''Mine de fer de Timezrit'', Algérie, un patrimoine colonial

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UNIVERSITE ABDERRAHMANE MIRA DE BEJAÏA Faculté de Technologie Département d’Architecture et d’Urbanisme

Mine de fer de Timezrit Préparé par :

Année d’étude : Master I

KACI Thin Hinane

IFTISSEN Ourida

Encadré par :M.Messoudi

KACHEBI Hakima

Année universitaire : 15/16

KATTI Lounis

Module : HCA


Plan de travail :

Présentation de la commune de Timezrit   

Situation géographique Topographie Aperçu Historique

La mine de fer de Timezrit I- Donnée préliminaires II- Evolution Historique 1. Avant création 2. Différents contextes 3. Phases de l’évolution Historique

III- Caractéristiques Architecturales et urbaines IV- Synthèse V- Bibliographie


Présentation de la commune de Timezrit : 

Situation géographique :

La commune de Timezrit est située au sud-ouest de Bejaïa dont elle est distante de 50km, el had véritable carrefour des villages voisins et son chef-lieu. La superficie de la commune est de 38,09 km² et s’étend sur plus de 6 km de Adrar Ougherbi (1.138m) et l’Azrou-n-Tachakoult (784m) au sud, jusqu’à la vallée de la Soummam que traverse le fleuve éponyme au nord où les altitudes sont relativement basses. Administrativement, elle est délimitée par les communes suivantes : Au nord : par Fenaya, Au sud : par M’cisna et Beni-djelil, à l’est : par semoune, à l’ouest : par sidi Ayad et sidi aich

Figure 1:situation de la commune de Timezrit . source :livre Ath-immel-Timezrit ou la tribu des insoumis de ALLAOUA KHERIB


Topographie :

La commune de Timezrit se singularise par son occupation d’un site qui est la synthèse des principaux reliefs : Montagne, plaine, vallée, colline.

Figure 2: diversité du relief dans la commune de Timezrit Source : Auteurs

Aperçu historique :

‘Timezrit’ comme son nom l’indique bien est synonyme de ‘voir’ ou bien ‘se voir’ ou encore ‘d’où l’on peut voir plus clair’. La commune de Timezrit s’appelait Tribu des Ath-Immel tant connue dans l’histoire pour ses nombreuses rébellions et que le général BUGEAUD qualifiait en 1847 de « Tribu des insoumis ». La fameuse bataille d’Amsiouene 21mai 1850 : Le général Joseph Napoléon Paul de BARRAL, naquit le 11 juin 1806 à Paris, est un enfant issu de la haute noblesse française, très proche de la cour des rois de France, c’est lors des combats du 21 mai 1850, qu’il mourut d’un coup de feu à la poitrine, alors qu’il s’apprêtait à bombarder le village d’Amsiouene, transporté dans une barque de Tiklat à Béjaia, où il succomba à ses blessures deux jours après, il avait été enterré dans une niche, à l’entrée du musée bordj Moussa, l’actuel musée appelé autrefois fort BARRAL.

Figure 4: Le général Joseph Napoléon Paul de BARRAL

Figure 3: Fort BARRAL, actuellement musée bordj Moussa


La mine de fer de Timezrit I- Données préliminaires : 1- Appellations : Ancienne : la mine de tassukith Actuelle : El mina 2- Situation géographique : la mine est située au pied du village Amsiouen, sur la partie Est du territoire de la tribu des Ath-Yimmal (Timezrit) 3- Situation administrative la mine de timezrit se situe au sud-est de la mairie de timezrit, elle est délimitée par : Nord-est : Iaachouren, nord-ouest : tala ighanimen, sud-est Djimaa ; sud-ouest : Amsiouen

Figure 5:Carte au 1/50000 de 1935 Source : service géographique de l’armée 136 bis, rue de Grenelle, Paris VII. Tirage de septembre 1938

II- Evolution historique : 1. 2. 

