#26 3

Page 1

JANVIER / FEVRIER 2016 #26

PORtfolio BERLIN 2016

Vincent dedienne Photographié par François Berthier

Julie de bona / Frederic bouraly / Bessa / chloe lambert / joy Esther / KING CHARLES / Yanis


CONTRIBUTEURS

FONDATEUR, DIRECTEUR DE LA REDACTION, REDACTEUR EN CHEF CINEMA & DIRECTEUR DE LA CREATION FR A NCOIS BERTHIER REDACTEUR EN CHEF, REDACTEUR EN CHEF MUSIQUE DINE DELCROIX RÉDACTRICE EN CHEF BEAUTE AUR IA NE BESSON JOURNALISTES Auriane Besson, Jessy Cot t ineau , Dine Delcroi x, François Berthier, Riyad Cairat, PHOTOGRAPHES François Berthier, Florian Fromentin, Martin Lagardère Vanessa Moselle. PRODUCTION PHOTO Dine Delcroix + François Berthier PHOTO DE COU V’ François Berthier CONTACT R EDACTION/PUB theblindmagazine@gmail.com Merci à A&K Communication, Laura Strauss, Karolyne Leibovici, Matthieu Derrien, Anne Pourbaix, et les autres...

The BlindMagazine est édité par la société Ten Feet Under / Tous les textes et photos sont soumis par leurs auteurs qui acceptent leur publication et n’engagent que leur responsabilité.


EDITO #26 Cheres lectrices, chères lecteur

Février : mois redouté tant par le frileux que par les artistes puisqu’il accueille les importantes cérémonies de la musique (Brit Awards, Grammy Awards) et du cinéma (les Oscars, les César). À lui seul, ce court mois décide de ce que sera l’année de ces deux industries. Plus long cette année que les précédentes, Février est également le mois du fameux Festival International du Film de Berlin que nous avons souhaité mettre à l’honneur dans ce numéro par le biais d’un portfolio exclusif réunissant les meilleures photos des célébrités que nous avons eu le plaisir de croiser durant cette 66e Berlinale. Enfin et sans réelle introduction parce qu’il n’y a pas de bonne formule pour parler de ces choses-­là, nous tenions par ces quelques lignes et en toute simplicité à dire « au revoir » à David Bowie, un artiste aux nombreux visages qui était une véritable légende vivante avant de s’en aller vers d’autres cieux. Nous n’aurions pas assez d’une vie pour raconter celle de l’homme inspirant qu’il était mais nous retiendrons sa carrière immensément riche d’une discographie et d’une filmographie qui ne seront jamais égalées. Très bonne lecture à toutess et à tous et rendez­vous le mois prochain.

L’équipe TheBlindMagzine


Février 2016

22

32

6 Blind Beauty

22 Chloé Lambert

8 BlindStyle

32

12 L’instant Live 14 Bessa

4

Frederic Bouraly 42 Blind Truth King Charles


SOMMAIRE

66 88

46 Joy Esther 66 Portfolio Berlin 80 Interview première fois Vincent Dedienne

88 Blind Test Yanis 100 Beauté 104 Mode 116 La fille qui rend Blind Julie De Bona

5


BLIND BEAUTY FACE PALETTE COLLECTOR GYPSY OPALE YVES SAINT LAURENT BEAUTE Le printemps arrive et l’éclat, la fraîcheur et le naturel se substituent à un teint hyper travaillé aux multiples reflets. Pour ce faire, la maison YSL propose dans ce bel écrin rose, une nouvelle palette correctrice et illuminatrice. On y trouve quatre couleurs conçues pour corriger les imperfections de tous les types de peau : un soupçon de vert clair pour ôter les rougeurs. Un violet tout en douceur pour illuminer. Un élan de rose pour créer une fraîcheur rosée. Une touche d’or pour donner un éclat tout en subtilité. Au final, un teint frais et printanier hyper naturel. Toutes les nuances peuvent aussi être utilisées ensemble avec un pinceau duo-fibre, pour appliquer juste un voile de produit, pour un fini frais mais sophistiqué. 49 €

Synchro Skin Teint Fluide Haute Tenue SHISEIDO Impalpable, ton sur ton et surtout confondant de naturel, le dernier né chez Shiseido simule une peau parfaite grâce à ses pigments hybrides, sa texture fusionnelle et ses polymères nouvelle génération qui vont permettre une longue tenue, contrôler les excès de sébum et accentuer le glow du visage. Ce fond de teint au fini poudré se décline en teintes rose, neutre et gold, elles-mêmes déclinées en différentes intensités pour s’adapter au mieux à toutes les carnations. Dispose en plus d’un SPF, non négligeable ! Disponibles dans les boutiques Marionnaud 30ml - 45€

6


MUST E V A H

Mister Radiant GIVENCHY On connaissait le Mister Radiant Bronzer, ce gel lumineux et hydratant à l’effet bonne mine immédiat. Le petit nouveau est le Mister Radiant Primer : une version inédite pour les peaux claires ! Ses billes teintées éclatent sous les doigts pour diffuser un léger hâle lumineux.Riche en agents hydratants, composé à 75% d’eau gélifiée, on l’utilise façon massage facial. La sensation de fraicheur est instantanée, le visage est assouplit, préparé pour le make up. Et une troisième version est proposée : le Mister Radiant Blush, qui concentre des billes rosées pour une bonne mine vivifiée. Pour une application plus uniforme, déposez le gel d’abord sur le dos de la main afin de briser les billes et révéler la couleur, puis diffusez en massant les pommettes. So fresh !

Collections «Les saisons» Mister Radiant Bronzer - 39€ Mister Radiant Primer - 39€ Mister Radiant Blush - 34€

ILLUSION D’OMBRE CHANEL La fameuse gamme d’ombres à paupière s’agrandit avec pour ce printemps 3 nouvelles teintes sublimes et toujours aussi lumineuses : un beige rosé Moonlight Pink, un vert ardent aux reflets subtilement dorés Griffith Green, et le bleu très intense Ocean Light. On aime la texture aussi soyeuse que de la soie, et au fini poudré qui se travaille ultra aisément tant elle glisse sur la paupière. La tenue est excellente, l’intensité modulable, l’application est rapide et efficace. A utiliser en aplat comme «fard» ou en liner avec un pinceau biseauté. Collection L.A. SUNRISE 31€

7


BLIND STYLE Que

vous ayez l’ame romantique d’une petit guimauve à l’ancienne dans un champs de fleurs, ou que vous ayez autant de sensibilité et de maitrise de l’art de parler aux femme que BOOBA, vous ne pourrez pas échapper à la vague de romantisme planant de ce début d’année…. Voici le petit meltinpot des coups de coeur de la rédaction.

Par Jessy Cottineau

1.

2.

3.

4.


Pouer Ell

5.

6.

1. Thé noir aux épices, Sweet Love, KUSMI TEA - 26,50€ 2. Collier sautoir Warm, CALVIN KLEIN - 130€ 3. Boots cuir St Valentin, DR MARTENS - 155€ 4. Bague plaqué or rose, MATY - 39€ 5. Parure lingerie plumetis, DARJEELING - 70€ 6. Bougie parfumée, ESTEBAN - 32€

9


BLIND STYLE

Pouri Lu

1.

2.

3.


4.

6.

1. Vélo Commuter, CANYON - 749€ 2. Bracelet cuir lézard et diamands, DANDY CHIC - 2915€ 3. Sac à dos Superb Padded Pak’r, EASTPAK - 76€ 4. Montre acier, LOTUS - 129€ 5. Combinaion Marius, ONE PIECE - 179€ 6. Pulle mariniere coton, GANT - 109€

5.


L’INSTANT Live L’instant LIVE Sterophonics s’est produit sur la scène parisienne de l’Olympia le 26 Janvier 2016 dans le cadre de son Keep The Village Alive Tour. En grande forme, les quatre rockeurs gallois dont le dernier concert en France remonte à l’édition 2015 dE Rock en Seine ont comblé leur public français par une généreuse setlist qui faisait la part belle à Keep The Village Alive, leur neuvième album studio paru le 11 septembre 2015, mais aussi aux tubes qui ont marqué leur carrière, proposés pour l’occasion dans des orchestrations efficacement actualisées.

