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Mars 2015 #19

KATY PERRY / NICOLAS GIRAUD

O K SO THEODORE PAUL & GABRIEL / MALik bentalha / MARTINA GARCIA / LE noiseur / FAADA FREDDY / MAGAli madison / Philippe lelièvre / tin-tin


CONTRIBUTEURS

FONDATEUR, DIRECTEUR DE LA REDACTION, REDACTEUR EN CHEF CINEMA & DIRECTEUR DE LA CREATION FR A NCOIS BERTHIER REDACTEUR EN CHEF, REDACTEUR EN CHEF MUSIQUE DINE DELCROIX RÉDACTRICE EN CHEF BEAUTE & NEWS AUR IA NE BESSON JOUR NALISTES Auriane Besson, Dine Delcroix, François Berthier. PHOTOGR APHES François Berthier, Patrick Fouque, Thomas Lavelle. Martin Lagardère. PRODUCTION Dine Delcroix CONTACT R EDACTION/PUB theblindmagazine@gmail.com

The BlindMagazine est édité par la société Ten Feet Under / Tous les textes et photos sont soumis par leurs auteurs qui acceptent leur publication, et n’engagent que leur responsabilité.


EDITO #19

Chers lecteurs, chères lectrices, Pour ce numéro de mars, vous retrouverez encore de nombreuses exclus. Comme tous les mois, nous essayons de mixer des artistes connus et en devenir. En couverture, nous avons misé sur la jeune Soko, actrice et chanteuse talentueuse, vivant à LA. Retrouvez également une interview de l’incroyable tatoueur star, Tin-Tin. Aussi au programme, l’acteur Nicolas Giraud, dont vous allez entendre parler dans le futur, ou encore les fantastiques Theodore, Paul & Gabriel. Pour les plus vieux d’entre nous, notre fantasme adolescent se dévoile dans le plus simple appareil : Magalie Madison, aka Annette de Premiers Baisers Enfin, une fois n’est pas coutume, un édito bijoux en lieu et place de la traditionnelle série mode. Bonne lecture ! L’équipe TheBlindMagazine

facebook.com/Theblindmagazine @Blind_Magazine


Mars 2015

14

48

6 Blind Beauty

28 Malik Bentalha

12 L’instant Live

36 Le Noiseur

14 Tin-Tin

42 Blind Test Theodore, Paul & Gabriel

20 Faada Freddy

4


SOMMAIRE

86

56

48 Blind Truth Nicolas Giraud

76 Interview première fois Magali Madison

56 En couverture Soko

82 Edito BIJOUX

86 Philippe Lelièvre

92 La fille qui rend Blind Martina Garcia

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BLIND BEAUTY Phyto 4 ombres SISLEY Sisley sort deux nouvelles palettes de maquillage, composées chacune de quatre ombres à paupières. Cachées dans un écrin aux damiers noir et blanc façon arlequin, ces fards à la texture veloutée permettent un maquillage éclatant et surtout longue tenue. On aime la grande finesse et la pigmentation de ces ombres. En dégradé, monochrome, ou bicolore, les teintes peuvent êtres travaillées de multiples façons. Coup de cœur pour la palette Dream, une palette nude et lumineuse, renfermant des nuances de rose, brun et beige. 65€

Outrageous Curl SEPHORA Le nouveau mascara Sephora maquille et recourbe tous les cils même trop raides, trop courts ou trop fins, grâce à une brosse « brushing » innovante. Les cils deviennent ultra longs, parfaitement séparés et la petite brosse aux picots courts en silicone permet de travailler tous les cils sans exception. Il faut faire attention de bien étirer la matière afin que des paquets ne fassent pas leur apparition mais en le travaillant bien, il ne s’effrite pas au cours de la journée, tient très bien, conserve la courbure et apporte une teinte bien noire ! Très convaincant surtout pour le côté allongeant et gainant ! 2 teintes 16,95 €

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ALL DAY LUMINOUS WEIGHTLESS FOUNDATION NARS Le nouveau fond de teint Nars (très attendu par les beauty addicts…) se présente sous forme de flacon pompe très pratique pour délivrer la quantité exacte de produit nécessaire pour l’ensemble du visage. Une texture très liquide qui s’applique avec une facilité déconcertante et corrige très bien les rougeurs sur son passage, son travail d’unification et de couvrance est très efficace. Contrairement à beaucoup d’eaux de teint, ce nouveau produit n’a pas un fini 100% mat et asséchant, au contraire. Le fini est mat-lumineux et ne plombe pas le teint ! Le rendu est velouté, imperceptible. Un produit qui allie donc couvrance et tenue avec une sensation peau nue très appréciable ! En exclusivité chez Sephora 20 teintes 43€

Shine Lover LANCÔME D’après une étude des laboratoires Lancôme, rehausser d’un ton la carnation naturelle des lèvres suffit à donner une mine plus saine et plus rayonnante.La marque sort ainsi le premier rouge à lèvres « bonne mine » et a imaginé 15 teintes vibrantes et healthy : les teintes ont été travaillées avec des nacres colorées à base translucide qui font ressortir les roses et les rouges de vos lèvres sans les couvrir. Un effet « bouche mordue » très naturel ! En plus, ces rouges sont enrichis d’actifs nourrissants, hydratants et embellisseurs pour des lèvres protégées et repulpées au fil des jours. 15 teintes 25€

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Ultimune Concentré Activateur Energisant Shiseido

Ce précieux sérum qui fait l’unanimité apparaît en édition limitée au format généreux de 75 ml ! Un soin ultra efficace pour booster le pouvoir multi-défensif intrinsèque de la peau : pour résister, se protéger, se régénérer et se renforcer et ainsi lutter contre les signes visibles de l’âge, les facteurs environnementaux et le stress quotidien. A utiliser sur le long terme avant ses soins habituels pour apprécier comme il faut les réels bénéfices de ce produit. En édition limitée 75ml - 145€

Huile 3 Ors - Ideal Body VICHY Dans cette huile sèche, les notes solaires et sensuelles de Bergamote, Amande, YlangYlang, noix de Coco ou encore muguet, invitent à l’évasion et nous plongent en plein été ! Nourrissante, essentiellement composée d’huiles de plantes (Jojoba, de Macadamia, de Tournesol…) adaptée à tous les types de peaux, elle apporte un effet lumière grâce aux nacres or, cuivre, et bronze qu’elle diffuse sur la peau. Elle apporte aussi un effet « flouttage » grâce à sa charge matifiante, qui permet aux petites imperfections de la peau de se faire plus discrètes. On l’aime surtout pour le corps, la peau est satinée, plus lisse et lumineuse. 100ml - 29€

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Mousse de bronzage Self Tan Classic St. Tropez

T S MU VE HA

C’est le best seller de la marque et l’autobronzant préféré des youtubeuses beauté ! Et il arrive enfin en France. Toutes celles et ceux qui recherchent un produit de bronzage au rendu homogène, naturel, doré et lumineux, qui sèche en un instant, trouveront leur bonheur dans ce produit. Que vous ayez une peau claire ou foncée, cette mousse bronzante va s’adapter à votre teinte de peau pour un bronzage sans soleil au naturel et du plus bel effet. Pour un bronzage uniforme et sans traces, on vous conseille d’utiliser un gant applicateur, qui va neutraliser les effets résiduel de l’autobronzant.

120ml - 36€ 240ml - 44€ Disponible dans les Galeries Lafayette partout en France

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Hair dress memory®hair BALMAIN HAIR

Le Hair Dress Memory®Hair est le dernier-né de la collection Hair Dress de Balmain Hair. Cette extension est conçue en cheveux artificiels mais a des caractéristiques semblables aux cheveux naturels auxquels Hair Dress s’intègre parfaitement. Il est capable de « mémoriser » le dernier traitement effectué (par exemple le frisage ou le lissage). Doux au toucher, résistant aux agressions extérieurs, il peut être bouclé et lissé jour après jour (température max. 160 °c). Le Hair Dress s’applique en 2 minutes, à l’aide d’un simple fil transparent qui maintient l’extension en place ; plus besoin de colle, de bagues, de bandes ou de clips qui peuvent abimer les cheveux ou le cuir chevelu ! Ce rajout capillaire pure luxe est simple et rapide à poser, pour un effet maxi chevelure garantie ! Disponible en 9 couleurs 79€ www.balmainhair.com

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Météorites Perles de Blush Eclat angélique GUERLAIN

k n Pi uty a e B

Ce produit culte de Guerlain se décline pour le printemps en petites perles rosées ! Dans cet écrin façon « néo toile de Jouy » se niche trois types de météorites de différentes tailles : Un fushia qui ravive la couleur naturelle des joues, un champagne iridescent qui illumine le bombé des pommettes et un pétale de rose qui réveille en douceur le teint. Un blush magique qui recrée la fraicheur d’un teint baigné de douceur printanière. Au passage du pinceau, les trois nuances fusionnent et fondent sur la peau, diffusant un rose doux et aérien, et un éclat lumineux. C’est subtil, et ça sent bon la violette ! Collection Les Tendres Edition limitée 46€

Miss Dior Hair mist DIOR La maison Dior diversifie sa ligne de parfumerie Miss Dior, et nous propose sa brume parfumée pour les cheveux. Miss Dior Hair Mist, allie les effluves fraiches et romantiques de la fragrance à un soin capillaire protecteur, riche en ingrédients actifs. On adore ce sillage si reconnaissable qui enveloppe tout en finesse la chevelure, entre accords chyprés, jasmin, rose suave et patchouli addictif. 30ml - 43,50€

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L’INSTANT LIVE

KATY PERRY Par Dine Delcroix / Photo : DR Katy Perry continue son Prismatic World Tour entamé depuis près d’un an pour promouvoir Prism, son quatrième album studio déjà écoulé à plus de 6 millions d’exemplaires. Après un passage au Royaume-Uni, en Amérique du Nord et en Océanie, la chanteuse a posé ses valises et ses camions sur les routes européennes avec une halte française provinciale à Montpellier puis à Lyon «pour cause de travaux dans la salle parisienne de Bercy», a-t-elle tenu à expliquer à ses fans qu’elle surnomme les «Katy Cats» et ils étaient quelques 17.000 à venir l’applaudir dans l’enceinte de la Halle Tony Garnier, le 20 Février 2015. Entourée de danseurs et de musiciens, la star américaine a enchaîné les tubes, les changements de costumes, les métamorphoses capillaires et les chorégraphies endiablées sur des réorchestrations aussi surprenantes qu’efficaces avec juste ce qu’il faut d’émotion grâce à quelques ballades acoustiques. Un show haut en couleurs, généreux par ses moyens techniques et qui a offert à ses spectateurs deux heures d’immersion totale dans l’univers kitsch et acidulé de la California Gurl qui sera en Asie dès le mois prochain pour la dernière étape de cette tournée triomphale.



