ENTRE RURALITÉ ET PÉRIURBANITÉ,
COMMENT HABITER LE SUD YVELINES ? Tiphaine Le Liepvre Mémoire de travail de fin d’études // 2016-2017
ENTRE RURALITÉ ET PÉRIURBANITÉ,
COMMENT HABITER LE SUD YVELINES ? Tiphaine Le Liepvre Mémoire de travail de fin d’études // 2016-2017
membres du jury Président de jury Marc Claramunt Paysagiste DPLG Directeur de l’école de la Nature et du Paysage (ENP) Enseignant en projet de paysage à l’ENP Directrice d’études Lydie Chauvac Paysagiste DPLG Présidente de l’Association des Paysagistes Conseils de l’état Enseignant en projet de paysage à l’ENP Enseignant encadrant Christophe Le Toquin Photographe Enseignant en photographie à l’ENP
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remerciements Je souhaite tout d’abord remercier toute l’équipe du CAUE 78 qui m’a fait découvrir et aborder les problématiques que je vais développer dans ce mémoire. Merci plus particulièrement à Pascale d’Anfray-Legendre, architecte urbaniste, qui m’a poussé à approfondir mes réflexions et qui a toujours été une oreille attentive. Je remercie également Lydie Chauvac et Christophe Le Toquin, mes professeurs encadrants, pour leur écoute, leurs conseils et leurs encouragements tout au long de ce travail de fin d’études. Merci également à toutes les personnes rencontrées au cours de ce diplôme pour leur réponses et leurs remarques. Merci à l’équipe de l’atelier pour tous les moments partagés ensembles. Et enfin merci à mes parents, Clément et Lilou pour leur présence au quotidien, leur soutien et leur aide qui m’ont été plus que précieux dans la réalisation de ce projet de fin d’études.
avant-propos Ce travail de fin d’études vient s’inscrire dans la continuité du stage que j’ai réalisé au printemps 2016 au Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE) des Yvelines. J’ai pu découvrir ce département et ses paysages variés, mais aussi toutes les problématiques qui en résultent. Mon travail durant ce stage s’est porté sur des questions de ruralité et de planification de l’espace rural. Un large champ de questionnements s’est ouvert à moi et il me semblait important de les développer de manière plus approfondie afin de compléter ma formation de paysagiste. Le site d’étude choisi est apparu de lui-même au cours de ce stage, à la fois par la découverte d’un paysage rural bien particulier, où une multitude de dynamiques et d’oppositions viennent se rencontrer ; mais également par la constatation des problématiques auxquelles sont confrontés les élus sur le territoire du Sud Yvelines. Ce mémoire présente l’ensemble de mes réflexions et de mes recherches sur le plateau d’Ablis. Ce travail de recherche commencé en septembre 2016 sera complété par la formulation précise d’un projet de paysage qui sera présenté en juin 2017.
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Introduction
8
10
Volet 1
Volet 2
Regards
Territoire de l'entre-deux
horizon
16
L’entre-deux à plusieurs échelles
32
Variations
20
Et pourtant...
22
Un site aux limites de plusieurs entités
34
Un territoire en bordure de beauce
35
Quelques chiffres
28
Une position stratégique
40
Synthèse
46
Un territoire aux multiples visages
47
Un caractère rural historique
48
Les agglomérats bâtis
54
Mutations politiques
62
Synthèse
64
Volet 3
Vers une cohabitation Entre agglomérats bâtis et espaces de cultures
65
Franges
66
Chemins ruraux
72
quartiers
74
Usages et pratiques
84
Des choix témoins de rupture
86
Synthèse
90
Et les habitants ?
91
Qui sont-ils ?
92
Relation au territoire
94
Synthèse
96
Principes
100
Rappel des enjeux
101
Stratégie à l’échelle du plateau
102
Choix des sites de projet
104
Ablis, la ville à redynamiser
106
Boinville-le-Gaillard, s’agrandir en conservant une identité rurale
108
Zone d’Activité du Petit Orme, différents scénarios
112
Conclusion
114
Bibliographie
116 9
Introduction « Le monde rural peut sembler à certains ancré dans les valeurs du passé et voué à un déclin irréversible face à la montée de l’urbanisation. C’est en réalité en avoir une vision très superficielle car il est entré dans une phase de profonde transformation qui le place dans le champ du développement économique général, des modes de vie et des aspirations de la société contemporaine. » Jean-Claude Bontron, 1996
La région île-de-France est avant tout perçue comme une métropole, surtout depuis le projet du Grand Paris. Cependant, celle-ci est encore très marquée par l’agriculture et les espaces ruraux, notamment en deuxième couronne. Les Yvelines, qui représentent la face ouest de l’île-deFrance, en est un exemple très concret : 47 % de la surface du département est occupée par l’agriculture (soit 1 000 km2) dont 43,7 % consacrés aux grandes cultures intensives de céréales, d’oléoprotéagineux... Les Yvelines ont la particularité de proposer une multitude de paysages, allant des berges de Seine au nord, aux plateaux agricoles beaucerons au sud ; en passant par l’urbanisation dense à l’est avec ses villes nouvelles et les bourgs ruraux au patrimoine architectural riche à l’ouest, sans oublier les massifs forestiers et les parcs naturels régionaux (Haute Vallée de Chevreuse et Vexin français).
10
Dans ce mémoire, nous allons parler plus précisément du Sud Yvelines, car il s’agit d’un paysage de plateau bien particulier dans ce territoire francilien. Les communes rurales qui le composent étaient réunies en communauté de communes jusqu’au 1er janvier 2017. Nous verrons dans un premier temps, quelles sont les particularités de ce paysage qui m’ont le plus marquée et qui me semblent définir le site d’étude. Dans un second temps, pour comprendre le territoire, nous verrons comment il peut être défini comme l’entre-deux de nombreux éléments à plusieurs échelles ; pour enfin réfléchir aux moyens que l’on peut mettre en œuvre pour créer une cohabitation et du lien entre tous ces éléments.
yvelines
Communauté de Communes Contrée d'’Ablis - Portes d’'Yvelines
262 communes 2 284 km² 1 418 000 habitants
8 communes (dont 5 en cours d’élaboration de PLU) 126,4 km² 6 196 habitants
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PARIS
Versailles
Rambouillet
Ablis
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Etampes
20 km
volet I
regards
1 km
Le site que nous allons étudier tout au long de ce mémoire se compose d’un plateau agricole d’environ 8 000 ha, sur lequel on trouve 5 communes : - Ablis, 3 250 habitants - Boinville-le-Gaillard, 613 habitants - Allainville-aux-bois, 297 habitants - Orsonville, 338 habitants - Paray-Douaville, 251 habitants * Nous traiterons majoritairement ces communes car elles se situent sur le plateau. Les autres communes (Saint-Martin-de-Bréthencourt, Sainte-Mesme, Prunayen-Yvelines) composant la CAPY (communauté de commune active jusqu’au 1er janvier 2017), présentent des typologies paysagères qui ne soulèvent pas forcément les mêmes problématiques.
Légende Bâti Axes routiers principaux Limites communales Ligne à Grande Vitesse Voies ferrées Parcelles cultivées Boisements
Le site d’étude se situe à l’embranchement de l’autoroute : depuis le péage de St-Arnould au nord-est du site, la branche nord correspond à l’autoroute A11 en direction de Chartres, tandis que la branche sud-est, à l’A10 en direction d’Orléans. Entre ces deux axes dominants, nous trouvons la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Paris-Tours, traversant le plateau sous la forme d’une voie ferrée en tranchée, ainsi qu’une voie ferrée secondaire (trafic TER principalement). Il est entouré par trois vallées boisées : les vallées de l’Orge, du Perray et de l’Aunay (affluent du Perray). Dans cette première partie, nous allons développer les éléments paysagers qui m’ont le plus marquée lors de la découverte de ce site et qui me semblent être les plus parlants pour raconter les ambiances et les particularités de ce plateau agricole.
* Données Insee - 2013 15
horizon « étoile de la mer, voici la lourde nappe Et la profonde houle et l’océan des blés Et la mouvante écume et nos greniers comblés, Voici votre regard sur cette immense chape » Extrait du poème de Charles Péguy - La route de Chartres
source d'’appel et de curiosité Quoi de mieux pour raconter ce site que de parler de ses horizons. Sur un plateau agricole où les seules variations de relief marquantes sont les vallées qui l’entourent, chaque élément venant se dessiner sur la ligne d’horizon prend une importance particulière dans la description et la perception du territoire.
* NB : nous utiliserons le terme « agglomérat bâti » tout au long du mémoire car l’emploi du terme « espace urbain » me semble inapproprié pour parler de ces communes rurales qui ont des fonctionnements différents de celui l’urbain (notamment dans les usages).
Les agglomérats bâtis* émergent au-dessus de la ligne d’horizon en silhouette comme des îlots sur la grande étendue plane des cultures céréalières. Au sein de ces îles, des éléments tranchants sont particulièrement remarquables et donnent des indications sur les agglomérats bâtis : comme le clocher d’Ablis qui fonctionne comme un amer depuis les bourgs alentours, permettant de se repérer dans cet océan agricole. Les derniers éléments frappant sur ces horizons sont les masses végétales. En effet, apparaissant comme les seules tâches sombres au loin, elles marquent le regard et rythment de différentes manières les points de vue sur le plateau (lignes de talus, arbres entourant les jardins, massifs boisés...)
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Volet I : Regards
Ci-contre : Les îlots qui surgissent sur l’horizon Pages suivantes : à gauche : Les amers et points de repères des aglomérats bâtis à droite : Les masses de végétation rythmant l’'horizon
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variations « Entre les cieux et les guérets Je fais mes semailles d’automne ! Mon grain est sain, mon grain est lourd, Les sillons sont pleins de mystères... J’ai mis mon cœur dans ton amour Comme un grain de blé dans la terre. » Extrait d’un poème beauceron - Gaston Couté
L'agriculture et ses visages La Beauce a la réputation d’être particulièrement monotone, en partie à cause de l’immensité des champs qui la composent, mais également à cause de son manque de relief. Il me semble cependant que ce qui fait la beauté de ce paysage est justement la présence de cette agriculture de grande échelle qui offre des opportunités de variations qui lui sont spécifiques. Ce paysage ne montre pas toute sa richesse instantanément, il faut l’observer à travers toutes ses évolutions : - les cultures : chaque espèce cultivée a ses particularités : hauteur, couleur, densité ; d’un champ à l’autre, la perception du paysage n’est pas la même ; - dans le temps : l’évolution des cultures selon les saisons, la météo, la variation des ombres des nuages sur l’immensité céréalière, les mouvements des cultures sous le vent, etc. ; - les dynamiques de l’activité agricole : présence des machines, tas de betteraves, période de semis, de récolte, etc. 20
Volet I : Regards
Ces évolutions et variations du paysage peuvent être illustrées par les clichés des observatoires photographiques, comme celui du Nord Pas-de-Calais ci-contre. Nous verrons plus en détail, par la suite, les types de cultures spécifiques au plateau d’Ablis, à l’origine de ces variations paysagères.
Ci-contre : Observatoire photographique du Nord-Pas-de-Calais D. Auerbacher, O. Comte, S. Dhote
Septembre 1995
Juin 1995
1997
Juillet 1998
1999
Octobre 2001
2003
2009
21
et pourtant... Nous nous situons dans un paysage de plateau céréalier caractérisé par l'omniprésence des champs et ayant indiscutablement une identité rurale. Cependant, un phénomène d'homogénéisation des formes d'habitat, qui ne semble pas parler de ruralité, a pris place dans ce paysage. Les pages suivantes présentent des espaces au sein et en périphérie des agglomérats bâtis du le plateau d'Ablis.
