«Le Monde Economie» Chine : le consommateur tarde à se réveiller Mardi 30 novembre 2010 - 66e année - N˚20482 - 1,40 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr ---
Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino
Au cœur de la diplomatie américaine t « Le Monde » et quatre journaux étrangers commencent la publication d’informations révélées par 250000 télégrammes du département d’Etat et de ses ambassades, mis à leur disposition par le site WikiLeaks t Washington condamne vigoureusement cette initiative ; nombreuses réactions dans le monde
AFP
a Confidentiel. Doha. 24 février 2010 Mahmoud Ahmadinejad: «Nous avons battu les Américains en Irak, la bataille finale sera livrée en Iran.»
L
e site WikiLeaks et cinq journaux internationaux – Le Monde, The New York Times, The Guardian, El Pais, Der Spiegel – ont commencé à rendre public, dimanche 28 novembre, le contenu de quelque 250 000 télégrammes diplomati-
a «Le président le plus proaméricain depuis la seconde guerre mondiale» (Secret, 20 mars 2009) est aussi «susceptible et autoritaire » Confidentiel, 26 octobre 2007.
ques américains, échangés, pour l’essentiel, entre le département d’Etat et ses ambassades entre 2004 et 2010. Cette diffusion, qui plonge le public au cœur de la machine diplomatique américaine mais ne concerne pas la correspondance classée
« top secret », s’étalera sur plusieurs jours. Le département d’Etat a vigoureusement condamné ces fuites. Plusieurs chancelleries occidentales ont également critiqué, lundi 29 novembre, la publication des documents par WikiLeaks. p
UK price £ 1,50
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ce qu’il en advint: une renationalisation des politiques climatiques et l’échec de la logique de régulation mondiale instaurée en 1992 par le Protocole de Kyoto.
Editorial Le 7décembre 2009, à la veille de la conférence de Copenhague, cinquante-six journaux de quarante-cinq pays (dont Le Monde) avaient pris l’initiative sans précédent de publier un éditorial commun. Que disait-il ? «L’humanité est confrontée à une urgence aiguë. Si le monde ne s’unit pas pour prendre des mesures décisives, le changement climatique ravagera notre planète, et, avec elle, notre prospérité et notre sécurité. » Ce texte exhortait les gouvernements de la planète à ne pas sombrer dans les querelles et à ne pas
Le regard de Plantu
se rejeter mutuellement la responsabilité du changement climatique: «Cela ne doit pas être un combat entre le monde riche et le monde pauvre, ni entre l’Est et l’Ouest. Le changement climatique nous affecte tous, et c’est ensemble que nous devons nous y attaquer. » Aucun mot n’est à retrancher de ce plaidoyer. L’urgence n’est pas moins aiguë à Cancun qu’à Copenhague. Les dernières études scientifiques démontrent, au contraire, que le réchauffement se produit à un rythme plus rapide que prévu. Cancun ne doit donc pas être un sommet pour rien. Certes, les plaies ne sont pas refermées depuis le traumatisme danois. Les deux plus grands pollueurs de la planète, la Chine et les Etats-Unis, restent enfermés dans leur affrontement. Engluée dans la crise financière
a Secret. Riyad. 20 avril 2008 Le roi Abdallah d’Arabie saoudite : « Attaquer l’Iran pour “couper la tête du serpent”. »
Explications Pourquoi publier ces
documents ? Transparence et discernement ne sont pas incompatibles. P. 15 Méthode Toutes les identités de personnes qui pourraient être menacées ont été masquées. P. 15
Cancun ne doit pas être un sommet pour rien nutile de se déplacer, il ne se passera rien. Ou si peu. Avant même l’ouverture de la conférence des Nations unies sur le climat, réunie du 29 novembre au 10 décembre à Cancun (Mexique), le verdict semble déjà rendu. Responsables politiques, hauts fonctionnaires onusiens, militants écologistes, observateurs patentés : tout le monde semble se résigner à cette sombre prévision. Comme si le fait de perdre un an n’était finalement qu’une péripétie mineure dans le temps long de la négociation. Pourtant, il y a peu, un an tout juste, à la veille de la précédente conférence de l’ONU organisée à Copenhague, les gouvernants de la planète paraissaient décidés à faire de la lutte contre le réchauffement climatique une priorité absolue. Il en allait, assuraient-ils, de la survie de l’humanité. On sait
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et monétaire, l’Union européenne est moins que jamais en mesure d’imposer ses vues. Pour autant, un accord mondial reste la seule voie pour relever le défi climatique. Laisser triompher le chacun pour soi conduirait inévitablement à l’échec. Car nous sommes encore loin de l’objectif que les scientifiques recommandent de ne pas dépasser : un réchauffement limité à 2 oC. Les gouvernements ont donc le devoir de dépasser leurs divergences et, si un accord global semble hors d’atteinte, d’avancer concrètement sur des dossiers sectoriels. Impossible ? Fin octobre, contre toute attente, la communauté internationale est parvenue à s’entendre à Nagoya sur un vaste plan de lutte contre le déclin de la biodiversité. L’échec de Cancun n’est donc pas une fatalité. p
Washington Réactions. P. 16 Nucléaire iranien La mission secrète
de l’Elysée en 2007 ; la crainte obsessionnelle des pays arabes. P. 17-18 « Pas comme cela » L’opinion de l’ambassadeur américain en France. P. 20
Crise: la zone euro se prépare à l’«après-Irlande» Contagion Les responsables de l’union
monétaire ont accéléré le chantier du futur Mécanisme européen de stabilité. Mais les Etats restent divisés sur l’aide à apporter au Portugal, voire à l’Espagne. Pages 8-9
L’hébergement d’urgence est débordé
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lors qu’une vague de froid frappe la France, une femme est morte dans un hall d’immeuble, samedi 27 novembre, à Marseille. Malgré lespromesses du gouvernement et l’assurance de moyens supplémentaires, les associations constatent sur le terrain l’insuffisance de l’hébergement d’urgence en ce début d’hiver. Les demandes d’accueil ne cessent d’augmenter, et les centres sont déjà débordés. A Paris, le Fleuron-Saint-Jean, une péniche réhabilitée par l’Ordre de Malte et la Fondation 30 Millions d’amis, qui reçoit une cinquantaine de sansdomicile-fixe, seuls ou accompagnés de leurs chiens, est ainsi pris d’assaut chaque soir. p Page 10
Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,
24 heures dans le monde
0123 Mardi 30 novembre 2010
Les gens
Les faits
Les chiffres
t Roger Federer remporte son cinquième Mastersde tennis
aInternational Les fuites de WikiLeaks ébranlent la diplomatie américaine Le contenu de 250 000 câbles diplomatiques américains, couvrant une période allant de 1966 à février dernier, dévoilé par le site WikiLeaks a été publié, dès dimanche 28 novembre, par cinq titres de référence de la presse internationale (The New York Times, Etats-Unis, Le Monde, France, The Guardian, Grande-Bretagne, El Pais, Espagne et Der Spiegel, Allemagne). La Maison Blanche, mise en porte-à-faux par rapport à plusieurs capitales mondiales, a condamné « dans les termes les plus forts » la publication «irresponsable et dangereuse » de ces documents, affirmant que l’initiative de WikiLeaks pourrait faire courir des risques mortels à des individus. Lire pages 15 à 18 et page 20 n Sur Lemonde.fr : portfolio, portraits acides des leaders mondiaux
Roger Federer a remporté, dimanche 28 novembre, à Londres, son cinquième Masters, en battant l’Espagnol Rafael Nadal (6-3, 3-6, 6-1). Le Suisse, déjà vainqueur en 2003, 2004, 2006 et 2007, égale ainsi, à 29ans, les records de Pete Sampras et Ivan Lendl. (PHOTO : AP)
t Patrick de Carolis nomméprésident de l’Ecole nationale supérieure de la photo Patrick de Carolis, ancien PDG de France Télévisions, a été nommé président du conseil d’administration de l’Ecole nationale supérieure de la photographie à Arles, par un arrêté du ministère de la culture, publié samedi 27 novembre au Journal officiel. Né le 19 novembre 1953, à Arles, ville à laquelle il est très attaché, Patrick de Carolis remplace à ce poste Guillaume Cerutti, président de Sotheby’s France, qui ne souhaitait pas conserver cette fonction. L’Ecole nationale supérieure de la photographie est un établissement public installé à Arles, où se déroulent les Rencontres photographiques depuis plus de quarante ans.
t Liu Xiaobo représenté par une chaise vide
Tensions après le second tour de la présidentielle en Côte d’Ivoire Le second tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, entre le président sortant Laurent Gbagbo et l’ancien premier ministre Alassane Ouattara a eu lieu, dimanche 28 novembre, dans un climat de tensions marqué par deux morts et plusieurs incidents. Selon les partisans de M. Ouattara, plusieurs barrages ont été dressés à l’ouest et au sud, zones contrôlées par M. Gbagbo, « pour empêcher les gens de voter ». Le président sortant a, lui, estimé que, dans la moitié nord du pays, où les ex-rebelles soutiennent M. Ouattara, le scrutin n’a pas été « transparent ». La Commission électorale indépendante devait commencer, lundi 29 novembre, à diffuser les résultats partiels de l’élection. Elle a trois jours pour proclamer le vainqueur, sur la base de données provisoires.
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Les représentants de 194 pays se retrouvent, à partir du lundi 29 novembre, et ce jusqu’au 10décembre, à Cancun au Mexique, pour tenter de s’entendre sur des mesures destinées à freiner les changements climatiques, sur fond de bras de fer entre Etats-Unis et Chine, les deux plus gros pollueurs de la planète. Les délégués vont s’employer à remettre des négociations sur les rails, un an après les impasses du sommet de Copenhague. n Sur Lemonde.fr : compte rendu du chat avec Emmanuel Guérin, directeur du programme climat de l’IDRI.
aFrance Lancement de la 26e campagne des Restos du cœur Sur fond de crise économique qui s’installe, les Restos du cœur ont lancé, lundi 29 novembre, leur 26e campagne pour aider les plus démunis sur le plan alimentaire ou leur redonner « les outils de leur autonomie », mais s’inquiètent de l’avenir des aides européennes. Lors de leur campagne précédente, les Restos du cœur ont distribué 103 millions de repas « équilibrés » (coût de moins d’1 euro) à 830 000 personnes.
Le procès de la dioxine s’ouvre à Albertville, en Savoie
Douze candidats demandent l’annulation du scrutin en Haïti Douze des dix-huit candidats à l’élection présidentielle haïtienne ont demandé, dimanche 28 novembre, l’annulation du scrutin, dont le premier tour s’était tenu dans la journée, alléguant des irrégularités et des fraudes massives. Plusieurs milliers d’Haïtiens ont manifesté dans la capitale Port-au-Prince pour protester contre les conditions dans lesquelles s’est déroulé le scrutin. La journée électorale s’est soldée par deux morts et plusieurs blessés. Le Conseil électoral provisoire a néanmoins validé le scrutin dans la plus grande partie du pays. Les résultats du premier tour doivent être communiqués à partir du 5 décembre, et un éventuel deuxième tour pourrait avoir lieu le 16 janvier.
Les électeurs suisses ont approuvé à 52,9 %, par référendum lancé par l’UDC (droite nationaliste), dimanche 28 novembre, une loi interdisant le droit de séjour aux étrangers condamnés pour meurtre, viol et trafic de drogue notamment. Elle sera inscrite dans la Constitution helvétique. (PHOTO : AFP) Lire page 7
Le mercure est descendu, dans la nuit du samedi 27 novembre, jusqu’à – 17,3 degrés Celsius à Llysdinam, au pays de Galles, une température jamais encore enregistrée dans cette localité. Les services météorologiques britanniques et irlandais ont lancé des alertes météo. MeteoGroup a indiqué que le mercure pourrait descendre jusqu’à – 20 en Ecosse au cours de la semaine.
t Espace
40e
succès d’affilée pour Ariane5
de cocaïne saisis à Neuilly-sur-Seine L’affairedelapollutionàla dioxinedansla valléedeGilly-sur-Isère(Savoie) devaitêtrejugée,lundi 29etmardi30novembre,parletribunalcorrectionnel d’Albertville.Elle avait éclaté, en octobre2001, avec la fermeture de l’incinérateur d’ordures de Gilly-sur-Isère à la suite de mesures qui avaient révélé des rejets de dioxine, un polluant cancérigène, 75 fois plus élevés que la norme autorisée. 7 000 vaches avaient été abattues. En mars2002, 200 riverais avaient déposé plainte, dénonçant un nombre de cancers anormalement élevé autour du site. Une information judiciaire avait été ouverte. Les poursuites pour « empoisonnement» et «mise en danger de la vie d’autrui » ont été abandonnées, les experts n’ayant établi aucun lien entre la pollution et les cas de cancers. Seul l’exploitant, Novergie CentreEst, filiale de Suez Environnement, sera jugé en tant que personne morale pour «non-respect des normes environnementales». (PHOTO : MAXPPP)
Trois personnes étaient en garde à vue, samedi 27 novembre, dans les locaux de la police judiciaire de Paris après la saisie de 110 kg de cocaïne à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
aEconomie Accord à Bruxelles pour un fonds d’aide permanent à la zone euro
Marseille-Montpellier ............. 4-0 Monaco-Nice .................................. 1-1 Lorient-Rennes .......................... 2-0 Nancy-Saint-Etienne ................. 1-1 Valenciennes-Arles-Avignon 3-0 Bordeaux-Lille .............................. 1-1 Caen-Sochaux ............................. 0-3 Auxerre-Toulouse ....................... 1-2 Lyon-Paris-SG .............................. 2-2 Reporté au mardi 30 novembre : Brest - Lens
L’histoire Benjamin Barthe
Walid,l’embarrassantblasphémateurpalestinien
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Recordsdefroiden Grande-Bretagne
110kg
Les ministres des finances de la zone euro se sont mis d’accord, dimanche 28 novembre, sur le principe d’une participation au cas par cas des banques en cas de crises futures. Cet accord devait encore être soumis à leurs homologues des pays de l’Union européenne non-membres de la zone euro. Il s’agit de préparer le mécanisme appelé à prendre le relais à partir de 2013 du Fonds de soutien temporaire mis en place au printemps, doté de 440 milliards d’euros de garanties des Etats de la zone euro. Les Vingt-Sept se sont également mis d’accord sur un plan d’aide à l’Irlande de 85 milliards d’euros sur dix ans. Lire pages 8 et 9
l fut pendant quelques mois l’un des internautes les plus détestés du monde musulman. Sa page Facebook, qui s’intitulait « Ana Allah » (« Je suis Dieu »), était remplie de saillies blasphématoires et d’apologies de l’apostasie. A la surprise générale, le mystérieux effronté, arrêté au début du mois, s’est révélé être un timide garçon coiffeur de Qalqiliya, une bourgade de Cisjordanie. Walid Husayin, 26ans, désormais emprisonné dans une cellule des moukhabarat (services secrets) palestiniens, menait une double vie à l’insu de toute sa famille. La journée, il travaillait dans le salon de coiffure de son père, un pieux musulman. Ses amis le connaissaient comme un garçon effacé, déçu de ne pas avoir trouvé d’emploi dans l’informatique, la discipline qu’il avait étudiée à l’université. Mais, dès qu’il en avait l’occasion, le jeune homme s’échappait dans un café Internet à l’écart du centre-ville pour rédiger et poster ses textes incendiaires. Dans l’un d’eux, il
–17,3 degrés
t Drogue
n Sur Lemonde.fr : portfolio sonore
La Suisse approuve le renvoi des étrangers délinquants
t Météorologie
Le cinquième vol Ariane 5 de l’année a décollé, vendredi 26 novembre, avec succès de la base de Kourou, en Guyane française, avec à son bord deux satellites de télécommunications – un américain et un européen. C’est le 126e lancement d’un satellite par l’opérateur Intelsat. Le vol d’Ariane5 marque le 40e lancement réussi d’affilée pour la fusée.
Lire page 5
Une chaise vide représentera Liu Xiaobo, 55 ans, lors de la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix le 10 décembre, sauf si l’épouse du dissident chinois est autorisée à se rendre à Oslo, a déclaré, vendredi 26 novembre, Yang Jianli, un opposant exilé aux EtatsUnis. Ce geste sans précédent symbolisera avec force la détention de l’intellectuel chinois, condamné, en décembre 2009, à onze ans de prison pour subversion après avoir réclamé des réformes démocratiques en Chine. Société éditrice du « Monde » SA Président du directoire, directeur de la publication : Eric Fottorino Vice-président, directeur général : David Guiraud Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain Directeur du « Monde » : Eric Fottorino Directeur adjoint : Laurent Greilsamer Editeur : Michel Sfeir Directrice de la rédaction : Sylvie Kauffmann Directeurs éditoriaux : Gérard Courtois et Alain Frachon. Rédacteurs en chef : Jean-Jacques Bozonnet, Michel Kajman, Franck Nouchi, Isabelle Talès, Didier Pourquery (« Le Monde Magazine »). Chef d’édition : Françoise Tovo. Directrice artistique : Sara Deux. Veille de l’information : Eric Azan. Secrétaire général : Jean-Pierre Giovenco Médiatrice : Véronique Maurus Conseil de surveillance : Louis Schweitzer, président. Gilles van Kote, vice-président
Conférence internationale à Cancun sur le climat de la planète
affirmait que Mahomet était un Bédouin primitif. Dans un autre, il écrivait qu’il était Dieu et il ordonnait à ses fidèles de boire du whisky et de fumer du haschich. Ouvert en novembre dernier, le blog qu’il tenait sous le pseudonyme de Walid Al-Husseini, parallèlement à sa page Facebook, a reçu près de cent mille visiteurs. A ceux qui l’accusaient de faire le jeu de l’Occident chrétien, le jeune barbier répondait que «les religions sont toutes un ramassis de légendes et de non-sens qui défient l’entendement» et «qu’elles jouent à laquelle sera la plus stupide».
Colère des habitants de Qalqiliya Cette bouffée de libre-pensée sur un média aussi incontrôlable que le Net finit par inquiéter les autorités religieuses sunnites, à l’université Al-Azhar, en Egypte, ainsi qu’en Arabie saoudite. Des enquêtes commencèrent. C’est finalement le patron du café Internet de Qalqiliya, intrigué par ce client atypique, qui passait jusqu’à sept heures d’affilée devant
l’écran, qui alerta la police. L’annonce de son arrestation fit l’effet d’une bombe à Qalqiliya, une ville conservatrice qui s’était dotée d’un maire Hamas en 2005. Depuis ce jour, la population ne décolère pas contre le bloggeur apostat, qu’elle qualifie au mieux de «malade mental » et au pire d’« infidèle». Cette émotion est l’une des raisons citées par les autorités palestiniennes pour justifier son incarcération. «Je ne pourrais pas garantir sa sécurité s’il sortait de prison aujourd’hui», assure le directeur de la police. L’autre raison est un article du code pénal jordanien, toujours en vigueur en Cisjordanie, qui punit toute insulte à la religion de un à trois ans de prison. L’Autorité palestinienne ira-t-elle jusqu’au procès, au risque de faire du barbier de Qalqiliya un martyr de la liberté d’expression? Rien n’est moins sûr. Les rumeurs locales disent qu’il pourrait renier ses écrits, avant d’être remis en liberté. Une autre option consisterait à l’envoyer à l’étranger le temps que les esprits s’apaisent. A Dieu, rien n’est impossible… p
Les scores t Football Résultats de la 15e journée de Ligue 1
Classement 1. Marseille ........................................... 25 2. Lille .................................................. 25 3. Paris-SG .......................................... 24 4. Montpellier ..................................... 24 5. Rennes ............................................ 23 6. Bordeaux ........................................ 23 7. Lyon ................................................. 23 8. Brest ................................................ 22 9. Sochaux ........................................... 21 10. Lorient .......................................... 21 11. Toulouse ......................................... 21 12. Saint-Etienne ............................... 20 13. Auxerre ......................................... 19 14. Valenciennes ............................... 18 15. Nancy ............................................ 18 16. Nice ............................................... 17 17. Monaco ........................................... 15 18. Caen .............................................. 14 19. Lens ................................................ 14 20. Arles-Avignon .............................. 6
t Natation Petit bassin : faible récolte de médailles pour la France L’équipe de France, dont les ténors avaient été réservés en vue des Mondiaux de Dubaï (15-19 décembre), a récolté, lors des championnats d’Europe (petit bassin) dimanche 28 novembre à Eindhoven (Pays-Bas), trois médailles (une d’argent et deux de bronze), loin des onze médailles et six titres glanés en 2009.
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0123 Mardi 30 novembre 2010
Le séisme de janvier suivi d’un cyclone puis du choléra n’ont pas empêché les Haïtiens de se rendre aux urnes. Mais la contestation a déjà débuté
Haïti: a voté! Port-au-Prince Envoyée spéciale
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out le pays avait attrapé la fièvre de l’« Eleksyon 2010 ». Prêt à faire la queue pendant des heures pour obtenir une carte électorale. A attendre devant des biwo vot (bureaux de vote) surchargés. A mariner sous des tentes transformées en étuves. A voter enfin, ce dimanche 28 novembre, avec du matérielde fortunederrièredesisoloirs qui n’en avaient que le nom : deux petits morceaux de carton brinquebalants. Parfois sans table, toujours sans chaises. Bref, Haïti était motivé et même mieux que cela; déterminé à se choisir un chef d’Etat qui lui redonnerait l’espoir, après une série de fléaux meurtriers – un tremblement de terre, un cyclone, le choléra. Mais voilà qu’en début d’aprèsmidi, avant la fermeture des bureaux de vote à 16heures, douze des dix-huit candidats à l’élection présidentielleont demandél’annulation du scrutin. La favorite des sondages, Mirlande Manigat, 70 ans, informée de fraudes massives selon ses déclarations, avait déjà pris l’initiative de dénoncer les conditions du vote et d’en demander l’annulation, à la radio etsur CNN :«Ce ne sontpasdes élections, c’est du brigandage. » Deux heures plustard,la plupart descandidats se retrouvaient sur la même estrade, dans une grande salle de l’Hôtel Karibe de Port-au-Prince, pour un show spectaculaire devant la presse internationale. Fine mouche, dans son tailleur blanc et vert à fleurs, Mme Manigat a laissé une autre femme et candidate, Josette Bijou, lire la déclaration commune. Le président René Préval, qui ne pouvait pas se représenter, son dauphin et futur gendre, Jude Célestin, y étaient pointés sans ambiguïté comme les responsables de la fraude, tandis que le Conseil électoral provisoire (CEP) faisait figure de complice. « En conséquence,nousdemandonsl’annulation pure et simple de ces élections truquées », concluait le communiqué. Danscette salleaux proportions soviétiques,les partisans mêlés à la presse ont ovationné leurs candidats. Mme Manigat a explosé l’applaudimètre, suivie de près par le populaire chanteur Michel Martel-
Un bureau de vote près d’un camp de sans-abri de Tabarre (Haïti), le 28 novembre. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE » ly, dit « Sweet Micky ». A leurs côtés, Jean-Henry Céant, CharlesHenry Baker, Wilson Jeudy, Leslie Voltaire… Il a fallu plusieurs heures au CEP pour peser une réponse qui ne sonnerait pas comme un reniement complet. Chargé d’organiser ces élections, sous le regard de la communauté internationale et de bon nombre d’observateurs, le Conseil a choisi de minimiser l’affaire et de n’annulerqu’une partiedu scrutin. A 19 h 30, en direct sur Radio Métropole (radio majoritairement en français alors que les autres parlent créole), le CEP annonçait que le scrutin n’était invalidé que dans « 56 centres de vote sur 1 500, soit 3,56 % de l’élection ». Gaillot Dorsainvil, son président, voyait dans ce dimanche « une journée réussie » là où les contestataires avaient vécu une journée de dupes. « Bien sûr, dans certains cas, les conditions ont été difficiles. Ce n’est pas grave ; les élections ont bien eu lieu », a-t-il affirmé sans se démonter. Dans le même esprit, il a jugé la participa-
tion « entre faible et moyenne », sans donner aucun chiffre. C’est peu de dire que la communauté internationale est inquiète. Tous ces efforts déployés afin d’organiser des élections démocratiques pour en arriver là… Comment gérer l’inévitable frustration de la
Aucune bonbonne d’eau chlorée n’était disponible pour se laver les mains après tant de contacts dansla promiscuité des bureaux de vote population? Si la capitale, Port-auPrince, n’a pas connu de violences, dimanche, des manifestations tendues ont eu lieu dans plusieurs villes de province et les agences de presse font état de deux morts, ainsi que de saccages de bureaux de vote. « Les Nations unies et la com-
«Le ressentiment est général» Entretien Port-au-Prince Envoyée spéciale
Mirlande Manigat, 70 ans, candidate à l’élection présidentielle haïtienne du dimanche 28 novembre, était la favorite des sondages. Pourquoi, lors d’une déclaration conjointe avec douze autres candidats, avoir demandé l’annulation du scrutin ?
Le gouvernement de René Préval voulait faire passer son candidat, Jude Célestin, à n’importe quel prix. Lorsque cette hypothèse est devenue invraisemblable, étant donné le rejet du régime par la population, une machinerie a été montée avec la complicité des membres du Conseil électoral provisoire (CEP). Je ne dis jamais quelque chose publiquement si je ne suis pas sûre de ce que j’avance. Même si je ne révèle pas mes sources, qui se trouvent au sein même du gouvernement. Ce qui m’a étonnée, c’est l’ampleur de la fraude.
C’était patent, odieux, indécent. Je vis en Haïti depuis 1946, j’ai participé à toutes les élections et j’ai déjà vu des tricheries. Mais jamais de cette nature et de cette ampleur. De quels faits avez-vous eu connaissance ?
Notre système prévoit la présence de mandataires des partis politiques dans chaque bureau de vote. Nous les avons trouvés mais le CEP ne leur a donné leur autorisation que mercredi. La plupart n’ont pas pu pénétrer dans les bureaux de vote. Dans certains centres, on a retrouvé des urnes déjà remplies du nom de Jude Célestin. Des citoyens furieux ont commencé à les brûler: nous leur avons demandé de ne détruire aucune preuve. Les gens nous ont aussi envoyé des photos prises lorsqu’ils ont constaté des irrégularités. On nous a appelés dès 8h 30 ce matin pour nous dire que des électeurs étaient empêchés de rentrer dans les bureaux de vote. Nous notons l’heure, l’information, la source: la documentation est prête. Mon
hypothèse est que le pouvoir n’a pas cherché à frauder mais à « kidnapper» le processus électoral. La communauté internationale a-t-elle été à la hauteur ?
Je crois que la communauté internationale est très préoccupée. Lorsque j’ai eu connaissance de la fraude et avant de prendre la décision de demander l’annulation, j’ai pris contact avec Edmond Mulet, représentant de l’ONU. J’ai aussi parlé à d’autres ambassadeurs. Ils se sont réunis, car ils savent que la population n’acceptera pas une telle situation. Les gens sont frustrés et c’est moi la perdante, alors que j’allais gagner. Comment voyez-vous la suite des événements ?
Le ressentiment contre le gouvernement est général. L’année 2010 est une année dont on se souviendra. Le tremblement de terre du 12 janvier, un cyclone, puis le choléra qui est le dossier le plus lourd pour un futur chef d’Etat. Les gens veulent le changement.p Propos recueillis par B. G.
munauté internationale expriment leur vive préoccupation à la suite des nombreux incidents qui ont émaillé le déroulement du scrutin », a fait savoir l’ONU dimanche soir. Ses fonctionnaires, comme les employés des ONG, ont été priés de rester chez eux toute la journée. L’organisation internationale exhorte la population et les acteurs politiques « à rester calmes», en concluant, curieusement, qu’une détérioration de la sécurité « aura des conséquences dramatiques immédiates sur le nombre de victimes de l’épidémie de choléra ». C’estplutôt l’organisationd’élections en pleine épidémie qui comportaitun risque. Quatredes candidats à l’élection présidentielle avaient d’ailleurs demandé son report pour cette raison. Il n’est pas exclu que ces derniers aient eu des motivations tactiques, car ils pouvaient espérer gagner des voix en gagnant du temps, mais leur argument était légitime. Alors que la maladie, ultra-contagieuse, a déjà fait plus de 1 600 victimes et que,
selon les épidémiologistes, le pic n’est pas atteint, envoyer aux urnes 4,7 millions de personnes n’était pas une décision anodine. Le gouvernement, les candidats et la communauté internationale avaient couru ce risque – sans qu’aucune précaution ne soit prise au niveau national. Bien sûr, on voit encore partout des slogans prophylactiques « pwop ak savon » (« propres avec du savon »), illustrés de ces peinturesnaïveset coloréespropres àHaïti. Mais en ville en tout cas, aucune bonbonned’eau chlorée n’étaitdisponible pour se laver les mains après tant de contacts dans la promiscuité des bureaux de vote. D’autant que Port-au-Prince accueille encore et pour longtemps des centaines de milliers de sinistrés sous des tentes, dans des conditions d’hygiène précaires. Au camp de Pétionville, où des sacs de sable forment des trottoirs et des venellespleinesdedétritus,l’inconfort n’a pourtant pas entamé la volonté des Haïtiens d’aller voter.
« Montrez-moi les dix doigts. » Rosette Laurent, née le 15 janvier 1964,commeen témoignent sa carte d’identification nationale et sa « fiche de vérification », les deux sésames pour voter, tend ses mains. L’ongle de son pouce n’a pas été barbouillé de feutre violet indélébile. Elle n’a pas encore voté. Les bulletins pour la présidentielle, les sénatoriales et les législativesressemblentàun grandtrombinoscope, avec les photos des candidats en couleur, un rond sous le visage. « Met’croix dans un rond », recommande le président du bureau de vote à Rosette, après avoir, non sans mal, s’appuyant surla tranched’un carton, contresigné les immenses feuilles. Son devoir accompli, Rosette insère les papiers pliés dans les urnes transparentes en suivant le code couleur : vert pour Prezidan, violet pour Senaté, rouge pour Depite. Pour qui a-t-elle voté ? « 68 », annonce-t-elle triomphalement, car chaque candidat porte un numéro. C’est Mirlande Manigat. Florial, Fritz et Peterson, trois adolescents dégourdis, ne sont pas encoreenâge devoter. Alorsils passent en revue les troupes de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en Haïti (Minustah), avec lesquelles ils vivent chaque jour. Les Américains, les Jordaniens, les Pakistanais, les Salvadoriens, sont « bubagays », cools, car ils donnent « des sandwichs, du coca, de la monnaie ». Ceux du Bangladesh, pas bons du tout, « ils n’aiment pas les enfants », les Français non plus «sauf le commandant Jean-Michel, c’est le meilleur ». Les Canadiens ont une grosse cote et les Israéliens mauvaise presse : « Toujours une arme entre les mains. » Poureux, commepour lesmanifestants joyeux qui courent dans les rues de la capitale, le seul président possible c’est « Sweet Micky ». «Il aide beaucoup de gens, il donne de la nourriture, une école, de l’électricité à Pétionville. » Des barrages de la police nationale d’Haïti, renforcés par les troupes de l’ONU ou les forces spéciales de la police antiémeute, quadrillent la ville. Un homme est assis sur un banc. Lui a voté Leslie Voltaire « parce que c’est un architecte. Il doit avoir un plan pour le pays ». Pour tous, élections ou non, la reconstruction restera une obsession. p Béatrice Gurrey
AVIS D'APPEL PUBLIC À LA CONCURRENCE OBJET DU MARCHÉ : PROGRAMMATION ARTISTIQUE DU NICE JAZZ FESTIVAL Caractéristiques principales : Marché à procédure adaptée (art. 28 et 30 du CMP) Prestations de services. La ville de Nice a décidé d'organiser en régie municipale, l'édition 2011 du Nice Jazz Festival, festival de renommée internationale, qui aura lieu sur le site “Albert 1er” du 8 au 12 juillet inclus. Ce festival se déroulera sur 5 soirées. Les concerts seront répartis sur deux scènes. Le changement de site souhaité par la ville de Nice étant une première, il devra s'accompagner d'un projet artistique original et novateur de manière à accentuer le caractère particulier de cette édition. Cette prestation concerne : > la programmation artistique. > la gestion, la coordination administrative et technique en liaison avec le régisseur de la ville. > l'embauche et la gestion des contrats des artistes. > le rapport d'activité. Les prestations artistiques proposées par le candidat devront être incluses dans une enveloppe estimative de 600 000 euros (TTC), spécifique pour la rémunération du cachet des artistes.
Conditions de paiement : Prix ferme et définitif. - Paiement à 30 jours. (avance : 10% ; acomptes : 40 % le 01/03/2011;40 % le 01/04/2011. Le solde, 10% au plus tard le 01/09/2011) Conditions de participation : > Candidature : liste des principales prestations effectuées au cours des 3 dernières années, avec montant, date et destinataire privé et public. > Attestations de bonne exécution de prestations sililaires. Minimums de capacité : le candidat produira impérativement la preuve qu'il a organisé deux prestations au moins dans une activité musicale de type festival. A défaut, il sera écarté. Visite obligatoire : Le candidat devra se rendre sur les lieux du festival pour les visiter.Attestation de visite à rendre dans lʼoffre Rendez-vous : M. ZAPPIA ,au 04 92 07 97 60 / 06 76 98 72 02 (de 8h30 à 17h du lundi au vendredi) , gilbert.zappia@ville-nice.fr Critères d'attribution : critère 1 : valeur technique de l'offre : 60 % critère 2 : prix des prestations : 40 % (€ HT)
Date limite de réception des offres : 21 décembre 2010, à 16 heures Dossier de consultation : Mairie de Nice - Direction des relations publiques Direction adjointe administrative et financière Service financiers - commande publique - 5, rue de l'Hôtel de Ville - 06364 Nice cedex 4 - bureau 601 ou 603 ; brigitte.campagni@ville-nice.fr, magali.taulaigo@nicecotedazur.org internet : http://usagers.ville-nice/MAPA. Renseignements complémentaires : Uniquement par la plateforme ou par mail. magali.taulaigo@nicecotedazur.org. Remise des offres : Direction adjointe gestion des marchés publics 45, rue Gioffredo - 4e étage - 06364 Nice cedex 4 Nom et adresse officiels de l'organisme acheteur : Ville de Nice.Correspondant : M. le Maire de Nice, 5 rue de l'Hôtel de Ville, 06364 Nice cedex 4, tél. : 04 97 13 44 70 - Fax : 04 97 13 29 19, dao@nicecotedazur.org.
4 Planète
0123 Mardi 30 novembre 2010
Requins protégés
Châtaigniers menacés
Le requin-marteau et le requin à pointe blanche, entre autres, vont être interdits de pêche dans l’Atlantique, a décidé, samedi 27novembre à Paris, la Commission internationale de conservation des thonidés dans l’Atlantique. Le requin-taupe ne bénéficiera pas de cette protection.
Un petit insecte hyménoptère, le cynips, repéré en juin en Haute-Corse, menace à présent les peuplements de châtaigniers de l’ensemble de l’île, où la zone d’infestation touche déjà 38 communes. Les responsables agricoles estiment que la production pourrait chuter de 30 % à 80 %.
«Le Gorille et l’Orchidée» Desforêtstropicales aux steppesd’Asie centrale,desmangroves d’Indonésieaux rives delamer Caspienne,cebel ouvrage,préfacé parHubert Reeves,nousinvite àla découvertedelabiodiversité et desmenaces qui pèsentsurelle. Rue du monde, 90 p., 23,50 euros.
L’Indonésie envisage de déplacer sa capitale Djakarta, la plus grande ville du monde sans métro, est devenue un cauchemar pour ses habitants Reportage
CAMB.
Djakarta Envoyé spécial
BRUNEI M A L A I SIE SINGAPOUR SU KALIMANTAN MA TR (Bornéo) A
Djakarta
Chantier à Djakarta : tours et centres commerciaux ont chassé les logements. SUPRI SUPRI/REUTERS Selon Velix Wanggai, conseiller spécial pour le développement régional auprès du chef de l’Etat, cette « grande vision », destinée «à la prochaine génération », n’est cependant qu’une des options. Le président a demandé à son équipe deréfléchirà trois«scénarios »possibles pour sauver Djakarta. Lacharade sedécline ainsi : mon premier est le scénario « réaliste ». L’idée est de laisser le gouvernement dans l’actuelle capitale en relevant le défi posé par l’urbanisation sauvage. Il s’agit d’améliorer ce qui existe, pas de s’en aller. Mon second représente l’option « modérée » : seul le gouvernement central se déplace, soit ailleurs sur l’île de Java, soit à Kalimantan (Bornéo). Djakarta reste la
capitale économique et administrative dans le cadre d’un difficile et lent processus de décentralisation amorcée aujourd’hui. Mon troisième est le scénario « radical » : la capitale, toutes les institutions et les représentations diplomatiques sont donc transférées à Bornéo, à Palangkaraya, la capitale de la province de Kalimantan central, encore en partie couverte de jungle. Pour l’instant, soutient M. Wanggai, aucune solution n’a été retenue mais on sent à son sourire que le conseiller du président, sinon le président lui-même, privilégiela«radicale»,aussi extrême, voire farfelue soit-elle… « Djakarta est au bout de ses capacités d’absorption. Il ne reste plus d’espace pour assurer le déve-
loppement urbain. Le coût de cette évolution est lourd en terme social, économique et psychologique », analyse Sony Keraf, professeur de philosophie et ancien ministre de l’environnement d’Abdulrahman Wahid, président entre 1999 et 2001. Andrinof Chanagio, professeurde sciences politiques et socialesà l’UniversitasIndonesia enfonce le clou : « Si une décision politique n’est pas prise à temps, on va tout droit vers une explosion sociale d’envergure. » Les propositions de transfert de la capitale provoquent débats et controverses. Ses adversaires se gaussent de cette idée, propre aux régimes autoritaires, ce que la jeune démocratie indonésienne n’estplus,et qui consiste à réinven-
INDONÉSIE
JAVA
ter un symbole du pouvoir sur une terre vierge… C’est le cas de Marco Kusumawijaya, urbaniste et fondateur d’une ONG prônant une voie « durable pour les villes et les régions ». Il condamneles clichésauxquelsDjakarta, sa ville, est associée : « S’il est vrai que la population a crû, il est faux de dire que le tissu urbain est plus dense. En fait, c’est le contraire : l’augmentation de la population va de pair avec un étalement de l’habitat et une progression des banlieues, explique-t-il. Il est aussi faux de dire qu’il y a trop de voitures par habitant : pour Djakarta, le chiffre est de 250 véhicules pour 1 000 personnes, contre 800 aux Etats-Unis ! Le vrai problème est que les gens utilisent trop de fois dans la même journée leur voiture enraison de l’insuffisancedes transports en commun. » Que prône-t-il ? Les solutions ne sont ni évidentes ni faciles à mettre sur pied. Des projets de monorail et de métro sont encore en jachère. Même si le gouvernement a reçu en 2009 l’accord de l’Agence internationale de coopération japonaise pour un prêt à taux d’intérêt préférentiel pour financer une grande partie du métro. Des couloirs de bus rapides ont été créés sur de grandes artères, mais les automobilistes ne respectent souvent pas les lignes. M. Kusumawijaya estime que ces projets ne suffiront pas à ren-
L’avis des scientifiques sur la survie de l’espèce a été pris en compte par les pays pêcheurs
L
scientifiques de l’ICCAT, qui recommandaient 13 500 tonnes ou moins. Mais, pour la première fois depuis des années, il n’a pas été envisagé de dépasser les limites fixées par les chercheurs. Autre changement : soucieux d’améliorer leur image, les Japonais, qui importent 80 % de la pêche, ont défendu un quota inférieur au résultat final, et un renforcement de la lutte contre la pêche illégale. Il est vrai que leurs importants stocks les mettent à l’abri d’une rupture d’approvisionnement pendant plusieurs années. Selon les projections des chercheurs, le quota de 12 900 tonnes permet d’espérer une reconstitu-
tion du stock de thon rouge d’ici à 2022, avec une probabilité d’environ 60 %. Avant la réunion de Paris, les scientifiques avaient relevé une série d’indices positifs (augmentation du nombre de jeunes thons en mer, rendements en hausse des techniques de pêche traditionnelles) indiquant que l’espèce n’est plus menacée d’extinction à court terme. Selon eux, la baisse des prises et l’augmentation des contrôles initiés en 2007 doivent être maintenus pour que l’amélioration se confirme. Plusieurs délégations, dont celle des Etats-Unis, et les organisations non gouvernementales, estiment cependant que le quota retenu est
trop élevé. Greenpeace, le WWF (Fond mondial pour la nature) et le Pew Environment Group parlent d’un résultat « déplorable », guidé par « les intérêts à court terme ».
