Revue de presse Lucrèce Borgia by Théâtre de la Croix-Rousse

LES fêtES nocturnES >

2014

château de grignan

LucrècE Borgia Victor Hugo Mise en scène david BoBée

04 75 91 83 65 chateaux.ladrome.fr

imprimerie Jalin - conception stéphane pascalis

CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL DE HAUTE-NORMANDIE

27 JUIN 14 Quotidien Paris OJD : 317225

14 BOULEVARD HAUSSMANN 75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00

Surface approx. (cm²) : 409 N° de page : 27

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CULTURE

Béatrice Dalle, Lucrèce en enfer CHRONIQUE Au château de Grignan, dans un environnement d'eau, de feu, de musique, la comédienne, très bien entourée, impose l'héroïne de Victor Hugo. LE THEATRE ^M

Armelle Hehot

ahelot ajef garofr blog lefigaro fr/theatre

fe cst une \ ci sion pleine dc J bruit et de fureur de ] u crete Bargia que propose David Bobee a Grignan pour les Fetes nocturnes qui deux mois durant accueillent un pu blic chaleureux et avide de decouvrir les œuvres Devant Id facade du célèbre eha leau Renaissance attache aux personnali tes de li comtesse de Grigmn et de si mere Madame de Se\ igné le metteur en scene s appuie sur une scénographie qu il a lui même conçue un grand bassin d eau noire sur laquelle sont poses quel ques pontons de bois cliir C est Venise bien sur ou debute I action maîs et on le comprend petit a petit e est I elu milefi que des poisons du sang noir I eau des cauchemars effrayants peuples de mons tres I eau sul laquelle oil ii a nulle prise et qui se tait ocean fantasmatique qui en gloutiri tout i la fin Aussi rien d étonnant que dans cette vision nocturne surgisse un fragment des Travailleurs de la mer C est une idée piofondemeiit cohérente qui ii a rien de fmole ou de gratuit Catheime Devvitt qui incarne une blonde Princesse Negro ni s idresse aux jeunes invites du bin quet et entame le récit du combat av ec la pieuvre Dramaturge et assistante aussi intelligente que bonne comédienne elle saisit I auditoire Elle est avec Lucrèce la seule femme dans un monde régi par les hommes Da vid Bobee le souligne II a choisi des gar cous d horizons fies divers Pierre dr tonnet Gennaro le fils maudit vient du clique de même Juan Rueda Apostolo Pierre Bolo Maffio vient de la danse comme Minus Boguibi Rustighello

GRIGNAN 7365560400503/XVR/ANR/1

Les comédiens évoluent dans un grand bassin d eau noire évocation d une Venise parcourue par un courant maléfique FRMC R Ceux qui se sont formes au theatre Ra douan Leflahi Jeppo, le frere d armes Mue Agbedjidji Oloferno Jerome Bi daux bien sur le terrible Gubetta de voue dans le mal a I ucrece Mickael Houllebrecque Aseanio sont aussi dans la prouesse physique Quant a Alain D Hiever Don Alphonse d Este I epoux de la vénéneuse Lucrèce il est musicien, connaît I art du clown maîs est aussi un tres fin interprète de Koltes ou Shakes peare David Bobee qui n aurait pas monte cette Lucrttt suis Beitrice Dille i construit une troupe athlétique Des gar cons qui ne craignent pas de s exténuer dans dcs courses folles dcs joutes les eclaboussures scintillantes de I eau I es siuts les cabrioles les envols tout i du

sens Rien n est jamais démons ti atif C est un opera tres noir soulevé par la voix piemnte de Butch McKoy piesent sur Ic plateau ll n cst jamais dans I illus tration, maîs amplifie et appiofondit les humeurs

De l'âme au texte On I a dit David Bobee a légèrement i e touche le chef d œuvre de \ictor Hugo que I on \ oit poui li quitrieme fois en un an et demi Rien qui puisse lasser Lumie res néon au nom de Borgii que Genniro mutile en <Orgia», mouvements d en semble cadres seri es confidences et cla meurs ens coups de feu (au heu du pol gnard) tout ici est donne dans un mouvement implacable Les \oix lege

rement soutenues par les micros eonseï vent leur grain Beatrice Dalle qui debute au theatre est tout a fait remarquable File a I auton tedujeu Elle snt son texte Elle lui donne de I ame Sa \erite sa sincérité sahnesse dans les nuances touchent Comme ses camarades elle ne craint pas I eau des naissances et des songes Elle est som e mine Et i li fm on pleure Lucrèce Sergio. Fetes nocturnes chateau de Grignan (26) jusqu au 23 aout Tel 04 75 91 83 65 Texte-programme L Avant-scène 12 € Et aussi Festival de la correspondance du 1e au 6 juillet a la Collégiale dont le thème sera «1914, entre Belle Epoque et guerre » Tel 0475465583

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culture

Dimanche 29 - Lundi 30 juin 2014

BéatriceDalleimposeuneLucrèceBorgia démoniaqueetémouvante La comédienne, qui, à 49ans, débute sur les planches, impressionne dans le rôle-titre de l’œuvre de Victor Hugo, mise en scène par David Bobee au Festival de Grignan

Grignan (Drôme)

arnassière, animale, belle et monstrueuse,blesséeet douce, dévorante et dévorée, voilà la Lucrèce Borgia de Béatrice Dalle. Au château de Grignan, dans la Drôme, cette nouvelle version, très attendue, de la pièce de Victor Hugo (la quatrième en quelques mois, après, notamment, celle que vient de signer Denis Podalydès au Français, avec Guillaume Gallienne dans le rôle-titre) a été jouée devant le public, mercredi 25 juin, justeavant que la première officielle, le 26, ne soit annulée, l’équipe ayant choisi de faire grève ce soirlà, dans le cadre du mouvement mené par les intermittents du spectacle. Quid de la suite ? Nul ne le sait vraiment, mais cette Lucrèce devraitêtre largement visible à Grignan jusqu’au 23 août, avant une longue tournée un peu partout en France la saison prochaine. Cette version, que signe le jeune (36 ans) metteur en scène David Bobee, est aussi opposée qu’il est possible à celle de la Comédie-Française : très rock, très physique, elle a déchaîné un fol enthousiasme dans le public. L’événement est évidemment ici que « la » Dalle, cette actrice absolument unique dans le paysage cinématographique hexagonal, y fasse ses débuts au théâtre, à 49 ans. Aller la chercher pour jouer Lucrèce était en soi un manifeste, qui dit bien la volonté de David Bobee de tisser son théâtre avec des éléments hétérogènes et exogènes, et de traduiredans un langage et des codes d’aujourd’hui le romantisme noir de Victor Hugo. Noires, et clapotantes, sont d’abord les eaux dans lesquelles la pièce se joue. Devant la magnifique façade Renaissance du château, qui peut aisément figurer les sombres palais du Moyen Age dans lesquels se noue le drame de Lucrèce, David Bobee a installé un vaste bassin rempli d’eau. Ce choix est au cœur de sa mise en scène, en faisant de cet élément aquatique à la fois le liquide amniotique dans lequel baignent – ou aimeraient baigner – les personnages, et un formidable terrain pour les jeux les plus enfantins et les plus violents. De l’enfance, de la jeunesse et une folle énergie, il y en a dans ce spectacle qui ne craint pas, d’abord, de jouer la pièce dans sa dimension première : le drame d’une femme, Lucrèce, prise dans la spirale du mal, et qui, soudain

Béatrice Dalle incarne Lucrèce Borgia, Pierre Cartonnet est Gennaro. CHRISTIAN GANET/ARTCOMART

confrontée à son fils caché et incestueux (fruit de ses amours avec son frère Jean Borgia), laisse se fissurer sa cuirasse maléfique. Comme le disait Victor Hugo : « Dans votre monstre, mettez une mère (...), et cette créature qui faisait peur fera pitié. » Et le drame d’un jeune homme, Gennaro, qui ne sait pas qui est sa mère, qui ne sait pas qui il est, et qui, au long de la pièce, pressent la vérité innommable tout en la refoulant.

David Bobee, comme à son habitude, mêle danssa distribution des acteurs venus d’horizons et de pays très divers L’esthétique de Hugo, qui prônait le mélange des genres, l’intrication du terrible et du bouffon, contre la pureté classique, trouve ici une traduction tout à fait contemporaine. David Bobee, comme à son habitude, mêle dans sa distribution des acteurs venus d’horizons et de pays très divers. Black, Beurs et Latinos, les jeunes chevaliers de Venise, compagnons de Gennaro, pour beaucoup venus du cirque ou de la danse, composent un bataillon hyperphysique et séduisant, qui se jette à corps perdu, sans barguigner, dans cette eau noire et froide – dans ces eaux glacées du calcul machiavélique du temps des Borgia. Venu du cir-

que également (il travaille notamment avec Aurélien Bory), Pierre Cartonnet, qui fait penser au Denis Lavant des débuts, est un Gennaro magnifiquement concret, sensuel et poétique, qui cherche dans le liquide insondable et fœtal les oripeaux de son identité. Jérôme Bidaux, éblouissant Gubetta, chez qui la jouissance du mal ne se départ jamais de la mélancolie la plus noire, et Alain d’Haeyer, Don Alphonse d’Este à la fois implacable et fragile, viennent eux d’un univers théâtral plus classique, même s’il s’agit de celui d’Eric Lacascade. Au milieu d’eux, Béatrice Dalle est un ovni plus étrange encore. Vêtue d’une longue robe noire, la silhouette sérieusement arrondie, évoquant toutes ces femmes méditerranéennes liées à la tragédie, l’actrice est certes fragile, sur le plan de la technique théâtrale, et on la sentait, lors de ces premières représentations, un peu paralysée par le désir de bien faire. Mais son naturel si singulier devrait reprendre le dessus avec le temps, et son physique superlatif, sa présence monstre imposent déjà une Lucrèce démoniaque et émouvante – un fauve blessé tassé dans l’eau sombre qui la cerne de toutes parts. Mais l’exploit est surtout que tout ce monde arrive à jouer ensemble, et que la pièce s’entende aussi bien, dans toutes les résonances qu’elle peut avoir pour aujourd’hui. L’orgie théâtrale et aquatique orchestrée par David Bobee regonfle à bloc le vieil Hugo

GALERIES Hélène Delprat Galerie Christophe Gaillard

Voilà près de vingt ans qu’Hélène Delprat avait décidé de ne plus montrer sa peinture, pour se concentrer sur ses films joliment absurdes. Sa réapparition en tant que peintre produit un effet d’autant plus saisissant que ses toiles sont à nulles autres pareilles. Miraculées de contes de fées ou de métamorphoses empruntées à Ovide, inspirées par la littérature fantastique autant que par Pasolini, elles sont constellées d’un or viennois des plus dérangeants, ou chargées de lucioles et de fantômes surgissant sur fond noir. D’étranges êtres parcourent ces paysages un brin nabi aussi. Aucune de ces apparitions n’est kitsch ou décorative : le risque est dégoupillé par l’humour de cette grande dame qui opère à froid, et qui joue un rôle magnifique dans ses titres. Par la superbe de chaque image, aussi. Hélène

Delprat est née en 1957, mais sa peinture est plus revigorante et singulière que celles de cent jeunes artistes. Elle expose aussi jus-

Fair is Foul and Foul is Fair, Hélène Delprat. Galerie Christophe Gaillard, 12, rue de Thorigny, Paris 3e. Tél. : 01-42-78-49-16. Du mardi au vendredi de 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 heures à 19 heures, samedi de 12 heures à19 heures. Jusqu’au 26 juillet. Galeriegaillard.com

Jacques Villeglé Galerie Vallois

« Le Portrait corrompu ». REBECCA FANUELE/GAL. CHRISTOPHE GAILALRD

qu’au 20 juillet à la maison d’art Bernard Anthonioz de NogentSur-Marne (Val-de-Marne). p Emmanuelle Lequeux

Toujours vaillant, Jacques Villeglé rencontre ici un autre flâneur superbe qui l’a précédé de quelques années dans les rues de Paris : Brassaï. Ce dernier n’est pas invité en photographe de la nuit, mais en chasseur de graffitis. Avec ces reliefs capturés en noir et blanc, dialoguent une multitude de graffitis politiques arrachés par le dernier grand du Nouveau Réalisme à l’indifférence de la rue. p E. Le. Graffitis politiques, 1962-1991, Jacques Villeglé. Galerie Vallois, 36, rue de Seine, Paris 6e. Tél. : 01-46-34-61-07. Jusqu’au 19 juillet. Galerie-Vallois.com

INSTANTANÉ THÉÂTRE

Blanche-Neige et les sept moines lubriques Au moment où l’on voit la Reine, copie brune de Mylène Farmer en guêpière et bas noirs, agripper le chasseur et le chevaucher avec ardeur, on comprend que cette version de Blanche-Neige sera fort éloignée du conte des frères Grimm. Nul nain, d’ailleurs, sur le plateau du Théâtre Monfort à Paris où se joue, jusqu’au dimanche 29 juin, cette curiosité artistique mise en scène par Olivier Couder et chorégraphiée par Kaori Ito, mais des moines frétillants et lubriques aux physionomies et à la gestuelle aussi étranges que leurs discours. Blanche-Neige non plus n’a guère à voir avec la jeune fille naïve dessinée par Disney : la délicieuse délurée enverra valser le Prince pour épouser le chasseur, convoité par sa belle-mère… Au croisement du théâtre, du cirque et de la comédie musicale, cette adaptation du conte a été écrite par Gilles Roland-Manuel, psychiatre de métier et passionné d’opéra, pour la huitième édition du Festival du Futur composé qu’il préside. Comme son précédent livret, Les Amants de Séville, opéra-bouffe donné en 2012 à

Théâtre

qui, après tout, appelle un théâtre populaire, physique et émotionnel plus qu’un art trop convenable. p Fabienne Darge Lucrèce Borgia, de Victor Hugo. Mise en scène : David Bobee. Château de Grignan (Drôme). Tél. : 04-75-91-83-65. Du mardi au samedi à 21 heures, jusqu’au 23 août. De 14 ¤ à 20 ¤. Durée : 2 h 30.

Monfort, il a conçu cette pièce spécialement pour ses patients, des filles et des garçons autistes ou souffrant d’autres handicaps mentaux. Un travail de titan dans lequel se sont investis aussi leurs éducateurs, qui n’a pas de but thérapeutique, mais vise à modifier le regard des autres, à lever les préjugés, et à sortir ces jeunes de l’isolement. Le pas de côté que Gilles RolandManuel s’est appliqué à faire en distordant le conte correspond bien au décalage de ces jeunes par rapport à la « norme ». Sur la scène du Théâtre Monfort, ils sont trente-cinq, issus de différentes institutions avec lesquelles travaille le médecin (et pour certains comédiens professionnels de la troupe du Théâtre du Cristal), les rôles de Blanche-Neige, du Prince et de la Reine étant tenus par des artistes non atteints de troubles psychiatriques. Leur application, leur sincérité, leur énergie, la joie qu’expriment autant leurs visages que leurs corps, donnent à ce spectacle burlesque une force émotionnelle rare. p Sylvie Kerviel

Disparition Le chanteur de soul américain Bobby Womack est mort à 70 ans Bobby Womack, est mort vendredi 27 juin à l’âge de 70 ans, a annoncé le magazine Rolling Stone. Auteur de nombreux morceaux de R & B, il avait commencé à chanter avec ses frères dans les années 1950 puis avec le groupe The Valentinos. Il avait notamment écrit des chansons et joué de la guitare pour Aretha Franklin ou Wilson Pickett. En 2012, il avait fait son retour avec l’album The Bravest Man in the Universe et devait faire une tournée en Europe en juillet. – (AFP.)

