important de noter que la surface des habitations, attribuées par les pouvoirs publics, dépend du revenu des occupants. Un juge se verra attribuer 400 m2 et le plus pauvre peut avoir accès à 60 m2. Les habitants de Chandigarh ont donc tous un logement décent, même si celui-ci n’est pas luxueux. De plus, la ville a le revenu par habitant le plus élevé du pays, celui-ci se monte à 67'370 roupies par an, soit 1700 francs suisses et elle compte le plus de véhicules par habitant. Les habitants de Chandigarh sont de ce fait aisés. Un autre facteur responsable de cette qualité de vie propre à Chandigarh est le taux d’alphabétisation qui se trouve être le plus élevé de toute l’Inde. En effet 73% de la population sait lire et écrire contre une moyenne nationale de 59.5%. Ainsi une grande partie de la population à la possibilité de poursuivre des hautes études, ambitions pouvant être satisfaites, car Chandigarh possède un campus où se trouvent une des meilleures facultés de droit du pays, un hôpital universitaire, sans omettre un prestigieux cursus en architecture. La société de Chandigarh est donc plus intellectuelle qu’ouvrière.
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Figure 6. Sculpture de la Main ouverte, symbole de Chandigarh
Sur le plan social, Chandigarh a aussi des mauvaises faces. Elle est victime de son succès et souffre de la surpopulation. Initialement conçue pour accueillir 150'000 personnes puis modifiée pour accueillir 500'000 personnes, elle en compte actuellement le triple. Ce problème est d’autant plus important que la ville doit être agrandie tout en respectant l’œuvre de Le Corbusier. Un autre problème est lié aux logements ; les plus pauvres ne pouvant pas se payer un logement sont exclus de la ville, ainsi 25% de la population vit à l’extérieure de la ville, dans des camps de fortune. Le Corbusier ne les avait pas pris en compte ou tout simplement oubliés. Il en ressort que Chandigarh est composée d’une société aux visages multiples. Des gens différents s’y côtoient et tous trouvent leur place dans cette ville car celle-ci est destinée et conçue pour toutes les classes et catégories de personnes, de simple balayeur à juge. Les seuls exclus sont les plus pauvres, seule ombre à ce modèle sociale. La société de Chandigarh, la mieux éduquée, la plus riche et la mieux logée se démarque, comme nous l’avons constaté précédemment, du reste de l’Inde. C’est sur ces points que l’utopie prend forme à Chandigarh. Dans une réalité indienne très dure, Chandigarh peut être vue comme un rêve inaccessible pour ceux qui n’y vivent pas. Nous allons maintenant changer de lieu et d’époque en abordant la ville écologique du futur : Masdar.
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2/Une utopie du XXIe siècle : Masdar 2.1/ Foster and Partners Norman Foster est un architecte britannique né le premier juin 1935 à Manchester. Après avoir quitté l’école à l’âge de 16 ans et effectué son service militaire dans la Royal Air Force, il suit des cours d’architecture et d’urbanisme à l’Université de Manchester. Il obtient son diplôme en 1961 puis, poursuit ses études à l’Université de Yale où il obtient l’année suivante un master’s degree (maîtrise) en architecture. En compagnie de Richard Rogers, avec qui il s’était fortement lié d’amitié lors de ses études aux Etats-Unis, et leurs épouses respectives Wendy Foster et Su Rogers, ils fondent le cabinet « Team 4 ». Leurs réalisations s’inscriront dans l’architecture « High Tech ». Ce mouvement architectural qui apparaît dans les années 70, également appelé le Modernisme tardif, consiste à intégrer des éléments hautement technologiques dans la conception de toute sorte de bâtiments comme des usines, bureaux, logements. En 1967, Team 4 se sépare et Norman et Wendy Foster montent le cabinet Foster Associates, rebaptisé Foster + Partners en 1990, en raison de l’influence importante d’autres architectes au sein du cabinet. La même année, il est nommé chevalier et en 1997 il est décoré de l’ordre du Mérite, puis il est élu pair du Royaume-Uni en 1999 et reçoit le titre de baron « Foster of Thames Bank, of Reddish in the County of Greater Manchester ». Norman Foster est un architecte de renommée mondiale comme le montrent les 300 et quelques récompenses et prix d’excellence, ou les 60 victoires en concours nationaux et internationaux qu’il a remportés. Il a, par exemple, reçu la médaille d’or du RIBA (Royal Institute of British Architects), en 1983, la médaille d’or de l’Académie française d’architecture en 1991 et la médaille d’or de l’Institut des architectes américains en 1994. En 1999, la fondation Hyatt lui décerne le Prix Pritzker, qui récompense les architectes possédant talent, vision et engagement. Foster + Partners compte actuellement plus de 500 collaborateurs et employés, son siège se trouve à Londres et des bureaux à Berlin, Francfort, Paris, Hong-Kong, Singapour et Tokyo. Le cabinet traite de nombreux projets importants chaque année, touche à toutes sortes de bâtiments, stades, aéroports, ponts, hôtels, bibliothèques, usines ou encore sièges de grandes multinationales. On compte parmi ses très nombreuses réalisations le port de New York, le Millenium Tower au Japon, le Reichstag à Berlin, le Swiss Re Tower, pour ne citer que les plus connues. Il existe par ailleurs, du mobilier signé, des projets d’aménagement et de 22
décoration d’intérieure réalisés par Foster + Partners. Chacune de ses œuvres est inscrite dans le mouvement d’architecture « High Tech ». Ce mouvement architectural est perceptible dans l’élaboration du projet Masdar, notamment dans l’utilisation de technologies ultra-modernes afin de répondre aux demandes d’Abu Dhabi.