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Volet I : Regards
ABLIS 23
ABLIS 24
Volet 1 : Regards
ALLAINVILLE-AUX-BOIS 25
BOINVILLE-LE-GAILLARD 26
Volet 1 : Regards
BRETONVILLE 27
quelques chiffres Le développement de ce phénomène d’urbanisation sous forme de pavillonnaire individuel, répété le long de larges rues sans prendre en compte le contexte environnant, est lié à la vision des ménages depuis l’après-guerre. Ces pavillons, souvent implantés en lotissement (unité foncière divisée en plusieurs lots), sont devenus un idéal pour une majorité de la population.
Un phénomène généralisé L’attachement au cadre de vie rural est lié directement à l’attrait pour la maison individuelle : environnement « naturel », calme, loisirs de plein air... De plus, la campagne offre la possibilité d’avoir un logement de taille bien plus importante qu’en ville, pour un coup équivalent voire moindre. Pour un ménage avec enfant, l’envie d’avoir sa propre maison dans un cadre de vie « sain » est le premier moteur de l’achat de pavillon en France. Cette envie de devenir propriétaire représenterait le deuxième enjeu de la vie d’un ménage, après la famille ; et dans les trois-quarts des cas, il correspondrait à l’achat d’un logement individuel. Ces logements sont pensés et construits en grande majorité par des aménageurs, promoteurs ou lotisseurs dont le but est de vendre un produit : une maison avec
son jardin. Il est donc plus simple et moins onéreux pour eux de trouver un schéma qui fonctionne et de le répéter. Les architectes sont rarement appelés pour concevoir ces logements individuels car leurs services sont peu abordables pour un ménage. Entre l’achat du terrain et la construction du logement, l’offre des promoteurs en est d’autant plus séduisante qu’à moindre coût. Les quartiers standardisés, construits par les promoteurs, favorisent un certain sociologie de ménages qui ne permet pas une mixité sociale. Le pavillonnaire est donc lié directement à un mode de vie et est généralement perçu comme le symbole de l’individualisme et de l’étalement urbain.
En France, des français considèrent la maison individuelle comme le logement idéal.
28
Volet I : Regards
des habitations sont des logements individuels.
1 francilien sur 3 habite un pavillon.
En île-de-france En île-de-France, ces phénomènes sont d’autant plus présents que la densité de la capitale avec tous les désagréments que cela engendre (pollution, bruit, transports, manque de nature...) incite à la valorisation des espaces ruraux pour le cadre de vie « champêtre » qu’ils peuvent offrir. Le prix d’achat est également un critère essentiel dans le choix d’acheter à la campagne plutôt qu’en ville. On remarque, en effet, que 85 % des pavillons en Île-de-France sont occupés par leurs propriétaires alors que plus de deux-tiers des logements en ville (majoritairement des appartements) sont en location.
En grande couronne, résidences principales (dont la moitié ont moins de 30 ans)
Choix des ménages pavillon propriété périphérie
≠ ≠ ≠
appartement location
Entre 1968 et 1999, 600 000 maisons individuelles ont été construites en île-de-France.
centre Parc pavillonnaire francilien
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volet iI
territoire de l'entre-deux
L'entre-deux à plusieurs échelles Tout au long de cette partie, nous allons voir comment ce territoire peut être qualifié de territoire de l’entre-deux. Pour cela, nous allons décliner différentes échelles, où des éléments fortdu paysage viennent se rencontrer sur le site, fonctionnant ainsi comme une charnière à tous les échelons. Dans un premier temps, nous observerons le territoire d’étude avec les entités qui l’entourent : quelles sont les influences des entités géographiques et administratives sur ce site ?
Un site aux limites de plusieurs entités
32
Volet II : Territoire de l’entre-deux
Un territoire aux multiples visages
Nous parlerons ensuite du territoire lui-même et des différentes identités qui habitent le plateau entre périurbain et rural. Nous descendrons par la suite à l’échelle physique de l’espace où les agglomérats bâtis viennent se confronter aux espaces de cultures, créant des frontières marquées. Enfin, nous parlerons des habitants qui vivent sur ce plateau céréalier et de leurs usages.
Entre agglomérats bâtis et espaces de cultures
Et les habitants ?
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Un site aux limites de plusieurs entitĂŠs
Un territoire en bordure de Beauce « La fertile Beauce couvre pas moins de six cent mille hectares, partagés sur plusieurs départements : principalement l’Eure-et-Loir et le Loir-et-Cher, mais aussi le Loiret, l’Essonne et les Yvelines. Ce vaste plateau, essentiellement consacré aux grandes cultures, est souvent présenté comme le grenier à blé de la France.» Atlas des Paysages du Loir-et-Cher
une entité géographique Le territoire que nous étudions est situé à la limite nord-est de la Beauce, entité géographique et grande région agricole, qui s’étend sur 575 000 ha dans cinq départements : l’Eure-et-Loir, le Loir-et-Cher, le Loiret, l’Essonne et une partie des Yvelines. L’ensemble de la Beauce, rattachée au bassin géologique parisien (voir page 36), est particulièrement fertile. Cette région concentre une part importante de la culture de blé française, qui représente plus de 30 % des sols beaucerons et est également la première région céréalière d’Europe. La majorité des exploitations pratiquent une agriculture productiviste, grâce au développement de la mécanisation du travail * qui permet une production plus importante et un rendement maximisé par l’utilisation d’intrants phytosanitaires. En France, la part de la population travaillant dans le secteur agricole est en moyenne de 2,8 %, tandis que dans la Beauce, elle est de 7 %. Cette entité géographique est également connue pour ses paysages de plateaux, sillonées par des vallées. * NB : depuis la révolution industrielle au XIXe siècle, de nombreuses évolutions des machines ont facilité la production agricole (voir page 49). Un site aux limites de plusieurs entités
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Cependant, dans l’imaginaire collectif, ces paysages sont devenus représentatifs d’une monotonie par leur manque de relief et de ponctuation mais sont également marqués par cette agriculture intensive souvent génératrice de pollution et de dégradation de l’environnement et des milieux naturels. En effet, un rapport du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières, service géologique national
Géologie Au plan géologique, le Bassin parisien est un bassin sédimentaire formé par dépôt, au fond de la mer, de calcaire, minéraux, squelettes d’animaux et restes de végétaux. Ces dépôts forment un empilement de roches sédimentaires soit meubles, soit rigides. Ces roches ont été déposées sur des zones de faible altitude régulièrement envahies par la mer lors des périodes de haut niveau marin (suite à l’effondrement du terrain ou liées à un réchauffement de la planète, par exemple) ou évacuées par la mer lors des périodes de bas niveau marin (suite à l’élévation du terrain ou au refroidissement climatique). Elles témoignent donc des mouvements de va-et-vient des océans au cours des temps géologiques.
36
Volet II : Territoire de l’entre-deux
français) en 2002 a mis en avant les faibles taux de matière organique dans la Beauce. Les eaux sont majoritairement polluées et dépassent les seuils de potabilité en vigueur en France. L’agriculture de précision (dosage des intrants en fonction des parcelles) ne suffit pas à réduire la pollution à un niveau satisfaisant.
Le bassin parisien, entité géologique
Carte geologique du plateau d'Ablis Alluvions récentes : limons, argiles, sables, tourbes localement
Argile à meulière : altération,
Craie blanche à silex
Limons et lœss
Altérite et dépôts continentaux : argile à silex, argile, sable
Formation détritique des plateaux
Sables de Fontainebleau
Limons des plateaux
silicifications plio-quaternaire
Calcaire d’étampes
Vallée du Perray ge
Ablis
Va
llé
ed
l’
Or
Vall
é
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el
y
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Au
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1 km
Un site aux limites de plusieurs entités
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relief La particularité de ces grands plateaux agricoles est l’abscence de relief (comme on peut le voir sur le bloc diagramme ci-dessus dans le cas de notre territoire d’étude). Ils sont entourés de vallées qui viennent creuser le socle sédimentaire et qui sont supports de boisements denses. Ces masses végétales contrastent immédiatement avec les espaces de cultures du plateau. Cette planimétrie particulière met en avant, comme nous l’avons vu précédemment, des horizons linéaires offrant une approche spécifique du territoire.
Dans le cas du plateau d’Ablis, trois vallées entourent l’étendue agricole : les vallées de l’Aunay à l’ouest (affluent du Perray), du Perray au nord et de l’Orge à l’est. Sur le plateau légèrement bombé, on peut observer un micro relief entre crêtes et talwegs qui ponctue l’espace. Celui est balayé par les vents pouvant être violents puisqu’ils ne rencontrent presque aucun obstacle.
Boinville-le-Gaillard
Ablis
A1
A11
LGV
0
38
ge
Vallée du Perray
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Vall
Va
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Or
Ablis
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Au
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courbe 150 1 km
Ligne de talweg Ligne de crête
Vallée de l’Aunay alt. 126 m
Vallée de l’Orge alt. 162 m
Un site aux limites de plusieurs entités
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Une position stratégique Bien que dans un contexte agricole par son paysage et ses activités, le territoire du plateau d’Ablis fait néanmoins partie des Yvelines et donc de l’île-de-France, avec toutes les dynamiques que cela peut offrir en terme d’emploi, de déplacement et de développement.
opportunités de déplacement Par sa situation géographique, et la proximité d’axes majeurs de déplacements (les autoroutes A10 et A11 et la nationale N10 traversant le site du nord au sud), le site d’étude permet d’accéder rapidement en véhicule aux pôles d’emploi et d’activités. Comme on peut le voir sur le schéma ci-contre, en moins d’une heure, il est possible de rejoindre Paris et Orléans et en moins d’une demi-heure d’être à Rambouillet et Chartres. Dans les Yvelines, plus de la moitié des déplacements sont effectués en voiture (54 % contre 38 % à l’échelle régionale). Neuf ménages sur dix possèdent un véhicule et quatre sur dix en possèdent deux.
et Dourdan, en direction de paris) où des espaces de stationnements (parkings relais) bien que de taille conséquente (600 places à Rambouillet) ne permettent pas de subvenir à tous les besoins. Ces gares sont également accessibles grâce à des lignes de bus, principalement actives pendant les heures de pointe (matin et soir).
PARIS Versailles
Le site est également bien situé par rapport aux lignes de transports en commun. Ablis se trouve à proximité de plusieurs gares ferroviaires : TER à Auneau, Transilien à Rambouillet et RER C à Dourdan. De plus en plus de travailleurs utilisent également leur véhicule pour se rendre aux gare la plus proche (Rambouillet
Dreux Rambouillet Ablis
Dourdan
Chartres
Isochrone en voiture au départ d’Ablis 15 min
40
Volet II : Territoire de l’entre-deux
30 min
1h
Orléans
Etampes
ne Sei
ne Sei
Versailles
PARIS
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Rambouillet
Chartres
Auneau
Rambouillet
Ablis
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Ablis
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Dourdan Auneau
Auneau
Etampes Chartres
Chartres
Surface des sites d’activités économiques (ha)
C
Transports en commun
voie ferrée ligne de bus Un site aux limites de plusieurs entités
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Un territoire résidentiel à proximité de bassins d'emploi Sur le secteur du Sud Yvelines (encadré par le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) regroupant trois intercommunalités dont la communauté de commune Contrée d’Ablis-Portes d’Yvelines (CAPY) et la communauté d’agglomération de Rambouillet Territoire), 56 % de la population active appartient aux « cadres et professions intellectuelles supérieures » et « professions intermédiaires ». Cependant, les communes au sud d’Ablis n’offrent pas suffisamment d’emplois locaux (le taux d’emploi est de moins de 0,5 % en 2009 pour toutes les communes de la CAPY, sauf Ablis). Cela explique la migration pendulaire importante sur ce territoire. Les communes sont donc principalement résidentielles et offrent une possibilité d’agrandissement du parc de logement pour le département (notamment à Ablis). Si l’on regarde les bassins d’emploi majeurs, on observe
Les Essarts-le-Roi
Le Perray en-Yvelines
Poigny-la-Forêt
Auffargis
Vieille-Eglise en-Yvelines
Mittainville
Cernay-la-Ville
RAMBOUILLET
Hermeray
TAUX d’emploi par commune du sCoT SUD Yvelines
La Celle-les-Bordes
Raizeux Saint-Hilarion
Gazeran Bullion
Clairefontaine en-Yvelines Orcemont
Emancé
Rochefort en-Yvelines
Sonchamp Orphin
Saint-Arnoult en-Yvelines Ponthévrard
Prunay en Yvelines
Longvilliers
Bonnelles
1 emploi / 1 habitant 0,75 0,5 0
Sainte-Mesme
Ablis
Boinville le-Gaillard
Saint-Martin de Bréthencourt
Données Insee 2009
Orsonville
42
Sur l’ensemble du territoire du SCoT Sud Yvelines : - 30 % des actifs travaillent dans le reste des Yvelines (Communautés d’agglomération de St-Quentinen-Yvelines et Versailles Grand Parc) ; - 31 % dans un autre département : 9 % en Essonne (plus particulièrement à Dourdan et sur le plateau de Saclay), 8 % dans les Hauts-de-Seine,10 % à Paris et 3 % dans l’Eure-et-Loir (notamment épernon et Chartres).
