LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE
ALLOU Kouamé René
LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE
Eclairage sur l’histoire précoloniale des Baoulé de Côte d’Ivoire Eclairage sur l’histoire précoloniale des Baoulé de Côte d’Ivoire ALLOU Kouamé René (UFR Sciences de l’homme et de la société, département d’histoire) (http://www.histoire-afrique.org/
Résumé
L’histoire des Baoulé a encore des points d’ombres qui ont besoin d’être élucidés. On peut citer la question des périodes exactes de leurs migrations et de leurs peuplements. Comment les Assabou qui sont à la base de la naissance du peuple baoulé, ont abandonné le twi-ashanti pour la langue baoulé une variante de la grande langue agni. De la problématique de l’existence d’un Etat baoulé. De la période à laquelle situer la guerre des Baoulé contre leurs voisins Agni du Moronou. De la question du peuplement du baoulé-sud et de la diffusion des hommes dans tout l’espace baoulé. Voici autant de questions auxquelles notre article s’attache à trouver des réponses, qui sont différentes de celles de nos devanciers. mots-clés : Baoulé, Assabou, migrations, peuplements, Etat. Cet article qui sera scindé en deux publications est consacré à l’étude des migrations et du peuplement de l’espace baoulé au XVIIIe siècle. Une deuxième publication concernera la diffusion des populations dans l’espace baoulé entre 1730 et le XIXe siècle. Les Baoulé occupent le centre de la Côte d’Ivoire actuelle. Leur territoire a une forme triangulaire dont la hauteur pointe vers le sud, dans le bas-Bandama. C’est la région au confluent du Bandama et du Nzi. La base, dans la partie septentrionale, s’étend aux régions de Béoumi, Bodokro, Bouaké, et Mbahiakro. Leur espace géographique va des rives du Bandama à l’ouest, aux rives du Nzi à l’est. Les zones occupées par les Baoulé Ayaou, Yaourè, Suamenle et Elomouen débordent à certains endroits le fleuve Bandama sur son flanc occidental. Des Baoulé Ahali, Faafoè et Sono ont leurs terroirs qui vont légèrement au-delà du flanc oriental du Nzi, un affluent du Bandama. Le peuple baoulé s’est formé entre le XVIIIe et le XIXe siècles. Son histoire est donc récente. Et pourtant, il y a beaucoup de points d’ombres dans la connaissance de son passé. Les questions chronologiques sur les périodes de ses migrations et de son peuplement sont à clarifier. L’on a admis sans preuve que les migrants de souche akan n’étaient pas nombreux, et cependant les sous-groupes baoulé sont presque tous de souche akan, nonobstant les éléments non akan qui ont été intégrés dans les ensembles familiaux. Notre article identifiera les différents sous-groupes baoulé, la question de leurs migrations et de leurs peuplements, mais identifiera aussi les peuples pré-baoulé. Comme nous l’avons indiqué, la question de l’existence d’un Etat baoulé, du peuplement du baoulé-Sud seront abordés dans la publication suivante. Timothy Claude Weiskel posant le problème de l’histoire pré-coloniale des Baoulé écrivait. « A great deal of work remains to be done on the precise mechanism of expansion and
assimilation which were at work over the course of early Baule history, but research in this direction would seem to hold out the most promising requests for a more complete understanding of Baule pre-colonial history » [1].
L’auteur pose le problème des connaissances de l’histoire pré-coloniale du peuple baoulé, des mécanismes de sa formation, de son expansion. Notre article aborde ces questions en y apportant un éclairage nouveau par rapport aux travaux de nos devanciers. La formation du peuple baoulé est le résultat d’un processus dont il faut dénouer les nœuds et classer de manière adéquate les pièces du puzzle, si l’on veut en avoir une idée claire. Pour résoudre les questions chronologiques sur les migrations, nous aurons recours aux sources écrites hollandaises. Nous utiliserons les traditions orales des Baoulé eux-mêmes, mais aussi des Suamara de Dadièsso, des Ashanti de l’Ahafo, des Agni Béttié, des Sahié de Bosomoaso et de Wioso et des Brong de Doma. Ces traditions orales permettent d’éclaircir certaines questions. Nos devanciers n’ont jamais eu recours aux sources écrites hollandaises ni à autant de sources orales de peuples akan voisins. ALLOU Kouamé René
LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE Il faut équilibrer les données de la tradition orale des Walèbo du lignage Agoua, dont Maurice Delafosse s’est largement fait l’écho, avec les traditions orales des autres sous-groupes baoulé. En effet, certains sous-groupes comme les Aitou, les Ngban, les Suamenle, les Agba, ont vécu des évènements historiques particuliers dont il faut tenir compte en s’appuyant sur leurs propres traditions orales. Il ne faut pas oublier de placer l’histoire des Baoulé dans celle plus vaste du monde akan, entre les XVIIIe et XIXe siècles. Nous étudierons ici les migrations et le peuplement de l’espace baoulé ainsi que sur la diffusion des hommes dans ce nouvel espace. I-LES DIFFERENTES PHASES DES MIGRATIONS ET DU PEUPLEMENT DE L’ESPACE BAOULE au XVIIIe SIECLE. La gestation du peuple baoulé prend forme avec le peuplement Assabou, donc des groupes qui ont migré sous la direction de la reine Abraha Pokou. Cependant le pays était déjà riche en occupations humaines dont il convient de présenter les peuples qui en sont les auteurs ; bien que, pour certains auteurs, cela précède le début du cadre chronologique que nous avons fixé. Nous ne serons pas prolixe sur les peuples pré-Assabou qui n’appartiennent pas au continuum culturel akan, car la naissance du peuple baoulé est avant tout l’œuvre de migrants akan. A- LES POPULATIONS PRE-ASSABOU a- Sénoufo (Tagbana, Djimini) Kpanlan, Djamala Des groupes Sénoufo divers peuplaient le futur espace baoulé, particulièrement les Babaala communément appelés Tagbana dont l’aire d’occupation était assez vaste, s’étendant vers le sud de la région de Bouaké jusqu’à la hauteur de Tiébissou depuis des zones plus au Nord comme l’actuel Worodougou, Kong et Katiola [2]. Ils ont des descendants qui ont été phagocytés dans les unités familiales des Baoulé Goli, Satrikan, Faafoè, Bro et Ahali [3]. Il en fut de même pour des Djimini, des Kpanlan (Koulango) et des Djamala [4]. Dans le Djamala vivaient des populations Gour, Mandé et plus proprement Malinké à l’ouest du terroir baoulé Goli. b- Les Kouéni (Gouro) et Wan Les Kouéni et les Wan sont des Mandé-sud. Le foyer des Kouéni s’étendait le long du Bandama sur les deux rives. Les Wan vivaient à l’Ouest de la zone baoulé Kodè. Les Kouéni ont été repoussés vers les rives Ouest du fleuve, mais ceux qui ont été capturés ont été intégrés aux familles baoulé. Les Wan ont subi le même sort. Les traditions orales des Baoulé foisonnent de récits sur les guerres livrées aux Gouro pour s’emparer de leurs terres et capturer des hommes [5]. Il faut relever que ces peuples qui n’appartiennent pas au monde culturel akan n’ont pas donné de sous-groupes baoulé. L’inexistence chez eux de sièges qui fondent la personnalité des lignages, explique peut-être cela. Par contre les populations pré-baoulé de culture akan ont formé des sous-groupes baoulé. C’est le cas des peuples issus de la migration que nous appelons la migration Akpafou - Ga Krobou - Adele -Avatime. c- Akpafou (Akpatifoè, Battrafoè, Mamala), Ga (Ngen), Krobou (Akrowou, Goli), Gbomiun. Peuplement provoqué par l’expansion akwamou (1660-1689) Il existe des populations pré-baoulé dont l’identification a souvent posé problème. Or il suffisait de se référer aux traditions orales d’Ores Krobou dans la région d’Agboville, pour venir à bout de cette difficulté. Parmi eux, les Ngen de la région de Mbahiakro et du pays Ano où, ils disent qu’Adi Bilé est l’ancêtre fondateur de leur siège [6]. Les Ngen sont à tort assimilés à des populations d’origine mandé. L.G. Binger les appelle Gan-ne. Ils sont, disait-il, les anciennes populations de l’Ano, habitant aussi les confins du Baoulé [7]. Outre les Ngen, les Goli, les Akpatifoè (Akpatou, Akpo, Akpati), les Akrowoufoè (Akrowou), les Gbomi, les Battrafoè (Battra, Asrin), les Mamala (Wamala) sont des populations préAssabou [8]. Les traditions d’origines contradictoires que M. S. Bamba a recueillies auprès des Battrafoè ne le sont qu’apparemment. En effet, les Battrafoè de Tiassalé se donnent une origine céleste, tandis que ceux d’Elosso disent venir de Comoénzi (de l’Est du Comoé) [9]. C’est à juste titre que les informateurs de M.S. Bamba précisent que le nom Battra se prononce en réalité kpatlan [10].