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30 JUIN 14 Quotidien Paris OJD : 122744 Surface approx. (cm²) : 227 N° de page : 11

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« Lucrèce Borgia » à Grignan : apocalypse Hugo Philippe Chevilly

THEATRE

pchevilley@lesechos.fr

Lucrèce Borgia de Victor Hugo Mise en scène : David Bobée. Fêtes Nocturnes de Grignan (04 75 91 83 65). Jusqu'au 23 août. Puis tournée (MAC Créteil, etc.)

Un déluge d'eau et de lumières, du rock, des soldats qui dansent et font la roue. Le Chàteau de Grignan a la tête en feu et les pieds mouillés : le « Lucrèce Borgia » pop de David Bobée, avec Béatrice Dalle en pieuvre noire, a rendu sa jeunesse à Victor Hugo. Le public grignanais, de cette avant-première des Fêtes Nocturnes (*) exulte. Toute la pièce se joue dans un grand bassin surplombé d'estrades, tour à tour embarcadères, radeaux à la dérive, cercueils... La jeune garde vénitienne entre en scène comme un ouragan, fend le flot de la « lagune » et s'éclabousse. Lejeune Gennaro - le fils caché de Lucrèce - est parmi eux. D'emblée, Bobée fait de cette joyeuse armada de comédiens-circassiens virtuoses un élément clef du spectacle : Noir, Blanc, Arabe ou Latino, ils sont le reflet éclatant d'une jeunesse vaillante, désarmée par la corruption du monde.

Dalle, reine et monstre L'entréede« la »Dalleestunmomentdegrâce. Dans sa robe sombre, avançant à pas de louve, elle impose d'emblée sa présence magnétique. Elle est reine, elle est monstre, elle est mère et on l'aime à la première seconde. Gennaro, l'amour de sa vie, à qui elle avouera dans son dernier souffle qu'elle est sa mère, est son double inversé : ange de vertu, fragile et beau

(Pierre Cartonnet, une révélation). Incarnant Gubetta, l'âme damnée de Lucrèce, Jérôme Bideaux joue à merveille le dandy des ténèbres. Le metteur en scène dirige ses acteurs avec justesse : sans gommer le lyrisme hugolien, il le rend contemporain -lesjeunes, Gennaro/Cartonnet en tête, adoptent ainsi un phrasé urbain. L'orgie chez La Negroni, qui à l'instigation de Lucrèce, va empoisonner toute la soldatesque, est le morceau de bravoure du spectacle : acrobaties, danse hip-hop. Tandis que La Negroni (Catherine Dewitt) raconte le combat de l'homme et de la pieuvre (un rajout judicieux tire des « Travailleurs de la mer ») l'ambiance vire au psychédélique, portée par les chants folk-grunge de Butch McKoy. Les murs du château s'embrasent d'or et de couleurs, puis virent au rouge de la mort. Cest « Apocalypse Hugo »... Lucrèce/Béatrice revient fêter son crime, se jette sur les mourants comme une goule, avant de découvrir Gennaro parmi les victimes. Malgré ses suppliques, il l'abat de plusieurs coups de feu. Avant de succomber à son tour, il la rejoint pour une dernière étreinte. L'ange et le démon ne font plus qu'un, drôle de monstre marin flottant sur les eaux du Styx. Le souffle ardent de cet Hugo « pop » aura fait oublier le mistral. (*) La première, jeudi 26, a été annulée en solidarité avec les intermittents.

Pierre Cartonnet, une révélation dans le rôle dè Gennaro, et Béatrice Dalle, magnifique Lucrèce, qui impose dès la première seconde sa présence magnétique. Photo F. Rey GRIGNAN 6029760400503/GOP/AHR/1

La Lucrèce Borgia endiablée de David Bobée 26 juin 2014

photo Françis Rey Avec ce début d’été pesant, la création de David Bobée aux Fêtes Nocturnes de Grignan justifie tout l’espoir que l’on porte dans le théâtre et dans le combat actuel sur l’intermittence. Ce spectacle fédère les publics. Sa « Lucrèce Borgia » est décapante et imaginative. Le début de la pièce se déroule à Venise, dans la lagune, alors le metteur en scène David Bobée a fait construire un immense bassin devant le château. Pendant deux heures et demie, les comédiens s’y jettent à corps perdu. Les corps magnifiquement sculptés des garçons s’y dénudent et s’entrechoquent. Cette lagune vénitienne est endiablée et sexy. Et lorsque Lucrèce arrive, les garçons ne la ménagent pas. Béatrice Dalle est éclaboussée, jetée par terre. La comédienne est d’une grande justesse dès les premiers mots, son phrasé est assuré, elle dégage tout de suite une grande émotion. David Bobée a construit le spectacle autour de sa personnalité et elle se révèle être une grande comédienne de théâtre. Le pari est réussi. Elle est généreuse et appliquée. photo Françis Rey La grande révélation de la pièce est le jeune Pierre Cartonnet. Il incarne Gennaro, le fils de Lucrèce. Formé à l’école Nationale de Cirque de Rosny-Sous-Bois, il a suivi pendant un an la formation de l’EPSAD à Lille. Il travaille avec Aurélien Bory et a déjà été distribué dans d’autres spectacles de David Bobée. Il donne de l’ampleur et de la puissance au rôle de Gennaro, trop souvent négligé dans les mises en scène de la pièce. Il se révèle être un « vrai Borgia ». Les images sont somptueuses. Le bal chez La Négroni est de toute beauté. Les garçons arrivent en robe trainant dans l’eau. Chacun exécute un petit numéro sur le ponton car comme souvent dans les spectacles de David Bobée, les comédiens viennent de différentes familles artistiques. Il y a des circassiens, des danseurs (on aime le hip-hopeur Pierre Bolo), des musiciens. Ce mélange donne une troupe hétéroclite, le jeu s’en ressent un peu par moment, mais tout cela est balayé par l’énergie et la générosité. Et au diable les conventions, c’est le bonheur avant tout qui doit gagner le théâtre. Et c’est le cas ici. Le public ne s’y trompe pas. Il aime, il applaudit pendant le spectacle et ne se soucie guère des codes. Le spectacle de David Bobée est populaire, respectueux de l’œuvre de Hugo et totalement en prise avec notre époque. Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

Événement : Lucrèce Borgia de Victor Hugo au château de Grignan Publié le 27 juin 2014 | Par Laurent Schteiner Pour leur édition 2014, les fêtes nocturnes au château de Grignan nous proposent un événement de toute beauté, Lucrèce Borgia de Victor Hugo dans une mise en scène de David Bobée. Ce spectacle s’inscrit dans le cadre de ce festival qui se déroule tout l’été jusqu’au 23 août 2014. Face au château dans ce cadre magnifique, cette œuvre classique prend toutes les allures d’une superproduction. Le choix de Béatrice Dalle s’est imposé naturellement à David Bobée tant ses qualités artistiques épousent à merveille les contours d’une Lucrèce si puissante et si fragile à la fois. David Bobée a choisi de présenter pour cette tragédie une suite de tableaux magnifiques qui s’enchainent au son d’une musique folk ensorcelante interprétée par Butch McKoy. La scène caractérisée par une pièce d’eau s surmontée d’un ponton escamotable constitue le point d’orgue d’une déclinaison de scénographies originales. Les comédiens composant la joyeuse troupe de Gennaro disposent tous d’une forte présente scénique. Certains sont danseurs ou acrobates et complètent habilement ce dispositif artistique. Les mouvements chorégraphiés (hip hop…) au cœur de l’action confèrent un ensemble de couleurs qui enrichissent l’œuvre. Le jeu subtil des lumières qui inondent les scènes soulignent avec une belle esthétique les tableaux qui se succèdent. La présence permanente de l’eau dans cette pièce correspond à une symbolique forte assurant la souillure, la purification, la violence ou encore la frustration. Au travers d’images cinématographiques fortes, David Bobée pousse les personnages au maximum. C’est ainsi que sous forme de délires hallucinatoires, il présente aux spectateurs des fins de scène improbables (baiser volé de Lucrèce à Gennaro ou encore Lucrèce dévorant ses compagnons d’arme en train de mourir). Des scènes qu’un David Cronenberg n’aurait pas reniées.

Ce spectacle met en lumière, une comédienne, Béatrice Dalle dont la personnalité colle parfaitement au personnage complexe de Lucrèce Borgia. Une femme machiavélique et sanguinaire qui tente, dans une ultime rédemption, de toucher une parcelle d’humanité. Une pureté qu’elle ne pourra atteindre sans se détruire. Parmi les comédiens, tous excellents, saluons le jeu subtil de Jérôme Bidaux ainsi que la performance de Béatrice Dalle qui, avec sa force mais aussi sa fragilité, nous offre une Lucrèce très convaincante ! Laurent Schteiner

Critique • « Lucrèce Borgia » par David Bobée au Château de Grignan juin 28, 2014 | ƒƒƒ critique Denis Sanglard Voilà une immense actrice, de celle des monstres sacrés, qui vous avoue avec franchise, avec humilité même, ne rien connaître au théâtre et qui sur le plateau se révèle être absolument bouleversante, dessinant un personnage à rebours de l’image attendue, bousculant même nos certitudes imbéciles. Béatrice Dalle ne joue pas son rôle, elle le vit, avec un instinct incroyable qui lui fait trouver d’emblée la note juste et réinventer un personnage dont on croyait naïvement connaître toutes les facettes. David Bobée ne s’y est pas trompé qui lui a confié le rôle. Ces deux-là forment un couple amoureusement liés autour de ce projet, Lucrèce Borgia. C’est une rencontre rare, attentionnée, amoureuse. Oui, osons le mot. David Bobée a trouvé en Béatrice Dalle une muse, de celle qui vous transporte et vous donne tout sans réserve. Au-delà des espérances attendues. Cette création généreuse vous frappe par son intelligence et sa cohésion et vous coupe le souffle. Cette Lucrèce-là est une femme déchirée, à bout de tout, au bout d’elle-même. Loin d’être le monstre attendu c’est une femme fatiguée de vivre, comme lui hurle Gennaro lors de leurs derniers instants, une confrontation à la violence désespérée. Fatiguée de vivre, fatiguée d’elle-même, de cette image trouble que renvoie incessamment le reflet du miroir d’eau dans lequel elle agonisera, loque lourde et empesée dans sa robe gorgée d’eau, sans plus aucune force ni volonté, transie de froid, transie d’effroi devant l’aveu impossible, acceptant la mort. Cette dernière image où Béatrice Dalle amène son personnage aux confins de ce qu’il est possible de faire est tout à la fois terrifiante et sublime de théâtralité exacerbée. Béatrice Dalle ne fait pas de Lucrèce un monstre. C’est le regard porté sur elle qui est monstrueux. Le monstre, c’est nous. Nous qui le fabriquons. Lucrèce Borgia nous renvoie à nous-mêmes et à notre jugement. Béatrice Dalle, c’est avant tout une présence. Ce n’est pas tant ce qu’elle offre sur le plateau qui est fascinant mais ce qui sous-tend cette présence et nourrit son personnage. Oui, elle est Lucrèce Borgia, jusque dans ses failles et dans cette hésitation qui la voit encore – c’était une avant-première – sur la réserve. Pas de forfanterie dans cette assertion. Elle ne triche pas et se donne en confiance avec ses pleins et ses déliés, sa force et ses fragilités. C’est une Lucrèce fragile, sensible et libre, dépouillée de tout affect. Mais capable de hurler encore, à découvert, louve blessée et vengeresse. C’est une Lucrèce Borgia inattendue qui vous renverse tout net parce qu’elle n’est pas dans l’image du monstre mais dans sa fin et son rachat.

David Bobée signe une mise en scène formidable de dynamisme et d’inventivité, de générosité, une mise en scène moderne et très physique, très rock et multiculturelle. Une mise en scène d’une grande cohérence, tout à la fois épurée, âpre, râpeuse et sensuelle, visuellement superbe. On connaît son goût de la théâtralité, du théâtre populaire, son habileté à mélanger les disciplines scéniques. Les comédiens sont circassiens et danseurs, acrobates, blancs, métis, noirs. C’est toute l’originalité et la force de cette création. Sa beauté métissée furieusement moderne. Devant la façade renaissance du château de Grignan, un vaste plan d’eau et quelques pontons de bois. Venise bien sûr, au début du moins. Mais cette eau, ce miroir dans lequel se reflètent les personnages, doubles inversés et troublés, devient un élément dramaturgique qui détermine la mise en scène et dans un final éblouissant, telle le styx, achève d’engloutir les personnages. Cette eau noire deviendra pourpre, lac de sang, à l’instant du dernier meurtre, de l’agonie de Lucrèce Borgia. Elle empèse les costumes, entrave les personnages, éclabousse de sang ou de larme, on ne sait, leur âme damnée. Projetée, elle devient gifle qui claque, affront. On s’y bat, on s’y noie, on y meurt. C’est un lac de larmes et de sang. Élément onirique et psychanalytique, c’est un décor ouvert à toute interprétation qui donne une impression de flottement, d’apesanteur, où rien jamais ne peut être stable, où ce qui est reflété et tremblant peut disparaître, s’effacer, être englouti. Pari osé et réussi parce que ce décor mouvant est incroyablement vivant, organique, et génère des images qui prennent et donnent un sens nouveau à ce drame romantique. Et ce romantisme-là, David Bobée l’exacerbe à fond. La touche de modernité, ce côté rock et blues, ne donne que plus d’acuité aux sentiments éprouvés, à la violence intrinsèque du drame. Les compagnons de Gennaro, comédiens sculpturaux, il faut le dire, sont au diapason de cette mise en scène très physique. Ils ne forment qu’un seul corps. Une bande, une troupe unie. Une meute. Ils sont fluides, formidablement mobiles et rapides dans ce décor qu’ils épousent et dont ils se jouent avec maestria. Et c’est vrai qu’ils sont troublants, à l’image de Gennaro (Pierre Cartonnet) ce qui jette sur la relation entre Lucrèce et lui une ambiguïté que David Bobée n’élude pas et affirme en deux scènes. Il suffit d’un manteau alourdi d’eau, celui de Lucrèce, pour creuser un lit d’enfant, épouser le corps d’un amant et devenir le suaire qui recouvrira le fils. Ce sont des images comme celles-ci qui font la force de cette création. Pierre Cartonnet est un Gennaro d’une puissance phénoménale. Tout d’un bloc, au commencement, le doute qui l’assaille le voit s’effondrer et glisser lentement vers une folie qui lentement l’engloutit. Loin de l’archétype du jeune premier solaire, c’est un personnage sombre, tout en nuance et contradiction. Pierre Cartonnet est tout entier, absolu, dans son personnage. Tous les comédiens ont ici cette appétence, cette disponibilité entière dans leur rôle. C’est aussi une des réussites de ce spectacle. Le bal chez La Négroni et sa fin tragique, étirée comme un polar, devient une fresque élisabéthaine ou les comédiens travestis dansent sur Agnès Obel une sarabande bientôt mortuaire. Catherine Dewitt, vénéneuse, est La Négroni. David Bobée et elle ont cette intuition géniale d’ajouter au texte de Victor Hugo un extrait des Travailleurs de la mer: La Pieuvre qui ouvre le dernier tableau. Ce texte est une des clefs pour comprendre Lucrèce Borgia, la cerner au plus près. Cela donne un éclairage violent sur un personnage qui n’est plus que l’ombre de lui-même. L’intelligence intuitive de Béatrice Dalle est justement d’avoir su jouer Lucrèce Borgia dans la prémonition de sa fin annoncée. De l’avoir interprétée non dans ce qu’elle est, ou perçue comme telle, un monstre, mais dans ce qu’elle aurait rêvé d’être, ce qu’elle aurait été sans doute – « je n’étais pas faite pour faire le mal. » –, ce qu’elle est sûrement au fond d’elle-même et que la maternité révèle. Mais ce rêve s’avère être un cauchemar poisseux.

WEEK-END // 09

Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 juin 2014

RENCONTRE

Les Fêtes nocturnes 2014 au château de Grignan.

