VOYAGES Au PEROU Catalina Denis BASIA BULAT THE VAN JETS JADE ROSE PARKER AUDREY VERNON YUCK ELISA JO
INTERVIEW EXCLUSIVE JEREMIE RENIER / AURELIEN RECOING / JANELLE MONAE / AYO / ELIETTE ABECASSIS / JOHN NEWMAN / JASON DERULO / PANIC AT THE DISCO /
SPECIAL FASHion WEEK Beauté PORTRAITS
October 2013 #6 ISSUE
ADèLE EXARCHOPOULOS / NAOMI WATTS
CONTRIBUTEURS
MAXIME STANGE
PAULINE DARLEY
Photographe auto-didacte, Maxime est passionné par le portrait et la photo de mode. Recruté en agence de photos à ses débuts, il a été touche-à-tout durant 3 ans, et est depuis peu, indépendant à Paris.
Photographe à temps plein sur Paris depuis 2010, Pauline a suivi des études en communication et effectué plusieurs stages vers le monde de l’image. Elle aime créer avec l’humain et composer en mode et portraits.
François Berthier
AURIANE BESSON
Ancien Rédacteur en Chef d’un magazine de rock, devenu photographe de mode et de célébrité, François a créé TheBlindMagazine pour avoir un magazine qui lui ressemble : Mélanger l’underground au mainstream, et synthétiser le tout dans un magazine digital qui allie purisme et ouverture d’esprit.
Travaillant dans la com’ et les RP, Auriane suit de près le monde des médias. Forte de son expérience notamment au pôle femme de Mondadori (Grazia, Biba…) elle nous livre chaque mois les dernières news mode, beauté et culture les plus pertinentes !
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EDITO #6 Il a été dur à accoucher ce n°6 et pour cause, on avait tellement de beaux sujets qu’on ne savait plus où les mettre. Et cette fois-ci, point de célébrité à l’honneur, TheBlindMagazine a décidé de mettre en couverture une série mode. Comme pour ne pas oublier que votre magazine, c’est aussi ça. Une diversité, une mixité, un pluralisme bienfaiteur. On espère donc que vous serez toujours aussi nombreux à nous lire.
Bonne lecture à tous, L’équipe TheBlindMagazine.
facebook.com/Theblindmagazine twitter.com/Blind_Magazine
FONDATEUR, DIRECTEUR DE LA REDACTION, REDACTEUR EN CHEF CINEMA & DIRECTEUR DE LA CREATION FR A NCOIS BERTHIER REDACTEUR EN CHEF, REDACTEUR EN CHEF MUSIQUE DINE DELCROIX RÉDACTRICE EN CHEF BEAUTE, MODE & NEWS AUR IA NE BESSON JOUR NALISTES Marz Atashi, Auriane Besson, François Berthier, Soisic Belin, Dine Delcroix, Justin Kwedi, Julian Evil, Marie Gonçalvès PHOTOGR APHES François Berthier, Pauline Darley, Quentin Maignien Marie Gonçalvès, Maxime Stange, Wallendorff. CONTACT R EDACTION/PUB theblindmagazine@gmail.com
The BlindMagazine est édité par la société Ten Feet Under / Tous les textes et photos sont soumis par leurs auteurs qui acceptent leur publication, et n’engagent que leur responsabilité.
SOMMAIRE
Octobre 2013 88
30
6 Blind Beauty
60 Jade Rose Parker
14 Blind News
66 Elisa Jo
20 Fashion report
70 Audrey Vernon
30 New Faces
78 The Van Jets
36 Edito Beauté
82 Yuck
54 Blind Live The Black Angels 57 Basia Bulat
4
86 Madness 88 Adèle Exarchopoulos
100
164
94 Jérémie Renier
154 Janelle Monae
102 Ayo
160 Naomi Watts
110 Jason Derulo
164 Edito Mode
112 Aurélien Recoing
194 La fille qui rend Blind Catalina Denis
132 Eliette Abecassis 144 Panic! At The Disco 148 John Newman
196 Blind Trip Pérou 204 Chronique CD
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BLIND BEAUTY Par Auriane Besson
PALETTE CITY DRIVE ARTY YVES SAINT LAURENT
Une harmonie de couleurs très contemporaines, pour laisser libre court au chic urbain, de jour comme de nuit. Un indispensable de l’automne-hiver !
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Palette City Drive Arty - YVES SAINT LAURENT Pure Chromatics Collector (édition limitée) - 53€ En vente sur www.ysl-parfums.fr et dans les parfumeries agréées
Dans la jungle des collections make up automne-hiver qui sortent un peu partout, on craque pour la palette City Drive Arty, issue de la nouvelle collection Electric Chic, so YSL. En hommage au Pop Art et au Street Art new-yorkais, cette palette affiche un design graffiti chic, ultra contemporain, fushia et or. Et dans cet écrin à l’élégance citadine, se cache un quatuor de fards à paupières pailletés très tendances. Vert néon, acier chromé, noir asphalte et bleu électrique, quatre teintes inspirées par les lumières de la ville et les mouvements artistiques underground.
Collection «RIRI loves M.A.C» M.A.C Rihanna présente sa nouvelle collection make up aux couleurs de l’automne. Une gamme de magnifiques teintes et d’accessoires, tous présentés dans un joli packaging chic et girly. Une vingtaine de produits au total, au look plutôt soft : du mascara, des fauxcils, des pinceaux, des crayons à lèvres, deux palettes de fards à paupières avec des harmonies autour du marron cacao et du gris bleuté, qui accompagneront parfaitement le fard à joues Bad Girl Gone Good ou le duo poudre blush Hibiscus Kiss.
On retrouve aussi l’éclatant rouge à lèvre RiRi Woo, ultra mat, qui est décliné pour cette collection en quatre teintes (prune profond, orange givré, nude crémeux et le fameux rouge vif ).
La précédente collection Riri Hearts s’était épuisée en quelques jours seulement, il va falloir faire vite, on lui prédit le même succès !
Collection RiRi loves M.A.C - M.A.C De 19€ à 39€ Disponible dans toutes les boutiques M.A.C et sur www.maccosmetics.fr
7
BLIND BEAUTY Visionnaire [1 Minute Blur] Soin Lissant Perfecteur Instantané LANCÔME Lancôme complète sa gamme « Visionnaire » lancée en 2011 avec le soin lissant perfecteur instantané. Sa promesse ? Un maximum d’effets en 1 minute chrono. Grâce à sa technologie Photo Smooth, il resserre les pores, corrige et sublime la surface de la peau en floutant les imperfections. Sa texture gélifiée la laisse idéalement soyeuse en domptant les brillances. Le plus ? Le gel se transforme lorsqu’on l’applique et laisse un voile léger et délicat pour un fini velouté, très confortable. A utiliser comme base, juste avant le maquillage. Visionnaire [1Minute Blur] Soin Lissant Perfecteur Instantané LANCÔME 30 ml - 55€
BLUE THERAPY SERUM-IN-OIL BIOTHERM Biotherm réunit l’effet réparateur d’une huile et la puissance d’un sérum. Alors que la plupart des huiles laissent sur la peau une sensation de chaleur et de gras, et que les sérums ne sont souvent pas assez nourrissants, la texture gelée Serum-in-oil est fraiche à l’application et se transforme en huile soyeuse sous les doigts pour fusionner instantanément avec la peau et offrir toute la nutrition d’une huile. Un soin d’un genre nouveau qui intègre pour la première fois de l’huile d’Ulkenia, une micro-algue trouvée dans la Mer du Nord riche en oméga 3. Il permet de recharger les cellules en bons acides gras, de neutraliser l’inflammation cutanée, et de mieux protéger la peau contre les agressions extérieures. A appliquer de préférence le soir pour un effet réparateur optimal et un incroyable «shoot» belle peau ! Blue Therapy Serum-In-Oil - BIOTHERM Flacon-pompe 30 ml - 65€
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L’EAU DE TEINT NUDE MAGIQUE L’OREAL PARIS
E V E LO V O L LOVE
On recherche toujours plus de légèreté et d’effet soin de la part de notre maquillage, d’où le succès des BB creams / CC creams. En cette rentrée L’Oréal lance une nouveauté make up qu’on adore. Exit le fond de teint (souvent trop couvrant) ou la poudre (trop matte), place au maquillage sans matière avec la nouvelle Eau de Teint de L’Oréal Paris. Hyper évanescente, c’est l’antimatière du fond de teint version nude ! On secoue, on applique quatre gouttes, à la manière d’un parfum, et on étire. Tout disparaît : texture et imperfections. Grâce à une formule inédite d’huiles et d’essences plus légères que l’eau, ce voile de teint ultra-light se fait oublier dès l’application. Cette petite nouveauté nous promet aussi des effets soin : SPF 18, amélioration de la texture de la peau, teint frais et homogène, peau moins grasse... pour une mine 100% healthy. Les adeptes du natural glow se l’arrachent déjà !
L’Eau de Teint Nude Magique - L’OREAL PARIS Disponible en 7 teintes 20ml - 14,90€ www.loreal-paris.fr
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BLIND BEAUTY Crèmes mains & ongles ROGER & GALLET On commence à réhydrater ses mains avec ces nouvelles crèmes de Roger & Gallet : Enrichies en beurre de karité, elles sont sans paraben, sans colorant et sans silicone. Leur cœur d’huiles végétales (abricot, olive et argan) permet une hydratation longue durée 24 h. Avec deux nouvelles senteurs Fleur d’Osmanthus et Rose, ces formules cocoon au parfum très doux pénètrent parfaitement sans laisser de film gras, pour embellir les mains au quotidien ! Crème mains & ongles - ROGER & GALLET Parfum Fleur d’Osmanthus, Rose ou Sublime Bois d’orange Tube 30 ml - 6,20€
Le Phyto-Lip Shine SHEER BALM Sisley Dernier né de la gamme Phyto-lip Shine : le Phyto-Lip Shine Sheer Balm. Un lipstick couleur dragée qui combine la brillance d’un gloss et le confort d’un baume pour un effet transparent et repulpant. Sa teinte rose pétale joliment frais, presqu’incolore, répond à toutes nos envies de légèreté. Fondante, imperceptible et ultra confortable, la texture est hyper légère et nourrissante, grâce aux beurres de kokum et de mangue, une formule soin qui permet de concilier brillance et douceur absolue. Phyto-Lip Shine Sheer Balm - SISLEY 30,50€ Disponible en octobre 2013 sur sisley-paris.com
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Eau de parfum Première GUCCI Cette fragrance sensuelle et sophistiquée s’inspirant du glamour hollywoodien et de ses tapis rouge, est un savant mélange de bois et de musc. Avec des notes de bergamotes et de fleur d’oranger pétillante et féminine, la base chaude de ce parfum résulte des notes de cuir subtilement fumé et de bois tendre. L’indispensable touche parfumée à dégainer en début de soirée ! Eau de parfum Première - GUCCI A partir de 63€ les 30 ml
Crème parfumante corps Maison Francis KURKDJIAN Entre le soin et le parfum, les crèmes parfumées pour le corps de la Maison Francis Kurkdjian apportent volupté et fraîcheur à votre peau. Parmi les cinq sillages proposés, coup de cœur pour la crème Aqua Vitae aux notes de citron de Calabre, mandarine de Sicile, fève tonka et bois de gaïac . Une fraîcheur sensuelle, et un dépaysement olfactif garanti.
Crème parfumante corps - Maison Francis KURKDJIAN Cinq parfums : Aqua Vitae, Amyris, Apom, Lumière Noire, et Oud Le tube de 150 ml - 48€ En vente à la boutique Maison Francis Kurkdjian - 5, rue d’Alger Paris 1er, à la Belle Parfumerie du Printemps Haussmann Paris 9e et de Strasbourg
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BEAUTE DES CILS Vous rêvez d’une belle ligne de cils épaisse, bien courbée et parfaitement déployée ? On ne vous promet pas la révolution mais on a fait le tour des nouveautés soin et maquillage, et certains produits peuvent largement vous combler. Parce que des cils élancés et forts, c’est la clé d’un regard plus expressif et plus beau !
Aujourd’hui, on demande aux mascaras d’allonger et de volumiser, oui, mais aussi de fortifier ! Le Be Long Masacara de Clarins est enrichi d’un complexe innovant, le «Be Lash Complex» à base de matrikine qui active la croissance de nos cils ! Sur le long terme, le panthenol les fortifie et les protége lors de l’étape délicate mais cruciale du démaquillage. La dernière nouveauté qui cartonne un peu partout est le mascara Lash Domination avec la promesse de bénéfices 10 en 1 pour les cils. Sa brosse 180°permet de recourber et de couvrir tous les angles. Sa formule à base d’extraits de protéines de quinoa, de vitamine et de minéraux, les fortifie et les protège pour longtemps. Mascara Lash Domination BAREMINERALS 20€ En exclusivité chez Sephora
Be Long Mascara - CLARINS Collection Graphic Expression 25,50 €
On n’hésite plus à tricher avec des faux-cils soft, en petites grappes, parfait pour combler les éventuels trous dans la ligne du cil. Les Easy faux cils de Bourjois vous permettrons de moduler leur volume à l’envi. A poser séparément au coin externe de l’œil.
Faux cils « Faux & Fabulous » - BOURJOIS Easy faux cils - 5,99€
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Côté accessoires... Stop au recourbe-cils traditionnel ! Ce curler nouvelle génération vient recourber les cils par dessous pour attraper même les plus fins. Ingénieux ! S Curler - SHU UEMURA 36€
Si le côté « instrument de torture » du recourbe-cils vous fait un peu peur, optez pour ce petit peigne à cils, qui sépare, recourbe et les déploie parfaitement ! Il vous aidera pour une meilleure répartition du mascara et peut également servir à l’application de soins spécial cils, en répartissant le produit de la racine jusqu’à la pointe. M2 Tools - B2 BEAUTE 19,50€
Les soins ultra nourissants Le cil n’est implanté qu’à environ 2 mm dans la paupière (contre 4mm pour le cheveu), et supporte mal les tractions, les frottements, les UV, l’eau et le démaquillage quotidien. Entraînant un amenuisement de son ciment intercellulaire, il se fragilise, devient cassant jusqu’à se rompre. Pour mettre fin à ce fléau ou le retarder au maximum, on mise sur ce soin contour des yeux de Vichy, qui ajoute une action sur l’embellissement des cils et un effet « étoffant ». A base d’actifs végétaux et d’huiles naturelles, ils boostent la pousse et fortifient le cil pour les rendre plus souples et plus brillants. Liftactiv Sérum 10, Yeux & Cils - VICHY Flacon pompe 15 ml - 28,60€
Si vous avez un certain budget et que souhaitez un « engrais » ultra efficace, misez sur le Sérum de croissance M2 Lashes. Ce sérum est un concentré d’actifs stimulateurs de croissance et de traitants embellisseurs. Les cils s’allongent et deviennent plus fournis, plus forts, plus toniques et expressifs. Les premiers résultats sont visibles au bout de 6 à 8 semaines. M2 Lashes Sérum de croissance des cils - M2 BEAUTE 5 ml - 130 €
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BLIND NEWS Georges Braque au Grand Palais
©Leiris SAS Paris ©Adagp, Paris 2013
Georges Braque (1882-1963), artiste majeur du XXème siècle, fut d’abord en tant que co-fondateur du cubisme (avec Picasso) et inventeur des papiers collés, une des grandes figures de l’art moderne. Le Grand Palais accueille une rétrospective vaste (près de 200 œuvres sont rassemblées) et ambitieuse de son œuvre. L’expo revient au fil d’un parcours chronologique, sur toutes les périodes de sa création : Le fauvisme, le cubisme, ainsi que les séries de variations thématiques (paysages, guéridons, canéphores et ateliers). Une exposition qui fait resurgir des parties de Braque restées parfois injustement dans l’ombre, et dévoilant un artiste que l'on ne connaît pas vraiment. Figure d'éternel second de Picasso aux yeux de la postérité, cette grande rétrospective de Braque (la plus grande depuis 40 ans en France ) répare enfin cette injustice.
Georges Braque, L’oiseau noir et l’oiseau blanc, 1960
Exposition Georges Braque Au Grand Palais, Galeries Nationales (Entrée Champs-Elysées) Jusqu’au 6 janvier 2014 Tarif : 8€ www.grandpalais.fr
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Georges Braque, Grand Nu, 1907-1908
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©Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist.Rmn-Grand Palais / Philippe Migeat ©Adagp, Paris 2013
DU punk au musée Né sur les cendres froides de Mai 68, dans un contexte de crise économique et de faillite des idéologies, et dans un monde en proie à une menace protéiforme et confuse (nucléaire, totalitaire, terroriste), le punk est un mouvement aussi paradoxal que fondamental. Révolution sans cause, ambiguë, chaotique et radicale, faisant un usage systématique de la provocation et du second degré, le punk prônait le no future tout en proposant à chacun de changer le monde. L'exposition Europunk à la Cité de la Musique met en lumière cette effervescence créative qui, entre 1976 et 1980, parallèlement à ce qui se produisait aux États-Unis, a agité le Royaume-Uni d'abord, puis l'ensemble du continent européen. Enfant illégitime de Dada, de Fluxus et du situationnisme, cette contreculture qui rejetait l'Art aura en effet réussi, au mépris des canons esthétiques, à imprégner profondément et durablement tous les domaines de la création : la musique, le cinéma, les arts plastiques, la mode, la bande dessinée… Au total, plus de 450 objets (vêtements, fanzines, affiches, tracts, dessins et collages, pochettes de disques, films, etc.), témoignent de cette vitalité qui ont fait du punk, malgré lui, une véritable révolution artistique. Du son crado des Sex Pistols au culte de la récupération vestimentaire, de l’effervescence graphique du collectif français Bazooka aux chants politisés des Clash, du stylisme de Vivienne Westwood à la New Wave de Joy Division, l’exposition met le doigt sur une liberté créatrice qui parfume, encore aujourd’hui, la culture populaire en Europe et dans le monde.
Affiche pour la sortie de God Save the Queen, 1977 ©Sex Pistols Residuals
« Europunk...Une révolution artistique en Europe [1976-1980] » La cité de la Musique Du 15 octobre 2013 au 19 janvier 2014 Tarif : 9€ www.cite-musique.fr
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Linder, Magazine, pochette de disque Real Life l.p., 1978.
Annonce du concert Punk Ă tout va, Siouxsie & the Banshees, Asphalt Jungle, Generation X, 1977.
Malcolm Garrett & Linder, Buzzcocks, pochette de disque Orgasm Addict e.p., 1977.
Affiche promotionnelle pour The Clash, Clash City Rocker , 1978.
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Lily Collins est le nouveau visage Lancôme Véritable étoile montante du cinéma, la fille de Phil Collins, dont les traits rappellent ceux d'Audrey Hepburn, sera désormais la nouvelle ambassadrice Lancôme. Nous pourrons la voir dans ce nouveau rôle dès janvier 2014, à l’occasion du lancement de la collection maquillage printemps de la marque intitulée French Ballerine.