Fraude massive Les écologistes plaidaient en faveur d’une suspension de la pêche, ou d’un quota maximal de 6 000 tonnes, qui aurait permis d’atteindre une reconstitution du stock en 2020 au lieu de 2022. Surtout, ils ont mis en avant les risques liés à la pêche illégale. Une étude du WWF et de Greenpeace, parue le 10 novembre, rapportait les difficultés rencontrées par les observateurs présents depuis
POUR RÉUSSIR VOS EXAMENS
Culture Sciences Littératures Décembre 2010
www.lemonde.fr/dosdoc
PAPOUASIENOUVELLEGUINÉE
Palangkaraya
Les quotas de pêche du thon rouge resteront stables en 2011 e représentant de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT) avait promis une « nouvelle ère » en matière de gestion du thon rouge, en mars 2010 à Doha, après l’échec de l’inscription de l’espèce à l’annexe 1 de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (Cites). Les 48 membres de l’organisation, réunis pendant dix jours à Paris, ont donné des gages en ce sens. Ils se sont accordés, samedi 27 novembre, sur un quota de pêche de 12 900 tonnes pour l’année 2011. Ce chiffre est situé dans la fourchette haute de l’avis des
OCÉAN PACIFIQUE
THAÏLANDE
P
olluée, surpeuplée, engoncée dans un carcan d’embouteillages, Djakarta a-t-elle atteint son point de saturation ? A première vue, la capitale de l’Indonésie semble être le contre-modèle du développement harmonieux. Une sorte de précipité caricatural de la mégapole invivable réunissant tous les maux des villes des pays émergents. C’estla plusgrandevilledumonde sans métro. Au total, 9,6 millions de personnes y dorment mais le jour, la population passe à plus de 12,6 millions, avec, soir et matin, le transit de 3 millions de banlieusards. La circulation s’y écoule à une vitesse moyenne de 13 kilomètres à l’heure et certaines statistiques indiquent que l’on peut facilement passer trois à quatre heures par jour coincé dans les encombrements. Les estimations de la perte de productivité liée à l’engorgement se chiffreraient à 2 milliards d’euros par an. Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono, dit « SBY », vientde tirer lesconclusions decette situation en proposant toutbonnement de déplacer la capitale ! Il s’agit de la réactivation d’une vieille idée datant de Sukarno, premier chef de l’Etat et héros de l’indépendance en 1945. Le projet le plus ambitieux consisterait à transférer la présidence, l’administration centrale, le gouvernement, le Parlement et toutes les institutions de cet archipel de 230 millions d’habitants depuis l’île de Java, où Djakarta est située, à un millier de kilomètres plus au nord-est, sur la partie indonésienne de l’île de Bornéo…
PHILIPPINES
Mer de Chine méridionale
deux ans à bord des navires pour évaluer les quantités réellement pêchées. Les Français, de leur côté, défendaient un quota de 13 500 tonnes. « Nous sommes satisfaits du résultat », commente Hubert Carré, directeur du comité national des pêches. La France n’a cependant pas obtenu l’étalement de la « dette de thon » qu’elle réclamait. En 2007, alors que la fraude avait été massive et générale, elle avait été le seul pays à déclarer les quantités surpêchées. Son quota a depuis été amputé de 500 tonnes en 2009 et en 2010, et le sera de 1 500 tonnes successivement en 2011 et 2012. p Gaëlle Dupont
TIMOR-ORIENTAL AUSTRALIE
dre Djakarta vivable. « Les couloirs de bus, c’est une bonne idée mais elle est mal appliquée. Le monorail nedesservira quele centre-ville, laissant les banlieusards de côté. Le métro? Il ne verra pas le jour avant 2016… » Si la solution pour ces experts est bien dans l’amélioration de la situation actuelle plutôt que dans la fuite vers la jungle, encore fautil, pour eux, que la classe moyenne
9,6millions de personnes y dorment, mais le jour, la population passe à 12,6millions, avec, soir et matin, le transit de 3millions de banlieusards puisseseréapproprier lecentre-ville. Comme ailleurs, le coût des loyers a fait fuir beaucoup de monde et de grands centres commerciaux archi-luxueux ont alimenté la spéculation urbaine. « Il faut revoir l’utilisation des terrains, encourager les gens à revenir, renoncer à la construction de tours », suggère Marco Kusumawijayaqui conclut:«Ilnefautpaslaisser dire : Djakarta, elle n’en vaut plus la peine ! » p Bruno Philip
Empreinte écologique Le commerce plombe le bilan des pays nordiques Les importations des pays nordiques représentent 70 % environ de leurs émissions de gaz à effet de serre et 93 % dans le cas de la Suède, selon un rapport publié par le conseil des ministres nordiques. Cette contribution a tendance à augmenter avec l’achat croissant de produits à la Chine.
Trafic d’ivoire Dix-sept braconniers arrêtés au Gabon Plus de 100 kg d’ivoire ont été saisis et 17 braconniers appréhendés, samedi 27 novembre, rapporte l’organisation non gouvernementale The Last Great Apes Organization (LAGA). Elle annonce par ailleurs l’arrestation, au Cameroun, de trafiquants en possession de 17 carapaces de tortues.
International 5
0123 Mardi 30 novembre 2010
Présidentielle ivoirienne: climat tendu dans l’attente des résultats Des violences ont émaillé le second tour de scrutin entre Laurent Gbagbo, l’actuel président, et Alassane Ouattara Reportage Abidjan Envoyé spécial
A
u rythme où vont les choses, combien de temps faudra-t-il pour tuer tous les espoirs nés au premier tour de l’élection présidentielle ? Lundi matin, 29 novembre, la fête attendue au lendemain du scrutin, le premier depuis dix ans, a le goût des plats qui ont tourné. La veille, la Côte d’Ivoire a voté pour départager deux candidats qui semblent avoir attendu l’éternité pour s’affronter : Alassane Ouattara, qui a déjà presque tout connu dans le pays, où il a été haut fonctionnaire, premier ministre, mais aussi opposant, dont la maison a été brûlée et qui a échappé de justesseà la mort lorsd’une tentative de coup d’Etat qui avait dégénéré en rébellion en 2002. « Je pense qu’il n’y a aucune possibilité que je perde », a-t-il lancé au moment de voter. Face à lui, Laurent Gbagbo, lui aussi homme aux mille vies politiques, opposant de longue date devenu président en 2000. De coup d’Etat en rébellion, coupée en deux pendant sept ans, la Côte d’Ivoire a retrouvé l’espoir avec des accords de paix ouvrant la voie à des élections ouvertes à tous lescandidats, lespremières del’histoire du premier producteur mondial de cacao.
A Yopougon, il y a eu des affrontements entre militants de l’opposition et forces de l’ordre venues récupérer les urnes La campagne du premier tour a faitdateets’estconclueparunscrutin où 83 % des Ivoiriens ont voté. Pourlesecond tour,alors qu’approchaitl’heuredevérité, letona changé. On s’est traité de « putschiste » et «d’étranger ». Des heurts ont fait au moins quatre morts. La campagne s’est conclue par un débat télévisé opposant avec courtoisie les deux adversaires. Mais la vie politique, en Côte d’Ivoire, ne se règle pas à la télévision. Les questions de fond sont trop crues pour être posées sur les plateaux : le camp présidentiel est-il prêt à céder le pouvoir en cas de défaite ? L’opposition,regroupéedansleRassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et le progrès (RHDP), tentera-t-elle de jeter ses militants dans la rue si elle juge que l’élection a été volée ? Quelle sera alors l’attitude des anciens rebelles, qui n’ont pas désarmé, et des milices progouvernementales? Des hommes de main de chaque camp ont commencé à jouer du gourdin, de la machette, voire d’armes à feu, pendant les derniers jours de campagne. Dimanche, le pays est donc retourné aux urnes
dans un climat de tension. Au sud d’Abidjan, entre Port-Bouët et Vridi, par exemple, la parenthèse d’allégresse est bien refermée. Que se passe-t-il dans les bureaux de vote ? Dans plusieurs endroits, comme au centre de l’école Selmer, à Vridi, il est impossible d’en juger : des gros bras du parti présidentiel en interdisent l’accès. «Ecrivez quetoutva bien, ici, et vous pouvezpartir », s’énerveunresponsable. « Ici, ce sont les étudiants [du syndicat pro-Gbagbo, la Fesci] qui font la loi », commente un passant tandis que s’esquive prudemment le gendarme chargé de la sécurité des lieux. Les insultes fusent. Dans unbureau, onn’entre finalement que grâce à l’intervention d’un représentant des forces de l’ordre. Dans un autre, à l’EPP Sainte-Anne, on ne parvient à sortir que grâce à un gendarme qui calme la foule hostile qui s’est refermée sur « le Français ». « Ce sont les Ivoiriens qui votent ici, retourne à Korhogo ! », l’une des villes tenues par l’ex-rébellion, dans le nord. A l’intérieur, certaines urnes ne sont pas scellées… Dans la journée, vaille que vaille, le pays a voté dans ce climat plombé. Le premier ministre, Guillaume Soro, ancien chef rebelle qui vit sous haute protection dans un hôtel d’un quartier périphérique de la ville, a tenté de calmer les peurs en rappelant : « L’élection, ce n’est pas la guerre », en écho à la déclaration du chef d’état-major des armées, le général Philippe Mangou, qui avait justifié l’instauration d’un couvre-feu, la nuit précédente,enavançantque la mesure devrait empêcher la liste des morts de s’alourdir. « Ce n’est pas bien que le[futur]présidentenjambe lecorps des Ivoiriens pour arriver au pouvoir», avait conclu le général. La décision d’instaurer un couvre-feuaétécompriseparles observateurs internationaux et l’opposition comme une manœuvre pour dissimuler d’éventuelles fraudes au moment de la collecte des urnes et du calcul des résultats à partir des centres locaux de la Commission électorale indépendante (CEI). Samedi, le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur dans la crise ivoirienne, au pouvoir depuis 1987 (et réélu dans son pays avec plus de 80 % des voix quelquesjoursplustôt),étaitvenuàAbidjan rencontrer Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Leurs discussions s’étaient conclues sur la promessedu président ivoiriendeprocéderàdes «aménagementstechniques » du couvre-feu pour mettre finàlasuspicion quele «scrutinhistorique » puisse se terminer par des fraudes massives. Une fois le président Compaoré envolé, les promesses ont fait de même. Le couvre-feu a été maintenu. Lundi, il entre en vigueur dès 19 heures tandis que sont renforcés les éléments armés dans Abidjan. Dans la nuit de dimanche, alors que la ville entière était cloîtrée dans ses quartiers, de mauvaises
nouvelles commençaient à arriver. AYopougon,parexemple,dessources locales faisaient état d’affrontements devant les bureaux de vote entre militants de l’opposition et forces de l’ordre venues récupérer les urnes. De l’intérieur du pays commençaient aussi à arriver des cas d’intimidation et d’électeurs empêchés de voter. Le RHDP a dénoncé un « empêchementsystématique»deses militants d’accéder aux bureaux de vote dans la région de la « boucle du cacao », dans le centre-ouest, le fief présidentiel où vivent également des groupes importants, parfois majoritaires, de populations
L’ouverture du bureau de vote de l’école Sainte-Jeanne, à Abidjan, le 28 novembre. R. BLACKWELL/AP originaires du nord du pays, qui soutiennent M. Ouattara. Alorsque les membresde la mission d’observation électorale de l’Union européenne ont dû quitter Yamoussoukro, la capitale administrative, dans le centre du pays, après y avoir fait l’objet de
menaces de mort, leur chef, Christina Preda, a affirmé dimanche à l’AFP que des « intimidations et contraintes » avaient été exercées par les partisans du président Gbagbo sur les électeurs de l’opposition dans l’ouest et le sud, notamment à l’aide de « barricades, de
barrages, pour empêcher les gens de voter ». Il a aussi affirmé que le scrutin dans la moitié nord (encore sous contrôle des ex-rebelles) n’avait « pas été transparent ». Les résultats sont attendus dans les quarante-huit heures. p Jean-Philippe Rémy
LE DEBAT DE L’ANNEE
« MICHEL ONFRAY REMET LES POINTS SUR LES i AVEC LA FORCE PROPHÉTIQUE QU’ON LUI CONNAÎT. » Franz-Olivier Giesbert, Le Point
S LISTES DANS TOUTES LE VENTES DE MEILLEURES
Les Ivoiriens d’Ile-de-France privés de scrutin Les Ivoiriens installés en Ile-deFrance n’ont pas pu voter, dimanche 28 novembre, le scrutin ayant été annulé en région parisienne à la suite d’« incidents techniques » sur décision commune des représentants des deux candidats et en accord avec la Commission électorale indépendante (CEI) ivoirienne. La mesure concernait quelque 11 000 votants inscrits dans 28
bureaux de vote, sur un total d’environ 13 000 en France. Le vote a également été annulé à Marseille. Les « incidents techniques » seraient liés à la disparition de bulletins de vote et à l’absence de certains listings d’électeurs. La CEI aurait proposé de transmettre des photocopies mais, arrivées trop tard, décision a été prise d’annuler le scrutin. – (AFP)
Libération
Grasset
6 International
0123 Mardi 30 novembre 2010
La confrontation entre les deux Corées s’est déplacée en mer Jaune Les tensions sont alimentées par le statut contesté des eaux qui entourent un archipel sud-coréen Tokyo Correspondant
L
es manœuvres navales américano-sud-coréennes, qui ont commencé, dimanche 28 novembre, en mer Jaune, ont fait monter d’un cran la tension dans la région. Bien que prévues avant le bombardement nord-coréen de l’île de Yongpyong (quatre morts et une quinzaine de blessés), le 23 novembre, elles constituent une démonstration de force de la Corée du Sud et des Etats-Unis en réponse à cette attaque. Le porte-avions américain George-Washington avec 70 chasseurs à bord et accompagné de navires d’escorte y participe. En fin de journée, lundi, elles n’avaient donné lieu à aucun incident. Pour l’instant, elles se déroulent à 160 kilomètres au sud de la ligne de démarcation entre les deux Corées.
Une semaine de crise 23 novembre Bombardement de l’île sud-coréenne d’Yongpyong par la Corée du Nord. 26 novembre Pyongyang dénonce des manœuvres américanosud-coréennes en mer Jaune. Yongpyong est évacuée. 27 novembre Début des exercices militaires américano-sudcoréens en mer Jaune, critiqués par la Chine.
A la mise en garde de la Corée du Nord, qui a dénoncé ces exercices comme une « nouvelle provocation militaire intolérable » plaçant la péninsule « au bord de la guerre », s’ajoute l’échauffement des esprits du Sud, encore attisé par les médias progouvernementaux et l’engagement solennel du chef d’état-major dela marine sudcoréenne, l’amiral Yoo Nak-joon, lors des funérailles des deux soldats tués dans cette attaque, « à venger les morts ». Pour sa part, le président sud-coréen Lee Myungbak a promis que Pyongyang allait « payer le prix » de ses « crimes inhumains ». Ces manœuvres suscitent l’irritation de la Chine, qui estime que l’important pour l’instant est d’« éviter de nouveaux incidents » et a mis en garde contre « toute action militaire unilatérale ». Pékin aappelé,dimanche,à une consultation d’urgence des six pays directement concernés (deux Corées, Chine, Etats-Unis, Japon et Russie). Proposition accueillie mollement par Séoul et par Washington. Il y a quelques mois, Pékin avait demandé aux Etats-Unis de ne pas procéder à des exercices militaires en mer Jaune, un avertissement de Washington à Pyongyang à la suite cette fois du naufrage, en mars, de la corvette sud-coréenne Cheonan torpillée, selon les conclusions d’une enquête internationale, par un sous-marin du Nord. Les forces américaines avaient donc concentré leurs
50 km
AS I E
Golfe de Corée
Zone
A Alexandrie, l’impossible campagne des Frères musulmans La participation de la confrérie aux législatives a été contrariée par les agissements du pouvoir Reportage
Baengnyeong
CORÉE DU SUD Zone maritime Yeonpyeong militaire revendiquée par la Corée du Nord
Ha
n
Mer Jaune
manœuvres de l’autre côté de la péninsule. La Chine a rappelé dimanche que les navires de guerre étrangers devaient obtenir sa permission pour entrer dans sa zone économique exclu-
L’amiralsud-coréen YooNak-joon s’est engagé «à vengerles morts» des deux marinstués lors de l’attaqued’Yongpyong sive (370 kilomètres de ses côtes). La zone qui présente le plus de risques d’incidents est située à l’ouest de l’estuaire du fleuve Han, dans les eaux qui baignent le cha-
BordeauxPhilo
pelet de cinq îles sud-coréennes – dont fait partie Yongpyong – situé à une dizaine de kilomètres des côtes nord-coréennes. La République populaire démocratique de Corée (du Nord, RPDC) ne reconnaît pas la ligne de démarcation maritime qui prolonge celle terrestre séparant les deux pays à hauteur du 38e parallèle. « L’accord d’armistice de 1953 n’a pas statué sur les limites des eaux territoriales et, en raison de la situation politique, les deux Corées n’ont jamais pu négocier ce point au moment de la ratification du nouveau droit de la mer en 1994. Aussi la “ligne de démarcation Nord” n’est-elle qu’une ligne de sécurité établie de facto par le Sud, au départ pour empêcher ses bateaux de pêche de s’aventurer au nord », commente Valérie Gelézeau, maître deconférences à l’Ecole deshautes études en sciences sociales et directrice du Centre de recherches sur la Corée. « Pour sa part, explique-t-elle, la Coréedu Nord a déclaré unilatéralement en 1977 une “zone maritime militaire” de 70 kilomètres depuis ses côtes, qui englobe par conséquent les cinq îles sud-coréennes de l’archipel d’Ongjin. Ces territoires maritimes indéterminés au regard dudroit international sont symptomatiques de la nature paradoxale de la frontière intercoréenne, qui n’est techniquement pas une frontière au sens premier du terme de limite d’un Etat fixé par le droit international. » L’armistice de 1953 n’ayant jamais été suivi d’un traité de paix, les deux Corées sont techniquement toujours en état de guerre : «Enpériode de tension, les affrontements ont lieu logiquement en cet endroit et il est probable que d’autres auront lieu si la logique d’escalade actuelle se poursuit », estime Valérie Gelézeau. p Philippe Pons
Défense Crash d’un Rafale au large du Pakistan
A l’occasion de la parution du
«Libé des philosophes»
JEUDI 2 DéCEMBRE rendez-vous à bordeaux métropole
à l’Utopia et au TNBA Blaise Bachofen, Fabienne Brugère, Danielle Cohen-Lévinas, Marc Crépon, Jean-Michel Darrois, Marc-Philippe Daubresse, Michel Dobkine, François Dubet, Michel Erman, Cynthia Fleury, Vincent Feltesse, Geneviève Fraisse, Marc Goldschmit, Jean-Paul Jouary, Hugues Lagrange, Guillaume Le Blanc, Marylise Lebranchu, Bernard-Henry Lévy, Alain Lipietz, Vanessa Nurock, Boubacar Seck, Michel Serres, Laurent de Sutter, Manuel Valls, Frédéric Worms, Chris Younès, Yves-Charles Zarka.
Entrée libre et gratuite sur inscription www.lacub.fr/bdxphilo
PARIS. Un Rafale F3 qui venait de décoller du porte-avions français Charles-de-Gaulle, au large du Pakistan, s’est abîmé en mer, dimanche 28 novembre. Les deux moteurs de l’appareil se seraient arrêtés – une panne qui pourrait être liée à un problème de carburant. Le pilote, qui avait fait demitour, s’est éjecté à proximité du porte-avions. Il a débuté vendredi 26, et ce pour un mois, des missions d’appui aux troupes de l’OTAN en Afghanistan. C’est le troisième Rafale que perd la marine française en quatorze mois.
Alexandrie (Egypte) Envoyée spéciale
A
u matin du scrutin législatif égyptien, dimanche 28 novembre, Alexandrie s’est éveillée dans un calme qui tranchait avec les tensions qui ont secoué cette grande cité méditerranéenne durant la campagne électorale. Ici, comme ailleurs en Egypte, les urnes n’ont pas attiré les foules. L’attitude affichée par nombre d’Alexandrins se situait entre l’apathie et le fatalisme, la plupart expliquant qu’ils n’avaient « aucune raison » d’aller voter, « la partie étant jouée d’avance ». « Beaucoup de gens ont peur et ne mettront pas le nez dehors, sauf peut-être sur leur balcon », avance Bouchra As-Samni, candidate des Frères musulmans, rencontrée dans la permanence du quartier de Smouha. Après débats, la confrérie islamique, interdite mais tolérée par le régime, a présenté 130 candidats sous l’étiquette « indépendant », malgré l’annonce du gouvernement que le scénario de l’élection de 2005 – qui a vu les Frères remporter un cinquième des sièges au Parlement, devenant ainsi la première force d’opposition – ne se reproduirait pas. Et malgré les appels au boycottage lancés par une partie du reste de l’opposition pour protester contre le manque de transparence de ces législatives, la supervision des juges ayant été supprimée dans les bureaux de vote. A Alexandrie, considérée comme l’un des fiefs de la confrérie, la bataille électorale s’annonçait rude, « mais elle a fait pschitt ! », résume Abdel Sliman, un marchand qui n’ira pas voter. Dans la permanence des Frères, l’heure est à la morosité. « Mille plaies nous sont tombées sur la tête », avant même l’ouverture des bureaux de vote. Sur neuf candidatures présentées à Alexandrie, cinq ont été refusées par le comité électoral (contrôlé par le gouvernement). Parmi elles, des députés élus depuis cinq et dix ans, dont l’éligibilité n’avait jamais été remise en question. « Nos affiches ont été arrachées ou recouvertes de peintu-
re noire », déplore Hussein Mohamed Ibrahim, responsable des Frères à Alexandrie dont la candidature a été invalidée. Vidéo à l’appui, il dénonce les violences pratiquées par des membres de la sécurité sur les partisans des Frères dans le souk d’Alexandrie au cours de la campagne. Plus chanceux, Sobhi Saleh Moussa a été autorisé à déposer sa candidature. Mais son adversaire, l’ancien gouverneur d’Alexandrie Abdel Salam Al-Mahgoub, est réputé imbattable. Ce dernier, ex-militaire ayant troqué l’uniforme pour le veston-cravate, représente le tout puissant Parti national démocratique (PND, au pouvoir). Il est aussi fort populaire.
Un candidat matraqué Refusant de s’avouer vaincu, M.Sobhi est néanmoinsparti motiver ses troupes le jour des élections. Son initiative a tourné court. Des individus non identifiés l’ont matraqué tandis qu’un autre le prenait à la gorge. Il s’est réfugié à l’hôpital dont l’entrée a ensuite été cadenassée par ces mêmes hommes. L’air hagard derrière la grille, M. Sobhi a fait signe à la foule massée devant l’hôpital de s’éloigner. « Il aurait suffi qu’il claque des doigts pour que la rue entière vole à son secours, murmure une Egyptienne qui observe la scène. Mais il n’a rien fait : selon moi, c’est clair, les Frères ont déclaré forfait… » Les délégués des candidats affiliés à la confrérie ou indépendants, censés pouvoir surveiller le processus électoral, n’ont pas été admis dans les bureaux de vote, provoquant ici et là d’autres incidents, incomparables toutefois avec les violences qui avaient émaillé le scrutin de 2005. Les Frères se sont livrés à un décompte aléatoire, se fiant à la déclaration de chaque électeur pour déterminer le nombre de voix obtenu par leurs candidats. Vers 17 heures, ils assuraient obtenir une majorité. Ce qui restera invérifiable. Tard dans la nuit, alors que les résultats officiels n’avaient toujours pas été annoncés, les rues étaient de nouveau animées par des groupes d’hommes dansant et scandant sur leurs tambourins la victoire du PND. p Cécile Hennion
Moldavie
Les pro-européens en tête aux élections législatives CHISINAU. La coalition pro-européenne arriverait en tête aux élections législatives du 28 novembre, après les résultats partiels, et pourrait obtenir la majorité qualifiée pour élire le président du pays, selon deux sondages effectués à la sortie des urnes. D’après ces sondages, les trois partis de la coalition obtiendraient entre 64 et 73 députés. Ils pourraient disposer des 61 parlementaires nécessaires, sur un total de 101, pour élire le président de cette ancienne république soviétique et sortir de la crise politique qui mine le pays depuis un an et demi. Le Parti communiste, qui milite pour un renforcement des liens avec Moscou, devrait se contenter de 28 à 37 députés, selon ces sondages, ce qui constituerait un revers après les 48 sièges décrochés aux législatives de 2009. – (AFP.)p
Brésil
Maroc Mohammed VI accrédite un nouvel ambassadeur en Espagne
Quarante tonnes de marijuana saisies dans des favelas de Rio
RABAT. Le roi du Maroc, Mohammed VI, a accrédité, vendredi 26novembre, un nouvel ambassadeur du Maroc à Madrid. Ahmedou Ould Souilem est un ancien dirigeant du Front Polisario (indépendantiste sahraoui), qui a rallié, en juillet2009, les positions marocaines. – (AFP.)
RIO DE JANEIRO. La police a saisi 40 tonnes de marijuana dans le Complexo do Alemao, le bastion des trafiquants de drogue dans le nord de Rio conquis dimanche 28 novembre par les forces de sécurité, a indiqué un porte-parole de la police. « La police militaire seule a confisqué 20 tonnes. Le reste l’a été par la police civile », et les autres forces qui ont participé à la prise de ce bastion, a déclaré le porte-parole du secrétariat à la sécurité de Rio. Les forces de sécurité avaient envahi dimanche matin le Complexo do Alemao, un ensemble de quinze favelas dominées depuis vingt ans par les trafiquants de drogue. – (AFP.) p
Europe 7
0123 Mardi 30 novembre 2010
Les Suisses approuvent par référendum le renvoi des étrangers délinquants Les électeurs ont accepté à 52,9% l’initiative populaire lancée par l’UDC (droite nationaliste) Genève Correspondance
A
un an des élections fédérales en Suisse, l’Union démocratique du centre (UDC) savoure une nouvelle victoire sur l’un de ses thèmes favoris : l’expulsion des étrangers criminels. Dimanche 28 novembre, les électeurs ont accepté à 52,9 % l’initiative populaire lancée il y a déjà trois ans par le parti de la droite nationaliste. Ce texte inscrit dans la Constitution helvétique le retrait automatique du droit de séjour à tout étranger condamné pour meurtre, viol, brigandage, traite d’êtres humains, trafic de drogue ou effraction, ou qui aura perçu abusivement des prestations sociales. Les expulsés – parmi lesquels ne figurent pas les criminels économiques – seront frappés d’une interdiction du territoire de cinq à quinze ans. Pour barrer la route à l’UDC, les élus du Parlement fédéral de centre droit, ainsi qu’une minorité de socialistes, avaient concocté un « contre-projet », rejeté dimanche par 54,2 % des votants. Ce texte prévoyait également d’inscrire dans la Constitution le renvoi des délinquants étrangers, mais il se basait sur la gravité de l’acte et permettait d’agir au cas par cas. Les électeurs auront « préféré l’original à la copie», commele claironnaientdepuis des semaines certains ténors de l’UDC. Dimanche soir, l’un d’entre eux, le député
Les nationalistes de centre droit reprennent le pouvoir après sept ans d’opposition Madrid Correspondance
Oskar Freysinger, expliquait qu’en politique « quand on pose les bonnes questions, on obtient les bonnes réponses ». Il se réjouissait que la Suisse, qui compte 22 % d’étrangers dans sa population, puisse « se débarrasser des criminels importés en trop grand nombre ».
Sans recours possible La loi sur les étrangers de 2008 permet déjà de retirer à certains délinquants leur titre de séjour. Maisl’initiativedel’UDC rendautomatique les renvois sans recours possible,y compris pour desinfractions mineures, et consacre le principe de la « double peine » (emprisonnement puis renvoi). Selon les prévisions, quelque 1 500 personnes pourraient être expulsées chaque année, contre 664 en 2009. Dimanche soir, les perdants du scrutin se renvoyaient la faute, le centre droit reprochant à la gauche de ne pas avoir soutenu le contreprojet. Tous expliquaient qu’il serait difficile d’appliquer un texte qui viole le « principe de proportionnalité»inscritdanslaConstitution helvétique et contrevient à la Convention européenne des droits de l’homme et à l’accord sur la libre circulation des personnes signé avec l’Union européenne (UE). Michael Reiterer, l’ambassadeur de l’UE à Berne, disait avoir pris acte du vote, attendant une « mise en œuvre par les autorités suisses ». « Je respecte la volonté du peuple et vais exécuter le mandat qui m’a été confié », a expliqué Simonetta
Les socialistes espagnols battus en Catalogne
L
Sommaruga, la ministre socialiste de la justice et police. Elle a précisé que Berne ferait tout pour ne pas enfreindre le droit international et la Constitution. C’est au Parlement
qu’il reviendra d’adopter une loi d’application. « Cela ne va pas être simple », prédit la députée socialiste Ada Marra. p Agathe Duparc
es socialistes ont perdu le pouvoir en Catalogne. Lors des élections au Parlement de cette région espagnole, dimanche 28 novembre, ce sont les nationalistes de centre-droit de Convergence i Unio (CiU) qui l’ont emporté : ils sont à six sièges de la majorité absolue. Les socialistes, qui gouvernaient la région depuis sept ans à la tête d’une coalition de partis de gauche, enregistrent leur plus mauvais résultat depuis trente ans, perdant neuf députés et reculant de 27 % à 18 % des voix. Ces résultats sont un nouveau coup dur pour le président du gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, qui doit aux électeurs catalans d’avoir obtenula reconduction de sa majorité en 2008. D’autant qu’à six mois des élections municipales et régionales de mai 2011 et avant les législatives de 2012, son principal rival à l’échelle nationale, le Parti populaire (PP, droite), obtient le meilleur score de son histoire en Catalogne, où il devient la troisième force politique avec 18 députés au lieu de 14 en 2006, et 12 % des voix au lieu de 10 %. « Le changement en Espagne a commencé cette nuit », a assuré la présidente du PP en Catalogne, Alicia Sanchez Camacho, dimanche soir. Le PSOE considère que le Parti socialiste catalan a pâti de la crise économique et du taux de chômage, qui touche 17,4 % de la popula-
tion active de la région. Mais aussi qu’il a souffert de l’épuisement de l’alliance nouée depuis sept ans avec les écolo-communistes d’Initiativa per Catalunya-Verds (ICV) et les indépendantistes d’Esquerra republicana de Catalunya (ERC).
Semaine noire De fait, ces deux formations ont, elles aussi, perdu des voix dimanche. Elles récoltent respectivement 2 et 11 députés de moins qu’en 2006. ERC, qui recule de 21 à 10 sièges, subit la concurrence du nouveau parti indépendantiste de Joan Laporta. L’ancien président du Football Club de Barcelone remporte quatre sièges au Parlement. La défaite socialiste aux élections catalanes clôt une semaine noirepourM. Zapatero,quiadû faire face à l’attaque des marchés contreladetteespagnoleet àlachutedel’Ibex35,l’indiceboursierespagnol, qui a perdu 7% en cinq jours. Pour tenter de relancer l’économie espagnole et de mobiliser des soutiens, le chef du gouvernement a tenu samedi une réunion inédite avec les présidents des 37 principales entreprises espagnoles représentant 40 % du produit intérieur brut (PIB) et un million d’emplois et il s’est engagé à conclure au plus vite les réformes promises en matière financière (fusion des caisses d’épargne) et sociale (négociations collectives sur le terrain de l’emploi et augmentation de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans), actuellement négociées. p Sandrine Morel
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0123 Mardi 30 novembre 2010
La crise financière
Crise:lesEuropéensessaientd’enrayerl’effetdomino Alors que le Portugal est en première ligne, la zone euro s’accorde sur un mécanisme de stabilité pour après 2013 deux économies considérées comme les plus exposées à la poursuite des attaques spéculatives, le Portugal et l’Espagne. Les deux pays ont précisé, dimanche, les différentes réformes et les mesures d’économie qu’ils prévoient de mener afin de convaincre les marchés que leur situation est différente de celle de la Grèce et de l’Irlande. « Les efforts seront intensifiés », a insisté lecommissaireeuropéen aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, au sujet du Portugal.
Bruxelles Bureau européen
L
’aide promise à Dublin n’est pas encore activée que la zone euro est contrainte de se projeter dans l’« après-Irlande ». Les ministres des finances de l’Eurogroupe, puis les Vingt-Sept, ont donné leur feu vert de principe, dimanche 28 novembre, à la mise sous assistance de l’ancien « Tigre celtique », mis à terre par l’implosion de son secteur bancaire. Sans attendre de lancer le programme agencé en deux semaines, les Européens tentent de contenir l’incendie qui déstabilise d’ores et déjà les autres maillons faibles de l’union monétaire, à commencer par le Portugal et l’Espagne. Pourdéfendre l’euro, les responsables de l’union monétaire ont accéléré les travaux au sujet du futur « mécanisme européen de stabilité » (MES), le dispositif de gestion des crises annoncé à l’expiration des instruments actuels, à partir de la mi-2013. Angela Merkel souhaitait permettre la restructuration des dettes d’un Etat en difficulté en poussant les banques à renoncer à certainesde leurs créances. La chancelière allemande a dû reculer pour essayer d’éviter un embrasement général de la zone euro, car le projet, soutenu brièvement par Nicolas Sarkozy en octobre, a suscité l’affolement des investisseurs sur les marchés.
« Bon accord » Avant même la réunion des grands argentiers, ce sont les principaux responsables de la zone euro qui ont cherché à préparer le terrain d’un compromis entre les ministres des finances au sujet du MES : Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et José Manuel Barroso ont tenu une réunion téléphonique en fin de matinée dimanche. Le président de la Commission avait été appelé à la rescousse vendredi, lors d’une visite à Matignon puisà l’Elysée, pourmettre de l’huile dans les rouages du couple franco-allemand, après un premier coup de fil infructueux la veille entre Mme Merkel et M. Sarkozy. M. Barroso a testé, dimanche matin, ses propositions auprès de Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne
De g. à dr., le commissaire européen aux affaires économiques, Olli Rehn, le ministre des finances belge, Didier Reynders, le premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, et le président de la BCE, Jean-Claude Trichet. GEORGE GOBET/AFP (BCE), Jean-Claude Juncker, celui de l’Eurogroupe, et Herman Van Rompuy, pour le Conseil européen. Après l’accord franco-allemand, elles ont été avalisées dans l’après-midi par l’ensemble des grands argentiers. L’idée est de ne faire participer
lesecteur privé –c’est-à-dire les institutions financières qui détiennent de la dette publique – qu’« au cas par cas ». Des « clauses d’action collective » vont être introduites dans les obligations d’Etat émises après 2013 afin de permettre d’en modifier les conditions, dans la
seule hypothèse où un Etat ne pourrait plus rembourser ses dettes. Le compromis à peine approuvé par l’Eurogroupe, M. Trichet, le premier, fin octobre, à mettre en garde contre les exigences de Mme Merkel,a parléd’une «clarification utile » : « Il devait être clair que
nous appliquerions en Europe la doctrine du Fonds monétaire international », a-t-il observé. « C’est un bon accord, de nature à apaiser les marchés», veut-on croiredans l’entourage du chef de l’Etat français. Second axe de défense : donner de nouveaux gages à propos des
« Efforts supplémentaires » Officiellement, personne n’aurait parlé d’activer le plan d’aide en faveur de l’un ou de l’autre pays. En réalité, la question se pose d’ores et déjà dans les coulisses pour le Portugal, mais les avis divergent au sein de la zone euro. Les uns, comme l’Espagne, voire l’Allemagne, suggéreraient au gouvernement portugais de solliciter une aide afin d’éviter un effet domino. Cette perspective est néanmoins rejetée par le Portugal,avec le soutien de la Commission. Les autorités françaises temporisent. « Le gouvernement portugais ne veut pas faire appel au fonds maintenant », a souligné Christine Lagarde, la ministre de l’économie. « Tout le monde est d’accord pour demander des efforts supplémentaires d’austéritéau Portugal,mais des doutesexistent sur l’opportunité d’un programme d’aide à Lisbonne », résume-t-on à l’Elysée. p Philippe Ricard
85 milliards d’euros pour ramener le déficit irlandais sous les 3% en 2015 Bruxelles Bureau européen
Face à la pression des marchés, les ministres des finances des VingtSept se sont dépêchés, dimanche 28 novembre, d’entériner les contours du plan d’aide négocié en moins de deux semaines avec l’Irlande. Les besoins de financement du pays ont été évalués à 85 milliards d’euros sur trois ans. L’ensemble de l’aide sera apporté sous forme de prêts remboursables d’ici à 2020. Le taux d’intérêt consenti par
0123
les différents contributeurs doit encore faire l’objet de négociations d’ici à l’activation formelle du dispositif, les 6 et 7 décembre. Soucieuse de défendre sa souveraineté, l’Irlande a tenu à utiliser ses propres réserves pour cofinancer le sauvetage de son secteur bancaire à hauteur de 17,5 milliards d’euros, dont une partie tirée d’un… Fonds national pour les retraites. L’essentiel de l’effort est pris en charge par l’Union européenne (UE), pour deux tiers, et par le Fonds monétaire international (FMI), pour un tiers. Le mécanis-
vous invite…
... à l’Odéon-Théâtre de l’Europe au Théâtre de l’Odéon 3 – 110 déc 2010 Théâtre de l’Odéon 6e
Pour assister à une représentation de
DÄMONEN
en allemand surtitré
de Lars Norén mise en scène Thomas Ostermeier
Première en France
de Lars Norén mise en scène Thomas Ostermeier Première en France
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téléphonez au 0 892 690 700 (0,34 /mn, hors surcoût éventuel opérateur)
le mardi 30 novembre, à partir de 15 heures.
© element-s / Licence d’entrepreneur de spectacles 1007518
Le Dimanche 5 décembre à 15 heures
Odéon-Théâtre de l’Europe / 01 44 85 40 40 • theatre-odeon.eu Tarifs de 6€ à 32€
*20 invitations offertes aux premiers appelants, conformément au règlement du jeu. Offre gratuite, sans obligation d’achat, jusqu’à concurrence du nombre de places disponibles. Le règlement du jeu déposé chez Me Augel huissier de justice à Paris, est adressé gratuitement sur demande à : Jeu Les Offres Culturelles du Monde - 80, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris. Les demandes de remboursement des frais de participation (selon modalités définies dans le règlement) doivent parvenir à la même adresse. Les informations recueillies à cette occasion sont exclusivement destinées au Monde et à ses partenaires. Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de suppression des données vous concernant (art. 27 de la loi informatique et libertés).
me européen de stabilité financière, garanti par le budget communautaire, contribuera à hauteur de 22,5milliards d’euros, tout comme le FMI. Une part équivalente est prise en charge par le Fonds européen de stabilité financière, mis en place par les seuls Etats de la zone euro depuis le mois de mai, en association avec des prêts bilatéraux du Royaume-Uni, de la Suède et du Danemark, trois pays qui ne sont pas membres de l’Union monétaire. L’aide de la GrandeBretagne, dont les banques sont très exposées en Irlande, se mon-
tera à 3,8 milliards d’euros. L’enveloppe sera consacrée au sauvetage du secteur bancaire irlandais (pour 35 milliards d’euros) : les banques aux abois seront restructurées et recapitalisées. De surcroît, 50 milliards d’euros seront affectés aux problèmes budgétaires du pays. A la demande du FMI, une année supplémentaire a été accordée à Dublin pour ramener le déficit public sous les 3 % du produit intérieur brut, en 2015, contre 32 % cette année. L’Irlande pourra maintenir à son niveau actuel
(12,5 %) l’impôt sur les sociétés. Les malheurs irlandais font les bonnes affaires de la Grèce. Afin d’aligner les conditions faites aux deux pays de la zone euro sous assistance, Athènes a quasiment obtenu, dimanche, un nouveau délai avant de rembourser les prêts qui lui ont été octroyés en mai (110 milliards d’euros) : leur maturité a été fixée à sept ans et demi, à partir de 2013. Soit au mois deux ans de répit si les Parlements nationaux, dont le Bundestag, approuvent cette extension. p P. Ri.
