Projet de fin d'études : d'un littoral à l'autre, la Salton Sea (California, USA)

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TRAVAIL PERSONNEL DE FIN D’ÉTUDES

D’UN LITTORAL À L’AUTRE CONNECTER LA SALTON SEA À SA RÉGION POUR REMÉDIER AU RISQUE CALIFORNIE DU SUD, ÉTATS-UNIS

AMÉLIE TOUBOUL SEPTEMBRE 2018

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Amélie Touboul

ENSP Versailles Année 2017- 2018

DIPLÔME PFE DEP 3 RISQUES

D’UN LITTORAL À L’AUTRE CONNECTER LA SALTON SEA À SA RÉGION POUR REMÉDIER AU RISQUE CALIFORNIE DU SUD, ÉTATS-UNIS

Sous la direction de Bruno Tanant

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RÉSUMÉ

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Imaginez-vous un désert. Vous survolez cette étendue chaude et infinie. Des dunes de sable, des montagnes, de grands espaces plats où seulement quelques herbes ont l’audace de survivre. L’air du désert de Sonoran est chaud, brûlant, chargé de petits grains de sable. Le bleu du ciel est intense et contraste avec les reflets jaunes et roux environnants. Le soleil chauffe la peau, fait plisser les yeux. La ligne d’horizon est toujours éloignée. La notion d’échelle nous dépasse. Les formes, les ombres, les reliefs sont organiques. Tout s’entrelace et forme une danse envoûtante dans un environnement hostile et désolé. Soudain, une ligne, droite. Elle ne prend pas compte de ces formes qui l’entourent, ni de leurs couleurs. Bleue azur, elle se dirige, imperturbable. Elle tourne, puis se divise, prenant alors deux directions. Son flot est régulier, sa mission est d’acheminer l’eau du Colorado vers une vallée agricole, d’Est en Ouest. La destination finale sera une grande étendue bleue, nommée la Salton Sea. Entourée de montagnes, du désert, et d’un empire agricole, une immense étendue bleue calme et sublime s’offre à nous : la Salton Sea, ou mer de Salton. Alimentée depuis 100 ans par une industrie agricole intensive et polluante, cette mer intérieure est aujourd’hui sujette à une pollution sans précédent. Son assèchement progressif menace de révéler à l’air libre des particules toxiques, créant alors une catastrophe sanitaire et écologique. Le trait de côte de la Salton Sea recule, dû aux différents facteurs politiques, économiques, et climatologiques qui font pression sur la région. Une autre une ligne, droite, large et sombre s’engage vers l’Ouest. Marquée par la vitesse, il s’agit d’une des autoroutes qui traversent le désert pour arriver sur la côte Pacifique, dans le tumulte urbain de Los Angeles, jouxtant le bleu infini de l’océan. Nous n’avons parcouru que quelques centaines de kilomètres depuis la Salton Sea, et pourtant, elle est déjà oubliée. La Salton Sea repousse. Son littoral, orné de bâtiments abandonnés, et de poissons échoués, inspire le dégoût par l’air lourd et pestilentiel qui pèse sur nous. Ainsi, à quelques heures de voiture à l’Est de la côte Pacifique, qui abrite San Diego et Los Angeles, agonise une mer polluée. La notion de risque devient évidente. Le risque découle de la mesure d’un potentiel danger, une menace envers des ressources ainsi que des personnes, et est souvent apparenté à des menaces naturelles. Plutôt que de blâmer les éléments naturels, il me semble que les risques lies à l’Homme, notamment concernant la pollution, sont à prendre en plus grande considération. Qu’est-ce que le risque sur ce territoire ? Qui est-il, qui menace-t-il, et comment l’appréhender ? Contrairement aux projets jusqu’alors proposés face à cet enjeu majeur, je ne me focalise pas sur la Salton Sea en elle-même, mais sur le territoire qui l’encadre. Voisine des deux plus grandes métropoles californiennes, elle doit être associée à ces espaces. Dans cette situation, l’Homme a coupé la discussion, lui tournant le dos. A travers ce PFE, j’observe et questionne alors l’ensemble du territoire, à une large échelle, afin de comprendre ses relations et rapports de force. Pour remédier au rejet de la Salton Sea et à sa perte, nous nous devons la prendre en considération dans un système territorial, être à l’écoute de son territoire et engager un « dialogue ». 5


Synopsis -in English

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I

magine a desert. You are flying over this hot and infinite land. Sand dunes, mountains and large flat spaces are surrounding you, where only a few plants have the audacity to survive. The air of the Sonoran Desert is hot, burning, and charged with small grains of sand. The blue of the sky is intense and contrasts with the surrounding yellow and red shades. The sun warms the skin, making your eyes squint. The skyline is still distant. The notion of scale is beyond us. The shadows and reliefs of the mountains are organic shapes that form a mesmerizing dance in a hostile and desolate environment. Suddenly, a straight line appears. It does not take into account the shapes around it, nor their colors. Azure blue, it moves, imperturbable. It turns, then divides, then takes two directions. Its flow is regular, its mission is to convey water from Colorado to an agricultural valley, from East to West. The final destination will be a large blue expanse, named the Salton Sea. Surrounded by mountains, the desert, and an agricultural empire, an immense calm and sublime blue horizon is offered to us: the Salton Sea. Fueled for over a 100 years by an intensive and polluting farming industry, this inland sea is now subject to unprecedented pollution. Its gradual drying threatens to expose toxic particles to the open air, creating a health and ecological disaster. The Salton Sea’s shoreline is receding due to various political, economical, and climate related factors that are putting pressure on the area.

A

nother straight line, broad and dark, is heading west. Marked by speed, it is one of the highways that crosses the desert to reach the Pacific coast, the urban turmoil of Los Angeles, adjacent to the infinite blue of the ocean. We have only traveled a few hundred kilometers from the Salton Sea, and yet it is already forgotten. The Salton Sea is repulsive. Its shoreline, adorned with abandoned buildings and stranded fish, inspires disgust with the heavy, pestilential air that hangs over us. Thus, a few hours drive east of the Pacific coast, home to San Diego and Los Angeles, a polluted sea is dying. The notion of risk becomes obvious. Risk is defined by the measurement of a potential hazard, a threat to resources as well as people, and is often related to natural threats. Rather than blaming the natural elements, it seems to me that the risks related to humans, especially concerning pollution, have to be taken into greater consideration. What is the risk on this territory? What is it, what is it threatening, and how can we fix it? Unlike the projects that were previously suggested to deal with this major issue, I do not focus on the Salton Sea itself, but on the territory that frames it. Neighboring the two largest cities in California, the Salton Sea must be associated with the coast. In this situation, men cut short the discussion, turning their back on the Salton Sea. Through this project, I observe and question the whole territory, on a large scale, in order to understand its relations and power relationships. To remedy the repulsiveness of the Salton Sea and its loss, we must take it into consideration as a territorial system, be attentive to its whole territory, and engage in a ÂŤdiscussionÂť.

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Introduction

Paysages dévastés et abandonnés sur le littoral de la Salton Sea, images aériennes en drone Captures d’écran du Film «The USeless Sea», TABOURING Frank, The Useless Sea, 2016©

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L

a notion de risque est un terme et une approche du site qui ont toujours attiré ma curiosité : portant sur des enjeux forts d’aménagement, liés à mon intérêt pour les questions environnementales et problèmes géopolitiques, sociaux et écologiques. Si le risque découle de la mesure d’un potentiel danger, une menace envers des ressources ainsi que des personnes, il est souvent apparenté à des menaces naturelles. Plutôt que de blâmer les éléments naturels, il me semble que les risques liés à l’Homme, notamment concernant la pollution, sont à prendre en plus grande considération. En effet, il s’agit de résultats de l’action humaine impactant négativement directement sur l’environnement de par de mauvaises compréhensions du milieu. En découlent la déformation de celui-ci, une distorsion paysagère ou environnementale, ainsi que diverses autres conséquences.

Une recherche couplée à la question de l’eau, comme vecteur de pollution, mais aussi comme ressource vulnérable et essentielle à la base de tout écosystème.

F

ace à la temporalité de ces endroits, à la possibilité du déni et la tentative d’oubli, de cet aller-retour entre le passé et le futur, j’ai cherché un site rejeté, atteint d’un mal invisible. C’est ainsi que j’ai découvert la Salton Sea, et ai choisi de l’étudier comme site de projet de fin d’études. Le site se situe en Californie du Sud aux États-Unis, au Nord de la frontière mexicaine, à 1h30 de route à l’Est de San Diego, et au Sud Est de Los Angeles. Derrière la chaîne de montagnes Pacific Coastal Range, qui fonde l’arrière plan du littoral Pacifique, s’ouvre le désert de Sonoran. Ce désert abrite une vallée dont le point le plus bas est rempli par la Salton Sea : potentielle catastrophe écologique et sanitaire majeure des États-Unis, dont l’assèchement futur menacerait des millions de personnes, les exposant à des polluants et particules fines nocifs.

Je me suis alors mise en quête d’un site dont les enjeux étaient liés à des décisions humaines en rupture avec le milieu, engendrant des conséquences catastrophiques pour les sociétés ainsi que pour l’espace sur lequel les actions prenaient place.

Rivages de la Salton Sea, couverts de poissons échoués, images aériennes en drone Captures d’écran du Film «The USeless Sea», TABOURING Frank, The Useless Sea, 2016 ©

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Los Angeles Salton Sea

OcĂŠan Pacifique

San Diego

0

100 Km

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Fleuve Colorado

Phoenix ÉTATS-UNIS

MEXIQUE

Mer de Cortez Golfe de Californie

Figure 1 Côte Ouest des Etats-Unis, cadrage Californie du Sud Photographie aérienne de 2017 par USGS Landsat image archives, LandsatLook Viewer ©

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Sommaire Résumé

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Synopsis -in English

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Introduction

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I. La Salton Sea, lac endoréique ne de l’action de l’homme et des aléas naturels

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A. Caprices et aléas de l’eau : évolution hydrographique et historique du territoire B. Rapports à la mer de Salton : du nouveau rêve américain à son éclat brisé.

16 22

II. Lire à travers les lignes : les éléments naturels et composantes paysagères

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A. L’influence du climat : le climat méditerranéen et ses dérivés, leur influence sur le développement d’une région B. Les populations de Californie du Sud : un territoire en évolution permanente, qui rassemble 10% de la population américaine. C. Échanges et trocs de l’or bleu : entre inondations et sècheresse, la course aux ressources révèle la stratégie de la Californie dans sa guerre de l’eau à travers son territoire ainsi que face aux autres États. D. Biodiversité : une diversité de paysages et d’écosystèmes liés aux différents climats E. Ressentis du risque et de la pollution vis-à-vis de la pollution : quel message est véhiculé aux populations et comment les acteurs ressententils le risque ?

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III. La notion de risque : l’homme comme générateur de son propre désastre : des actions menées en incohérence avec le site A. Tourner le dos : le risque réel : le désintérêt et l’oubli B. Faire face : circuler dans le territoire, connecter l’Est et l’Ouest en nouant les différents éléments du territoire

38 44 54 60

62 64 71

IV. Ruptures, portes et bascules : les passages et ruptures d’une entité à l’autre, points stratégiques de connexion ou déconnexion du territoire

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A. Porte septentrionale du désert : le passage de Banning B. La bascule de la vallée de Coachella : de Palm Springs à la Salton Sea C. Porte méridionale du désert : Jacumba Hot Springs face au désert

82 86 90

Conclusion Sources

94 96

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I.

LA SALTON SEA, LAC ENDOREIQUE NE DE L’ACTION DE L’HOMME ET DES ALEAS NATURELS

Marina de Bombay Beach assèchée. Krista Diamond static.rootsrated.com 2017 ©

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Introduction

L

a Salton Sea (« mer de Salton ») est un lac salé endoréique, c’est à dire qu’il s’agit d’une dépression fermée dans un bassin versant clos retenant les eaux. L’eau ne s’évacue que par évaporation ou infiltration – structure qui met en péril l’écosystème des lacs endoréiques, avec un assèchement progressif et un effet de rétrécissement de leur surface. Cela entraine alors une hausse de la salinité, et potentiellement une hausse de la concentration des substances polluantes.

Le bassin de Salton était autrefois une partie de Golfe de Californie (également appelée Mer de Cortez), accueillant alors l’Océan Pacifique jusqu’il y a 4 millions d’années, quand les sédiments du fleuve Colorado ont fermé cet espace. Il s’agit donc de la région du delta du Colorado, qui a marqué la vallée par ses aléas de crues et d’assèchement. Ces aléas ont créé à de multiples reprises un lac endoréique remplissant l’ensemble du Salton Sink, nommé le Lac Cahuilla -qui a donné son nom aux tribus amérindiennes présentes sur le territoire.