Avant création : / Différents contextes : Contexte économique :

A Timezrit, dans des terrains du lias, le minerai y a été incontestablement produit par l’oxydation des sidérites qui se sont substituées aux calcaires. La zone ferrifère s’étend sur un kilomètre de longueur et 50m de largeur.


Le minerai, hématisé, ou spathique carbonaté en boules, tient 56.20 à 57.98 de fer, 0.97 à 1.20 de manganèses, 3.60 environ de silice, 1 à 1.2 de chaux, 0.01 à 0.009 de phosphore. De Launay évalue à 200.000 tonnes la richesse du dépôt. En 1902, le gîte a été concédé (414 hect.). Il a produit 41.158 tonnes en 1907, 31.800 en 1908, 38.252 en 1912, 69.541 en 1913. Le tableau suivant donne la liste de mines qui ont été exploitées en 1915, avec le nombre des ouvriers employés et les quantités de minerai extraites :

Figure 6: Annales des mines 1915

 Remarquons que le rendement de la mine de fer de Timezrit en 1915 comparé à celui des autres mines exploitées, est bien meilleur.

Contexte socio-économique :

La mine assure longtemps un moyen de subsistance indispensable aux nombreux petits hameaux, desservis par « la route du patron ». Les villageois constituent la réserve ouvrière, les cadres viennent de métropole. Les ouvriers paysans partagent leur vie quotidienne entre le fond et les champs. La mine est donc une expérience coloniale, qui a habitué les mineurs à une hiérarchie fortement ethnicisé, en même temps qu’à l’exténuant travail d’extraction. Quant aux grèves, à dire vrai, il y en eut plusieurs à l’époque, dont voici les plus importantes comme en témoignent ces articles de presse, que l’on considère comme de véritables témoins de l’histoire, car ils rapportent très bien le quotidien des mineurs, ainsi que l’essentiel de leurs soucis, on y trouve également des descriptions intéressantes du cadre physique :

1) D’abord, une première grève avait déjà éclaté en 1936, comme l’atteste l’article publié le 16 aout 1936 dans le journal « l’humanité » : Depuis quarante jours les mineurs de fer de Timezrit sont en grève : A la mine de fer de Timezrit, près de bougie, département de Constantine, les ouvriers indigènes sont exploités honteusement par des Européens. Ils ont pour des journées variant de neuf à quatorze heures, des salaires misérables, de six et huit francs. Que peuvent-ils faire avec cette somme ? En France ce serait un scandale !


Ici c’est tout naturel. Ils doivent faire une et deux heures de marche par des sentiers tortueux car il n’existe pas de routes en montagne, pour être rendus à leurs chantiers, cinq minutes de retard et c’est l’amende impitoyable qui les lèse d’un ou deux francs. Ils sont forcés d’acheter leurs provisions à des prix exorbitants à la cantine patronale sous peine de renvoi, le carbure pour alimenter les lampes servant au travail sous terrain, est à leur charge au prix de deux francs le kilo. Que reste-il de leur journée de quoi faire une galette de semoule arrosée d’huile et nourrir avec cela une famille. Devant toutes ces brimades, les ouvriers se sont mis en grève depuis quarante jours, ils reprendraient le travail avec une légère amélioration de leurs sort, telle que huit heures et une augmentation variant de un à deux francs par jour. Le patronat refuse et ne veut leur allouer qu’un franc d’augmentation pour les mêmes conditions de travail qu’auparavant. La grève dure et les pouvoirs publics algériens ne font rien, donnant l’impression d’être d’accord avec les exploiteurs pour étouffer le juste cri d’alarme de tous les travailleurs indigène qui ont fait confiance au gouvernement issu du front populaire.