2.2/La ville de Masdar 2.2.1/Contexte historique et socio-économique de son élaboration Les Emirats Arabes Unis ou les EAU, sont une fédération de sept Emirats ; Abu Dhabi, Ajman, Dubaï, Fujaïrah, Ras al-Khaïmah, Sharjah et Umm al-Qaïwain. Les Emirats sont des monarchies absolues, c'est-à-dire que les Emirs, qui sont à leurs têtes, gouvernent seuls au nom des citoyens qui ne participent pas à la vie politique mais restent soumis à la loi. Ils se rassemblent en Conseil Suprême des Emirs, la plus haute autorité des Emirats Arabes Unis, laquelle cumule les pouvoirs exécutifs et législatifs. Il existe un Conseil National Fédéral, l’autorité législative, qui n’a qu’un rôle consultatif. La fédération a été créé en 1971, année de l’indépendance. La répartition des pouvoirs a été établie en fonction de l’importance de la production de pétrole de chaque état. Ainsi l’Emir d’Abu Dhabi, l’Emirat étant le plus gros producteur de pétrole, a été élu Président des Emirats Arabes Unis et l’Emir de Dubaï, qui est le centre commercial de la fédération et un producteur non négligeable de pétrole, a été nommé Vice-président et Premier Ministre. La situation économique et financière des Emirats Arabes Unis est très bonne. La source de cette prospérité provient de la richesse engendrée par le pétrole, dont ils détiennent 8% des réserves mondiales et du gaz naturel représentant environ 33% du PIB. Mais, pour faire face à l’épuisement du pétrole qui représente un grand danger pour le futur des Emirats, ils décident de diversifier leurs activités. Ainsi, Dubaï suivi plus tard par Abu Dhabi mise notamment sur le développement de l’industrie touristique. Des projets colossaux, qui n’avaient encore jamais été osés, sont alors mis en route pour attirer les touristes cherchant démesure et modernité dans ce nouveau monde arabe dévoilant une face moderne. En parallèle, le gouvernement d’Abu Dhabi décide en 2006 de lancer l’Initiative Masdar (The Masdar Initiative), ce qui fait des Emirats Arabes Unis la première nation productrice de pétrole à s’engager dans le 23
développement des énergies renouvelables et durables. L’Initiative Masdar a pour but de chercher des solutions aux questions comme la sécurité énergétique, le changement climatique et le développement durable20. L’Abu Dhabi Future Energy Company, qui est en charge de l’Initiative Masdar, fait appel à Foster + Partners pour faire les plans de Masdar City, premier projet, qui sera lancé en 2007 au Cityscape21 d’Abu Dhabi. La diversification des activités est une véritable volonté des Emirats Arabes Unis. Elle est à l’origine de la création de Masdar, qui se doit être une ville respectant l’environnement en plein désert à Abu Dhabi.
2.2.2/Localisation, site et climat La ville de Masdar se situera dans l’Emirat d’Abu Dhabi22, dans le sud-ouest des Emirats Arabes Unis. L’Emirat à lui tout seul représente 80 % de la superficie totale. La longueur du littoral est supérieure à 700 km et 70 % de la superficie de l’Emirat est désertique. La population totale est d’environ 1’432’900 habitants, la plupart sont des travailleurs immigrés venant principalement d’autres pays arabes. Son territoire comprend près de 200 îles. Abu Dhabi est à la fois un Emirat et une ville23. Les pays frontaliers de l’Emirat sont les suivants : l’Arabie Saoudite, l’Oman, Charjah et Dubaï. Le climat est qualifié de désertique. Ce type de climat aride et chaud est caractérisé par une évaporation supérieure aux précipitations. Le sol étant extrêmement aride, il ne bénéficie presque jamais de pluie, la végétation y est alors quasiment réduite à néant. Il n’existe que deux saisons: une saison tempérée de novembre à avril (entre 12C et 30C) et une saison chaude et humide de mai à septembre (entre 38C et 48C). Lors de la saison tempérée, les températures sont plus agréables, il fait environ 10C la nuit. Les touristes se rendent à Abu Dhabi à ce moment-là, car les températures fraîches et la brise marine rendent les conditions climatiques plus agréables. Les orages ainsi que les
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Selon la définition du Rapport Brundtland de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU, présidée par Madame Gro Harlem Brundtland en Avril 1987 : « Un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. » 21 Il s’agit d’un évènement annuel présentant divers projets dans le but de trouver des investisseurs. 22 Figure 7 23 Il s’agit plus exactement de la capitale des Emirats Arabes Unis.
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averses24 se manifestent entre décembre et mars, mais il est tout à fait possible qu’il y ait des années sans pluie. Entre décembre et janvier, le temps est parfois si épouvantable qu’il rend la circulation très difficile. Les mois de mars et avril sont caractérisés par des tempêtes de sable. Lors de la saison chaude, le taux d’humidité est de 100% de jour comme de nuit. Certains habitants sont contraints, à cause de la chaleur, de migrer vers des régions moins chaudes. De ce fait, les villes sont quasiment vides. La localisation du projet et le climat ont une place importante dans l’architecture de Masdar. D’ailleurs l’architecture est capable d’utiliser ces éléments naturels l’entourant, pour le bienfait de sa ville.
