VIS A VIE 3

Page 1

ART TRIMESTRIEL MARS 2012 I N° 3 I 0 €



L’ÉQUIPE

Claudia Gäbler Anik Rolland-Rubinfajer Nathalie Kamoun Abdel Bouzbiba Fatma Girretz Pier Gallen Léon Küpper ÉDITEUR RESPONSABLE Claudia Gäbler Théâtre de la Vie rue Traversière 45 1210 Bruxelles Tél. +32 2 219 11 86 www.theatredelavie.be info @ theatredelavie.be

Si vous souhaitez nous faire part de vos avis ou envies, si vous désirez recevoir VISAVIE chez vous... Contactez-nous !

Éditorial Pour un avenir digne d’être vécu. L’art a des armes que l’esprit analytique ne possède pas. Il bouleverse le spectateur, l’auditeur, perce le béton armé de son égoïsme, de sa froideur et de son indifférence. Il touche les gens au plus profond, remue en lui des émotions inconnues. Jean Ziegler

Il est des personnes qui ouvrent la voie de la pensée. Des personnes comme Jean Ziegler. Des personnes comme Oskar Negt. Des personnes comme Jean-Gabriel Carasso. Comme Ariane Mnouchkine. Écoutons-les. Il est des choses qui doivent être dites. Publiquement.

Notre travail au Théâtre de la Vie est porté par l’idée d’un monde « viable dans le futur ».

La démocratie est quelque chose qu’il faut soigner, développer et protéger.

Une perspective que nous considérons comme « viable dans le futur » est la dissolution / suppression des frontières et la création de liens.

Vis à Vie renforce l’idée d’un théâtre qui ne soit pas uniquement une salle d’accueil de spectacles, mais soit aussi un lieu d’échanges, de découvertes et d’ouverture aux autres disciplines. En proposant des pistes de réflexion qui nous paraissent intéressantes à partager, nous espérons ainsi éveiller la curiosité, l’esprit critique chez nos lecteurs / spectateurs.

www.design1A.com

Alors que nos sociétés occidentales débordent de richesse, nos acquis sociaux sont aujourd’hui menacés, réduits, voire supprimés. Le statut de l’artiste fait actuellement l’objet d’un traitement honteux et arbitraire. Les structures théâtrales sont également fragilisées par des critères de rentabilité qui s’éloignent fondamentalement de l’acte de création et du caractère singulier de leurs missions. La production des biens, le capital, la bourse, les soi-disant « valeurs sûres », se situent tout en haut de la hiérarchie mondiale actuelle. Et il semble que toute personne raisonnable et réfléchie doive accepter cet état de fait comme s’il s’agissait d’une norme.

Accessible au plus grand nombre et distribué gratuitement, ce trimestriel n’est pas dédié à la seule programmation du Théâtre de la Vie mais s’ouvre aux contributions d’auteurs, de slameurs, d’acteurs de la vie sociale, politique, philosophique, scientifique et artistique. En politique, il ne suffit pas de faire ce qui est possible, il faut rendre possible ce qui est nécessaire ! J-G Carasso L’équipe du Théâtre de la Vie

Couverture Photo : Hanna Lippmann

Shelters little trees and little women www.hannalippmann.de Exposition des oeuvres d’Hanna Lippman au Théâtre de la Vie. (>page 52)

3


6

30

38

Quel est mon rêve ? La musique, le théâtre, la poésie – en un mot, l’art – transporte les gens au-delà d’eux-mêmes. L’art a des armes que l’esprit analytique ne possède pas. Il bouleverse le spectateur, l’auditeur, perce le béton armé de son égoïsme, de sa froideur et de son indifférence. Il touche les gens au plus profond, remue en lui des émotions inconnues. Et soudain, le mur défensif du formalisme s’écroule. La folie néo-libérale du profit se désagrège. Il ne reste que cendre et poussière. La réalité apparaît dans les consciences et avec elle, les enfants à l’agonie.

Je viens d’un ailleurs. Là d’où je viens, des milliers de personnes se sont rassemblées dans les rues, dans tout le pays, au cri de „Wir sind das Volk!“, « Nous sommes le peuple ! ». Elles ont réclamé des réformes. Elles ont rêvé que leur pays devienne réellement démocratique. Je vais vous raconter ce que j’en sais, vous parler de moi et vous dire comment je vois les choses aujourd’hui. J’aimerais vous inviter à un voyage dans la pensée. Je le nomme démocratique car il m’importe de nous intégrer, l’un et l’autre, dans un questionnement commun, vous, ma lectrice ou mon lecteur, et moi, l’auteure de ces lignes. Nous allons nous rendre dans les paysages de la politique et de la culture. Mais prenons le temps qu’il faut. En premier lieu, il s’agit de vous et de moi.

La Mort du cochon est le premier spectacle d’Isabelle Wéry, créé en 1998 dans le cadre des Giboulées du Théâtre de la Balsamine et nominé aux Prix de la Critique « meilleur seul en scène / 98 ». Elle le retrouve avec un désir de redécouverte et de recréation, de retour à ses premiers travaux, comme on revient dans la maison où l’on a grandi.

EDITORIAL

12 Jean-Gabriel Carasso En politique, il ne suffit pas de faire ce qui est possible, il faut rendre possible ce qui est nécessaire !

25 PROCESSUS CROISÉS Michel Dusariez - Gwen Berrou

16 IN EXTENSO Louise Desbrusses

57 CHAMP LIBRE Amazone

18 PORTRAIT Noémie Marsily & Carl Roosens

58 PAGES PRATIQUES Théâtre de la Vie

Jean Ziegler La révolte de la conscience

SOMMAIRE VISIONNAIRES 6 Jean Ziegler La révolte de la conscience 11 Ariane Mnouchkine

Nous ne lisons pas assez. Nous sommes endormis sur la lumière.

4

„Wir sind das Volk !“, « Nous sommes le peuple ! » ou Seules les utopies sont encore réalistes / Claudia Gäbler

24 LE BARDA D’YVETTE Isabelle Wéry

La mort du cochon Isabelle Wéry

Spectacle produit par Audience Production

28 BD Abdel Bouzbiba et Alain Mundz


44

Fall into the show CREATION Gwen Berrou

50

LES MULTIVERS L’univers textuel, vocal et musical de Christiane Hommelsheim

Qu’est-ce qui vous met dans cet état ?

4 performances I 1 exposition I 1 rencontre

L’histoire qui se raconte ici est celle d’une femme qui, parce qu’elle a peur de tomber, décide justement de choir de toutes les manières possibles. Elle suppose qu’en faisant l’inventaire de toutes les chutes imaginables, elle trouvera comment s’affranchir, ou pour le moins se distraire, de l’écroulement des illusions sentimentales ou idéologiques.

Tissage ! Entrelacs ! Un solo n’est jamais un solo...

Entre théâtre-physique et performance, ce spectacle parle d’amour, de chute et de théâtre. Coproduction Théâtre de la Vie / Réseau Open Latitudes

C’est le résultat d’un parcours ayant mêlés toutes sortes d’expériences et de rencontres. C’est un instantané de la manière dont je participe à ce monde. Un instantané aussi de qui fait partie de mon monde. Mon parcours artistique est très proche de mon chemin de vie. Les hommes et les femmes que j’ai rencontrés ont imprégné mon travail et ma vie. Je me réjouis de pouvoir présenter au Théâtre de la Vie les cheminements et les influences qui m’ont donné la matière à partir de laquelle mon travail est tissé aujourd’hui.

53

Le corps est-il soluble dans l’écrit ? Louise Desbrusses

Louise Desbrusses est l’auteure de deux romans, L’argent, l’urgence et Couronnes Boucliers Armures (P.O.L), d’une pièce radiophonique, Toute tentative d’autobiographie serait vaine (Lansmann éditeur) et de poésie. Dans ses essais regroupés sous le titre Du corps (&) de l’écrit, publiés par la revue Inculte, elle se demande : Quelle est l’invisible performance du corps de l’écrivain dont le texte est la trace ? Cette question l’a conduite – via sa complicité avec Christaine Hommelsheim et leurs nombreux échanges sur le processus de création – à l’écriture chorégraphique de Deborah Hay dont Louise Desbrusses adapte et interprète cette année le solo I think not, dans le cadre du Solo Performance Commissionning Project. Elle écrit actuellement son troisième roman.

Sommaire THÉÂTRE DE LA VIE 30 Nous sommes le peuple Claudia Gäbler

PROGRAMMATION

37 Dem Dikk Projection 38 La mort du cochon Isabelle Wéry 40 Rencontre Marcel Boulanger Juan d’Outremont

42 Récital pour objets abandonnés et clavier tempéré Max Vandervorst et Marc Hérouet 44 Fall into the show Gwen Berrou 46 Tomassenko et la chorale Voixlà 48 SLAM à la Vie

50 LES MULTIVERS Christiane Hommelsheim 51 Yesterdays birds • Birdsong Ch. H. / Walli Höfinger

52 Exposition photo Hanna Lippmann

53 Rencontre Témoins de notre temps Louise Desbrusses

54 Shadows, fairies and me Christiane Hommelsheim

55 Alphabet

Ch. H. / Irène Mattioli / texte : Inger Christensen

56 Le cœur rectifié

Ch. H. / Louise Desbrusses / Ralf Haarman 5


Jean Ziegler La rĂŠvolte de la conscience

6


POUR LA PREMIÈRE FOIS PUBLIÉ EN FRANÇAIS avec l’aimable autorisation de l’auteur

Le discours non tenu de Jean Ziegler Der Aufstand des Gewissens Ein Traum für Salzburg / Von Jean Ziegler*

Jean Ziegler aurait dû formuler un discours pour ouvrir l’édition 2011 du Festival de Musique de Salzbourg, en Autriche. Son invitation a été décommandée suite à sa prétendue proximité avec le despote libyen Muammar Al-Kadhafi. Jean Ziegler a contesté ces affirmations et a plutôt supposé une pression des grandes banques et des puissants consortiums suisses qui soutiennent le festival avec des sommes importantes. À la demande de la plate-forme de la Société civile autrichienne, il a tout de même rédigé ce discours. En langue allemande, il a été édité (Ecowin Verlag Salzburg), ainsi que publié dans de nombreux quotidiens et sur Internet. Le discours non tenu de Jean Ziegler a été élu « Discours de l’année », en 2011, par des rhétoriciens de l’Université de Tübingen. Nous publions ci-après la version originale du discours en langue allemande et sa traduction en français.

Sehr verehrte Damen und Herren,

Mesdames et Messieurs, honoré public

alle fünf Sekunden verhungert ein Kind unter zehn Jahren. 37 000 Menschen verhungern jeden Tag und fast eine Milliarde sind permanent schwerstens unterernährt. Und derselbe World-Food-Report der FAO, der alljährlich diese Opferzahlen gibt, sagt, dass die Weltlandwirtschaft in der heutigen Phase ihrer Entwicklung problemlos das Doppelte der Weltbevölkerung normal ernähren könnte.

Toutes les cinq secondes, un enfant de moins de dix ans meurt de faim. 37.000 personnes meurent de faim chaque jour et près d’un milliard d’humains sont gravement sous-alimentés en permanence. Et c’est le même Rapport de l’ Alimentation Mondiale de la FAO (Food and Agriculture Organisation), qui publie ces chiffres du nombre annuel de victimes et affirme que l’agriculture mondiale pourrait nourrir sans problème, dans la phase actuelle de son développement, une population mondiale doublée.

Schlussfolgerung: Es gibt keinen objektiven Mangel, also keine Fatalität für das tägliche Massaker des Hungers, das in eisiger Normalität vor sich geht. Ein Kind, das an Hunger stirbt, wird ermordet. Gestorben wird überall gleich. Ob in den somalischen Flüchtlingslagern, den Elendsvierteln von Karachi

Conclusion : objectivement il n’y a pas de pénurie, donc pas de fatalité dans ce massacre quotidien par la faim, qui va son chemin dans sa normalité glaciale. Un enfant qui meurt de faim, c’est un assassinat. On meurt partout

* J ean Ziegler: Der Aufstand des Gewissens. Die nicht-gehaltende Festspielrede 2011. Salzburg: Ecowin-Verlag, 2011.

... 7


oder in den Slums von Dhaka, der Todeskampf folgt immer denselben Etappen. Bei unterernährten Kindern setzt der Zerfall nach wenigen Tagen ein. Der Körper braucht erst die Zucker-, dann die Fettreserven auf. Die Kinder werden lethargisch, dann immer dünner. Das Immunsystem bricht zusammen. Durchfälle beschleunigen die Auszehrung. Mundparasiten und Infektionen der Atemwege verursachen schreckliche Schmerzen. Dann beginnt der Raubbau an den Muskeln. Die Kinder können sich nicht mehr auf den Beinen halten. Ihre Arme baumeln kraftlos am Körper. Ihre Gesichter gleichen Greisen. Dann folgt der Tod.

Rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation de 2001 à 2008, Jean Ziegler est aujourd’hui vice-président du comité consultatif du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU. Professeur émérite de sociologie à l’Université de Genève, il a consacré l’essentiel de son œuvre à dénoncer les mécanismes d’assujettissement des peuples du monde. Récemment : L’Empire de la honte (2005) et La Haine de l’Occident (2008). Son dernier livre Destruction Massive est paru en octobre 2011 aux Éditions du Seuil. Comme toujours avec Jean Ziegler, la souffrance a un visage, l’oppression un nom, et les mécanismes à l’œuvre sont saisis dans leur application concrète. Mais l’espoir est là, qui s’incarne dans la résistance quotidienne de ceux qui, dans les régions dévastées, occupent les terres et opposent le droit à l’alimentation à la puissance des trusts agro-alimentaires. Ils attendent de nous un indéfectible soutien. Au nom de la justice et de la dignité de l’Homme.

8

Die Umstände jedoch, die zu dieser tausendfachen Agonie führen, sind vielfältig und oft kompliziert. Ein Beispiel: die Tragödie, die sich gegenwärtig (Juli 2011) in Ostafrika abspielt. In den Savannen, Wüsten, Bergen von Äthiopien, Djibouti, Somalia und Tarkana (Nordkenia) sind 12 Millionen Menschen auf der Flucht. Seit fünf Jahren gibt es keine ausreichende Ernte mehr. Der Boden ist hart wie Beton. Neben den trockenen Wasserlöchern liegen die verdursteten Zebu-Rinder, Ziegen, Esel und Kamele. Wer von den Frauen, Kindern, Männern noch Kraft hat, macht sich auf den Weg in eines der vom UNOHochkommisariat für Flüchtlinge und vertriebene Personen eingerichteten Lager. Zum Beispiel nach Dadaad, auf kenianischem Boden. Dort drängen sich seit drei Monaten über 400 000 Hungerflüchtlinge. Die meistens stammen aus dem benachbarten Südsomalia, wo die mit Al-Quaida verbundenen fürchterlichen Chebab-Milizen wüten. Seit Juni treten täglich rund 1500 Neuankömmlinge aus dem Morgennebel. Platz im Lager gibt es schon lange nicht mehr. Das Tor im Stacheldrahtzaun ist geschlossen. Vor dem Tor führen die UNOBeamten die Selektion durch: Nur noch ganz wenige - die, die eine Lebenschance haben kommen hinein. Das Geld für die intravenöse therapeutische Sondernahrung, die ein Kleinkind, wenn es nicht zu sehr geschädigt ist, in zwölf Tagen ins Leben zurück bringt, fehlt. Das Geld fehlt. Das Welternährungsprogramm, das die humanitäre Soforthilfe leisten sollte, verlangte am 1. Juli für diesen Monat einen Sonderbeitrag seiner Mitgliedstaaten von 180 Millionen Euro. Nur 62 Millionen kamen herein. Das normale WPF (World-Food-

de la même façon. Que ce soit dans les camps de réfugiés somaliens, les bidonvilles de Karachi ou de Dacca, l’agonie passe toujours par les mêmes étapes. Chez les enfants sous-alimentés, c’est le délabrement physique en quelques jours. Le corps épuise d’abord les réserves de sucre, puis de graisse. Les enfants sont léthargiques et maigrissent de plus en plus. Le système immunitaire s’effondre. Les diarrhées accélèrent l’épuisement. Les parasites buccaux et les infections des voies respiratoires causent des douleurs atroces. Ensuite, les ravages atteignent les muscles. Les enfants ne peuvent plus se tenir sur leurs jambes. Leurs bras pendent sans forces le long du corps. Leurs visages ressemblent à ceux de vieillards. Puis vient la mort. Cependant, les circonstances qui conduisent à cette agonie, mille fois répétée, sont nombreuses et souvent complexes. Un exemple : la tragédie qui se joue actuellement (juillet 2011) en Afrique orientale. Dans les savanes, les déserts, les montagnes de l’Éthiopie, à Djibouti, en Somalie et sur le plateau du Turkana (nord du Kenya), 12 millions de personnes sont en fuite. Depuis cinq ans, il n’y a plus eu de récolte suffisante. Le sol est dur comme du béton. Près des trous d’eau taris gisent des zébus, des chèvres, des ânes et des chameaux, tous morts de soif. Celui qui, parmi les femmes, les enfants ou les hommes, a encore quelque force, se met en route pour l’un des camps mis en place par le Haut Commissariat pour les Réfugiés et pour les Déportés de l’ONU. Par exemple, vers Dadaad, en territoire kényan. Là s’entassent, depuis trois mois, plus de 400.000 réfugiés affamés. La plupart viennent du sud de la Somalie voisine, où les sinistres milices Chebab, affiliées à Al-Qaïda, font régner la terreur. Depuis juin 2011, environ 1500 arrivants par jour apparaissent dans la brume matinale. Depuis longtemps déjà, il n’y a plus de place dans le camp. Le portail de la clôture en fil de fer barbelé est fermé. Devant le portail, les fonctionnaires de l’ONU procèdent à une sélection : seul un très petit nombre – ceux qui ont une chance de survie – peuvent entrer. L’argent pour une alimentation par voie intraveineuse thérapeutique spéciale, qui pourrait ramener à la vie, en 12 jours, un enfant en bas âge s’il n’est pas trop atteint, cet argent manque. Le Programme Alimentaire Mondial, qui devrait