Les Bréviaires
Saint-Léger en-Yvelines
La-Boissière-Ecole
que de nombreuses possibilités de travail se trouvent à proximité du site d’étude. En dehors d’Ablis, un grand nombre d’entreprises du secteur tertiaire sont présentes à Rambouillet et Dourdan, et bien sûr, dans la communauté d’agglomération de St-Quentin-en-Yvelines ou plus loin aux abords de Paris.
Paray Douaville
Allainville
PARIS
VERSAILLES SAINT-QUENTIN-ENYVELINES
PLATEAU DE SACLAY
RAMBOUILLET
EPERNON
DOURDAN ABLIS
CHARTRES
Lieux de travail des actifs résidents dans le SCOT Sud Yvelines 250 100 50 5 1 Délimitation du SCOT Sud-Yvelines Données Insee 2009 Un site aux limites de plusieurs entités
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N1 0 Saint-Léger en-Yvelines
Les Essarts-le-Roi Le Perray en-Yvelines
La-Boissière-Ecole
Auffargis Vieille-Eglise en-Yvelines
RAMBOUILLET
Gazeran Bonnelles
Sonchamp
Saint-Arnoult en-Yvelines
Ponthévrard Prunay en Yvelines
Ablis
Sainte-Mesme
Surface des zones d'activités (en ha) Sur le secteur du SCOT Sud Yvelines
Boinville le-Gaillard
50 ha 5 ha
Orsonville Paray Douaville
Allainville
Existant En projet Site d’étude
Zone d'activités du petit Orme Paray-Douaville
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
Une activité économique qui cherche à se redynamiser En observant le secteur du Sud Yvelines (à l’échelle du SCoT), on remarque que les principaux pôles d’activités et d’emplois se situent le long de la route nationale 10, qui traverse également le site d’étude. Ce développement linéaire favorise les communes comme Ablis situées sur cet axe, et laisse de côté les communes plus excentrées. à l’intersection de l’autoroute A10 et la N10, Ablis possède deux zones d’activités (des entreprises agro-alimentaires, de logistique et de transport routier). Deux zones de la CAPY sont repérées dans le Schéma Directeur Régional de l’île-de-France (SDRIFF) et dans le SCoT comme fort potentiel de développement de zone d’activités. Il s’agit de la Zone d’Activités (ZA) du petit Orme, située sur la commune de Paray-Douaville et qui s’étendrait sur la commune de Boinville-le-Gaillard, à l’intersection de la N10 et de la LGV Paris-Tours traversant le plateau agricole. La deuxième zone est celle située sur la commune d’Allainville, entre la N10 et l’autoroute A11. L’extension de ces zones d’activités, qui aujourd’hui ne sont pas très dynamiques et n’ont qu’un rayonnement local, vise à concurrencer celles situées en Eure-et-Loir qui bénéficient, depuis de nombreuses années, de fortes incitations financières.
En ce qui concerne les plus petits domaines économiques comme l’artisanat, représentant 9 % des emplois salariés en 2012 sur le territoire du SCoT, on observe un développement des entreprises notamment dans le secteur du bâtiment : 13 % des entreprises ont moins d’un an contre 9 % pour l’ensemble du département. Il convient donc de favoriser l’implantation de ces activités et d’encourager leur diversification. Concernant les commerces, le territoire du Sud Yvelines est en concurrence directe avec les pôles commerciaux des villes alentours (Chartres, Plaisir...), ce qui a entraîné la disparition de nombreux commerces de proximité au profit des zones commerciales (qui représentent 42 % des achats réalisés en dehors du Sud Yvelines). Cependant, une tendance au retour aux commerces traditionnels concernant l’alimentation s’observe depuis quelques années, ce qui laisse à penser qu’il est important de favoriser l’ouverture de nouvelles activités commerçantes dans les communes. Quant au secteur agricole, nous développerons le sujet par la suite, puisqu’il est spécifique à notre territoire d’étude.
Un site aux limites de plusieurs entités
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synthèse Le plateau d’Ablis est situé en bordure d’une entité geographique bien particulière : la Beauce, aux spécificités géomorphologiques favorables à une agriculture de grande échelle. Cependant, il appartient également à région l’île-de-France, territoire dynamique en constante évolution, sous l’influence de la capitale. Cette position, à la limite de deux entités, place le plateau dans un entre-deux où des dynamiques opposées se rencontrent : d’une part, des problématiques agricoles, avec l’importance de la préservation des terres arables, et d’autre part, des besoins de développement économique et résidentiel.
constats > Une position stratégique (emploi, transport) > Un territoire soumis à des dynamiques de développement (industrie et habitat) liée à une stratégie départementale
enjeux Assumer une potentielle attractivité liée à cette position d’entre-deux territorial > Améliorer, faciliter et diversifier les modes de déplacement > Construire des agglomérats bâtis diversifiés répondant aux dynamiques de développement (industrie, habitat, cadre de vie, culture)
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
Un territoire aux multiples visages
un caractère rural historique Pour comprendre l’importance de l’agriculture sur ce site de plateau, il me semble important de résumé les grandes évolutions de l’agriculture à l’échelle de la France, qui nous permettrons de mieux décrire le fonctionnement actuel des exploitations.
Des phénomènes généralisés Trois éléments majeurs ont transformé l’agriculture au cours du siècle dernier : le plan Marshall, la Politique Agricole Commune (PAC) européenne et de manière plus générale, les Trentes glorieuses et l’évolution du machinisme. Ces changements ont permis une nette amélioration des rendements et des moyens de production agricole.
Le remembrement des parcelles agricoles, lié à l’évolution du matériel et de la technologie agricole (tracteurs mais également internet et logiciels pour gérer les productions), a transfomé les paysages mais également le métier d’agriculteur.
Ci-dessous : évolution de la taille des parcelles au sud de Boinville-le-Gaillard
1946
1961
1987
2003
2010
Avant les années 1950
Taille des exploitations
15 ha
rendement
Pouvoir d'achat
15 quintaux/ha 1 kg de blé = 0.5 kg de pain
trois éléments pertubateurs 1947 - Plan MArshall
1958 - Politique agricole commune
1945-1973 - les 30 glorieuses
> Apparition des tracteurs
> Volonté d’une autosuffisance à l’échelle européenne (6 pays) > Système de prix garanti pour les agriculteurs à l’abri des fluctuations des marchés mondiaux
> Marché de l’emploi très dynamique, incite les populations à venir travailler en ville
Exode rural, pas de reprise familiale des exploitations, agrandissement des exploitations Aujourd'hui
Taille des exploitations
200 ha
rendement
Pouvoir d'achat
70 quintaux/ha 15kg de blé = 0.5kg de pain
Les traces de cette agriculture La ruralité s’exprime sur le plateau d’Ablis par ces champs à perte de vue, que l’on a observé aux premiers abords, mais également par d’autres éléments. En effet, le développement des agglomérats bâtis est aussi dépendante des pratiques agricoles du plateau. Les hameaux et bourgs se sont construits autour des fermes historiques disséminées sur le plateau (voir carte ci-contre). Ces fermes sont typiques de la Beauce, elles fonctionnent sur un principe de cour carrée. C’était un moyen de se protéger des conditions extérieures, dues au relief de plateau (notamment les vents forts), mais également d’avoir un fonctionnement interne avec les bâtiments d’habitation et de production à proximité les uns des autres. Aujourd’hui, ces fermes sont lisibles, dans chaque cœur de bourg, par leurs longs murs aveugles en pierre calcaire donnant sur la rue (la façade étant tournée vers la cour) et leur toiture en tuiles cuites orangées ou en ardoise grise. Ce patrimoine architectural agricole vient appuyer celui des églises et des bâtiments anciens qui nous parle tout autant de ruralité que les parcelles agricoles. On
Ferme d'Allainville
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
trouve notamment le domaine du Bréau-sans-Nappe, dans la commune de Boinville-le-Gaillard, château du XVe siècle entouré de son parc boisé et de ses communs. Outre les champs et les fermes, il est également important de noter l’importance des tracés des chemins ruraux et des sentiers d’exploitation sur ce plateau. En effet, ils forment la trame des parcelles et permettent à la fois le déplacement des machines agricoles en dehors des axes routiers majeurs, mais sont également un des seuls parcours que les habitants utilisent pour se promener dans la campagne.
Corps de ferme présents sur la carte d’état-major de 1866 Agglomérats bâtis actuels
Ablis
Boinville-le-Gaillard
Orsonville
Paray-Douaville Allainville
1 km
Un territoire aux multiples visages
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Les exploitations Bien qu’ayant un caractère historique et patrimonial, l’agriculture sur la plateau d’Ablis a évolué, comme nous l’avons vu, à l’image des phénomènes globaux à l’échelle de la France. Aujourd’hui, les caractéristiques de cette agriculture de plateau céréalier sont bien particulières. à l’échelle de la Beauce, qui est le plus grand territoire consacré à l’agriculture intensive en France, les exploitations font en moyenne plus de 100 ha. Sur le plateau d’Ablis, la moyenne est de 150 ha. Il y a à peine 25 ans, la moyenne était encore de 80 ha. Cette évolution rapide est due à une diminution du nombre d’exploitation car la reprise familiale qui avait lieu auparavant est de moins en moins assurée. Cette diminution devrait se poursuivre dans les dix
Blé
Colza
Betterave 52
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prochaines années car la plupart des exploitants arrivent à l’âge de la retraite. Seulement 20 % des agriculteurs sont propriétaires des terres qu’ils exploitent. Ce phénomène explique que la vente des terrains au profit de constructions est facilitée dans ce secteur, car le critère financier sera prépondérant pour un propriétaire nonexploitant, tandis que pour un agriculteur, les terres correspondent à son outil de travail. La Beauce yvelinoise a longtemps présenté une remarquable stabilité de ses surfaces et de ses structures. Elle n’a perdu que 200 ha sur 49 500 ha entre 1988 et 2000. Cependant, elle a perdu 24 % de ses exploitations sur la même période.
Les cultures La Beauce est la première région productrice de céréales en Europe. Les rendements y sont très bons : 75 quintaux de blé à l’hectare grâce aux sol limoneux d’une grande qualité. Dans la Beauce yvelinoise, le sol est constitué d’un limon argilo-siliceux (20 % d’argile) décalcifié, assez lourd, dont l’épaisseur varie de 20 cm à 4 m. Par endroits affleure le calcaire de Beauce qui compose le sous-sol et assure une grande perméabilité. L’eau existe en nappes à une profondeur excédant 90 m. C’est pourquoi son utilisation exige des investissements importants. Un certain nombre d’agriculteurs ont cependant réalisé des forages après la sécheresse de 1976 et davantage encore après celles de 1990 et 1992, qui ont occasionné des chutes de rendement importantes. Les exploitants « irrigants » sont confrontés au problème de la disponibilité et donc au coût de la ressource en eau, la nappe de Beauce ayant sensiblement baissé au cours des années de sécheresse. Les « irrigants » n’en restent pas moins très minoritaires et comprennent mal qu’on veuille leur imposer les mêmes restrictions d’irrigation que dans les départements voisins où les cultures irriguées ont connu un développement considérable. Les « non-irrigants », quant à eux, sont vulnérables à la sécheresse sur une partie importante de la Beauce. Sur le plateau d’Ablis, un tiers des parcelles sont irriguées.