DECOUVERTE


TIN -TIN Avec plus de 30 ans d’expérience dans le tatouage, Tin-Tin est aujourd’hui un des piliers de sa profression. en plus d’avoir arpenté le Mondial du Tatouage, il est également conseiller artistique de l’exposition à succès «Tatoueurs, Tatoués» que le Musée du Quai Branly accueille depuis le 6 mai 2014 et jusqu’au 18 octobre 2015.

Par DIne delcroix / Photos : Patrick Fouque

Qu’est-ce qu’un tatouage réussi ? C’est un tatouage réussi pour la personne qui se le fait faire. Certaines personnes diront que leur tatouage est réussi alors que moi, je vais le trouver super raté et vice versa. C’est comme la peinture. En termes de méthodologie, un tatouage réussi, c’est un touage avec lequel tu n’as pas attrapé de maladies au passage. Il y a une hygiène et une asepsie qui doivent être optimales. Aussi, le tatoueur ne doit pas abîmer la peau. S’il pique avec une aiguille crochetée, il va faire des dégâts dans la peau et c’est pour cette raison que beaucoup de tatouages ont un relief un peu cicatriciel et sont un mélange entre le tatouage et la scarification.

font faire un tatouage et deviennent tatoueur le lendemain. C’est facile de devenir tatoueur, de nos jours. Pourtant, plus c’est facile de devenir tatoueur et plus j’entends les jeunes se plaindre et dire que c’est difficile de le devenir. C’est un peu lié à la société d’aujourd’hui où tout doit arriver tout cuit dans le bec. À l’époque où j’ai commencé il y a 31 ans, il fallait vraiment avoir envie car il n’y avait pas d’apprentissage et c’était très dur de trouver une adresse où acheter du matériel. Ce n’était pas mieux qu’aujourd’hui pour autant mais ceux qui sont devenus tatoueurs à cette époque-là le voulaient vraiment. Maintenant, on trouve des modèles et des techniques sur Internet et beaucoup de fournisseurs. Le tatouage s’est démocratisé et popularisé grâce à tout cela. C’est l’air du temps !

Es-tu contre la popularisaiton du tatouage ? Non, je ne suis pas contre. J’ai tout fait pour populariser le tatouage. Il y a toutefois le revers de la médaille. Aujourd’hui, les gamins qui ne savent pas quoi faire et qui n’ont pas vraiment de passion se

Te souviens-tu de ton premier tatouage en tant que tatoueur ? Bien sûr ! On se souvient toujours du premier. C’était un crâne avec un serpent, 15


un truc très classique de l’époque.

geant, c’est un client qui veut un beau tatouage mais est-ce vraiment de l’exigence ? Il faut être exigeant dans le choix

Quel est le tatouage le plus compliqué que tu as eu à réaliser ?

du tatoueur mais, une fois qu’on l’a choisi, il faut le laisser faire. Il arrivent que certaines personnes soient inquiètes et

Celui d’hier, celui d’avant-hier et celui

qu’elles aient besoin qu’on leur explique

d’avant-avant hier. Je me prends la tête

tout mais cela ne dure jamais vraiment

tous les jours et j’essaye de faire de mon

longtemps.

mieux tous les jours. Il n’y a pas de plus facile ou de plus compliqué. Parfois, c’est bien plus compliqué de faire un rond parfait avec un seul trait que de faire une manchette japonaise.

Que conseilles-tu aux personnes qui sont tendues pendant l’exercice ? Si on commence à se tendre et à avoir mal avant d’avoir mal, on aura mal for-

Deux tatouages peuvent-ils se ressembler ?

cément alors autant se détendre. La majorité des gens supportent cela très bien.

Oui. Quand quelqu’un se fait faire un dragon par Filip Leu et qu’il se met à côté de quelqu’un qui a un autre dragon par Filip Leu, je vais reconnaître les deux dragons et je vais même reconnaître tous

Oui, souvent. Si c’est pour un tatouage

ceux qui ont copié Filip Leu parce qu’il a

que je n’ai pas envie de faire, par exemple.

dessiné beaucoup de dragons dans sa vie

J’ai trop de gens à tatouer, c’est un luxe

et qu’il a été copié par la planète entière.

alors je sélectionne ce que j’ai envie de

Il y a un style comme dans la peinture

faire. Il y a aussi des gens que je trouve

où il y a des écoles et des choses qui se

antipathiques et que je préfère éviter de

ressemblent.

tatouer.

Les clients qui viennent te voir ont-ils des exi-

Y a-t-il des personnes qui viennent te voir

gences ?

sans idée précise du tatouage qu’elles ai-

Non. Je ne veux pas paraître prétentieux

16

T’arrive-t-il de refuser des gens ?

meraient faire ?

mais les gens sont assez confiants. C’est

Il y en a, oui. J’essaye d’orienter les gens

peut-être dû à ma notoriété. Moi, je suis

qui veulent des trucs super bateaux.

exigeant pour moi-même. Un client exi-

Ceux qui ne savent pas quoi faire, je leur


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dis de réfléchir à ce qui pourrait leur

Tu as co-fondé le Syndicat National des

convenir.

Artistes Tatoueurs. Quel est le rôle de cette association ?

Quels sont les motifs qui reviennent le plus en ce moment ? Les tatouages de Rihanna ou de Gisele Bündchen par exemple. Il y a le signe de l’infini aussi mais je ne m’occupe pas de ce genre de tatouages. Moi, je vais plus vers du japonisant et de l’hyperréalisme.

Le but de sa création et de faire reconnaître le tatouage en tant qu’art à part entière, ce qu’on nous refuse encore. Elle défend aussi les tatoueurs contre des lois inadaptées alors qu’on cherche à travailler mains dans la main avec l’état depuis le début. J’ai aussi co-écrit des textes d’application du décret de 2008. Après avoir tellement critiqué ce décret, on a

Y a-t-il des tatouages qui sont démodés de

réussi à être dans les textes

nos jours ?

qui contredisent le décret

Le tribal devient un peu ringard.

qui est sorti. Le plus gros service d’infectiologie de France à l’hôpital Tenon avait le même discours que

Y a-t-il un style de tatouage que tu n’aimes

nous. Un acte de tatouage

pas spécialement ?

est un acte d’effraction cu-

Le tribal, justement (rires).

tanée qui n’a pas les mêmes risques infectieux qu’une opération à cœur ouvert. On nous demande de porter des

Y a-t-il une animosité entre les tatoueurs ? Bien sûr ! Il y a un esprit de compétition. Il y a des tatoueurs qui ne s’aiment pas, d’autres qui se regardent et qui ne se parlent pas et puis il y en a qui s’embrassent sur la bouche. C’est comme dans n’importe quel microcosme.

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gants stériles alors qu’on ne dépasse pas la barrière cutanée. Combien de dentistes touchent leur téléphone avec leurs gants d’examens ? En France, les maladies nosocomiales font entre 11.000 et 13.000 morts par an.


Tu as été sollicité en tant que conseiller artistique pour l’exposition «Tatoueurs, Tatoués » qui a lieu actuellement au Musée du Quai Branly. T’es-tu senti flatté par cette collaboration ? J’ai beau ne pas me prendre au sérieux, cela ne m’empêche pas d’être flatté et de faire mon métier sérieusement. Être sérieux, ce n’est pas s’y prendre, c’est l’être. Quand un musée comme celui-là me demande de collaborer avec lui pour une exposition d’une telle ampleur, je suis forcément flatté. C’est une sorte de reconnaissance.

Parviens-tu à t’entendre avec des personnes qui n’ont aucun tatouage ? Oui, bien sûr ! Ma mère n’a pas de tatouages mais c’est ma maman (rires). Les gens qui n’aiment pas les tatouages et qui disent en voyant un des miens : « J’aime pas les tatouages mais celui-là, je l’aime bien », c’est le plus beau des compliments. Après, je ne m’entends pas forcément avec les gens de l’Académie de Médecine qui disent que le tatouages, c’est pour les drogués, les alcooliques, les partouzeurs, les membres d’un gang, les homosexuels et les gens qui ont une mauvaise alimentation. J’ai beaucoup d’amis qui n’ont pas de tatouages et je peux avoir des problèmes avec des gens qui en ont. Je n’ai aucun a priori sur la couleur de la peau des gens. Somme toute, c’est de couleur de peau qu’il s’agit. Ce serait triste si tout le monde avait un tatouage (rires). 19


DECOUVERTE

FAADA FREDDY

par Dine Delcroix PHOTOS : MARTIN LAGARDère


Membre du tandem Darra J Family, Faada Freddy a relevé le défi fou d’enregistrer un album sans le moindre instrument. Intitulée Gospel Journey», cette parenthèse solo faite de percussions corporelles et de voix emporte la musique de façon conceptuelle et inattendue. Quand le corps rencontre l’art...

Tu as longtemps évolué au sein du groupe

Ton groupe fait plutôt du rap tandis que

Daara J Family. Qu’est-ce qui t’a donné en-

ton projet solo propose des sonorités gospel.

vie de te consacrer à un projet solo ?

Comment s’est passée la transition ?