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LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE Le lien étymologique entre kpatlan et (a)kpati se voit aisément, de même que celui entre battra et mamala car /b/ est allophone de /m/. Quelles sont donc ces populations pré-Assabou qui affirment que leurs ancêtres sont descendus du ciel ? C’est un indice important que clarifient les traditions orales Krobou d’Ores Krobou. Le clan Nzomon de ce village évoque une origine céleste en ajoutant que l’ancêtre Adjé Menimbou détenteur d’un siège a trouvé dans le pays les autochtones Kpaman. Les membres du clan Dabou venus du pays Krobo sous la direction de l’ancêtre Dibo Ayewra ont donné à la région le nom de leur terre d’origine [11]. Adjé Menimbou exercera dans la région une tyrannie telle que les populations se disperseront. Les Kpaman s’en allèrent à Boussoukro [12]. Ce village n’est autre que Boussoue qui, est justement peuplé par des Battra. Kpaman signifie peuple Kpa ou Akpati. Les Ega se réfugièrent dans le pays Dida d’où ils tentèrent en vain de revenir à Ores Krobou. A partir d’Ores Krobou, les Kpaman s’implantèrent dans le Bas-Bandama où ils donnèrent naissance aux Battra, aux Akpatifoè et aux Mamala ou Wamala dont certains habitent Wamalakpli et occupent l’axe Toumodi-Tiébissou [13]. Des Krobou quittent Ores Krobou pour s’installer aussi dans le Bas-Bandama. Le fait que des Akpati et des Akrowou se soient retrouvés ensemble dans le bas-Bandama est révélateur de l’histoire commune qu’ils ont vécu à Ores Krobou. Une fraction des Krobou, les Goli s’installera à Goliblenou. Goli est une déformation de Kloli, nom par lequel se désignent les Krobo du Ghana actuel [14] Les Krobo du Ghana actuel situent leur origine à Tugulogo près des collines de Lolovo [15]. Les Ngen sont en réalité des Ga qui ont fui eux aussi le despotisme d’Adjé Menimbou pour se fixer dans la région de Mbahiakro et dans l’Ano. D’autres vont se retrouver en milieu Krou-Dida dans l’enclave Ega. Les traditions orales des Ega confirment nos thèses. Elles disent que les populations des villages de Dumbaro, Guawan, Dairo, Guiguedougou, Didizo, viennent du pays Ga. Les Edele de Labodougou se réclament du Mono, région située entre l’actuel Togo et l’actuel Bénin (ex Dahomey) [16]. Il s’agit donc des Adele-Avatime, populations Guan qui vivent dans la vallée de la Volta et du moyen Dahomey. La migration Akpati, Ngen, Krobou, s’est produite suite à l’expansion de l’Etat Akwamu qui commence dès 1660 par la prise de Grand Accra (Ayawaso) la capitale des Ga et l’annexion de Petit Accra (Accra) sur le littoral [17]. Les Guan du sous-groupe Kpesi qui vivaient dans les plaines d’Accra ont été touchés par ces guerres [18]. A partir de 1677, les Akwamu étendent leur domination à toute la vallée de la basse Volta, aux plaines de l’Afram et aux escarpements de l’Akwapem [19]. Ces évènements majeurs de l’histoire du Sud-Est de la Côte de l’Or ont provoqué la migration de populations Ga, Krobo, Adele-Avatime, Akpafu et Akan de souches Akwamu, Kwahu, Akyem vers la Côte d’Ivoire. Ces migrants Ga, Krobo, Akpafu donneront successivement en Côte d’Ivoire les Ngen, Ega/Krobou, Akrowou, Goli/Akpati, Akpatifoè, Battra, Wamala. Les Akpafu sont des Guan du pays Buem. Ils habitent le district actuel de Kawu dans la vallée de la Volta [20]. Ils sont aussi appelés Mawu et l’individu membre de leur ethnie est appelé Owu. Les AdeleAvatime qui sont également des Guan portent le nom Kèdane. Ceux d’entre eux qui peupleront l’Ega en Côte d’Ivoire sont justement appelés Edele. Toutes ces populations une fois en Côte d’Ivoire, créeront leur premier grand foyer de peuplement à Ores Krobou, avant de se disperser dans les régions environnantes à cause de la mauvaise gouvernance d’Adjé Menimbou. Il s’agit du Bas-Bandama, du pays Ega, de la région de Mbahiakro de l’Ano, et du futur Baoulé Nord. Les Ga et les Krobo ne sont pas originellement de culture akan, mais ils ont subi l’influence de la culture akan à cause de la proximité des Akwamu, Akyem, Kwahu et Guan. Ceux qui arrivent donc à Ores Krobou sont très « akanisés », quoi que leurs ascendants relèvent de la culture Ga-Adangbe. Parmi les peuples qui ont précédé les Assabou, il y a les Alanguira. d-La guerre ashanti-denkyira et le peuplement Alanguira (Denkyira) Une migration akan provoquée par des guerres entre Ashanti et Denkyira sera à l’origine du peuplement alanguira dans le futur baoulé.