Lesbanquesallemandesetfrançaisestrès exposéesauxrisquesdespayslesplusfragiles Une étude de la Deutsche Bank pointe les risques d’interconnexion
L
a crise de la dette souveraine en zone euro risque-t-elle de provoquer un nouveau choc bancaire ? Une étude publiée par la Deutsche Bank, le 26 novembre, sur le degré d’exposition des banques aux risques souverains tente d’apporter des éléments de réponse à cette question qui tourmente les autorités européennes. Cette enquête, réalisée sur la base des chiffres de la Banque des règlements internationaux (BRI), confirme que les banques allemandes et françaises sont les plus engagées dans les pays de la zone euro à la santé fragile. Au deuxième trimestre 2010, les établissements allemands détenaient le plus grand stock de créances publiques et privées sur la Grèce, l’Irlande et le Portugal, avec 213 milliards d’euros, contre 142 milliards pour les établissements français. Leur exposition à l’Espagne est particulièrement importante : plus de 130 milliards d’euros pour les banques allemandes et plus de 110 milliards pour les banques françaises. « La France et l’Allemagne seraient plus affectées que les autrespays (…) si les Etats périphériques de la zone euro voyaient leur
Menace pour plusieurs pays européens EXPOSITION DES BANQUES AUX EMPRUNTS D’ÉTAT DES PAYS PÉRIPHÉRIQUES DE LA ZONE EURO, en pourcentage des actifs Grèce
Irlande
Portugal
0,3 0,2 0,1 0 Banques : françaises
allemandes
britanniques
espagnoles
SOURCE : BANQUE DES RÈGLEMENTS INTERNATIONAUX, DEUTSCHE BANK
dette publique et privée se détériorer », conclut la Deutsche Bank. Pour les auteurs de l’étude, toutefois, il n’y a pas forcément péril en la demeure : très exposées en valeur absolue, les banques françaises et allemandes le sont nettement moins si l’on se rapporte à la taille de leur bilan. L’un des dangers, souligné par l’enquête, est la forte « interconnexion » des systèmes bancaires des « maillons faibles » de la zone euro, susceptible de constituer « un autre canal de contagion » de
la crise. Le Portugal, par exemple, est largement exposé à la Grèce, à l’Irlande et surtout à son voisin espagnol : les prêts des banques portugaises à l’Espagne se montent ainsi à près de 17 % du total de leurs crédits à l’étranger. L’étude se montre en revanche plus rassurante sur le cas grec. Les banques grecques sont effectivement plus fortement reliées à la Roumanie, à la Bulgarie et à l’ensemble de l’Europe de l’Est qu’aux pays de la zone euro. p Marie de Vergès
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0123 Mardi 30 novembre 2010
La crise financière
La crise européenne, grand tabou du débat politique français Faute d’accord avec Berlin, les partisans de l’euro craignent une contagion de la crise à la France et une décennie de stagnation à la japonaise
C
’était jeudi 25 novembre dans la soirée. L’ambassadeur d’Allemagne avait réuni à l’hôtel de Beauharnais, à Paris, le gothafranco-allemand pour présenter Axel Weber, président de la Bundesbank, candidat non déclaré àla présidence de la Banque centrale européenne (BCE). Lorsqu’est venue la première question, un député UMP s’est levé. « Jacques Myard, eurosceptique ! » Et il a dit tout le mal qu’il pensait de l’euro, prédisant sa fin prochaine. Sans que nul ne moufte. Scène peu imaginable il y a à un an, les Cassandre ont droit de cité, tandis que les partisans de l’euro ne pipent mot. Nicolas Sarkozy n’a rien dit de la crise irlandaise dans son intervention télévisée du 16 novembre. FrançoisFillon s’est tu danssondiscoursdepolitiquegénérale mercredi 24, tandis que la veille, à l’Assemblée,la ministredesfinances,Christine Lagarde, rétorquait au député souverainiste Nicolas DupontAignan, qui appelait à une sortie de l’euro : « Il faut éviter de jeter de l’huile sur le feu. »
«Les Français pensent qu’on est dans l’austérité… Ils n’y sont pas encore» François Hollande député (PS) de Corrèze Ne pas en parler, c’est le leitmotiv des dirigeants politiques dans un pays qui a voté non à 55 % à la Constitution européenne en 2005, L’Elysée a rappelé dimanche que la France n’était pas menacée. « C’est legrand tabou », accuseM. DupontAignan. « Le débat devrait être de savoir si la France doit quitter l’euro. Il n’a pas lieu car toute la classe politique et médiatique a soutenu cette monnaie depuis dix ans à bras-lecorps. Leur monde s’effondre. Tout le monde en parle, personne ne le dit », assure le souverainiste. M.Dupont-Aignan compte axer sa campagne présidentielle de 2 012
Le poids de la dette publique en Europe en pourcentage du PIB 130
Grèce
118
Italie
116
100
94
84
Islande Belgique Irlande France
84
83
78
77
Zone Portugal Hongrie Roy.euro Uni
Estimations 2010
sur la sortie de l’euro. Jacques Myard attend. Lors de la dernière réception des députés à l’Elysée, il a lancé à M. Sarkozy : «Je nete poserai pas de question sur l’euro, les faits parleront d’eux-mêmes. » Les faits, c’est la grande angoisse, alors que le gouvernement s’accroche, comme Edouard Balladur en 1993, lorsqu’il expliquait que le franc n’avait aucune raison de décrocher du deutschemark. Le député socialiste François Hollande explique le désarroi des partisansdel’euro,dontilest.«Le principe, c’est moins on en parle, mieux on se porte, de peur que l’attention ne se focalise, après le Portugal et l’Espagne sur la France », analyse le candidat à la primaire socialiste pour la présidentielle. « Le malaise estd’autantplusgrandque leseurophiles ont mauvaise conscience. Le grand argument depuis des années en faveur de l’euro était qu’il nous protégeait. Dans le meilleur des cas, il conduit à des plans d’austérité. » Laréponse réside dans l’attitude envers l’Allemagne. « Il va arriver un moment où les Allemands vont refuserdepayer»,s’inquièteM.Hollande. Les eurosceptiques ont un choix tout trouvé si l’Espagne tombe à son tour en faillite : décrocher del’Allemagne,soitqueBerlinchoisisse de sortir de la monnaie unique, soit que les pays du sud quittent l’euro, suivis par la France. Le président de la fondation du Centre, Jean-Louis Bourlanges, n’y
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Allem. Autriche Pays- Espagne Bas SOURCE : DEUTSCHE BANK
croit pas : les pays du Sud ne peuvent pas abandonner l’euro, faute de quoi ils subiraient un scénario de type argentin, incapables de se financer. En outre, l’Allemagne a trop intérêt à rester dans l’euro, pour maintenir sa compétitivité au sein du vieux continent, comme le fait la Chine envers les EtatsUnis. Dans ce contexte, le risque est, selon M. Bourlanges, « d’être condamné à une décennie de crois-
sance agonisante à la japonaise », alorsqueles paysdu Sud–à ladifférencedel’Irlandevictimed’une bulle spéculative – ont une crise de compétitivité quasi insoluble. « Les Français pensent qu’on est dans l’austérité. Ce n’est pas vrai, ils n’y sont pas encore. On fait comme si la France était à l’abri. Mais il existe un scénario noir qui pourrait se dérouler avant l’élection présidentielle de 2012, s’il n’y a pas de crois-
sance, si la spéculation reprend et si les difficultés des banques irlandaises et espagnoles font tache d’huile », prévient M. Hollande. Pour y échapper, il faudrait une coordination avec l’Allemagne, qui recyclerait ses excédents commerciaux en Europe comme on le fit naguère avec les pétrodollars, suggèreM.Bourlanges.Cettecoordination n’a pas lieu, faute d’accord entre Paris et Berlin. Après avoir dénigré pendant la première moitié de son quinquennat la rigueur compétitive initiée par le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, M. Sarkozy ne jure que parl’Allemagne.Ilaréalisé encatastrophe une réforme des retraites pour conserver la bonne notation de la France par les agences financières. « La réforme des retraites de Nicolas Sarkozy a servi d’Ersatz à une politique de redressement », accuse M.Hollande. Quant à la gauche, elle est bien ennuyée, car «elle ne pourra pas promettre beaucoup». Les fédéralistes ressassent leurs désillusions des années 1990, les
Le Val de Loire, 10 ans d’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO
L
es marchés boursiers européens ouvraient en légère hausse lundi 29 novembre, au lendemain de l’adoption par les Européens d’un plan de sauvetage de 85 milliards d’euros en faveur de l’Irlande. A Londres, le FT 100 s’appréciait de 0,83 % à l’ouverture des marchés, le CAC 40 à Paris de 1,10 % et le DAX à Francfort de 0,73 %. « Les Bourses réagissent favorablement car c’est un soulagement pour les banques à court terme », commente Jean-Louis Mourier chez Aurel BGC. Les principales hausses étaient emmenées par les valeurs bancaires, très secouées la semaine dernière en raison de leur détention de titres de dettes des pays fragiles de la zone euro. Selon les analystes, les investisseurs ont moins de craintes d’être mis à contribution sur les emprunts souverains qu’ils détiennent en Irlande et dans d’autres états périphériques de la zone euro. Ils auraient été rassurés par les décisions des Européens sur le fonctionnement d’un futur Fonds de secours, après 2013. « En revanche l’accueil est plus mitigé sur le marché des changes et des taux », relevait JeanLouis Mourier. L’euro reste sous pression. La monnaie européenne a brièvement chuté lundi à son plus bas niveau depuis deux mois, sous les 1,32 dollar, jusqu’à 1,3181 dollar lundi matin, avant de
remonter à 1,3286 dollar. « Le plan d’aide donne une bouffée d’oxygène à l’Irlande, mais elle pourrait être de courte durée si le budget irlandais ne passe pas le 7 décembre. En outre, ce soutien ne va pas dissiper les interrogations sur le fait que le Portugal, et peut-être même l’Espagne, pourraient avoir besoin d’assistance », indiquait Mitul Kotecha, du Crédit agricole, à l’Agence France-Presse.
« Nous sauverons l’euro » Les tensions restaient fortes sur le marché des emprunts d’Etat. En Irlande, le taux des obligations à dix ans s’établissait à 8,887 %. Il était de 6,71 % au Portugal et de 5,16 % en Espagne. Même l’Allemagne et la France voyaient leurs taux grimper légèrement, respectivement à 2,782 % et 3,18 % pour leurs emprunts à dix ans. « L’Europe est difficile à comprendre pour les marchés », affirmait la ministre de l’économie, Christine Lagarde lundi matin. Selon le ministre du budget François Baroin, les mesures du plan de sauvetage sont « suffisantes et efficaces ». Les marchés « seront rassurés » par le plan d’aide à l’Irlande car « ils voient la réponse européenne », a-t-il ajouté. « Il faut que tout le monde et les investisseurs aussi entendent le message de l’Europe, “nous sauverons l’euro” », a conclu le ministre. p Dominique Gallois
Création : Conseil régional du Centre - Crédit photo : P. Duriez - CRT Centre - Novembre 2010
Tension sur les changes après le plan d’aide à Dublin Les Bourses européennes accueillent bien le compromis sur le futur mécanisme de stabilité
mises en garde de Jacques Delors, président de la Commission, qui serinait que l’euro ne conduisait pas mécaniquement à l’union politique. Beaucoup avaient fait mine de croire le contraire et veulent encore y croire. L’eurodéputé Vert Daniel Cohn-Bendit dénonce le refus d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy de faire un saut fédéral et loue le président de la BCE. «Trichet a été le plus grand fédéraliste dans toutela crise », assureM. Cohn-Bendit tandis que le socialiste Dominique Strauss-Kahn, directeur du général du FMI, prône, en face de la BCE, «une autorité budgétaire centralisée ». M. Bourlanges déplore l’erreur qui a conduit à tuer le gouvernement économique en voulant l’opposer à la BCE. Et dénonce un faux procès : «Contrairement à ce que disaient tous les gauchistes, comparant Trichet à Greenspan, l’euro n’étranglait pas l’économie. Au contraire, il a induit une politique laxiste. Le pacte de stabilité était rigide, mais pas rigoureux », assène M.Bourlanges. p Arnaud Leparmentier
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10 France
0123 Mardi 30 novembre 2010
Sur la Seine, une escale pour les sans-domicile-fixe La péniche «Fleuron-Saint-Jean», un foyer pour SDF, accueille chaque nuit une cinquantaine d’entre eux Reportage
D
ans la nuit froide, ils surgissent l’un après l’autre et s’approchent de l’embarcadère. Comme tous les soirs, une cinquantaine de « passagers » sans bagages et sans destination, vont passer la nuit sur le Fleuron-SaintJean, une péniche transformée en centre d’accueil et d’hébergement d’urgence pour des sans-domicile fixe, seuls ou accompagnés de leur chien. Comme sur tous les bateaux, il y a un agent d’accueil, Emmanuel, chargé de vérifier la liste des passagers, une bouée bleue et blanche « Bienvenue à bord » accrochée au mur, et même un capitaine barbu, Joseph Jouffre. M.Jouffre fait partie de l’équipage composé d’une dizaine de salariés et de bénévoles qui se relaient chaque soir sur la péniche. Réhabilité en 1999, par l’Ordre de Malte France et la Fondation 30 Millions d’amis, le bateau est ouvert toute l’année. « Période de grand froid ou pas, nous aidons les gens qui sont dans la merde », résume le « capitaine », qui partage son temps entre son bateau et un emploid’expert-comptable. Chaque soir, jusqu’à 50 SDF et 25 chiens peuvent être accueillis sur le Fleuron-Saint-Jean, amarré quai de Javel dans le 15e arrondissement de Paris. La plupart sont arrivés par l’intermédiaire d’une assistance sociale ou d’une association. Quelques places sont réservées au
«On a eu un chirurgien, un prof de maths, un journaliste, et même unchef d’entreprise» Guy responsable de la sécurité 115, le numéro départemental d’urgence pour les sans-abri. Le bateau est toujours plein. « Lundi dernier, j’avais deux places disponibles, elles ont été prises d’assaut. J’ai dû dire non 23 fois dans une soirée », comptabilise Joseph Jouffre. Avoir un lit sur la péniche, c’est être assuré de se poser un moment, de pouvoir souffler. Chaque passager peut rester une semaine renouvelable trois ou quatre fois, une possibilité rare pour les sans-abri, souvent ballottés au jour le jour au gré des places disponibles, de centre en centre. La péniche est aussi un des seuls lieux d’hébergement qui acceptent les chiens. « Il y a onze ans,quand nous avons lancé ce pro-
La péniche du « Fleuron-Saint-Jean », jeudi 25 novembre. L’Ordre de Malte France y accueille depuis dix ans des sans-abri. DOMINIQUE VIGER POUR « LE MONDE » jet, il y avait une vraie demande de lieu d’hébergement avec chien, explique Edith de Rotalier,directrice de la solidarité de l’Ordre de Malte France. Aujourd’hui, c’est un peu moins vrai et nous hébergeons en moyenne entre quatre et cinq chiens et leurs maîtres par soirée. » Ce jeudi soir, un seul chien est à bord. Dès son arrivée sur la péniche, il a été examiné et passé à l’antipuces. Une fois tous les quinze jours, des consultations vétérinaires sont assurées dans un petit local aménagé spécialement par des étudiants de l’Ecole vétérinaire de Maison-Alfortet par une vétérinaire diplômée. La Fondation 30 Millions d’amis offre les croquettes, laisses et gamelles. Quant aux maîtres, ils ne sont pas oubliés puisque deux soirs par semaine, des médecins bénévoles consultent aussi à bord. D’ailleurs ici on n’est pas « hébergés » mais « passager ». Une distinction qui a son importance dans cet espace où l’ambiance se veut familiale et la dignité mieux respectée que dans certains centres. « C’est un peu plus classe », résume Ludovic, 25 ans. Séparé de ses parents, depuis l’âge de 6 ans, le jeune homme, qui suit une formation de cuisinier, connaît bien le bateau pour y avoir séjourné plusieurs fois. Alors, ce soir, il sert de guide. Avec ses 38 mètres de long et ses 6 m de large, la péniche accueille sur un étage une vingtaine de cabines de deux couchettes. Le décor est spartiate. Chacun a un petit rangement où il peut entreposer ses affaires pendant la durée de son séjour. Neuf douches et toilettes individuelles sont réparties sur le bateau.
La « classe » pour Ludovic vient se nicher dans des petits détails. « Il y a des vraies couvertures. Dans beaucoup de centres, c’est des draps jetables qui ne tiennent pas chaud alors on dort habillés. Souvent il n’y a pas d’oreillers, il faut mettre son sac à la place… » Le plus, c’est aussi ce souvenir d’un Noël avecun «vrai repas », «du champagne » et cette « trousse de toilette ou ce manteau » offert pour l’occasion. « Ce soir au menu… », il est 19 h 45 et les bénévoles qui sont de service au restaurant annoncent le repas. Répartis par table de six, les passagers se pressent. Des Français mais aussi beaucoup d’étrangers. « Nos tables reflètent les flux
migratoires, en ce moment des Iraniens et des Afghans », explique Erik, retraité et bénévole depuis quatreans.Par les fenêtres de la salle à manger, Paris scintille. Toute proche, la péniche de l’émission de France 3 « Thalassa » tangue doucement. Franck, la quarantaine, est à la rue depuis juillet 2009. Dans une autre vie, il était dans la restauration. Il est arrivé là par le 115, il y a deux jours. « Si tout se passe bien, je vais rester quelques semaines », dit-il en confiant sa peur de l’avenir. Face à lui, Paul, regard délavé, raconte à mots couverts sa descente, le regard des passants qui fait mal et les journées à déambuler dans la rue. Il a été dans l’édition,
lecteur assidu du Monde, confie-t-il, avant les soucis familiaux et professionnels. « On a eu un chirurgien, un prof de maths, un journaliste, et même un chef d’entreprise, énumère Guy, responsable de la sécurité, venu ce soir-là donner un coup de main comme agent de nuit. En 2009, 800 passagers environ, âgés de 18 à 72 ans, ont séjourné à bord du Fleuron-Saint-Jean. » Après le dîner, certains sansabri jouent aux cartes, d’autres lisent ou restent assis, perdus dans leurs pensées. La soirée s’effiloche entre pause cigarette à l’extérieur et conversation dans les coursives. A 22 h 30, c’est l’extinction des feux. L’ambiance est tranquille.
« L’eau, ça calme », explique Emmanuel,à l’accueil et à la sécurité ce soir-là. « Finalement, les pépins de santé sont plus fréquents que ceux de sécurité. » Le réveil et le petit déjeuner se font entre 6 h 45 et 7 h 30 en semaine, un peu plus tard le week-end. Certains peuvent déroger à cette discipline. « Il y en a un qui termine à 23 heures, un qui part à 4 heures du mat… », se remémore Emmanuel. Petit à petit, chacun gagne sa couchette. Dans quelques heures, il faudra débarquer. Joseph, comme les autres passagers, regagnera son port d’attache: un bout de trottoir, rue du commerce, dans le 15e arrondissement de Paris. p Catherine Rollot
Les associations dénoncent la politique du logement LE 10 NOVEMBRE, alors qu’il recevait à Matignon le collectif des associations unies contre le mallogement, François Fillon a une nouvelle fois rappelé que plus personne ne devait être contraint de vivre dans la rue. Samedi 27, dans le centre de Marseille, une femme sans domicile fixe, d’une quarantaine d’années, est morte, probablement de froid. On ignore encore quelles sont les circonstances qui ont poussé cette femme à rester dormir dans un hall d’immeuble du 1er arrondissement de la cité phocéenne, mais cette première victime de l’hiver illustre l’incapacité de l’Etat à offrir un toit à chacun. En 2008, l’ensemble des associations avaient collaboré avec le secrétaire d’Etat au logement,
Benoist Apparu, dans le but d’aboutir à une « refondation » du dispositif d’hébergement et d’accès au logement. En novembre 2009, M.Apparu a présenté son plan pour l’organisation d’un «service public de l’hébergement et de l’accès au logement des personnes sans abri ou mal logées ».
« Nous allons dans le mur » Cette réforme avait pour ambition de sortir d’une logique saisonnière de gestion de crise et devait être mise en place progressivement au cours de l’année 2010. Critiques sur l’absence d’un volet logement ambitieux, les associations espéraient pourtant que ce plan porte ses fruits. Un an après, la confiance entre
les deux partis est bel et bien rompue. « Nous nous sommes fait rouler dans la farine, estimait en octobre, Christophe Robert, le directeur délégué de la Fondation AbbéPierre. Une longue liste de remontées de terrain nous laisse penser que nous allons dans le mur. Cinq lieux d’accueils de jour ont été supprimés en Auvergne faute de moyens. Les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) du Var et plus généralement le 115 (numéro d’appel pour l’hébergement d’urgence) prennent de plein fouet les coupes budgétaires. » Pour montrer ses inquiétudes, le collectif avait installé, début novembre, un village de tentes sur le pont des Arts à Paris. Il a été aussitôt démonté. A la suite de ce coup de force, les associations
avaient obtenu de Matignon une dotation supplémentaire de 63millions d’euros pour l’hébergement en 2010. Mais la rallonge est jugée insuffisante par les associations. Ces dernières estiment que le budget de l’hébergement est sous-doté par rapport à des besoins qui sont, eux, en hausse. Malgré l’augmentation du nombre de places (87 000 en 2007, 113 000 en 2010), les centres d’hébergement sont déjà sous tension. Cette déstabilisation est notamment due à la crise du logement mais aussi à l’augmentation du nombre d’étrangers qui, faute de trouver une solution dans les centres d’accueil des demandeurs d’asile (CADA), s’en remettent au 115. p C. Ro.
Henri Guaino en guest star chez les catholiques sociaux: huées et concert d’indignation
C
ela devait juste être une intervention de dix minutes dans un colloque sur le sujet des migrations, ce dimanche 28 novembre, au Parc floral de Vincennes. L’invitation n’avait
pas trop de quoi causer de souci Henri Guaino, le conseiller spécial du président de la République. L’initiative venait des Semaines sociales de France (SSF), un rassemblement de catholiques
PUBLICATIONS JUDICIAIRES 01.49.04.01.85 - annonces@osp.fr Par Jugement en date du 8 octobre 2009 et Jugement rectificatif en date du 6 avril 2010, le Tribunal de Grande Instance de RENNES a condamné la SARL RPH CONSEIL à payer à la société CRECI MANAGEMENT SA la somme de 15.000,00 euros de dommages et intérêts en réparation du préjudice causé par la concurrence déloyale, Interdit à la SARL RPH CONSEIL l’utilisation et la diffusion, sous une forme identique ou similaire, du contenu et du matériel pédagogique des séminaires et formations mis au point par la société CRECI MANAGEMENT SA sous les intitulés suivants : « Manager efficacement, Les cinq axes du management motivationnel, Top management, Accompagnement d’un collaborateur, Management d’une équipe au quotidien, Dynamiser un collaborateur expérimenté, Parrain formateur, Piloter un collaborateur, Recruter un collaborateur, Technique de management, Communiquer en situation non hiérarchique, Construire son projet professionnel, Management d’un équipe au quotidien », sous astreinte de 1.000,00 euros par journée de séminaire ou de formation assurée, à compter de la signification du Jugement.
sociaux et de son président, Jérôme Vignon, inquiet d’une hausse de « la peur de l’étranger » chez les fidèles (Le Monde du 27 novembre). En ces temps où l’UMP cherche à recoller les morceaux avec son électorat centriste, le rendezvous pouvait donc être porteur pour Henri Guaino. Persuadé d’être dans un lieu dont « la réflexion » et « l’écoute » sont « la marque », comme il a cru bon de le rappeler en introduction de son discours, le conseiller du président s’est lancé : « La grandeur morale de l’homme est dans le cas de conscience, non dans la bonne conscience », a-t-il débuté. « Antigone a raison, et Créon n’a pas tort », s’est-il aussi fait fier de rappeler en citant Albert Camus. Fidèle à ses élans emphatiques, M. Guaino, qui est aussi le rédacteur du discours contesté du chef de l’Etat à Dakar sur « l’homme africain [qui] n’est pas
assez entré dans l’histoire », a alors glissé vers le thème qui lui est cher, et pense-t-il, fédérateur : « la République ». Une République qui ne « veut pas de la différence des droits et des devoirs », « des quotas », « des discriminations », des « tribus »… Jusque-là, l’auditoire, composé de plusieurs centaines de personnes – dont une bonne part engagées dans la défense des sans-papiers – avait tenu bon.
« Indignez-vous entre vous » Et puis M. Guaino a interpellé l’assistance : « Mais, nous tous, qu’avons-nous fait de notre pacte républicain depuis trente ou quarante ans ? » Et là, tout s’est effondré : cris, hurlements. La suite de son intervention a été hachée d’indignations huées à travers la salle. « Il ne se rend pas compte de ce qu’il représente », commentait un participant, en référence notamment à la séquence sécuritaire de l’été de M. Sarkozy.
Visiblement déstabilisé, M. Guaino est retourné s’asseoir en attendant que s’expriment les autres invités. Parmi eux, l’ancien commissaire européen Jacques Barrot et la députée européenne Vert, Hélène Flautre, qui ont suscité de biens plus francs applaudissements. Pour M. Guaino, les cris de l’assistance sont revenus dès la séance de questions. Furieux, le conseiller du président a alors voulu quitter la salle : « Indignezvous entre vous ! », a-t-il jeté. Il était au pied de l’estrade quand M. Barrot a convaincu le public de reprendre son calme et lui sa place. A l’issue du colloque, le président des SSF assurait ne rien regretter du débat. « De son vivant », certes, il n’avait jamais connu pareil « clash ». Mais si une partie du public ne « s’était pas retrouvé » dans les propos de M. Guaino, l’autre avait « besoin de l’entendre ». Toute une part de
l’auditoire a en effet semblé ne pas adhérer aux cris de l’autre. M. Guaino, lui, s’est défendu d’avoir voulu faire « un meeting politique ». Et il a maintenu, en substance, ses propos d’estrade : « Une fois qu’on crie “Egalité !”, “Egalité !”, on n’a pas fait avancer le problème. Si c’était si simple, il n’y aurait pas de tragédie. » p Elise Vincent
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France 11
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Nouvelle offensive PatriceGriffaton,quinzeansd’usurpation du PS pour la télé d’identitéauxdépensdesonfrère gratuite en prison Se faire passer pour un autre est un délit en pleine expansion, puni en cas de vol ou d’escroquerie Les sénateurs Yung et Badinter ont présenté un amendement au projet de loi de finances
L
e Sénat devait examiner, lundi 29 novembre, un amendement à la loi de finances, déposé par le sénateur socialiste Richard Yung (Français établis hors de France) et cosigné par l’anciengardedes sceauxRobert Badinter (Hauts-de-Seine), pour imposer la gratuité de la télévision en prison. Cet amendement fait notamment suite à la campagne du très tenace François Korber, ancien détenu etdélégué généralde l’association Robin des lois. « C’est une idée ancienne, qui correspond au besoin de socialisation des détenus, explique le sénateur Yung. La télévision leur permet de garder un lien avec le monde extérieur et d’avoir des références communes avec leur famille quand ils sortiront. » Robert Badinter avait voulu dès 1982autoriser gratuitement la télévision en prison, il n’y est parvenu qu’en juin 1986, juste avant la Coupe du monde de football. Il s’agissait notamment « de créer un facteur d’apaisement et de sociabilité dans des prisons surpeuplées », avait indiqué l’ancien ministre de la justice de François Mitterrand. Mais les crédits avaient été épuisés par les travaux d’installation, et l’administration avaient loué des postes en urgence, pris sur le pécule des détenus. Aujourd’hui, la situation, que M. Badinter juge « honteuse », n’a pas évolué, si ce n’estqueles détenuslouent aujourd’hui leur poste entre 4 et 40 euros par mois selon les prisons et que la Cour des comptes s’est émue en juillet de l’opacité du système. Pascal Clément, alors garde des sceaux, avait assuré en octobre 2006 que la gratuité « était tout à fait dans les tuyaux ». Les tuyaux ont dû se boucher puisque Michèle Alliot-Marie a constaté en octobre 2010 « qu’il y avait des écarts de prix importants et injustifiés en fonction des établisse-
ments ». Elle a indiqué vouloir fixer la location d’un téléviseur, gratuit pour les indigents, à 8 euros par mois et par cellule – et non par détenu – « le prix coûtant », selon le ministère. Il est difficile de savoir ce que recouvre ce chiffre, qui n’est qu’« un objectif », tempère l’administration pénitentiaire, et correspond au prix de la location du poste mais pas des abonnements que prendrait en charge l’administration. Il faut renégocier les contrats des établissementsen gestion déléguée (les « prisons privées ») et la généralisation de la télé à 8 euros n’est sans doute pas pour demain.
« Démagogique » « Ce n’est qu’un effet d’annonce, proteste François Korber. En novembre 2011, tous les Français vont recevoir gratuitement les 23 chaînes de la TNT. On ne voit pas pourquoi seuls les détenus devraient payer pour recevoir la télé. » Le sénateur Yung a chiffré à 7 millions d’euros l’achat des postes et le câblage : « On prendra l’argent sur deux autres lignes budgétaires, le budget communication du ministère, et une partie de l’accroissement des recettes des remboursements des frais de justice. » Le député PS Jean-Jacques Urvoas (Finistère) a lui aussi proposé la gratuité le 2 novembre à l’Assemblée nationale, en insistant sur le fait que le système actuel était « contraire à l’objectif de la loi pénitentiaire d’améliorer les conditions de vie en détention afin de limiter les tensions carcérales ». Il s’est fait rabrouer par Mme AlliotMarie, qui a estimé que sa proposition était « démagogique » et qu’il fallait « que le corps social accepte nos décisions»– le dossier de latélévision en prison étant par nature très impopulaire. p Franck Johannès
Logement
53000 ménages riches logés en HLM Selon une étude réalisée par l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes), 53 000 ménages appartenant aux 10 % des foyers les plus riches de France étaient, à la fin de 2007, hébergés en HLM. Quelque 37 000 d’entre eux vivraient en Ile-de-France (18 000 à Paris, 19 000 hors de la capitale) et 15 000 en province. Thierry Repentin, président de l’Union sociale pour l’habitat (USH), a minimisé l’impact de cette situation dévoilée par La Tribune, lundi 29 novembre. « Les locataires “riches” ne représentent que 1 % du logement social : il s’agit donc de situations anecdotiques au regard des 4,3 millions de ménages présents en HLM », s’est-il défendu. La loi prévoit que tout locataire entré dans une HLM ne peut plus en être délogé. Depuis 2009, un surloyer de solidarité (SLS) est appliqué dès que le plafond de revenus est dépassé de 20 %, mais ce dispositif n’est pas assez dissuasif. p
P
atrice Griffaton, 38 ans, n’a pas entendu la cour d’appel de Paris confirmer sa condamnation à trente mois de prison ferme, pour « usurpation d’identité », vendredi 27 novembre. Comme s’il n’était pas concerné, il avait refusé d’être extrait de la maison d’arrêt d’Auxerre où il est détenu depuis juillet. Son frère cadet, Pascal – dont il empoisonne l’existence depuis quinze ans en lui faisant endosser une multitude de délits – a accueilli ce jugement comme « une bataille pour rien ». « Il n’y a pas de justice », a déclaré, écœuré, ce cuisinier et père de trois enfants, dont l’identité est volée par son frère depuis des années. Il a prédit que Patrice – un multirécidiviste qui encourait dix ans d’emprisonnement, et contre lequel le parquet en avait requis quatre – « recommencera » dès sa sortie. Les faits jugés ne concernaient que la période 2004-2008, mais le casier judiciaire de Patrice Griffaton compte effectivement plus d’une dizaine de condamnations, dont certaines liées à trois usurpations d’identité différente. Cette infraction est de plus en plus courante, selon une étude du Centre de recherches pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) d’octobre 2009. Plus de 210 000 cas sont recensés en France chaque année. La moitié des victimes d’usurpation d’identité (52 %) ont vu leurs comptes débités et des emprunts ont été contractés au nom de 22 % d’entre elles. Des infractions routières qu’elles n’ont pas commises ont été reprochées à 17 % des victimes ; et des prestations sociales ont été frauduleusement sollicitées pour 11 % d’entre elles. Un tiers ont dû prouver leur identité, 15 % ont fait l’objet d’une interdiction bancaire et plus de 13 % ont été assignées en justice. Pascal Griffaton incarne ces statistiques. Excès de vitesse, conduite en état d’ivresse ou sous l’emprise de stupéfiants, stationnement
Attentat de Karachi M. Devedjian évoque la piste de la rivalité entre l’Inde et le Pakistan L’ancien ministre et élu UMP Patrick Devedjian a évoqué, dimanche 28 novembre, la piste de la rivalité entre l’Inde et le Pakistan pour expliquer l’attentat de Karachi (Pakistan). Selon M. Devedjian, la vente en juin 2001 à l’Inde de sous-marins lance-missiles français s’est faite « certainement au grand déplaisir du Pakistan». En mai 2002, l’attentat de Karachi avait fait quinze victimes, dont onze Français. – (AFP.)
Vandalisme Le CFCM condamne les inscriptions racistes sur la mosquée de Marmande
Sur France Info Olivier Emond
“En direct du Monde” du lundi au vendredi à 21h25 avec
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a condamné, dimanche 28 novembre, les inscriptions racistes découvertes la veille sur l’une des portes de la mosquée de Marmande (Lot-etGaronne). En août, des tags à caractère antisémite et négationniste avaient été inscrits sur le mémorial de la déportation et de la résistance de la commune. – (AFP.)
Elections municipales Menaces contre Manuel Valls à Corbeil-Essonnes Le député-maire PS d’Evry, Manuel Valls, a rapporté, samedi 27 novembre, avoir été « violemment agressé verbalement » et « menacé physiquement » alors qu’il soutenait la liste de gauche sur un marché de Corbeil-Essonnes. La troisième élection municipale depuis 2008 devrait se tenir les 5 et 12 décembre. – (AFP.)
(« hameçonnage » via des messages électroniques). Mais abuser un procheest un jeu d’enfantà en croire Patrice Griffaton : « Je sais la date où il [PASCAL]avait passé le permis et le nom de ses parents, c’est plus facile », avait confié le fraudeur en février 2009 à TF1 qui s’intéressait à son cas devenu célèbre, pour expliquer l’engrenage dans lequel il a entraîné Pascal.
illégal, défaut d’assurance, vols de voiture et de chéquiers, interdictions bancaires, escroqueries, ardoises d’hôtel, d’essence, de frais de santé ou de supermarché, trafic de drogue… Sa boîte aux lettres déborde de convocations et mises en demeure depuis que son frère Patrice est entré par effraction dans sa peau, en 1995, grâce à une
fiche familiale d’état civil et une déclaration de perte de papiers. Le défaut de coordination entre les différentes administrations a fait le reste. S’approprier l’identité d’un autre suppose soit le vol d’un portefeuille, soit un détournement de courrier, une fouille d’ordures ménagères ou le « phishing » Publicité
Situation schizophrénique Si la vie semble facile pour Patrice, elle est devenue un enfer pour son frère. Mme Griffaton mère a, un jour, dû « reconnaître » Pascal, devant lesgendarmes, pour luipermettre de justifier son identité. Et en 2006, ce dernier, excédé, a été condamné à trois mois de prison ferme pour « outrage et rébellion » pour avoir critiqué la police lors d’un contrôle d’identité… En France, l’usurpation d’identité ne débouche généralement sur une enquête que lorsqu’elle est liée à un vol ou escroquerie. Mais les conséquences de la situation schizophrénique dans laquelle elle place ses victimes sont lourdes : perte de confiance, repli sur soi, doutes de l’entourage… Atteint d’une « pathologie anxio-dépressive », selon une expertise psychologique,Pascal Griffaton, en invalidité depuis 2004, ne travaille plus. Il a tenté de se suicider en 2008. Du coup, les 15 000 euros de dommages et intérêts que son frère devra lui verser font figure d’obole. p Patricia Jolly
12 Economie
0123 Mardi 30 novembre 2010
En hausse Les lecteurs Blu-ray
En baisse Le tramway de Toulouse
600 000 lecteurs Blu-ray, ce format de vidéo haute définition, ont été vendus en France entre janvier et septembre, selon l’association Blu-ray Partners, soit une hausse de 165 % sur un an.
Aucun tramway ne circulait à Toulouse lundi matin 29 novembre, jour de sa mise en service, à cause d’une grève de conducteurs. Samedi, la fête de l’inauguration avait été annulée.
La recomposition de la presse quotidienne régionale va s’accélérer La baisse de la diffusion et le passage au numérique pourraient déboucher sur l’arrivée de nouveaux acteurs
L
a concentration dans la presse quotidienne régionale (PQR) a franchi une nouvelle étape, jeudi 25 novembre, avec la prise de contrôle du groupe L’Est Républicain par le Crédit mutuel. La banque mutualiste a racheté 43 % des actions qui étaient détenues par Gérard Lignac. Elle avait déjà acquis, fin octobre, les 29 % des parts détenues par le Groupe Hersant Media (GHM). Outre L’Est républicain, le grouperacheté comprend Les Dernières Nouvelles d’Alsace, Vosges Matin et Le Journal de la Haute-Marne. Michel Lucas, le président du Crédit mutuel, a ainsi réalisé son rêve de constituer avec EBRA (Est-Bourgogne-RhôneAlpes) le plus puissant groupe de PQR,quidiffusechaquejour 1,2milliondejournaux. Un ensemblegéographiquement cohérent, qui rassemble dix quotidiens dans le Grand Est. De l’avis de nombreux observateurs, le processus de concentration à l’œuvre dans les régions devrait s’accentuer au cours des cinq prochaines années. La presse de province est aujourd’hui dominée par six grands groupes : en
tête, EBRA, qui réalise environ 800 millions d’euros de chiffre d’affaires ; il est suivi par OuestFrance, dont le chiffre d’affaires est de 500 millions d’euros pour son activité en presse quotidienne ; viennent ensuite Sud-Ouest (400 millions), le Groupe Hersant Média (350 millions), puis La Voix du Nord, contrôlée par le groupe belge Rossel, et enfin Centre-France-La Montagne.