J’évolue toujours dans ce groupe. Ce qui

Dans le hip-hop, mon caractère a tou-

m’a poussé à faire un projet solo, c’est

jours été mitigé parce que pouvais aus-

notamment mon amour pour la musique

si bien raper que chanter, faire des so-

soul et les différentes approches de la

los de guitare ou jouer à la basse. Je me

voix. Depuis tout petit, j’étais intéressé

suis plutôt laissé vivre et envahir par la

par la soul et par tout ce qui est a cap-

musique sans pour autant essayer de

pella. J’ai toujours développé cela d’une

dogmatiser car il y a pas mal de dogmes

manière ou d’une autre au sein de Daara

dans le rap. Je n’ai jamais de difficultés à

J Family. Cela m’a amené à faire des ate-

m’adapter aux styles de rap ni à dévelop-

liers et à participer à des échanges avec

per la musique qui a été la première à me

certains artistes comme Damon Albarn

bercer et à m’attirer avant le rap : la soul.

ou Flea des Red Hot Chili Peppers. J’ai

Le passage a été pour moi quelque chose

toujours considéré la voix comme un ins-

de naturel. Il m’arrive sur scène de faire

trument. Dès que l’occasion s’est présen-

une petite partition de rap parce que cela

tée et que le producteur Malick Ndiaye

fait partie du spectacle. Pour moi, le rap

du label Think Zik ! m’a approché, je me

est une musique comme les autres. Au-

suis dit que c’était le moment de mettre

jourd’hui, on peut l’associer à d’autres

tout ceci en valeur et de pouvoir partager

musiques comme le jazz et tant d’autres.

mon amour pour la musique organique,

C’est une musique que je respecte énor-

à base de percussions corporelles et de

mément pour son message, son conte-

voix. Ce projet m’a permis de rencon-

nu et sa conscience mais la soul reste la

trer d’autres artistes qui partagent cette

partie la plus développée en moi et c’est

même vision de la voix et qui essayent de

pour cette raison qu’elle domine dans

la pousser à son sommet.

cet album.

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Comment ton acolyte au sein du groupe a-t-il

me donne aussi des directions à travers

réagi à ce projet solo ?

l’énergie qu’il me transmet.

C’est lui-même qui m’a présenté le projet en me disant «Je pense qu’il faut le faire parce que le producteur s’y intéresse. Il est temps que tu sortes de ton coin au lieu de t’enfermer avec ta guitare !» et je lui suis très reconnaissant pour cela car j’étais effectivement dans mon coin à écrire des musiques qui ne pouvaient pas forcément être adaptées à un groupe de rap. Il n’y a que dans la confiance que des amis peuvent s’encourager à évoluer. Depuis que j’ai commencé cette carrière solo, j’apprends beaucoup et j’acquiers une expérience que je peux insérer dans le groupe.

Est-ce plus simple de se lancer en solo quand on a l’expérience d’un groupe ? Oui parce que Daara J Family, c’est un groupe qui a fait le tour du monde. Il y a eu l’Inde, l’Australie, l’Angleterre où on a gagné le BBC World Award du Meilleur Album Africain, les États-Unis avec Mos Def ou encore Wyclef Jean donc il y a un petit background qui donne une confiance et qui permet de connaître un peu la scène. C’est l’expérience dont on peut se servir mais j’ai l’impression de me remettre en question tous les jours, de réapprendre de moi-même et de la musique. La musique est une école et l’expérience de l’apprentissage est intarissable. Je me vois comme un disciple de cette école de la vie et j’apprends tous les jours, de moi et de mon public qui 22

Cet album solo t’aide-t-il à grandir ? Oui. Je pense que cet album solo a grandi ma vision du monde et ma vision de la famille. Je grandis parce que je suis livré à moi-même, comme un enfant qui sort du cocon familial pour aller se construire à l’aventure. Je suis en train de me construire dans une recherche de maturité. Je me suis toujours trouvé une couverture derrière mon groupe. Là, je suis seul et c’est plus de responabilités.

Comment s’obtient-elle ? Je pense qu’il est important de se connaître soi-même pour connaître ce qui nous entoure, qu’importe le nom qu’on lui donne. Le nom n’a pas d’importance. Le plus important, c’est de savoir qu’on fait partie d’une entité, qu’on fait partie du même socle, qu’on vient tous de la même source. En réalisant notre provenance, nous réalisons justement ce qu’est la source et nous voyons que nous sommes partis de cette source comme une goutte d’eau dans la mer ou comme un grain de sable qui se fond dans le désert. Il faut apprendre à se fondre dans tout. Le fait de se reconnaître à travers ce qu’on voit est une preuve d’amour. Il faut savoir laisser aller, savoir s’abandonner, avoir confiance en la vie. Petit à petit, en cultivant ce rapport de confiance



avec la vie, la paix arrive.

corps. C’était un défi auquel personne ne croyait au départ. On me disait que j’étais complètement fou de faire un al-

Es-tu quelqu’un d’optimiste ?

bum juste avec mon corps. J’avais fait les musiques du film Tableau Ferraille de

Je suis plus qu’optimiste. Je m’envole !

Moussa Sene Absa dans lesquelles j’avais

Dans la vie, il y a toujours des zones de tur-

déjà exploité ce type de voix qui font les

bulences qu’on appelle «tests» et qui nous

basses avec du chant par-dessus.

font grandir. Les difficultés, la maladie, les contraintes, perdre un job... Ce sont des choses qui nous apprennent à grandir et à nous relever plus forts. Ces expériences ne viennent pas pour nous abattre, elles viennent toujours avec un message.

Quelle difficulté majeure peut-on rencontrer lorsqu’on enregistre un album sans instruments ? Le temps ! Les choses prennent plus de temps car la voix est plus subtile que la basse ou la batterie. La voix subit quand

Qu’est-ce qui te met en colère ?

on ne dort pas assez ou qu’on reçoit une mauvaise nouvelle. Il faut enregistrer dans

La violence et les préjugés. Mes colère

une parfaite quiétude, raison pour laquelle

ne durent pas. Les contraires des choses

nous avons fait l’album au Sénégal autour

auxquelles nous tenons nous permettent

du thé sénégalais et de l’ambiance «fami-

d’identifier ce que nous avons entre les

liale». Je pense que cela a été un grand

mains et d’en prendre soin. Une fois

atout pour aller au bout de cet album.

qu’on a la paix, il faut l’entretenir. Une fois qu’on a l’Amour, il faut l’entretenir car il y a la haine juste à côté.

La percussion corporelle est-elle à la portée de tout le monde ?

Qu’est-ce qui t’a amené à faire un album sans instruments ?

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Oui, tout le monde peut en faire. Pour l’album, la majorité des percussions corporelle a été faite par Michael Désir qui a

C’est d’abord l’influence de mon pro-

notamment été le batteur de Pascal Obis-

ducteur Malick Ndiaye de Think Zik ! qui

po. Il y a eu aussi l’intervention de la voix

m’a parlé d’un album sans instruments.

soprano de Gisela Razanajatovo, Phi-

Il est venu avec cette idée et j’ai dit «oui»

lippe Aglaé qui a travaillé avec la chan-

sans craintes car j’ai toujours travaillé

teuse

a cappella et je suis intéressé par le fait

Marrier qui est

d’adapter le travail de la batterie sur le

inter-

Grace,

Jean-Marie



venu dans les basses, Wasis Diob, la fa-

qu’il y a un peu d’or, le gouvernement et

meuse Imany et le chanteur sénégalais

les gros financiers chassent des popula-

Yves. Ce sont toutes les voix rassemblées

tions pour récupérer leurs terres et faire

pour ce projet. Il m’arrive de transmettre

des exploitations qui, forcément, ne pro-

la percussion corporelle et l’utilisation de

fitent pas à ceux qui étaient là. Cela se

la voix à des groupes de gospel durant des

passe notamment à Paris où de grands

ateliers et aussi à des enfants en allant dans

industriels sont en train d’acheter tous

des écoles, même des écoles d’autistes. J’ai

les immeubles et les appartements. Cer-

eu aussi des échanges avec des enfants qui

tains sont obligés d’aller habiter loin de

pratiquaient déjà la percussion corporelle.

Paris parce qu’ils n’ont plus la force financière pour vivre. Cette chanson parle des gros poissons qui mangent les petits

Sur ce genre de titres, le travail de production est-il le même que pour des titres instrumentaux ?

poissons. Les petits poissons deviennent une génération perdue. Ils cherchent où aller. Le texte parle d’une femme qui se

Oui. Il est très important que l’artiste ait

trouve dans cette situation, qui sort sa

un minimum de connaissances en har-

tête par la fenêtre et qui dit «J’en ai marre

monies, en modes et en gammes pour

!». Elle en a marre d’être tout le temps

permettre une plus large approche de ce

obligée de bouger et de ne pas avoir une

qu’il a envie de faire. D’un autre côté, ce

vie à elle.

qui permet d’avoir un morceau carré avec juste des voix, c’est d’analyser la gamme. Après, il reste à travailler la précision pour sonner proche des instruments. Il y a aussi un grand travail technique. Il faut

En référence à ton titre Death Of Me, penses-tu souvent à ta mort ?

un ingénieur de son pour prendre les

Je suis déjà mort (rires). J’adore la morti-

bonnes prises. Le reste est très naturel.

fication ! Pour moi, il y a la mortification et la mort. Souvent, j’aime bien tuer cet ego qui est en moi parce qu’il ne me sert

À quoi fait référence la chanson Generation Lost sur ton album ? On est dans une génération où les gros industriels ont envie de dominer le monde et de se l’approprier. Ils veulent aussi s’approprier les vies. Les armes, l’industrie pharmaceutique, l’industrie agro-alimentaire, les richesses... Ils veulent tout 26

! Un peu partout dans le monde, dès

à rien. Il me met en conflit avec tout le monde et j’aime bien le voir mourir, parfois (rires).



DECOUVERTE


MALIK BENTALhA Son

passage par le Jamel Comedy Club l’aura aidé à devenir l’un des humoristes les plus prometteurs de sa génération et ce n’est pas Alex Lutz, son metteur en scène qui dira le contraire. Il s’apprète a tourner Pattaya de Franck Gastambide et sera le 15 avril à l’affiche de La véritable histoire de Robin des bois d’Anthony Marciano aux côtés de Max Boublil, avant de reprendre son one-man-show autobiographique : Malik Bentalha Se La Raconte.