Les céréales représentent 65 % de la Surface Agricole Utile (Chambre d’Agriculture, 2000), les autres cultures majeures sont la betterave et le colza. La pomme de terre sous contrat (vente à des industriels, à des grossistes ou commercialisation par l’intermédiaire de groupements de producteurs) s’est développée récemment, sur des surfaces de l’ordre de quelques centaines d’hectares. La situation agricole reste dans l’ensemble plutôt favorable grâce à la qualité des sols et à la forme des exploitations et des moyens de commercialisation en grande culture. Cependant, la Beauce avec ses hauts rendements n’est pas à l’abri d’un contexte économique défavorable. Son orientation céréalière marquée la rend très sensible aux variations du cours du blé. De plus, depuis la réforme de la PAC de 2003, les revirements qui s’opèrent sur les marchés céréaliers mondiaux ont un impact de plus en plus fort sur les revenus des exploitations agricoles. Cette volatilité des cours mondiaux devient plus fréquente qu’auparavant. Le développement du stockage de grain à la ferme et d’outils de gestion des risques sont devenus nécessaires, ainsi que la diversification les types de cultures pour sécuriser le revenu : oléagineux (surface de colza multipliées par 1,6 sur douze ans), pommes de terre et légumes de plein champs sous contrat.
calendrier des cultures principales du plateau JAN
FÉV
MARS
AVR
MAI
JUIN
JUIL
AOÛT
SEPT
OCT
NOV
DÉC
Blé tendre Colza Betterave sucrière Récolte
Semis
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Les agglomérats bâtis Dans ce territoire au paysage agricole dominant et au relief limité, les îlots bâtis ont une grande importance car ils sont des points de repère sur l’horizon. Leur implantation est liée, comme nous l’avons vu précédemment, à la présence diffuse des corps de ferme sur le plateau. Cependant, il faut distinguer Ablis des communes rurales. En effet, comme nous allons le voir, cette petite ville de 3 000 habitants a connu un développement bien plus important que les bourgs au sud. Cette croissance rapide a pris la forme de quartiers d’habitat individuel qui s’étendent à l’extérieur du bourg ancien, sur des terres agricoles. Nous sommes ici face au phénomène d’étalement urbain qui touche tous les agglomérats bâtis de France.
Le cas d'Ablis Ablis est implantée en bordure du plateau, à l’époque de la Gaulle celtique, par une tribu appartenant aux Carnutes (originaires de Chartres). Elle était déjà située à un carrefour majeur entre la route d’Auneau et de Gallardon. Au Moyen âge, puis pendant l’Ancien Régime, le village se développe autour de l’église et des fermes selon un axe majeur et central correspondant à la route ParisChartres, voie d’intérêt économique et militaire. Au XVIIe siècle, le bourg sera entouré de remparts et de fossés, encore visibles dans le tracé des rues actuelles. L’extension de l’agglomérat bâti se ferra vers le nord et le sud à partir du XIXe siècle (abandonnant le développement linéaire, le long de l’axe central du bourg, l’actuelle rue Pierre Trouvé) et c’est à partir de 1960 que les lotissements viendront progressivement entourer le bourg ancien. Aujourd’hui, de nouveaux quartiers d’habitats continuent d’être construits au sud, vers le plateau agricole et sur les terres cultivées. Ces nouvelles parties de ville représentent une offre
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
de logement importante, mais proposent peu d’autres usages que celui de l’habitat. Ces quartiers sont donc généralement en voie de « dortoirisation », car les maisons ne sont occupées qu’en soirée ou les weekends, les habitants ne travaillant pas sur place. De plus, dans un soin de « limiter » au maximum l’étalement urbain, ces quartiers sont aujourd’hui construits avec une densité plus importante que les constructions des années 1960-1990. En effet, la surface des jardins est réduite et les maisons sont majoritairement mitoyennes. Chaque portion de ville offre la possibilité de nouvelles extensions en laissant de potentiels axes de circulations libres vers l’extérieur (actuellement en impasses). Cette densité semble intéressante car elle optimise l’espace dédié à la de production de logement. Cependant, dans le cas d’Ablis, ces quartiers denses viennent entourer le bourg plus ancien, créant une rupture et une couronne nette avec l’extérieur. Nous parlerons de manière plus précise de ces franges dans la suite du mémoire.
Gaulle celtique
Moyen âge
Ancien Régime
XVIIe siècle
1946
1960
1976
1987
2003
2010
Ablis, la tache d'huile en bordure du plateau Zones de potentiel à bâtir (selon le PLU)
Centre ancien Espaces publics Zones d’activités Habitat collectif
Autoroute A11
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
Habitat pavillonaire
rurbanisation
Attractivité
Entre la ville et la campagne, les territoires proches des zones urbaines connaissent depuis quelques années des transformations et évolutions liées notamment à leur proximité avec les villes et à leurs espaces ruraux. On remarque, en effet, un phénomène de rurbanisation important, c’est-à-dire que les urbains décident de quitter la ville pour aller vivre à la campagne, pour des raisons financières, mais également pour changer de cadre de vie. Cette nouvelle population vient donc cohabiter avec les habitants « natifs » des espaces ruraux n’ayant pas les mêmes modes de fonctionnement. Ces « rurbains » souhaitent vivre à la campagne en conservant le confort de vie et de services qu’ils avaient à la ville (activités variées, loisirs, télécommunications développées...). Les espaces ruraux se trouvent donc dans une contradiction nouvelle qui est celle d’accueillir convenablement ces populations tout en gardant son identité propre de campagne, qui correspond à son attractivité.
Dans le secteur de la CAPY, le phénomène de rurbanisation est lisible à l’échelle du SCoT, car les communes d’Ablis, Orsonville, Paray-Douaville et Boinville-le-Gaillard font partie des cinq communes ayant plus de 30 % de moins de 20 ans dans leur population. Ces bourgs attirent donc les jeunes ménages avec enfants, car il s’agit du secteur le moins onéreux des Yvelines. L’accession à la propriété y est donc favorisée. Bien que l’on puisse penser que cette attractivité fasse augmenter significativement le nombre d’habitants du secteur, ce n’est pas le cas actuellement malgré de fortes évolutions dans le passé. En effet, la plupart des communes ont vu le nombre d’habitants augmenté considérablement à la fin du XXe siècle : - entre 1975 et 2000 : + 30 % à Ablis ; - entre 1975 et 1982 : + 60 % à Boinville-le-Gaillard ; - entre 1982 et 1990 : + 50 % à Allainville ; - entre 1999 et 2010 : + 40 % à Orsonville et + 50% à Paray-Douaville. Ces phases de croissances sont généralement liées à la construction de nouveaux quartiers sous forme de lotissements. Cependant, dans le cas d’Ablis, malgré les quartiers récents qui ont accueilli de nombreux ménages (particulièrement depuis 2010), la population stagne. En effet, ce phénomène est lié aux phases de construction : les lotissements implantés dans les années 1980-1990, ont permis l’installation à l’époque de nombreux ménages dont les enfants sont majoritairement partis aujourd’hui (études, travail...). Les maisons où vivaient avant parents et un ou plusieurs enfants, se retrouvent avec seulement un ou deux habitants. Les quartiers récemment construits connaîtront sans doute le même phénomène d’ici une vingtaine d’années.
Un territoire aux multiples visages
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Étalement urbain
Les bourgs ruraux
Depuis l’après-guerre, l’ensemble des agglomérations françaises ont été touchées par un phénomène généralisé : l’étalement urbain. Ce phénomène est lié à l’accroissement progressif des aires urbaines avec une dissociation des lieux de vie entre centre-ville et périphéries. Il peut se lire comme un cas particulier du processus d’urbanisation qui semble peu durable, car il crée une ségrégation de la population et également une utilisation abusive de l’espace. En effet, le phénomène de métropolisation (une concentration de plus en plus accentuée de la population dans les grandes villes) favorise le développement d’activités dans les centres urbains (emplois, commerces, services et loisirs). L’accumulation des constructions s’étend autour de ces centres urbains, créant des typologies urbaines différenciées (zones d’activités, zones d’habitat…). Les quartiers périphériques qui étaient alors situés en dehors des villes pour des raisons de promotion immobilière et de catégories socio-professionnels se retrouvent ainsi engloutis dans les aires urbaines. Les espaces ruraux deviennent alors de « nouveaux espaces périphériques » puisqu’ils viennent subir des dynamiques de développement lié à une proximité de l’aire urbaine. Les périphéries urbaines ont pour caractéristiques d’offrir à la fois une qualité de vie (paysage, nature à proximité) mais également une liberté d’extension par des espaces moins contraints, favorisant la consommation d’espace. C’est pourquoi la réglementation doit permettre de limiter cette consommation comme c’est le cas avec la loi pour l’Accès au Logement et un Urbanisme Rénové (ALUR, 2014) favorisant la densité des espaces bâtis (notamment avec la suppression du COS, Coefficient d’Occupation des Sols).
Ablis s’est développée de manière rapide par la construction de lotissements successifs, mais les bourgs ruraux du plateau n’ont pas connu la même intensité d’extension. Cependant, plusieurs « morceaux » d’agglomérats ont été construits entre les années 1970 et 1990. Ces petites extensions plus ou moins progressives ont pris la forme de zones pavillonnaires où chaque parcelle est délimitée souvent de manière frontale (haie haute, palissade...) et où la maison est régulièrement située en milieu de parcelle. Cette manière de construire engendre une perte d’espace puisqu’elle crée des vides entre chaque bâtiment qui sont rarement utilisés comme lieux de vie. De plus, l’espace public ne correspond plus qu’à une voie de desserte entre les différentes parcelles.
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Ces nouvelles constructions sont souvent en discordance avec les anciens bourgs centraux, où l’espace public est délimité par des murs de pierre, des portails d’entrée dans l’espace privé mais est également rythmé par des espaces ouverts entre les bâtiments : petites placettes, légers retraits de maison qui permet l’implantation de végétation, venelles... Chaque bourg rural est donc constitué de son centre ancien avec l’église et la place centrale, les fermes historiques et les demeures anciennes ainsi que les services proposés dans la commune (mairie, parfois école, crèche...). Dans un second temps, on observe une couronne pavillonnaire soit dans la continuité du bâti et des axes structurants du bourg, soit de manière extérieure au bourg par la création de voies de dessertes externes (dans le cas des lotissements).
