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Le Journal du Public Mai / Juin 2011 - N°4

>  Pour le meilleur et pour le rire ! >  C’est 9 !  L’esprit de troupe

> Nouvelle saison 2011-2012

Quelle belle saison, point d’exclamation !



édito

©Bertrand Sottiaux

D

ivertir au sens premier, ancien, c’est détourner l’attention d’une personne pour la dévier vers autre chose. Quelque chose d’étonnant, d’attirant, de nouveau. De divertissant donc. C’est ce qu’offre le théâtre, il nous détourne du quotidien et nous divertit vers l’ailleurs, et le surprenant. Mais il y a beaucoup de formes de théâtre qui divertissent de mille manières différentes, qui correspondent aux mille attentes du public. Divertir au Public, c’est tenter de divertir de la façon à la fois la plus large, la plus étonnante et la plus intelligente qui soit. Voilà ce que nous souhaitons. Et à l’annonce d’une nouvelle saison, que nous voulons riche et ambitieuse, c’est cette notion essentielle de divertissement - qui unit dans une même osmose les artistes et les spectateurs - que nous voulons mettre en avant. Pour offrir ce grand divertissement populaire, nous sommes remontés aux sources du théâtre, à l’idée de troupe. Nous avons engagé pour toute une saison de jeunes comédiennes et comédiens qui se mêleront aux artistes aguerris pour vous offrir de folles productions et de grandes distributions. Pour que le divertissement soit éclatant et le plaisir toujours plus grand. Alors : en Troupe pour de nouvelles aventures !

Patricia Ide co-directrice

Michel Kacenelenbogen co-directeur


sommaire horizons «Amuser en instruisant»

p 5   8

Chroniques p 9   21 Des articles, portraits, billets d’actualité ou d’humeur. Un autre regard sur le théâtre. Quelle belle saison, point d’exclamation ! p 14  16

Saison 2011/2012 Abonnez-vous avant l’été et profitez de près de 60 % de réduction par rapport au prix des places.

à l’affiche p 22   23 Les 3 derniers spectacles de la saison du Public à Bruxelles. Profitez de l’abonnement fin de saison particulièrement avantageux. éVéNEMENTS En dehors des spectacles, ce que le théâtre vous propose en plus pour cette fin de saison.

p 24

à CHARLEROI Les 2 derniers spectacles de la saison du Public à l’Espace Marignan.

p 25

Infos pratiques p 26 Toutes les informations et les services qui agrémentent et facilitent vos soirées théâtre !

Le Journal du Public Mai / Juin 2011-N°4 Rédacteurs en chef : Patricia Ide et Michel Kacenelenbogen Rédaction : Maryse Dhaene, Patricia Ide, Anne Mazzacavallo et Michel Vanderlinden Conception graphique et réalisation : Olivier Binamé Contacts : Maryse Dhaene et Michel Vanderlinden Impression : jcbgam Photos couverture : Rires et sourires de nos actrices et nos acteurs ! ACTE, le Journal du Public, est édité quatre fois par an sur papier recyclé. Le Journal est distribué gratuitement au théâtre.

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Horizons

Amuser en instruisant Commedia dell’ arte

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Horizons Amuser en instruisant

L

e divertissement est-il une chose futile, éloignée des hautes aspirations intellectuelles et artistiques ? L’art ne seraitil que source et sujet de réflexions profondes, à dissocier de l’idée de plaisir ?

Le plaisir étant ce qui relie l’homme à ses sens, ses jouissances, son caractère humain justement, pour ne pas dire animal. Comme l’écrit Richard Shusterman, professeur de philosophie à la Florida Atlantic University *: « La plupart des critiques culturels opposent fermement l’art et le divertissement, en rattachant ce dernier à la recherche d’un plaisir oisif et à la vulgarité de basse classe…/…Comme la notion de plaisir inclut en son sein les plaisirs de la chair, la philosophie idéaliste et un christianisme détaché du terrestre ont délibérément tenu à distance des réalités si bassement corporelles »…/… « Dans notre société profane, les classiques de la littérature sont devenus nos textes sacrés, alors que les musées ont remplacé les églises comme lieu d’édification hebdomadaire…/... « Le plaisir et la vie – deux valeurs fondamentales que l’esthétique pragmatiste confère à l’art – constituent paradoxalement des péchés capitaux pour lesquels on condamne le divertissement. » Or, le divertissement, qui est un moyen de «se faire plaisir», est fondamentalement ce qui nous pousse à rechercher autre chose que le quotidien, à échapper à un certain train-train et aux soucis liés au travail, au stress de la vie. D’ailleurs, étymologiquement, divertir signifie «détourner, distraire, soustraire» (et s’appliquait initialement à des détournements de fonds…) Et donc, ce divertissement tend à soustraire l’homme à ses préoccupations, à le distraire des choses graves, à détourner son esprit de ce qui le tourmente. Et nul ne peut échapper à ce besoin essentiel de distraction. Dans ses « Pensées », Pascal traitant du divertissement prétend que même le roi ne peut se passer de se divertir : « Quelque condition qu’on se figure, la royauté est le plus beau poste du monde. Mais s’il est sans divertissement, [le roi] est plus malheureux que le moindre de ses sujets, qui joue et qui se divertit »…/… « Sans divertissement, il n’y a point de joie ; avec le divertissement, il n’y a point de tristesse. » Divertissons-nous donc pour ne pas mourir de tristesse et de sècheresse de coeur. Mais comment se divertir ? Comment atteindre cette joie indispensable à nos vies? On peut se divertir de mille manières: on peut lire un roman ou faire du foot, regarder la télévision ou ses enfants jouer dans le jardin, écouter de la musique ou faire du lèche-vitrines, aller à la piscine ou faire des mots croisés, partir en vacances ou aller au théâtre.