Programm) Budget betrug 2008 6 Milliarden Dollar. 2011 liegt das reguläre Jahresbudget noch bei 2,8 Milliarden. Warum? Weil die reichen Geberländer - insbesondere die EU-Staaten, die USA, Kanada und Australien - viele tausend Milliarden Euro und Dollar ihren einheimischen Bank-Halunken bezahlen mussten: zur Wiederbelegung des Interbanken-Kredits zur Rettung der Spekulations-Banditen. Für die humanitäre Soforthilfe (und die reguläre Entwicklungshilfe) blieb und bleibt praktisch kein Geld. Wegen des Zusammenbruchs der Finanzmärkte sind die Hedgefonds und andere Groß-Spekulanten auf die Agrarrohstoffbörsen (Chicago Commodity Stock Exchange, u. a.) umgestiegen. Mit Termingeschäften, Futures, etc. treiben sie die Grundnahrungsmittelpreise in astronomische Höhen. Die Tonne Getreide kostet heute auf dem Weltmarkt 270 Euro. Ihr Preis lag im Jahr zuvor genau bei der Hälfte. Reis ist um 110 Prozent gestiegen. Mais um 63 Prozent.
 Was ist die Folge? Weder Äthiopien, noch Somalia, Djibouti oder Kenia konnten Nahrungsmittelvorräte anlegen - obschon die Katastrophe seit fünf Jahren voraussehbar war. Dazu kommt: Die Länder des Horns von Afrika werden von ihren Auslandschulden erdrückt. Für Infrastrukturinvestitionen fehlt das Geld. In Afrika südlich der Sahara sind lediglich 3,8 Prozent des bebaubaren Bodens künstlich bewässert. In Wollo, Tigray, Shoa auf dem äthiopischen Hochland, in Nordkenia und Somalia noch weniger. Die Dürre tötet ungestört. Diesmal wird sie viele Zehntausende töten. Viele der Schönen und der Reichen, der Großbankiers und der KonzernMogule dieser Welt kommen in Salzburg zusammen. Sie sind die Verursacher und die Herren dieser kannibalischen Weltordnung. Was ist mein Traum? Die Musik, das Theater, die Poesie - kurz: die Kunst transportieren die Menschen jenseits ihrer selbst. Die Kunst hat Waffen, welche der analytische Verstand nicht besitzt: Sie wühlt den Zuhörer, Zuschauer in seinem Innersten auf, durchdringt auch die dickste Betondecke des Egoismus, der Entfremdung und der Entfernung. Sie trifft den Menschen in seinem Innersten, bewegt in ihm ungeahnte Emotionen. Und plötzlich bricht die Defensiv-Mauer seiner Selbstgerechtigkeit zusammen. Der neoliberale Profitwahn zerfällt in Staub und Asche. Ins Bewusstsein dringt die Realität, dringen die sterbenden Kinder. Wunder könnten in Salzburg geschehen: Das Erwachen der Herren der Welt. Der Aufstand des Gewissens! Aber keine Angst, dieses Wunder wird in Salzburg nicht geschehen! Ich erwache. Mein Traum könnte wirklichkeitsfremder nicht sein! Kapital ist immer und überall und zu allen Zeiten stärker als Kunst. „Unsterbliche gigantische Personen» nennt Noam Chomsky die Konzerne. Vergangenes Jahr - laut Weltbankstatistik - haben die 500 größten Privatkonzerne, alle Sektoren zusammen genommen, 52,8 Prozent des WeltBruttosozialproduktes, also aller in einem Jahr auf der Welt produzierten Reichtümer, kontrolliert. Die total entfesselte, sozial völlig unkontrollierte Profitmaximierung ist ihre Strategie. Es ist gleichgültig, welcher Mensch an der Spitze des Konzerns steht. Es geht nicht um seine Emotionen, sein

fournir cette aide humanitaire d’urgence, a exigé, le 1er juillet, pour ce même mois, une contribution spéciale de ses pays membres de 180 millions d’euros. Seuls 62 millions ont été versés. Le budget annuel du PAM (Programme Alimentaire Mondial) s’élevait encore à six milliards de dollars en 2008. En 2011, ce budget n’est plus que de 2,8 milliards de dollars. Pourquoi ? Parce que les riches pays donateurs – en particulier les pays de l’UE, les USA, le Canada et l’Australie – ont dû payer plusieurs milliers de milliards d’euros et de dollars à leurs banquiers scélérats respectifs : pour rendre vie au crédit interbancaire et pour sauvegarder les bandits de la spéculation. Pour l’aide humanitaire d’urgence (et l’aide au développement régulier) n’est resté, et ne reste pratiquement pas d’argent. En raison de l’effondrement des marchés financiers, les hedge funds et autres grands spéculateurs se sont rabattus sur les marchés des matières premières agricoles (Chicago Commodity Stock Exchange, e.a.). Avec des contrats à terme, les Futures, et cetera, ils poussent les prix des aliments de base à des hauteurs astronomiques. Aujourd’hui, la tonne de céréales sur le marché mondial coûte 270 €. Il y a un an, son prix était exactement de la moitié. Le riz a augmenté de 110%. Le maïs de 63%. Quelle est la conséquence ? Ni l’Éthiopie, ni la Somalie, Djibouti ou le Kenya n’ont pu constituer des stocks alimentaires bien que la catastrophe fût prévisible depuis cinq ans. Ajoutons que les pays de la Corne de l’Afrique sont submergés par leurs dettes extérieures. Pour les investissements d’infrastructure, l’argent manque. En Afrique, au sud du Sahara, seuls 3,8% des terres arables sont irriguées. Dans le Wollo, le Tigré et le Choa sur les hauts plateaux éthiopiens, le nord du Kenya et la Somalie, encore moins. La sécheresse tue sans entraves. Cette fois-ci, ses victimes se compteront par dizaines de milliers. Beaucoup de riches, du beau-monde, des grands banquiers et des magnats de consortiums, de ce monde sont réunis à Salzbourg. Ils sont les instigateurs et les maîtres de cet ordre mondial cannibale. Quel est mon rêve? La musique, le théâtre, la poésie – en un mot, l’art – transporte les gens au-delà d’eux-mêmes. L’art a des armes que l’esprit analytique ne possède pas. Il bouleverse le spectateur, l’auditeur, perce le béton armé de son égoïsme, de sa froideur et de son indifférence. Il touche les gens au plus profond, remue en lui des émotions inconnues. Et soudain, le mur défensif de formalisme s’écroule. La folie néo-libérale du profit se désagrège. Il ne reste que cendre et poussière. La réalité apparaît dans les consciences et avec elle, les enfants à l’agonie. Des miracles pourraient survenir à Salzbourg : le réveil des maîtres du monde. La révolte de la conscience ! Mais n’ayez crainte, ce miracle n’aura pas lieu à Salzbourg ! Je me réveille. Mon rêve ne pourrait pas être plus irréaliste ! Le Capital est toujours et partout et en tout temps plus fort que l’art. Noam Chomsky appelle les cartels d’industries : « des personnes gigantesques et

9


Wissen, seine Gefühle. Es geht um die strukturelle Gewalt des Kapitals. Produziert er dieses nicht, wird er aus der Vorstands-Etage verjagt. Gegen das eherne Gesetz der Kapitalakkumulation sind selbst Beethoven und Hofmannsthal machtlos. „L’art pour l’art» hat Théophile Gautier Mitte des 19. Jahrhunderts geschrieben. Die These von der autonomen, von jeder sozialen Realität losgelösten Kunst, schützt die Mächtigen vor ihren eigenen Emotionen und dem eventuell drohenden Sinneswandel.
 Die Hoffnung liegt im Kampf der Völker der südlichen Hemisphäre, von Ägypten und Syrien bis Bolivien, und im geduldigen, mühsamen Aufbau der Radikal-Opposition in den westlichen Herrschaftsländern. Kurz: in der aktiven, unermüdlichen, solidarischen, demokratischen Organisation der revolutionären Gegengewalt. Es gibt ein Leben vor dem Tod. Der Tag wird kommen, wo Menschen in Frieden, Gerechtigkeit, Vernunft und Freiheit, befreit von der Angst vor materieller Not, zusammenleben werden. Mutter Courage, aus dem gleichnamigen Drama von Bertolt Brecht, erklärt diese Hoffnung ihren Kindern: Es kommt der Tag, da wird sich wenden Das Blatt für uns, er ist nicht fern. Da werden wir, das Volk, beenden Den großen Krieg der großen Herrn. Die Händler, mit all ihren Bütteln Und ihrem Kriegs- und Totentanz Sie wird auf ewig von sich schütteln Die neue Welt des g’meinen Manns. Es wird der Tag, doch wann er wird, Hängt ab von mein und deinem Tun. Drum wer mit uns noch nicht marschiert, Der mach‘ sich auf die Socken nun.

Ich danke Ihnen. Jean Ziegler

immortelles ». L’année dernière – selon les statistiques de l’Organisation de la Banque mondiale – les 500 plus grands trusts privés, tous secteurs confondus, ont contrôlé 52,8% du produit national brut mondial, donc de toute la richesse mondiale produite en un an. La maximisation du profit, totalement déchaînée, socialement complètement incontrôlée, est leur stratégie. L’individu placé à la tête du groupe n’importe pas. Ses émotions, ses connaissances, ses sentiments ne sont pas pris en compte. Ce qui compte est la violence structurelle du Capital. Celui qui ne la produit pas est chassé de l’étage du conseil d’administration. Contre la loi d’airain1 des bas salaires en faveur de l’accumulation du capital, même Beethoven et Hofmannsthal2 sont impuissants. « L’art pour l’art », a écrit Théophile Gautier, au milieu du 19e siècle. La thèse de l’art autonome, détaché de toute réalité sociale, protège les puissants de leurs propres émotions et d’éventuelles menaces de changements d’opinion. L’espoir réside dans la lutte des peuples de l’hémisphère sud, de l’Égypte et de la Syrie, jusqu’à la Bolivie, et dans la patiente et pénible construction de l’opposition radicale dans les pays occidentaux dominants. En bref, dans l’organisation active, inlassable, solidaire et démocratique du contrepouvoir révolutionnaire. Il y a une vie avant la mort. Le jour viendra où les gens vivront ensemble, en paix, dans la justice, la raison et la liberté, libérés de l’angoisse des difficultés matérielles. Mère Courage, de la pièce éponyme de Bertolt Brecht, formule l’espoir à ses enfants : 3 Le jour viendra, il n’est pas loin, Où pour nous, la page se tournera. Nous, le peuple, alors mettrons fin À la grande guerre des grands messieurs. Les marchands et tous leurs valets Leur danse de guerre et de mort, Pour l’éternité il s’en débarrassera Le nouveau monde de l’homme ordinaire. Ce jour sera, mais quand il sera Dépend de tes actes et des miens. Aussi qui avec nous ne marche pas encore, Qu’il prenne la route dès maintenant.

Je vous remercie, Jean Ziegler Traduction : GIL

1 E xpression créée par le socialiste Ferdinand Lasalle (1825-1864) concernant la loi déjà énoncée par Ricardo et reprise par Marx, selon laquelle le salaire du travailleur est réduit au pouvoir d’achat qui lui est strictement nécessaire pour sur vivre et pour subvenir aux besoins de sa progéniture, destinée à le remplacer. 2 H ugo von Hofmannsthal, né le 1er février 1874 à Vienne et mort le 15 juillet 1929 à Rodaun (Autriche), est un écrivain autrichien et un des fondateurs du Festival de Salzbourg. 3 Manifestement, Brecht a écrit, vers 1950, cet te dernière strophe (avec un nouveau refrain), visant l’avenir, s’écar tant toutefois du contexte de la pièce de théâtre. (Voir: Das große Brecht Liederbuch, Band 3, Berlin: Henschelverlag, 1984, S. 421/ Le grand Livre des chansons de Brecht)

10


Ariane Mnouchkine Nous ne lisons pas assez. Nous sommes endormis sur la lumière.

Ariane Mnouchkine, née le 3 mars 1939 est metteur en scène, animatrice et fondatrice du Théâtre du Soleil, depuis 1964. Le Théâtre du Soleil fut fondé selon une coopération de travailleurs dans un esprit communautaire. Sa structure collective, une pratique héritée des années 1960, jouit d’une longévité particulière. Ariane Mnouchkine s’est distinguée par le choix des sujets abordés, donnant souvent à réfléchir sur la condition humaine, et surtout par ses mises en scènes très visuelles, soutenues par une véritable « bande-son », omniprésente, jouée en direct par l’homme-orchestre Jean-Jacques Lemêtre, avec lequel elle collabore depuis 1979. Ces sujets présentent souvent des drames qui bouleversent ou ont bouleversé la planète pour faire du théâtre un moyen d’éclaircir l’histoire de notre temps : l’intégrisme dans Tartuffe, la lâcheté politique dans Tambours sur la Digue. En 2003, le Théâtre du Soleil monte Le Dernier Caravansérail (Odyssées), constitué de deux volets (Le Fleuve Cruel et Origines et Destins), narrant des épisodes de la vie de tous les jours, en Afghanistan, dans le Nord de la France à Sangatte, où des réfugiés tentent d’entrer clandestinement en Angleterre. Les Éphémères, spectacle créé en 2006, également en deux parties, se déroule cette fois-ci en France. Ariane Mnouchkine y met en scène de multiples tranches de vie, selon un rythme sans cesse brisé par une alternance de scènes hilarantes, mordantes, poignantes. Son dernier spectacle Les Naufragés du Fol Espoir, création collective librement inspirée d’un roman posthume de Jules Verne, mi-écrite par Hélène Cixous, a reçu le Molière 2010 du meilleur spectacle. Le théâtre d’Ariane Mnouchkine s’inscrit dans les traditions du théâtre de Vilar, Brecht ou Hegel, un théâtre qui renoue la nécessité du rapport entre théâtre et société.