« Lucrèce Borgia », de Victor Hugo, mise en scène David Bobée, avec Béatrice Dalle, Pierre Cartonnet, Alain D’Haeyer, jusqu’au 23 août. Photos DR ; Arnaud Bertereau - Agence Mona

SES DATES

1964 naissance à Brest. 1980 départ du Mans pour Paris. 1985 Photo pour « Paris Match ». Rencontre avec Dominique Besnehard. 1986 Premier film, « 37°2, le matin » de Jean-Jacques Beineix. 1990 « Night on Earth » de Jim Jarmusch. « La Vengeance d’une femme » de Jacques Doillon. 2001 « Trouble Every Day » de Claire Denis. 2002 « Le Temps du loup » de Michael Haneke. 2012 « Bye Bye blondie » de Virginie Despentes. 2014 Premier rôle au théâtre : « Lucrèce Biorgia ».

Richard Aujard

L’actrice culte monte sur les planches. Pour jouer le rôle de Lucrèce Borgia, dirigée par le jeune metteur en scène rock ’n’ roll David Bobée dans le contexte explosif du conflit des intermittents et malgré l’annulation de la première. Par Philippe Chevilley

Béatrice Dalle, Lucrèce in love L e Café Français, place de la Bastille, somnole en ce matin de mai. Quand Béatrice Dalle paraît, tout s’anime : la lumière semble plus intense, les voix, les bruits plus joyeux. L’actrice, tout de noir vêtue, fait de l’effet au premier regard – une « star », mais proche, visiblement heureuse d’être tombée sur la planète terre. La conversation est d’emblée intime, chaleureuse – la distance, ce n’est pas son truc. Et puis elle a des choses à raconter : Béatrice est intarissable sur sa nouvelle aventure, le théâtre. Pas un coup monté pour relancer sa carrière, mais le fruit d’une vraie rencontre – c’est toujours ce qui l’a motivée dans son travail – avec un espoir de nos scènes : David Bobée. LejeunedirecteurduCDNdeHaute-Normandie la contacte, le courant passe. « J’ai vu ses spectacles : “Roméo et Juliette”, “Métamorphosis”, une vraie claque ! » Du coup, peu importe la pièce et le rôle proposés, elle veut travailler avec lui. Depuis son premier film avec Beineix en 1986 « 37°2, le matin », elle a toujours fonctionné ainsi : « Je ne lis paslesscénarios,c’estlapersonnedumetteur en scène qui me décide à faire un film. » Le théâtre, elle y pensait depuis longtemps, grâce au cinéma – en voyant « Médée » de Pasolini ou « Macbeth » d’Orson Welles. Mais « si je n’avais pas rencontré David, je n’aurai jamais franchi le cap ». Un sacré cap : pendant plus d’un mois en plein air aux Nuits de Grignan, puis une longue tournée en France, elle doit incarner l’héroïne sulfureuse et tragique de Victor Hugo, très en vogue cette saison

dans nos théâtres : Lucrèce Borgia. Se sent-elle bien dans le rôle ? « Lucrèce, ça me va mieux que Candy, non ? » plaisante-telle. « Il n’y a rien qui me dérange chez elle. Elle me ressemble, parce qu’elle n’est pas ce qu’elle paraît être. Même le penchant incestueux pour son fils ne me gêne pas. Tant qu’il y a de l’amour. »

Que de l’amour David Bobée, pour elle, c’est sûr, « ce n’est que de l’amour. Intransigeant dans le travail, mais adorable, toujours à l’écoute ». Quant à la langue d’Hugo, même si elle lui donne un peu de fil à retordre – « l’impression de retourner à l’école, en apprenant mon texte » – elle l’apprécie énormément. « C’est une belle langue, poétique. On parle tellement mal de nos jours. » Elle ne voit rien de désuet dans la pièce d’Hugo, transcendée par une mise en scène « moderne, très sex, très punk ». L’actrice évolue dans l’eau, irradiée par des éclairages rouges et violents, sur fond de musique rock jouée en live… A la fin, elle meurt non d’un coup de dague, mais de sept coups de fusil. Même l’ultime réplique impossible de la pièce, où Lucrèce dans un dernier souffle avoue au jeune Gennaro qu’elle est sa mère, ne l’effraie pas – si ce n’est que ça la vieillit un peu : « Je préférerais dire : je suis ta sœur ! » Quant à la proximité du public, elle n’y pense pas trop : « Il y avait du monde aux répétitions, ça m’a servi de sas… » Depuis tant d’années, elle crève l’écran, il n’y a aucune raison pour qu’elle ne brûle pas les planches… Malgré les 110 dates prévues, Béatrice ne craint pas la lassitude. D’abord,

OFF Votre addiction du week-end ? Je ne peux pas vous en parler… C’est privé ! Une musique pour vous mettre en transe le lundi ? Selon l’humeur, « Holidays in Cambodia » des Dead Kennedys, ou le « Lacrimosa » du requiem de Mozart. Le chef-d’œuvre qui vous endort ? Si c’est un chef-d’œuvre, c’est pour de bonnes raisons. Je n’aurai pas la prétention de décréter qu’il m’ennuie ! La pièce honteuse de votre vestiaire ? Il n’y en a pas. Je ne prête pas attention aux vêtements que je porte. Et si j’avais honte d’un truc que j’ai porté, je n’en parlerais pas. Je préfère mettre en avant mes avantages que mes défauts.

« le spectacle est très différent selon qu’il est joué dans un théâtre ou en plein air. » Et puis, elle aime « l’idée de tournée : vivre en dehors de chez soi, loger dans des hôtels ou dans une grande maison avec l’équipe ». Elle se sent très à l’aise avec ces jeunes gens venus de tous les horizons – cirque, danse, musique – souvent novices en matière de théâtre (comme elle) et de toutes les origines : « Afrique, Amérique du Sud, à l’image des enfants français d’aujourd’hui. » Ils sont très festifs, mais Béatrice Dalle est souvent la plus enthousiaste : « Je suis la pom-pom girl de David Bobée ! » Et oui, ça étonne : « On me voit comme une fille ingérable. Quand j’arrive sur un plateau de cinéma, tout le monde est flippé… et pourtant, dans le boulot, je suis un soldat, j’obéis à mon “patron”. » Sa considération pour Bobée l’homme de théâtre est à l’avenant : « Il est notre chef d’orchestre, nous sommes ses instruments. » Le jeune dramaturge lui a inoculé la passion du théâtre. Mais une passion exclusive. « Désormais, je ne veux faire du théâtre qu’avec lui. » Pendant sa tournée, l’actrice ne va pas abandonner le cinéma : trois tournages sont prévus. Trois films qui vont s’ajouter à son impressionnante filmographie : cinquante longs-métrages, avec des réalisateurs inconnus qui l’ont convaincue au feeling, mais aussi des grands noms comme Beineix, Doillon, Jarmusch, Haneke, Ferrara, Lelouch, Assayas, Honoré. « Trouble Everyday » de Claire Denis, « Bye Bye Blondie » de Virginie Despentes sont parmi les films qui l’ont le plus marquée. Les cinéastes avec lesquels elle rêverait de tourner ? Des morts principalement : « Pasolini, Bergman. » Côté vivants, elle ne dirait pas non à des trublions comme Sacha Baron Cohen ou Johnny Knoxville, le créateur de la série « Jackass » – le goût du contraste ! Béatrice Dalle est donc une bosseuse. On l’oublie, parce qu’elle a le don de faire parler d’elle malgré elle – pour tout autre chose que son art. Son caractère débridé, son aura d’icône underground sont une aubaine pour les médias. « Je me suis retrouvée en vedette au 20 Heures pour des histoires de came, au milieu d’une actualité beaucoup plus importante… » L’actrice ne nie pas ses dérapages, mais relativise : « Je n’ai fait de mal à personne, je n’ai jamais fait l’apologie de la drogue, je me suis défoncée, j’ai joué, j’ai perdu. »

Punk un jour, punk toujours Elle ne renie pas pour autant aujourd’hui son côté punk. « J’ai quitté Le Mans et ma famille à quinze ans pour voir les Dead Kennedys à Paris et je n’en suis jamais revenue. » Elle écoute encore leur musique, mais adore veiller la nuit en compagnie de Mozart, de Vivaldi ou de Schubert. « Je m’endors avec des morts, pas de quoi rendre jaloux mon fiancé. » Béatrice Dalle le confie au passage, elle aime à nouveau… Fini la galère avec le précédent (le prisonnier rencontré il y a une dizaine d’années). Elle a retrouvé sa joie de vivre. Ces derniers temps, elle disait qu’elle n’aimait plus sortir. « C’est terminé… Maintenant, je n’aime plus rentrer. » L’amour dans son travail, l’amour dans sa vie privée : les deux vont de pair. L’amour et l’amitié bien sûr : « J’ai peu d’amis, mais ils comptent énormément. Claire Denis, Virginie Despentes, d’autres personnes que vous ne connaissez pas… » Quant à Dominique Besnehard, son fidèle agent « C’est différent : c’est l’homme de ma vie. L’homme qui a changé ma vie en remarquant ma photo dans un magazine et en me faisant tourner mon premier film. Depuis plus de vingt-cinq ans, il est à mes côtés, m’a défendu et soutenu. » Béatrice Dalle se dévoile sans fard, cash, entière, assumant un curieux mélange destroy et fleur bleue. Elle aime à se définir par une jolie formule : « Jesuis une pâquerette déguisée en piège à loups. » C’est son charme et sa vérité, dans un monde où tant de pièges à loups sont déguisés en pâquerettes. Quid de Lucrèce alors ? « C’est une pâquerette, bien sûr », répond l’artiste. Une pâquerette, au milieu des lavandes de la Drôme. La marquise de Sévigné n’a qu’à bien se tenir : c’est « Lucrèce in love », qu’elle accueille en son château de Grignan. (L’entretien a été réalisé début mai, avant que n’éclate le conflit des intermittents dans les théâtres et les festivals.)

31 JUIL/06 AOUT 14 Hebdomadaire OJD : 575038 Surface approx. (cm²) : 1179 N° de page : 16-17 149 RUE ANATOLE FRANCE 92534 LEVALLOIS PERRET CEDEX - 01 41 34 60 00

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culturematch/théâtre Paris Match. Pourquoi avoir attendu vingt-huit ans pour monter sur scène ? Béatrice Dalle. Aucun metteur en scène ne men avait donné envie. Lorsque David Bobée ma contactée il y a deux ans, il m'a emmenée en Russie où il montait "Hamlet", puis jai vu sa mise en scène de "Metamorphosis" d après Ovide à Chariot, e était extraordinaire ' Avec lui, j'ai l'impression d assister à un concert' ll dit souvent que le théâtre est un spectacle d'élite fait par des jeunes Blancs pour des vieux Blancs Là, non Si tu ne t'y intéresses pas, mais que tu aimes le hip hop ou le cirque, tu pourras avoir envie de découvrir cette pièce de Victor Hugo J'avais envie d'opéra, je l'ai trouvé avec Borgia. En quoi vous êtes-vous identifiée à Lucrèce? Contrairement à elle qui cherche la rédemption, votre image de scandaleuse vous a toujours flattée... Oui, assez. On m'a accusée de crimes - bien moins graves que les siens, j en conviens - que je n'avais pas toujours commis Maîs être incomprise, je n'en ai rien à foutre La drogue, le sexe, ce sont surtout des plaisirs, alors quon rn associe au plaisir, c'est bien

LA DROGUE, LE SEXE, CE SONT SURTOUTDES PLAISIRS, ALORS QU'ON M'ASSOCIE AU PLAISIR, CEST BIEN:

Où p l a c e z - v o u s l'immoralité?

Je la mets à d'autres endroits que certains. La frontière est ténue et peu de choses me choquent Maîs moi, je peux me regarder dans une glace je ne suis pas menteuse, je suis honnête et droite Ma morale, je la mets là' on peut rn accuser de plein de choses maîs pas de galvauder les sentiment Ue ne joue pas avec les gens Vous avez incarné au cinéma une mère infanticide, une maman qui perdait son enfant, une génitrice qui rêvait la disparition de son fils et une femme qui voulait arracher le bébé d'une autre... Aujourd'hui, vous êtes une mère incestueuse. La maternité a toujours représenté à vos yeux un cauchemar? Complètement! [Elle rit.] Je n'ai pas du tout l'instinct maternel et je suis la preuve que ces histoires d'horloge biologique sont des connenes Je n'ai jamais rêvé d être mère Je comprends que ce soit une aventure merveilleuse, maîs c'est tellement une autre planète que je n'ai pas envie d'y aller ' Pour moi ce serait Alien Pourtant, lorsque vous étiez en couple avec JoeyStarr, vous confessiez avoir envie de 45 enfants...

BEATRICE DALLE TOUT FEU TOUTE FEMME Au château de Grignan depuis fin juin, elle est une «Lucrèce Borgia » plus vraie que nature dans une mise en scène de David Bobêe. Un coup d'éclat pour la sulfureuse comédienne qui fait ses premiers pas au théâtre. INTERVIEW KARELLE FITOUSSI Oui, avec lui, par amour, parce qu'il aime tellement les enfants. Cétait une vraie belle histoire entre nous. Maintenant, il est devenu l'acteur préféré des Français et je vois ces actrices qui viennent me dire : "Oh. il est super ' C est un mec mortel, il est trop sexy !" Je leur dis "Mey les meufs, ça fait vingt ans que je le sais '" [Elle rit ] Que faites-vous entre deux projets ? D'habitude, je fais pitié ' C est tellement intense le cinéma et le théâtre que, lorsque tout s arrête, ça fait un vide ' Maîs là, comme ma vie privée va bien, je trouve aussi du plaisir dans mon quotidien Depuis quèlques mois, je revis à nouveau. Avoir un mec en prison fait qu'on se crée

presque une cellule à soi Maîs la page est tournée, la meurtrissure et la salissure sont passées. Je n'ai plus aucun contact avec mon ancien mari ! J'aurais mieux fait de me casser une jambe le jour où je l'ai rencontre en taule On est fâchés à mort Vous avez dit : "Le syndrome de Stockholm, je l'ai inventé." D'où vient cette fascination pour les mauvais garçons? Ça je pourrais encore le dire aujourd hui, on n'en sort jamais. Bien sûr, je suis pour la parité maîs, dans l'intimité, il faut voir Je me souviens d un fiancé qui disait • "On a dû te faire du mal quand tétais petite pour aimer des mecs pareils " C'est le contraire plutôt, non ? Votre ae7d75c55a001108e2b34ba44a0f358d25a1960131b94e8

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DIEUDONNÉ SUR SCÈNE scène ne sont pas faOn na plus le droit ME FAIT RIRE ciles Haneke n'est pas a rien ' Tu fumes une civotre pote quand vous garette t e s un anarTOUTLEMONDEEN tournez avec Maîs il chiste Tu fais lamour, PREND POUR est tellement brillant t en meurs J ai été choSON GRADE Doillon est un dictateur quée par les manifs antiet un manipulateur maîs il mariage pour tous C était FEMME, ARABE, NOIR, ma déflorée de tellement juste pour donner des droits FEUJ. " de choses - professionnelleà des gens qui n'en avaient pas,

enfance a été trop fade à vos yeux7 Je pense aussi J ai besoin qu un homme s impose par son esprit et son intellect Si cest le cas je suis prête à tout Maîs attention, pas la force physique ' Ça, je I ai connu une fois, cest une horreur' Vous n avez pas vécu d amour paisible? Non Même Rupert Everett était plus destroy que tous mes copains a la dégaine de voyous réunis ' C'est un homme merveilleux mais un punk comme le sont souvent les grands dandys aristos Ça a duré un an Je suis toujours très amie avec lui Avec Didier [JoeyStarr] aussi Je ne peux pas concevoir qu on ait aimé quelqu un et qu on coupe les ponts du jour au lendemain sous prétexte quon nest plus amoureux ' Les qualités qui ont fait que je I ai aimé, il les a toujours Et, à chaque fois quon se parle au téléphone, on se le dit Je lui dis tout le temps 'Je t'aime"

ment parlant je précise Vous êtes très cinéphile? Je regarde beaucoup de DVD jadore Resnais, Pasolini, Bergman 'Le septième sceau' est mon film culte Quand je I ai vu, je me suis acheté I intégrale de Bergman maîs en suédois non sous-titré donc je ne comprends rien ' Depuis, j'ai découvert tous ses films Quand on me demande pourquoi je ne fais pas de comédie je dis que si c'est pour faire "Les contes de Canterbury de Pasolmi, oui Si