Deux irréductibles Le processus de concentration s’est accentué en 2009. La République du Centre, basée à Orléans, est passée sous le contrôle du groupe Centre-France, tandis qu’à Amiens, Le Courrier picard, ex-société coopérative ouvrière de production (SCOP), a été repris par le groupe Rossel à travers La Voix du Nord. La Nouvelle République du CentreOuest, basée à Tours, a abandonné son statut de société anonyme (SA) àparticipation ouvrièrepour devenir une SA classique, permettant au groupe Centre-France de prendre une participation minoritaire dans son capital. Enfin, un rapprochement se dessine entre le grou-
pe Sud-Ouest, basé à Bordeaux, et le groupe La Dépêche, à Toulouse, sous la forme d’un groupement d’intérêt économique (GIE), nommé BTM (Bordeaux, Toulouse, Montpellier). Les deux irréductibles petits quotidiens indépendants sont Le Télégramme, à Morlaix (Finistère), propriété de la famille Coudurier, et L’Eveil de la Haute-Loire, du Puy-en-Velay. D’autres recompositions risquentd’intervenirtrèsvite.LeGroupe Hersant Média (GHM) se trouve en effet lesté d’une dette bancaire de 200 millions d’euros. Dirigé par Philippe Hersant, le fils de Robert Hersant, il a réalisé des acquisitions coûteuses au cours des dix dernières années, en achetant la Comareg en 2003 et le pôle des journaux du Sud en 2007 avec La Provence et Nice-Matin. GHM souffre surtout d’une structure éclatée en quatre pôles, qui empêchent toute synergie, notamment en termes d’impression : un pôle Sud, un pôle à l’Est avec notamment L’Union de Reims, un pôle normand avec Paris Normandie, et enfin un pôle outremer avec notamment France Antilles. Le groupe pourrait mettre
Les cours du jour (29/11/10, 10h05) Euro 1 euro: 1,3225 dollar (achat) Or Once d’or: 1355,00 dollars Pétrole Light sweet crude: 84,76dollars Taux d’intérêt France: 3,014 (àdix ans) Taux d’intérêt Etats-Unis: 2,865 (à dix ans)
Sept grands groupes dominent le secteur LE GROUPE EBRA EN POLE POSITION Groupe Rossel 380 000 exemplaires La Voix du Nord
Amaury 379 000 exemplaires
Ouest France
Le Télégramme*
630 000 exemplaires
Paris Normandie
966 000 exemplaires
Groupe Hersant Média
L’Union
Le Républicain lorrain
La République du Centre La Nouvelle République
L’Alsace Le Bien public
Groupe Ebra Crédit mutuel
Grand Centre (Groupe Centre France et La Nouvelle République)
1 222 000 exemplaires La Montagne
630 000 exemplaires
Le Progrès
L’Eveil de la Loire*
Le Dauphiné libéré
Sud-Ouest La Dépêche du Midi
Média Sud Europe
La Provence Midi libre
groupes de presse quotidienne gratuite en France : le réseau Direct Ville Plus du groupe Bolloré, avec Direct Matin et Direct Soir, 20 minutes, filiale à parts égales de Ouest-France et du norvégien Schibsted, et Metro, du groupe suédois du même nom. Tous les observateurs s’accordent à dire qu’il y a au moins un acteur de trop. Un rapport du cabinet Secafi d’avril 2010 constate que la diffusion de ce type de presse est en recul. « Après avoir connu un développement très rapide de 2002 à 2007, la croissance des quotidiens gratuits a subi un coup de frein en 2008 (+ 1,8 %) et un fort repli en 2009 (– 9,3 %). » Parmi les hypothèses envisagées par le cabinet d’expertise pour expliquer cette tendance : « Le seuil de saturation du marché a été dépassé. Il ne peut plus absor-
ber d’exemplaires. (…) Seuls des développements dans de nouvelles villes ou aux dépens des concurrents directs permettront aux réseaux de progresser. »
Course effrénée à l’audience C’est le phénomène auquel on assiste actuellement. Les quotidiens gratuits se tournent vers la province. En 2010, 20 minutes a ainsi lancé des déclinaisons à Nice, Cannes, Grenoble, Montpellier, et même à Rennes, qui est pourtant le fief de son actionnaire Ouest-France. Direct Matin a créé Direct Azur à Nice, Cannes et Antibes. Enfin, Metro vient de lancer des éditions à Metz, Nancy et Toulon. Ces ouvertures d’éditions locales tous azimuts s’inscrivent dans une course effrénée à l’audience. Le marché des gratuits donne en
Nice-Matin
Var-Matin
(Groupe Sud-Ouest et La Dépêche)
Groupe Hersant Média
824 000 exemplaires
* Journaux indépendants
enventeParisNormandie,quipourrait intéresser le groupe Rossel ou Ouest-France, et L’Union, qui pourrait rejoindre Rossel ou EBRA. Le Crédit mutuel pourrait encore se porter acquéreur des journaux du Sud, descendant ainsi le long de la route Napoléon. On voit se dégager cinq ou six grandes « plaques tectoniques », ou ensemble géographiques cohérents de PQR. Cependant, beaucoup d’interrogations demeurent
SOURCE : SECAFI
sur l’avenir de ces grands groupes. La première concerne les hommes. Les deux principaux groupes sont dirigés par François-Régis Hutin, 81 ans et Michel Lucas, 71 ans. Pour l’instant, le premier n’a pas de dauphin désigné. Quant au Crédit mutuel, la construction du groupe EBRA est née de la volonté de M.Lucas, et nul ne sait s’il survivra àsondépart. La banque pourratoujours réaliser une confortable plusvalue si elle cède cet empire. Dans
En panne de croissance, les journaux gratuits lorgnent sur la province LA DÉCISION du tribunal administratif de Paris marque un coup dur pour le groupe Bolloré : le jugement en date du 5 novembre a enjoint à la RATP de retirer des couloirs du métro les présentoirs diffusant les quotidiens gratuits Direct Matin et Direct Soir à la suite d’une requête déposée par 20 minutes. Le tribunal demande qu’il soit mis un terme à « la convention d’occupation du domaine public », conclue le 30 novembre 2007 par la RATP avec la société Bolloré SA. La Régie a annoncé qu’elle allait faire appel de ce jugement. « La RATP est très attachée à la valorisation de ses espaces, qui lui permettent de bénéficier de revenus annexes », insiste un porte-parole. Ce jugement est une nouvelle péripétie dans la guerre à laquelle se livrent les trois principaux
Dernières nouvelles d’Alsace
L’Est républicain
Ouest France
effet une prime très forte au leader sur le secteur. « Les tarifs publicitaires sont fixés en fonction de l’audience», rappelle Nathalie Sonnac, directrice de l’Institut français de presse (IFP) et spécialiste de l’économie des médias. Aujourd’hui, d’après l’étude EPIQ (Etude d’audience de la presse d’information quotidienne réalisée par la société interprofessionnelle Audipresse), le quotidien 20 minutes arrive en tête, avec 2,7 millions de lecteurs chaque jour. Selon les chiffres de diffusion fournis par l’OJD, c’est le réseau Direct Ville Plus qui se place en première position, avec 801890 exemplaires diffusés chaque jour. Le marché parisien paraît d’ores et déjà saturé. « Si la mise en place augmente, les reliquats – c’est-à-dire sur la différence entre les exemplaires mis en place et
ceux diffusés – augmentent aussi, ce qui n’était pas le cas auparavant. Est-ce un signe de saturation ? On peut se poser la question. », constate Patrick Bartement, directeur de l’OJD. A terme, la presse quotidienne gratuite se sait menacée par l’apparition des supports numériques. Déjà, dans les transports parisiens, les voyageurs sont de plus en plus nombreux à consulter les informations sur leurs téléphones mobiles, bientôt sur leurs tablettes. Or, sur les supports numériques, les marques de presse traditionnelle comme Le Monde ou Le Figaro bénéficient de positions solidement établies. La stratégie des quotidiens gratuits consiste donc à conquérir le leadership sur leur secteur, avant le basculement vers le numérique. p X. T.
l’immédiat, comme le constate La Lettre A, le président du Crédit mutuel va devoir reconstituer un état-major après le départ de plusieursdirecteursdejournaux:JeanDominique Prétet a quitté L’Alsace et Jean Viansson-Ponté Le Bien public ; Gérard Colin va prendre sa retraite à L’Est républicain et HenriPierre Guilbert au Dauphiné. Ladeuxièmeincertitude concerne la situation difficile de la PQR et la nécessité de s’adapter à un environnement numérique. La diffusion des titres baisse régulièrement (– 2,5 % en 2009), tandis que les régionaux subissent l’effondrementdela pressegratuited’annonces. Ce phénomène a particulièrement touché les trois grands acteurs du marché : GHM avec la Comareg, qui est en dépôt de bilan, Ouest-France avec Spir, Sud-Ouest, qui vient de se défaire définitivement de son activité dans ce secteur avec S3G. Ces groupes doivent supporter aujourd’hui des frais de restructurationimportants. Sud-Ouest cherche un nouvel actionnaire pour se recapitaliser. « Des recompositions plus grandes sont à venir, prédit Jean-ClémentTexier, banquierspécialiste des médias. Le big bang capitalistique est pour demain, dans deux ou cinq ans. » On pourrait alors voir intervenir d’autres investisseurs intéressés par la proximité. Pourquoi pas des acteurs venus d’Internet ou de la téléphonie mobile ? p Xavier Ternisien
La ville de Clichy-sous-Bois, très pauvre mais bien notée par l’agence Moody’s
D
ans le marasme financier international, la nouvelle paraît incongrue : l’agence de notation Moody’s, celle-là même qui dégrade à tour de bras des pays européens comme, hier, la Grèce et, aujourd’hui, l’Irlande,
a, le 22 novembre, relevé la note financière de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Cette ville, l’une des plus pauvres de France, titre que se disputent d’ailleurs ses voisines Stains et Sevran, et dont le potentiel fiscal de 900euros par habitant est moitié moindre que celui des communes de même taille. Plus souvent citée dans les médias pour ses tensions sociales, ses voitures brûlées, ses échauffourées et ses copropriétés en faillite que pour sa solidité financière. Eh bien, sa note de dette à long terme est montée d’un cran, passant de A1 à Aa3, avec une perspective stable, soit l’équivalent du AA- chez les agences de notation Fitch Ratings ou Standard &Poor’s. Ce n’est pas encore le triple A, mais cela s’en approche, à trois échelons près.
Il est d’abord étonnant que Clichy-sous-Bois, avec ses 29 800 habitants, se soit fait noter. « J’ai entamé cette démarche en 2005 car j’en avais marre que l’on accuse de mauvaise gestion les villes de banlieue sous prétexte qu’elles sont pauvres », raconte Claude Dilain, maire (PS), élu et réélu depuis 1995. « Notre commune est pauvre à double titre : ses recettes très faibles et ses habitants très modestes. Le relèvement de notre notation par Moody’s souligne la qualité de notre gestion et, surtout, notre capacité à rembourser, ce qui nous donne accès à des crédits beaucoup moins cher. Nous avons même pu participer à un pool de collectivités qui se sont groupées pour émettre des obligations », se réjouit-il.
La ville revient de loin. En 1995, le préfet avait refusé le budget prévisionnel, jugé trop «insincère ». Aujourd’hui, l’endettement est maîtrisé, passé de 115 % des recettes, en 2004, à 71 %, bien en dessous des 78 % de moyenne nationale, avec une capacité d’épargne en hausse. « Nous avons fourni de gros efforts de gestion, nous n’avons pas cédé aux sirènes des prêts toxiques et nous prouvons qu’une ville pauvre doit être encore mieux gérée que les autres », conclut M. Dilain.
Budgets sous tension Seules quelques collectivités locales françaises, sur 40 000, font ainsi l’objet d’une notation: elles sont au nombre de dix par Moody’s, treize par Fitch Ratings et quatorze par Standard & Poor’s.
Parmi elles, les plus opulentes obtiennent facilement la meilleure note AAA, comme Paris, la région Ile-de-France, la région Rhône-Alpes, le département des Hauts-de-Seine ou le riche Etablissement public d’aménagement de la Défense (EPAD). D’autres sont un peu au-dessous, comme Lyon, la Picardie, Provence-Alpes-Côte d’Azur (AA). « A quelques exceptions près, comme le département
de l’Essonne, récemment dégradé, ou Clichy-sous-Bois, en hausse, les collectivités françaises conservent leur notation, alors que leurs budgets sont sous tension, avec la réforme de la taxe professionnelle qui réduit notamment la marge de manœuvre des régions et départements», constate Christian Parisot, chargé du secteur de la finance publique chez Fitch Ratings. p Isabelle Rey-Lefebvre
APPEL D’OFFRES - AVIS D’ENQUETE 01.49.04.01.85 - annonces@osp.fr L’Ambassade du Roy Royaume d’Ara d’Arabie Saoudite à Paris lance un appel d’offre pour l’entretien global du bâtiment et des bureaux de la Chancellerie et de la Résidence de l’Ambassadeur pour une durée de 5 ans. Pour tous renseignements, veuillez contacter l’Ambassade au 01.56.79.40.19
Economie 13
0123 Mardi 30 novembre 2010
Areva revoit entièrement la sécurité de ses salariés français au Niger Le général Jean-Michel Chéreau dirigera la protection du patrimoine et des personnes du groupe nucléaire. Le retour des expatriés est nécessaire à la mise en exploitation du site d’Imouraren
D
eux mois et demi après l’enlèvement au Niger de cinq Français, d’un Malgache et d’un Togolais par un commando d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Areva et Satom (groupe Vinci) n’ont toujours pas renvoyé d’expatriés sur les deux mines de Somaïret Cominak, qui continuent de produire et de traiter l’uranium. La question du retour des Français se pose aussi – et surtout – pour le site de la future mine d’Imouraren, renduau sableet au ventdu désert : le chantier, où s’activaient encore 720 personnes le 15 septembre, n’en compte plus que 135. Areva a mis à profit ces longues semaines pour repenser la sécurité au Niger. Anne Lauvergeon, présidente du directoire, a remplacé son « Monsieur sécurité », l’amiral Thierry d’Arbonneau. L’ancien chef de la Force océanique stratégique française est désormais chargé de l’étude des réacteurs nucléaires de petite puissance (dérivés de ceux des sous-marins). « Ce n’est pas une sanction, explique un dirigeant, mais il fallait renouveler l’équipe protection face aux nouveaux défis et aux nouvelles menaces. » C’est désormais le général JeanMichel Chéreau, ex-numéro deux du Renseignement militaire, qui pilote la Direction de la protection dupatrimoineetdespersonnesd’Areva. Au lendemain des enlève-
ments, Mme Lauvergeon avait aussi confié au général Christian Quesnot un audit de la sécurité au Niger. L’ancien chef d’état-major de François Mitterrand (1991-1995) doit faire des « recommandations » pour éviter que des incursions se reproduisent dans une région où les services secrets, notamment français etaméricains,étaientpourtantprésents.
Enorme enjeu Le plan sécurité mis au point par Areva et le gouvernement français est « prêt », indique un de ses dirigeants. La France en discute avec les autorités nigériennes, seules à disposer d’une force armée sur place. Elle était jusqu’à présent de 350 hommes et devrait être sensiblement renforcée. « Ce plan prend en compte ce qui s’est passé, mais aussi la possibilité d’actions encore plus graves», indique-on à Paris.
Le gouvernement ayant interdit tout retour des Français à Arlit (Nord), seule une poignée d’expatriés est restée à Niamey, la capitale nigérienne. « Une fois leur sécurité assurée,les expatriésreviendront, et sur la base du volontariat », prévient un porte-parole du groupe, sans donner de date. Cominak et Somaïr tournent aujourd’hui avec leurs 99 % d’ouvriers, de techniciens et d’ingénieurs nigériens, peu exposés à la menace d’AQMI. Mais le système de traitement du mineraimisaupointparAreva,lalixiviationentas, nécessiteratôtoutardla présence d’expatriés. Ces deux mines sont stratégiques pour Areva, où le groupe a extrait 2 300 tonnes d’uranium en 2009, soit 30 % de sa production mondiale. Et vitales pour le Niger : toute baisse de la production a un impact important pour l’un des payslesplus pauvres dumonde, où
Recapitalisation : les tractations de la dernière chance Le gouvernement mène des négociations intensives, depuis plusieurs jours, pour convaincre les candidats à l’augmentation de capital (15 %) d’Areva de confirmer leur engagement. On ignore si le japonais Mitsubishi Heavy Industries et le fonds souverain du Koweït (KIA) se maintiendront en cas de défection du fonds sou-
verain du Qatar (QIA). L’émirat était prêt à prendre la plus grosse part, mais il a posé des conditions de dernière minute qui ont compliqué le bouclage des offres et retardé leur examen par le conseil de surveillance d’Areva. Selon le Financial Times, Nicolas Sarkozy a rencontré, la semaine dernière à Paris, le premier ministre qatari.
la vente d’uranium représente 40 % des recettes de l’Etat. « Somaïr et Cominak ne posent pas les problèmes de sécurité les plus difficiles, car les sites ne sont pas immenses », reconnaît un dirigeant, dont l’inquiétude se porte davantage sur Imouraren. Sur ce terrain désertique de 200 km2, au nord d’Agadez, il faudra assurer la sécurité de 4 600 personnes en 2012,au pic des travaux de préparation de la mine. Pour Areva, qui vay investir 1,2 milliard d’euros, l’enjeu est énorme. La mine doit produire 5 000 tonnes par an dès 2014-2015, au moment où la demande en uranium commencera à s’envoler avec la mise en service de nouveaux réacteurs nucléaires. Notamment en Chine. Début novembre, lors de la visite en France du président chinois Hu Jintao, Areva a décroché un contrat de 2,5 milliards pour la livraison de 20 000tonnes d’uranium à la compagnie d’électricité CGNPC. Quelques jours plus tard, son grand rival canadien, Cameco, s’engageait à lui en livrer 16 000 tonnes. Ce n’est qu’un début… En 2020, la Chine en consommera 20 000 tonnes par an (un tiers de la demande mondiale actuelle), selon la World Nuclear Association. Sur l’échiquierdu nucléaire, le Niger resteun pays hautement stratégique.p Jean-Michel Bezat
Fiscalité
Les Suisses refusent de surtaxer les contribuables les plus fortunés Les électeurs suisses ont refusé, le 28novembre, la mise en place d’un seuil minimum d’impôt pour les plus riches, réclamé par le Parti socialiste en guerre contre la concurrence fiscale que jouent certains cantons pour attirer les grosses fortunes comme le champion de tennis Roger Federer qui a quitté Bâle pour Schwytz économisant ainsi 4 millions de francs suisses (3 millions d’euros). Selon les résultats définitifs, les 26 cantons helvétiques ont dit non à 58,5% à l’initiative du PS, baptisée « Pour des impôts équitables », contre 41,5 % de oui. Le parti de gauche réclamait l’instauration d’un seuil minimum de 22% d’impôt sur la tranche de revenu imposable (net) dépassant 250 000francs suisses pour une personne seule. L’initiative demandait aussi 0,5 % supplémentaire sur les grandes fortunes imposables de plus de 2 millions de francs. – (AFP.)
Finance
Le remboursement du prêt à la Grèce pourrait être étalé sur onzeans Poul Thomsen, représentant du Fonds monétaire international (FMI) à Athènes, a déclaré, dans un entretien publié dimanche 28 novembre par le journal grec Real News, que le Fonds avait « la possibilité d’allonger la période de remboursement de six à onze ans » du prêt de 110 milliards d’euros consenti à Grèce jusqu’en 2013. Evoqué à plusieurs reprises par les représentants du FMI – mais pas par ceux de l’Union européenne –, ce répit « enverrait aux marchés le message qu’ils ne doivent pas s’inquiéter pour le remboursement des 110 milliards d’euros et que cela n’affectera pas leurs crédits », selon M. Thomsen qui a évoqué comme autre option la mise en place d’un prêt relais. Il s’est dit confiant que « la Grèce pourra in fine retourner sur les marchés sans avoir besoin de restructurer sa dette ». – (AFP.) p
Dubaï World étudie la vente d’actifs pour payer sa dette Selon Mohammed al-Chaibani, chef de cabinet du souverain de Dubaï, qui s’exprimait dimanche 28 novembre, Dubai World étudie la possibilité de vendre une partie de son portefeuille de quelque 200 entreprises pour alléger une dette publique évaluée à 100 milliards de dollars. Parmi ces actifs, Dubai World détient la compagnie aérienne Emirates et DP World, quatrième opérateur mondial de conteneurs. – (AFP.)
Le prix du livre d’économie 2010 décerné à Marc Roche Le prix du livre d’économie 2010 a été décerné à notre collaborateur Marc Roche pour son ouvrage La Banque (éditions Albin Michel). Le prix récompense depuis 1999 un ouvrage à valeur pédagogique qui favorise l’analyse et la réflexion et contribue à revaloriser le discours et la pensée économique, sociale et politique.
Bernard Fornas: «Cartier peut potentiellement être présent dans 40 villes en Chine» LePDG du premierjoaillier mondial détailleune stratégied’implantation internationale«complémentaire»de cellede son concurrentLouisVuitton Entretien
F
iliale de Richemont, le numéro deux mondial du luxe, Cartier, présent dans 50 pays, ouvre son 300e point de vente et son 9e à Hongkong. Bernard Fornas, son PDG depuis 2002, détaille la stratégie du groupe, notamment en Chine, un marché en pleine expansion. Richemont a publié d’excellents résultats au premier semestre 2010 (+ 33 % pour le chiffre d’affaires, à 3,3 milliards d’euros, et + 87 % de bénéfices nets, à 644 millions d’euros). Pour les analystes, Cartier représente les trois quarts des profits et 65 % du chiffre d’affaires de sa maison mère. Qu’en est-il ?
Richemont ne détaille pas les résultats par marques. Tout ce que je peux dire c’est que Cartier est à Richemont ce que Louis Vuitton est à LVMH. C’est-à-dire le vaisseau amiral du groupe. Comment avez-vous investi en Chine ?
Cartier y a été l’un des pionniers, en 1992, mais nous avons dû fermer six ans plus tard. Le pays n’était pas mûr du tout. Nous avons rouvert en 2000 et 2001, à Pékin et Shanghaï. Aujourd’hui, notre réseau compte trente-sept magasins. Nous avons réalisé ce
les plus reconnues. Une fois la criseterminée, elles sont sorties encore plus fortes. Je crois dur comme fer à ce dicton anglais : Don’t spoil a good crisis (« ne gâchez pas une bonne crise ») ! Le luxe en connaît une presque tous les dix ans : 1981, 1992, 2001, 2010… Onnous a proposé de vendre dans des hôtels. J’ai refusé pour ne pas diluer l’image du groupe. J’ai préservé le savoirfaire, poursuivi les commandes des ateliers sous-traitants, refusé de licencier. Une crise force à être réactif, flexible – réduire les cadences très vite, pour adapter le stock et préserver ses liquidités… Nous avons travaillé pour obtenir un délai de fabrication le plus court possible et mettre en place un réassort hebdomadaire dans toutes nos boutiques. Simplement parce que si le produit n’est pas là, dans 50 % des cas, la vente ne se fait pas.
chemin au galop, pour devenir le premier joaillier en Chine, présent dans vingt-deux villes. Lors de mon dernier voyage, je suisallédansdix-neufvillesenhuit jours,depuisHarbinenMandchourie, Hohhot [Mongolie-Intérieure], à Hangzhou, où l’on trouve la plus grande concentration mondiale de voitures de luxe. Il y a potentiellement quarante villes où l’on peut être présent en Chine. De plus, ce que Cartier a semé sur le territoire chinois, il le récolte avec les 75 millions de touristes Chinois qui voyagent dans le monde entier. Contrairement à Louis Vuitton, vous n’êtes pas installé à OulanBator, en Mongolie. Pourquoi ?
Avec Vuitton, nous sommes très complémentaires. C’est une marque « trafic » [qui vise un public plus large] alors que Cartier est plus élitiste. En raison du développement pionnier de ces deux marques, nous sommes, en général, présents dans le monde aux mêmesendroits.Aquelquesexceptions près. Comme à Oulan-Bator, où nous considérons qu’il n’y a pas assez d’argent pour nous. A Almaty,auKazakhstan,ouàBakou (Azerbaïdjan), c’est l’inverse, il y a peu de « trafic » mais beaucoup d’argent. Vuitton n’y est pas, nous y sommes. En réalité, nous n’avons pas les mêmes clients. Le prix d’achat
TH.DUDOIT/REA
moyen de Vuitton est compris entre 500 et 700 euros, le nôtre est bien plus élevé : il faut compter entre 3 000 et 4 000 euros pour une montre. Pourquoi êtes-vous si peu présents au Brésil ou en Inde ?
Ce sont des pays riches, avec des développements économiques rapides mais l’existence de taxes
douanières élevées nous ferme quelque peu ces deux pays. En Inde, Cartier bénéficie d’une image incroyable mais une montre y coûte 50 % de plus qu’à Dubaï. Un Indien l’achète donc quand il voyage. Au Brésil, c’est la même situation. Quand le niveau des taxes baissera à moins de 15 %, nous irons massivement.
Un hors-série anniversaire Portrait «De gaulle ou la métamorphose», par Dominique de Villepin
Textes choisis Ses principaux textes et discours
Débats Des textes de référence signés par François Mitterrand, Pierre Mendès France, Raymond Aron
124 PAGES - 6,50 - EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX
Hommages Henry Kissinger, Shimon Perès, François Mauriac
Que représentent les ventes en ligne ?
Rien du tout. Elles ont démarré au Japon et aux Etats-Unis, mais les clients ont envie de toucher et d’essayer dans nos magasins. Les ateliers ont-ils repris leurs cadences d’avant la crise ?
Pendant la crise, les achats se sont poursuivis chez les marques
Allez-vous délocaliser la production ?
A 99,9 %, notre fabrication est faite en France pour la joaillerie et en Suisse pour l’horlogerie. Il n’y a pas de raison que cela change. Nous avons une avance sur la qualité, la fiabilité, même les prix. Fabriquer un remontoir en Chine n’aurait pas de sens. Dans trente ans, on verra, je n’en sais rien. p Propos recueillis par Nicole Vulser
EN PARTENARIAT AVEC
14 Economie Le point de vue des chroniqueurs de l’agence économique
Reuters Breakingviews Les algues, symboles de l’inflation galopante en Chine
S
’il fallait encore démontrer que l’économie chinoise est en plein dérapage, l’emballement du marché des algues en est indiscutablement la preuve. Après la folie déjà observée sur les prix de l’ail et du haricot vert, l’inflation sur les produits alimentaires se poursuit, avec une hausse de 20% du prix des algues au cours de l’année écoulée. Séchées, les algues constituent un ingrédient de base pour la soupe dans le nord de l’Asie, tandis que, rôties, elles connaissent une popularité croissante qui va de pair avec celle des sushis. Des facteurs non financiers comme les typhons et une température trop douce ont frappé de plein fouet la production et fortement limité l’offre d’algues cette année. Mais ces facteurs n’expliquent pas à eux seuls l’essor des prix. Le développement économique général de la Chine nuit à celui de son algoculture. Dans de nombreuses zones côtières, là où elle se pratique, les surfaces sont réaménagées pour construire des ports, des logements ou des centrales nucléaires. L’inflation immobilière fait que les lieux de commercialisation des algues que sont les marchés et les supermarchés de rue doivent payer des loyers de plus en plus élevés. Par ailleurs, la progression rapide des salaires a alourdi les coûts de production pour toutes les cultures qui requièrent beaucoup de main-d’œuvre. Cette année, le salaire minimum a augmenté de 15% dans les grandes villes. Comme l’exode rural se poursuit, les paysans qui restent gagnent du poids dans les négociations. C’est ainsi que, selon le courtier CICC, le coût du ramassage des tomates a bondi de 25 % en août et en septembre, entraînant une hausse
spectaculaire de 50% du prix du légume pendant cette période. La spéculation a aussi joué son rôle, du moins si l’on en croit le gouvernement. Les algues séchées se conservant très longtemps, il est facile de les stocker et d’attendre que leur valeur monte. La Commission pour le développement national et la réforme l’a bien dit le 24 novembre : c’est ce genre de tactique agressive qui a contribué à la hausse des prix alimentaires sur le marché national. On pourrait penser qu’il s’agit là d’un phénomène d’inflation sur les produits alimentaires spécifiques à la Chine. Mais la hausse des prix dans le pays est en train de
Les algues séchées se conservant très longtemps, il est facile de les stocker et d’attendre que leur valeur monte s’exporter à toute l’économie mondiale. Sur le marché des matières premières de Zhengzhou, le prix du coton chinois a augmenté de 18% en octobre, ce qui a provoqué le même mois une hausse de 25% du contrat de référence à New York. Il a été décidé dès novembre de durcir la réglementation sur les réserves obligatoires des banques et d’instaurer un dispositif de contrôle sur les prix alimentaires. Aussi, lorsqu’on voit que l’ascension fulgurante des prix concerne jusqu’aux algues, on se dit qu’il est grand temps que le gouvernement se mobilise plus franchement pour s’attaquer à la surchauffe de l’économie chinoise. p Wei Gu (Traduction de Christine Lahuec)
M.Zapaterodoits’inspirer desgrandesentreprisesdesonpays
S
amedi 27 novembre, le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a réuni les patrons de 37grandes sociétés du pays dans le but de leur demander de participer au redressement de l’économie. On pourrait vite conclure à une énième opération de communication, mais M. Zapatero avait de nombreuses choses à apprendre des grandes entreprises espagnoles.
Lors des neuf premiers mois de l’année, les bénéfices nets des sociétés de l’IBEX 35 ont progressé de 20% En effet, nombre d’entre elles avaient abusé du crédit pour se livrer à une orgie d’acquisitions coûteuses au plus haut du marché. Mais après deux années très difficiles, la plupart d’entre elles ont remis de l’ordre dans leurs comptes, non sans souffrances. Une analyse de la banque suisse UBS prévoit que le ratio entre l’endettement net et l’excédent brut d’exploitation des sociétés espagnoles cotées en Bourse va tomber de 3,3 en 2009 à 2,7 en 2011. Un niveau certes élevé, mais tout de même en régression. Ce désendettement a été en partie rendu possible par le retour à une meilleure rentabilité. Les marges avaient diminué en 2008 et en 2009; mais lors des neuf premiers mois de l’année, les bénéfices nets des sociétés de l’IBEX 35, l’indice phare de la Bourse de Madrid, ont progressé de quelque 20 %, selon diverses estimations. Et plus du
tiers des gains réalisés par ces entreprises proviennent d’activités à l’étranger, en Amérique latine notamment, mais aussi en Europe. Il faut bien reconnaître que c’est précisément parce que le secteur privé a cherché à se désendetter que l’Etat – dont le budget était encore excédentaire en 2006 et 2007, avant la crise – a dû emprunter, pour relancer l’économie. Mais les entreprises espagnoles se sont néanmoins montrées capables de prendre des décisions douloureuses. Les grands groupes du bâtiment ont cédé une partie de leurs actifs de valeur. C’est le cas d’ACS, de Ferrovial ou de Sacyr, dont la dette devrait se stabiliser. Pour d’autres, le bilan de santé est meilleur. Inditex, propriétaire de la chaîne de vêtements Zara, a vu ses bénéfices bondir de 68 % au cours du premier semestre, tandis que le pétrolier Repsol a augmenté ses dividendes. D’autres encore, comme l’opérateur de télécommunications Telefonica ou les banques Santander et BBVA, peuvent se permettre d’envisager à nouveau des acquisitions. Les commentateurs ont raison de souligner que les grandes entreprises sont loin d’être représentatives de l’économie espagnole, qui compte une myriade de petites sociétés peu efficaces. Mais ces grandes entreprises sont en général bien gérées, habituées à composer avec les caprices du marché, et bien classées dans de nombreux secteurs. M. Zapatero ne peut que gagner à les écouter. p Fiona Maharg Bravo (Traduction de Christine Lahuec)
n Sur Breakingviews.com Plus de commentaires sur l’actualité économique et financière.
0123 Mardi 30 novembre 2010
LefondsKKRprendpieddansleflorissant secteurdesalimentspouranimaux Les pays émergents offrent de nouvelles opportunités à ce marché de 43,4milliards d’euros
E
n prenantle contrôle dugroupe américain Del Monte (Le Monde du 27 novembre) pour5,3milliardsdedollars,lepuissant fonds KKR, associé dans cette opération à d’autres investisseurs, s’est emparé du numéro cinq de la nourriture pour animaux aux Etats-Unis. Egalement présent dans les conserves de fruits et légumes, Del Monte était arrivé sur ce marché en 2002, en rachetant la divisionanimaledesoncompatrioteHeinz, riche de marques plébiscitées par les Américains, comme 9 Lives, Kibbles’n’Bits, Pup-Peroni, ou Snausages and Pounce. En 2006, Del Monte avait racheté Meow Mix (nourriture pour chats) et de Milk-Bone (nourriture pour chiens) à l’américain Kraft. KKR n’a pas révélé ses ambitions pour ce secteur, mais les observateurs n’ont aucun doute: l’internationalisation des marques de nourriture pour animaux dans les marchés émergents – en Amérique latine notamment – pourrait donner unsurcroît dedynamisme àun secteur déjà très porteur.
Au niveau mondial, la nourriture pour animaux va représenter en 2010, selon les statistiques du cabinet Euromonitor International, un marché total de 43,4 milliards d’euros : 25 milliards d’euros pour les chiens, 15,4 milliards pour les chats, et 2 milliards pour les canaris, tortues, et poissons rouges. Ce marché, réparti principalement entre l’Europe (15,2 milliards d’euros) et les Etats Unis (13,3 milliards), est tenu en main par quelques multinationales, principalement américaines, Nestlé étant le seul européen à y jouer un rôle significatif. Le leader mondial est l’américain Mars (Royal Canin), mais il ne distingue pas son chiffre d’affaires nourriture pour animaux du reste de son activité. Les trois autres challengers – le suisse Nestlé (Purina), ainsi que les américains Colgate-Palmolive (Hill’s Pet Food) et Procter & Gamble (Lams) – représentent ensemble 37,5 % du marché mondial. Sur un marché en croissance de
6 % cette année, la stratégie de Nestlé semble avoir étéplus payante (+ 8 % sur les neuf premiers mois de l’année) que celles de ses concurrents (3 % pour Procter &Gamble et stabilisation pour Colgate-Palmolive). L’explication tient au fait que Nestlé distribue au moins un tiers de ses produits dans des circuits de vente spécialisés, ce qui compense les fortes pressions exercées par la grande distribution sur ses prix.
Produits « premium » Contrairementà certains américains qui tentent de séduire par d’importantes baisses de prix, Nestlé « conseille » ses produits animaux comme s’il s’adressait à des aidants en charge des personnes âgées : « prendre soin de votre animal vieillissant », « nourrir votre chat âgé », peut-on lire sur le site britannique de l’entreprise suisse. Selon Emily Woon, chef de la division nourriture animal d’Euromonitor International, le marché se scinde en réalité en deux : les
produits « premium » plus chers – bio par exemple –, qui progressent davantage que ceux bon marché. Une tendance portée notamment par des personnes âgées qui semblent prêtes à payer plus cher pour des produits de qualité, qui préviennent par exemple l’obésité. « Les consommateurs continuent de dépenser en priorité pour leurs enfants et leurs animaux », indique une étude d’Euromonitor. Sur le marché américain, la tentative de l’administration Obama de rendre moins floue la labellisation des produits « bio » pour animaux – 10 % du marché américain – a provoqué un tollé. Les PME vivant de ce créneau en expansion rapide ont affirmé qu’on cherchait à les pousser à la faillite, alors que l’administration voulait surtout réduire le flou des publicités sur le caractèrebio des produits. Un recadrage d’autant plus nécessaire que les personnes âgées dépensent beaucoup pour leurs animaux, quitte à réduire les dépenses pour elles-mêmes.p Yves Mamou
La vie des entreprises Chimie BASF veut investir plus de 2 milliards d’euros en Asie d’ici 2014 Le numéro un mondial de la chimie, l’allemand BASF, prévoit d’investir d’ici 2014 « plus de 2 milliards d’euros » sur ses sites en Asie, dont plus de la moitié en Chine, révèle dans un entretien au Financial Times du lundi 29 novembre, Martin Brüdermüller, membre du directoire de BASF et directeur AsiePacifique du groupe. BASF possède déjà une centaine de sites de production en Asie. Sur les neuf premiers mois de 2010, la région a représenté 23 % des ventes de la division chimie du groupe, sur un total de près de 40 milliards d’euros. La moitié de ses ventes en Asie provient de la Chine, qui est devenue son troisième marché mondial. – (AFP.)
Aérien Qantas remet en service un A380 La compagnie aérienne australienne Qantas a remis en service, samedi 27 novembre, un de ses
Transport routier
Norbert Dentressangle achète le britannique TDG Norbert Dentressangle (transport et logistique) a annoncé, lundi 29 novembre, l’acquisition du britannique TDG pour 235 millions d’euros. Le nouvel ensemble, qui représente un chiffre d’affaires annuel de 3,6 milliards d’euros dont 57 % réalisés hors de France, doit permettre au groupe « d’atteindre la taille critique dans le métier du freight forwarding » (transitaire). A l’issue de cette opération, en partie réalisée grâce à « des lignes de financement déjà disponibles », le groupe français « estime que son niveau d’endettement sera raisonnable ». Celui-ci atteignait 111 % des fonds propres en 2009. L’acquisition de TDG (6 222 salariés, 840 millions d’euros de chiffre d’affaires) sera finalisée mi-janvier 2011, mais reste soumise à l’aval des autorités européennes. p Airbus A380 immobilisés le 4 novembre à la suite d’une grave avarie d’un des moteurs Rolls-Royce survenue en plein vol. L’enquête a révélé des problèmes sur 16 des 24 moteurs – quatre par appareil – de sa flotte de six A380. Ces moteurs devraient être remplacés ou modifiés. Le programme de livraisons se poursuit. Qantas recevra d’Airbus deux nouveaux appareils équipés de moteurs Rolls-Royce
Marchés
Musique Bertelsmann va racheter Chrysalis La maison de disque BMG, filiale du groupe allemand Bertelsmann, est en passe de racheter sa concurrente britannique Chrysalis, dont le catalogue va de Blondie à Portishead en passant par David Bowie. BMG, associé au fonds d’investissement KKR, a
Publicité Publicis acquiert trois agences en Roumanie Le groupe publicitaire Publicis a annoncé, lundi 29 novembre, l’acquisition en Roumanie de trois agences partenaires de l’entreprise française depuis quinze ans. Le montant de la transaction n’a pas été précisé. Ces agences – Publicis Roumanie, Focus Advertising et Publicis Event – emploient au total 75 personnes et seront regroupées au sein d’une entité baptisée Grupul Publicis Communications Services Bucarest.
Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr
LES BOURSES DANS LE MONDE 29/11, 10h05
VALEURS DU CAC40 Lundi 29 novembre 9h45 Valeur
d’ici à la fin 2010 et deux autres début 2011. – (AFP.)
offert en tout 107 millions de livres sterling (126 millions d’euros) aux actionnaires de la maison de disques britannique, soit 160 pence par titre détenu, une offre recommandée par la direction de Chrysalis. Pour le patron de BMG, Hartwig Masuch, cette acquisition « n’est pas seulement une question de synergies ou d’intégration. C’est également (…) une opportunité de rattraper les quatre majors », Universal, Sony, Warner et EMI. – (AFP.)
Pays
Dernier cours
Cours préc.
ACCOR .........................◗ 33,73 AIR LIQUIDE .......................◗ 93,01 ALCATEL-LUCENT ...........◗ 2,16 ALSTOM ............................◗ 31,72 ARCELORMITTAL................ 24,55 AXA ....................................◗ 12,10 BNP PARIBAS ACT.A ........◗ 49,52 BOUYGUES .......................◗ 31,77 CAP GEMINI ......................◗ 33,49 CARREFOUR .....................◗ 36,70 CREDIT AGRICOLE ............◗ 10,32 DANONE ............................◗ 46,13 17,40 EADS ...................................◗ EDF ......................................◗ 32,62 ESSILOR INTL ....................◗ 47,76 FRANCE TELECOM ............◗ 16,24 GDF SUEZ ...........................◗ 26,71 LAFARGE ...........................◗ 43,91 L’OREAL ............................◗ 84,81 LVMH MOET HEN. ............◗ 121,30 MICHELIN...........................◗ 54,34 NATIXIS ..............................◗ 3,71 PERNOD RICARD...............◗ 64,35 PEUGEOT............................◗ 30,68 PPR .....................................◗ 126,00 PUBLICIS GROUPE ...........◗ 34,87 RENAULT............................◗ 43,49 SAINT-GOBAIN..................◗ 36,55 SANOFI-AVENTIS .............◗ 48,75 SCHNEIDER ELECTRIC .....◗ 111,15 SOCIETE GENERALE .........◗ 39,12 STMICROELECTR. .............◗ 7,07 SUEZ ENV. ..........................◗ 13,98 TECHNIP.............................◗ 62,19 TOTAL .................................◗ 38,15 UNIBAIL-RODAMCO ........◗ 138,90 VALLOUREC .......................◗ 76,28 VEOLIA ENVIRON. .............◗ 21,09 VINCI...................................◗ 39,79 VIVENDI ..............................◗ 19,72
33,66 92,32 2,12 31,82 24,02 11,88 48,73 31,55 33,48 36,42 10,06 45,77 17,46 32,58 47,91 16,18 26,46 43,42 84,66 119,15 54,10 3,65 64,00 30,43 124,80 34,72 42,99 35,99 48,42 109,45 38,41 6,96 13,98 61,89 37,73 137,65 75,95 21,02 39,17 19,45
% var. /préc.
% var. 31/12
Plus haut
Plus bas
0,21 28,92 0,75 19,68 1,55 -9,40 -0,33 -35,34 2,23 -23,71 1,81 -26,84 1,62 -11,40 0,68 -12,78 0,03 4,77 0,76 9,34 2,58 -16,50 0,79 7,72 -0,34 23,54 0,14 -21,51 -0,31 14,38 0,34 -6,83 0,94 -11,79 1,14 -24,04 0,18 8,73 1,80 54,76 0,44 4,99 1,81 4,65 0,55 7,41 0,80 29,64 0,96 49,57 0,45 22,35 1,15 20,14 1,56 -3,98 0,68 -11,46 1,55 35,91 1,85 -20,08 1,57 9,99 0,04 -13,27 0,48 25,89 1,10 -15,23 0,91 -9,63 0,43 20,08 0,36 -8,80 1,57 0,81 1,39 -5,17
33,80 96,93 2,70 55,14 35,45 17,60 60,38 40,56 40,30 41,28 13,78 47,95 19,70 42,84 51,17 17,92 30,77 63,00 88,00 121,60 64,49 4,90 68,64 32,15 126,05 37,61 44,90 40,28 58,90 113,75 53,12 8,08 17,86 65,90 46,73 167,00 81,61 26,49 44,98 21,47
22,25 70,59 1,83 31,54 21,33 11,51 40,81 30,40 30,20 31,81 7,87 39,34 13,29 30,14 40,84 14,01 22,64 35,57 70,90 74,19 48,12 3,06 54,89 17,92 81,00 27,66 26,56 27,81 44,01 72,00 29,70 5,16 12,46 45,14 35,66 119,85 60,35 17,96 33,01 16,18
Divid. net
1,05 2,25 0,16 1,24 0,16 0,55 1,50 1,60 0,80 1,08 0,45 1,20 0,17 0,60 0,70 0,60 0,83 2,00 1,50 0,70 1,00 0,45 0,73 1,50 3,30 0,60 3,80 1,00 2,40 2,05 0,25 0,06 0,65 1,35 1,14 20,00 3,50 1,21 1,10 1,40
T T T T S T T T T T T T T S T A A T T A T T S T T T T T T T T A S T A D T T S T
Code ISIN
FR0000120404 FR0000120073 FR0000130007 FR0010220475 LU0323134006 FR0000120628 FR0000131104 FR0000120503 FR0000125338 FR0000120172 FR0000045072 FR0000120644 NL0000235190 FR0010242511 FR0000121667 FR0000133308 FR0010208488 FR0000120537 FR0000120321 FR0000121014 FR0000121261 FR0000120685 FR0000120693 FR0000121501 FR0000121485 FR0000130577 FR0000131906 FR0000125007 FR0000120578 FR0000121972 FR0000130809 NL0000226223 FR0010613471 FR0000131708 FR0000120271 FR0000124711 FR0000120354 FR0000124141 FR0000125486 FR0000127771
Cours en euros. ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2010. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.
