L’EAU INITIATRICE DE LA TRANSITION DES PAYSAGES
ENTRE TERRE ET MER, L’AVENIR D’UN LITTORAL FACE AU RISQUE DE SUBMERSION MARINE
Delavault Tiffany
Master en architecture du paysage, Atelier PFE_Q10_2020.
sa 1 2 3 6 7 9 11 12 12 13 14 17 21 23
TABLE DES MATIÈRES 1 Comment allons nous habiter et vivre le littoral du Bassin d’Arcachon de demain ? Indice État de l’art Hypothèse 2 La frange forestière en bord de littoral, une zone à enjeux multiples Diagnostic Composition du paysage Enjeux Objectifs 3 La Conche de Saint-Brice, entre forêt et marée Scénarios pour des paysages en transition Élaboration du projet Programmation dans le temps
24 24 24
4 Un littoral dynamique pour faire face à la submersion marine Contribution Difficultés rencontrées Limite de l’étude
25
5 Conclusion et bibliographie
1
Comment
allons nous habiter et vivre le littoral du Bassin d’Arcachon de demain ?
Le Bassin d’Arcachon est une lagune semi-ouverte sur l’océan, espace emblématique de la côte aquitaine. Ce dernier est reconnu pour sa diversité d’habitat et sa forte attractivité touristique. Ainsi on y retrouve des zones humides, un massif forestier, des plages et bancs sableux, un vaste réseau de chenaux, des polders, des parcelles ostréicoles,… Ce paysage est en mouvement perpétuel, le contour des îles et le trait de côte se redessinent constamment selon différentes variables qui peuvent être les marées, les évènements extrêmes, les saisons, les processus anthropiques… Mais ces évènements vont s’intensifier à l’avenir dûs aux changements climatiques et avoir des conséquences notables. La trajectoire des migrations et la saisonnalité changent, les submersions marines s’accélèrent et les villages ostréicoles se retrouvent inondés tous les 2-3 ans au lieu d’une période d’occurrence de 20-30 ans. On observe également une compression des habitats disponibles pour la faune et la flore au sein des nombreuses réserves naturelles présentes sur le bassin. Ainsi se pose la question de l’avenir du Bassin d’Arcachon et de son paysage dans un horizon futur.
1
INDICE À l’échelle de la France
À l’échelle de la Gironde
Bordeaux Bassin d’Arcachon
Libourne
Zones Territoires Risques Innondations (TRI)
À l’échelle du Territoire à Risque d’Inondation (TRI) - Secteur du Bassin d’Arcachon
Évènement de forte probabilité (+ 0,5 m) Évènement de moyenne probabilité (+ 1 m) Évènement de faible probabilité = évènement de moyenne probabilité avec changement climatique (+ 1,5 m) 2
Les Pressions observées
ÉTAT DE L’ART Les données du GIEC Face aux changements climatiques à venir le GIEC a réalisé différentes perspectives d’avenir dont plusieurs scénarios climatiques concernant le monde à l’horizon 2100. La tendance actuelle prévoit d’atteindre l’un des scénarios intermédiaire (RCP 6.0) avec un réchauffement de la Terre variant entre 1,4 et 3,1°C en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle. Ceci aurait donc de multiples conséquences sur les océans, les paysages et toutes les composantes du système monde. Concrétement les impacts seraient les suivants : - 5% d’oxygène dissous, rivalités entre espèces, baisse du débit des cours d’eau, présence accrue de polluants dans les sédiments, détérioration de la qualité de l’air, augmentation de la teneur en allergènes de l’air, zones humides affectées et modification de leurs caractéristiques physiques et biologiques ...