Et comme actrice, ça ne vous pose pas de problème d'être brutalisée? Avec Abel Ferrara on s'est battu sur le tournage de The Blackout maîs je men fous, je I apprécie infiniment ll m avait proposé le rôle d Anne Sinclair dans son dernier film m a î s il fallait une actrice anglo-saxonne Au cinéma, la fin justifie les moyens ' Les plus grands metteurs en

c'est pour faire de la grosse rigolade non ' Qui vous fait rire7 Dieudonné I ll en met plein la gueule à la terre entière femme, Arabe, Noir feuj tout le monde en prend pour son grade Maîs je ne parle que de ses spectacles Sur scène, je le trouve à mourir de rire Vous sentez-vous bien dans cette époque7

ça n en enlevait pas aux autres ' Quand Le Pen est arrivé au second tour en 2002, des jeunes disaient • ' On n'a jamais été aussi fiers d être Français Comment est-ce possible que des gamins disent des choses pareilles7 Ils ont souffert de quoi7 C est aberrant I Les selfies, les réseaux sociaux, vous comprenez? C est pas du tout ma came Avec mon portable, je ne peux que téléphoner, même pas capter Internet I Et Twitter je ne sais pas ce que cest Communiquer avec des gens que je connais pas, ça me saoule Vous dites. "Ma vie elle est devant, pas derrière " Que voyez-vous à l'horizon ? Oh, je ne sais même pas ce que je ferai dans un quart d heure Quand on fait des plans, ça ne se passe jamais comme prévu, alors je prends ce qu il y a à vivre J'ai trois projets au cinéma qui rn intéressent, donc je suis flattée Au théâtre, j adorerais jouer à Avignon I La cour d'honneur c'est juste somptueux ça doit tellement porter d'être dans un tel endroit Mon rêve absolu, ce serait de jouer Médée ' Encore une histoire d'amour et de violence mêlés... La mort vous fascine plus qu'elle ne vous fait peur7 Les deux Disons que vieillir me fait plus peur que mourir C est quand même un métier de séduction Je comprends les dérives de ces acteurs et actrices qui se tournent vers la chirurgie Déjà à 17-18 ans, je me trouvais trop vieille Si on découvre un procédé qui ne se voit pas et qui permet d'être plus jeune super ' Maîs pour I instant, c'est trop affreux Avez-vous peur que tout s'arrête ? Tout ne s'arrête pas ' Je suis là • « Lucrèce Barcpa» ait chàteau dè (rtignarr (Drome).jusqu'au 23 aout

«Je viens de tourner avec Iggy Pop un film de Sophie Blandy qui s appelle Létoile du jour Avec Iggy on a une histoire avec un ami commun On avait un rendez-vous il y a vingt ans qu'on a rate C'était le témoin de mon mariage maîs je n y suis pas allee On aurait dû se rencontrer pour la première fois a cette occasion Donc quand on s est vu pour le f iim il m'a dit Cest enfin toi Béatrice Dalle, ça fait vingt ans qu'on t'attend à Coney Island.' [Rires] Defendre mon nom prononce avec cette voix-la je ne I avais jamais trouve aussi sexy Quand tu vois tous ces gens qui font attention a eux et ne ressemblent à rien Lui, c'est une apologie des conneries.il est à tomber ce mec » KF

ae7d75c55a001108e2b34ba44a0f358d25a1960131b94e8 GRIGNAN 3045890400506/XMB/OTO/2

20/21 JUIN 14 Hebdomadaire OJD : 424521 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00

Surface approx. (cm²) : 928 N° de page : 14-15

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Eléments de recherche : LUCRECE BORGIA : pièce de théâtre avec Béatrice Dalle/David Bobée, du 23/06 au 23/08/14, uniquement à Grignan (26), toutes citations

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ÉVÉNEMENT//]('(//R'

BÉATRICE DALLE LE DÉ MOMS RE Pour son premier rôle au theâtre, la comédienne incarne la sulfureuse LUCRKCK BQRGIA. I n challenge à la mesure de cette excessive revendiquée. PARLCTITIACENAC

LUCRECE BORGIA EST FURIEUSEMENT À LA MODE

Apres la serie télévisée « Borgia » quatre mises en scene de theatre signent le retour sur les planches de cette femme monstre, incestueuse et empoisonneuse Dans le rôle-titre se glisse maintenant Beatrice Dalle Pour sa premi^fe fois au theâtre l'actnce incarne cette allègent de la pana dans le cadre du chateau de Gnfeconnais dans tout ce qui est cent Je ne me transforme pas en personnage historique Lucrèce Borgia, ce sera moi fe ne peux pas donner quelque cho se que ]e ne connais pas » Et la comédienne d'évoquer le lien qui l'unit à son rôle « Je rn identifie a chaque ligne Tous mes exces )elesre\endique Du moment quejenetouchepasal'intégrited unepersonne jefaisce que je veux de ma vie Par envie pour vivre plus fort » « Qu'est cequec est que "Lucrèce Borgia' ? »s interrogeait Victor Hugo dans la preface de sa pièce, avant de repondre « I ] et maintenant mêlez a toute cette dif formite morale un sentiment pur, le plus pur que la fem me puisse éprouver, le sentiment matemel, dans votre monstre, mette/ une mere, et le monstre intéressera, et le monstre fera pleurer [ ] » Réponse le 26 juin • • 'Du 26 inm au 23 août chateaux ladromefr

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20/26 JUIN 14 Hebdomadaire OJD : 182830 Surface approx. (cm²) : 1660 N° de page : 54-56

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B É A T R I C E DALLE

REDEVIENS COQUETTE, UNE NOUVELLE1 VIE COMMENCE »

OS kamikaze, bonjour ! On a voyagé jusqu'au château de Grignan (Drôme) pour voir Béatrice Dalle, la «Ferrari des gonzesses» (comme la décrit Joey Starr), interpréter l'héroïne féminine la plus flippante de l'histoire: Lucrèce Borgia, l'empoisonneuse, la meurtrière, l'incestueuse C'est son premier rôle au théâtre, offert par ce mec, qu'elle «aime d'amour» ct qu'elle appelle «chef» le jeune metteur en scène très «rock» et talentueux David Bobée Les conditions sont optimales on a opté pour un trajet en tram en pleine grève SNCF, il fait 35 degrés et Béatrice Dalle déteste le soleil Cool L'interview est calée vers I heure du matin, après les répétitions en plein air. Seulement, voila • à l'heure dite, Lucrèce Borgia a déjà tout donné' on l'a voie se vautrer dans l'eau, se masturber sur les cadavres de ses jeunes collègues qu'elle a préalablement empoisonnés, reprendre son texte encore et encore, puis shooter dans son costume de Vampirella qui lui tient «trop chaud, la, putain» Alors ce soir, pour l'interview, désolée, ce sera sans elle Donc, on attend Vingt quatre heures plus tard, apres un petit coup de calgon, elle s'assoit enfin avec nous et partage la fin de notre paquet de clopes On se dit qu'on a bien fait d'attendre. Car avec cette madone au regard de louve et au die de chairetier, on pourrait parlei des heures de sa désinvolture envers le star system, de son immense respect pour «les artistes, les vrais» et de sa façon de rester, contre ragots et marées, majestueuse, harassante et inébranlable. Béatrice Dalle aime parler cash entre nous, pas question de se vouvoyer... T'es sacrement bien entourée: seule actrice au milieu de danseurs hip-hop, de circassiens, de musiciens... Tu fais limite chef de gang!

Nan, mais t'as vu ! Ils sont tous canons à crever ' J'dis ça à mes copines au moins, venez voir le spectacle juste pour les mater. Ça me fait toujours marrer de GRIGNAN 6874750400502/GAW/ANR/2

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«JE N'AI PAS L'AME D'UNE MERE. L'INSTINCTMATERNEL, POUR MOI, ÇANEREPRESE. VEN» guetter les reactions des gonzesses qui débarquent en repet quand elles découvrent le groupe de mecs IL paraît que tu aimes vivre seule, presque recluse Cohabiter avec cette petite équipe, pendant deux mois, dans un minivillage, ça ne t'a pas fait peur1 Franchement, au début si Quand on rn a sorti toutes les dates de tournee je me suis dit «putain, maîs j ai pris perpet sans deconner, e est un an ' » Maîs dcb que j'ai compris l'aventure que j'allais vivre la qualite des rencontres, l'ambiance de fou Je croîs que je vais pleurer quand ça va s'arrêter Tous ces gamins d'origines différentes que David a reunis sur le plateau des gens qui viennent de la rue et qui disent du Victor I luge e est sublime ' La vie seule, alors, c'est fini'' Ah ouais c'est fini, ça ' Je ressers a fond je redeuens coquette C'est une nouvelle vie, intime et professionnelle qui commence Lucrèce Borgia, le monstre sanguinaire, l'héroïne criminelle et sulfureuse un rôle écrit pour toi7 Je trouve aussi ' } ai envie de grands rôles dramatiques, façon Medee de Pasolini Rien ne me choque dans la piece ' Par exemple, la relation incestueuse que mon personnage entretient avec son fils Ça rn interesse, parce que je n'ai pas l'âme d une mere du tout l'instinct maternel pour moi ça ne représente rien Je ne veux pas dire que j ai un instinct incestueux non plus, maîs les enjeux de la piece me correspondent bien, ouais Lucrèce Borgia, c'est l'histoire d'une femme qui aimerait se débarrasser du personnage de monstre qu elle s'est créé Elle voudrait qu'on la voie autrement Comprends-tu ce sentiment7 Complètement On rn a identifiée a des choses que je ne suis pas Par exemple, apres 37°2 le matin on m'a colle une image archi-sexe et on m'a identifiée a une femme facile alors que je suis toujours lestée des annees avec mes mecs, que je ne bouge pas une oreille sl je suis bien avec quelqu un Apres les femmes «faciles» je les respecte aussi on fait ce qu on veut de son corps Seulement moi, je suis vraiment une amoureuse Je n ai rien d une mante religieuse ll y a une autre image qui te colle à la peau, celle d une femme trash et destroy C est un peu 50/50 On a trop tendance a dire d une femme libre qui vit hois des conventions, ou juste comme beaucoup d hommes vivent depuis des siècles, qu'elle est trash et destructrice Ouais, moi j'ai pas de plan de carriere je vis comme je veux J'ai plein GRIGNAN 6874750400502/GAW/ANR/2

Lucrèce Borgia, une mise en scène pluridisciplinaire aux allures de performance.

de défauts maîs le calcul n'existe pas chez moi Tu vois, Guillaume Depardieu qui était mon ami, on lm a colle une image trash alors qu'il était tout sauf ça II voulait juste vivre plus fort, plus intensément, plus vite On voit de plus en plus d'actrices s'associer a des

marques de luxe As-tu eu de telles propositions7 Oui maîs c'était a I epoque ou il y a eu des frasques sur moi qui sont sorties dans la presse Alors je comprends aussi qu'elles n aient pas voulu s associer a moi Elles auraient pourtant fait un carton en te prenant comme égéne Le trash, le côté «bad girl»

est devenu un tel instrument marketing Complètement ' Kate Moss a cartonne encore plus apres ses histoires de drogue Bon, tu viens de lancer I appel ' En tout cas oui e est a la mode Maîs moi )'ai aime ça depuis toujours Quand je vois des bad boys dans mon entourage qui marchent bien j'en suis ravie Comme JoeyStarr, évidemment Lui, c'est mon super ami Je ne peux pas concevoir qu'on puisse aimer un homme pendant dix ans et se pourrir des qu'on n'est plus en couple II va venir te voir7

Ah ouais, je pense En tout cas, je sais qu'il aime ma rigueur et mon honnêteté dans le travail Et moi, tous les trucs qu'il a fait j'y suis allee Je l'aime infiniment Quand je vois la réputation qu on lui a faite au début et la maniere dont les gens le decouvient aujourd'hui, je suis contente pour lui C est un poète Didier Fallait savon les lire les textes d'NTM poui s en rendre compte D'un côte, j'ai ete avant gardiste ' Est-ce que tu tombes amoureuse des gens qui te ressemblent7 Un peu ouais '

Tu as besoin de confrontation, donc 7 Non, pas nécessairement Je cherche pas la guerre Moi, e est d abord l'esprit qui me séduit Le plus beau garçon du monde, si v'a rien dans ses yeux c'est même pas la peine quoi • Lucrèce Borg a dè Vctor H igo mise en scene de David Bobee Du 26juin au 23 août au chateau de Gngnan Reprise en salle en octobre 3 ls Maison des arts de Creteil puis tournee nationale

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JUILLET/AOUT 14 Mensuel OJD : 31263 Surface approx. (cm²) : 1357 N° de page : 25-27

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Culture

Des spectacles bien frappés SCENES À la lecture de ces lignes, vous êtes en plein dilemme: prendre le temps de boire lapéro ou d'éplucher les copieux programmes des festivals de l'été? Partant du principe que l'un n'exclut pas lautre, TÊTU a sélectionné pour vous la crème des scènes estivales, façon cocktail.

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LUCRÈCE BORGIA / Le O Bloody Pour ses débuts sur les planches, Beatrice Dalle y va franco en incarnant celle qui ne fait pas les choses a moitié Lucrèce Borgia Femme humiliée, on la dit impitoyable, incestueuse, fauve sanguinaire, de celle dont la vengeance est un poison qui se boit cul sec... Un rôle démesure pour une actrice qui

ne l'est pas moins David Bobee l'entoure de danseurs et d'acrobates et entend célébrer «deux femmes aussi fortes que fragiles, deux monstres, deux beautés dévorantes » CHARLOTTE LIPINSKA & Lucrèce Borgia, dè V ictor Hugo mis en scene par David Bobee du 26 juin au 23 aout a 21 heures Les Fetes nocturnes de Grignan (26)

Eléments de recherche : LUCRECE BORGIA : pièce de théâtre avec Béatrice Dalle/David Bobée, du 23/06 au 23/08/14, uniquement à Grignan (26), toutes citations

03/09 JUIL 14 Hebdomadaire OJD : 112489 Surface approx. (cm²) : 163 N° de page : 57 13 RUE HENRI BARBUSSE 92624 GENEVILLIERS - 01 73 05 45 45

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SPECTACLES

e premier rendez-vous entre David Bobée et Béatrice Dalle devait durer trois quart d'heure; la conversation s'étira sur quatre heures. C'est que, pendant un an, Béatrice Dalle jouera Lucrèce Borgia, l'empoisonneuse héroïne du drame de Victor Hugo. Femme fatale, actrice incandescente, elle a été choisie pour ce rôle de passion et de sang, celui d'une mère dévorante en quête de rédemption dans l'amour qu'elle porte à son fils, auquel elle ne peut révéler son ascendance

incestueuse. « Lucrèce, c'est moi ! » clame la Dalle. Qui d'autre cela pourrait-il être ? À son habitude, David Bobée mêle acrobates et musiciens au casting d'acteurs. Partisan d'un théâtre populaire au sens noble du terme, il excelle à mélanger plusieurs niveaux de lecture. Dans ses scénographies exigeantes et spectaculaires, s'imbriquent vidéo, danse, cirque, nouvelles technologies pour un spectacle halluciné. CÉLINE JACQ Jusqu'au 23 août, au château de Grignan(26), puis en tournée, rictus-davidbobee.net

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30 JUIL 14 Quotidien Paris OJD : 40558 164 RUE AMBROISE CROIZAT 93528 SAINT DENIS CEDEX - 01 49 22 73 29

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Culture&Savoirs

DAVID BOBÉE OFFRE UNE MISE EN SCÊNE TRÊS VISUELLE, L ÉTRANGETÉ TENANT AVANT TOUT À CE JEU PERMANENT DANS LEAU AUQUEL SONT SOUMIS TOUS LES PROTAGONISTES PHOTO DELALANDE/SIPA

ENTRETIEN

Béatrice Dalle se jette à I eau pour son baptême du feu À Gngnan, elle joue Lucrèce Borgia, de Victor Hugo, dans une mise en scène de David Bobée. L'acTnce, qui tient le rôle-titre d'empoisonneuse et de mère incestueuse sans le vouloir, évoque pour nous la discipline de fer quelle s'est imposée lors de cette première expérience théâtrale

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'est héroïque, le métier d'acteur. On doit parfois jouer dans l'eau, dans le vent...