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« Le Dieu du carnage » de Yasmina Reza Saison 2008/2009 Avec de gauche à droite : Valérie Lemaître, Olivier Massart, Damien Gillard et Véronique Biefnot © Cassandre Sturbois


Horizons

« L’Ethique du lombric » de Stefano Benni Saison 2010/2011 Avec de gauche à droite : Marie-Paule Kumps & Bernard Cogniaux ©Isabelle Debeir

Le divertissement, loin d’être une chose vile ou vulgaire est au contraire le moyen pour l’homme de détacher son esprit de contingences terre à terre, d’un pragmatisme érigé de nos jours en religion. Le divertissement, surtout quand il est artistique, lui offre alors l’occasion temporaire d’accéder au rêve, à l’utopie, la poésie, l’ailleurs. à tout ce qui fait et nourrit l’art, justement. En cela, le divertissement élève l’humain et lui donne accès à ce qui est beau, autre, différent, nouveau, surprenant, irréaliste, magique, magnifique. Divertir artistiquement n’est donc pas rabaisser l’humain en le détournant de «l’essentiel» de la vie, mais bien lui permettre d’accroître ses capacités d’imagination, de création, d’empathie. Richard Shusterman affirme à ce propos : « le plaisir est donc indissociable de l’activité à laquelle il se rattache. Ainsi, apprécier une œuvre d’art, c’est prendre plaisir à percevoir et à comprendre ses qualités et ses significations particulières, ce qui tend à intensifier l’attention que nous lui portons et, par conséquent, à augmenter notre capacité à la percevoir et à la comprendre.*» Loin de le rabaisser, le divertissement permet à l’homme de comprendre le monde, et par là de grandir. Et de grandir « avec plaisir », à travers le plaisir qu’il prend à découvrir des choses nouvelles. Le divertissement doit permettre à l’humain d’être encore plus humain. Surtout quand il partage le plaisir du divertissement avec d’autres humains. Le plus possible.

Il y a le plaisir, et en plus le plaisir d’avoir plaisir ensemble.

Divertissement populaire, alors ? Oui, quand populaire veut dire ce qui est accessible au plus grand nombre, reconnu par le plus grand nombre. Le contraire même de l’élitisme culturel. Quand le plaisir, le rire, les frissons ou les larmes vous viennent au milieu d’une masse d’autres personnes qui frémissent, rient et pleurent avec vous, leur effet en est décuplé, partagé, reconnu, et unanimement autorisé. Il y a le plaisir, et en plus le plaisir d’avoir plaisir ensemble. Et populaire aussi dans le sens initial de: qui appartient au peuple, qui émane du peuple. Le peuple pris ici au sens large de population, et non d’une classe sociale particulière que la révolution française opposait à la bourgeoisie ou à l’aristocratie. L’art, la culture et le divertissement, quand ils appartiennent à tous et s’adressent à tous, sont éminemment populaires. Populaires par essence. Essentiels.

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Horizons

« L’oiseau vert » de Carlo Gozzi Saison 2007/2008 Avec de gauche à droite : Bernard Cogniaux, Guy Pion, Grégory Praet, Thierry Janssen, Joséphine de Renesse, Béatrix Ferauge, Laszlo Hamati © Cassandre Strubois

Mais il suffit de voir certaines émissions télé ou les couvertures de magazines « people » pour se rendre compte que ce qui est populaire, et qui semble plaire au plus grand nombre, n’est pas forcément de haute tenue, ni artistique. Pas «intelligent» le divertissement ? Si on définit, comme le fait le dictionnaire**, l’intelligence comme étant la capacité humaine de comprendre et d’apprendre les choses, force est de constater que le divertissement «populaire» peut parfois n’apprendre rien à personne. Et la télé-réalité réclame justement l’inverse de la part du spectateur : « Surtout ne pensez pas, il n’y a pas à réfléchir, ce que nous vous offrons doit parler à vos émotions les plus immédiates, pas à votre intelligence.» Mais le même dictionnaire donne comme synonymes à l’adjectif intelligent: capable, éveillé, habile, ingénieux, malin, perspicace, sagace, et même surdoué, brillant. Avoir la faculté de comprendre ne suffit donc pas à être intelligent, il faut encore être malin, actif et réactif, et pouvoir discerner les choses, avoir l’esprit critique et sagace. Exactement ce qu’on attend d’un spectateur de théâtre: qu’il soit capable de comprendre, mais aussi d’analyser, de critiquer, puis encore de sentir, vibrer à l’unisson des acteurs et du public. Le divertissement populaire et intelligent n’est donc pas une impossible équation. Il est la convergence à un moment donné de l’intelligence individuelle et du plaisir collectif. Beaumarchais le dit bien dans sa préface au « Mariage de Figaro » : « J’entreprends de frayer un nouveau sentier à cet art dont la loi première, et peut-être la seule, est d’amuser en instruisant. » * Article « Art populaire, art de masse et divertissement », paru sur le site de Mouvements, le 6 mars 2009 ** Dictionnaire Petit Robert 1996

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Chroniques

C’est 9 !

L’esprit de troupe

De gauche à droite et de haut en bas : Chloé Struvay, Virgile Magniette, Benjamin Boutboul, Baptiste Blampain, Mirabelle Santkin, Xavier Delacolette, Caroline Kempeneers, Sophie Jonniaux et Emilienne Tempels © Isabelle De Beir

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Chroniques C’est 9 ! Comme les 9 jeunes acteurs que le Public engage pour toute la saison. Qui sont-ils ? Baptiste Blampain Issu du Conservatoire de Mons, Baptiste est passionné de littérature : il lit les grands classiques, Proust, Vian, Lorca et Wilde, et l’œuvre de Daniel Pennac le touche particulièrement. Il a un goût prononcé pour l’écriture et la musique : il a étudié le chant classique et joue du piano-jazz. Il voue une réelle passion pour les comédies musicales depuis qu’il a découvert «Hello Dolly !» et les films de Gene Kelly. Hors les planches, il adore cuisiner tout l’après-midi pour ses amis, surtout le risotto…