Températures + 2°C d’ici 2100
Niveau des océans + 0,3 à 1,5 m (3 mm/an)
Europe Directive Inondation
B
Site d’étude
Arcachon
D
SIBA Programme d’Actions de Prévention des Inondations
Le Territoire Risque Inondation nouvellement mis en place, est une zone où les enjeux potentiellement exposés aux inondations sont les plus importants. Ainsi pour faire face au risque inondation le Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon (SIBA) a mis en place un Programme d’Actions de Prévention des Inondations (P.A.P.I) pour répondre aux objectifs de la Stratégie Locale de Gestion des Risques d’Inondation (SLGRI). OBJECTIFS DE LA SLGRI 1. Développer des gouvernances structurées et pérennes 2. Améliorer la connaissance et la culture du risque 3. Améliorer la préparation et la gestion de crise 4. Aménager durablement le territoire 5. Gérer les capacités d’écoulement et ralentir les écoulements 6. Améliorer la gestion des ouvrages et des systèmes d’endiguement
AXES DES ACTIONS DU P.A.P.I 1. L’amélioration de la connaissance et de la conscience du risque 2. La surveillance, la prévision des crues et des inondations 3. L’alerte et la gestion de crise 4. La prise en compte du risque inondation dans l’urbanisme 5. La diminution de la vulnérabilité 6. Le ralentissement des écoulements 7. Les ouvrages hydrauliques
Gujan Mestras
A
SIBA Stratégie Locale de Gestion des Risques d’Inondation
État Territoire Risque Inondation
3
Arès
Érosion 1m/an
sur la côte girondine
Les Acteurs
Lège-Cap-Ferret
La Teste de Buch
0
S
2
- Nombreuses zones humides agissant comme zone tampon (15% du territoire) - Zones naturelles et forestières (84%) présentes sur le pourtour du bassin offrant de nombreux services - Tourisme saisonnie écosystèmiques (Loisirs, engendrant une pressio matières premières,...) le littoral - Nappe phréatique sub-affl rendant des zones particuliè sensibles aux inondatio - Littoralisation engendra trait de côte artificialis
W
Les Types de littoral
s
A
Andernos les bains
1/20 000
Lanton
Littoral dunaire - Pointe du Cap Ferret
B
C
Audenge
Biganos Zone et parc naturel Le Teich
Site Conservatoire du littoral Zone humide impactée par la submersion marine Nappe phréatique sub-affleurante
1/20 000 Littoral forestier - Conche de Saint-Brice
C
Erosion / Accrétion du trait de côte Zone urbaine soumise à la submersion marine et la pression touristique
5
Zone soumise à la submersion marine (+1,5m)
10 km
O
1/20 000 Littoral endigué et zone humide - Domaine de Certes
- Zones réglementées (Conservatoire du littoral, ZNIEFF, Natura 2000,...) impliquant une gestion adaptée - Nombreuses politiques tournées vers le développement durable impliquant des volontés de er rendre le territoire résilient on sur
W
fleurante èrement ons ant un sé
D
T
- Zones soumises à des évènements de submersion marine impactant 17000 personnes et 10 000 emplois à l’horizon 2100 - Changements climatiques impliquant une hausse des températures et une modification dans le choix des espèces (forestières notamment)
1/20 000 Littoral urbanisé - Arcachon 4
Les atouts et études menés sur l’avenir du littoral Le littoral dunaire, 32 % du littoral du bassin Ce qui est mis en place
Les atouts
L’Office National des Forêts gère actuellement les dunes par la mise en oeuvre de techniques de génie écologique : couverture de débris végétaux, plantations, brises vents. Les zones dunaires possèdent une biodiversité remarquable et fragile, une succession de faciès du paysage dont les caractéristiques évoluent avec la modification de l’ambiance (vent,...).
Littoral dunaire - Pointe du Cap Ferret
Le littoral forestier, 4 % du littoral du bassin Ce qui est mis en place
Les atouts
L’INRA axe actuellement ses recherches sur la gestion durable de la production forestière ou encore l’adaptation des forêts au changement climatique en testant des essences sur des parcelles expérimentales. La frange forestière représente seulement 4% du littoral du bassin ce qui en fait un milieu rare pourtant considéré comme un corridor écologique entre le bassin et le plateau forestier.
Littoral forestier - Conche de Saint-Brice
Le littoral endigué et zone humide, 32 % du littoral du bassin Ce qui est mis en place
Les atouts
Politique de gestion globale avec une inscription progressive sous divers inventaires et statuts de protections (espaces remarquables de la loi Littoral, site Ramsar, plans locaux d’urbanisme,...). Les domaines endigués font l’objet d’un engouement pour leur richesse naturelle, leur tourisme, leur avifaune et leur biodiversité importante.
Littoral endigué et zone humide - Domaine de Certes
Le littoral urbanisé, 32% du littoral du bassin Ce qui est mis en place
Les atouts 5
Un Référentiel d’Innnovation pour l’Aménagement Durable des Stations a été créé afin de donner un cadre de référence pour la modernisation et l’adaptation des stations touristiques du littoral aquitain. Le littoral urbanisé présent autour du bassin d’Arcachon est pour la majorité une zone de tourisme importante où s’allient patrimoine culturel et activités économiques (pêche, ostreiculture, plage,...).
Littoral urbanisé - Arcachon
“G as Ce de éc sy tec str ge la
“Le du Le su en ter et ex sy so pu
“G la et le & (20 Ce la dé l’é Ba so
Le Le ax litt l’a réfl de ex ax mé
Guide de gestion des dunes et des plages ssociées”, Gouguet, L. (2018). e guide a été conçu afin de donner un socle e connaissances pour la compréhension des cosystemes complexes présents au sein des ystèmes dunaires. A cela s’ajoute les éléments chniques nécessaires à la constitution d’une ratégie d’intervention adaptée articulant estion des risques littoraux et préservation de biodiversité.
e projet d’aménagement et de développement urable - PADD”, SYBARVAL (2019). e PADD vise à se projeter à l’horizon 2040 ur base du Schéma de Cohérence Territoriale n donnant les grandes lignes de projet du rritoire selon les axes : Préserver, Accueillir Conforter. La forêt des Landes devra par xemple rester un espace de production ylvicole tout en conservant sa dimension ociale et environnementale (identité locale, uits de carbone).
