OCTOBRE 2015 #23
AaRON
RYN WEAVER / GABRIELLA WRIGHT UNTIL THE RIBBON BRAKES / MISSION CONTROL AMELIE ETASSE / ROCK EN SEINE / PORTFOLIO DEAUVILLE / CAMILLE SOLAL
CONTRIBUTEURS
FONDATEUR, DIRECTEUR DE LA REDACTION, REDACTEUR EN CHEF CINEMA & DIRECTEUR DE LA CREATION FR A NCOIS BERTHIER REDACTEUR EN CHEF, REDACTEUR EN CHEF MUSIQUE DINE DELCROIX RÉDACTRICE EN CHEF BEAUTE & NEWS AUR IA NE BESSON JOUR NALISTES Auriane Besson, Jessy Cot t ineau , Dine Delcroi x, François Berthier, Riyad Cairat, PHOTOGR APHES François Berthier, Patrick Fouque, Florian Saez, Martin Lagardère PRODUCTION Dine Delcroix + François Berthier PHOTO DE COU V’ François Berthier CONTACT R EDACTION/PUB theblindmagazine@gmail.com
The BlindMagazine est édité par la société Ten Feet Under / Tous les textes et photos sont soumis par leurs auteurs qui acceptent leur publication et n’engagent que leur responsabilité.
EDITO #22 Chers lecteurs, chères lectrices, Presque toutes les bonnes choses ont une fin. Nous espérons que avez passé un agréable été avec une coupure idéale, une température digne de vos attentes et des séries estivales à votre goût. Comme le veux la boucle, la farniente s’estompe peu à peu pour laisser place à la frénésie familière de la reprise. En règle général, le mois de Septembre est celui des factures inévitables, du rangement des valises et, pour les moins chanceux, des fournitures scolaires. Dans cette effervescence, TheBlindMagazine est là pour vous permettre de garder un œil sur l’essentiel de l’actualité culturelle de cette rentrée 2015. Entre deux courses, en survolant les programmes télévisés de la rentrée ou après avoir déballé votre nouveau smartphone, offrez-vous une respiration avec ce numéro que nous avons pensé comme un instant de détente indispensable. Nous vous souhaitons une belle rentrée et une bonne lecture !
L’ÉQUIPE THEBLINDMAGAZINE
Septembre / Octobre 2015
16
28
6 Blind Beauty
22 Until the Ribbon Break
12 Shopping
28 Ryn Weaver
14 L’instant Live
38 Blind Truth Elodie Frenck
16 Mission Control
4
42 Rock en Seine
SOMMAIRE
56 88
56 En couverture AaRON
84 Blind Test Camille Solal
64 Portfolio Deauville
88 La fille qui rend Blind Gabriella Wright
76 Interview première fois Amelié Etasse
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BLIND BEAUTY Palette MES INCONTOURNABLES DE PARISIENNE By Caroline de Maigret LANCÔME Muse Lancôme depuis peu, Caroline de Maigret imagine pour la marque une palette qui réunit les essentiels beauté des Parisiennes. Conçu dans un écrin façon carnet de notes, elle y concentre tous les besoins makeup, qui s’appliquent vite et sans effort dans des couleurs chaudes et élégantes. On y trouve 4 fards à paupières aux tonalités automnales, 1 enlumineur pour éclairer et rafraîchir, 3 fards à sourcils pour structurer le regard, 1 blush bois de rose et 2 pinceaux. Pour une mise en beauté rapide, efficace mais pas trop sophistiquée…très «effortless» comme la parisienne ! 80€
Base de Teint L’Or GUERLAIN Pour se chouchouter cet automne, on intègre dans sa routine beauté le primer mythique de Guerlain qui revient cette année dans un nouvel écrin. Composé de feuilles d’or pur 24 carats, ce gel hydratant et lissant prépare la peau avant le maquillage, en réveillant l’éclat naturel et en sublimant le teint. Imperceptible, il lisse les traits et agit comme une membrane longue tenue à la surface de la peau pour une meilleure tenue du make up. 30ml - 60€
6
PHYTO-POUDRE LIBRE SYSLEY La Phyto-Poudre Libre est une poudre sublimatrice impalpable, qui diffuse un halo perfecteur sur la peau et va fixer le maquillage tout en transparence. Le teint est lissé, matifié, le grain de peau est visiblement affiné. Sa texture ultra fine apporte un fini velouté et lumineux sans effet masque tant elle fusionne avec la peau. Le plus ? Elle est enrichie d’actifs soin anti-desséchant grâce à la fleur d’Hibiscus et l’extrait de Mauve, pour préserver la souplesse de la peau. Elle existe en 4 nuances ultra-naturelles pour répondre à toutes les envies : éclat, matité, fini bonne mine ou teint légèrement réchauffé, à vous de choisir ! A porter seul ou après le fond de teint pour une touche finale sublimatrice ! 65 € 4 teintes Disponible à partir du 15 octobre 2015
Beyond Perfecting Fond de Teint Poudre + Correcteur 2 en 1 CLINIQUE
38€ 6 teintes Disponible en octobre 2015
C’est la version poudre et compacte du fameux fond de teint Clinique Beyond Perfecting qui a emballé toute la beautysphère il y a quelques mois ! Un fond de teint qui concilie couvrance, résultat naturel et longue tenue. Sa texture crémeuse contient un mélange de Glycérine, Phytosqualane et beurre de Murummuru, pour plus de confort pour les zones sèches du visage. On aime son fini mat très naturel et son applicateur mousse, modulable selon le niveau de couvrance désiré : une petite éponge futée qui permet même de corriger les petites imperfections de manière ciblée grâce au côté arrondi, pour une retouche rapide à tout moment de la journée. Sans corps gras, sans parfum, il conviendra aux peaux les plus sensibles.
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1.
Après le mimosa en 2014, c’est le jasmin qui inspire cette nouvelle eau de parfum Essences insensées. Le parfumeur Fabrice Pellegrin revisite le « mille feuilles » et a choisi un jasmin très particulier enraciné à Grasse, qui n’est récolté qu’en toute fin de saison, ce qui lui offre une facette fruitée, presque confite. Des notes de fleur d’oranger, et de basilic complètent ce sillage frais et velouté logé dans un très chic flacon signé Waltersperger. On aime sa déclinaison nomade en parfum solide, niché dans un écrin de métal, pour une touche de jasmin à tout moment de la journée.
3.
8
Trois ans après le lancement de la ligne de parfums Replica, Maison Margiela dévoile un nouveau tableau olfactif avec Lipstick On, une fragrance féminine qui nous plonge cette fois dans le Chicago des années 1950. Une parfum qui incarne le glamour et la séduction d’une femme se préparant pour sortir, et capture ce moment de féminité absolue pour en livrer une interprétation moderne et élégante. La Concrète d’Iris, poudrée et aérienne, r en c on tr e les notes mordantes du Galbanum sur un fond de Vanille Bourbon et d’Absolu de Fève Tonka. 2.
Annick Goutal revisite sa ligne de soins Splendide et propose une gamme délicate et raffinée autour de la Rose d’Anjou, dont les pétales recèlent des vertus sensorielles et de puissants actifs. Dans ces nouvelles formules qui apportent soin, éclat et plaisir des sens, on craque sur la crème pour le corps : riche en beurres végétaux de Babassu et Coton, en vitamines C et E et en huiles végétales de Rose Muscat et de Camélia, elle apporte un confort absolu. A appliquer généreusement en massage circulaire pour nourrir et adoucir la peau.
1. Eau de Parfum Essences Insensées, 75ml, 120 € / Parfum solide, 45 €, La collection trente quatre (éditions limitées) - DIPTYQUE 2. Eau de toilette Lipstick On, Replica, 100ml, 85€ (à partir du 1er octobre 2015) - MAISON MARGIELA 3. Crème Splendide Corps, 200ml, 70€ - ANNICK GOUTAL
T S MU VE HA
Lotion de finition CHRISTOPHE ROBIN
Les recettes de grands-mères, c’est encore mieux quand elles sont adaptées à nos temps modernes et à nos modes de vie : le coloriste Christophe Robin réinvente le vinaigre à cheveux, cet élixir aux vertus ancestrales et aux propriétés purifiantes, ré-équilibrantes et apaisantes. Appliqué sur le cuir chevelu et les longueurs, il permet de dissoudre le calcaire, le sébum et autres résidus chimiques. Son pH acide est proche de celui des cheveux dont il referme les écailles et protège la structure. Il empêche même la couleur de dégorger. Quelques pshitts sans rinçage de la racine aux pointes sur une chevelure humide suffisent à la rendre légère, brillante et délicatement parfumée. Sa déclinaison en trois lotions répond à chaque envie et besoin : à l’hibiscus pour fortifier et régénérer les cheveux. A la sauge pour les détoxifier. Ou encore aux fruits pour raviver les crinières blondes. Un produit surdoué à utiliser toute l’année !
rabens Sans pa ones c Sans sili rants o Sans col
200ml - 36€
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SHOPPING Et oui ! les vacances sont finies… souvenez vous quand vous etiez de jeunes et innocents écoliers, vous vouliez faire bonne impression le jour de la rentrée, avec vos vêtements tous neufs … et bien rien n’a changé aujourd’hui, c’est toujours la meme chose, sauf que, ce n’est plus maman ( fan de souliers vernis) qui choisi… bien qu’un vent du passé souffle sur cette rentrée 2015 ! Par Jessy Cotineau
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Summer BLIND
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01 : Palette agenda « mes incontournables de Parisienne » LANCOME. 80Eur. 02 : Nouveau parfum « CHLOE SIGNATURE »50ml, CHLOE, 75Eur. 03 : Chemisier lavaliere, LA REDOUTE, 29Eur. 04 : Sac besace, EDC by ESPRIT, 49,99Eur. 05 : Bracelet Feuille en or, MATY, 129Eur. 06 : Jupe longue en suédine, PRIMARK, 19Eur. 07 : Liqueure de framboises noires, CHAMBORD, 20Eur.