Par Dine Delcroix / Photos : Wallendorff



DECOUVERTE

BESSA Une

soif d’ouverture, une écriture intimiste aux accents mélancoliques, des compositions poignantes et une voix qui raconte des choses au-delà des mots. Voilà une manière de décrire Bessa. Une manière parmi d’autres car il s’agit là d’une artiste à part comme en témoigne son premier EP paru le 15 janvier 2016 en attendant un album déjà en préparation. Elle sera sur la scène parisienne de la Flèche d’or le 18 mars 2016.

PAR Dine Delcroix / Photos : NICOLAS LARRIERE


15


Tu as grandi dans le Sud de la France. Est-

Ce départ s’est-il avéré culturellement fruc-

ce un détail significatif de ton tempérament ?

tueux ?

Oui, par la force des choses. J’ai baigné

Oui. Je crois que j’avais besoin d’être

dans un certain univers avec des gens

plongée dans ce que je pensais être le vif

qui sont nés là-bas et qui sont un petit

du sujet. J’ai fait beaucoup de belles ren-

peu différents. Chez moi, on crie beau-

contres. Il y a eu énormément de musi-

coup et, en même temps, on s’adore.

ciens et d’artistes en général qui avaient

Il y a un côté très théâtrale des rela-

vécu la même chose quelques années

tions dans le sens où tout le monde parle

avant et qui m’ont ouvert les bras quand

en même temps, à voix haute et avec les

je suis arrivée. C’était très agréable.

mains.

Parmi ces rencontres, certaines ont-elles Comment as-tu vécu la transition entre la province et la capitale ?

été particulièrement décisives ? Je pense que toutes les rencontres ont un

Elle s’est faite de manière un peu bru-

sens et, même si elles n’aboutissent pas

tale. J’ai décidé, du jour au lendemain,

forcément à de longues relations, elles

d’aller à Paris parce que je me sentais

ont un impact sur le chemin qui est le

culturellement en manque de matière

nôtre. Du coup, ces rencontres-là ont

et j’étais confrontée à des gens qui n’al-

forcément compté. On ne sait pas trop

laient pas forcément au même rythme

où l’on va mais je pense que tout est bien

que moi ou qui n’avaient pas les mêmes

articulé.

envies. J’avais envie d’avancer et de faire beaucoup de choses. Je pense que la ville de Marseille a beaucoup changé depuis qu’elle a été élue Capitale européenne de la culture en 2013 mais c’est vrai qu’il y a 7 ans, c’était assez vide le soir, en hiver. Avant de t’orienter vers la musique, tu as avais opté pour une voie sportive. Quels sont les sports que tu pratiquais ? J’ai effectivement fait une fac de sport. 16

J’ai toujours eu un amour pour le sport


17


en général. J’ai fait beaucoup de gym-

Comment en es-tu venue à signer un contrat

nastique et j’ai énormément couru à un

d’artiste ?

moment donné, quasiment 1h30 tous les soirs pendant plus de 3 mois. Dans le Sud, il y a une espèce de culte du corps qui est différente par rapport à Paris. Là-bas, les gens ont peut-être plus de temps pour le sport. Je fais de la natation et beaucoup de yoga aussi.

Je travaillais avec quelqu’un il y a trois ou quatre ans mais je ne mettais pas encore mes mains sur l’ordinateur et je ne savais pas jouer de la guitare. Au bout d’un moment, j’étais trop frustrée alors j’ai investi dans un ordinateur et je me suis dit que j’allais tout apprendre en autodidacte parce que je n’avais jamais fait de musique avant ou, en tout cas, plus naïvement. Du coup, je suis restée enfermée chez moi pendant un an et j’ai composé une quinzaine de titres. J’ai fait un pre-

Cette pratique du sport a-t-elle influencé ton

mier titre qui s’appelle La Pluie et qui est

approche de la musique ?

sur l’EP puis je l’ai mis sur YouTube et cela a fait une sorte de buzz interne im-

Pendant longtemps, je crois que j’ai en-

pactant des auditeurs dont des profes-

visagé la musique comme une chose

sionnels. Du coup, j’ai fait quelques petit

cérébrale et, aujourd’hui, j’ai envie de

concerts puis des gens du label Capitol

faire le lien entre le corps et la musique.

chez Universal Music sont venus me voir.

Le fait de travailler chez soi sur un or-

Ils étaient très intéressés et ils m’ont pro-

dinateur n’est pas très physique mais le

posé de signer un contrat.

live réconcilie la musique avec le corps. Si on a pas les pieds vraiment ancrés, la connexion ne peut pas réellement se faire. Il faut savoir lâcher les mouvements qui sont les nôtres car cela fait intimement partie d’une entité artistique. Laisser aller le corps aide à faire circuler

Pourquoi as-tu choisi Bessa comme nom

la musique dans une salle.

d’artiste ? C’est une partie de mon nom de famille. C’est venu il y a longtemps et c’est resté ainsi. J’y trouvais quelque chose d’exotique.

18



Une certaine mélancolie se dégage de tes

Parallèlement à la sortie de ton EP, tu es

chansons. Es-tu de nature mélancolique ?

également présente sur la compilation Ba-

J’aime mieux « contemplative ». J’ai une part de mélancolie mais je ne suis pas non plus quelqu’un de triste. Peut-être que j’étais un peu plus triste au moment où j’ai fait l’EP mais les choses ont chan-

lavoine(s) parue en Janvier 2016 en hommage à Daniel Balavoine sur laquelle tu interpètes sa chanson Partir Avant Les Miens. Pourquoi as-tu choisi de reprendre ce titre ?

gé depuis. J’ai enregistré mes chansons à

Ce n’est pas un artiste que je connais-

deux reprises parce que je m’étais écartée

sais vraiment et du coup, c’était hy-

du côté intime que je pouvais avoir dans

per agréable de le découvrir vraiment,

ma chambre lors du premier enregistre-

d’aller l’écouter et de voir quel homme

ment donc j’ai dû tout refaire. Durant

formidable il était. De nos jours, peu de

cette période, il y avait pas mal de ques-

gens sont capables de faire ce qu’il a fait.

tionnements et la mélancolie s’exprimait.

Je trouvais cette chanson hyper prophétique et c’est fou qu’il l’ait écrite 3 ans avant de mourir en disant qu’il veut partir avant les siens. J’étais allée au Mexique 3 ans plus tôt et j’avis assisté à un enterrement dans la rue qui se déroulait différemment de ce qu’on peut connaître.

Les œuvres qui te touchent en général sont-

De même, on sait que les égyptiens pas-

elles nécessairement tristes ?

saient leur vie à préparer leur mort. Du

J’aime bien me poser, regarder les choses comme des tableaux. Peut-être que cela s’inscrit dans une mélancolie, je ne sais pas…

Comment te définit ton entourage ? C’est difficile comme question... J’ai une amie qui pense que je fais beaucoup le clown. On trouve aussi que j’ai l’humour pince-sans-rire. 20

coup, j’avais envie de partir à contrepieds et de parler de la mort dans un état plus joyeux, comme d’une célébration. J’ai fait ce que je sentais.



CHLOE LAMBERT Chloé Lambert

côtoie les tournages et les planches avec une passion inspirante et une envergure inspirée. Depuis le 8 janvier 2016, elle tient l’un des rôles principaux de La médiation au Théâtre de poche montparnasse, une pièce sur l’amour et le désamour qu’elle a écrite et dont elle a confié la mise en scène au comédien Julien Boisselier.

PAR Dine Delcroix / Photos : François Berthier


23


À quand remonte ta première impulsion de

Tu as fait plus de théâtre que de cinéma ou de té-

comédienne ?

lévision. Le théâtre est-il pour toi une priorité ?