Gérer le risque de submersion marine par dépoldérisation : représentations locales application des politiques publiques dans bassin d’Arcachon”, Goeldner-Gianella, L. Bertrand, F. ; Natures Sciences Sociétés 014). et article pose la question de l’intérêt de reconstitution des marais salés par la époldérisation dans la défense contre érosion et la submersion marine au sein du assin d’Arcachon tout en étudiant l’impact ocial, économique et environnemental.
e Groupement d’Interet Commun (GIP) e GIP du Littoral Aquitain travaille sur trois xes majeurs : l’organisation de l’espace toral, la gestion de la bande côtière et aménagement touristique durable. Cette flexion permet ainsi de mettre en place es stratégies ou plans (plan plage par xemple) sur les problématiques du littoral xées sur l’environnement, le tourisme et la étropolisation.
Le littoral forestier, un littoral rare necéssitant d’être adapté
+ + + -
Présent généralement à l’embouchure d’un cours d’eau ces espaces sont pour la majorité preservés de l’urbanisation. Le littoral forestier est souvent considéré comme un endroit stratégique en terme de biodiversité, un corridor écologique entre le plateau forestier et le bassin. Situé à la confluence entre les eaux salées et douces on y retrouve une mosaïque d’habitats naturels en fonction des gradients de contraintes (engorgement, salinité), et des usages (zone urbaine, gestion forestière). Mais ces espaces forestiers possèdent actuellement une gestion monospécifique avec la culture intensive du pin maritime qui parait obsolète face aux changements climatiques à venir (submersion marine et remontée de nappe phréatique). Se pose donc la question du maintien de la forêt dans certains secteurs qui seront à l’avenir très contraignant même en changeant d’essences ou de sylviculture.
HYPOTHÈSE Entre mer et forêt, un nouveau littoral dynamique par adaptation de la frange forestière pour faire face à la submersion marine. Le Conservatoire du littoral est propriétaire de nombreux espaces naturels littoraux qu’il protège. Il participe donc à la réflexion sur la gestion raisonnée et durable de ces derniers pour une adaptation au changement climatique Ce travail vient en adoptant une stratégie d’action : compléter le Programme une gestion souple du trait de côte d’Actions de Prévention des pour préserver et valoriser les Inondations (P.A.P.I) en proposant espaces naturels littoraux. des solutions concrètes répondant aux axes 4/5/6 du programme sur un site donné. Ainsi ce travail proposera des outils permettant aux communes possédant un littoral forestier de voir les actions possibles à mener pour adapter le littoral à la submersion marine et à la remontée de nappe phréatique. 6
2
La
frange forestière en bord de littoral, une zone à enjeux multiples
Le Bassin d’Arcachon possède plusieurs sites soumis à des pressions futures dûes en partie aux changements climatiques. Ces sites aux entités singulières vont réagir et s’adapter différemment face à des phénomènes comme la montée des eaux. Le choix a été fait d’étudier l’un de ces sites à savoir « la Conche de Saint-Brice » situé au nord du bassin. Cet espace est l’un des seuls endroits où la forêt vient rencontrer le Bassin, agissant comme une coulée verte, entre les communes d’Arès et d’Andernos-les-Bains. La Conche de Saint-Brice est gérée par le Conservatoire du Littoral. On y retrouve une diversité d’espaces et d’espèces appréciant cet environnement comme un plan d’eau douce, des roselières, une baignade aménagée, des ruisseaux, des zones forestières ainsi qu’un ensemble paysager de prés salés, pelouses dunaires et vasières salées. Les prévisions du GIEC quant à la montée des eaux et les changements climatiques en général auront des conséquences sur les habitats et les espèces qui les fréquentent. Cet ensemble se retrouvera donc sous les eaux tout en offrant de nouvelles perspectives et opportunités de paysage.
7
Littoral forestier - Conche de Saint-Brice
8
col ogi que
DIAGNOSTIC
or é
8 303 hab.
Co
rrid
Lège
Vers Bordeaux
6 202 hab. Arès
Site d’étude
11 873 hab.
Andernos - les - Bains
6 725 hab. Lanton
Audenge
7 653 hab.