Benjamin Boutboul Benjamin est né en France et a vécu 7 ans au Sénégal, un pays où il aime retourner et où il espère un jour pratiquer son art. En théâtre, il fait ses études au Conservatoire de Bruxelles et est particulièrement intéressé par le thème de la violence sous toutes ses formes, et celui de l’ennui chez les jeunes : des sujets dont il voudrait débattre sur les plateaux. Intéressé par la mise en scène, il veut travailler à la collaboration entre les différentes écoles et les différents arts, et est attiré par les projets collectifs…

Xavier Delacolette Passionné par Shakespeare, Xavier est également fan de musique : il joue de la guitare, touche un peu à l’harmonica, et a longtemps fait partie d’un orchestre. Il pratique le badminton, la natation et le football (et souhaiterait d’ailleurs que les Belges soient un jour champion du monde!), participe à des jams de danse contact et a appris à jongler. Il aime aussi jouer aux échecs et au poker. Il se dit épicurien, et aime les ballades dans les bois. Il a réalisé ses études de théâtre à l’INSAS.

Sophie Jonniaux Du Conservatoire de Bruxelles, Sophie aime les arts du cirque, notamment la jonglerie et les bolasses. Sa 2ème passion, après le théâtre, c’est la musique et le chant : son univers est folk-rock et elle joue de la guitare pour s’accompagner. Elle a beaucoup voyagé, notamment au Canada, en Inde et dernièrement aux Philippines avec les Clowns Magiciens sans Frontières. En tant qu’artiste, elle s’intéresse aussi au théâtre de rue, au théâtre de proximité et elle aime avant tout faire rêver les spectateurs.

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Chroniques Caroline Kempeneers Avant ses études d’art dramatique au Conservatoire de Bruxelles, Caroline a obtenu un diplôme en langues et littératures romanes à l’ULB. Elle pratique la danse, les langues, la musique : elle joue du violon, des percussions et touche à l’accordéon diatonique. Elle a fait quelques apparitions au cinéma et vous l’avez découverte au Public dans la pièce « Doute » de J. P. Shanley aux côtés de Patricia Ide, Olivier Massart et de Babetida Sadjo, dans le rôle de la jeune Sœur James.

Virgile Magniette à côté de son métier d’acteur (issu du Conservatoire de Mons), Virgile est passionné par les activités d’animation avec les adolescents; depuis plusieurs années, très engagé dans les mouvements de jeunesse, il est formateur d’animateurs. Amateur de cinéma et de musique, il a longtemps joué de la batterie, a fait partie d’un groupe d’improvisation. Grand lecteur et grand sportif, il aime particulièrement le football.

Mirabelle Santkin Avant ses études au Conservatoire de Mons, elle est diplômée en langues et littératures modernes de l’ULB : elle parle 4 langues, a beaucoup voyagé et a vécu en Irlande pendant un an. Elle fait des animations théâtre avec les jeunes. Elle a réalisé les assistanats à la mise en scène des spectacles « Rain Man » et « Soudain l’été dernier » au Public. Elle aime la lecture des auteurs orientaux, le théâtre russe et s’intéresse particulièrement à la création théâtrale à partir de matériaux non spécifiquement théâtraux.

Chloé Struvay Passionnée par de multiples disciplines artistiques, elle pratique les claquettes, le trapèze, le break dance, le Taekwando, le chant, l’acrobatie, … ! Elle est sortie du Conservatoire de Mons et est aussi actrice pour le cinéma : à l’affiche du film de Philippe Blasband « Maternelle » elle a été nominée meilleur espoir aux Magrittes. Elle aime Koltès, le théâtre polonais, lire des essais de philosophie et la littérature espagnole, les voyages à vélo, en ce moment elle est plutôt branchée musique classique et chanson française.

Emilienne Tempels Passionnée de cinéma, Emilienne a suivi, après ses études de théâtre au Conservatoire de Liège, un Master en arts du spectacle spécialisé en cinéma documentaire et réalisé divers courts-métrages (sur le soulèvement populaire au Mexique en 2006 notamment). Elle aime voyager, parler, écouter… Artiste pluridisciplinaire (comédienne, performer, photographe, cinéaste…), elle pense que l’art doit, entre autres, poser des questions sur l’étrange façon dont on fonctionne, nous, les humains.

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Chroniques L’esprit de troupe Mille questions et des tonnes d’envies ! Le théâtre est fait de ça. De ce besoin impérieux de donner corps à l’imaginaire, et aussi de rencontres, d’audaces, de faire, d’avancer et d’innover. Depuis 17 saisons, le théâtre Le Public tente l’aventure de la création et fait le pari des rencontres, des brassages et des mélanges de familles. Cent fois sur le métier nous remettons et remettrons inlassablement l’ouvrage, parce que le théâtre comme dans tous les métiers, c’est une remise en question permanente du fonctionnement et des idées. Alors nous nous efforçons de rester en recherche et en éveil devant un monde qui change. Parce qu’après 17 années d’existence, nous avons appris à déjouer les dangers de la routine et l’habitude et le leurre que représente le confort de savoir comment et surtout avec qui, faire du théâtre. Alors, pour rebondir et s’aventurer encore, une nouvelle idée, vieille comme le théâtre, nous est venue. Celle d’inviter au cœur du Public une troupe de jeunes acteurs issus des écoles, de formations diverses et aux multiples talents.

Une nouvelle idée, vieille comme le théâtre.