Figure 7. Carte des Emirats Arabes Unis
2.2.3/Urbanisme et architecture La ville25 a été imaginée de la manière suivante: elle sera entièrement murée, construite dans un style traditionnel arabe et utilisera des nouvelles technologies, afin d’atteindre l’objectif de durabilité26. Les routes existantes et les nouvelles lignes de transports relieront la ville aux communes environnantes, au centre d’Abu Dhabi et à l’aéroport international. Le projet urbain 24 25 26
Pluviomètre sur une année: environ 120 mm. Figure 8 En effet la ville se veut non polluante.
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de Masdar est celui d’une ville dense, elle accueillera 50'000 habitants, ce qui est rare pour une ville du golfe persique, où les bâtiments sont généralement étalés dans d’immenses espaces désertiques. Masdar sera une cité carrée, dont les murs serviront à protéger des vents chauds du désert. La ville sera construite en deux phases. La première est la création d’une grande centrale photovoltaïque, qui fournira l’énergie pour la construction de la première phase de développement. L’expansion de la ville est soigneusement planifiée. Lorsque la première phase sera terminée et entièrement occupée, la centrale photovoltaïque27 sera restructurée pour permettre la croissance urbaine tout en évitant l’étalement urbain. Les terres environnantes contiendront aussi des éoliennes, un centre d’activité et de recherches. Un des buts premiers est que la ville soit totalement autonome. C'est à dire qu'elle arrive à se prendre en charge ellemême, à se gérer. Voilà pourquoi des terres seront cultivées à l’extérieure de la ville afin de rendre Masdar totalement autosuffisante. L'eau purifiée servira à l'irrigation des plantes et des cultures28 situées à l'extérieur des murs. Les cultures serviront à l'alimentation et à la production d'agrocarburants29. Concernant les transports30, aucune voiture ne sera utilisée. Les tramways ainsi que d’autres transports automatiques, permettront aux habitants de se déplacer dans cette ville grande de 6 kilomètres carrés. Il suffit d’indiquer sa destination et on se retrouve transporté à l’aide de ce qu’on pourrait comparer à des ascenseurs à l’horizontale. La distance maximale séparant un moyen de transport à un habitant est de 200 mètres. Des ruelles compactes favoriseront la marche. Ces ruelles seront aussi ombragées afin de rendre les déplacements pour les piétons plus agréables, ce qui n’est pas rien pour une région où le climat est torride. Plusieurs cours d’eau permettront de rafraîchir les allées. Pour subvenir aux besoins énergétiques de la ville, plusieurs moyens seront mis à sa disposition. Premièrement, des panneaux solaires seront placés sur les toits de la ville. Le concept implique un vaste champ de miroirs, afin de concentrer les rayons du soleil en un point bien précis. Des températures extrêmement élevées sont ainsi créées et la chaleur qui en découle peut être utilisée à des fins thermiques. Deuxièmement, le centre photovoltaïque31, le projet prévoit 27
Regroupement de plusieurs modules solaires photovoltaïques formant une centrale photovoltaïque. Les modules sont composés de plusieurs cellules photovoltaïques qui produisent de l’électricité en transformant une partie du rayonnement solaire. 28 Figure 8 29 Carburant sous forme d’alcool ou d’huile provenant de la dégradation d’une matière organique comme le colza ou le mais. 30 Figure 8 31 Figure 8
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l’utilisation à grande échelle de panneaux photovoltaïques. Les trois principaux types de panneaux photovoltaïques qui seront utilisés sont les suivants : le silicium monocristallin32, le silicium polycristallin33 et une fine couche silicium amorphe34. Au final, la centrale photovoltaïque fournira près de la moitié de la demande d’électricité, tout en évitant les émissions de centaines de milliers de tonnes de gaz à effet de serre. Troisièmement et dernièrement, des parcs à éoliens se trouveront à l’extérieur du site, plus précisément au sudouest et au nord-est, qui approvisionneront aussi les besoins en électricité de la ville. Les fonctionnalités avancées du recyclage, du compostage et la combustion des déchets collectés, permettront de réduire d’une manière drastique le territoire nécessaire pour la traite de ces déchets. Le recyclage et le compostage permettront de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Un autre moyen très judicieux va être mis en place concernant la température à l’intérieur du site. Comme le climat est extrêmement chaud, la climatisation est un élément indispensable. Le seul inconvénient est qu’elle demandera énormément d’électricité. C’est pour cela que des pompes géothermiques vont être mises en place afin de réduire la consommation en électricité pour le refroidissement de près de 50 % et ainsi réduire les émissions des gaz à effet de serre. Le fonctionnement de ces pompes est l’opposé de son usage habituel: le concept est d’échanger la chaleur de la surface relativement chaude avec celle se trouvant sous le sol qui est relativement fraîche. Pour les bâtiments où les pompes géothermiques seront mises en œuvre, la canalisation sera creusé à coté de l’immeuble. Quant au ravitaillement en eau, le recyclage des eaux usées sera encouragé, car le dessalement de l’eau de mer nécessite beaucoup d’énergie. Masdar est le point d’émergence de toute une série d’avancées technologiques. Le type d’architecture propre à Masdar est une première mondiale. Mais pour que cette ville fonctionne et puisse atteindre totalement ses objectifs, il lui faudra une société.