Isabel Marant dévoile sa collection pour H&M C’est une des collaborations les plus attendues de l’hiver et l’on peut d’ores et déjà la voir dans son intégralité dans un lookbook mettant en scène Lou Doillon ou Milla Jovovich. Comme promis, Isabel Marant est restée fidèle à son style bohème et cool. Au programme : manteau boyfriend, veste ethnique perlée, robe légère, leggings à sequins, bottines frangées, slim en cuir ou encore gilet en grosse maille. Une collection hautement désirable ! La collection Isabel Marant pour H&M sera disponible dès le 14 novembre dans 250 boutiques. www.hm.com
18
D.R
après 16 ans de succès, MARC JACOBS quitte Louis Vuitton Bernard Arnault président du groupe LVMH a confirmé au quotidien américain Women's wear daily (WWD, la bible de la mode) que le styliste Marc Jacobs quittait la maison Louis Vuitton. L'américain qui présentait mercredi 2 octobre sa dernière collection, était depuis 1997 aux commandes de Louis Vuitton, marque qui assure l'essentiel de la rentabilité de LVMH, le numéro un mondial du luxe. Un départ plus ou moins attendu, pour mieux s'occuper de ses propres affaires et préparer l'introduction en bourse de sa ligne personnelle (Marc Jacobs et Marc by Marc Jacobs), d’ici 2015. Comment Marc Jacobs est-il devenu l’artisan d’une success story mondiale ? “Il fait tout ce qu’un conseiller marketing vous conseillerait de ne surtout pas faire, et pourtant ses boutiques sont pleines”, résumait Loïc Prigent, au début du documentaire Marc Jacobs & Louis Vuitton, en 2008. Le directeur artistique a transformé au fil des ans le vénérable malletier Louis Vuitton en une marque de prêt-à-porter dont le chiffre d’affaires double tous les 5 ans. Une rockstar qui transforme tout ce qu’elle touche en cash : avec ses 460 boutiques et sept milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2012, la planète Vuitton sous l’ère Jacobs représente la locomotive du groupe. Jacobs-Vuitton, c’est donc l’une des associations les plus rentables de l’histoire de la mode. Outre l’argent, la marque devient un symbole de faste décomplexé, pointu et dans l’air du temps. Toujours prêt à se réinventer lui-même, Jacobs façonne un héritage style intrinsèquement lié à ses propres métamorphoses et excès (deux rehab en 1999 et 2007). Et pour incarner cette femme imaginaire, le styliste appelle très souvent ses muses perso, de Kate Moss à Sophia Coppola, dont le charisme tranche avec les mannequins standard. S’il est lui-même adepte de la jupe, Marc Jacobs a su ne pas trop bousculer le style Vuitton s’inspirant beaucoup des années soixante-dix, "avec le désir de mettre en avant une jeunesse décontractée, mais chic, et libérée des codes en vigueur." décrit le magazine Vogue. Véritable allégorie de la maison, le créateur pourrait être sur un piédestal irremplaçable mais son départ annonce un futur excitant : Nicolas Ghesquière, ancien de la Maison Balenciaga, devrait prendre le poste.
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FASHION REPORT La Fashion Week
printemps-été 2014 s’est achevée le 2 octobre à Paris où de somptueux looks ont été dévoilés, après ceux de New York, Milan et Londres. Les podiums délaissés, voici le temps du bilan. Zoom sur 10 grandes tendances pour l’année prochaine !
Andrew Gn
Calvin Klein
Guy Laroche
Par Marz Atashi
Emanuel Ungaro
Derek Lam
Burberry
Balmain
GEomeTRIE Un esprit géométrique et graphique se faisait également sentir avec une prédilection pour l
White Spirit
Michael Kors
Victoria Baeckham
Lacoste
Encore du blanc pour le printemps/été 2014. On n’y échappera pas ! Et pour parfaire son allure virginale, on ose les jeux de transparence, découpes, broderie anglaise, dentelle, volants...
Saint Laurent
Roland Mouret
Ralph Lauren
Edun
le bleu. Et à ce petit jeu, l'association du noir et blanc est gagnante !
21
WORK OUT
22
Dior
Diesel
Burberry
ACID PASTEL
Marques Almeida
Dsquared
Barbar Bui
Gucci
Bon, les filles, encore une fois, la dictature de la mode nous impose de faire beaucoup d'abd hauts très plongeants, des chemises ouvertes...Qu'on se rassure, on a encore plusieurs mois
Versace
Trusardi
Jil Sander
Tommy Hilfiger
dos pour montrer un ventre plat qui se dévoilera grâce à des cropped tops, des s devant nous pour nous entraîner !
Il y a aussi eu de beaux pastels mais un pastel fort, à la frontière du néon. Un
Rochas
Elie Saab
pastel sous acide !
23
FLOWER POWER
Marni
Elie Saab
Dior
Dolce & Gabbana
L'imprimĂŠ fleuri demeure et ce, sous toutes ses formes!
Zac Posen
Hussein Chalayan
24
Dior
Burberry
SHOULDER TO SHOULDER
Temperley
Preen
Michael Kors
Mary Katrantzou
Il n'y a rien de plus féminin (à notre avis !) qu'une jolie nuque et des épaules astucieusement dévoilées...Une sensualité toute en douceur.
Style coup de coeur 25
26
Lanvin
Givenchy
Christopher Kane
PQQ
Paul Smith
Dior
Bluemarine
YELLOW SUBMARINE
SHINE A LIGHT
Oui, ce n'est pas la tonalité la plus aisée à arborer et les créateurs de mode nous mettent au
Roksanda Ilincic
Ralph Lauren
Prada
défi. Prêtes à le relever?
En version boule disco ou esprit moiré, on brille de mille feux en décalage ou dans
Lanvin
une version ultra-féminine assumée.
27
28
Prada
DKNY
Emilio Pucci
Alexander McQueen
FRINGE
URBAN SPORT
Miu Miu
Jean Paul Gaultier
La saison dernière, on a célébré la tendance années 20. Plus d'historicisme l'été prochain mais on a conservé les franges qui réussissent haut la main à ne pas tomber dans la panoplie «cow girl» kitsch !
On allie sportswear et sensualité en détournant des tops à l'allure très décontractée et sporty. Grâce à leurs jeux
Y-3
Ungaro
de transparence, ils sortent des salles de gym !
29
NEW FACES
Par Franรงois Berthier
Chaque mois, retrouvez les plus belles new faces Parisiennes.
Alina@Mademoiselle Russie 179cm 80 / 64 / 92
Neele & Inka@City 176cm 78 / 61 / 88
Masha @Metropolitan Russie 180cm 83 / 61 / 90
Nicole@Silent Pologne 175cm 79 / 58 / 85
NEW FACES
Aida@Silent 173cm 78 / 60 / 84
Thais@City BrĂŠsil 179cm 81 / 59 / 86
BEAUTE
PHOTOS : FRANCOIS BERTHIER Make up : Yoana TG Hair : ELSA JOLI
PHOTOS : FRANCOIS BERTHIER MAKE UP : YOANA TG HAIR : ElSA JOLI
42
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Photos : Marthe Sobczak BĂŠatrice Eni - Make Up Manucure Charline Muse - Mannequins DĂŠtails Main
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beautĂŠ
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Photogrape : Franรงois Berthier Hair & Make up : Manuela B Mannequin : Flavie@Vip
49
52
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BLIND LIVE Photo : Wallendorff
The Black Angels @ le Trianon, Paris.
DECOUVERTE
Basia Bulat Par Dine Delcroix / Photos : François Berthier
Dans l’obscurité de la perte d’un proche, Basia Bulat a trouvé une façon de se réinventer, délaissant sa signature acoustique pour des sons plus folk au profit de Tall Tall Shadow, un troisième album à la fois ferme et fragile. La chanteuse canadienne d’origine polonaise sera sur la scène parisienne de la Flêche d’Or le 29 Octobre 2013 pour un concert exceptionnel. Portrait d’une voix pas comme les autres.
Ton nouveau single s’intitule Promise Not
créativité. C’est un album folk dans le
To Think About Love. L’album dont il est
sens où il est basé sur une structure nar-
extrait parle pourtant beaucoup d’amour.
rative et j’ai cherché la meilleure façon
Aimes-tu les paradoxes ?
de raconter mes histoires. Je crois que
Oui. J’aimais l’idée de chanter la manière dont j’allais ne pas parler d’amour alors que je ne fais que cela. C’est une situation paradoxale (rires). Que sais-tu du véritable amour ? Je sais qu’il peut prendre de l’ampleur très rapidement. Je ne suis pas une grande philosophe mais je crois que le véritable amour ne nous censure pas et a tendance à repousser nos limites. Tes nouvelles chansons sont un peu moins acoustiques que les précédentes. Cette évolution s’est-elle faite naturellement ? Non, elle était intentionnelle. Qu’est-ce qui a motivé cette évolution ?
je n’aurais pas pu faire un nouvel album acoustique même si, pour la plupart des gens, ce disque sera considéré comme un album acoustique. Quand on l’écoute, cet album donne l’impression que ton cœur est brisé. Est-ce le cas ? Je pense que cet album est effectivement le reflet d’un cœur brisé car rien n’est jamais tout noir ou tout blanc dans la vie même si la pochette du disque est en noir et blanc (rires). À une période où j’ai perdu quelqu’un de proche, j’ai essayé de me retrouver. Ma vie avait changé et j’ai eu besoin de me recentrer. Je me suis notamment tournée vers le gospel et la soul. Tes chansons ont une dominante mélancolique mais tu ne cesses pourtant de sourire. Comment qualifierais-tu ton tempérament ?
Je voulais signifier un changement. Pendant longtemps, j’ai été timide dans ma
Je suis un peu comme cette chanson 57
gospel qui s’appelle Sometimes I Feel Like
son se passe à Toronto. Elle a été écrite
A Motherless Child. J’ai découvert cette
avec l’image d’une station de métro qui
chanson sur une compilation, elle était
ne se trouve pas loin de l’endroit où j’ai
interprétée par O. V. Wright et je la
grandi. Cette chanson est un peu une
trouve à la fois triste et joyeuse.
sorte de journal intime qui a été inspiré
Tu as parlé de la perte d’un proche vécue deux mois avant de commencer à enregistrer ton album. Comment as-tu géré cette situation ? Nous sommes tous amenés à vivre ce genre de choses un jour ou l’autre. C’est difficile pour tout le monde car on ne s’en remet ja-
vécu dans ces deux villes. Tu as déjà eu la chance de partager la scène avec de grands noms de la musique dont Nick Cave et Neil Young. Quels souvenirs gardestu de ces moments ?
mais vraiment. Moi, j’ai eu envie de faire un
Nick Cave, c’était dingue. Il est très sym-
truc positif qui célèbre la vie tout en étant
pa et son groupe aussi. Neil Young, je
honnête. Il m’était plus simple d’écrire et
l’ai rencontré brièvement et c’est la per-
de composer que d’en parler.
sonne la plus gentille qui puisse exister.
Considères-tu la musique comme une thérapie ? Oui, la musique est thérapeutique. Beaucoup de personnes se font du bien en allant voir des concerts. Mais le fait de se tourner vers l’art ne veut pas forcément dire que tout doit être toujours sérieux.
C’était magique parce qu’il a toujours été une source d’inspiration pour moi et je n’arrive d’ailleurs pas encore à réaliser ce qui s’est passé (rires). Es-tu aujourd’hui capable d’expliquer pourquoi tu as choisi un métier artistique ?
Quand on va voir un groupe de punk sur
Rien n’a vraiment déclenché cela. Plus je
scène qui joue n’importe quoi sur des pa-
voulais faire autre chose et moins je par-
roles bizarres, on peut quand-même res-
venais à me détacher de la musique. À
sentir quelque chose de fort et d’intense.
chaque fois que je souhaitais me lancer
Dans ton album, il y a une chanson qui s’intitule. Paris Or Amsterdam. Laquelle de ces deux villes préfères-tu ? Oh mon Dieu ! Je dois vraiment choisir ? C’est dur et je ne sais pas si je pourrais choisir. Le plus drôle c’est que la chan-
58
par une personne que je connais et qui a
dans des études littéraires ou autre, je revenais à la musique. J’avais une bourse scolaire et je voulais m’en servir pour enregistrer un album (rires). Je ne sais pas si j’ai choisi ce métier ou si j’ai été choisie par ce métier mais je suis, en tout cas, heureuse de suivre cette voie.
DECOUVERTE
JADE ROSE PARKER Par Dine Delcroix / Photos : François Berthier
Révélée en 2009 dans le film LOL aux côtés de Sophie Marceau, la jeune Jade-Rose Parker vient de publier son premier roman construit justement, et avec un humour distingué, autour du milieu du cinéma. Avec son histoire loufoque, Ta Gueule, On Tourne nous invite à rire d’une société qui ne le fait pas suffisamment.
Comment
passe-t-on
de
la
comé-
die à l’écriture ? En n’ayant pas les rôles qu’on veut ! Non, je plaisante, mais il y a un peu de ça quand même… En fait, j’ai toujours écrit mais sans jamais avoir l’ambition d’être publiée. À côté de ça, en tant que comédienne, les rôles que l’on me proposait ne m’intéressaient pas et, ceux
net, le président des éditions Kero, ait choisi la rentrée littéraire de septembre car c’est une période très prestigieuse, centrée sur les « romans à concours », souvent très sérieux, très littéraires, très tristounets. Or, Ta Gueule ! On Tourne est une comédie fraîche et pétillante. C’est un peu Zavatta à l’enterrement de Jean D’Ormesson pour te donner une idée.
que j’aurais bien aimé avoir, justement,
De qui t’es-tu inspirée pour créer tes person-
on les proposait à des comédiennes plus
nages ?
connues. Alors partant du principe que je ne serai jamais mieux servie que par moi-même, j’ai décidé de m’écrire un rôle, celui de Karen en l’occurrence. Au départ, Ta Gueule ! On Tourne devait être
Ça dépend des personnages ! Pour le personnage de Karen, je me suis évidemment beaucoup inspirée de moi (la fille super-mégalo, tu sais) même s’il y a une
un scénario
importante part de fiction. Pour les stars,
Tu as choisi la rentrée littéraire pour sortir
et d’actrices célèbres, de certains que
ton premier roman. Pourquoi faudrait-le lire
je connaissais, d’autres que j’imaginais
alors qu’il y a des centaines d’autres nou-
d’après ce qu’on peut lire et voir dans la
veautés en librairie ?
presse mais aussi de gens autour de moi
Ce n’est pas l’auteur qui choisit le moment de sortie de son roman, c’est l’éditeur. J’étais flattée que Philippe Robi-
bien sûr je me suis inspirée d’acteurs
et même de personnes que je ne connais pas. Parfois je suis dans une soirée et je remarque quelqu’un qui a un « geste fé61
tiche » qui m’amuse ou m’intrigue. Je le
y a quelques années donc il a fallu faire
note dans un coin de ma tête et je peux
traduire le roman en braille-ours mais va
m’en servir plus tard pour exprimer un
trouver un traducteur de braille-ours à
trait de personnalité de mon person-
Paris ! Enfin bref, il a beaucoup aimé.
nage. Michel, le héros de « Ta Gueule ! On Tourne » se passe par exemple la main sur les lèvres quand il est déstabilisé par une situation ou un événement. Je trouve que ces petits détails rendent un personnage beaucoup plus vrai. C’est comme un jeu de piste, je laisse des indices au lecteur et c’est à lui de les relever ou pas et d’en tirer les conclusions qu’il souhaite. J’aime l’idée, c’est beaucoup plus interactif qu’une longue description à l’unilatérale.
tourner leur film idéal. As-tu déjà eu envie d’écrire ton rôle idéal ? Je ne crois pas en un rôle idéal, je pense que c’est à l’actrice de révéler le potentiel de chaque rôle qu’elle interprète et de le rendre idéal pour elle de façon à ce qu’après l’avoir vue dans ce rôle-là, on ne puisse imaginer aucune autre actrice à sa place. Après, c’est sûr qu’il y a des rôles plus forts que d’autres et donc plus
En combien de temps s’est écrit le livre ?
ou moins faciles à sublimer. Par exemple,
Trois jours, mais j’ai bossé à fond ! Non,
n’a pas eu un rôle idéal, mais des di-
je plaisante, cela m’a pris à peu près un
zaines. Les personnages qu’elle a inter-
an mais je n’ai pas travaillé en continu
prétés étaient sans doute formidables sur
car j’avais aussi d’autres activités. Et puis,
le papier mais c’est grâce à elle, à sa pré-
j’ajouterai que je ne voulais pas faire un
sence et à sa performance d’actrice qu’ils
roman de moins de 250 pages. La mode
sont devenus des rôles idéaux.
est aux romans courts, voire très courts, mais 15 euros les 120 pages, même si c’est de la qualité, je trouve que ça fait cher la feuille. J’avais envie de donner de la matière à mes lecteurs. Qui est la première personne de ton entourage à avoir lu ton roman, une fois son écriture terminée ? Léon, c’est mon ours en peluche, il suit ma carrière depuis très longtemps. Je sais que je peux lui faire confiance, il a des goûts très sûrs. Après, ce qui a été compliqué, c’est qu’il a perdu ses yeux il 62
Les personnages de ton histoire veulent
Meryl Streep, que j’admire énormément,
Lequel serait-ce ? Il insiste ! Eh bien le rôle de Karen, alors. J’ai écrit le rôle pour moi et j’ai très envie de donner vie à cette fille un peu paumée qui va finalement s’en sortir en braquant son destin. C’est un conte de fées version 2013 ! Si, comme les personnages de ton roman, tu devais kidnapper des célébrités, tu choisirais lesquelles et pourquoi ? Ah Ah ! C’est une question piège : ce que tu veux savoir, c’est à quelles acteurs et actrices je fais référence dans le roman.
Je ne vais pas répondre pour une bonne
« Les Dents De La Mer », tout de suite,
raison, c’est que, depuis la sortie, tout
tu penses au thème musical ! Mais c’est
le monde se fait une idée bien précise
également vrai pour des thèmes plus
de qui est qui et, évidemment, ça varie
discrets qui accompagnent l’image et la
d’une personne à l’autre ! C’est telle-
magnifient dans un même mouvement.
ment drôle de voir que, pour tel lecteur,
J’aimerais aussi écrire pour d’autres, des
Danièle est Catherine Deneuve alors
chanteurs, chanteuses…
que telle lectrice a clairement reconnu Sophie Marceau ! Et ainsi de suite pour chaque « star ».
composer ?
Quels sont tes auteurs préférés ?
Jean-Jacques Goldman ! (rires) Non,
Il y en a tellement ! Je trouve cela un peu
ou une chanteuse de mon iPod (et il y
manichéen de dire que j’aime tel auteur
a du monde là dedans !) avait envie que
alors que je peux avoir adoré certains de
j’écrive pour lui, j’en serais ravie. Il y a
ses titres mais moins aimé d’autres. Dans
beaucoup de choses à faire en musique
ma bibliothèque, on trouve du Maupas-
et, ce que je trouve intéressant, c’est jus-
sant comme du Musso, pour parler de la
tement d’explorer de nouveaux horizons
lettre M et je n’ai lu l’œuvre entière d’au-
tout en respectant l’univers d’un artiste.
cun des deux. Quel réalisateur aimerais-tu voir adapter
personne en particulier. Si un chanteur
À part le tien, quel est ton livre de chevet ?
ton premier roman à l’écran ?
Les pages jaunes, mais il y a beaucoup de
Billy Wilder, mais on m’a dit qu’il n’était
parfois.
plus très disponible… Tu es aussi auteur-compositeur. As-tu l’intention d’explorer ces disciplines dans un fu-
personnages, on a du mal à s’y retrouver
De quoi nous parlera ton second roman ? C’est délicat de résumer un roman que je
tur proche ?
n’ai pas encore écrit et qui pourrait donc
J’aimerais beaucoup que l’on me confie
Tout ce que je peux dire, c’est que cela
la bande-originale d’un film. Souvent,
n’aura rien à voir avec l’univers du ciné-
les gens n’y prêtent pas beaucoup atten-
ma. J’ai envie de bousculer mon écriture,
tion bien que cela ait tendance à évoluer
d’explorer de nouvelles contrées litté-
mais la musique joue un rôle essentiel
raires…
dans un film au même titre que les acteurs, le scénario, la lumière… Si je te dis
64
Justement, pour qui aimerais-tu écrire et
se métamorphoser en cours de création.
ELISA JO
Par Dine Delcroix / Photos : QUentin MAIGNIEN
À
seulement 20 ans, Elisa Jo a déjà attiré l'attention sur un talent à suivre de près. Même le grand Benjamin Biolay n'a pu résister à son univers retro-pop qu'il a tenu a sublimer en produisant son premier album. Disponible depuis le printemps dernier, olours n y ind, arrive ce mois-ci en version physique et s'accompagne de deux concerts aux Trois Baudets les 6 Novembre et 2 décembre 2013.