C’est venu en deux fois. Une fois vers

Pour moi, c’était tellement évident !

l’âge de 11 ou 12 ans à l’école alors que je

J’avais davantage confiance en moi et je

devais dire un poème et une fois à l’âge

comprenais mieux quand on me disait de

de 19 ans lorsque je suis vraiment passée

venir avec un texte dont je connaissais

à l’action.

toute la pièce qu’avec un bout d’essai devant une caméra pour un casting… J’ai pourtant adoré tourner dans des films mais il y a un côté artisanal au théâtre qui était plus clair pour moi que la fabri-

Quand as-tu décidé de faire de la comédie

cation d’un film qui me passionne aussi

ton métier ?

maintenant et que je comprends mieux.

C’est ce que je voulais faire mais j’en avais seulement l’idée de ce que je voyais quand j’allais au théâtre, c’est à dire un texte, des acteurs et des lumières. J’étais dans un désir très fou, très physique, lié à la langue, au corps, à l’espace,

Tu as joué aussi bien dans des pièces classiques que contemporaines. As-tu un registre fétiche ?

aux plateaux. Je voyais beaucoup de

Non. C’est différent. J’ai participé à des

films quand j’étais jeune et les actrices

créations formidables et j’ai rencontré

me faisaient rêver mais je me voyais plu-

des auteurs qui sont devenus de très

tôt sur scène. C’était très concret. Je

bons amis. Les textes classiques ont une

n’étais peut-être pas très réaliste. Heu-

musicalité. Je ne ferai pas de choix. Les

reusement, j’ai commencé à travailler as-

auteurs se nourrissent entre eux. J’aime

sez tôt après avoir été repérée à l’école

passer d’un registre à l’autre.

où j’étais et j’ai découvert le métier petit à petit.

Tu es actuellement sur les planches du Théâtre de Poche Montparnasse pour la Quel est ton premier amour artistique ? J’ai fait du modelage pendant un moment (rires).

pièce La médiation que tu as écrite. Comment s’est monté ce projet ? Je travaillais sur l’écriture d’un long métrage que j’aimerais réaliser. Le distribu-

24


25


26


teur s’est malheureusement retiré deux mois avant le tournage alors j’ai un peu laissé tomber pour faire cette pièce que j’avais très envie d’écrire.

Crois-tu en l’utilité des médiations ? La médiation, c’est une des inventions de notre civilisation pour lutter contre la violence. Après, c’est comme parler de la psychanalyse en ce sens que cela dépend des gens et du psychologue qu’on va consulter… Dans tous ces métiers, il y a des écoles

Combien de temps s’est écoulé entre le début de l’écriture et la première représentation ?

et des manières de faire. Dans ma pièce, j’ai choisi un cadre où les médiatrices se disent neutres et ne veulent pas trop intervenir.

J’ai travaillé sur l’écriture une première

Je trouve que le cadre lui-même permet

fois, j’ai laissé tombé 6 mois puis, j’y suis

quelque chose. Le fait d’avoir un lieu pour

revenue et j’ai terminé en 2 mois. Après,

vider son sac, pour poser certaines ques-

on a trouvé un théâtre assez vite. Tout

tions et d’avoir aussi un retour sur ce dans

cela s’est passé en un an et demi, ce qui

quoi on est permet d’avancer. La média-

est quand-même très rapide.

tion permet aussi d’avoir un peu plus de temps, d’avoir moins de frais d’avocat et de trouver une solution qui correspond à l’enfant, à son âge et à la situation de ses parents. C’est un processus de dialogue.

Comment t’es venue l’idée d’écrire à propos

Ce sont des métiers où tout le monde n’est

d’une médiation dans le couple ?

pas capable de susciter un accord. On

J’ai eu des enfants, j’ai fait une séance de

l’histoire des gens qu’on écoute, un peu

médiation pour des raisons qui ne sont

comme les médiatrices de la pièce.

peut soi-même se prendre les pieds dans

pas exactement celles de la pièce et j’en suis sortie en me distant que c’était un système hallucinant et un cadre théâtral. Cela m’a trotté dans la tête pendant un certain temps. J’ai parlé de cette idée au

As-tu puisé dans ton propre vécu pour étoffer

producteur et il m’a dit « fais-le ! ». J’ai

l’écriture de la pièce ?

commencé à écrire dès le lendemain avec l’envie d’en faire un peu une comédie.

Oui et même plus que je ne croyais. J’ai

Je voulais partir d’un rire un peu parti-

pris quelques anecdotes du fait d’être

culier.

devenue mère. Je suis d’ailleurs frappée de voir que la pièce parle très bien à des gens ne sont pas séparés. Il est juste question de ne pas être d’accord, de ne 27


plus se comprendre et d’être trois. J’ai

L’enfant de la pièce est petit. On a sa pré-

quelques idées que je peux situer très

sence et son évocation physique mais on

vite dans ma vie mais, finalement, la mé-

ne connaît pas sa réflexion. Je voulais

canique de la pièce, tout ce que j’ai ar-

que ce soit un petit enfant parce que je

ticulé avec les médiatrices, la mise en

voulais parler aussi du choc. Il y a beau-

abyme que j’ai voulu créer et les ques-

coup de couples qui se séparent après

tions qui se posent sur la famille et les

la naissance d’un enfant. En ayant eu un

parents viennent de choses qui ne sont

enfant, j’ai eu quelques idées du pour-

pas vraiment conscientes.

quoi. Le fait d’avoir un enfant fait bouger l’identité des parents et c’est très compliqué de passer ce stade à deux.

Selon toi, lorsqu’un couple bat de l’aile, quel comportement devrait-il adopter pour éviter la séparation ? Moi, je suis pour que personne ne prenne de

Comment en es-tu venue à confier la mise en scène de la pièce à Julien Boisselier ?

décision pendant un an. C’est comme si on

Je jouais avec Julien en tournée dans la

traversait une tempête identitaire intime.

pièce Zelda & Scott. Pendant la tournée, on s’est parlé dans une pizzeria et je lui ai dit que j’avais commencé à écrire La Médiation. Grâce à notre conversation dans cette pizzeria sinistre, je me suis re-

Les adultes de la pièce sont-ils des enfants, à

mise à l’écriture dès le lendemain. Plus

leur manière ?

tard et toujours pendant la tournée, je lui ai fait lire ce que j’avais écrit et il a

Oui, complètement. Chacun régresse un

trouvé cela super. Il s’est proposé pour la

peu dans ce lieu. J’ai voulu appeler la

mise en scène. On s’est alors mis à cher-

pièce La médiation parce que c’est un

cher des acteurs. L’acteur qu’on voulait

cadre où on rejoue des histoires avec un

tous les deux n’était pas disponible au

côté psychodrame.

moment où on pouvait avoir le théâtre. C’est là que j’ai demandé à Julien de jouer dans la pièce. Lui, de son côté, me voyait également dedans et il a fini par me convaincre de jouer aussi. On s’est

Pourquoi as-tu choisi de ne pas intégrer le point de vue de l’enfant sur cette médiation dans la pièce ? 28

auto-choisi l’un et l’autre (rires).



Penses-tu que tu aurais pu mettre en scène

Y a-t-il une difficulté dans le fait de jouer

toi-même la pièce ?

dans une pièce que tu as écrite ?

Je ne sais pas… Je n’ai pas voulu le faire.

J’avais peur mais j’ai fini par trouver

Soit je jouais, soit je mettais en scène.

cela vraiment passionnant et j’ai ap-

Aussi, la proposition de Julien Boisselier

pris énormément de choses, y compris

m’a séduite. J’ai adoré ses idées de dé-

sur la matière elle-même. J’ai adoré voir

cors, de costumes, de musiques… Il était

les choses s’incarner et j’ai aussi aimé

assisté de Morgan Perez qui a apporté

pouvoir aider parfois en expliquant les

beaucoup de choses à la mise en scène.

personnages parce qu’on s’attache aux personnes qu’on décrit ou aux situations. C’est comme une partition dont on connaît le rythme et, dans une comédie, cela joue beaucoup. D’ailleurs, une des difficultés

As-tu été contrainte de faire des concessions

dans le travail était d’arriver tous à une cho-

sur certaines de tes idées originales ?

rale où chacun serait au bon tempo pour accueillir la réplique de l’autre et la relan-

Aucune ! Je suis reconnaissante envers

cer. C’était passionnant !