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01 : Chemise motifs oiseaux KAPORAL, 65Eur. 02 : Veste coton mélangé, RIVER ISLAND, 55Eur. 03 : Boots retro, TEXTO, 139Eur. 04 : Pantalon chino, ORIGINAL PENGUIN, 79Eur. 05 : Montre Winston KOMONO, 69Eur. 06 : Sac cartable cuir, DR MARTENS, 170Eur. 07 : Whisky Single Barrel, JACK DANIEL’S, 37,20Eur.
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L’INSTANT Live L’instant LIVE
JEANNE ADDED L’INSTANT LIVE - 28 Août 2015@Parc de Saint-Cloud Par : Dine Delcroix / Photos : Nicolas Joubard son premier album Be Sensational produit par Dan Lévy (moitié de The Dø), Jeanne Added a réussi à placer son nom dans la liste des talents à suivre de très près et à créer un engouement aussi bien critique que commercial. Ses prestations scéniques confirment sa maîtrise de différents styles de rock comme en témoigne son passage remarqué le 28 Août 2015 au Parc de Saint-Cloud pour Rock en Scène.
Avec
DECOUVERTE
THYLACINE
MISSION CONTROL Se réinventer. Tel semble être le leitmotiv de David Hallyday qui a publié en Mars dernier un album sous le nom de groupe Mission Control qu’il forme avec des amis musiciens. Un retour à la musique mais aussi au travail d’équipe que le chanteur a déjà eu l’occasion d’expérimenter avec, cette fois-ci, un contrôle total du projet puisque qu’il a créé son propre label dont Mission Control est la première signature. PAR Dine Delcroix / Photos : DR/Romain Rivière
Comment est née cette envie de revenir au sein
En te lançant dans ce nouveau projet, recher-
d’un groupe 5 ans après ton dernier album solo ?
chais-tu indirectement une forme d’anonymat
J’avais plusieurs stratégies, notamment
artistique ?
celle de créer mon label car cela faisait
Je ne pense pas du tout à ce genre de trucs.
plusieurs années que j’y pensais. Mission
Quand je conçois un projet, c’est plutôt
Control est né d’une volonté de repasser
par rapport au côté créatif et au dévelop-
les frontières, de travailler un petit peu
pement. Tous les groupes ne jouent pas
partout et de ne pas rester seulement à un
dans leurs clip. C’est la musique qui parle
endroit. Je trouve que c’est une bonne fa-
et rien d’autre. Là, je refais un album en
çon de le faire en groupe. J’ai travaillé sur
français pour moi donc il n’y a pas cette
le label et sur l’album dans le but de re-
notion d’effacement, c’est juste un projet
faire un groupe. J’avais le groupe en tête
que j’avais envie de développer.
dans toutes les compositions que j’ai faites. Je me suis basé sur mes expériences étant donné que j’ai déjà eu 3 groupes. L’idée, c’était aussi d’être la première signature de mon label et de pouvoir retrouver cette ambiance de groupe que j’adore. Toute
Dans quelle mesure les autres membres du groupe ont-ils participé au processus de création de l’album ?
la musique qui m’a influencé pendant
Dans la mesure où ils ont mis leur propre
mon adolescence était essentiellement de
touche et qu’ils ont proposé des choses
la musique de groupes. En même temps,
différentes sur des gimmicks. Ils sont ve-
cela permet aux gens de découvrir ou de
nus sur le tard, en fait. L’idée de Mission
redécouvrir une facette de moi et de mon
Control, c’était de faire un projet Open
métier qu’ils ne connaissent pas tous.
Source. Là, j’ai demandé à mes 3 potes de venir jouer avec moi et de faire cet album mais, sur le prochain album de Mission 17
Control, il y aura peut-être d’autres intervenants.
Pourquoi as-tu eu envie de créer ton propre label ? Pour avoir le contrôle sur la manière dont je fais l’album et sur sa distribution. J’avais envie d’aller directement chez le public et
Penses-tu déjà à un deuxième album pour Mission Control ?
de ne pas attendre auprès des radios. Depuis tout petit, je déteste me reposer sur les autres pour faire. Je pense être à un
J’ai déjà commencé à écrire, oui. C’est
moment de ma vie où je suis justement
mon métier (rires).
prêt à prendre le contrôle - sans faire de jeu de mots - de mes créations.
Pourquoi as-tu fait appel à d’autres auteurs pour la majorité des textes de cet album ?
Quel a été l’élément déclencheur pour la création de ce label ?
Parce que je ne suis pas un auteur à la base. Il y a des gens qui le font beaucoup mieux
J’y ai pensé pendant 5 ou 6 ans. Il m’a fal-
que moi. Je me suis toujours limité parce
lu une équipe et une section légale. C’est
que je ne peux pas tout faire. Pendant mes
complexe. Il faut un directeur artistique,
10 ans de carrière solo, c’était un peu le
de l’administration... Il faut que ce soit
seul moyen que j’avais de travailler avec
réfléchi et il faut trouver des gens qui ad-
d’autres artistes et de ne pas être seul tout
hèrent au projet, qui sont disponibles et
le temps. J’aime bien ce travail avec l’Au-
qui ont envie de développer. C’est compli-
teur parce qu’il me donne un retour avec
qué et cela a pris le temps qu’il fallait.
un autre point de vue. Le travail de groupe peut rendre les choses plus incisives. Sur ce disque, j’ai écrit un texte, celui de The Rising. Je l’ai écrit dans l’Eurostar et c’était cool. Je vais peut-être en faire d’autres, on
Quels sont les critères qu’un artiste doit possé-
verra. Il faut que je prenne confiance dans
der pour pouvoir signer avec ton label ?
ma plume. J’y vais petit à petit. Il faut me laisser le temps de faire.
Il faut toucher notre corde sensible. Le talent pour chacun est différent mais il faut que cela nous parle.
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Quel rôle va jouer ton label pour ces artistes ? On va les développer. Le label fera des négociations de licences avec des majors et des gros distributeurs.
le public n’a pas les mêmes oreilles aujourd’hui. Tout le monde change. Ce qui est dur, c’est de retourner en arrière et de se dire « Aujourd’hui, je l’aurais fait différemment... » mais je n’ai pas de regrets. J’ai eu la chance de faire des choses qui ont plu et c’est ce qui compte. Le talent sans l’expérience, c’est compliqué. On ne peut pas tricher sur le temps qui passe. Il y a un
Tu prépares actuellement un album solo avec
côté très ingrat et très injuste dans ce mé-
le label Polydor. Te sens-tu plus étriqué dans le
tier. Ceux qui sont encore là aujourd’hui
fait de travailler avec une maison de disques ?
sont ceux qui ont été suffisamment forts
Non, ils sont franchement cool avec moi. J’ai quand même 27 ans de boite avec Universal Music. J’ai vu pas mal de patrons de labels défiler chez eux. Cela se passe bien
pour se relever à chaque fois mais il y en a beaucoup qui partent en dépression parce qu’ils n’avaient pas l’expérience et la force de caractère pour survivre à tout cela.
parce que j’ai toujours posé un petit peu mes conditions et je suis ainsi toujours arrivé à faire ce que je voulais mais ce n’est quand même pas la même chose. Quand tu es en maison, ce n’est pas toi qui contrôles et tu ne sais pas comment ton album va être présenté. Ils ont d’autres artistes et tu es dans une pile. Si tu n’es pas dans les priorités d’une major, tu as beaucoup moins de chance.
En tant qu’artiste reconnu, que tu penses de cette génération obsédée par la notoriété au détriment de l’art ? C’est mieux si les jeunes sont passionnés par quelque chose. Le fait d’être connu n’arrange pas les problèmes de la vie. Il y a heureusement des jeune qui ont envie d’autre chose et qui savent où ils vont. Ce
En 27 ans de carrière, y a-t-il un album que tu
n’est pas parce que tu te montres à la télé-
regrettes ?
vision tous les jours que cela va marcher. C’est un peu comme au Festival de Cannes
Non, du tout. Ce que j’ai fait a toujours
quand tu montes les marches alors que tu
été en relation avec l’époque. Le gros
n’as rien à avoir le cinéma. Aller à la télé-
problème du compositeur, c’est qu’il évo-
vision pour promouvoir ce que tu fais, oui,
lue très vite. Avec le temps, on s’affine
mais pas pour raconter ta vie.
et on gagne de l’expérience. On ne peut pas écouter les premiers albums avec les mêmes oreilles qu’à l’époque. Même 20
DECOUVERTE
Interview : Dine Delcroix / Photos : Florian Saez
22
UNTIL THE RIBBON BREAKS Tantôt accessible, tantôt expérimentale, la musique de Until The Ribbon Breaks est le fruit d’un mélange des genres artistiques que son leader Peter Lawrie-Winfield affectionne particulièrement. «A Lesson Unlearnt», le premier album du groupe originaire de Cardiff est disponible depuis le début de cette année et a déjà donné des ailes à la bande actuellement en tournée. Nous avons rencontré le frontman.