Indice
Dernier cours
% var.
Maxi 2010
Mini 2010
PER
CAC 40
3756,64 29/11
0,75
4088,18 11/1
3287,57 25/5
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DAX Index
6885,24 29/11
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12,20
ROYAUME UNI
FTSE 100 index
5703,37 29/11
0,61
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4790,04 1/7
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ETATS-UNIS
Dow Jones ind. 11092,00 26/11
-0,85
11451,53 5/11
9614,32 2/7
12,20
FRANCE ALLEMAGNE
Nasdaq composite JAPON
2534,56 26/11
-0,34
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Nikkei 225 10125,99 29/11
0,86
11408,17 5/4
8796,45 1/9
16,60
PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.
(Publicité)
SICAV ET FCP SÉLECTION publiée sous la responsabilité de l'émetteur Dernier cours connu le 29/11 à 9h Valeur
Multi-promoteurs CM-CIC EUROPE
Cours en euro
date valeur
ECUREUIL BENEFICESRESPONSABLES 38,65 ECUREUIL ACTIONS EUROPEENNES C 16,28 ECUREUIL CAPIPREMIERE C 2879,39 ECUREUIL OBLI CAPI C 61,11 ECUREUIL PROFIL 90 D 33,44 ECUREUIL PROFIL 75 D 37,78 ECUREUIL EURIBOR 1261,94 ECUREUIL EXPANSION C 18491,45 ECUREUIL INVESTISSEMENT D 43,86 ECUREUIL MONEPREMIERE C 2386,03 ECUREUIL SECURIPREMIERE C 2608,87 ECUREUIL TRESORERIE C 66,97 ECUREUIL OBLI EURO D 263,59 ECUREUIL MONEPREM.INSTC 117517,19
25/11 25/11 25/11 25/11 25/11 25/11 28/11 28/11 25/11 28/11 25/11 28/11 25/11 28/11
Fonds communs de placements
23,80 25/11
Fonds communs de placements CM-CIC EURO ACTS C CM-CIC SELECT.PEA CM-CIC MID EUROPE CM-CIC TEMPERE C CM-CIC DYN.EUROPE CM-CIC FRANCE C CM-CIC EQUILIBRE C CM-CIC DYN.INTERN. CM-CIC OBLI C.T.D CM-CIC MID FRANCE
19,48 7,63 20,60 170,57 33,52 32,14 71,98 27,44 135,21 32,08
25/11 25/11 25/11 25/11 25/11 25/11 25/11 25/11 26/11 25/11
Fonds communs de placements CM-CIC DYN.INTERN. 27,44 25/11 CM-CIC OBLI C.T.D 135,21 26/11 CM-CIC OBLIGATIOND 26,25 26/11 CM-CIC MID FRANCE 32,08 25/11 CM-CIC PLANBOURSEC 18,60 25/11 CM-CIC TEMPERE C 170,57 25/11 CM-CIC EURO ACTS C 19,48 25/11 CM-CIC FRANCE C 32,14 25/11 .......................................................................................
WikiLeaks Décryptages 15
0123 Mardi 30 novembre 2010
Le site WikiLeaks a mis à la disposition de cinq journaux internationaux, dont «Le Monde», plus de 250000 télégrammes diplomatiques américains
Pourquoi et comment publier ces documents? Sylvie Kauffmann
P
our la deuxième fois, Le Monde publie, à partir de dimanche 28 novembre sur son site Lemonde.fr et à partir du lundi 29 novembre dans le quotidien, des informations tirées de documents officiels secrets américains, misà sa disposition par le site WikiLeaks. WikiLeaks est une organisation informelle créée, en 2006, par un apôtre de la transparence intégrale, l’Australien Julian Assange, dans le but de rendre publics sur Internet des documents officiels qui n’étaient pas destinés à le devenir. En octobre, nous avons rejoint trois journaux, le New York Times, le britannique The Guardian et l’allemand Der Spiegel, déjà partenaires de WikiLeaks dans la diffusion d’une première vague de documents militaires américains sur l’Afghanistan, en juillet, pour pouvoir analyser par nous-mêmes une nouvelle masse de documents du Pentagone livrés à WikiLeaks, cette fois sur l’Irak, et offrir aux lecteurs francophones notre propre expertise. Les documents dont nous commençons le compte rendu aujourd’hui, toujours avec les trois organes de presse précédemment cités, plus, cette fois, l’espagnol El Pais, sont d’une autre nature, et d’une dimension sans précédent : il s’agit de quelque 250 000 télégrammes diplomatiques améri-
cains, c’est-à-dire de la correspondance échangée entre le département d’Etat à Washington et ses ambassades, pour l’essentiel entre 2004 et 2010. Les représentants du départementd’Etat ontpris contactcesderniers jours avec de nombreux gouvernementsétrangers pour les prévenir des révélations à attendre et les mettre en garde contre tout impact négatif. Pour l’administration américaine, la publication de ces documents par WikiLeaks est « illégale », elle met en danger « d’innombrables » vies, menace les efforts antiterroristes et nuit aux relations des Etats-Unis avec leurs alliés.
Transparence et discernement ne sont pas incompatibles La plupart des pays démocratiques déclassifient leur correspondance diplomatique au bout d’un certain nombre d’années, en ouvrant leurs archives. Dans le cas de ces documents WikiLeaks, la déclassification est quasiment immédiate et se fait contre la volonté du pays concerné. Il est clair que la divulgation des télégrammesdiplomatiques confidentiels d’une puissance comme les Etats-Unis, qui est au cœur de tous les sujets majeurs des relations internationales, et l’étalage
d’entretiens et de conversations tenus en toute confiance car ils ne devaient pas être connus du grand public avant trente ou quarante ans ne peuvent être anodins ; c’est une dimension de l’action de WikiLeaks que nous avons évidemment mesurée. Mais, à partir du moment où cette masse de documents a été transmise, même illégalement, à WikiLeaks, et qu’elle risque donc de tomber à tout instant dans le domaine public, Le Monde a considéré qu’il relevait de sa mission de prendre connaissance de ces documents, d’en faire une analysejournalistique,et dela mettre à la disposition de ses lecteurs. Informer, cependant, n’interdit pas d’agir avec responsabilité. Transparence et discernement ne sont pas incompatibles – et c’est sans doute ce qui nous distingue de la stratégie de fond de WikiLeaks. Les cinq journaux partenaires ont travaillé sur les mêmes documents bruts, et celui qui est en première ligne, le New York Times, a informé les autorités américaines des télégrammes qu’il comptait utiliser, leur proposant de lui soumettre les préoccupations qu’elles pourraient avoir en termes de sécurité. En commun, les cinq journaux ont soigneusement édité les textes bruts utilisés afin d’en retirer tous les noms et indices dont la divulgation pourrait entraîner des risques pour des personnes physiques. Le Monde a aussi offert aux responsables américains de faire valoir leur
Hillary Clinton, secrétaire d’Etat, au Capitole, à Washington. JIM LO SCALZO/EPA point de vue dans ses colonnes : c’est à ce titre que nous publions une tribune de l’ambassadeur des Etats-Unis en France en pages Débats. Enfin, ce n’est pas un hasard si ces nouvelles révélations émanent
des Etats-Unis, le pays le plus avancé technologiquement et, d’une certaine manière, la société la plus transparente, plutôt que de Chine ou de Russie. Par sa nature ouverte, une puissance démocratique s’exposeà plusd’intrusions qu’unpou-
voir fermé ou opaque. C’est des Etats-Unis qu’est partie la révolution Internet, c’est là aussi que vit la tradition des « whistleblowers », ces « sonneurs d’alarme » de la société civile. Et WikiLeaks le sait mieux que personne. p
Dans les coulisses de la diplomatie américaine Les mémos concernent tous les pays de la planète. Nicolas Sarkozy, la France et sa diplomatie y font l’objet d’une attention particulière
L
e site spécialisé dans la diffusion de documents officiels WikiLeaks a reçu 250 000 télégrammes diplomatiques, venus du département d’Etat à Washington et de 270 ambassades et consulats américains dans le monde. Cinq journaux ont, depuis des semaines, lu et analysé ces télégrammes, le New York Times aux Etats-Unis, le Guardian en Grande-Bretagne, Der Spiegel en Allemagne, El Pais en Espagne, et Le Monde en France. Après la diffusion par WikiLeaks de rapports militaires du Pentagone sur les guerres d’Afghanistan en juillet, puis d’Irak en octobre, cette fuite de câbles diplomatiques est un troisième revers pour l’administration américaine. Et il est, pour les Etats-Unis, beaucoup plus grave, car il n’implique pas uniquement, cette fois, leur armée. C’est, à travers les télégrammes du département d’Etat, toute ladiplomatiemondiale quise trouve en partie dévoilée. Environ 90 % des télégrammes diplomatiquescouvrent une période allant de 2004 à mars 2010 (les autres remontent jusqu’en 1966). Legouvernement américain a définitrois principaux niveaux declassification pour ses documents offi-
ciels : « Top Secret », « Secret » et « Confidentiel ». Les 251 287 télégrammes étudiés par Le Monde sont classifiés « Secret » (16 652 « mémos ») et « Confidentiel », ou sont « non classifiés ». Il manque donc les télégrammes « Top Secret » du département d’Etat. Il n’y a par ailleurs dans ce dossier aucun document militaire ni des services de renseignements. Cent vingt journalistes de cinq pays ont étudié les télégrammes, partagés informations et expertises. Ils ont aussi décidé des sujets qu’ils ne traiteraient pas, parce que les sources citées ne leur paraissaient pas suffisamment fiables. Une telle coopération entre cinq médias est du jamais-vu de mémoire de journaliste. Les journaux ont aussi établi des listes communes de personnes à protéger, notamment dans les pays dictatoriaux ou en guerre. Toutes les identités de personnes dont ils estiment qu’elles seraient menacées ont été masquées. WikiLeaks a accepté de ne pas diffuser dans l’immédiat les 250 000 télégrammes. Seuls les mémos ayant servi à la rédaction des articles des cinq journauxseront, aprèsprotection des identités, publiés. Les journaux ont prévenu
Washington de la publication d’articles faisant référence aux télégrammes du département d’Etat. Les diplomates américains, au-delà de leurs craintes de révélations embarrassantes pour les Etats-Unis, ont indiqué que la fuite de documents allait changer leur manière de travailler : « C’est un revers historique pour la diplomatie américaine », « nous ne ferons plus jamais de la diplomatie comme avant », sont leurs premières
Les journaux ont établi des listes de personnes à protéger, notamment dans les pays dictatoriaux ou en guerre réactions. Après ce problème majeur de sécurité des documents du département d’Etat, toute personne franchissant la porte d’une ambassadede la première puissance mondiale pour un entretien «confidentiel» va, sans aucun doute, redoubler de prudence. Les cinq journaux vont publier, ces prochains jours, des dizaines d’articles sur les coulisses de la
diplomatie américaine, et sur les pays avec lesquels les Etats-Unis sont en contact. Les thèmes sont avant tout diplomatiques et politiques. Les relations des Etats-Unis avec l’Europe, la Russie, la Chine et les pays du Moyen-Orient sont longuement évoquées. L’Afghanistan et l’Irak, les deux pays où l’Amérique est en guerre, sont très présents. Le terrorisme djihadiste et la prolifération nucléaire sont des sujets permanents. Les cinq journaux ouvrent le dossier des télégrammes du département d’Etat par un dossier sur l’Iran et la menace nucléaire, notamment sur l’attitude d’Israël et des pays arabes du Golfe, qui encouragent les Etats-Unis à adopter la ligne la plus dure possible envers Téhéran. D’autres « mémos » révèlent à quel point les diplomates américains sont encouragés à faire de l’espionnage. Un télégramme adressé à la mission américaine à l’ONU leur donne des consignes précises sur les informations personnelles qu’ils doivent obtenir sur leurs homologues, adversaires ou alliés. Les principaux sujets qui intéressent l’Amérique des années 2000 seront abordés au fil des
publications : la crainte d’une protection insuffisante des armes nucléaires au Pakistan ; les analyses américaines et chinoises sur l’avenir de la Corée du Nord, notammentd’une possibleréunification avec la Corée du Sud ; les attaques de hackers contre Google en Chine ; la corruption en Russie et en Afghanistan ; les relations très étroites entre Vladimir Poutine et Silvio Berlusconi ; les mafias d’Asie centrale ; les opérations contre Al-Qaida au Yémen ; les fantaisies du colonel Kadhafi. Certains dirigeants intéressent particulièrement Washington, comme l’AfghanHamid Karzaï ou le Yéménite Ali Abdallah Saleh. Le Monde publiera des articles et dossiers sur la France, sur sa politique antiterroriste et ses émeutes de banlieue, sur les relations franco-américaines, et sur tous les sujets qui concernent particulièrement la diplomatie française : de l’Iran à l’Afghanistan, de la Russie au Liban. Et sur l’Afrique : Sénégal, Côte d’Ivoire, ou Al-Qaida au Maghreb et les otages français. Sur la France, les télégrammes montrent comment l’ambassade des Etats-Unis à Paris a suivi, non sans une certaine fascination, l’ascensionpolitique de NicolasSarko-
zy ; comment M. Sarkozy et ses conseillers critiquaient la politique étrangère de Jacques Chirac devant les Américains ; comment M. Sarkozy est allé à Washington « exprimer son admiration à George Bush », contre l’avis du président français d’alors ; comment les Américains ont accueilli, avec un enthousiasme évident, bien qu’il soit « un novice » en politique étrangère, l’élection du « président le plus proaméricain depuis la seconde guerre mondiale ». Et comment, depuis mai 2007, le département d’Etat suit avec uneattention extrêmementsoutenue les faits et gestes du président français, même s’ils trouvent parfois qu’il est devenu « susceptible et autoritaire ». De même que ce n’est pas dans les archives du département d’Etat que l’on apprendra qui a tué le président Kennedy, ce ne sont pas en lisant ces télégrammes que l’on découvrira les plus protégés des secrets d’Etat. Mais aucun sujet d’intérêt politique, du plus sérieux au plus futile, n’est totalement absent de ces câbles qui, selon le degré d’information et le talent du diplomate, dressent un état de la planète, sous l’œil américain. p Rémy Ourdan
16 Décryptages WikiLeaks
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Union sacrée aux Etats-Unis pour dénoncer la «menace» WikiLeaks Le département d’Etat relativise la portée des télégrammes dévoilés. Républicains et démocrates s’insurgent et envisagent des mesures de rétorsion Washington Correspondante
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ever explain, never complain » : pour Bill Kristol, l’undes idéologues des néoconservateurs, la diplomatie américaine n’a d’autre choix que de faire le gros dos et d’ignorer l’affront, à la britannique. « Ne jamais se plaindre, ni se justifier. » A peine dévoilé le contenu des premiers télégrammes diplomatiques obtenus par WikiLeaks, l’éditorialiste a publié, dimanche 28 novembre, un éditorial au canon, appelant le Congrès et l’administration à travailler ensemble – une fois n’est pas coutume – pour contrecarrer ceux qui « jubilent » à la perspective d’une « crise » dans la politique étrangère américaine. La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a prévenu les alliés, écrit-il, de l’imminence de ces fuites. « C’est suffisant. A partir de maintenant, le “no comment” devrait être la règle absolue. Pas d’excuses, pas de complaintes ; pas d’explications, pas de regrets. Aucun membre ou ancien membre du gouvernement ne devrait daigner discuter ces documents. » Le « cable-gate » (expression de WikiLeaks) doit être traité comme un événement « au-delà du mépris et du commentaire ». La politique étrangère américaine essuiera « quelques bosses », assure Bill Kristol, mais qui ne dureront pas. « Et l’Amérique sera toujours aussi forte »… Hillary Clinton n’a pas tout à fait suivi le conseil. Irritée, probablement, d’avoir vu son nom mêlé aux premiers comptes rendus, elle a autorisé le porte-parole du département d’Etat à contre-attaquer. Dans un premier communiqué, P. J. Crowley a annoncé que la secrétaire d’Etat quittait Washington lundi 29 novembre après-midi,
pour une tournée en Asie centrale et à Bahrein. Aussitôt après, il a ajouté qu’elle ferait une déclaration à la presse le matin, dans le salon des Traités, avant de recevoir comme prévu le ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davutoglu, premier test de l’embarras dans lequel les fuites placent la diplomatie américaine. Selon les télégrammes mis sur la place publique, le ministre turc inquiète les Américains par ses vues « néoottomanes ».
Le porte-parole du département d’Etat a essayé de convaincre que les diplomates ne faisaient que leur travail, ni plus ni moins que leurs collègues dans le reste du monde Le porte-parole du département d’Etat, surtout, a essayé de convaincre que les diplomates ne faisaient que leur travail, ni plus ni moins que leurs collègues dans le reste du monde, réfutant que Mme Clinton ait élargi leur travail à des missions de renseignement. « Nos diplomates ne sont que cela : diplomates, a dit M. Crowley. Ils collectent les informations qui façonnent notre politique et nos actions. C’est ce que les diplomates de notre pays, comme d’autres pays, font depuis des centaines d’années. » Le sous-secrétaire d’Etat à l’administration, Patrick Kennedy, a de son côté assuré à Josh Rogin, du blog thecableforeignpolicy.com, qu’il est absolument normal de voir la signature de Mme Clinton
(ou du moins le paraphe « secstate ») sur une directive de juillet 2009 recommandant aux agents américains de collecter des informations sur les fonctionnaires ou diplomates de l’ONU. Traditionnellement, toutes les dépêches envoyées de Washington portent le nom du secrétaire d’Etat, a-t-il précisé. « Cela ne signifie pas que la secrétaire d’Etat revoit ou approuve les centaines de milliers de câbles envoyés chaque année. » Les premières réactions ont montré une grande unanimité de la classe politique pour condamner l’initiative de WikiLeaks. « Ils pourraient avoir du sang sur les mains», a déploré le sénateur républicainLindsey Graham. La sénatrice démocrate Claire McCaskill a appelé ceux qui publient les télégrammes à « s’interroger sur leur patriotisme » et plaidé pour sanctionner les responsables du site « avec toute la rigueur de la loi », oubliant probablement que les juges américains ne peuvent rien contre des ressortissants étrangers dont les serveurs ne sont pas situés sur le territoire américain. Critiquépour avoirécrit que legouvernement devait rester impassible, Bill Kristol a corrigé. Il est favorable à tout ce qui pouvait être entrepris pour arrêter WikiLeaks : « Poursuites criminelles, actions clandestines ou cyber-guerre. » Tous les médias ont ouvert sur les fuites, certains découvrant sur un ton amusé l’envers du décor de la diplomatie. « On savait beaucoup de choses, a dit Richard Haass sur la chaîne CBS. La corruption du gouvernement afghan ; les frasques de Berlusconi. Mais beaucoup d’éléments qui étaient compris en privé ont été soudain mis sous une lumière crue. Certains gouvernements vont se trouver dans une position très inconfortable. » Peu
Les chancelleries occidentales condamnent et attendent la suite des révélations CONDAMNER le principe même de la fuite, ou attendre d’en connaître le contenu ? Les chancelleries du monde entier ont hésité entre ces deux attitudes, dès dimanche 28novembre au soir, après les premières révélations de télégrammes diplomatiques américains. Franco Frattini a eu la formule la plus radicale. En déplacement au Qatar, le ministre italien des affaires étrangères a estimé qu’elles constituaient un «11-Septembre de la diplomatie mondiale », qui allait «faire sauter les relations de confiance entre les Etats ». Plus sobrement, mais avec fermeté, le porte-parole du gouvernement français, François Baroin, a indiqué, lundi 29 novembre, que Paris était « très solidaire de l’administration américaine sur la volonté d’éviter ce qui, non seulement porte atteinte à l’autorité des Etats, à la qualité de leurs services, mais met en danger des hommes et des femmes qui ont travaillé au service du pays ». Selon lui, si un site comme WikiLeaks révélait en France des secrets comparables, «il faudrait être intraitable» et le «poursuivre». «J’ai toujours pensé qu’une
société transparente, c’était une société totalitaire», a-t-il ajouté. En Grande-Bretagne, le ministère des affaires étrangères a condamné la publication de ces documents qui «peut mettre à mal la sécurité nationale, n’est pas dans l’intérêt national et comme les Etats-Unis l’ont dit, peut mettre des vies en danger ». Ces révélations ne devraient pas provoquer de brouille avec Washington. «Nous avons une relation très forte avec le gouvernement américain. Et cela continuera », a souligné le Foreign Office.
M. Nétanyahou soulagé L’Australie se dit prête à s’associer à toute démarche judiciaire des Etats-Unis. Une cellule spéciale a été mise en place par le gouvernement. Le procureur général Robert McClelland, a estimé que « la publication de ces informations peut être contraire à plusieurs articles de loi », du point de vue australien. Le fondateur de WikiLeaks, Julien Assange, dispose d’un passeport de ce pays. Il pourrait être annulé. Au Pakistan, le porte-parole du ministère des affaires étrangères,
Abdul Basit, a qualifié la publication d’acte « irresponsable». Le même mot a été prononcé dimanche par le chef de la diplomatie canadienne, Lawrence Cannon. «Les responsables de ces fuites peuvent menacer notre sécurité nationale », a-t-il ajouté. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a semblé soulagé, annonçant que son pays ne constituerait pas «le centre de l’attention internationale ». « Nous nous en tirons à très bon compte », a déclaré à l’AFP un haut responsable gouvernemental. En Russie, le quotidien Kommersant a publié lundi un article sur la lecture américaine du tandem Medvedev-Poutine, ce dernier étant considéré comme le « mâle dominant». «Nos propres diplomates sont parfois aussi francs dans leurs messages internes», a déclaré une source au Kremlin. Pour le porte-parole de M. Poutine, il est trop tôt pour réagir. «D’abord, il faut voir quels diplomates, de quel rang, ont fait ces commentaires et dans quels documents», a déclaré M.Peskov à Kommersant.p Piotr Smolar
suspecte de soutenir le gouvernement, l’organisation Human Rights First a qualifié de « totalement irresponsable » le fait de divulguer les noms de militants ou d’associations qui bénéficient dans certaines dictatures du soutien des Etats-Unis. Depuis la série précédente de fuites, fin octobre, concernant la guerre en Irak, le Congrès a commencé à réfléchir aux mesures de rétorsion. Le sénateur républicain du Nevada John Ensign a déposé un projet de loi qualifiant WikiLeaks de « menace transnationale » et proposant d’amender la loi sur l’espionnage afin de permettre de poursuivre ceux qui mettent en danger le renseignement humain en se cachant « lâchement derrière un écran d’ordinateur ». Tentatives dérisoires, selon James Carafano, dont le cercle de réflexion de droite Heritage Foundation, animait un colloque le 17 novembre sur la « menace » WikiLeaks. « Aucune loi ne changera l’équation : il suffit d’un serveur installé à l’étranger. WikiLeaks n’est qu’une quinte de toux comparée à une épidémie. Nous risquons d’être confrontés à un Pearl Harbour électronique. » p Corine Lesnes
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad en visite sur le site d’enrichissement d’uranium de Natanz, à 322 kilomètres au sud de Téhéran, en avril 2008. IRANIAN PRESIDENT’S OFFICE/AP
Un militaire désœuvré serait à l’origine des «fuites» Bradley Manning, un soldat de 23 ans, a copié des documents secrets
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fficiellement, nul ne sait qui a fourni à WikiLeaks les quelque 250 000 documents diplomatiques dont la publication a commencé le 28 novembre, mais les autorités américaines détiennent un suspect : Bradley Manning, un militaire américain âgé de 23 ans. M. Manning était affecté à une unité de renseignement de l’US Army basée en Irak. Bien que simple soldat, il était autorisé à travailler en permanence sur deux réseaux informatiques sécurisés, utilisés par les militaires et les diplomates américains du monde entier. Dans sa caserne irakienne, où il s’ennuyait ferme et avait peu d’amis, Bradley Manning passait beaucoup de temps sur les forums Internet. Entre autres, il discutait fréquemment avec Adrian Lamo, un ancien hacker dont il admirait les exploits passés. Au printemps 2010, il commence à se vanter auprès de ce nouvel ami d’avoir fait des copies de documents secrets trouvés dans les bases de données auxquelles il a accès, et d’avoir envoyé le tout à WikiLeaks. Le choix de M. Lamo comme confident n’était pas judicieux. L’ex-hacker, qui a déjà eu des ennuis avec la justice, prend peur à l’idée d’être accusé de complicité, et dénonce Bradley Manning à la police. Il envoie aussi une copie de ses discussions avec le jeune soldat au magazine Wired, qui en publie des extraits. Dans ses messages, Bradley Manning apparaît comme un
jeune homme idéaliste et exalté. Il mentionne d’abord une vidéo montrant un hélicoptère américain à Bagdad en train d’abattre des civils à la mitrailleuse, qui sera effectivement diffusée par WikiLeaks, en avril. Puis il explique qu’il a aussi transmis à WikiLeaks près de 260 000 rapports provenant du département d’Etat et des ambassades américaines. Il en a lu un certain nombre, et se dit profondément choqué : « J’ai vu des arrangements politiques quasiment criminels. (…) Des choses incroyables, horribles, qui doivent tomber dans le domaine public, et ne pas rester dans un serveur rangé dans une cave à Washington. (…) Hillary Clinton, et des milliers de diplomates dans le monde, vont avoir une crise cardiaque quand ils se réveilleront un matin et découvriront qu’un répertoire complet de documents confidentiels sur la politique étrangère est accessible au grand public, avec un moteur de recherche. »
« Sécurité matérielle faible » M. Manning raconte aussi la façon dont il s’y prenait : « J’entrais dans la salle informatique avec un CDmusical à la main (…), puis j’effaçais la musique et je créais un dossier compressé [contenant les documents]… J’écoutais Lady Gaga et je chantonnais sur la musique, tout en exfiltrant la plus grande fuite de l’histoire des EtatsUnis. » Il se sent à l’abri, car le système est défaillant: «Desserveurs faibles, des mots de passe faibles, une sécurité matérielle faible, un
contre-espionnage faible, une analyse bâclée… » Aussitôt après avoir été dénoncé, Bradley Manning est arrêté et incarcéré, d’abord au Koweït, puis sur la base militaire de Quantico (Virginie), près de Washington. En juillet, il est inculpé pour avoir « communiqué, transmis et livré à une source non autorisée des informations sur la défense nationale ». Il risque 52 ans de prison. Aux Etats-Unis, il est considéré comme un traître par une bonne partie de la population, mais il a aussi ses défenseurs. La gauche radicale et les militants de l’Internet libertaire voient en lui un martyr de la liberté d’expression. Un comité de soutien très actif organise des meetings et collecte des fonds pour sa défense. Récemment, les membres de ce comité ont eu confirmation que la police les surveille étroitement. Le 3 novembre, David House, 23 ans, responsable du site militant bradleymanning.org, a été retenu et interrogé pendant plusieurs heures à l’aéroport de Chicago par des agents de la sécurité intérieure, lors de son retour d’une semaine de vacances au Mexique. Les policiers ont aussi saisi son ordinateur et son téléphone mobile. En principe, ce type d’investigation est impossible aux Etats-Unis, car M. House n’a violé aucune loi. La police a dû ruser : elle a attendu qu’il quitte le pays pour l’intercepter à son retour dans la zone sous contrôle des douanes et de l’immigration.p Yves Eudes
WikiLeaks Décryptages 17
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Nucléaire iranien: la mission secrète de l’Elysée à Téhéran A l’été 2007, Paris dialogue avec un conseiller du «Guide suprême»
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a pointe du glaive» : c’est l’expressionqueretientl’ambassade des Etats-Unis à Paris, en novembre2009, pour décrire l’intransigeance de l’Elysée sur le dossier nucléaire iranien. «Des responsablesfrançaisdehaut rang ont suggéréquelaligneduredeSarkozypouvaitserévélerutileentantque“pointe du glaive” pour faire face au défi iranien», relève un mémo figurant dans les documents obtenus par WikiLeaks et révélés par Le Monde. Les télégrammes américains montrentàquelpointladiplomatie francaise a insisté très tôt sur le renforcement des sanctions contre Téhéran. Y compris celles prises à titre national, allant au-delà des mesures decidées à l’ONU ou au sein de l’Union européenne. Paris presse aussi l’administration Obama d’exprimer plus de soutiens pour l’opposition iranienne, que le pouvoir réprime violemment. Le regime iranien est «fasciste», commente, en septembre 2009, JeanDavidLevitte, le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy. Les motivations de M. Sarkozy sont décortiquées par les diplomates américains : «Une croyance fermeenlanon-prolifération(pourpréserver la dissuasion nucléaire de la France), une préoccupation réelle s’agissant de la menace pour Israël, et une colère personnelle liée à la façondontl’Iranaessayédemanipuler la France, y compris en détenant la Française Clotilde Reiss », énumère l’ambassade a Paris. Une proximité saisissante entre la France et Israël sur le dossier iranien se lit dans les comptes rendus que font les Americains du « dialoguestratégique»nouéentrePariset Jérusalem à partir de mai2008. C’est précisément en se basant sur cette posture stricte que M.Sarkozy a aussi tenté une diplomatie secrète avec l’Iran. Les docu-
Comment les Israéliens ont poussé Washington à la fermeté face à l’Iran Pour Israël, la diplomatie de Barack Obama à l’égard de l’Iran «ne marchera pas»
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érusalem, 1er décembre 2009. Amos Gilad, directeur des affairespolitico-militaires au ministère israélien de la défense, s’adresseà EllenTauscher, la sous-secrétaire d’Etat américaine. « Se penchant sur sa boule de cristal, écrit le diplomate américain qui relate la scène, Gilad dit qu’il n’est pas certain que l’Iran ait décidé de fabriquer une arme nucléaire, mais que l’Iran est “déterminé” à avoir l’option d’en construire une. » La diplomatie du président Barack Obama, « l’engagement stratégique avec l’Iran, c’est une bonne idée », poursuit M. Gilad, selon ce télégramme, « mais il est bien clair que cela ne marchera pas ». L’évaluation des intentions du régime iranien, ainsi que la façon de résoudre la crise nucléaire, qui dure depuis 2002, occupent une place importante dans les télégrammes de la diplomatie américaine obtenus par WikiLeaks et révélés par Le Monde. Les Israéliens semblent, pour leur part, appeler constamment l’administration Obama à durcir son approche. On trouve, dans un télégramme américain daté du 18 novembre 2009, ces observations : « Un représentant du Mossad affirme que Téhéran comprend qu’en réagissant positivement à l’engagement [américain], l’Iran peut continuer à “jouer la montre”. (…) Du point de vue du Mossad, l’Iran ne fera rien d’autre que d’utiliser des négociations pour gagner du temps. De telle sorte qu’en 2010-2011, l’Iran aura la capacité technologique de fabri-
quer une arme nucléaire. Réduisant ainsi la question de la militarisation [l’étape finale vers la bombe] à une décision politique. » « Le gouvernement israélien, ajoute un autre document américain, daté du même jour, décrit l’année2010commeuneannéecritique. Si les Iraniens continuent de protéger et consolider leurs sites nucléaires, il sera plus difficile de les viser et de les endommager. » Israël, est-il noté, attend que les Etats-Unis lui livrent des bombes GBU-28 capa-
En août2007, le chef du Mossad énumère devant le sous-secrétaire d’Etat américain, Nicholas Burns, «les cinq piliers de la stratégie israélienne» face à l’Iran bles de détruire des bunkers. Cellesci seront fournies en mai2010. Washington envoie des émissairespourtenter decalmerlanervosité israélienne. Robert Wexler, un influent élu démocrate du Congrès américain, rencontre, le 13 mai 2009, le chef des renseignements militaires israéliens, Amos Yadlin. « Wexler explique que le président américain pourra plus facilement convaincre l’opinion américaine de soutenir une action militaire si les efforts d’engagement échouent
après avoir été tentés. (…) M. Yadlin répond qu’il n’est pas en train de conseiller aux Etats-Unis d’ouvrir un troisième front, mais il faut comprendre qu’Israël voit les choses autrement, et ne peut retirer l’option militaire de la table», rapporte un «memo» américain. Retour en arrière, à l’époque Bush. En août2007, le chef du Mossad, Meir Dagan, décrit « les cinq piliers de la stratégie israélienne » face à l’Iran. Il lesénumère devant le sous-secrétaire d’Etat américain, Nicholas Burns. Un télégramme diplomatique américain les résume ainsi: «A) L’approche politique (Dagansalueleseffortspourtransférer le dossier iranien au Conseil de sécurité de l’ONU, mais il dit que cetteapprochene résoudrapasla crise). B) Des mesures clandestines (Dagan et le sous-secrétaire décident de ne pas évoquer cette approche en large comité). C) La contre-prolifération (Dagan souligne le besoin d’empêcher l’Iran d’acquérir du savoir-faire et de la technologie. Il faut faire plus dans ce domaine). D) Des sanctions (Dagan dit que c’est dans ce domaine qu’ont été enregistrés les plus grandssuccès.Troisbanquesiraniennes sont sur le point de s’effondrer). (…) E) Forcer un changement de régime (Dagan dit qu’il faudrait faire davantage pour fomenter un changementderégimeenIran,sipossible avec le soutien de mouvements étudiantsdémocratesetdegroupesethniques, Azéris, Kurdes, Baloutches, opposés au régime en place).» L’attitude russe sur le dossier iranien est, d’après des Israéliens, «un mystère»,noteuntélégrammeamé-
ricain daté de novembre 2009, près d’unanavantqueleKremlinrenonceàlivreràl’Irandesmissilesantiaériens S-300. Les efforts pour rallier la Russie à la diplomatie occidentale sur l’Iran constituent un souci constantdesIsraéliens,quiendiscutent avec l’administration Obama. En coulisses, les tractations vont bon train. Devant Ellen Tauscher, le 1er décembre 2009, Amos Gilad, «a expliqué que Moscou a demandé des livraisons de drones israéliens sophistiquésenéchangedel’annulation de la vente des S-300 à Téhéran », écrit un diplomate. « Gilad a dit que les Russes reconnaissaient leurretardtechnologiquesurlesdrones, et qu’ils sont prêts à payer 1milliard de dollars pour la technologie israéliennesurcesappareils.Ilarépété qu’Israël ne fournirait pas sa technologie la plus récente, expliquant qu’elle se retrouverait probablement entre les mains des Chinois.» Le même jour, devant cette responsable américaine, le directeur général du ministère israélien des affairesétrangères, YossiGal,«affirme que “le calendrier est essentiel”, et “le temps est venu de mettre en œuvredes sanctions paralysantes”» contre l’Iran, note un télégramme diplomatique. « Gal a comparé la nécessité de sanctions renforcées à une prescriptiond’antibiotiques par un médecin – il faut prendre tout le traitement pendant toute sa durée, sinon les médicaments n’agiront pas. » A partir de juillet 2010, sur décision de Barack Obama, les sanctionsaméricainescontrel’Iranfranchiront de nouveaux paliers. p N. No.
ments américains dévoilent cette démarche. Tout commence lorsque l’Elysée accède, en mai 2007, à une demande d’Ali Akbar Velayati, le conseiller diplomatique du «Guide suprême », Ali Khamenei. Un « canal de communication » est ouvert. Il vise à contourner le présidentiranien,MahmoudAhmadinejad, jugé infréquentable. Cela conduira à l’envoi à Téhéran, le 23 août 2007, d’une mission secrète de la présidence française. Elle est menée par François Richier, le conseiller pour les affaires stratégiques. «Richier a dit à Velayati et à d’autres officiels iraniens que si l’Iran ne remplissait pas ses obligations, les sanctions internationales neferaientques’accroître.(…)Richier a ajouté que la France voulait éviter une action militaire contre l’Iran, mais qu’elle l’accepterait éventuellement comme un dernier recours de la communauté internationale, afin d’empêcher que l’Iran se dote de l’arme nucléaire », écrit un diplomate américain, le 7septembre.
« Phrase saisissante » Les Américains ont été tenus informés en amont. Cela n’avait pas été le cas, en décembre 2006-janvier 2007, lorsque Jacques Chirac avait déjà envisagé de dépêcher discrètement un émissaire à Téhéran (l’affaire ayant été éventée, il avait renoncé). L’initiative de M. Sarkozy fait long feu. « Velayati, rapporte l’ambassade américaine, en s’appuyantsurdes explicationsfrançaises, partait de l’idée erronée que M.Sarkozy libérerait la France de sa “dépendance” envers les EtatsUnis.» Les émissaires français sont rentrés perplexes de Téhéran. Un conseiller de l’Elysée raconte aux Américainsque«lesIraniensnesemblent pas comprendre la gravité de la situation ni la position française. Ils souffrent d’une mentalité fermée,
autiste». Une autre source française insiste : « Les Iraniens ne céderont pastantqu’ilsnesentirontpasquela survie du régime est en cause.» Les diplomates américains s’interrogent cependant sur «la phrase saisissante » prononcée par M. Sarkozy lors d’un discours, le 27 août 2007, « indiquant que le monde est confronté à un choix entre un Iran avec la bombe et le bombardement de l’Iran ». Un conseiller de l’Elysée leur explique que « cela ne signifie pas, comme l’ont avancé certains médias, que la Franceserait prête à participer à une telle action. Loin de là, la France s’opposevigoureusementaurecoursàla force». Fin septembre 2007, un télégramme constate que «le canal que Velayati a essayé d’ouvrir n’est pas fermé, juste inactif, jusqu’à ce que la France décide de l’utiliser. (…) Le gouvernement français est pleinement conscient que Téhéran essaie par ce canal de diviser le P5 + 1 », le groupe des grandes puissances traitant le dossier nucléaire. Mais aussi, « l’Elysée s’inquiète d’être tenu dans l’obscurité si – et quand – le moment viendra d’une frappemilitaire.Letimingetl’amplitude d’une telle action – frappe chirurgicaleoucampagneplusgénéralisée – pourraient mettre en cause des intérêts français d’une façon majeure, en raison notamment des capacités de représailles de l’Iran contre des Etats du Golfe », résume un diplomate américain. Paris souhaite être mieux informé des plans de réserve élaborés côté américain. En mai 2009, M. Sarkozy inaugure une base militaire française à Abou Dhabi, renforçant le dispositif occidental dans le Golfe. L’accord de défense avec la Fédération des émirats arabes unis est renouvelé et approfondi.p Natalie Nougayrède
Badminton, inscriptions et «respect mutuel»
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ars2009. le président des Etats-Unis, Barack Obama, lance sa diplomatie de la «main tendue» à l’Iran. Il va enregistrer, à l’occasion de la fête iranienne de Nowruz, un message vidéo annonçant une approche «basée sur le respect mutuel» avec la «République islamique». Les ambassades américaines sont à l’affût du moindre signe iranien de réciprocité. Elles explorent toutes les voies, y compris celle du sport. C’est l’écho lointain de la «diplomatie du ping-pong», qui avait conduit au rapprochement historique entre les Etats-Unis de Richard Nixon et la Chine de Mao Zedong, en 1972. Mais le consulat américain à Dubaï, qui accueille un bureau consacré à l’Iran, signale, ce 3mars 2009, que Téhéran refuse d’accueillir l’équipe féminine américaine de badminton, qui devait participer à un tournoi. Le message est arrivé de façon détournée : «Un contact de confiance affirme qu’un conseiller proche du président [Mahmoud] Ahmadinejad lui a dit que l’Iran n’accordait pas les visas, en raison de la “mauvaise volonté” que le gouvernement américain a démontrée en annonçant la visite plus tôt que ne le souhaitaient les Iraniens», écrit le diplomate. «Le régime avait vu dans cette visite sportive un premier test pour voir si l’Iran pouvait travailler efficacement avec l’administration Obama.» Mais, poursuit le télégramme américain, « le Guide suprême [Ali] Khamenei n’avait accepté la visite qu’après y avoir été poussé par Ahmadinejad, et à la condition qu’il n’y ait pas d’annonce publique ».
Les dirigeants iraniens, explique le télégramme, gardent un «souvenir désagréable » de la façon dont, en 1998, des télévisions avaient montré le public iranien «acclamant follement» l’équipe de lutte américaine venue participer à Téhéran à un tournoi au moment où celle-ci était apparue, brandissant la bannière étoilée. C’est la raison pour laquelle, cette fois-ci, les dirigeants iraniens, «obsédés par le contrôle, ont craint de ne pas maîtriser la couverture médiatique». Le département d’Etat ayant annoncé prématurément la visite des joueuses de badminton, tout est annulé. Conclusion du diplomate: «Cet épisode souligne la difficulté de construire la confiance.» Autre espoir américain frustré: en mai 2009, un message est envoyé par Washington à ses diplomates et à ceux de pays alliés, demandant qu’ils confirment « une information selon laquelle le gouvernement iranien a décidé de retirer les slogans et les peintures murales antiaméricaines des façades de Téhéran ». Cela pourrait être « un indice important de l’attitude de Téhéran envers l’engagement des EtatsUnis». Des détails sont demandés : «Cela inclut-il la peinture murale “A bas l’Amérique” sur l’avenue Karim-Khan? Existe-t-il des projets pour remplacer de telles peintures?» La réponse est apportée quelques jours plus tard par l’ambassade australienne à Téhéran: «Les peintures murales sont intactes » et, étant donné « l’antiaméricanisme ambiant, il est peu probable qu’elles soient enlevées ». p N. No.