Julien qui a mis en scène la pièce et envers Philippe Tesson, le directeur du théâtre qui a choisi la pièce. Ils ont vraiment soutenu le projet et j’ai eu l’impression qu’on avait accepté de tout travailler.

As-tu des projets après La médiation ? J’ai un projet de mini-série avec Eloïse Lang qui a co-écrit Conasse sur Canal+. Ce serait un format court de 6 minutes. On a un producteur et on va tourner bientôt les premiers épisodes. Je vais y jouer et

Comment as-tu trouvé les deux autres comé-

Eloïse va réaliser. J’ai aussi un autre pro-

diennes de la pièce ?

jet d’écriture dans le théâtre...

Un ami m’a parlé de Raphaëlle Goupilleau pour le rôle d’Isabelle, la médiatrice, et j’ai tout de suite trouvé l’idée formidable parce que je l’avais déjà vue au théâtre et que je l’adorais. Ophelia Kolb, qui joue Jeanne, a le même agent que moi. J’avais vu sa photo et quand elle est arrivée à l’audition pour le rôle, on l’a tout de suite choisie avec Julien. 30



DECOUVERTE


FRÉDÉRIC BOURALY

S’il campe l’attachant personnage de José dans la série Scènes de ménages sur M6 depuis 7 ans, Frédéric Bouraly ne lésine pas sur les projets parallèles. Il est actuellement de retour sur les planches dans Conseil de famille au Théâtre de la Renaissance jusqu’au 11 mars 2016, une pièce drôle en diable qui partira en tournée dès le mois de janvier 2017. Par ailleurs, il sera l’un des premiers rôles du téléfilm Mystère à l’opéra qui sera prochainement diffusé sur France 2 et on le retrouvera également au casting de la deuxième Par Dine Delcroix / Photos : Martin Lagardere


Qu’est-ce qui a fait naître chez vous l’envie

En 1984, vous avez mis en scène la pièce Les

d’être comédien ?

Deux Timides. Aimeriez-vous refaire de la

Je dois tout à l’éducation nationale car je

mise en scène ?

suis d’un milieu pas du tout intellectuel.

Bien sûr ! Je n’ai simplement pas eu l’oc-

Mes parents étaient ouvriers. J’ai rencon-

casion. Je touche du bois mais il se trouve

tré le professeur de français qui m’a ini-

que je travaille beaucoup. De même, les

tié à la littérature et la littérature m’a initié

metteurs en scène avec lesquels j’ai pu

au théâtre… Comme j’étais extrêmement

travailler, que ce soit au théâtre ou de-

timide, j’ai eu envie de me mettre en dan-

vant la caméra, m’ont beaucoup apporté

ger, donc sur scène. J’ai lu beaucoup de

donc, dans ma tête, je n’ai pas eu cette

pièces et j’ai joué énormément de spec-

envie irrépressible. Il faut aussi avoir

tacles. Très vite, je me suis rendu compte

un vrai projet pour cela.

que ma place était là. Plus tard, j’ai rencontré Annie Girardot pendant qu’elle jouait à Mâcon dans Madame Marguerite. Elle m’avait accueilli dans sa loge et m’avait donné des adresses d’amis à elle. J’ai ap-

Vous êtes actuellement sur le planches

pelé ces gens-là, j’ai passé des concours et

du Théâtre de la Renaissance avec la pièce

j’ai été au Conservatoire de Lyon.

Conseil de Famille. Pourquoi avez-vous attendu 10 ans avant de refaire du théâtre ? Parce que j’ai refusé beaucoup de pièces. J’ai souvent manqué de temps, aussi. Là,

Vous avez joué dans plusieurs salles à travers le monde mais avez-vous un théâtre de pré-

jouer de par l’organisation de mon travail.

dilection ?

Des fois, les gens comptent aussi, surtout

Non. Il y a beaucoup de beaux théâtres.

terriblement mais je vais me rattraper car

J’ai joué dans un théâtre magnifique à

je joue Conseil de Famille jusqu’en Juin.

Damas bien avant tout ce qui s’y passe

Ensuite, je vais jouer dans le spectacle Les

maintenant. En France, le Théâtre de

Darons au festival d’Avignon avant de

la Renaissance, par exemple, est magni-

reprendre ce même spectacle à Paris

fique et j’ai beaucoup de chance d’y jouer

en Septembre. Puis, je partirai en tour-

en ce moment. Les plus beaux théâtres

née de Janvier à Avril 2017 avec « Conseil

sont ceux où on joue le plus beaux spec-

de Famille » avant de reprendre encore

tacles. La salle compte mais ce qu’on y

une fois avec Les Darons ».

vit compte encore plus.

34

il se trouve que je peux me permettre de

au théâtre. Toutefois, cela m’a manqué



Qu’est-ce qui vous a fait accepter Conseil

Y a-t-il une difficulté dans le fait de jouer

de Famille ?

dans une pièce aussi rythmée ?

Quand j’ai fait la lecture, les acteurs

Il y a une difficulté technique parce qu’il

étaient top et le sujet très drôle. Il

y a beaucoup de textes mais c’est un

y avait des faiblesses dans le texte qu’on

vrai plaisir. Ce qui est formidable, c’est

a dû modifier mais je trouvais le sujet du

que je passe par plusieurs palettes et

mec qui veut tuer sa mère parce qu’il ne

tous mes amis comédiens me disent que

veut plus payer pour elle et cette mère

j’ai de la chance de jouer tous ces états.

qui raconte des horreurs sur ses enfants assez rigolo. C’était agréable de faire rire sur quelque chose qui parle aux gens. C’est assez jubilatoire de jouer un truc qui fait rire sur un sujet important et, en

Lorsque vous jouez, chaque soir est-il diffé-

même temps, d’avoir toute une palette

rent ?

d’émotions sur un seul spectacle. Pas complètement mais c’est tout de même différent parce que nous ne sommes pas de la même humeur tous les soirs et que le public ne réagit pas Avez-vous déjà vécu ce genre de réunions de

toujours de la même manière. Ce sont

famille ?

des différences d’intensité et de ressenti

À ce point-là, non, mais cela parle à tout

lontairement ou pas. On a souvent des

le monde parce qu’on a tous eu des pa-

surprises parce que les publics ne rient

rents qui ont pu nous dire un truc qui

pas tous pour les mêmes raisons.

par rapport au public. On s’adapte vo-

fâche. Moi, je suis parent aussi, j’ai deux enfants et la question se pose tout le temps. Je me demande si je n’ai pas, un jour, dit un truc blessant. Tous les soir, quand on joue, des gens viennent

Combien de temps faut-il pour roder une

me voir après le spectacle pour me dire

pièce de ce registre ?

que leurs parents ont dit telle ou telle chose blessante.

Sur celle-ci, je dirais qu’on était rodé au bout de la trentième. On a fait beaucoup de remaniements.

36




Le rythme très soutenu de la pièce vous change-t-il des tournages de la série Scènes

Connaissiez-vous les enjeux du programme ?

de Ménages ?

Quand j’ai visionné le pilote qu’on

Oui. On ne tourne que 30 jours par an.

pas encore à quelle heure cela allait être

Ce n’est rien ! Les journées de tournage

diffusé. Après avoir tourné quelques épi-

sont intenses parce que nous tournons

sodes, j’ai appris que cela allait passer à

des plans séquence et qu’il y a beau-

20h. J’étais persuadé que cela n’allait

coup de textes.

pas fonctionner sur ce créneau car cela

avait tourné, j’ai adoré mais je ne savais

n’avait jamais existé. En face, on avait les journaux télévisés de 20h, Le Grand Journal sur Canal+, Plus Belle La Vie sur France 3… Pourtant, cela a marché dès Vous venez justement de reprendre le tour-

le premier soir ! On ne pensait pas en

nage de la série pour la huitième saison sur

arriver là. Ce qui est fou, c’est que les au-

M6. Vous souvenez-vous de votre casting

diences ne descendent pas. Je n’aurais ja-

pour le rôle de José ?

mais pensé que la série allait rencontrer un tel succès.