PAR DINE DELCROIX t/ Photos : Thomas Lavelle

Montre Baume & Mercier


Qu’est-ce qui a été le plus dur pour toi lorsque

conscience de la gravité qu’aurait pu

tu es arrivé à Paris pour tenter ta chance ?

avoir ce changement de vie.

Ce qui a été le plus dur pour moi quand je suis arrivé à la capitale, c’est de commencer le one-man-show dans le sens où je ne savais pas trop par où entrer pour faire ce métier. Je savais par où entrer pour faire du théâtre puisqu’il y a des écoles destinées à la pratique du théâtre classique ou contemporain mais il n’y a pas d’écoles de one-man-show. C’est un métier qui s’apprend au contact de comiques ou de producteurs. J’étais un peu perdu. Mon professeur d’espagnol en Terminale m’a orienté vers le Cours Florent et cela rassurait mes parents de savoir que je montais à Paris pour intégrer une école où il y a eu untel et untel.

Tu as manifestement pris un risque en quittant ton Sud natal pour suivre ton rêve. Et si c’était à refaire aujourd’hui ? Quand tu montes à Paris à 18 ans, tu as l’impression que tout est possible car tu as l’insouciance de la jeunesse donc c’était dur sans l’être forcément. Je me disais qu’à défaut de passer par la porte d’entrée, je passerais par la fenêtre. J’ai

Avant de donner libre cours à ton envie de faire de la scène, à quoi étais-tu destiné ? J’étais destiné à faire une école de commerce. Le fait de tenter sa chance à Paris dans le milieu du spectacle peut être catastrophique si on n’y arrive pas. On peut partir en dépression parce que cela ne marche pas et c’est très compliqué de reprendre un cursus normal après avoir pris une ou deux années sabbatiques. Heureusement que je suis monté à cet âge-là d’autant que les gens que je rencontrais ressentaient cette insouciance et cette énergie.

Le Cours Florent n’était finalement pas indispensable à ton parcours. Que t’a permis ton bref passage dans cette célèbre école de théâtre ? Il m’a permis de lire de livres que je n’aurais pas lus, notamment des pièces de Feydeau, Molière ou Koltès mais cela ne m’a pas plus servi à l’écriture de mon spectacle.

toujours une issue de secours dans ma tête. J’avais l’énergie d’un adolescent mais, si c’était à refaire maintenant que

Aujourd’hui, ta notoriété est croissante. As-

je suis un peu plus posé et réfléchi, je

tu conscience de l’impact que tu as déjà sur

pense que je ne prendrais pas forcément

les jeunes générations ?

les mêmes décisions. Je partirais moins à l’aventure. Aujourd’hui, j’ai un peu plus de recul dans ce métier et je prends 30

Franchement, je n’en ai absolument pas conscience ! Quand j’étais dans le Sud,



j’étais fou de gens comme Zidane, Jamel

«merci». À la fin d’un spectacle au Ba-

ou Les Inconnus et j’avais ce syndrome

taclan, une petite fille est venue et m’a

de fan. Beaucoup d’artistes diront «Moi,

dit avoir gardé la pêche pendant son hos-

ça m’est tombé dessus, je m’y attendais

pitalisation grâce à mon DVD. C’est un

pas...». Moi, j’ai voulu cette notoriété

vrai bonheur et cela vaut tout l’argent du

parce que j’avais envie qu’on s’intéresse

monde. Ce qui me touche, c’est juste-

à moi et j’avais envie de faire rire les gens.

ment de pouvoir toucher certaines per-

Pour moi, quand j’étais gamin, réussir sa

sonnes avec mon petit parcours.

vie, c’était être connu alors que ce n’est pas forcément cela. Plus jeune, je m’entraînais devant ma glace à faire des défilés, à saluer, à préparer mes discours de remerciements (rires). C’est un peu un rêve que je vis.

Est-ce important, pour toi, de témoigner ta reconnaissance à ceux qui viennent te voir ? Oui. Un jour, quand j’étais petit, mon père qui me savait fan du PSG m’a fait la surprise de m’emmener voir les joueurs

32

Cette réussite te monte-t-elle parfois à la tête ?

en match et à l’entraînement. Mon père

Je ne me prends pas pour ce que je ne

moi. On a attendu les joueurs dehors

suis pas. J’ai été tellement déçu par cer-

pendants 1h30 après leur entraînement.

taines personnes avec lesquelles je vou-

Il pleuvait et ils sont tous partis en voi-

lais prendre des photos ou avoir des au-

ture. Il y en a peut-être deux qui se sont

tographes que je me suis dit que si un

arrêtés. Mon père avait fait des pieds et

jour j’ai la chance d’être connu et recon-

des mains pour me faire plaisir. Il avait

nu et qu’on me demande des photos, je

attendu sous la pluie et il avait mis sa

le ferais parce que c’est le public qui me

fierté de côté pour s’arrêter voir des ga-

fait vivre et c’est grâce à lui, aujourd’hui,

mins qui touchent des centaines de mil-

que je peux m’acheter des baskets et des

liers d’euros. J’étais encore plus dégoû-

jeans. Si demain, je joue dans une salle

té pour mon père. Je n’aimerais pas que

vide, je devrais retourner à la mairie de

cela arrive aux gens qui m’attendent à la

mon village pour travailler aux espaces

fin de mon spectacle. J’essaye de sortir

verts. Je prends le temps pour chacun.

assez rapidement. Je veux vraiment par-

Ces personnes me permettent de vivre

tager ce petit succès avec les gens qui le

mon rêve. Même avec une diarrhée, je

permettent. Des fois, malheureusement,

m’arrête et je prends le temps. Désolé

je mets un peu plus de temps à sortir

pour l’image (rires). Contrairement aux

mais c’est malgré moi. J’y fais attention

hommes politiques, les gens n’arrêtent

parce que je commence à faire un peu de

pas un humoriste dans la rue pour se

cinéma et, le cinéma est un peu un mi-

plaindre. On nous arrête pour nous dire

crocosme alors si le one-man-show n’est

n’est fan de personne mais il l’a fait pour


pas accessible, le cinéma est pire !

Comment gères-tu l’improvisation sur scène ? Au début, je pensais que l’improvisa-

Idéalement, quel serait l’apogée de ta carrière ? Pour moi, l’apogée d’une carrière s’inscrit dans sa longévité. Je veux me diversifier dès maintenant : produire, faire du

tion ne devait pas être travaillée. Ce qui est important, c’est de connaître le texte sur le bout des doigts. Une fois que tu connais bien ton texte, tu peux te permettre des sorties de pistes.

cinéma, du théâtre... Quelle est ta méthode pour apprendre ton texte ? La mise en scène de ton one-man-show est signée Alex Lutz. De quelle manière avezvous travaillé ensemble ? Il y a eu deux étapes. Alex Lutz m’a mis en scène pendant deux ans. Par la suite, d’un commun accord, il a arrêté parce que j’étais parti en tournée avec Jamel et il était lui aussi en tournée avec son spectacle. Pendant ma tournée, je voyais tous les jours le metteur en scène de Jamel qui s’appelle Mohamed Hamidi. Il me donnait des conseils pour ma première partie et cela fonctionnait. Du coup, Alex a un petit peu passé le relais à Mohamed qui m’a mis en scène par la suite. Avec Alex, les choses ont fonctionné de manière très simple. Je galérais financièrement avec le Cours Florent. Il m’a dit d’arrêter pour apprendre sur scène. Il m’a donné des accès au Point Virgule et j’ai ainsi pu me roder au Trempoint, ce

Quand j’ai commencé le spectacle, je jouais sur scène avec une feuille. C’est là que Mohamed Hamidi est intervenu. C’est un ancien professeur d’économie. Il a une espèce de structure. Moi, j’avais le texte mais je n’arrivais pas à le retenir parce qu’au début du spectacle, je parlais de télévision. Au milieu, je parlais d’école. Après, je reparlais un peu de télévision. Puis, je reparlais d’école. Ensuite, je parlais de mes origines du Sud... C’était un peu décousu. Il y avait de très bonnes vannes mais je mettais toutes les meilleures à la fin. J’expédiais le début du spectacle parce que j’avais hâte d’arriver à la fin. Mohamed Hamidi est arrivé et a mis une structure qui a permis d’équilibrer le spectacle. J’ai plein de petits points et de regroupements qui me permettent de me rappeler et d’être plus fluide dans le texte.

tremplin pour les gens qui sont issus du Point Virgule. Alex a une formation de théâtre de classique. Il a su me conseiller

Mohamed Hamidi qui te met désormais en

sur la voix, les gestes... C’est très précis.

scène est également ton co-auteur. Comment se déroule la coécriture ? 33


Je lui raconte des choses et il me dit si

film... J’ai envie de revenir à ce qui m’a

c’est bien ou pas bien. Il me raconte par-

fait marrer quand j’étais plus jeune. Ar-

fois des choses, également. Aussi, je note

river sur un plateau en costume douze

plein d’idées et, par la suite, on fait le tri.

pièces ne veut pas dire «oublier». Quand

On fait des blocs d’idées, on trouve des

Jean Durajdin gagne un Oscar, il ne faut

transitions entre les catégories. C’est une

pas oublier qu’il est aussi Brice de Nice.

mécanique.

Je veux faire les deux. J’aspire à faire de grands films mais je veux aussi faire des sketchs où je fais des personnages. Je ne

Songes-tu à te déguiser pour incarner des personnages comme tu as pu le faire sur le plateau de l’émission «Touche Pas à Mon

m’interdis rien. Je fais déjà naître des personnages dans mes spectacles juste avec une posture ou une voix.