Ariane Mnouchkine, metteur en scène et fondatrice du Théâtre du Soleil, a reçu en août dernier une distinction à Weimar, la médaille Goethe. A cette occasion, Hélène Cixous – écrivain, auteur dramatique - s’est jointe à elle pour écrire un discours. Il est question d’histoire d’une civilisation, de liens entre la vision artistique et la construction de l’Europe, de la responsabilité individuelle dans la collectivité, de la connaissance comme principale voie d’accès au fondement et au maintien d’une démocratie. Je ne peux que me réjouir humblement et hautement de l’honneur qui m’est accordé, c’està-dire à travers et au delà de moi-même, aux rêves et aux valeurs auxquels notre travail au théâtre est entièrement voué. Je ne sais pas si je mérite ce prix mais le fait qu’il porte le nom de Goethe me le rend naturellement cher et désirable. Goethe après tout pourrait être le nom de certains de nos rêves les plus urgents. Goethe : l’Allemagne portée à ses hauteurs les plus nobles, le génie humain, l’esprit perpétuellement en état de veille et de recherche, l’ambition philosophique dans la pratique des arts et des sciences. Goethe : l’Europe. Moi, voyez-vous, au lieu de ces ponts et portiques absurdes que, sans consulter les peuples, je ne sais quelle autorité a gravé sur notre nouvelle monnaie, c’est Goethe que j’aurais aimé voir. Goethe et Dante, Victor Hugo et Shakespeare, Kafka, Rembrandt et Velasquez, Cervantes, Leonardo da Vinci et Mozart : les noms propres et sacrés d’un monde que nous devons disputer sans faiblir aux infamies de la finance brutale et des injustices sociales. Cette Europe qui n’existe pas encore, et dont je dois rêver, fut pourtant annoncée, mise en œuvre, vécue par ce voyageur en pays, en langues, en sciences, en arts, que fut Goethe. Cette Europe qui n’existe pas et dont je rêve, elle n’aurait pas perdu la chance de son héritage. Car si l’Europe a quelque chose à se proposer à elle-même comme au monde, c’est le trésor de ses archives, ses bibliothèques vivantes,

qui sauraient résister au silence et à la mort, ses armes sublimes, ses puissances de refus de la haine d’autrui, ses traditions de création, ses ressources d’imagination, ses nouveaux mouvements de pensée. Nos héros sont toujours vivants, je pense à Hamlet, à Don Quichotte, à Faust, à K, à nos chercheurs géniaux et fous de l’au-delà de l’humanité. Mais nous vivons comme si nous avions pour compagnons de route Mr le Président X, le général Y ou le banquier Z (oui, j’ai bien de vilaines personnes réelles en tête, mais je ne veux pas leur faire l’honneur de les nommer). L’idée d’Europe et celle des Lumières sont certainement liées. Le plus-de-lumière que Goethe aurait, selon la légende vraie, réclamé dans son dernier soupir, devrait être notre programme perpétuel. Plus de lumière, c’était bien sûr au temps des Lumières plus de connaissances, plus de ténacité dans le travail philosophique, plus de courage et de générosité politique. C’était un mouvement de libération des hommes se défaisant de leurs servitudes intellectuelles et sociales. C’était l’audace de la sécularisation d’un vocabulaire théologique. Mais cela n’excluait pas le merveilleux monde de la nuit, des rêves, des désirs passionnés. En vous disant cela, je me dis tout d’un coup qu’il faut absolument que je relise Les Affinités Électives et Le Second Faust. Je sens que je les ai presque oubliés. J’ai si peu de temps. Comme nous tous n’estce pas. Alors si vous le permettez, je vais vous laisser afin d’utiliser cette occasion si glorieuse que vous m’avez offerte pour retourner lire Goethe. Tout simplement : lire, un très grand esprit. Nous ne lisons pas assez. Nous sommes endormis sur la lumière.

A écouter également en langue allemande via http://www.theatre-du-soleil.fr/thsol/IMG/mp3/ goethemedaille.mp3

11


Jean-Gabriel Carasso En politique, il ne suffit pas de faire ce qui est possible, il faut rendre possible ce qui est nĂŠcessaire !

12


Quand je serai ministre de la culture... ou comment parler simplement des enjeux de la culture, de l’indispensable utopie qui guide nos projets comme des contradictions qui nous assaillent ?

Il y a urgence ! Focus sur Jean-Gabriel Carasso C’est accompagné par Philippe Avron que Jean-Gabriel Carasso – homme de théâtre et d’éducation, auteur, réalisateur – a un jour franchi les portes du Théâtre de la Vie. Dans le cadre du cycle Témoins de notre temps, et du plus récent Variations autour de Philippe Avron (2 jours d’hommage dédiés au comédien disparu), nous avons projeté certaines de ses réalisations, comme Philippe Avron, passeur d’humanité, Un voyage au Québec, Avron-Evrard, Je suis un saumon, Rire fragile, Le fantôme de Shakespeare, Les deux voyages de Jacques Lecoq. Élève de Jacques Lecoq, collaborateur d’Augusto Boal (Théâtre de l’Opprimé), de Peter Brook (Le Diable, c’est l’ennui, propos sur le théâtre, éd.Acte Sud-Papiers, 1991) il prendra la direction de l’ANRAT (Association nationale de recherche et d’action théâtrale) et organisera de très nombreux colloques et séminaires, des assises nationales théâtre et éducation, des universités d’été. À l’initiative de l’Association internationale théâtre et éducation (IDEA) fondée au Portugal en 1992, il est l’auteur de très nombreux articles et ouvrages sur le théâtre et l’éducation. Depuis 2002, il dirige L’Oizeau rare, association de recherche et d’action culturelles. Il est l’auteur de Nos enfants ont-ils droit à l’art et à la culture ? Manifeste pour une politique de l’éducation artistique et culturelle (éd. de l’Attribut, 2005) et de Art, culture, éducation au cœur d’une passion (entretiens, éd. Lansman, 2008). Dans son dernier livre : Quand je serai ministre de la culture, publié aux éditions de l’Attribut, JeanGabriel Carasso emprunte, avec humour et perspicacité, le fauteuil du ministre de la culture pour imaginer les principales interventions qu’il aurait à faire : au Conseil des ministres, à l’Assemblée nationale, dans la presse, devant les élus, face aux professionnels... Il propose, en plus d’une analyse et d’une vision sur la politique culturelle, des initiatives, des idées et des pistes de travail pour tous ceux qui agissent dans le domaine culturel : élus, artistes, enseignants, professionnels... Une invitation à partager quelques extraits de son livre, où foisonnent les pensées d’un ministre de la culture volontariste et visionnaire, tel que vous en rêvez.

13


Quand je serai ministre de la culture par Jean-Gabriel Carasso Extraits Voilà ! C’est fait ! Nous y sommes ! Cette fois, c’est certain ! C’est mon tour ! Le secrétaire général de la Présidence est apparu sur les marches de l’Élysée, a égrené la liste des membres du nouveau Gouvernement. Après le Premier ministre et les ministres d’État chargés de l’Économie, des Finances, de l’Emploi et de la Solidarité nationale, après les ministres des Affaires extérieures, de l’Éducation et de la Justice, ce fut l’annonce du ministre en charge de la Culture, de la jeunesse et de l’éducation durable : votre serviteur ! Deux heures auparavant, coup de téléphone : « Le Premier ministre souhaite vous parler ». « Le Président et moi-même avons pensé que, compte tenu de votre engagement, de votre expérience, de vos analyses toujours pertinentes des questions culturelles, souhaitant donner priorité absolue à la question de l’éducation et de la culture, vous seriez le plus compétent… Comme vous l’indiquez dans votre célèbre ouvrage Nos enfants ont-ils droit à l’art et à la culture ?, il s’agit là d’un enjeu majeur qui appelle une mobilisation de tous. Vous serez directement placé auprès du Premier ministre, afin de travailler plus efficacement dans une dimension interministérielle. L’annonce se fera dans quelques instants. D’ici là, merci de garder le silence. Jusqu’au dernier moment, tout peut encore évoluer… » D’autres choix, sans doute, restaient possibles : un animateur de télévision, un énarque fringuant, une danseuse étoile à la retraite, un journaliste connu, un artiste peut-être ? Non, tout de même pas un artiste à la Culture ! « Rendez-vous mercredi prochain, dix heures précises, au Conseil des ministres. D’ici là, motus et bouche cousue. » Émotion ! Quelques instants de doute : suis-je vraiment compétent ? Légitime ? Très vite me vient à l’esprit ce proverbe fameux de Charles-Maurice de Talleyrand Périgord, qui incarnait autant les idées du Siècle des Lumières que les idéaux de la Révolution française : « Quand je me considère, je me désole ! Quand je me compare, je me rassure ! » Après tout, on a vu des ministres aux compétences les plus douteuses. Alors, pourquoi pas moi ! Ministre, cela veut dire écrire, parler, convaincre, inaugurer, honorer, décorer. Prenons de l’avance. Quand je serai ministre de la Culture...

VERS UNE RÉPUBLIQUE NOUVELLE, SOLIDAIRE ET POÉTIQUE

Lettre à Monsieur le Président de la République Monsieur le Président de la République, C’est avec une réelle émotion et un sens profond des responsabilités que je viens d’accepter la proposition du Premier ministre de faire partie de son gouvernement, sur votre suggestion, au titre de ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Culture, de la jeunesse et de l’éducation durable. Je sais l’authenticité de vos convictions dans ces domaines, l’importance que vous accordez à la fois aux politiques de la culture, de la jeunesse et de la vie associative, auxquelles s’ajoutent désormais les questions liées à l’éducation tout au long de la vie. Je mesure l’honneur que vous me faites en me confiant cette charge, qui consistera pour l’essentiel à redonner confiance et enthousiasme à des acteurs tellement délaissés, voire méprisés depuis tant d’années, et à inventer avec eux l’avenir de la vie artistique et culturelle de notre pays dans un monde en si profonde mutation. Je suis particulièrement fier de pouvoir participer

14

à vos côtés à l’avènement de cette « République nouvelle, solidaire et poétique » annoncée lors de la campagne électorale, qui a soulevé tant d’espoirs chez nos concitoyens. Parmi l’ensemble des candidats à la plus haute charge de l’État, vous seul avez démontré lors du désormais célèbre discours de Beaufort-en-Vallée (ce charmant village d’Anjou où j’irai prochainement inaugurer la salle Jean Vilar et le premier café numérique rural), combien la dimension culturelle devait être un élément majeur du renouveau de la vie démocratique comme du dynamisme économique et social de notre pays. Je partage avec vous cette conviction profonde, persuadé de l’indispensable engagement public dans le champ culturel, largement ouvert aux domaines de l’éducation et de la jeunesse. Il fut beaucoup question, au cours de ces dernières années, de « l’échec » supposé de la démocratisation culturelle française, mettant en cause tout le travail effectué par les pionniers

de l’action culturelle : l’aménagement culturel du territoire, les innombrables projets artistiques dans tout le pays, l’engagement des collectivités territoriales, le développement des échanges internationaux... J’en passe ! Contrairement à ce que votre prédécesseur affirmait dans une fameuse (et brumeuse) Lettre de mission à sa ministre de la Culture, nous partageons l’idée que ce projet de démocratisation, c’est-à-dire l’élargissement sans cesse recherché des populations concernées par la question de l’art et de la culture, sans en rabattre jamais sur l’exigence de qualité, est loin d’être un échec. Le verre n’est pas à moitié vide, il est à moitié plein ! Si les conditions de mise en œuvre de cet objectif ont bien entendu changé, et continueront d’évoluer avec la société, celui-ci demeure notamment en ce qui concerne l’éducation artistique et culturelle de notre jeunesse qui sera, vous le savez, la priorité de mon action. (…)


L’Oizeau rare L’OIZEAU RARE est une Association loi 1901 fondée en 2002. Elle a pour objectif de contribuer à la réflexion générale sur l’action et les politiques culturelles, d’aider à la réalisation de projets innovants permettant l’élargissement des publics. Elle participe ou organise des rencontres, colloques, séminaires, études, publications, réalisations audiovisuelles... Elle est animée et dirigée par Jean-Gabriel Carasso.

POURQUOI ? Tout bouge ! Le champ de la culture est entré dans de grandes turbulences : crise des publics, crise des emplois, crise des financements, crise des responsabilités, crise du sens... Dans de nombreuses entreprises, structures culturelles, collectivités territoriales, associations, la nécessité se fait sentir de mettre en œuvre une réflexion permettant de s’adapter aux exigences de la période. Mieux comprendre le contexte, les enjeux, les questions particulières qui se posent à chacun, pour mieux orienter son travail dans l’avenir.

Mais le temps, les moyens, les méthodes, la disponibilité manquent le plus souvent... Un regard extérieur, une écoute, une capacité de synthèse et de dialogue sont indispensables... L’OIZEAU RARE peut contribuer à vos projets d’études, missions d’évaluation, organisation de séminaires, colloques, rencontres... Nous mettons au service de chacun notre expérience et nos capacités d’analyse et de propositions. Ni « agence », ni « cabinet », plus simplement une exigence et un projet de réflexion collective, pour faire avancer la question démocratique de la culture. Il y a urgence ! www.loizorare.com

15


IN E X TENSO, p o è m e de L o u i s e D e s b r u s s e s i nacce s s i b l e

i ncas s ab l e

e l l e r ê v e

i nach e v é e

i nac t u e l l e

e l l e r ê v e

i nal t é r ab l e

e l l e r ê v e

i nam ical e

i nam o v i b l e

e l l e r ê v e

i nap ai s ab l e

e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

indisponible e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

i n dé f i n i e

e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

16

e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

insensible e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

i n f ai l l i b l e

e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

i n h ab i t u e l l e

e l l e r ê v e

i n f an t i l e

e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

i n h u m ai n e e l l e r ê v e

i n f a t i gab l e

insipide

e l l e r ê v e

i n i m i t ab l e

elle rêve

i n s i s t an t e

i n v ar iab l e

elle rêve

e l l e r ê v e

elle rêve

in ter s tellaire i n v i nci b l e

e l l e r ê v e

elle rêve

intimidée e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

i n t an g i b l e

i n v i o l ab l e

elle rêve invisible

elle rêve

insurpassable i n t o uch ab l e e l l e r ê v e

i n v ai ncu e

elle rêve

insubmer sible i n t o l é r ab l e

e l l e r ê v e

inutile

i n t e r r o ga t i v e i n v e n t i v e

insurgée

e l l e r ê v e

i n s i g n i f ian t e

e l l e r ê v e

i n s t i nc t i v e

e l l e r ê v e

elle rêve

intérieure

i n s t ab l e

e l l e r ê v e

i n e x p r e s s i v e inguér issable insidieuse

e l l e r ê v e

inconsis tante indépendante i n duc t i v e

e l l e r ê v e

insensée

e l l e r ê v e

ingénue

e l l e r ê v e

intuitive

elle rêve

intéressée

e l l e r ê v e

inspirée

elle rêve

interdite

e l l e r ê v e

insoumise

e l l e r ê v e

i n s a t i s f ai t e

e l l e r ê v e

ingénieuse

e l l e r ê v e

i n e x o r ab l e

e l l e r ê v e

indomptée

e l l e r ê v e

i n e x i s t an t e

e l l e r ê v e

i n d i s t i nc t e

e l l e r ê v e

incandescente inconséquente i n dé l é b i l e

i ncap ab l e

e l l e r ê v e

i n s a t iab l e

e l l e r ê v e

i n f r o i s s ab l e

e l l e r ê v e

i n t r i gan t e

i n t e n t i o n n é e i n u s ab l e

e l l e r ê v e

i n s o ucian t e

elle rêve

intelligente

e l l e r ê v e

i n s o n dab l e

e l l e r ê v e

i n s ai s i s ab l e

e l l e r ê v e

infor tunée

e l l e r ê v e

indispensable i n e x aucé e

indécro t t able i n d i s s o l u b l e

e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

i n é p u i s ab l e

e l l e r ê v e

i nco n s ci e n t e i n dé f o r m ab l e i n d o l e n t e

e l l e r ê v e

i n d i s cr ê t e

e l l e r ê v e

i n déce n t e

e l l e r ê v e

i n o u b l iab l e

e l l e r ê v e

i n f l u e nçab l e

e l l e r ê v e

elle rêve

intemporelle

e l l e r ê v e

i n s o m n iaq u e

in t rai t able

in tempéran te i n t r é p i d e

e l l e r ê v e

i n s o l v ab l e

e l l e r ê v e

inof fensive

e l l e r ê v e

inflexible

e l l e r ê v e

i n d i s ci p l i n é e i n é gal e

e l l e r ê v e

i ncu r ab l e

e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

i n t ar i s s ab l e

e l l e r ê v e

insoluble

e l l e r ê v e

i n occu p é e

i n f l am m ab l e

e l l e r ê v e

i n e f f icace

e l l e r ê v e

insolente

e l l e r ê v e

i n n oce n t e

infirme

e l l e r ê v e

i n l as s ab l e

e l l e r ê v e

infidèle

e l l e r ê v e

i n e f f ab l e

e l l e r ê v e

i n f e r n al e

e l l e r ê v e

i n é b r an l ab l e

e l l e r ê v e

i n d i ge s t e

e l l e r ê v e

e l l e r ê v e

i nco n n u e

e l l e r ê v e

i nau d i b l e

e l l e r ê v e

i nco n g r u e

e l l e r ê v e

i na t t aq uab l e

e l l e r ê v e

inconfor t able i n déci s e

e l l e r ê v e

i nas s o u v i e

e l l e r ê v e

i nco m p r i s e

e l l e r ê v e

indif férente

e l l e r ê v e

i nco r r ec t e

i nco m p l è t e

e l l e r ê v e

i nan i m é e

e l l e r ê v e

incomparable i ncr é du l e

e l l e r ê v e

indulgente

e l l e r ê v e

inconvenan te i n d i ge n t e

e l l e r ê v e

i nco l o r e

e l l e r ê v e

i nco n s t an t e

e l l e r ê v e

i nco h é r e n t e

i n dé s i r ab l e

i nco n s o l ab l e indes t ruct ible i n d u s t r i e u s e

e l l e r ê v e

i nco e r ci b l e

e l l e r ê v e

i nad é q ua t e

e l l e r ê v e

i nce r t ai n e

e l l e r ê v e

i nco n t i n e n t e

i n v i v ab l e

elle rêve

intoxiquée

invulnérable


autoportrait © louise desbrusses

TÉMOINS DE NOTRE TEMPS Louise Desbrusses Le corps est-il soluble dans l’écrit ?