J’avais passé des essais puis j’avais oublié ce casting. On m’a rappelé au bout d’un mois pour que je revienne. Je suis retourné refaire des essais avec d’autres comédiennes. Les castings ont duré des mois. Un jour, Valérie Karsenti est arrivée et les choses ont fonctionné tout de

José, votre personnage dans la série, semble être un ancien surdoué. Que lui est-il arrivé ?

suite. On avait pas dit un mot du texte,

On s’est amusé avec les auteurs. On

préférant inventer un truc à nous. On

se demande pourquoi, d’un seul coup, ce

s’est amusé comme des fous à jouer. En

mec surdoué, s’est mis à être paresseux

sortant des essais, on s’est dit que cela

de l’intelligence. Nous, avec les auteurs,

aura au moins permis une rencontre et

on a la clé mais on la donnera plus tard.

on a été dîner ensemble. Il a fallu attendre quatre mois pour connaître la décision de la chaîne. Verra-t-on, un jour, le personnage de Chamard, le fameux collègue de travail et ennemi de José ? Non, ni Chamard, ni Manu, le fils. 39


Votre propre fils est déjà apparu dans la sé-

de tout cela, on sait qu’ils s’aiment tous

rie. Était-ce votre idée ?

les deux et on y tient.

Mon fils Lucien fait des études d’infirmier à la Croix Rouge. Il connaît mon travail pour être venu avec moi sur les tournages mais, ce monde-là ne lui plaisait pas vraiment. Il préfère sauver l’hu-

Quels sont vos projets ?

manité. Comme il est musicien et joue

J’ai écrit un spectacle avec le réalisateur

très bien du piano et un peu de la gui-

Laurent Firode avec lequel j’ai beau-

tare, je l’ai proposé aux auteurs lorsqu’ils

coup tourné et avec Khaled Amara qui

ont écrit un texte qui parlait d’un jeune

est chef d’écriture sur Scènes de Ménages

musicien. Il est venu et c’était super !

et qui travaille beaucoup avec Jamel Debbouze. On a écrit ce spectacle pendant deux ans. Je voulais que l’écriture soit parfaite avant d’aller sur scène et, au moment où on était prêt, j’ai commen-

Comment avez-vous vécu l’arrivée des nou-

cé Conseil de Famille. Le spectacle devrait

veaux couples dans la série ?

s’appeler Si José ou José pas le dire. Je me

À bras ouverts ! C’est toujours une bonne nouvelle qui va enrichir le programme. Par contre, c’est plus difficile pour les nouveaux car ils arrivent sur un truc déjà installé alors ils ont une pression terrible. De plus, quand un truc est nouveau, les gens ont du mal à l’accepter. Il faut au moins un an.

suis dit que je ne pourrais pas faire abstraction de mon personnage dans Scènes de Ménages si je suis seul sur scène. J’y raconte ma vie avant d’être connu et après. Par ailleurs, j’ai tourné l’année dernière dans un téléfilm pour France 2 qui s’appelle Mystère à l’Opéra et qui se passe en 1850. Le tournage s’est fait de nuit à l’Opéra de Paris et c’était formidable !

Qu’est-ce qui fait la force du couple que vous incarnez dans la série avec votre partenaire, Valérie Karsenti qui joue Liliane ? Liliane

veut

toujours

améliorer

la

vie quotidienne du couple et José aussi mais d’une manière différente. Au centre 40



THE BLINDTRUTH

KING CHARLES Après avoir été le premier britannique à remporter le prix de l’International Songwriting Competition pour son titre Love Lust en 2009 et fort d’un premier album salué par la critique en 2012, King Charles revient avec Gamble For a Rose, un deuxième opus disponible depuis le 12 Février 2016 et dont les sonorités folk marquent un virage assumé par le chanteur qui vient d’annoncer Lady Of The River comme nouveau single. par Dine Delcroix / Photos : François Berthier

Lorsque tu te regardes dans la glace le ma-

de bons souvenirs de mes vieilles années.

tin, que te dis-tu ? Je me dis qu’il ne faut pas que je me regarde dans le miroir. Je me dis d’aller boire une tasse de café et tout ira bien.

Si tu devais emporter une seule chose sur une île déserte, laquelle serait-ce ? Ma baguette magique (rires).

À qui voulais-tu ressembler quand tu étais enfant ? Quand j’étais enfant, je voulais à ressembler à quelqu’un avec qui Bob Dylan aurait aimé traîner.

Quel super héros aurais-tu aimé être ? J’aurais aimé être Spiderman. J’aimerais bien voler mais je pense que la manière qu’a Superman de voler est ennuyeuse. Je préfererais plutôt me balancer sur les toiles comme une araignée

Si tu avais une baguette magique, que changerais-tu ? Si j’avais une baguette magique, je voudrais vivre ma vie à l’envers alors je naîtrais très vieux vers l’âge de 100 ans. Je serais ainsi vieux sans rien connaître au monde et j’apprendrais en rajeunissant. Je finirais ma vie dans la jeunesse et j’aurais 42

Quel pouvoir magique aimerais-tu avoir ? J’aimerais bien être capable de changer de forme et d’apparence, pouvoir porter différents visages quand je le souhaite.



Quel prénom aurais tu-aimé porter ? Je n’y ai jamais pensé mais peut-être

mets à me soucier à nouveau de ma famille et de mes amis. C’est un cycle.

Charly ou Georges. Qui veux-tu épater le plus ? Que peut-on entendre comme message d’ac-

Musicalement parlant, je veux juste tou-

cueil sur ta boite vocale téléphonique ?

cher les gens et faire en sorte que ma mu-

Je n’ai pas de boite vocale, je l’ai désacti-

sique signifie quelque chose pour eux.

vée. C’est marrant parce que les gens ne le savent pas alors, quand ils appellent, ils attendent pour tomber sur la messagerie mais la sonnerie ne s’arrête jamais et ils sont obligés de raccrocher (rires).

Que ferais-tu s’il ne te restait que 24 heures à vivre ? J’écrirais 24 chansons pour un nouvel album concept en édition limitée et très chère.

Quand et comment as-tu cessé de croire au père Noël ? Je me souviens avoir eu une conversation avec un ami d’enfance sur le lit de ma chambre dans ma première maison de famille à Londres. Nous nous demandions comment le père Noël pouvait parcourir le monde entier en une seule nuit et nous avons alors compris qu’il n’était pas réel. Je devais avoir 6 ou 7 ans.

De quelle question aimerais-tu avoir la réponse ? «Que dois-je faire entre les balances et le concert ? ». Avant un show, je me sens un peu nerveux alors je ne peux pas lire, je ne veux pas écouter de musique, je ne veux pas trop boire… C’est un moment difficile durant lequel je ne sais jamais quoi faire.

Que peux-tu me dire de négatif sur toi ? Il y a tellement à dire (rires). Je peux être reclus et en oublier les gens qui m’entourent.

Quel a été ton dernier instant de solitude ? J’essaye toujours d’éviter la solitude parce que je n’aime pas cela. Je ne veux pas donner de crédit à la solitude. La vie

Et de positif ?

44

Je sors toujours de ma réclusion et je me

d’un artiste peut être très solitaire mais je n’ai pas de souvenir en particulier.




JOY ESTHER Du mannequinnat à la musique en passant par l’animation et la comédie, Joy Esther a montré à bien des niveaux qu’elle était une artiste curieuse et ambitieuse. Depuis 2012, elle incarne la redoutable Chloé Varenko dans la série humoristique Nos chers voisins sur TF1 qui connaît un important succès d’audience. PAR Dine Delcroix / Photos : Nicolas Larrière


Ta Madeleine de Proust ?

Ton antistress ?

L’odeur des montagnes andalouses avec

Mes chats. Ils sont très affectueux et je

des plantes sauvages.

passe énormément de temps avec eux.

Le film qui raconte ta vie ?

La tendance mode que tu détestes ?

Les premiers Sisi continuent de me bou-

Je n’aime pas quand c’est too much. Pour

leverser. L’histoire ne raconte pas ma

moi, la mode, c’est une chose subjective

vie mais j’ai toujours été bouleversée par

et intérieure. Je n’aime pas le total look.

Romy Schneider. J’ai flashé sur cette actrice quand j’étais enfant.

Le détail chic pour toi ? Ton livre de chevet ?