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LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE Ce conflit commencé en 1699, restait encore sans dénouement l’année suivante durant laquelle, les chefs denkyira se rendent à la conférence de paix convoquée à El Mina par le gouverneur de la compagnie des Indes Occidentales en Côte de l’Or, Van Sevenhuysen [21]. Deux batailles décisives en 1701, la première à Edunku puis à Feyase voient la déroute des armées denkyira [22]. Malgré la mort tragique du roi Ntim Gyakari, les Denkyira, avec à leur tête Badu Akrafi Brempon, résistent désespérément, mais ce dernier est capturé à son tour par les Ashanti. La migration denkyira se fera alors de façon massive dans toutes les directions. Vers Mpoho dans le Wassa, en Akyem et sur la côte. Une partie importante des migrants passe par les territoires de l’Aowin et du Sefwi pour s’établir définitivement dans le futur baoulé. Ce fut le peuplement alanguira qui se fera entre 1701 et 1706. De nombreux migrants passent le Comoé en amont de Katimanso à Gblagblaso. Certains franchissent le fleuve plus au nord vers la région de Kong comme ce fut le cas des Satrikan, traversent le pays Tagbana pour s’installer à Krofouesso sous la direction de Nana Becoin [23]. Des Alanguira du sous-groupe Ano-Abè essaiment depuis les confins du futur Ndenian et Djuablen avec une forte concentration autour de Katimanso. Les Ano-Abè ou Abè ne doivent pas êtres confondus avec les Abè lagunaires de la région d’Agboville. Le nom abè est lié au palmier à huile et fut utilisé pour désigner les rois ano-abè. Cela est lié au fait que la famille royale denkyira est de matriclan Agona dont le symbole est le palmier à huile [24]. Les villages créés autour de Katimanso sont notamment Douffrebo, Gbeleso et Atrenou. Une fraction des migrants sous la direction d’Alui Ndohou, les Dumnihene, va à Wobèso où elle s’attèle à organiser un royaume, l’Ano. Le nom Ano ou Ando vient de mot twi Adom/Adum qui signifie « guerre ». D’autres Alanguira s’installent dans les régions de Daoukro, Ouéllé, Bocanda, Katiénou et Agba Onglessou [25]. Ils se répandent dans les zones de Bouaké et de Tiébissou. A Katimanso vivent trois clans ; celui des Eloa Ndohou, on reconnaît là l’ancêtre des Dumnihene, celui des Asewè, détenteur du grand tambour et le clan Sopié ou Kpanyi Kpen qui parle d’une origine céleste, donc sans doute des éléments du peuplement akpafu-ga-krobo. Les fondateurs du royaume ano entretenaient des relations étroites avec leurs frères installés dans les régions environnantes ; si bien qu’au moment où arrivent les Assabou, Alui Ndohou se rend à Niamonou pour conclure une alliance avec la reine Abraha Pokou au nom de tous les Alanguira. Voilà comment s’explique le passage d’Alui Ndohou à Niamonou que les traditions orales ano soulignent avec force détails [26]. Les Alanguira de l’Ano étaient les mieux organisés et leur roi Alui Ndohou jouissait d’une certaine autorité auprès des autres Alanguira. L’alliance entre Alanguira et Assabou fut un « modus vivendi » conclu entre deux peuples qui s’étaient naguère livrés une guerre impitoyable. En effet, les Alanguira sont d’origine denkyira tandis que les Assabou sont d’origine ashanti. Les stigmates de la guerre entre leurs peuples d’origine respectifs restaient vivaces dans les mémoires. Certains comme Alui Ndohou et ses compagnons avaient pris part à ce conflit. Il est inexact de penser que les Assabou se sont imposés par la force aux Alanguira ou que les Ano ont été sujets de l’Etat baoulé [27]. Il y a eu simplement une alliance qui a permis une coexistence pacifique entre les Alanguira et les Assabou. B- LE PEUPLEMENT ASSABOU Afin de mieux saisir les tenants et aboutissants de la migration et du peuplement assabou, et surtout à l’époque à laquelle ils se situent, il est nécessaire de se référer à des repères chronologiques de certains évènements historiques sans lesquels, les fils sont impossibles à dénouer ne laissant le choix qu’à de veines hypothèses. a- Repères chronologiques 1- La mort d’Osei Tutu et l’accession au pouvoir d’Opoku Ware Amankwa Tia Panyi et ses troupes seront rappelés à Kumase par le roi Osei Tutu au moment où la guerre entre l’Ashanti et l’Aowin faisait encore rage. Le souci de mettre fin à la menace des Akyem soutenus par quelques irréductibles denkyira explique cette décision. En octobre 1717, les sources hollandaises font état de la mort du Zaay (Osei Tutu) tué pendant l’une des batailles de la guerre contre les Akyem [28]. Priesley et Ivor Wilks soutiennent qu’Osei ALLOU Kouamé René
LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE Tutu serait mort en 1712, et que ce fut son successeur dont le nom est éliminé par la tradition orale, qui meurt dans l’affrontement contre l’Akyem en 1717. Or les traditions orales ashanti lient la mort d’Osei Tutu à sa guerre contre les rois Owusu Kyem Tenten de l’Akyem Abuakwa et Ofosu Apenten de l’Akyem Kotoku. Selon les coutumes ashanti quand un roi est éliminé de la liste officielle des rois, c’est dire que son règne est jugé négatif, et il ne peut être l’objet d’une quelconque vénération. Or à cause du décès d’un roi ashanti dans le Pra au cours d’une bataille contre les Akyem, la coutume prescrit que le roi ashanti régnant ne doit plus voir les eaux de ce fleuve. C’est dire qu’un roi éliminé de la liste officielle des rois n’a pas pu bénéficier d’un tel hommage. En outre les traditions orales affirment que l’héritier direct d’Osei Tutu est Opoku Ware [29]. La succession d’Osei Tutu va engendrer une guerre civile de laquelle disent les sources écrites, l’héritier du Zaay est sorti victorieux à la fin d’octobre 1718 [30]. Or l’historiographie place le début du règne d’Opoku Ware en 1720 [31]. Si Opoku Ware sort vainqueur de la lutte contre ses adversaires dès octobre 1718, pourquoi aurait-il attendu deux années entières avant de se faire introniser ? Surtout que la menace akyem était pendante. Différents noms sont avancés quant aux protagonistes d’Opoku Ware à savoir Dakon, Boa Kwatia, Okukuadani [32]. Ce débat n’est pas fondamental parce qu’il y a souvent plusieurs candidats potentiels au trône d’or des Ashanti. Les affrontements contre les Akyem reprennent en 1718 et les Ashanti ont sans aucun doute mené cette guerre avec un roi à leur tête. La coutume akan veut qu’il soit vite intronisé un nouveau roi quand le précédent meurt et que la guerre se poursuit [33]. La guerre civile pour la succession d’Osei Tutu a duré d’octobre 1717 à la fin du même mois de l’année 1718. Opoku Ware est aussitôt intronisé et la guerre contre les Akyem reprend. Ebiri Moro, un guerrier aowin, en profitera pour lancer un raid meurtrier contre Kumase. Nous reviendrons sur cet évènement important. C’est donc bien la lutte pour succéder à Osei Tutu qui sera à l’origine du départ des Assabou du pays ashanti et de leur refuge dans un premier temps en Aowin. 2- La guerre ashanti-aowin entre 1715 et 1721. Cet événement est fondamental pour situer non seulement la période des grandes migrations assabou mais aussi agni. En effet les Assabou s’étaient réfugiés en Aowin dès 1718 sans doute pendant le mois de novembre ou de décembre, car en octobre Opoku Ware monte sur le trône ashanti. Butler, l’agent hollandais, écrit les 1er février et 8 mai de l’année 1722, au sujet de cette guerre ashanti-aowin, qu’elle a abouti à l’exode massif des populations de l’Aowin. Le document dit en substance : « L’Ouwien, l’Assiantijn, l’Accanie et l’Akim, se sont engagés dans des guerres ininterrompues et
interminables, qui ont enfin abouti à un engagement décisif dont les Assiantijnse sont sortis triomphants. Mais c’est l’Ouwien, la contrée la plus riche en or, qui a le plus souffert : sa population a été dispersée par les Assiantijnse et elle a été chassée de son pays » [34].
Voilà qui nous replace à la période vraie de la grande migration aowin dans laquelle est incluse celle des Baoulé Assabou. Le moment fatidique de la grande offensive ashanti de 1721 donnera le signal du départ massif des Agni et des Baoulé Assabou qui vivent alors en Aowin comme réfugiés. La guerre entre l’Ashanti et l’Aowin a débuté en 1715. Osei Tutu entendait manifester son mécontentement à l’endroit du roi Ano Asema qui avait accordé l’asile au corps expéditionnaire ashanti après la destruction d’Ahwene Koko. L’attaque d’Ahwene Koko, capitale du royaume Wenchi, entrait dans le cadre de la guerre d’Abessim qui a opposé les Ashanti aux futurs fondateurs des royaumes Abron-Gyaman et Doma en 1714 [35]. Les Aowin ont bravement repoussé l’attaque ashanti de 1715. Le document hollandais à ce propos dit ceci : « On apprit de très bonne source que les Ouwien ont bravement repoussé les Assiatyns. » [36]. Comme cette source l’indique, la première attaque ashanti contre l’Aowin s’est soldée par un échec. Or l’historiographie sur la base d’une supposée victoire ashanti, situe la migration aowin en 1715.