Les prendre dans le sillage, les emmener au cœur même du théâtre, les mêler aux équipes, les faire passer sans relâche d’un spectacle à un autre, les faire se mesurer aux acteurs confirmés, faire partie intégrante d’une maison et pouvoir analyser son fonctionnement, travailler à la création de textes, étudier, répéter, jouer, jouer, jouer. Passer d’une direction d’acteur à une autre, s’investir profondément dans le processus de création, faire preuve de souplesse et disponibilité, mais encore de courage et d’endurance. Acquérir leur statut. Se mettre corps et âme au service du théâtre, voilà la proposition qui leur a été faite. Pour se faire, en novembre dernier nous avons organisé une série d’auditions auxquelles nous avons convié un certain nombre de metteurs en scène. Ces auditions ont été suivies d’entretiens individuels qui nous ont permis d’engager une troupe pour une saison. Chaque automne il sera donc envisagé d’organiser de nouvelles auditions pour la saison qui suit. Cette troupe 2011-2012, ils l’ont eux-mêmes baptisée : C’est 9 ! Qu’est ce qui nous a poussé à réaliser cela ? D’abord les rencontres, les rencontres avec les jeunes gens et jeunes filles qui rêvent de ce métier. Leur enthousiasme, leurs craintes, leurs désirs, si forts !… Ils voulaient travailler ! Alors, très vite il est apparu qu’avec les 3 salles, il y avait certainement moyen d’envisager quelque chose de constructif avec eux : la troupe !!

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Parce que pour le théâtre Le Public aussi ce projet de troupe ouvre de nouvelles perspectives : permettre la création d’un plus grand nombre de textes à grande distribution, offrir des possibilités de commande à des auteurs et création d’un plus grand nombre de pièces classiques. Nombre d’auteurs et de metteurs en scène belges et étrangers nous ont déjà fait part de leur enthousiasme et de leur désir de venir travailler avec la troupe dans les saisons à venir. Car la troupe c’est d’abord un état d’esprit, une volonté de travail à plusieurs, une volonté de mise en commun des énergies, des compétences et des talents. Une réponse à l’individualisme contemporain en quelque sorte et un formidable pari en commun sur l’avenir. Durant une saison, ils seront entourés d’acteurs et de metteurs en scène chevronnés qui les accompagneront dans les divers spectacles auxquels ils participeront. Tous ensemble, nous les avons réunis dans un projet réservé aux nouveaux talents, le « Dracula », adapté du roman de Bram Stocker, adapté pour eux par la jeune metteure en scène, Sofia Betz. Séparément, on pourra voir les uns et les autres dans « La Fausse suivante », « Quand j’avais cinq ans je m’ai tué », « Georges Dandin in Afrika », « Désordre public », et dans « Cyrano de Bergerac ». Et en fin de saison prochaine, nous saurons si cette idée de troupe pourra être pérennisée, si elle a offert d’autres idées, d’autres perspectives, avec d’autres pays… Pourquoi pas ? Nous souhaitons qu’en fin de saison, des perspectives s’ouvrent à ces jeunes comédiens à qui nous faisons confiance. Et nous espérons que d’autres pourront vivre dans les années à venir cette expérience unique de travail de troupe au sein d’un théâtre. Ce projet est audacieux ? Peutêtre, mais après tout nous pensons qu’il est de notre responsabilité d’aider à faire surgir de nouveaux talents et aussi d’offrir aux spectateurs une programmation riche et variée, tout en donnant aux auteurs l’opportunité de créer des textes avec de plus grandes distributions.

On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans

Après tout quand Le Public a débuté il y a dix-sept ans, était-ce bien raisonnable ? C’est bien connu : « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans ». Et rien n’est impossible à ceux qui rêvent.


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Quelle belle saison ! 2011/2012 La vie devant soi

de Romain Gary (Émile Ajar)

Hymne à l’amour Avec Janine Godinas, Itsik Elbaz, Nabil Missoumi et Benoît Van Dorslaer Mise en scène Michel Kacenelenbogen Du 01/09/11 au 22/10/11

La fausse suivante de Marivaux

Surprises de l’amour Avec Serge Demoulin, Baptiste Blampain, Xavier Delacolette, Jeanne Kacenelenbogen, Caroline Kempeneers et Chloé Struvay Mise en scène Patricia Ide Du 09/09/11 au 19/11/11

Désordre public

d’Évelyne De La Chenelière

Comédie contemporaine Avec Benjamin Boutboul, Olivier Coyette, Sophie Jonniaux, Virgile Magniette, Mirabelle Santkin et Emilienne Tempels Mise en scène Olivier Coyette Du 16/09/11 au 05/11/11

Confidences trop intimes de Jérôme Tonnerre d’après le film de Patrice Leconte

Conciliabule Avec Alain Leempoel, Catherine Conet, Hélène Couvert et Michel Israël Mise en scène Bernard Yerlès Du 27/10/11 au 03/12/11

Georges Dandin in Afrika d’après Molière

Comédie métisse Avec Patricia Ide, François Ebouele, Guy Theunisen, Fargass Assande, Sophie Jonniaux, Virgile Magniette, Yaya Mbile et … (distribution en cours) Mise en scène Guy Theunissen et Brigitte Bailleux Du 24/11/11 au 31/12/11

Quand j’avais cinq ans je m’ai tué de Howard Buten

Comédrame romanesque Avec Baptiste Blampain, Benjamin Boutboul, Xavier Delacolette, Caroline Kempeneers, Mirabelle Santkin, Chloé Struvay et Emilienne Tempels Mise en scène Magali Pinglaut Du 09/12/11 au 28/01/12

My name is Billie Holiday de et avec Viktor Lazlo et 4 musiciens Spectacle musical Du 13/12/11 au 31/12/11

Sous réserve de la finalisation de nos accords avec les artistes.