Comment décrirais-tu ta musique ? Je ne sais pas comment la décrire. Très
L’album s’intitule donc A Lesson Unlearnt. Quelle est donc cette Lesson Désapprise ?
souvent, les gens appellent cela de RnB
J’ai écrit des chansons pour d’autres
mais je ne pense pas que ce soit du RnB.
personnes pendant quelques années et
Manifestement, ce serait de l’eclec-
j’ai fini par m’ennuyer sur le plan créa-
tro-dub. Le site Pitchfork a dit que c’était
tif. J’étais barbé par mes propres idées.
de la pop apocalyptique et cela m’a plu.
La leçon que j’ai voulu désapprendre est
Il y a de la pop car j’ai grandi en écou-
la manière de faire de la musique afin
tant des chansons avec une structure
de pouvoir entamer quelque chose de
classique. J’aime aussi la musique alter-
frais avec de nouveaux instruments et
native donc je suppose que j’essaye de
une nouvelle façon de travailler. Désap-
combiner ces deux genres.
prendre son propre processus pour refaire peau neuve.
En plus d’être le nom du groupe, Until The Ribbon Breaks est aussi le titre d’une chanson qui figure sur l’album. Penses-que tu ce
Est-ce si ennuyeux d’écrire pour les autres ?
premier album aurait pu s’appeler ainsi ?
Cela dépend des personnes avec les-
Une fois que tu as sorti un album éponyme,
projets qui ne m’emballaient pas beau-
tu ne peux pas le refaire une deuxième fois.
coup et la créativité musicale commen-
J’aime trouver les titres et j’adore les mots.
çait à se faire ressentir comme un job.
Un jour, certainement, j’appellerai un al-
C’est la raison pour laquelle j’ai com-
bum Until The Ribbon Breaks.
mencé ce projet pour chasser ce senti-
quelles tu travailles. Je travaillais sur des
ment. Pourtant, je produis actuellement 23
pour d’autres personnes. J’ai simplement dû réapprendre à tomber amoureux de la
Quel ton film préféré de David Lynch ?
musique et de la création.
J’aime Mulholland Drive et Lost Highway
Pourquoi as-tu tenu à composer cet album
(Sailor & Lula).
mais mon préféré reste Wild at Heart
face à un vidéo-projecteur ? Le nom même du groupe a un rapport avec le fait de se sentir nostalgique à propos des cassettes. Certaines personnes aiment les vinyles. Moi, j’écoutais des cassettes quand j’étais enfant et j’ai une certaine nostalgie liée à cet objet. Il était question d’écouter des choses que tu aimes jusqu’à la rupture du ruban. Cela signifiait également pour le moi le ruban des VHS car j’aime aussi les films. Je voulais donc que ce projet soit fait de musique et de films. Avoir un video-projecteur dans le studio m’a permis de m’inspirer de films et pas seulement de ma propre vie. Je voulais écrire sur ce que je voyais. Projeter une image et s’asseoir avec un piano ou un sampler ouvre ton cerveau un peu plus.
Avant de te mettre à la musique, tu as justement étudié le cinéma. Aimerais-tu renouer professionnellement
parlant
avec cet art ? Oui, à 100%. Pendant longtemps, je ne savais pas si j’avais envie de faire de la musique ou du cinéma mais, avec ce projet, j’ai réalisé que je n’avais pas besoin de choisir si je trouvais une bonne manière de combiner les deux arts. J’avoue que je n’ai pas eu la patience de faire des
As-tu projeté des films en particulier pendant
films. Le bon côté de
tes sessions de travail ?
la musique, c’est que
Tout ce qui pouvait contenir de longs passages de mouvements. Cela pouvait aller des films de Terrence Malick à ceux de David Lynch en passant par des documentaires sur la nature ou l’espace. Des choses avec peu de dialogues et de grands panoramas, finalement.
tu peux écrire une chanson excitante, la produire le même jour et en écrire une nouvelle dès le lendemain. À l’inverse, un film peut prendre un ou deux ans avant d’être complètement fini. À la fin, tu finis par le détester. Je me suis amusé à faire des films de skateboarding pour mes amis et à mettre de la musique dessus. Le montage en musique, c’est ce que
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je préfère. J’aime la manière dont les
me donne un sentiment de liberté totale.
images se connectent à la musique. Pourquoi ne réaliserais-tu pas un clip pour ton groupe ?
D’où viennent les influences hip-hop de l’album ?
Je ne sais pas si ce serait vraiment inté-
Plus jeune, je faisais du skateboard avec une
ressant ou alors il faudrait que ce soit un court-métrage qui utilise la musique en tant que bande originale et non un clip à proprement parlé avec le playback de la chanson.
Quelle importance accordes-tu aux textes de
et du punk. C’est là que j’ai pioché toutes les musiques rebelles que ma mère ne voulait pas que j’écoute (rires). Cela a clairement influencé ma manière de composer.
tes chansons ?
Fais-tu toujours du skateboard ?
Je préfère l’écriture du texte à la produc-
Non, j’étais nul ! J’en ai fait pendant 10
tion musicale. La production fait appel à des machines et à des logiciels qui encadrent une construction alors que l’écriture 26
bande de jeunes qui écoutaient du hip-hop
ans mais je n’ai jamais réussi à progresser. J’étais plus apte à filmer mes amis et certains d’entre eux étaient très doués.
Parallèlement à ta propre musique, tu fais
efficaces. Il semble réel et authentique et
également des remixes pour d’autres artistes.
n’a pas l’air d’être limité à un seul son.
Quelle est ton approche d’un bon remix ? Un remix n’est excitant que si on s’approprie complètement le morceau. Du coup, on demande à l’artiste de nous envoyer uniquement la partie vocale et on fait tout pour ne pas prendre connaissance de la chanson originale. Bien sûr, ce n’est pas toujours évident d’échapper à la version originale et ce fut notamment le cas quand on a remixé le tube Royals de Lorde. On essaye en tout cas d’éloigner le morceau autant que possible de sa version originale.
Au fil des concerts, comment a évolué votre rapport à la scène depuis les débuts du groupe ? Au début, j’ai plus ou moins essayé d’éviter le live. Pour moi, c’était plus un projet qu’un groupe, au départ. Au fur et à mesure que les gens entendaient les sons et commençaient à s’impliquer dans le projet, on me conseillait de monter un groupe et de faire des concerts. Du ce fait, ce sont plutôt les autres membres du groupe qui sont responsables des lives. J’étais très nerveux quand nous avons commencé à faire
Connais-tu des artistes français ? J’ai écouté beaucoup de hip-hop français sans vraiment savoir ce que cela valait au niveau du texte étant donné que je ne
des shows et je le suis encore toujours un peu avant de monter sur scène mais je suis aujourd’hui plus confiant sur la manière dont le projet existe en live.
parle pas français (rires). J’ai notamment écouté MC Solaar. Dernièrement, j’ai eu l’occasion de découvrir Stromae au festival Coachella. Sa performance était incroyable et j’ai trouvé ses productions
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RYN WEAVER Avec son premier single OctaHate sorti en Juin 2014, Ryn Weaver est rapidement entrée dans le collimateur de grands noms de l'industrie musicale. Benny Blanco, Michael Angelakos de Passion Pit, Charli XCX ou encore Ryan Tedder de OneRepublic se sont donné le mot pour offrir à la jeune chanteuse The Fool, un premier album aux productions perfectionnées qui est réédité ce mois-ci avec 5 pistes bonus. Interview : Dine Delcroix / Photos : François Berthier
As-tu été bercée par la musique durant ton
des images et qui te font réfléchir à ce
enfance ?
qu’ils racontent.
Oui. Mon papa m’a élevée avec beaucoup de rock&roll californien des années 60 et 70. Cela fait partie de mes fondations. Je suis aussi issue de la génération Britney Spears qui a été marketée pour les filles de mon âge. En grandissant, j’ai com-
Comment as-tu commencé à écrire des chansons ?
mencé à découvrir les choses par moi-
J’ai commencé à écrire des chansons de
même et pas seulement par la radio. C’est
manière un peu décousue. J’ai toujours
là que j’ai pris un tournant alternatif et
plus ou moins fait des chansons dans ma
que j’ai trouvé ma propre musique en ce
tête mais je ne les écrivais pas vraiment.
sens. J’aime beaucoup d’auteurs-compo-
Je marchais plutôt autour de la maison
siteurs féminins avec des textes forts.
en chantant ma vie (rires). En prenant de l’âge, je me suis sentie plus à l’aise avec l’écriture. J’écrivais des poèmes la plupart du temps. Ensuite, j’ai tenté d’écrire des nouvelles lorsque j’étais en Cin-
Quels sont tes auteurs-composteurs préférés ? J’aime Fiona Apple, Joni Mitchell, David Bowie, Kate Bush. J’aime aussi des auteurs littéralement parlant. J’adore également des poètes irlandais comme Oscar Wilde. J’aime les gens qui utilisent 28
quième et j’ai enchaîné avec des chansons.