C
I M M
Ton premier album est désormais dans les bacs. En quoi te ressemble-t-il ? Comme moi, il possède plusieurs facettes. Dans un premier album, on a envie de tout mettre mais il ne faut pas partir dans toutes les directions car c’est important de garder un fil conducteur. Là, pour le coup, nous sommes partis de plusieurs directions et nous avons réussi à obtenir quelque chose d’homogène. Je suis moi-même un mix de plusieurs choses et c’est dans cette mesure que l’album me ressemble. Il peut être joyeux ou mélancolique mais c’est moi à chaque seconde. Qu’est-ce qui a été le plus difficile à faire sur ce disque ? Mes chansons existaient déjà depuis un certain temps. J’ai commencé à les écrire en 2008 avec mon professeur de piano qui est aussi compositeur. Les morceaux étaient des guitares-voix qui n’avaient donc pas d’habillage et le fait de rentrer en studio pour les arranger a été un vrai tournant. J’avais l’habitue d’entendre ces chansons d’une certaine manière et j’ai dû les redécouvrir avec une vraie production et des arrangements. J’avoue que j’ai eu du mal au début. Je me demandais si j’aimais vraiment le résultat... Avais-tu le sentiment que tes chansons ne t’appartenaient plus ? Disons que j’avais un peu peur car je n’avais jamais vraiment réfléchi à ce que je voulais pour ces morceaux. J’avais donc des appréhensions au début et j’ai dû écouter les nouvelles versions en boucle avant de me rendre compte qu’elles correspondaient exactement à ce que je voulais. J’étais impressionnée de voir à quel point Benjamin Biolay avait cerné mes envies. Du coup, j’avais moins d’appréhensions en studio et il y a eu beaucoup de bonnes surprises. Comment Benjamin Biolay s’est-il retrouvé à réaliser ton album ? Il faisait partie des personnes avec lesquelles j’avais envie de travailler sur ce disque. Mon manager le connaissait depuis longtemps et il eu l’occasion de lui faire écouter mes maquettes. Comme nous cherchions un réalisateur pour l’album, Benjamin Biolay a dit qu’il était partant. Quand j’ai reçu un SMS de mon manager m’annonçant la nouvelle, je n’en revenais pas ! Benjamin Biolay collabore généralement avec des artistes qui ont déjà une assise. D’après-toi, qu’est-ce qui lui a donné envie de travailler sur tes chansons ? Il a vraiment aimé les chansons et je pense qu’il était justement intéressé par l’idée d’être présent au début d’un projet. C’était aussi pour lui une manière
différente de travailler car il a l’habitude de produire et d’arranger des chansons qu’ils compose pour les autres. Là, les chansons étaient déjà faites et il a été essentiellement arrangeur. Il n’a toutefois pas pu s’empêcher de me proposer deux titres qui sont Something You May Cure et Steady Boy. Qu’a-t-il apporté à tes chansons ? Il est parvenu à faire un patchwork harmonieux avec mes titres. C’était un vrai travail d’équipe mais nous n’avons pas eu besoin d’échanger beaucoup de mots pour qu’il comprenne mes envies et mes besoins. Il a réussi à tout mettre en forme. Parmi ses nombreuses collaborations, laquelle préfères-tu ? J’aime beaucoup ce qu’il a fait pour Élodie Frégé. Il a ce don d’arriver à coller parfaitement à la personnalité de l’artiste avec lequel il travaille. Il met sa patte au service de l’artiste tout en respectant l’univers de celui-ci et c’est une des premières qualités d’un réalisateur. Pourquoi as-tu choisi de chanter en anglais ? Quand j’ai commencé à écrire mes paroles, c’était directement en anglais donc ce n’est pas vraiment un choix délibéré mais plutôt une évidence. Ma mère a vécu en Angleterre pendant des années et l’anglais est un peu ma deuxième langue maternelle. Je ne fais aucun effort pour écrire dans cette langue. La plupart des sons que j’écoute sont anglophones. La musique que je fais aujourd’hui ne sonnerait pas de la même manière en français. Le premier titre que j’ai écrit il y a 5 ans, c’est «Back Around» et il est venu naturellement en anglais. De même, je faisais partie d’un groupe de rock quand j’étais au lycée et j’écrivais tous mes textes en anglais. Te sens-tu encore proche des chansons que tu as écrites il y a plusieurs années ? Pour la plupart, oui. Celles qui se trouvent sur cet album me correspondent encore aujourd’hui. Il y a des titres que je ne me vois pas chanter ou défendre sur scène car ils ne me reflètent plus mais il y a des chansons qui ont été écrites il y a longtemps et que j’assume toujours, que ce soit au niveau du texte ou de la mélodie. Mon écriture évolue et, du coup, je ressens que certains titres commencent à dater. Cela t’encourage-t-il à travailler sur un deuxième album ? J’ai déjà commencé (rires). Sur ton prochain album, si tu pouvais faire un duo avec un artiste qui n’est plus de ce monde, lequel choisirais-tu ? Si je pouvais, je choisirais Otis Redding. À quoi fait référence le «ring» de ta chanson Give Me A Ring ? Je ne suis pas très branchée mariage (rires). Ici, le «ring», c’est celui d’un coup de téléphone. Dans la chanson, je m’adresse à un ami qui ne va pas bien et lui dit « Appelle-moi ! ».
69
DECOUVERTE
Audrey VErnon PAR Soisic Belin / Photos : François Berthier
Loin
de mettre en avant son côté girly ou bien de prôner une quelconque féminité exacerbée pour se démarquer de « ses frères de scènes », Audrey Vernon assume son côté pédagogue et l’intelligence qui émane de ses deux spectacles. Des « seules en scène » au nom de la sacro-sainte Economie, elle se joue des seigneurs du Cac 40 pour notre plus grand plaisir, nous explique avec finesse les cercles vicieux qui guident notre société mercantile et nous synthétise avec brio l’existence du père du Capital, Karl Marx.
Ta volonté première n’est pas de nous faire
L’économie est une thématique présente
« pouffer » de rire mais de nous faire sourire
dans les deux spectacles. Elle est, sur-
intelligemment. Comment en es-tu arrivée à
tout en tant que crise, l’argument qui fait
cette forme de spectacle un peu hybride entre
que les gens ont envie de se divertir. Pour-
le One man Show et le théâtre plus classique ?
quoi avoir choisi d’aborder ce thème ?
J’ai choisi la forme du One man Show
Je ne veux pas faire du théâtre pour di-
parce que c’est une forme vraiment po-
vertir les gens. Les divertir serait leur
pulaire et plus légère. Je voulais toucher
faire oublier leur problème et annuler
un public qui ne va pas forcément au
toute réflexion. Je ne peux pas monter
« Théâtre » et non un public déjà convain-
sur scène pour ne rien dire, il y a suf-
cu qui considère le théâtre comme un
fisamment de divertissement ailleurs.
divertissement bourgeois. J’avais envie
Je veux que les gens trouvent des so-
d’être face à des gens qui n’étaient pas
lutions ou, au moins, l’envie de lutter
acquis d’avance. Les débuts furent dif-
contre ce problème. Quand une specta-
ficiles car les gens qui venaient me voir
trice me dit qu’elle a reposé des articles
ne s’attendaient pas à cela et pensaient
qu’elle voulait acheter chez H&M parce
voir une sorte de Bridget Jones. Du
qu’elle a repensé à un passage du spec-
coup, pendant plusieurs saisons, j’ai dû
tacle, cela me fait rire. Karl Marx dit que
les amener à aimer le spectacle. Mainte-
« Le secret du bonheur, c’est la lutte ».
nant que mon public est averti grâce à la presse et à la coexistence des deux spectacles, c’est beaucoup plus facile et les gens sont dans la complicité tout de suite.
Ton premier spectacle, Comment Épouser Un Milliardaire, nous dévoile les se71
Audrey Vernon à Paris et en tournée http://audreyvernon.com À la Nouvelle Seine du 6 Octobre au 22 Décembre 2013 www.lanouvelleseine.com À l’Avant Seine de Colombes le 23 Novembre 2013 www.lavant-seine.com À la salle le Fourmidable de Veynes le 12 avril 2014 www.fourmidiable.org
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crets de la séduction niveau CAC 40. Com-
La femme moderne est active, indépen-
ment définirais-tu la séduction féminine ? dante et instruite. Le personnage que En Chine et en Russie, des écoles s’ouvrent pour apprendre à épouser des
tu incarnes est plutôt une Desperate Housewife. Dans quel clan te situes-tu ?
milliardaires... La réalité dépasse mes
Oh, je ne sais pas trop... Mon person-
espérances, parfois. Tout le monde a
nage est plutôt malin. Elle a compris
sa chance, de la serveuse de café qui a
comment marche l’époque. C’est une
épousé Warren Buffett aux animatrices
époque vénale donc elle le devient aussi.
télé qui ont dragué Berlusconi en pas-
Elle a compris que le mariage de raison
sant par l’étudiante qui a repéré Mark
est la meilleure solution pour survivre
Zuckerberg. Pour épouser un milliar-
aujourd’hui. Quant à moi, je ne sais pas.
daire, il faut faire de la pole dance, par-
J’espère que les choses changent, j’espère
ler toutes les langues et adorer les sacs
qu’un jour, je pourrais faire un spectacle
parce qu’une fois mariée, à mon avis, si
sur les fleurs ou les pommes parce que
on n’aime pas les it bags, on s’ennuie !
la « crise » ne sera plus du tout un sujet,
que l’argent n’existera plus seulement qu’en chocolat pour les enfants, que l’aliénation par le travail ne sera plus qu’un vague souvenir, comme l’esclavage. D’autres époques ont été moins inégalitaires. J’espère que l’état de la planète va s’améliorer, qu’on ne va pas vraiment éradiquer les tigres qui ne sont plus que 3200. Il y a 42 millions d’iPhone en circulation. On sait fabriquer des iPhone mais on ne sait pas re-fabriquer les tigres. Je suis complètement désespérée par cette époque qui sacrifie la Grèce et l’Espagne. La seule chose qui me permet de tenir est de jouer sur scène et de croiser les doigts.
Dans ton nouveau spectacle, « Marx et Jenny », touche à de grandes valeurs comme l’amitié, la reconnaissance, le respect, le travail et l’amour. Es-tu en accord avec celles de Karl Marx ? Complètement ! Il a utilisé tout son entourage pour écrire son œuvre. Les personnes de son entourage étaient d’accord parce qu’il fallait bien que quelqu’un analyse ce qu’elles voyaient autour d’elles. Au 19ème siècle, au début du salariat et de l’exploitation de la pauvreté pour le travail, on sortait de l’époque féodale où une certaine solidarité existait. Marx analyse aussi très bien comment le capitalisme a pour but de détruire les familles parce que la précarité, la solitude et la division sont mieux pour lui. Il dit que le malheur de la société est le but de l’économie et je trouve que les sociétés occidentales divisées montrent bien que le but a été atteint. Lui est à l’opposé de cela. Il lutte contre le capitalisme en vivant dans la pauvreté mais dans la solidarité jusqu’au sacrifice. Il écrit pour essayer de rendre
l’humanité
consciente
d’elle-même
et
il
voudrait
que
personne
ne
soit
obligé de vendre son temps au lieu de jouir de la vie. On en est loin !
Tu as fait des représentations dans des usines. Comment as-tu été accueillie et pourquoi as-tu choisi de te produire dans des lieux qui ne sont pas dédiés aux loisirs mais plutôt au travail, justement ? J’y suis allée par hasard. La première fois, c’était à Rosselange pour des anciens employés de Mittal. Gandrange venait d’être fermé et il fermer Florange, Mittal l’avait promis, il avait même J’avais peur car je ne savais pas si faire un spectacle sur une situation qui les touche et dont ils victimes allait passer mais l’accueil a été La réception n’est pas du tout la même qu’ailleurs. Ils ne rient pas beaucoup
n’était pas question de c r a c h é . comique ont été les génial
!
mais l’écoute est incroyable et puis, par-
système. Mes costumes viennent de chez
fois, à la fin, les gens pleurent d’émotions.
Zara, H&M, Top Shop... Quand je peux
Ils savent que ce que je raconte n’est pas
acheter des choses fabriquées en France,
une caricature. Quand je suis déprimée,
je préfère. J’adore Paul & Joe parce que
le fait d’aller jouer dans une usine ou de
c’est super beau et qu’il est écrit « Fabriqué
rencontrer les Fralib ou les gens qui ont
en France » sur leurs étiquettes. Le fait de
travaillé chez Mittal me redonne beau-
savoir que des enfants ne sont pas morts
coup d’énergie parce qu’ils sont super
pour que je n’ai pas froid me fait plaisir.
forts. Je suis toujours étonnée du ton un peu condescendant employé par les médias vis-à-vis d’eux mais ils sont incroyablement intelligents et courageux. Peut-
Quelles seraient tes solutions pour l’économie ?
être que dans cent ans, on parlera d’eux
Revenons à la problématique de Com-
comme on parle aujourd’hui des géné-
ment épouser un milliardaire, car, quand
raux qui ont gagné des guerres. Comme
j’ai commencé à jouer ce spectacle, ils
c’est une guerre invisible qui vise à trans-
étaient 711. Aujourd’hui, ils sont 1426 à
former les populations en rackettées,
posséder plus d’un milliard. À eux seuls,
je pense qu’il est important d’en par-
ils possèdent 40% de la richesse mon-
ler. Leur réussite passe par le fait qu’ils
diale. Ils ont pris une puissance non
mènent une guerre presque invisible.
maîtrisable et les hommes politiques ont
C’est une véritable leçon d’anarchie !
laissé faire. Les 1426 milliardaires sont plus riches que toute la population de l’Afrique. Je nationaliserais les entre-
Pour
parler
de
consommation
cou-
rante, quelles sont tes petites manies
fondateurs et le reste serait destiné aux
d’acheteuses et tes produits fétiches ?
travailleurs. Mais, heureusement que,
Comme tout le monde : je m’habille, je
milliardaire n’est pas une histoire vraie...
bois, je mange et je participe à fond au
76
prises qui abusent, je rémunérerais les
comme le Titanic, Comment épouser un
DECOUVERTE
THE VAN JETS Par Dine delcroix / Photos : François Berthier
En
trois albums, les membres de The Van Jets ont largement installé leur rock authentique. Couronné de succès en Belgique d'où il est originaire, le groupe débarque en France avec son quatrième opus, Halo, l'occasion d'aller poser quelques questions à Johannes Verschaeve, la chanteur et guitariste du quatuor.
Pourquoi avoir choisi le nom de The Van Jets ? Nous voulions un nom de groupe qui exprime le côté familial. Une bande de garçons, c’est comme un clan ou une mafia. Qui a choisi ce nom ? Moi (rires). La résonance anglophone était-elle importante ?
l’avons donc entièrement construit autour de ce concept de lumière, que ce soit au niveau de la pochette ou de notre scène. D’ailleurs, la pochette s’allume dans le noir. Si l’album est plus positif, doit-on en déduire que vous êtes plus heureux ? J’ai eu un enfant et cela a changé ma perspective de la vie. Je trouve que notre album précédent était trop lourd alors
Oui, c’était évident tout comme le fait de
j’avais envie de donner un peu plus
chanter en anglais.
d’énergie au troisième. J’ai ainsi expérimenté des synthétiseurs et des ordina-
Halo est le troisième album du groupe. Que
teurs pour donner un côté plus pop. J’ai
signifie ce halo ?
aussi beaucoup écouté Prince.
Un halo, c’est une lumière diffuse de
Votre succès est encore confidentiel en
forme circulaire qui peut venir du ciel.
France. Avez-vous l’impression que ce pays
Cela reprend un peu le fil conducteur
consomme moins de musique que d’autres ?
de l’album car, durant l’enregistrement, il y avait une bonne atmosphère et une
Il y a une barrière culturelle entre les
énergie positive. Nos premiers albums
pays anglophones et les pays franco-
étaient plus négatifs que celui-ci. Nous
phones. On le voit bien en Belgique entre
79
la Flandre et la Wallonie, par exemple. Il
bâtiment et qui disait avoir été vraiment
n’y a pas beaucoup de groupes français
influencé par la musique pendant qu’il
qui viennent en Flandres ou qui sont
travaillait. J’ai trouvé cela intéressant
connus en Flandres.
alors je me suis dit que nous pourrions
Votre single The Future a été le titre le plus joué par la chaîne national belge Studio Brussel en 2010. Vous attendiez-vous à un tel engouement pour cette chanson ? Nous avions senti que ce morceau avait du potentiel et que si nous devions avoir un tube, ce serait celui-ci mais nous ne savions pas qu’il irait aussi loin. Lorsque vous travaillez sur une chanson, faîtes-vous en sorte qu’elle plaise avant tout au public ? Quand on fait une chanson, on la fait parce qu’elle nous plaît. Si on se mettait à faire des choses pour plaire au public,
dans une attitude de fantaisie et c’était super ! Nous n’étions pas dans la réalité, nous jouions comme des enfants pour détendre l’atmosphère et éviter le stress. Quelle est la valeur la plus importante entre les membres du groupe ? Le fait de rester ensemble comme une famille. Au sein du groupe, nous avons tous une fonction à la fois sur scène et en dehors de la scène. Nous prenons soin les uns des autres. The Van Jets, c’est le mix de nous quatre. À quoi ressemblera votre prochain album ?
ce serait le début de la fin. Que ce soit en
Nous sommes justement dans une pé-
vue d’un succès commercial ou d’une ex-
riode d’expérimentation. Nous n’avons
périmentation artistique, l’énergie et la
pas beaucoup de chansons finies mais,
créativité de la chanson sont plus impor-
pour l’instant, c’est un peu une suite
tants que le reste. Une fois l’album finali-
de Halo. Nous aimerions faire un album
sé, il y a évidement des titres qui sortent
moins chargé avec un son live en studio.
du lot parce qu’ils sont grand public et
Nous verrons bien comment cela va se
ils finissent par devenir des singles mais
passer...
c’est toujours par hasard. Il paraît que vous étiez déguisés pendant l’enregistrement de l’album... Oui. Avant d’entrer en studio, nous avons préparé des méthodes de travail avec le producteur de l’album. J’avais notamment vu un documentaire sur un architecte belge qui dessinait un grand 80
regarder des images pour nous plonger
81
YUCK Par Dine Delcroix / Photos : DR
Après avoir connu le départ d’un de ses membres, le groupe YUCK a tenu à démontrer qu’il existait toujours et c’est à travers ce deuxième album intitulé Glow & Behold qu’il a choisi de présenter ses nouvelles compositions indie rock. Max Bloom, le chanteur et guitariste de la bande s’est livré sur sa nouvelle façon de travailler. Confessions d’une renaissance...