18 Décryptages WikiLeaks
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Pour les pays arabes, la menace iranienne tourne à l’obsession L’inquiétude a grandi au rythme du programme nucléaire de la République islamique
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n ne peut pas faire confiance aux Iraniens », observe le roid’Arabiesaoudite,Abdallah Ben Abdelaziz Al-Saoud, en mars 2009, devant le conseiller de la Maison Blanche pour l’antiterrorisme, John Brennan. «L’objectif de l’Iran est de causer des problèmes », l’Iran est « aventurier dans un sens négatif », « que Dieu nous préserve de leurs péchés », poursuit-il, selon un compte rendu américain. Des diplomates américains rapportent d’autres propos du roi Abdallah, invitant à « couper la tête du serpent », auquel il compare l’Iran. Parmi les documents obtenus parWikiLeaksetrévélés parLeMonde, un télégramme daté du 11 février 2010 souligne que « le roi saoudien a dit au général [américain James] Jones que si l’Iran parvenait à développer des armes nucléaires, tout le monde, dans la région, ferait de même ». « Ce programme doit être stoppé », insiste pour sa part le roi de Bahreïn, Hamad Al-Khalifa, à propos du dossier nucléaire iranien, le 1er novembre 2009, en recevant le général David Petraeus, alors commandant en chef du Centcom, qui a en charge la région. «Le danger de le laisser se poursuivre est supérieur à celui de le stopper. » Cette inquiétude arabe n’a cessé de grandir au rythme du programme nucléaire de la République islamique. Cela vaut tout particulièrement pour les riverains du Golfe
dont certains ont pu avoir, ou ont encore, des contentieux territoriaux avec l’Iran, qu’il s’agisse de Bahreïn, revendiqué par le passé par l’Iran, ou bien des Emirats arabesunis,qui contestentla souveraineté de l’Iran sur trois îles situées dans le détroit d’Ormuz. Les pays arabes redoutent à la fois l’ambitiondécupléequedonneraitàTéhéran le statut de puissance nucléaire et la riposte que susciterait toute initiativemilitairedestinéeà entraver ce projet. De nombreux documents font état de leur souci d’acquérir des armements américains.
«La métaphore la plus couramment utilisée par des officiels en parlant de l’Iran est celle d’une pieuvre étendant ses tentacules» Les télégrammes diplomatiques attestent de ce climat général avec cependant quelques nuances, car tous les émirats de la région n’entretiennent pas les mêmes relations avec leur puissant voisin. Mohammed Ben Zayed, le prince héritier d’Abou Dhabi, pilier de la Fédération des Emirats arabes unis, est plus déterminé. Lorsquele chef des états-majors américain,
l’amiral Mullen, fait part au prince (« MbZ », dans les télégrammes américains) de son doute sur l’efficacité d’opérations seulement aériennes contre les sites iraniens, il s’exclame : « Il faudrait alors des troupes au sol. » « MbZ, écrit un diplomate le 9 février 2010, considère que la logique de guerre domine la région, et cette lecture explique sa quasi-obsession de renforcer les forces armées [de l’émirat]. » Le 14 février 2010, l’émir du Qatar, qui partageun champ gazier stratégique avec l’Iran, adresse un conseilau sénateuraméricain John Kerry. « En se basant sur trente années d’expérience avec les Iraniens, l’émir conclut la réunion en disantqu’il nefaut croire qu’un mot sur cent qu’ils prononcent », note un document. «Ils nous mentent, et nous leur mentons »: c’est ainsi que le premier ministre du Qatar, Hamad Ben Jassim Al-Thani, décrit la relation avec l’Iran, lors d’un entretien avec le vice-secrétaire américain à l’énergie, Daniel Poneman, le 10 décembre 2009. Le 13 février 2010, le premier ministre du Qatar reçoit à son tour John Kerry. Il « affirme que Mahmoud Ahmadinejad [le président iranien] lui a dit: “Nous avons battu les Américains en Irak, la bataille finale sera livrée en Iran” », relate un document américain. Le président de l’Egypte, Hosni Moubarak, « éprouve une haine viscérale pour la République islami-
que », écrit un diplomate basé auCaire,en février2009, «il lestraite de “menteurs” », et prévient : «Ne croyez pas un seul mot qu’ils prononcent. » Le 21 avril 2009, devant l’amiral Mullen, le chef des renseignements égyptiens, Omar Souleyman, constate que l’Iran « est très actif en Egypte », «l’Iran doit “payer un prix” pour ses actions», retranscrit un diplomate. En Jordanie, souligne un télégramme américain, en avril 2009, « la métaphore la plus courammentutiliséepardes officielsenparlant de l’Iran est celle d’une pieuvre étendant ses tentacules », qui doiventêtre «coupés ». Le présidentde la Chambre haute du Parlement, Zeid Rifai, « prédit que le dialogue avec l’Iran ne mènera nulle part », dit un document, qui le cite ainsi : «Bombardez l’Iran ou vivez avec un Iran nucléaire, les sanctions, les carottes, les incitations, n’ont pas d’importance.» Cetteobsessiondela menaceiranienne,partagéepar laquasi-totalité des pays de la région – qui ont en outre officiellement sous-traité leur sécurité aux Etats-Unis depuis l’invasion de l’Irak par Saddam Hussein, en 1990 –, se combine avec une autre crainte, exprimée explicitement par les responsables jordaniens, celle d’un rapprochement historique américano-iranien qui rabibocherait Téhéran et Washington aux dépens de ses alliés arabes. La demande du prince héritier d’Abou Dhabi que le Conseil de coopération du Golfe (CCG) soit associé aux tentatives de négociationsavec l’Iran traduit à sa manière le sentiment inconfortable d’être le spectateur d’une pièce qui s’écrit ailleurs. p Natalie Nougayrède et Gilles Paris
Comment observer un régime opaque et complexe Un réseau d’«Iran watchers» est chargé par Washington de recueillir le moindre indice
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es Etats-Unis ayant rompu leurs relations diplomatiques avec l’Iran en 1980, après la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran, la diplomatie de Washington doit s’appuyer, pour observer le régime, sur des contacts et des informations obtenus par ses ambassades ailleurs dans la région. Un réseau d’« Iran watchers », chargés de surveiller les événements en Iran, est ainsi révélé par la masse des télégrammes diplomatiques. Il ressort des documents du département d’Etat obtenus par WikiLeaks et révélés par Le Monde que la complexité et l’opacité du régime iranien sont, pour les Américains, une énigme. Ils guettent le moindre indice. Par exemple, ces informations livrées, en août 2009, par un contact dans une république d’Asie centrale. A l’époque, les remous politiques en Iran semblent à leur apogée, après la réélection contestée, en juin, du président Mahmoud Ahmadinejad. Le contact, un « homme d’affaires » non iranien se rendant fréquemment à Téhéran, « a appris d’une de ses connaissances que [Ali Akbar] Rafsandjani [l’ancien président iranien, qui appuie alors en sous-main l’opposition] lui a confiéqueleGuidesuprêmeAliKhamenei a une leucémie en phase terminale et pourrait mourir dans quelquesmois.En conséquence,Rafsandjani a décidé de cesser de défier Khamenei et se prépare à se faire désigner comme son successeur », relate un diplomate américain . Le 18 novembre 2009, un télégramme écrit par un diplomate américain en Israël relate un entretien avec un agent du Mossad : « Le
Mossad a indiqué qu’aucune information ne suggère un changement dans l’état de santé de Khamenei, et que ceux qui l’entourent paraissent plus loyaux que jamais.» Une description du régime est recueillie en septembre 2009 à Paris par des diplomates interrogeantun Iranien travaillant à Téhéran pour une organisation internationale : « Il a décrit le pouvoir iranien comme “une dictature totale” reposant sur une base “triangulaire”, composée par l’élite religieuse, les bazaaris (marchands) et les “paramilitaires” (Gardiens de la révolution et milices bassidji). » « Le Guide suprême, poursuit le compte renduaméricain,neprendaucunedécision sans consulter son fils, Mojtabah, qui a la réputation de “diriger le bureau de son père”. » La répression s’intensifie en Iran, et le régime n’hésite pas à agir contre l’opposition au-delà des frontières. Les documents américains en fournissent des exemples. En janvier 2010, un opposant iranien réfugié à Londres et placé sous la protection des services britannique raconte à l’« Iran watcher » local comment il est traqué par des agents iraniens. L’un d’eux, connu pour avoir « tenté de recruter en Californie un tueur à gages pour assassiner un présentateur de télévision irano-américain », a attiré les soupçons de l’opposant. « Il prenait un grand nombre de photos, notamment de son véhicule et de son garage. » Cetépisode, noteleposte deLondres, « marque une nette escalade dans les tentatives du régime d’intimider des voix critiques à l’étranger ». p N. No.
Espionnage: les ordres de Washington à ses diplomates Une consigne: apporter des informations personnelles sur les sources
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’Intelligence Community (IC) des Etats-Unis comprend 17agences et organisations. Il ya les plus secrètes,comme les célèbres Agence centrale de renseignement (Central Intelligence Agency, CIA) ou Agence nationale de sécurité (National Security Agency, NSA). Il y a les multiples départements spécialisés des forces de sécurité, armée et police. Et il y a, à un niveau d’engagement que les interlocuteurs des diplomates américains ne soupçonnentpastoujours,ledépartement d’Etat. Les télégrammes diplomatiques obtenus par WikiLeaks et révélés par Le Monde éclairent le rôle des agents diplomatiques et consulaires américains, encouragés, puisqu’ils appartiennent officiellement à l’IC, à collecter des informations confidentielles et personnelles, y compris sur les amis de Washington. La « National Humint Collection Directive», directive secrète adressée au fil de l’année 2009 par la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, aux ambassades américaines à travers le monde sur les « besoins » de Washington,réactualiseunedirective de 2004. Ces « mémos» sont parmi les plus longs et détaillés que ses services ont produits, chaque directive « Humint» (Human Intelligence, renseignement humain) spécifiant les centres d’intérêt spécifiques à chaque pays et organisation internationale. Nulnes’étonneradesdizainesde pages détaillant les souhaits de Washington pour s’informer de la
Palestine,de l’Iranou duVenezuela. Les ordres précis se comptent par centaines, concernant aussi bien les transferts d’argent entre influents Palestiniens que la politique des pays africains concernant les casques bleus pouvant être porteurs du virus du sida. Le « mémo » rappelle, en préambule, que « l’Intelligence Community compte sur le département d’Etat pour beaucoup desinformations biographiquescollectées à travers le monde».
Transmettre «toute information biographique et biométrique» Mais le « mémo» 219 058, adressé à l’ambassade des Etats-Unis à l’ONU, à New York, éclaire à quel point les diplomates sont encouragés à ne respecter aucune règle de l’immunitédiplomatique,sansparler de respect de la vie privée. Le secrétaire général des Nations unies, son secrétariat et ses équipes, les agences de l’ONU, les ambassades étrangères et les ONG présentes à Manhattan sont ainsi soumis au regard intrusif de la mission diplomatique américaine. «Les rapports doivent inclure les informations suivantes, précise la directive:noms,titresetautresinformations contenues sur les cartes de visite; numéros de téléphone fixes, cellulaires, de pagers et de fax ; annuairestéléphoniquesetlistesd’e-
mails ; mots de passe Internet et intranet; numéros de cartes de crédit; numéros de cartes de fidélité de compagnies aériennes ; horaires de travail…» Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, et ses collaborateurs savent-ilsquelesdiplomatesaméricains avec lesquels ils déjeunent ont reçu l’ordre de noter leurs numéros de cartes de crédit personnelles, ou que ceux avec lesquels ils voyagent doivent transmettre leurs numéros de cartes de fidélité des compagnies aériennes ? Et qu’ils sont encouragés à mémoriser les mots de passe de leurs ordinateurs? Les diplomates américains à l’ONU doivent transmettre « toute informationbiographiqueetbiométrique» sur leurs collègues des pays duConseilde sécurité, ycomprisles alliésbritanniquesetfrançais,etsur lesdirigeantsde nombreux pays.La consigne revient dans presque tous les « mémos » : il faut se procurer «les empreintes digitales, photographies faciales, ADN et scanners de l’iris » de toute personne intéressant les Etats-Unis. Certains ne seront peut-être pas surpris que les ambassades américaines appartiennent à ce point à la communauté du renseignement. D’autres, qui croient entretenir des relations de confiance avec des diplomates, réfléchiront avant de laisser leur ADN dans un cheveu retrouvé sur le col d’un manteau au vestiaire de l’ambassade.p Rémy Ourdan
Le grand entretien Décryptages 19
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En Afghanistan et au Pakistan, la guérilla talibane bat son plein. Entretien avec l’un des rares étrangers à avoir rencontré ses plus hauts dignitaires
Les talibans en position de force
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att Waldman s’est distingué en étant l’un des rares étrangers à avoir interviewé des dignitaires talibans, soit directement soit par l’intermédiaire de ses assistants afghans. Il a personnellement rencontré dix commandants de l’insurrection.
Que savez-vous des discussions entre le gouvernement de Kaboul et la rébellion des talibans ?
Noussavonsque,depuislachutedurégime taliban en 2001, il y a eu des contacts entre le gouvernement afghan et les talibans. Le fait qu’il y ait des discussions n’est donc pas nouveau, même si l’objectif n’a jamais été la résolution du conflit. Les discussions portaient sur des échanges de prisonniers, ou avaient pour unique objectif de savoir ce que l’autre camp avait en tête. Nous savons ensuite qu’il y a eu des rencontres entre des personnalités du gouvernement afghan et des talibans fin 2009, début 2010. L’ISI [Inter- Services Intelligence,les services de renseignements de l’armée pakistanaise] a bloqué ces discussions en arrêtant une vingtaine de dirigeants talibans au Pakistan. Ceux qui ont été arrêtés étaient ceux qui étaient mêlés aux discussions. Nous savons aussi que les contacts ont repris depuis quelques mois : en mars avec le Hezb-e-Islami [dirigé par Gulbuddin Hekmatyar], qui est une composante marginale de l’insurrection ; en juin avec le réseau Haqqani [dirigé par Jalaluddin Haqqani et son fils Sirajuddin], le mouvement le plusextrême de l’insurrection, lié à
Aucune avancée ne peut donc être attendue de ces discussions entre le gouvernement et les talibans ?
Il est vrai que nous sommes dans une nouvelle phase. Il y a des indications qui montrent l’intérêt des différents camps à discuter. Mais cet intérêt ne veut pas dire qu’ils ont l’intention de faire la paix. Je ne crois pas qu’en ce moment il existe une intention de parvenir à un accord politique. Il y a pour l’instant une invitation lancée à des talibans de rejoindre le camp gouvernemental, et je ne crois pas qu’ils vont accepter cette invitation. Les talibans sont en position de force, avec de plus en plus de succès sur le terrain. Ils tuent de plus en plus de soldats étrangers. Ils consolident leurs positions dans leurs bastions du Sud et du Sud-Est, et ils progressent près de Kaboul, et maintenant dans le Nord et l’Ouest. Ils ne manquent pas de combattants : ils n’étaient que quelques milliers en 2006, et sont maintenant environ 35000 à 40 000, c’est impressionnant. Et ils ont toujours leurs sanctuaires auPakistan. Deplus,lestalibans saventque lespays occidentauxsongent à retirer leurs troupes. Pour toutes ces raisons, il est très improbable que des talibans changent de camp juste parce qu’on le leur propose.
Matt Waldman Chercheur à la Harvard Kennedy School Agé de 37 ans, il vit à Kaboul depuis cinq ans. Il a publié entre mars et octobre quatre rapports sur la guerre d’Afghanistan: « Golden Surrender : the Risks, Challenges, and Implications of Reintegration in Afghanistan » (Afghan Analysts Network), « The Sun in the Sky : the Relationship Between Pakistan’s ISI and Afghan Insurgents» (London School of Economics), « Navigating Negotiations in Afghanistan » (US Institute of Peace) et « Dangerous Liaisons With the Afghan Taliban ». (PHOTO DR)
Quelle est la position américaine sur le fait de négocier avec les talibans ?
Il y a des opinions diverses au sein de l’administration américaine. La première option est une reddition de talibans qui rejoindraient le camp gouvernemental. La seconde option est de parvenir à un accord entre le gouvernement et les talibans, qui permettrait un départ des troupes étrangères sans que cela paraisse être une défaite occidentale. La troisième option consiste à obtenir un accord politique à long terme, avec de vraies négociations de paix. La quatrième option consiste à d’abord restaurer la confiance, puis à construire une véritable réconciliation au sein d’une société afghane si fracturée. L’opinion publique américaine soutient la première option.
Le degré de contrôle de la choura de Quetta sur le mouvement n’est pas clair. C’est le commandement suprême, avec le mollah Omar à sa tête. Tous les insurgés le
Cette option est-elle réaliste ?
Non. La première option ne réussira pas. D’abord, parce que les talibans sont disciplinés, et que les commandants auxquels j’ai parlé sont persuadés de mener une guerre juste. Ils combattent pour une cause en laquelle ils croient. Ils veulent le retrait des forces étrangères d’Afghanistan, chasser les dignitaires corrompus du gouvernement, et appliquer la charia. Pour eux, la charia, c’est à la fois la séparation des hommes et des femmes dans l’espace public, des punitions très sévères pourles récalcitrants,mais aussi un exercice plus honnête du pouvoir. C’est la loi et l’ordre. Ils sont très déterminés. Si les talibans étaient faibles, peut-être négocieraient-ils. Mais ce n’est pas le cas.
Vous dites que le gouvernement afghan a même eu des rencontres avec le réseau Haqqani, considéré comme le plus dangereux et le plus lié à Al-Qaida par Washington. Que savez-vous de ces discussions ?
Nous n’en savons presque rien. Des gens de la famille Haqqani ont rencontré des personnalités proches du gouvernement.L’ISI,notamment, pensequ’il estpossible d’amener les Haqqani à négocier. Les Haqqani sont liés à Al-Qaida, c’est indiscutable. J’ai eu des discussions avec deux commandants du réseau Haqqani, et ils ont longuement évoqué la présence des Arabes parmi eux. Mais l’ISI a aussi une très forte influence sur le groupe, ce que ces commandants ont admis. Si l’ISI soutenait un jour des négociations, peut-être pourrait-elle donc amener les Haqqani à discuter. Certains analystes voient aussile réseau Haqqani comme une mafia, une association de mercenaires. Si c’est vrai, alors cela veut dire qu’un accord est possible. Dans vos rapports, vous évoquez cette présence très forte de l’ISI pakistanaise aux côtés des mouvements insurgés et djihadistes. Vous racontez même que des officiers pakistanais soutiennent les opérations de la guérilla, et qu’ils assistent aux réunions de la choura de Quetta.
C’est la grande question. Certains officiels pakistanais doivent nécessairement connaître le sort de certains chefs d’Al-Qaida. Mais nous n’avons pas d’information précise, c’est le monde de l’ombre.
C’est une question très intéressante. Tout d’abord, il n’est pas clair que la décision d’intervenir en Afghanistan fut une bonne décision. Il y a bien sûr eu l’attaque des Etats-Unis le 11-Septembre et le refus des talibans de couper leurs liens avec Al-Qaida,maisilyaaussieuunetelleabsencede stratégie pour l’Afghanistan que nous devons nous demander si l’intervention fut la meilleure décision. A mon avis, rétrospectivement, l’erreur fut d’exclure les talibans, de les chasser au Pakistan. On a ainsi créé les racines de l’insurrection. Nul n’aimait le régime taliban, très répressif. Mais était-ce suffisant pour pousser tous les talibans hors de leur pays? Il aurait fallu parler de réconciliation à cette époque, et ne pas attendre 2010. Certains talibans auraient pu être traduits en justice pour leurs crimes, mais d’autres auraient dû être intégrés dans la société afghane, y compris au sein du pouvoir. On aurait ainsi peut-être évité cette insurrection.
Si toutefois la choura de Quetta, organe de commandement des talibans, s’intéressait à un accord politique, a-t-elle les moyens de mettre fin à l’insurrection ?
considèrent comme leur leader. Mais on ignore s’il a autant d’autorité qu’il y a quelques années. La choura de Quetta est parfois regardée comme une vieille garde. Au cours de mes discussions avec des commandantsde l’insurrection,j’aieul’impression que les chefs de la choura de Quetta sont de moins en moins respectés, accusés de vivre à l’abri au Pakistan et d’être trop liés à l’ISI. Les jeunes commandants afghans d’environ 25 ans qui émergent sont peut-être plus radicaux que leurs aînés, et n’acceptent peut-être pas toujours les directives de la choura de Quetta. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle l’OTAN pense que des négociations politiques pourraient diviser le mouvement taliban.
Pensez-vous que le Pakistan mène un double jeu semblable avec Al-Qaida ?
En décembre 2001, après le renversement des talibans à Kaboul et avant donc le déploiement de l’OTAN en Afghanistan, il n’y avait plus ni talibans ni djihadistes d’Al-Qaida en armes en Afghanistan. Plutôt que de déployer une force de l’OTAN qui a servi de prétexte pour lancer l’insurrection, n’aurait-il pas été possible de s’attaquer à ces bastions djihadistes au Pakistan ?
«Pour eux, la charia, c’est à la fois la séparation des hommes et des femmes dans l’espace public, des punitions très sévères pour les récalcitrants, mais aussi un exercice plus honnête du pouvoir. C’est la loi et l’ordre» la fois à Al-Qaida et à l’ISI ; et enfin très récemment avec le mouvement taliban, c’est-à-dire des représentants de la choura de Quetta [conseil désigné par la population et dirigé par le mollah Mohammad Omar, chef suprême des talibans]. Voilà ce que nous savons. Mais nous ne connaissons pas le contenu des récentes discussions. Rien ne permet de décrire ces contacts comme étant des négociations. Ce sont des discussions préliminaires. Il faut rester prudent…
camps d’entraînement. On peut au moins affirmer que l’ISI ferme les yeux, car elle n’a à ma connaissance jamais fermé un camp d’entraînement. Quatrièmement, les conseils stratégiques. Je crois que des officiers de l’ISI participent à l’élaboration des plans opérationnels et, à un plus haut niveau, qu’ils exercent une forte influence sur certains dirigeants du mouvement taliban. Une majorité des commandants talibans auxquels j’ai parlé disent que l’ISI est représentée au sein de la choura de Quetta.
Comment avez-vous eu accès à ces commandants talibans ? Quel fut leur intérêt à se confier à vous ?
SERGIO AQUINDO
Comment les Etats-Unis tolèrent-ils ce double jeu pakistanais ?
C’est très paradoxal. Les Etats-Unis ont donné des milliards de dollars au Pakistan, et ce même Pakistan aide les insurgés afghans. Soyons clairs : sans l’aide du Pakistan, les insurgés ne pourraient pas opérer ainsi en Afghanistan et n’auraient pas ces succès. Ceux qui nient cela se trompent. Les Américains savent tout cela. Mais ils estiment n’avoir pas d’autre alternative que de travailler avec le Pakistan. Je crois qu’ils ont sans doute raison. Le Pakistan n’est un pays facile pour les Etats-Unis : il existe un très fort sentiment antiaméricain au sein de la population, c’est un pays qui possède l’arme nucléaire, et c’est le carrefour du djihad et du talibanisme. C’est compliqué. Les Etats-Unis augmentent la pression sur l’armée pakistanaise et l’ISI, et il y a d’ailleurs des pas dans la bonne direction. Mais ce n’est pas suffisant. D’un autre côté, le Pakistan cherche une légitimité internationale. Fondamentalement, il voit toujours l’Inde comme une menace, et ne changera pas de politique tant que cela ne sera pas réglé. La communauté internationale, au lieu d’ignorer le conflit indo-pakistanais, devrait le prendre au sérieux. L’ONU et les grandes puissances devraient travailler à régler ce problème, à discuter du Cachemire. De son côté, l’Inde devrait réfléchir à la nature de sa présence en Afghanistan, et réévaluer la perception qu’a le Pakistan de la présence indienne en Afghanistan. L’In-
de devrait avoir un comportement responsable, et comprendre les craintes pakistanaises. Si la communauté internationale continue à ignorer le conflit indo-pakistanais, il faut qu’elle soit prête à un très long conflitenAfghanistan.Caraucunenégociation de paix ne réussira en Afghanistan sans le soutien du Pakistan. Pouvez-vous décrire plus précisément le soutien du Pakistan aux insurgés talibans afghans ?
Le Pakistan a une influence très significative sur le mouvement taliban. Certains commandants de l’insurrection m’ont même dit que le Pakistan et l’ISI contrôlent le mouvement taliban. C’est leur perception. Moi je ne parle pas de « contrôle », carje ne crois pasque le Pakistan seul pourrait mettre fin à l’insurrection. Je préfère donc parler d’influence significative, qui s’exerce à quatre niveaux. Premièrement,les sanctuaires. Le Pakistan autorise les insurgés afghans à opérer librement sur son territoire, et à traverser la frontière avec l’Afghanistan, alors qu’il aurait les moyens de supprimer ces sanctuaires. Deuxièmement, le Pakistan fournit de l’équipement et des munitions aux insurgés. Il permet aussi à d’autres sources, de pays du Golfe notamment, de faire transiter de l’équipement par son territoire. Troisièmement, il existe un certain soutien dans le recrutement et l’entraînement des combattants, via des milliers de madrasas [écoles coraniques] liées à des
J’aipersonnellementrencontrédixcommandants, dont certains à plusieurs reprises, et mon assistant en a rencontré quatre autres. La première constatation est qu’ils n’ont pas honte de ce qu’ils font. Ils croient qu’ils mènent une guerre juste. Ils n’ont pas peur de parler de leur mouvement, de leur combat,parcequepoureuxcecombatesthonorable. Souvenons-nous toujours que ces gens risquent leur vie pour leur cause. Ils sont convaincus et déterminés. Ils voient leurs compagnons mourir tous les jours, et pourtant ils poursuivent la lutte. Bien sûr, ils ne me disent pas toute la vérité.Mais quandje m’assois avec un capitaine des marines américains, il ne me dit pas non plus toute la vérité. Il faut donc essayer de comprendre ce qui peut affecter la véracité de leurs récits. Mais je crois tout de même qu’ils parlent honnêtement de leurs expériences et de leurs ambitions. Des commandants évoquent même certains regrets, par exemple, lorsqu’ils ont tué des civils, ou à propos des tensions au sein du mouvement taliban, ou encore sur les liens avec l’ISI. Ils parlent assez franchement. Que concluez-vous de ces conversations avec les talibans ?
J’entends beaucoup de spéculations à propos des talibans. Moi je pense qu’il faut écouter ce qu’ils ont à dire. Certes ils tuent des milliers de civils, ils sont critiquables, mais il faut trouver des points communs entre ce que veulent les talibans et ce que veut la population afghane. Il y a des divergences, mais il y aussi des points communs. Si on estime que les demandes des talibans sont incompatibles avec les valeurs de l’humanité, alors combattonsles. Mais essayons d’abord de comprendre ce qu’ils veulent. C’est un devoir moral que d’explorer ce que veut l’adversaire. p Propos recueillis par Rémy Ourdan
20 Décryptages Débats
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Parvenir à l’«égalité réelle» La diplomatie et la confidentialité est un beau projet de société Les Etats-Unis regrettent la divulgation de documents secrets par le site WikiLeaks L’Etat doit réinvestir ses territoires abandonnés
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’actuelle réception des propositions du Parti socialiste sur « l’égalité réelle » a de quoi laisser rêveur. Il y aurait d’un côté les idéalistes, irresponsables, promettant tout, tout de suite, et de l’autre les réalistes, hiérarchisant et finançant les priorités, rendant ainsi à la gauche sa crédibilité auprès des classes populaires. Certes, on sait bien depuis Amartya Sen, économiste indien, que l’égalité ne peut se réaliser que par un traitement à la racine des poches d’inégalités sociales, ce qui suppose bien sûr politiquement de hiérarchiser des urgences sociales. Mais, il n’en reste pas moins que l’égalité réelle est une fin en soi pour une démocratie, le financement de la politique permettant d’y parvenir est un moyen. Or un moyen, aussi important soit-il que le chiffrage d’une politique, ne tient pas lieu de politique. Le temps des projets n’est pas celui de leur réalisation. Pour cela nous avonsungouvernement.Quefait-ilaujourd’hui en la matière ? Personne ne semble se poser la question. Maisilfaut allerencore plusloin que cette simple question des moyens et des fins et rappeler que nous sommes une société ravagée par les inégalités de tout genre. Si certains ont pu parler autrefois de fracture sociale et si aujourd’hui tout le monde s’accorde sur le fait que le sarkozysme est un inégalitarisme particulièrement implanté (depuis la réforme sur le bouclier fiscal), alorslegrand défidelagaucheestbiend’apporterune réponsecrédibleauxeffetsterribles de la montée des inégalités. S’attaquer à cette question et faire un diagnosticdetoutce quimetenpérill’égalité n’est pas manquer de réalisme ; les femmes et les hommes politiques ne retrouveront pas de crédibilité durable s’ils en restent à la rhétorique des valeurs républicaines qui nous rend tous abstraitement égaux et ne masque même plus les situations d’inégalité, d’injustice, ainsi que la violence de la reproduction sociale.
Notre système éducatif est un de ceux en Europe dans lequel l’origine sociale pèse le plus sur les résultats scolaires, alors même que les diplômes, délivrés à l’issue d’une compétition socialement biaisée, exercent une emprise étroite sur les carrières professionnelles» L’égalité n’est pas un mot abstrait. Elle est liée à des contenus précis sur lesquels des bilans peuvent être portés. En un quart de siècle, les enfants d’ouvriers ont gagné quatre années de scolarisation, et pourtant, la reproduction sociale n’a diminué que de quelques malheureux points. Dans notre pays où la cohésion sociale s’est historiquement structurée autour de l’école et du mérite républicain, le système éducatif est impuissant à enrayer des inégalités sociales de réussite, déjà présentes à l’école maternelle, et qui ne font que croître jusqu’à l’entrée dans l’enseignement supérieur. Au final, notre système éducatif est un de ceux en Europe dans lequel l’origine sociale pèse le plus sur les résultats scolaires, alors même que les diplômes, délivrés à l’issue d’une compétition socialement biaisée, exercent une emprise étroite sur lescarrièresprofessionnelles. L’égalitéréelle, dans le domaine de l’école, c’est constaterl’échec despolitiquesd’égalité deschances. Toutes les énergies sont mobilisées pour tenter de rendre moins injuste socialement le recrutement des grandes écoles, qui ne scolarisent que quelques dizaines de milliers d’étudiants, tandis que l’on ignore totalement les 700 000 élèves des lycées professionnels. Croit-on vraiment que l’on aura lutté contrela reproduction socialelorsque 30 %
Fabienne Brugère Professeur de philosophie à l’université Bordeaux-III
Camille Peugny Sociologue, maître de conférences à l’université Paris-VIII deboursierspeuplerontlesclassespréparatoires? L’égalité réelle, c’est affirmer que le chemin vers la démocratisation scolaire commence dès les premières années de la scolarité et que, au niveau de l’enseignement supérieur, il se poursuit dans les premiers cycles universitaires, loin des politiques de saupoudrage consistant à offrir à quelques jeunes issus des quartiers populaires la possibilité de tenter leur chance dans des filières prestigieuses, qui par définition ne concerneront jamais qu’une étroite minorité d’étudiants. Autre exemple, celui de la place que la société refuse à sa jeunesse. Alors que les poches de pauvreté s’étendent chez des moins de 25 ans, largement exclus de la solidarité nationale, l’Etat se défausse sur les familles, chargées de prendre en charge une précarité grandissante. La gauche peut-elle se satisfaire d’une situation qui fait exploser les inégalités entre ceux qui peuvent dépenser le patrimoine de leurs parents lors de semestres d’études à l’étranger et ceux qui doivent étudier tout en travaillant trente heures par semaine ? N’est-il pas temps au contraire de permettre à tous les jeunes d’accéder à une réelle autonomie? On le voit, l’égalité réelle est plurielle. Elle ne concerne pas que la question des revenus mais tout autant les possibilités d’accéder à l’éducation, au travail, aux soins, au logement, autant de droits malheureusement oubliés. La captation croissante des richesses par une minorité est accompagnéedeplusenplusparuneprivation des biens communs pour beaucoup et une vision absurde du monde du travail structurée par une fiction, l’individu performant, consommateur et inconscient face aux risques écologiques. L’égalité réelle ne se départit pas d’une politique réaliste puisqu’elle suppose d’établir des priorités, de reconnaître des urgences sociales, de déterminer des périmètres de lutte contre les inégalités. Elle suppose également un esprit des institutions à l’opposé des politiques publiques qui sont développées actuellement autour du très mal nommé « new management » public, bras armé de la privatisation de l’Etat au service des grands groupes financiers et non des citoyens, usagers des services publics. Il faut des institutions au service de la tradition républicaine (celle de l’intérêt général) qui puissent répondre (défi français dans un pays à l’étatisme autoritaire renforcé aujourd’hui) au caractère profondément différencié du tissu social, tout en étant suffisamment neutres pour ne pas humilier les gens. Il faut remettre de l’Etat mais d’une façon nouvelle : en collaboration avec la société civile, en ayant le souci de favoriser les capacités d’agir et non la reproduction sociale. Préconiser l’égalité réelle revient à défendre une démocratie des parcours de vie contre toutes les stigmatisations et les discriminations. Or, repartir des parcours de vie, c’est reconnaître que certains territoires sont actuellement abandonnés par l’Etat par cynisme et par laxisme, que les compétencesréellesdesgens autravailou leurcapacité d’inventer sont généralement sous-estimées ou non reconnues. Despans entiersdelasociétésont menacés par l’explosion des inégalités qui avive les tensions entre les groupes sociaux et sape les fondements de la cohésion sociale. L’importancedel’enjeuméritebienunprojet à quinze ou vingt ans. Face à cela, certains préfèrent regarder ailleurs : ne cherchons pas plus loin les raisons du manque de crédibilité du Parti socialiste auprès des classes populaires. p
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onner du sang neuf aux relations entre les EtatsUnis et le reste du monde, voilà une des priorités du président Barack Obama et de la secrétaire d’Etat Hillary Rodham Clinton. Par un travail acharné, ils renforcent les alliances existantes et en forgent de nouvelles afin de faire face aux défis communs, qu’il s’agisse de lutter contre le changement climatique, contre la menace posée par l’armement nucléaire, ou contre les maladies et la pauvreté dans le monde. En ma qualité d’ambassadeur des EtatsUnis d’Amérique en France, je suis fier de prendre part à cette mission. La France est le plus ancien allié des Etats-Unis, et la force, l’étendue et la profondeur des relations entre nos deux pays n’ont jamais été plus grandes qu’elles ne le sont aujourd’hui. Ensemble, nous travaillons sur tous les sujets majeurs de la scène internationale, de la paix au Moyen-Orient au terrorisme, de l’Afghanistan au désarmement nucléaire. Bien sûr, même les alliances les plus solides connaissent des hauts et des bas. Nous le voyons ces jours-ci, alors que des documents du département d’Etat des Etats-Unis,prétendument obtenus des serveurs informatiques du département américain de la défense, font l’objet de comptes rendus dans les médias. Il sembleque ces documents concernent des opinions émises par nos diplomates sur les politiques, les négociations et les dirigeants de nombreux autres pays du monde, et qu’il s’agisse aussi de notes sur des conversations privées échangées avec des personnalités appartenant ou non à des gouvernements étrangers. Je ne peux pas me porter garant de l’authenticité de tous ces documents. Mais ce que je peux dire, c’est que les EtatsUnis regrettent profondément la divulgation de toute information qui était destinée à rester confidentielle, et qu’ils
Charles Rivkin Ambassadeur des Etats-Unis en France condamnent cette action. Les diplomates doivent pouvoir mener des discussions franches avec leurs collègues, et doivent être assurés que ces discussions garderont leur nature privée. La franchise du dialogue au sein des gouvernements et entre les gouvernements est au cœur même des relations internationales ; nous ne pourrions pas assurer la paix, la sécurité et la stabilité internationale sans un tel dialogue. Je suis convaincu que tout ambassadeur de France dirait la même chose que moi. Lui aussi a besoin de savoir qu’il peut
La franchise du dialogue, au sein des gouvernements et entre les gouvernements, est au cœur même des relations internationales» échanger en toute honnêteté avec ses homologues de par le monde, puis transmettre à son gouvernement son opinion franche sur les dirigeants, les politiques et les actions des autres pays. Je suis convaincu que les citoyens de bonne volonté reconnaîtront que les rapports internes écrits par les diplomates ne représentent pas à eux seuls la politique étrangère officielle d’une nation. Aux Etats-Unis, ils ne constituent qu’un des éléments parmi d’autres qui contribueront à forger nos politiques, lesquelles sont déterminées, en dernier lieu, par le président et par la secrétaire d’Etat. Ces politiques font l’objet d’archives, constituées
de milliers de pages de discours, de déclarations, de rapports et d’autres documents que le département d’Etat américain met à disposition du public sur le Web et ailleurs. Mais les torts causés aux relations entre les gouvernements ne sont pas le seul sujet de préoccupation dans cette affaire. Les diplomates américains ne rencontrent pas que des acteurs gouvernementaux ; ils sont également amenés à rencontrer des militants des droits de l’homme, des journalistes, des dirigeants religieux et toutes sortes de personnes qui peuvent donner leur opinion franche sur telle ou telle situation. Ces échanges sont, eux aussi, basés sur la confiance et sur la discrétion. Si un militant engagé dans la lutte contre la corruption fait état d’informations concernant des malversations de la part de personnes haut placées, ou si un travailleur social apporte des preuves de violences sexuelles, le fait de révéler l’identité des coupables peut avoir de sérieuses conséquences : l’emprisonnement, la torture, voire, dans certains pays, la mort. Il n’est de l’intérêt de personne de révéler ce genre d’information. Les animateurs du site Internet WikiLeaks prétendent posséder quelque 250 000 documents secrets, dont une grande partie a été communiquée aux médias. Quelles que soient leurs intentions en publiant ces documents, il est clair que cette divulgation suscite des risques bien réels pour des personnes bien réelles, et bien souvent justement pour des personnes qui ont consacré leur vie à protéger d’autres vies. Une action destinée à émettre une provocation contre les puissants pourra, au contraire, mettre en danger les personnes sans défense. Nous soutenons et nous encourageons le débat d’idées surles questions cruciales de politique publique. Mais diffuser des documents à la légère et sans considération pour les conséquences éventuelles n’est pas le bon moyen d’engager ce débat. p
Jean-Pierre Raffarin: «L’effondrement ne menace par la France comme l’Irlande» DIMANCHE SOIR POLITIQUE France Inter « Le Monde » i>TELE avec Dailymotion b
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Jean-Pierre Raffarin Sénateur UMP de la Vienne, ancien premier ministre L’Europe et le FMI viennent de se porter au secours de l’Irlande. La France estelle, elle aussi, menacée par un excès de dette ?
Je ne le crois pas. L’effondrement ne menace par la France comme l’Irlande. L’Etat français a beaucoup d’actifs. Il est présent dans des secteurs économiques et financiers importants. En outre, le gouvernement a montré sa capacité de réforme, notamment à travers les retraites. Il s’est engagé à réduire le déficit budgétaire qui doit tomber à 90 milliards d’euros dans le prochain budget. La dette est importante, c’est vrai. En dix ans, elle a plus que doublé mais son remboursement ne nous coûte pas plus cher que durant la période où j’étais premier ministre [2002-2005] car nous bénéficions de taux d’intérêt très bas. Pour nous, la problématique, c’est de garder la maîtrise des taux d’intérêt.
res, prendraient des apprentis et favoriseraient l’alternance. Il faut redistribuer nos dépenses sociales pour qu’elles soient plus actives. Faut-il, au nom de l’emploi, transférer une partie des charges sociales sur la TVA ?
Cela aurait deux avantages : les salariés verraient leur salaire net se rapprocher de leur salaire brut ; les produits importés subiraient une taxe alors que nos exportations seraient favorisées. La situation économique internationale nous impose d’ouvrir ce chantier en 2011. Angela Merkel est très critiquée. On la soupçonne de vouloir pousser hors de la zone euro les pays trop endettés. Etesvous inquiet pour l’Europe ?