Quelle est la première chanson que tu as écrite ? C’était une chanson punk-rock intitulée Why. J’étais dans un groupe qui s’appelait The Sparkle Sisters. Nous avions ramassé une guitare sans trop savoir en jouer. J’étais la chanteuse du groupe. J’avais écrit cette chanson et je disais aux autres quoi jouer. Je voulais déjà tout contrôler (rires). Par la suite, le garçon pour qui j’avais écrit cette chanson est venu vers moi et m’a dit qu’il m’aimait mais je l’ai repoussé fortement. J’avais fait l’effort d’écrire la chanson et de parler du mal qu’il m’avait fait mais je n’étais plus intéressée par lui. C’était libérateur (rires).
As-tu eu d’autres groupes après celui-là ? Après The Sparkle Sisters, j’ai eu un groupe de folk nommé Foxxx. Ensuite, j’ai eu un groupe indie-alternative appelé Funs à travers lequel j’ai commencé à faire mes propres trucs et maintenant, je fais ce projet solo.
souhaitait monter son propre label. Il voulait qu’on essaye de faire des choses et voir comment cela pourrait évoluer. Les choses sont sont mises en place assez rapidement et j’ai vite attiré l’attention. Dès lors que son label a signé un accord avec Interscope, j’ai été prise en charge comme une artiste Interscope. C’est un monde très intéressant qui va très vite. Les artistes ont besoin d’être poussés pour accomplir des choses. Sans les professionnels des affaires, les artistes passeraient leurs journées dans la chambre à rêvasser. J’apprends doucement à équilibrer l’entreprise.
Ton premier album s’intitule The Fool. Astu des points communs avec cette figure ? Oui. La carte représente un voyageur qui semble fuir quelque chose. J’ai arrêté l’école, j’ai fui un vieil amour, j’ai déménagé en Californie, j’ai vécu des hauts et des bas sur la côte entre amours et amitiés. Toute cette errance est une sorte de thème sous-jacent à l’album. Personne ne sait où il va mais beaucoup de gens aiment te pointer du doigt lorsque tu es dans une phase de quête et que tu
Comment en es-tu venue à signer avec une
cherches à redéfinir ce que tu es. Le Fou
maison de disques ?
marche hors des sentiers battus et fait ses
Tout a commencé lorsque je me suis liée d’amitié avec le producteur Benny Blanco et que nous nous sommes mis à faire de la musique ensemble. Il m’a dit qu’il 30
choses à sa manière. De ma part, il s’agit peut-être d’une protection ou d’une peur mais c’est ainsi que je me sens. L’album est né de mon histoire d’amour avec une personne qui était nocive pour moi et il
parle de la manière dont je me suis sortie
à ce moment-là et c’est pour ces raisons
de cette histoire pour trouver ma liberté
que j’ai traversé le pays. J’avais envie de
et mon indépendance. J’ai l’impression
culture. Je voulais rencontrer des gens
d’avoir trouvé tout ce que je voulais mais
différents qui croient en des choses dif-
il y a toujours un sentiment qui laisse
férentes. J’avais besoin d’en apprendre
planer le doute. Si je suis sortie avec des
sur moi-même et j’ai réalisé que je ne
personnes terribles, c’est peut-être parce
ressens pas le besoin de n’être qu’une
que je voulais moi-même être terrible. Je
seule chose. Je veux pouvoir faire ce que
ne voulais pas admettre ma peur de l’en-
je veux. Si me réveille demain et que j’ai
gagement. Le concept du Fou soulève
envie de sortir avec «il» ou «elle», je veux
aussi la question de renoncer à quelque
pouvoir le faire. Je ne veux pas me sentir
chose pour avoir plus. Est-ce plus idiot
suffoquer. C’est aussi, je pense, propre à
de vouloir plus que ce que nous avons
une nouvelle génération de femmes. Ma
déjà ou de rester là où nous nous sentons
mère a toujours été mère au foyer, ce qui
en sécurité ?
peut être dur car tu dois financièrement compter sur ton mari. C’est une question d’indépendance. Quand on a les pieds sur terre, c’est difficile de les déraciner, d’alller ailleurs et de voir les choses sous
Joues-tu aux cartes ?
un autre angle. C’est peut-être mon ascendant Verseau qui me met en décalage
Oui etje suis bonne au Poker (rires).
avec les choses. Je ne veux pas m’arrêter d’apprendre à me connaître et de voyager. J’ai envie de passer du temps partout.
Ton album évoque une fuite de la routine. As-tu peur de rester trop longtemps au même endroit ? Oui, je pense. Je crois que j’ai peur de l’engagement à la plupart des nivaux (rires). J’ai été élevée par des parents ado-
Pour cet album, tu as travaillé avec Michael Angelakos du groupe Passion Pit. Comment est née votre collaboration ?
rables et conservateurs qui apprécient les
Benny Blanco voulait travailler avec Mi-
choses simples et qui aiment le monde tel
chael Angelakos depuis un moment. Il lui
qu’il est. Je me suis sentie un peu coin-
a fait écouter ce que je faisais et Michael
cée et incomprise comme un mouton
a dit qu’il aimerait travailler sur le pro-
noir. Plus jeune, je n’ai pas ressenti le
jet. La première fois que je l’ai rencon-
besoin d’être différente de ce que j’étais
tré, c’était via un appel video sur Sykpe. 33
J’avais le béguin pour lui (rires). Nous
vraiment très spécial pour moi avec pour
avons ensuite commencé à travailler en-
message : «Où que nous soyons, nous sa-
semble. Au début, j’étais très timide à
vons que ce que nous avons est réel» mais
l’idée de partager mes idées. C’est inti-
le propos de base me concernait moi et
midant de se retrouver avec de si grands
ma manière de me sentir chez moi. Chez
talents quand tu débutes. Ce n’est pas
moi, c’est là où se trouve mon esprit.
parce que tu crois en toi-même que tu es forcément efficace. J’ai fini par développer une belle amitié avec Michael même si, au départ, je n’arrêtais pas de me focaliser sur son physique (rires). Je connais
Qui est le garçon à qui tu as dédié le titre Pierre ?
chacune de ses chansons par cœur. J’ai
Il s’agit de mon ex petit ami qui est fran-
de la chance de travailler avec quelqu’un
çais. Pierre est un très bel homme que
qui m’a aidée dans les moments diffi-
j’ai rencontré un 4 Juillet. Je l’avais repé-
ciles lorsque j’étais jeune. Sa musique
ré pendant une soirée et j’avais flashé sur
était carrément la bande originale de ma
ses grands yeux bleus. Il avait quelque
dernière année d’études. C’est très sur-
chose de sauvage et nous nous sommes
réaliste. Au fond, quand tu rencontres
beaucoup amusés ensemble. Il a vécu
des artistes, tu réalises qu’ils sont sim-
à Paris et m’a tout raconté sur la ville.
plement de vraies personnes. Les artistes
Nous sommes tombés amoureux très vite.
sont juste des gens.
Il voulait toutefois précipiter les choses entre nous et j’avais justement peur d’aller trop vite.
Sur l’album, on retrouve la chanson Here Is Home qui fait référence au foyer. Quel est le message de ce morceau ? Dans un sens, c’était une chanson d’amour mais, à l’origine, elle parlait de l’époque où j’étais fauchée, que je vivais
34
L’album comprend également ton tube OctaHate qui parle de ta rupture avec une personne qui te tirait vers le bas. Était-ce une décision facile à prendre ?
un peu partout sur le canapé des gens
Non. Chaque relation est différente.
et que je voyageais tout le temps. Je me
C’était un musicien en tournée donc
sentais un peu perdue dans le fait d’al-
j’aurais dû savoir comment cela allait fi-
ler d’un endroit à l’autre. C’est dur de ne
nir (rires). C’était une situation ombragée
pas avoir de racines. La chanson défini-
dans la mesure où il voulait me contrôler.
tive qui est sur l’album aujourd’hui est
J’étais à la maison pendant qu’il faisait
dédiée à l’amour de quelqu’un qui est
ce qu’il voulait à l’extérieur et il arrivait
35
à me convaincre qu’il ne faisait rien. Ce
doivent donner du sens à ce que je fais,
qui me rendait folle, c’est qu’il trouvait
cela me va. Ce qui compte, c’est qu’on
toujours un moyen de retourner la situa-
écoute ma musique. Pour l’anecdote, je
tion contre moi et de me faire passer pour
me souviens du premier article qui a été
une psychopathe. J’ai écrit cette chanson
rédigé à mon sujet et dans lequel j’étais
après avoir rencontré une des filles qu’il
comparée à Beyoncé. Comment est-ce
voyait et avec laquelle je suis devenue
possible ? (rires).
très amie à travers cette situation. J’étais assez abassourdie parce que, jusqu’à un certain stade, je pensais avoir tout gâché et cette chanson a en quelques sortes exorcisé la chose de mon système. Elle a été écrite un an plus tard alors que je ne connaissais pas encore toute la vérité.