Oui, ce n'est pas tous les jours facile... Qu'est-ce qui vous tient dans ces moments-là?

le patron n'est pas là, et moi j'aime quand il est là. C'est bien d'avoir son regard. On l'a fait pour lui, donc moi j'aime quand il est là. Dans mon travail, je suis sérieuse. Une fois que je suis dans la place, le metteur en scène peut me demander tout ce qu'il veut. C'est une fierté pour moi mais c'est normal. Il ne s'agit ttrice Dalle même pas d'une qualité que Actrice. je m'attribue. J'ai accepté le rôle et je suis un soldat qui écoute son supérieur.

^«.,,,- , L'ambiance. Dans l'équipe, on est tous très soudés. On s'entraîne ensemble, car nous sommes plongés dans le même bain. Et puis ça va, nous sommes quand même dans un endroit privilégié avec un metteur en scène incroyable. Une si longue série de représentations pour un aussi grand rôle... BÉATRICE DALLE Oui, ça fait flipper. Est-ce que votre état d'esprit change chaque Nous allons jouer pendant un an. soir, même si vous connaissez le texte par cœur? Cela exige une discipline de fer, n'est-ce pas?

BEATRICE DALLE Je n'ai pas de discipline dans ma vie privée mais, dans le travail, je suis un vrai soldat. J'aime ça la discipline. Il faut me cadrer. Si on ne me cadre pas, je fais n'importe quoi. J'espère qu'elle va être bien, la représentation de ce soir, car

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BÉATRICE DALLE II y a des représentations mieux que d'autres. Parfois on est fatigué. On joue six jours par semaine. Hier, par exemple (le ll juillet - NDLR), nous étions tous crevés et je crois que nous n'avons jamais aussi bien joué. Du coup, ce qu'on ressent n'a parfois rien à voir avec ce que perçoivent les spectateurs. Nous n'en

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Page 3/3 sommes qu'a la dixieme représentation Pour le moment, tout est joyeux Peut elie qu'au bout de la cinquantieme, on en aura marre de recommencer la même chose Je ne sais pas encore Je n'aijamais fait cle theatie avant le ne sais pas si on se ie nouvelle Jevaisdecouvin ça Est ce que l'ennui s'installe au fur et a mesure ? En tout cas I equipe avec laquelle je travaille me gah anise On s'entend tous tellement bien Nous le savons car nous a\rons déjà derrière nous deux mois de répétition à raison de neuf heures par jour Poui le moment, je croîs que pei sonne nes! vraiment las

pour le cinema Je ne fais un film que pour un lealisateur Apies si lesjiartenairesme plaisent, c'est du bonus maîs ce qui impoi te vraiment, c'est le metteur en scene car il est l'âme du spectacle ll en est le chef d'orchestie Est-ce que cette expérience va vous laisser un fort désir de pratique théâtrale 7

Avec ce metteur en scene, om je "veux bien faire n'importe quoi Et il ne me proposera jamais n importe quoi je ne connais pas du tout le theatre ll faudrait quelqu'un qui me donne aussi envie que lui Poui passer le pas et décider de Vous êtes par essence jouer sur une scene il a fallu une actrice de cinéma Avec que cet homme me séduise le théâtre, la présence du C'est quelqu'un d'mciova public en direct, qui peut blement brillant, créatif et vous adorer ou vous moderne J'ai envie de ça détester, en tout cas vous pièce. C'est à JUJ Jouer un texte classique qui juger en un éclair, est-ce ne soit pas désuet Sul impressionnant' scene, il y a des altistes de BEATRICE DALLt Cela lie toutes origines, des Afri m'impressionne pas du tout cams, des Sud Vmencains, Cela nie surprend d'ailleurs Spectacle. des Arabes Les enfants de un peu Je fais du cinema france sont comme ça ll y depuis plus de vingt ans Sur a cles danseurs, un niusi le tournage, il y a toujours du public et toute den, des aciobates, des circassiens, des l'équipe Donc, je suis habituée ajouei de gens qui viennent du theatre et d'autres vant des gens Je n'ai même pas ete rnipres du cinema, comme moi Je nous vois sionneelesorrdelapremieie Moi e e que comme une troupe de cirque J ' ajoute que je veux, c'est plaire a mon patron C'est je suis contente qu'un journal comme le pour lui que je fais la piece S'il est content, votre existe je suis contente S'il ne l'est pas, moi non ENTRETIEN REALISE PAR MURIEL STEINMETZ plus C'est à lm que je pense Même chose

« Ce que je veux, c'est plaire au metteur en scène. C'est pour lui que je fais la que je pense (...), il est l'âme du

Des comédiens venus du réel pour une tragédie romantique CRITIQUE Prouesses physiques en tout genre et jeux de reflets dans une Venise imaginaire constituent autant d attractions pour un spectacle hors norme

Envoyée speciale, Grignan (Drôme)

OUT la vingt sixième edition des Fêtes n( >cnimes de Grignan, David Bobee qui dirige le Centre dramatique na tional de Haute Normandie, a mis en scene Lucrèce Botgia de Victor Hugo, avec Beatrice Dalle dans le rôle titre Cette tragédie ro mantique par excellence se donne devant la façade Renaissance du chateau de Grignan ou \ ecut la fille adorée de Madame de Se vigne qui l'accabla de lettres Les hauts murs de pierre se reflètent dans un immense bassin, cense figurer, entre autres un canal de "Venise semé de pontons Les interprètes dont certains sont des gens de cirque aguerris a des prouesses physiques en tout genre, des danseurs et un chanteur guitariste poste sur une estrade a jardin font un ecrin autour de I insolite perle noire qu'est Beatnce Dalle Daniel Bobee dit « Je vou/ais, des comédiens qui viennent du reel, qui savent etre et qui ne sont pus dani, le savoir faire, des personnes qui sont vraies, bedes dans lavie, bniiantes La technique ça s'app? end » L'etiangete du spectacle tient a\ ant tout a ce jeu per manent dans l'eau, auquel sont soumis tous

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les protagonistes Beatrice Dalle dans une longue robe noire décolletée, ne se livre a aucune démonstration excessive On peut même dire qu'elle est toute pudeur pour donner vie à son personnage d'empoison neuse et de mere incestueuse sans le \ ouloii Le caractère extrêmement visuel du spec tacle est remarquable Le verbe de Victor Hugo brille dans les eaux On souffre presque de voir toute la troupe immergée jpour signifier tant de passions ou se noi,er, maîs c'est là une façon métaphorique de rejoindre aujourd'hui rrnsjpiration nam bo\ante d'Hugo en plongeant son verbe torrentiel dans l'élément liquide Le danger évidemment, pour les acteurs e est de s en rouer Lors des premieres représentations a Cngnan, les nuits étaient tres froides A la fm, lors de la scene du banquet ou tout \ a se dire et ou tant de jeunes gens vont mourir, ainsi que Luci ece d ailleurs ce beau monstre , les eaux noires sous l'effet de piojectems deviennent couleur de sang (I) lusqu au 2 3 aout au château de ^r gnan Renseignement au 04 7 5 9 1 8 3 6 5 Le spectacle part en tournee doctabre 2014 a mai 2015 ll sera notamment a la Ma son des Arts de Crete I du 15 au 18 octobre

www.france2.fr Date : 31/07/2014

Beatrice Dalle est Lucrece Borgia Par : Beatrice Dalle est Lucrece Borgia Présenté par Henry-Jean Servat Béatrice Dalle, actrice au cinéma, n’avait jamais fait de théâtre. Et bien c’est désormais chose faite avec cette adaptation de Lucrèce Borgia de Victor Hugo, signée David Bobée. La pièce se joue tout l’été au Festival de Grignan, et on la retoruve dans une mise en scène résolument moderne et branchée. Mise en scène de David Bobée, avec Béatrice Dalle et Pierre Cartonnet dans les rôles principaux. Jusqu’au 23 août 2014 Réservations : Auprès de la Billetterie spectacles des châteaux : par téléphone : 04 75 91 83 65 (avec carte bancaire) par courrier : Château de Grignan – BP 21 - 26230 Grignan par Internet La billetterie est ouverte du lundi au vendredi de 11h à 12h30 et de 14h à 18h / le samedi et le dimanche s’il y a représentation le soir, de 14h à 17h. Les soirs de représentation, permanence téléphonique à partir de 18h. Autres points de ventes Offices de tourisme de Crest, Dieulefit, Grignan, La Voulte, Montélimar, Nyons, Pierrelatte, Romans, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Suze-la-Rousse et Valence.

Évaluation du site Ce site internet de la chaîne de télévision France 2 diffuse la station ainsi que sa grille de programmes.

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Hugo survitaminé au château de Grignan - Libération

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Théâtre

Hugo survitaminé au château de Grignan EDOUARD LAUNET ENVOYÉ SPÉCIAL À GRIGNAN 14 JUILLET 2014 À 18:06

Béatrice Dalle joue pour la première fois au théâtre dans le «Lucrèce Borgia» de David Bobée. PLANCHES

La famille Borgia fait un retour remarqué dans le XXIe siècle, tant par le biais des séries (Borgia de Tom Fontana et The Borgias de Neil Jordan) que du théâtre où pas moins de quatre versions du Lucrèce Borgia de Victor Hugo ont été montées ces derniers mois (1). La dernière en date, dont on va parler ici, étant celle de David Bobée starring Béatrice Dalle, pour la première fois sur les planches. Il tient donc à nouveau le devant de la scène, ce clan Borgia qui, selon la légende, a fourni au XVe siècle des papes, des meurtres, des incestes, du poison ainsi que pas mal de scandales colorés, et bien sûr on se demande pourquoi. La réponse se niche peut-être dans les critiques affolées que fit la presse conservatrice, en février 1833, lors de la création de Lucrèce Borgia au théâtre de la Porte-Saint-Martin : elles dénonçaient le danger moral du drame en prose de Hugo, sa représentation d’«un monde sans providence et sans liberté, sans nation, sans nom, sans autel et sans loi» (2). Ce monde ne vous évoque-t-il rien ? N’y a-t-il pas chez les Borgia comme une synthèse des familles, disons, Ewing et Kardashian, l’une sans loi au milieu du Texas, l’autre sans foi se vautrant dans la vacuité de la téléréalité ? Les Borgia, et tout particulièrement Lucrèce, sont des monstres très contemporains en tant qu’ils passent sans transition de la sainteté à l’atrocité, et retour.

Pluie. Au château de Grignan, dans la Drôme provençale, David Bobée fait du mélodrame hugolien une tragédie survitaminée qui captive le public : le soir où nous l’avons vu, une pluie battante pratiquement incessante durant les deux heures trente du spectacle n’a pas réussi à faire fuir plus du tiers des spectateurs. Pourtant Béatrice Dalle semblait vide de tout feu intérieur : l’actrice qui a clamé «Lucrèce Borgia, c’est moi» errait sur scène comme un pétard mouillé. La pluie, sans doute. Si elle n’est pas servie par des talents équivalents à ceux de la Comédie Française (seul Jérôme Bidaux en Gubetta parvient à tirer son épingle du jeu), la Lucrèce de Grignan a pour elle son énergie et son cadre : la façade Renaissance du château fournit un arrière-plan idéal. C’est d’ailleurs elle qui a amené Bobée à proposer la pièce de Hugo, qu’il désire monter depuis une dizaine d’années. Au pied de la belle façade, des passerelles de bois posées sur un grand bassin évoquent Venise un jour d’acqua alta. C’est dans l’eau de ce bassin que les acteurs vont passer le plus clair de leur temps, ce qui, ajoutée à celle qui tombait du ciel, faisait de la scène un lieu tout à fait adapté à un naufrage. Lequel n’a pourtant pas eu lieu. Parce que Bobée a bien compris que la pièce de Hugo, taillée pour un public populaire, peut supporter toutes les outrances et même les intempéries, parce que l’eau exalte son parfum d’inquiétude, de danger. Le metteur en scène dit vouloir ainsi inviter les spectateurs à «participer non pas à une culture patrimoniale mais à une culture vivante». Le texte aux rebondissements abracadabrants peut être traité avec moins de précautions que du Shakespeare. Pour ajouter à cette fête nautique, Bobée s’est permis de caser subrepticement dans le texte quelques paragraphes des Travailleurs de la mer (le beau roman de Hugo), ceux où Gilliatt se bat dans les rochers contre une pieuvre géante. Si, à ce moment précis, un affreux poulpe avait surgi des eaux vénitio-grignanaises, notre bonheur eût été complet.

«Lait». Comme souvent, David Bobée (nouveau directeur du CDN de Haute-Normandie) a invité dans sa production des artistes venant de l’univers du cirque, qui font de ce Lucrèce Borgia un spectacle athlétique, mélange de bouffonnerie et de tragique, d’éclaboussures et de morts violentes. Ce qui lui manque, c’est la mise en relief de ce mélange de cruauté et d’amour que Hugo a voulu y mettre, sa recherche dans «l’océan de noirceur» de «la goutte de lait qui va teinter tout le reste». Peut-être y a-t-il trop d’eau, tout bonnement. (1) Les mises en scène de Lucie Berelowitsch l’an dernier, puis de Jean-Louis Benoît au printemps et enfin celle de Denis Podalydès à la Comédie-Française cet été, avec Guillaume Gallienne («Libération» du 6 juin).(2) Cité par l’universitaire Florence Naugrette dans «l’Avant-scène Théâtre», numéro de juin.