01/06/2012 20h15 au Théâtre de la Vie

dans le cadre du MULTIVERS dédié à Christiane Hommelsheim

17


Carl Roosens Je touche à l’illustration, à la gravure, la chanson, la vidéo, l’animation, l’écriture. Je suis éditeur au sein du collectif d’édition bruxellois Nos Restes qui expérimente autour du livre, de la narration, des images. J’ai réalisé plusieurs livres avec Noémie Marsily ainsi que le court-métrage « Caniche » produit par Zorobabel. J’ai sorti un disque de chanson en français « Où poser des yeux ? » en 2009 sur le label Humpty Dumpty Records.

18


Noémie Marsily Je suis née en 1983 en Belgique, et depuis j’y dessine, grave, peins, griffonne des images qui bougent souvent. J’ai réalisé plusieurs courts métrages personnels ou en collaboration avec Carl Roosens (« Caniche »), ainsi qu’un clip (« Black Socks ») et des films de commande. J’ai édité plusieurs livres et fanzines aux éditions Nos Restes (« Fouillis feuillu », « Eisbär … »).

www.myspace.com/carlclebard

www.nosrestes.org

www.marsily.net/noemie

Entre le 20 et le 24 juin 2012, le Théâtre de la Vie présentera une exposition collective des oeuvres de Carl Roosens et Noémie Marsily, Mr.Pimpant, Joanna Lorho.

19


CANICHE : de Noémie Marsily et Carl Roosens Film d’animation. 2010 Production ZOROBABEL avec l’aide du centre du cinéma de la communauté française et des télédistributeurs wallons.

20


MOUSTIQUE : « L’haltérophile » (épisode pilote) de Noémie Marsily Production LA FABRIQUE Nosrestes.org/moustique/ Projet de série de courts métrages relatant chacun la tragique, pitoyable, ironique, drôle, attendrissante, spirituelle, spectaculaire, inédite, mélancolique, navrante, catastrophique, singulière, facétieuse ou consternante FIN d’une vie de moustique.
Le ton sera donné par Carl Roosens, chanteur, bidouilleur et raconteur d’histoires, qui narrera pour le spectateur les historiettes des insectes.
A l’animation, Noémie Marsily, animatrice et illustratrice, adepte du croquis en mouvement, de la nervosité du trait, de la fluidité jetée.
Nous voulons établir un dialogue entre l’image et le narrateur, qu’ils se complètent, jouent ensemble, se cognent, s’amadouent, se frôlent. Qu’ils racontent chacun à leur manière la même histoire, en parallèle, en se rencontrant sans s’alourdir l’un l’autre.

21


PORTRAIT : Carl Roosens & Noémie Marsily



LE BARDA*D’YVETTE 3.DE PRINTEMPS par Isabelle Wéry / croquis : Juan d’Oultremont

D’UNE MORT D’UN COCHON Au printemps, Yvette est tout excitée. Moi aussi. À l’idée de retravailler mon premier spectacle La mort du cochon, petit music-hall à la ferme, écrit aux alentours de 1995.

SPECIAL 40 ANS THEATRE DE LA VIE

La mort du cochon premier spectacle d’Isabelle Wéry REPRISE

le 30, 31 mars 2012 à 20h15

© Juan d’Oultremont

www.theatredelavie.be www.myspace.com/isabellewery www.audienceproduction.be

24

La ferme... La ferme est un lieu extrêmement intense, où animaux et êtres humains vivent sous le même toit au rythme séculaire des saisons. Lieu tumultueux quasi shakespearien, ça y naît, ça y vit, ça y mange, ça y copule, ça y meurt. Je suis née et j’ai grandi dans cet univers de la ferme. Dans le Condroz, aux alentours de Liège. Expérience de vie riche et complexe qui a plongé l’enfant que j’étais dans un contact quasi « corps à corps » avec les mystères de l’existence. Et le jour, à six ans, où je vois le fermier sortir le cochon de son étable afin de le tuer, le cochon hurle, il sait qu’il va mourir, il le sait. Et ses yeux de cochon/animal deviennent des yeux de cochon/homme. Alors je me pose la question : Si le cochon a vraiment peur de mourir, est-ce que cela signifie que durant son existence de cochon à la ferme, il éprouve lui aussi, à l’instar du fermier, des angoisses existentielles ? Le sens de la vie dans une côte de porc crue... Dans le moelleux du boudin blanc...?!?! La mort du cochon, petit music-hall à la ferme est le premier spectacle que j’ai écrit. Écriture terrienne et spitante qui mixte Shakespeare et le poulailler, la préparation du pain doré et la sexualité des punaises, odes au soleil et chansons de marins, la mort du cochon et celle du fermier... Collage. Il met en scène la déambulation d’un personnage qui explore, dans la ferme, les mystères liés au fait d’être en vie. Et ceci au tempo déglingué d’un orchestre invisible mené, au piano noir, par Follette le chien noir, au saxophone, le chat Fanfan, à la batterie, Fifi le jaune canari, et au violoncelle le chat Chabelle.

Mon tout premier spectacle (créé en 1998 dans le cadre des Giboulées du Théâtre de la Balsamine et nominé aux Prix de la Critique « meilleur seul en scène/98 »), je replonge dans cette Mort du cochon avec un désir curieux de retrouvailles et de recréation, de retour à mes premiers travaux, comme on revient dans la chambre où l’on a grandi. Et puis de nouveaux partenaires de travail : Marc Doutrepont est « regard extérieur », Isabelle Derr crée les lumières et Marcel Berlanger apporte sa peinture. À l’issue de la représentation du 30 mars, nous invitons le peintre Marcel Berlanger dans le cadre d’un TÉMOIN DE NOTRE TEMPS. Il a proposé à Juan d’Oultremont de se joindre à lui. Les 2 sont plasticiens et professeurs à l’École de Recherche Graphique de Bruxelles. J’me d’mande bien c’qui vont faire de c’tte soirée les 2. Printemps.

P.S. : 1. L’exposition REG de Marcel Berlanger a lieu au Botanique du 1er mars au 22 avril. 2. Wouaaaah le boudin du P’tit Normand rue Tabora à 1000 Bruxelles. Un délice. Aux fêtes de Noël, ils le parfument aux truffes ou aux abricots ou... 3. Ma grand-mère préparait au petit déjeuner de délicieux pains dorés pour les petits et les grands : Mélanger de la mie de pain blanc à des œufs battus avec un peu de lait. Laisser imprégner. Faire dorer recto-verso dans une poêle à frire avec un peu de beurre. Saupoudrer de sucre fin ou impalpable. Manger chaud. 4. Paraît que les greffes de peau de cochon sur peau humaine fonctionnent très très très très bien. 5. Avec Jacques Duvall et Vitor Hublot, on prépare un album de reprises de chansons françaises Contes de la libido ordinaire... Premier single extrait à écouter « Tous les garçons et les filles » sur www.vitorhublot.com

* barda = harnachement sac attirail kit-bag paquetage chargement colis équipement mon sac à dos ma besace


PROCESSUS CROISÉS C’est sur les planches du Théâtre de la Vie que la rencontre a eu lieu. Gwen Berrou, comédienne & Michel Dusariez, photographe ( www.pano360.org ) Photos © Michel Dusariez

Récit en images L’œuvre photographique de Michel Dusariez se distingue par l’utilisation d’une technique originale – la photographie panoptique à plus de 360° – qu’il développe et applique principalement au paysage urbain. Poursuivant ses recherches techniques, tout en développant par ailleurs le procédé panoptique aux vues en relief stéréo 3D (prix De Boelpaepe de l’Académie Royale des Sciences de Belgique), Michel Dusariez met également au point un appareil de sa fabrication, débouchant sur une méthode inédite de restitution graphique du mouvement en photographie. Rapidement, il présente une première série de tirages inspirés de la danse qu’il a soin de qualifier de « directes, argentiques et sans aucune manipulation informatique ».Regroupées sous le titre de « People in Motion », les prises de vues sont allégées de toute référence rationnelle qui aurait pu en restreindre le sens et accèdent de ce fait à l’intemporalité. Sur les traces de Marey et Muybridge, photographes du passé qui avaient réussi à fixer le mouvement, les photographies de Dusariez restituent non seulement la décomposition d’un déplacement, mais expriment surtout la dynamique qui anime les corps dont les contours s’estompent pour mieux l’exprimer et la souligner. Au printemps prochain, une fresque inédite de la série « People in Motion » habillera les couloirs de la station de métro Demey à Bruxelles. En proposant un regard nouveau, Michel Dusariez offre ainsi une dimension originale à l’art photographique. 25


26


27


28



Nous sommes le peuple ou « Seules les utopies sont encore réalistes.¹ » Un voyage démocratique dans la pensée.

30

© Denkmal zur Einheitsbewegung in der DDR 1989/90 im nationaldenkmal Skulpturenpark Deutsche Einheit

par Claudia Gäbler / directrice du Théâtre de la Vie


Je viens d’un ailleurs. Là d’où je viens, des milliers de personnes se sont rassemblées dans les rues, dans tout le pays, au cri de „Wir sind das Volk!“, « Nous sommes le peuple ! ». Elles ont réclamé des réformes. Elles ont rêvé que leur pays devienne réellement démocratique. Je vais vous raconter ce que j’en sais, vous parler de moi et vous dire comment je vois les choses aujourd’hui. J’aimerais vous inviter à un voyage dans la pensée. Je le nomme démocratique car il m’importe de nous intégrer, l’un et l’autre, dans un questionnement commun, vous, ma lectrice ou mon lecteur, et moi, l’auteure de ces lignes. Nous allons nous rendre dans les paysages de la politique et de la culture et dans le champ que j’appelle sociétal, autrement dit, la chose publique. Mais prenons le temps qu’il faut. En premier lieu, il s’agit de vous et de moi. Je nous souhaite un périple intéressant. Trêve de longs discours, allons-y !

1

PREMIÈRE ÉTAPE

Mes expériences clefs Je nous souhaite un périple intéressant. Trêve de longs discours, allons-y ! Première étape : mes expériences clefs Afin que vous sachiez avec qui vous voyagez, j’ai choisi de vous raconter trois expériences clefs personnelles. Elles concernent mes expériences du monde politique et pourront vous donner une première impression de mon propre rapport à ce thème. Ma première expérience clef, donc, découle du fait que je suis née à Berlin-Est en 1972 et que j’ai grandi en RDA (République démocratique allemande).

Si, par hasard, vous n’avez pas vu le jour en RDA, à peu près au même moment, nos expériences sur le plan politique diffèrent très certainement. Il serait intéressant, pour vous, de le prendre en compte dans la poursuite de la lecture. Autant que je puisse en juger, j’ai été une enfant « typique » de la RDA, en ce compris ma participation aux Organisations politiques de la Jeunesse: les Pionniers et les FDJ, trois initiales pour Freie Deutsche Jugend (soit Jeunesse libre allemande). Toutefois, citons une petite dérogation à la règle : ma mère a fait baptiser ses enfants dans la foi protestante. À l’âge de 14 ans, en plus de la « Jugendweihe » 2, j’ai été confirmée. À cette époque, j’étais non seulement familiarisée à certaines pages du Capital de Karl Marx, mais également avec des fragments de La Bible. Ma première rencontre bien réelle avec l’Ouest se situe seulement lors de la Chute du Mur

entre les deux Allemagne, en novembre 1989. Cela aussi nous distingue probablement l’un de l’autre. Imaginable, peut-être même probable, est pareillement le fait que vous n’aviez pas de « Staatsbürgerkundeunterricht » 3 (cours de citoyenneté) à l’école. Ce sont les dernières années de mon temps d’école que je considère être ma deuxième expérience politique importante. À ma demande, je les ai passées dans une école de Berlin-Ouest, à partir de février 1990. C’est à ces deux années et demie que je dois ma connaissance de l’emprise des différents systèmes de société sur la transmission du savoir et les contenus des cours. J’ai eu la possibilité de les comparer. Avez-vous également suivi les cours dans des écoles des deux systèmes de sociétés, essentiellement différents ? Dans la négative, nous nous différencions donc également sur ce point-là.

1O skar Negt : Der Politische Mensch. Demokratie als Lebensform, Göt tingen : 2. Auflage 2011 ; 1. Auflage, Göt tingen 2010, S. 560. (L’Homme politisé. La Démocratie en tant que forme de vie). Oskar Negt est un des grands penseurs et philosophes sociologiques de l’Allemagne. Son ouvrage est une description de l’état actuel de la politique et une vue visionnaire de la responsabilité de l’individu pour une société plus humaine. À ma connaissance, cet ouvrage n’est pas traduit en français à ce jour. 2 « Jugendweihe » : En RDA, cet te « consécration » était pensée comme le pendant socialiste aux cérémonies religieuses comparables. Par elle, les adolescents étaient accueillis dans le cercle des adultes. Le cœur de la fête était constitué par une promesse solennelle publique au cours de laquelle les adolescents se reconnaissaient en tant que membre de l’état socialiste, dans l’amitié avec l’Union soviétique et les pays socialistes frères ainsi que dans la lut te pour la paix et contre l’impérialisme. 3 L es cours de « citoyenneté » étaient en, RDA, une matière enseignée en 9 e et 10 e année scolaire et, à par tir de 1969, de la 7 e à la 10 e , respectivement jusqu’en 12 e . Les matières enseignées compor taient l’introduction dans la philosophie marxiste, les économies politiques du capitalisme et du socialisme ainsi qu’un cours de socialisme scientifique. Ces cours faisaient par tie du système d’enseignement unitaire de la RDA met tant au centre le point de vue des élèves par rappor t aux différentes classes de la société. Dans la transmission du savoir, dans cet te matière, « le collectif » était au centre des préoccupations. « Der Schrit t er folgt vom Ich zum Wir » (« Le pas se fait du moi au nous ») était un mot d’ordre en RDA.

31


Mon troisième champ d’expérience embrasse la période de mes études universitaires. J’ai été étudiante en Sciences théâtrales, en philologie germanique et en Histoire et, parallèlement, je travaillais pour une compagnie théâtrale. Je me suis particulièrement intéressée au rapport entre théorie et pratique. J’ai exploré les liens relationnels entre le travail théâtral et l’environnement de vie. Une question me taraudait : dans quelles conditions le théâtre se crée-t-il ? Il m’importait de saisir comment l’un se rattache au tout. Est-ce là une chose qui vous intéresse également ? Chaque expérience clef a été particulière en soi. Néanmoins, je peux y distinguer un apprentissage primordial commun aux trois expériences.

« le monde » ? J’ignore toujours qui vous êtes mais, pour la suite de notre voyage, il serait utile que vous sachiez quelles sont vos expériences du monde politique.

La société, et toutes les réalités implicites de la vie, est faite par nous, les êtres humains. Ce ne sont pas des lois de la nature. Ainsi la société, avant toute définition plus précise, est transformable par l’homme et des alternatives peuvent être développées, à tout moment.

« Mesdames et messieurs, très honoré public, Toutes les cinq secondes, un enfant de moins de dix ans meurt de faim. 37 000 personnes meurent de faim chaque jour et un milliard d’ humains sont gravement sous-alimentés en permanence. »

Maintenant, venons-en à vous.

2

DEUXIÈME ÉTAPE

Vos expériences clefs Naturellement, je ne peux rien écrire à propos de vos expériences clefs en politique car j’ignore qui, en ce moment, lit ces lignes. Vous devriez donc, autant que possible, vous « insérer » dans le texte. Vous pourriez le faire en vous posant les questions suivantes, par exemple. À quoi pensez-vous, spontanément, en entendant le mot « politique » ? Croyez-vous que des alternatives sociétales soient possibles ? Si oui, quelles sont-elles ? Dans votre vie, une rencontre indubitable avec le monde politique a-t-elle eu lieu ? Si vous pouviez faire les trois vœux de la fée, quels seraient vos souhaits ? S’agit-il de vœux qui vous concernent personnellement ou de vœux qui concernent

3

TROISIÈME ÉTAPE

Le discours d’ouverture non tenu, de Jean Ziegler, lors du Festival de musique de Salzbourg

Ainsi débute le discours de Jean Ziegler dont vous pouvez lire la traduction en français dans ce magazine. Au cas où vous n’auriez pas encore lu ce discours, vous pouvez le faire maintenant. Feuilletez quelques pages en arrière ...

Je suis mère, moi aussi. J’explique à mes enfants: « Oui, un jour viendra où plus aucun enfant, dans le monde, ne souffrira de la faim. Ce jour-là, la guerre des grands messieurs cessera. Ce jour viendra, mais quand, cela dépendra de votre action et de la mienne. » Nous ne devrions rien dire d’autre à nos enfants, je pense. Et vous, que leurs dites-vous ? Si vous vous en souvenez, vous pouvez pressentir si, oui ou non, nous avons quelque chose comme une expérience politique en commun.

4

QUATRIÈME ÉTAPE

La formule de l’impuissance4

Vous l’avez lu ? Alors, vous et moi, nous avons maintenant quelque chose en commun : nous connaissons tous deux le discours non tenu de Jean Ziegler.