Boinville-le-Gaillard, bourg rural de plateau Zones de potentiel à bâtir
Centre ancien
Hangars agricoles
Habitat pavillonaire
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carte des typologies d'agglomérats bâtis
1 km
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typologies des formes bâties 1
Agglomérats de fond de vallée > Liés à la topographie > Développement limité par les contraintes géomorphologiques
2
Agglomérats de plateau
Les villages-rues > Gardent une forme liée aux axes de déplacements > Développement lent
Les bourgs concentriques > Développement rapide sans contrainte de terrain > Tendance à se déconnecter du paysage
En observant les différentes formes des agglomérats bâtis, on remarque qu’il se dégage trois formes majeures, liées à leur implantation et aux dynamiques de développement. Tout d’abord, on peut distinguer les agglomérats de fond de vallée. Ils s’étirent et s’allongent le long des vallons en suivant la topographie. Leurs développements et extensions sont limités par les contraintes géomorphologiques ainsi que par les espaces naturels (notamment les ZNIEFF, comme le Bois de Sainte-Mesme accolé à la Forêt de Dourdan). En remontant sur le plateau, on observe deux types d’agglomérats bâtis : - les villages-rues qui s’accrochent à des axes de circulation notamment la nationale. On peut remarquer que ces bourgs sont majoritairement orientés nordsud. Ils ont gardé cette forme allongée, car ils n’ont pas subi un développement rapide. Un étirement le long de l’axe principal est le plus souvent la manière d’étendre le bourg. - et enfin les bourgs concentriques, comprenant Ablis et Boinville-le-Gaillard, ont une forme liée à un développement assez rapide des agglomérats bâtis et ont tendance, de mon point de vue, à se déconnecter du paysage qui les entourent. Il viennent créer des îlots refermés sur eux-mêmes. Cette analyse des formes urbaines permet donc de dégager la typologie qui me semble la plus pertinente de travailler, les bourgs concentriques, car ce sont eux qui doivent retrouver un lien avec le paysage qui les entoure. C’est pourquoi, dans la suite du mémoire, nous traiterons majoritairement d’Ablis et de Boinville-leGaillard, ville et bourgs aux formes concentriques.
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Mutations politiques Depuis plusieurs années, l’administration française évolue et tente de se simplifier. Les Etablissements Publics de Coopération Intercommunale fusionnent pour favoriser une mutualisation des moyens et des services. La CAPY subit cette dynamique car, en tant que petit EPCI, son statut n’était pas viable dans cette dynamique nationale.
La communauté de communes Contrée d’Ablis-Porte d’Yvelines a été créée en 2003. Elle se compose de 8 communes : Ablis, Allainville, Boinville-le-Gaillard, Orsonville, Paray-Douaville, Prunay-en-Yvelines, SaintMartin-de-Bréthencourt, Sainte-Mesme. Elle est présidée par Jean-Louis Barth, maire d’Ablis. En 2014, la CAPY comptait 7 398 habitants. Cependant, depuis la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République), du 7 août 2015, le seuil pour rester en communauté de communes est passé à 15 000 habitants. La CAPY n’atteignant pas ce seuil et ne faisant pas partie des exceptions liées à la densité (en effet, seulement 3 communes de la CAPY étaient en dessous du seuil de densité) a été obligée de fusionner avec la communauté d’agglomération de Rambouillet Territoires au 1er janvier 2017. Cette fusion a connu quelques débats ces dernières années puisque le président de la CAPY, Jean-Louis Barth, a mis en œuvre plusieurs tentatives pour agrandir la communauté de communes, notamment avec St-Arnoult-en-Yvelines.
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
Extrait d’un article du 10 décembre 2015 dans 78actu (journal local) « “ La CAPY est morte au 31 décembre 2016, annonce complètement désabusé le maire d’Ablis et président de la communauté de communes Jean-Louis Barth. Nous n’avons pas les 15 000 habitants nécessaires pour nous maintenir. Et tous nos efforts depuis dixhuit mois pour élargir la CAPY ont échoué. ” [...] Aujourd’hui, pour Jean-Louis Barth se pose la question de la reprise des compétences par la communauté d’agglomération Rambouillet Territoires. La CAPY avait notamment pris à sa charge la gestion des écoles, de la restauration scolaire, de l’assainissement ou encore de l’aide au maintien à domicile des personnes âgées. Des compétences non assumées par Rambouillet Territoires et que son président Jean-Frédéric Poisson ne compte pas ajouter à ses compétences. [...] Le maire n’oublie pas non plus qu’en intégrant Rambouillet Territoires, sa ville va devoir construire 225 à 250 logements sociaux pour être en adéquation avec la loi SRU qui impose 25 % de
CAPY
1er Janvier 2017
Rambouillet territoires
8 communes 6 196 habitants 126,4 km²
36 communes 80 000 habitants 629,5 km²
Un paysage de plateau agricole
Une diversité de paysages (plateaux, vallées, forêt de Rambouillet, PNR de la Haute Vallée de Chevreuse)
logements sociaux dans les grandes communautés d’agglomération. “ Je vais donc demander une compensation de 350 000 euros par an qui correspond au développement économique de ma commune pendant les années où nous mettions en commun nos recettes des taxes professionnelles, au profit de toute la Capy ”, annonce l’élu. Et d’ajouter “ J’avais une ambition pour ce territoire : apporter à l’ensemble des communes des services améliorés comme le Centre intercommunal d’action sociale ou la réfection des écoles. Je voulais que les
enfants aient les mêmes conditions de scolarisation, du bon matériel, des cantines aux normes. Aujourd’hui, l’ensemble du réseau d’assainissement est au top dans les communes, grâce à la solidarité. Je crois à la proximité.” » La communauté d’agglomération de Rambouillet Territoire compte aujourd’hui 36 communes. Une gestion à grande échelle qui inquiète certains élus de l’ancienne CAPY, se sentant dépossédés de leur territoire.
synthèse Au cœur de ce plateau se rencontrent différentes composantes. D’une part un patrimoine et des activités agricoles qui, malgré de nombreuses évolutions, véhiculent une identité rurale ancrée dans l’histoire du site ; et d’autre part, un développement parfois rapide des agglomérats bâtis avec des typologies de formes et de logements périurbains. Le territoire est partagé entre deux identités qui s’expriment spatialement de manière différentes.
constats > Une agriculture intensive ancrée dans l’histoire des communes > Un patrimoine architectural et paysager propre à cette ruralité > Un développement urbain rapide et des agglomérats bâtis qui se décrochent du socle, se refermant sur eux-mêmes > Des communes en voie de périurbanisation et de « dortoirisation »
enjeux Trouver une cohabitation entre identité rurale et périurbaine à l’échelle du plateau > Construire de manière diversifiée et cohérente avec le paysage et l’identité locale > Assumer l’identité actuelle, ne pas renier ce qui a été construit (notamment pour Ablis) > Créer un cadre de vie alliant usages habitants et usages agricoles
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
Entre agglomÊrats bâtis et espaces de cultures
Franges Les franges entre agglomérats bâtis et espaces de cultures sont des éléments forts de ce paysage. En effet, comme nous l’avons vu au début de ce mémoire, les îlots bâtis sont les rares éléments qui émergent de la ligne d’horizon et leur transition avec les espaces ouverts est donc lisible à grande distance. C’est pourquoi le travail des franges doit être réfléchi en fonction de la relation spatiale que l’on souhaite établir entre espaces de culture, support de l’identité agricole du site, et les espaces habités, se tournant de plus en plus vers une identité périurbaine.
différents degrés de rupture Au regard de la ville d’Ablis, nous pouvons analyser plusieurs typologies de franges qui créent chacune une ambiance et une relation différente au paysage qui l’entoure. Tout d’abord, les franges qui correspondent à ce qu’on pourrait appeler des « murs verts », car ils s’apparentent généralement à des haies taillées (thuya, laurier palme, etc.) ou des palissades. Elles créent une rupture nette et frontale avec les champs. On les observe majoritairement au sud d’Ablis, en direction du plateau agricole. Elles correspondent aux quartiers les plus récents. En effet, de par la densité énoncée précédemment, les parcelles sont réduites et les jardins de plus petite taille. La végétation y est donc moins importante et n’a pas encore eu le temps de se développer (il n’y a, par exemple, presque aucun d’arbre). De plus, ces quartiers sont construits de manière à permettre l’extension future de la ville (axes de circulation prévus...). Ces franges sont donc souvent temporaires et ne constituent pas une transition douce avec l’extérieur.
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
Deuxièmement, on trouve les pavillonnaires plus anciens avec également des haies denses mais une végétation de jardin qui commence à se développer et qui vient donner de l’épaisseur même si le bâti reste encore très visible depuis l’extérieur, avec ses couleurs claires qui ressortent dans le paysage. Enfin, la troisième typologie de frange correspond au pavillonnaire le plus ancien. Celle-ci est plus épaisse et plus douce, car la végétation a déjà pris toute sa forme. Cette végétation permet de créer un jeu de cachecache dès qu’on se déplace, proposant des variations contrairement à l’aspect très homogène de la première typologie frange. De manière générale, les franges sont aussi appuyées de différentes percées dans le tissu bâti, qui correspondent à des fenêtres vers le plateau agricole qui peuvent être physiques lorsqu’il s’agit d’axes de circulation ou juste visuelles lorsqu’il s’agit d’ouvertures entre deux maisons.
1
3
2
3
2
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200 m
Entre agglomÊrats bâtis et espaces de cultures
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3 Entre agglomÊrats bâtis et espaces de cultures
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Dans le cas du bourg de Boinville-leGaillard, on retrouve les trois même typologies de frange. Cependant, Boinvillele-Gaillard ne s’est pas construit en prévoyant de s’étendre : les axes de circulation rejoignent le réseau viaire extérieur.
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2
3 Entre agglomÊrats bâtis et espaces de cultures
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chemins ruraux D’un côté les agglomérats bâtis et de l’autre les espaces cultivés ; ces entités sont reliées par les axes de circulation qui les traversent. De la nationale aux sentiers, on trouve une hiérarchie de voies. Intéressons-nous aux chemins ruraux qui sillonnent le plateau et qui relient les agglomérats bâtis à l’échelle humaine que nous étudions.
Les parcelles agricoles qui jouxtent les agglomérats bâtis ont été transformées au cours du siècle dernier par un remembrement progressif. L’agrandissement des parcelles a effacé et simplifié le réseau de sentes qui arpentait le plateau d’Ablis. Cependant, bien que plus grandes, les parcelles sont encore délimitées par des chemins ruraux devenus souvent rectilignes. Ils permettent aux machines agricoles de se déplacer de culture en culture en minimisant leur impact sur le réseau routier principal. Ces chemins ruraux sont propriété des communes, ils permettent de compléter les chemins d’exploitation appartenant aux agriculteurs. Ces voies peuvent être recouvertes d’enrobé ou en terre. Elles traversent le plateau et relient les sièges exploitations aux champs, mais également les bourgs entre eux, sous forme de réseau secondaire. Il n’est pas rare de voir des habitants les utiliser comme parcours de promenade, tout en veillant à ne pas déranger les exploitants. D’autre part, ces axes sont les rares supports de végétation en dehors des agglomérats bâtis : les talus, les fossés et parfois les haies accueillent une biodiversité qui n’est pas négligeable dans cette étendue de parcelles agricoles.
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
Cadastre napoléonien et cadastre actuel de la commune de Boinville-le-Gaillard
les différents quartiers Nous l’avons vu précédemment, les agglomérats bâtis se sont construits de manière progressive selon différents types de constructions et de répartition. Ces quartiers influencent la perception du paysage bâti depuis l’extérieur, mais offrent également, depuis l’intérieur, différentes vues sur le plateau agricole. Dans les pages suivantes, nous observerons comment fonctionne chaque entité bâtie qui compose Ablis et le bourg de Boinville-le-Gaillard. Cette analyse permettra de dégager les différentes ambiances internes aux agglomérats bâtis qui expliquent également les franges que nous avons vues précédemment.