Edouard LAUNET Envoyé spécial à Grignan

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LE JOUR OÙ « LE MONDE » DÉCOUVRE LE WEB LES 70 ANS DU « MONDE » – LIRE PAGES 20-21

BÉATRICE DALLE EN TRAGÉDIENNE DANS LA PEAU DE LUCRÈCE BORGIA

M LE MAGAZINE DU « MONDE » ●

UNIQUEMENTENFRANCE MÉTROPOLITAINE,ENBELGIQUE ETAULUXEMBOURG

Samedi 2 août 2014 - 70e année - N˚21629 - 3,80 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr ---

Fondateur : Hubert Beuve-Méry

Avec les damnés du virus Ebola

Free à l’assaut du marché américain des télécoms t Iliad, la société de Xavier

Niel, a lancé une offre de rachat de l’opérateur T-Mobile US

liad, la maison mère de Free, a déposé une offre de rachat de 56 % des parts de T-Mobile US pour 15 milliards de dollars (11,2 milliards d’euros). Xavier Niel, patron d’Iliad et actionnaire du Monde, se lance donc à l’assaut du quatrième acteur américain, qui pèse 50 % de plus qu’Iliad en Bourse. Filiale de l’allemand Deutsche Telekom, T-Mobile US vient de franchir la barre des 50 millions d’abonnés. Si elle l’emporte, Iliad devra procéder à une augmentation de capital de 2 milliards d’euros. L’offre française se retrouve en concurrence avec celle du troisième opérateur mobile américain, Sprint, qui convoite également T-Mobile US. Les chances d’Iliad dépendrontlargementdesautoritésaméricainesderégulation,quipourraients’opposer à la concentration excessive du marché américain de la téléphonie mobile. p LIRE PAGE 9

Une jeune fille décédée de la fièvre Ebola va être incinérée en Guinée. SAMUEL ARANDA/NYT/REA

t Aux confins de la Guinée,

du Liberia et de la Sierra Leone, «Le Monde » a accompagné les équipes de MSF qui tentent de contenir l’épidémie mortelle

UK price £ 1,80

CULTURE & IDÉES Les silences de Christophe

a Grand succès avec «Aline », en 1965, et « Les Mots bleus », en 1974. Puis le repli entrecoupé d’apparitions furtives. Chaque fois, le chanteur revient avec de nouvelles sonorités SUPPLÉMENT

t Les villageois se méfient

de ces médecins, impuissants à les soigner et qui refusent de leur rendre leurs morts. La maladie se propage inexorablement

Bataille entre archéologues et chasseurs de trésors Le Musée archéologique de Madrid expose le trésor de la Mercedes. Les pièces d’or de ce navire venu du Pérou, coulé en 1804, avaient été récupérées par une société américaine. LIRE P. 12

d’urgence en Sierra Leone, sommet régional en Guinée : les autorités en Afrique de l’Ouest sont débordées LE REPORTAGE DE RÉMI BARROUX P. 16-17 ET P. 4

Tous derrière Jaurès, bien sûr…

e fut un concours très français, c’est-à-dire pas dénué de charme, mais un tantinet passéiste. Et qui sait, peut-être, cette petite cérémonie politique, entre fin de Tour de France et départ des aoûtiens, disait-elle quelque chose d’important sur l’état des élites publiques du pays ? Ce jeudi 31 juillet, la gauche s’est donné rendez-vous dans le 2e arrondissement de Paris, au coin de la rue Montmartre et de la rue du Croissant. C’est là, dans

ÉDITORIAL

CULTURE

t Ecoles fermées au Liberia, état

une brasserie dite Café du Croissant (aujourd’hui Taverne), que l’un des pères du socialisme français, Jean Jaurès, a été assassiné, le 31 juillet 1914. A la veille de la Grande Guerre. Ce jeudi-là, un siècle plus tard, la gauche est venue saluer un « grand » de la politique. Même s’il n’a jamais gouverné, Jaurès a été l’homme d’une formidable synthèse : un réformiste, mais qui situait son réformisme dans un projet de changement social profond ; un internationaliste, mais qui savait tout ce que la nation – l’idéal national républicain – portait de valeurs ; un bourgeois, pétri de culture,

INTERNATIONAL Le Hamas et Israël décident d’une trêve de 72 heures à Gaza Les regards sont désormais tournés vers l’Egypte, où deux délégations, israélienne et palestinienne, étaient attendues, vendredi 1er août, pour engager des discussions sur un accord de cessez-le-feu. Les négociations sont censées s’engager sans préconditions. Les vingt-quatre jours de combats ont fait 1 450morts dans l’enclave palestinienne. LIRE PAGE 2

"PLAIDOYER POUR LA PAIX AU PROCHE-ORIENT. UN FILM RARE" TÉLÉ OBS

diplômé de l’Ecole normale supérieure, attaché à une méritocratie célébrant l’effort et l’importance du savoir – à l’opposé du « tout vaut tout » culturel. Rien d’étonnant à ce que la gauche revendique aujourd’hui l’héritage d’un tel homme. Elle a bien raison. Mais elle s’est livrée à l’occasion à une bataille quelque peu dérisoire pour savoir à qui revenait le plus authentique « brevet d’identité jauressienne », comme le disait l’historien Gilles Candar dans Le Monde du 31 juillet. C’est nous les vrais « jauressiens ! », clame la gauche de la gauche, et notamment Jean-Luc Mélenchon, qui met en avant l’anticapitalisme du grand homme. Non, c’est nous !, réplique la gauche de gouvernement, qui brandit le réformisme prudent de Jaurès – Manuel Valls allant jusqu’à avancer que le député du Tarn aurait « sans doute » voté le pacte de responsabilité. La droite n’est pas en reste. Nicolas Sarkozy donnait du Jean Jaurès à chaque étape de sa campagne de 2007. Aujourd’hui, l’un des chefs du Front national, Louis Aliot, revendique aussi sa petite part d’héritage. Bientôt, les people vont s’y mettre et faire le pèlerinage de Carmaux, fief du fondateur du quotidien

L’Humanité. Ce concours de bon «jauressisme » est sans doute un hommage à la complexité de la pensée de Jaurès. Il est aussi révélateur d’un certain désarroi. L’homme du Tarn savait penser son époque – celle de la première grande phase de libéralisation des échanges de l’ère industrielle. Il en faisait la pédagogie. Il n’était pas dans la nostalgie. Il situait l’action politique en prise avec les mutations sociales profondes que subissait la France de l’époque. Il les comprenait, il pensait cette réalité nouvelle, il ne la niait pas. Il en faisait le cadre d’un réformisme qui n’évacuait pas une ambition sociale des plus élevées. Qui, dans la France et dans la classe politique d’aujourd’hui, celle d’une phase de bouleversements aussi profonds, est capable d’un tel projet ? Qui explique que la mondialisation est là pour rester ? Qui ose dire que l’Etat-providence doit être profondément remanié ? Qui pointe la réalité d’une économie en train de décrocher ? Derrière l’œcuménisme de l’hommage à Jaurès, ce qui transparaissait, c’est un manque : celui d’un discours politique de vérité. p LIRE NOS INFORMATIONS PAGE 6

Algérie 180 DA, Allemagne 2,40 ¤, Andorre 2,20 ¤, Autriche 2,50 ¤, Belgique 3,80 ¤, Cameroun 1 800 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d’Ivoire 1 800 F CFA, Croatie 19,50 Kn, Danemark 30 KRD, Espagne 2,30 ¤, Finlande 3,80 ¤, Gabon 1 800 F CFA, Grande-Bretagne 1,80 £, Grèce 2,40 ¤, Guadeloupe-Martinique 2,20 ¤, Guyane 2,50 ¤, Hongrie 950 HUF, Irlande 2,40 ¤, Italie 2,40 ¤, Liban 6500 LBP, Luxembourg 3,80 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,40 ¤, Portugal cont. 2,30 ¤, La Réunion 2,20 ¤, Sénégal 1 800 F CFA, Slovénie 2,50 ¤, Saint-Martin 2,50 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,40 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,40 DT, Turquie 9 TL, USA 4,50 $, Afrique CFA autres 1 800 F CFA

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09/22 AOUT 14 Hebdomadaire OJD : 594049 Surface approx. (cm²) : 371 N° de page : 71

6-8 RUE JEAN ANTOINE DE BAIF 75212 PARIS CEDEX 13 - 01 56 79 36 82

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LA CHRONIQUE DE FABIENNE PASCAUD rn Lucrèce Borgia Drame romantique Victor Hugo |2h30|Miseen scene David Bobee I Jusquau 23 aout

Un joyeux bazar qui ravira les enfants

Fetes nocturnes de FALSTAFE THEATRE

Gngnan chateau

VALERENOVARINA

I Tel 0475918365 I Puis en tournee

MAC Creteil du 15 au 18 oct Theatre

deGngnan(26)

En 1976, l'écrivain Valere Novarma s'était empare de la saga Henri IV (mon tee par Shakespeare entre 1596 et 1598), pour donner tout son jus au person nage le plus savoureux Falstaff, vieux fêtard obese et fanfaron En 2014, une jeune troupe menée par Lazare Her son Macarel a empoigne le texte de Novarma pour l'adapter a sa sauce, avec cinq acteurs seulement, le temps d'une petite heure Avant de présenter leur spectacle au festival du Nouveau Theatre populaire fonde par leurs soins en pleine campagne, entre Sau mur et Angers, ils sont passes par Avi gnon dans le cadre du programme jeune public du festival In Sur la scene, ce fut unjoyeux bazar1 Canape défonce, barriere Vauban délaissée, poubelles et cartons, Caddie de supermarche figurent la taverne et les rues malfamées ou Falstafe en trame Harry, le jeune prince heritier (futur Henri V) Mauvaise foi et pitre nes de Falstafe font rire les gamins qui, pour une fois, ont affaire a un anti heros qui se retrouvera penaud a la fin Maîs il faut attendre la derniere partie du spectacle pour que l'hyperenergie des acteurs et leur volonté perma nente d'aller chercher le public jusqu au dernier rang n'écrasent pas tout Et laissent enfin les personnages vivre ' Comme dans cette jolie scene du duel entre le prince et son rival si habilement jouée par un seul et même comédien - Emmanuelle Bouchez I lhl51 Du 15 au 24 aout Festival du Nouveau Theatre populaire Fontaine Guerin (49) I festivalntp com GRIGNAN 5606201400509/GOP/ATF/2

de la Croix Rousse a Lyon du 12 au 22 nov Theatre de Charieville Mezieres les 27 et 28 nov

Beatrice Dalle est Lucrèce Borgia grande amoureuse grande criminelle

Des qu'apparut Béatrice Dalle dans sa longue robe noire volant au vent du plein air de Gngnan, on sut que c'était elle Elle, la fille et sœur incestueuse, débauchée et cruelle de l'effroyable clan Borgia, qui ensanglanta Rome au début du xvie siecle Elle, la mere sean daleuse maîs assoiffée d'amour imagi nee par Victor Hugo en 1833, qui espère trouver la redemption dans sa passion trouble pour un fils qui ne la connaît pas (Gennaro) Est ce la memoire des films ou elle cannibalisa I ecran de sa presence sulfureuse qui fait d emblée de Beatrice Dalle - dans l'inconscient des spectateurs une actrice des extrêmes ' Ou les débordements de sa vie privee qui surchargent malgre elle ses apparitions publiques' Peu importe Certains comédiens declen client instantanément l'imaginaire des qu'ils entrent en scene Même sans parler C'est injuste, maîs e est comme ça Dalle est de ceux la, qui pour la pre miere fois se lance sur les planches Elle est Lucrèce Borgia II fallait du culot pour se risquer dans ce person nage de tous les exces, grande amou reuse, grande criminelle Victor Hugo l'écrit dans la fureur, en quatorze jours, maîs la saisit au moment ou elle cherche l'apaisement, le pardon de ses fautes a travers ce fils fait avec son propre frere Elle l'a abandonne a la naissance sans pourtant le perdre de vue, lui écrivant même sous un nom d'emprunt sa souffrance de mere soli taire Et Gennaro vénère cette mere inconnue Pt il refusera obstinément I amour de Lucrèce tout au long de la

piece, sans savoir qui elle est Pas malin, le fiston, il est vrai, pas gentil non plus Reconnaissons que la Borgia ne lésine pas ici sur les orgies, les crimes, les scènes de vampirisme Dans un splendide decor d'eau, qui non seulement reflète la façade du château de Gngnan, maîs se fait miroir de I âme damnée des protagonistes, surface glauque de fantasmes et de violences, le metteur en scene David Bobee ose Presque tout, sur la musique countryrock (un rien envahissante) qu inter prête sur le plateau Butch McKoy Pour épouser l'écriture hugolienne d'une stupéfiante liberte, mariant farce et sublime a la maniere shakespearienne, le nouveau patron du Centre dramatique de Haute Normandie ajoue sur la diversite Des physiques, par exemple On est trouble des la premiere scene par ces jeunes officiers athlétiques au torse nu, dont la beaute évoque les sculptures de Michel Ange le corps retrouve, reinvente par les artistes machos de la Renaissance Lucrèce se démené dans un monde qui aime encore peu les femmes Ces acteurs la ont aussi des accents venus d'ailleurs, certains sont aero . bâtes dans le sillage de l'écriture pro teiforme d Hugo, Bobee pratique le métissage Le politise même a sa façon sensuelle La jouissance avec laquelle tous s'ébattent constamment dans l'eau, matrice originelle et flots d épouvante a la fois, vie et mort conjuguées, suggère les abîmes ou se promènent les hommes d hier et d aujourd'hui Qui ne redoutent plus nen Ni de vivre a l'excès, ni de mourir comme des betes Chez Bobee, Lucrèce embrasse sur la bouche son fils Gennaro, puis suce le sang de ses compagnons mourants, avant de périr assassinée par son fils Et bizarrement, Beatrice Dalle ago rasante parle soudain si bas a Gennaro qu'on ne l'entend même pas lui avouer qu'elle est sa mere Au royaume de Bobee et d'Hugo, la psychologie, le réalisme ont disparu Restent des espèces de figures mythologiques qui, par delà le mal et le bien, défient les sens et I en tendement C'est énorme et c'est fou •

06 AOUT 14

CANARD ENCHAINE

Hebdomadaire

173 RUE SAINT HONORE 75001 PARIS - 01 42 60 31 36

Surface approx. (cm²) : 193

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CANARDAGES

Le Théatre

Lucrèce Borgia (Ca baigne pour Hugo) LES grandes eaux de Versailles auraient-elles été transportées dans la cour d'honneur du château de Grignan? Sur la scène, aménagée en bassin équipé de pontons, Lucrèce Borgia (Béatrice Dalle) se débat à grands coups de splatch! et de plouf! dans les eaux noires de ses crimes et de son cruel destin. Autour d'elle, les jeunes seigneurs italiens imaginés par Victor Hugo multiplient les moulinets et les cabrioles aquatiques, et exhibent, sous les applaudissements, leur torse nu et leur musculature digne des Chippendales. Joué devant la sublime façade Renaissance du château cher à la comtesse de Sévigné et mis en valeur par de somptueux jeux de lumière, le spectacle est superbe et le public adore. Mais le théâtre, dans tout ça? Il ne perd rien à l'affaire. « Dans (un) monstre mettez une mère et le monstre intéressera et le monstre fera pleurer », écrivait Victor Hugo dans la préface à cette pièce, rédigée en quatorze jours à peine pour clouer le bec à la critique, qui avait assassine sa pièce précédente, « Le roi s'amuse ». Fille de pape et reine des empoisonneuses, la belle et infâme Lucrèce Borgia se retrouve écartelée - jusqu'à la mort - entre ses pulsions maléfiques et son amour pour son Gennaro de fils. Une filiation qu'elle ne peut avouer à personne, et surtout pas à son fiston, fruit de relations incestueuses.

le propos hugolien. Son travail sur le texte l'a conduit à alléger quèlques scènes un peu lourdingues imaginées par l'auteur, comme celle des moines capucins apportant en procession des cercueils sur la scène. A l'inverse, il l'a enrichi en y intégrant des extraits de « La pieuvre », écrite par le même Hugo pour son recueil « Les travailleurs de la mer », débités d'un ton glaçant par la comtesse Negroni (l'exécutrice des basses oeuvres de sa copine Lucrèce). Une pieuvre qui, à la manière du destin, nous menace d'être non pas mangé mais « aspiré » et « bu vivant ». Brrrr! On regrette quand même que les acteurs, sans doute grisés par les applaudissements, en fassent parfois un chouia trop dans leurs galipettes aquatiques au détriment de la pièce de ce brave Victor. Mais Pierre Cartonnet, qui joue un Gennaro véridique et émouvant, a su éviter les pièges de son rôle. Et Jérôme Bidaux, qui canape superbement Gubetta, serviteur et âme damnée de Lucrèce, se montre sûrement le meilleur acteur de la soirée. La preuve: son talent arrive à faire oublier Béatrice Dalle, qui patauge dans un rôle qui n'était sans doute pas fait pour elle. - Jusqu'au 23 août dans la Drôme. Reprise en octobre à Créteil. Idffran Hervé

Même si personne ne pleure à la fin du spectacle, le metteur en scène, David Bobée, sert fort convenablement