Cette dépression est le Salton Sink (fosse de Salton) : un puits géographique situé dans le creux des vallées de Coachella et Imperial, au sud-est de la Californie, à 69,5 mètres sous le niveau de la mer. La vallée Impériale et la Vallée de Coachella forment à elles deux le Salton Sink, entre les montagnes Coyote et Santa Rosa à l’ouest et les Chocolate Mountains à l’est. Le lac se situe dans la région du désert de Sonoran, plus précisément dans le désert du Colorado, sous un climat semiaride chaud, c’est à dire ensoleillé et sec (avec une température annuelle moyenne de 22.1 °C et moins de 150 millimètres de précipitations annuelles). La mer de Salton a une superficie de 974 km2, qui en fait le plus grand lac de Californie mesurant 24 km de largeur Est- Ouest sur 56 km de longueur Nord- Sud –bien que sa superficie change en fonction de son alimentation en eau (prise en compte de l’agriculture, de l’évaporation, des précipitations et des déversements).

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PRÉMICES .

A

B

A

C

- 4 millions d’années

Clôture du Golfe de Californie par les sédiments du Colorado.

- 2 500 ans

Première apparition du Lac Cahuilla datée. Suivi de cycles hydrologiques et dépôts de sédiments jusqu’à - 1000 ans.

1540

Découverte du désert par les colons européens.

1901

Début des travaux d’irrigation et de l’agriculture dans la vallée Impériale.

1905- 1907

The Great Diversion : création de la Salton Sea actuelle par une crue du Colorado dans les canaux d’irrigation.

B

N

C

0

100 Km

Évolution hydrologique de la vallée de Salton (Salton Sink).

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A- Caprices et aléas de l’eau Évolution hydrographique et historique du territoire

L

’intérêt pour la vallée Impériale s’est manifesté pendant la ruée vers l’or, lorsque les colons ont perçu le potentiel riche de la vallée. Celle-ci offre des ressources par les sédiments des dépôts hydrologiques passés (nombreuses inondations antérieures du Colorado, présence dans la vallée de l’ancien Golfe de Californie), ainsi qu’un climat clément permettant une saison végétative durant toute l’année. La région semblait fertile pour l’agriculture si l’on y acheminait de l’eau, et c’est ainsi que l’emploi de l’eau du fleuve Colorado a permis l’irrigation de la Vallée. Depuis plus d’un siècle la vallée a été modelée au gré d’actions inadéquates dans un paysage incompris. Auparavant inhabitable de par la forte aridité, la culture de cette vallée a été rendue possible suite à d’importants travaux d’irrigation notamment depuis le fleuve Colorado avec en 1901 la construction du canal d’Alamo. En 1905, une crue du Colorado violente et ravageuse, fidèle aux crues antérieures qui ont de par le passé déjà rempli le fond de vallée, a créé en son milieu, un lac : la Salton Sea. Symbole d’effroi et de catastrophe, la mer de Salton a ainsi été créée par un évènement naturel couplé par les aménagements humains mal mesurés.

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EFFROI .

Photographies de The Great Diversion, inondation de 1905 Images d’archives lors de l’inondation de The Great Diversion, 1905 à 1907, The Desert Sun ©

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E

n 1906, le Salton Sink voyait la Salton Sea s’étendre sur 80 kilomètres, progressant de jours en jours avec sa profondeur qui continuait d’augmenter de 7 centimètres par jour. La vision alors « apocalyptique » de la vallée, ayant vu les rêves agricoles peu à peu s’évanouir, était alimentée par les eaux incessantes qui continuaient de remplir le bassin. Une fois les crues calmées, les experts se sont interrogés sur le temps que mettrait la Salton Sea à sécher et disparaître. La Salton Sea était un rappel constant du cauchemar auquel les agriculteurs et habitants de la vallée avaient survécu. Beaucoup de personnes, dont le gouvernement, misaient sur le fait que le lac allait s’assécher rapidement, libérant alors des terres libres pour la culture de la région. Les prédictions étaient que la mer disparaîtrait en 15 ans, d’après quelques calculs simples d’évaporation et d’apport d’eau dans le bassin, et ne serait qu’un souvenir d’ici 1923. Mais à la vue de l’émergence d’une biodiversité autour des rivières et du lac naissant, l’espoir n’était pas perdu. D’ici est venue l’idée que le lac était peut-être une opportunité pour la région. En 1924, elle a été définie comme déversoir permanent de l’industrie agricole et la vallée.

C

’est à ce point de bascule que le début du risque est né : avec l’arrêt des cycles hydrologiques naturels de la vallée et la conservation permanente du lac par des artifices humains.

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Chronologie de la Salton Sea 20e - 21e siècles

1905 1907 1901 Début des travaux d’irrigation et de l’agriculture dans la vallée Impériale.

The Great Diversion : création de la Salton Sea actuelle par une crue du Colorado par les canaux d’irrigation.

1924

Salton Sea définie comme déversoir permanent de l’industrie agricole de la vallée. Point clé : bascule de l’Histoire de la vallée, arrêt des périodes de crue et d’assèchement. Début du risque.

Tempêtes tropicales, crues. Hausse de la salinité, mort de poissons, taux de sélénium très élevé, diminution de la pêche. Baisse et abandon du tourisme.

1960

Ouverture du North Shore Beach Club sur la côte de la Salton Sea.

Marées de morts massives de poissons 1992 - 1994 - 1996 - 1999 - 2006 - 2008

2007

Transferts d’eau du Colorado vers San Diego, au lieu de l’acheminer dans la vallée Impériale. Début de l’assèchement.

Salton Sea State Park 49 000 Ha, le plus grand de Californie.

1934

Construction du All American Canal pour alimenter en eau la vallée Impériale.

1934

Construction du Coachella Canal pour alimenter en eau la vallée de Coachella.

1950- 1960 «California Riviera» balnéaire

2018

Execution du plan de transfert massif d’eau vers San Diego. Les prévisions scientifiques indiquent que 25 900 Ha de playa seront exposés d’ici 2028.

Grands travaux / infrastructure

Évènements hydrologiques

Création du Salton Sea National Wildlife Refuge (14 000 Ha) pour une riche biodiversité.

1955

Formation Salton Sea

1970

1924

Évènements impactant l’environnement

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Évolution de cartes historiques de 1866 à nos jours témoignant de l’absence et présence de la Salton Sea. 1866 : Dénomination du fond de la vallée comme «Dry Lake» (« lac asséché »). 1866 U.S. General Office Maps ©

Land

1880 : Dénomination du fond de la vallée comme « Dry Bed of Lake » (« lit de lac asséché »). 1880 New General United States Atlas ©

1906 : Apparition du nouvel élément paysager dans la vallée et appellation du lac « la Salton Sea ».

Aujourd’hui : La Salton Sea est un élément marquant qui fait partie de l’identité de la vallée à présent, comme étant le plus grand lac de Californie. Apple Plans ©

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N

0

100 Km


DÉLICES .

Images d’archives de la riviera de la Salton Sea. Photos et cartes postales d’archives des années touristiques de 1950 et 1960 sur la Salton Riviera. Musée de la Salton Sea ©

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B- Rapports à la mer de Salton Du nouveau rêve américain à son éclat brisé.

L

T

a Salton Sea est devenue par la suite un nouvel endroit d’attraction au cœur de cette vallée, évocatrice de nombreux rêves. Entourée de montagnes, du désert, et d’un empire agricole, elle est en elle-même un objet de fascination. Il s’agit de l’élément majeur dans ce territoire, une immense étendue bleue calme et sublime qui s’offre à nous.

erre isolée et vide, la mer a été support de l’imagination débordante d’entrepreneurs qui y ont vu une nouvelle mine d’or, bleue. Suivant le désir d’offrir des complexes de luxe « spectaculaires » et « ultramodernes », de nouveaux équipements se sont alors très vite implantés sur les rivages du lac : marinas pour bateaux de pêche, sport et loisirs, ski-nautique, parcours de golf, hôtels, commerces et autres infrastructures propres aux stations balnéaires huppées.

Une faune s’est installée, accueillant des oiseaux migrateurs de la route migratoire Canada- Amérique du Sud, devenant une étape importante (le lac abrite l’hiver plus de quatre millions d’oiseaux, représentant plus de 400 espèces).

A quelques kilomètres au Sud de la riche et prisée ville de Palm Springs, très peu accessible aux autres classes, s’est développé un paradis touristique où n’importe quel citoyen américain pouvait venir vivre ses vacances de rêve dans un paysage surprenant et édénique. Le paysage de Salton City ressemblait à un parking géant, où affluaient touristes et curieux. D’autres complexes se sont développés tels que North Shore, Bombay Beach ou encore Desert Shores, avec des marinas, hôtels et piscines, parkings, centre commerciaux, et quelques lotissements de maison avec jardin au gazon verdoyant.

Ses charmes ont été découverts, ou du moins reconnus, dans les années 1950, lorsque s’est développé sur ses berges Est et Ouest un idéal de « Riviera » californienne où des hôtels et aménagements de loisirs de luxe ont été construits en bords de cette « mer salée ».

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FUITE .

1- Bombay Beach, abandonnée. 2- Exposition de la playa et recul du trait de côte. 3- Exposition de la playa et mort de poissons sur ses rivages. sierraclub.org © www.desertsun.com/series/saltonsea/ ©

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U

L

n nouveau paysage de routes s’est dessiné sur le rivage du lac, hôtels et aménagements de loisirs, accompagné des palmiers iconiques de front de mer californien. Mais dans ce paradis terrestre, où toute une nouvelle population était venue migrer temporairement ou de façon permanente, les aléas hydrologiques ancestraux du site et son caractère environnemental sont revenus sur leurs terres.

a gloire de la Salton Riviera n’aura duré qu’à peine deux décennies. Depuis les années 1970, les évènements se sont multipliés, vers la descente aux enfers de la Salton Sea. Entre crues violentes, et hécatombes d’oiseaux et de poissons, jusqu’aux odeurs pestilentielles du lac, le lieu est de nouveau devenu un endroit repoussant, hostile et support de tristes souvenirs. Suite au développement du tourisme et à son apogée, l’abandon des activités le long de la côte l’échec du tourisme a été le point de départ de prise de conscience de l’avenir incertain du site. Un nouveau paysage s’est alors dessiné, celui de villes fantômes, détruites.

En premier lieu, des odeurs insoutenables se sont émanées du lac, de par l’eutrophisation de l’eau qui a amené un surdéveloppement d’algues, ainsi que la mort de milliers de poissons sur les rivages, dû à leur surpopulation.

Depuis, l’eau des parcelles agricoles de la vallée Impériale a continué de se jeter dans la Salton Sea, maintenant certes le niveau de l’eau en évitant la totale évaporation de l’étendue d’eau, mais accumulant les dépôts salins et polluants. La baisse d’apports en eau a permis une observation plus concrète du trait de côte exposé, ainsi que des marinas asséchées.

Les événements dramatiques, quant à eux, se sont traduits par de violentes crues dans les années 1970, inondant et ravageant ces stations balnéaires, et faisant fuir populations et promoteurs.

Un nouveau rapport à la mer a été créé. Un oubli progressif, amenant à un certain déni de la vallée et sa mer par les populations.

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DÉSILLUSION .

A

ujourd’hui, la Salton Sea est sujette aux inquiétudes concernant son devenir. Ici, l’eau est une ressource essentielle, mais aussi un vecteur de pollution. Dans ce paradis agricole où l’eau manque, l’irrigation à jusqu’à ce jour permis à la Salton Sea de rester au même niveau tout en aggravant le cas de la mer –de par la hausse constante de la salinité et des intrants chimiques agricoles.

E

utrophisation et salinité trop importantes ont amené maladies et algues. Couplées aux hausses de bactéries dans l’eau, elles ont conduit à la mort de nombreux oiseaux, ainsi qu’à des marées de poissons morts faute de profondeur (notamment durant les années 1960 et 1970). Sans compter le réchauffement climatique qui augmente la température de l’eau, et accélère le processus d’évaporation de l’eau depuis les années 1970. Les conséquences de cette pollution engendrent alors un risque écologique majeur. Les déchets agricoles accumulés depuis ces décennies, qui résident au fond de la mer de Salton, provoqueraient un désastre sanitaire si la mer s’asséchait et que ces résidus se retrouvaient à l’air libre. Le rôle actuel de l’eau est alors de confiner la pollution au fond du lac.

C

ependant, la pression urbaine de Los Angeles et notamment de San Diego menacent la Salton Sea, face à leur croissance constante dans leur demande d’eau - l’eau du Colorado acheminée vers les vallées d’Impérial et de Coachella pour l’irrigation agricole est à présent rachetée par les villes côtières. Carte postale des années 1950 de la Salton Sea ; oiseaux migrateurs sur les rivages ; playa exposée ; canal agricole se déversant dans la Salton Sea. sierraclub.org © ; desertsun.com/series/saltonsea/ ©

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L’envers du décor.