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Carbone sous forme de monocristaux. Carbone composé de tout petit cristaux assemblés les uns aux autres. La taille pouvant varier de quelques millimètres à plusieurs centimètres. 34 Atomes disposé sur un matériau informe et capable de créer une cellule photovoltaïque. 33
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Figure 8. Masdar, 1. Champ d’éoliennes, 2. Cultures, 3. Centre photovoltaïque, 4. Voies de circulations
2.2.4/Projet de société ou modèle de société Tout d’abord, Foster + Partners sont les précurseurs dans la réalisation de tels projets. Masdar sera la première ville de cette envergure à ne pas polluer, ce qui n’est pas rien. En effet, la pollution est un grand problème dans notre société actuelle et Masdar se présente comme le modèle à suivre, la ville est elle-même l’expérimentation pour le futur de l’humanité. L’argent, le luxe et la technologie étant primordiales dans cette région du monde, ce nouveau projet n’y échappe pas. Nous faisons bien sûr référence à ces projets extraordinaires comme les stations de ski ou montagnes russes se trouvant dans ces immenses centres commerciaux, ou encore cette île en forme de palmier. Pour le cas de Masdar, les technologies utilisées sont vraiment en avance pour notre époque, par exemple : le centre photovoltaïque ou encore les moyens de transport à l’intérieur de la ville. Le pétrodollar a quant à lui modifié le point de vue et la culture arabe. Ces régions désertiques sont généralement peuplées de nomades, vivant avec peu de moyens, se déplaçant sans cesse. Dès maintenant, leur façon de voir les choses a totalement changé, ils voient les choses en grand. La plupart vivent dans des sublimes et grands palais et non plus dans des tentes, ne se déplacent plus à dos de chameaux, mais dans de grosses voitures qui consomment et polluent énormément. Cette région du monde pollue d’ailleurs beaucoup. Masdar est le moyen de prouver au monde entier qu’ils font eux aussi 28
attention à l’écologie. C’est une façon d’améliorer l’image qu’ils véhiculent.
Figure 9. Image de synthèse montrant l’intérieure de la ville, on notera les moyens de transports écologiques en haut à droite
Masdar accueillera deux sortes d’habitants. Premièrement des personnes s’occupant du bon fonctionnement de la ville, des aspects techniques aux divertissements le soir. Ces habitants seront employés par la ville. Ensuite, il y a les chercheurs, étudiants, spécialistes. Ils se rassembleront tous autour de la même cause écologique. Toute la ville avancera dans le même sens et pour atteindre le même but qui sera un avenir plus sain pour la terre. Cette partie de la population sera engagée par des entreprises qui auront de nombreux avantages comme l’absence d’impôts ou des démarches administratives facilités. Ainsi Masdar est haut lieu intellectuel destiné à une élite de scientifiques et aura réellement comme but de faire des avancées concernant l’écologie. De ce fait il y aura une université spécialisée dans l’écologie. La cité prend aussi en compte la sécurité des personnes y habitants, le lieu se doit être un lieu prospère pour les familles et communautés y vivant, ce n’est donc pas juste un gigantesque centre de recherche mais également une ville où les gens mèneront leurs vie. Bien que Masdar 29
ne soit pas destiné à être une ville de loisirs et d’amusement, le divertissement ne sera pas laissé pour compte, des terrains de sports, centres de loisirs et magasins seront répartis dans la ville. Le confort des habitants n’a pas été négligé, la vie leur sera rendue plus agréable.
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3/Comparaison avec des modèles utopiques 3.1/The Social City de Ebenezer Howard 3.1.1/Le modèle urbain Ebenezer Howard est né le 19 janvier 1850 à Londres. Plus doué pour l’écriture que l’agriculture il devient sténographe, journaliste puis finalement rédacteur de rapports officiels au Parlement. Grâce à son emploi où il se familiarise avec les problèmes que rencontre le Parlement à cette époque, notamment le manque de logement et de travail, il va s’intéresser à l’urbanisme. Inspiré par cette expérience acquise au Parlement et lors des quelques années passées à Chicago, lors de la reconstruction après le grand incendie de 1871, il publie « Tomorrow : A peaceful Path to real Reform35 » qui signifie en français « Demain, une Voie Pacifiste vers la Réforme réelle ». Dans ce livre, il imagine une ville de banlieue qu’il appelle The Social City. Il s’agit d’une cité-jardin, concept qui a pour but de rapprocher l’homme et son environnement urbain de la nature. Cette cité a une forme circulaire d’une surface de 2'400 hectares. Elle est séparée en six parties égales ou quartiers contenant chacune une plus petite cité36 également circulaire toutes reliées entres elles et à un centre par six larges boulevards de 36 mètres chacun. Ces petites cités peuvent accueillir trente mille personnes et dans leur périphérie se trouvent des usines. Dans les espaces entre les petites villes se trouvent des champs où dix pour cent de la population travaille. La ville est ainsi complètement indépendante. En son centre37 se trouve un jardin de 2,2 hectares et autour de celui-ci se trouvent les bâtiments publics tels que l’hôtel de ville, des salles de concerts et de conférences, des théâtres, une bibliothèque, un musée, une galerie de peinture et un hôpital. A cet endroit se trouvent également les différents commerces et espaces de vente des produits provenant des usines. Sur la totalité de surface, un sixième seulement est construit et le reste est laissé aux espaces verts.
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EBENEZER, Howard, To-Morrow : A peacful Path to real Reform, Londres : Routeledge, 1898. « Demain: une Voie Pacifiste vers la Réforme Réelle » 36 Figure 10 37 Figure 11
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Figure 10. Plan d’une petite cité de la Social City d’Ebenezer Howard
Les habitations sont construites de manière à longer les boulevards et les voies de circulations où se forment des cercles autour des avenues. La Social City a en effet un système efficace de circulation avec des routes de différentes importances et des transports rapides. De plus, la ville est non-polluante car elle utilise des déchets organiques pour ses activités agricoles et l’électricité est utilisée pour les transports et dans l’industrie ce qui décharge l’air de la pollution provoquée par le charbon dont l’utilisation est alors très répandue. La Social City ne fut jamais réalisée en tant que telle mais Ebenezer Howard construit en 1903 un modèle de petite cité, composante de la « grande » cité. Conçue pour 35'000 personnes elle ne comptera que 15'000 après trente années d’existence.