4B78B53855905E0E329A47A48E0B75782D911B8EC153488DD614410 GRIGNAN 0886201400524/GOP/FFA/2

06 AOUT 14 Hebdomadaire 44 RUE DE TURBIGO 75003 PARIS - 01 44 61 96 10

Surface approx. (cm²) : 92 N° de page : 13

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BEATRICE DALLE PASIONARIA « Lucrèce Borgia » de Victor Hugo, mise en scène de David Bobée Depuis un an, Lucrèce Borgia pose à nouveau sa sombre silhouette sur les scènes hexagonales. De la gracieuse Marina Hands (Athénée) à l'original Guillaume Gallienne (ComédieFrançaise), en passant par la gentille Nathalie Richard (Théâtre de la Commune), tous et toutes s'essayent à la sulfureuse empoisonneuse. Mais l'interprétation la plus rock'n'roll est sans aucun doute celle de l'égérie gothique, passionnante et passionnée, du cinéma français : Béatrice Dalle. Quel étonnant pari que celui de David Bobée proposant à la flambée et flamboyante actrice de monter à 49 ans pour la première fois sur scène. La belle inclassable ne rate pas son baptême scénique en se jetant à corps perdu dans cette relecture puissante de Lucrèce Borgia. Vouant ici un culte tantôt à la rédemption, tantôt à la cruauté, Béatrice Dalle emporte le public dans sa folie dramatique, telle une louve, entre mère et amante, avec une incroyable grâce et une sincérité non feinte. Dans une mise en scène millimétrée, aux élans théâtraux plus esthétisants et images que purement littéraires, David Bobée offre à sa comédienne un écrin couleur flamme et sang posé dans un bassin à l'eau noire, entre acqua alla vénitienne et acquaforte dantesque. La troupe l'accompagnant est à la hauteur : déchaînée, à l'énergie juvénile et insolente, avec Pierre Cartonnet dans le rôle de Gennaro et de jeunes loups acrobates-danseursacteurs virtuoses. La pièce soulève l'enthousiasme du public provençal, trop heureux de voir ainsi Victor Hugo insolemment rajeuni et Béatrice Dalle faire monter les fièvres nocturnes drômoises... au-delà des 37°2 syndicaux. Gil Chauveau • Jusqu au 23 août a 20 h30 Les Fètes nocturnes, château de Gngnan (26) Tel 047591 8365 • Reprise du 15 au 18 octobre, Maison des arts de Creteil (94)

GRIGNAN 9766201400506/XTT/OTO/2

07/20 AOUT 14 Hebdomadaire OJD : 104111 Surface approx. (cm²) : 136 N° de page : 88 80 BOULEVARD AUGUSTE BLANQUI 75707 PARIS CEDEX 13 - 01 48 88 46 00

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Lucrèce Borgia oir venu, dans le cadre de ses Fêtes nocturnes, te château de Grignan se métamorphose en patais Barbango C'est ici que Lucrèce Borgia, femme de pouvoir incestueuse et meurtrière, cherche ta rédemption

auprès du soldat Gennaro, son Fils abandonné à la naissance Ignorant sa véritable Filiation, ce dernier ne se remettra jamais de sa découverte enfant d'un monstre, il deviendra matricide Mise en scène par un David Bobée au sommet de sa patte esthétique, ta pièce gagne en chair et volupté Ses

DES TABLEAUX VIBRANTS D'ÉMOTION, ou se déploient acrobates, danseurs et comédiens

interprètes, acrobates, circassiens, danseurs ou comédiens, signent des tableaux vibrants d'émotion dont la magnifique scène du banquet, aussi virile que débridée Maîs Lucrèce Borgia sans sa part d'ombre, sans sa jouissance a la cruauté, ce n'est plus vraiment la Lucrèce Borgia de Victor Hugo Béatrice Dalle pour ses premiers pas au théâtre déçoit il est a espérer qu'elle prenne ses marques au fil des représentations, soutenue par l'excellent Jérôme Bidaux en Gubetta, serviteur maléfique ll reste que David Bobée avec sa judicieuse scénographie, un bassin d'eau et des pontons en bois, parvient a immerger son spectateur dans une ambiance sombre, a mesure que décroît la lumière du soleil Hypnotique ]9 AMANDINE PILAUDEAU

Jusqu'au 23 août, au château de Grignan (26). Tél. : 04 75 91 83 65. Puis du 15 au 18 octobre à Créteil (94) et en tournée.

GRIGNAN 6995301400502/XHM/AZR/2

13/19 AOUT 14 Hebdomadaire OJD : 42673 24 RUE SAINT SABIN 75011 PARIS - 01 42 44 16 16

Surface approx. (cm²) : 384

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scènes

Lucrèce rouge sang Béatrice Dalle est l'astre noir d'une mise en scène particulièrement réussie de Lucrèce Borgia, où David Bobée traduit librement l'univers de Victor Hugo entre mélo, roman d'aventures et fantastique halluciné. Prendre un personnage historique sulfureux, un monstre sans scrupules, dont on aggravera au besoin les méfaits. Choisir de préférence une femme. Lui donner des sentiments humains ; ceux d'une mère pour son fils, par exemple. Situer le lout en pleine Renaissance italienne, époque où l'on avait le poison facile et le poignard prompt à dégainer. Tel est le projet redoutablement efficace mis en oeuvre par Victor Hugo dans Lucrèce Borgia. Fondée sur une structure mélodramatique, la pièce oppose un jeune homme impétueux vénérant une mère dont il ne sait rien mais dont il garde sur son coeur les lettres qu'elle lui fait régulièrement parvenir, et une criminelle réputée incestueuse, entre autres vilenies. D'un côté, Gennaro, dont Pierre Cartonnet, cheveux en bataille, fait un gamin impulsif et fougueux. De l'autre, Lucrèce Borgia, qu'interprète Béatrice Dalle avec une présence évidente servie par une économie du jeu d'autant plus remarquable que ce sont les premiers pas de l'actrice sur des planches de théâtre. En fait de planches, celles que David Bobée a conçues pour sa mise en scène ont ce paradoxe de surplomber un plan d'eau. Ce sont des pontons modulables qui au gré du spectacle se transforment en tables ou en radeaux et peuvent facilement être renversés. Disposés devant la façade du château de Grignan, dans la Drôme, où ce spectacle est créé avant de partir en tournée, ils rappellent que la pièce débute à Venise. Drapée dans une robe noire flottant dans le vent, c'est par la porte du château que Béatrice Dalle fait sa première entrée. jamais David Bobée n'avait atteint un tel niveau d'humour et d'intensité Elle s'avance directement dans l'eau vers Gennaro endormi. L'eau est un élément déterminant dans ce spectacle. Entre bain amniotique et liquide primordial où la vie prend son origine, c'est un symbole maternel évident. Ce qui ne veut pas dile pour autant qu'elle soit synonyme d'apaisement, à l'image du sommeil dans lequel est plongé Gennaro sous le regard attendri de Lucrèce. L'eau représente en réédité un fond obscur, incontrôlable, duquel peuvent surgir des pulsions destructrices. Cette conjugaison au sein même de la scénographie de forces antagonistes, le sol apparemment ferme des pontons n'étant jamais tout à fait assuré, donne au spectacle sa pleine dimension de drame romantique. Les premiers échanges entre Lucrèce et son fils jouent évidemment sur le fait que Gennaro ignore qu'il a devant

lui Lucrèce Borgia et que celle-ci est la mère qu'il chérit tant. Les compagnons d'armes du jeune homme détruisent Ic charme de cette rencontre en révélant le nom de l'inconnue dans un échange cinglant où ils humilient Lucrèce en énumérant les crànes qu'elle a commis envers leurs familles respectives. Celle-ci jure de se venger. En attendant, seul le spectateur partage le secret qui la lie à son enfant. Hugo crée ainsi une empathie paradoxale vis-à-vis d'une femme haie autant que redoutée pour sa cruauté, mais prête à se mettre en danger pour s'approcher de Gennaro. Des espions au service de son époux Don Alfonse d'Esté la guettent du haut des gradins. Dans cette passion soudaine pour un gamin ils ne voient qu'une perversion de plus, persuadés qu'il est son amant. Seul Gubetta, complice aux ordres dè Lucrèce, devine quelque chose. Se faisant passer pour un Espagnol, il est interprété avec un esprit pétillant par l'excellent Jérôme Bidaux. Ses premiers pas face au public en équilibre sur le bord du bassin en font un personnage à part. Les interventions de ce personnage intrigant et cynique apportent une pincée d'humour dont l'effet est d'alléger une intrigue qui relève autant du théâtre que du roman d'aventures. Il y a d'ailleurs dans la façon dont les acteurs s'emparent de cette mise en scène une grâce pleine d'élan. Le jeu très physique, comme souvent dans les spectacles de David Bobée, convient parfaitement à l'univers de la pièce ainsi qu'à la scénographie un tantinet casse-gueule. Ce n'est pas pour rien qu'une bonne partie des comédiens de cette troupe sont aussi des circassiens. Il y a une joie du corps et du jeu dans ce spectacle qui contribue largement à son charme et qui en fait l'un des plus réussis du metteur en scène. Cette capacité à appréhender l'espace et à le faire exister est d'ailleurs flagrante dans la scène du dîner chez la Negroni. Jamais David Bobée n'avait atteint un tel niveau d'humour et d'intensité, passant insensiblement d'un registre à un autre. La soirée copieusement arrosée glisse de l'humeur grivoise à des envies de bacchanales orgiaques pour, à la suite de diverses querelles entre les convives, atteindre une tonalité relevant du fantastique. L'eau devenue rouge sang, Lucrèce se jette sur les corps agonisants de ceux qui l'ont humiliée au début de la pièce avec une rage d'autant plus troublante qu'il y entre une dimension clairement erotique. Comme si elle souhaitait jouir de ces corps avant de les dévorer. Ce n'est plus une femme ordinaire mais une créature inquiétante surgie des profondeurs de l'eau. Ses derniers échanges avec Gennaro, à qui elle révèle enfin qui elle est, n'en sont que plus 7A7785D553D09409926F4E046800553A2142BE4B61F34C210CB378F

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13/19 AOUT 14 Hebdomadaire OJD : 42673 24 RUE SAINT SABIN 75011 PARIS - 01 42 44 16 16

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troublants. Lucrèce Borgia d'après Victor Hugo, mise en scène David Bobée, avec Béatrice Dalle, Pierre Cartonnet, Alain D'Haeyer, Radouan Leflahi, Marc Agbedjidji, Mickaël Houllebrecque, Juan Rueda, Pierre Solo, Jérôme Bidaux,

Marius Moguiba, Catherine Dewitt, jusqu'au 23 août à Grignan (Fêtes nocturnes de Grignan) Tanneur Hugues Le

7A7785D553D09409926F4E046800553A2142BE4B61F34C210CB378F GRIGNAN 8526601400503/XHM/FMM/2

25 JUIN/01 JUIL 14

EXPRESS STYLES

Hebdomadaire OJD : 451713

29 RUE DE CHATEAUDUN 75308 PARIS CEDEX 9 - 01 75 55 10 00

Surface approx. (cm²) : 464 N° de page : 76

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Interview Loto 8 questions tirées aa hasard parmi 49

Après trente ans de cinéma et plus de 40 films, la comédienne monte sur les planches pour la première fois^ Et interprète une LUCRÈCE BORGIA à son image, rock'n'roll.

//Y\\ REGRETTEZ-VOUS IU /DES RENDEZ-VOUS RATÉS? Oui, avec le réalisateur Aki Kaurismâki. Il m'avait proposé déjouer dans l'un de ses films. J'étais d'accord, mais on ne m'a jamais transmis le scénario. Il a cru que je ne voulais plus le faire. Quèlques années après, Jim Jarmusch, que je connais bien [Elle a tourne avec lui Night on Earth], avait chez lui l'affiche de 37°2 le matin punaisée sur un mur. Mais mon nom était caché par un gros bout de Scotch. Quel gâchis !

Béatrice

Dalle

/ sj\ IL I

VOTRE «I, EST ADAPTEE AU CINÉMA, QUI TIENT LE RÔLE? Je jouerais mon propre rôle et à tous les âges : 7 ans, 15 ans,23 ans... vieille dame... Tout compte fait, non, je n'aimerais pas que mon existence soit exhibée à l'écran, cela ne m'apporterait rien. Les souvenirs doivent rester où ils sont. AVEZ-VOUS LE BLUES DU DIMANCHE SOIR? Non, car ma vie est en général complètement décousue. Sauf en ce moment où le dimanche est notre jour de repos. Après une semaine de répétitions éreintantes, je me rends compte que je suis aussi en forme que les acrobates superathlétiques avec lesquels je travaille. Cela me donne un coup de jeune, pas un coup de blues ! GRIGNAN 2883260400524/GTG/ATA/2

PLUTÔT ABDELLATIF KECHICHE OUQUENTINTARANTINO? J'aime les deux, mais je préfère Sacha Baron Cohen. J'ai revu Bruno récemment et je vous assure, moi qui connais bien le monde de la mode, que cela n'a rien d'une caricature. C'est du naturalisme pur et dur ! ' / /^QUELLEQUESTION Jl I VOUS A-T-ON LE PUIS POSÉE?

Celles qui reviennent le plus souvent concernent mon tout premier rôle, dans 37°2 le matin, de Jean-Jacques Beineix. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'adore me rendre au Japon. Là-bas, au moins, ils savent que j'ai tourné plus de 40 films. QU'AVEZ-VOUS FAIT DEVOS20ANS? j'ai 17 ans depuis toujours. Mon secret? J'enchaîne les conneries. Tout le temps. Et je me porte très bien. Je reste une énigme pour ceux qui ont un parcours réglé.

QU'AVEZ-VOUS ACHETÉ AVEC VOTRE PREMIER CACHET? Un Carambar ! J'étais la moins bien payée de 37°2 le matin. En revanche, avec mon deuxième cachet, pour On a volé Charlie Spencer !, de Francis Buster, je me suis rattrapée et j'ai pu m'offrir un appart ! «LA FICTION, C'EST QUAND = LETOURNAGE S'ARRÊTE»,AVEZ-VOUS DIT... J'ai dit ça? J'assume. Quand je ne joue pas, mon cerveau cesse de fonctionner. Le quotidien et la réalité ne m'intéressent pas. Si ma vie pouvait ressembler à un opéra sanglant !