Quoique nous sachions qu’il nous faudrait faire quelque chose, nous avons, la plupart du temps, l’impression que nous ne pouvons rien faire.

Avons-nous maintenant, pareillement, une expérience politique en commun ? Ne soyons pas trop pressés. Nous ne nous connaissons pas assez bien.

« De ce découragement d’agir, qui advient à chacun de nous, se nourrit le courant inéluctablement autodestructeur des relations.5 » Qu’est-ce, ce qui nous rend ainsi impuissants ?

J’aimerais vous faire relire les dernières lignes du discours :

En poursuivant votre lecture, ne perdez pas cette question de vue.

La mère Courage de Bertolt Brecht dit son espoir à ses enfants : Le jour viendra, il n’est pas loin, Où pour nous, la page se tournera. Nous, le peuple, alors mettrons fin À la grande guerre des grands messieurs. Les marchands et tous leurs valets Leur danse de guerre et de mort, Pour l’éternité il s’en débarrassera

4 C et te formulation est empruntée à Oskar Negt. (Negt: Der politische Mensch, p. 297.) 5 N egt: Der politische Mensch, p. 297. 6 N egt: Der politische Mensch, p.191.

32

Le nouveau monde de l’homme ordinaire. Ce jour sera, mais quand il sera Dépend de tes actes et des miens. Aussi qui avec nous ne marche pas encore, Qu’il prenne la route dès maintenant. Espérez-vous la venue d’un tel jour, où tout changera? Et si oui, croyez-vous que cela dépend de votre action et de la mienne ?

5

CINQUIÈME ÉTAPE

Savoir et Société Vous vous intéressez à l’Histoire et aux histoires. En voici une :


Il m’est resté durablement en mémoire les paroles de notre institutrice, à Berlin-Est, lorsqu’elle a entamé notre première heure d’Histoire, après la Chute du Mur : « Je ne sais pas, maintenant, ce que je pourrais bien vous enseigner. Et si nous recommencions à l’Âge de pierre ? » La connaissance n’est pas indépendante des structures existantes du pouvoir et de gouvernement. Dans aucune société. Nous pouvons lire ce qu’en dit Oskar Negt et, ainsi, en apprendre bien plus. « Le savoir se trouve là où sont les connaissances scientifiques, techniques et économiques, notablement imbriquées dans les structures du pouvoir. L’assimilation des pratiques du pouvoir et des connaissances techniques et scientifiques, soutenue et étayée par une rationalité entrepreneuriale et une pensée orientée vers l’effectivité, produisent une aspiration vers une telle réalité, suggérée et renforcée, qu’il ne viendrait à personne l’idée d’y chercher une appropriation du pouvoir. 6 » Je ne l’ai pas cherchée sciemment. Mais la vie dans des systèmes de société très différents aiguise le regard pour les détails et les connexions. Après la Chute du Mur, j’ai vécu dans les deux moitiés de la ville de Berlin. Cela donnait, à profusion, des occasions d’étudier les deux sociétés. D’un côté de la ville, j’étais entourée d’une population habituée à l’un des modèles sociétaux. Pour eux, la question que cela puisse changer ne se posait même pas. De l’autre côté, je vivais parmi des gens qui avaient vécu, sinon toute leur existence, du moins une grande partie de celle-ci, dans un autre modèle de société. Ce modèle n’était plus valable, à partir de maintenant, et devait être transformé. Lorsqu’on vient d’un « ailleurs », tout est différent, on voit les choses d’un autre œil. « Mais ici, vous ne pouvez pas apprendre le russe ». C’est avec ces mots-là que j’ai été accueillie par le directeur d’école de BerlinOuest en février 1990. On n’aurait pas pu exprimer plus nettement sa maladresse vis-à-vis d’un extra-terrestre ... Avec cette première phrase, tout était dit. Surtout que, de mon côté, il n’y eut pas de réponse. Des mondes nous séparaient.

6

SIXIÈME ÉTAPE

De l’habituel et de l’inhabituel Beaucoup, de ce qui était habituel avant, devint inhabituel. Et par contre, beaucoup de ce qui était inhabituel avant, devint habituel. Laissez-moi essayer de vous rendre tout cela compréhensible. Pour ce faire, j’ai besoin de votre disposition à imaginer quelque chose d’inhabituel. Car, pendant mon enfance, cet inhabituel-là était habituel. Tentons l’expérience, si vous le voulez bien : Vous êtes un enfant. Vous avez une fratrie ou vous n’en avez pas, c’est comme vous voulez. Vous vivez avec vos parents ou avec votre mère, votre père, vos grands-parents ou d’autres personnes. Vous vivez une enfance avec tout ce que peut être une enfance. Mais, surtout, vous ressentez ceci : jamais, pas un seul jour, pas une seconde, vous n’avez la crainte que les personnes, avec lesquelles vous vivez, puissent ne pas avoir de travail. Vous ne pouvez même pas vous imaginer ce que c’est, de ne pas avoir de travail. Car tous ceux que vous connaissez en ont un. En entendre parler, ce serait comme si votre grand-mère racontait un événement qui se serait passé il y a très longtemps, et qui n’existe plus aujourd’hui. Dans votre pays, tous ont un travail, un logement décent et une nourriture de qualité en suffisance. Pour vous, dans votre histoire imaginée, c’est tout à fait habituel. Finalement, on vous a enseigné que c’est un droit de l’homme. Et voilà pourquoi vous, l’enfant, croyez qu’il en sera toujours ainsi. Et pareillement, quand vous serez vous-même un adulte. Et même quand vous, encore enfant à ce jour, vous aurez vous-même des enfants, peut-être. Dans son pays respectif, chacun aura un travail, un logement et une nourriture de bonne qualité en suffisance. Cette conviction a fait partie de mon enfance. C’était exactement ce que j’avais en tête. Pour moi c’était habituel. Si quelqu’un m’avait raconté qu’une telle vie était inhabituelle, j’aurais pensé qu’il divaguait. Moi, je savais ce qu’il en était. Je la vivais cette vie, dès lors, elle ne pouvait pas être aussi inhabituelle que cela. Combien, cependant, cela était inhabituel, je

l’ai seulement ressenti quand ce qui avait été autrefois habituel, devint inhabituel.

Intermède Nous avons vécu, ma mère, mon frère et moi, dans un très, très petit appartement. Nombre de denrées, que l’on peut acheter aujourd’hui dans n’importe quel supermarché, m’étaient inconnues à cette époque. Je n’ignore pas que, plus que probablement, j’aurais dû faire ma vie dans un autre métier que celui souhaité. Mais je ne voudrais pas que vous vous mépreniez ; il ne m’importe pas de m’étaler dans d’anciens sentiments nostalgiques : il était plus que temps que la RDA s’effondre. Toutefois j’estime que la mémoire collective d’une telle tentative de société qui, d’ailleurs, a vraiment existé, est utile.

7

SEPTIÈME ÉTAPE

Mon premier jour à l’Ouest Mon premier jour « à l’ouest » de Berlin m’est resté en mémoire de façon précise. Vous connaissez certainement ces images de la nuit du 9 au 10 novembre 1989, avec tous ces visages noyés de larmes de joie. Et bien, je le confesse, cette nuitlà, j’ai dormi paisiblement, en ne me doutant de rien. De là découle probablement le fait que mes propres images mémorisées de l’évènement historique sont tellement autres. Parfois, il suffit d’un petit retard, pour éprouver une impression tout à fait différente d’une situation donnée. Ce qui émerge en premier lieu de ma mémoire, est l’image d’un camion chargé de chocolat Milka. Il était à l’arrêt au poste frontalier. Les bâtons de couleur lila étaient distribués à la foule des gens qui défilaient vers l’Ouest. La deuxième chose que l’on me fourra en mains était un magazine. J’ai pu lire le titre, Playboy, pendant que la foule m’entraînait toujours plus loin. Ensuite, une troisième image, un incident plutôt. Ayant pu m’extraire de la cohue, je me suis retrouvée sur la « Berliner Hermannplatz ». Un homme – impossible de lui donner un âge – était assis au bord du trottoir. Il m’a tendu sa paume ouverte, en disant : « Avez-vous un peu d’argent, j’aimerais m’acheter de quoi manger. » J’avais 17 ans. Jamais, de ma vie, je n’avais vu une personne mendier en rue.

33


De savoir que cela existe, et de voir que cela existe réellement, peuvent être deux choses très différentes. Je n’avais plus qu’un désir : rentrer à la maison. Comment est-ce possible, la question ne me quittait plus, que les hommes permettent une telle chose ? Comment est-ce possible que les gens de ce pays n’entreprennent rien si parmi eux vivent des personnes qui doivent mendier en rue pour pouvoir manger ? Des mondes me séparaient de l’autre partie de la ville.

8

HUITIÈME ÉTAPE

« Nous sommes le peuple ! » Je venais non seulement d’un autre monde, je venais également d’un autre présent. Vous souvenez-vous des images des manifestations de l’automne 1989, en RDA ? La plus grande a probablement eu lieu le 4 novembre sur la « Berliner Alexanderplatz ». 500 000 personnes environ y ont participé. « Wir sind das Volk ! », « Keine Gewalt ! », « Freiheit, freie Wahlen ! », « Demokratie, jetzt oder nie ! », « Wir bleiben hier ! ». (« Nous sommes le peuple ! », « Pas de violence!», « Liberté, élections libres ! », « Démocratie, maintenant ou jamais ! », « Nous restons ici ! ».) C’étaient les slogans que l’on pouvait y entendre. Un peuple manifeste pour une RDA démocratique. Un peuple exige son droit de réaliser ses conceptions de la société. Cela a été mon présent en ce mois de novembre 1989. Pour moi, la démocratie était le pouvoir du peuple, pris dans son sens originel.7 Six jours plus tard tombait le Mur de Berlin et ce que j’ai découvert de l’autre côté était très éloigné de ma compréhension de la démocratie. J’ai essayé de comprendre. D’un côté de la ville, un peuple se révoltait parce qu’il ressentait que le « Realsozialismus » n’était ni réel, ni socialiste. En tant que peuple, il exigeait ses droits : démocratie maintenant ! De l’autre côté de la ville, je rencontrai un pays

pourvu de richesses matérielles jamais vues auparavant, dans lequel des gens sans travail se retrouvaient à la rue. J’entendis que, maintenant, notre pays devait également devenir un tel pays « démocratique ». Et moi, j’appartenais à quel monde ? Si nous nous étions rencontrés, à l’époque, auriezvous pu me le dire?

9 Le présent

Nous sommes en 2012 et mes questions sont toujours les mêmes. Personne n’a encore réussi à me persuader que le cri exigeant « La démocratie, maintenant ! » est devenu inutile. Dans le livre de Oskar Negt Der politische Mensch. Demokratie als Lebensform (L’ Homme politisé. La Démocratie en tant que forme de vie) j’ai trouvé nombre d’exemples, décrivant des réalités sociales d’aujourd’hui. Ils montrent combien nécessaires et urgents seraient les développements de capacités, qui aideraient les populations à ne pas accepter ces données comme des lois immuables de la nature. J’ai lu : « On a fait plus de six milliards de bénéfices, mais on doit malheureusement supprimer 7000 emplois, car autrement, il est impossible d’atteindre les 25% de taux de rendement, a dit publiquement, il y a quelques temps, le chef de la Deutsche Bank, Josef Ackermann, sans laisser apparaître le moindre signe de cynisme.8 » Negt cite cet exemple afin d’illustrer que les entreprises menacées de faillite ne sont pas les seules à planifier des licenciements, les entreprises bénéficiaires, elles aussi, le font. Et je me suis posée la question, qui va payer pour les 7000 employés ? Et la réponse aussi, je l’ai trouvée chez Negt. Il explique que le système se base sur un transfert des coûts. Pas une seule entreprise, diminuant ses coûts de cette façon, de l’intérieur même de l’entreprise, n’endosse de responsabilité quant à l’avenir des travailleuses et des travailleurs mis à la rue. À la fin de ces transferts de coûts, c’est l’ensemble de la société qui paye.

7 Démocratie : du grec demos, peuple et kraitía, règne, autorité, pouvoir. 8 Negt: Der politische Mensch, p. 446.

34

NEUVIÈME ÉTAPE

Par contre, les milliards de bénéfice des grandes entreprises ne profitent qu’à quelques-uns.9 Negt met ce qui suit en lumière : Jusqu’à présent, le développement de la société civile citoyenne consistait, entre autre, à limiter les effets de la puissance du capital et des marchés. Aujourd’hui, nous nous trouvons devant une situation modifiée. Depuis que, pour la première fois dans l’Histoire, le capital peut opérer librement, sans buter sur les frontières d’état et autres barrières, le capital va où son envie le pousse et échappe aux mains de l’État. Actuellement, il semble que ni l’État ni les syndicats ne soient plus capables de protéger la société civile des méfaits des magnats du monde économique qui, d’eux-mêmes, ne prennent aucune responsabilité dans « l’Économie de toute la maison », c. à d. en faveur des affaires publiques.10 À la lecture de ce livre, je comprends ceci : Les sociétés commerciales débordent de richesses, nous, par contre, entendons journellement parler de mesures d’austérité. La rhétorique officielle annonce : « Nous n’avons pas d’alternative. Les temps sont durs. Il n’y a pas d’argent » prétendentelles, lors des diminutions de moyens dans les domaines de l’éducation, des études, de la santé publique, des différentes formations et de la culture. Pendant ce temps, des managers de grandes entreprises, malgré leurs échecs, empochent des sommes folles, justement appelées parachutes dorés. Lors de fusions d’entreprises, des milliards sont transférés au gré des intérêts de leurs dirigeants. Dans notre société, un tiers de la population active et consommatrice court le danger d’être mise à l’écart du monde économique et politique.11 Suite à cette information d’Oskar Negt, j’ai tenté d’en savoir plus. Si, il y a peu, on parlait encore d’une société des deux tiers, aujourd’hui, il est question d’une société des trois tiers. Un tiers est à l’aise, a du travail, est bien situé. Ici, le sentiment de « crise » n’a pas cours. Un deuxième tiers de la société ballotte de job en job, d’un contrat à court terme à l’autre. Les conditions de vie sont plutôt précaires. La peur de perdre son emploi est omniprésente. Le troisième tiers est l’armée grandissante des superflus de longue durée. Il n’est plus besoin d’eux et ils sont maintenus, tant bien que mal, grâce aux stocks excédants de l’État social. Est-ce à prendre en compte en tant que progrès social?

9 Voir Negt: Der politische Mensch, p. 446. 10 Voir Negt: Der politische Mensch, p. 164.

11 Voir Negt: Der politische Mensch, p. 236. 12 Negt: Der politische Mensch, p. 236.


Oskar Negt le caractérise de « provocation morale » et insiste, il faut le considérer comme un « scandale culturel 12 ».

10

DIXIÈME ÉTAPE

Et si nous raisonnions autrement ? Il faut une autre manière de raisonner. Nous avons besoin d’une révision des conceptions de la chose publique qui s’arrime à une logique socio-culturelle. Cette logique, à mes yeux, doit tendre vers des valeurs de solidarité, de justice, d’égalité et de prospérité pour tous. Il est des personnes qui ouvrent la voie à une façon plus raisonnable de penser la vie publique. Des personnes comme Jean Ziegler. Des personnes comme Oskar Negt. Écoutons-les. Il est des choses qui doivent être dites. Publiquement. La démocratie est quelque chose qu’il faut soigner, développer et protéger. Pour le moment, elle est en danger. Quelle autre manière de raisonner pouvons-nous opposer à la rhétorique établie ? « À longue échéance, ainsi argumente Oskar Negt, une économie de toute la maison, soit une économie prospère de la société dans son ensemble, un système de la vie en société, sain et pacifique, peu concerné par la violence, vu également sous l’aspect de l’austérité des budgets, est le seul concept de consolidation raisonnable et acceptable.13 » Si un système sain et pacifique serait le but de notre société actuelle, alors il serait impossible de comprendre pourquoi, précisément, l’on rogne les budgets des domaines de la culture et l’éducation. Ce sont justement les domaines publics, dans lesquels des modèles d’apprentissage, des façons de vivre, des manières de penser et de travailler sont éprouvés et diffusés dans la conscience publique, qui seraient à même de fonder un tel système pacifique. Une intervention agissante pour le bien de la communauté demande, au préalable, une faculté de jugement vue sous l’angle politique ainsi que la capacité de reconnaître les 13 Negt: Der politische Mensch, p. 29. 14 Negt: Der politische Mensch, p. 13.

connexions. Cela suppose la connaissance, au préalable, des possibilités d’intervention dans les connexions et de leurs conséquences. Si une société applique ses mesures d’austérité précisément dans les domaines grâce auxquels les gens peuvent acquérir ces compétences, elle est sur le bon chemin pour perdre son avenir démocratique. « La démocratie est le seul ordre sociétal politique rédigé qui doit être appris, au jour le jour et ceci jusqu’à un âge avancé » écrit Oskar Negt dans la préface de son livre : « Der politische Mensch. Demokratie als Lebensform.14 » Pour de simples raisons de marché, également, des économies, dans les domaines de la culture et de l’education, sont les signes d’une pensée à court terme. Il est connu et prouvé scientifiquement que l’austérité dans ces deux domaines, est liée à une augmentation des coûts dans des domaines publics très différents. « Ce sont de simples transferts de coûts d’un domaine à un autre. Celui qui diminue les moyens financiers nécessaires aux jardins d’enfants et aux écoles, devra, dans un temps prévisible, dépenser plus pour la lutte contre certains dommages, pour la police et, à la fin, pour les prisons. L’absurdité de cette société consiste en ce que, pour cela, alors, les moyens seront disponibles.15 » Les domaines de la culture et de l’éducation ne sont pas uniquement concernés par des mesures d’austérité, ils sont aussi poussés dans leurs derniers retranchements par le système de valeurs dominant. Aujourd’hui, on exige de l’art et des artistes, des domaines de la culture et de l’éducation, une utilité dans un rapport de coûts et de profits ; de leurs institutions qu’elles donnent la priorité à une comptabilité de type « entreprise commerciale ». Il existe bien peu d’espace pour mettre cette façon de faire en cause. La primauté, pratiquement absolue, de l’économie de marché dans notre société actuelle est à même de laisser paraître ces exigences plausibles, normales, habituelles. À quel autre raisonnement faut-il ouvrir la voie ? Il s’agit d’insuffler l’ « essence » de l’art et de la culture dans la conscience publique.