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LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE En réalité, la seule mesure que prend le roi de l’Aowin Ano Asema, est de charger les futurs Agni Sanvi et leur chef Amanlaman Ano de rechercher une zone de repli à l’Ouest du royaume si d’aventure un revers militaire survient. L’attaque ashanti d’octobre 1715 est donc repoussée et le 27 janvier 1716, un armistice est conclu entre les belligérents [37]. Les Aowin mettent à profit ce moment de trêve pour activer l’achat des armes à feu. Mais en mars 1718, ils rompent la trêve et Ebiri Moro à la tête de leurs armées, lance une expédition contre Kumase où il ne rencontre aucune résistance, les Ashanti étant occupés à leur guerre contre l’Akyem [38]. C’est trois ans plus tard soit en 1721 que les Ashanti ripostent par une attaque massive et parviennent enfin à vaincre l’Aowin [39]. La grande migration des populations de l’Aowin (Agni, futurs baoulé assabou et les Akyé qui se sont rassemblés à Asseudji) a donc commencé en 1721 pour s’achever vers 1725. 3- Traditions orales des Suamanla de Dadièsso et des Ashanti de l’Ahafo Les Suamanla de Dadièsso disent que leurs ancêtres sont des Ashanti originaires de Kokofu Kenyanse qui, sur ordre du roi Opoku Ware, pourchassaient Ebiri Moro coupable d’avoir attaqué Kumase et fait assassiner la reine-mère au moment où les Ashanti guerroyaient contre les Akyem. Ils avaient à leur tête deux chefs guerriers nommés Nana Yentumi et Kwasi Nyandakyi. Ils ont rencontré dans la région de Dadièsso des Baoulé gouvernés par Tano Adjo et des Akyé dont le chef s’appelait Oben Aka. Le village où résidait Tano Adjo se nommait Ahali [40]. Ce personnage n’est autre que la fondatrice du royaume Elomouen de Tiassalé, présentée comme une parente directe de la reine Abraha Pokou [41]. Voilà qui une fois encore, confirme ma thèse au sujet de la période et des évènements qui provoquent la migration assabou. Les traditions orales des Ashanti de l’Ahafo précisent que ce territoire qu’ils occupent a été annexé au détriment de l’Aowin par Opoku Ware qui y a placé des contingents chargés de veiller à la docilité des aowin et de faire la chasse pour le bénéfice de la cour royale. Les guerriers ashanti arrivés dans cette région pourchassaient Ebiri Moro [42]. La conquête de l’Aowin par l’Ashanti s’est donc faite sous Opoku Ware provoquant la migration des futurs baoulé assabou et de leurs hôtes agni. L’expulsion des Ahali un peuple qui s’est intégré à la fois à l’ethnie agni et à l’ethnie baoulé témoigne de cette réalité historique [43]. 4- L’expédition ano (tiokossi) dans le Sansani Mango Cette expédition s’est déroulée à partir du pays ano et comprenait des aventuriers de souches diverses, mais principalement ano et des éléments baoulé assabou [44]. Elle a abouti à Kunkum (Kunjogu), actuel Sansani Mango [45]. En se référant au Kitab Ghunja, l’on situe l’expédition tiokossi en l’an 1751 de l’ère chrétienne [46]. Il faut ici comprendre que les Baoulé sont dans leur nouvel espace depuis quelques années déjà , et certains peuvent à nouveau, en compagnie des Ano, se lancer dans une nouvelle aventure. 5-Les ambassadeurs Asandrè à Niamonou La tradition des Baoulé Assabou soutient qu’une ambassade ashanti avec à sa tête Asante Yeboa s’est rendue à Niamonou, où elle fut reçue par Bouanli Abo la reine mère des Faafoè et par Malan Kpandji le chef des Sa (Safoè) du Ndranouan. Elle venait au nom du roi Opoku Ware, demander le retour des Assabou en Ashanti [47]. Devant le refus des Assabou d’accéder aux souhaits du monarque ashanti, il fut demandé à ces envoyés de s’établir dans le baoulé afin d’échapper aux foudres de leur maître pour avoir échoué dans cette mission. Cette tradition confirme que le départ des Assabou du pays ashanti fait suite à la lutte pour succéder à Osei Tutu, et non à celle pour succéder à Opoku Ware. Ces Ashanti postérieurement établis dans le baoulé ont créé le village nommé Asandrè. b- Quelques faits historiques à élucider 1- Les points de passage des migrants
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LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE Tous les Assabou n’ont pas franchi le Comoé par les rapides de Malanmalanso dans le pays agni béttié. Certains sont passés en amont du fleuve et d’autres en aval. D’après la tradition orale de Béttié le nom véritable de Malanmalanso est Njelieso [48]. C’est déjà un indice qui permet de douter de la thèse qui fait de Tiassalé une étape commerciale du peuplement assabou. En outre, des Ahua qui se sont directement installés dans le bas-bandama, ont été les compagnons d’exode des Ahali fondateurs de Tiassalé et dirigés par Tano Adjo. La fraction des Ahua qui a migré sous la conduite d’Adjoka Panyi dit avoir franchi le Comoé au lieu appelé Ahouamalan qui est différent de Malan malanso [49]. Il faut avoir à l’esprit que les migrants ont fait des détours, si bien que c’est en plusieurs points de passages qu’ils ont franchi le fleuve Comoé. 2- A propos du nom baoulé L’explication donnée au nom baoulé de loin la plus connue est celle de Maurice Delafosse. Elle est liée à la légende de l’enfant de la reine qui, sera sacrifié aux esprits des eaux du Comoé pour permettre le passage des migrants. Le peuple prend alors le nom « Baouli » qui signifie l’enfant est mort [50]. C’est une légende, et nous la prenons comme telle. J.N. Loucou explique le nom baoulé en ces termes : « Quel drame que d’enfanter et d’infliger la mort » [51] Cette version est plus raffinée, mais n’est pas fondamentalement différente de la première car, elle fait référence au sacrifice de l’enfant. Des cartes anciennes permettent d’affirmer que le nom baoulé a existé longtemps avant la migration assabou [52]. Elles font état de Bacorees, une zone du nord de l’Aowin où furent sans doute installés les Assabou par les Agni, de sorte que cet endroit a donné son nom à ces nouveaux habitants. Une explication plausible du nom baoulé est celle-ci : « Ba » [53] veut dire enfant ou noble. Son pluriel est « Wa ». « Wole » signifie naissance ou accouchement. Baoulé peut donc signifier de naissance noble. 