L

À

présent, lorsque l’on évoque la Salton Sea, peu de personnes en connaissent l’existence. Pour ceux à qui le nom du lac évoque quelque chose, il s’agit soit de nostalgiques de ses années d’âge d’or, de militants écologistes, de passionnés d’ornithologie, ou bien d’amateurs d’exploration de lieux désolés. Un nouvel usage apparaît, où de nombreuses équipes de tournage ou de photographie viennent explorer et utiliser les décors abandonnés des anciennes riviera. Leur atmosphère désolée, de lendemain de fin du monde, dans un paysage désertique. Le sel a commencé à ronger bon nombre d’équipements, le sable s’est installé à l’intérieur des ruines.

a vallée Impériale et la vallée de Coachella, sont depuis un siècle des zones de production intensive. En premier lieu une production agricole qui nourri l’ensemble des États-Unis en hiver avec une production industrielle très importante, maraichère et fruitière toute l’année. En deuxième lieu, une production en énergies : géothermales, de par la présence de la faille de San Andreas en dessous, qui marquent le paysage par leurs cheminées et nuages de vapeur blanche au Sud de la Salton Sea, ainsi qu’éolien au Nord, près de Palm Springs.

La présence soudaine de l’eau, marque à présent le paysage de la vallée depuis un peu plus d’un siècle. Une histoire récente, et cependant déjà pleine d’enjeux et rebondissements.

L

a vallée de Salton est repartie sur les comtés de Riverside au Nord et d’Imperial au Sud, et la mer est alimentée en eau par trois rivières. La New River et Alamo River depuis le All American Canal au Sud, et par la Whitewater River au Nord (depuis la vallée de Coachella et Palm Springs). Les eaux qui se déversent des rivières vers la mer de Salton sont composées de déchets de ruissellement des terres agricoles traversées, ainsi que de composants chimiques provenant de certaines eaux usées et d’usines de fabrication.

D’un désert, une vallée où l’eau manque, A un désert inondé, où l’on voudrait que l’eau disparaisse. D’une mer support de rêves, A une mer toxique et repoussante. La vallée de Salton a témoigné en l’espace d’un siècle de divers changements de paysages et de pratiques.

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Mount San Gorgonio (3 506 m)

LOS ANGELES RIVER

LOS ANGELES

PALM SPRINGS COLORADO RIVER

SAN GABRIEL RIVER

VALLÉE DE COACHELLA

Mount San Jacinto (3 302 m) SANTA ANA RIVER WHITERWATER RIVER

COACHELLA CANAL

VALLÉE IMPÉRIAL SAN FELIPE CREEK

SAN DIEGO NEW RIVER

SAN DIEGO RIVER

ALAMO RIVER

OCÉAN PACIFIQUE

ÉTATS-UNIS MEXIQUE

0

200 KM

N

28


Légende : Principales activités et équipements présents sur le territoire

Massifs montagneux importants

Centre urbain important

Espace naturel protégé de climat méditerranéen

Urbain

Espace naturel protégé de climat désertique aride

Espace touristique

Région agricole

Aéroport international

Tribu Amérindiens

Aéroport national

Production d’énergie géothermie

Port international

Production d’énergie éolien

Océan / Mer

Espace industriel

Rivière importante

Paysage désertique, climat aride et sec

Canal

Climat méditerranéen à influence océanique. Hydrologie (océan, lac, fleuves, rivières et canaux).

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II.

LIRE À TRAVERS LES LIGNES LES ÉLÉMÉNTS NATURELS ET COMPOSANTES PAYSAGÈRES

N

0

50 Km

Carte topographique : courbes tous les 100 mètres (Qgis)

30


Une diversité de climats, paysages et pratiques dans un espace déséquilibré

Q

ue nous racontent les lignes naturelles ? Les lignes de topographie déterminent le climat, les vents, l’environnement, l’habitat et les activités d’un espace. Ces lignes imposent également le bassin versant, la présence ou l’absence de l’eau, l’abondance des ressources, sous différentes formes, qui encore déterminent l’habitat d’un territoire. Les dénivelés vont de 3 495 mètres au sommet du Mont San Gorgonio, à -67 mètres à la mer de Salton.

C

es lignes influent sur notre quotidien et ce qui nous entoure. En effet, elles conditionnent notre manière d’expérimenter un espace. Afin de comprendre un territoire, il faut d’abord prendre le temps de lire ses lignes. Les lignes de surface, la topographie, nous apporte une multitude d’éléments fondateurs du paysage. Les lignes souterraines, failles géologiques, sont présentes sur cet espace et jouent un rôle important dans la question du risque en Californie. Les lignes du réseau hydrographique serpentent et s’entremêlent à travers toutes les courbes énoncées précédemment.

D

e la lecture et l’analyse de ces lignes découle une manière d’habiter : où, comment, et quelles ressources sont offertes ? Quelle opportunités et manières de s’approprier un espace en résultent ? La diversité paysagère et environnementale de la Californie du Sud en font un espace complexe aux multiples traits.

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A- L’influence du climat Le climat méditerranéen et ses dérivés, leur influence sur le développement d’une région

Le Climat Méditerranéen La zone d’étude de projet , bien que sur le territoire Nord Américain, est caractérisée par un climat de type Méditerranéen. Ce climat aux étés chauds et secs et aux hivers doux et humides est présent à différents endroits dans le monde dans les zones tempérées d’hémisphères Nord et Sud :

- pourtour méditerranéen, - Californie du Sud, - Côte Chilienne, - Afrique du Sud, - Australie côte Sud- Ouest.

Ces différents espaces ont ainsi pour points communs le climat,la saisonalité, ainsi qu’une végétation similaire.

32


CLIMATS

DE CALIFORNIE DU SUD SELON LA CLASSIFICATION DE KÖPPEN

Un seul territoire, six climats différents

SAN BERNARDINO

LOS ANGELES

PALM SPRINGS

ANZA SALTON CITY

SAN DIEGO N 0

100 KM

BSh Climat semi aride chaud et sec : Évaporation annuelle supérieure aux précipitations annuelles. Température moyenne annuelle supérieure à 18 °C.

Csb Climat tempéré chaud avec été sec (méditerranéen) et tempéré : Température moyenne du mois le plus chaud supérieure à 22 °C et températures moyennes des 4 mois les plus chauds supérieures à 10 °C. Saison sèche en été.

BWk Climat Désertique froid et sec : Évaporation annuelle supérieure aux précipitations annuelles. Température moyenne annuelle inférieure à 18 °C.

Csa Climat tempéré chaud avec été sec (méditerranéen) et chaud : Température moyenne du mois le plus chaud supérieure à 22 °C. Saison sèche en été.

BWh Climat désertique chaud et sec : Évaporation annuelle supérieure aux précipitations annuelles. Température moyenne annuelle supérieure à 18 °C.

BSk Climat semi aride sec et froid : Évaporation annuelle supérieure aux précipitations annuelles. Température moyenne annuelle inférieure à 18 °C.

Climat méditerranéen à l’Ouest de la chaîne de montagnes, Climat désertique à l’Est (ouverture sur le désert de Sonoran).

33


L

a chaîne de montagnes transversale sépare la côte des terres désertiques, et constitue la barrière climatique à l’origine du désert de Sonoran. Des températures très élevées, un taux de précipitations quasi nul représentent l’aridité du désert, dont les vents, soufflant de l’Est à l’Ouest, apportent des vagues de chaleur sur la côte.

Climatogramme Los Angeles T (°C) 50

L’influence océanique du Pacifique sur la côte Ouest apporte des précipitations et des températures moins élevées qu’à l’Est.

P (mm) 100

40

80

30

60

20

40

10

20

0

01 02

03

04

05 06

07

08 09

10

11

12

0

Les climatogrammes permettent de se rendre compte des différences climatiques du territoire. Ainsi, Los Angeles et San Diego représentent le climat côtier de l’Ouest. San Bernardino et Anza se situent au centre, entre la côte et le désert. Enfin, Salton City et Palm Springs sont représentatifs du désert de Sonoran, à l’’Est. Le climatogramme de Marseille permet de mettre en perspective ces températures et précipitations d’un climat méditérranéen familier.

Climatogramme Salton City

Climatogramme San Bernardino P (mm) 80

T (°C) 40

P (mm) 80

T (°C) 40 60

30

60

20

40

10

20

40

20

20

10

0

30

01

02

03

04

05

06

07

08

09

10

11

12

0

0

01

34

02

03

04

05 06

07

08 09

10

11

12

0


Climatogramme Palm Springs

Climatogramme de Marseille (France) P (mm) 80

T (°C) 40

P (mm) 100

T (°C) 50

80

40

60

30

30

60

40

20

20

10

0 01

02

03

04

05 06

07

08 09

10

11

12

20

40

10

20

0

0

01

02

03

04

05

06

07

08

09

10

11

12

Climatogramme Anza

Climatogramme San Diego T (°C) 30

0

P (mm) 80

T (°C) 40

P (mm) 60

60 30

20

40

40 20

10

20

20 10

0 01 02

03

04

05 06

07 08

09 10

11

12

0

0 01

02

03

04

05

06

07

08

09

10

11

12

en.climate-data.org ©

0

35


Les vents Santa Ana

U

n air chaud et sec est soufflé d’Est en Ouest sur la côte de Californie du Sud. Ces vents chauds et secs sont soumis à l’effet de Foehn : ils prennent leur élan depuis le désert, traversent les montagnes, pour arriver vers les métropôles côtières. Ces vents propagent les incendies, ainsi que les émissions de poussière du désert et des montagnes, et participent alors à l’augmentation des risques sanitaires liés à la pollution, déjà présents sur le territoire.

Les incendies en Californie du Sud

L

Le maquis californien est caractérisé par des feux de haute intensité qui détruisent toute biomasse aérienne. Ces incendies ravageurs, de Los Angeles à San Diego témoignent de la progression de l’urbanisation sur les espaces naturels, ainsi que le rapport de proximité des zones urbaines avec les espaces naturels. Les incendies parcourent des kilomètres très rapidement, sous l’influence des vents dominants de la région, notamment les vents de Santa Ana.

36

Calvin Ferris, nps.gov ©

Nick Ng, Guardian.com ©

a sècheresse et la canicule sont des évènements récurrents en Californie du Sud, et vont de paire avec le risque incendie. La végétation de type « maquis » en Californie est en proie aux incendies chaque année.


SÈCHERESSE

ET RESSOURCES EN EAU DE SURFACE

Risques d’incendie majeurs du territoire

et

Sècheresse sévère Tarissement des ressources en eau

N 0

100 KM

Sècheresse régulière - stress hydrique Appauvrissement des ressources en eau Ressource hydrique à son état normal Maintien du niveau des ressources en eau existantes comme réservoirs

L

L

a Californie du Sud, dû à son climat sec et aride, ainsi qu’à ses vents, est en proie au risque incendie et de sècheresse. Ces deux facteurs de risque ont notamment déterminé l’implantation des villes.

vents

Vents Santa Ana d’Est en Ouest, propageant les feux Zones sensibles au risque de feu de fôret Lieux de feux ravageurs fréquents

a question de la ressource en eau ainsi que des températures soutenables ont alors élu la côte Ouest plus viable pour les métropôles et l’installation de populations. De même, les montagnes, ravagées par les feux de forêt, ont pendant longtemps tenu les populations à distance.

37


DiffĂŠrenciation entre Californie du Nord et du Sud.

Carte des comtĂŠs de Californie.

38


B- Les populations de Californie du Sud Un territoire en évolution permanente, qui rassemble 10% de la population américaine.

L

P

a Californie du Sud représente la mégalopôle et région sud de la Californie. S’y trouvent les deux villes les plus peuplées de Californie : Los Angeles et San Diego. A elles deux, ces métropoles en font la région la plus peuplée des États-Unis.

endant longtemps raccroché à l’image de l’industrie agricole, cette région a vu sa population rapidement augmenter dans les années 1970, avec un développement industriel et commercial. Depuis les années 1950, la région est passée d’un environnement rural à un environnement périurbain. Le terme d’empire est utilisé pour attirer les populations à l’intérieur des terres, à environ 100 kilomètres à l‘Est de la côte Pacifique.

Il s’agit également de la deuxième région la plus urbanisée du territoire américain après le BosWash (mégalopole américaine rassemblant les aires urbaines du nord-est des États-Unis entre Boston et Washington DC).

Contrairement à la plupart des zones métropolitaines qui se sont développées autour d’une ville centrale, l’Empire intérieur n’a pas de noyau urbain. Les principales villes de la région sont Riverside, San Bernardino, et Palm Springs. L’étalement urbain prolonge la région métropolitaine de Los Angeles en passant audelà des montagnes dans les zones désertiques périphériques.