En tant que nouveau talent dans l’industrie musicale, y a-t-il des artistes auxquels tu détesterais être comparée ? Je ne pense pas que je détesterais être comparée à qui que ce soit. Chacun a ses références et ses propres points de comparaison en fonction de sa culture. Jusqu’à présent, j’ai été comparée à Lord, Lana Del Rey, Lady Gaga... Fondamentalement, je peux être n’importe quelle femme de l’industrie musicale à laquelle j’ai pu être comparée. Les gens aiment mettre les choses dans des boites. Moi, je ne pense pas pouvoir être enfermée dans une boite mais je ne crois pas que les gens aient encore compris cela car ils n’ont pas toute la gamme de ce dont je suis capable. Les comparaisons ne me dérangent pas car je comprends leur but. 36
Si c’est de cette manière que les gens
THE BLINDTRUTH
ELODIE FRENCK Interview : Dine Delcroix / Photos : François Berthier incarne la secrétaire Marlène Leroix dans Les petits meurtres d’Agatha Christie dont la deuxième saison est actuellement diffusée tous les Vendredi à 20h50 sur France 2. Un rôle qui a valu à l’actrice le prix Jeune espoir féminin au Festival de la fiction TV de La Rochelle en 2013. Nous avons souhaité obtenir quelques « aveux de la part d’Élodie Frenck qui a accepté de nous dire toute la vérité ou presque...
Elle
Lorsque tu te regardes dans la glace le ma-
Si tu devais emporter une seule chose sur une
tin, que te dis-tu ?
île déserte, laquelle serait-ce ?
« Encore elle ! »
Une centrale d’épuration de l’eau.
À qui voulais-tu ressembler quand tu étais
Quelle super héroïne aurais-tu aimé être ?
enfant ? À une adulte.
Fantômette. Elle avançait masquée en costume noir et sautait de toits en toits pour sauver la veuve et l’orphelin.
Si tu avais une baguette magique, que changerais-tu ?
Quel pouvoir magique aimerais-tu avoir ?
Soit je la revends sur Le Bon Coin soit
J’hésite entre la dématérialisation et l’in-
j’éradique la misère dans le monde.
visibilité.
Quel prénom aurais tu-aimé porter ? Un prénom qui fini par A. 38
Que peut-on entendre comme message d’ac-
Que ferais-tu s’il ne te restait que 24 heures
cueil sur ta boite vocale téléphonique ?
à vivre ?
« Salut ! Laissez un message après le bip,
Cette question me terrifie. Je préfère
merci ! ». J’étouffe d’originalité !
passer à la suivante.
Quand et comment as-tu cessé de croire au père Noël ? On ne m’a jamais fait croire au père Noël.
De quelle question aimerais-tu avoir la réponse ? La question précédente.
Que peux-tu me dire de négatif sur toi ? Je ne crois pas à la vie après la mort.
Quel a été ton dernier instant de solitude ? Répondre à ce questionnaire.
Et de positif ? Je crois à la vie pendant la vie.
As-tu menti pendant cet entretien ? Peut-être...
Qui veux-tu épater le plus ? La petite fille que j’étais
40
Par Morgan Le Bervet / Photos : DR
Alors
qu'on pensait cette édition un peu en dessous des précédentes, le festival parisien affiche complet et annonce un record d'affluence inégalé. Les organisateurs, malgré quelques soucis de subventions, ont finalement trouvé une formule efficace pour faire de
Rock En Seine
le rendez-vous estival incontournable avant la rentrée.
Le cru 2015 affichait le thème de la jungle. Le parc de Saint-Cloud devint ainsi un enclos sauvage (mais familial quand même) où les attractions se comptaient par dizaine. À se demander comment trouver le temps de tout voir, tout faire, en essayant de respecter un certain programme préétabli (mais qu'on ne respecte jamais, bien sûr). Toujours à la pointe (certains lui reprocheront ce côté toujours trop « moderne » et confortable, hum), le festival propose, en plus de l'interactivité avec l'application mobile, de payer ses consommations avec son smartphone. Pratique. Et après une semaine de pluie qui rendit le terrain doucement boueux le premier jour, une canicule (jungle oblige) s'abattait sur le domaine pour les trois jours de festivité, ce qui donna quelques sueurs chaudes aux festivaliers. Les conditions parfaites donc.
DAY 1 Assez parlé météo, parlons décibels avec la belle Jeanne Added, nouvelle sensation française qui survole pop, rock, electro et dont l'écrasant tube A War Is Coming résonne sur la Scène de l'Industrie (habillement placée cette année). Belle mise en bouche. Pendant que John Butler Trio égrène ses nombreux tubes « sympathiques » sur la Grande Scène devant un public ravi, on attend impatiemment le petit prodige néerlandais Jacco Gardner et sa pop psychédélique délicate. Une belle manière de passer un moment dans l'herbe sous le soleil couchant même si sa musique n'apporte rien de plus en live. Tout de suite, on fonce assister à la copulation scénique des Sparks et de Franz Ferdinand dont l'enfant légitime se nomme sobrement FFS. Et le couple assure le show, tient la scène, balançant avec classe les classiques des Sparks (This Town Ain't Big Enough For Both Of Us) et les tubes des Franz (Michael, Walk Away, Take Me Out). Le rythme ne retombe jamais. Le guitariste s'offre un bain de foule. Bain de folie.
LE gros dossier du jour, c'est The Offspring. La madeleine de Proust de nombreux festivaliers laissera de marbre votre serviteur (pourtant totalement dans la moyenne 42
ROCK EN SEINE 2015
43
d'âge concernée par le punk bubble-gum '90s).
Contre toute attente, c'est du côté de Fauve trouvera satisfaction. Derniers concerts après une pause (méritée, vu le rythme depuis trois ans). Ils
q u ' o n l o n g u e joueront
vite,
carré, court, efficace. Le débit est frénétique, la foule hystérique. Haut les cœurs. Enfin, direction la très Grande Scène pour les très British Kasabian qui se sont mués au fil des albums et du succès en un véritable rouleau compresseur scénique. Ils n'ont pas peur d'être outranciers ou putassiers et savent manier les setlists avec brio. Le truc qui fait tout : il n'y a que des tubes et des titres efficaces. On se fait balayer par Shoot The Runner et Switchblade Smiles, soulever par Days Are Forgotten ou Fire, caresser par Thick As Thieves et Re-Wired. Totalement allumé, le groupe place habillement des petites reprises clin d'œil au milieu des pépites electro-rock : People Are Strange des Doors ou Praise You de Fatboy Slim, en acoustique. Avec les éternelles et indispensables Club Foot et enfin L.S.F (en rappel), impossible de rester de marbre devant ce cirque rock&roll total ! On finit sur les genoux.
DAY 2 Samedi sera un peu le jour de la gueule de bois musicale. Marina And the Diamonds fait son show chaud sur la Grande Scène mais la fête foraine ne prend pas. Trop de strass, pas assez de morceaux. Stereophonics s'époumonent ensuite, lâchant ses « tubes » poussifs à la voix éraillée. Rien de passionnant non plus. On attend beaucoup plus de l'anomalie du programme : Etienne Daho. C'est en fait très intelligent et malin de la part des organisateurs. Le chanteur français a drainé une grande foule de fans venus spécialement le voir (et l'entendre, oui, arrêtez les vannes injustes). Belle entrée en scène avec Satori Pop Century, magistrale, grandiose. Daho, transgénérationnel, met tout le monde d'accord avec une version acoustique de Week-End à Rome et déroule quelques tubes parfaits (Comme Un Boomerang, Le Premier Jour Du Reste De Ta Vie ou Epaule Tattoo). Pari réussi. Retour au rock. Le crépuscule mordille le jour et la canicule recule. Moment idéal – croit-on – pour assister à un concert d'Interpol. Le quartet new-yorkais « fait le job », sans passion, sans relief. Ça ronronne, ça ronfle. On reste sur l'impression qu'en de-
hors de leur parfait premier album (2002), on s'ennuie ferme. Surement conscient de la chose, le groupe n'en joue pas moins de quatre extraits (dont deux en final). Mouais. On compte donc sur les Libertines, gros évènement du festival, pour raviver la flamme. Les anglais sont à l'heure. Premier frisson, vertiges : Vertigo. Puis Can't Stand Me Now. On chante, on danse, on est heureux de les retrouver. Mais quelque chose cloche. Carl Barat lorgne tout le temps du coté de Doherty, pas rassuré, perdu. Tout est très bancal, mou. Même Boys In The Band n'est plus très excitant. On assiste à la déroute. Pas mauvais, juste une parade molle. Heureusement, le rappel est enlevé (Up The Bracket, I Get Along, Don't Look Back Into The Sun) mais le sentiment amer. Décidément un deuxième jour décevant mais dimanche réservait des surprises…
DAY 3 Tout reposé par la journée ronflante de la veille, votre serviteur se sent d'attaque pour ce dimanche chargé (de musique) et gorgé (de soleil). À vrai dire, on a jamais vu autant de gens nus à Rock En Seine… On dégouline de sueur, de bières et de bonheur. On assiste aux retrouvailles de My Morning Jacket, le groupe s'étant fait rare entre nos frontières depuis longtemps. Et pas de chance, ils subissent une panne électrique au bout de deux chansons qui les oblige à improviser un duo voix / batterie vite laborieux. Jim James se colle au milieu de la foule sur l'avancée scénique, fait l'idiot, attend que cela se passe. On laisse hélas cet excellent combo à ses pitreries alors que sa musique repart pour assister à la tornade Fuzz, un des nombreux groupes ou officie l'omniprésent Ty Segall (à la batterie cette fois). C'est l'avalanche de décibels, de riffs lourds, de solos énervés. Le trio est maquillé en blanc, le chanteur-guitariste porte une somptueuse robe psychédélique. C'est la claque, la mandale. On reprend son souffle sur l'electro-pop de Hot Chip. Mais sous le soleil, la sauce tourne aigre. Over and Over ? On file sous la tente « Découverte Ile-DeFrance » écouter (et voir, nous sommes peu nombreux) les français de Marietta, signés chez Born Bad. Psyché et punk, mélodique et bordélique. Donc parfait. La grande messe du jour est donnée par Tame Impala. Eux donnent plutôt dans la pop mélancolique, planante. Difficile d'entrer dans la bulle de Kevin Parker, de plus en plus loin de nous (grande scène, fatigue, zéro charisme). On en profite pour profiter des herbes du parc Saint-Cloud (d'autres profiteront des
herbes jamaïcaines) pour mieux apprécier quelques beaux moments quand même : Why Won't You Make Up Your Mind ? ou Feels Like We Only Go Backwards. La course dominicale continue car il faut se rendre à l'exact opposé (géographiquement et musicalement parlant) pour assister au gig épuré, lancinant, punk, rageur, linéaire, hoquetant de Parquet Courts. Déjà présents au même endroit il y a 2 ans (même scène, même heure, même jour), les gars de Brooklyn créent toujours la surprise avec leur fausse nonchalance et leur vraie précision. Autre coup de cœur donc. Les oreilles bien décrassées par – enfin – du rock enlevé, le cerveau reptilien de l'auteur n'hésite que peu entre la cérémonie de clôture proposée par les Chemical Brothers et le hip-hop burger de Run The Jewels. D'un côté, un groupe puissant mais déjà dépassé, vu et revu. De l'autre, sur la petite Scène de l'Industrie, la sensation rap la plus excitante du moment. Le choix s'avère judicieux : le concert à taille humaine finit de nous achever. El-P et Killer Mike (250 kilos à deux) parfaitement en phase, savent tenir une scène. Dès Blockbuster Night, Part 1, l'affaire est dans le sac, le braquage musical a eu lieu. Belle façon de finir ces trois jours. Au loin résonnent les derniers beats des frères chimiques et on sent qu'il est temps de rentrer (officieusement, l'auteur ira en fait se caler avec une dernière bouteille de champagne à l'espace VIP en regardant Maïtena Biraben s'éclater backstage).