3- Identification des groupes de la migration assabou et faits historiques les concernant Les groupes baoulé qui appartiennent à la migration assabou sont les suivants : Walebo, Faafoè, Safoè, Ahali, Nanafoè et Nzipri. Les Suamenle relèvent de cette migration, mais leur cas est particulier, car ils sont des Suamanla qui ont pourchassé les Ahali jusqu’à ce nouvel habitat qu’est le bas-bandama. Après la traversée du Comoé, les migrants qui ont suivi la reine Abraha Pokou se sont rassemblés à Niamonou et en général dans le Ndranouan. D’autres comme les Ahali dirigés par Tano Adjo et les Nanafoè se sont installés dans le bas- bandama. Les Nanafoè sont une fraction du peuple Ahua [54]. En cela, l’histoire des Nanafoè du baoulé est liée à celle des Agni Ahua. A la suite de querelles intestines avec les Ahali de l’Elomouen, des Nanafoè reçoivent de la reine Akoua Boni, l’autorisation de s’installer aux environs de Tiébissou [55]. Ces querelles poussent d’autres Ahua à quitter Tiassalé pour fonder Ahua sur le cours inférieur du Bandama [56]. Cependant des Ahua sont démeurés à Tiassalé où, ils forment le groupe Mandou. Mais leur direction politique se trouve à Ahua. Sans doute au lendemain de la conquête de la région au détriment des Battrafoè, une lutte pour le pouvoir s’est engagée entre Ahali et Ahua. C’est pendant le règne de Kadia Sèmou deuxième successeur de la reine Tano Adjo, que le conflit s’est accentué, poussant Tano Aka le chef des Ahua à s’en aller avec ses partisans pour créer le village d’Ahua [57]. Ce sont les Ahali qui ont eu le dessus, car le siège principal du royaume Elomouen porte le nom Tano Adjo. Les ancêtres des Nanafoè d’après les récits allaient à moitié nus, arborant un tison ardent, attitude révélatrice du matriclan auquel ils appartiennent, celui des Aduana (Abrade, Ahua, Sawua). Ces derniers sont vus comme les premiers habitants de la terre dans le monde akan, d’où le nom Nanafoè (ancêtres) attribué aux Baoulé d’origine Ahua. Les Baoulé Ahali et Safoè, ont indubitablement une partie de leur histoire qui est commune d’avec celle des Agni Ahali. Le peuple Ahali s’est donc intégré aussi bien à l’ethnie baoulé qu’à l’ethnie agni [58]. Les Safoè ont suivi la reine Abraha Pokou dans le Ndranouan. Parmi leurs dirigeants, l’on cite le chef Malan Kpandji et l’aÏeule Moo Tenin [59]. ALLOU Kouamé René
LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE Le nom Sa/Safoè trouve sa véritable explication en Twi. Il signifie « guerre/guerriers ». Le nom Ahali a pour racine Aha, terme qui sert en baoulé à nommer les Ashanti ou le pays ashanti en général. Les Ashanti eux-mêmes appellent / aha / la chasse, d’où le nom Ahafo donné aux Ashanti chargés par Opoku Ware de fournir la cour royale en gibier, après l’annexion de l’Ahafo territoire anciennement aowin. Le baoulé-sud a été peuplé directement à l’aube de l’exode assabou. Des Ahali et des Ahua s’y sont installés pour créer le royaume Elomouen. C’est l’expédition d’Adjé Boni dans le basbandama qui a fait dire que Tiassalé est né d’une étape commerciale alors qu’il n’en est rien. Adjé Boni a été chargé par la reine Akoua Boni de porter secours aux Elomouen victimes d’agresseurs venus de l’Est dont les traditions orales disent qu’ils étaient des Nzandrè (Ashanti) [60]. Ces agresseurs n’étaient autre que les futurs Baoulé Suamenle autrement dit les Suamanla qui depuis la région de Dadièsso ont pourchassé les Ahali. Adjé Boni et ses hommes parviendront à vaincre les Suamenle. Cet épisode est évoqué par les traditions orales de Taabo avec des récits forts imagés. La reine Akoua Boni aurait envoyé des messagers auprès des Suamenle, leur réclamer des « Kanwu », barres de fer utilisés dans la confection des armes et des outils. Ces derniers ont rétorqués que les termites les avaient mangées. La reine leur répond qu’elle enverrait des poulets picorer ces termites. Les Suamenle seront vaincus et condamnés à verser 100 Ta de poudre d’or (Taya ) comme tribut de guerre. Les premiers chefs des Suamenle, vaincus de cette guerre sont Krowa Bilé et Kouassi Kotoko. Les Suamenle ont fait escale à Gbakakou, avant de fonder Léléblé et Taabo [61]. Ils comptent aujourd’hui sept villages et se sont installés sur des terres déjà habitées par des Akpatifoè. Adjé Boni et ses guerriers s’installent à Tiassalé où ils forment le groupe Wandié- Agoua autrement dit des membres et des représentants du clan royal de Walèbo. La mission d’Adjé Boni était avant tout militaire, mais la paix qu’elle a instaurée dans le bas-bandama a été favorable aux échanges commerciaux entre le littoral et l’intérieur, le bas-bandama servant de relais et Tiassalé de plaque tournante. A la fin de la campagne militaire d’Adjé Boni, l’Elomouen tombe dans la sphère d’influence de Walèbo car ses dirigeants ont déclaré être eux-mêmes la prime de guerre de la reine Akoua Boni. Autrement dit ils se reconnaissent sujets de celle-ci. En effet elle les a délivré des larmes de guerres (Elomouen) qu’ils versaient [62] Tiassalé la capitale des Elomouen était un village anciennement peuplé par les Battrafoè. Il signifie sur le sanctuaire de Tiassa l’esprit du Bandama en ce lieu. Agoua le nom du clan royal de Walèbo d’après M. Delafosse signifie la place où l’on se réunit pour discuter des affaires du pays. Les assemblées se tenaient sous l’arbre Walè qui a donné son nom au peuple Walèbo [63] A notre avis, Agoua est la traduction en langue baoulé du mot (A)kwa en Twi, racine du nom Kwaman (peuple Kwa)le petit royaume qui sera à l’origine de la grande confédération ashanti. Les Agoua sont donc les originaires de Kwaman. Les Faafoè appartiennent à une branche du groupe Agoua. Leur nom dit-on viendrait de ce qu’ils formaient l’aile droite de l’armée assabou (Famafoè). Pour nous, / Fa / un ancien titre akan de noblesse, un titre royal, explique le nom Faafoè. Les futurs Baoulé Nzipri formaient avec les futurs Agni Assiè un même peuple. Ils n’étaient pas que de simples compagnons d’exode [64]. Leurs traditions orales soutiennent ensemble, que leurs ancêtres sont sortis de terre près de Bantaman en Ashanti [65]. Au cours de l’exode , ils sont passés par Bosomoasso une localité qui se trouve dans le Sahié Wioso, et dont les traditions affirment que leurs ancêtres sont originaires d’Apremso un quartier de Kumase [66]. Les Nzipri et les Assiè formaient au départ un même peuple, des Ashanti du quartier Apremso qui se sont réfugiés en Aowin, puis au cours de l’exode assabou sont passés par Bosomoaso en zone sahié wioso. Tandis qu’une fraction s’intègre au peuple Baoulé et prend le nom Nzipri, l’autre fraction s’intègre au peuple Agni et prend le nom Assiè [67]. Au sein des migrants Assabou, il y avait des ALLOU Kouamé René
LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE groupes d’origine denkyira comme les sujets du chef Abili Tchimou. Ils sont appelés AssabouAlanguira. L’on s’étonne que les migrants akan, aient pu en si peu de temps occupé un aussi vaste territoire que celui du baoulé actuel. Nonobstant l’apport démographique des populations pré-baoulé, et le manque de données chiffrées, nous affirmons que les migrants akan étaient nombreux. L’on s’en rend compte rien qu’en énumérant les groupes qui ont participé à la migration alanguira et à la migration assabou. Au demeurant, le nom assabou veut dire guerriers innombrables. En outre, les migrations postérieures à la migration assabou comme celles des Aitou, des Asandrè et des Ngban, vont renforcer la démographie des populations de souche akan. C-LES MIGRATIONS POSTERIEURES A LA MIGRATION ASSABOU : LES MIGRATIONS AITOU, ASANDRE ET NGBAN 1-La guerre ashanti- bono et le peuplement Aitou. Les traditions orales des Baoulé Aitou, sont celles qui insistent beaucoup sur le passage des ancêtres par la région de Kong, et la traversée du Comoé aux confins de celle-ci, venant de l’Est [68]. La tradition orale des Aitou du quartier Afotobo d’Angonda, se trompe au sujet du monarque régnant de Kong, au moment de l’exode. Elle parle de Karamoko Oulé alors que ce personnage n’a jamais été roi de kong et a vécu vers la fin du 19ème siècle. Le souverain de Kong au moment du passage des Aitou ne pouvait qu’être Sekou Ouattara [69]. La présence du préfixe / Lomo / dans les noms donnés aux premiers villages aitou de l’histoire, à savoir Lomokankro et Lomotinguèbo, est l’indice qui nous a donné une idée du pays d’origine des Aitou. En effet Lomo est la prononciation en baoulé du nom Djomo une composante du peuple Bono fondateur du royaume bono, un royaume akan du Brong au nord de l’Ashanti. Des Djomo vivent à Gomoa dans le Fanti. Ils sont aussi les fondateurs du royaume Adjomolo, royaume mère de l’Etat Nzema, et de la chefferie de Takyiman. Des Aitou dénommés Awutu vivent en Efutu dans la région de Winneba sur le littoral fanti [70]. La migration des Aitou est liée à un évènement historique important du monde akan. Il s’agit de la défaite du grand royaume Bono face à l’Ashanti entre 1722 et 1723. Le document hollandais qui y fait allusion dit en substance : « Les Assiantyns ont remporté une grande bataille contre un district qui est situé derrière eux, ce district était environ trois fois plus fort qu’eux, mais ils l’ont vaincu » [71]. La date d’émission du document, à savoir 1724, fait penser que cette guerre a eu lieu entre 1722 et 1723. Les Aitou atteignent le Baoulé certainement entre 1724 et 1725. Le nom aitou témoigne de leur hétérogénéité, car ils formaient différents sous-groupes Bono et Guan. Le second nom des Aitou à savoir Atoutou, vient d’Afoutou terme akan qui veut dire réfléchir, émettre des pensées positives et avoir des idées intelligentes. En effet les Aitou ont la réputation dans le pays baoulé, de trouver des solutions aux problèmes complexes. C’est cela qui leur a valu le surnom d’Afoutou ou Atoutou. 2-L’ambassade envoyée sur ordre d’Opoku Ware et le peuplement Asandrè. Cette question a été largement abordé lorsqu’il s’est agi dans les pages antérieures de fixer des repères chronologiques pour appréhender la période du peuplement assabou. Les Asandrè sont des ambassadeurs arrivés dans le Ndranouan afin de demander au nom du roi Opoku Ware, la réconciliation avec les Assabou et leur retour en Ashanti. Finalement leur requête sera rejetée et ils se résoudront à s’établir eux-mêmes définitivement dans le Ndranouan. Nous situons l’arrivée des Asandrè dans le baoulé autour de 1732 car la reine Akoua Boni avait déjà quitté Niamonou pour Walèbo. Or, les départs du Ndranouan comme nous le verrons ont commencé autour de 1730. Le peuplement Ngban est le résultat de la toute dernière migration qui a déferlé sur le pays baoulé. Les Ngban disent les traditions orales étaient des guerriers redoutables, en nombre fort considérables de sorte que leur arrivée sur les rives du Comoé a effrayé les Ano et les Baoulé.
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LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE Ils négocieront cependant de manière pacifique leur installation. Ils se sont installés dans l’Ano depuis Kameleso jusqu’à Prikro, en donnant corps à deux groupes, les Ngban Bidjoso et les Ngban Yenga [72]. Quand les Ngban arrivent dans le pays baoulé, leurs chefs sont reçus avec bienveillance à Walèbo par la reine Akoua Boni. Elle leur offre un grand tambour dénommé Hosorè Koko (l’on a peur de toi ) [73]. Cela traduit bien la peur provoquée par la venue massive des Ngban. Parmi les chefs de la migration ngban, l’on cite Akanza Djohoun, Assemian Koua, Awura Kafou qui est mort noyé au moment de la traversée du Comoé et l’aïeule Bandji Afia [74] Maurice Delafosse n’était pas loin de la vérité lorsqu’il liait la migration des Ngban aux invasions ashanti dans l’Abron Gyaman [75] Ce sont plutôt les guerres des Ashanti aidés de leurs alliés Abron et Brong contre le pays Ngbanya (Gonja) qui expliquent la migration ngban. Le Kitab Ghunja situe ces guerres appelées Bote Sa par les Bono de Takyiman, en l’an 1145 de l’hégire, soit en l’an 1733 de notre ère. Ces guerres ont principalement touché le Gonja, pays situé au nord du Brong. Les Wenchi au cours de cette guerre ont fait une incursion chez les Guan Dumpo de Bui. La localité dumpo d’Old Bima sera conquise par des contingents ashanti dirigés par le chef guerrier de Nsumankwa Asabere. Les Bono de Takyiman, les Nkoranza et les Banda ont participé à cette guerre contre le Gonja [76]. C’est donc autour de 1734 ou 1735 que les Ngban arrivent dans le baoulé. L’idiome des Ngbanya, le Ngbanyito est un dialecte guan [77]. Les Gonja ainsi nommés par les Haoussa, sont appelés Kaboya/Kwaboya par les Bono, mais eux-mêmes se nomment Ngbanya et leur pays s’étend de Kintampo à Tamale [78]. Les travaux de Fynn ont montré que les Guan ont une langue qui s’apparente au Twi et que leur organisation socio- culturelle ancienne est proche de celle des Akan. Ils sont vus comme des proto-Akan. [79]. Le lien étymologique entre Ngban du baoulé et Ngbanya du Gonja est évident. Ce sous-groupe baoulé a donc conservé son nom d’origine qui est aussi celui du pays de ses lointains ascendants, des populations de souche guan. D’après M. Delafosse, les Ngban doivent leur nom au fait qu’ils marchaient en boitant comme s’ils avaient des vers de guinée aux pieds. La tradition orale des Ngban de Tchindjekro refuse cette version, et affirme que leur nom est lié au séjour de leurs ancêtres près du rocher Kpanyoboè dans le Djimini [80]. Nous pensons qu’à ce sujet la tradition orale des Ngbanya du Gonja pourrait donner une version plus intéressante. Conclusion Cet article montre bien que le peuplement du pays baoulé a été complexe. Il faut distinguer le peuplement pré-assabou, le peuplement assabou et enfin le peuplement post-assabou. La question non moins complexe de la période exacte de la migration et du peuplement assabou trouve à travers notre article des réponses intéressantes grâce aux sources hollandaises. Les traditions orales de peuples concernés par l’histoire des Baoulé comme les Ashanti de l’Ahafo, les Suamanla de Dadièsso, les Sahié de Bosomoaso, les Agni Assiè et les Agni du Béttie nous éclairent sur maintes questions restées jusque-là sans réponses. Nous voyons comment les Assabou des locuteurs du Twi ashanti ont adopté une variante de la langue agni après leur séjours en Aowin. Comment les Ahali, les Ahua et les Assiè se sont intégrés aussi bien à l’ethnie baoulé qu’à l’ethnie agni. Comment les migrants assabou sont passés en différents points du fleuve Comoé et comment des Suamanla futurs baoulé Suamenle ont pourchassé les Ahali jusqu’au bas-bandama. Bref, notre article apporte un éclairage nouveau sur le passé pré-colonial des Baoulé. Et nous comptons à travers une autre publication, trouver des réponses à des questions comme celles de la diffusion des hommes dans le baoulé-sud et de l’existence d’un Etat baoulé. [1] Timothy Claude WEISKEL. French colonial rule and the Baule people : resistance and collaboration 1889-1911. Thesis, University of Oxford, juillet 1977, p. 9. ALLOU Kouamé René
LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE [2] Jean-Marie KELETIGUI. Le Sénoufo face au cosmos. Les Nouvelles Editions Africaines, Abidjan, Dakar, 85 p ; p 19, 20. FOFANA Lemassou. « Contribution à l’élaboration de la carte archéologique du Worodugu : la région de Mankono (nord-ouest de la Côte d’Ivoire). » Annales de l’Université d’Abidjan. Histoire, tome XVII, 1989, pp. 9-30, p. 14, 22 et 23. [3] Salverte MARMIER. Etude régionale de Bouaké 1962-1964. tome I, République de Côte d’Ivoire, Ministère du Plan, p 17. Cyprien ARBELBIDE. Les Baoulé, leur résistance à la colonisation. 64220 Uharte, p 3. [4] Siriki OUATTARA . Les Anofwè de Côte d’Ivoire des origines à la conquête coloniale. Thèse de 3e cycle, Université de Paris I-Panthéon Sorbonne, sciences humaines, histoire,1986, tome 1, 429 p., tome 2, 736 p. [5] Compte rendu de la sortie du 25-27 février à Subiakro par les étudiants de la 2e année de duel (1976- 1977). Institut d’Ethnosociologie (IES ), Université d’Abidjan, juin 1977, Kasa bya kasa, p. 96. Compte rendu de la sortie du 24-26 février 1979 à Diokro par les étudiants de la 1ère année de duel (1978-1979) Kasa bya kasa, p. 70. [6] Bonjour la province, Radio CI, sous-préfecture de Mbahiakro, 02-09-1992. OUATTARA Siriki. Op. cit., p.296. [7] Louis Gustave BINGER. Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de Kong et le Mossi 18871888. Paris, Société des Africanistes 1980, vol I, p. 224. Raymond DENIEL. Une société paysanne de Côte d’Ivoire. Les Ano, traditions et changements. Inades, Abidjan, 225 p., p 17. [8] Voir Salverte MARMIER, op. cit. p. 19 ; J.N. LOUCOU, « Entre l’histoire et la légende : l’exode des Baoulé au 18ème siècle. De Kumassi à Sakassou, les migrations d’une fraction du grand peuple Akan » Afrique Histoire n° 5, pp 43-50 ; Mohammed Sekou BAMBA, Bas-Bandaman
précolonial. Une contribution à l’étude historique des populations d’après les sources orales. Thèse de 3e cycle, tome I, Université de Paris I, Paris, novembre, 1978, p.145 & 166-167. [9] M.S. BAMBA, La formation d’une ethnie Baule dans le Bas-Bandaman : les Elomwen de Tyasale (Basse Côte d’Ivoire). Annales de l’Université d’Abidjan, tome XIII, série I, 1985, pp 63-
90, p 70-71. [10] Ibid., p. 169 [11] Koffi Tehua OUATTARA, Origine et peuplement des Krobou. Mémoire de licence, Université de Côte d’Ivoire, faculté des lettres, département d’histoire, 1985-1986, p 4, 6 & 7. [12] Ibidem. [13] YAO née ANNAN Elisabeth, Les mouvements migratoires des populations Akan du Ghana en Côte d’Ivoire. Des origines à nos jours. Thèse de 3e cycle, Université de Côte d’Ivoire, faculté des lettres, département des sciences sociales, octobre 1984, 326 p. (p.131). [14] Adu BOAHEN, Ghana. Evolution and change in the nineteenth and twentieth centuries. , Londres, Longman, 1975. [15] Kwamina B. DICKSON, A historical geography of Ghana. Cambridge University Press, 1969, 379 p. [16] Danielle A. KONAN, Origines et migrations des Ega. Mémoire de licence, Université de Côte d’Ivoire, département d’histoire, 1988-1989, 53 p. [17] Georg NORREGARD, Danish settlement in West Africa 1658-1850. Boston University Press 1966, Boston- Massachusetts, p.47-58. [18] Kwamina B. DICKSON, Op. cit. p 18-26. [19] Ivor WILKS. The rise of Akwamu empire 1650-1710. Transaction of the Historical Society of Ghana III, 2, pp 99-136. [20] M. E. KROPP, Lefana, Akpafu, and Avatime. Institute of African Studies (IAS), University of Ghana Legon, 1967. Comparative African Wordlists n° 3, 94 p. [21] Albert VAN DANTZIG. Les Hollandais sur la côte de Guinée à l’époque de l’essor de l’Ashanti et du Dahomey 1680-1740. Société française d’histoire d’Outre-Mer, Paris, 1980, 327 p. [22] Ibidem, p. 125-126. & Sir Francis FULLER. A vanished dynasty ashanty. Frank Cass and co LTD, 1968, 241 p. [23] YAO née ANNAN Elisabeth. op. cit. p. 134. [24] Patrimoine, radio Côte d’Ivoire, Katimanso 17-06-1990. Informateur Nguetta Kouadio [25] Salverte MARMIER, Op. cit., p. 19. [26] OUATTARA Siriki. op. cit., p. 257.
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LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE [27] J.N. LOUCOU, « Note sur l’Etat Baoulé pré-colonial. » Annales de l’Université d’Abidjan, tome XIII, histoire, 1985, série I, pp. 27-59.Notre devancier soutient l’idée que les Ano auront à s’affranchir de la tutelle du royaume baoulé. [28] NBKG 84, Letter from Accra to El Mina, October 30, 1717. Report of director general and council, march 1718. NBGK 84 ; Jan Van Alzen, Accra to DG Egelgraaf Robbertz ; El Mina, October 30, 1717. [29] A. KYEREMATEN, « The royal stools of Ashanti ». Africa XXXIX, n.1 janvier 1969, London, Oxford university press, pp 1-10 ; p. 5. [30] Letter from Van Naersen, Axim, 30 octobre 1718, El Mina journal. Le document dit ceci : « Les Asjantijise sont très divisés, à deux reprises, ils se sont battus, et c’est l’héritier du Zaay qui a eu le dessus » cité par Emmanuel TERRAY. Une histoire du royaume abron du Gyaman. Des origines à la conquête coloniale. Thèse d’Etat, université de Paris V, Paris 1984, tome II, p. 752. [31] Ibidem, p.466. & K. ARHIN « A note on Ahafo oral traditions. » Research Review,IAS, University of Ghana Legon, vol 1, n° 1, Lent term 1965, pp 27-29. [32] Voir les travaux de Reindorf, Fuller, Ivor Wilks, J.N. Loucou, Terray. [33] Voir à ce sujet les circonstances de l’intronisation du jeune roi denkyira Boa Amponsem après le décès de Wirempi Ampem. K. Y. DAAKU. Unesco research project on oral traditions. Denkyira n°2, IAS : University of Ghana Legon, september 1970, p 13. [34] Butler à l’Assemblée des Dix, 8 mai 1722. Cité par E. TERRAY, op. cit., p. 735. [35] K. Y. DAAKU, « A note on the fall of Ahwene Koko and its significance in asante history. », Ghana Notes and Queries, n°10, 1968, pp 40-44. [36] NBKG 82, El Mina journal from Furley collection, vol II : Native States letters from Axim to
Haringh, 17th October, 1715, from Butler.