La Californie du Sud rassemble près de 30 millions d’habitants, soit 10 % de la population totale des États-Unis, le tout concentré sur la côte Ouest, entre Los Angeles et San Diego.

L

a question du risque se pose lorsque des aléas sont conjugués à des vulnérabilités. Ici, la vulnérabilité y est extrême, au vue de la concentration de population sur le territoire, à quelques kilomètres de la Salton Sea. Les comtés soumis à la menace de la Salton Sea sont ceux de Los Angeles, San Bernardino, Riverside, Impérial, San Diego et Orange.

Ce territoire est soumis à la présence du smog (brouillard de particules) ainsi qu’aux vents Santa Ana, à la croissance de la population, et à sa proximité avec le désert et la Salton Sea. Ces facteurs en font la région la plus polluée aux États-Unis (en 2004), d’après le Environment California Research & Policy Center et l’EPA (Agence de Protection Environnementale) .

Si les comtés de Los Angeles et San Diego sont les plus peuplés et attractifs sur le territoire, les comtés de San Bernardino et Riverside à eux deux représentent le Inland Empire («Empire à l’intérieur des terres») sur leur partie ouest. La région métropolitaine de Riverside–San Bernardino–Ontario, jouxtant Los Angeles, s’étend sur 70,000 km2 et abrite 4 millions d’habitants.

On assiste néanmoins à une progression de la population californienne de l’Ouest à l’Est, à mesure que la mégalopôle se sature.

San Bernadino

Riverside Le « Inland Empire », prolongement de la métrôpole de Los Angeles, vers l’Est désertique.

39


ÉVOLUTION

DE L’URBANISME DE LA CALIFORNIE DU SUD

L.A.

P.S.

Los Angeles

De 1900 à nos jours, et pronostique futur 2050

Palm Springs

S.B.

S.D.

San Bernardino

San Diego

B.S.

N Borrego Springs

L.A.

0

100 KM

P.S.

S.D.

1900 Début du développement des villes de Los Angeles et San Diego, ainsi que des travaux d’irrigation dans la vallée impériale et de Coachella. Le Salton Sink est désertique, Palm Springs est une villégiature où les touristes viennent pour ses bienfaits sur la santé (de par son climat).

1940 Nombre d’habitants L.A.

S.D.

Ville : 102 479 Agglomération : 250 187 Ville : 17 700 Comté : 35 090

Expansion croissante de Los Angeles, suivie d’un développement plus lent à San Diego. La Salton Sea fait partie du paysage du Salton Sink depuis 1907 ; début du tourisme autour de la Salton Sea.

Nombre d’habitants L.A. S.D. P.S.

Ville : 1 504 277 Agglomération : 3 252 720 Ville : 203 341 Comté : 289 348 3 434 Jusqu’en 1920, seulement 100 habitants (indiens Cahuilla, touristes).

S.B. P.S.

P.S.

L.A.

B.S.

B.S.

S.D.

1960 Expansion croissante de Los Angeles, suivie de San Diego. Apparition de la ville de Borrego Springs dans le désert d’Anza Borrego, ainsi que du développement croissant de Palm Springs. Abandon progressif du tourisme de la Salton Sea.

1990

Nombre d’habitants

P.S.

Ville : 2 479 015 Agglo. : 7 751 616 Ville : 573 224 Comté : 1 033 011 13 468

B.S.

1 000

L.A. S.D.

40

Los Angeles croît dans la vallée vers l’Est, puisque son littoral est déjà urbanisé, de même que San Diego. Développement croissant de Palm Springs avec le tourisme.

Nombre d’habitants

P.S.

Ville : 3 485 398 Agglo. : 14 531 529 Ville : 1 110 549 Comté : 2 498016 40 181

B.S.

2 244

S.B.

164 164

L.A. S.D.


E

t demain ? Pronostiques d’évolution démographique d’ici 2050.

S.B.

P.S.

L.A.

B.S.

S.D.

N 0

2018 - Aujourd’hui Los Angeles est la ville la plus peuplée de Californie et continue de croître dans la vallée vers l’Est. San Diego est une métropôle en pleine croissance, deuxième ville la plus peuplée de Californie. Palm Springs continue sont développement touristique, et jouxte la ville industrielle d’Indio.

Nombre d’habitants L.A. S.D.

Ville : 3 976 000 Agglo. : 18 788 800 Ville : 1 419 516 Comté : 3 337 685

100 KM

P.S.

48 142

B.S.

3 429 (2010) +35.3% depuis 2 000

S.B.

216 995

S.B.

P.S.

L.A.

B.S.

S.D.

N 0

100 KM

Pronostique 2050 La mégalopole de Californie du Sud s’expand, et malgré les restrictions en eau, la population est en constante croissante. L’urbanisme s’étire alors vers l’Est, appuyés sur les «nouveaux centres» existants de Palm Springs et Borrego Springs. Les prospectives établissent 60 millions d’habitants en Californie d’ici 2050, (contre 36 millions aujourd’hui).

Nombre d’habitants L.A.

Los Angeles / Long Beach / Santa Ana : 16 416 436

S.D.

Ville : 3 980 434 Comté : 3 337 685

41

P.S.

80 000 ?

B.S.

10 000 ?


PROGRESSION

TERRITORIALE DE L’URBANISME EN CALIFORNIE DU SUD

Un mouvement d’Ouest en Est par contrainte démographique.

La côte

+

L’ouverture vers l’Océan Pacifique ainsi que la concentration d’activités et le titre de Los Angeles attire toujours autant ; la ville continue de se développer. San Diego prend le relais sur la population de Los Angeles et s’accroît à son tour. Situation géographique stratégique avec ouverture sur l’océan et proximité avec le Mexique.

-

Saturation des centres, embouteillages, densité de population trop élevée face à la structure urbaine de la ville, besoin d’expansion spatiale. La mégarégion de Californie du Sud est contrainte à s’ouvrir vers l’Est pour contenir sa population croissante. Population principalement blanche et hispanique, aisée, ainsi que touristes américains et internationaux.

42

N 0

100 KM


Expansion vers l’Est

+

Côte métropolitaine devenue Mégarégion se connecte entre ses différents pôles.

-

Découverte du territoire Est, jusqu’alors négligé.

Baisse des ressources en eau, couplé à une hausse de la population, et une pression sur l’eau dans un climat chaud et sec. Anthropisation d’environnements naturels protégés et fragiles.

Vallée de Salton

+ Les sources thermales de la vallée et oasis ont

été foyers de tribus indiennes ainsi que de colons européens en quête de cures thermales. La vallée est une source de richesses en matière de production : - d’énergie (éolienne au Nord, géothermale au Sud) - agricole sur l’année. De même, la Salton Sea a été investie par les touristes dans les années 1940 et a attiré de nombreuses personnes par son panorama ainsi que le climat chaud et agréable en hiver. Les parcs naturels de Joshua Tree ainsi qu’Anza Borrego ont une faune et flore rares et précieuses, qui attirent de nombreux touristes chaque année.

-

A généré du dégoût et du rejet de la part des touristes, locaux ainsi qu’habitants de la côte, avant de s’en désintéresser. Image de la Salton Sea altérée, noirçie par son passé ainsi que ses problèmes écologiques et de pollution. Risque majeur pour la santé des populations alentours. Population locale d’origine sont les indiens de la tribu Cahuilla (aujourd’hui Torres Martinez Cahuilla). Au Nord, Palm Springs : majorité blanche, aisée à riche, touristique et retraitée. Arrivée d’une nouvelle vague de population Au Sud, population plus pauvre, majoritairement travailleurs immigrés du Mexique.

43


C- Échanges et trocs de l’or bleu Entre inondations et sècheresse, la course aux ressources révèle la stratégie de la Californie dans sa guerre de l’eau à travers son territoire ainsi que face aux autres États.

Nevada San Francisco

Rivière Owen

Californie du Nord Californie du Sud

Arizona Colorado

Los Angeles

OCÉAN PACIFIQUE

N

0

San Diego

200 KM

44


D

L

’eau est une ressource de plus en plus rare en Californie, et l’injustice spatiale est palpable d’Est à l’Ouest, entre désert et littoral.

e même, le Colorado River Aqueduc détourne une large quantité d’eau du fleuve vers la mégapôle Californienne.

La pression des grandes villes côtières sur « l’arrière pays » n’est pas récente, et pourtant elle met aujourd’hui plus qu’avant la région Est de Californie du Sud et la Salton Sea en péril.

Le rêve de développer l’Ouest Américain s’est matérialisé majoritairement sur la côte Pacifique, plutôt que dans les terres. Les métropoles de Los Angeles et San Diego font donc de la Californie un des État les plus riches et prospères des Etats-Unis. C’est aussi l’un des États le plus peuplé, dont la majorité des personnes est concentrée sur la côte.

Les conflits d’intérêt composent les paysages, qu’il s’agisse de conflits à propos de terres, ou de conflits à propos de l’eau. Les inégalités d’accès aux ressources infligent de terribles injustices spatiales à plusieurs échelles, notamment dûes au découpage des limites politiques et administratives du territoire.

La route de l’eau, dérivée du Colorado, pour aller dans la Vallée Impériale, abreuver l’industrie agricole intensive, poursuit ainsi son chemin vers l’ouest, pour à présent rencontrer la côte.

L

e réseau hydraulique étendu et complexe d’irrigation californien vampirise le Colorado. A échelle globale et internationale, la part la plus importante de l’eau du Colorado est prise par les Etats-Unis, laissant alors très peu de ressources au Mexique. Le All-American Canal longe cette frontière au nord, acheminant l’eau vers la Vallée Impériale et San Diego, au détriment du Mexique.

L

’eau est également acheminée vers la ville, là où l’économie se concentre et s’active. Le double usage de l’eau, mitigé entre les mondes agricole et urbain, est toujours croissant : la demande agricole, la demande urbaine. Les deux entités dépendent l’une de l’autre tout en se disputant leur ressource, devenue l’or bleu. De l’eau pour cultiver et nourrir les populations, ou de l’eau pour subvenir aux besoins et activités.

Légende Canal

Rivières et fleuves

Aqueduc

Lac

Réservoir artificiel de Los Angeles Réservoir artificiel d’État ou Fédéral Réservoir artificiel privé

Rivières et fleuves assèchés Lac assèché

45


RÉSERVOIRS

ET LACS

PRINCIPAUX

EN CALIFORNIE (PRINCIPALEMENT DU SUD)

Lac Mono

Tuolumne

San Mateo Santa Clara Santa Cruz

Mariposa

Stanislaus

Merced

Mono

Madera Lac Millerton

San Benito

Fresno Kings

Monterey

Lac Owen (assèché)

Lac Pine Flat

Lac Tulare (assèché)

Lac Mead

Inyo

Tulare Lac Isabella

San Luis Obispo

Lac Mohave

Kern Santa Barbara

Ventura

Los Angeles

Lac Havasu

San Bernardino

Riverside

Orange

Salton Sea San Diego

Impérial

Lac Impérial

Réservoir artificiel de Los Angeles Réservoir artificiel d’État ou Fédéral N

Réservoir artificiel privé Los Angeles a acheté des portions de territoires dans d’autres comtés en Californie du Nord afin d’y puiser de l’eau de rivière et d’y installer des réservoirs.

46

0

200 KM


Lac Mead

L

e Lac Mead est un lac artificiel, créé sur le cours du Colorado par la construction du barrage Hoover, au Nevada et en Arizona. Il permet d’alimenter en eau les États de l’Arizona, du Nevada et de Californie.

0

30 Km

Le lac est de plus en plus exploité face à la demande croissante en eau de Californie et s’assèche au fil des années. Son niveau a baissé depuis 2001, notamment dû au fait que le fleuve reçoit de moins en moins d’eau en amont.

Lac Owen (asséché)

É

galement victime de la guerre de l’eau face aux métropoles littorales, une grande partie de la rivière Owens a été déroutée dans l’aqueduc de Los Angeles en 1913, amenant un assèchement de celui-ci en 1926.

0

10 Km

Aujourd’hui, il s’agit d’un grand lac salé asséché, dont la surface est faite d’un mélange d’argile et de sable, ainsi que d’une variété de sels et minéraux divers. Le lac Owens est considéré comme étant la plus grande source de pollution par les particules aux Etats-Unis, dont la taille représente seulement un tiers de celle de la Salton Sea.

Lac Mono

L

0

10 Km

e Lac Mono est un lac endoréïque, dans un bassin volcanique du désert de la Sierra Nevada en Californie. Avec 25 km de berges et 180 km2 d’étendue d’eau, ce lac, dont le taux de sel est trois fois supérieur à l’océan Pacifique, a vu ses affluents menacés par la captation et l’approvisionnement en eau du comté de Los Angeles, par soucis de pression urbaine.