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DECOUVERTE
Vous revenez avec un deuxième album intitulé Glow & Behold.et un single Rebirth. Le choix de ce single a-t-il pour but de marquer un renouveau pour le groupe ? Non, il n’y a pas de lien spécifique. Je préfère laisser la liberté aux gens d’inter-
chose ou d’avoir un manque. Et sur scène ? Nous n’avons pas encore joué sans Daniel mais nous sommes sur le point de le découvrir. L’énergie sera probable-
préter ce qu’ils veulent.
ment différente mais nous ne sommes
À l’inverse de Rebirth, l’album comprend
qui se cache derrière chaque instrument
une piste qui s’appelle Nothing New. Ce
contribue à chaque son. Je ne pense pas
nouveau disque est-il plutôt une «renais-
que cette nouvelle formation change
sance» ou «rien de neuf» ?
quoique ce soit et, si c’est le cas, ce sera
Ni l’un ni l’autre (rires). Avec le titre Rebirth, on pourrait penser à une seconde vie et je peux le comprendre mais je ne l’ai pas pris au sens littéral même si le
pas inquiets à ce sujet car la personnalité
en mieux. Avez-vous déjà songé à le remplacer ? Daniel a quitté le groupe parce qu’il ne
groupe a traversé beaucoup de choses.
voulait plus travailler en groupe et qu’il
Qu’est-ce qui a changé dans votre manière de
rière. Pour l’instant, la question est de
travailler depuis le départ d’un des membres
savoir comment progresser. Le remplacer
(Daniel Blumberg) ?
ou même dissoudre le groupe n’ont jamais été
Daniel et moi avions l’habitude d’écrire
préférait se concentrer sur sa propre car-
des options pour nous. Il n’y a rien à réparé.
les chansons ensemble donc je me re-
Comment as-tu vécu l’exercice de l’écriture
trouve désormais à écrire seul. Bien
en solo ?
qu’il soit parti, la dynamique du groupe est toujours aussi forte et nous n’avons pas le sentiment d’avoir perdu quelque
Au début, c’était étrange mais je n’ai jamais vraiment ressenti le manque qui aurait pu être lié à son absence. J’ai simple-
83
ment éprouvé le besoin de m’exprimer à
ce n’est pas notre genre. J’ai toujours
travers des chansons qui m’ont passion-
pensé que les pochettes d’albums de-
né et qui m’ont donné envie de les faire
vaient être abstraites et artistiques. Cela
entendre à d’autres.
dépend aussi du genre de groupe et de
Qu’est-ce qui a influencé ton écriture ? Beaucoup de choses mais je voulais surtout créer quelque chose de concis. J’ai été principalement inspiré par un état d’esprit visant à faire un album qui s’écoute partout. Peux-tu m’expliquer la pochette de l’album ? C’est abstrait donc tu peux l’interpréter comme tu veux. Elle a été créée par une de mes amis qui s’appelle Katherine Campbell et qui fait beaucoup de choses abstraites. Je lui ai dit d’écouter l’album et de faire ce qui lui semblerait appro-
il n’est pas nécessaire d’apparaître sur les pochettes. Je ne veux pas qu’on m’imagine jouant ma musique pendant qu’on l’écoute. Quelles sont tes pochettes d’albums préférées ? Closer de Joy Division. C’est une image magnifique et joliment encadrée. J’aime beaucoup sa bordure blanche. J’adore aussi la pochette de Low de David Bowie. En référence à votre chanson Lose My Breath, qu’est-ce qui te fait perdre ton souffle ?
prié. Elle y a passé beaucoup de temps
Megan Fox ou un bon verre de whiskey
pour nous faire plusieurs propositions
(rires).
et celle-ci s’est avérée être la meilleure. Quand tu regardes la pochette, tu peux imaginer quelque chose avant d’écouter l’album et, après écoute, tu peux aussi bien y voir autre chose. Quelle est ta propre interprétation de ce dessin ? Moi, je vois un enfant rebelle à l’école qui dessine en rouge sur une feuille blanche alors qu’il n’a pas le droit d’utiliser cette couleur. Ce n’est pas mon propre travail donc je peux y voir n’importe quoi. Pourquoi n’apparaissez-vous pas sur vos po-
84
musique. Pour notre style de musique,
Quel est le pays dans lequel tu aimerais jouer avec le groupe ? L’Espagne. Nous n’avons pas encore joué là-bas. Quelle est la pire critique que tu as lu au sujet du groupe ? Je ne me souviens pas d’une critique en particulier mais il m’arrive de lire des choses désagréables. Nous avons eu quelques trucs négatifs lorsque Daniel a quitté le groupe. J’essaye de ne pas lire
chettes de disques ?
ce que les gens disent même si, des fois,
Nous n’en avons pas besoin d’autant que
pas tous avoir les mêmes goûts et cela fait
je ne peux m’en empêcher. On ne peut
Par quelle chanson faut-il commencer pour bien adhérer au nouvel album ? Somewhere. C’est ma préférée de l’album parce qu’elle est unique et j’aimerais que les gens l’écoutent en premier avant de découvrir le reste.
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MADNESS PAR Dine Delcroix / Photos : Pauline Darley
Toujours en promotion de son dixième album Oui Oui Si Si Ja Ja Da Da, le légendaire groupe anglais était récemment de passage en France pour un nouvel Olympia complet. À cette occasion, nous avons rencontré la bande pour quelques photos exclusives et c'est Chris Foreman, guitariste du groupe depuis sa formation en 1976 qui s'est livré à l'exercice d'une interview conviviale.
La pochette de votre dernier album a fait l'objet
Faîtes-vous toujours la fête ?
de beaucoup de discussions. Qui l'a choisie ?
Oui, cela nous arrive encore de temps
C'était l'idée de l'artiste Peter Blake.
en temps.
Nous voulions faire une photo mais il a dit "non". C'est un monsieur très mar-
L'année dernière, vous avez chanté pour la
rant.
cérémonie de clôture des Jeux Olympiques. Quel souvenir gardez-vous de ce moment ?
Pour ces nouvelles chansons, avez-vous sou-
C'était très secret (rires). Nous ne pou-
haité utiliser des sons plus modernes ?
vions en parler en personne alors c'était
Oui. Nous avons enregistré puis envoyé
un peu étrange.
nos maquettes à plusieurs producteurs. L'un deux, Stephen Street, a adoré et
Qu'avez-vous pensé des jeunes groupes de
en a exploité la plupart en y apportant
musique qui étaient également de la partie ?
quelque chose de jeune et d'actuel. Il a
En réalité, nous étions dans un camion
utilisé pas mal d'ordinateurs. Il possède
qui se trouvait à l'opposé de celui des
ses propres instruments. Nous avons en-
autres mais nous avons pu croiser les
registré un grand nombre de chansons
One Direction. Ils sont sympathiques et
et nous avons même hésiter à proposer
ont du caractère.
un double-album.
Possédez-vous encore des maquettes sur cassettes ? Oui et c'est un peu embêtant (rires). Votre premier concert à Paris a eu lieu en 1980 au Palace. L'accueil est-il toujours le même en France, plus de 30 ans après ? A l’'époque, nous vendions plus de disques en France qu'en Angleterre mais l'industrie n'est plus la même. Le Palace était une jolie discothèque. Nous étions logés pas loin, donc nous ne dormions pas.
Quel est le secret de la durée de votre groupe ? Nous avons eu une petite pause de 1986 à 1992. Je crois que le secret, c'est que nous aimons toujours ce que nous faisons. Personnellement, as-tu déjà eu envie de vivre ailleurs ? Il y a 7 ans, j'ai quitté Londres pour Brighton mais je n'ai jamais vraiment songé à vivre ailleurs même si j'aime Paris et New York. Nous verrons quand je serai plus vieux (rires).
DECOUVERTE
ADELE EX
ARCHOPOULOS Par Auriane Besson / Photos : François Berthier
Dix
films, sept ans de carrière, et une palme d’or partagée à Cannes, voilà un parcours déjà impressionnant pour une actrice d’à peine 20 ans. A l’occasion de la sortie de a vie d dèle qui lui offre une exposition inédite et radicale, portrait d’une actrice qui en impose.
L
’A
Qui est Adèle Exarchopoulos ?
Boxes sorti en 2006, le film autobiographique de Jane Birkin. Depuis, on l’a vue dans Les Enfants de Timpelbach de
D’elle, on a déjà tout entendu. Actrice
Nicolas Bary (2007), Tête de turc de Pas-
montante, révélation du Festival de
cal Elbé (2009), mais aussi La Rafle de
Cannes, bombe du cinéma français…
Roselyne Bosch (2010). En 2012, Adèle
Mais ce qui frappe d’abord chez Adèle
décroche un rôle principal, celui d’une
Exarchopoulos, c’est cette moue. Bou-
ado en pleine rébellion, dans le film de
deuse et délicieuse. Et cette voix assurée
Nolween Lemesle, Des morceaux de moi,
et grave, qui contraste avec un physique
sorti en début d’année.
de très jeune fille. À bientôt 20 ans, Adèle a cette présence intense qui fait d’elle la chef de file de cette nouvelle génération d’actrice avec Marine Vacth et Astrid Berges-Frisbey. Après la première diffusion du film à Cannes, son prénom était sur toutes les lèvres, les journalistes s’arrachaient un entretien avec l’actrice, et les adjectifs pour l’encenser ne manquent pas : « excellente », « magistrale », « renversante ». Retour sur le parcours d’Adèle, qui est la preuve vivante que la valeur n’attend pas le nombre des années. Adèle est née à Paris à la fin de l’année 1993. Elle grandit avec ses deux frères, place des Fêtes dans le 19ème arrondissement puis à Clichy, en banlieue parisienne. Un père professeur de guitare et une mère infirmière. Ils l’inscrivent à des cours de théâtre à l’âge de 9 ans pour soigner sa timidité. A 13 ans, elle joue son premier rôle dans
90
Cette année, sa carrière prend son envol En 2011, elle fait partie des 30 espoirs du cinéma français sélectionnés par l’Académie des César. Puis, c’est la consécration avec La Vie d’Adèle d’Abdel Kechiche. Son rôle, celui d’une adolescente qui s’éveille à l’amour et à la sexualité grâce à une jeune femme, elle l’a décroché au terme d’un très long casting. Elle est l’Adolescence, avec tout ce que cela suppose de gaucherie, d’ingratitude et de grâce. Les longues séquences dialoguées, les larmes, les scènes de sexe très explicites : comme sa partenaire à l’écran, Léa Seydoux, elle a accepté de tout donner à l’exigeant Kechiche. La suite, on la connaît. Une ovation démentielle, une performance mise à l’honneur par Spielberg lui-même, la
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Une de tous les quotidiens, etc.
deux jeunes femmes pourraient bien continuer leur ascension fulgurante.
Mais après la folie cannoise, les lan-
92
gues se délient. En pleine promotion
Le film est très attendu aux Etats-Unis,
du film sur le continent nord-américain,
autant pour son caractère sulfureux (in-
les deux actrices évoquent un tournage
terdit aux moins de 17 ans) que pour les
« éprouvant », « très dur », « très long »,
performances des deux actrices pres-
et même « horrible » pour Léa Seydoux.
senties pour les Oscars par la presse
Malgré ces révélations cinglantes, les
spécialisée.
Son président, Jonathan Sehring, a confié au Hollywood Reporter : «Nous pensons encore que le film peut être un sérieux concurrent dans la catégorie “meilleure actrice” et “meilleure actrice dans un rôle secondaire”.» La Vie d’Adèle, qui a été projeté en avant-première le 29 août outre-Atlantique, a en tout cas reçu de nombreuses acclamations de la part de la critique et du public. Sa présentation au 38ème Festival de Toronto, considérée comme l’antichambre des Oscars a également été un succès. La comédienne vient d’ailleurs de signer un contrat avec la prestigieuse agence américaine Creative Artists Agency, qui gère les intérêts de talents tels que Kate Winslet, Natalie Portman, Anne Hathaway mais aussi les françaises Marion Cotillard et Bérénice Béjo. En attendant, on la verra prochainement à l’affiche d’un film de capes et d’épées dont le tournage a démarré cet été. A suivre…
On Lui promet un bel avenir à Hollywood En effet, si le film d’Abdellatif Kechiche ne pourra pas concourir dans la catégorie du meilleur film étranger aux Academy Awards de 2014, le distributeur américain du long-métrage espère encore y faire inscrire ses deux actrices. 93
EN COUVERTURE
Pull en laine et cachemire gris perle LANVIN Jean noir THE KOOPLES Ceinture cuir noir THE KOOPLES Boots cuir noir THE KOOPLES
J
JEREMIE RENIER L’INSAISISSABLE Par Virginie Van Gysem / Photos François Berthier
La Confrérie Des Larmes est le troisième film du réalisa-
teur Jean-Baptiste Andrea. Un thriller qui rassemble un excellent casting dans lequel on retrouve Audrey Fleurot, Bouli Lanners, Mélusine Mayance et le brillant Jérémie Renier. que nous avons attrapé au vol
Pull en cachemire et poils de chameau bleu nuit. Jean en laine imprimé carreaux gris Richelieu en veau patiné bleu marine. Le tout LANVIN.
Jérémie, peux tu nous parler de ta rencontre avec Jean-Baptiste Andrea, le réalisateur de La Confrérie Des Larmes ? Comment es-tu arrivé sur le projet ?
Penses-tu que la France est prête à accueillir ce genre de film à l’américaine ? Genre très peu traité dans le cinéma français ? Je pense que le public est demandeur de choses nouvelles et bonnes bien sûr. Mais je le pense ouvert aujourd’hui. Après il faut absolument faire de bons films ! Les comédies qui marchaient facilement parce que tu prenais un tel ou un tel dans ton film, que tu faisais deux trois vannes, aujourd’hui ne fonctionnent plus. Les gens n’ont plus envie de ça. En tout cas, moi, en tant qu’acteur je préfère aller proposer quelque chose de nouveau. Après, ça passe ou ça casse !
Je suis arrivé sur le projet alors que j’avais fait un film avec les mêmes producteurs. Ils avaient coproduit l’Elefante Blanco dans lequel j’avais joué et tourné en Argentine avec Pablo Trapero. Nous étions à Cannes car ce film était en sélection officielle. Ils m’ont parlé de ce nouveau projet et ils m’ont présenté Jean-Baptiste Andrea, le réalisateur. J’ai lu le scénario et j’ai été assez interpellé par son culot. Ce n’est pas quelque chose que tu lis souvent, en tout cas France... J’ai été assez intrigué. Puis j’ai revu Jean Dans ce film, tu joues le rôle de Gabriel, rôle Baptiste, je lui ai fait part de mes doutes qui a également nécessité une préparation phyet de mes questions et l’aventure a com- sique. mencée comme ça. Très vite, avec Jean-Baptiste, on a imaginé un mec assez tendu, prêt à exploser, Quel genre de doutes par exemple ? à bondir, donc il fallait qu’on sente une En fait j’avais assez peur. Comme c’est un vraie tension. On imaginait quelqu’un film de genre, un thriller, il y a des codes à d’assez sec. J’ai travaillé sur les cascades, respecter. Certains de ces codes me parais- c’est un film assez sportif donc il fallait saient assez appuyés, assez clichés comme que je tienne la longueur. Mais il n’y a par exemple le côté du flic déchu. Je voulais pas eu non plus un travail démentiel de arriver à ce qu’on y croit, je voulais réussir transformation. Mais tout de même il y a à y mettre un peu plus de réalisme, à casser un look ! Je trouvais la construction du ces codes. Jean-Baptiste m’a rassuré en personnage intéressante. Il arrive à un me disant que c’était pour ça qu’il venait moment de sa vie où il est très bas et puis aussi vers moi, parce qu’on ne m’atten- il redevient petit à petit un homme et c’est cette transformation là qui était très dait pas dans ce genre de personnage. chouette à trouver. Oui, parce que tu n’avais pas encore joué ce Est-ce que tu t’es trouvé beau en brun, avec genre de rôle. de longs cheveux et de la barbe ? En effet, et puis cela faisait un moment que je me disais : “je ferais bien un film (Éclats de rires) Ma femme m’a trouvé pas d’action, où je poursuis des méchants et mal beau oui ! C’est assez frustrant parce je fais des courses poursuites”. J’atten- que je suis blond ... ! Je trouve qu’on dais le bon projet et c’est arrivé à un mo- avait trouvé un bon look, j’aimais bien. J’aimais surtout la transformation de dément où j’en avais vraiment envie.
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but. Ce côté “laissé aller”, un côté Devendra Banhart, et ensuite de repasser en mode “beau gosse” c’était pas mal. Mais écoute, ma femme était contente donc bon ... Est-ce que comme dans le film, tu cours vraiment 6 km en 27 minutes ? Oui Oui ! (Rires) J’étais comme un gamin sur ce film. Quand tu es un garçon et que tu rêves de faire du cinéma, tu rêves de jouer James Bond ou Belmondo. Et c’est vrai que même avec les cascadeurs, j’étais toujours à fond. On a fait des journées entières à refaire des bagarres et j’aurais pu faire ça encore pendant des heures, me jeter dans la boue etc. C’était assez difficile parce que la période de tournage était assez courte. C’était assez tendu, nous avions de longues journées de travail. Jean-Baptiste voulait qu’on ressente cette tension. Je me suis rendu compte que lorsqu’on me dit “ACTION” il y a un truc qui se débloque vraiment chez moi. Pour l’anecdote, sur une scène où je dois courir, je me suis mis à le faire comme un malade et plusieurs fois. Je me suis ensuite retrouvé avec des bleus et des problèmes aux pieds tellement j’avais couru ! Je ne sais pas comment cela se fait parce que j’ai couru plein de fois dans ma vie ... Te trouves-tu des traits de caractère communs avec Gabriel ? Il y a sans doute des choses de moi qui se déplacent chez Gabriel puisque forcement quand tu joues il y a un peu de toi dans le personnage. Mais comme ça non je ne pense pas. Tout comme Gabriel, aurais-tu accepté un travail sans savoir de quoi il s’agissait vraiment ? Je pense que si tu es vraiment dans la merde, que tu as une gamine et qu’on te propose de l’argent facile, tu n’hésites pas longtemps. Au delà du mystère de la valise et du côté thriller c’est ça que ça raconte ! Après, le propos du film n’est pas là-dessus mais c’est intéressant
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de savoir ce que l’on est prêt à faire pour de l’argent et de savoir jusqu’où on peut aller. Au début du film, on comprend que c’est un flic qui était promis à une belle carrière, quelqu’un d’assez exceptionnel. On a alors imaginé le personnage un peu droit qui au final arrive à mettre sa morale de côté pour de l’argent facile jusqu’au moment où il se rend compte qu’il va un peu trop loin. Il veut alors faire demi-tour mais c’est un peu trop tard ! Tu l’aurais ouverte toi cette valise ? Je pense que, comme le personnage du film, tu as envie de savoir ce qu’il se trouve à l’intérieur de cette valise. Après, ce qui est bien foutu dans le film c’est qu’on lui dit “Ok tu peux l’ouvrir cette valise ! Par contre, si tu décides de l’ouvrir, tu perds ton travail et donc ton argent” ! Et je ne sais pas combien il touche d’argent par jour en ne foutant rien ... Et toi, tu n’as pas encore acheté de Porsche ? Non, pas encore ! Et cela ne fait pas parti de mes rêves. Ce film parle avant tout de folie, alors Jérémie Renier, es-tu fou ? Oui je pense qu’il y a une part de moi qui l’est. Je pense que si tu fais ce métier il y a une part d’enfance assez développée donc de folie, qui s’aggrave avec le temps ! J’avais fait un film comme ça, très très mauvais San Antonio (Film de Frédéric Auburtin sorti en 2004, ndlr). J’étais entouré par un tas d’acteurs. Il y avait Depardieu, Lanvin, Galabru... Tous avaient la cinquantaine, ou en tout cas le début de la cinquantaine ! Et ils étaient tous fous ! Moi, je me disais “mais c’est FOU, il faut que j’arrête le cinéma avant cinquante ans !” (Rires). Je pense qu’un acteur a un côté fou sinon on ne ferait pas ce métier. Le fait de se dédoubler, imaginer qu’on est quelqu’un d’autre, il y a une part de folie là-dedans ... Et puis j’aime faire le con ! Je peux être sérieux aussi mais en fait, il fau-
drait poser la question à mes enfants. Lorsque je suis avec eux, j’aime bien déconner. Mélusine Mayance joue le rôle de Juliette, la fille de Gabriel. La relation que tu as avec elle dans le film est très forte, très jolie. Est-ce que ton rôle de père t’a aidé dans ton interprétation ? C’est sûr que le fait d’être père m’a aidé. En tout cas, je n’ai plus à l’imaginer. Après, tu as des acteurs qui ne le sont pas et qui le font très bien. C’était un rapport dans le film, dans le scénario qui était très important pour moi. J’en parlais souvent avec Jean Baptiste. Pour moi, c’était l’endroit où l’on rattrapait l’humanité du personnage. Je trouvais ce rapport très beau. Au début c’est Juliette qui joue le rôle d’adulte et qui engueule son père parce qu’il déconne. Lui il lui parle comme si elle était un adulte. C’était un rapport qui était chouette à jouer. De plus, c’est le premier rapport, le vrai rapport, qui ramène Gabriel à la vie, un truc plus vrai qui nous rattache à lui.