Vo ie GR 0
1
2
cla
ble
5 km
S W O T
Volonté générale de rendre le territoire résilient
9
cy
Pressions urbaines et touristiques
Nouveau visage du littoral et de la forêt
Destruction d’habitats dûe à la montée des eaux
Arès
Andernos - les - Bains
0
0,1
0,2
+ de 50 % du site du conservatoire du littoral sous les eaux
0,5
6 habitats menacés par les changements climatiques
1 km Conche de Saint-Brice - Site du Conservatoire du littoral Zone à caractère réglementé (ZNIEFF, Natura 2000) Zone soumise à la submersion marine (+1,5m) Zone soumise à des inondations dûes à des remontées de nappes phréatiques Entités : Port Zone forestière de conifères Zone forestière mixte Camping Plage Zone herbacée Baignade aménagée Ancien bassin piscicole Roselière Sentier de randonnée Voie cyclable Vasière 10
COMPOSITION DU PAYSAGE
0
0,1
0,2
0,5
1 km
Services Écosystémiques De production
11
De régulation
Culturel
ENJEUX Pinède
Des zones urbaines fragilisées
Ruisseau
Plan d’eau
Des usages et production forestière pour des zones entre terre et mer à exploiter
Roselière
Baignade aménagée
Une transition urbain / forêt / littoral à valoriser Pelouse dunaire
Une diversité d’habitats menacés
OBJECTIFS Ancien bassin piscicole
1
Accompagner l’évolution de la forêt en adaptant les essences et les nouveaux usages. Ville balnéaire et Front de mer
Vasière
3
Soigner la transition entre les zones urbaines et les zones naturelles (littoral,...). Limiter l’expansion des Maintenir et développer zones artificialisées et la qualité et la diversité proposer des solutions des zones humides pour rendre les zones comme capital de urbaines résilientes. biodiversité.
2
4
12
3
La Conche de Saint-Brice, entre forêt et marée
Face à la montée des eaux, le littoral notamment forestier se voit inondé impliquant des dégâts matériel et immatériel. Les écosystèmes, présents en bord de bassin, sont également touchés par ce phénomène climatique et certains voient leurs surfaces grandement diminuées, voire même disparaitre. Le bassin d’Arcachon est un pôle important pour la trame verte et bleue à l’échelle nationale, véritable réserve de biodiversité et site important pour la migration de l’avifaune. De plus la Forêt des Landes représente un potentiel de puits de carbone ce qui fait de cette entité un lieu aux multiples opportunités face au réchauffement climatique. Il est donc important d’envisager plusieurs scénarios quant au devenir du Bassin d’Arcachon et de son littoral forestier face au risque de submersion marine et autres enjeux qui lui sont associés. Trois scénarios sont donc étudiés possédant une relation différente avec le risque : la protection, l’éloignement et l’adaptation. Tout ceci afin de voir les futurs possibles du littoral forestier du Bassin d’Arcachon et comprendre comment il peut faire face à la montée des eaux.
13
SCÉNARIOS POUR DES PAYSAGES EN TRANSITION 1 - Résistance : Habiter le territoire en se protégeant du risque La ville se maintient à son espace initial et des infrastructures sont construites de types digues, perrés permettant une protection optimale du littoral face à la montée des eaux. Le bati est protégé et les zones humides évoluent avec les nouvelles contraintes. Des prairies humides voient le jour rendant de nombreux services écosystemiques le long de la digue alors que les zones forestières restent semblables à ce qu’elles sont aujourd’hui. L’exploitation sylvicole reste tournée vers des essences forestières rentables économiquement mais peu adaptées aux modifications climatiques et événements extrêmes à venir. Ce scénario amènera donc à la création d’un double paysage, la digue créatrice de nouveaux usages. Ainsi on retrouve une nature contrôlée d’un côté avec l’apparition de nouvelles infrastructures urbaines et, de l’autre côté, une nature sauvage en perpétuel mouvement, les eaux du bassin s’étendant à perte de vue.
2 - Repli : Habiter le territoire en s’éloignant du risque
La ville se déplace à l’intérieur des terres laissant se développer des zones humides et forestières en bord de littoral. Une dé-littoralisation générale a lieu permettant à la nature, aux zones humides et forestières d’agir comme zone tampon dans le but d’atténuer les effets de la submersion marine. L’exploitation syvlicole est abandonnée dans les espaces présentant trop de contraintes (zone de remontée de nappes notamment) au profit d’autres activités plus rentables (comme le paturage, l’agroforesterie) et s’adaptant au nouveau paysage créé. Ce scénario amènera donc à la création d’un nouveau paysage de littoral où nait un tiers espace, lieu d’intéraction entre la mer et la terre. Ce nouveau paysage sera donc le lieu de la nature laissée sauvage avec quelques interventions de gestion humaine pour éviter une fermeture totale des habitats.