2) Ensuite il y eut une deuxième, comme l’atteste cet article de M.Bensalem publié dans l’hebdomadaire « liberté » datant du 4 décembre 1947 : Les mineurs de Timezrit vont-ils être réduits au chômage ? Les mineurs, ces forçats de la mine condamné à vivre pour des salaires de misère, toute une vie au fond de la mine, tous les mineurs revendiquent à leur tour leur droit de vivre et sauront par leur action faire capituler leurs maitres. Visiter le port de Bougie c’est visiter essentiellementun port minier, tout le long sur les quais des collines aux couleurs sombres attendent. Là, c’est le fer de Bou-amrane que viennent déverser les wagonnets du téléphérique. Plus loin Le zinc de Guergour dont le rose tranche avec le gris terreux de phosphate. Mais le minerai de fer domine et en face de celui de Bou-Amrane s’amoncelle le fer de Timezrit filiale du Zaccar. Armée de pelles, des ouvriers chargent des wagonnets que d’autres hommes poussent jusqu’aux flancs des bateaux. A partir de là, la machine, la vapeur jouent le rôle principal mais d’autres hommes ont travaillé : ceux-là ; on ne les voit pas sur les quais ; ils sont loin, loin surtout des hommes pour qui le minerai« descend du ciel » déversé par tonnes par les wagonnets aériens. Nous voulons voir quant à nous ces hommes grâce à qui le fer vient jusqu’à Bougie, ceux dont le travail, la peine et la sueur se transforment en dividendes à la fin de l’année. Vers la mine de Timezrit : Le train qui roule vers Il-Maten gare de Timezrit traverse une région riche et belle la quasiinexistence de transports routiers et d’industries de fixation font que cette région est peu peuplé. IlMaten une petite gare importante malgré tout par le transit du minerai de Timezrit qui s’y fait, toute une partie des quais est réservée au minerai qui arrive là également par voie aérienne et se déverse directement dans les wagons pour le transporter à Bougie.


La mine est d’un accès difficile, il faut grimper, grimper toujours par un chemin raviné et que seul nivellent en saison sèche les pas des mineurs. Tout le long de la route s’écoule clairsemées ou en blocs compacts les habitations des mineurs faites la plupart du temps avec des moyens de fortune. A quelques mètres de la mine s’élève, arrogant le « château » comme l’appellent les ouvriers, où loge la direction. Parmi les mineurs Continuons à grimper et nous apercevons déjà les bâtiments de la mine ; la route est déjà meilleure c’est celle qui conduit de la mine à la maison du directeur. Une carrière, la pierre a servi à étayer l’entrée des galeries, elle est la propriété de la mine. Nous voici, haletants, après près de deux heures de marche, enfin arrivés. C’est Samedi les mineurs ne travaillent pas. Peu importe, ils sont là, ils n’ont où aller, ou plus exactement ils ont leur café maure, seule « distraction » ------------ soldats du front du travail dans la cour un groupe qui discute. L’un d’entre eux, semble donner des explications, allons-nous les déranger ? Oui c’est leur journal « liberté » qui vient leur rendre visite. L’un d’eux s’avance vers nous, c’est Achour, leur délégué « liberté » annonce-t-il, à haute voix à ses camarades. Pour ceux illettrés, nombreux hélas ! Il ajoute : « c’est le journal communiste ». Et la discussion s’engage franche celle de camarade à camarade. « Vous venez visiter la mine certainement nous ne travaillons pas aujourd’hui ; nous allons quand même vous dire beaucoup de choses ». Achour se retourne vers ses camarades, nous n’avions pas bien compris Le délégué syndical Nous conduit alors devant la porte. Une note de la direction y est collée. Sans aucune explication cette note datée du 17 novembre 1947 apprend aux mineurs qu’il n’y a plus de travail pour eux « la société de mine de Timezrit se trouvent dans l’obligation de cesser son activité à partir du 30 novembre 1947 » Les ouvriers ne peuvent être satisfaits de ces quelques « explications » qui n’en sont pas Achour est celui qui les a organisés pour défendre leur droit à la vie. Ils ont arraché quelques avantages grâces à leur action. Cette fois-ci, le combat qu’ils engagent intéresse l’ensemble de l’Algérie, parce que d’autres mines vont fermer ou le sont déjà. « Très peu d’Algériens connaissent, la lutte que nous menons, une lutte quotidienne et dans tous les domaines » nous dit Achour « Liberté » l’a fait connaitre. Il continuera c’est votre journal. M. Bensalem.