EN COUVERTURE
50
AARON
5 ans après la sortie de Birds In The Storm, le tandem composé de Simon Buret et Olivier Coursier signe un retour gagnant avec We Cut The Night, un troisième opus teinté de mélancolie sur un fond d’electro. Les deux acolytes sont d’ores et déjà en tournée pour défendre leurs nouvelles chansons à l’obscurité enveloppante et se produiront pour l’occasion sur la scène de l’Olympia le 25 Novembre 2015. Par Dine Delcroix / Photos : François Berthier
ce que tu es. Cela doit être terrible de se retrouver collé à l’envie des autres. Olivier : Surtout que tu vis avec longtemps. Aaron, c’est une histoire qui a commencé il y a près de 10 ans. Que retenez-vous de négatif et de positif de cette décennie passée ? Simon : De négatif, vraiment rien du tout.
Quel regard portez-vous sur vos deux pre-
On est là, on sort notre troisième album,
miers albums ?
on a pris le temps de faire les choses. Les gens ont toujours envie de connaître le travail d’AaRON et c’est ce qui est beau pour nous. Le fait que les gens soient toujours curieux envers notre travail est un vrai cadeau. On a eu une route rêvée pour un groupe de musique. C’est à chaque fois mieux qu’avant. Je suis ravi d’avoir pu rencontrer mon binôme musical. Olivier : Même à travers les trucs négatifs, tu peux transformer les choses et les rendre plus positives. Ce qui est important, c’est qu’on a su préserver notre liberté artistique à tous les points de vue. On a toujours été au plus proche de nos émotions.
Simon : Je suis très fier d’avoir trois albums. J’adore cette idée de trilogie et j’aime bien regarder les pochettes. Après, c’est vrai qu’on écoute pas vraiment nos albums. Je les regarde comme des moments de vie qui sont marqués un peu comme un album photos. Des moments de vie fugitifs et saisis pour en faire de la musique. Je sais ce que chaque chanson veut dire. Olivier : Ce qui est intéressant, c’est que, quand tu as besoin de refaire du live, tu es obligé de te replonger dedans mais avec ce que tu es aujourd’hui. Du coup, le rapport est super intéressant parce que c’est un truc que tu as oublié et que tu te réappropries.
On ne vous impose rien, donc... Simon : Le succès est venu rapidement et les gens nous ont fait confiance donc on a été libre très vite. On a pas eu besoin de faire de concessions et je n’aurais de toute façon pas pu suivre de cette
52
Y a-t-il des choses que vous aimeriez changer dans vos albums précédents ?
manière. Tu ne peux pas créer quelque
Simon : Non parce qu’on a toujours tout
chose et te retrouver dans la concession,
fait tous les deux. On a grandi ensemble
surtout dans la musique où tu partages
dans la technique. Le premier album a
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été fait dans une cuisine. On avait tel-
à l’époque, c’était juste un son qu’il avait
lement pas conscience de ce qu’on fai-
fait. En confrontant les deux, on s’était
sait. Le deuxième est chargé d’envies et
rendu compte que c’était le même prisme
d’ambitions qui étaient autorisées grâce
et qu’on avait les mêmes envies. On avait
au succès du premier. Il est aussi mar-
raconté la même chose sans s’en parler.
qué par la naissance du fils d’Olivier. Sur
C’était très excitant de voir qu’on avait
le troisième, on a trouvé notre place. Ce
envie de faire la même chose. On est donc
troisième album est notre premier album
reparti en studio. Ce troisième album
studio. Je crois aussi qu’on est pas en-
prend beaucoup de place dans ma vie
core assez objectif.
personnelle dans la mesure où je ne l’en-
Olivier : On les prend comme des instants figés qui font partie de ce qu’on était. Même nous en tant que personne, on a changé et évolué.
visage pas comme une continuité mais plutôt comme un vrai premier album. Je crois que c’était aussi un peu notre volonté même dans l’invisible : ne pas faire une suite mais faire ce qu’on voulait librement sans chercher à appartenir à un mouvement musical ou à un style. C’est aussi pour cela qu’on a pris le temps. Un groupe qui a du succès, c’est génial mais
Parallèlement à AaRON, vous avez col-
très intense parce que cela peut t’enfer-
laboré sur d’autres projets. Quel a été le
mer dans quelque chose. D’un coup, il y
déclic qui vous a donné envie de travail-
a des barrières invisibles, des choses qui
ler sur un troisième album ensemble ?
se mettent en place et c’est très dur de
Olivier : C’est d’avoir des choses à dire. D’avoir l’envie de créer de choses, que cela devienne nécessaire et pas juste
passer ses propres limites. Avec Olivier, on ne voulait pas du tout suivre une suite logique sur cet album.
pour faire un album. C’est souvent un morceau qui en amène un autre. Simon : Contrairement au deuxième album qui était très enchaîné, je n’avais
Avez-vous la pression un retour après 4 ans
pas tout de suite la notion du troisième
d’absence ?
album. On faisait simplement de la musique. D’un coup, «Blouson Noir» était là et j’ai eu envie de faire écouter la maquette à Olivier. Olivier avait tout un tapis sonore pour «We Cut The Night» qu’il m’avait envoyé et qui durait 5 minutes. Ce n’était même pas «We Cut The Night»
Olivier : Non, je n’ai pas ressenti de pression. Simon : Je n’ai pas la pression mais une envie, une excitation. C’est la première fois qu’on fait des concerts avant la sortie
d’un album et que les gens découvrent
Avez-vous une méthode de travail spécifique
des musiques en même temps qu’on les
pour ce qui est de l’écriture et de la compo-
joue et j’ai été vachement surpris du lien
sition ?
avec les personnes qui étaient là. Il y a des salles où c’était complet en 20 minutes. C’était dingue de voir que les gens suivent le projet. Les premiers retours des journalistes ont aussi été rassurants.
Simon : Non, pas du tout. Ce qu’on veut, c’est que ce soit une vraie chanson qui tienne en piano-voix. Ensuite, les muscles et les matières sonores s’articulent autour. C’est ce qui nous permet d’être libres quand on joue d’anciens titres sur scène et de pouvoir les refaire d’une manière différente qui nous ressemble
Lequel de vous est susceptible de prendre la grosse tête face à un tel accueil ?
aujourd’hui. On cherche à raconter des moments de vie qui nous ont connectés à quelque chose et on essaye de les
Olivier : Moi, je n’ai pas la grosse tête. En
retranscrire en musique pour créer une
général, ce sont les autres qui te jugent
autre connexion chez l’auditeur.
ainsi parce qu’un jour, tu ne les as pas vus et tu n’as pas dit «bonjour» par exemple. C’est un état d’esprit. Parfois, l’exigence peut être confondue avec la grosse tête aussi.
Olivier : Cela peut venir d’un texte ou d’une mélodie. Un mot peut venir avec un refrain mélodiquement parlant et, ensemble, on va trouver un couplet ou l’inverse, partir d’une rythmique qui va
Simon : Elle n’existe pas, cette grosse
nous évoquer des choses et faire que
tête. Je n’ai jamais compris ce concept
la musique colle parfaitement au texte.