Poste» en décembre 2014 ? J’adore ! Nous, les humoristes, on est pas trop pris au sérieux parce qu’on est des comiques et, à côté de nous, il y a les acteurs. Inconsciemment, quand tu veux faire rire, tu es obligé de te mettre dans

fession comme Jamel Debbouze, Gad Elmaleh ou encore Alex Lutz. Y a-t-il des humoristes qui, à l’inverse, ne t’apprécient pas ?

la posture du bouffon du roi. On est un

C’est une bonne question (rires). Il doit

peu Sganarelle dans Don Juan. Une fois

y en avoir mais on ne les entend pas trop

que les gens commencent à se marrer,

(rires). Je touche du bois mais, pour l’ins-

qu’ils nous aiment bien et qu’on prend

tant, j’ai la chance de ne pas en croiser.

de l’assurance, on a envie de devenir

C’est peut-être parce que je suis arrivé

un Don Juan, de changer en quelques

dans ce métier par Jamel et Gad qui sont

sortes parce qu’on a assez fait le bouf-

des poids lourds dans le milieu de l’hu-

fon du roi et qu’on ne veut plus être ri-

mour. Si un jour, j’ai la chance d’avoir un

dicule. Il y a eu un moment où j’ai eu

très gros succès, peut-être que le regard

envie de me « beau-gossifier ». Quand

changera. Ce ne sont jamais les gens qui

je suis arrivé, j’étais en surpoids, je pas-

sont au-dessus de toi qui ne t’aiment pas

sais pour le gros, le copain et là, j’arrive

mais souvent ceux qui sont en-dessous

dans le cinéma avec une erreur à ne pas

avec lesquels tu as démarré et qui ne

commettre : celle de ne pas se couper du

comprennent pas forcément pourquoi

public qui m’a permis de faire ce métier.

toi et pas eux..

Pour répondre à la question, j’ai envie de me déguiser et d’être ridicule. C’est pour cela que je fais des films où je mets des perruques, c’est pour cela que je serai un peu déguisé dans mon prochain 34

Tu as le soutien de plusieurs «piliers» de la pro-


35


DECOUVERTE

LE NOISEUR PAR Dine Delcroix / Photos : FLORIAN FROMENTIN

Auteur-compositeur-interprète, Le Noiseur alias Simon Compocasso pense sa musique comme un film. Disponible le 16 mars 2015, son premier album, Du Bout Des Lèvres, fait suite à un EP déjà bien reçu dans lequel l’artiste présentait timidement sa mélancolie romantique.

Te sens-tu mis à nu en livrant

Le disque a été engendré par

Appréhendes-tu une réac-

un premier album aussi per-

une rupture amoureuse. Le

tion quelconque de la part de

sonnel et autobiographique ?

deuil de la séparation est-il

la personne évoquée dans tes

plus facile lorsqu’on en fait

textes ?

Non parce que c’est un disque qui ne s’adresse pas

Il y a plusieurs personnes

à un public large. C’est un

C’est effectivement une

mais les gens concernés

peu impudique mais j’ai

manière de passer à autre

ont déjà entendu l’album

quand-même gardé plein

chose et d’essayer de gar-

et il n’a posé de problème à

de choses pour moi.

der les moments les plus

personne. Au moment où

lumineux d’une histoire.

j’écrivais ces chansons, je

C’est aussi une manière

les faisais écouter et c’était

de parler de soi et de se

une manière de commu-

raconter un peu à travers

niquer, finalement. Tout

une histoire d’amour.

cela est digéré.

Quelle est la part la plus autobiographique de cet album ? La part mélancolique, je pense. C’est clairement intime et il en est pas mal question dans ce disque.

36

une œuvre artistique ?


37



T’arrive-t-il de communi-

Quels sont les compositeurs

timidité chez l’homme et

quer en faisant écouter des

de musiques de films que tu

la résistance chez la femme

chansons qui ne sont pas les

préfères ?

étaient des choses qui an-

tiennes ?

J’aime

beaucoup

En-

nio Morricone, Philippe

Oui, cela m’arrive.

Sarde, Georges Delerue... Ton

album

est

construit Si ton album devait être une

rique de début et de fin. Quelle

bande originale de film,

a été ton influence cinémato-

quelle en serait l’histoire ?

graphique majeure pendant l’écriture de celui-ci ?

Ce serait l’histoire d’un

J’ai été beaucoup inspi-

ils se déchirent, ils se re-

ré par François Truffaut

mettent ensemble et ils se

avec des films comme «La

quittent sans se dire «Au

Femme D’à Côté», «Les

revoir».

films

du

couple et de la difficulté de trouver une harmonie en amour.

J’ai fait du rap avant et je pense que je ne serai jamais un chanteur à voix. Je ne serai jamais quelqu’un de très expansif dans le

nue. De quel film est extrait le dialogue qu’on entend au début de l’album ?

Comment es-tu passé du rap

C’est issu d’un film qui s’appelle En Ville. J’avais composé deux chansons

Quel est ton film fétiche ?

ma manière de chanter.

timide, très dans la rete-

«L’Homme parlent

de ton album ?

chant. C’est un petit peu

Deux Anglaises Et Le

Ces

donne tout son sens au titre

Ce n’est pas réfléchi. C’est

couple. Ils se rencontrent,

Qui Aimait Les Femmes».

Comment t’es-tu orienté vers ce chant sussuré, parlé, qui

comme un film avec un géné-

Continent»,

nonçaient bien le disque.

instrumentales

que

je

voulais mettre au début et

La Femme D’à Côté» est un

à la fin du disque en guise

film important. Il y a aus-

de génériques. J’avais en-

si Oslo, 31 août de Joachim

vie d’inclure un dialogue

Trier.

de film. J’ai vu ce film et ce moment m’a parlé parce que je trouvais qu’il résumait un peu ce qui allait se passer dans le disque. La

à ce style actuel ? Dans le rap, il faut beaucoup écrire pour faire des chansons et moi, mon écriture est plutôt laconique. Je pense que c’est un peu ce qui m’a freiné.

As-tu eu besoin de te créer un sorte de personnage avant de commencer à promouvoir 39


ton travail ? Non. J’ai peut-être tort mais je ne prépare pas

À partir de quel instrument

monde avec un vocabu-

composes-tu ?

laire courant sans aucune

À partir d’un clavier.

grand chose. Je suis habil-

vaguement quand on me demande de me présenter, par exemple.

littéraire. Si on dit cela de ma musique, c’est à cause

lé comme tous les jours. Je peux toutefois réfléchir

volonté de ma part d’être

de ma manière de chanter. Comment s’est passée la pro-

Pour être que pour cer-

duction des morceaux ?

tains, cela demande une sorte d’initiation.

Je fais tout chez moi dans mon studio. Je travaille avec des instruments vir-

Faut-il être quelqu’un de romantique pour écrire et composer des chansons comme

tuels sur un séquenceur. Je fais tous les instruments donc j’ai vraiment

les tiennes ?

une proposition complè-

Je pense, oui.

studio, on a fait rejouer

tement finie. Ensuite, en certains instruments mais il y a des titres qui n’ont

À l’inverse, faut-il être ro-

ter cet album sur scène ? J’avais fait quelques dates l’année dernière et là, je change de formule. Je travaille avec d’autres musiciens et on va faire un truc un peu différent. On sera à peu près quatre sur

mantique pour pouvoir écou-

scène. Il y aura un bat-

ter ce genre de musique ?

teur contrairement à avant

Pas nécessairement.

Quelles sont les meilleurs

Tu es comparé à Alex Bau-

où on jouait sur des sé-

pain et à Benjamin Biolay.

quences. Je suis en train

Penses-tu appartenir à un

de refaire de nouveaux

genre musical «bobo» ?

arrangements des chansons avec le chanteur du

Cela évoque un truc un

groupe Saint Michel qui

peu élitiste et je n’ai pas

m’accompagnera

l’impression de faire une

sur scène. On change un

qui

musique élitiste. Après,

peu les titres pour qu’ils

s’écoute seul ou à deux,

je sais que ce que je fais

soient moins lents car le

plutôt au calme, en voi-

peut être assez particulier

disque n’est pas fait pour

ture, chez soi ou sur le

parce que ce n’est pas très

la scène, à la base.

baladeur dans la rue, par

chanté mais mes textes

exemple.

sont accessibles à tout le

conditions pour écouter ton album ? C’est

40

pas changé.

Comment comptes-tu présen-

un

album

aussi



BLIND TEST

THEODORE, PAUL & GABRIEL PAR Dine Delcroix / Photos : FRANCOIS BERTHIER

La trio féminin revient le 9 Mars 2015 avec We Won’t Let You Down, un deuxième album qui sera défendu sur la scène parisienne du Batalcan le 26 Mars 2015. Un BLIND TEST puissance trois.

Votre Madeleine de Proust ? Pauline : L’odeur des stylos Velleda (rires). Clémence : Un truc olfactif aussi : l’odeur qui annonce le début de l’été et qui me ramène à mon enfance quand l’été était long et que je pouvais déconnecter. Louise : L’odeur du pavé mouillé par la pluie quand il fait chaud me rend toujours nostalgique et me donne envie d’avoir à nouveau 16 ans, d’avoir mes premiers émois et d’être amoureuse pour la première fois.

Clémence : Almost Famous de Cameron Crowe. Ce groupe de rock improbable qui se ballade entre la loose et une possibilité de moins «looser» avec tout ce qui accompagne une tournée... Il y a un second degré dans ce film qui me fait beaucoup rire. Frances McDormand y est énorme ! Louise : Phantom of the Paradise de Brian De Palma. C’est un énorme film culte avec du chant et de la danse.

Votre livre de chevet ? Le film qui raconte votre vie ? Pauline : Lost in Translation de Sophia Coppola ne raconte pas forcément ma vie mais il raconte très bien l’âge dans lequel on est. Beaucoup de questions y sont posées. 42

Pauline : Le Fils de Philipp Meyer. Clémence : Le Livre de l’Intranquillité»de Fernando Pessoa auquel je reviens tout le temps parce qu’il est très gros et qu’il y a beaucoup de belles choses dedans. À chaque fois que je le perds, je le rachète. Je perds plein de trucs, malheureusement. Je n’arrive




jamais à bien surveiller mes affaires (rires). Dernièrement, je viens de perdre ma platine vinyle, par exemple.

Louise : Les bottes UGG.

Louise : Le Mythe de Sisyphe. C’est un essai philosophique d’Albert Camus qui a changé ma vie à l’âge de 17 ans.

Le détail chic pour vous ?

Votre secret de beauté ? Pauline : Le stick à lèvres. Clémence : Il faut bien s’hydrater et mettre du stick à lèvres. Louise : Boire et fumer beaucoup. C’est le seul truc que je fais tous les jours (rires).