[37] NBKG 84, El Mina journal extracts, Furley collection. From Blenke, Axim october 29 th 1717. Voir aussi, journal d’El Mina, 27 janvier, 1716. NBKG 82. Cité par E. TERRAY, op. cit., p 749. « Amancotyo et Jetuan sont arrivés à un accord avec les Ouwiens pour 300 bendas d’or, ils laisseront quelques gens de leur peuple dans l’Ouwien pour collecter chez tous les Assiantys dans l’Ouwien deux angels et demi comme tribut de chacun d’eux... Cela constituerait un trésor considérable pour le Zaay parce qu’on disait qu’un quartier de la totalité des Assiantyns est resté dans l’Ouwien. » C’est une allusion au corps expéditionnaire ashanti exilé en Aowin. Les réfugiés ashanti en Aowin étaient, comme le montre le document hollandais, très nombreux. [38] 218 NBKG 82 El Mina journal, march 21, 1718, from Van Munnikhoven, Axim. « On a rapporté à propos des Ouwiens qu’ils sont revenus de chez les Assiantyns avec un butin considérable au nombre duquel 20.000 femmes et enfants et qu’ils ne trouvèrent aucune résistance et qu’ils ont exhumé les morts assiantyns. On dit qu’ils auraient trouvé beaucoup d’or et de perles et qu’ils viendraient dans peu de temps faire la traite. » Journal du DG Butler, 21 mars 1718, cité par E. TERRAY, op. cit., p. 751. [39] Lettre de Muller, Axim 18 novembre 1721, cité par E. TERRAY, op. cit., p. 752. [40] Henriette DIABATE, Le Sannvin, un royaume akan de la Côte d’Ivoire, 1701-1901. Sources orales et histoire. Thèse d’Etat, Université de Paris I, UER d’Histoire, vol VI, 701p. Enquête de K.Y.DAAKU à Dadiésso en 1971, in H.DIABATE ; Op.cit, p.474-475 & 477. [41] Cyprien ARBELBIDE, op cit., p. 4. [42] Kwame ARHIN. « On the hwesoni caretaker category of land holding in Ahafo land tenure », Research Review, vol 2, n0 1, IAS ; university of Ghana Legon, pp 68-73. [43] Il y a des Baoulé Ahali à Brobo et des Agni Ahali à Tiémélekro. [44] R.P.A. PROST, La langue des Anufom de Sansanne-Mango. Documents linguistiques, université de Dakar, n° 3, 80 p. [45] A.A. ILIASU. Mamprugu. The oral traditions of its people. Northern history scheme, University of Ghana Legon, department of history, vol I, p.47. [46] G.N. KODJO, « Notes et documents sur l’histoire du Nord-Est de la Côte d’Ivoire : l’époque pré-coloniale. » Annale de l’université d’Abidjan, série i, tome XIII, histoire, 1985, pp 209-222. [47] Salverte MARMIER, Op. cit., p 27. [48] H. DIABATE. Op cit, vol VI, p. 311-312 & 342. [49] ATTOUEMAN Kouamé Jean. Qui sont les Ahua d’Aniassue ? D’après les enquêtes menées dans l’Ahua (région d’Abengourou). Université de Côte d’Ivoire, mémoire de licence, faculté des lettres et sciences humaines, département d’histoire, 1983-1984. 69 p. ALLOU Kouamé René
LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE [50] M. DELAFOSSE. Essai de manuel de la langue agni. Paris, 1900, p. 163. [51] J.N. LOUCOU, « Entre l’histoire et la légende... », op. cit., p. 49. [52] T. C. WEISKEL. Op cit, p 7. " Map of Africa" par Todocus Hondius (1606), carte de Matthaus (1638), carte de Petrus Bertius (1638), carte de John Speed (1662), carte d’Alexis Hubert Jaillot (1674). [53] Les Baoulé eux-mêmes disent « Wawole » au lieu de Baoulé. [54] Salverte MARMIER. Op. cit., p. 27. [55] Salverte MARMIER, op. cit., p 27. [56] M.J. TRIAUD, « Un cas de passage collectif à l’Islam en basse Côte d’Ivoire au début du siècle : le village d’Ahua », Colloque inter-universitaire Ghana-Côte d’Ivoire. Université du Ghana, Legon ; université de Côte d’Ivoire, Abidjan. Bondoukou, 1974, pp 542-574. [57] M.S. BAMBA, « La formation d’une ethnie Baule... », op. cit., p. 82. [58] Des Agni Ahali vivent dans le Moronou, dans la sous-préfecture actuelle de Tiémélekro. Patrimoine, Radio Côte d’Ivoire. Tiémélekro, 16 décembre 1991. H. DIABATE. op. cit., vol VI, p. 362-363, 376. [59] Salverte MARMIER, Op. cit., p 27. &Patrimoine, Radio Côte d’Ivoire, Mougnan, souspréfecture de Toumodi, 21 mai, 1990. Les Sa/Safoè. [60] M.S. BAMBA, « La formation d’une ethnie Baule... », op cit, p. 7. [61] Essai monographique du village de Taabo par les étudiants de la 2ème année de duel, 19751976, Kasa bya kasa : IES, université d’Abidjan, juin 1977. / Ta / est une unité de mesure de la poudre d’or chez les Akan. [62] M. S. BAMBA. Thèse de 3ème cycle, op. cit. p 294-298. [63] Cité par T. C. WEISKEL, op cit., p 8. [64] KOUAME Aka. Origine et évolution du Ngatianou jusqu’à la colonisation. Mémoire de Maîtrise, université de Côte d’Ivoire, faculté des lettres, département d’histoire, octobre 1979, p 34-44. [65] BIO Sawe Ishola. Etude socio-économique du Moronou : les villages Assiè à partir de la culture du café et du cacao 1920-1957. Mémoire de maîtrise d’histoire, université de Côte d’Ivoire, faculté des lettres, département d’histoire, Abidjan, 1982, p. 175. KOUAME Aka op. cit , pp. 35-44. Connais-tu mon beau pays ? Radio Côte d’Ivoire ; Akakro Nzipri, lundi 22 avril 1990. [66] K. Y. DAAKU. Unesco research project on oral traditions, part II, Sefwi Wiawso. IAS, January ; 1974, n° 4, p 104. [67] Le nom « Assiè » veut dire terre et permet de se souvenir de la tradition qui veut que les ancêtres aient surgi de terre. « Nzipri », à notre avis vient des mots « Nziè », pluriel d’assiè, et « pri » : gros / grand. Nzipri veut donc dire « les grands Assiè ». Curieusement les traditions de Bosomoaso parlent d’un trou d’où sont sortis des gens. Voir K. Y. DAAKU. Op cit, part II, Sefwi Wiawso, p 104. [68] Connais-tu mon beau pays ? Angonda (Afotobo, Nsieso), lundi 20 avril 1990. Radio Côte d’Ivoire. [69] N.G. KODJO. Le royaume de Kong. Des origines à 1897. Thèse d’Etat, Aix-en Provence, 2 t. [70] A. DE. SURGY. Elément de tradition orale concernant l’histoire du littoral fanti et ahanti. Institut d’Enseignement Supérieur du Bénin, centre de recherches appliquées, sciences humaines, p 23-27. [71] D.G. Beus à l’assemblée des Dix, 8 janvier 1724. Wic 1067, Furley collection, cahier n0 42, cité par E. TERRAY. Op cit. p 761 : 3-« La guerre de Bote ( Bote Sa ) et le peuplement Ngban. » [72] M. DELAFOSSE. Op cit. p 205. OUATTARA Siriki op cit. p 300-301. Il ne faut pas confondre Ngban et Ngen (Ga). Ils appartiennent à des migrations différentes. [73] Connais-tu mon beau pays ? Radio Côte d’Ivoire, Akakro Ngban, sous- préfecture de Toumodi, 13&14 août 1990. [74] Patrimoine, Radio Côte d’Ivoire, Tchindjekro, département de Yamoussoukro, lundi 24 août 1992. [75] M. DELAFOSSE, op. cit. p 205. [76] R. D. MATHEWSON « Some notes on the settlements mounds of central Gonja », Research review, IAS, vol 4, n0° 2, 1968. E. TERRAY, op. cit., p. 768-769. [77] Jack GOODY, « Ethnohistory and the Akan of Ghana », Africa, vol XXIX, n° 1, Londres, Oxford University Press, january 1959, pp 67-81. ALLOU Kouamé René
LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE [78] D.M . WARREN, K.O. BREMPONG, Techiman traditional state, part I, stool and town histories. Techiman, Ghana, 1971, IAS, university of Ghana Legon, 176 p. Peter L. SHINNIE, « Archeology in Gonja, Ghana » Mélanges en homage à Raymond Mauny. Société française d’histoire d’Outre-mer, Paris, 1981, pp. 66-70. [79] J. K. FYNN, « The Etsi of Ghana », Ghana social science journal. University of Ghana Legon, 1975, pp 96-110. [80] Patrimoine, Radio Côte d’Ivoire, Tchindjekro, lundi 24 août 199
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