Ablis - Coeur du bourg Le centre ancien d’Ablis est le quartier où les traces du passé rural de la commune sont les plus présentes, notamment par la présence de corps de ferme le long de l’axe principale (la rue Pierre Trouvé). On peut également observer un patrimoine religieux comme l’église et le prieuré. La plupart des bâtiments sont construits en pierre et forment un front bâti continu le long des rues alternant entre logements individuels groupés et petits collectifs. Ce quartier est assez dense bien que les hauteurs des bâtiments ne dépassent pas les R+2 (+ combles). Les commerces se situent en rez-de-chaussée, donnant directement sur les rues étroites ou sur les petites placettes qui ponctuent l’espace public. Largeur de la voirie (façade à façade) : 8 m Surface des parcelles : moins de 100 m² à 600 m² Surface des habitations au sol : 50 m² à 130 m²
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
Ablis - Quartiers pavillonnaires de la fin du XXe Ces quartiers qui entourent le cœur du bourg sont caractérisés par une homogénéisation du bâti et du système parcellaire qui se répète le long des axes de circulation. Les maisons sont implantées en milieu de parcelle favorisant une perte d’espace de jardin. Les matériaux sont généralement identiques sur la totalité de l’axe circulant. La place de la voiture est importante, car les bateaux au droit des entrées de garage, ainsi que les places de stationnement, utilisent une majorité de l’espace public. Cette typologie de quartier est caractéristique de l’étalement urbain et de la périphérie, car l’utilisation de l’espace y est considérable et ces extensions se sont faites sur des terres agricoles. Largeur de la voirie (entre les limites parcellaires) : 10 m à 15 m Surface des parcelles : 400 m² à 600 m² (voire 800 m² dans les quartiers les plus anciens) Surface des habitations au sol : 80 à 150 m²
Entre agglomérats bâtis et espaces de cultures
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Ablis - Quartiers pavillonnaires contemporains Contrairement au pavillonnaire du XXe siècle, ces îlots ont été pensés en regroupant les maisons en petits lots de deux ou trois bâtiments. Les îlots sont souvent construits suivant le même modèle, mais les matériaux et formes varient en fonction des différents lotissements. L’effort de densité et d’esthétique (variations des couleurs, retraits entre les façades pour créer de l’intimité...) est à noter. On peut également remarquer que certaines maisons sont équipées de panneaux solaires permettant aux ménages d’optimiser leurs dépenses énergétiques, dans un souci de développement durable. Cependant, la place de la voiture reste prépondérante dans l’espace public puisque chaque habitation a en général deux places de stationnement face à sa maison. Ces quartiers sont situés en bordure de ville, ce qui crée une rupture forte avec le paysage extérieur par leur importante densité.
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
Largeur de la voirie (entre les limites parcellaires) : 10 m en moyenne Surface des parcelles : 200 m² à 500 m² Surface des habitations au sol : 40 m² à 90m²
Entre agglomÊrats bâtis et espaces de cultures
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Ablis - Zones d'activités Bien que ce ne soient pas des quartiers d’habitation, les zones d’activité ont une place importante dans le développement d’Ablis. Situées au nord des quartiers d’habitation, elles s’accrochent aux axes de développement majeurs (l’autoroute A11 et la nationale 10). Elles sont composées de bâtiments industriels de taille plus ou moins grande. Les plus importants sont plutôt situés dans la zone à la sortie de l’autoroute. Les axes de circulation restent fonctionnels, seul le déplacement en véhicule motorisé est facilité. Surface des bâtiments au sol : 180 m² à 2,5 ha Largeur de voirie : 12 m
Ci-contre : Le cadastre dAblis
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
Entre agglomÊrats bâtis et espaces de cultures
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Boinville-le-gaillard - coeur de bourg Comme nous l’avons vu précédemment, les bourgs ruraux sont composés d’un cœur où se trouvent les bâtiments historiques : fermes à cour carrée, église, maisons en pierre. Dans le bourg de Boinville-le-Gaillard, on retrouve également ces bâtiments qui s’organisent sur un axe principal où les façades de pierre viennent appuyer la délimitation de l’espace public en alternance avec des murets et des grilles. La place centrale du bourg est le point de rencontre des services publics de la commune (mairie, garderie, école, salle des fêtes...).
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
boinville-le-Gaillard - pavillonnaire Comme pour Ablis, le pavillonnaire vient créer une ceinture autour du centre-bourg. Au sud, les parcelles sont de grande taille, entre 1 500 et 3000 m², et plus étroites à l’est et à l’ouest, entre 500 et 1500 m². Les maisons sont implantées en milieu de parcelle, mais au vu de la taille de celles-ci, les jardins sont généralement riches d’une végétation développée offrant une certaine intimité.
Boinville-le-Gaillard - lotissement Au nord de Boinville-le-Gaillard, on observe l’implantation d’un lotissement par la construction d’une impasse qui vient dédoubler le tissu bâti plus ancien. Les parcelles sont plus petites que dans le reste du bourg : entre 500 et 800 m². Les maisons, positionnées en milieu de parcelle, possèdent peu d’intimité. On peut également remarquer une grande perte d’espace entre les bâtiments (espace de 2 à 3 m, généralement non exploités par les habitants). Des zones de stationnement mutualisé sont prévues dans l’espace public, mais de nombreuses maisons possèdent leur parking individuel, multipliant les bâteaux sur les trottoirs.
Entre agglomérats bâtis et espaces de cultures
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boinville-le-Gaillard - hangars agricoles En bordure du bourg, on trouve plusieurs hangars agricoles, accolés aux chemins ruraux qui traversent l’étendue des champs. Ces bâtiments de grande taille se font discrets dans l’agglomérat bâti, car ils ne se trouvent qu’en « deuxième couronne » et qu’aucun axe majeur n’y accède. Cependant, leur taille est imposante (environ 1 000 m²) et ils fonctionnent autour de cours dans lesquelles circulent les machines. Ci-contre : Le cadastre de Boinville-le-Gaillard On peut observer la différence de tailles de parcelles sur l’ensemble de la commune et selon les quartiers. Notamment au sud où les parcelles sont les plus grandes. La position des bâtiments varient également selon les espaces : majoritairement accolés en centre bourg et en milieu de parcelle pour les espaces pavillonnaires.
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
Entre agglomÊrats bâtis et espaces de cultures
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Usages et pratiques Jusqu’ici, nous avons parlé d’éléments physiques qui forment des entre-deux entre espaces bâtis et espaces cultivés. Cependant au-delà des formes et des franges, le monde habitant et le monde agricole ont des usages et des pratiques qui divergent.
En effet, les agglomérats bâtis sont majoritairement des lieux d’habitations composés en grande partie de maisons individuelles. Ce sont des endroits où les habitants vivent au quotidien, mais comme la plupart ne travaillent pas sur place, ces lieux ne sont réellement animés qu’en soirée et le week-end. Le phénomène de « dortoirisation » est de plus en plus présent. Ces espaces sont donc liés à des usages de loisirs et de détente. Par ailleurs, comme nous l’avons vu précédemment, des « rurbains » viennent s’installer dans la région pour accéder à la propriété et ceux-ci n’ont pas le même mode de vie que les « ruraux ». Un besoin d’accéder à des nombreux services et un manque de compréhension du monde agricole se fait de plus en plus ressentir. En effet, le monde rural du plateau d’Ablis est lié aux pratiques agricoles,
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
ce sont donc des espaces de travail. Le rythme de travail d’un agriculteur est lié à celui de sa culture : pendant les périodes de moisson ou de semis, il n’est pas rare de voir les machines jusqu’à tard dans la nuit. De plus, les traitements nécessaires impactent le milieu environnant (nuisances olfactives, sonores...). Malgré une attention grandissante des agriculteurs, notamment en période de fort vent, ces conflits d’usages peuvent créer des tensions et des différents avec les habitants. Créer du lien entre ces deux mondes est essentiel. C’est par une compréhension de l’autre que la cohabitation et le vivre-ensemble sont rendus possible. La chambre d’agriculture travaille d’ailleurs dans ce sens, en faisant des interventions dans les écoles.
Espaces agricole
agglomérats bâtis
> Espace de culture
> Espace de vie
> Production
> Repos et détente
> Travail
> Loisirs
> Activité en journée ou de nuit en période exceptionnelle
> Activité en soirée et le week-end
(semis, moisson...)
> De plus en plus de néoruraux
> Agriculteurs majoritairement natifs
des choix témoins de rupture La rencontre et l’opposition des deux mondes, habitant et agricole, sont liés à la transformation de ce territoire depuis plusieurs années. La position stratégique du site et l’arrivée de nouveaux habitants doivent inciter les élus à réfléchir à un projet de territoire prenant en compte ces paramètres. Ces communes doivent également tenir compte des décisions prises à plus grande échelle : département, région, État...
Le cas d'Ablis Depuis la loi Solidarité et Renouvellement Urbains (SRU) en 2000, les Plans d’Occupation des Sols (POS), ont été transformés en Plan Locaux d’Urbanisme (PLU). Cette loi a pour vocation de créer des documents stratégiques et opérationnels de planification de l’urbanisme aussi bien à l’échelon communal qu’intercommunal en englobant non plus la simple maîtrise foncière, mais en introduisant la notion de développement durable et de concertation. Le PLU doit refléter un véritable projet urbain d’aménagement tout en étant conforme à la hiérarchie des normes en matière d’urbanisme. Pour favoriser ce passage au PLU, la loi ALUR (2014) a rendu les POS caducs au 31 décembre 2015. Le PLU d’Ablis a donc été établi en 2015 et les communes au sud, sur le plateau agricole, sont en cours d’élaboration de PLU. Au regard du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) d’Ablis, on remarque que la volonté générale de la commune est de continuer l’extension de l’agglomérat bâti, en persistant l’agrandissement en tache d’huile, plus particulièrement vers le sud et le plateau agricole. L’extension des zones d’activités est aussi prévue (comme nous l’avons vu, à l’échelle du SCoT) au nord de l’autoroute A11 pour 86
Volet II : Territoire de l’entre-deux
renforcer le pôle économique existant. On remarque donc une tendance à la sectorisation des usages, malgré une volonté d’aménager des pôles d’équipements (majoritairement sportifs) à proximité des futurs quartiers d’habitation. Ces derniers viendront occuper l’espace entre le front bâti actuel et la route qui contourne la ville au sud. Les travaux sont actuellement en cours. Pour l’espace situé à l’ouest de la ville, aucun projet n’est encore réalisé, puisque des fouilles archéologiques doivent être mises en œuvre avant tout travaux. Il n’y a pour l’instant aucun aménageur souhaitant réaliser l’opération. Ces nouveaux quartiers ouest (320 logements) et sud (150 logements) seront entourés de ce que la commune a appelé un « rempart vert » dans son PADD, qui correspondrait à une « promenade plantée ». Actuellement, ce rempart a la forme d’un talus de 2 m de haut, permettant de protéger de la route, mais hélas également de cacher la vue sur le plateau agricole et ses horizons. D’une certaine manière, la ville se referme sur elle-même.
Photographie ci-contre : Le talus au sud d’Ablis
ZA existante
A11
N10
ZA en projet
Dynamique de développement
ABLIS Centre-bourg
Extensions futures
rt Rempart ve
Les grandes orientations du PADD d’Ablis
Projet en cours de réalisation au sud d’Ablis (source TEPAC)
N191
Le Bréausans-Nappe
vers
Bretonville
s
Abli
Boinville-le-Gaillard
Zone d’activités 100 ha en projet
Zones d’extensions prévues
s rée fer s e Voi
Les grandes orientations du futur PADD de Boinville-le-Gaillard
Zones d’extensions dans le bourg de Boinville-le-Gaillard
réflexions en cours à boinville-le-gaillard Dans le cas de Boinville-le-Gaillard, la commune est l’une des rares communes rurales du plateau à avoir la possibilité d’étendre son nombre de logements au regard du SCoT. En effet, le Document d’Orientation et d’Objectifs (DOO) prévoit une extension de 50 logements potentiels permettant une croissance annuelle de 2,4 % d’habitants sur 10 ans. Tandis que dans les autres communes rurales du plateau, le développement prévu reste limité : Orsonville, 0 logements supplémentaires (uniquement de la densification dans le centre-bourg) ; Allainville, 20 logements ; Paray-Douaville, entre 10 et 50 logements. Deux espaces sont prévus dans l’extension du bourg de Boinville. On observe que ces deux zones viennent combler la forme concentrique de l’agglomérat bâti. Il est donc nécessaire de penser ces futurs espaces d’habitation en transition avec les champs pour ne pas refermer sur lui même le bourg de Boinville. Le PLU étant en cours de réalisation, nous ne pouvons pas encore prendre en compte les futures Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP), qui sont à l’état d’ébauche. D’autre part, la commune de Boinville va également connaître un changement considérable lié à l’extension
de la zone d’activités du petit Orme située entre la commune de Paray-Douaville et Boinville. Cette zone de 100 ha prévue dans le Schéma Directeur Régional de l’île-de-France (SDRIF) et dans le SCoT doit également être pensée spatialement en amont de toute implantation. Ce projet pharaonique par rapport à la taille des bourgs qui parsèment le plateau agricole va transformer le paysage de la commune et les vis-à-vis risquent d’être important depuis le bourg de Boinville-le-Gaillard. La réflexion proposée par l’agence d’urbanisme pendant les phases de réalisation du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) est de procéder par séquençage. Un PLU étant élaboré pour une durée de 10 ans, la construction de 100 ha sur cette période semble quelque peu exagérée. Cependant, ce sujet prête à débat, car certains élus considèrent que cette ZA est une chance économique pour le territoire et qu’il se doit d’être ambitieux afin que les entreprises soient attirées dans la région. Le plateau en limite d’île-deFrance est en concurrence directe avec l’Eure-et-Loire, où les subventions pour les zones d’activités sont plus importante, favorisant l’implantation des entreprises dans ce département.