Charles W. Hull©

Le cas de figure est donc très comparable au cas de la Salton Sea. Et comme bien d’autres points d’eau de Californie, ce lac salé a été condamné à s’assécher, par un climat chaud et aride aux faibles précipitations, et par l’épuisement de ses ressources au profit des pôles urbains. Dans les années 1990, des militants écologistes ayant formé le comité du lac Mono ont engagé une bataille judiciaire et environnementale face à Los Angeles, suite à ses pratiques concernant le lac Mono, en Californie. Ce lac, presque épuisé par l’approvisionnement en eau de Los Angeles, a été sauvé de peu et a retrouvé un équilibre échappant à la catastrophe.

47

Photos : parks.ca.gov ©


RIVIÈRES

ET

AQUEDUCS

nJ Sa

N

im qu oa

Tuolumne Merced

0

200 KM

Rivière Owen San Joaquim

ia rn lifo Ca

Kings

Friant - Kern Canal

uc

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Armagosa

Salinas

Los Angeles Aqueduc

Kern

Colorado

Mojave

Eas Santa Clara

t Br . CA

Aq

ued

San Gabriel

Los Angeles

uc Colorado River Aqueduc

Santa Ana San Jacinto

Whitewater

San Diego Aqueduc

Santa Margarita San Luis Rey

San Diego

Coachella Canal New

Alamo

All American Canal

Tijuana

Eau de fleuves éloignés (dans d’autres comtés comme la rivière Owen ou d’autre État comme le Colorado) acheminée par aqueducs et canaux jusqu’en Californie du Sud pour la vallée de Salton ou Los Angeles.

Eau d’irrigation du Colorado pour l’agriculture de la vallée Impériale à présent acheminée vers San Diego pour les besoins croissants de la ville. Ce nouveau transfert menace la Salton Sea, puisqu’il la prive de son arrivée d’eau principale.

48


latimes.com ©

Rivière Owen

Los Angeles Aqueduc

L

’eau de la rivière Owen, affluent principal du lac Mono, a été détournée depuis 1913 vers l’aqueduc de Los Angeles. Ce système d’aqueduc a été étendu de Los Angeles vers le nord, au bassin Mono, avec l’achèvement du tunnel Mono Craters, en 1941 par le ministère de l’Eau et de l’Energie de Los Angeles.

L

’aqueduc de Los Angeles a été construit et exploité par le Los Angeles Department of Water and Power en trois étapes (1910, 1965 et 1971), afin d’assurer l’approvisionnement en eau de la métropole de Los Angeles, en Californie. L’eau est puisée dans la rivière Owen.Il s’étend du Nord au Sud sur 674 Km.

Aujourd’hui, bien que la partie sud de la rivière (au Sud du lac Owen) soit assèchée, la rivière reste l’une des sources majeures d’approvisionnement en eau de Los Angeles. allmamoth.com ©

Le détournement massif d’eau a épuisée les ressources de la vallée d’Owen et a mis en péril son agriculture.

latimes.com ©

Colorado River Aqueduc

Fleuve Colorado

L

ong de 389 Km, l’aqueduc part du Lac Mead et traverse le désert vers l’Ouest pour rejoindre Los Angeles. Ses deux réservoirs sont le Lac Mead et le Lac Havasu, et approvisionne également le San Diego Aqueduc.

N

é dans les montagnes Rocheuses dans le nord de l’État du Colorado, ce fleuve de l’Ouest Américain parcourt 2 330 Km du Nord au Sud avant de se jeter dans le golfe de Californi (au Mexique). Il traverse la Californie et six autres États Américains en amont, et son eau est prélevée à divers endroits pour un approvisionnement urbain, industriel et agricole. Il s’agit de la source principale d’approvisionnement en eau de la Californie (entre 55% et 65%).

cvwd.org ©

L

parks.ca.gov ©

’anthropisation de la vallée de Salton depuis le début du 20e siècle — auparavant inhabitable de par la forte aridité, a été rendue possible par l’irrigation du fleuve Colorado, avec la volonté de transformer l’un des déserts les plus secs et chauds en une région agricole. De même, l’eau du Colorado a permis le développement de Los Angeles et San Diego. Le Metropolitan Water District of Southern California détient les droits d’utilisation d’eau du Colorado, et vend 95% de son eau à la Californie du Sud.

All American Canal et Canal de Coachella

T

ransportant de l’eau du fleuve Colorado, le All American Canal a été construit en 1905 le long de la frontière Mexicaine, sur 130 Km. Son but est d’approvisionner la Vallée Impériale afin d’y assurer l’agriculture via l’irrigation. Son eau ruisselle vers le point le plus bas de la vallée : la Salton Sea. Cependant, depuis 15 ans, une partie de l’eau du canal est rachetée par la ville de San Diego pour y être acheminée directement.

49


L

L

’utilisation globale de l’eau en Californie est de :

’assèchement des ressources impose de nouvelles règles sur le territoire telles que le recyclage et réutilisation de l’eau, ou certaines restrictions d’utilisation. Ainsi, les habitants de Los Angeles ne peuvent pas arroser leur pelouse plus de trois fois par semaine depuis 2009, et ont interdiction d’arroser lorsqu’il pleut.

- 51% pour des raisons environnementales (maintient d’un certain niveau des rivières et zones humides) - 39% agricole - 11% urbaine.

A USAGE AGRICOLE

777 092 m3 *

5 180 616 m3 *

DEMANDE

L’usage en eau de Palm Springs est l’un des plus élevés de par la température plus élevée, ainsi que les nombreux terrains de golfe, pelouses et piscines dans le désert (le taux d’évaporation est très élevé).

L’utilisation de l’eau en espace urbain (notamment à Los Angeles et San Diego) est moins élevée par habitant, mais reste l’utilisation principale de la ressource sur l’ensemble du territoire. Le district d’irrigation de Santa Fe représente l’une des plus larges consommations d’eau du territoire dû aux gated communities et propriétés immenses aux pelouses et piscines démesurées.

N

0

100 KM

Utilisation d’eau en litres / jour / habitant

Population (en milliers) 1 - 500

Jusqu’à 380

501 - 1 000 760 et plus

1 001 - 3 000 (*) La consommation urbaine globale (en milliers) par m3 par an reste de 5 180 616 m3 sur le littoral et de 777 092 m3 dans les terres.

3 001 - 9 519

50


D

L

es études montrent également que l’utilisation de l’eau est plus abondante dans les quartiers riches que dans les quartiers plus pauvres. La région de Coachella et la vallée de Salton, en revanche, sont des destinations principalement de tourisme ou de retraite où les piscines et terrains de golfe rythment le paysage, dans un environnement désertique.

DEMANDE

es taux d’utilisation de l’eau y sont les plus élevés.

De même, l’agriculture intensive de la vallée augmente fortement l’utlisation en eau bien que des progrès techniques en matière d’arrosage et d’irrigation ont été faits depuis les années 1980.

A USAGE URBAIN N

0

100 KM

Région agricole, utilisation d’eau d’irrigation en milieu désertique

Pourcentages d’eau d’irrigation utilisée

Différents acheminements et consommations de l’eau sur la côte et dans le désert Irrigation à but urbain

0% - 1%

Irrigation à but agricole

2% - 5%

Recyclage de l’eau, épuration

6% - 35%

Captage des eaux de pluie et de ruissellement 51


L’EAU

SOUS TOUTES SES FORMES

L

a présence de l’eau est l’un des marqueurs principaux de l’identité de la région : de par son absence et sa présence, la région est en fait une éloge de l’eau sous toutes ses formes. Le passé de la vallée de Salton est lié à une histoire tumultueuse avec l’hydrologie, ses aléas et caprices de fleuves : une histoire d’assèchements et d’inondations, de joies et de malheurs liés à l’eau.

Lake Murray à San Diego, réservoir sert aussi d’espace public et parc en coeur de ville.

La toponymie du lieu, raconte son histoire hydrologique, lorsqu’une vallée a pour nom « Coachella », ce qui signifie « coquillage », ou encore Palm Springs et Borrego Springs, de « source » en anglais, à la « Salton Sea », mer salée au milieu d’une vallée désertique.

Aqueduc de Los Angeles, à travers le désert.

La Rivière Los Angeles circule à travers la ville dans ses canaux iconiques.

La Rivière San Diego serpente en bas de vallée, 52 encadrée par les autoroutes. Des programmes de mise en valeur de la rivière sont en cours de réalisation.


Marina assèchée à Desert Shores, en bord de Salton Sea.

Oasis dans la vallée Impériale.

Canyons formés par les pluies rares et violentes dans le désert, ruissellant vers la Salton Sea.

Le Coachella Canal, ligne bleue infinie coupe le désert, imperturbable, à côté de l’autoroute.

Littoral de la Salton Sea : le trait de côte a déjà reculé, les anciens pontons sont désormais à l’air libre, ainsi qu’une partie de la playa.

Le Canal de Coachella, encadré de grillages afin de protéger la ressource face à des communautés autres que celles de Palm Springs et ses environs.

La Rivière Whitewater, au Nord de Palm Springs, encadrée par les champs éoliens et les montagnes.

53


D- Biodiversité Une diversité de paysages et d’écosystèmes liés aux différents climats

N 0

50 KM

7

LOS ANGELES

4 6 SALTON SEA

1 2

3

OCÉAN PACIFIQUE

5

SAN DIEGO

Végétation naturelle de Californie du Sud Formation forestière mixte de feuillus et d’épineux.

Buissons type armoise côtière (herbacées, arbrisseaux et arbustes, de la famille des Astéracées).

Formation forestière d’épineux persistants : forêt subalpine montagnarde du sud.

Formation forestière d’épineux persistants : cyprès côtiers et forêts de pins.

Zone fortement urbanisée (pointillés).

Buissons type chaparral : végétation composée principalement d’arbustes et de buissons épineux.

Présence d’oasis (zone de végétation désertique à proximité d’une source d’eau).

Limite du bassin versant de la vallée de Salton.

Formation forestière d’épineux persistants : forêt de pins de Jeffrey du sud. Formation forestière d’épineux persistants : pin pinyon et genévrier.

Buisson type créosotier (Larrea tridentata) de Sonoran. Buisson type créosotier (Larrea tridentata) de Mojave.

Formations de cactus et/ou désert de sable chaud.

Joshua tree (Yucca brevifolia).

54


1

2

3

4

5

6

Photos : usda.gov Š

7

55


CIRCULER

AUTOUR D’ÉLÉMENTS NATURELS

Q

L

ue se passe-t-il à l’intérieur de cette boucle, quels éléments se retrouvent au centre de cette dynamique circulaire ?

es deux feux ont largement dévoré de nombreuses régions et mis en danger de nombreuses espèces animales. Les feux de forêt sont très réguliers dans cette région de par le climat ainsi que de la végétation sèche, et de la population de pins.

L’appui de la boucle de connection littoral intérieur de la Californie du Sud s’appuie sur les différents plans de montagnes qui se succèdent comme arrière-plan de la côte Pacifique.

La forêt offre un large espace naturel pour randonnées, et autres activités extérieures, ainsi qu’une histoire riche de par la culture amérindienne passée.

La Forêt Nationale de Cleveland est la fôret la plus au Sud de la Californie, située dans les comtés de San Diego, Riverside et Orange. Elle est le refuge de nombreuses espèces faunistiques et floristiques. Elle fait partie de la National Wilderness Preservation System qui protège les aires naturelles où les activités humaines ont un impact très léger sur l’environnement, afin de protéger l’environnement naturel. La forêt compte ainsi quatre aires naturelles protégées : Agua Tibia Wilderness (partly, Hauser Wilderness, Pine Creek Wilderness et San Mateo Canyon Wilderness. Les arbustes sauvages et les montagnes couvertes d’arbres sont les vestiges d’un paysage qui couvraient autrefois la majeure partie du sud de la Californie. Avec l’établissement des missions pendant la colonisation, puis des villes et de leurs banlieues, les montagnes sont aujourd’hui entourées d’espaces urbanisés.

Les terres de la forêt nationale de Cleveland ont longtemps été connues seulement par des tribus indiennes du désert et des côtes qui les utilisaient, tels que les Kumeyaay, Luiseños, Cahuilla et Cupeño. Aujourd’hui, beaucoup des sentiers (comme le Pacific Crest Trail, chemin de randonnée du Nord au Sud des États-Unis le long de la côte Pacifique) suivent les itinéraires empruntés par ces premiers habitants. A 2 heures de voiture à l’Est de San Diego, ou au Sud de Palm Springs, se situe le Parc d’État du désert d’Anza-Borrego (Anza-Borrego Desert State Park). D’une surface de 240 000 Ha, il s’agit d’une réserve naturelle située qualifirée comme le plus grand parc d’État de Californie -et du second parc d’Etat américain en dehors de l’Alaska.

C

e large espace naturel de 1 900 Km2, est composé d’un climat méditerranéen chaud et sec prédominant, offrant également d’autres micro-climats avec des étages alpins et subalpins de par son relief.