3 - Symbiose : Habiter le territoire en s’adaptant au risque Les modes de vie, les usages et les écosystèmes s’adaptent aux changements climatiques. On vit maintenant avec la notion du risque et la montée des eaux est vue comme une opportunité et non comme une contrainte. Certaines activités humaines sont amenées à se déplacer à l’intérieur des terres afin de laisser place à la nature, à des zones tampons développant une nouvelle relation au littoral. L’exploitation forestière est revue sous un autre angle avec une nouvelle sylviculture plus adaptée au cycle de vie de l’arbre. Dans certaines zones où les contraintes seront trop importantes (remontée de nappe notamment) cette dernière sera supprimée au profit d’un autre type d’activité comme le paturage. Ce scénario amènera donc à la création d’un nouveau paysage de littoral où les activités humaines et la nature cohabitent. Entre nature sauvage et contrôlée, le littoral devient le lieu de multiples interactions et usages bénéfiques pour l’Homme et la nature. 14
SCÉNARIO 1 : Résistance
SCÉNARIO
A’ B
A
0 0,1 0,2
0,5
1 km
Port
Sentier de randonnée
Camping
Zone herbacée
Digue
Prairie humide
Plage
Roselière
Voie cyclable
Vasière
0 0,1 0,2 Zone forestière de conifères Zone forestière de loisirs Zone forestière mixte
bassin et vasière
digue
Une économie figée sur ses acquis (forêt monospécifique) 15
prairie humide
Un trait de côte artificialisé Une digue créatrice d’un perdant son identité originelle double paysage et de nouveaux habitats
Sentier de
Camping
Zone urba à la monté Prairie hum
Voie cyclable
A’
1 km
Port Plage
Coupe A-A’ : Un nouveau trait de côte pour un double paysage
A
0,5
Coupe B-B’ : Une dé-littoralisa entre terre et mer
B
bassin et vasière
Une économie tournée vers l’Homme et la nature
forêt mixte
Des paysages a usage
O 2 : Repli
SCÉNARIO 3 : Symbiose
B’
C’ C
m
e randonnée
aine adaptée ée des eaux mide paturée
0 0,1 0,2
1 km
Zone forestière mixte
Port
Sentier de randonnée
Zone forestière mixte
Vasière Roselière
Camping
Prairie humide paturée
Plage
Roselière
Voie cyclable Zone urbaine adaptée à la montée des eaux
Vasière Iles
Zone forestière nourricière Ripisylve Forêt alluviale comme zone tampon
ation au profit d’un tiers espace
aux multiples es
0,5
B’
prairie humide paturée
Un tiers littoral révélateur d’une biodiversité remarquable
Coupe C-C’ : Une cohabitation entre Homme et nature pour un littoral dynamique
C
C’
îles en zone humide
Une source économique variée (paturage, sylviculture irrégulière,...)
forêt alluviale comme zone tampon
prairie humide paturée
L’Homme en interaction Une diversité de milieux constante avec la nature (forêt transitionnels au profit de la nourricière, promenade,...) biodiversité 16
ÉLABORATION DU PROJET : Les îles de Saint-Brice, entre Gradient de sensibilité face aux contraintes environnementales
0 0,1 0,2
Peu sensible 1 2 3 4 Supérieur ou égal à 5 Très sensible Ce gradient environnemental est determiné selon les contraintes / pressions présentes sur le territoire comme : la submersion marine, les remontées de nappes phréatiques, les pressions urbaines, les inondations dûes à des cours d’eau... Plus le chiffre tend vers le 5 plus la zone fait face à un nombre important de pressions et/ou contraines.
1 km
0,5
Plan directeur
La Conche de Saint Brice et son arrière littora à l’avenir à un gradient de contraintes env modifications dans l’évolution des habitats face à ces changements climatiques plusi au détriment ou en faveur de l’économie, d Ainsi pour avoir un équilibre le plus juste ent semble être le plus interessant. En effet ce d mieux l’identité du bassin d’Arcachon et de s résilient pour l’Homme et la nature face au marine et autres évènements climatiques m Ce projet aura donc pour objectifs majeurs l’économie (monétaire ou services écosyste social (interaction Homme/nature) et l’envir ou restaurer la biodiversité remarquable ac faire ce projet se développe en trois axes : (I) Célébrer le bassin et les zones h (II) Adapter le littoral à la montée de (III) Préparer la forêt à un climat occasionelles.