Photo ci-contre : zone de potentielle extension au nord de Boinville-le-Gaillard, véritable fenêtre sur les champs
Entre agglomérats bâtis et espaces de cultures
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synthèse Les franges sont l’endroit où la rupture s’exprime de manière spatiale entre agglomérats bâtis et espaces de culture, sur le plateau d’Ablis. Cependant, elles sont aussi le lieu de rencontre de ces espaces. Expression même de la perception que l’on a des îlots bâtis sur l’horizon, elles doivent être traitées en fonction de la silhouette des bourgs que l’on souhaite mettre en avant. à l’intérieur, les quartiers forment des secteurs bien définis uniquement liés par les axes routiers ou secondaires.
constats > Une rupture de plus en plus forte entre habitat et paysage agricole > Une rupture qui s’accentue aussi dans les pratiques et les usages > Des dynamiques d’aménagement qui accentuent cette rupture
enjeux Créer des relations entre entités bâties et agricoles > Travailler l’épaisseur entre ville et champs en réfléchissant à des variations de densité et de visibilité des entités > Créer des espaces de rencontre entre le monde agricole et le monde habitant > Favoriser les liaisons spatiales et varier les pratiques des lieux
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
Et Les habitants ?
Qui sont-ils ? Depuis le début de ce mémoire, nous avons observer de nombreux entre-deux à différentes échelles. Nous allons voir comment ces entre-deux spatiaux se répercutent à l’échelle humaine.
Ablis à Ablis, la population est assez jeune, notamment grâce à l’arrivée de jeunes ménages, avec enfants, souhaitant accéder à la propriété. Cependant la tranche d’âge 15-29 ans est moins représentée, en raison du départ du foyer familiale à l’âge du lycée ou des études supérieures (qui ne sont pas proposées dans ce secteur). Il y a cependant une école maternelle (8 classes) et élémentaire (12 classes) à Ablis. Pour le collège, les enfants sont redirigés à St-Arnoult-enYvelines et à Rambouillet. Cependant, vu l’évolution du nombre de logement dans la commune, un emplacement a été conservé en bordure du plateau agricole pour la construction potentielle d’un collège intercommunal. De manière générale, on peut observer un vieillissement de la population bien qu’elle reste très jeune. Cette évolution est liée aux différentes phases de construction de la ville. Les pavillons qui avaient accueillis de jeunes ménages à la fin du XXe siècle, sont
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
aujourd’hui occupés par des couples plus âgés sans enfants. Les catégories socio-professionnelles les plus représentées sont les professions intermédiaires (35 % des actifs), les employés (25 %) et les cadres et professions intellectuelles supérieures (19 %). Seulement 18,5 % des actifs résidant à Ablis travaillent dans la commune, ce qui signifie que plus de 80 % des travailleurs se déplacent hors de la ville pour leur emploi. C’est également le cas sur l’ensemble de la CAPY puisque seulement 15,4 % des résidants travaillent dans la même commune. Ce phénomène accentue l’effet de « dortoirisation » énoncé précédemment. La désertion des commerces dans le centre-bourg, depuis les dix dernières années, est également une preuve de ce phénomène. .
Répartition socioprofessionnelle des habitants d'Ablis 4,7 % Agriculteurs exploitants Artisans, commerçants, chefs d’entreprise 13,1 %
24,1 %
Cadres et professions intellectuelles supérieures Professions intermédiaires
22,2 %
13,2 %
Employés Ouvriers Retraités
22,7 %
Autres personnes sans activité professionnelle
Boinville-le-gaillard
Répartition par tranches d’âges des habitants d'Ablis 5,2 %
10,3 %
22,8 %
22,7 % 17,0 %
21,9 %
Répartition par tranches d’âges des habitants de Boinville-le-Gaillard 4,7 %
13,1 %
24,1 % 0 à 14 ans 15 à 29 ans
22,2 %
13,2 %
La commune de Boinville est également assez jeune dans sa composition : les tranches d’âges 0-14 ans et 30-40 ans représentent respectivement 20 et 21 % de la population. La commune possède un caractère familiale au vu de son nombre de personne par ménage (2,8 personnes/ménage, contre 2,5 au niveau départemental). Ce caractère est renforcé par la présence de l’école élementaire dans le cœur de bourg (ainsi qu’une garderie), l’école maternelle étant située à Allainville-aux-bois. La population active a majoritairement évolué depuis les dix dernières années, en raison notamment d’un niveau d’étude plus élevé (31,5 % de la population active possède un diplôme supérieur) et augmente donc le nombre d’emploi dans le secteur tertiaire. Le nombre de retraités a également augmenté : 10,6 % contre 5,9 % en 1999. La proportion d’actifs exerçant sur la commune s’élève seulement à 15 %, taux très bas comme pour Ablis et l’ensemble du plateau.
30 à 44 ans 45 à 59 ans
22,7 %
60 à 74 ans 75 ans ou plus
Et les habitants ?
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Relation au territoire Y a-t-il réellement une rupture entre les habitants ? En les interrogeant, on se rend compte rapidement qu’il n’y a pas vraiment d’affrontement entre le monde agricole et le monde habitant (seulement des désagréments) mais il n’y a pas de rencontre non plus. Les usages étant très différents, il y a donc peu de lien. Le second aspect, ressorti de ces interviews, est un manque d’intérêt pour le paysage environnant mais surtout une perte de la fierté d’habiter ce territoire.
une perte de lien et de fierté En interrogeant les habitants sur leurs manière de vivre ce plateau agricole, on remarque que la différence de perception du paysage dépend de la durée depuis laquelle les habitants sont installés sur le territoire. En effet, les personnes habitants depuis un certain nombre d’années ont pu voir et observer l’évolution du plateau et toutes les variations que l’agriculture peut offrir (évolution des cultures, rotations...). Ces changements ont également modifier leur manière d’appréhender le paysage. En effet, les routes sont devenus plus importantes et plus circulantes, limitant les déplacement doux par manque de sécurité. « Il y a encore une dizaine d’années, j’emmenais mes enfants se promener sur la route de Boinville » me confiait une habitante d’Ablis.
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
Aujourd’hui, les nouveaux arrivants ne perçoivent plus le plateau de la même manière. Les constructions successives ont donné un statut secondaire au paysage agricole et les habitants ne sont pas invités à le pratiquer autrement qu’en voiture. Cette rupture d’usage n’aide pas les habitants à comprendre le fonctionnement de cette agriculture de grande échelle. Les seuls éléments qui sont visibles sont les désagréments qu’elle engendre (traitements, bruits des machines...), amplifiés par la médiatisation critique des pratiques de l’agriculture industrielle et mécanisée. Les habitants ont donc acquis une sorte de méfiance envers le paysage agricole qu’ils ne s’approprient plus. Ils ont perdu la fierté d’habiter ce territoire.
« Le paysage c’est pas top ici, c’est plat... » « Il y a peu d’endroits pour se promener. »
« On a pas de réels problèmes avec les nouveaux arrivants mais c’est vrai qu’ils restent un peu chez eux. »
« Je suis venu ici pour me mettre au vert. » « Depuis 25 ans, on a perdu pas mal de commerces. »
« Je ne voulais pas que mes enfants grandissent à Paris. » Et les habitants ?
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synthèse La population des communes d’Ablis et de Boinville-le-Gaillard évolue particulièrement depuis une dizaine d’année. L’acceuil de ménages grâce aux nouveaux quartiers permet un rajeunissement de la population. Cependant, ces habitants percoivent de moins en moins le paysage et le territoire du plateau d’Ablis comme un cadre de vie dont ils sont fiers. L’agriculture n’est plus, ou peu, comprise par les habitants. Il y a donc très peu de relation entre les nouveaux arrivants et les « natifs » notamment les agriculteurs.
constats > Un manque de lien entre les usagers du territoire > Perte d’intérêt et de fierté pour le paysage
enjeux encourager les événements entre quartiers et entre usagers du territoire > Développer une pédagogie autour du paysage > Favoriser la compréhension des activités agricoles
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Volet II : Territoire de l’entre-deux
volet iiI
vers une cohabitation
principes Tout au long de ce mémoire, nous avons pu observer la particularité du plateau d’Ablis qui peut être considéré comme un entre-deux de l’échelle territoriale à l’échelle humaine. Dans cette partie, nous allons développer des intentions de projet visant à favoriser une cohabitation de tous ces éléments qui se rencontrent sur le plateau.
La cohabitation et l'échange Les enjeux que nous avons développé tout au long de la réflexion (voir ci-contre) nous révèlent le manque global de liens sur ce territoire. Cette absence de relation entre les différentes entités, qu’elles soient politiques, spatiales ou identitaires, influent sur la façon dont vivent les habitants. En effet, aujourd’hui le sentiment général, qui ressort de cette étude, est que la majorité des habitants se contentent d’habiter ce territoire : ils ont leur maison, ils s’y déplacent et utilisent les services qui leur sont proposés. Cependant, il est nécessaire de les encourager à faire vivre ces lieux : vivre avec les gens qui les entourent, partager des moments, des expériences, pour enfin avoir le sentiment d’appartenir à ce plateau sous toutes ses formes et en être fier. Les outils du paysagiste pour mettre en place ce type de stratégie sont le travail l’espace et du cadre de vie mais également de favoriser des lieux adaptés aux différents usagers du site, à leur cohabitation mais surtout à leur rencontre. La connaissance de l’autre passe par le partage et la compréhension du fonctionnement de chacun.
100
Volet III : Vers une cohabitation
aujourd’hui
habiter
vivre
et demain ?