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Red

de John Logan

Joute picturale Avec Patrick Descamps et Itsik Elbaz Mise en scène Michel Kacenelenbogen Du 20/01/12 au 03/03/12

Les 39 marches

de John Buchan et Alfred Hitchcock

Polar Avec Joséphine de Renesse, Gaëtan Lejeune, Michelangelo Marchese et Marc Weiss Mise en scène Olivier Massart Du 26/01/12 au 31/03/12

Dracula

d’après le roman de Bram Stocker

Conte fantastique Avec Baptiste Blampain, Benjamin Boutboul, Xavier Delacolette , Sophie Jonniaux, Caroline Kempeneers, Virgile Magniette, Mirabelle Santkin, Chloé Struvay et Emilienne Tempels Mise en scène Sofia Betz Du 15/02/12 au 31/03/12

Du Coq à Lasne de Laurence Vielle

La forêt

d’Alexandre Ostrovski

Comédie déraisonnable Avec Jo Deseure, Paul Camus, Hélène Couvert, Pierre Dherte, Didier De Neck, Cédric Eeckhout, Lazare Gousseau , Bernard Grazyck, Estelle Lannoy et ... (distribution en cours) Mise en scène Xavier Lukomski Du 17/03/12 au 28/04/12

Ballade Avec Jean-Michel Agius, Laurence Vielle et un musicien Mise en scène Laurence Vielle Du 12/04/12 au 26/05/12

Paix nationale de Geneviève Damas

Sherpa

de et avec Philippe Vauchel Comédie à bretelles Mise en scène Jean-Michel Frère Du 07/06/12 au 30/06/12

Comédie surréaliste Avec Geneviève Damas et Alexandre Von Sivers Mise en scène Pietro Pizzuti Du 13/04/12 au 30/06/12

Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand

Comédie héroïque Avec Olivier Massart (Cyrano), Gaëtan Lejeune, David Pion, Marc Weiss, Claire Beugnies, Baptiste Blampain, Benjamin Boutboul, Julien De Broeyer, Xavier Delacolette, Vincent Doms, Pierre Geranio, Sophie Jonniaux, Alexis Julemont, Jeanne Kacenelenbogen, Caroline Kempeneers, Nicolas Legrain, Virgile Magniette, Marvin Mariano, Mirabelle Santkin, Tristan Schotte, Shérine Seyad, Chloé Struvay, Emilienne Tempels et ... (distribution en cours) Mise en scène Michel Kacenelenbogen Du 12/05/11 au 30/06/12

Quelle belle saison, point d’exclamation ! Toutes les informations sur les équipes artistiques et sur les spectacles sont disponibles sur www.theatrelepublic.be Sous réserve de la finalisation de nos accords avec les artistes.

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16 Le Journal du Public / N°4 - Mai / Juin 2011



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Chroniques

rire Le

« C’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens » (Molière)

19 Le Journal du Public / N°4 - Mai / Juin 2011


Chroniques

D

isserter sur le rire est aussi une étrange entreprise. Par où commencer ? Il s’agit d’être instructif sans être ennuyeux – on parle du rire tout de même ! Et on ne rigole pas avec le rire ! Flaubert l’a bien compris qui disait : « Rien n’est sérieux en ce bas monde que le rire. » à quoi Raymond Devos répondait comme en écho : « Le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter. » Très sérieusement donc, commençons par une définition, celle du dictionnaire : Définition : (Petit Robert – 1995) RIRE n.m. – XIIIè ; de i. rire 1. Action de rire. Un rire bruyant, éclatant. Un gros rire. Rire argentin, léger. Rire étouffé. Rire silencieux. 2. sourire. – LOC. Avoir le fou rire : ne plus pouvoir s’arrêter de rire. - LOC. PROV. Le rire est le propre de l’homme. – Un éclat de rire. Une explosion de rires. hilarité. – Rire convulsif, nerveux. Un rire bête. Un rire forcé. rictus. Un rire moqueur, narquois, méchant, sardonique. ricanement. Un rire général. FAM. rigolade. Un rire communicatif, contagieux. Rire moqueur, moquerie. Exciter les rires, le rire. Sa toilette « excitait les regards de curiosité malveillante, les chuchotements et les rires » (Proust) 2. Cri animal qui rappelle le rire de l’homme. Le rire de la hyène. CONTR. Larme, pleur. à la lecture de cette définition, on s’aperçoit tout de go que LE rire n’existe pas ! Existent LES rires, aussi divers et variés que les causes qui les ont provoqués. On peut rire d’une situation volontairement comique ou involontairement cocasse. On rit d’une bonne blague. On peut chatouiller pour déclencher physiquement le rire. Mais il peut naître aussi d’une tension, d’un malaise et c’est alors peut-être le seul cas où le rire ne détend pas, n’exprime pas un bien-être ou un plaisir. Parce qu’on rit essentiellement pour une raison agréable : une gaieté, une heureuse surprise, un gag, un jeu de mot, un autre rire,… Les raisons de rire sont innombrables, et c’est tant mieux, car l’état du monde qui nous entoure ne prête pas toujours à la franche rigolade. Et c’est bien vrai que depuis la nuit des temps, l’homme a eu grand besoin de rire dans les moments les plus sombres. C’est parce que le drame est né avec le monde que l’homme s’est empressé d’inventer le rire pour le combattre. Ce qu’Oscar Wilde a bien compris : L’humanité se prend trop au sérieux. C’est le péché originel de notre monde. Si l’homme des cavernes avait su rire, le cours de l’histoire eût été changé.