Le parc est situé à sud du Santa Rosa and San Jacinto Mountains National Monument et à l’Est de la forêt nationale de Cleveland. Il s’agit d’un parc contenant des zones désertiques ainsi que des formations rocheuses, zones montagneuses aride, sources naturelles d’eau chaude (hot springs) et d’oasis. La diversité de la faune et la flore reflètent les nuances de climat et de relief présentes dans ce parc.

Etablie le 1er juillet 1908 par le président Theodore Roosevelt et l’ancien président Grover Cleveland, elle est aujourd’hui administrée par le United States Forest Service, un organisme gouvernemental du Département de l’agriculture des États-Unis. Elle est est divisée en trois parties : Distrans de Descanso, Palomar et Trabuco Ranger.

Le Parc s’étire sur trois comtés : San Diego County, Impérial et Riverside. Comme la forêt de Cleveland, une large partie du parc protège les aires naturelles, notamment les parties appartenant à l’écorégion de l’écosystème du désert du Colorado, ainsi que l’écorégion California montane chaparral and woodlands.

La forêt nationale de Cleveland a été le site des deux plus grands incendies en Californie, le feu de cèdre de 2003 et le feu de canyon de Santiago en 1889.

56


A

E

D C

A

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A

Forêt Nationale de Cleveland

B

Parc d’État du désert d’AnzaBorrego

C

Monument National des Montagnes Santa Rosa and San Jacinto

D

Parc National de Joshua Tree

E

Forêt Nationale Bernardino

F

Monument National des Montagnes de San Gabriel

A

Vallée Impériale, agriculture intensive Vallée de Coachella

de

San

Parcs Naturels, Monuments Nationaux et Forêts Nationales de Californie du Sud, ainsi que la partie extrême sud du chemin de randonnée nationale Pacific Crest Trail.

C

B

B D E

Principales zones agricoles de Californie du Sud

N 0

A

50 KM

57

C

Vallée de Moreno, céréales

D

Temecula, vignobles

E

Ramona, céréales, maïs, maraichage


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50 KM

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BIOMES

ET PRÉSENCE DE FAILLES GÉOLOGIQUES L’influence de la géologie sur le relief et le climat par une diversité d’écosystèmes

L

L

a géologie du parc est l’un des attraits touristiques, témoignant d’une vision du passé tropical de la région, aujourd’hui disparu laissant place au désert. L’Histoire de la région est aussi habitée par les Amérindiens des montagnes et des déserts environnants qui étaient les tribus Cahuilla, Cupeño et Kumeyaay (Diegueño). Les pétroglyphes et l’art rupestre de ces cultures ponctuent les chemins de randonnée ainsi que le paysage.

es mouvements géologiques dûs à l’activité sismique des nombreuses failles présentes sur le territoire ont créé un relief complexe, une succession de chaînes de montagnes s’étirant du Nord au Sud, offrant une succession de barrières climatiques et paysagères d’Est en Ouest. Elles participent alors à la complexité de la faune et de la flore de Californie du Sud. La présence de nombreuses failles géologiques retiennent l’eau souterraine. L’eau resurgit à la surface plus tard, offrant un contraste entre l’environnement désertique et ces sources d’eau. Des oasis de palmiers natifs (Washingtonia filifera) et des zones de peupliers et de saules forment espaces de survie essentiels pour la faune du désert, ainsi que des paysages contrastés.

Le parc représente alors un élément important de la Californie du Sud de par sa riche biodiversité, l’Histoire culturelle et géologique ainsi que la vue et le paysage sur les montagnes environnantes et le désert (fosse de Salton).

58


A

C

u Nord d’Anza Borrego, le Santa Rosa and San Jacinto Mountains National Monument est un «Monument National», qui comprend des portions des chaînes de montagnes de Santa Rosa et de San Jacinto, étendu sur les comté de Riverside, à l’ouest de la vallée de Coachella, à environ 160 km au sud-est du centre-ville de Los Angeles.

et espace naturel est un axe nord-ouest au sud-est le long du bord de la large vallée de Coachella. Son relief, une chaîne de montagnes qui s’étend de la péninsule de Baja au Mexique aux montagnes de San Jacinto en Californie, s’élève brusquement du niveau de la mer jusqu’à 3 400 mètres (le pic San Jacinto étant le point culminant). On passe donc d’un environnement désertique au stress hydrique, à des sommets soumis aux intempéries de pluie et de neige.

Large de 113 341 Ha, il est administré conjointement par le US Bureau of Land Management (BLM) et le Service forestier des États-Unis - Forêt nationale de San Bernardino (SBNF).

Les différents palliers d’altitude impliquent des variations de température et d’humidité qui donnent naissance à une végétation diversifiée. Les versants Est sont plus chauds et plus secs, faisant face au désert de Sonoran. Le versant Ouest, sous l’influence de l’océan Pacifique reçoit plus de précipitations avec des températures plus fraîches.

Il s’agit d’une aire naturelle protégée (le monument comprend deux zones sauvages fédérales - le Santa Rosa et le San Jacinto), depuis le 19ème siècle d’abord comme réserve forestière, puis comme partie de la forêt nationale de San Bernardino en 1925. Plusieurs agences gouvernementales sont impliquées dans la conservation de la zone, ainsi que d’autres organismes tels que les locaux et tribus ou organisations privées de conservation, ont contribué à la protection des montagnes par l’achat et l’acquisition de terres.

On observe alors d’Est en Ouest une succession de plusieurs zones de végétation majeures allant : des dunes de sable, au chaparral (sorte de maquis formé par des buissons et des broussailles que l’on trouve en particulier en Californie et au nord-ouest du Mexique, et dans les pourtours de la Méditerranée), aux zones forestières de saules et de peupliers, au désert et palmeraies, ainsi que des forêts de pins dans les plus hautes altitudes. De même, des espèces endémiques sont également trouvées, de par les «îlots» climatiques des pics de la chaîne -tel que le mont San Jacinto.

L

e monument en lui-même a été créé par une loi du Congrès le 24 octobre 2000, «afin de préserver les valeurs biologiques, culturelles, récréatives, géologiques, éducatives et scientifiques importantes dans les montagnes Santa Rosa et San Jacinto» (Loi publique 106 -351). Cet espace naturel compte un ensemble de sites sacrés, tels que le sommet de la montagne Santa Rosa et le pic Tahquitz, et les caractéristiques du paysage qui sont d’une grande importance pour l’histoire des amérindiens de la tribu Cahuilla.

59


Articles des journaux principaux aux propos alarmants concernant la Salton Sea. latimes.com © sandiegouniontribune.com © theatlantic.com ©

60


E- Ressentis du risque et de la pollution vis-à-vis de la pollution Quel message est véhiculé aux populations et comment les acteurs ressentent-ils le risque ?

L

L

e risque étant par définition l’équation entre un ou plusieurs aléas et une vulnérabilité, les conséquences des aléas seraient directement liés à l’assèchement de la Salton Sea et à l’apparition grandissante de la « playa », vus dans la partie précédente. Cela aurait alors un impact rayonnant sur plusieurs échelles, et sur différentes populations.

a question qui se pose donc, est celle réemployée par Traci Brynne Voyles : “Why Don’t Californians Care about Saving the Salton Sea?” (Pourquoi les Californiens ne se soucient-ils pas de sauver la mer de Salton?). Éloignée de la côte, derrière la chaîne de montagnes, la Salton Sea est ignorée de par les populations littorales et par les pouvoirs publics, ainsi que la capitale californienne, Sacramento. Bien que depuis de nombreuses années les politiques « tentent » des projets de remédiation, les plans d’actions établis ne semblent pas convaincants ni efficaces, et restent très coûteux.

Cependant, la situation n’apparaît que très peu dans les médias locaux et régionaux, voire nationaux, évitant d’aborder le sujet du risque toxique de la Salton Sea qui augmente de jour en jour, à quelques kilomètres du littoral urbanisé, derrière la chaîne de montagnes. Les locaux des environs de la Salton Sea sont pour la plupart des foyers pauvres, souvent d’origine hispanique, ainsi que les amérindiens de la tribu Torres Martinez Desert Cahuilla Indians. Ces catégories sociales seraient alors victimes d’une injustice spatiale, au vu de l’inaction générale des politiques de Los Angeles et Sacramento pour les habitants de cette région.

P

ar conséquent ils n’ont jamais été mis en place. L’air respiré aujourd’hui, dans la vallée, provoquant des problèmes respiratoires entre autres, sera peut-être véhiculé et respiré dans une plus grande partie de l’État demain, et les prédictions futures sont alors très pessimistes concernant le devenir sanitaire de l’air ambiant californien. Actuellement, seuls les locaux de la vallée semblent paniquer face à la situation, sans pour autant couvrir l’unanimité de la population, puisque certains encore se soucient peu des conséquences de la dégradation environnementale de la vallée de Salton.

P

ourtant, le vent du désert ne s’arrête pas aux limites strictes du périmètre de la Salton Sea, mais s’étire au nord dans la vallée vers Palm Springs, municipalité hautement touristique et riche, ainsi que vers les métropoles littorales. De même, à des kilomètres à l’Est de la Salton Sea, Phoenix en Arizona, est également menacé par ces risques de tempêtes de poussière toxiques, et s’inquiète de la situation, pourtant à une distance beaucoup plus lointaine que les métropoles californiennes. Nous observons donc qu’il ne s’agit pas seulement d’un problème local, mais d’un rayonnement beaucoup plus large sur le territoire américain.

« Chaque année, une vaste marée de poissons morts apparaît entre septembre et octobre, et vous pouvez alors le sentir dans toute la vallée - l’odeur s’est même sentie jusqu’à Los Angeles il y a quelques années - et la seule fois où les médias ont parlé de la mer de Salton, était quand les habitants de Los Angeles ont senti son odeur. ». « Every year, there is a fish die off between september and october and then you can smell it in the entire valley –they even smelled it up to Los Angeles a few years ago –that’s the only time that the media talked about the Salton Sea, when the L.A. residents smell it. ». (Mary Resvaloso, présidente de la tribu Torres Martinez Cahuilla Indians, lors d’un entretien privé).

61


LOS ANGELES RIVER

Direction

Phoenix 430 Km

10 5

LOS ANGELES

PALM SPRINGS

COLO

SAN GABRIEL RIVER

3 SANTA ANA RIVER WHITERWATER RIVER

7 4

COACHELLA CANAL

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SAN FELIPE CREEK

3

SAN DIEGO

5 OCÉAN PACIFIQUE

8

NEW RIVER

SAN DIEGO RIVER

1

ALAMO RIVER

2

10 N

0

50 KM

N

Légende Faille de San Andreas commence dans le bassin de Salton, et remonte le long de la côte Californienne vers le Nord en passant par la vallée de Coachella et l’Est de Los Angeles.

Réchauffement global : augmentation de la température, évolution du climat et diminution des ressources en eau. Il s’agit de l’un des enjeux majeurs de l’Ouest Américain au 21e siècle : la pression sur l’eau.

Vents Santa Ana du désert vers l’océan menancent d’amener les particules fines de pollution du bassin de Salton vers le littoral.

62


III.

LA NOTION DE RISQUE L’Homme comme générateur de son propre désastre : des actions menées en incohérence avec le site

COLORADO RIVER

A

L

insi, la Salton Sea est devenue trois fois plus salée que l’océan Pacifique et chargée de polluants. Elle a vu sa population de poissons mourir sur ses rivages, brisant sa carte postale idyllique, et mettant fin à son rêve de Riviera. L’eau qui servait à maintenir le niveau de la mer en évitant sa totale évaporation, était aussi un vecteur de pollution depuis les années 1910.

a gloire du tourisme balnéaire de la Salton Sea n’a duré qu’à peine deux décennies. En effet, l’eau du lac est devenue de plus en plus polluée. Les canaux d’irrigation des parcelles agricoles de la vallée Impériale se jetant dans la Salton Sea, ont contribué à l’accumulation de dépôts salins et polluants.

B- Les conséquences des pressions sur l’eau et le risque d’assèchement

A- Enjeux hydrologiques de la région

1

Fleuve Colorado du Nord au Sud, est en majeure partie capté par la Californie du Sud.

6

Assèchement progressif de la Salton Sea de part la baisse des apports en eau (rachetée par San Diego en majeure partie).

2

Canaux d’irrigation de la vallée Impériale, dont les barrages ont cédé et ont alors créé la Salton Sea suite à une crue du Colorado.

7

La baisse du niveau de l’eau engendre une hausse de la salinité (3x plus salé que l’océan Pacifique).

3

Rivières qui s’écoulent vers la Salton Sea dans le bassin de Salton, maintiennent le niveau du lac mais sont aussi vecteur de pollution et accumulent polluants et sédiments dans le lac terminal.

8

Baisse de la production agricole : perte du littoral de la Salton Sea, enlève son effet protecteur à l’agriculture dû au micro climat du lac.