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Figure 11. Plan d’une tranche du centre ville de la Social City d’Ebenezer Howard
3.1.2/Points de concordance avec Chandigarh et Masdar Premièrement la Social City, tout comme Chandigarh, est fonctionnelle. Les deux villes ont pour but de fournir à l’homme un logement et du travail. De plus, elles ont toutes les deux une organisation géométrique très précise. D’une part, le système de quartiers, de « petites cités » de la Social City ressemble très fortement aux « secteurs » corbuséens cherchant toutes deux à être le plus autonomes possible, en rapprochant géographiquement le plus possible ce qui est nécessaire à l’habitant. De plus, autant Howard comme Le Corbusier ont réalisé l’importance d’un bon système de routes dans le bon fonctionnement de la circulation et ce bien avant la popularisation des véhicules personnels. Les deux villes partagent également une certaine philosophie de « cité-jardin ». La nature bien que contrôlée par l’homme doit impérativement être présente. Ce dans le but de rapprocher l’homme de la nature sans l’éloigner des avantages qu’apporte la ville. Nous faisons allusion aux nombreux parcs et espaces verts de Chandigarh, ainsi qu’ aux champs agricoles et au parc du centre de la Social City, qui occupent une place capitale. La première similitude que l’on peut relever entre Masdar et la Social City est un certain aspect écologique. Bien que the Social City ait été pensée plus d’un siècle avant Masdar et qu’elle ne se veut pas en premier lieu une ville, la notion de l’écologie y est 33
présente. La cité imaginée par Ebenezer Howard fonctionne à l’électricité. Son industrie et ses transports sont alimentés par de l’électricité dans le but de décharger l’atmosphère de la pollution que provoque le charbon tout comme Masdar fonctionnant exclusivement à l’électricité y compris son réseau de transport en commun. De plus, la Social City utilise les déchets organiques dans l’agriculture. Masdar fait pareil avec ses eaux usées avec lesquelles elle irrigue ses cultures. De plus Masdar et la Social City sont toutes les deux autosuffisantes en ce qui concerne l’alimentation car elles possèdent des cultures agricoles.
3.1.3/Points de divergence avec Chandigarh et Masdar Le point de divergence principal qui ressort de la comparaison de Chandigarh avec la Social City est leur forme respective. En effet, Chandigarh est rectangulaire avec ses rues et routes parallèles, ses secteurs et ses maisons. Contrairement à la Social City qui est circulaire, de sa périphérie jusqu’à son centre ville en passant par les « petites-cités » et les routes en système de cercles concentriques. Comme Chandigarh, Masdar épouse une forme rectangulaire la distinguant bien de la circularité de la Social City.
3.1/France-Ville de Jules Verne 3.2.1/Le modèle urbain Jean-François Pascal Grousset, journaliste, écrivain et homme politique français est à la base de l’histoire qui a été par la suite remaniée par Jules Verne. Jules Verne est né le 8 février 1828 à Nantes dans le nord-ouest de la France. Il va d’abord suivre des études de droit, puis va petit à petit prendre goût à l’écriture. Il va se spécialiser dans les romans d’aventures et de science-fiction. En 1879, il publie les « Cinq cents millions de la Bégum38 », alors que dans le même temps les tensions franco-allemandes font rage concernant l’acquisition de l’Alsace et la Lorraine.
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VERNE, Jules, Les cinq cents millions de la Bégum, Paris : Ed. J. Hetzel, 1879. / Figure 12
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Figure 12. Page de couverture de « Cinq cents millions de la Bégum » par Léon Benett
L’histoire prend place en Angleterre. François Sarrasin, docteur français, apprend par un notaire anglais qu’il est l’héritier d’une fortune astronomique de 550 millions de Francs. Il décide alors d’utiliser l’argent afin de créer une ville modèle. Comme il ne s’agit pas d’une petite somme, la nouvelle se répand dans toute l’Europe telle une traînée de poudre, jusqu’aux oreilles du professeur allemand Schulze. Ce dernier voulant aussi sa part de l’héritage alors qu’il n’a aucun lien de parenté, va prétendre à l’héritage. La somme sera alors partagée en deux. France-Ville39 sera bâtie en Amérique et Sarrasin veut que son projet devienne une ville idéale qui repose sur les plus novatrices techniques en matière d’urbanisme et d’hygiène. Tandis que le professeur Schulze va construire une ville nommée Stahlstadt qui sera une véritable cité de l’acier et qui possèdera une gigantesque usine à canons. Marcel, le fiancé de la fille de François Sarrasin, travaillera comme ouvrier à Stahldstadt, puis va gravir les échelons jusqu’à devenir le confident du professeur Schulze qui lui avouera qu’il veut utiliser son canon afin de 39
Figure 13
35