LA QUESTION COMPLÉMENTAIRE POURQUOI AVOIR ATTENDU Sl LONGTEMPS POUR VOUS FROTTER AU THÉÂTRE? Parce que je n'avais pas rencontre dè metteur en scène comme David Bobec. J'aime son esprit, sa créativité. Je me fiche des textes et des scénarios, ce qui m'importe, c'est la mise en scène. Je vais rarement au théâtre, le public ronronne. C'est d'un ennui ! Lucrèce Borgia est proche d'un concert de punk. Je suis vraiment dans mon élément. PROPOS RECUEILLIS W» IGOBHANSEN-L0VE

Lucrèce Borgia, de Victor Hugo Mise en scène par David Bobee. Du 26 juin au 23 aoùt. Têtes nocturnes de Gngnan (Drôme)

Eléments de recherche : LUCRECE BORGIA : pièce de théâtre avec Béatrice Dalle/David Bobée, du 23/06 au 23/08/14, uniquement à Grignan (26), toutes citations

Lâ culture.

coulisses AU BAL SANELANT

oe otucnÈce BoReta,,

..Depuis que des éphèbes répètent, an a beaucoup de promeneursn, constate le directeur de Châteauvallon, site culturel oal ont lieu les répétitions en plein air de lucrèce Bofgrb. Sur cette colline de Toulon, avec la mer et les oliviers pour toile de fond, les comédiens, danseurs de hip-hop et circassiens s'ébrouent torse nu, en plein cagnard, dôns I'arène. Un mélan9ê des genles qu'affectionne le ieune metteur en scène David Bobee, 33 ans, partisân d'un ..théâtrc transdisciplinaire et rcprésentatif de la France dans laquelle j'dime vivre r. Oî a dressé des pontons èn bois amovibles dans le bassin en demi-cercle figurant la lagune de Venise où se noue la tragédie cedipienne de Lucrèce et du jeune cennaro (l'âcrobâte Pierre Cartonnet). Ces derniers répètent le banquet final, où l'empoisonneuse de Ferrare a râison de ses rivaux. Patâugeant à genoux dans l'eâu, Béatrice Dalle fait remarquer: ..L'agonie est superlonguerr, avânt d'éclater d'un rire féroce. confier le rôle dè I'ogresse sulfureuse Lucrèce à son double contemporain, Béatrice Dâlle, un mimétisme trop évident? lintéressée, tout en noir, se d êJendi .< Luctèce c'est moi, c'est peut-être présomptueux, mais je me reconnais en elle, à la manièrc dont les gens Ia voient, Ia diabolisent, r, A 49 ans,la comédienne fétiche de claire Denis débute à la scène: (.Je n'y connais rien, âvoue-t-elle, mari je mets mon éducation théâtrale entre les mains de David Bobee. Je veux bien laire ça toute ma vie, avec lui., Le mélodrame romantique de Victor Hugo se jouera tout l'été sous les étoiles aux Fêtes nocturnes de Grignan, puis en tournée. Les vieilles pierres de ce châteâu Renaissance ont inspiré ce proiet, mûri de longue date, à David Bobee, fraîchement nommé directeur du CDN de Haute-Normandie. .. C'est un texte surréalîste, truffé d'invtaisemblances, détaille-t'il. La mise en scène onirique suggère que I'on glisse verc le cauche' rnal. ), Ce r(son et lumièren, accompâgné par le musicien Butch McKoy, offre un contrepoint rock à une autre Lucrèce, concurrente et transgenre, avec Guillaumê Gâllienne, qui se ploduit en même temps à la comédie-Françâise. ai Gr

cet été, Béatrice

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par Lntilie Ctnngeru1, tri:er I'ra .l l]îledr. Rosikt Boi.t-t.a/, P/tilifpe Dage , Sfy'pùa t D.&tû, Cllnettitte Golhr, I'r4t/lrit Potd û (,:ltùt Rl tJ,.

Pagts ry'alisécs

16 JUIL 14 Hebdomadaire OJD : 239822 Surface approx. (cm²) : 3071 N° de page : 7,40,41,42,...,43 13 RUE HENRI BARBUSSE 92624 GENEVILLIERS - 01 73 05 45 45

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SOMMAIRE ^

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16 JUILLET 2014/N° HOT

ACTUALITES 10 FLASH EXPRESS KATE ET BABY GEORGE, MODE, SHOWBIZ... TOUS LES BUZZ DE U SEMAINE 24 A LA UNE SOPHIE MARCEAU POURQUOI ELLE QUITTE CHRISTOPHE LAMBERT 30 EVAMENDES, RYAN GOSLING Un bébé et un mariage ! 32 ZAZ, CARLA BRUNI, ALIZÉE La chanson francaise s'exporte bien 36 JULIA ROBERTS, FELIPE D'ESPAGNE DAVID BECKHAM, Tous accros au Rainbow Loom 38 KATIE HOLMES Elle nargue Tom Cruise 40 BÉATRICE DALLE "Maintenant j'aime les good boys" 44 FRERO DELAVEGA Les nouveaux Beach Boys

CtébnS PHOTOS Of COWFRTUœ SOPHIE MABCfAU DfW'SGU/GWFBOUfiG fleSTIAMGF KflTÊ PÂ/ABflCA

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46 JUNE ET BARRY STEENKAMP "Nous avons pardonné à Oscar Pistonus" 52 LOUIS BODIN, CATHERINE LABORDE, ÉVELYNE DHÉLIAT Une amitie au beau fixe 55 GALA CINÉMA Le guide des films en salles...

SÉRIES D'ÉTÉ 56 L'HOMME QUI A DÉTRUIT LEUR VIE Marianne Faithfull et Mick Jagger 60 LE JOUR OÙ ELLE ONT RENCONTRE LEUR PRINCE Maxima des Pays-Bas et Willem-Alexander

CETTE SEMAINE SUR OM., r Haute couture Kristen Stewart, Emma Watson, J.Lo : toutes les stars aux défilés dans notre résumé vidéo. Beauté Les tendances issues des collections haute couture. Coupe du monde Tous les buzz, les plus belles images, les stars : découvrez notre best of.

LES COL LISSES DURFAT: Le talent et l'imagination des créateurs de mode n'ont pas de limites La preuve encore cette semaine avec les défilés haute couture Maîs ces robes d'exception n'existeraient pas sans le savoir-faire des ateliers. Toilistes, ouvrières, secondes réalisent les modeles sous la direction de la première Les mètres de tissus et de rubans filent entre leurs doigts de fée Broderies, dentelles, tissus nobles et rares, coupes savantes, rien ne les arréte. Un defi relevé à chaque collection A la fois « maçons et architectes », selon Jean Paul Gaultier, les directeurs d'atelier travaillent dans l'ombre des créateurs A l'occasion des shows couture, nous avons voulu les mettre en lumière Dans notre série d'été « Le jour ou elles ont rencontre leur prince », nous vous révélons l'histoire romanesque de Maxima, jeune Argentine devenue princesse puis reine des Pays-Bas La magie de l'amour, Béatrice Dalle la connaît (enfin) avec un « good boy » Alors qu'elle remonte sur les planches, ça sonne comme un coup de théâtre '

DOMINIQUE STRINGER-VIGNA

Redactrice en chef adjointe

16 JUIL 14 Hebdomadaire OJD : 239822 Surface approx. (cm²) : 3071 N° de page : 7,40,41,42,...,43 13 RUE HENRI BARBUSSE 92624 GENEVILLIERS - 01 73 05 45 45

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RENCONTRE PHOTOS RICHARD AUJARD

Autour de « la » Dalle, sur les riffs de guitare de Butch McKoy, comédiens, acrobates et danseurs jouent sur une scene recouverte d'une eau à la fois miroir et noire Un espace onirique fascinant

"Maintenantjaime les good boys" Si le soir, sur scène, elle est une Lucrèce Bar (fia dark et hypnotique, l'actrice qui nous reçoit est solaire. Chut... Lucrèce est amoureuse. U I n plateau en forme d'immense bassin installe au pied de la • I façade Renaissance du château de Gngnan IQ h TO ^L_X Lucrèce, entourée d Apostolo, de Rustighello et d Ascanio, scrute le ciel provençal Pleuvra ? Pleuvra pas 7 Des caprices du temps va dépendre la représentation du soir Optimistes, les spectateurs se massent déjà les sacs gonfles de K Way, parapluies et autres bobs, panoplies du parfait scout bien décide a tenir bon, quoi qu il arrive Une femme s avance « Je voulais vous dire, j ai fait des centaines de kilo metres pour venir vous voir je vous adore depuis toujours »«Vousavez bon goût madame ' » réplique Béatrice Dalle en se saisissant d'un stylo pour signer un autographe amical et genereux, a son image Quand, peu apres Ie début de la piece, la pluie commencera a tomber sans dis continuer, le public ne bronchera pas Comme foudroyé par cette Lucrèce rock et temblement humaine rêvée par le metteur en scene David Bobee GALA : En mars, quand on vous avait rencontrée, vous n'etitz pas angoissée a la perspective de faire vos débuts au theatre, maîs de signer pour un an de tournee ' GRIGNAN 8599580400505/GAB/ALH/2

BËATRICE DALLE : C est vrai Quand je me dis que I on doit faire cent dix dates (a Gngnanjusqu au 23 aoùt, puis une tournee française et internationale, ndli), ça me fait flipper ' Maîs concernant la piece, j aime tellement ce metteur en scene que je n'ai pas ete inquiète une seule seconde GALA : Ce dernier dit « Creer un spectacle pour une actrice, c'est comme lui faire une declaration d amour » B. D. : II m'en fait d'ailleurs tout le temps des déclarations ' II aime tous ses acteurs, maîs je reconnais qu il est d'une bienveillance incroyable a mon égard Ce mec-la est tellement brillant creanf, chaque jour il rn éblouit par ce qu il dit Je veux bien faire du theâtre toute ma vie avec lui ' GALA : Le spectacle presente une femme seule dans un monde d'hommes B. D. : f Elle s'amuse ) C'est bien, non 7 Je plaisante, même s'il est vrai que j ai beaucoup connu les bandes de copains, j aime la compagnie des femmes Quand on rencontre, par exemple, une Claire Denis, une Virginie Despentes, on s'en fout de savoir si ce sont des nanas ou des mecs, ce sont juste des personnes extraordinaires ' Vous savez ce que disait Robert Mitchurn a propos de ce metier 9 « Un acteur, e est un peu moins qu'un homme une actrice un peu plus qu'une femme » Je suis d accord avec ça GALA : Lucrèce est confrontée a la violence des hommes Partagez vous cdd avec votre personnage 9 B. D. : Cela rn est arrive une fois, hélas, il y a peu dc temps Maîs j'évolue dans un monde que les gens imaginent violent, a tort Quant a moi de par mon parcours, mes origines, si on me parle mal, jt peux repondre dix fois pire, etre assez vindicative dans ma façon de

16 JUIL 14 Hebdomadaire OJD : 239822 Surface approx. (cm²) : 3071 N° de page : 7,40,41,42,...,43 13 RUE HENRI BARBUSSE 92624 GENEVILLIERS - 01 73 05 45 45

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Autour de Beatrice Dalle (Lucrèce Borgia), pour servir le sublime texte de Victor Hugo, ils sont au total dix artistes, parmi lesquels (cicontre, de g à dr), le Colombien Juan Rueda (Apostoto), venant des arts du arque, Mickaël Houllebrecque (Ascanio), comédien, et Plvoinen Manus Moguiba (Rustighelto), danseur

me defendre, même si maintenant, je ne perds plus de temps a ça Je tourne le coin de la rue et j'oublie GALA : Vous n avez jamais ete violente envers vous-même 9 B. D. : Non, vraiment pas Tous les trucs illicites que j'ai pu faire n'étaient jamais pour pallier quelque chose ou pour rn autodetruire C était juste pour donner plus d'intensité a la vie GALA : Comment la solitaire que vous êtes se sent elle dans la troupe 9 B. D. : Que j'étais, car depuis que tout va bien dans ma vie, je ne suis plus solitaire ' D ailleurs, a I exception de ces dernieres annees, j'ai toujours ete beaucoup entourée Maîs quand tu es avec un mec en prison, tu as tendance a te recréer une espèce de cellule chez toi Et je n'avais, c'est vrai, plus envie de sortir m de voir personne Ça m'est complètement passe GALA : Et l'idée d'être sur les routes "> B. D. : J'adore ' Si j'avais les moyens, je vivrais a l'hôtel tout le temps Je déteste avoir une maison Ça tombe bien je n en ai plus ' (Elle vient de quitter l'appartement parisien qu'elle habitait en education, nair) GALA : A l'instar du personnage de Lucrèce, on vous a faite beaucoup plus noire que vous n'êtes

B. IX : On rn a accusée de tellement de choses, alors que quand on me connaît, je tiens plus du Bisounours que du diable ' GALA. Est-ce que cela vous a abîmée 9 B.D.: Non Ça rn a endurcie Même pas blessée, ni aigne On a sou vent parle de moi d'une maniere qui ne me plaisait pas, maîs quand je me regarde dans la glace, je n'ai honte de rien GALA : Dans la piece, Lucrèce croît pouvoir racheter ses crimes par I amour qu elle porte a son fils Vous avez rarement joue les meres au cinema 9 B. D. : Tres peu, en effet La maternite ne me parle pas du tout Pour moi, une femme n est pas obligatoirement une génitrice On n est pas la pour se reproduire forcement Ce serait nous reduire non pas a peu de chose - car e est important de donner la vie -, maîs nous ne sommes pas que ça Etre mere n est pas une nécessite pour être épanouie GALA : Vous qui avez beaucoup aime les bad boys, pensez-vous que I amour peut être salvateur 9 B. D. : Non En tout cas, quand j'aime quelqu un, je le prends tel qu il est, je n essaie pas de le transformer De toute façon, maintenant, j'aime les good boys '

"BÉATRICE, CEST JUSTE UN ANGE" Quand on a fait appel au jeune (36 ans) nouveau directeur du CDN (Centre dramatique national de Haute-Normandie) pour les Nocturnes de Gngnan, il a immédiatement pensé au Lucrèa Borgia de Victor Hugo « J'ai terme les yeux, se souvient David Bobee, et me suis dit, quelle actrice pour ce rôle a la fois monstrueux et plus humain que tous les autres personnages> Le visage de Beatrice s'est imposé De par ses choix professionnels de femmes fortes, dangereuses, sulfureuses. Et de ce que je pressentais d'elle, quelqu'un de droit, debout, intransigeant, incapable de mensonges Elle est dix fois mieux que ce que j'imaginais. C'est d'une part un monstre de boulot, et elle met une ambiance incroyablement joyeuse dans l'équipe. Elle aurait de quoi se la raconter et c'est juste un ange »J B GRIGNAN 8599580400505/GAB/ALH/2

16 JUIL 14 Hebdomadaire OJD : 239822 Surface approx. (cm²) : 3071 N° de page : 7,40,41,42,...,43 13 RUE HENRI BARBUSSE 92624 GENEVILLIERS - 01 73 05 45 45

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"ÊTRE MÈRE N'EST PAS UNE NÉCESSITÉ POUR ÊTRE ÉPANOUIE" CALA : Justement, vous êtes radieuse. Est-ce l'aventure théâtrale qui vous donne ce petit supplément de lumière dans le regard ? B. D. : Pas que... C'est l'amour. GALA : Lors de notre dernière rencontre, vous disiez ne plus être disponible pour lui ! B. D. : Eh bien, je me trompais. C'était une erreur. Comme pour Lucrèce, tout peut encore changer. Je n'ai pas trop envie d'en parler, mais c'est une rencontre faite comme ça, par hasard. Un cadeau de la vie. GALA : Faites-vous facilement confiance à l'autre ? B. D. : En tout cas, j'ai envie, oui. Après, on peut se dire que chaque soir, il est facile de faire le eon n'importe où sans que l'autre le sache, mais c'est triste de penser à ça. Alors je fais confiance. Et puis, qu'est-ce qu'il y a de plus beau dans la vie que d'aimer et d'être aimé ? GALA : Si vous aviez à choisir ? B.D.: C'est difficile, car aimersans être aimé, c'est beaucoup de souffrance !

GALA : Cela vous est-il arrive ? B. D. : J'imagine que oui, mais il y a parfois des choses que tu devines et que tu n'as pas envie de t'avouer, ni d'avouer tout court. GALA : Etes-vous de celles qui quittent ? B. IX : Souvent, oui. Je crois que nous, les femmes, on donne beaucoup de deuxième chance, de troisième chance, etc., mais une fois que c'est terminé, c'est terminé. On ne se retourne plus. GALA : Est-ce que l'amour justifie que l'on brave tous les interdits ? B. D. : Pour moi, la fin justifie toujours les moyens. GALA : Aucun interdit, donc ? B. D. : Si, un, le partage ! (Elle éclate de rire.) Sur ce point-là, je suis davantage fourmi que cigale : je ne suis pas prêteuse ! PROPOS RECUEILLIS PAR JEANNE BORDES

Savoir porter la voix (Ite Jouent en extérieur) mais sans trop en faire, s'approprier une langue belle mais qui n'est pas contemporaine, un défi que Béatrice Dalle a relevé avec l'aide dè la comédienne Catherine DewitUUNegroni, seul autre personnage féminin de la pièce). « Béatrice est avide de travail, de savoir, et fait une confiance totale ! », commente cette dernière.

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