3) Puis, une troisième en 1952 dont les faits sont rapportés cette fois par le journaliste Youssef BRIKI travaillant aussi pour le compte de l’hebdomadaire communiste « liberté » : Chez les mineurs de Timezrit en grève depuis 7 semaines : Depuis le 23 octobre 1952 les 800 mineurs de Timezrit (constantinois) sont en grève pour faire aboutir leurs légitimes revendications notamment 20% d’augmentation de salaire. Nous avons tenu à rendre visite à ces vaillants mineurs. Nous voici en gare d’el-maten petite gare isolée au milieu de vastes propriétés de gros colons exploiteurs de la région.


Là, se trouve la station de chargement du minerai en direction du port de Bougie, une dizaine de wagons de chemins de fer sont alignés aucun ouvrier, aucun bruit, tout est murs. Dès que nous arrivons à la mine perchée tout en haut de la montagne nous apercevons une superbe bâtisse ; c’est la direction. Un drapeau suédois sur le devant les mineurs nous apprennent que l’un des principaux actionnaires, un exploiteur suédois vient d’arriver et l’un d’eux ajoute : notre sueur va remplir même les coffres forts de suède ! Voici l’entrée de la mine, les 800 mineurs sont là rassemblés ; ils vont tenir leur assemblée générale, ils sont appelés à voter la continuation de la grève comme une vague, tous les bras se lèvent d’un seul élan et des salves d’applaudissements saluent la décision qui vient d’être prise. Les mineurs nous entourent et la discussion s’engage, ils nous disent : « Nous menons une vie d’esclaves : regardes le nombre de jeunes qui, dès l’âge de 16ans, connaissent le dur travail de mineur, nous vivons huit heures consécutives chaque jour à des dizaines de mètres sous terre, exposés à des accidents possible d’une minute à l’autre, des dizaines de nos frères y ont déjà laissé leur vie. La plupart d’entre nous touchent 67francs de l’heure, et lorsque la norme qui est fixée par la direction n’est pas atteinte, ce sont des heures entières qui nous sont supprimées. Des camarades font jusqu’à 10km pour se rendre au travail sous la pluie et dans la boue, et comme tous les mineurs algériens nous ne percevons aucune prime de panier, d’ancienneté, ou d’éloignement, et en fin du compte après des dizaines d’années de travail, les vieux mineurs sont jetés dans la misère ! Grâce à notre action nous avons arraché une retraite, mais elle est insuffisante ; après 30années de travail, elle n’est que de 1.00 à 3.000 fra par mois. Ici encore avec de grosses difficultés, car les directions opposant toutes sortes d’entraves pour délivrer aux vieux travailleurs leurs certificats de travail. _Quelles sont vos revendications ? 1°) une augmentation de 20% de tous les salaires et la réunion de la commission supérieure des conventions collectives en vue de réviser le salaire minimum garanti. 2°) une augmentation de 2.000 fra par mois et par enfant pour les allocations familiales. 3°) la signature immédiate d’une convention collective réglant les conditions de travail dans la corporation. Tous nos camarades sont décidés à mener la lutte jusqu’au bout avec l’aide de tous les travailleurs de notre pays, dont la solidarité se manifeste déjà par l’envoi d’argent et de vêtements collectés par toutes les corporations, nous remercions nos camarades communistes de diverses sections qui ont commencé à souscrire en notre faveur, tels en particulier ceux de Philippeville, et de Constantine. Nous tenons aussi à remercier nos camarades mineurs forçats, qui viennent de nous envoyer 200.000fra ainsi que la fédération syndicale mondiale, qui nous a fait parvenir la même somme, ce sont des exemples touchants de la solidarité prolétarienne internationale ».