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personnages sont tous les deux à un moment de leur vie dans un creux. Elle dans une frustration et lui dans une espèce de déchéance et le fait d’être ensemble, de confronter leur douleur, fait qu’ils avancent ensemble et deviennent un binôme. De tous les rôles que tu as joué jusqu’à présent, même si Cloclo a véritablement marqué ta carrière, y en a-t-il un qui t’a particulièrement marqué ? J’ai appris sur le tas, je viens d’un cinéma très naturaliste et du coup je dirais que dès les premières années de ma carrière, j’allais vers un naturel et pas spécialement de composition. Le premier film où je me suis dit “tiens, j’ai l’impression d’être devenu un acteur”, c’était un film de Jean-Marc Montout, Violence des échanges en milieu tempéré. Je jouais un consultant d’entreprise et c’est la première fois que je me suis dit “ok, je ne vois plus Jérémie, je vois quelqu’un d’autre”.
Dans le film, l’autre femme qui t’es proche et qui te renvoie une force libératrice est Claire, jouée par Audrey Fleurot. Peux-tu nous parler de ce duo ?
Y a-t-il un réalisateur ou un acteur avec qui tu n’as pas encore eu l’opportunité de travailler, avec qui tu souhaiterais collaborer ?
J’avais vu Audrey dans Intouchables mais je ne la connaissais pas. Très vite, lorsqu’on a fait des essais, des lectures, elle avait une force assez surprenante. Avec elle, on y croit tout de suite. C’est ça qui était important pour Jean Baptiste ! Le rôle de Claire est assez court, peu présent mais très important. Il voulait une actrice qui, tout de suite, nous fait croire en une seconde qu’elle peut être flic, qu’elle peut suivre une mission, qu’elle peut tenir un flingue ! Et ce n’est pas donné à toutes les femmes. Audrey Fleurot a cette force, cette énergie et cette conviction ! C’était très agréable de jouer à ses côtés parce qu’on se renvoyait assez bien la balle. Les deux
C’est surtout des femmes je crois. Je trouve les femmes très intéressantes ! Emmanuelle Bercot, Maïwenn, Valérie Donzelli... Ce sont elles qui m’attirent le plus. Il y a forcement les gens comme Jacques Audiard qui font un cinéma important et intéressant. Peut être aussi Xavier Giannoli ! Et des acteurs il y en a pleins ! Je trouve Vincent Rottier super. Je pense aussi à Romain Duris, Olivier Gourmet un compatriote. Retourner avec Olivier, ça me ferait plaisir oui ! Nous nous sommes entr’aperçus sur un film des frères Dardenne mais on n’a jamais vraiment bossé ensemble et c’est un acteur qui me fascine.
Stylisme : Sophie Clauzel assistee de Priscilla Schaefer Make up : Yoana TG Hair : Mickael Vaz pour Samuel Rocher Paris
AYO Par Dine Delcroix / Photos : François Berthier
L’interprète de Down On My Knees avait manqué au paysage musical. Ce moisci, elle nous propose de voyager avec A Ticket To The World, son quatrième album à mi-chemin entre soul et hip hop qui révèle une voix plus mature. La chanteuse ira défendre ses nouvelles chansons sur scène à partir du 24 Octobre 2013 et sera notamment en concert parisien le 4 Novembre 2013 à la Cigale. Tu reviens avec un nouvel album dont est extrait le single Fire. Avec cette chanson, as-tu ressenti le besoin de revenir à des sonorités plus urbaines ? Oui. Pour moi, c’était comme un retour aux sources car, avant d’être auteur-compositeur, je rappais. Beaucoup de gens l’ignorent car ils connaissant Ayo en guitare-voix. Lorsque j’ai commencé à écrire des chansons et à les interpréter, je ne voulais plus jamais rapper et j’étais uniquement focalisée sur le chant jusqu’à ce que mon frère me dise : «Pourquoi n’as tu jamais rappé ?». Il a toujours aimé mon rap et il m’a, en quelques sortes, amenée à rapper de nouveau.
Le single existe aussi dans une version en duo avec Youssoupha. Comment en es-tu venue à lui proposer ce featuring ? Quelqu’un de mon entourage a rencontré Youssou-
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VOYAGE AU CENTRE DE L’ÂME
pha. en studio et m’a dit que j’allais beaucoup l’aimer. Je suis donc allée à sa rencontre, j’ai écouté son travail et j’ai beaucoup aimé son débit même si mon français est assez limité. J’ai senti qu’il avait des choses profondes à raconter. C’est une personne intelligente et juste. Mon label m’a souvent dit que je devais faire un truc en français mais je ne maîtrise pas assez la langue pour écrire alors l’occasion était idéale.
Ton album s’intitule A Ticket To The World. Quel est le message de ce titre ? Il y a une chanson qui porte ce titre sur l’album. Ce titre a une double signification : tenir mon album entre les mains, c’est comme avoir un billet pour le monde, pour mon monde. L’autre sens est issu de la chanson qui parle du passeport. J’ai le luxe d’être née avec un passeport allemand et j’ai réalisé que c’était une chance car je peux aller n’importe où sans avoir besoin de remplir un tas de formulaires pour obtenir un visa alors que beaucoup de gens n’ont pas cette chance.
Tu as vécu à Hambourg, Paris, New York, Londres... Ces différents pays ont-ils influencé l’écriture de cet album ? Oui et non. J’ai l’impression que le lieu n’est pas très important pour moi car je peux écrire n’importe où. Je n’ai pas besoin d’être à un endroit spécifique pour trouver ma place. La vie en général est la meilleure source d’inspiration qui existe. Bien sûr, les voyages ont leur influence mais si j’étais en prison, j’écrirais quand-même des chansons et elles seraient peut-être plus profondes avec la même faculté de transporter l’auditeur. Je ne suis pas du
O Y YA O A Y A O Y genre à dire « Je vais prendre ma guitare et partir une semaine en Egypte pour écrire et composer ».
Beaucoup d’artistes ont ce besoin de partir pour créer. Tout est inspirant.
Selon toi, quelle est l’évolution majeure dont tu as fait preuve depuis tes débuts ?
Je n’aime pas m’écouter mais je pense qu’il y a une grande évolution dans la voix. Elle change sur
chaque disque. C’est un peu comme une bouteille
de vin. J’ai clairement gagné en maturité à ce niveau et je vois bien la progression. J’ai aussi davantage confiance en moi parce que je me connais
mieux dans la mesure où je sais de quoi je suis capable et je que je l’accepte. Parfois, tu sais que tu peux faire certaines choses mais tu ne crois pas suffisamment en toi pour te lancer.
As-tu le sentiment d’avoir apporté tquelque chose de différent à la soul music ?
C’est une bonne question ! Je pense que la soul est l’essence de ma musique car tout vient de mon âme.
J’ai besoin de faire de la musique pour être la personne que je suis. Le métissage de ma musique fait peut-être sa particularité.
Pour toi, quelle sont les voix incontournables de la soul music ?
J’aime le fait de parler de «voix». Pour moi, la plus importante est celle de Michael Jackson. Il a fait
des choses que personne n’arrivera à refaire car personne ne peut chanter avec autant d’émotions.
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Y O Y OA AY O Sa voix l’a hissé haut et je n’ai jamais rien entendu de tel. Il y a aussi la voix de Donny Hathaway qui
me fait quelque chose de même que celle de Nina Simone, Jimmy Cliff, Mahalia Jackson... Ces artistes ont tous eu une vie incroyable et une histoire difficile.
Et tes enfants, qu’écoutent-ils comme musique ?
Mon fils aime écouter de la musique avant d’aller dormir alors il prend mon iPhone ou mon iPad. Pendant un moment, il écoutait Ben de Michael
Jackson et il était ému par cette chanson au point
d’en pleurer. En ce moment, son coup de cœur, c’est Major Lazer. Il danse un l’écoutant. Ma fille,
elle, est encore à un âge où elle aime les chansons
de son papa et de sa maman. Elle chante beaucoup les
chansons de son papa mais elle adore aussi Bob Marley. Elle peut écouter Buffalo Soldier en boucle (rires).
Dans ton album, il y a une chanson qui s’intitule Teach Love. Penses-tu que l’amour s’enseigne ?
Oui, de la même manière que nous pouvons enseigner comment haïr et détruire quelque chose. Tu
t’en rends compte davantage quand tu as des enfants. Faire quelque chose, c’est justement l’enseigner. On devient meilleur grâce à l’amour.
Comment peut-on enseigner l’amour ?
En faisant preuve de gentillesse et en étant positif.
Sourire à quelqu’un, par exemple, cela ne coûte rien.
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Sister est une autre chanson importante de ton nouvel opus. Par qui as-tu été inspirée pour l’écrire ? J’ai été inspirée par différentes femmes que je connais y compris ma propre sœur. Il y a aussi la nounou de ma fille qui vient du Togo. J’ai été impressionnée par son histoire et j’ai pensé que je devais faire une chanson pour mes «sœurs», pour ces femmes fortes qui traversent tant de difficultés. C’est marrant mais j’ai même pensé à Amy Winehouse à un moment. Le second couplet parle de Joséphine Baker.
Si tu devais être une autre femme, qui serais-tu ? Probablement Joséphine Baker. J’aime beaucoup son histoire et tout ce qu’elle a fait. Je ne pourrais pas choisir une vie parfaite. Je suis une aventurière alors j’ai besoin d’aventures (rires).
Le grand public a découvert ta musique grâce à l’émission «Taratata». Que penses-tu de l’arrêt de ce programme à la télévision ? Je trouve cela horriblement stupide. Je peux remercier Nagui grâce à qui j’en suis là aujourd’hui. J’avais été invitée alors que mon album n’était même pas encore sorti et j’ai eu beaucoup de chance. C’était une émission formidable, la seule où tu pouvais rencontrer de vrais musiciens. Nagui aimait et connaissait vraiment la musique. Je ne comprends pas pourquoi cette émission est arrêtée. C’est un crime pour la culture en France.
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JASON
DERULO Par Dine Delcroix / Photos : François Berthier
Deux ans après Future History, Jason Derulo est de retour dans les bacs avec un troisième album studio intitulé Tattoos. En exclusivité pour nos lecteurs les plus curieux, le chanteur nous raconte toutes ses premières fois.
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Première voiture ?
Premier chagrin d’amour ?
Premier livre culte ?
Ma première voiture, c’était C’était au lycée et j’étais Je ne me souviens plus du une Chevrolet Cavalier de amoureux d’une fille plus nom de l’auteur mais le 1995. Elle était très petite et âgée que moi. Elle avait livre s’intitule Three. n’avait ni l’air conditionné, soudainement
cessé
de
ni la fermeture des vitres s’intéresser à moi et à notre Premier prof détesté ? automatique ni même la relation. Cela m’a brisé le Mon deuxième professeur radio. J’avais 16 ans.
cœur.
de musique quand j’étais au collège.
Premier souvenir ?
Premier rapport sexuel ?
Je n’en ai pas.
J’étais très jeune, je devais Premier prof adoré ? avoir 11 ou 12 ans. C’était Ma prof d’arts à l’école pri-
Premier métier que tu voulais bizarre parce que j’ai mis maire. Elle enseignait la faire ? le préservatif dans le mau- musique et le théâtre. Elle J’ai toujours voulu être vais sens. Ma première fois m’avait pris sous son aile et chanteur depuis l’âge de 5 n’était pas spécialement la m’accordait beaucoup d’atans.
meilleure mais je me sou- tention. J’avais 7 ou 8 ans. viens m’être senti très ac-
Premier baiser ?
compli d’autant que mon Première cuite ?
C’était au collège vers l’âge frère se moquait de ma vir- Je me souviens surtout de de 11-12 ans derrière les ginité (rires). la première fois que j’ai bus dans un couloir. Je me été défoncé (rires). Ma presouviens qu’elle mangeait Premier animal de compa- mière cuite, c’était à la fac un chewing-gum à la men- gnie ? et j’avais 16 ans. Il y avait ce the. C’était très rapide et Une chienne qui s’appe- bar où on allait tous parce nous avons marché dans lait Princesse. C’était un que les boissons n’étaient deux directions opposés Rottweiler.
vraiment pas chères. Pour
juste après.
draguer, il fallait faire boire Premier disque acheté ?
les filles et boire avec elles.
Thriller de Michael Jack- La bière était ce qu’il y avait Je dois avouer que mon son. de moins cher à la carte. Du Premier amour ?
premier véritable amour,
coup, j’en avais bu énormé-
c’est ma copine, Jordin Premier film culte ?
ment au de devenir inutile
Sparks.
Troie de Wolfgang Pe- de finir malade (rires). tersen.
113
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RENCONTRE Il
joue le père d’Adèle dans le dernier Kechiche et enchaîne les projets au cinéma ou au théâtre. Rencontre avec un acteur passionnant à la filmographie atypique, qui analyse avec lucidité son métier.
Par François Berthier / Photos : François Berthier
Tu viens d’une famille du spectacle, com-
de me demander d’apprendre à jouer
ment as-tu grandi dans ce milieu ?
d’abord.
Mes parents sont marionnettistes, ma mère a sculpté toutes les poupées de
Alors heureusement tu n’as pas fini comme
mon père sur 60 ans de mariage. Dès
Tatayet !
mon plus jeune âge, je voyais les spec-
Voilà ! (rires)
tacles de mon père, beaucoup issues des contes pour enfants comme Andersen,
C’est un peu la vulgarisation de la marion-
des contes chinois…tout un univers qui
nette finalement.
était fabuleux pour les quatre enfants
Oui ! Mais j’ai ça dans le sang. Dans le
que nous étions. On pouvait à la fois
dernier film d’Abdellatif Kechiche, sa-
voir le spectacle se faire, voir les répé-
chant que je venais de ce milieu, il m’a
titions, et voir les réactions. La régie, la
demandé de sortir les marionnettes de
bande-son, tout était assez artisanal.
mes parents, et tout est revenu, c’est
Pour moi, le fait d’avoir grandit là-de-
comme la bicyclette. Quand je fais de la
dans, ça m’a donné envie de jouer et de
mise en scène, que je pense mes rôles, il
mettre en scène.
y a toujours quelque chose qui remonte, qui est là. Cette mise à distance et cette
Et pourquoi ne pas faire des marionnettes aussi ?
incarnation.
C’est un parcours un peu étonnant.
116
Vers l’âge de seize ans, j’avais déjà fait
Le fait de jouer est une façon de rester
quelques spectacles avec mon père. Je
enfant ?
lui ai dit que je voulais faire marionnet-
Non, c’était pour
tiste comme lui. Il m’a dit « D’accord,
moi
mais tu prends des cours d’art drama-
crois que jouer
tique ». Car toute sa vie, son objectif
pour moi c’est
était de sortir des marionnettes, d’un art
grandir. Dans le
un peu convenu et traditionnel, et que
sens de faire sa
le marionnettiste soit un acteur marion-
vie, explorer, al-
nettiste. Donc c’était logique pour lui
ler au delà de soi-même, faire
grandir.
Je
AUR REC
RELIE COIN N G
quelque chose de sa vie, et reconnaître
tion que les spectateurs reçoivent en
qu’on est bien au delà de ce qu’on veut.
voyant le film. Peut-être que maintenant je fais plus abstraction à la fabrication, je
Alors, est-ce que le fait d’être acteur, c’est
vais plus rapidement à l’essentiel. C’est-
s’inventer plusieurs vies ?
à-dire au récit du film, à sa narration.
Oui…et c’est surtout être une sorte de pâte à modeler. Je vois les choses de
Tu peux apprécier un bon film que tu au-
plus en plus comme ça au fur et à me-
rais fait alors que le tournage se serait mal
sure des rencontres et des rôles. C’est
passé, et a contrario tu peux objectivement
cette faculté à explorer des mondes
trouver un film mauvais alors que le tour-
complètement différents. Alors forcé-
nage était super sympa, par exemple ?
ment il y a une autre vie qui s’incarne
Oui. C’est rare qu’il n’y ait pas d’empa-
et se fabrique, mais c’est plus organique
thie de ma part dans la fabrication du
pour moi. Je suis voué à devenir une
film. Je mets en place les choses dans
table, une lumière, un paysage…(rire)
mes rencontres avec les réalisateurs,
Le fait d’être traversé te transforme, te
qui tendent forcément vers l’empathie.
métamorphose. C’est mon métier, c’est
Donc ça se passe toujours bien ! (rires)
ce qui me permet de communiquer
Mais ensuite voilà, le résultat c’est le
avec l’autre. Il y a cinq ans, j’aurais plus
résultat, ça ne dépend pas de l’acteur.
parlé d’incarnation, de personnage. Là
L’acteur n’est pas là pour anticiper la
maintenant je tends à reconnaître que
réussite ou l’échec objectif d’un film.
la vie est tellement convulsive dans ses aspects, dans son élément, à cause de
Tu ne penses pas que l’acteur peut faire
l’âge, de l’expérience, des connexions
foirer un film ? Tu pars du principe qu’un
de plus en plus diverses…Il faut l’accep-
mauvais acteur, c’est un acteur mal dirigé ?
ter. Je l’accepte d’ailleurs.
Oui !
En tant qu’acteur, quand tu vois le film ter-
Si l’acteur a été bon dans plusieurs films
miné, est-ce que tu arrives à ressentir encore
mais que dans un autre il est mauvais, c’est
un émerveillement que le même émerveille-
la faute du réalisateur.
ment d’un film auquel tu n’aurais pas par-
C’est la faute de plein de paramètres, la
ticipé et que tu vois pour la première fois ?
vision du film n’a pas été bien établie.
Il faut du temps ! Pour L’emploi du temps,
Alors sans parler de « faute », à qui l’er-
il m’a bien fallu une dizaine de projec-
reur ? Difficile à dire. Après faire un très
tions pour vraiment me surprendre.
bon film, c’est la grâce.
Pour sortir du film, de sa fabrication, et
118
même de l’émotion au moment où tu le
As-tu des films dans ta filmographie dont tu
fabriques, qui n’est pas la même émo-
es particulièrement fier ?
Oui… A des degrés divers. Je suis très
d’expérimenter des choses que tu ne peux
fier d’Equinoxe par exemple, de Laurent
pas faire dans des longs métrages ?
Carcélès, qui est un film radical, diffi-
Je peux tout à fait les expérimenter au
cile, pas dans les normes d’un cinéma
cinéma et dans des long métrages mais
habituel. Je suis fier quand des films
c’est vrai que la forme du court métrage
s’opposent comme ça aux discours
peut souvent être assez étonnante parce
convenus. J’aime beaucoup aussi Kill me
qu’elle n’est pas soumise au finance-
please, de Olias Barco ou 13 tzameti… Ex-
ment, etc. Donc là, il peut se passez des
trêmement différents les uns des autres.
choses formidables. J’adore en faire !
Il ya des aventures aussi comme Tout
J’en fais moins qu’avant car ça prend
Un hiver sans feu de Grzegorz Zgliński.
beaucoup de temps, c’est moins facile
Mon rapport au cinéma est très variable,
quand on a une famille et des enfants
très éclectique, il ne se suffit pas d’une
de s’expatrier une voir deux semaines
seule forme. J’aime bien le mélange des
quelque part ! (rires) Car c’est malgré
genres.
tout surtout du bénévolat. Mais je reste attentif à ça.
Tu fais un cinéma très « indépendant » quand même, pas vraiment de grosses co-
C’est ta façon d’aider les jeunes générations ?
médies ou de films grand public.
Je m’en fiche un peu, un court métrage
Non, on ne vient pas me chercher pour
c’est un film en soit. Quand on voit un
ça ! Mais c’est pas dit qu’un jour je n’en
très bon court métrage on ne s’aperçoit
fasse pas une.
pas du temps. Prenons l’exemple de Gang of New York de Scorsese, j’ai cru
Ca serait quelque chose qui te plairait ?
comprendre que le film avait été coupé,
Quand j’ai fais Tais-toi de Francis Veber
il durait quand même 2h30-2H50, et je
ça m’intéressait beaucoup de voir cet
me suis dit « mince il manque quand
univers-là. L’expérience d’un tournage
même des choses » ! Et souvent je me
énorme comme ça. Mon cinéma est à la
dis que le film était fait pour durer 3H-
fois un cinéma d’auteur, indépendant,
3H30. Donc un film de cinq minutes ou
radical, ça peut même aller vers l’expé-
d’une demi-heure, il faut aussi qu’il ait
rimental, pourquoi pas. Et par ailleurs
son temps à lui. C’est aussi cela que je
un cinéma très populaire. Parce que le
travaille, cette idée du temps.
cinéma c’est aussi le grand théâtre populaire du 20ème et du 21ème siècle.