Pauline : Pour moi, le comble du chic, c’est la délicatesse. Clémence : Je suis d’accord. Pour moi, c’est une attitude bienveillante qui prend les autres en considération. Louise : Dans l’habillement classique pour homme, j’aime bien quand il y a des petits imprimés différents.

Votre série du moment ?

Votre antistress ?

Pauline : J’adore House of Cards dont j’attends impatiemment la troisième saison.

Pauline : Regarder Friends.

Clémence : Girls.

Clémence : Quand on se retrouve au bout du monde avec Pauline genre à Osnabrück dans un squat et qu’on regarde Friends. D’un coup, les matelas défoncés, les cafards et les odeurs de vomis deviennent beaucoup plus supportables.

Louise : En ce moment, c’est Top Gear.

Louise : Faire des dessins avec des petits points ou découper des papiers.

La tendance mode que vous détestez ? Pauline : J’ai très peur du retour de la coupe «mulet» (rires). Clémence : Je ne suis pas totalement fan des bijoux de dents. Tout ce qui est dent en diamant ou dent en or peut me stresser. Il y a les trucs de nombrils, aussi. C’est d’un vulgaire !

Votre chanson pour vous sentir bien ? Pauline : A Day In The Life des Beatles. Clémence : Black Or White de Michael Jackson. Louise : Si l’idée, c’est de me mettre de bonne humeur, je vais mettre le premier ou le deuxième album de Pantera super fort. Votre proverbe fétiche ? Pauline : Un truc en anglais que je dis tout le temps : «An apple a day keeps the doctor away» (rires). 45


Clémence : « L’habit ne fait pas le moine » même si, parfois, il le fait. Louise : Il y a une citation de Marcel Proust que j’aime bien et qui dit : « En amour, il est plus difficile de renoncer à un sentiment que de perdre une habitude. ».

Clémence : Cow-boy ou docteur. Louise : Artiste peintre ou plasticien mais je le ferai plus tard.

Qui inviteriez-vous à votre dîner idéal ?

L’insulte que vous préférez ? Pauline : « Sombre idiot ». Clémence : « Triste con ». Louise : « Hurluberlu ».

Le compliment qui vous énerve le plus ? Pauline : « C’est bien, pour une fille ! ». Clémence : Carrément ! Louise : Là, nous sommes unanimes.

Le pays où vous pourriez immigrer ? Pauline : L’Angleterre. Clémence : Quitte à changer de vie, j’irais m’occuper des lions en Afrique. Louise : La Californie pour travailler et la Thaïlande pour la retraite.

Un autre métier qui aurait pu vous plaire ? Pauline : Journaliste. 46

Pauline : Marty McFly et le docteur Emmett Brown (rires), tous les Beatles sauf Ringo Starr, Patti Smith, Meryl Streep et des copains. Clémence : Moi, je rajoute des gens au dîner de Pauline : Harry Potter, J. K. Rowling, Whoopi Goldberg, Tilda Swinton, Picasso, Winston Churchill et Janis Joplin.


Louise : J’invite Pierre Soulages, Batman, Harrison Ford en Han Solo, PJ Harvey et, pour le dessert, Michael Fassbender (rires).

Pauline : Libé.

Le défaut que doit avoir une personne pour vous séduire ?

Louise : Libé.

Pauline : La maladresse.

Clémence : Libé.

Le disque que vous avez honte d’avoir acheté ? Pauline : En vrai j’ai pas du tout honte mais, officiellement... Clémence : ...En fait, Pauline m’a offert le dernier album de Taylor Swift pour mon anniversaire (rires). Louise : Alizée.

Le talent que vous auriez aimé avoir ? Pauline : Dessiner. Clémence : Je me sens bien avec mes capacités (rires). Louise : J’aurais bien aimé savoir chanter.

La question qu’on ne doit pas vous poser ? Pauline : « Pourquoi vous chantez en anglais ? ». Clémence : J’ai besoin que la personne soit tentée par les choses, qu’elle ait du mal à garder le contrôle.

Clémence : «Vous êtes un groupe de filles. Du coup, vous vous coiffez les unes les autres ?».

Louise : Le doute de soi.

Louise : « Salut ! Tu viens pour faire le merchandising ? ».

Libé ou le Le Figaro ? 47


THE BLIND TRUTH


NICOLAS GIRAUD À l’affiche ce mois-ci du film Anton Tchekhov 1890 où il incarne le célèbre auteur et médecin russe, Nicolas Giraud s’est prêté au jeu du BLIND TRUTH avec une sincérité particulière. par DINE delcroix / Photos : François Berthier



Lorsque tu te regardes dans la glace le ma-

mets en courant continue et je stoppe

tin, que te dis-tu ?

avec le courant alternatif.

Je ne me regarde pas tous les jours devant une glace mais, si je me concentre sur les moments où je peux le faire, je vérifie ma clarté, mon discernement et ma sincérité. J’arrive à voir où j’en suis quand je regarde.

À qui voulais-tu ressembler quand tu étais enfant ? Naïvement, lorsque j’étais enfant, je voulais ressembler à mon père. J’ai l’amour familial. Mon père est mon père. C’est lui qui m’a permis d’arriver jusqu’à 17 ans.

Si tu devais emporter une seule chose sur une île déserte, laquelle serait-ce ? Mon espoir. Je crois que c’est ce qu’on perd en dernier.

Quel super-héros aurais-tu aimé être ? Batman, depuis longtemps, pour sa noirceur élégante. Celui de Christopher Nolan. C’est un super-héros sombre mais il ne le fait pas payer.

Il a été un exemple quand j’étais enfant et il est aussi devenu un contre-exemple en grandissant. Je le remercie pour les deux.

Quel pouvoir magique aimerais-tu avoir ? L’invisibilité pour pouvoir assister à des choses auxquelles je n’aurais pas accès et vérifier la nature de l’âme de ceux qui

Si tu avais une baguette magique, que chan-

prétendent être près.

gerais-tu ? Je me donnerais plus confiance. Je me 51


Quel prénom aurais-tu aimé porter ? J’aime Billy, Antoine, Ismaël et Lucien même si ce dernier est trop ancien mais je suis content de m’appeler Nicolas. Je

mion de mon père et ils me l’ont dit assez rapidement. C’était la vérité mais je n’ai pas été déçu. La vérité me déçoit rarement.

trouve que ce prénom me ressemble.

Que peux-tu me dire de négatif sur toi ? Que peut-on entendre comme message d’ac-

Mon intensité, mon exigence, mon per-

cueil sur ta boite vocale téléphonique ?

fectionnisme, ma dureté, mon intransi-

Rien ! Il n’y a pas si longtemps, je cherchais à avoir une annonce un peu origi-

geance. C’est fatiguant pour mon entourage proche.

nale mais j’ai arrêté. Ce qui faisait rire mes amis, c’est que je disais «Vous êtes bien DANS la boite vocale de Nicolas Giraud. Vous pouvez laisser un message après le bip !».

Et de positif ? Ce qui est négatif est positif aussi et c’est ce qui me sauve, je crois. C’est l’Autre en face qui donne le sens. Je pense que je suis un être très positif.

Quand et comment as-tu cessé de croire au père Noël ? C’est à 8 ans, chez ma grand-mère maternelle, que j’ai su que mes parents étaient le père Noël. J’avais eu un punching bal. J’avais vu les paquets cadeaux dans le ca52

Qui veux-tu épater le plus ? Moi. Pendant longtemps, c’était ma fa-



mille mais c’est fini. Je ne cherche plus

« Est-ce que ceux qui ont été courageux

l’approbation familiale. Celui qui doit

seront embrassés ?».

être heureux et épaté, c’est moi et j’ai encore du travail. Je suis obligé de m’épater, c’est le seul moyen d’aimer les gens autour de soi et d’être bon pour les autres. Quel a été ton dernier instant de solitude ? Mon dernier grand moment de solitude, il me semble qu’il date du tout début de Que ferais-tu s’il ne te restait que 24 heures

l’été dernier : je suis dans mon grand

à vivre ?

jardin que j’entretiens tout seul dans le

Je vais embrasser ma grand-mère, je lui

1h du matin, je regarde le ciel, j’ai peur

dis de ne pas s’inquiéter, qu’on se revoit

de perdre la foi et j’en pleure parce que

bientôt et je la remercie pour son amour.

je me sens seul. Si je perds la foi, je ne

Je dis à mes parents qu’ils ont fait des er-

suis plus fort.

Perche, sous les étoiles en pleine nuit à

reurs, qu’ils ont fait des choses bien, que cela ne suffit jamais de dire qu’on a fait de son mieux, que ce n’est pas grave et que je les remercie quand-même. Je crois que je remercie beaucoup de monde...

As-tu menti pendant cet entretien ? Non. Je mens extrêmement peu. On a tous une part de faiblesse, j’en ai une aussi, je le sais. Je ne mens pas parce que

De quelle question aimerais-tu avoir la réponse ?

54

je ne veux pas me mentir à moi-même. Je suis acteur pour ne pas jouer. Je suis acteur pour dire la vérité.



EN COUVERTURE


SOKO Deux

ans après I Thought I Was An Alien, Soko est de retour ce mois-ci avec My Dreams Dictate My Reality, un deuxième opus plus solaire sous le tutelle de Ross Robinson (The Cure). Elle investira la scène parisienne de la Maroquinerie le 18 mars 2015. Rencontre avec celle qui se considère toujours comme un alien...

PAR Dine Delcroix / Photos : François Berthier


Durant la promotion de ton album précé-

Pour ton premier album, tu as dit avoir été

dent, tu avais une sorte d’aversion pour les

inspirée par la dépression. Qu’est-ce qui a

interviews. Qu’en est-il aujourd’hui ?

inspiré ce deuxième opus ?