détruire France-Ville. Quant au docteur Sarrasin, il veut faire de sa ville une cité idéale, en imposant des règles d’hygiène. La ville est construite au bord du Pacifique, son emplacement a été longuement étudié à l’aide d’études scientifiques afin de pouvoir jouir d’un cadre de vie idéal. La proximité avec l’Océan, une rivière qui se trouve très proche du site et une chaîne de montagnes qui arrête les vents rendent la vie plus plaisante. La ville avait été conçue avant même sa construction. Telle une ville nouvelle, les plans et les matériaux de construction avaient déjà été prévus. Les rues ont été imaginées à angles droits, avec des intervalles réguliers. Il existe 10 règles qui ont dirigé la construction de la ville. Le plus étonnant avec France-Ville est que malgré l’époque à laquelle le livre a été écrit (1879), le roman nous fait part d’idées nouvelles pour l’époque, quelques unes sont d’actualité. L’hygiène est à la base de tout dans la cité. Elle est indispensable au bon fonctionnement de la ville. Les briques sont ingénieusement placées de telle manière à laisser circuler l’air. Les chambres à coucher sont les endroits où l’on passe le plus de temps, mais les règles sont très strictes, elles ne doivent servir qu’au sommeil. L’éducation des enfants est très bonne, ils sont élevés afin d’être toujours propres. La moindre tache sur les habits provoque une sorte de déshonneur. Un réseau d’égouts a été mis sur pied et la nourriture est particulièrement surveillée de sorte à ne pas manger de la nourriture avariée. Malgré le peu d’hôpitaux que compte la ville, le taux de mortalité est faible. Ce dernier est étroitement lié aux règles d’hygiène. L’écriture du roman s’est faite en même temps que la découverte des microbes par Louis Pasteur, d’où ces restrictions sur la propreté. L’hygiène était une préoccupation importante en Europe aux XVIIIe et XIXe siècles. Le respect de l’environnement fait partie de l’étique de la ville, car la nature à un rôle important dans la cité. Par exemple, la hauteur des bâtiments ne doit pas dépasser deux étages afin de ne pas retenir l’air et la lumière. Les maisons sont relativement espacées les unes par rapport aux autres et chacune possède son jardin. Des arbres sont plantés un peu partout dans les rues ainsi qu’aux carrefours. Un système a été mis en place afin que les fumées soient dépouillées des particules de carbone qu’elles transportent, sans doute pour améliorer la qualité de l’air que les habitants respirent. 36
Pour vivre dans cette ville utopique, il existe certaines conditions, notamment être capable de travailler soit dans l’industrie, dans les sciences et les arts. Un respect des lois est aussi exigé et la ville refuse que des gens viennent y perdre leur temps et ne travaillent pas, elle ne peut le tolérer. Les décisions sont prises par la communauté des habitants, ainsi c’est une démocratie.
Figure 13. Illustrations de « Cinq cents millions de la Bégum » par Léon Benett, France-Ville est visible dans le deuxième plan
3.2.2/Points de concordance 3.2.2.1/Chandigarh Tout comme France-Ville, la construction de Chandigarh s’est faite à partir de certaines règles. Pour Chandigarh il s’agit bien sûr de l’application de la charte d’Athènes et pour France-Ville de 10 règles à respecter. Bien que l’époque ne soit pas la même, les deux proposent des idées novatrices pour leur époque. Toutes deux se soucient des mauvais effets de la pollution. L’importance de l’utilité que le Corbusier donne à ses pièces, l’est tout autant pour François Sarrasin qui, pour sa part, crée des murs afin de laisser l’air circuler. Dans les deux cas l’environnement et la nature sont respectés et ont une importance dans la ville elle37
même. Elles sont toutes les deux composées de jardins publics et d’arbres éparpillés sur l’entier de la ville. Il existe aussi un important espacement entre les bâtiments tout comme à Chandigarh. De plus, dans les deux sociétés, la politique et les affaires de la cité détient une grande importance dans la vie des habitants. Pour preuve à Chandigarh le complexe le plus imposant et important de la ville est le Capitole regroupant le Secrétariat, l’Assemblée et la Haute Cour. Pour la part de France-Ville les habitants se réunissent tous pour prendre les décisions de la ville, ce qui montre un intérêt collectif pour la politique et les affaires de la cité. De plus les personnes ne travaillant pas ne sont pas les bienvenus dans ces deux villes. Les pauvres et les mendiants sont chassés de la ville par les autorités à Chandigarh, de même qu’ils ne sont pas désirés à France-Ville.
3.2.2.2/Masdar Pour commencer, les deux cités ont pour but premier d’être considérées comme des modèles. L’hygiène est l’élément essentiel pour France-Ville, est aussi un point important pour Masdar. Le choix de l’emplacement a été longuement étudié dans les deux cas, afin de rendre le cadre de vie idéale et elles se trouvent toute les deux à proximité d’une mer ou d’un océan. Tout comme France-Ville, Masdar a été totalement planifiée. Le tracée des rues a lui aussi été étudié, afin qu’elles soient toutes à intervalle régulier les unes des autres. L’importance de la lumière est présente dans ces deux utopies, pour Masdar afin de produire de l’électricité à partir des panneaux solaires et pour France-Ville la hauteur des immeubles a été prise en compte de manière à de ne pas retenir les rayons du soleil. Ces deux utopies respectent la nature et l’environnement. Chacune d’entre elles tente, à sa manière, de ne pas polluer : France-Ville à l’aide de son système mis en place qui filtre les particules de carbone présentes dans la fumée grâce à des fourneaux spéciaux, dont on ignore le fonctionnement, et Masdar en ayant recours exclusivement à des énergies renouvelables afin de ne pas produire de Co2. Ces deux villes ne sont pas destinées à n’importe qui, elles privilégient les intellectuels et les scientifiques, elles sont donc destinées à une certaine élite de la société. De plus, les deux possèdent un lien avec l’argent, sans cet héritage, France-Ville n’aurait jamais pu être mise sur pied et Masdar comprend aussi d’importants moyens financiers. Les deux villes ne sont pas ouvertes à tous, il faut avoir un certain profil pour habiter dans ces deux cités. Masdar cherche à attirer des scientifiques et des chercheurs pas des touristes en quête de divertissement. De 38
même que France-Ville, qui cherche également des scientifiques en plus d’ouvriers et d’artistes mais qui n’est pas faite pour les gens venu passer du bon temps.