Célèbrer le bassin et les zones humid Circulation piétonne Courant de marée Point de vue Îles en zone humide
Forêt alluviale et ripisylve comme zone tam Zone de loisirs Zone de loisirs inondable Accès zone humide et plage
Adapter le littoral à la montée des e Circulation automobile Adaptation des zones urbaines Développement des zones urbaines
Forêt alluviale et ripisylve comme zone tam Zone de loisirs inondable
Préparer la forêt à un climat plus ch et des inondations occasionelles Forêt exploitée Forêt exploitée en zone inondable Forêt nourricière 0 0,1 0,2 17
0,5
1 km
Prairie humide paturée
e forêt et marée
al forestier sont et seront soumis vironnementales impliquant des naturels et humains. Pour faire ieurs axes sont possibles mais du social ou de l’environnement. tre ces trois entités le scénario 3 dernier permet de conserver au son littoral tout en le rendant plus ux phénomènes de submersion majeurs. s de trouver un équilibre entre emiques rendus par la nature), le ronnement (conserver, adapter, ctuellement présente). Pour ce
humides, es eaux, plus chaud et des inondations
De nouveaux points de vue sur le bassin
De nouveaux habitats naturels : les îles en milieu humide
Des ripisylves pour atténuer les inondations
Un littoral urbain adapté : des habitats sur pilotis
des
D’anciennes zones urbaines comme zone tampon
Une zone de loisirs inondable selon les marées
Une nouvelle gestion forestière : la sylviculture irrégulière
Une forêt en zone inondable, des essences adaptées et exploitées
mpon
eaux
mpon
haud
Une nouvelle relation à la forêt : la forêt nourricière
Des prairies humides paturées comme nouvelle 18 source d’économie
Projet : Les îles de Saint-Brice, entre forêt et marée
A
A’
B’
B
C’
C 0
19
0,1
0,2
0,5
1 km Forêt d’exploitation
Îles en zone humide
Forêt d’exploitation en zone inondable
Accès zone humide et plage
Forêt nourricière
Zone de loisirs
Forêt alluviale et ripisylve comme zone tampon
Zone de loisirs inondable
Prairie humide paturée
Adaptation des zones urbaines
A
Coupe A-A’ : Préparer la forêt à un climat plus chaud et des inondations occasionelles
forêt nourricière
Vaccinium uliginosum
B
forêt exploitée : sylviculture irrégulière
Arbutus unedo
Pinus pinea
Pinus pinaster
ripisylve
Quercus pyrenaica
Alnus glutinosa
Salix purpurea
Coupe B-B’ : Célèbrer le bassin et les zones humides
bassin
zone humide
zone de loisirs inondable
2m (h) x 70m (L) en moyenne
C
Quercus ilex
A’
B’
forêt alluviale comme zone tampon
Nouveaux habitats : Herbiers marins Vasières et bancs de sable sans végétation Gazons pionniers salés Prés salés atlantiques
Coupe C-C’ : Préparer le territoire à la montée des eaux
bassin
zone de transition urbain / littoral
C’
zone urbaine 20
PROGRAMMATION
6 Sylviculture irrégulière : Récolte, sélection, éducation et renouvellement simultanés
Chemin surélevé - Iles en zones humides
Andernos-les-bains :
5
Prairie humide paturée ancrée dans le paysage
6
Sylviculture irrégulière ancrée dans le paysage et les usages
Emprise de l’épaisseur du bati actuelle
Zone de loisir partiellement inondée
Batiments plein-pied
De nouvelles formes urbaines adaptées à la montée des eaux Chemin en zone forestière - Entre forêt nourricière et forêt exploitée
Îles végétalisées créa de nouveaux habitats faune et la flore Emprise de l’épaisseur du bati futur Batiments surelevés
4
21
Zone ta et att
Chemin entre prairie humide paturée et forêt
Des mares, prairies humides, ripisylves et bosquets comme zone ta
1
1
2 3 7
Des îlots de forêt mixte en zone forestière monospécifique
Repli de certaines habitations et activités à l’interieur des terres
1
2 Disparition de certaines essences forestières dûe aux contraintes climatiques
2 50 : + 90 c
,5 : +1
Développement d’une forêt nourricière destinée à nourrir la population vivant à proximité
3
m
Création d’îles dans la zone humide jouant le rôle de barre de sable pour atténuer la montée des eaux
u
d’ ea
00 21
Canopée (fruitiers) Petits arbres Arbustes (baies) Herbacées Racines Couvre-sol Grimpantes
Développement de zones tampons dans les anciennes zones urbaines par végétalisation et création de mares et zones humides
20
m d’eau
6
ampon développée tenuant les effets climatiques
1 2 3 4 5 6 7
Développement de nouveaux quartiers et adaptation des habitations à la montée des eaux
e
atrice pour la e
5
Une forêt nourricière pour une nouvelle relation homme et nature
Développement d’ilôt de sylviculture irrégulière dans les zones de remontée de nappes phréatiques
2030 : +30 cm d’eau
5
4
6
4 La forêt nourricière ancrée dans les usages du quotidien
ampon face à la montée des eaux
Développement de zones de loisirs avec baignade aménagée Apparition de paturages sur les zones forestières à contraintes environnementales Perte du domaine endigué importantes au profit d’une forêt alluviale Etapes de création des îles agissant comme zone tampon 1
3
2 3 Transport de sédiments par les courants
22
4
Un littoral dynamique pour faire face à la submersion marine
En conclusion, ce travail a permis de dessiner, de penser une nouvelle relation au littoral. Face aux conséquences du changement climatique et de la montée des eaux, le projet esquisse un possible avenir de résilience du territoire à l’horizon 2100. Ce travail permet une projection de l’évolution de la frange forestière entre deux zones urbaines et leurs interactions futures. Ce nouveau territoire permet de nouveaux usages et paysages évoluant au cours du temps tout en étant perpétuellement connectés et intimement liés. Cela va donc créer implicitement de nouveaux écosystèmes en lien avec les marées, de nouveaux usages et relations avec la forêt : sylviculture irrégulière et nourricière. Les zones humides et le bassin sont mis en valeur grâce à des panoramas et des perspectives, la forêt est adaptée aux nouveaux usages et besoins (auto-suffisance alimentaire, bois comme source d’énergie,...) et le territoire vit en symbiose avec la nature. La submersion marine dorénavant vue comme créatrice d’un littoral dynamique où forêt dense et ouverte, zones humides, prés salés et landes évoluent en harmonie avec l’homme au fil des marées.