Et les séries ? J’en serais ravi ! Je serai très content
Est-ce que justement le court métrage, que
d’un point de vue du personnage sans
tu pratiques régulièrement, est une façon
doute. Ca doit être assez étonnant à
121
vivre, je n’en ai jamais fait. J’ai fait des
Et donc toi de ton canapé, comment as-tu
mini-séries, mais ce n’est pas la même
vécu la Palme d’Or ?
chose, c’est sur cinq ou six épisodes…
J’étais super heureux pour eux, même si je me doutais qu’Abdel allait l’avoir.
Oui là, une série qui fonctionne, ça peut durer
Je n’avais pas encore vu le film, mais je
très longtemps ! Ca peut être ennuyeux non ?
le sentais… Je l’ai vu quelques semaines
J’imagine tous ces acteurs de séries
après, j’ai été bouleversé par le film.
américaines qui s’engagent sur des années…Mais c’est comme quand on
Comment perçois-tu les polémiques au-
joue au théâtre, il y a des gens qui se
tour du film ?
disent « je m’emmerde à jouer toujours
C’est un film qui s’est construit en de-
la même chose ». Sans doute qu’il y a
hors des normes, de ce qu’il se fait
des textes qui doivent t’amener à cet
d’habitude. Je dirais que c’est un film
ennui-là, mais en même temps une re-
qui avait une logique de court métrage,
présentation elle est toujours unique,
tourné sur cinq mois. Avec une liber-
parce qu’il y a ton rapport à la salle, au
té énorme évidemment sur le plateau,
public, à l’actualité, à ce qu’il s’est passé
une liberté d’invention, avec l’exigence
aujourd’hui, à ce qu’il s’est passé pour
d’Abdel. Donc cette longueur, le fait
toi et tout cela, ça te traverse, ça te trans-
d’être en immersion totale, même pour
forme. Donc j’imagine que pour une sé-
moi qui n’ai tourné que dix-quinze
rie c’est le summum de la discontinuité.
jours, j’étais en immersion et pour moi
Déjà au théâtre c’est de la discontinuité,
c’était fondamental. Ca m’a rappelé
au cinéma c’est peu ou prou de la dis-
L’emploi du temps, cette immersion to-
continuité, donc dans une série, on est
tale pour tous les acteurs. Le premier
dans une discontinuité convulsive où
jour où on a tourné avec Abdel, c’était
les contradictions à jouer, ça doit être
le pot de début de tournage. La scène
magique, tu es forcément tout le temps
n’est pas dans le film, c’est une scène de
un autre.
fête d’anniversaire de ma fille, et deux jours de suite on a tourné. Le premier
Parlons un peu de l’actualité. Le 9 octobre
jour j’ai dit à Abdel que le lendemain
sort La Vie d’Adèle, étais-tu présent à
j’avais des rendez-vous, que c’était dif-
Cannes pour la présentation du film ?
ficile pour moi et il m’a dit « tu ne sa-
Non.
vais pas que quand on tourne avec moi, tu en as jusqu’au mois d’août ! » et on
C’était volontaire de centrer la com autour
était en mars. Dans l’esprit c’est un film
des deux filles uniquement ?
qui s’est tourné comme si on tournait
Oui !
des répétitions de théâtre. Les répétitions étaient incluent dans le mode de
122
123
fonctionnement du film pour moi. C’est
Je vais te répondre en reparlant du
très compliqué d’avoir un avis global de
film d’Abdel. Abdel a un amour absolu
chacun, c’est impossible de me mettre à
des acteurs, un scénario très écrit, très
la place de Léa ou d’Adèle. Ce que j’ai
proche de la bande dessinée pour moi.
vécu moi, c’était cette connexion là que
Et à chaque fois, chaque scène il la fai-
j’ai vécu au théâtre ou au cinéma, com-
sait exploser. C’est beaucoup d’impro-
ment je le pratique, ça m’a fait penser à
visation. En tout cas pour ma partie, ce
ça. C’était extraordinaire, très puissant.
n’était quasiment que de l’impro. Alors
Il y a une scène qui n’est pas dans le
à un moment donné évidemment tu as
film, où il y a une rupture entre les pa-
des choses qui sortent. J’aime le film, je
rents d’Adèle et Adèle, où on a tourné
soutiens le film. Ensuite il y a tous les
cinq nuits de suite. Pour moi acteur,
problèmes qui vont avec. J’ai apprécié
wahou, chaque jour on me redonnait la
son engagement, il va jusqu’au bout de
chance de retourner cette scène. C’est
ce qu’il souhaite faire et il ne renonce
une scène où le père est endormi et Ab-
à rien. Maintenant sur La Horde, c’était
del attendait que je sois très fatigué et
la promesse d’un beau film, d’un beau
que je m’endorme vraiment. De mon
sujet, très politique, mais qui a été lâ-
expérience, c’est des conditions magni-
ché en cours de route. Pas forcément au
fiques, on est en immersion, on ne peut
tournage, mais au montage.
pas se tromper. C’est-à-dire ? Mais tu comprends que ça puisse ne pas
Ca a été édulcoré. Et c’est dommage
convenir à certaines personnes, ces condi-
parce que c’est devenu un peu un film
tions ?
de plus… Avec toutes ses qualités mais
Tout à fait, et vraiment je n’aurais pas
c’est devenu un film de plus, par rapport
de jugement. Chacun a sa façon de faire,
à la volonté des réalisateurs au départ.
comment il est avec cet art là, comment
Ils ont été pris ensuite dans des logiques
il s’engage…Ce n’est pas pour me pro-
de distribution, pour se conformer à
téger, mais c’est comme ça que je le
quelque chose qui n’existait pas au dé-
ressens. Un autre exemple, le film de
part. Il a perdu son film. (Yannick Dahan
Maïwenn, Pardonnez-moi, magnifique
et Benjamin Rocher, les réalisateurs, ndrl.).
aussi, qui s’est tourné aussi dans l’im-
Ensuite, il y a peut-être eu des pro-
provisation, ce dispositif, est une chance
blèmes intrinsèques dans le film sur le-
pour les acteurs.
quel on n’était pas d’accord, il a perdu la sincérité du propos dans le jeu. Mais
Dans La Horde, j’ai eu également cette
c’était un premier film ! Et après tout,
impression « d’abandon » de la part des
d’un point de vue du tournage, il a tenu.
réalisateurs.
Tout ce qu’ils voulaient tourner, ils ont 125
pu le faire. Et ensuite au montage le film
Et bien par exemple sur ce scénario (La
a explosé ! Et c’est dommage…
Horde, ndrl), c’est intéressant. Avant de commencer le film, j’avais rencontré le
Etant un grand fan de film de zombies, je ne
metteur en scène en lui disant « ça ne
te cache pas qu’en sortant de la projection
va pas, je meurs à ce moment-là, il fau-
j’étais triste, je me suis dit « plus jamais au-
drait absolument que je devienne un
cun producteur ne voudra investir dans ce
zombie, que cette figure-là du facho que
genre-là ». Il y avait des gens dans la salle
je représente, est tué, et doit devenir le
qui rigolait sur certaines scènes, on ne savait
« chef » des zombies », ça me semblait
plus si c’était du 1er ou du 2nd degrés.
absolument évident pour moi. Ils m’ont
Ce n’est pas ça qu’ils voulaient ! C’est
convaincu que ce n’était pas la peine,
un premier film, ils n’avaient jamais
mais qu’à un moment donné on retrou-
vraiment dirigé des acteurs. Ils avaient
vera un bras avec la croix qui était des-
une idée et une volonté très forte et ils
siné sur mon avant bras. Je suis sûr que
se sont fait avoir. Sur le plateau il y a
c’est dommage pour le film. Je pense
avait des situations qu’ils n’ont pas su
que c’était dommage. Donc voilà, forcé-
recadrer.
ment je réagis, mais à l’époque je n’avais pas suffisamment de certitudes. Même
Toi, tu as eu la chance dans le film de mou-
maintenant je n’ai jamais de certitudes.
rir assez vite…
126
Il a coupé tout ce qu’il y avait avant, et
Pour en revenir à Abdellatif Kechiche, est-
c’était des scènes essentielles pour le
ce que le talent ce n’est pas justement de
film. Et on ne comprend pas pourquoi
faire croire à tes acteurs que tu es sûr de ce
ces gars vont dans cet immeuble. Ils y
que tu veux ? Et qu’il te fasse entièrement
vont quasiment tout de suite. Alors que
confiance ? Et le fait que ce soit dur à tour-
la scène, ce n’est pas ça, c’est l’histoire
ner sur le moment n’est-il pas justifié?
d’une vengeance. Il y a avait une opposi-
Pour moi ce n’était vraiment pas dur à
tion entre le type que je représentais qui
tourner. Pour Adèle et Léa, j’imagine
était un salaud, pris dans un engrenage.
que c’est une mise en jeu tout à fait dif-
Après ça devient un film où on casse
férente, et ça n’a pas dû être facile bien
tout, les zombies arrivent, etc. Ils ont
que je pense que tout toujours a été mis
perdu le politique.
à distance.
L’analyse, la vision d’un acteur sur les films
La fin justifie les moyens ?
qu’il fait ou qu’il voit est intéressante. Est-
Non, mais tout a été mis à distance mal-
ce que ça peut entraver votre jugement, est-
gré tout. Après c’est compliqué, chacun
ce que ça vous empêche d’accepter certains
a son expérience d’acteur, on n’est pas
rôles ?
toujours au même endroit, il y a des
choses que tout d’un coup on assume et
dans une relation d’amour. Comment
qu’on assimile parce qu’on est passé par
faire pour que le père renaisse de ses
10 000 autres expériences. Quand c’est
cendres et comment le fils doit dire non.
la première, ça peut être un choc très
Un père qui lui vit à genoux, et le fils qui
fort. Il y a sans doute à un moment don-
préfère mourir mais debout. Donc la re-
né, quelque chose peut être dans ses ré-
lation filiale c’est quelque chose d’im-
actions qui n’ont pas fonctionné sur le
portant. On retrouve ça un peu dans
plateau, mais je ne saurais pas dire com-
La vie d’Adèle et dans le film de Jérémie
ment faire autrement.
Banster La vie pure. (film sur l’explorateur Raymond Maufrais, ndrl.)
On va terminer avec tes deux autres actualités. Tu as un biopic sur Dassault et un film
Est-ce que ces rôles-là sont quelque chose
sur l’explorateur Raymond Maufrais. Tu y
que inconsciemment tu recherches ?
joues le père de Raymond. Encore un rôle de
Oui sans doute, inconsciemment ou
père, comment abordes-tu ce genre de rôle ?
sciemment on vient me chercher là,
Ca fait longtemps que je joue le rôle de
c’est quelque chose qui me travaille per-
père ! (rires) Oui, je ne sais pas… La re-
pétuellement. C’est aussi assez logique,
lation père fils c’est quelque chose qui
c’est un point de vue sur la vie, l’état de
me passionne, je suis d’ailleurs en train
père qui est assez commun…
de préparer un court métrage sur ce su-
128
jet là. Depuis le début, depuis L’emploi
Sans faire de psychologie à deux balles, est-
du temps certainement, la relation filiale
ce que tu as l’impression que ton père t’a
est quelque chose qui m’intéresse. Je
poussé vers la comédie ?
dis toujours « les pères tuent les fils »,
Moi c’est vraiment une vocation, ça
comment éviter le drame de la projec-
vient de très loin. Comme j’ai baigné
tion du père sur le fils. Donc ensuite ça
là-dedans, peut être que c’est à cause
se décline dans plein de situations très
de ça forcément. Mais il n’y a jamais
différentes. Le sujet de mon court mé-
eu de volonté de mes parents de vou-
trage est d’après une nouvelle de Craig
loir que je devienne acteur. Ou alors ils
Davidson, qui s’appelle Un bon tireur.
l’ont montré de façon très inconsciente.
C’est l’histoire d’un père, déclassé so-
Mon père, c’est vrai, voulait aussi être
cial, un chef de chantier au chômage,
acteur et il n’a pas pu, parce qu’il était
qui passe son temps à vouloir que son
complexé. Pour en revenir à Raymond
fils devienne un grand joueur de basket.
Maufrais, c’est l’histoire du fils qui se
Cet amour pour le fils confine à l’abus. Il
perd en Amazonie. Ils ont tous les deux
abuse psychologiquement son fils. Il est
été résistants pendant la guerre sans le
à la fois dans une relation fusionnelle,
savoir. Le père sachant qu’il s’est sans
doute perdu, va monter dix-huit expédi-
qui permet aux mitrailleuses de tirer
tions en douze ans pour essayer de le re-
entre les hélices. Comme on était dans
trouver. C’est une histoire absolument
une époque antimilitariste, sa proposi-
fabuleuse aussi sur la filiation : au déni
tion d’avion n’a pas fonctionné donc il
de tout, dans l’évidence de tout, il conti-
s’est lancé dans l’immobilier. Ca a flam-
nue pendant douze ans à rechercher
bé et il a fait fortune comme ça. Il a ten-
son enfant. Alors que d’un point de vue
té de remettre l’aviation en état avant
extérieur on peut comprendre que c’est
la guerre, sauf qu’il n’était pas aidé du
fini depuis longtemps. Sauf qu’on lui dit
tout par le gouvernement en tout cas
tout le temps que son fils peut être là, là
pas suffisamment pour lutter contre
ou là, et il y va ! Il monte des expéditions
l’armement allemand. Après, d’après ce
jusqu’à en mourir, plusieurs fois ça se
que j’ai lu et compris, la Guerre des Six
termine presque mal. C’est aussi une fa-
jours qui a été gagné par les israéliens,
çon peut être de se sortir de la situation
c’est grâce à lui, grâce à ses mirages.
familiale dans laquelle il est…
Donc petit à petit, les avions Dassault
Et pour terminer Dassault ? Pas de père,
prenaient une part énorme de marché
pas d’enfants ?
dans le monde.
Non, il a des agent de la CIA aux fesses ! Il y a eu une enquête sur Marcel Das-
Et tu as une pièce de théâtre en plus.
sault (père de Serge Dassault, ndrl) par la
Oui, je vais faire quelque chose d’assez
CIA. Parce que Dassault mangeait des
incroyable, qui est une lecture spectacle
parts de marché sur les avions militaires
de Moby Dick au théâtre de Belleville la
américains.
semaine du 3 février. Ca sera un dispositif très simple mais très évocateur. Je
Moi ce que j’ai lu, c’est qu’il était suivi par
traverse en cinq fois 1H30 tout le roman.
la CIA parce qu’on le soupçonnait d’être un
J’avais fait une expérience il y a quelques
espion russe…
mois sur les dernières cinquante pages
Alors ça, c’est une blague. Ils ont essayé
de Mobi Dick dans une église, j’ai trou-
de le faire tomber en l’accusant d’être
vé ça absolument sublime et incroyable
un agent double du KGB.
à faire. Tellement dans la narration et la
Donc le film retrace la période de 1936 à
théâtralité. Ca ne sera pas absolument
1964, ça se concentre sur la partie CIA.
tout le bouquin parce que c’est 21H si-
Oui. Il y a aussi des flash-back. A partir
non, donc je ferai ça à Avignon (rires).
du moment où la CIA se met en route,
Mais déjà faire ça 5 fois 1H30 du lun-
ils mènent l’enquête et on retrouve des
di au vendredi, et le samedi/dimanche,
images quand il a commencé en 1914, en
une intégrale.
inventant la fameuse hélice des avions
Maquillage : Patnelli Treacy
130
Romancière, professeur de philosophie, cinéaste, scénariste, parolière et maman, Éliette Abecassis touche à tout et le fait merveilleusement. Le mois de mai dernier a vu fleurir son nouveau roman intitulé Le Palimpseste d’Acrhimède au rayon des thrillers ésotériques.
132
par Dine Delcroix / Photos : Franรงois Berthier
ELIETTE ABECASSIS
133
Des essais, des textes intimistes, des écrits
important aussi d’être contemporain et
philosophiques, des thrillers ésotériques, des
ancré dans son époque pour pouvoir se
livres pour enfants... On vous trouve dans
renouveler. Quand on explore de nou-
tous les rayons. Avez-vous l’intention de
velles formes, on va aussi vers de nou-
choisir un camp ?
veaux sujets donc cela aide. J’aime la dif-
Non (rires). Je n’aime pas m’ennuyer ni ennuyer les lecteurs. J’aime bien explorer tous les genres romanesques même s’il n’y pas vraiment de genres. Il y a du po-
férence et l’altérité. Je suis très curieuse. C’est ma façon d’être sans cesse une exploratrice de l’écriture et non un écrivain professionnel.
lar dans le récit intimiste et on peut trouver de l’intime dans le thriller. Ma façon d’écrire des thrillers est philosophique. J’écris des thrillers littéraires donc j’aime bien mélanger tous les genres. C’est pour-être ça, mon genre : mélanger tous
Quel est le genre que vous n’avez pas encore exploré et dans lequel vous aimeriez vous essayer ? Je n’ai pas vraiment exploré le genre de
« On se retrouve alors face à une limite de la pensée qui nous amène à nous demander s’il y a une intelligence supérieure capable de réorganiser le monde. C’est le genre de questions existentielles que posent les mathématiques » les genres. Le problème, lorsqu’on écrit, c’est qu’on risque de faire toujours le même livre. Quand on se cantonne dans
la science-fiction alors pourquoi pas. De même, n’ai pas encore écrit de vraies comédies pour l’instant.
un genre, on tombe plus facilement dans ce travers de l’écrivain professionnel qui écrit toujours le même livre.
Au moment où vous avez entamé l’écriture de votre dernier roman, saviez-vous que vous étiez en train d’écrire un thriller ?
Craignez-vous d’écrire tout le temps le
Oui. J’avais envie de construire un thril-
même roman ?
ler. J’aime beaucoup les thrillers et les
Oui, bien sûr. Chaque auteur a des angoisses qu’il ne cesse d’explorer à travers son œuvre. Il ne faut pas tourner en rond autour de nos obsessions mais plutôt mettre de l’ordre dans celles-ci. C’est 134
polars. On y trouve une sorte de machine narrative implacable et, d’un point de vue intellectuel, c’est stimulant et intéressant à construire même si c’est difficile. Après, c’est de l’imagination. J’ai imaginé rapidement un thriller autour
135
de cette histoire. Mon tout premier livre
écrire ce roman, j’ai rencontré des ma-
est un thriller et j’avais envie de revenir
thématiciens et, à chaque fois que j’ai es-
à ce genre de thriller ésotérique et phi-
sayé d’amorcer ce genre de discussions
losophique initié par Umberto Eco avec
avec eux, ils n’avaient pas assez de recul
Le Nom De La Rose et poursuivi par Dan
sur la discipline. Quand on se penche
Brown avec Da Vinci Code.
sur les mathématiques, on comprend, comme l’a dit Pythagore, que le monde est écrit en langage mathématique et
Quelle est la part d’autobiographie dans votre dernier roman ? Il y a une grande part autobiographique.
c’est un mystère incroyable. Cela nous ouvre à une sorte de vertige métaphysique. Le monde aurait-il un code secret qu’il serait possible de connaître ?