Seul celui qui sait évaluer la spécificité des processus de production culturelles et artistiques, ses structures temporelles propres et ses desseins de transmission à la communauté, en regard à son bien-être, peut contribuer à la haute reconnaissance de la société envers l’éducation et la culture dans sa globalité. Quelle est la nature de la culture ? Dans son approche de la question, Oskar Negt met en lumière l’un des plus anciens manuscrits, qui renvoie à notre compréhension de la culture européenne. Il se trouve dans les traités de l’Ancien Testament, au chapitre 3 du prêcheur Salomon (Kohelet). Il y est dit : « Chaque chose a son temps, et chaque dessein sous les cieux a son heure : naître vient en son temps, mourir vient en son temps ; planter vient en son temps, et arracher ce qui a été planté vient en son temps ; (…) pleurer vient en son temps, rire vient en son temps, (…) la querelle vient en son temps, la paix vient en son temps.16 » Tout vient en son temps. À l’aide de cette référence, Negt indique la direction à prendre afin de connaître une façon différente de raisonner. Depuis des temps immémoriaux, il existe des personnalités, attachées à leurs domaines d’activité, qui se sont fixées comme tâche et comme but de veiller aux relations harmonieuses entre les hommes et à une vie humaine en accord avec la nature et le cosmos. Dans les cultures plus que millénaires de l’ancien Japon, de la Chine, de l’Égypte ou à Bharata, l’Inde védique, ces hommes étaient respectés et estimés. Leurs valeurs servaient de modèles à la société et il n’y avait guère de souverain qui prenait des décisions sans leur demander conseil. Ce sont les voix de la raison, de l’humanité, de la pondération, de la justice, du partage, de l’aménité, de la synthèse et de la modération. Ces voix ont été nécessaires afin de modérer et compléter les voix de l’impulsivité, du progrès, des droits du plus fort, de la sélection naturelle, de la course au profit et des plaisirs éphémères, les voix prônant le risque. Dans le monde actuel, il en subsiste une faible réminiscence, quand les voix de certains artistes, de scientifiques ou de guides spirituels, se font entendre. Ils représentent la détente et l’intégration autant que la modestie, la

15 Negt: Der politische Mensch, p. 207. 16 Cet te citation biblique se trouve chez Oskar Negt sous cet te forme. Negt: Der politische Mensch, p. 451.

35


compréhension de la nature et le souci des valeurs intérieures. Ce sont les voix qui se sont vouées à la cause d’une action éthique et responsable et qui défendent la thèse du besoin impératif de changement qu’a le monde. Ils accomplissent une fonction importante dans chaque voisinage, dans chaque village, dans chaque entreprise commerciale. Celui qui attend des voix de la conscience et de leurs attributions, qu’elles ajustent leurs processus de création et leur temps de travail d’après les règles de l’économie de marché, celui qui exige d’eux une rentabilité, méconnaît l’essence de l’art et la valeur de la culture et se fait le manœuvre des intérêts de l’entrepreneuriat. Les processus d’activités dans les institutions de l’éducation et de la culture suivent d’autres rythmes temporels. Ils se différencient foncièrement de ceux des services et de la production industrielle. Ici, l’on s’écarte des chemins familiers et l’on explore des pays inconnus. C’est un processus qui pousse vers l’inconnu et d’où l’on revient plus riche d’expérience. Ici, on fait des détours et on prend des chemins de traverse. Ici, on teste idéalement de nouvelles formes de communauté, de nouvelles manières de faire et de produire. Même au delà des structures hiérarchiques. Ici, on propose des pratiques, des alternatives pour l’espace public. Et des utopies. « Le cri qui appelle un nouveau théâtre est le cri qui aspire à un nouvel ordre de la société », écrit Bertolt Brecht. « Les arts, et particulièrement le théâtre, représentent le jeu du bouffon contre le roi », dit le metteur en scène allemand, Claus Peymann. Au sujet de l’optimisme de l’écrivain pragois Franz Kafka, le philosophe français Jean-Paul Sartre s’exprimait ainsi : « Quelqu’un muni d’une canne à pêche est assis dans sa baignoire et veut pêcher le poisson qui n’existe pas. » Martin Luther17 disait qu’il planterait encore un arbre à la veille de la fin du monde. Dans ces exemples se reflète l’essence de l’art et de la culture. C’est la recherche ininterrompue d’utopies et d’alternatives. La culture est « l’aire de repos de la réflexion ». Les réflexions, les rêves, les cauchemars, les

questions, les souhaits, les visions, c’est connu, n’ont pas de valeur marchande déterminée. Néanmoins, « La culture est plus que nécessaire, aujourd’hui, au cours de cette crise d’érosion culturelle, où le temps nécessaire à la recherche d’une nouvelle orientation est contrecarré et occulté par des balbutiements nombreux d’actions sans lendemain. Ceci empêche que de telles aires de réflexion soient recréées ou que des points de départ prometteurs puissent être développés.18 » Exiger des aires de réflexion de fonctionner d’après les critères de l’entrepreneuriat, signifie méconnaître leur nature et leur importance dans la société. Des critères de rentabilité et de fréquentation du public ne donnent aucune assurance. Par exemple, que les structures culturelles existantes travaillent pour l’avenir ; qu’elles contribuent à la création d’une capacité de mise en cause ; si, par leur activité, elles mettent un savoir à disposition ou si leur activité s’aligne bien sur une amélioration d’une qualité de vie en commun ; si elles encouragent un spectateur où un participant à l’action. Actuellement, il serait nécessaire de soutenir toute initiative concrète où les membres de la société pourraient s’approprier des « éserves » de savoir et d’expérience ; où se développerait une ouverture à l’utopie ; où tous se considéreraient comme des êtres sociétaux agissant. Ces options, qui ne sont pas immédiatement applicables, rendraient les hommes plus résistants aux manipulations. Ils en feraient les acteurs de leur monde.

émis une considération intéressante à propos de l’utopie sociétale : que Platon « ait échoué dans son action ne révèle rien de ses tentatives. Celui qui prendra la peine de calculer le nombre d’expériences nécessaires qu’il a fallu, depuis Prométhée, pour mettre l’allumette au point, ne tirera pas de conséquences pessimistes de l’échec des expériences platoniciennes visant à la création d’une société sans injustices et sans guerres. Ce qui est édifiant, dans la vie de Platon, n’est pas ce qu’il a réussi, mais bien ce qu’il a tenté. Ce qui est triste, à notre époque, n’est pas ce qu’elle n’atteint pas mais ce qu’elle ne tente pas. Cependant, c’est dans la tentative que se situe l’idéalisme.19 » La manifestation du 4 novembre 1989, sur la « Alexanderplatz » à Berlin, a certainement été la plus grande de l’Histoire de la RDA organisée par le peuple. Les organisateurs officiels en ont été les artistes du « Berliner Theater », l’Association des Artistes plasticiens, l’Association des Scientifiques du Film et de la Télévision et le Comité des Arts du spectacle. « Il est des contextes historiques où seules les utopies sont encore réalistes.19 »

Claudia Gäbler, janvier 2012

Avec le concours de Pierre Doome. Traduction GIL

C’est un fait que les arts et les domaines de la culture qui, justement, ne reproduisent pas la norme admise par la société mais expérimentent, de préférence, d’autres types de projets, devraient être souhaités et soutenus plus efficacement. Voilà qui serait une preuve de crédibilité démocratique de la société.

DERNIÈRE ÉTAPE

Ludwig Marcuse, qui a réalisé une étude de la problématique du champ de tension entre la réalité du pouvoir et les utopies normatives, a

17 Mar tin Luther (1483-1546) moine augustin allemand, théologien, professeur d’université, père du protestantisme et réformateur de l’église. Mar tin Luther est également connu pour avoir ef fectué une traduction de la Bible en allemand. 18 Negt: Der politische Mensch, p. 453. 19 Negt: Der politische Mensch, p. 558.

36


PROJECTION DU FILM

DEM DIKK

suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Karine Birgé

le 27 mars 2012 à 19h00 dans le cadre de La Semaine de la Solidarité Internationale 2012, une initiative du Conseil Wallonie-Bruxelles de la Coopération internationale

RÉSERVATIONS via la comm. de Saint-Josse au 02 220 27 69 / infos : www.stjosse.irisnet.be

Dem Dikk (aller retour) Karine BIRGÉ - 52’ - 2010 En wolof « dem dikk » signifie aller retour. C’est aussi le nom des bus qui sillonnent Dakar. D’un groupe de jeunes Dakarois, pris entre petits boulots et débrouilles, se détache Pape Diop. Pape qui met un point d’honneur à ne pas être « dans la théorie », qui refuse de devenir un « blanc raté », qui arrive à faire de son mode de survie une revendication... lui, « l’ambassadeur de tous ceux qui n’ont jamais eu la chance de partir ». Au fil des confrontations entre Pape et la réalisatrice venue d’Europe, l’inégalité tranchante apparaît et avec elle le ressac d’une politique migratoire basée sur l’exclusion.

guerre, l’Europe et sa politique d’immigration et l’Afrique désarmée et en colère. Malix et Anaïs - blog « Le Paris des Afriques » 9/03/11 Image Karine Birgé Son : Benoit De Clerck Assistant : El Haj Paul Martin Gomis Montage : Luc Plantier Montage son et mixage : Maxime Coton Producteur délégué : Cyril Bibas (CVB) Production : Michel Steyaert (CVB) Avec le soutien de la Coopération belge au Développement - DGCD, Service fédéral Affaires étrangères, Commerce Extérieur et Coopération au Développement

http://demdikklefilm.net/DemDikk/Accueil.html

Personnage dense et fier (Pape Diop), sa revendication prend une tournure poétique dans le prisme de la caméra qui ne le lâche jamais. C’est un fil tendu entre une jeune blanche belge, libre de ses mouvements, et un noir sénégalais, pris au piège dans un système qui contraint toute sa génération à l’exil. Un fil tendu entre deux mondes en

37


SPECIAL 40 ANS THÉÂTRE DE LA VIE

LA MORT DU COCHON

Petit music-hall à la ferme d’Isabelle Wéry REPRISE

30 et 31 mars 2012 à 20h15 RÉSERVATIONS via www.theatre de lavie.be ou par tél. 02 219 60 06

38


La ferme est un lieu extrêmement intense où animaux et êtres humains vivent sous le même toit au rythme séculaire des saisons. Lieu tumultueux quasi shakespearien, ça y naît, ça y vit, ça y mange, ça y copule, ça y meurt. Et le jour où le fermier sort le cochon de son étable pour le tuer, le cochon hurle, il sait qu’il va mourir, il le sait. Et ses yeux de cochon/animal deviennent des yeux de cochon/homme. Est-ce que cela signifie que durant son existence de cochon à la ferme, il éprouve, à l’instar du fermier, quelque angoisse existentielle ? Le sens de la vie dans une côte de porc crue ? La mort du cochon, petit music-hall à la ferme est un spectacle à l’univers singulier écrit par Isabelle Wéry. Une écriture terrienne et spitante qui mixe Shakespeare et le poulailler, la préparation du pain doré et la sexualité des punaises, la mort du cochon et celle du fermier, odes au soleil et chansons de marins… Tout ceci au rythme déglingué d’un orchestre invisible mené, au piano, par Follette le chien noir, au saxophone, le chat Fanfan, à la batterie, Fifi le jaune canari, et au violoncelle le chat Chabelle. La Mort du cochon est le premier spectacle d’Isabelle Wéry, créé en 1998 dans le cadre des Giboulées du Théâtre de la Balsamine et nominé aux Prix de la Critique « meilleur seul en scène/98 ». Elle le retrouve avec un désir de redécouverte et de recréation, de retour à ses premiers travaux, comme on revient dans la maison où l’on a grandi. Hommage chanté et dansé à l’univers de la ferme, La mort du cochon s’inspire de l’enfance de la comédienne. Le spectacle est dédié à tous les artisans de la terre et à ses grands-parents, fermiers à Neuvilleen-Condroz.

Écriture, mise en scène, jeu Isabelle Wéry Regard extérieur Marc Doutrepont Lumières Isabelle Derr Un spectacle produit par Audience Production.

www.myspace.com/isabellewery www.audienceproduction.be

39


SPECIAL 40 ANS THÉÂTRE DE LA VIE

RENCONTRE Les plasticiens Marcel Berlanger et Juan d’Oultremont exploreront leurs propres rapports à l’art et au lard.

cycle “Témoins de notre temps”

le 30 mars 2012 après le spectacle LA MORT DU COCHON RÉSERVATIONS via www.theatre de lavie.be ou par tél. 02 219 60 06

40


Juan d’Oultremont

Marcel Berlanger

Artiste plasticien, Juan d’Oultremont vit à Bruxelles où il enseigne l’installation et la performance à l’Erg (École de Recherche Graphique). Ses activités couvrent également l’écriture (Villa Mathias, Éditions Albin Michel / Nuits de noces, Éditions Racines/ Judas, Editions Labor / Portrait d’Ari la nuit, Edition de l’Estuaire…), la chanson (on lui doit entre autres les paroles Coeur de loup), le graphisme pour le label de jazz Blue Note, le théâtre (Psy, VWLII, Eux) et la bande dessinée (avec la série Éclipse qu’il vient d’entamer avec Chantal De Spiegeleer pour les Éditions du Lombard). Son deuxième album Mégaphone’s Judas est sorti en janvier 2010 chez Freaksville Record. Il a participé durant plus de 15 ans aux émissions du Jeu des Dictionnaires et de La Semaine infernale sur les antennes de la RTBF.

Marcel Berlanger apprend très tôt la pratique de la peinture avec son grand-père Walter Hassewer. Il poursuit des études artistiques à St Luc et à l’ERG (École de Recherche Graphique) avec Joëlle Tuerlinckx, Marthe Wéry , Pierre Carlier... Il participe à de nombreuses expositions en Belgique comme à l’étranger. Il a longtemps travaillé avec la galerie In Situ à Aalst ; il est représenté par la galerie Rodolphe Janssen à Bruxelles et Nosbaum Reding au Luxembourg. Il collabore à des projets de théâtre avec sa sœur Françoise. Cette pratique l’amène à dépasser le cadre de la peinture vers des dispositifs spatiaux et lumineux. Ses installations ont été vues au WIELS, au musée van Bommel van Dam, au S.M.A.K. Il enseigne la peinture à l’ERG depuis 1993. Sa présente exposition, REG, est visible au Botanique du 1er mars au 22 avril.