Une attitude désinvolte qui casse un peu les codes.

En ce moment, c’est La Fille du Train de Paula Hawkins. Sinon, j’aime bien relire L’Alchimiste de Paolo Coelho. Ta série du moment ? The X-Files qui a fait son retour pour une Ton secret de beauté ? J’essaye de boire de plus en plus d’eau parce que je ne buvais pas du tout, avant. Je dors aussi entre 8 à 9 heures par nuit même si je peux être opérationnelle quand je fais des nuits courtes pour un tournage. Je fais aussi un peu de sport. 48

dixième saison 14 ans après la dernière. Je suis une grande fan !



50


Ta chanson pour te sentir bien ?

Le compliment qui t’énerve le plus ?

Dirty Diana de Michael Jackson. Je suis

Si on me dit T’es bonne ! dans le rue.

fan depuis toute petite. Je le suivais quand il venait à Paris, j’allais le voir à Disneyland, je l’ai vu en concert… Sur cette chanson, le break au violoncelle m’hypnotise un peu et j’ai toujours voulu la reprendre à la guitare. Le pays où tu pourrais immigrer ? L’Italie, en Sicile. Mon chéri est sicilien et j’ai découvert cette région grâce à lui. C’est très à part et les siciliens sont d’une gentillesse incroyable. Ce sont des gens Ton proverbe fétiche ?

très éduqués qui ont des valeurs et un grand respect pour les femmes.

« Si la vie n’est qu’un passage, sur ce passage au moins, semons des fleurs. » par Montaigne. C’est poétique et cela me représente plutôt bien.

Un autre métier qui t’aurait plu ? Archéologue/paléontologue. Je ne sais pas d’où cela est venu mais c’est ce que je disais à mes parents vers l’âge de 6 ou 7 ans. Mes parents m’achetaient des trucs L’insulte que tu préfères ? Je suis plutôt d’humeur assez constante mais quand je m’énerve vraiment parce

de collage avec des dinosaures mais c’est vite parti car la passion pour la comédie et le chant a pris le dessus.

qu’on me pousse à bout, je dis toujours « Putain de sa mère la pute ! ».

51


Qui inviterais-tu à ton dîner idéal ?

Libé ou le Le Figaro ?

En vivant, j’aimerais bien avoir Karl Lager-

Libé.

feld. Il me fascine et je le trouve d’une intelligence et d’une culture rares. En mort, je dirais Michael Jackson pour comprendre des choses. J’ai déjà eu la chance de dîner avec Leonardo Di Caprio à Los Angeles alors je ne vais pas le citer (rires). Le disque que tu as honte d’avoir acheté ? Le single Emmène-Moi d’Allan Theo. J’avais 15 ans !

Le défaut que doit avoir une personne pour te séduire ? J’aime bien les mecs un peu timides et mal à l’aise qui vont tourner autour du pot. Le fait de ne pas être trop sûr de soi est assez charmant, je trouve.

Le talent que tu aimerais avoir ? J’aimerais bien faire de belles photos, avoir l’œil du photographe.

La question qu’on ne doit pas te poser ? « C’est ton vrai prénom, Joy ? ». Le cadeau que tu rêves d’offrir ? J’aimerais bien, un jour, offrir un petit bébé à mon amoureux.

Coiffure & maquillage : Talyndia Vêtement Lyubov pour A&K Communicationshooté Au Berliner Wunderbar

52



BERLINALE 2016 PORTFOLIO Par Franรงois Berthier / Contour / Getty IMAGES

BOULI LANNERS 54




M책ns M책nsson


BENOIT DELEPINE


VINCENT MACAIGNE


Rachid Bouchareb


VINCENT LACOSTE


THOMAS VINTERBERG


cosmina stratan


CYNTHIA NIXON



FRANCE O’CONNOR


Jennifer Ehle


MARIA valverde

ROSALIE THOMASS


Martha Canga Antonio


DAPHNEE PATAKIA


AtliÓ skarFja larsson


Ellen Dorrit Petersen


LOU DE LAAGE


Tilde Von Overbeck


Tobias Nolle



TEMUERA MORRISON



SARAH GADON


As-tu menti pendant cet entretien ? EN COUVERTURE

VINCENT DEDIENNE Non, je n’ai pas menti.

Vincent Dedienne

a plusieurs casquettes et elles lui vont toutes à ravir. Sa voix occupe les ondes de France Inter tous les Jeudis à 8h55 tandis que ses chroniques amusent dans Le Supplément de Canal+ le dimanche à 14h. Comédien avant tout, il est actuellement en tournée française pour présenter son one man show S’il se passe quelque chose qui a déjà conquis le public parisien avec une résidence soutenue au Café de la Danse à l’automne 2015. Sans artifice et avec amusement, ll nous raconte ses premières fois...

Par Dine Delcroix / Photos : FLORIAN FROMENTIN



Premier souvenir ?

ma campagne.

Le premier souvenir que j’ai, c’est à l’école maternelle qui est à côté de la maison où vivait mes parents. Je me souviens qu’il fallait faire un petit objet pour la fête des mère. C’était un cadre photos et il fallait découper

Premier baiser ?

des petits traits de tapisseries pour les mettre

Sans la langue, c’était à la maternelle où

autour d’une photo. Je me souviens de moi

j’étais très amoureux d’une fille qui s’appe-

pleurant parce que je n’arrivais pas à fair

lait Angélique. Je ne sais pas ce qu’elle est

ce truc.

devenue mais, quand je l’ai embrassée sur la bouche pour la première fois, j’ai eu l’impression de sentir la chlorophylle. Sinon, avec la langue, c’était au lycée avec une fille petite qui s’appelait Sandrine, qui avait les

Première voiture ? C’était la Twingo de ma maman. Je

cheveux rouges et qui était moche ! C’était horrible !

l’avais surnommée « Purple » parce qu’elle était violette et, quand j’ai eu mon permis, c’est la première voiture que j’ai conduite. Je n’ai jamais eu de voiture à moi et j’ai toujours volé celles de ma mère qui a toujours eu des Twingo, d’ailleurs. Celle-

Mon premier amour vraiment sérieux, c’était

ci était marrante avec un autoradio qui ne

il y a 10 ans. La relation a duré 3 ans avec

fonctionnait pas.

des pauses.

Premier métier que tu voulais faire ?

Première fois ?

Le premier métier que j’ai dit vouloir faire,

La fois où j’ai perdu mon pucelage, c’était sur

c’était documentaliste. Je voulais travailler

un lit mezzanine à Saint-Étienne en 2006.

dans un CDI. J’ai toujours beaucoup aimé la lecture. J’ai su lire à un peu plus de 3 ans et je me disais que cela pouvait être sympa de travailler dans les livres d’autant que je n’avais pas vu de librairies ou de bibliothèques dans 82

Premier amour ?




Premier chagrin d’amour ?

suis malheureux.

C’était avec mon premier amour et ce chagrin a duré bien 6 ans. Premier livre culte ? Les premiers livres que j’ai dévorés, c’était Premier animal de compagnie ? Une toute petite tortue qui s’appelait Anne et qui n’a pas vécu longtemps. J’avais entre 3 et 6 ans. Cela fait des années que j’ai envie de me racheter une tortue. Je vais peut-être y al-

les Agatha Christie. J’adorais l’atmosphère. On connait l’assassin à l’avant-dernière page et je n’ai jamais réussi à deviner son identité. Elle a le don des fausses pistes et c’est toujours surprenant.

ler en sortant de cette interview...

Premier prof détesté ? Premier disque acheté ? C’était le best of de Joe Dassin parce que j’étais fan.

C’était mon professeur de physique-chimie en Troisième. Il était un peu pervers parce qu’il demandait toujours aux filles qui portaient des jupes d’aller au tableau. Il avait une très mauvaise haleine et on lui avait offert des chewing-gums pour le dernier jour de cours.

Premier concert ? C’était le chanteur pour enfants Jean René. Mon premier concert adulte, c’était Indochine et j’ai détesté.