Avant, j’avais vraiment du mal. Je vou-

Depuis très longtemps, je voulais que

lais faire de la musique, je ne voulais pas

le titre de ce deuxième album soit My

parler aux gens et je pensais que tout ce

Dreams Dictate My Reality. Je tenais à

que j’avais à dire était dans mes chan-

faire un album sur mes rêves et mon en-

sons. Ensuite, j’ai pris la décision d’al-

fance. Plutôt que de me dire que ce sont

ler mieux dans ma vie et de faire un al-

des souvenirs qui me hantent, j’avais en-

bum qui sonne moins triste et dépressif.

vie de mettre un peu de lumière dessus

Pendant que j’enregistrais l’album avec

et de les rendre un peu beaux.

mon producteur Ross Robinson, j’ai rencontré sa mère qui s’appelle Byron Katie et qui a écrit des best-sellers. Elle a un truc qui s’appelle «The Work» qui est en fait une technique de self-help per-

Certains sons de ce nouvel album rappellent

mettant de se rendre compte que toutes

des titres de The Cure. Est-ce délibéré ?

les choses négatives qu’on trouve à dire sur les autres sont en réalité des choses

Je mets beaucoup de chorus pour cacher

négatives qu’on voit en nous. Elle te

que je joue très mal de la basse. Du coup,

fait questionner ta manière de voir les

cela sonne direct comme The Cure qui

choses. Je me suis dit que j’allais arrê-

est mon groupe préféré.

ter de me cacher derrière ma timidité, de pleurer quand on me prend en photos ou de tomber dans les pommes pendant mes interviews. Comment as-tu connu The Cure ? Je n’ai pas grandi avec une grande culture musicale. À partir de 16 ans, j’ai Ton premier album s’intitule I Thought I Was An Alien. Crois-tu toujours être un alien ?

commencé à m’acheter des magazines de musique et à télécharger tous les trucs que je ne connaissais pas. The Cure, c’est un des premiers trucs que j’ai écouté. Boys

Oui. Je me retrouve encore assez souvent

Don’t Cry était ma chanson préférée quand

dans des situations où je ne me sens pas

j’avais 16 ans mais c’est plus tard que je

à ma place.

suis allée à fond dans les albums et que j’ai connu les différentes périodes du groupe.

58



Quelle est ta période préféré du groupe ?

pour le disque ?

La période Three Imaginary Boys. Sur

Je voulais qu’elle ressemble à un maga-

certaines demos de l’époque, on a l’im-

zine des années 80. J’ai fait tous les dé-

pression d’entendre The Clash.

coupages. Comme j’ai enregistré à Venice, je voulais un truc très californien. Je voulais que ce soit solaire comme l’album avec des couleurs flashy et, en même temps, je voulais du noir et blanc.

Pour ton nouvel album, tu as justement fait

Je savais que je voulais une photo en

appel au producteur Ross Robinson qui a

noir et blanc sur un truc coloré. Comme

travaillé avec The Cure. Comment es-tu en-

l’album évoque les rêves, je voulais avoir

trée en contact avec lui ?

ma tête dans le ciel. J’ai aussi fait tous les collages du livret avec des photos de

Au départ, je voulais que ce soit Robert

famille, notamment.

Smith qui produise mon album et je lui ai même écrit une lettre. J’avais une copine qui connaissait Ross et qui m’a dit qu’il pouvait lui envoyer. Il lui a effectivement envoyé un e-mail auquel il n’a jamais répondu. Puis, Ross m’a appelée en me disant « Robert Smith ne répond pas. Par contre, moi, j’ai écouté et j’adore

réalises. As-tu envie d’aller plus loin dans la réalisation ?

donc si tu veux bien, j’aimerais qu’on en-

Oui. Je développe l’écriture de trois

registre ensemble. Passe au studio. » et

idées que j’ai envie de réaliser depuis

on a commencé à enregistrer très vite.

longtemps.

Avais-tu une idée précise de la couleur so-

Pourquoi as-tu choisi le titre I Come In Pie-

nore que tu voulais pour cet album ?

ce comme piste d’ouverture pour ton nouvel

Oui et Ross est le genre de producteur

album ?

qui te laisse t’exprimer complètement

La chanson s’appelle I Come In Piece à

pour que l’album sonne comme toi et

cause des aliens. Je l’ai produite et elle

pas comme lui. J’ai aussi produit toute

était déjà enregistrée avant que je ne

seule quatre chansons.

commence à travailler avec Ross Ro-

Comment as-tu eu l’idée de cette pochette 60

Tu t’investis également dans tes clips que tu

binson. Jusqu’au dernier moment, Ross



ne voulait pas qu’elle soit sur le disque mais j’ai tenu à refaire des voix avec lui. C’est une chanson que j’ai écrite pour quelqu’un qui se fermait vachement à moi, qui n’allait pas bien, qui prenait beaucoup de drogues et qui était complètement inaccessible. Je ne voulais pas déranger ses démons et tout ce qui se

Était-ce une crise d’adolescence tardive ? Oui et je crois que je suis toujours dedans. En même temps, je me ne rebelle contre rien. Je suis juste un peu laxiste envers mes responsabilités tout en voulant une espèce de confort et de routine. Je suis un peu tout et son contraire.

passait dans sa tête. Pendant la session, Ross me demandait de lui expliquer le texte et me replongeait ainsi dans cette histoire... Quel est ton meilleur souvenir de scène ? Il y en a beaucoup... Je me souviens avoir joué l’année dernière dans un magasin Toujours dans ce nouvel opus, on retrouve la chanson Peter Pan Syndrom qui parle de l’angoisse liée à l’idée de devenir adulte. Estu atteinte de ce syndrome ? Oui. J’ai l’impression qu’on m’a volé mon enfance. Quand j’étais petite, on me donnait trop de responsabilités d’adultes. J’ai été confrontée à la mort vraiment tôt et je n’ai pas été dans l’insouciance enfantine. J’avais une grande peur de l’abandon. J’étais un peu bizarre quand j’étais enfant et j’avais du mal à m’entendre avec d’autres enfants. J’ai grandi trop vite. J’avais besoin d’être responsable. Je souhaitais déménager et habiter toute seule à l’âge de 10 ans. Vers l’âge de 20 ou 21 ans, j’ai réalisé que je menais une vie plan-plan et j’en ai eu marre alors j’ai pris ma valise et je suis partie. Ensuite, j’ai voulu me mettre en danger tout le temps. 62

de disques à Savannah en Géorgie qui s’appelle Graveface Records & Curiosities. Il y avait des vinyles, des objets bizarres et des jouets des années 80. C’était en octobre et il faisait très chaud et très humide. Le concert était complet et les gens étaient très serrés dans le magasin. Soudain, quelqu’un à crié «À poil !». J’ai dit que je voulais bien me déshabiller si tout le monde se déshabillait. Des filles devant se sont mises topless et ont débarqué sur la scène. Je me suis retrouvée à faire la moitié du concert topless et mon groupe aussi. C’était trop cool !




MAke up : Loriane LEGER


RENCONTRE

Philippe Lelièvre

promène ses choix artistiques sur une carrière riche en cinéma, en théâtre, en télévision et en radio. Le comédien et professeur de théâtre nous raconte l’aventure particulière de la pièce Trois Hommes Dans Un Bateau (Sans Parler Du Chien) dans laquelle il campe un personnage contradictoire, du mardi au dimanche au Théâtre Edgar à Paris.

par dine delcroix / photos : martin lagardere


PHILIPPE LELIEVRE


Comment vous êtes-vous retrouvé au

Montparnasse. Cette histoire qui devait du-

casting de la pièce Trois Hommes Dans Un

rer 3 semaines dans un tout petit théâtre pour

Bateau (Sans Parler Du Chien) ?

qu’on se fasse plaisir prend des proportions

Il y a une histoire et elle est très belle. Mes camarades Erling et Sören Prévost qui sont les fils de Daniel Prévost ont perdu leur maman il y a quelques années. Elle lisait un ro-

merveilleuses. On a tous pris des risques mais comme nous n’étions pas volontaires de tout cela, les choses se sont mises à couler toutes seules.

man qui s’appelle «Trois Hommes Dans Un Bateau (Sans Parler Du Chien)». Erling, le plus jeune frère, voyait sa maman rire à la lecture de ce roman et l’a lu à son tour. Il a ensuite décidé de l’adapter. Il a d’abord fait une adaptation qui n’était pas aboutie et qui,

dans une petite salle ?

à force de travail, est devenue très belle. Je

On retourne un petit peu en arrière mais c’est

crois qu’Erling a trouvé Luq Hamet qui était

avec des amis donc ce n’est pas quelque chose

en train de racheter le Théâtre Edgar et qui

d’obligé, c’est un choix. On prend le pari et

trouvait drôle l’idée de créer le spectacle là-

on se dit «On y va !». Dans la vie, la diffi-

bas pour 3 semaines. Du coup, on ne s’est pas

culté n’est pas de travailler dans une usine si

ennuyé avec un directeur de théâtre qui veut

on voit le bout mais c’est de savoir qu’on va

des noms et un metteur en scène... C’est une

travailler dans une usine toute sa vie. Je le

aventure théâtrale comme il en existe peu.

dis parce que, quand j’étais jeune comédien,

Arrivés dans ce théâtre, les choses se sont

j’ai travaillé dans une usine de cartonnage et

mises à marcher jusqu’à fin Janvier puis fin

j’ai beaucoup appris parce que je savais que

Février... Là, on a signé jusqu’à fin Avril.

j’allais sortir.

Que se passera-t-il ensuite ?

La première fois que vous avez lu la

Louis-Michel Colla, directeur du Théâtre des Mathurins et du Théâtre de la Gaîté-Mont-

68

Cela fait quel effet de se retrouver à jouer

pièce, avez-vous cherché à la comparer au roman ?

parnasse est venu nous voir. Il est tombé

Il se trouve que j’ai lu le roman après avoir

complètement raide dingue de la pièce. Il

lu l’adaptation et c’est pareil pour Sören. La

veut nous produire et nous mettre au Petit

nourriture du roman est venue après. Erling,


«Notre complicité à la scène comme à la ville était si naturelle qu’il nous était inévitable de ne pas retravailler ensemble.»

69


qui a adapté, a pris l’essence du roman sans

Avez-vous rencontré une difficulté parti-

pour autant s’en éloigner. Il y a des trucs très

culière en travaillant sur cette pièce ?

précis du roman qui sont repris dans la pièce. C’est quelquefois pas mal de ne pas se faire une idée d’un roman avant. Là, les gens qui ont on lu le livre nous disent à la sortie qu’ils ne sont pas déçus. C’est une libre adaptation mais l’esprit est là.