Le rire est le propre de l’homme disait Rabelais. Pas tout à fait juste. Des études scientifiques ont prouvé que certains animaux riaient aussi pour se déstresser face à un danger ou parce que certaines papouilles les chatouillent. Nous ne sommes donc pas les seuls à rire. Sommes-nous les seuls à avoir le sens de l’humour ? Pas tous, hélas ! L’humour étant la capacité à rire de soi, des choses,… et des autres. Aussi avons-nous inventé mille façons de déclencher ce mécanisme physique qui étire les commissures, provoque des contractions de diaphragmes et autres vibrations incontrôlées de cordes vocales sur la gamme des voyelles expulsées par à coups, et qui fait tant de bien. On peut rire seul bien sûr, mais à plusieurs, c’est tellement mieux ! Le rire rassemble, unit, il est communicatif, contagieux, il est fédérateur, collectif, social. Au point qu’il a ses clubs, ses gourous et ses adeptes. Mais la meilleure façon de rire ensemble, d’avoir « bon » ensemble, c’est souvent face à un spectacle dont le but est de faire rire, de divertir. Rien ne vaut un bon film comique, une pièce de théâtre délirante ou absurde pour que des dizaines de personnes assemblées rient aux éclats. Et tiens, à propos d’éclats, voici une petite citation sur le rire :

« Silence en coulisses » de Michael Frayn Saison 2004/2005 Avec de gauche à droite : Nicolas Buysse, Marie-Hélène Remacle et Philippe Résimont © D.R. Festival Bruxellons

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Chroniques

« Le public vient rire aux œuvres des auteurs comiques, mais il est bien le seul. » (Marcel Achard)

Lorsque le premier bébé rit pour la première fois, son rire se brisa en un million de morceaux, et ils sautèrent un peu partout. Ce fut l’origine des fées. (James Barrie dans « Peter Pan ») Et c’est vrai que le rire est féerique, magique lorsqu’il réunit en un seul lieu plein de gens qui cherchent à oublier dans le plaisir du rire les tracas de leurs existences. Le rire a donc valeur de bienfait, de thérapeutique et les salles de spectacles sont des sanatoriums où on vient s’en mettre plein les poumons de ce bon rire qui fait tant de bien. Et d’ailleurs, Victor Hugo ne disait-il pas ? : Faire rire, c’est faire oublier. Quel bienfaiteur sur la terre, qu’un distributeur d’oubli ! Le spectacle est, durant le temps de la représentation, ce distributeur d’oubli bienfaisant qui arrache l’homme à sa condition et l’emmène ailleurs. Mais on ne rit pas tous de la même façon et des mêmes choses. Et de Tokyo à Marrakech en passant par Kuala Lumpur, les racines du rire et ses moteurs sont différents, liés à l’histoire, aux événements, au quotidien et à la culture. Ce qui fait dire que la comédie est affaire personnelle et que la tragédie est universelle. Le monde entier pleure de la même manière aux catastrophes et aux drames humains, mais il ne rit pas des mêmes choses ni pour les mêmes raisons. Ce n’est que lorsqu’elle dépeint l’homme dans toutes les contradictions de son être et les travers de son existence - son drame en somme - que la comédie touche à l’universel, et alors le monde entier, de Chicago à Bombay, rit du pauvre Charlot aux prises avec le gros méchant qu’il finit par vaincre et ridiculiser. Rire social, disions-nous et donc aussi politique, polémique, révolutionnaire et salvateur. Au théâtre, le rire peut prendre toutes les formes et user de toutes les ficelles, des plus grosses aux plus subtiles. Et qu’importe si certains pensent qu’il est des rires nobles et d’autres infâmes. De toute manière, comme le disait Bertolt Brecht : Un théâtre où on ne rit pas est un théâtre dont on doit rire. Et Claude Lelouch d’ajouter : Il n’y a pas des spectateurs pour rire et des spectateurs pour penser mais des hommes et des femmes qui ont le talent de faire les deux à la fois.

Il n’y a donc pas de « rire intelligent » à proprement parlé. Il n’y a que le bonheur de partager ces instants précieux de pur plaisir. Si, en plus d’avoir bien ri, on a appris quelque chose, pris conscience de quelque chose, vibré à quelque chose, ce n’est que du bonheur en plus. Et depuis la nuit des temps, le théâtre raconte ce qui fait rire et ce qui fait pleurer. Dans la Grèce des anciens, la tragédie a enfanté très vite son pendant, la comédie, et des auteurs comme Aristophane ou Ménandre ont tôt saisi la puissance du rire pour dénoncer et se moquer des puissants et des faiblesses humaines. La comédie est alors très politique et sociale. Elle trouvera son prolongement dans la comédie romaine, celle de Térence et de Plaute. Ainsi, à travers les époques, le rire a toujours été le contrepoint du malheur : aux mystères du Moyen-âge répondent les farces et les sotties, aux tragédies de Racine font échos les comédies de Molière. Le rire est peut-être plus puissant que le drame, en ceci qu’il permet la distance, le recul nécessaire pour ne pas se laisser submerger par les malheurs, petits ou grands. Il grossit le trait pour mieux souligner la vanité des choses et des êtres. Ce que disait Henri Bergson dans son essai célèbre sur « Le rire » : La seule cure contre la vanité, c’est le rire, et la seule faute qui soit risible, c’est la vanité. Le rire est l’arme suprême pour se moquer de soi, c’est-à-dire de l’homme en général, et le ramener à une dimension plus humble. De Molière à Feydeau, de Goldoni à Yasmina Reza, les auteurs de théâtre ont pris plaisir à décortiquer les travers des gens, faisant sauter le vernis des convenances et de la bienséance pour révéler les petites noirceurs et les grandes lâchetés de l’humain. Et dans toutes les époques, les auteurs comiques sont souvent les chouchous du public. L’un d’entre eux définit ainsi cet engouement : Le public vient rire aux œuvres des auteurs comiques, mais il est bien le seul. (Marcel Achard) Et terminons par deux autres citations sur le rire. L’une, de Beaumarchais, résume le pouvoir salvateur du rire : Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer. L’autre est du très sérieux Martin Luther, le grand réformateur du XVIème siècle : Si on ne peut pas rire au paradis, je ne tiens pas à y aller.