Qu’Angela Merkel défende cette thèse de rigueur, c’est compréhensible. Mais il y a aussi la thèse de la croissance et de la cohésion. Il faut un compromis. N’ayons ni panique ni nervosité. On finira par s’entendre. Il n’y a pas d’espoir, de chemin, d’avenir sans une bonne coopération franco-allemande. La France est-elle suffisamment forte pour se faire entendre de l’Allemagne ?
On est entré dans chaque crise avec des positions divergentes et on est sorti
Justement, ceux-ci risquent de remonter.
C’est la raison pour laquelle il est essentiel de maintenir la confiance. Le risque qui pèse sur la France n’est pas principalement financier. Il est celui d’une croissance faible qui pèserait sur l’emploi. Il faut prendre des mesures de soutien, réfléchir à cette trentaine de milliards d’euros d’allégements de charges qui ont été donnés aux entreprises pour compenser les 35 heures. Vous voulez les remettre en cause ?
Oui, et consacrer ces sommes à autre chose. Les accorder aux entreprises qui, par exemple, augmenteraient les salai-
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avec une action commune. Je fais confiance au président de la République pour dégager un consensus. Avant le remaniement, vous plaidiez pour une « rupture sociale » que vous n’avez pas obtenue. Craignez-vous une défaite de la droite en 2012 ?
Il faut un sursaut. Ces dix-huit mois doivent être mis à profit pour faire des inflexions. Si je souhaite peser un peu avec mes amis sénateurs, ce n’est pas pour faire sécession, pas pour faire de la division, c’est simplement pour infléchir la trajectoire sur un certain nombre de sujets. Il y a des déchirures sociales qu’il faut réparer avec une politique plus volontariste en matière de logement, d’éducation, d’emploi. Il faut aussi davantage parler de projets, sortir du court terme, donner une vision. Les centristes qui se sentent mal traités dénoncent le retour de l’Etat RPR.
C’est vrai que le gouvernement a une base politique rétrécie. Mais Nicolas Sarkozy corrigera ce déséquilibre. Sa victoire de 2007 a été en grande partie solitaire, celle de 2012 sera collective. Il faut qu’il associe et mobilise tout le monde. Son leadership peut-il être contesté ?
Non, le candidat de la majorité présidentielle, c’est lui, et nous serons rassemblés derrière lui. Il n’y a pas de place dans le camp du président contre le président. Souhaitez-vous que Jean-Louis Borloo soit candidat à la présidentielle ?
C’est à lui de le dire. Etre candidat, c’est une démarche très personnelle. Il faut le vouloir, avoir la conviction très profonde qu’on peut faire exister des idées. Je souhaite que nous participions au débat mais pas nécessairement qu’il y ait un candidat. p Propos recueillis par Jean-Françoise Achilli, Jean-Jérôme Bertolus et Françoise Fressoz
Analyses Décryptages 21
0123 Mardi 30 novembre 2010
La présidentielle à qui perd gagne France Gérard Courtois
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ira bien qui rira le dernier », pense sans doute Nicolas Sarkozy, le matin, en se rasant. Enclin à se croire plus malin que tout autre – et l’ayant d’ailleurs démontré dans le passé –, le président de la République peut, en effet, tirer de la période récente un bilan positif. Après des mois de suspense foireux, de supputations oiseuses, de plans sur la comète centriste et d’hésitations insolites, le chef de l’Etat vient, en effet, de mettre en place son dispositif de précampagne présidentielle. En l’espace de dix jours, il peut estimer avoir repris la main et consolidé sa position de « patron » indiscutable de la droite, d’ici à 2012. Les rivaux potentiels? Ils ont été placés sous contrôle, François Fillon à Matignon, Alain Juppé au ministère de la défense, Jean-François Copé au secrétariat général de l’UMP. Les contestataires éventuels? Des promotions les contraignent à une allégeance obligée, François Baroin comme porteparole du gouvernement en plus du budget et Christian Jacob à la tête du groupe des députés UMP. L’ennemi intime, Dominique de Villepin? Le voilà dépouillé de ses
derniers soutiens, ou presque, avec le débauchage de Marie-Anne Montchamp. Quant aux centristes ulcérés ou ronchons, il ne fait pas de doute que la distribution des investitures législatives pour 2012 les ramènera bientôt, bon gré malgré, à meilleure composition. Non content d’avoir mis en place une équipe aguerrie et d’être revenu aux « fondamentaux » de la droite, comme le lui réclamait sa majorité depuis la déroute des régionales, M.Sarkozy peut également se réjouir des pièges qu’il a tendus à l’opposition. La réforme des retraites a provoqué de sérieux embarras chez les socialistes ; la question de la dépendance, celles des jurys populaires dans les tribunaux correctionnels ou de la maîtrise des finances publiques pourraient, à nouveau, les placer méchamment en porte-à-faux dans les prochains mois. Voilà donc ce que le président peut se dire le matin, en se rasant. Mais à quoi songe-il le soir, en se couchant? A l’inverse probablement, et en pire, s’il est lucide ! Car cette interminable séquence a sonné, en quelque sorte, «la fin du sarkozysme ». Ce n’est pas parce que la formule est de Marine Le
Pen qu’elle est fausse. Depuis plus de trois ans, le chef de l’Etat avait imposé une conception plus exclusive que jamais du pouvoir et de l’autorité. En l’espace de dix jours, il vient, à cet égard, de subir trois camouflets. Il voulait changer de premier ministre, chacun le sait, à commencer par les intéressés, le sortant François Fillon comme l’entrant présumé, Jean-Louis Borloo. Il n’y est pas parvenu. Sa majorité l’en a empêché. Comme le résume un ministre sagace : « Le président avait le choix : soit garder Fillon et continuer les réformes, soit prendre Borloo et arrêter les réformes, car la majorité refusait de le suivre. » Le
chef de l’Etat a donc dû céder à sa majorité; quoi qu’il en ait dit depuis, le choix de reconduire M.Fillon à Matignon a bien été contraint. Pour un héritier revendiqué du gaullisme, c’est incongru. Deuxième camouflet: la direction de l’UMP, « son » parti depuis 2004. Là encore, le président n’a pas pu s’opposer à l’offensive ouvertement déclenchée par JeanFrançois Copé pour en assurer le secrétariat général. Il pouvait compter, rue de la Boétie, sur le fidèle Xavier Bertrand; il va désormais devoir composer avec l’ambitieux et déterminé maire de Meaux. Enfin, ce dernier a fait coup double en imposant sans difficulté son successeur, Christian Jacob, à la présidence du groupe UMP de l’Assemblée. De ces trois épisodes, le chef de l’Etat sort donc affaibli. Ce n’est pas tout. Une des réussites du « sarkozysme », en 2007, était d’avoir rassemblé toutes les droites et élargi sa base politique jusqu’aux confins de la gauche. Qu’en est-il trois ans plus tard? L’ouverture vient d’être rangée au magasin des accessoires périmés ; s’ils ne deviennent pas des concurrents, les centristes en tous genres seront au mieux des « malgré nous» de la campagne de 2012; le président se trouve donc canton-
né sur son vieux socle RPR, à forte coloration chiraquienne. Ce n’est pas un gage d’audace… Reste l’homme et son image, déterminante à l’approche d’un rendez-vous présidentiel. Le sarkozysme était un style, un tempérament, une énergie, un goût constant de la transgression. Depuis des mois, par petites touches méthodiques, le chef de l’Etat s’emploie à en corriger les excès, qui ont très vite agacé puis exaspéré une large majorité de Français. «Union nationale », « intérêt
Pour Nicolas Sarkozy, la cohérence recherchée sera une longue patience. Cette métamorphose sera-t-elle crédible ? général» et «président protecteur» sont devenus ses maîtres mots. Encore faudrait-il, pour qu’ils portent, que la parole présidentielle, si galvaudée depuis trois ans, retrouve quelque crédit. Que ce nouveau style présidentiel ne sente pas trop le contre-emploi. Et que l’ancien personnage, provocateur et pétaradant, ne ressorte pas de la coulisse à la moindre occa-
sion. Pour Nicolas Sarkozy, la cohérence recherchée sera une longue patience. Cette métamorphose sera-t-elle crédible ? C’est une des clefs de 2012. De tout cela, un mauvais esprit pourrait conclure que le chef de l’Etat a déjà beaucoup fait pour se voir remercié dans dix-huit mois. Ce serait sans compter avec la gauche et les socialistes, en particulier, qui font beaucoup, ces temps-ci, pour lui redonner de l’espoir. La procédure des primaires est censée donner à leur candidat(e) élan et légitimité populaires. Pour l’heure, elle souligne cruellement leur confusion : s’agit-il d’organiser une vraie compétition entre candidats et projets, avec les risques que cela comporte, ou d’entériner le (ou la) champion (ne) des sondages, comme en 2006 ? Est-il sérieux, efficace et convaincant de tergiverser pendant un an encore, entre les hésitations, les velléités, les coquetteries, les manœuvres des uns et des autres, les pactes à deux ou à trois, et leurs démentis immédiats. La réponse est dans la question : à ce mauvais jeu-là, le résultat de l’élection présidentielle de 2012 pourrait bien se régler à qui perd gagne. p Courriel : courtois@lemonde.fr
Le livre du jour
La passion du cinéma
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st-ce un livre cadeau, même s’ilne contient aucune photographie? Assurément oui, car le travail d’édition est soigné, et le contenu inégalé. Le maître d’œuvre en est le cinéaste Paul Vecchiali, auteur de Femmes femmes etde Corps à cœur, qui s’est entouré d’une vingtaine de rédacteurs pour écrire ce dictionnaire des cinéastes « français » des années 1930. Pour-
L’Encinéclopédie Cinéastes « français » des années 1930 et leur œuvre Sous la direction de Paul Vecchiali, 2 tomes, Editions de l’Œil, 738 et 880 p., 40 ¤, en librairie le 6 décembre quoi ces guillemets autour de « français » ? Paul Vecchiali a intégré tous les cinéastes ayant travaillé en France de la naissance du parlant à la fin de l’année 1939, mais aussi ceux qui ont filmé pour la France. Ce fut entre autres le cas de Dreyer (Vampyr, 1931), de Lang (Le Testament du docteur Mabuse en 1932, Liliom en 1934), de Pabst (huit films entre 1930 et 1939), de Sirk (Accord final, en 1939), de Billy Wilder qui tourna Mauvaise graine en 1934 avec Danielle Darrieux « Le cinéma français a toujours été à l’avant-garde de l’écriture. Sans doute parce que, surtout dans les années 1930, insolence etgénérosité en ont été les piliers », dit Paul Vecchiali,quelarègleétablieetl’histoire officielle irritent. « Insolence du propos, qu’il soit politique, social ou sexuel, sous les apparats de la séduction. Générosité ou don de soi, dans le sens où l’on se souciait peu d’être entendu, où l’on se livrait au plaisir en espérant le partager avec le public. » Ce que nous proposeM. Vecchiali après dix ans de recherches est un regard de passion, des opinions tranchées sur tous les films recensés (une subjectivité revendiquée), un respect du cinéma populaire, autant de considération pour les
nanars que pour les films de cinémathèque.Etuneattentionparticulière pour les acteurs, qu’il s’agisse des stars ou de ces seconds rôles que l’on nomma «excentriques ». M. Vecchiali dit ce qu’il pense sansselaisserintimiderparlanotoriété de ceux dont il analyse les films. Qualifié de «pompeux, misogyne et homophobe », Sacha Guitry, par exemple, subit un jugement sévère : « C’est la lourdeur comique, les redondances, l’emphase et les idées reçues. » Même s’il lui reconnaît un chef-d’œuvre, Donnemoi tes yeux. Marcel Pagnol reçoit quelques coups de patte (« Il est bien meilleur lorsqu’il s’appuie sur Giono que sur lui-même », à propos deRegain, 1937). Jean Renoir est corrigé,accuséde chercherdesintellectuels « une complicité malsaine », de revendiquer l’influence de Stroheim dont il n’a «ni l’épaisseur ni le côté sarcastique », de développer un « didactisme outrancier qui court-circuite le propos ». L’ouvrage ne vise pas qu’à exercer sa causticité. Il prend la défense de Pension Jonas, de Pierre Caron, que la censure avait interdit pour imbécillité : « Des gens qui ne connaissaient ni Prévert, ni Queneau, ni Feydeau, ni Labiche sans doute. » Sort de l’oubli Jeff Musso, auteur du Puritain (1937): « C’est un grand cinéaste, tout à fait hors norme : c’est sans doute pourquoi on l’ignore souvent, comme s’il posait problème.» Réhabilite Yves Mirande (Baccara, 1935, « un régal ! »). Autant-Lara attaqué par la Nouvelle Vague ? «L’esbroufe et l’arrivisme n’étaient pas dans son camp. » Après avoir revu Zéro de conduite, de Jean Vigo (1933), et La Belle Equipe, de Julien Duvivier (1936), M. Vecchiali tempère les enthousiasmes d’hier. Du premier, « on a exagéré le côté révolté : j’y vois surtout de la gaminerie ». Le second «n’est pas le chef-d’œuvre que mon souvenir me suggérait »… C’est cette honnêteté éclairée qui fait le suc de cette encyclopédie. p Jean-Luc Douin
Supplément gratuit mercredi 1er daté jeudi 2 décembre 2010
22 Culture
0123 Mardi 30 novembre 2010
Aux Bouffes du Nord, la bataille derrière le succès L’Etat a profité du départ de Peter Brook pour réduire de moitié la subvention du théâtre, qui dénonce un «gros gâchis»
L
e climat est bizarre aux Bouffes du Nord. Sur scène, c’est l’euphorie. Le théâtre parisienestcomplet jusqu’au31décembreavec Une flûte enchantéerevisitée par Peter Brook, qui fait un tabac. En coulisses, le malaise et l’inquiétude règnent. Une bataille se joue, avec pour enjeu la survie de ce théâtre tel qu’on le connaît depuis plus de trente ans. Le patron, Peter Brook, 85 ans, se retire. Une page se tourne. Construit en 1876, dévolu au music-hall ou aux revues de cabaret jusqu’à sa fermeture en 1952, tombé dans l’oubli, le Théâtre des Bouffes du Nord avait été redécouvert en 1974 par le maître britannique. Dans ce lieu brut, dominé par la proximité entre la scène et le public, il a créé des spectacles mythiques, comme Timon d’Athènes, Le Mahabharata ou La Tragédie de Carmen. Les Bouffes sont depuis connues dans le monde entier. Avec la codirectrice, Micheline Rozan, Brook annonçait dans Le Monde, il y a deux ans, les noms de ses successeurs : les entrepreneurs de spectacles Olivier Mantei, 45 ans, et Olivier Poubelle, 50 ans. Après une année de transition, Mantei et Poubelle seront seuls aux manettes le 1er janvier 2011. Leur programme, plus musical, a été adoubé par le metteur en scène. Reste à le financer. Brook et son théâtre recevaient de l’Etat 1,3 million d’euros, qui alimentait le lieu proprement dit, et le Centre international de recherche et de création théâtrale, labora-
toire de l’artiste d’où sortent ses spectacles. En 2011, l’Etat donnera 300 000 euros pour Peter Brook et son centre, et 400 000 euros au théâtre. Autrement dit, ce sont 600 000 euros de pertes pour les Bouffes, et autant d’économies pour le ministère de la culture. Du jamais-vu pour un lieuaussi prestigieux. Poubelle et Mantei s’attendaient, avec le retrait du grand Anglais, à ne pas obtenir de l’Etat 1 million mais plutôt 800 000 à 900 000 euros. « Mais, de là à ce que ça tombe de plus de la moitié… Nous avons défini un programme ambitieux. On ne pourra le tenir, un gros gâchis », s’indignent-ils. Certains s’inquiètent de voir les Bouffes faire « du commercial », s’asphyxier, et pourquoi pas devenir une boîte de nuit. D’autant qu’en cent trente ans d’existence le lieu, modeste avec ses 500 places, a plus connu la faillite que le succès.
Economiser partout L’Etat, qui cherche à économiser partout, avance deux arguments : le retrait du maître et le statut privé d’un théâtre, en grande partie autofinancé. L’enveloppe de l’Etat ne couvre qu’une petite partie du budget – de 4 à 6 millions d’euros selon les années. Ce sont surtout les ventes à l’étranger des spectacles qui alimentent la machine. « Le 1,3 million d’euros, c’était pour Brook, pas pour les Bouffes du Nord, qui est un théâtre privé, et qui n’y a pas droit, explique Georges-François Hirsch, directeur de la création au ministère de la
Construit en 1876, dévolu au music-hall ou aux revues de cabaret jusqu’à sa fermeture en 1952, tombé dans l’oubli, le Théâtre des Bouffes du Nord avait été redécouvert, en 1974, par le maître britannique. PATRICK TOURNEBŒUF POUR « LE MONDE » culture. Peter Brook a vendu son bail à qui il voulait, les repreneurs ont librement défini leur projet. L’Etat n’est intervenu en rien dans ce processus. Qu’on ne nous demande pas de financer le lieu comme nous le faisons de théâtres
où nous sommes partenaires. 400 000 euros, c’est déjà beaucoup. » M. Brook, qui ne veut pas entrer dans les « polémiques sur l’argent », se souvient : « Hirsch m’a en effet dit que la subvention était liée à mon nom. » Les Bouffes, une entreprise privée ? Pas si simple. Pour les spectateurs, le lieu a l’image d’un théâtre public (comme la Cartoucherie d’Ariane Mnouchkine). Il est situé dans un quartier populaire, derrière la gare du Nord. Il est simple, sans façade sur la rue et offre des billets à prix raisonnable. Le programme 2011, que le ministère de la culture juge « très intéressant », est exigeant. Et Brook continuera d’y présenter ses spectacles.
Pour expliquer cette « sanction », Mantei et Poubelle avancent d’autres raisons : « Le ministère de la culture n’a pas de prise sur le lieu, il a l’impression qu’on lui force la main, et nous ne sommes pas des artistes. »M.Hirsch qualifieeneffet les repreneurs de «commerçants », terme péjoratif pour des responsables de théâtre. Surtout eux : Olivier Mantei a administré les Bouffes de 2000 à 2005, il a accompagné l’aventure du Chœur Accentus de Laurence Equilbey, il gère aujourd’hui l’Opéra-Comique. Olivier Poubelle possède des salles de concert (le Bataclan, la Maroquinerie, la Flèche d’or) et défend des chanteurs comme Cali, Fersen, Delerm, Arthur H, Olivia Ruiz, Ste-
phanEicher,Sanseverino… « Letandem idéal » pour amener aux Bouffes « toutes les musiques associées à la danse et au théâtre», dit Brook. M. Hirsch promet de « voir comment améliorer les choses ». Les repreneurs sont plus alarmistes. Après le 15 décembre, si rien ne change, « il faudra annuler des projets ». Une aide de la Ville de Paris ? « Nous avons déjà de lourdes charges culturelles », répond Christophe Girard, adjoint à la culture, qui juge « honteuse et insupportable » l’attitude de l’Etat. Peter Brook le dit autrement : « Pour maintenir la qualité, il faut prendre des risques. Et pour prendre des risques, il faut des moyens. » p Michel Guerrin
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Langue des signes française
ui est François Malkovsky (1889-1982)? Un danseur, illustre inconnu au bataillon des répertoires, que les chorégraphes Cecilia Bengolea et François Chaignaud ont entrepris de ressusciter à travers le spectacle Hydra, programmé les 30novembre et 1er décembre, à la Ménagerie de verre, à Paris (11e). Ce récital est composé d’une vingtaine de solos et de duos, d’une durée d’une à cinq minutes, interprétés dans les années 1920-1930 par Malkovsky à la Comédie des Champs Elysées, à Paris. Il y a trois ans, sur les conseils d’une amie, Cecilia Bengolea et François Chaignaud débarquent dans le studio de Suzanne Bodak, 72ans, élève de Malkovsky, qui donne un week-end par mois des ateliers à des femmes âgées de 60 à 80 ans. « On nous avait dit que ses danses faisaient du bien et, lorsque nous les avons découvertes, nous avons eu immédiatement envie de les apprendre, raconte Cecilia Bengolea. Elles sont très agréables pour le plexus, entre autres, car elles mobilisent tout le corps dans un mouvement continu, ce qui est à l’opposé du corps contemporain fragmenté. » Pendant deux ans, le duo de chorégraphes suit l’enseignement de Suzanne Bodak et découvre ces « danses libres », influencées par Isadora Duncan (1877-1927). « Malkovsky ne chorégraphie aucun sentiment négatif comme la rage, la folie, mais que des émotions nobles autour de l’amour, de l’amitié, de la beauté, poursuit Cecilia Bengolea. Sa ges-
tuelle est portée par un désir de faire corps avec la nature, le vent, les arbres, la mer… Une forme d’utopie romantique autour de l’homme et du cosmos mène son travail. »
Elan généreux Le principe-clé du danseur réside dans la force première du regard: c’est lui qui conduit le mouvement, lui donne l’impulsion, relayé par le torse. Cet élan généreux fait circuler l’énergie dans tout le corps à travers un
mouvement organique, jouant du ressac en douceur. C’est en slip ou en string (comme Malkovsky), torse nu, le corps entièrement peint et orné de rubans que Cecilia Bengolea et François Chaignaud danseront Hydra, sur des musiques de Frédéric Chopin et Franz Schubert, interprétées au piano en direct par Alexandre Bodak, mari de Suzanne. Histoires de danse en famille.p Rosita Boisseau
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Culture 23
0123 Mardi 30 novembre 2010
Design téléporté à Saint-Etienne
A Guadalajara, Royal de Luxe réveille le rêve mexicain
La 7e Biennale associe technologie et créateurs
La troupe de théâtre de rue célébrait le bicentenaire de l’indépendance
Exposition
Guadalajara Envoyé spécial
Saint-Etienne Envoyé spécial
Inventaire prospectif « Prédiction » livre les propositionslespluscritiques,souventproches du domaine artistique. Dans cet inventaire prospectif, Minimal Dress,delaNéerlandaiseDignaKosse joue des excès avec grâce et habille la nudité de simples fils. Mais le temps fort de la Biennale délaisse un instant l’objet pour la correspondance de l’Américain Herman Wallace – confiné depuis trente-huit ans dans 5 m2 du pénitencier d’Angola (Louisiane) –, avec Benjamin Loyauté qui l’avait invité à réfléchir sur la notion de confort. L’homme joue le jeu mais ne peut oublier sa condition. « Tout est conçu pour dégrader le prisonnier, dit-il. C’est le design de l’humiliation.»p Jean-Jacques Larrochelle De 10 heures à 19 heures De 5¤ à 20 ¤. Biennale2010.citedudesign.com
E
n tête de cortège, un énorme revolver tire avec fracas une pluie de poèmes sur une foule en liesse. C’est par ce symbole, guerrier et lyrique à la fois, que la compagnie de théâtre de rue Royal de Luxe a conclu, dimanche 28 novembre, la déambulation de trois marionnettes gigantesques dans la ville de Guadalajara à l’ouest du Mexique. Durant six jours, une fillette de 5,5 mètres en robe traditionnelle, un chien noir de la taille d’un cheval et un paysan moustachu de 9,5 mètres, ont rythmé à pas de géant les festivités du bicentenaire de l’indépendance du pays et du centenaire de sa révolution. L’allégresse populaire est montée crescendo, allant de surprises en découvertes : mardi matin, un mur tombé du ciel, orné d’une fresque historique à la manière de Diego Rivera. Le lendemain, un énorme bloc de glace, renfermant le chien Xolo, puis jeudi, un sarcophage sortant de terre. Le murmure de curiosité dans cette ville de 6 millions d’habitants s’est transformé en conte magique quand, vendredi, un groupe de mariachis a réveillé l’animal, décongelé par le soleil. Ce chien sans poil rappelle Xolotl, un des dieux aztèques de l’au-delà. Remuant les oreilles et la queue, tirant la langue, cette création inédite est vite devenue la
coqueluche des enfants. « Il fait pipi par terre », s’étrangle Felipe, 8 ans. Actionné par 22 manipulateurs coiffés d’un chapeau de paille, l’animal a rejoint d’une démarche souple et rapide (4 à 6 km/heure) la Petite Géante, personnage fétiche de la Compagnie. Avec ses nattes à la Frida Kahlo, la fillette avait débarqué la veille en bus de l’Etat de Morelos, berceau du révolutionnaire Emiliano Zapata, pour retrouver son oncle, « El Campesino (le paysan) », enterré dans un sarcophage lors de la guerre d’Indépendance.
3,5millions de spectateurs, amassés le long des 14km de barrières C’est au rythme de cette folle épopée, imaginée par Jean-Luc Courcoult, grand manitou de Royal de Luxe, qu’ont vécu 3,5 millions de spectateurs, amassés le long des 14 km de barrières, perchés dans les arbres, agglutinés sur les balcons. « Je retombe en enfance », lâche une octogénaire les larmes aux yeux. Son voisin émerveillé a fait 200 km pour voir les géants. Le spectacle, commandé par le président conservateur Felipe Calderon, pour un coût estimé à 4 millions d’euros, a pourtant failli ne jamais voir le jour. Prévu à Mexico, il a été annulé fin octobre. « C’est
politique. Marcelo Ebrard, le maire de gauche de Mexico, est en compétition avec Calderon sur les festivités du bicentenaire », confie JeanMarc Ayrault, le maire de Nantes, venu voir la troupe qui réside dans sa ville. Guadalajara a récupéré in extremis le projet, rebaptisé « Le Géant de Guadalajara ». « Pour faire passer les géants, on a enterré en urgence 2 kilomètres de câbles électriques, déplacé des murets et des grilles, déplanté des arbres… », se félicite Myriam Vachez, maire adjointe chargée de la culture. Chaque jour, les journaux consacraientleur «une» auxcolosses, filmés en hélicoptère par la télévision locale. « Ici, on ne voit jamais des spectacles aussi monumentaux », souligne Monica Villa, institutrice venue avec ses élèves ébahis. Samedi, l’aventure collective a connu l’euphorie quand « El Campesino » est sorti de son sarcophage de 12 mètres avec son poncho gris et ses sandales taille 237. Au coucher du soleil sur une mélodie de Nino Rota, la Petite Géante s’est assise tendrement sur ses genoux, avant de s’endormir nichée dans ses bras, sous une tonne d’applaudissements et de cris. « Les Latinos sont des enfants amoureux », s’émeut Jean-Luc Courcoult, accueilli le lendemain en rock star. Et Claudia Aguilar, mère au foyer, d’ajouter la voix tremblante : « Je me sens orpheline en pensant que le rêve est fini. » p Frédéric Saliba
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/ © 2010 CARACTERES
C
ecin’estpasun salon.ASaintEtienne (Loire), jusqu’au 5décembre,laBiennaleinternationale design n’est pas que l’occasion de jubiler des variations sur le thème de l’objet et son usage. Elle révèle aussi la démarche de créateurs qui, bien qu’attentifs au dit objet, interrogent la manière dont leur geste s’inscrit symboliquement dans un cadre désormais hyper communicant. « Comment les faits sociologiques qui mènent le mondepeuvent avoir unimpactsur des actes de design », résume BenjaminLoyauté,responsabledel’espace « Prédiction », un « village » de 2 500 m2 où voisinent 130 irréductibles designers. Sur 12 000 m2, la 7e édition de la Biennale – dont le commissariat général a été confié à Constance Rubini, historienne du design – est une constellationd’univers, d’accès pastoujoursaisé.Lesateliersdel’ancienne manufacture d’armes de la villeajoutentunedimensioninsondableàcefoisonnementdepropositions, obscures ou lumineuses. Maîtremotdel’ensemble:latéléportation.«Silatéléportationphysique n’est pas encore réelle, souligne la commissaire, les techniques numériques nous permettent de nous téléporter mentalement dans n’importe quels espaces virtuels. » Conçuepar Claire Fayolle, la section
« Demain c’est aujourd’hui #3 » organise cette problématique avec rigueur et audace. L’objet, ici présent, alliant intuition et savoir-faire technologiques, tente de répondre aux « questionnements actuels sur l’avenir». Ainsi Vector Hatchery, du RoyalCollege orArtdeLondres,une couveuse destinée à accueillir des moustiques conçus pour fabriquer biologiquement des stabilisateurs d’humeur. Ou La Dalle Mémoire, de BETC Design et Saint-Gobain, un « concept prospectif lié au rituel funéraire», qui opère l’évanouissement virtuel de l’image du défunt.
BAVARIA FILMINTERNATIONAL PRÉSENTEUNEPRODUCTION DREAMERJOINTVENTURE ENCOPRODUCTIONAVEC SENATORFILMPRODUKTION,ENIGMAPICTURES ET NIAMA-FILM AVEC KHOMOTSOMANYAKA,LERATOMVELASE,HARRIETMANAMELA,KEOBAKAMAKANYANE ET TINAHMNUMZANA CASTING MOONYEENLEE COSTUMES NADIA KRUGER DÉCORS CHRISTIANEROTHE MONTAGE DIRKGRAU IMAGE BERNHARD JASPER MUSIQUE ALI N. ASKIN PRODUCTEUR ASSOCIÉ DANIELA RAMIN PRODUCTEUR EXÉCUTIF HELGE SASSE COPRODUCTEURS GREIG BUCKLE & THOMAS REISSER, DAN SCHLANGER D'APRÉS LE ROMAN 'CHANDA'S SECRETS' DE ALLAN STRATTON SCÉNARIO DENNIS FOON PRODUIT PAR OLIVER STOLTZ RÉALISÉ PAR OLIVER SCHMITZ www.arpselection.com
1ER DÉCEMBRE
Arts
271 œuvres de Picasso découvertes Les héritiers de Pablo Picasso ont déposé plainte pour « recel » après la découverte de 271 œuvres du peintre non répertoriées chez un électricien à la retraite, a dévoilé Libération dans son édition de lundi 29 novembre. Réalisés entre 1900 et 1930, ces collages, gouaches sur papier, dessins, lithographies ont été retrouvés au domicile de l’artisan, qui travailla pour l’artiste pendant les trois dernières années de sa vie, entre 1970 et 1973. Ne figurant dans aucun inventaire, ces pièces, évaluées au total à une soixantaine de millions d’euros, lui auraient été données par le maître. En janvier, il avait demandé à la succession d’authentifier certaines d’entre elles, provoquant la stupeur des héritiers. Les œuvres ont été saisies par l’Office central de répression des biens culturels (OCBC). p
Cinéma Les auteurs de « Séraphine » condamnés pour plagiat Le producteur et le scénariste du film Séraphine, qui a obtenu sept Césars en 2009, ont été condamnés, vendredi 26 novembre, pour plagiat par le tribunal de grande instance de Paris. Ils avaient été assignés par l’historien d’art Alain Vircondelet, auteur d’une biographie de Séraphine Louis (1864-1942). Le tribunal relève « la reprise d’éléments biographiques inventés par M. Vircondelet, on note une similitude dans la formulation employée, parfois au mot près ». TS Production et Martin Prévost devront payer 25 000 euros à M. Vircondelet et aux éditions Albin Michel. – (AFP.)
24 Sport
0123 Mardi 30 novembre 2010
Atmosphère à la Borgia à la tête du foot français La démission de Jacques Lambert de la direction générale de la FFF plonge la fédération dans le chaos Football
O
n pensait que la Fédération française de football (FFF) avait touché le fond lors du marasme du Mondial sud-africain. Elle dispose encore apparemment de réserves. La vénérable institution devait afficher un consensus, au moins de façade, vendredi 26 novembre en validant lors de la réunion de son conseil fédéral la réforme de sa gouvernance, si décriée à l’issue de la Coupe du monde. Et puis, patatras. La brusque annonce, ce même jour, de la démission du directeur général, Jacques Lambert, a plongé un peu plus la première fédération sportive de France dans le chaos. Nommé en avril 2005, cet ancien énarque et préfet a décidé de jeter l’éponge, lassé par les manœuvres d’appareil qui se déployaient autour de lui. Maître d’œuvre du dossier de candidature français pour l’obtention de l’Euro2016, il continuera de le piloter en prenant, en janvier 2011, la tête du Comité d’organisation de la future compétition auprès de l’Union européenne de football association (UEFA), dont il est proche du président, Michel Platini. Ni la FFF ni Jacques Lambert ne devraient faire de commentaire sur cette démission avant la mise en place de la structure organisa-
tionnelle de l’Euro 2016. Si le départ du directeur général de la FFF à l’UEFA est logique, son annonce a sans doute été précipitée afin de crever l’abcès. En clair, Jacques Lambert a claqué la porte en raison de l’attitude d’un de ses subordonnés, André Prévosto, directeur général de la Ligue du football amateur (LFA), dont il a mis en cause la loyauté. C’est ce qu’a immédiatement fait comprendre un de ses alliés, Noël
lisation de M. Lambert en répondrait ainsi une autre : M. Prévosto n’est autre que le plus fidèle soutien de M. Duchaussoy, au point d’être décrit par ses détracteurs comme sa « mouche du coche ». Une atmosphère digne des Borgia pourrait être évoquée ces jours-ci, boulevard de Grenelle. En fait, la crise couvait depuis la nomination par intérim de Fernand Duchaussoy le 23 juillet, en remplacement de Jean-Pierre Escalettes, emporté par l’affaire des « mutins de Knysna ». Depuis, deux clans n’ont cessé de guerroyer : les pro-Duchaussoy (candidat pour l’élection de juin 2011), avec Prévosto en première ligne, etles pro-Lambert, comme le trésorier Bernard Désumer qui avait critiqué, dès octobre, les méthodes de M. Duchaussoy, notamment l’appel à des consultants extérieurs. Blessé, le nouveau président avait songé à démissionner. Le sélectionneur de l’équipe de France, Laurent Blanc, a prudemment observé que la guéguerre à la FFF « confirme qu’il n’y a pas d’unité ». Il y a surtout un problème de pouvoir. Convoité, celui-ci n’est désormais occupé que par des intérimaires au sommet de la pyramide. Après le fiasco sud-africain, la vox populi avait exigé une démission collective et immédiate des caciques. Elle est en passe de
Le pouvoir n’est désormais occupé que par des intérimaires au sommet de la pyramide Le Graët, vice-président de la FFF, en expliquant qu’il comprenait ce geste parce que M. Lambert « ne peut travailler dans ce milieu d’intrigants ». Un autre, le secrétaire général de la FFF, Henri Monteil, a été plus explicite en précisant que les comploteurs « se trouvent peutêtre au deuxième étage », là même où se situent les bureaux de la LFA. Au cours de ce conseil fédéral houleux, une procédure disciplinaire visant André Prévosto a été demandée au président de la FFF, Fernand Duchaussoy. A la déstabi-
Nous sommes trop informés pour réfléchir. Nous subissons les crises sans moyens de réagir. Nous communiquons plus que nous n’avons à dire. Nous sommes libres, autonomes et souvent seuls. Nous vivons le monde sur des écrans, le virtuel gagne sur le réel. • Nous avons levé nos blocages, mais cherchons encore le désir. • Nous sommes affranchis des illusions, des religions, des idéologies, mais nous avons perdu nos repères. • Nous allons de plus en plus vite, mais où ?
Jean-Louis Servan-Schreiber
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« Elle était dans l’air depuis un certain temps. Jacques Lambert aurait souhaité une direction politique plus forte. Je pense que le climat préélectoralet les incertitudesgénérales ont pesé sur sa décision. C’est
quelqu’un qui aime travailler dans un cadre où l’autorité est affirmée. Et il n’avait pas avec Duchaussoy le lien de confiance qu’il avait avec Escalettes. » p Bruno Lesprit
Calendrier de la Fédération française de football 18 décembre L’assemblée fédérale de la FFF doit voter la loi-cadre de la réforme de la gouvernance. Celle-là institue l’élection du président au scrutin de liste, sur un principe de transparence (« un projet, un homme/une femme, une équipe »). Seule condition de candidature : être licencié à la FFF. Un comité exécutif de 12 membres (l’actuel conseil fédéral en comporte 21) est créé de même qu’une haute autorité de 25 membres, instance d’alerte et
de contrôle, semblable à un conseil de surveillance. Le monde professionnel a obtenu une minorité de blocage en portant ses voix de 25 % à 37 %. Printemps 2011 Vote par une assemblée fédérale extraordinaire des nouveaux statuts de la FFF. 18 juin 2011 Election par l’Assemblée fédérale des nouvelles instances dont le président.
Surclassés au Stade de France (59-16) par les Wallabies, les Bleus doivent se remettre en cause avant le Tournoi des six nations et le Mondial 2011
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l’obtenir, mais avec un délai de cinq mois. Le 20 juin, constatant le boycott de leur entraînement par les Bleus, le directeur général délégué auprès de l’équipe de France, Jean-Louis Valentin,prenaitlesdevantsenrentrant aussitôt à Paris. Une semaine plus tard, Jean-Pierre Escalettes annonçait sa démission, imité le 8septembreparle directeurtechnique national (DTN), Gérard Houillier,quifilait àl’anglaisepour entraîner le club d’AstonVilla. Résultat : le bateau ivre est aujourd’hui dirigé par un président intérimaire, secondé par un DTN intérimaire, François Blacquart, en attendant la nomination d’un directeur général intérimaire… Joint par Le Monde, Jean-Louis Valentin s’affirme « peu surpris » par la démission de M. Lambert :
Le XV de France et son entraîneur en plein doute après la déroute face à l’Australie
Au xxie siècle…
Au xxie siècle, il est urgent de retrouver du sens.
De gauche à droite : Fernand Duchaussoy, Noël Le Graët et Jacques Lambert. SICHOV/SPA
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Rugby
E
crabouillés, laminés, ratatinés, escagassés, les adjectifs peuvent se démultiplier pour commenter la déroute subie par desBleussurclassésparleursadversaires australiens (59-16), samedi 27 novembre au Stade de France. Humiliée, l’équipe de France aurait touché le fond lors de leur troisièmeetderniertest-matchdelatraditionnelle tournée d’automne, après de pâles victoires contre les Fidji (34-12) et l’Argentine (15-9). Transformés en tristes cantonniers contraints de ramasser à la pelle leurs rêves craquelés, les Bleus ont surtout plongé lenez dans leglacial bourbier de leurs lacunes et de leurs limites. Toujours aussi lucide, Marc Lièvremontn’a pas cherchéàsurestimer le niveau réel de son équipe et, au-delà du cas hexagonal, celui des équipes européennes. « On peut penser que le rugby de l’hémisphère Nord est la deuxième division du rugby mondial », a reconnu l’entraîneur du XV de France. A neuf mois de la prochaine Coupe du monde en Nouvelle-Zélande, les joueurs du Sud, All Blacks, Australiens et Sud-Africains ont en effet clairement démontré leur supériorité lors de cette tournée automnale. S’il est à peu près certain que l’équipe de France possède l’une des meilleures mêlées du monde, il est non moins évident que cela n’est pas suffisant pour prétendre à l’invincibilité. Freinés par la pluie lors de l’affrontement contre les Fidjiens, inhibés contre les Argentins et paralysés face aux Australiens, les Bleus se sont montrés incapables de produire l’ambitieux jeu offensif censé être leur marque de fabrique. Misen cause danssapropension à tester d’innombrables joueurs –
Jérôme Schuster, après le match, le 27 novembre. FRANCK FIFE/AFP plus de 80 ont été sélectionnés depuis sa prise de fonctions fin 2007 – et dans ses choix, Marc Lièvremont se défend de toute versatilité. « Je ne suis pas sûr que Pierre, Paul ou Jacques feraient mieux»,
Dans ses choix, Marc Lièvremont se défend de toute versatilité contre-t-il. Ni un Sébastien Chabal – qu’il encensait à la limite de l’outrance après le match contre l’Argentine– niun Imanol Harinordoquy – qui n’a pas été retenu pour le match, mais sélectionné par l’In-
ternational Rugby Board parmi les six meilleurs joueurs du monde de l’année – ne pourraient à eux seuls faire la différence. Faute de disposer de joueurs sous contrat avec qui travailler sur ladurée,contrairementàses homologuesdeséquipesdeFrancederugby à 7, nul doute que l’entraîneur national sélectionnera pour le prochainTournoidessixnations (remporté en 2009 avec le grand chelem) qui débute en février 2011 un groupe de 30 joueurs auquel il se tiendra jusqu’à la Coupe du monde. Avec l’espoir que l’équipe de France y tienne son rang. Derrière lestroisnations duSudetéventuellement devant l’Angleterre. p Jean-Louis Aragon
Carnet 25
0123 Mardi 30 novembre 2010
Ses camarades et ses amis
ont la tristesse de faire part du dÊcès de
Le Carnet
Faites part de vos ĂŠvĂŠnements par tĂŠlĂŠphone :
01 57 28 28 28 par e-mail :
carnet@mondepub.fr par fax :
01 57 28 21 36 AU CARNET DU ÂŤMONDEÂť
Naissances
Ada est heureuse d’annoncer la naissance de son petit-frère,
chez Amel et FrĂŠdĂŠric BONNAUD. 5, rue Gazan, 75014 Paris.