41


SPECIAL 40 ANS THÉÂTRE DE LA VIE

RÉCITAL POUR OBJETS ABANDONNÉS ET CLAVIER TEMPÉRÉ Un spectacle musical de et par Max Vandervorst et Marc Hérouet Photos © Melisa Stein

le 31 mars 2012 à 21h30 à la suite du spectacle LA MORT DU COCHON

RÉSERVATIONS via www.theatre de lavie.be ou par tél. 02 219 60 06

Une sélection de compositions et de reprises bien arrangées mettent à l’honneur la rencontre improbable entre la « lutherie sauvage » et l’harmonie du piano. En guise d’ouverture, le très fameux « Day dream » des Wallace Collection (dont le pianiste fut membre fondateur !) sera interprété au scoutophone, série de gourdes métalliques accordées… On entendra ensuite une sonate pour boîte de conserves, un ragtime pour claxon à deux tons, un blues pour fers à repasser, trois petites notes de musiques sur rasoir Bic jetable. L’intégrale du « Quadrille des lanciers » sur une chaise musicale à quatre tonalités, une petite valse au bouteillophone, et un grand classique de Louis Armstrong sur un bac de Maes Pils... Un lapin Duracell viendra rythmer la « Salsa Boliviana », et bien d’autres surprises encore. Un pur moment de plaisir musical et poétique interprété par un duo fantaisiste et complice. Max Vandervorst est musicien et inventeur d’instruments. Depuis 1988, il réalise des spectacles où interviennent des instruments qu’il crée lui-même à partir d’objets très divers : « Symphonie d’Objets Abandonnés », « Concerto pour deux vélos », « L’Homme de Spa » ont été largement diffusés à travers le monde, et continuent de l’être. Il est également compositeur de musiques de scènes et concepteur de la « Maison de la Pataphonie » de Dinant. Marc Hérouet est pianiste, arrangeur et compositeur. Membre fondateur des Wallace Collection, il compose de nombreuses musiques de films et collabore à de nombreux projets musicaux dans le domaine de la chanson, des musiques actuelles et du jazz. Il fut aussi président des Jeunesses Musicales de la CFWB et professeur de musique à l’IAD. Instruments inventés Piano Régie Production

42

Max vandervorst Marc Hérouet Benjamin Pasternak et Claire Steinfort Curieux Tympan asbl


LIVRES Lutherie sauvage Editions Alternatives, 1997

Nouvelles lutheries sauvages Editions Alternatives, 2006

Petites notes pour la route Lansman, 2010

CDs Best Tof (Musiques pour le Tof ThÊâtre) CT1, 1992

Folklore de Pataphonie Centrale CT2, 2002

KD Story CT3, 2006

www.maxvandervorst.be www.myspace.com/maxvandervorst

43


FALL INTO THE SHOW Spectacle sur la chute CRÉATION à Bruxelles

par Gwen Berrou Prix d’interprétation “meilleur second rôle” au cinéma pour Les Géants de Bouli Lanners

19, 20 et 21 avril 2012 à 20h15 RÉSERVATIONS via www.theatre de lavie.be ou par tél. 02 219 60 06

44


Qu’est-ce qui vous met dans cet état ?

L’histoire qui se raconte ici est celle d’une femme qui, parce qu’elle a peur de tomber, décide justement de choir de toutes les manières possibles. Elle suppose qu’en faisant l’inventaire de toutes les chutes imaginables, elle trouvera comment s’affranchir, ou pour le moins se distraire, de l’écroulement des illusions sentimentales ou idéologiques. Pour qu’elle puisse réellement s’offrir à l’accidentel de la chute, le spectacle se construit grâce à la participation du public à un jeu de hasard. C’est un questionnement autour des limites de notre identité. Entre théâtre-physique et performance, ce spectacle parle d’amour, de chute et de théâtre. À travers l’étrange série de chutes qu’elle s’impose, Gwen Berrou veut sonder le risque et la richesse induits par le partage de l’intimité. L’expression « tomber dans l’autre » évoque la dépossession au contact d’autrui, le ravissement, et la perte de soi. C’est l’un des risques, avec celui, encore plus grand, d’être « laissé tomber », de s’être donné et de ne plus se retrouver. Quand est ce que l’obstination, nécessaire à l’amour qui dure, conduit à l’altération de soi ? Accepter de pouvoir perdre, est-ce gagner sa liberté ? À partir de plusieurs textes écrits ou sélectionnés, nous questionnons l’écoute de soi, l’illusion et l’attachement. En utilisant différents niveaux d’adresse et de lecture, en superposant les textes et les actions, nous souhaitons créer des associations inattendues. Le sens est-il évident, caché, allusif ou transformé ? Entre le sérieux et le trivial, l’équipe cherche une forme par laquelle les ruptures, les collisions de sens poussent le spectateur à interroger ce qu’il reçoit.

Comédienne et porteuse de projet : Gwen Berrou (Cie Petite âme) Création et régie son : Éric Faes Création et régie lumière : Julie Petit Etienne Scénographie : Sylvain Reymond Conseil à la dramaturgie et à la mise en scène : Céline Rallet Collaboration ponctuelle : Veronika Mabardi, Sarah Antoine, Vincent Lecuyer Aide-chargée de production et de diffusion : Laetitia Noldé Textes de Gwen Berrou et Celine Rallet : Les Lamentations de Gilgamesh (d’après L’épopée de Gilgamesh, traduction française Jean Bottéro, Éditions Gallimard) Éloge de l’amour d’Alain Badiou Phèdre de Racine, Belle du seigneur d’Albert Cohen, © Éditions Gallimard. Coproduction du Théâtre de la Vie (Bruxelles) et du réseau Open Latitudes : Les Halles (B), Le manège.mons / Maison Folie (B), Latitudes Contemporaines (F), le Festival Body/Mind Varsaw (PL), Arsenic (CH), Le Phénix (F), Teatro delle Moire (I), SinARTS (H) – avec le soutien du programme Culture de l’Union Européenne / En partenariat avec La Bellone, Maison du spectacle, et les Riches-Claires / Avec le soutien du KJBi / Remerciements au Belg’arT, Théâtre Marni, CC Bruegel, XL Théâtre. Réalisé avec l’aide de la Fédération WallonieBruxelles – Service du théâtre. Fall into the show a été créé le 6 février 2012, à la Maison Folie (Le Manège.Mons) dans le cadre de Penser le Futur, puis sera repris aux RichesClaires du 2 au 12 mai 2012.

La pres se Proclam é e me illeur e 20 0 5, G spoir fé w en B e minin r r ou en t p ar u n en am e c e solo de t t e soirée sur le t t hé â t r e hème d c on t em e la ch porain d an s un ute. No e salle u s e o n ù t r ons seulem tables ent huit r ond petites au p r e m e s e n t o u r e n t la scèn ier ran e. Tous g, le c privilég on t ac t ié. La c d ir e o c t es t m édienne p r é s en c e p ou joue de r no t r e c son r é c onstruir it. Le h e, ens asard, emble, le jeu d la spon e p ar t a tanéité ge s on t sur les et les maît quels G res-mot w en B e réflexio s r r o n s ur u c ons le mon truit sa s ous s de e t e s f or m les chu es mult Sous dé tes, iples e cor d’un t varié sho w à en do s s es. l’améric e à la fo aine, ell is le rôle e t de e de p r é s candida entatric t e p eu soumet, e a s s u par l’in rée. Ell t er m é d e se nous, sp iaire du e c t a t eu public – rs – qui jeu, à u tire les ne intro ficelles spectio à l’amo du n s ur s ur, aux o n r ap p o r t au t r e s U ne he et à ell ur e d é e-même lirante prolong . que l’o er en c o n v r oudrait e e t en c o e t un e r e ! U ne mise en écriture s c ène d et d’une ’une int génér o s e ll igence it é s an s é et hilara gal. Sur nt ! p r e n an t

Anne-S ophie S au s s e z – E x tr a p ar Le it de cri Bourling tique p u eu r d u ubliée d’une é net, su tape de ite au v isionne tr avail Théâtre men t d e Fall in de la Vie to the en no ve s h ow : mbre 20 au 11. 45


TOMASSENKO ET LA CHORALE VOIXLÀ www.tomassenkoproduction.be

le 5 mai 2012 à 20h15 RÉSERVATIONS via www.theatre de lavie.be ou par tél. 02 219 60 06

46


Des onomatopées, bien sûr, des sons mis en mots qui forment une espèce de langue du monde aux consonances d’ici et d’ailleurs. Polyphonies, mélodies et rythmes. Un répertoire singulier composé par Olivier Thomas, avec une chorale de musiciens qui chantent et agitent des grelots, caressent banjo, organetta, likembés, guitares, violons et autres clarinettes pour s’accompagner. Chant, chant, et encore chant !

47


SLAM

À LA VIE Le deuxième lundi de chaque mois ( entrée libre) Inscriptions dès 19h15

48

Situé entre la joute oratoire, la poésie et le one man show, le slam est un art oratoire où quiconque veut s’exprimer occupe la scène, sans obligation de bibliographie poétique, de thématique, de mémorisation ou de format de texte. Il se définit surtout par des règles de temps, d’absence d’accessoires et de musique, et par la relation du slameur avec son public qui peut réagir même pendant la performance. Réunissant à chaque édition un public nombreux, hétéroclite et changeant, constitué de voisins, de curieux, d’amis d’amis, de slameurs avertis ou de parfaits candides, ces soirées régalent les oreilles autant que l’âme.


Naissance d’un collectif de slameurs au Théâtre de la Vie ( photo, page 48 ) :

L’ÉTRANGER

SLAM À LA VIE

Tes pieds nus foncés comme le bois Sont les spartiates de ma tête close. Je suis le va-nu-pied qui, Recherche le caché des collines Comme les fées, l’aubépine. Je suis le sol tremblant sous mes pieds D’inquiétude Que le vent me soufflera vers la Mer. Et seul, je l’écouterai me presser vers le temps Comme la lune devient le soleil de mes nuits. Tes empreintes sur le sable raconteront ta trace D’un point à un autre Comme ces moutons de bergers. Et tu seras seul, L’échappé Dans l’espace. Le mouton noir Du désert, Étranger. Et le visage et le corps Et les genoux et les mains, Et les pieds. Seront seuls témoins de ce voyage d’éternité. Mes pieds sont marqués de ces longues heures de route Que mes yeux se sont précipités de voir. Ces paysages changeants Sur lesquels mes genoux se plient au tournant des Montagnes Et se tordent. Et se tendent tes bras et tes jambes Quand tu vas vers la Mer Et te perdre. Dans l’intensité d’une vague Tu deviens sable noir puis oublies. Et le sel s’éternise dans tes yeux qui se plissent au soleil. Tu deviens le berger, sans mouton, L’intouchable, L’étranger.

Ô Terre mère chérie Toi qui nous abrites et nous nourris Toi qui nous reprends dans les plis De ta robe synclinale quand finit notre vie Toi qui porte nos pas de promenade, De danse et de transe Comme nous sommes ingrats ! On te salit, on t’insulte On te cimente, on te bitume On t’arrache tes Amazonies Soudain, tu as mal au Soudan Et à toutes tes Éthiopies Tu perds ta calotte Tes ours sont comptés Alors, il ne faut pas s’étonner Que tes volcans fulminent Que tu trembles de colère Que tu pleures toutes tes larmes sur Bangkok Enfants de la Terre, réveillez-vous Arrêtez de thésauriser, partagez Avant qu’il soit trop tard

LES COLLECTIONNEURS DE MOTS Composé(e)s de : Michelle 2l, Michel Loterickx, Maxime Homme, Edmond, Aziz, Jay.C, Sarah, Nawfel, Natacha, Wankey, Maelle, Hyppolyte, Leila, Mona. Guest : Kpt’ain Dom Nous sommes guerriers de lumière Le verbe est notre champ de bataille Les mots sont nos mercenaires Le don du cœur notre infirmerie de campagne Des balles étincelantes plein nos cartouchières Pour votre ravissement feront mouche Ô public chéri, rien ne sert d’être farouches Car assurément Vous tomberez dans nos gibecières ! Nous sommes comme des soldats en pleine bataille, où l’art serait notre guerre. Une passion qui nous tenaille et qui est loin d’être éphémère... Les collectionneurs de mots Retrouvez l’actualité des collectionneurs de mots via le groupe Facebook Info Slam.be lescollectionneursdemots@hotmail.be

Monique Lemoine

Sarah-Yeelen membre du collectif Les collectionneurs de mots

49


RÉSERVATIONS via www.theatre de lavie.be ou par tél. 02 219 60 06

LES MULTIVERS du 31/05 au 02/06 Soirées composées autour de l’univers textuel, vocal et musical de

Christiane Hommelsheim Christiane Hommelsheim performer, Berlin

“Un solo n’est jamais un solo ...”

50

Hanna Lippmann

Jonathan

photographe, Berlin

vocalist, NYC

Irene Mattioli

Ralf Haarmann

metteur en scène, Berlin

musicien, Berlin

Louise Desbrusses

Walli Höfinger

écrivaine, Paris

performer, Berlin

Hart Makwaia


LES MULTIVERS Christiane Hommelsheim

YESTERDAYS BIRD BIRDSONG CRÉATION • Christiane Hommelsheim • Walli Höfinger

le 31 mai 2012 à 20h15

Un son s’échappe de moi-même, tel un oiseau qui prend son envol au matin. Il peint les murs et rayonne au-delà même des espaces que mes sens peuvent percevoir. Mon corps répond par des mouvements qui colorient la pièce, tel le chant de l’oiseau colorie le son du matin.

Depuis de nombreuses années nous sommes engagées dans le travail vocal du « Centre Artistique International Roy Hart » en France, et nous examinons les racines de l’expression vocale depuis les sons crus et primaires jusqu’à la voix traditionnelle chantée. Plus récemment, avec Jonathan Hart Makwaia, nous avons exploré ce médium comme source de création musicale, physique et théâtrale. La relation initiale de la voix et du corps nous amènent là où l’espace physique et auditif s’entrelacent. Le corps en mouvement parle silencieusement. Le mouvement inscrit sa musique silencieuse dans l’espace physique. Nous recherchons donc un dialogue entre cet espace physique et la musique, pour que le son, les esprits et les corps respirent dans cet espace. Nous appelons ce processus « space-shifting ». Les états d’être qui surgissent de cette relation ont changé la façon dont nous percevons et créons la musique. Walli Höfinger a commencé son parcours artistique en 1993, en étudiant aux Beaux Arts de Saarbrücken (All.) les nouveaux médias artistiques et plus particulièrement l’art performance avec Ulrike Rosenbach. Parallèlement à ses études, elle a travaillé comme danseuse et performeuse pour différents projets chorégraphiques. Depuis 1996, elle crée ses propres performances, qui associent mouvement et voltige, installations vidéo, son, éclairage, voix. Elle les a présentées dans plusieurs pays en Europe, et principalement en Allemagne. Elle enseigne l’art performance, le mouvement et la voix depuis 2006. Depuis 2010, elle est également professeur de voix « Roy Hart ».

Jonathan Hart Markwaia est chanteur-compositeur et enseigne la méthode vocale « Roy Hart » dans la section du théâtre expérimental de la New York University. Il étend le rôle de la voix humaine dans les arts de la représentation, également dans le sens du développement personnel. Il vit et travaille à N.Y.C. où, à côté de son activité professorale, il réalise ses projets artistiques. Musique, texte et performance : Christiane Hommelsheim et Walli Höfinger Consultant voix : Jonathan Hart Makwaia En coproduction avec le Théâtre de la Vie et Colaborative Reichenow e.V.

51


LES MULTIVERS Christiane Hommelsheim

EXPOSITION D’ŒUVRES PHOTOGRAPHIQUES Hanna Lippmann

le 31 mai 2012 àpd 21h30

PEARLS, 80x90cm, série «to be, was, been», © hanna lippmann

Hanna Lippmann présente deux séries de ses œuvres photographiques Takes et To be, was, been sous la forme d’une exposition/installation Presence, en écho à la création Yesterdays bird – birdsong. Hanna Lippmann, née à Marburg/Lahn (All.), est artiste photographe. Après sa formation de comédienne, elle a étudié les medias artistiques à l’Université des Arts de Berlin et a obtenu son diplôme en 2003. Depuis, elle réalise des œuvres photographiques libres et singulières, exposées notamment en Allemagne et aux États Unis (San Francisco). Elle collabore régulièrement avec des artistes de théâtre comme Christiane Hommelsheim, Ami Garmon (Squint Productions), Matthaei&Konsorten. www.hannalippmann.de

52


LES MULTIVERS Christiane Hommelsheim

RENCONTRE AVEC LOUISE DESBRUSSES dans le cadre du cycle Témoins de notre temps

le 1er juin 2012 à 20h15

Le corps est-il soluble dans l’écrit ? Les textes de Louise Desbrusses sont tissés d’une invisible partition, notation qui court sous les lignes, fondue dans la texture même des phrases, dont le lecteur est l’interprète. C’est fait pour. Dans les romans de Louise Desbrusses, c’est donnant-donnant. L’auteure fait totale confiance à qui ouvre ses livres pour qu’il, qu’elle peigne un monde, son monde, mette en scène sa propre pièce à partir de (presque) rien. À ce même interprète, en échange, de se prêter à la contrainte (presque) physique qu’impose la partition serrée, précise dans ses sonorités, son rythme, ses pièges, sa vitalité. « Une voix qui écrit », « Pour voix seule », « Jeux de voix », titrent L’Humanité, Libération, Epok à la parution de L’argent l’urgence. Sens et sons peuvent-ils se fondre jusqu’à devenir matière ? À s’accompagner l’une l’autre – qui dans l’exploration de la voix, qui dans celle de l’écrit – l’évidence finit par s’imposer. En 2010, Christiane Hommelsheim invite Louise Desbrusses à explorer avec elle et Ralf

Haarmann la matière des poèmes du Cœur rectifié, à donner voix/corps aux petits signes noirs qui courent sur le papier. Écrivaine et performeuse, Louise Desbrusses est l’auteure de deux romans, L’argent, l’urgence et Couronnes Boucliers Armures (P.O.L), d’une pièce radiophonique, Toute tentative d’autobiographie serait vaine (Lansmann éditeur) et de poésie. Dans ses essais regroupés sous le titre Du corps (&) de l’écrit, publiés par la revue Inculte, elle se demande : Quelle est l’invisible performance du corps de l’écrivain dont le texte est la trace ? Cette question l’a conduite – via sa complicité avec Christiane Hommelsheim et leurs nombreux échanges sur le processus de création – à l’écriture chorégraphique de Deborah Hay dont Louise Desbrusses adapte et interprète cette année le solo I think not, dans le cadre du Solo Performance Commissionning Project. Elle écrit actuellement son troisième roman.