Le plus dur pour tout le monde a été de trouver les personnages. Je me suis demandé comment j’allais aborder ce personnage qui a un peu toujours raison, qui a rêvé pendant toute son enfance d’être dictateur, qui surprend les autres... Les personnages ont chacun leur regard sur la vie et c’est d’ailleurs toute la philosophie de cette pièce. Ils s’ennuient dans

Du coup, qu’avez-vous pensé de l’œuvre originale ?

remonter la Tamise. Le temps va s’arrêter et il vont savoir qu’est-ce qui devient

J’ai préféré l’adaptation qui va à l’essentiel.

essentiel dans la vie. Ils avancent sans

Les choix de Erling sont vraiment très bons.

savoir où ils vont. La quête de la femme a

Il a rajouté des choses en fonction de ce que

été rajoutée mais qu’est-ce qu’une femme

nous sommes. Il a suivi mon parcours et il sait

pour ces gens-là ?

l’amour artistique qui nous lie, Sören et moi.

70

leur vie à Londres alors ils décident de


Quelle est votre quête à vous ? La quête d’avancer en faisant de belles

La distribution des rôles était-elle évidente dès le départ ?

choses. Quand on est acteur, on peut ne pas

Quand Erling a fait l’adaptation, il a de-

travailler, on peut travailler, on peut faire

mandé ce que nous voulions jouer. On a lu

une pièce qui ne nous plaît pas trop et, tout à

chacun de notre côté et tout le monde est fina-

coup, trouver la vraie rencontre d’un rôle ou

lement tombé sur son personnage. J’ai bien

d’un metteur en scène. Au-delà de la quête,

aimé le côté élégant de Harris, parfois su-

le plus important, c’est de durer.

ranné, ayant toujours raison. Je suis un petit peu Harris, finalement (rires).

Qu’est-ce qui vous plaît chez le personnage que vous incarnez dans la pièce ?

Vous aimez avoir raison ?

Ce que j’aime dans le personnage de Har-

Je n’aime pas forcément avoir raison mais

ris, ce qu’il est ambivalent. Parfois, sa dure-

j’aime bien qu’on fasse comme j’ai dit (rires).

té devient drôle. J’ai aimé trouver le clown de ce personnage. Il n’est pas une chose, il est beaucoup de choses. Il veut être dictateur mais il peut être à la fois très précieux. Il est exigeant et à la fois je-m’en-foutiste. Il est

Les personnages de la pièce s’ennuient.

complètement antinomique et paradoxal.

Que faîtes-vous pour chasser l’ennui ?

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Je trouve que c’est important de s’ennuyer

Ces trois hommes choisissent la Tamise

dans la vie. L’ennui fait rêver. Il n’y a pas

pour se vider l’esprit. Quel serait votre

assez de rêves dans la tête des gens. J’ima-

lieu idéal pour la tranquillité ?

gine dans un monde idéal que le théâtre devrait être obligatoire. Si s’ennuyer, c’est rêver alors rêver, c’est théâtraliser les situations. Bien sûr, il y a une différence entre l’ennui constructif et l’ennui qui empêche d’avancer.

Cela fait très longtemps que j’ai envie de partir dans le Grand Nord. J’aime le froid et cela me plairait d’aller dans un igloo, de me balader en chiens de traîneaux, de rencontrer des Inuits... Je ne rate pas un documentaire sur le Grand Nord. Je suis fasciné et, paradoxalement, je n’y suis jamais allé. C’est bizarre...

L’oisiveté, c’est l’ennui ? Je crois que l’oisiveté est très attachée à une personne. On aime ou on aime pas. Je ne suis pas contre, parfois. Moi, je suis un fainéant contrarié. Je peux travailler pendant 48 heures sans dormir, sans manger mais je n’angoisse pas de rester une journée à lire.

Comment qualifiez-vous votre humour ? C’est une bonne question ! J’ai plutôt un humour absurde. J’aime cette liberté. Pour toucher l’absurde, il faut d’abord être bien inscrit dans le sol et partir de quelque chose de réel. J’adore faire vivre les objets. Mes enfants ont toujours vu parler les portes, les

Les personnages de la pièce doivent dresser la liste de ce qu’ils vont emmener dans leur périple. Qu’emmèneriez-vous à leur place ? J’emmènerais un ami. Il faudrait que je parle à quelqu’un, que j’écoute aussi de la musique. Peut-être que je me mettrais à lire.

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chaussettes, les chaussures... Il y a des exercices d’improvisation où on peut trouver une psychologie en interprétant un objet.



Votre première apparition à la télévision remonte à 1990 dans l’émission «Ciel, Mon Mardi !». Aimeriez-vous retourner à la télévision ?

Quels sont vos projets à venir ? Je suis un peu superstitieux... J’ai quelques projets de théâtre. J’ai aussi un projet de série pour France 3 avec Michèle Bernier et Arié

Cela ne m’intéresse pas même si cela a croi-

Elmaleh qui s’appelle La Stagiaire et dont

sé ma vie à un moment donné. Je ne regrette

le tournage est prévu pour l’été. J’aimerais

pas du tout d’avoir fait de la télévision.

également mettre en scène une pièce que j’ai écrite avec Sören Prévost et il y a, bien sûr, la suite de Trois Hommes Dans Un Bateau (Sans Parler Du Chien) qu’on transporte au Petit Montparnasse à partir de Juin.

Peut-être préféreriez-vous faire du cinéma.... Ce n’est pas si simple de faire du cinéma. Plus jeune, j’en ai fait un peu mais j’avoue qu’on ne me propose pas des milliers de choses. On me propose quelquefois des choses qui ne m’intéressent pas. Plus je vieillis et plus j’ai envie de faire des choses lourdes. Si on ne me les propose pas, ce n’est pas grave. Je ne suis pas frustré car j’ai toujours vécu de mon métier. 74



INTERvIEW PREMIERE FOIS

Inoubliable Annette Lampion dans la sitcom Premiers Baisers, Magalie Madison anime la chronique ‘Kids’ dans L’After Dinner sur Demain TV. Elle nous raconte ses premières fois.


MAGALIE MADISON PAR Dine Delcroix / Photos : Franรงois Berthier


Premier souvenir ?

Premier animal de compagnie ?

Une sensation douce : le son ronron-

J’en ai eu pas mal. Mon père aimant

nant et l’image du plafond à l’arrière de

beaucoup les animaux et rentrait sou-

la voiture de mes parents, une Honda Z

vent à la maison avec une bête blessée

orange des années 70.

ou perdue. Nous avions trois chiens : Prince, Idole, Jimmy et mon hamster, Tomy. Aujourd’hui, Maurice, mon chien

Premier métier que tu voulais faire ?

chinois, est un très bon compagnon de route.

Je pense que je changeais d’avis plusieurs fois par jour étant enfant et j’ai mis pas mal de temps à savoir ce que j’avais envie de faire. Tellement de possible devant moi ! Au final, je suis ravie du parcours.

Premier disque acheté ? Je crois que j’ai acheté deux vinyles en même temps : Hotel California par The Eagles et la bande originale de Flas-

Désolé, mais : Premier baiser ?

hdance.

Je m’en souviens très bien : pendant les vacances d’été, avec un certain Grégory, cachés sous une table de ping-pong.

Premier concert ?

J’avais 9 ans.

The Cure à Bercy. La claque !

Premier amour ?

Première voiture ?

Joël Cresson qui a joué avec moi dans la

Une Renault Super 5 d’un bleu très

série.

moche.

Premier chagrin d’amour ?

Premier film culte ?

Facile de deviner...

Dark Crystal sorti en France en 1983 quand j’avais 10 ans. C’est un film d’animation avec un univers fantastique et

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79


magique.

nant ! Aucun repère et marcher sur la muraille... Waou !

Premier livre culte ? Chroniques Martiennes de Ray Bradbury.

Premier péché ? Je ne suis pas catholique alors je ne pèche pas.

Premier prof adoré ? Je dirais la plus extravagante : Madame Mondor, prof de français. Tenue sexy et queue de cheval avec une pointe de

Premier job ? Mannequin enfant à l’âge de 12 ans.

bourgeoisie dans son langage. J’ai aimé ce décalage. Premier vote ? Première cuite ?

En 1995 pour les élections présidentielles.

Pas la première mais la plus grosse : pour mes 25 ans, au champagne. Depuis, je ne peux plus en boire.

Premier sentiment de fierté ? Souvent confondu avec l’orgueil : la fier-

Premier choc dans la vie ? Sûrement pas le premier mais le plus

té. Elle est une satisfaction qui vient du cœur alors oui, mon cœur est fier quand je regarde mon fils grandir.

dur : le suicide de mon ami Philippe.

Premier voyage ? Le grand voyage à 19 ans avec ma mère direction la Chine. Tellement surpre80

MAke up & Hair : Ophélie Secq



PHOTOGRAPHER : RAphael Heymann décors Jonathan herfeld. STYLIST :MARINE SOUQ


Bague LOST en argent JONAS BOWMAN


Robe Daniel Hechter, Serre-tĂŞte Forever 21


Bracelet en argent brossĂŠ LE GRAMME


Collier art déco, ON AURA TOUT VU


Bague THOR, DELPHINE-CHARLOTTE PARMENTIER


Janelle wears Dress Erdem @Colette Shoes & Bracelet Dior -Nicky wears Top Andres Sarda Panties Fifi Chachnil Shoes Fred Marzo -Jess wears Panties Andres Sarda Shoes Giuseppe Zanotti Earrings Chanel


Bague CHARLESTON homme en argent, BOWMAN



Bracelet en cristaux SWAROVSKI, ON AURA TOUT VU


LA FILLE QUI REND BLIND


MARTINA GARCIa La Colombienne,

qui parle un français parfait, a notamment été découverte chez Alejandro González Iñárritu, ou le français Miguel Courtois, et apperçu dans la saison 3 d’homeland, était à Paris pour des rdv pro. Theblindmagazine en a profité pour la shooter et vous la presenter.

photo : françois berthier


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CONTACT & PUB : theblindmagazine@gmail.com


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