3.2.3/Points de divergence 3.2.3.1/Chandigarh En construisant Chandigarh, le Corbusier voulait avant tout rendre la ville à ses habitants, que chacun puisse y vivre, peu importe sa culture, son métier ou son sexe. Pour France-Ville c’est totalement l’opposé, il faut avoir les capacités de travailler dans certains domaines pour être accepté. De plus Chandigarh ne comprend pas de règles aussi restreintes qu'à France-Ville. L’hygiène était connue à l’époque de Le Corbusier, mais n’avait pas autant d’importance que chez Jules Verne, qui avait une réelle obsession de l’hygiène.
3.2.3.2/Masdar L’époque et le contexte de la construction des deux villes ne sont pas les mêmes. Premièrement une étant construite au XIXe siècle, France-Ville et l’autre au XXIe siècle, Masdar. En plus de leur époque différente, les raisons de leur construction sont très différentes. France-Ville, sans cette impressionnante somme héritée par François Sarrasin, n’aurait jamais vu le jour. Masdar a été créée afin d’être la première ville à ne pas polluer et non pas sur un coup de tête comme c’est le cas pour France-Ville. A cela viennent s’ajouter les mesures excessives, voire autoritaires qui sont propres à la ville de François Sarrasin. La ville ressemble plus à une maison de correction pour enfants, qu’à une ville pensant au bien-être comme le fait Masdar. L’utilisation de l’eau salée différencie aussi ces deux villes, pour la ville d’Abu Dhabi, l’eau est traitée afin de devenir potable, tandis que pour France-Ville, l’eau sert à nettoyer les rues.
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4/Conclusion Nous voici dans la dernière partie de notre travail sur les deux utopies du XXe et du XXIe siècle, Chandigarh et Masdar. Comme nous l’attendions, ce sujet s’est avéré fort enrichissant et nous a permis d’élargir nos connaissances. Dans la première partie de notre travail, nous nous sommes efforcés de présenter Le Corbusier et Norman Foster, de même que l’architecture, l’urbanisme et le modèle de société de chacune des villes conçues par ces architectes, tous en les replaçant dans leurs contextes historiques et géographiques. Ces descriptions englobant tout les aspects de chaque utopie, cela nous a permis d’acquérir une multitude de notions qui ont été primordiales pour la suite. Ensuite dans la dernière partie, nous avons comparé Chandigarh et Masdar avec les deux modèles utopiques The Social City et France-Ville. Cela nous a permis de voir en quoi ces deux villes pouvaient être considérées comme des utopies contemporaines, réalisée pour Chandigarh, ou en cours de réalisation pour Masdar. Un des buts de notre travail était de découvrir à quel modèle de société renvoyait chacune de ces utopies. Nous avons pu constater que Le Corbusier a apporté une nouvelle vision de la société au travers de la notion d’urbanisme fonctionnel. En rendant la vie urbaine des habitants plus simple il désirait produire une société heureuse avec, la modernité, un niveau de vie plus élevé ou encore la propreté. Malheureusement le rêve est entaché par la surpopulation de la ville. Pour être parfaite aurait-il dans doute dû prévoir l’accroissement de la population. Malgré cela la ville renvoie à une image de ville idéale en comparaison à certaines autres villes d’Inde. L’utopie de Chandigarh n’est donc réalisée que dans une certaine mesure, si on replace cette ville dans le contexte de l’Inde et si on la compare avec d’autres villes indiennes d’aujourd’hui. Quant à Masdar, future capitale du développement durable, sa préoccupation première n’est pas le bonheur immédiat de ses habitants mais celui de l’humanité dans le futur. Cela lui donne un aspect universel. Le but de sa société est de trouver des solutions pour éviter le drame écologique dans un cadre qui reflète ses convictions. Cette ville à l’ambition 40
d’accueillir une élite intellectuelle travaillant à la sauvegarde de la Terre. Il y a une réelle réflexion au sujet de cette ville et de ses enjeux, ce n’est pas qu’un projet mégalomane de plus aux Emirats Arabes Unis. Nous pensons que cette ville est l’utopie de ce siècle. Si ce projet se réalise, cet endroit sera à part du monde, un endroit unique décalé de notre époque, un paradis écologique du futur. Cette ville nous a permis d’observer les utopies d’une manière concrète, nous sentons plus les enjeux qui se cachent derrière une ville idéale. En effet, comme un Indien qui lors de la création de Chandigarh voyait dans cette ville l’avenir, nous pouvons voir le nôtre dans Masdar. Etant en construction, il nous est difficile de nous exprimer sur la réalisation possible ou non de l’utopie de Masdar. Pour l’instant la question reste ouverte, mais nous pensons qu’elle a de fortes chances d’aboutir grâce aux technologies modernes qui sont employées dans son élaboration. Nous avons été surpris de l’analogie que toutes les utopies étudiées présentaient entre elles, comme s’il existait une certaine constante dans la société idéale ou dans l’urbanisme. Nous aurions voulu étudier de manière approfondie ce point mais cela n’aurait été hors propos. Ce travail nous a fortement intéressé et nous a permis d’acquérir des notions sur les utopies urbaines et des connaissances sur des architectes, des lieux ou encore des évènements historiques majeurs comme la partition de l’Inde. Ainsi, les deux dimensions de l’espace et du temps, de la géographie et de l’histoire ont donc bien été au cœur de nos préoccupations pour l’analyse de ces deux utopies urbaines : Chandigarh et Masdar.