4

Salton Sea : réservoir mais aussi cuvette (-90 m d’altitude, point le plus bas de la région), où l’eau confine la pollution et la maintient à l’abris de l’air libre.

9

Recul du trait de côte et exposition de la «playa» révèle alors la pollution à l’air libre. Grande partie sableuse aux vents augmente également le risque de tempètes de sable.

5

Métropoles côtières en croissance : ont une demande en eau en hausse et dévient l’eau de la Vallée Impériale pour l’acheminer directement sur le littoral, ce qui provoque la baisse de la Salton Sea.

10

Catastrophe sanitaire majeure lorsque la pollution rencontre les métropôles de San Diego et de Los Angeles. Étalement urbain futur de Los Angeles et San Diego, à prendre en compte, qui vont entrer progressivement dans les terres.

63


Désert Peu de ressources, climat aride

Appui sur

Front Océanique Concentration d’activités et de population

le relief

N

0

200 KM

A- TOURNER LE DOS Le risque réel : le désintérêt et l’oubli

L

F

a vallée, et la Salton Sea, se retrouvent avec moins d’eau acheminée, mais aussi avec des contraintes climatiques importantes couplées au réchauffement global de la planète. L’apport en eau des trois rivières et canaux d’irrigation dans la Salton Sea sont aujourd’hui plus faibles que le taux d’évaporation, ce qui amène à l’assèchement progressif du lac, et à la perte du rôle de l’eau pour confiner la pollution.

ace à ces menaces et conséquences, un clivage Est- Ouest, littoral- désert se dessine. En réalité, la Salton Sea est en péril du fait du désintérêt politique qui lui est porté, et de la négligence envers cette partie du territoire : pollution non traitée, perte du tourisme, abandon de villes en bord du lac… Aucune décision politique n’est prise concernant sa pollution et ses apports en eau, et le site est alors rejeté, tenté d’être oublié, à l’ombre des montagnes qui le séparent du littoral Pacifique.

Les risques majeurs identifiés par les autorités jusqu’à présent sont les conséquences de l’assèchement : émission de particules fines toxiques à l’air libre, tempêtes de sable du désert vers les populations des métropoles côtières sur le long terme, entrainant alors les polluants autrefois contenus au fond de la Salton Sea vers le littoral. Cela engendrerait une baisse de la production agricole suite à la perte du rôle protecteur de la mer, dont le micro-climat permet une meilleure exploitation agricole.

La vision divisée de la Californie du Sud présente : - le littoral urbanisé ouvert sur l’océan pacifique, adossé sur les montagnes, - et de l’autre côté du relief un désert.

64


PÉRIMÈTRE

DU RISQUE : PRONOSTIQUES Puisque le paysage n’a pas de frontières, que les vents ne s’arrêtent pas à une frontière administrative, et que les échelles sont emboitées.

S

i l’on considère le risque comme étant la propagation des particules polluantes sur l’ensemble du territoire, suite à l’assèchement progressif de la Salton Sea, voici une idée de l’évolution du périmètre du risque sanitaire.

2018

Aujourd’hui, les communes de la Vallée Impériale et de Coachella ont des problèmes respiratoires et de l’asthme. Los Angeles et San Diego semblent être hors de portée des vents et particules. 2018 2040 2050

2018

E

n 2040 et 2050, l’assèchement drastique de la Salton Sea augmente consédérablement le périmètre de risques face à la quantité de particules dévoilées à l’air libre. De plus, la population des métropôles augmente et gagne du terrain vers l’Est. Un double mouvement s’opère : risque et particules vont vers l’Ouest, à la rencontre des populations qui s’installent à l’Est.

2040 2050

D

’ici 2080, dans 50 ans, si rien n’est fait, la Salton Sea sera complètement asséchée.

2080

Sa surface sera alors couverte de particules toxiques contenues sous ses eaux depuis le 20e siècle, et l’impact sanitaire sur les populations sera grave. Les populations s’installeront de plus en plus dans la Vallée désertique. La Californie du Sud sera globalement affectée par cette catastrophe écologique et humaine.

N 0

65

100 KM


E

U

au et absence de l’eau, urbain et vide, croissance et décroissance. On observe une vision manichéenne du territoire : un contraste côte - désert, une opposition de deux espaces, d’où ce désintérêt, souligné par la topographie.

ne certaine dualité géographique se dégage, par une opposition climatique entre la côte océanique et le désert, séparés par les montagnes Santa Rosa et San Jacinto. Cette vision amène alors à un état de négligence et d’oubli du désert de Sonoran, pourtant situé à seulement quelques centaines de kilomètres de route de Los Angeles et San Diego. La frontière, appuyée sur le relief, est ainsi affirmée dans la manière de composer les espaces urbains ainsi que les pôles attractifs du territoire.

Se pose alors la question du risque réel qui touche ce territoire. Et si le risque majeur était le désintérêt et le rejet de cette vallée ?

Photographies de marinas asséchées et de la playa exposée Février 2017, playa déjà à un stade bien avancé, marina sèches.

66


PAYSAGE

Q

DE L’OUBLI

Entre conscience du risque et déni : Comment une population tourne le dos à son territoire.

S

uand est-ce que le risque se réalise ?

’agirait-il du risque face à une certaine population, celle des métropoles côtières, plutôt que la population voisine de la Salton Sea ? Il semblerait que le risque se réalisera lorsqu’il touchera un certain espace, comme le Greater Los Angeles, menacera une population «plus importante», qu’il se révèlera à une certaine extension de son périmètre.

L’assèchement de la mer et la révélation de son trait de côte à l’air libre est déjà à un stade avancé, ce qui annoncerait que le risque est déjà enclenché. Pourquoi alors aucune mesure n’est prise, pourquoi personne n’en parle ? Les acteurs locaux expriment globalement une injustice sociospatiale, vivant au plus près et des effets de la catastrophe immédiate, celle de l’assèchement de la Salton Sea, et éprouvent le sentiment d’être laissés de côté. Les décisions politiques et économiques sont prises loin du site.

Mais quand a-t-il commencé ? Était-ce dans les années 1960 quand les marinas touristiques de la Salton Riviera ont été abandonnées ? Ou bien dans les années 1990 pendant les morts consécutives de poissons et oiseaux sur ses rivages ? Le risque a-t-il officiellement été reconnu dans les années 2000 quand Los Angeles a enfin senti l’odeur qui s’émanait de la Salton Sea, tel un appel ?

La distance entre la Salton Sea et Sacramento (capitale de la Californie, située au Nord), ou encore avec le littoral Pacifique, amène une perte de notion de la réalité, qui engendre une négligence et un désintérêt pour la vallée Impériale.

Et si le risque avait débuté quand les populations ont commencé à montrer du désintérêt pour cet espace, à lui tourner le dos ?

L

a conscience des populations envers le site est sujette à un problème sensoriel. Elle dépend de la vue et de l’odorat, et est couplée à la notion de distance. Tant qu’il n’y a pas de confrontation en face à face, dans un rayon restreint du site, ou que sa vue ou son odeur ne nous atteint pas, la connexion est brisée, et les populations ne se sentent plus concernées.

D

u rejet, du dégoût ? Le risque ici témoigne d’une dimension qui implique l’individu entier : dimensions corporelle, temporelle et sensorielle. Cela amène à l’émotionnel, ce que l’on ressent vis-à-vis du site. Un dégoût, qui amène au déni, et tente alors d’aller vers l’oubli. Et si le risque réel était celui-ci ?

67


Différents types de maillage de la grille de Jefferson

SORTIR

DE LA VISION BINAIRE

Observer un territoire multiple, guidé par une géométrie de grilles et lignes naturelles.

S

i les métropoles californiennes de Los Angeles et San Diego s’ouvrent sur une étendue infinie bleue, les autoroutes 10 au Nord de la vallée de Los Angeles, et 8 au sud, depuis San Diego, s’ouvrent vers l’Est, dans la vallée, sur une étendue orangée dont un lac scintillant rappelle le caractère océanique de la côte Ouest. Et si le nouveau littoral était un littoral désertique ? Un trait de « côte désertique » : face à une étendue infinie de nature sans pollution urbaine, un espace où la ligne d’horizon est une chaîne de montagne, et qui, au lieu d’être composé d’azurs, présente un océan de différentes nuances de couleurs chaudes. Quitter à l’Ouest un littoral bleu tramé par une grille de Jefferson urbaine, pour trouver un littoral chaud, à la grille agricole plus aérée, prenant forme sur l’ancien littoral que le désert abritait il y a des milliers d’années. L’observation et la comparaison de ces deux territoires qui semblent s’opposer, m’a offert trois outils, par leurs similitudes. Premièrement de par leur rencontre entre la grille de Jefferson qui les régit, et les formes naturelles et organiques qui composent le paysage. Le site est soumis à différentes formes, motifs et lignes qui se retrouvent à différentes échelles.

68

L

e « pixel » des trames agricoles, fait écho à cette forme carrée des trames de Jefferson imposées sur l’ensemble du territoire (le PLSS Public Land Survey System) ainsi que dans les villes : il s’agit du premier outil. Les tangentes et diagonales (failles tectoniques, montagnes), appuyées sur les lignes topographiques ressortent sur l’ensemble de la région. La rencontre de ces formes géométriques avec la géographie du site interpellent et créent une identité particulière. Les photographies aériennes montrent ce tissage de grilles, aux mailles plus ou moins serrées, sur l’ensemble du territoire américain, ainsi que le passage de ces espaces anthropisés vers des lieux dont seuls les éléments naturels sculptent les formes.

0


N 0

50 Km

A- Grandes aires naturelles de la région, formes organiques

B- Diversité d’espaces tramés par la grille de Jefferson : PLSS Public Lanc Survey System

Zone naturelle appuyée sur le relief, sous influence de climat méditerranéen / océanique. Majeure partie Parc Naturel.

Grille large de type agricole Grille de taille moyenne de type industrielle

Chaîne de montagne côtière Pacifique, étages alpins et roche prédominants.

Grille de taille petite en espace urbain et périurbain

Zones désertiques : désert de Sonoran et du Colorado. Ouverture vers l’Est des ÉtatsUnis.

Grille très serrée en centre urbain / CBD

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N

Le réseau autoroutier principal, du Sud au Nord, d’Est en Ouest, en appui sur la topographie.

L

E

e vocabulaire, ainsi que le paysage sont imprégnés de la présence de l’eau, ce qui en fait une évidence lorsque l’on observe les indices du paysage. Il s’agit du deuxième outil.

nfin, la route comme troisième outil. Elle est un élément fondateur du paysage américain, le moyen de déplacement phare, ainsi que l’un des espaces publics les plus utilisés. La route est favorisée pour les déplacements sur le territoire américain, et c’est par l’arpentage de celle-ci que l’expérience du paysage s’opère dans aussi bien dans la pratique quotidienne que dans l’imaginaire collectif, allant des romans, aux films célèbres et reportages.

Aujourd’hui, le problème majeur de la Californie, notamment du Sud, et dans les années à venir, est celui de l’eau : l’or bleu. La région est sujette à une pression sur les ressources hydrauliques sans précédent. Le poids croissant des métropoles littorales s’ouvrant sur l’océan pacifique s’appuie sur les ressources en eau de l’intérieur des terres, créant un déséquilibre, une dépendance rendue invisible. Ils mettent dans l’oubli l’arrière pays qui se désertifie face à une ressource de plus en plus rare et exploitée. Couplé à la menace du réchauffement global, la pénurie en eau crée de nouveaux paysages et enjeux sur le territoire. Les réseaux qui se remarquent le plus et articulent le territoire sont le réseau hydrographique et les voies de transport.

70


N

Le réseau autoroutier principal forme un anneau circulaire, il s’agirait de mieux connecter les espaces interstitiels.

B- FAIRE FACE Circuler dans le territoire, connecter l’Est et l’Ouest en nouant les différents éléments du territoire

E

A

n changeant d’échelle d’approche de la région, et en intégrant la notion de cette dualité littoral-désert, l’idée est d’intégrer les enjeux du risques et de les questionner à une échelle territoriale et non locale. Le but étant de répondre au risque majeur : celui de l’oubli, de tourner le dos au site et de s’en désintéresser.

u lieu de tourner le dos, fuir cette vallée, l’idée est de lui faire face, tourner le regard vers le désert, de se réconcilier avec ce territoire, qui à travers son histoire a toujours attiré et repoussé. La vallée Coachella, forme un angle qui s’inscrit dans une boucle, rattachant alors le territoire, tel un anneau tournoyant autour du relief. Une connexion circulaire se créée, appuyée sur les routes existantes, le relief ainsi que l’hydrologie, et permettrait alors la connexion du territoire littoral vers son « littoral désertique », amenant les californiens du sud à s’approprier ce territoire qui leur est propre.