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En mai/juin à Bruxelles

Un fil à la patte de Georges Feydeau

Du 10/05 au 25/06/11 Grande Salle - Création - Vaudeville Avec Muriel Cocquet, Christelle Cornil, Isabelle Defossé, Beatrix Férauge, Thierry Janssen, Sandrine Laroche, Olivier Massart, Fred Nyssen, Guy Pion, Real Siellez, François Sikivie et Benoit Strulus Mise en scène Michel Kacenelenbogen

Pour le meilleur et pour le rire ! Fernand de Bois d’Enghien est venu chez sa maîtresse, la chanteuse Lucette Gautier, avec la ferme intention de rompre : Il va en effet se marier avec une autre… Mais l’annonce de son mariage est déjà passée dans le Figaro : il doit à tout prix en empêcher la lecture à tous les amis réunis chez Lucette ! L’histoire se complique quand la mère de sa fiancée débarque et engage Lucette à venir chanter chez elle … pour les fiançailles de Fernand avec sa fille ! Vous voyez le genre ? ... Pauvre Fernand, couard, menteur, hypocrite, superficiel, mais tellement charmant, qui se retrouve cul par-dessus tête, complètement dépassé par les évènements, les femmes, les importuns ...

Un spectacle qui dézingue joyeusement la petite et la grande bourgeoisie (et les autres) qui ne pensent qu’à l’argent et au… (mais non on l’a pas dit !). Un vaudeville féroce où tout est question d’argent : l’argent et l’amour, l’argent et le pouvoir, l’argent et le sexe, l’argent et le qu’en dira-t-on ? ... l’argent et le sexe, encore l’argent et le sexe, toujours l’argent et le sexe !! Grâce à la mécanique implacable de Feydeau et à une brochette d’acteurs épatants, l’argent et le sexe, c’est promis, cette foisci, c’est pour en rire ! une création et coproduction du théâtre Le Public, du théâtre de l’Eveil, du théâtre de Namur et du théâtre de La Place, avec l’aide du centre des Arts Scéniques.

Printemps dans un jardin de fous d’Henri-Frédéric Blanc

Du 11/05 au 25/06/11 Petite Salle - Accueil Avec Alain Eloy Mise en scène Christian Leblicq Alain Eloy Photo © Hypothesarts

Monsieur Jeuf Côtelette, militant pour la farce, vient nous conter l’histoire de quelqu’un qui, pour une fois, renonce à jouer à ce grand jeu tragique et théâtral qu’est la guerre: il feint la folie afin de fuir la boucherie de la guerre pour laquelle l’armée l’envoie prendre un ticket. Il s’estime trop jeune poussière pour retourner à la poussière …

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« Printemps dans un jardin de fous », c’est la politique du « gaidésespoir » ! L’esthétique subversive d’Henri-Frédéric Blanc mène au rire puis à la provocation, à l’ironie ou à l’absurde, au jeu et à la destruction, à l’audace, au rêve, à l’imagination et encore à la beauté et à la dérision. Ici l’insolite, là le cocasse, l’inconscient ou l’inspiration, ailleurs l’euphorie, l’enthousiasme… À voir, absolument !


La confusion des sentiments de Stefan Zweig

Du 17/05 au 25/06/11 Salle des Voûtes Avec Muriel Jacobs, Nicolas d’Oultremont et Pierre Santini Mise en scène Michel Kacenelenbogen Après un triomphe à Paris, la saison passée, le spectacle clôture avec émotion notre saison en vie. « Seule la passion qui trouve son abîme Sait embraser ton être jusqu’au fond ; Seul qui se perd entier est donné à lui-même. »

S. Zweig Un jeune étudiant, que les études universitaires rebutent et qui préfère courir les filles, rencontre un vieux professeur charismatique, qui lui donne le goût des études … et provoque entre eux une confusion des sentiments. Qu’est-ce qui se cache derrière cette amitié intellectuelle, derrière cet intérêt de ce vieux professeur pour son jeune élève ? Jusqu’où peut conduire une passion commune pour un travail intellectuel, qu’y a-t-il chez ce vieil homme et son étrange épouse que le jeune homme ne voit pas ? Une pièce très forte et très émouvante, où l’attachement passionné et douloureux de deux êtres s’évoque à travers l’œuvre de Shakespeare : Shakespeare qui distribue les cartes et qui secoue le jeu. Shakespeare, miroir de nos intimités les plus folles, les plus noires, les plus fortes, les plus généreuses, les plus amoureuses.

Stefan Zweig, Shakespeare et Thierry Debroux ( auteur de l’adaptation ) nous écrivent pour nous dire que tout est possible… pour le meilleur et pour le pire ! Une création et coproduction DU THéâTRE LE PUBLIC et DU THéâTRE MOUFFETARD.

« C’est mieux que bien ficelé par l’adaptateur, Thierry Debroux, et le metteur en scène, Michel Kacenelenbogen : percutant » Le Canard Enchainé. « Rondement et finement mené, ce spectacle constitue un joli moment de théâtre et un bel hommage à l’art de la dissection psychologique du grand romancier qui l’inspire » La Terrasse. « Ce spectacle exalte à la fois les sens et l’intelligence et réjouit sans retenue » Les Trois Coups.com

L’Abonnement Fin de saison Les 3 derniers spectacles* de la saison au prix de 45 € (au lieu de 66 €)

Un fil à la patte de Georges Feydeau (Grande Salle du 10/05 au 25/06/11)

Printemps dans un jardin de fous d’Henri-Frédéric Blanc

(Petite Salle du 11/05 au 25/06/11)

La confusion des sentiments de Stefan Zweig (Salle des Voûtes du 17/05 au 25/06/11)