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5/Bibliographie BERGER, Patrick, La transformation de Chandigarh : 16 projets de l’atelier du professeur Patrick Berger, Lausanne : Ecole polytechnique fédérale de Lausanne ENAC – INTER section architecture, 2002. COHEN, Jean-Louis, Le Corbusier : La planète comme chantier, Paris : Éditions Zoé, 2005. DICTIONNAIRE DES UTOPIES, Paris : Larousse, 2006. PAPILLAULT, Rémi, Chandigarh, Paris : Cité de l’architecture et du patrimoine – IFA, 2007. SOMOGY EDITION D’ART, Brasilia, Chandigarh, Le Havre : portraits de ville, Paris : Somogy, 2007. BROUET, Anne-Muriel, « Abu Dhabi recycle l’argent du pétrole en une cité verte », in 24 Heures, 25 janvier 2008, p. 33. HEUMANN, Pierre, « Der nächste Goldrausch », in Die Weltwoche, n°4, 24 janvier 2008, pp. 30-31. Cellules
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HUBER, Daniel, « Abou Dhabi: rôle central dans le secteur de l’énergie », [en ligne], http://emagazine.creditsuisse.com/app/article/index.cfm?fuseaction=OpenArticle&aoid =203641&lang=FR, consulté le 7 octobre 2008. Le Corbusier et Chandigarh : Architecture des années 50, [en ligne], http://boomercafe.net/version2/index.php/Architecture-des-annees-50/Le-corbusier-etchandigarh.html, consulté le 13 février 2008. Masdar
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verte
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http://www.ledevoir.com/2008/01/22/172747.html#content, consulté le 8 octobre 2008. Ledevoir est un journal quotidien qui informe de l‘actualité mondiale. L’article est tiré du site Internet et nous donne quelques informations générales sur le projet Masdar. Masdar
projet
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ville
en
plein
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http://www.ecosources.info/Masdar-projet-de-ville-ecologique, consulté le 9 octobre 2008. Ecosources est un site regroupant différentes technologies d’énergies renouvelables. Dans cet article, l’aspect écologique du projet est essentiellement abordé Official Website of Chandigarh Administration [en ligne], http://chandigarh.nic.in/, consulté le 15 mai 2008. Il s’agit du site officiel de l’administration de Chandigarh. SENTIER, Bruno, « Abou Dhabi construit la première cité au monde 100% écolo », http://lewebpedagogique.com/bsentier/tag/masdar/, consulté le 13 février 2008. The Masdar Initiative, [en ligne], http://www.masdaruae.com/, consulté le 13 février 2008. Site officiel du projet Masdar. Wikipédia, [en ligne], http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil, consulté le 29 août 2008. Wikipédia est une encyclopédie que chacun peut consulter gratuitement et librement et même contribuer à l’amélioration de son contenu. Plus de 11 millions d’articles sont disponibles en plus de 250 langues différentes. 43
6/Table des illustrations Figure 1. Page 0
Le Corbusier, La Main ouverte http://www.mchampetier.com/sitephp/phpfr/coup_de_coeur_past.php?ID=31
Figure 2. Page 13
Carte historique de l’indépendance et de la partition de l’Inde http://www.atlas-historique.net/1945-1989/cartes/Inde1948.html
Figure 3. Page 15
Carte de l’Inde http://www.india-fr.com/images/infosU/carte1.gif
Figure 4. Page 16
La Haute Cour, Chandigarh http://www.flickr.com/photos/gb_p/1231002331/
Figure 5. Page 18
Plan de Chandigarh http://gbpihed.gov.in/envis/HTML/vol10_2/ysingh.htm
Figure 6. Page 21
Sculpture de la Main ouverte, symbole de Chandigarh http://inde.uniterre.com
Figure 7. Page 25
Carte des Emirats Arabes Unis http://www.bourse-des-voyages.com/com/images/cartes/
Figure 8.
Masdar, 1. Champ d’éoliennes, 2. Cultures, 3. Centre photovoltaïque, 4. Voies de circulations http://www.planetpinkngreen.com/2008/04/
Page 28
Page 29
Image de synthèse montrant l’intérieure de la ville, on notera les moyens de transports écologiques en haut à droite http://www.intelligenttravel.typepad.com/it/best_practices/index.html
Figure 10. Page 32
Plan d’une petite cité de la Social City d’Ebenezer Howard http://www.library.cornell.edu/Reps/DOCS/howard.htm
Figure 11. Page 33
Plan d’une tranche du centre ville de la Social City d’Ebenezer Howard http://www.library.cornell.edu/Reps/DOCS/howard.htm
Figure 12. Page 35
Page de couverture de « Cinq cents millions de la Bégum » par Léon Benett http://www.scribd.com/doc/3212245/Les-Cinq-Cents-Millions-de-la-Begum1878
Figure 13.
Illustrations de « Cinq cents millions de la Bégum » par Léon Benett, FranceVille est visible dans le deuxième plan http://www.scribd.com/doc/3212245/Les-Cinq-Cents-Millions-de-la-Begum1878
Figure 9.
Page 37
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