(rires). J’ai déjà croisé des grosses têtes
Pour la composition, on va plutôt se par-
mais elles étaient déjà grosses avant
ler en termes de sensations et d’images
d’être connues. C’est un caractère, en
qu’en termes techniques. Les notes ou
fait. Le côté diva, c’est un tempérament.
les mesures nous intéressent moins.
Cela m’a toujours fait rire. J’ai compris il n’y a pas si longtemps que les gens ont une projection de toi qui est ta chanson. Tu peux être là et faire une télé devant des gens qui hurlent comme tu peux
Ce troisième album est donc un disque sen-
aussi sortir dans la rue, boire ton café et
soriel...
tout le monde s’en fout. Quand tu es sur scène, tu disparais derrière un vecteur d’émotions. Pour moi, cela s’arrête une fois sorti de scène. 56
Simon : On voulait que cet album puisse être écouté à bas volume pour une ambiance sonore et aussi en montant le son pour se mettre à danser. Il y avait ce truc
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du son enveloppant qui attrape les gens et
Visuellement, vos pochettes, vos clips et vos
les sort de leur état physique hypnotique
concerts sont toujours soignés. Est-ce impor-
ou dansant pour les emmener ailleurs.
tant pour vous de soigner l’esthétique ? Olivier : La musique, c’est une porte d’entrée justement vers toutes ces autres disciplines artistiques qui nous inté-
Sur la pochette du disque, vous apparaissez en mouvement, entre deux fonds, imprégnés d’une couverture de survie. Quelle est la signification de cette image ? Simon : C’était l’idée du passe-muraille et de comment tu traverses tes propres murs invisibles pour amener ta musique à toi vers l’Autre, vers l’auditeur. On a travaillé avec un collectif qui s’appelle A4. Cet album a été chapeauté de surréalisme, d’influences de Cocteau et de Bill Viola qui nous ont vraiment marqué à des points précis de la création et c’est vrai que l’idée du passe-muraille nous inté-
ressent vraiment. Notre musique s’est faite à deux de A à Z. Il n’y a vraiment eu aucun intervenant. En toute logique, le reste doit être proche de nous. Simon : C’est important d’entourer, d’envelopper le propos et ne pas juste se laisser porter par d’autres. On adore raconter quelque chose et l’amener ailleurs. Cela n’intéresse pas tout le monde car il y en a qui vont se contenter d’entendre la chanson mais on a cela en nous. Olivier est graphiste à la base. Si on avait plus de temps, je pense qu’on mettrait le nez dans tout.
ressait parce qu’elle sonnait bien avec le titre We Cut The Night avec cette notion de couper la nuit et se relier aux choses. Puis, il y a eu cette idée de la couverture de survie avec cette illusion de l’or et des pépites qu’on peut trouver dans la nuit. Quand tu regardes à la télévision les gens qu’on sauve et qui sont dans la pleine mer ou la haute montagne, il y a toujours cette couverture qui est là. D’un coup, la solitude est coupée et il y a cette pépite qui fait qu’on les voit. La symbolique de l’or et de la pépite, c’est magnifique. Il y a quelque chose de très beau dans la métaphore. On a travaillé là-dessus avec A4 et on en est venu à cette pochette. 58
Comment avez-vous travaillé sur le visuel scénique pour cet album ? Simon : Scéniquement, on a essayé pour le coup d’aller au cœur des choses comme pour trouver son centre à soi. On a essayé de policer les choses et de changer l’espace visuel. On voulait couper un peu l’espace scénique. Depuis toujours, on essaye de pousser les murs avec la lumière pour changer l’espace.
Avez-vous déjà songé à faire appel à d’autres personnes pour vos productions musicales ?
De quoi parle le morceau «2:22» sur ce disque ? Simon : 2:22, c’est une heure et c’est aus-
Olivier : Sur des productions, on ne
si le numéro d’une chambre. C’est un
ressent pas le besoin du tout. Pour les
moment où te relies à l’Autre et tu vois
remixes, c’était intéressant d’avoir une
ce qui reste. C’est une heure magique
autre vision.
et moi j’ai cela avec quelqu’un depuis
Simon : Tout ce qu’on veut dire prend déjà beaucoup de place mai j’ai adoré la
des années. À 2:22, je me reconnecte. La chanson a failli s’appeler Room 222.
vision différente des choses qu’on a pu avoir sur les remixes. D’un coup, on te propose autre chose avec ce que tu as fait. Pour l’instant, il n’y a pas une volonté première pour nous d’aller vers des gens pour notre musique.
Un certain mystère entoure votre œuvre. Estce une chose que vous cultivez ? Olivier : On ne cultive pas le mystère, c’est la musique qui parle.
Avez-vous rencontré une difficulté particulière dans la conception de ce troisième album ? Simon : Le plus dur pour moi, c’était de me dire que je ne voulais pas refaire des choses qu’on avait déjà faites et d’oser s’écouter à 100%. Sur le deuxième album, il y a des trucs qu’on avait pas osé faire même si on les a intégrés au live après
Simon : Il ne faut pas tout donner tout le temps. Il faut laisser de la place au silence. Moi, j’aime bien que les gens prennent leur propre place dans nos chansons. Même dans les clips ou les pochettes, j’essaye de véhiculer un truc qui va faire que cela inspire autre chose, que le terrain créatif soit là et qu’il ouvre la porte sur d’autres choses pour les gens.
mais là, c’était surtout d’aller le plus loin possible sans se mettre de limites. On voulait aller à l’essentiel du sentiment. Olivier : Pour moi, c’était de trouver
Ces dernières années, avez-vous écouté des
l’énergie pour se dire «Vas-y, lâche pas,
artistes qui ont pu influencer votre travail sur
c’est pas encore ça !». Nous sommes tous
ces nouvelles chansons ?
les deux perfectionnistes et particulièrement sur ce troisième album. Il y a des
Olivier : En étant quasiment 15 heures
morceaux qui ont été refaits complète-
par jour voire plus sur l’album, on avait
ment comme We Cut The Night et 2:22.
pas le temps d’écouter des choses. Cela fait même du bien quand on arrête de
voir ce qui est sorti.
faire bien.
Simon : Que ce soit l’exposition de Bill
Olivier : On était pas du tout dans cette
Viola ou le film Only Lovers Left Alive de
démarche pour ce troisième album.
Jim Jarmusch qui m’a retourné la tête, je sais que ces deux trucs ont imprégné quelque chose en moi que j’ai voulu mettre dans l’album. Il y a d’ailleurs un vrai clin d’œil à Bill Viola dans le clip de
Quelle chanson conseillez-vous d’écouter en
«Onassis» avec l’eau.
premier pour découvrir ce nouvel opus ? Simon : Magnetic Road ou Blouson Noir portent en elles le prisme de tout ce qui va se passer derrière. On a d’ailleurs
L’album dégage pourtant un son plus electro... Olivier : Ce qu’on a essayé de faire, c’est d’effacer les sources plus que de se dire qu’on allait faire un album electro. Sur le premier album, il y a des morceaux qui ne sont que electro. Sur ce dernier,
hésité entre les deux quand on a choisi l’ordre des chansons de la tracklist. Olivier : Oui, ce sont les deux premières chansons qui ont été composées pour cet album et, en général, cela donne une idée de ce que va être la suite.
c’est 50/50. On s’est amusé à transformer les sources. Parfois, il y a des sons qui viennent d’une guitare électrique et qu’on peut prendre pour un synthé, par exemple. Là, il n’y a pas de morceaux à la guitare acoustique comme on a pu en avoir sur les autres albums. On a resserré les choses.
L’album est entièrement chanté en anglais. Peut-on s’attendre à des textes en français de votre part sur de futurs projets ? Simon : Oui mais pas pour AaRON ou alors il faudrait trouver le medium et le 62
grooming : camille LUTZ STYLE : MARINE SOUQ
PORTFOLIO
PORTFOLIO DEAUVILLE
TheBlindMagazine était à deauville pour le festival du film américain. Voici un portfolio des meilleures images du photographe François Berthier
ELI ROTH
66
Louise Bourgoin
67
Russell Steinberg
Rachelle Lefevre
JOSH MOND
70
Mickael Almereyda
michael Mees 72
orlando bloom
Stanley Weber
Zoe Cassavettes
Sean Baker
interview PREMIERE FOIS
AMÉLIE ETASSE Fraîchement
recrutée par M6 pour la la série Scènes de Ménages, Amélie Etasse est également l’héroïne de La Loove, une nouvelle web-série qui aborde la trentaine sans détours et avec dérision. Disponible sur Studio 4, la plate-forme de web-séries de France Télévisions, ce programme court est l’occasion de découvrir une facette cachée de la jeune comédienne qui en est également la fière créatrice.
Par Dine Delcroix / Photos : Martin Lagardère
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Premier souvenir ? Instinctivement, je pense à la fois où, toute petite, ma mère m’avait perdue dans les champs de blé, un été, alors qu’on se promenait quelque part en Normandie. C’est un souvenir très vague et un peu cauchemardesque (ma mère va passer pour quoi enfin ?!) qui est certainement très déformé par les années et mon imagination débordante de petite
C’était comme une évidence. Adolescente, j’ai réfléchi à d’autres options moins risquées : intitutrice en maternelle, ethnologue, boulangère à New York ou, plus récemment, professeur de yoga. Je m’imagine souvent tout lâcher pour faire autre chose de ma vie, un métier moins compliqué mais je suis accro à la comédie et chanceuse dans mon métier donc j’y reviens encore et toujours...
fille. Rassurons nous : elle a fini par me retrouver. Il est glauque ce premier souvenir, non ? Il faut que je consulte ?