Je me retrouve dans le narrateur même si c’est un jeune homme. C’est ma part masculine. C’est un élève de l’École Normale Supérieure, un rat de bibliothèque qui a une vision intellectuelle
Pensez-vous que le nombre «Pi» organise le monde ?
et philosophique du monde. Je me re-
Oui, j’y crois et il est difficile de ne pas
trouve dans cet élève que j’étais quand
y croire. Ce nombre est vertigineux. Il
j’étudiais à l’École Normale Supérieure.
comporte d’abord le chiffre 3 que l’on
Je me retrouve aussi dans le professeur
retrouve comme principe organisateur
de philosophie puisque j’ai enseigné
d’une trinité ou d’une trilogie. Puis, tout
la philosophie pendant trois ans. Cette
se joue dans les décimales car celles du
femme m’a été inspirée par des pro-
nombre «Pi» sont infinies et totalement
fesseurs que j’ai pu avoir quand j’étais
aléatoires. En langage mathématique,
élève. Il y a beaucoup de personnages
on appelle cela un nombre transcen-
qui sont inspirés de rencontres faites
dant. C’est étrange... C’est comme si le
lorsque j’étais étudiante, aussi bien les
monde était organisé par ce principe in-
élèves que les professeurs.
fini et transcendant qui résiste à la raison humaine et que la raison humaine ne peut pas appréhender. On se retrouve
Dans ce roman, vous portez un regard philosophique sur les mathématiques. Qu’y a-til de philosophique dans cette discipline ?
alors face à une limite de la pensée qui nous amène à nous demander s’il y a une intelligence supérieure capable de réorganiser le monde. C’est le genre de
J’ai effectivement une vision philoso-
questions existentielles que posent les
phique des mathématiques. Elle est par-
mathématiques. Le nombre «Pi» montre
ticulière et je pense que les mathéma-
que la vérité nous échappe toujours car
ticiens ne la comprendraient pas. Pour
elle est complexe et multiple.
137 137
Est-il essentiel, pour vous, de mettre en avant
Derrida. Du coup, la religion a envahi
ce genre de théories ?
l’espace de la pensée et c’est extrême-
Oui, c’est important de le rappeler car
ment dangereux.
nous sommes dans une époque qui voit le retour du dogmatisme dans tous les domaines et surtout en matière de religions.
Que faut-il faire pour lutter contre la disparition de la philosophie ? Il faut que les philosophes reprennent leur rôle dans la cité et qu’ils ne se
Par son aspect «révélateur», votre roman a
contentent pas d’enseigner dans les uni-
quelque chose du Da Vinci Code de Dan
versités. Ils doivent prendre position. En
Brown. D’après-vous, sommes-nous mani-
France, je trouve merveilleux qu’on en-
pulés par les religions ?
seigne la philosophie en dernière année de lycée. Je pense que cela se fait rare-
Aujourd’hui, on assiste à un retour des
ment dans les autres pays. Personnelle-
religions sous la pire forme qui soit : le
ment, j’aurais commencé à l’enseigner
fanatisme. C’est une manipulation qui
dès la première année de lycée mais on
nous plonge dans des guerres de reli-
peut déjà s’en féliciter. Il faut aussi ar-
gions comme au Moyen Âge. Il est donc
river à transmettre l’intérêt de la philo-
important d’en revenir à la philosophie
sophie sans la vulgariser qui réside dans
qui permet de prendre une distance cri-
son langage un peu ésotérique et difficile
tique par rapport à cette confiscation
à appréhender. Il faut un apprentissage.
de la pensée qu’est le fanatisme. Je ne
On peut également faire une philosophie
parle pas de la religion mais bel et bien
qui soit compréhensive et qui amène les
du fanatisme religieux. Il y a différentes
gens vers ce langage particulier.
façons de vivre la religion. Le fondement de la religion, c’est de vivre ensemble et de dicter une certaine morale alors que le fanatisme est tout l’inverse de cela. La philosophie permet justement de prendre du recul et de garder la mesure.
La religion est omniprésente dans votre œuvre. Est-ce un thème spontané ou une envie systématique d’en parler ? Je crois que c’est un peu les deux. Chaque auteur a un univers. Le mien
Pensez-vous que les philosophes ont un rôle à
est emprunt de judaïsme parce que c’est
jouer dans cette morale ?
ainsi que j’ai été éduquée. Pour moi, la
Les philosophes ont démissionné et c’est terrible. Le dernier grand était Jacques 138
religion vient toujours sous forme d’un questionnement, pas d’un dogme. Cela fait partie de mes obsessions (rires).
Qu’est-ce que vous aimez dans le judaïsme ? J’aime le recul critique et le côté philo-
Pensez-vous que l’écriture peut nous faire passer à côté de grandes choses ?
sophique que nous apporte le Talmud.
Oui. On peut effectivement être dans un
Ce sont toujours des pensées contradic-
monde très intellectuel. Il est donc très
toires qui s’affrontent sans jamais vérita-
important de vivre pour avoir de la ma-
blement trouver de solution.
tière. Il faut arriver à maintenir cet équilibre entre la vie et l’écriture de telle façon à ce que la vie nourrisse l’écriture.
L’écriture d’un tel roman prend certainement beaucoup de temps. Écriviez-vous d’autres choses en parallèle ?
Quand j’écris, j’ai tendance à faire de ma vie un roman et à vivre de façon romanesque (rires).
J’ai été très focalisée sur ce roman que j’ai mis deux années à écrire. J’ai écrit quelques articles dans des journaux à côté mais un roman, c’est justement obsessionnel et il est donc difficile d’en sor-
Vous êtes désormais une spécialiste du roman ésotérique. Quelles sont vos lectures de prédilection dans ce domaine ?
tir. Quand je rentre vraiment dans l’écri-
Pour moi, Umberto Eoco a vraiment
ture, tout devient insignifiant par rapport
créé le genre et a donné ses lettres de
à ce que j’écris et j’ai du mal à penser à
noblesse au polar. Ses derniers romans
autre chose ou à me concentrer sur autre
sont entre l’essai et la narration. En-
chose.
suite, il y a pas mal de films thrillers qui m’inspirent. Quand j’écris des thrillers, j’essaye d’avoir un découpage cinémato-
Ressentez-vous une certaine solitude dans l’exercice de l’écriture ?
graphique. J’aime aussi beaucoup ce que fait Dan Brown dont les livres sont passionnants. Il y a également Donna Tartt
Oui, le travail de l’écrivain est très so-
qui fait partie des écrivains de thrillers
litaire. C’est dur d’être toute la journée
littéraires, notamment avec Le Maître Des
dans sa chambre. Certains écrivains ai-
Illusions. Dans ses livres, il y a justement
ment bien écrire dans un café pour avoir
ce mélange entre le polar et l’écriture ro-
un rapport au monde extérieur. Moi, j’ai
manesque.
besoin de calme alors j’écris dans mon lit. Par l’écriture, on s’évade mais le côté solitaire est parfois un peu pesant.
Seriez-vous déçue que vos enfants n’aient aucun intérêt pour la philosophie ? Oui, je serais très déçue. C’est très im-
140
Maquillage : Angie Design
portant pour moi de transmettre la philosophie, c’est à dire l’amour de la sagesse. Comme mon père l’a fait avec moi, j’aimerais bien arriver à la transmettre à mes enfants. Avec mon père, j’ai eu un rapport de disciple à maître et cela a été très enrichissant pour moi alors j’espère que mes enfants suivront ce chemin.
Avez-vous des projets dans la musique ? Depuis une dizaine d’années, j’écris des paroles pour le groupe de rock Debout sur le Zinc que j’aime beaucoup. Actuellement, je suis d’ailleurs en train d’écrire un album pour la chanteur du groupe qui s’appelle Simon Mimoun. J’ai aussi écrit une chanson pour Enrico Macias. Je travaille beaucoup avec des musi-
Comment vous y prendriez-vous pour inciter à la lecture une personne qui n’aime pas lire ? Je la prendrais par la main et je com-
ciens. J’aime écrire des paroles, c’est une façon pour moi de faire de la poésie et ce format court me permet de sortir de ma solitude.
mencerais à lui faire lire des polars parce que, dans le polar, on est tout de suite happé et envoûté. Quand j’écris des po-
Aurons-nous, un jour, l’occasion de vous en-
lars, je me dis qu’il faut saisir le lecteur
tendre pousser la chansonnette ?
au collet et ne pas le lâcher. Ce genre a quelque chose qui nous entraîne et qui nous donne envie de découvrir le secret. Je pense que la polar est la meilleure ini-
J’aimerais bien. Je suis en train de travailler sur un album pour moi. J’ai toujours aimé chanter.
tiation à la lecture de par sa force de séduction. Savez-vous déjà sur quoi portera votre prochain roman ? En 2000, vos avez co-écrit et réalisé le court-métrage La Nuit De Noces. En 2005, vous avez réalisé le documentaire Tel Aviv La Vie. Avez-vous l’intention de réaliser d’autres films ? Oui. Je viens d’écrire un scénario qui est l’adaptation d’un de mes livres et j’aimerais bien le réaliser.
Oui. À chaque fois que je termine un roman, j’ai déjà l’idée du prochain. Les idées viennent à moi comme des évidences. Mon prochain roman sera plutôt un livre intimiste et psychologique qu’un thriller mais c’est encore un peu tôt pour en parler.
Originaire
144
de Las Vegas, le groupe continue d’explorer les vices et les vertus de son chanteur, Brendon Urie, dans un nouvel album judicieusement titré Too Weird To Live, To Rare To Die. Plus personnel que son prédécesseur, ce disque fait l’objet d’une exploitation rigoureuse grâce à l’efficacité des singles Miss Jackson, This Is Gospel et Girls/ Girls/Boys dont le clip choc vient d’être dévoilé et met en scène un Brendon entièrement nu. L’interrogatoire était inévitable !
PANIC! AT THE DISCO PAR Dine Delcroix / Photos: DR/Alex R. Kirzhner
Le titre de l'album est tiré
Dans le single Miss Jack-
musical. J'ai toujours be-
du film Las Vegas Parano.
son, tu racontes la manière
soin de chanter, d'enre-
Qu'est-ce que tu aimes
dont tu as été trompé.
gistrer ou d'écrire quelque
dans ce film ?
Comment as-tu réagi en
chose.
J'aime tout dans ce film !
l'apprenant ?
J'aime le réalisateur Terry
Lorsque
c'est
arrivé,
Gilliam et j'ai adoré tout
j'étais en colère et blessé.
ses films. Johnny Depp
Je me suis senti merdique
joue tellement bien dans
car j'étais sentimentale-
celui-ci. Quand j'ai en-
ment très impliqué. Il fut
tendu cette réplique, j'ai
un temps où je le faisais
trouvé qu'elle résumait
constamment aux autres.
parfaitement cet album.
Peu importe avec qui je
Si ce disque devait être un
sortais, cela arrivait. En
personnage, cette phrase
inversant les rôles, j'ai ré-
serait la description de ce-
alisé ce que cela pouvait
lui-ci.
faire aux autres et ce n'est clairement pas une bonne chose.
Tu as écrit une chanson sur Las Vegas, Vegas Lights. Quel rapport entretiens-tu avec cette ville ? J'y ai grandi. Pour l'enfant d'une famille de classe moyenne
que
j'étais,
Las Vegas était une ville normale. On
ne
peut
pas entrer dans un club avant l'âge de 19 ans, ils sont très stricts à ce su-
Sur cet album, on re-
jet, là-bas. Du coup, j'al-
trouve une ode à la vie
lais à l'école toute la se-
avec le morceau Far Too
Quotidiennement,
Young To Die. Quel est
des dépendances ?
l'âge idéal pour mourir ?
as-tu
Je ne pense pas avoir des
Si j'étais un dur à cuire, je di-
addictions, j'ai plutôt des
rais "27 ans" mais cela vou-
obsessions. Je ne suis ac-
drait dire qu'il ne me reste-
cro à rien mais je suis ob-
rait que six mois à vivre alors
sédé par les jeux vidéos et
je vais répondre "90 ans" car
la musique. Il ne se passe
je veux mourir vieux (rires).
pas un jour sans que je fasse quelque chose de
maine, j'allais au parc le week-end, j'allais à l'église le dimanche... Quand j'ai grandi, j'ai commencé à utiliser Las Vegas à mon avantage en exploitant son côté fêtard très accessible. Au lancement du groupe, nous avions 17 ans et nous ne pouvions pas vraiment 145
prendre part à aux festivi-
ment des filles. Ma femme,
amené à te dévoiler de
tés de la ville mais, main-
par exemple, est fan de
cette manière ?
tenant, j'ai une admiration
filles en général. Quand
profonde et un certain
elle voit une jolie fille,
respect pour Las Vegas. Je
elle me le dit aussitôt. Je
suis fier d'être originaire
pense qu'il est important
de Vegas.
de, non seulement exprimer ce genre de sentiments mais aussi de savoir
Quel genre de liaisons décris-tu dans le titre Casual Affair ?
que ce n'est pas grave de le faire. Les gens essaient trop souvent de lutter contre des choses qui sont
En tant qu'auteur-compositeur, j'aime être honnête et ouvert. Pour moi, la musique est le meilleur moyen d'extérioriser des choses pesantes. Pendant longtemps, j'ai eu beaucoup de mal à parler de mes problèmes personnels à d'autres personnes. Le faire en musique est
C'est une chanson qui dé-
naturelles et cela crée le
crit un fantasme de mon
malaise et la dépression.
imagination. Parfois, avec
Il ne faut pas se stresser
ma femme, il nous arrive
au point de se rendre ma-
de jouer à citer cinq cé-
lade pour si peu. Ce n'est
lébrités potentielles avec
jamais bon de luter contre
lesquelles nous pourrions
des sentiments naturels.
Tu
avoir une liaison. La chan-
Je voulais aborder ce sujet
concerts très énergiques
son raconte cet état d'es-
parce que je me sens fort
à venir. Quels sont les
prit.
de ma propre expérience
concerts où tu t'es le plus
vécue. Beaucoup de gens
amusé ?
une sorte de thtérapie et je suis friand de choses véridiques.
as
annoncé
des
ont peur de reconnaître Qu'est-ce qui t'a donné envie de parler de bisexualité dans Girls/Girls/ Boys ? Tout
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qu'ils ont eu ce genre
Nous venons de finir une
d'expériences alors peut-
tournée américaine avec
être que cette chanson
les Fall Out Boy et c'était
leur permettra de s'ouvrir.
impressionnant, une vraie bouffée d'air frais entre
simplement
amis. Chaque concert était
l'ex-
périence et le fait de
Tes textes sont justement
connaître des personnes
plus intimes sur cet al-
bisexuelles,
bum. Qu'est-ce qui t'a
particulière-
énorme !
JOHN NEWM
LA RÉVÉLATION Made Par DINE DELCROIX / Photos : François Berthier
148
MAN
ade in england 149
Propulsé en tête des charts britanniques grâce à son single Love Me Again, John Newman est devenu en quelques mois un véritable phénomène. Il livre ce mois-ci Tribute, un premier album à la production rigoureuse qui n’a rien à envier aux longues carrières. La sienne semble particulièrement bien lancée et c’est dans son vêtement préféré qu’il s’est confié à notre rédaction. Découverte !
Tu as toujours pensé que tu serais un au- Pas pour le moment. Avec ce premier teur-compositeur. Qu’est-ce qui t’a fait de- album, j’ai envie que les gens me dévenir chanteur ? couvrent en tant qu’artiste en dehors des collaborations. Les membres de RuJ’ai grandi dans une très petite ville où dimental sont très occupés mais nous l’écriture et la chant n’ont pas beaucoup aurons peut-être l’occasion de retravailde place. Là-bas, les gens ne considèrent ler ensemble un jour. pas la musique comme un vrai travail. C’est seulement lorsque j’ai emménagé dans une ville nommée Leeds où j’ai vu Ton premier album sort justement ce moisdes personnes étudier la musique que ci dans les bacs. Quelle est la chanson qui le j’ai réalisé que cela pouvait être une résume ? profession mais, à l’époque, je ne savais pas encore que je serai chanteur. Probablement Goodnight Goodbye. L’alJe n’avais pas assez confiance en moi et bum tourne autour de la maison où j’hac’est sûrement pour cette raison que je bitais avec mon ex petite amie et de la pensais être un simple auteur-composi- manière dont notre relation s’est termiteur.
née. On y trouve une sorte de concept caché dans lequel je remercie toutes les personnes qui ont été présentes dans
Tu es l’une des révélations de l’année en ces moments. Angleterre. Quelle a été ta réaction lorsque tu as entendu ta voix pour la première fois à la radio ? C’est toujours très surréaliste. La première fois, c’était ma chanson avec Rudimental. Je n’arrivais pas à réaliser que c’était la radio mais cela m’a rendu fier. As-tu prévu de retravailler avec le groupe Rudimental ?
L’album est porté par le single Love Me Again dans lequel tu demandes à une personne si elle t’aime encore. As-tu obtenu ta réponse ? Oui. Je n’ai pas été très sympa avec mon ex-copine, surtout lorsque j’ai commencé ma tournée avec Rudimental. En devenant un personnage publique, je me 151
suis retrouvé à parler avec beaucoup de les gens comprendront que je n’ai pas filles et à la négliger. Un jour, j’ai pris besoin de travailler avec d’autres arun train pour lui faire la surprise d’aller tistes lorsqu’ils écouteront mon album. la voir sur son lieu de travail. Une fois arrivé, j’ai posé la fameuse question qui est devenue le titre de la chanson.
Pour écrire et composer, as-tu besoin d’être dans un endroit spécifique ?
A-t-elle écouté la chanson ?
Non, je ne pense pas qu’un lieu puisse
Oui.
ce que tu as fait durant ta journée car ce
aider spécialement. Ce qui compte, c’est qui t’arrive est plus important que l’endroit où tu te trouves.
Qu’en pense-t-elle ? Je ne sais pas (rires).
Quel est l’instrument indispensable pour toi ? L’orgue. C’est un instrument ravigotant
Pensais-tu que cette chanson serait l’un des et il est sur toutes mes chansons. tubes de l’année pendant que tu l’enregisQuels sont les artistes auxquels tu détestes trais ? être comparé ? On ne sait jamais ce genre de choses. Quand tu écris, tu peux te dire que tu Je n’ai pas encore été comparé à des as fait une bonne chanson mais tu ne personnes que je n’aime pas mais j’espeux jamais prévoir qu’elle va marcher. père que les gens sauront identifier C’était aussi le cas pour Feel The Love mon propre style. avec Rudimental, nous ne savions pas qu’elle aurait ce succès. Tu es toujours en costume sur tes photos. Depuis ce succès, as-tu été contacté par S’agit-il de ton vêtement préféré ? d’autres artistes ? Oui, j’aime bien en porter. Je me sens Oui. Dans l’industrie de la musique, bien dans un costume. Je manquais si les gens aiment ce que tu fais, ils d’assurance lorsque j’étais plus jeune et peuvent avoir envie de travailler avec le fait de porter un costume m’aide à en toi mais, pour l’instant, j’ai envie de me avoir un peu. focaliser sur ce que je fais. J’espère que 152
153
J anelle Monรกe
154
E L L E JA N E
Á N MO ME
M E F A L E U Q I R T C E L É Photos elcroix /
D PAR Dine
: DR
Toujours en quête de fraîcheur, Janelle Monáe refait surface ce mois-ci avec un nouvel album sans fausses notes. Baptisé The Electric Lady, l’album est un hommage à la femme forte par des sonorités urbaines et alternatives issues d’une soul qui a su séduire Prince, Solange Knowles ou encore CeeLo Green, tous présents sur ce nouvel opus. Entretien avec une diva pas comme les autres...
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Ton nouvel album s'intitule The Electric Lady. Quelles sont les femmes de notoriété publique auxquelles tu pourrais attribuer ce qualificatif ? Sally Ride, la première femme américaine qui est allée dans l'espace. Il y a aussi Mae Jemison qui fût la première femme américaine de couleur à faire la même chose, Michelle Obama, Solange Knowles... Des femmes qui ne sont pas définies pas la couleur de leur peau et qui brillent par ce qu'elles font car elles ont compris qu'elle avaient une responsabilité.
Aujourd'hui, les femmes afro-américaines occupent une place importante aux États-Unis. Te sens-tu actrice de cette communauté ? C'est important de cultiver son individualité afin que les gens puissent comprendre que la femme afro-américaine ne se résume pas à une expérience mais à plusieurs.