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CONTRIBUTION Ce travail permet à l’ensemble des acteurs du site actuel à savoir le Conservatoire du littoral, les sylviculteurs et les communes d’Andernosles-bains et d’Arès d’avoir les clés en main pour agir face aux évènements futurs sur le site de la Conche de Saint-Brice et ses alentours. Il propose effectivement de voir comment l’on peut passer d’une forêt monospécifique vers une forêt aux usages et essences multiples. Ce projet peut donc venir contribuer à la Stratégie Locale de Gestion des Risques d’Inondation (SLGRI) actuellement mis en place en venant proposer des clefs d’actions, des intentions paysagères, répondant aux enjeux de demain. Ce travail peut également contribuer à se poser des questions sur les modes de gestion forestières actuelles et sur leurs perspectives d’avenir, la monoculture de pin étant aujourd’hui vu comme obsolète et peu adaptée au climat et usages futurs. Enfin ce travail a également la possibilité de contribuer à l’évolution du littoral forestier et urbain en général en proposant des solutions et alternatives pouvant être réplicable et adaptable sur d’autres sites.
DIFFICULTÉS RENCONTRÉES Au cours de ce travail, plusieurs difficultés ont été rencontrées notamment en terme de variables à prendre en compte. La montée des eaux s’inscrit dans un contexte de changement climatique qui s’accompagne de nombreux autres conséquences : élévation de la température, remontée de nappes phréatiques, érosion, … Ainsi l’une des difficultés de ce travail a été d’esquisser le paysage de demain en prenant en compte l’ensemble de ces variables. De plus l’avenir de la Forêt des Landes est une question qui interroge de nombreux forestiers et chercheurs (INRA, IFN) et reste incertaine aujourd’hui notamment concernant les essences à exploiter pour allier rentabilité et biodiversité. La question du choix des essences forestières dans le futur est une question qui est loin d’être tranchée impliquant des incertitudes quant au devenir de la Forêt
des Landes et du système d’exploitation optimal pour les essences forestières. Enfin il est à noter la difficulté d’entrer en contact avec le gestionnaire du site du conservatoire du littoral et donc d’avoir un retour sur les gestions du site mises en place actuellement et les perspectives d’avenir et d’actions face aux changements climatiques.
LIMITE DE L’ÉTUDE Ce travail a pour limite principale l’incertitude du comportement du bassin d’Arcachon dans les décennies à venir. Effectivement les bancs de sables sont en mouvement perpétuel, les chenaux se redessinent au fil des années et les cours d’eau alimentant le bassin ont des débits variables selon les années tout en lui permettant de rester ouvert sur l’océan. Et si les ruisseaux et rivières venaient à s’assécher? Et si l’équilibre fragile entre les facteurs naturels et anthropiques venaient à disparaître (entretien et fixation dunaire, modification du bassin versant…)? Ainsi une possibilité, même infime, est que le cumul de ces actions ou inactions pourraient induire une fermeture du bassin et le transformer en lac. Ceci aurait donc une conséquence notable sur l’ensemble des écosystèmes présents, des usages futurs et des paysages de demain. De plus, le bassin d’Arcachon est soumis à des marées importantes quotidiennement façonnant ainsi le paysage d’aujourd’hui. Il est cependant difficile d’estimer comment modèleront, influenceront et se comporteront les marées à l’horizon 2100.