Premier prof adoré ? C’était madame Bounab, une très jolie blonde qui m’enseignait le français en Sixième. D’instinct, j’avais un certain goût pour la littérature et elle me l’a confirmé tout

Premier film culte ? Le Père Noël Est Une Ordure. Si je le

de suite. Elle était passionnée et passionnante.

vois moins d’une fois tous les deux ans, je 85


Premier choc dans la vie ?

Premier job ?

Découvrir le théâtre en tombant par hasard

C’était guide dans un château et j’arrivais

sur une VHS de Muriel Robin. Ma tante

à faire des petits sketchs tout en faisant vi-

avait offert cette cassette à ma grand-mère

siter le château à un groupe de touristes.

pour Noël. Je devais avoir 8 ans.

Plus j’étais rigolo et plus j’avais de pourboires. J’ai très bien gagné ma vie durant ce mois d’été après le BAC. Le directeur du château me suivait parce qu’il trouvait que je racontais trop de conneries aux gens. Je racontais tous les faits mais j’avais ten-

Premier voyage ?

dance à rajouter des bêtises. J’ai commencé à voyager très tard. Quand j’étais à l’école de théâtre de Saint-Étienne, on devait effectuer un stage en Afrique du Sud à Johannesburg. J’ai donc été obligé de prendre l’avion longtemps. Quitter l’hiver horrible de Saint-Étienne au mois de Mars

Premier vote ?

pour se retrouver en plein soleil, j’ai adoré !

C’était en Sixième à l’élection des délégués

La virus du voyage m’a ainsi piqué et je suis

de classe. J’avais voté pour moi. J’ai tou-

allé à Madagascar l’année d’après pour des

jours été délégué de classe. J’étais très excité

vacances. J’ai néanmoins peur de l’avion.

par la compétition. J’étais populaire parce que j’étais rigolo.

Premier péché ? Quand j’ai connu l’ADSL et que j’ai décou-

Premier sentiment de fierté ?

vert des sites Internet interdits. Je me rap-

Je n’arrive pas à me récompenser des choses

pelle que le modem faisait beaucoup de bruit

que je fais mais le fait de rendre des gens fiers

à l’époque. Du coup, c’est plus discret d’aller

peut me rendre fier. J’ai vu la fierté dans les

voir de la pornographie sur Internet, au-

yeux de mes parents quand ils sont venus me

jourd’hui (rires).

voir jouer au théâtre pour la première fois à l’âge de 14 ans et cela m’a rendu fier.

Make-up : Sarah Machal / Vêtements : Harris Wilson

86



YANIS

Réinventé avec une perpétuelle quête de changement, l’artiste a choisi de renaître avec son véritable prénom. Il s’oriente désormais vers un son electro et des productions organiques que l’on retrouve depuis le 12 février 2016 sur L’Heure bleue, le premier EP de son nouveau visage artistique, composé entre Paris et Berlin et minutieusement co-produit avec un certain Apollo Noir que le chanteur présente comme son alter-ego musical.

Par Dine Delcroix / Photos : François Berthier



Tu es de retour à la musique sous une autre iden-

j’étais adolescent. Ce n’était pas une pé-

tité. Pourquoi as-tu mis de côté le projet Sliimy

riode facile et Sliimy m’a permis de créer

avec lequel tu t’es fait connaître ?

ce que j’étais à cette époque-là avec des

Il y a un lien entre les deux. Le lien n’est pas toujours évident. Quand on crée de nouvelles choses, le lien est difficile à faire même si on ne change pas forcément de nom. Des artistes comme Björk ou Kate Bush ont tellement changé à

maladresses, des couleurs… Sliimy a été une façon de mettre en scène ce que j’étais à cette période sans que cela ne m’atteigne directement. Je mettais une distance avec les gens et cela m’a protégé aussi.

chaque fois que le lien est parfois difficile à faire. Peu d’artistes décident de changer de cette façon. Moi, j’aime le changement et j’ai été inspiré par des artistes qui n’avaient pas forcément peur de cela,

Que s’est-il passé depuis Sliimy ?

que ce soit au niveau de l’identité ou de

Je me suis posé pour créer des choses.

l’artistique. Je ne me mets pas forcément

J’ai commencé à faire des chansons dont

de limites. On ne peut pas être la per-

je n’étais pas spécialement satisfait et, en

sonne qu’on était il y a 8 ans. Demain,

les écoutant, je me suis dit qu’il me fal-

je serai encore différent. Tout avance.

lait du temps. Rien ne peut remplacer le

Il ne faut pas me bloquer dans quelque

temps. Je ne me suis finalement jamais

chose. Sliimy, c’est un personnage que

arrêté de créer. J’ai pris le temps de voya-

j’ai créé vers l’âge de 13 ou 14 ans mais je

ger, de partir par moi-même, d’être dans

me suis senti à un moment donné blo-

une expérience de la vie. J’avais be-

qué alors j’ai eu envie de le mettre où je

soin de vivre des choses. Ma maison de

voulais qu’il soit. En tout cas, Sliimy m’a

disques à l’époque m’avait proposé un

amené là où je suis aujourd’hui dans la

second contrat que j’ai refusé. Ce choix-

mesure où je n’aurais pas rencontré les

là, c’était pour retrouver ma liberté.

mêmes personnes sans lui. Une chose

La plupart des gens de ma maison de

en enclenche une autre, c’est un peu l’ef-

disques étaient partis travailler ailleurs

fet papillon.

et cela me dérangeait de ne plus collaborer avec les mêmes personnes. Il y avait un roulement. Je n’étais pas particulièrement satisfait par mon nouveau directeur artistique qui ne me comprenait pas

Le personnage de Sliimy t’a-t-il apporté

forcément. Je suis beaucoup dans l’ins-

quelque chose sur le plan personnel ?

tinct. J’avais besoin de me laisser un es-

Oui. Sliimy m’a fait du bien quand 90

pace et de ne pas m’enfermer avec des personnes qui ne comprenaient pas où


91


je voulais aller. Je ne fais pas la musique

Pourquoi as-tu changé d’identité pour pré-

pour des contrats mais pour m’exprimer

senter ton nouveau projet ?

et être heureux. J’ai fini par créer ma structure pour pouvoir sortir des choses librement. Après, je ne sais pas ce qui va se passer à l’avenir. Je pourrais, par exemple, signer une licence. En tout cas, ce n’est pas une maison de disques qui me fait. Le plus important, c’est de rester créatif, libre et conscient de mon œuvre. C’est un métier de passion.

Pour moi, ce n’est pas une nouvelle identité parce que c’est mon prénom. Je suis né Yanis. C’est plutôt Sliimy qui a été une nouvelle identité à un moment de ma vie. C’est toutefois normal de le voir autrement car m’a connu en tant que Sliimy. En réécoutant ce que j’avais créé à Berlin, j’ai réalisé que ce n’était pas un personnage ou alter-ego qui parlait mais vraiment moi. Je me suis alors mis à envisager la possibilité de sortir des choses sous mon prénom. J’avais

Au moment où tu as refusé ce second contrat, avais-tu un plan B ?

mis l’idée de côté mais elle a mûri et les choses sont devenues évidentes. Chaque projet est un début de carrière, chaque

Non, pas du tout. Mon plan B, c’était fi-

création est différente et on ne peut ja-

nalement de créer. Au début, je l’a un

mais vraiment savoir où les choses vont

peu fait dans le vide mais il fallait avoir

aller.

confiance. La création, c’est tout le temps en mouvement. Il y a des moments difficiles et il faut être bien entouré. J’ai beaucoup voyagé. J’ai passé du temps au Japon, au Brésil… J’ai aussi été à Berlin

Sur le plan médiatique, n’aurait-il pas été

où j’ai recommencé à créer des choses

plus facile de revenir en tant que Sliimy mal-

dont j’étais assez fier. Berlin a été un dé-

gré le changement de son ?

clic avec lequel j’ai senti que j’étais sur la voie de quelque chose qui me ressemblait à ce moment-là donc j’ai commencé à écrire des titres. Le chemin a été fait de rencontres, de voyages… J’avais besoin d’expérimenter la vie.

92

Je n’aime pas la facilité. Cette identité qu’on connaissait n’était pas en adéquation avec ces nouvelles choses. Cela aurait été incohérent de faire raconter cette histoire à Sliimy parce que ce n’est pas la sienne.