Appartenir
Rappel des enjeux Assumer une potentielle attractivité liée à cette position d’entre-deux territorial > Améliorer, faciliter et diversifier les modes de déplacement > Construire des agglomérats bâtis diversifiés répondant aux dynamiques de développement (industrie, habitat, cadre de vie, culture) Trouver une cohabitation entre identité rurale et périurbaine à l’échelle du plateau > Construire de manière diversifiée et cohérente avec le paysage et l’identité locale > Assumer l’identité actuelle, ne pas renier ce qui a été construit (notamment pour Ablis) > Créer un cadre de vie alliant usages habitants et usages agricoles Créer des relations entre entités bâties et agricoles > Travailler l’épaisseur entre ville et champs en réfléchissant à des variations de densité et de visibilité des entités > Créer des espaces de rencontre entre le monde agricole et le monde habitant > Favoriser les liaisons spatiales et varier les pratiques des lieux
encourager les événements entre quartiers et entre usagers du territoire > Développer une pédagogie autour du paysage > Favoriser la compréhension des activités agricoles
101
1 km
Stratégie à l'échelle du plateau Les agglomérats bâtis Assumer une hiérarchie des pôles bâtis pour éviter un mitage du territoire Affirmer une densité progressive du bâti pour éviter des fronts bâtis nets Renforcer et aménager des lieux publics favorisant la rencontre S’appuyer sur les axes de transport pour développer la mobilité vers les villes et les autres départements (bus)
L'entre-deux Travailler les franges pour éviter une confrontation trop forte avec le plateau agricole S’appuyer sur de nouveaux projets d’extensions pour réfléchir de nouveaux usages et modes de vie aliant rencontre et vivre ensemble
Le plateau agricole Favoriser la ponctuation de l’horizon agricole par la végétation en s’appuyant sur les chemins et voiries Expérimenter une agriculture innovante permettant le partenariat avec les habitants (inspiré de couch surfing ou des champs participatifs)
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Ablis
Boinville-le-Gaillard
Le petit Orme
500 m
Choix du site de projet Le plateau d’Ablis doit être réfléchi dans son ensemble comme vu sur le schéma précédent. Cependant dans le cadre du travail de fin d’études, j’ai fais le choix de travailler plus particulièrement et plus en détail sur deux communes : Ablis et Boinville-le-Gaillard, ainsi que la liaison via le plateau agricole entre les deux agglomérats bâtis. Ce choix s’explique par les éléments de diagnostic présentés dans ce mémoire.
Tout d’abord, Ablis est la ville majeure du plateau, où la transformation du rural au périurbain, est la plus lisible et la plus importante. Il me semble pertinent de réfléchir l’avenir de cette petite ville en relation avec une commune rurale sous son influence directe. Boinville-le-Gaillard, située au sud d’Ablis, se présente comme un satellite de celle-ci, aspirant à des dynamiques de développement similaire (bien que minimes comparées à l’échelle d’Ablis). L’entre-deux s’exprime donc tout particulièrement entre ces deux agglomérats bâtis : entre commune périurbaine et commune rurale, entre bâtis et champs, entre extensions et patrimoine... De plus, ces deux agglomérats bâtis sont de forme concentrique* et sont donc ceux qui ont tendance à se « couper » du paysage environnant, en se refermant sur eux-mêmes. Le travail des franges entre bâtis et champs en est d’autant plus important pour de favoriser les transitions et d’éviter les coupures. Comme nous avons pu le voir auparavant, le microrelief du plateau** positionne Boinville-le-Gaillard en point haut, ce qui permet une covisibilité très marquée entre
le bourg rural et la ville d’Ablis. Le travail du plateau et de ses ponctuations entre ces deux agglomérats bâtis semble un bon moyen de créer des liens visuels et physiques en s’appuyant notamment sur les chemins ruraux (support de végétation et de biodiversité, mais aussi d’un maillage de déplacements secondaires). Enfin, ces deux communes ont des opportunités de développement ancrées dans les documents d’urbanisme (SCoT et PLU) qu’il faut anticiper et réfléchir dans leur spatialisation sur le plateau agricole. Que ce soit des extensions d’habitats en prolongement du tissu bâti ou la zone d’activités du petit Orme, ces aménagements impacteront sensiblement l’étendue des champs et les horizons que l’on perçoit actuellement. Il est donc nécessaire de penser leur relation directe avec ce qui les entourent. Les pages suivantes expliquent de manière plus précise ces trois zones de projet (la ville d’Ablis, le bourg de Boinville-le-Gaillard et la ZA du petit Orme) qui seront développés dans la suite de ce travail de fin d’études.
* voir l’analyse des typologies d’agglomérats bâtis page 58 ** cf carte du relief page 37 105
Ablis
la ville à redynamiser
Grandes parcelles
Petites et moyennes parcelles
Petit collectif
Extension à long terme
Petites parcelles Grandes parcelles eme Equip
rtifs
po nts s
A EHP
D
Collège
200 m
Créer un maillage favorisant l'échange et le cadre de vie des poches de vie dans le tissu bâti Espaces offrant des possibilités d'usages variés (parc paysager, espace ludiques, places, marchés, évènements éphémères, valorisation agricole, bibliothèque de plein air...) Implantation de jardins partagés (gérés par des associations d'habitants) s’appuyant sur des jardins potagers privés déjà existants Un réseau de déplacement favorisant les modilités doux Axes existants à retravailler pour favoriser la mobilité vers les différentes poches de vie Axes structurants à créer (notamment dans le quartier ouest et en bordure de ville) l'espace public Rythmé par les seuils Entrée de ville à requalifier Seuils à travailler pour signifier le passage d’un espace à un autre (signalétiques, revêtements...)
Aménager des extensions diversifiées un nouveau quartier à l'ouest favorisant l'échange Maison de quartier à implanter Différentes densités dans le tissu urbain : varier les densités de bâti permet de rythmer l’espace et de créer des quartiers diversifiés des équipements dans les nouveaux quartiers propices à de nouveaux usages équipements publics ou semi-privés existant ou à créer (salle multisport, terrains de sport, collège, EPADH...) Appropriation des bassins de rétention (support de biodiversité et de loisirs)
Travailler la relation avec le paysage DEs franges aux rythmes variés offrant différentes perceptions du plateau agricole Variation des densités de végétation : les épaisseurs permettent de protéger des désagréments des axes routiers ; mais en conservant une végétation moins dense par endroits, cela permet une lisibilité des horizons environnants Belvédère : utiliser le talus existant pour offrir des points de vue remarquables sur le plateau agricole Fenêtre vers le plateau : conserver ou créer des ouvertures dans la masse végétale ponctuant la frange entre la ville et les champs 107
Boinville-le-Gaillard
s’'agrandir en conservant une identitÊ rurale
Mare
Moyennes parcelles Petites parcelles
Petit collectif inspiration fermes
Ecole et garderie Mairie
Place centrale
Moyennes parcelles
Salle des fĂŞtes
Petit collectif
Grandes parcelles
100 m
Favoriser un cadre de vie rural une connexion assumée avec le paysage Fenêtres sur le paysage agricole Variations de masses végétales perceptibles depuis l’extérieur pour ponctuer l’horizon et signifier le bourg Entrée de bourg de qualité comme une invitation à entrer des Espaces de vie qualitatifs Espaces publics favorisant des usages variés (fêtes, évènements éphémères, square...) Axes structurants requalifiés (matériaux locaux, végétation spontannée...) Réseau de passages dédiés aux déplacements doux
Aménager des extensions diversifiées et intégrées dans le tissu existant des constructions intelligentes Densification de certaines parcelles (BIMBY) Gradation de densité et différentes typologies de construction (petit collectif et parcelles individuelles dans le même secteur) des rues intégrées dans le réseau existant Création de nouvelles rues (pas d’impasse)
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références requalifier les espaces publics dans les bourgs ruraux Chédigny (37) - Village-jardin
Ce village de 500 habitants situé dans l’Indre-et-Loire a vu ses rues et ses espaces publics se transformer lorsque le maire a décidé que les trottoirs deviendraient des bandes plantées. Les travaux d’enfouissement des réseaux aériens furent l’élément déclencheur car ils ont permis l’installation d’un goutte-à-goutte sur le linéaire de voirie. La rue principale du bourg est passée en zone de renconre (à 20 km/h) et une réelle communication a eu
110
Volet III : Vers une cohabitation
lieu auprès des habitants pour que la végétation puisse se développer en continuité avec les espaces privés. Le village a obtenu le label « jardin remarquable » en 2013 (c’est la première fois pour une commune) et ces aménagements ont permis un développement économique (chambres d’hôtes, restaurant, boulangerie...) grâce au tourisme.
S'inspirer de l'architecture rurale pour de nouveaux logements Chavenay (78) - Opération immobilière
Au cœur de Chavenay (1 700 habitants), cette opération immobilière de logements neufs propose neufs petites maisons mitoyennes construites sur un modèle de ferme et fonctionnant autour d’une cour. Chaque maison possède son petit jardin, mais la cour reste commune à l’ensemble des copropriétaires. On peut remarquer le soin apporté au choix des matériaux qui permettent une insertion des bâtiments dans le tissu urbain existant.
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le petit orme
une zone d'activitĂŠs implantĂŠe sur le plateau
200 m
Réfléchir la zone d'activités dans sa globalité et comme un îlot sur l'horizon
Emplacement du site
Définir la surface de la ZA dans sa totalité (ici 100 ha)
Créer un maillage lié à l’implantation des bâtiments ou entreprises (inspiré du parcellaire agricole)
Fixer une trame paysagère structurante du site
Scénario 1 : implantation progressive
Dessiner les axes majeurs de déplacement reliés aux existants
Scénario 2 : trame paysagèe imposée
+
impact visuel progessif
+
Respect d’une cohérence choisie
-
Risque de non respect de la charte
-
Contrainte pour l’aménageur
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Conclusion Les problématiques particulières du plateau d’Ablis, entre développement pavillonnaire et identité rurale, concernent la plupart des espaces ruraux en France. A l’heure où la tendance est à la métropolisation, les territoires ruraux subissent des phénomènes globaux qu’il leur est parfois difficile de maîtriser. Aujourd’hui, il est donc nécessaire que les communes rurales aient conscience de la valeur des paysages qui les entourent. Que ce soit un paysage de vallée verdoyante ou un plateau agricole, chaque paysage véhicule une identité dont il faut s’emparer pour construire au mieux les espaces de demain. Les documents de planification doivent permettre de réfléchir de véritables projets de territoires à la fois en terme de développement mais également pour la préservation de cette identité. Ce travail de fin d’études cherche à proposer des alternatives permettant le développement du plateau d’Ablis, tout en préservant ce qui fait les spécificités de son paysage et de son identité. Le projet de paysage qui suivra ce mémoire proposera pour Ablis et Boinville-le-Gaillard, une vision de l’avenir de ces communes se basant sur l’identité locale comme support de développement.
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documents de planification COMMUNE D’ABLIS, 2014, Plan local d’urbanisme d’Ablis SMESSY, 2014, Schéma de cohérence territoriale du Sud Yvelines DRIEA, 2013, Schéma directeur de la région Île-de-France
film STEYER S., 2007, Huit clos pour un quartier, film documentaire, Mille et Une Films/France 3 Ouest, 52 min.
ENTRE RURALITÉ ET PÉRIURBANITÉ,
COMMENT HABITER LE SUD YVELINES ? Le sud des Yvelines (département ouest de l’Île-de-France) a la particularité d’être fortement rural par ses paysages (plateaux agricoles, boisements denses, vallées discrètes et bourgs éparpillés), mais est également sous l’influence urbaine de la métropole parisienne avec notamment le phénomène de rurbanisation qui engendre une évolution des modes de vie des habitants (accès aux services, transports, travail à domicile…). Les communes du plateau d’Ablis représentent plus particulièrement un territoire d’interface par rapport à ces dynamiques : située à la fin des plateaux beaucerons marqués par l’agriculture intensive, le Sud Yvelines se doit de répondre à un besoin d’accueil des populations quittant la ville pour s’installer en périphérie. Ces phénomènes ont entraîné une accélération de la production de logement depuis les trente dernières années, et plus particulièrement de l’habitat standardisé, déconnecté de son socle et de son environnement. L’évolution récentes de ses formes urbaines semblent être notamment liée à un rejet et/ou à une ignorance du patrimoine paysager et agricole qui entoure les bourgs et les villages. Face à ces enjeux se pose la question de savoir quelle est l’identité réelle de ces petites communes rurales. Sont-elles toujours rurales ou sont-elles devenues périurbaines ? Quelles formes peuvent-elles aujourd’hui donner à leur territoire à l’aide de leur bagage historique et les évolutions qu’elles ont connu ? Quelles sont les richesses patrimoniales et paysagères qu’elles peuvent mettre en avant tout en gardant un dynamisme et un accueil des rurbains cohérent avec leur socle de vie et leur identité ?
Tiphaine Le Lievpre école de la nature et du paysage - INSA CVL 9 rue de la Chocolaterie, 41000 Blois