Oui, une augmentation des salaires est indispensable pour tous les travailleurs, et cette magnifique lutte est un gage certain de victoire, à condition cependant que l’élan de solidarité se développe encore et devienne irrésistible. Youcef BRIKI

4) Et enfin, un quatrième et dernière, éclata le 26aout 1953, cette grève est la plus importante de toutes, fut couverte par les quotidiens « Liberté » et « Alger Républicain », ce fut M.Abdelhamid BENZINE qui en était chargé : Mineurs ou forçats de la faim Ouvrez les grilles de Timezrit ! Les grilles de la mine de fer de Timezrit sont fermées depuis le 25aout dernier, et depuis près de 3mois les 700mineurs n’ont pas travaillé. Au début, pendant 15jours, ils se sont présentés tous les matins, et tous les matins ils ont été renvoyés. Le 31 aout, un constat fut établi par M Guedj, huissier à Bougie. Toutes les démarches s’avérant vaines, une action qui devait aboutir à ce « fait divers » du lundi 2 novembre, devant la justice de paix d’el Kseur, Entre, peut être deux arrêts pour excès de vitesse et d’ivrognerie, l’affaire fut mise en délibéré. Henri martel Il tombait une pluie fine, une pluie d’automne, quand nous arrivâmes ce jour de novembre à Akabiou, la place n’était pas pour autant déserte et une petite foule grouillante d’enfants et d’adultes, les mineurs et leurs enfants nous entourent. Ils ont reconnu mon compagnon HacèneKhitmane, dirigeant syndical de la région de Bougie. Ils savaient qu’ « Alger républicain » allait venir. Des mains se tendent. Mains de fillettes, mains de vieillards aveugles, d’homme restés encore valides. J’en serre une et je tressaille ; elle est molle, elle n’a que deux doigts. Des enfants posent pour la photo. Nous demandons Tahar, le secrétaire du syndicat. Il nous attend, là-haut, dans la mine, Nous montons. La pluie tombe toujours, grisâtre comme le minerai. Dans la côte, nouvelles rencontres, nouveaux souhaits de bienvenue, et devant le petit café maure on insiste pour que nous prenions le thé. « Tahar vient de passer, vous le trouverez en haut ». Plus haut, nous le rencontrons, grand et maigre, d’un brun foncé, moustaches tombantes, regard ferme et intelligent. Un burnos qui fut blanc et jeté négligemment sur ses épaules comme ces manteaux romains dans les portraits. Tahar Bouras est à la mine depuis 14ans, boiseur qualifié, il touche 525 fr. par mois, âgé de 33ans, il est père de 6 enfants, il me parle d’Henri Martel, secrétaire de la fédération des mineurs, qui les a aidés, eux de timezrit, à s’organiser, qui l’a aidé, lui Bouras, à se découvrir et à prendre conscience de sa classe, celle de tous les prolétaires du monde.