53


LES MULTIVERS Christiane Hommelsheim

SHADOWS, FAIRIES AND ME CONCERT-PERFORMANCE

• Christiane Hommelsheim

le 1er juin 2012 à 21h30

Lorsqu’on pénètre dans l’espace de Shadows, Fairies and me on fait la rencontre d’une toile languissante, d’une phrase non énoncée, d’un oiseau triste, d’une peau sauvée... Mais surtout on apprend à connaître les multiples voix de Christiane Hommelsheim, des gammes de voix pleines de nuances : sons gutturaux, murmures, clameurs, gémissements... Elle chante et parle, parfois en solo, parfois en duo et même en chœur avec elle-même. Des rythmes et des mélodies simples se développent ainsi en chants et en chorals intemporels, parfois dans des langues différentes. Un loop-sampler manié avec virtuosité rend possible cette multiplication de la voix en solo. La machine s’avère ici un instrument. Elle assume le rôle d’un accompagnateur. Elle remplace l’orchestre ou la bande magnétique. Le loop devient en même temps un élément stylistique, une forme pour des thèmes sans cesse récurrents comme l’amour, la solitude, la mort. Le loop comme le flux interminable de la vie, un mantra médiatique. Susanna Poldauf Musique, texte et toutes les voix : Christiane Hommelsheim Consultant voix : Jonathan Hart Makwaia Photo, graphisme, performance-coaching : Hanna Lippmann

KADMOS Produktion - Partner für professionelle Grenzgänger / Susanna Poldauf poldauf@kadmos-produktion.de www.kadmos-produktion.de www.klangmoebel.net

54


LES MULTIVERS Christiane Hommelsheim

ALPHABET PERFORMANCE MUSICALE ET VOCALE • Christiane Hommelsheim • Irène Mattioli • texte : Inger Christensen

le 2 juin 2012 à 20 h15

Performance musicale de Christiane Hommelsheim en collaboration avec Irène Mattioli sur le poème éponyme de l’auteure danoise Inger Christensen. Quand j’écris des poésies, il peut m’arriver de faire en sorte que ce n’est pas moi qui écrit, mais la langue elle-même. C’est comme si la langue et le monde avaient leurs propres relations. Comme si les mots avaient un contact direct avec les phénomènes auxquels ils se réfèrent. Inger Christensen Elle écrit ce poème en 1986 à un moment où elle avait l’impression d’avoir épuisé sa faculté d’écrire. Elle voulut cependant continuer à écrire alors qu’elle ne savait pas ce qu’elle écrirait. Elle a dès lors appliqué des méthodes formelles : l’ordre alphabétique et la suite de nombres de Fibunacci. Et il en résulta : Alphabet. Pour Christensen, la langue offre d’ellemême une série d’indices qui, si on les suit, conduisent à la réalité. La langue ne reflète donc jamais quelque chose qui serait séparé du réel : « Le monde a son prolongement naturel dans le langage, il devient conscient de lui-même, et le langage dont le monde est l’arrière-plan devient un monde en luimême, un monde qui se déploie constamment davantage. » (extrait de « Die Seide, der Raum, die Sprache, das Herz ») Ainsi est effacée la séparation entre monde et langage, entre monde et être humain. Il devient possible que le monde s’écrive luimême à travers la conscience de l’homme. La poésie vise à dissoudre la relation motchose. Et plus encore : Christensen écrit que la poésie est une forme de connaissance comme les mathématiques. Elle rejette une relation strictement conceptuelle entre langue et monde. À la suite de Novalis elle prône l’émergence d’un état de mystère : le jeu mutuel entre monde intérieur et monde extérieur.

que son caractère fortuit disparaisse : celui-ci demeure même après son choix. Mais il subit une mutation en étant mystérieusement relié au phénomène. Un état mystérieux où le monde intérieur et le monde extérieur se retrouvent comme s’ils n’avaient jamais été séparés. Et elle ajoute : « Tout est hasard et changement, c’est vrai, mais seulement parce qu’il y a aussi un ordre, parce qu’il y a simultanément un ordre et une beauté sous les choses instables et imprévisibles. » Irène Mattioli (1976, Rome, Italie) a obtenu en 2011 le « Master pour la Mise en scène » à l’Université des Arts de Zurich (ZHdK). Après avoir terminé l’étude de la mise en scène à l’Accademia Nazionale Silvio D’Amico de Rome, elle est arrivée en 2004 à Berlin où elle a été active dans la filière théâtre à l’Université des Arts (UdK). Comme fondatrice de l’ensemble « Bagatelle n° 5 », elle a porté à la scène des auteurs comme Ingeborg Bachmann et Cocteau. Son intérêt particulier pour la musique est visible dans sa mise en scène théâtrale et musicale du roman Malina de Ingeborg Bachmann et dans la performance musicale du poème « Alphabet » de Inger Christensen. Elle a mis en scène la pièce Hiver de Jon Fosse comme travail de fin d’étude, en février 2011.

Écrire des poésies est pour ainsi dire un mystère intermédiaire : on est obligé d’utiliser la langue dans sa totale liaison avec le réel et cette liaison est un mystère que la poésie doit pénétrer. (extrait de l’essai Der Geheimniszustand) Le hasard comme principe d’ordre. On doit précisément choisir le mot fortuit qui peut être rendu nécessaire. Rendre un mot nécessaire signifie fusionner mot et phénomène. Non pas

55


LES MULTIVERS Christiane Hommelsheim

LE CŒUR RECTIFIÉ PERFORMANCE MUSICALE ET VOCALE • Louise Desbrusses • Ralf Haarman • Christiane Hommelsheim

le 2 juin 2012 à 21h30

Louise Desbrusses textes et voix

Écrivaine en tous genres (roman, poésie, essais et autres textes) ainsi que performeuse, elle est notamment l’auteur de deux romans publiés chez P.O.L, L’argent, L’urgence et Couronnes boucliers armures (mention spéciale du prix Wepler).

Ralf Haarmann

musique électroacoustique

Compositeur, improvisateur et instrumentiste. Mentionner loops, tapes, mandoline, baudruche, soundscape, dispositifs électroniques et autres programmes informatiques de son invention, ne donne qu’une mince idée (voire aucune) de ses recherches.

Christiane Hommelsheim voix et loops

Vocaliste, performeuse vocale, improvisatrice, chanteuse, actrice et vidéaste, outre ses créations solo avec loop sampling system et vidéo telle que Shadows, fairies and me (2010, Berlin/Bruxelles), elle donne avec Ralf Haarmann, depuis 2009, des concerts de musique improvisée, The loop concert series.

ON DIRAIT QUE LE RISQUE DE COLLISION SERAIT PLUS EXCITANT, TOUJOURS, QUE TOUT RISQUE DE COLLUSION. ON DIRAIT QU’ON SERAIT PRÊT À TOUT PLUTÔT QUE PRÈS DE LA SORTIE À SURVEILLER CE QUI DÉNOTE, DÉTONE, DÉTOURNE. ON DIRAIT QUE NAÎTRAIENT PLUS SOUVENT DES DÉSIRS DOUX D’ACCIDENTS FORTS QUE DES ENVIES MOLLES D’ASSURANCE VIE. ON DIRAIT QUE LA ROUE TOURNE SERAIT PLUS GRISANTE QUE LA ROUTINE. ON DIRAIT QUE LES MOTS SE LIVRERAIENT À LEUR FESTIN SONORE. ON DIRAIT QU’ON JOUERAIT À CE QU’ON NE CONNAÎT PAS ENCORE. ON DIRAIT QU’ON S’INVENTERAIT EN BOUCLES, EN FLUX. ON DIRAIT QU’ON S’INVENTERAIT EN TONS ET EN NOTES. ON DIRAIT QU’ON S’INVENTERAIT EN SONS ET EN MOTS. ON DIRAIT QU’ON S’INVENTERAIT EN CRIS ET EN ONDES. ON DIRAIT QU’ON IMPROVISERAIT. 56


Champ libre

Mais que font nos voisins ?

Amazone

asbl Structure de soutien aux mouvements de femmes, Centre de ressources pour l’égalité femme/homme.

fait la belle verte avec un programme d’ateliers gratuits destinés aux habitantes de Saint-Josse, à partir du mois de janvier 2012. www.amazone.be

Ateliers d’agriculture urbaine Retourner la terre ne vous fait pas peur et vous rêvez d’apprendre à faire pousser vos fruits et légumes, herbes aromatiques et autres fleurs comestibles. Amazone vous invite à découvrir des techniques de jardinage pour réaliser votre propre potager, faire fleurir vos terrasses et vos balcons.

Ateliers culinaires à réflexion écologique Vous aimez cuisiner et vous avez envie d’échanger des recettes, de découvrir d’autres cultures culinaires, mais surtout vous êtes bien décidée à améliorer la qualité de votre alimentation sans vous ruiner. Du jardin à l’assiette, Amazone vous invite à découvrir l’usage des produits du jardin pour enrichir la confection de vos plats.

Saint-Josse au cœur du monde Vous voulez reverdir la ville et le monde ! Vous vous sentez concernée par l’avenir de la planète et vous voulez vous informer, réfléchir, discuter, aborder des pistes de solution…

Infos pratiques Quand ? tous les jeudis après-midi, de 14h00 à 17h00, à partir du 26 janvier 2012 Lieu ? dans le jardin et les cuisines d’Amazone 10, rue du Méridien 1210 Bruxelles Les ateliers sont gratuits mais ne peuvent accueillir qu’un nombre limité de personnes.

Infos et inscriptions Vinciane Cappelle 02 229 38 57 - v.cappelle@amazone.be

En collaboration avec le Réseau idées asbl, Le début des haricots asbl, Rencontre des continents asbl, Les Jardins de Pomone asbl Avec le soutien du Fonds d’Impulsion à la Politique des Immigrés, Fédération Wallonie-Bruxelles

57


RECEVOIR NOS INFORMATIONS • Abonnez-vous à VIS A VIE (gratuit) par e-mail reservations@theatredelavie.be par fax 02 219 33 44 • Inscrivez-vous à notre Newsletter via www.theatredelavie.be • Joignez-nous sur facebook Théâtre de la Vie • Rendez-vous sur www.theatredelavie.be RÉSERVER VOS PLACES Via notre site www.theatredelavie.be Par téléphone 02 219 60 06 TARIFS

Tarif plein 12€ Tarif unique Multivers 12€ Tarif réduit 8€ (étudiants, demandeurs d’emploi, seniors, habitants de Saint-Josse) Témoins de notre temps 8€

4

À vos plumes ... !

Si vous êtes auteur, spectateur, enseignant, slameur, voisin, illustrateur... et que vous souhaitez soumettre une contribution, merci d’écrire à Nathalie Kamoun via l’adresse presse.theatredelavie @ gmail.com

Nous sommes partenaire d’Article 27, du Vif Club et d’Arsène 50. PAYER ET RETIRER VOS PLACES • Sur place pour les tickets individuels au plus tard 1/4h avant le début du spectacle (sous peine de remise en vente) • Par virement pour les groupes de plus de 15 personnes Paiement à effectuer deux semaines avant la représentation (compte : 068-0489300-59)

Réservez votre carte « AMI POUR LA VIE » au THÉÂTRE DE LA VIE ou via reservations @ theatredelavie.be

OUVERTURE DES PORTES

1 heure avant le spectacle BAR ET PETITE RESTAURATION

1 heure avant et après chaque représentation CONTACT THÉÂTRE DE LA VIE rue Traversière 45 B-1210 Bruxelles

Carte nominative au prix de 15 euros qui vous donne accès à chaque spectacle de la saison (septembre à juin) au tarif réduit de 5 euros.

tél. 02 219 11 86 fax 02 219 33 44 Informations : info@theatredelavie.be Courriel : reservations@theatredelavie.be ACCES

Métro Arrêt Botanique (Ligne 2 et 6) Tram Arrêt Botanique (92, 94) Bus STIB Arrêt Rue Traversière (61, 65, 66) DE LIJN Arrêt Botanique (270, 271, 272, 358)

PARKING Rue Traversière 15-21 1210 Bruxelles TARIF PREFERENTIEL 3,50 € pour la soirée

www.theatre dela vie.be

58

Le Théâtre de la Vie remercie La Communauté française de Belgique, La Commission communautaire française, La Loterie Nationale, La Commune de Saint-Josse-ten-Noode, Le Vif Club, La Libre Belgique et Le Soir.



Belgique-België P.P.- P.B.

MAGAZINE TRIMESTRIEL MARS 2012 I N° 3 I 0 €

1099 Bruxelles X BC 1/2287

Éd. responsable : Claudia Gäbler, rue Traversière 45, 1210 Bruxelles

P 801016

SPECIAL 40 ANS THÉÂTRE DE LA VIE

SPECIAL 40 ANS THÉÂTRE DE LA VIE

SPECIAL 40 ANS THÉÂTRE DE LA VIE

LA MORT DU COCHON

RENCONTRE

RÉCITAL POUR OBJETS ABANDONNÉS ET CLAVIER TEMPÉRÉ

cycle “Témoins de notre temps”

Un spectacle musical de et par Max Vandervorst et Marc Hérouet

Petit music-hall à la ferme d’Isabelle Wéry REPRISE

Les plasticiens Marcel Berlanger et Juan d’Oultremont exploreront leurs propres rapports à l’art et au lard.

Photos © Melisa Stein

le 30 mars 2012 30 et 31 mars 2012 à 20h15

PROJECTION DU FILM

DEM DIKK

suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Karine Birgé

après le spectacle LA MORT DU COCHON

FALL INTO THE SHOW Spectacle sur la chute

CRÉATION à Bruxelles par Gwen Berrou

le 31 mars 2012 à 21h30

à la suite du spectacle LA MORT DU COCHON

TOMASSENKO ET LA CHORALE VOIXLÀ www.tomassenkoproduction.be

Prix d’interprétation “meilleur second rôle” au cinéma pour Les Géants de Bouli Lanners

le 27 mars 2012 à 19h00 dans le cadre de La Semaine de la Solidarité Internationale 2012, une initiative du Conseil Wallonie-Bruxelles de la Coopération internationale

RÉSERVATIONS via www.theatre de lavie.be ou par tél. 02 219 60 06

LES MULTIVERS du 31/05 au 02/06 Soirées composées autour de l’univers textuel, vocal et musical de

Christiane Hommelsheim

19, 20 et 21 avril 2012 à 20h15

le 5 mai 2012 à 20h15

LES MULTIVERS Christiane Hommelsheim

LES MULTIVERS Christiane Hommelsheim

LES MULTIVERS Christiane Hommelsheim

YESTERDAYS BIRD BIRDSONG

RENCONTRE AVEC LOUISE DESBRUSSES

• Christiane Hommelsheim • Walli Höfinger

EXPOSITION D’ŒUVRES PHOTOGRAPHIQUES Hanna Lippmann

le 31 mai 2012 à 20h15

le 31 mai 2012 àpd 21h30

le 1er juin 2012 à 20h15

LES MULTIVERS Christiane Hommelsheim

LES MULTIVERS Christiane Hommelsheim

LES MULTIVERS Christiane Hommelsheim

SHADOWS, FAIRIES AND ME

ALPHABET

LE CŒUR RECTIFIÉ

PERFORMANCE MUSICALE ET VOCALE • Christiane Hommelsheim • Irène Mattioli • texte : Inger Christensen

PERFORMANCE MUSICALE ET VOCALE • Louise Desbrusses • Ralf Haarman • Christiane Hommelsheim

le 2 juin 2012 à 20 h15

le 2 juin 2012 à 21h30

CRÉATION

CONCERT-PERFORMANCE

• Christiane Hommelsheim

le 1er juin 2012 à 21h30

dans le cadre du cycle Témoins de notre temps

SLAM À LA VIE Le deuxième lundi de chaque mois

tre de

. thea www

e

.b la vie


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.