As-tu envie de toucher un nouveau public avec cette nouvelle histoire ?

Envisages-tu de retourner un jour à Sliimy ? Peut-être. Je laisse beaucoup d’espace

Je pense que chaque album peut toucher

pour cela. Peut-être que Sliimy fera les

un nouveau public. Certains auditeurs ne

premières parties de Yanis (rires).

seront pas les mêmes qu’il y a 8 ans tandis que d’autres seront toujours là. Ce sera un mélange des deux, je pense. Qu’est-ce qui t’a le plus manqué dans la vie médiatique ? Ce changement de nom d’artiste n’est-il

Rien ne m’a manqué parce que je n’avais

pas une prise risque à notre époque ?

rien à proposer et j’attendais vraiment

J’ai toujours pris des risques. C’est vrai

médiatique est une chose éphémère. Il

qu’à une époque, on laissait le temps à

ne faut pas vivre pour les médias.

d’avoir quelque chose à présenter. La vie

un artiste de sortir plusieurs albums. J’ai lu un article qui disait que Davis Bowie avait eu le temps de sortir cinq albums sans avoir véritablement de single fort. Aujourd’hui, c’est tellement différent car

Tu proposes aujourd’hui une musique loin de

on demande très rapidement que tout

celle qui t’a révélé. Qu’est-ce qui t’a amené

soit parfait. Les artistes sont aussi là pour

vers ces sonorités électroniques ?

éduquer ce qui se passe dans les maisons de disques. C’est important de prendre

Il y a eu Berlin mais aussi des expériences

des risques et c’est ce qui est excitant.

et des personnes. Il n’y a pas que des influences sonores. Ce que j’aime dans ces sons, c’est qu’ils sont à la fois électroniques et organiques. Ils me font ressentir des choses. Dans ces nouvelles chan-

Ce nouveau projet te ressemble-t-il davan-

94

sons, j’avais envie de parler un peu de

tage que le précédent ?

la connexion qu’on peut avoir avec des

Pas forcément. Ce projet ressemble da-

ter envers quelqu’un. Je pense que ces

vantage à ce que je suis aujourd’hui

sons retranscrivent bien cela avec un côté

mais le projet précédent ressemble à ce

planant, brut, froid… L’electro donne

que j’étais avant. C’est une question de

des frissons et porte vraiment les choses.

périodes.

J’ai travaillé sur cet EP avec Apollo Noir

personnes, de l’attraction qui peut exis-



qui a cette culture de l’electro et qui m’a

Cet EP a été conçu entre Paris et Berlin.

énormément apporté. Il possède beau-

Pourquoi Berlin ?

coup d’instruments et, ensemble, nous avons expérimenté les possibilités de ce monde.

C’est une ville où je me suis recueilli à un moment et qui laisse beaucoup de place à la liberté. C’est très brut. C’est une ville où il faut aller chercher des choses et creuser dans les endroits. J’y suis beaucoup sorti et j’y ai rencontré pas mal

On retrouve effectivement ces nouvelles sonorités sur le premier EP du projet, disponible depuis le 12 Février 2016. Pourquoi l’as-tu intitulé L’heure bleue ?

de personnes. Là-bas, je me laissais un peu porter par la vie à mes risques car je me suis parfois retrouvé dans des situations où je pouvais me faire du mal. J’étais dans une période psychologi-

J’ai écrit un texte qui s’appelle « L’Heure

quement assez intense durant laquelle

Bleue » et qui est publié dans l’EP en

je me cherchais beaucoup. Les compo-

vinyle et en CD en guise d’explication.

sitions sont finalement nées d’une en-

J’avais envie de choisir un titre en fran-

vie d’aller mieux et de reconnecter avec

çais. Il y a un côté hyper poétique dans

une création qui fait du bien. J’ai fait pas

ce titre. J’aime utiliser des choses oni-

mal d’allers-retours là-bas pendant envi-

riques quand j’écris des chansons. Je

ron un an et demi puis j’y ai habité pen-

ne me mets pas de barrières de lan-

dant près d’un an. Il y a eu aussi une his-

gues quand je fais des choses. J’écris en

toire d’amour dans les parages (rires).

anglais parce que j’ai eu une connexion avec cette langue que j’étais petit. Néanmoins, j’ai déjà écrit et enregistré des chansons en français mais je n’ai pas forcément eu envie de les sortir. Je ne

Hypnotized, le premier single extrait de

me force pas. L’heure bleue, c’est cette

l’EP, a bénéficié d’un clip où l’on peut voir

période qu’il y a entre le jour et la nuit

des gens danser sous hypnose. Ces personnes

et je trouvais que cet entre-deux symbo-

étaient-elles réellement dans cet état de som-

lisait bien le moment qu’il y a entre l’EP

meil artificiel pendant le tournage ?

et l’album. Chaque jour, l’heure bleue est différente, insaisissable et toujours en métamorphose. On ne peut pas la mettre dans une boite.

Oui. Il y a eu environ 4 mois de préparation avec un hypnotiseur. Cela a pris du temps car on a dû trouver des personnes réceptives à l’hypnose et j’’ai moi-même étudié l’hypnose pendant plusieurs mois. L’histoire de la chan-

96


97


son parle d’un amour, d’une fascination

Quelle est la prochaine étape de ce nou-

pour une personne sans savoir s’il y a

veau projet ?

une malveillance. Pour ce clip, je voulais un coté documentaire avec des gens qui vivent l’expérience dans un endroit très simple. L’idée est venue alors que je buvais un verre avec mon meilleur ami. On en parlait sans savoir ce que cela allait

Aller à la rencontre des gens sur scène. J’avais hâte de faire de la scène et de mettre enfin en lumière ce projet même si j’ai toujours le trac avant de monter sur scène.

donner. Après des mois de préparation, tout peut changer au moment du tournage avec la caméra et les lumières. À quoi ressemblera l’album qui succèdera à cet EP ? Tu as toi-même réalisé le clip du deuxième single, Crave. Avais-tu déjà réalisé des vidéos avant celle-ci ?

Il sera une continuité de l’EP mais avec un côté plus solaire. L’EP est un peu brumeux alors que l’album aura des prises un peu plus concrètes.

Non. Il m’était arrivé de co-réaliser mais là, j’avais vraiment envie de réaliser. On a tourné sur une plage et on dépendait du temps et de la lumière. C’était un plan-séquence donc il n’y a aucun montage. On l’a tourné à l’heure bleue, d’ailleurs. Je suis déjà en train de penser à un clip pour The Run...

Make-up : Sarah Machal / Styliste : Stephanie Vaillant CREDITS MODE : Pantalon : Carven / Chemise : Paul Smith / Manteau : Vintage / Chaussures : Dr. Martens

98




BLIND BEAUTY

OLGA POLIENKO Shot by François Berthier HAIR & MAKE UP BY IRINA GRISHINA

MAKE UP 1. Fluid master primer Giorgio Armani. 2. Luminous silk foundation 3 and 6 Giorgio Armani. 3. Fluid sheer 1 Giorgio Armani. 4. Concealer boiing 01 Benefit. 5. Shadow primer 24 hour Smashbox. 6. Pure color eyeshadow 10; 33; 47. Estée Lauder. 7. Extreme black 01 mascara Estée Lauder. 8. Brow kit cement/birch Bobbi Brown. 9. Mineralize skinfinish rose quartz Mac. 10. Lip fluid 32 Evagarden. HAIR 1. L’oreal Paris.




Noemie K par VANESSA MOSELLE




Robe : Yanina Couture Collier : GĂŠraldine Carfield Culotte : Triumph










LA FILLE QUI REND BLIND

Par Dine Delcroix / Photos : François Berthier Habituée des fictions télévisées, Julie de Bona est à l’honneur de la mini-série Le secret d’élise sur TF1 et du téléfilm Qui sème l’amour... dont la diffusion a eu lieu le 2 Février 2016 sur France 3.

JULIE DE BONA

Robe Tony Ward Bagues Poiray



RETROUVEZ THEBLINDMAGAZINE EN MARS

CONTACT & PUB : theblindmagazine@gmail.com


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.