« Défense d’entrer » Et de … manger Nous voulons voir les mineurs et leurs familles. Nous montons d’abord à Melloulit par la cour des bâtiments de la direction, laissant derrière nous, sur une pancarte accrochée au grillage de la porte, « Défense d’entrer ». Souvent il nous arrive de lire, à la campagne, sur les bâtiments des fermes, « gare au chien » sans jamais en rencontrer … mais nous croisons M.Storet et son groupe qui nous observent par-dessus. Les paupières. Nous enjambons les rails qui nous observent par-dessous les sons un pont si étroit qu’une bête bien chargée ne peut y passer, sur la petite place de la Mechta, dominant les ravins vertigineux, un petit groupe discute assis à même le sol. A moins zéro Ce que sont devenus les look-outés : Bouzeraa Bachir et boiseur. Le travail ne lui fait pas peur, et « je n’ai pas été sanctionné une seule fois » me dit-il. Il a 29 ans et est père de 5 enfants (l’ainé est âgé de 6 ans). Tout d’abord, il a entendu comme tous les autres la fin du look out. Manquant de l’expérience de ses ainés, il ne pensait pas que les autres iraient si loin, il devait bientôt désenchanter et réfléchir lorsque ses enfants demandèrent à manger. Il partit alors pour la France. A Forbach, en Alsace : « on n’embauche pas, le personnel est au complet » à Paris : « vous n’avez pas de certificat de travail, laissez-nous votre adresse on vous écrira. ». À Bordeaux : « vous êtes manœuvre repassez toujours dans un mois ». Tout l’argent emprunté a coulé de ses mains pour les voyages de l’est à l’ouest. Il fallait tout recommencer à zéro. Encore des dettes et la méditerranée dans l’autre sens et la gare d’Alger et celle d’el-Maten. Puis la mechta, la maison et les enfants. 22jours d’absence en tout, les mains vides. Les dettes il vaut mieux ne pas en parle. Bachir me raconte tout cela, accroupi, le dos contre le massif. Son pantalon malgré toutes les pièces laisse percer le genou et je pense à l’hiver qui vient et qui est si froid ici. « Mais comment fais-tu pour vivre maintenant avec tes enfants ? » Question inutile, comme si je ne savais pas comment vivent les milliers de travailleurs algériens, qui sont comme lui. C’est-à-dire de la farine d’orge, l’orge qui devient noire, acheté d’abord avec les dernières couvertures tissées, les derniers bijoux de la femme, puis prêtée par de voisins plus chanceux, en attendant la reprise. C’est aussi le cas de Boudjou Ahmed de la mechta Kalaa, délégué du personnel, boutefeu à la mine, 41ans, 5enfants, 50.000fra de dettes. « Quand je reprendrai le travail dit-il je serais obligé de réserver la moitié de ma paye durant plusieurs mois pour pouvoir rembourser tout ce que je dois ». Boudjou porte à même la peau un vieux pull-over de coton. Comment vit madame Mahdaoui Cherifa veuve de mineur depuis 1946, âgée de 62 ans, elle a pour vivre avec sa fille une pension de 3.700Fr par trimestre. Et M. Kaoumi Amokrane, 66ans, 28ans de


service à la mine, avec 8.700fr par trimestre. Et madame Atmaouifatima 69 ans, également veuve, avec 1.400fr par mois, et M.Kaoumislimane, 4enfants. Et 700 familles d’Akabiou, Melloulit, ighzer el kabla, el Kalaâ et jusque de l’autre côté de la montagne à deux heures de marche de la mine. Le mot mineur Les mineurs de Timezrit ne demandent qu’à travailler et ont fait pour cela tout ce qui était légalement faisable. Ils ont envoyé des délégations auprès de direction, auprès de l’administrateur. Ils ont fait venir un huissier, et ont engagé des procédures judiciaires. On exige une reddition sans conditions, et l’on sait ce que cela signifie, et les conséquences qui en découleront. Nous attendons l’arrêt du juge d’el Kseur. Pour leur part, les travailleurs ont déjà jugé. Et d’abord ceux de Timezrit, les look-outés. Abdelhamid Benzine.

3. Les phases d’évolution historique : A.

Création de la voie ferrée Bougie-Beni-Mansour :

Figure 7: Station de déchargement du transport aérien 1914 Source : livre Ath-Immel Timezrit ou tribu des insoumis de KHERRIB Allaoua

La ligne directe de Bougie à Sétif, prévue dans le premier plan de 1857, sera remplacée dans le programme de 1879 par une liaison : Bougie-Beni-Mansour, en raison du cout de réalisation élevé Dû à la nature du terrain très accidenté nécessitant de nombreux ouvrages d’art. Il s’agit d’une voie de pénétration vers le port de Béjaia à partir de la ligne du grand central : AlgerConstantine, au niveau de Beni Mensour, elle est à voie normal, longue de 88 Km. Cette ligne à vocation de mettre en valeur le port de Bougie si bien située et si sûr et de relier à la mer la région agricole de Sétif ou se tenait un marché important et où les habitants du Sud venaient échanger leur bestiaux et leurs dattes contre les fruits, les figues, les huiles de la Kabylie et s’approvisionner en céréales, mais aussi Bougie constitue, avec Annaba, le port d’embarquement habituel du phosphate, principale richesse minière du constantinois. Cette ligne d’intérêt général est inscrite au plan de 1879, en remplacement de la ligne Bougie-Sétif longue de 110 Km prévue en programme de 1857.