Quel est le message de Q.U.E.E.N, le premier single extrait de l'album ? Je voulais que les gens comprennent mon point de vue sur la discrimination, le sexisme, les jugements et toutes ces choses dont je parle dans la chanson.
Comment s'est passée ta collaboration avec Prince sur le titre Givin Em What They Love ? Cette collaboration était cosmique et riche en couleurs.
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Il y a des sonorités rap dans tes nouvelles chansons. D'où te viennent ces influences ? De la communauté, de ma soeur, de mon frère... Je ne me considère pas comme une rappeuse, je considère plutôt le rap comme une forme de communication.
Dans ce cas, comment décrirais-tu ton style de musique ? Je ne suis mariée à aucun style en particulier. Il ne s'agit pour moi que de modes de communication. Je fais ce qui me semble honnête et ce qui met le mieux en valeur mes messages.
Qu'est-ce qui inspire ton look vestimentaire ? La météo (rires).
As-tu des créateurs favoris ou des marques préférées ? Non.
OK... Tu as construit certains de tes visuels autour du thème du robot. Que représente l'androïde, pour toi ? Quand je parle d'androïde, je parle de l'Autre. L'androïde est une nouvelle forme de l'Autre. L'androïde peut être la nouvelle femme, le nouveau gay, le nouvel excommunié, le nouvel immigrant... C'est juste une manière de parler de quelqu'un qui a été marginalisé. Qu'aimes-tu le moins dans le processus d'enregistrement d'un album ? Je n'aime pas le mixage et le mastering car mon oreille est habituée aux versions demo des morceaux.
Si tu devais collaborer avec un artiste français, tu choisirais lequel ? Je choisirais le funambule Philippe Petit.
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NAOMI WATTS L’ANGE BLOND L’actrice revient dans le biopic Diana Galles et icône disparue. Portrait. Par Justin Kwedi / Photos : Dr.
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où elle incarne la
Princesse
de
De Naomi Watts le souvenir ému du cinéphile se résume avant tout en deux mots : Mulholland Drive. Après des années de vache maigres entre seconds rôles anecdotiques et productions obscures, l’actrice accédait enfin à la notoriété par la grâce d’un concours de circonstance inespéré (un projet de série tv avorté et transformé en film de cinéma par David Lynch) et surtout de l’écrin idéal à son talent conçu par David Lynch. Naomi Watts y tenait un double rôle. D’abord Betty Elms, aspirante comédienne sincère, candide et passionnée s’abandonnant le temps d’une troublante scène saphique au bras de l’amnésique Rita (Laura Harring). Puis son envers torturé avec l’amoureuse éconduite Diane Selwyn au caractère autodestructeur. Naomi Watts y offrira une prestation fragile et incandescente qui lui ouvrira les portes d’une grande carrière. Naomi Watts à l’écran, c’est une constante variante de ce rôle qui la révéla. Ses traits paisibles et bienveillants, sa présence évanescente lui confèrent une douceur et une fragilité palpable à l’écran. L’actrice ©Le Pacte
mêle pourtant toujours à cette image an161
gélique une intensité fébrile qui en Naomi Watts, c’est l’équilibre parfait entre fait un personnage autant ancré dans la grâce la plus immaculée et l’abandon le le réel que propre à s’épanouir dans plus à vif. Cela la rend tout à la fois loindes univers plus éthérés. C’est de cette taine et proche de nous, aérienne et termanière qu’elle sera utilisée dans Le rienne. L’actrice s‘est ainsi conçu un perCercle (2002) brillant remake du film sonnage de cinéma parmi les plus attachant japonais Ring où elle incarne une jour- qui soit, souvent destiné à la tourmente naliste enquêtant sur une cassette vidéo et au malheur dans lesquels le spectateur maudite. C’est surtout avec le magni- ne souhaite pas la voir s’enfoncer. On fique 21 grammes (2003) qu’elle exprimera s’en émerveillait encore récemment dans le mieux cette vulnérabilité dans un ré- Perfect Mothers où Anne Fontaine magnicit labyrinthique sur la destinée et le ha- fiait sa quarantaine resplendissante dans sard typique de son réalisateur Alejandro une ambiance solaire où elle s’abandonGonzález Iñárritu.
nait au bras du fils de sa meilleure amie.
Cette dualité entre douceur et douleur C’est sans doute de cette passion qu’elle fait que Naomi Watts ne s’épanouit jamais aura su maintenir pour son art au cours mieux que dans le mélodrame et imprègne des années de vache maigre que la star tire finalement de sa sensibilité tous les genres cette aura à l’écran. Ayant abandonné un
où elle s’aventure. Sa seule présence ap- temps la comédie pour travailler dans un porte une émotion inattendue dans le dé- magasin au début des 90’s, elle retrouva la luge d’action et de créatures du remake de flamme lorsqu’un collègue l’invita à parKing Kong (2005) de Peter Jackson, faisant ticiper à un atelier d’art dramatique. Vé-
par sa seule présence disparaître le sous- gétant tandis que son amie et compatriote texte sexuel de l’original pour un senti- Nicole Kidman gravissait les sommets, elle ment plus innocent, plus pur. De même la sut attendre son heure aujourd’hui éblouir froideur clinique d’un Haneke dans la re- en exprimant cette patience tranquille de lecture de son propre Funny Games (2007) celle pour qui rien n’a été facile tout en échappe à l’implacable et détestable dé- dégageant la fièvre indomptable qui celle monstration de son réalisateur par l’em- qui n’abandonnera jamais ce qu’elle a dupathie que l’on ressent pour elle. Dans le rement acquis. On en revient au person-
pur mélo, elle a également grandement nage double de Mulholland Drive. L’ange ému ces dernières années avec Mother and et le démon, la perfection inaccessible et
Child (2009) et The Impossible (2012) tou- l’humanité poignante. L’actrice a bien sûr jours dans cet entre-deux qui la caracté- un registre plus étendu que celui auquel rise, adulte glaciale mais encore petite fille la réduit ce texte (elle fut hilarante récemmeurtrie par son abandon dans le premier ment dans le film à sketch My Movie Project)
et mère bravant les éléments déchaînés mais c’est bien dans cette figure béate mais pour sauver sa progéniture dans le second. imparfaite qu’elle nous émeut le plus. Qui 163
164
mieux qu’elle pouvait ainsi mieux incarner Diana à l’écran ? La princesse belle et inaccessible, l’épouse amoureuse et délaissée. L’icône et la mère. La Princesse de Galles et Lady Di. Naomi Watts va une nouvelle fois nous toucher en alliant le port de la souveraine et les élans de la femme. Les anglais surent se reconnaître ainsi en Lady Di et les spectateurs devraient une nouvelle fois en faire autant pour ce nouvel envol de Naomi Watts.
SYNOPSIS 1er Septembre 1995 : La princesse de Galles et le docteur Hasnat Khan sont présentés l’un à l’autre par Oonagh Toffolo, amie de Diana, au Royal Brompton Hospital de Londres. Officiellement séparée du prince Charles depuis décembre 1992, Diana a connu plusieurs aventures amoureuses décevantes. Alors qu’elle s’interroge sur le sens à donner à sa vie, elle s’éprend du chirurgien pakistanais et, pour une fois, parvient à garder quelques temps secrète leur liaison. Son divorce définitivement prononcé en août 1996, Diana veut croire à un avenir possible avec cet homme qui l’aime avec ses qualités et ses défauts, indifférent à l’image d’icône princière qu’elle incarne aux yeux du monde depuis plus de quinze ans. 6 Septembre 1997 : Un homme effondré derrière ses lunettes noires assiste aux obsèques de Diana. Peu de gens reconnaissent Hasnat Khan. Alors que les tabloïds affirment que Diana s’apprêtait à épouser Dodi Al-Fayed, rares sont ceux qui savent que, peu avant son accident, elle essayait encore de joindre Hasnat pour le convaincre de revenir à elle. «Diana», de Oliver Hirschbiegel. Sortie le 2 octobre 2013 165
MODE
THE GARDEN par Franรงois BERTHIER Simon Gensowski
Robe YSL, Collier Crucifix DOLCE & GABBANA, manchette et bague noire AMELLEE
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Par Julie Healy / Style : Samara Wilson
VIKTOR & ROLF Coat, Kunza Chantilly Lace Corset from babylikestopony, Phoenix Keating Wrongside High Waisted Skirt in Denim, Bottega Veneta Clutch. 178
179
Make up : Emilie Peltier Hair : Anais Sebagh REtouches&Digital : Blindstudio
THE GIRLS Par Franรงois Berthier
Ensemble de tailleur VALENTINO VINTAGE, casque par RITA ZIMMERMANN Modele : ELFIE MAHE / Star System Make up & Hair : ANGIE D.
Swimsuit Thapelo / BO Isabelle Michel / Shoes Zara
Coiffure : Sadek L Maquillage : Angie Design & Elvire Thuot Studio : Ten Feet Under Retouches : BlindStudio Mannequins : Anna H, Diva C, Anasatasia S & Katerina P @Metropolitan, Bibi, ChloĂŠ R, Dina K & Zuzana L @Just Wm, Daniela @Mademoiselle
Make up : Camille Lutz Hair : Raphael Mariage
LA FILLE QUI REND BLIND
On l’a
Catalina Denis L
G
découverte dans e mac et o fast où elle nous a brulé les yeux. On la retrouvera en haut de l’affiche en février dans rick ansions un thriller US aux côtés de Paul Walker et dans The Tunnel, une nouvelle série sur Canal Plus.
B
PHOTO : François Berthier
Photos : François Berthier
M
,
BLIND TRIP
PEROU
PAR MArie Gonçalvès / PHOTOS MArie Gonçalvès
Carnet de voyages intérieurs
Cri du bout du monde, appel de la pachamama, voyage et découverte des limites de l’être...Les mots sont faibles pour décrire les émotions et sensations, ces ressentis, le palpable d’une terre puissante et riche où l’âme peut encore se retrouver et jouïr de sa pleine création .
Cusco / le Puma
sa place ou se la crée, où l’humain est au coeur des activités quotidiennes, les
198
La ville où chacun est de passage mais
échanges nombreux, proximité. Comme
finit résident, perchée du haut de ses
l’impression d’être reine du monde,
3500m d’altitude ; maux de tête, pres-
vallée éclairée de petites habitations
sion, coeur qui bat à l’effort. Chaque pas
se propageant le long de la montagne,
relève du défi les premiers jours, le soleil
qui semble dormir, paisible. Flûtes de
caresse la peau, l’air sent le doux, le frais.
pan, concert de musique typique. Ville
Musique dans les rues, gaïté. Couleurs,
de la connaissance ancestrale Inca, les
lamas, costumes traditionnels, chaque
musées se bousculent et les vieilles
coin de rue est plus typique que l’autre,
pierres du site Saqsaywaman dorment,
ce marché San Pedro aux mille et uns
attendent le moment opportun pour dé-
visages, aux commerçants éclectiques.
voiler leurs secrets à qui prend la peine
Le mode de vie, simple, où chacun a
d’écouter.
ment de l’eau, vivre d’un presque rien. Suivre le destin plus que la raison, ce qui se présente plus que l’intellect. In-
Bolivie / lac Titicaca / Isla del Sol Sérénité, toujours un trésor d’histoire, de rituels et reconnaissance pour notre Terre Mère. Offrandes , échange de bons procédés, bonbons et pierres contre bonnes énergies et chance . L’aigle des Dieux se présente, danses, chants, feu . Festival de rencontres diverses en ces temps de changement, se prélasser en regardant le mouve-
fini.
Macchu Picchu / Vallée des Incas Site sacré, impossible de passer une feuille de papier entre deux pierres, solidité et perfection architecturale. Le milieu du nul part de la montagne, de la tranquilité, le milieu d’une cité qui n’a rien à envier aux sociétés les plus avancées spirituellement comme socialement, équité, lieu d’informations et de savoir, presque étranger. Le Serpent, Kundalini, les Andes, centre énergétique tellurique.
Pisaq / Utopie Ville où se cotoient villageois et voyageurs égarés en quête d’un monde meilleur, d’un avenir positif, d’un monde nouveau. Lieu où l’être s’exprime, mu-
tués aux «gringas». Danger, sang chaud, sur ses gardes. Une étincelle peut en engendrer une autre. Célébration schizophrène.
Pucallpa / Amazonie
sique, cuisine, encens naturels de bois. Le marché artisanal coloré, les champs
Voyage qui s’achève avec la plus grande
de maïs à perte de vue. Les rencontres
des
étranges, les fous . Temple du soleil, le
médicinales, apprentissage de la méde-
coeur résonne dans toute la vallée.
cine des indiens shipibo conibo. Rien
découvertes...soi-même.
Plantes
n’arrête un peuple qui veut apprendre
Ayacucho / Carnaval Défilés d’hommes et de femmes de différentes régions du pays, moment de fête où se mêlent personnes de tous âges, quatre jours à célébrer la diversité, costumes, chants, danses traditionnels. Joie. Perplexité des habitants, non habi202
et s’améliorer , aller jusqu’à la justesse dans sa pensée et son action. Processus de la vie, l’amazonie forme , comme une bibliothèque vivante. Les guérisseurs guident, vers ce meilleur du vivant, cette lumière qui subsiste malgré l’ombre. Un grand pas en avant, des bagages en moins. Puis cette chaleur, presque étouffante, que l’on ne peut oublier aux pre-
mières respirations
pour
mieux oublier son
existence
par
la
suite.
Les kaïmans qui viennent
dire
bonjour au petit dej, narguer du bas de la terrasse.
Maison
sur
pilottis, serpents curieux, instinct de survie.
Animations au
port, ventes de fruits inconnus, tabac au miel, eaux florales... Toucher du bout des doigts la réalité.
CHRONIQUES CD
Par Dine Delcroix et Julian Evil
Moby : Innocents (1 Octobre) Pochette angoissante pour le onzième album de Moby. Le chanteur, auteur et producteur américain retourne à ses musiques ambiantes et oniriques tout en conservant quelques pistes up-tempo pour ne déplaire à aucun fan. Titré «Innocents», ce disque est principalement construit autour de l’être humain et de son désir d’appartenance à une communauté. Et pour mettre en pratique sa bâtisse, l’artiste a choisi d’impliquer d’autres personnes dans le processus de création de l’œuvre : Skylar Grey, Damien Jurado, Cold Specks ou encore Mark Lanegan (ex Queens Of The Stone Age). Une façon de travailler plutôt inhabituelle pour le new-yokais qui maîtrise pourtant chaque featuring de son disque. Côté scène, seulement trois dates de concerts à Los Angles viennent d’être annoncées pour l’instant mais une tournée est envisagée...
Miley Cyrus : Bangerz (4 Octobre) Changement radical pour celle qui jouait Hannah Montana. Miley Cyrus se tourne aujourd’hui vers un style qu’elle qualifie elle-même de «dirty south hip-hop». Elle arbore un nouveau look pour un nouveau son qui lui va à ravir. Si le ton avait été donné avec l’excellent single We Can’t Stop, celui qui lui succède, Wrecking Ball, est là pour nous faire comprendre que la jeune fille est capable de toutes les prouesses, des plus touchantes aux plus provocantes à l’image de son clip réalisé par le grand Terry Richardson. Une dualité entre ballades profondes et chansons plus légères, tel est le savant mélange que propose Bangerz, un cinquième album qui marquera à jamais la carrière de son interprète. Et à tous les moralisateurs qui n’aiment pas l’entertainment ou qui s’amusent à critiquer sa nouvelle notoriété, Miley a prévu de tirer généreusement la langue ! 204
Holy Ghost! : Dynamics (7 octobre 2013) Qui se souvient d’Automato ? En 2004, un groupe new yorkais de hip hop blanc s’improvisait parmi les meilleurs espoirs de l’année. Diz ans après, et une grosse gueule de bois plus tard, deux de ses membres ont monté un nouveau groupe et tentent une nouvelle percée. Une louche de LCD Soundsystem pour le déhancher. Une pincée de Empire of the Sun pour les chœurs. Une cuillère à café de Cut Copy pour les influences 80’s. Shake. Avec un tel cocktail, il est aisé d’atteindre l’ivresse. Ca tombe bien. Terminer votre verre. Rejoignez la piste de danse. Lâchez vous ! Holy Ghost vous y invite avec ce Dynamics qui démange rapidement les jambes. S’il faut avouer qu’il y a peu de génie à travers ses onze morceaux taillés pour le dance floor, le deuxième album du duo new yorkais, petits protégés de James Murphy, s’inscrit parfaitement dans l’air du temps et fait preuve d’une efficacité redoutable. Le genre de groupe qui peut totalement convaincre sur scène même si le disque laisse un arrière goût un peu trop prononcé de « déjà entendu ». J.E.
Katy Perry : Prism (21 Octobre) Katy Perry est de retour même si elle n’était pas vraiment partie. Pour son nouvel album intitulé Prism, la reine du single (son précédent album en compte 9) a trouvé sa source d’inspiration dans la dance suédoise d’artistes tel que Robyn. Ses désirs ont justement été exaucés par le producteur suédois Max Martin. Pour pour ne pas changer une équipe qui gagne, la belle a également refait appel à Dr. Luke, Cirkut, Greg Wells, Benny Blanco et StarGate. Pour la nouveauté, elle est allée taper à la porte de Klas Ahlund, Sia Furler, Bloodshy et Greg Kurstin. De toutes ces pattes résulte une galette musicalement équilibrée et nécessairement riche en tubes. Le lead single, Roar, est bientôt remplacé Unconditionally, qui serait la chanson préférée de la demoiselle.
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CHRONIQUES CD James Blunt : Moon Landing (21 Octobre) Moon Landing marque le retour inattendu de James Blunt après trois années d’absence. Le chanteur anglais s’est entouré du Ryan Tedder des OneRepublic et de Tom Rothrock qui avait déjà collaboré sur ses deux premiers albums. Qui dit James Blunt dit forcément mélodies mélancoliques et c’est avec la même sensibilité que la voix du chanteur embrasse chaque instrument mais, cette fois-ci, on retrouve une douce énergie qu’on ne lui connaissait pas, à commencer par Bonfire Heart, le lead single de ce quatrième album. L’artiste semble renouer avec une certaine écriture plus personnelle et moins centrée sur le monde qui l’entoure. «C’est l’album que j’aurais enregistré si Back To Bedlam n’avait pas fonctionné», indique l’artiste. Une tournée débutera l’année prochaine incluant six dates en France et passera par le Zénith de Paris le 25 Mars 2014.
Micky Green : Daddy I Don’t Want To Get Married (21 Octobre) Souvenez-vous : Micky Green, c’est la jolie blonde qui chantait Oh ! sous la tutelle de Renaud Letang en 2007 et qui a régalé son public de deux somptueux albums. Réalisé par Tahiti Boy et Para One et entièrement composé sur le piano de la chanteuse australienne, ce troisième opus est béni d’une folk sophistiquée et enthousiaste qui jouit d’une touche electro résolument moderne. Des claviers vintage, des cuivres sensuels et un sens irrésistible de l’interprétation font de Daddy I Don’t Want To Get Married le meilleur album de Micky Green. On regrette toutefois l’absence du titre Bus Stop qui était pourtant disponible sur l’EP In Between, paru en Juin dernier.
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Icona Pop : This Is... Icona Pop (23 Septembre) Déjà le deuxième album mais le premier à l’échelle internationale pour le duo suédois eletro pop formé par Caroline Hjelt et Aino Jawo. Après avoir fait trembler tous les dancefloors avec le tube I Love It et proposé les singles Girlfriend ainsi que All Night Long, les deux demoiselles s’invitent dans les bacs avec This Is... Icona Pop, un album diablement efficace dans la lignée des titres déjà dévoilés et qui mélange des pistes inédites à quelques ‘anciens’ tubes comme I Love It et Ready For The Weekend. Une tournée européenne sera effective à l’automne et passera par la France pour une date exceptionnelle au Nouveau Casino le 10 Octobre 2013
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