Depuis le 3 novembre 2010, Eveline et Jacques NAYMARK, Mitou et Jean-Yves GABORIEAU, sont les heureux grands-parents de
DÊcès Margit Rowell, son Êpouse, Catherine BÊdard Bayne, Isabelle BÊdard, ses filles, et leurs conjoints, Robert Bayne, Thomas Neville, Amaya NoÍlle Bayne et Thomas Georges Neville, ses petits-enfants, Sylvette Gendre-Dusuzeau, Ses amis, font part, avec une profonde tristesse, du dÊcès de
Georges NOËL BÉDARD,
#
dit Georges NOËL, artiste peintre, rÊsistant aux côtÊs de son père (1940-1944), officier de l’Association nationale franco-britannique, nÊ le 25 dÊcembre 1924, dÊcÊdÊ le 26 novembre 2010. Une cÊrÊmonie aura lieu le mercredi 1 er dÊcembre, à 15 heures, en l’Êglise Notre-Dame-des-Champs, Paris 6e, suivie de l’inhumation au cimetière du Montparnasse, Paris 14e. Un registre tiendra lieu de condolÊances. Cet avis tient lieu de faire-part. Monique Berenguier, son Êpouse, Thierry et Jean-Louis Berenguier, ses fils, ses petits-enfants,
Jean BERENGUIER,
agrÊgÊ de l’UniversitÊ, inspecteur d’AcadÊmie honoraire, chevalier de l’ordre national du MÊrite, commandeur dans l’ordre des Palmes acadÊmiques, survenu le 23 novembre 2010. Les obsèques auront lieu le vendredi 3 dÊcembre, à 14 heures, en l’Êglise de Roquebrune-sur-Argens (Var).
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M. et Mme Eric Mouton, Mme Jean-Marc Plichon, M. et Mme Alain Desrousseaux, M. et Mme Philippe Desrousseaux, M. le commissaire gÊnÊral et Mme Jean-Claude Desrousseaux, Mme Nicole Desrousseaux, M. Jacques Desrousseaux, ses enfants, Ses dix-neuf petits-enfants et leurs conjoints, Ses vingt-six arrière-petits-enfants, Mme Albert Goudot, sa sœur,
15, rue Jules-Siegfried, 75020 Paris. Le Havre. Catherine, Anne-Marie, Jean-Marc, Olivier, Emmanuelle, ses enfants et leurs conjoints, Ses petits-enfants, Ses arrière-petits-enfants, font part du dÊcès de
ont la tristesse de faire part du dÊcès de
nĂŠe OLIER,
L’inhumation aura lieu le samedi 4 dÊcembre, à Saint-Jean-de-Luz.
Pierre et Laure Fort, Monique Fort et Pierre Darlu, Odile et GÊrard Levillain, François Fort, Anne Fort (†) et Sofia SevignÊ, Bruno et Jocelyne Fort, Philippe Fort et Mylène Weill et Elisabeth Simonneau-Fort, ses enfants et leurs conjoints,
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CHAQUE JOUR
vucher@aol.com
Remerciements
M. et Mme Jean-Pierre Labro, M. et Mme Jacques Labro, M. et Mme Philippe Labro, M. et Mme Claude Labro, ses fils et belles-filles,
Pour tous les hommages rendus Ă la mĂŠmoire de
Pierre LAMBERTIN, les nombreux tÊmoignages d’estime et d’amitiÊ reçus et dans l’impossibilitÊ de rÊpondre à chacun personnellement, sa famille vous adresse ici sa profonde gratitude.
ConfĂŠrence
nÊe Henriette CARISEY,  Netka , chevalier de la LÊgion d’honneur, Juste parmi les Nations,
Linda Martz, Terence et Gina Higgie,
A l’occasion de l’exposition Heinrich Kßhn, le musÊe vous invite à assister à la confÊrence
survenu le 23 novembre 2010, dans sa centième annÊe.
 La rÊception de l’œuvre de Heinrich Kßhn en France à l’Êpoque du pictorialisme triomphant , le vendredi 3 dÊcembre 2010, à 18 h 30, avec Michel Poivert, professeur en histoire de la photographie, universitÊ de Paris I.
Les obsèques ont eu lieu jeudi 25 novembre, dans la plus stricte intimitÊ, au cimetière de l’Est, à Nice. Paris. Hyères. Nantes.
La cÊrÊmonie religieuse sera cÊlÊbrÊe le mercredi 1 er dÊcembre, à 11 heures, en l’Êglise Saint-Joseph-des-Carmes, 72, rue de Vaugirard, Paris 6e. Bernadette Romagnan, sa femme, Muriel Meyer, sa fille, Joan, Jeremy, Jade, ses petits-enfants,
Philippe SORNEIN
Jardin des Tuileries. MĂŠtro : Concorde. RĂŠservation : 01 44 77 81 11.
nous a quittÊs le 22 novembre 2010, dans sa quarante-neuvième annÊe.
Communications diverses
Les obsèques auront lieu le mardi 30 novembre, à 14 h 15, en la chapelle Saint-Isidore, vallÊe de Sauvebonne, Hyères (Var).
font part, dans la tristesse, du dÊcès de
Centre Communautaire de Paris : Leçon - Mardi 30 novembre 2010, à 19 h 30,  Inconscient et Judaïsme : entre savoir et non-savoir ?  par Alain Didier-Weill, psychanalyste. 119, rue La Fayette, Paris 10e (PAF).
ÂŤ Vous trouverez en vous le repos Âť.
Michel MEYER,
La crĂŠmation aura lieu Ă Toulouse. bernadette.romagnan@orange.fr
Les familles Fort, Bastien et Hoff, ont la grande tristesse de faire part du dÊcès de
RenÊ FORT, X 39, ingÊnieur du Corps des Mines, ancien directeur de la production et de la distribution et inspecteur gÊnÊral honoraire de Gaz de France, chevalier de la LÊgion d’honneur, commandeur dans l’ordre national du MÊrite,
Michèle, sa femme, Jeannette Colombel, sa sœur, ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants,
Il a rejoint dans la paix sa première Êpouse
ChloÊe, Valentin, Lola, Camille, Nino, ses petits-enfants, Et tous ses amis français et algÊriens, ont la douleur d’annoncer le dÊcès de
L’inhumation dÊfinitive aura lieu ultÊrieurement au cimetière d’EspÊdaillac (Lot). La famille remercie particulièrement toutes les personnes qui l’ont entourÊ et assistÊ lors des derniers mois de sa vie.
RenÊ, Haim, Isaac SPORTIS , dit SPORTÉS,
A l’occasion de la cÊlÊbration du Centenaire de la philosophe Jeanne Hersch, une table-ronde aura lieu le vendredi 10 dÊcembre, à 15 heures, en salle XIII, Maison de l’Unesco, 1, rue Miollis, Paris 15e, en prÊsence de Jean d’Ormesson, Alexandre Guyot, Gabrielle Dufour Kowalska, Roberta de Monticelli et Rosa Ruis Gatell. L’entrÊe est libre.
101e groupement de pionniers israÊlites, mobilisation anti-juive de Darlan (novembre 1942), chevalier de la LÊgion d’honneur, mÊdaille militaire, croix de guerre 1939-1945 avec Palme et Etoiles, US Bronze Star Medal,
AndrÊ PRENANT, qui s’est Êteint le 6 novembre 2010, à Marseille, à l’âge de quatre-vingt-douze ans.
survenu le jeudi 25 novembre 2010.
La cÊrÊmonie religieuse sera cÊlÊbrÊe en l’Êglise de Saint-Jean-de-Malte d’Aixen-Provence, le mercredi 1er dÊcembre, à 12 heures.
Ă 17 heures, le 1er dĂŠcembre 2010, au 41, rue Gay-Lussac, Paris 5e, 5e ĂŠtage, salle 98. www. parisduvivreensemble.org
Table-ronde
gĂŠographe,
Marthe FORT, nĂŠe CHEVRIER.
Cycle sur ÂŤ Les mĂŠmoires gĂŠnocidaires Âť ÂŤ Les mĂŠmoires individuelles des gĂŠnocides Âť avec Jorge Semprun,
ont la tristesse de faire part du dÊcès de
Françoise, Olivier, Manuel, ses enfants, leurs conjoints, Laurent, Agnès, VÊronique,
survenu le 23 novembre 2010, à son domicile, dans sa quatre-vingt-douzième annÊe.
Le Pari(s) du Vivre-Ensemble Centre Alberto-Benveniste
AndrÊe-Nina Sportis, son Êpouse, FÊlix, CÊcile, JoÍlle, Yves, HÊlène, ses enfants, Sophie, Nathanaelle, Bryce, ClÊment, Sarah-Joy, Constant, ses petits-enfants, Louis et Leah, ses arrière-petits-enfants,
à l’âge de soixante-neuf ans.
Mme Christiane Fort, nĂŠe Hoff, son ĂŠpouse,
Cet avis tient de faire-part.
Dominique Vucher, son Êpouse très aimÊe, Constance et Clara, leurs filles, Ses amis, sa famille d’Êlection.
GÊographe engagÊ, humaniste, prÊsent dès la crÊation de l’universitÊ et du Laboratoire Tiers-Monde devenu SEDET, spÊcialiste du Maghreb, particulièrement de l’AlgÊrie, il a formÊ et marquÊ nombre d’Êtudiants et de chercheurs.
La cĂŠrĂŠmonie religieuse sera cĂŠlĂŠbrĂŠe le mercredi 1 er dĂŠcembre, Ă 15 heures, en la cathĂŠdrale Notre-Dame du Havre.
survenu à Paris, le 26 novembre 2010, à l’âge de cinquante-quatre ans.
Violaine et JosÊ Fort-Martins, Alexandre Fort, Juliette, ClÊment Darlu, Thomas, Joseph, Clotilde Levillain, Julien, Coline, Jade Fort, CÊline et Renaud Fort-Henry, Caroline et François Le Gallo, Corentin Fort, Guillaume et Flore Fort, Pauline Fort, ses petits-enfants et leurs conjoints, Antonis, Titouan, Yaelle et Emma, ses arrière-petits-enfants,
est mort le 12 novembre 2010.
survenu le 25 novembre 2010.
Mme Jean LABRO,
ont la très grande douleur de faire part du dÊcès de
6, avenue Daniel-Lesueur, 75007 Paris.
prÊsident fondateur de ThÊâtres 13 et ThÊâtre Sud, ancien prÊsident du Centre d’art contemporain de Lacoux, trÊsorier de l’URDLA,
ont la tristesse de faire part du dÊcès de
survenu le 24 novembre 2010, à l’âge de quatre-vingt-six ans.
La cÊrÊmonie religieuse aura lieu le mercredi 1er dÊcembre, à 14 h 30, en l’Êglise Saint-François-Xavier, 12, place du PrÊsident-Mithouard, Paris 7e.
AndrĂŠ VUCHER, homme et esprit libre,
Ses petits-enfants, Ses arrière-petits-enfants,
Mme Claire GARREAU,
Nous n’oublions pas dans nos pensÊes le souvenir de
A l’occasion du vernissage de l’exposition Deverne,  L’espace et l’ombre , du jeudi 2 dÊcembre 2010 au samedi 9 janvier 2011, Lydia Harambourg signera le livre sur Deverne, le jeudi 2 dÊcembre, à partir de 17 heures, à la Galerie RCM.
Les obsèques ont ÊtÊ cÊlÊbrÊes dans l’intimitÊ le 10 novembre.
Marie-Anne. Nous nous rÊunirons de 13 heures à 14 h 15, le 30 novembre, au salon de la chambre mortuaire de l’hôpital PaulBrousse, pour tÊmoigner des combats qu’il a menÊs au nom d’idÊaux jamais reniÊs. Nous nous rendrons ensuite au cimetière parisien de Bagneux.
Il repose au cimetière de Saint-Cyr-surMer (Var). 3, rue Stendhal, 75020 Paris.
Robert et Camille Murphy, 32, rue de Lille, Paris 7e. TĂŠl. : 01 40 15 00 23.
48, avenue de la Rose, 13013 Marseille.
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A retourner dans une enveloppe affranchie, accompagnÊ de votre règlement à : Le Monde - Service Abonnement - B 1200 - 60732 Sainte-Geneviève Cedex – TÊl. : 0 825 000 778 (0,15 ₏ TTC/min)
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AndrĂŠ PRENANT,
Pack Info
&"'(% ) *
Les obsèques ont eu lieu dans l’intimitÊ. Elle repose au columbarium du PèreLachaise, Paris 20e.
ont la douleur de faire part du dÊcès de
&' ( # ) ) *+
ont la grande tristesse d’annoncer le dÊcès de
Mme Anita HIGGIE,
Sarah et Ă Yannis pour ce grand bonheur.
32, rue de Chaussas, 31200 Toulouse.
La direction de l’UFR GHSS de l’universitÊ Paris-Diderot, Ses collègues enseignants-chercheurs,
Sylvie FOURNIER DUREPAIRE.
Elisa. Merci Ă
survenu le 19 novembre 2010.
survenu le 27 novembre 2010.
le 24 novembre 2010,
ancienne rĂŠsistante,
Mme Jacques DESROUSSEAUX,
Elia,
Suzanne CAYLA,
a la tristesse de faire part de la mort de sa femme,
OUI, je souhaite profiter de cette offre exceptionnelle : je reçois le journal Le Monde
10SEMAINES POUR î ƒ AULIEUDE95
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Jean-Louis Fournier
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26 Météo & Jeux < -5°
0 à 5°
-5 à 0°
5 à 10°
Ecrans
10 à 15°
15 à 20°
30.11.2010 12h TU
Lille 50 km/h
55 km/h
www.meteonews.fr
Edimbourg
Metz -7 -2
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Orléans -5 1
Nantes
Odessa
Chamonix
D
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Montpellier 1
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3 12
9 12
Lever 01h51 Coucher 13h41
Aujourd’hui Mercredi Mardi, une nouvelle perturbation -2 2 abordera la France par le sud. Elle occasionnera un temps nuageux avec de la pluie ou de la neige selon les régions, -3 0 depuis le Sud-Ouest jusqu'à l'Auvergne. Il pleuvra également autour du Golfe du Lion. Plus au nord, malgré la présence de passages nuageux, le temps sera sec 1 4 avec des éclaircies. Il fera toujours très froid avec des températures souvent négatives au nord de la Loire.
Nord-Ouest
Ajaccio
45 km/h
Lever 08h21 Coucher 16h55
Jours suivants Jeudi
Anticyclone
-4 -3 -3 -2 -5 -4 0
D
Athènes
Tunis Tunis
Beyrouth
Rabat
Tripoli Tripoli
Dépression
Front chaud
Front froid
Occlusion
Thalweg
En Europe
Températures à l’aube 1 22 l’après-midi
Saint André Coeff. de marée 57
Ankara Séville
Jérusalem Le Caire
AFRIQUE: Pluies abondantes sur le Maroc
Perpignan 8 10
Istanbul
Madrid
Alger
A Toulouse
Bucarest
Sofia
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Barcelone Barcelone
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Biarritz
Zagreb Belgrade
Lisbonne
100 0
Grenoble Bordeaux
25 km/h
Budapest
Berne Milan
Clermont-Ferrand Limoges
Kiev
Munich Vienne
Paris
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-3 1
Copenhague
Bruxelles
-11 0
Dijon
Poitiers
65 km/h
Londres
Besançon
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Moscou
Minsk Amsterdam Berlin Varsovie Prague
Dublin
Strasbourg
Rennes -3 1
St-Pétersbourg
Riga
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Oslo Stockholm
Châlonsen-champagne
PARIS
Caen Brest
Chronique Franck Nouchi
> 40°
Bol d’air
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35 à 40°
1025
Amiens Rouen
3 6
30 à 35°
Reykjavik
-3 -1 -1 2
25 à 30°
En Europe
Mardi 30 novembre 2010 Temps perturbé sur le Sud Cherbourg
20 à 25°
2 0
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4 5 12 14
Amsterdam Athènes Barcelone Belgrade Berlin Berne Bruxelles Bucarest Budapest Copenhague Dublin Edimbourg Helsinki Istanbul Kiev La Valette Lisbonne Ljubljana Londres Luxembourg Madrid Moscou Nicosie Oslo Prague Reykjavik
cielcouvert -1 0 assezensoleillé 17 21 averseséparses 8 13 pluiemodérée 4 6 éclaircies -4 -3 éclaircies -9 -3 trèsnuageux -3 -1 averseséparses 8 9 éclaircies -2 0 éclaircies -4 -3 pluieetneige 2 2 aversesdeneige 0 1 -12 -11 brouillard 16 17 éclaircies aversesdeneige -2 1 assezensoleillé 19 21 averseséparses 10 12 -8 -1 faibleneige aversesdeneige 0 0 -6 -2 éclaircies 1 5 faiblepluie -14 -13 faibleneige 15 26 bienensoleillé -8 -3 éclaircies -8 -5 cielcouvert 3 5 cielcouvert
Riga Rome Sofia Stockholm Tallin Tirana Varsovie Vienne Vilnius Zagreb
-9 -6 assezensoleillé aversesmodérées 9 14 8 15 trèsnuageux -8 -3 bienensoleillé -7 -7 aversesdeneige 13 16 pluiemodérée -10 -9 faibleneige -4 -2 bienensoleillé -12 -11 faibleneige 0 1 pluieetneige
Dans le monde
Alger trèsnuageux Amman beautemps Bangkok averseséparses Beyrouth bienensoleillé Brasilia risqueorageux Buenos Aires bienensoleillé Dakar bienensoleillé Djakarta risqueorageux Dubai beautemps Hongkong bienensoleillé Jérusalem beautemps Kinshasa risqueorageux Le Caire beautemps Mexico bienensoleillé Montréal averseséparses Nairobi risqueorageux
14 8 25 23 20 16 25 25 21 21 13 24 13 8 -2 16
20 23 33 29 27 28 31 31 29 25 22 28 28 27 2 25
New Delhi New York Pékin Pretoria Rabat Rio de Janeiro Séoul Singapour Sydney Téhéran Tokyo Tunis Washington Wellington
beautemps trèsnuageux beautemps assezensoleillé fortepluie risqueorageux bienensoleillé risqueorageux aversesmodérées beautemps bienensoleillé assezensoleillé faiblepluie bienensoleillé
13 22 8 14 -2 11 16 22 14 15 23 30 6 13 26 32 20 21 10 16 9 14 17 24 10 15 15 19
Cayenne Fort-de-Fr. Nouméa Papeete Pte-à-Pitre St-Denis
risqueorageux bienensoleillé assezensoleillé risqueorageux bienensoleillé assezensoleillé
24 27 22 26 23 23
Outremer
32 28 25 30 26 27
Météorologue en direct au 0899 700 703 1,34 € l’appel + 0,34 € la minute 7 jours/7 de 6h30-18h
Vendredi Samedi
A B I DJA N
1 3
2 4
-2 3
Ile-de-France
-6 -6
0 3
-8 -2
Nord-Est
-9 -5
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Sud-Ouest
-1 6
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Sud-Est
0 7
2 6
-5 5
1622
by
€
T TC
A/R
airfrance.fr
Mots croisés n˚10-285
Sudoku n˚10-285
3
4
5
6
7
Solution du n˚10-284
8
9
9
10 1 1 12
I
9
II III
2
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9
3
7
IV V VI VII VIII IX X
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4 6
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4
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8
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3
1
6
5
Tr` es facile
I. Risquent de vous faire dresser les poils. II. Développement en plein champ. Espace en ville. III. Travaille lentement sur son piano. Accord de la France d’en bas. IV. Avance masqué. Doux regrets permanents. V. Part en éclats. Reprendre une nouvelle fois. VI. Donne un air compassé. Personnel. VII. Dans un très grand abattement. Aide les tricheurs à gagner. VIII. Pour les amateurs de la cuisine au charbon. Evitez de faire des affaires avec lui. IX. Décrépie à un bout. Plein de bons mots. Possessif. Dans la jupe. X. Jeux d’enfants.
Verticalement
1. Effusion après rupture. 2. Ne lâcheront pas facilement. 3. Bout de ritournelle. Enfant de la capitale. 4. Associé à l’Etape dans les Vosges. Donne un peu de temps. 5. Laisser de côté. Arrivé chez nous. 6. A pris la pose chez Rodin. En rage. 7. Distendue. 8. Donné avant exécution. Dans le plat. Protégea l’Arioste. 9. Vifs de corps et d’esprit. Transport en commun. 10. Spectacle nippon. Préparer le bâtiment. 11. Ilion, en Asie Mineure. Relié pour se mettre au courant. 12. Engagements et dévouement. Philippe Dupuis
Solution du n° 10 - 284 Horizontalement
I. Exploratrice. II. Nivôse. Nanas. III. Facultatives. IV. Un. Cors. Sono. V. Ah. Estoc. VI. Absence. Nabi. VII. Ire. Aime. Tel. VIII. Lu. En. Bofill. IX. E-mail. Iole. X. Ebourgeonnés.
Verticalement
1. Enfutaillé. 2. Xian. Bru. 3. PVC. Ase. EO. 4. Louche. Emu. 5. Oslo. Nanar. 6. Rétréci. Ig. 7. Assemblé. 8. TNT. Eo. 9. Raison. Fin. 10. Invocation. 11. Caen. Belle. 12. Essorillés.
20.45 Mes amis, mes amours, mes emmerdes. Série. Le Tout pour le tout. Tout feu, tout flamme (S2, 5 et 6/6, inédit). Avec Florence Pernel. 22.45 New York unité spéciale. Série. Perdre la face U ; Bras de fer V (S11, 12/24, inédit ; S6, 17/23, 95 min).
FRANCE 2
etez toute la 5 8 7 2 Compl´ grille avec des chiffres allant de 1 ` a 9. 6 2 5 Chaque chiffre ne doit ˆ etre utilis´ e qu’une 3 2 9 seule fois par ligne, par colonne et par 4 7 carr´ e de neuf cases. http://yangeorget.blogspot.com/2009/12/sudokus.html
20.35 Cold Case/Affaires classées.
Loto
20.35 Une hirondelle
Résultats du tirage du samedi 27 novembre.
Horizontalement
Lundi 29 novembre TF 1
Retrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr
2
L
e débat public est ponctué de formules qui font plus ou moins florès. L’état de la France en est souvent le prétexte. Des années plus tard, elles demeurent parfois d’une surprenante actualité. « Quand la France s’ennuie… » : cette formule fameuse était le titre d’un article prémonitoire que publia Pierre VianssonPonté dans Le Monde du 15 mars 1968. « Ce qui caractérise actuellement notre vie publique, c’est l’ennui, écrivait « Viansson ». Les Français s’ennuient. Ils ne participent ni de près ni de loin aux grandes convulsions qui secouent le monde. » « On ne construit rien sans enthousiasme, ajoutait-il. Le vrai but de la politique n’est pas d’administrer le moins mal possible le bien commun, de réaliser quelques progrès ou au moins de ne pas les empêcher, d’exprimer en lois et décrets l’évolution inévitable. Au niveau le plus élevé, il est de conduire un peuple, de lui ouvrir des horizons, de susciter des élans, même s’il doit y avoir un peu de bousculade, des réactions imprudentes. » Trente ans plus tard, c’était au tour de Philippe Sollers d’y aller, lui aussi dans Le Monde, de sa formule : « La France moisie ». Publié le 28 janvier 1999, l’article fit scandale : « Elle était là, elle est toujours là ; on la sent, peu à peu, remonter en surface : la France moisie est de retour. Elle vient de loin, elle n’a rien compris ni rien appris, son obstination résiste à toutes les leçons de l’Histoire, elle est assise une fois pour toutes dans ses préjugés viscéraux. Elle a son corps, ses mots de passe, ses habitudes, ses réflexes. (…) Elle a son catalogue de clichés qui finissent par sortir en plein jour, sa voix caractéristique. Des petites phrases arrivent, bien ran-
cies, bien médiocres, des formules de rentier peureux se tenant au chaud d’un ressentiment borné. Il y a une bêtise française sans équivalent, laquelle, on le sait, fascinait Flaubert. L’intelligence, en France, est d’autant plus forte qu’elle est exceptionnelle. » Le week-end du 28 novembre, Sollers récidivait dans Le Journal du dimanche. « La France s’emmerde », écrivait-il. Modeste, il n’avait pas osé en faire le titre de son « Journal du mois ». Dommage. « Le bon vieux temps, celui où la France “s’ennuyait”, est loin, très loin », écrivait-il.
« La France s’emmerde », écrivait Sollers. Que faire pour échapper à ce climat délétère ? Ouvrir un livre, par exemple Que faire pour échapper à ce climat délétère ? Ouvrir un livre, par exemple. D’après nature (Ed. Xavier Barral), le magnifique ouvrage du photographe Jean Gaumy, qui vient d’obtenir le prix Nadar du meilleur livre de photographie 2010. Rien de plus minéral, de plus terrien que ces quarante-deux paysages en noir et blanc réalisés dans les montagnes et les vallées du Piémont, en Italie. Face à l’objectif de ce photographe de l’agence Magnum, le temps s’immobilise. Splendeur de l’édition, la nature est là, indifférente à ce monde qui l’entoure. Insensibles à l’ennui, ces vagues pétrifiées depuis des centaines de millions d’années nous interpellent. p
Les soirées télé
Les jeux
1
0123 Mardi 30 novembre 2010
9, 10, 15, 43, 44 ; numéro chance : 5. Rapports :
5 bons numéros et numéro chance : 2 000 000,00 ¤ ; 5 bons numéros : 134 759,50 ¤ ; 4 bons numéros : 1 264,20 ¤ ; 3 bons numéros : 11,50 ¤ ; 2 bons numéros : 5,00 ¤. Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées. Joker : 5 197 930.
Série. De l’or dans la voix ; Voleur d’enfance U (S6, 8/23, inédit ; S4, 19/24). Avec K. Morris. 22.10 Complément d’enquête. Devins, guérisseurs, gourous, le retour des charlatans ? Invités : Patrick Dacquay, André Santini, Michel Onfray, Alex Kahn. 0.00 Journal, Météo (15 min).
Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13 Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ; télécopieur : 01-57-28-21-21 Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ; Par courrier électronique : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr Médiatrice : mediateur@lemonde.fr Abonnements : par téléphone : de France 0-825-000-778 (0,15 TTC/min) ; de l’étranger : (33) 3-44-31-80-48. Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/ Changement d’adresse et suspension : 0-825-022-021 (0,15 TTC/min) Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤ Internet : site d’information: www.lemonde.fr finances : http://finance.lemonde.fr Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr Documentation : http ://archives.lemonde.fr Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40 Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60
TF 1 20.45 Les Experts : Miami. Série. Tous à terre (saison 8, 24/24) U ; Tout s’écroule U. Pièges en direct V (saison 6, 18 et 17/21). Avec David Caruso, Emily Procter. 23.15 Un homme de loi (90 min).
FRANCE 2 20.35 Fracture. Téléfilm. Alain Tasma. Avec Anaïs Demoustier, Samy Seghir, Leïla Bekhti (France, 2010) U. 22.30 Profs en banlieue. Débat animé par Christophe Hondelatte. 23.35 Face aux Français... conversations inédites (120 min).
FRANCE 3 20.35 Incroyables expériences.
FRANCE 3 a fait le printemps Film Christian Carion. Avec Michel Serrault, Mathilde Seigner, Marc Berman (Fr., 2001). 22.18 Météo, Soir 3. 22.45 Ce soir (ou jamais !). Magazine. 0.20 La Case de l’oncle Doc. Encore elles ! Ou les années MLF (55 min).
CANAL + 20.50 Mafiosa. Série (S3, 3 et 4/8, inédit). Avec H. Fillières V. 22.35 Spécial investigation. Hold-up sur l’écologie. Magazine. 23.30 Mensomadaire (25 min) V.
Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi. Tous les jours Mots croisés et sudoku.
Mardi 30 novembre
Divertissement. Invités : Jonathan Lambert, Eric Naulleau, Jean-Pierre Mocky, Chantal Ladesou, Nelson Monfort, Philippe Geluck. 22.38 Météo, Soir 3. 23.05 Ce soir (ou jamais !). Présenté en direct par Frédéric Taddeï (85 min).
CANAL + 20.50 A l’origine ppp Film Xavier Giannoli. Avec François Cluzet, Emmanuelle Devos, Soko (France, 2009). 23.00 A l’origine d’« A l’origine ». Documentaire (France, 2010). 0.00 Persécution ppp Film Patrice Chéreau. Avec Romain Duris, Charlotte Gainsbourg (Fr., 2009, 100 min) U.
ARTE ARTE 20.40 Le Silence de Lorna ppp Film Jean-Pierre et Luc Dardenne. Avec Arta Dobroshi, Jérémie Renier (Fr. - GB - Bel., 2008). 22.25 Musica Beethoven, « Symphonie Eroica ». Concert en 2009. Par l’Orchestre philharmonique de Vienne, dir. Christian Thielemann. 23.50 Le cinéma s’habille chez Tirelli. Sartoria Tirelli. Documentaire (55 min).
20.40 Un baiser, s’il vous plaît ! ppp Film Emmanuel Mouret. Avec Emmanuel Mouret, Julie Gayet, Virginie Ledoyen (France, 2007). 22.20 Thema - Goodbye Sida ? Goodbye sida ? Documentaire (Fr., 2010). 23.15 L’Inde en guerre contre le sida. Documentaire. Sophie Ent et Ted Saad (Fr.). 0.15 Die Nacht/La Nuit. Magazine présenté par Paul Ouazan (50 min).
M6 M6 20.45 A la recherche du bonheur Film Gabriele Muccino. Avec Will Smith (EU). 22.45 Philadelphia Film Jonathan Demme. Avec Tom Hanks, Denzel Washington (Etats-Unis, 1993, 140 min).
20.45 L’Espoir de l’année. Artisan pâtissier. Divertissement. 22.25 Profession pâtissiers : la crème de la crème. Documentaire. 0.30 Cane : la vendetta. Série (saison 1, 6 à 8/13, 135 min).
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Mardi 30 novembre 2010
Un aller simple Cambridge-Florence Lettre d’Italie Philippe Ridet
C
ette simple ligne de sa biographie – «historien anglais naturalisé italien » – l’avait rendu à nos yeux – comment dire ? – appétissant. A l’heure où des milliers d’Italiens rêvent de fuir Rome pour Londres, Milan pour Paris, Bari pour New York, afin d’oublier Palerme et Silvio Berlusconi, qu’il se trouve un homme, anglais de surcroît, pour faire le chemin inverse, valait bien un raid à Florence, où il s’est installé. Un original ? Un collectionneur de passeports? Un amoureux? Fallait voir… Paul Ginsborg a 65 ans. Du professeur d’histoire de l’Italie contemporaine, auteur de plusieurs livres sur la question, il a les manières douces et discrètes, le débit posé qui permet de prendre des notes. De l’anglais, il a gardé le goût des
pulls shetland et une manière de liquéfier le « r » italien faute de pouvoir le rouler comme la plupart des étrangers. « J’étais prof à Cambridge quand, en 1992, l’université de Florence m’a proposé une chaire, raconte-t-il dans son appartement tapissé de livres, à deux pas de l’Arno. Cela a été un choix radical que je n’ai jamais regretté. » Plongé dans la vie locale florentine, rapidement acteur des premiers mouvements citoyens anti-Berlusconi à l’orée des années 2000, ce Londonien s’est fait happer par l’ensorcellement italien. «Je crois vraiment qu’il y a dans ce pays une douceur, une gentillesse des personnes sans commune mesure avec l’Angleterre. L’Italie n’est pas habitée par un songe de grandeur, de domination. Ici, j’ai gagné en légèreté.» L’Italie, une passion anglaise? «L’expédi-
tion de Garibaldi a suscité une grande sympathie outre-Manche. L’Angleterre l’a aidé, explique-t-il. C’est ainsi que s’est construite la tradition de la Société d’études italiennes, qui compte 200 membres à Londres. La première biographie de Garibaldi a été écrite par son infirmière. Une Anglaise du nom de Jessie White-Mario.» Mais pourquoi franchir le pas et devenir italien ? « Il y a quatre ans, continue-t-il, j’ai commencé à réfléchir à cette possibilité. J’ai obtenu la nationalité en janvier 2009. C’est aussi une façon de rendre à l’Italie ce qu’elle me donne.» Cet épisode est raconté au début du court et brillant essai que vient de publier Paul Ginsborg, Salviamo l’Italia (« Sauvons l’Italie», éditions Einaudi, non traduit). «La plupart de mes amis sont restés stupéfaits à l’annonce de ma naturalisation, écrit-il. “Mais qui t’a poussé à faire ça et surtout pourquoi maintenant?” Quelques-uns se sont empressés de s’assurer que j’avais eu le bon sens de conserver ma nationalité anglaise. Mais le commentaire le plus caustique est encore celui-ci: “A présent, Paul, tu pourras dire avec nous : j’ai honte d’être italien!” » Ces amis vont être déçus. Car le nouvel Italien ne cède ni au travers de la dépréciation ni aux outrances de la critique à charge. Dans la pléthore de livres publiés pour accompagner le 150e anniversaire de l’unité italienne, celui-ci se distingue par une approche distanciée, parfois ironique et toujours excitante. Il court tranquillement vers les 10 000 exemplaires. Faisant le va-et-vient entre la période du
Risorgimento et l’Italie d’aujourd’hui, Ginsborg essaye d’isoler les éléments présents depuis cent cinquante ans et qui permettront, selon lui, à l’Italie de «se sauver» et de trouver une voix originale pour s’arrimer à la modernité. L’historien en a isolé quatre : la longue tradition d’autogestion citoyenne dans les villes ; la vocation européenne ; la recherche de l’égalité et « la présence dans l’histoire de la mitezza comme vertu sociale ».
Plongé dans la vie locale florentine, acteur des premiers mouvements citoyens anti-Berlusconi, Paul Ginsborg s’est fait happer par l’ensorcellement italien La mitezza? A cette entrée, notre dictionnaire franco-italien propose « gentillesse» et « douceur ». On pourrait y ajouter la « bonhomie», si le mot n’était pas galvaudé. « Pacifisme», s’il n’était pas si lourd. Il peut sembler assez surprenant de voir surgir un tel concept, emprunté au philosophe Norberto Bobbio, pour soutenir une analyse de l’Italie contemporaine. Gentils, les fascistes aux ordres de Mussolini? Gentils, les mafiosi ? Gentils, certains habitants de Rosarno (Calabre) qui ont tiré comme des lapins des immigrés africains
en décembre 2009? Gentils, ces politiques toujours prompts à insulter leurs adversaires? Mais Paul Ginsborg n’est pas qu’un doux Anglais chaviré par une utopie politique. Amoureux de l’Italie, il en connaît les freins et les poids qui l’encombrent: Mafia, clientélisme, Eglise trop puissante et… la faiblesse de la gauche, qui le désespère. Alors que le pays est suspendu à l’issue d’une crise politique incertaine, l’historien engagé se garde d’entonner le refrain de la fin inéluctable de l’ère Berlusconi. « En 2005 déjà, les oraisons funèbres avaient fleuri dans la presse, se rappelle-t-il. Berlusconi n’est jamais aussi combatif que lorsqu’il a le dos au mur. Tout le monde doit rester prudent. » Aujourd’hui, Paul Ginsborg reçoit 25demandes de conférence par semaine. Au début du mois, il a organisé un colloque sur « L’Italie au temps de Berlusconi», avec le gratin des intellectuels italiens. «Et dire qu’il a fallu un Anglais pour l’organiser!», peste-t-il, par principe. On sent bien que l’historien condamne le temps que lui dérobe le militant. Devenu protagoniste d’une histoire qu’il voulait seulement raconter, le professeur est pris à son tour dans le tritacarne (le hachoir) de la vie publique italienne. Il Giornale (quotidien appartenant à la famille de Berlusconi) a réservé un article au vitriol au livre de ce membre de « la perfide Albion». Pas très gentil.p Courriel : ridet@lemonde.fr
Billet Robert Solé &
Entente cordiale ON N’Y COMPREND plus rien. Oui ou non, un pacte a-t-il été conclu entre Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal pour la désignation du candidat socialiste à l’élection présidentielle ? Martine l’avait laissé entendre, affirmant que les trois éléphants présenteraient « une candidature véritablement ensemble » aux primaires, mais Ségolène dément l’existence d’un « pacte », et Dominique, comme d’habitude, ne dit rien, se contentant d’engranger des points. La confusion vient sans doute du choix des mots. Il n’y a pas eu de pacte à proprement parler : les trois candidats présumés à la candidature n’ont signé ni contrat ni traité. Mais ils ont pu arriver à un arrangement tacite, conclure un accord de principe, à l’amiable, au rabais. Un accord de façade, pas nécessairement cimenté. Ils ont pu décider de s’accorder en genre et en nombre, avec les exclamations d’usage : ok, tope là, ça colle, ça boume… Ségolène Royal reconnaît qu’il y a eu « des discussions », une « entente cordiale sur un état d’esprit ». C’est une forme de complicité, non dénuée de sympathie, qui ne va pas encore jusqu’à la concorde, ni même à l’harmonie. Mais c’est le chemin de la communion. p
PRÉSENTENT
SAMEDI 4 & DIMANCHE 5 DÉCEMBRE 2010
ENTRÉE GRATUITE
AU CENTQUATRE - 5, RUE CURIAL - 75019 PARIS
Programme des conférences
Le courrier du jour Environnement Mode de vie Le Monde du 19 novembre titre en « une » : « Réchauffement du climat : 56 % des Français se sentent menacés.» Après avoir lu l’article, ne faudrait-il pas dire: « Réchauffement du climat : 56 % des Français (qui ne veulent pas changer leur mode de vie) se sentent menacés.» Je crois que le problème est là: les gens ne veulent pas changer leur mode de vie et ont peur que les problèmes climatiques ne les forcent à le faire. De quoi ont-ils vraiment peur ? De changer leur mode de vie pour un mode de vie écolo, ou du réchauffement climatique ? Louis Antoine Beaudoin Cormontreuil (Marne)
Politique Autre analyse Le courrier intitulé « Libéralisme» (Le Monde du 18novembre) m’a stupéfié. On peut certes constater que certains appellent « libéralisme» – d’autres « néolibéralisme» ou «ultralibéralisme» – des pratiques conformes au fondamentalisme que décrit le courrier, développé notamment sous Reagan et Thatcher il y a une trentaine d’années. Mais ça me paraît être un confu-
sionnisme d’ignorer l’existence d’un « libéralisme» comme philosophie politique, dont la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen est un des textes fondamentaux. Pour autant que je sache, c’est à ce libéralisme-là que se réfèrent «le PS et les syndicats, CFDT en tête». Ce n’est pas le seul exemple de mutation génétique qui donne naissance à des monstres, des Evangiles à l’Inquisition, du Manifeste du parti communiste à la terreur stalinienne, etc. On a même prétendu que la philosophie des Lumières avait engendré les totalitarismes. Marx avait prévenu: «Les hommes font l’histoire, mais ils ne savent pas l’histoire qu’ils font. » Louis Drouin Villefranche-de-Rouergue (Aveyron)
Posture Face à de Gaulle, on peut être deux fois nain : par la taille et par l’esprit. Par la taille, on peut toujours se chausser d’échasses. Par l’esprit ? Guy Lebon, Bordeaux Courrier et contributions des lecteurs : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr Fax : 01-57-28-21-74
> Samedi 4 décembre de 11 h 30 à 12 h 30
> Dimanche 5 décembre de 11 h 30 à 12 h 30
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Design, designs : une discipline, des métiers
Organisée par Télérama
d’après la fameuse BD canadienne. Et une perle sud-africaine, « Le Secret de Chanda » pTirageduMondedatédimanche28-lundi29novembre2010:429623exemplaires. 1 2 3
> Dimanche 5 décembre de 13 h 30 à 14 h 15
> Samedi 4 décembre de 13 heures à 13 h 45
Les métiers en infographie 3D
Se former aux métiers de l'image, du son et du multimédia en alternance
Organisée par l'institut E-Tribart
Organisée par l'EMC
> Dimanche 5 décembre de 14 h 30 à 15 h 30
> Samedi 4 décembre de 14 h 30 à 15 h 30
Faire des études artistiques : quels parcours, quel profil ?
Jeux vidéo, création Web et multimédia : quels métiers pour demain ? Organisée par Télérama > Samedi 4 décembre de 15 h 45 à 16 h 45
Quels métiers pour demain dans le monde de l'animation et des effets spéciaux ?
Organisée par Télérama > Dimanche 5 décembre de 16 heures à 17 heures
Construire l'espace : architecture et architecture d'intérieur Organisée par Télérama
Organisée par Supinfocom > Samedi 4 décembre de 17 heures à 17 h 45
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Demain dans 0123 Cinéma «Scott Pilgrim vs the World»,
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