N° 01

Tronçon

Béni MançourTazmalt 02 TazmalBougie Total des tronçons

Distance

D.U.P*

07 Km

IG*21 /05/1884

81 Km

//

Date Ouverture 24/03/1889 10/12/1888

Ecartement Voie normale //

88 Km

Figure 8:Phases de réalisation de la ligne de Beni Mansour-Bougie Source : P. Bejui et al, op. cit., P. 48

B. C.

Année de création : 1900 (source : témoignage de l’ex directeur, Ahmed Berkani) Début d’exploitation 1902 :

En 1902, le gite a été concédé (417 hect). Il a produit 41.158 tonnes en 1007, 31,800 en 1908,38.252 en 1909, 30.432 en 1910, 50,000 en 1911, 56,961 en 1912, 69 .541 en 1913. L’extraction a commencé en 1902 : on extrait le minerai de fer dans des galeries avec des marteaux, les ouvriers le chargent dans des wagons (deux ouvriers chargent 18 wagons) qui passent par les voies ferrées à l’intérieur des galeries, le minerai est déversé dans des trémies puis transporté par des câbles aériens jusqu’à la trémie de la gare de Timezrit pour au final être envoyé au port de Bejaïa, afin de l’exporter au port de Marseille, puis Saint-Etienne.

Figure 9: Chargement des wagons Source: Archives de la mairie de Timezrit

L'exploitation du minerai de fer, était éprouvante (des wagonnets lourds, une faible mécanisation de l'exploitation en galerie, des moyens de sécurité très rudimentaire). Une profondeur moindre, un accès à pied sans utiliser les cages d'un chevalement à réseau souterrain de moindre envergure et l'absence de grisou. D.

Etablissement de chemin de fer aérien :

Décret du 23 Novembre 1904, déclarant d’utilité publique le chemin de fer aérien reliant la mine de fer de Timezrit à la stationd’El-Maten, sur la ligne de Beni-Mansour à Bougie.


Figure 10: Chemin de fer aérien source: Auteurs

E.

Extension de la concession Beni-Himmel :

Le concessionnaire a demandé une extension de concession le 8 Décembre 1913. F.

Construction de la résidence des cadres entre 1933 et 1936 :

Figure 11: La construction de la résidence des cadres Source : Archives de la mairie de Timezrit

G.

L'arrêt d'exploitation en 1976 :

La fermeture de la mine en 1976, les emplois sont encore plus rares à Timezrit. La migration économique devient plus contraintes encore, et ne laisse ni le choix du moment ni celui de l'emploi.


III) Caractéristiques architecturales et urbaines :  Description générale : Forme urbaine et axes structurants :

Figure 12: Schéma d'ensemble Source : direction de la mine plus traitement personnel

On peut considérer la mine comme un centre historique, puisque on trouve une diversité de fonctions, Equipements et habitations, comme représente les illustrations ci-dessous : Photo ancienne :

Figure 13: Vue d'ensemble Source : Film documentaire «Timezrit, parfum de lutte final", réalisé par l'association Ciné+ Timezrit


Photo actuelle :

Figure 14: Vue d'ensemble Source : livre d'ici et de là-bas de Cathérine Gauthier

On trouve : Equipements : Cinémathèque(salle de projection), Atelier de menuiserie, Magasin, atelier mécanique, Douches, des garages alignés, une mine qui se compose de : galeries, Trémie, station téléphérique, four,compresseur , treuille