*sous réserve des places disponibles

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événements

Entrée libre

L’école en scène

«L’Amour, le bonheur, etc...» Le lundi 23 mai à 19h00 4ème édition ! Après « Moi je… », « Voyages… » et « C’est pour rire… », retrouvez les jeunes élèves de SaintJosse-ten-Noode dans leur nouveau spectacle, sous la direction de Hakim Louk’Man ! Cette année, les élèves s’associent à de grands noms du théâtre classique pour vous présenter un spectacle où il sera question de l’amour, du bonheur, des choses qu’on aime ou qu’on n’aime pas, de princes charmants qui ne le sont pas toujours... et de princesses qui auraient parfois bien besoin de leçons de politesse. En Bref, Messieurs, Dames, c’est des petites et grandes choses de la vie qu’ils vont vous entretenir ! « L’amour, le bonheur, etc. » est le 4ème spectacle du projet « L’école sur scène », né de la collaboration de trois institutions de la Commune de Saint-Josse-ten-Noode - l’école Henri Frick, le lycée Guy Cudell et le Public. L’école et le théâtre sont par essence des lieux d’expression et d’échange. De jeu et de plaisir aussi. À travers la rue, des passerelles invisibles mais bien réelles se sont construites entre les trois bâtiments, entre les élèves, les enseignants et l’équipe du théâtre, entre des auteurs et leurs jeunes acteurs, entre les cultures.

Lecture Publique

« Les coups de cœur du Comité de lecture » Le 18 juin à 18h00 Les membres du Comité de lecture vous donnent rendez-vous et vous présentent les textes qui les ont séduits, émus, troublés ou interpellés tout au long de la saison. Comédiens, enseignants, metteurs en scène, traducteurs ou étudiants, ils lisent pour vous des extraits de leur choix et vous font découvrir leurs coups de cœur… qui feront les pièces de demain ! Un rendez-vous à ne plus manquer !

L’invité du Public

Quand les acteurs se racontent… Olivier Massart, Magali Pinglaut, Pierre Laroche, Guy Pion, Jacqueline Bir, Alain Leempoel, Bernard Cogniaux, Serge Demoulin,… en DVD Entretien face au public et en toute intimité, guidé avec doigté par éric russon. Bientôt disponible à l’accueil du Théâtre au prix de 5€

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à l’Affiche à Charleroi

à l’Espace Marignan Rain Man

de DAN GORDON

Du 05/05 au 14/05/11 Avec Jean-Michel Balthazar, Maria Del Rio, Pierre Geranio, Damien Gillard, Freddy Sicx et Aylin Yay Mise en scène Michel Kacenelenbogen Jean-Michel Balthazar & Damien Gillard Photo © Bertrand Sottiaux

Au décès de son père, Charlie Babbitt apprend qu’il a un frère... et que ce frère va hériter de l’entièreté des 5 millions de $ que le père a laissés ! Deux hommes que rien ne semblait rapprocher entreprennent le long voyage qui mène à la fraternité : ils vont s’apprivoiser, se reconnaître dans l’autre... Une histoire entre deux êtres fermés au monde et d’où va naître la compréhension et le changement... une histoire de notre époque, une émotion brute, violente, durable. UNE CRéATION ET COPRODUCTION DU THéâTRE LE PUBLIC ET DU THéâTRE DE NAMUR.

Artifices 2 de Jack cooper

Du 26/05 au 04/06/11 Avec Jack Cooper,Vincent Respriget et Caroline Braekman Photo © Marc Melkenbeek

Vous avez aimé «Artifices» ? Vous allez adorer «Artifices 2» Il est difficile de parler concrètement d’un spectacle où tout va être surprise... Alors, apprêtez-vous..., à hurler de rire, à vous laisser submerger par l’émotion, à être surpris et impressionnés ...et aussi à participer à cet incroyable spectacle de magie !!!! UNE CRÉATION ET COPRODUCTION DU FESTIVAL BRUXELLONS! ET DE COOPER PRODUCTIONS.

Du mardi au samedi à 20h15 - Ouverture des salles à 20h

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Infos

Pratiques

Parking et Navette

Accès

Garez votre voiture au Parking Scailquin, rue Scailquin 61 (station Shell)

RUE BRAEMT 64-70, 1210 BRUXELLES

ALLER : une navette Le Public vous embarquera à l’angle des rues Scailquin et Saxe - Cobourg jusqu’au théâtre. Premier départ 18h30 et dernier départ 20h15.

Fléché à partir de la Place Saint-Josse et de la Chaussée de Louvain MÉTRO : Madou ( ligne 2 et 6 ) AUTOBUS : lignes 29 (Hof ten Berg), 63 (Maes), 65 (Bordet)

AU PUBLIC : paiement du parking : 6 €/voiture tout compris. RETOUR : en navette à l’issue de votre soirée spectacle ou restaurant.

Taxi

P

En collaboration avec les Taxis Verts : 8 € par trajet ( aller ou retour ) dans les 19 communes de Bruxelles.

PLACE MADOu

Uniquement sur réservation au 0800/944 44 avant 17h. Paiement du taxi à la billetterie du Public.

à

ThÉâTRE LE PuBLIC

PARKInG SCAILquIn

Table

Nos restaurants sont ouverts les jours de représentations à partir de 18h30 pour vous accueillir pour l’apéritif. La cuisine du Resto et celle de l’Aparté ouvrent à 19h00. Pour dîner avant le spectacle, au Resto, vous devez passer votre commande avant 19h30. à l’Aparté, vous pouvez le faire jusqu’à 19h50. Réservation souhaitée au 0800 944 44 Vous préférez dîner après votre spectacle ? N’oubliez pas de passer la commande de votre repas à l’accueil restaurant entre 20h00 et 20h30, pour que nous puissions vous assurer un service rapide dès la sortie de votre spectacle.

Nous vous invitons à découvrir le menu du mois et la carte du Resto ainsi que les tapas proposés par l’Aparté, sur notre site www.theatrelepublic.be

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PLACE ST JOSSE



Réalisé avec l’aide de Ministère de la Communauté française – Service du Théâtre

ACTE, le Journal du Public, est édité quatre fois par an sur papier recyclé.

éditeur responsable : Patricia Ide

Rue Braemt 64-70, 1210 Bruxelles Infos/Réservations : 0800/944 44 www.theatrelepublic.be


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