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Conclusion et bibliographie
Ce projet a été basé sur un ensemble de sources et données issues de la littérature scientifique afin de comprendre les enjeux, les usages, le fonctionnement et le devenir du site du Bassin d’Arcachon à l’horizon 2100. Ainsi nous pouvons mettre en avant certains documents que l’on retrouve dans la bibliographie mais également des plans et stratégies du territoire mises en place. Ces derniers : le Plan Climat Air Energie Territoriale, le Plan de la Gironde face à l’urgence climatique ou encore la Stratégie Locale de Gestion du Risque Inondation mettent en avant les objectifs et enjeux généraux du territoire comme par exemple : la ressource en eau, la santé, le tourisme, les forêts, la biodiversité… Ce projet ouvre donc sur une potentielle perspective d’avenir permettant de voir la montée des eaux comme une opportunité et non une contrainte. De plus celui-ci répond à cette volonté générale d’aménager durablement le territoire en s’adaptant, en vivant avec la notion de risque afin de réduire au maximum les conséquences incertaines du changement climatique.
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Comité Scientifique Régional AcclimaTerra (2018) ‘Anticiper les changements climatiques’. Ce document reprend les grandes lignes des conséquences du changement climatique sur les paysages aquitains dans un horizon futur et donne des axes de questionnement et d’actions pour faire face à ces modifications climatiques. Ceci est complété par le ‘Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C’. Mora, O. et al. (2012) ‘Le massif des Landes de Gascogne à l’horizon 2050’. Ce document réalise une synthèse des effets et conséquences attendus du réchauffement climatique sur la Forêt des Landes de Gascogne. De plus il met en avant l’émergence de nouvelles attentes autour de la forêt comme espace de nature et cadre de vie, la nécessité de réguler l’urbanisation, le souhait de diversifier les itinéraires sylvicoles, de revaloriser les produits du bois et la difficulté à stimuler l’innovation ou encore des interrogations sur l’adaptation de la sylviculture aux enjeux énergétiques et aux changements climatiques. Le Treut, H. (2013) ‘Les impacts du changement climatique en Aquitaine’, in Presses universitaires de Bordeaux, pp. 61–88. Ce document aborde la question du changement climatique du point de vue de ses conséquences et des transformations sociales, économiques et politiques qu’il pourrait générer. On y retrouve une sélection d’enjeux comme les villes et la démographie, la forêt, le littoral, la ressource en eau ou encore le tourisme. Concrètement il en ressort que les perspectives ouvertes par le changement climatique remettent en question des pratiques, des modes d’exploitation, de gestion, de protection et dessinent de nouvelles tensions entre les diverses fonctionnalités socio-économiques et écologiques présente en Aquitaine. Pro-Silva, Valoriser la forêt avec une Sylviculture Irrégulière, Continue et Proche de la Nature (SICPN). Ce document décrit le concept de sylviculture irrégulière et ses avantages prôné par une association de forestiers présents dans toute l’Europe à savoir Pro-Silva. Cette sylviculture
a pour but d’allier l’homme, la nature et une mécanisation maitrisée, en recherchant une diversification discrète et progressive des essences et en insistant sur la conduite de la régénération naturelle des forêts. Self-Assembly Lab, MIT + Invena, ‘Growing Islands’ (2019), Accès : https://selfassemblylab.mit.edu/growingislands Ce projet repose sur le courant océanique pour construire des barres de sable et îles qui seraient par la suite végétalisée spour un ancrage permanent. Ce système pourrait offrir aux zones côtières un moyen de se reconstruire après une catastrophe ou même créer une barrière naturelle permettant, à terme, de repousser la montée des eaux. Il s’agit d’une expérimentation en cours aux Maldives qui pourrait être déterminante dans la protection naturelle du littoral si celle-ci fonctionne. Le processus débute par l’installation de rampes sous-marines, décrites par l’équipe de chercheurs comme “peu onéreuses, faciles à déployer et adaptables” à différents climats. Lorsqu’une vague passe au-dessus de la rampe avec suffisamment de force, elle amène avec elle des particules de sable et les déposent, en profondeur, sous le bord de la rampe. Au fil du temps, les sédiments s’accumulent et finissent par former une barre de sable qui émerge au-dessus de la surface de l’océan agissant comme barrière naturelle face à la montée des eaux. INRA, ‘Imaginer les forêts de demain’ / REINFFORCE, ‘RÉseau INFrastructure de recherche pour le suivi et l’adaptation des FORêts au Changement climatiquE’ / Cécile MARIS, Changements climatiques et gestion forestière en Aquitaine Interrogations et recherches de réponses concrètes via le programme d’expérimentation CLIMAQ (2011) Ces différents projets et documents reprennent des questions concernant l’avenir de la Forêt des Landes et tente d’y répondre par le biais d’expérimentation. Quels changements climatiques pour l’Aquitaine ? Quelles nouvelles essences ? Quelle sylviculture ? Favoriser l’adaptation ou créer une nouvelle forêt ?
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