Figure 15: Cinémathèque Source : Auteurs

Figure 16: Magasin, Source : Auteurs


Figure 20: Treuille

Figure 21: Compresseur

Figure 24: Rails

Figure 19: TrĂŠmies

Figure 22: Galeries

Figure 23: porte de galerie


Habitations : Des habitations pour les ouvriers de la mine : se situe juste à côté de la mine, c'est très proche pour les ouvriers

Figure 26: Habitations des ouvriers

Résidence des cadres de la mine :


La villa ou maison de directeur : où on faisait des réunions et là où il habitait le directeur français de la mine. Actuellement elle est habitée par M.AhmedBerkani l'ex directeur de la mine après l'indépendance.

Figure 28: Maison du directeur Source: Auteurs

Villa : ancienne maison de '' DORA ''

Figure 29: Ancienne maison du patron de la mine


Non bâti : Un confortable village minier réservé aux cadres européens, on trouve des espaces publics, espace vert comme des jardins, une piscine, comme des lieux de détentes qui servent à se reposer après le travail de la mine qui est si dur, et même pour les cadres de cette dernière.

Figure 30Figure 30: escalier qui fait descendre au jardin Source: Auteurs

Figure 31: Piscine


IV) Synthèse : Les principes de création de point de vue urbanistique : L'alignement : Les équipements et habitations sont alignés par rapport à la route sur les deux côtés, afin de satisfaire aux soucis urbains, de salubrité, et de sécurité vue l'emplacement de la mine entre les équipements et habitations qu'on y trouve. Et sont implantés suivant la topographie (les courbes de niveau)

Figure 32: disposition linéaire des bâtiments de la mine Source: Direction de la mine plus traitement personnel

Tissu à système viaire linéaire simple à bâti linéaire et ponctuel, toute éventuelle extension se fait suivant la route, la nouvelle résidence du patron en est un exemple. On retrouve au centre, une place dilatée, multifonctionnelle, sert principalement à faciliter les déplacements motorisés. On distingue une barrière de croissance géographique du côté ouest, qu’est un début de terrain accidenté, qui empêche l’extension dans ce sens.


Figure 33: Barrière de croissance, terrain accidenté

Les principes de création de point de vue architectural : Des formes parallélépipédiques simples, à part le four qui est d'une forme circulaire, les habitations contiennent des façades plates, ponctuées d'ouvertures. Concernant les matériaux de construction, ils ont utilisé la pierre, la brique rouge et le béton armé


Bibliographie : Les ouvrages : 

''D'ici et de là-bas Timezrit/ Saint Etienne

Mémoire des mineurs '' de Catherine Gauthier , anthropologue et enseignante à l'Ecole Nationale d'Architecture de Saint-Etienne. (juillet 2012-mars 2013)   

'' Marchands de minerai de fer: du courtier au banquier '' annales d'histoire économique et sociale, 1 ere année, n°3, 1929, pp. 377-381 '' Ath-Immel-Timezrit ou la tribu des insoumis '' de AllaouaKherib. E ditionEdilivre. 2013 Mémoire de Magister en Architecture. Option : Architecture et Développement durable Thème: Le patrimoine ferrovière du XIX eme et XX eme siècle en Algérie: Identification et valorisation. Présenté par SAFIR Mohand ou Said . 2011 ( Université Mouloud Mammeri de TiziOuzou).

Les sites internet : http://gallica.bnf.fr

 

Témoignages : Mr Ahmed BERKANI, ex directeur de la mine de Timezrit après l'indépendance. Mr KATTI Madjid, ancien mineur

Films documentaire :  Mémoire en chantier de Catherine Gautier, DahmaneBaouzzi(cinéma LE FRANCE ET Ciné+ )  Timezrit, parfum de lutte final (association cinématographique Ciné+), 2012. Direction de la mine de Timezrit La mairie de Timezrit


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