Premier baiser ? Avec un certain Antoine, 4 ans. C’était en Roumanie sur la scène d’un Club Médi-
Première voiture ? Une Twingo dorée que je partageais avec mon frère. J’avais 21 ans, je venais d’avoir mon permis. J’étais terrorisée à l’idée de conduire (je le suis toujours). Je me de-
terranée au spectacle des enfants sur «Big Bisou» de Carlos. J’étais terriblement directive apparemment et j’avais peur qu’il gâche le «show»... D’un romantisme fou, ce premier baiser ! Pardon, Antoine.
mande encore aujourd hui pourquoi on m’a donné mon permis si facilement, je suis une handicapée du volant ! Par contre, je suis très fidèle à mon scooter. Mon premier était un Vespa perle. Je l’ai gardé 11 ans avec ses autocollants partout et ses bouts de scotch qui faisaient office de cache-misère. «Jamais sans mon scooter», c’est ma devise. C’est une devise un peu pourrie, non ?
Premier amour ? Avec Monsieur G. (pas certaine qu’il ait envie de lire son nom) quand j’avais 16 ans. Un garçon rencontré en colonie de vacances en Corse. On est resté longtemps ensemble. C’était une bien jolie histoire d’amour. J’ai eu de la chance, j’ai été initiée aux relations sentimentales de la plus jolie des manières. On était très jeune mais on s’aimait sincèrement.
Premier métier que tu voulais faire ? Comédienne. J’ai toujours voulu faire cela de ma vie depuis le plus jeune âge. 78
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Premier rapport sexuel ?
bon goût à l’époque…
Avec ce même garçon. Un après-midi d’été en Corse, un certain 14 juillet.
Premier concert ? C’est moins glorieux... Ma mère nous
Premier chagrin d’amour ? Toujours avec lui, je pense. On a tous les deux été triste et désœuvré quand cela s’est terminé. Je ne comprenais rien à ce qui m’arrivait, j’étais traversée par l’amour autant que par le désespoir.
avait emmenés voir Dorothée avec une amie à Bercy. Je devais avoir 6 ans. Je ne me souviens que des Fraises Tagada que j’avais boulotté toute la soirée au point de m’en faire mal au ventre. Désolée pour toi, Dorothée.
Qu’on est con à 18 ans ! Qu’on est con encore à 30...
Premier film culte ? Le Péril Jeune de Cédric Klapisch. Ma
Premier animal de compagnie ? Petite, j’ai supplié mes parents de m’acheter un chien... En vain ! Je n’ai jamais eu d’animal de compagnie mais je suis tata depuis 2 ans de Peewee, le Shiba Inu de mon frère. Un amour de chien qu’il m’avait initialement acheté pour se réconcilier d’une sale dispute. Il l’a finalement gardé et il a bien fait. Je préfère être tata, c’est moins de travail.
mère m’a emmenée le voir au cinéma. J’avais le sentiment qu’elle nous montrait sa vie d’adolescente. J’étais admirative et amoureuse de Romain Duris, je l’avoue. Je suis restée très fidèle aux films de Klapisch. Autre film culte de mon enfance : Dirty Dancing que j’avais regardé avec mes cousines un soir d’été, le nez collée sur la télé. Si jeune et déjà si amoureuse du t-shirt moulant noir de Patrick Swayze !
Premier disque acheté ?
Premier livre culte ?
Je ne sais si c’est mon premier disque
Je me souviens du choc que j’ai eu quand
mais mon premier disque important était l’album One Hot Minute des Red Hot Chilli Peppers. J’avais la sensation d’écouter de la musique de grands ! Du vrai rock ! Aujourd hui encore, je l’écoute avec plaisir et émotion. Me voilà rassurée, j’avais
j’ai lu La Bête Humaine de Zola. Je pensais que les livres qu’ont lisait à l’école ne pourraient jamais me passionner. Je suis tombée amoureuse de l’auteur instantanément. J’ai adoré aussi le livre 81
Flash qui raconte l’histoire d’un mec qui
Étudiante, j’étais vendeuse à mi-temps
plonge un peu malgré lui dans le trafic
chez Maje. J’adorais ce travail parce que
de drogue. À 14 ans, je trouvais cela su-
j’avais des fringues pas chères et des
per cool de toucher à ce point à la drogue
collègues cool. Au bout d’un moment,
et au danger. Ah, l’adolescence...
j’étais obsédée par les vêtements, je voulais tous les avoir. J’ai arrêté parce que j’ai décroché ma première pub. Une au-
Premier prof adoré ? Monsieur Julien, un professeur de fran-
baine : j’allais me transformer en poupée superficielle obsédée par la mode. Merci, la pub !
çais en 4ème qui m’a poussée à lire, à écrire et à voir le français non pas comme une simple matière mais comme une opportunité géniale de se plonger dans la
Premier vote ?
littérature. C’est lui qui m’a fait aimer
C’était pour les présidentielles de 2002,
Zola d’ailleurs.
je pense. Au second tour, entre Chirac et Le Pen, j’ai forcément tout de suite réalisé l’importance de voter même si, je l’avoue, je suis souvent dépassée par la politique et ose demander conseils à mes
Premier choc dans la vie ?
amis qui, eux, s’y connaissent.
La mort d’une amie proche de la famille. Ce genre de mort injuste qui vous fait grandir d’un coup… Bref, passons !
Premier sentiment de fierté ? Le premier, je n’en ai pas la moindre idée mais le dernier, je dirais que c’était il y a
Premier voyage ?
un an quand «La Loove», le programme court que j’ai crée, a été acheté par France
Pas le premier mais le premier que je me
Télévisions. C’était la première fois que
suis payé adolescente : une colonie de
je menais ma barque, que je n’étais pas
Montréal à New York. J’avais tout payé
simplement comédienne mais à la tête
de ma poche. Je me sentais terriblement
d’un projet. Je remercie Vito Ferreri,
fière d’avoir pu gagner quelque peu ma
mon producteur, Clement Vallos, mon
vie. Et puis New York reste New York...
co-auteur et réalisateur et tous les autres qui se reconnaîtront d’avoir plongé avec moi dans cette aventure et ce, dès le dé-
Premier job ? 82
but.
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CAMILLE SOLAL À l’affiche de la pièce Le Tombeur avec Michel Lebb qui s’installera au Théâtre des Nouveautés dès le 24 Septembre 2015 avant de partir en tournée, Camille Solal s’est frotée au BLIND TEST de la rentrée.
Par Dine Delcroix / Photos : François Berthier
Ta Madeleine de Proust ?
La tendance mode que tu détestes ?
Le parfum, les odeurs, les essences, les
Toutes les tendances modes. Tout ce qui
fragrances… Une senteur de chèvre-
est imposé en «must have» car je n’aime
feuille qui, 15 ans plus tard, m’a rappelé
pas qu’on pense pour moi et qu’on m’im-
l’Australie, pays dont j’ai aussi la natio-
pose une norme.
nalité. Le détail chic pour toi ? Le film qui raconte ta vie ?
L’éducation.
Singin’ in the Rain. Ta série du moment ? Ton livre de chevet ?
Royal Pains.
Belle du Seigneur d’Albert Cohen. Ta chanson pour te sentir bien ? Ton secret de beauté ?
Feels Like Heaven d’Urban Cookie Col-
Sourire.
lective.
Ton antistress ?
Ton proverbe fétiche ?
La méditation et la respiration profonde.
En créole de la Réunion : «Ti lamb ti lamb, zoizo i fé le ni» («Petit à petit, l’oi-
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BLIND TEST
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seau fait son nid»).
Le cadeau que tu rêves d’offrir ? Une machine/scanner qui répare tout le
L’insulte que tu préfères ?
corps et la santé en un clin d’œil comme dans Elysium.
«Tu te prends pour qui ?». Libé ou le Le Figaro ? Le compliment qui t’énerve le plus ? Aucun compliment ne m’énerve.
Le pays où tu pourrais immigrer ? L’Australie, of course.
Un autre métier qui t’aurait plu ? Médecin ou Reine.
Qui inviterais-tu à ton dîner idéal ? Amma, l’ancien président de l’Uruguay José Mujica, Beyoncé, Steven Spielberg, Mads Mikkelsen, une équipe de rugby, une équipe de foot américain, des pompiers, des pilotes...
Le défaut que doit avoir une personne pour te séduire ? Se poser beaucoup de questions sur tout et rien. 86
Aucun des deux. L’opinion du quidam au café et l’expérience du terrain.
Le disque que tu as honte d’avoir acheté ? Quelqu’un M’a Dit de Carla Bruni-Sarkozy.
Le talent que tu aimerais avoir ? Parler toutes les langues, tous les dialectes et comprendre n’importe qui.
La question qu’on ne doit pas te poser «La théorie des Cordes est-elle une hypothèse optimiste ou un postulat réaliste ?».
LA FILLE QUI REND BLIND
Gabriella Wright photo : franรงois berthier
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La fantastique Gabriella, qui parle un français parfait, est actuellement au cinéma dans le reboot du transporteur. Voilà on fera pas de jeu de mot pour dire qu’elle nous transporte. ah bah si on vient de le faire.
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