Il faudrait passer d’un état d’opposition et de dualité, à celui d’unité dans la pluralité, à l’ensemble. Par conséquent, au lieu de voir deux espaces distincts et opposés, deux climats, contrastés entre le milieu littoral et les terres intérieures, il s’agit de voir un ensemble, comme opportunité de connecter les différents éléments d’une région.

Un mouvement circulaire est alors créé : il donne de l’importance à l’arrière pays en le connectant. Tel un anneau, il agirait comme nouvelle dynamique, comme un nouveau rapport entre les différents paysages du territoire.

Comment connecter la Salton Sea et sa vallée, ses environs, à la côte ? Les métropoles de Los Angeles et San Diego, tenues en étau entre l’océan Pacifique et les reliefs montagneux, s’appuient sur leur littoral, en tournant le dos aux montagnes et à la région désertique.

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0

N

50 KM

10

1

86

5

111

8

1

California State Route 1 : longe la côte Pacifique d’Orange County (sous Los Angeles) vers le Nord jusqu’à Leggett, bien au-delà au Nord de San Francisco.

5

Interstate 5 California est une autoroute qui commence à San Diego et longe la côte jusqu’à l’État de l’Oregon au Nord de la Californie.

10

Interstate 10 California débute à Los Angeles et prend la direction Est vers Phoenix en passant par San Bernardino et Palm Springs.

8

Interstate 8 est une autoroute au sud-ouest des États-Unis. Elle part de San Diego, en Californie pour rejoindre la junction avec l’Interstate 10. L’autoroute suit de très près la frontière mexicaine. California State Route 111 de la vallée de

111 Coachella vers la frontière Mexicaine au Sud.

86

72

California State Route 86 part de la State Route 111, près de la frontière mexicaine à Calexico, longe la Salton Sea à l’Ouest vers le Nord, et rejoint la Route d’Etat 111 à Coachella / Indio.


LA ROUTE

ET LE MOUVEMENT COMME EXPÉRIENCE DU PAYSAGE Et identité de la Californie : vitesse et traversées goudronnées

L

L

es autoroutes font partie de l’expérience quotidienne en Californie, ayant joué un rôle puissant dans l’évolution de l’urbanisme et de la façon dont les habitants gèrent leur mode de vie. La Californie est alors associée un style de vie axé sur la liberté de se déplacer par la voiture. L’étalement urbain mais aussi la congestion font partie de l’ensemble paysager californien. La façon dont les routes sont implantées dans le paysage, leur présence physique massive et leur impact visuel sont inscrites dans tous les imaginaires.

a création initiale d’autoroutes dans les années 1940 visait à créer un lien avec la nature et le paysage, à l’autonomie de l’individu en empruntant des liaisons rapides.

Le paysage de l’autoroute est large, souvent embouteillé (notamment sur la côte, témoignant d’une vitesse face à un paysage statique. La route est entièrement dédiée au transport et à la vitesse, et est complètement dissociée de toute préoccupation esthétique.

Les autoroutes de la Californie du Sud sont un réseau d’autoroutes interconnectées dans la mégarégion du Sud de la Californie, et desservent une population de 22 millions de personnes. Le plan directeur des autoroutes métropolitaines de Los Angeles a été adopté 1947 et la construction a commencé au début des années 1950 ; aujourd’hui, environ 61% du réseau initialement prévu avait été achevé.

D’une promenade agréable à la découverte de paysages, la route est devenue un tunnel à ciel ouvert, un tube à toute vitesse dont les espaces environnants ne deviennent que secondaires.

De la traversée de quartiers urbains denses, aux paysages naturels inhabités, les autoroutes sont pour ainsi dire l’espace public le plus populaire de la région.

73


Autoroutes à 8 voies dans l’aire de Los Angeles, le traffic routier saturé la plupart du temps. Eric Demarcq/Flickr ©

Route bordant la Salton Sea. Cliché personnel, avril 2018.

74


RĂŠseau autoroutier dans le Sud de la Californie et le nombre de voies par branches.

N

0

100 Km

RĂŠseau autoroutier dans le Sud de la Californie selon la frĂŠquentation (gradient couleur) et leur impact sur le territoire.

75


TRONÇON ENTRE DEUX CLIMATS TRONÇON AIRE URBAINE LOS ANGELES

SAN BERNARDINO / REDLANDS OUVERTURE VALLÉE COACHELLA / DÉSERT

LOS ANGELES DOWNTOWN ET AIRE MÉTROPOLITAINE DE LOS ANGELES

PALM SPRINGS INDIO - INDUSTRIEL - AGRICOLE TRONÇON BASSIN DE SALTON LITTORAL EST FRONT DU DÉSERT DU COLORADO

VILLES LITTORALES

SALTON SEA

OCÉAN PACIFIQUE

TRONÇON OUVERTURE SUR L’OCÉAN LITTORAL OUEST

ARRIVÉE DANS IMPÉRIALE

OUVERTURE SUR LE DÉSERT DU COLORADO

RÉSERVES NATURELLES TRONÇON PROTÉGÉ

TRONÇON AIRE URBAINE SAN DIEGO

N

N

VALLÉE

VILLES LITTORALES SAN DIEGO ET BANLIEUE PROCHE

0

LA

100 Km

PARC

NATUREL

Schéma des différents tronçons- unités paysagères sur la boucle Californie du Sud

EMPRISE DE L’UNITÉ PAYSAGÈRE SUR L’ESPACE

REGARD DEPUIS LA ROUTE

76


COURBER

LE TERRITOIRE EN UNE BOUCLE Connecter les unités paysagères pour libérer la Salton Sea de son isolement : le paysage comme relation.

L

A

a menace de la Salton Sea et de son assèchement amène de nouvelles visions de la région, du désert, du lac ainsi que de nos pratiques. Ce site questionne le domaine de l’incertitude, ce qui le rend difficile à anticiper, il demande à définir de nouvelles manières de vivre, d’observer et d’habiter ce territoire, en engageant le dialogue avec celui-ci. Les populations locales et plus éloignées doivent être à l’écoute de leur milieu, et respecter une relation saine entre les paysages et nos sociétés.

rmée des trois outils cités précédemment, l’idée ici est d’identifier les différentes unités paysagères présentes sur cette boucle dynamique. Tout au long de cet anneau imaginaire, s’étirant du Pacifique à l’Ouest vers les montagnes et la vallée à l’Est, le front de mer est lié au désert, et regroupe différents tronçons et unités paysagères.

T

el un ruban qui serpente à travers la diversité des ambiances et paysages de la région, entrecoupé de noeuds et ruptures. L’analyse et l’observation des différentes entités qui se succèdent le long de cet axe tracé permet de comprendre les mutations et les espaces de basculement du territoire. L’anneau devient alors concret, s’appuyant sur les infrastructures ainsi qu’éléments importants tels que le relief.

Changer les pratiques, s’adapter à un nouveau paysage, comprendre son environnement.

A

ujourd’hui les propositions de projets restent peu développées et abouties –par manque de temps, d’intérêt et de financements. Face aux divers enjeux humains et géographiques, il est essentiel d’établir une « discussion » et d’être à l’écoute du territoire, en observant ses changements, afin d’organiser les sociétés et activités en adéquation avec celui-ci.

N

Cette forme circulaire permet la connexion du territoire entre ses différentes entités et de poser ainsi un dialogue d’Est en Ouest. La compréhension et communication entre les deux espaces permet alors une prise de conscience qui amènera à des solutions mises en places face à la question de la Salton Sea.

INFLUENCE DES ÉLÉMENTS PAYSAGERS LE LONG DE L’AXE

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Boucle routière qui relie Los Angeles à la Salton Sea et à San Diego avec les principales nuances de couleur et trames des paysages qui défilent.

LOS ANGELES PALM SPRINGS Vallée de Coachella

SALTON SEA

OCÉAN PACIFIQUE Vallée d’Impérial

SAN DIEGO

PALM SPRINGS

LOS ANGELES

SALTON SEA

OCÉAN PACIFIQUE

SAN DIEGO

La diversité naturelle des parcs nationaux à l’intérieur de la boucle routière qui relie Los Angeles à la Salton Sea et à San Diego.

0

100 Km

N

78


IV.

RUPTURES, PORTES ET BASCULES Les passages et ruptures d’une entité à l’autre, points stratégiques de connexion ou déconnexion du territoire

I

J

l est du rôle de l’Homme de ne pas se détourner de ses erreurs mais de faire face aux conséquences de ses propres actions afin d’en prendre conscience et de tenter de redresser la situation.

e questionne alors la manière d’articuler ces entités entre elles, et par quel support : l’eau, la topographie, l’espace urbain, la route, les équipements, le climat, la biodiversité.

En incluant la vallée de Salton et la Salton Sea dans un système territorial régional, on lui redonne de l’attention, on la raccroche aux métropoles et aux populations. Ces éléments interconnectés en mouvance rappellent des cellules organiques. Connecter ce territoireécosystème dans un mouvement global, par les espaces interstitiels serait alors une manière de prévenir le risque.

La combinaison d’une ou plusieurs de ces thématiques le long de l’axe tracé permettra ainsi de dessiner un itinéraire, de planifier un mouvement territorial afin de connecter la Salton Sea aux métropoles littorales. Pour donner de l’importance à la Salton Sea et à la région menacées par le risque constant, il s’agit de rompre son isolement avec le reste du territoire. Un travail d’identification des points de rupture et de connexion, ainsi que sur les espaces interstitiels permet de comprendre où estce que l’on ressent le risque, et en quoi cet espace est-il déconnecté du littoral.

Suite à l’identification des différentes portions de territoire, composantes et enjeux, ainsi que des des successions de paysages, l’idée est d’observer les endroits de rupture, de basculement d’une entité à l’autre. Ces endroits seraient des points d’intérêt de pression, qui joueraient un rôle-clé dans la fluidité de connexion du territoire.

Page de gauche : En haut : Carte des successions d’unités paysagères le long de l’axe circulaire et de l’axe routier, ainsi que des points de bascule entre l’influence du littoral Pacifique et la Salton Sea. Zones de rupture, d’intérêt dans la boucle, pour une analyse et intervention à une échelle plus rapprochée. En bas : Intérieur de la boucle naturel avec la Forêt Nationale de Cleveland, et le Parc National d’Anza Borrego (voir carte des éléments de biodiversité page 52).

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S

i la Salton Sea a besoin de la reconnaissance et du contact avec Los Angeles et San Diego, celles-cies ont également besoin d’un arrière-pays sain, disponible et équilibré, puisque la croissance des deux métropôles tend vers l’Est. Il ne s’agit pas d’un mouvement à sens unique mais d’une relation mutuelle, bénéfique à l’ensemble du territoire de la Californie du Sud. L’idée serait de repenser le territoire par la manière dont on y vient, redéfinir le paysage autoroutier de Californie, dans un mouvement rapide en incitant le «promeneur» à s’arrêter, et regarder autour de lui.

C

élébrer, retracer l’eau dans sa diversité de formes et de territoires, lorsqu’elle est présente, mais également absente : ses indices, comment elle transforme les paysages, les contrastes qu’elle créé. La diversité des usages et d’apparences de l’eau devrait interpeller le rapport des populations à la considérer comme ressource précieuse, mais aussi comme élément naturel.

3 Sites potentiels de réconciliation de la côte Ouest à l’intérieur des terres : valoriser l’Est et amener vers la Salton Sea. 1. Bannings Pass : porte septentrionale du désert de Sonoran 33°55′12.1″N 116°58′14.1″W 2. Indio : la bascule de la Vallée de Coachella 33°43′14″N 116°12′56″W 3. Jacumba Hot Springs : porte méridionale du désert, point le plus bas de la Californie du Sud 32°37′1″N 116°11′17″W

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RÉCONCILIER

LE TERRITOIRE Portes et bascules entre le littoral et l’intérieur des terres.

33°55′12.1″N 116°58′14.1″W 145 Km

33°43′14″N 116°12′56″W 1 30 Km

2 Los Angeles

Salton Sea

3 San Diego 115 Km

N

0

50 KM

32°37′1″N 116°11′17″W

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A- PORTE SEPTENTRIONALE DU DÉSERT Connecter la bordure Est de la mégalopole en expansion avec un nouvel environnement : le passage de Bannings et San Gorgino, un appui sur la topographie et le climat.

L

e premier espace de décrochage sur la voie qui mène à la Salton Sea se situe sur le passage de Banning et de San Gorgonio. Alors que l’on quitte la plaine de Los Angeles pour s’engager vers l’Est, le relief se resserre. Sur les 70 kilomètres qui séparent Redlands de Palm Springs, on trouve cet espace de bascule entre deux mondes à part. Ce passage entre deux montagnes est un pincement topographique, entre les pics de San Jacinto et de San Gorgonio, qui culminent à 3000m et marquent le passage d’un climat à l’autre. On quitte un monde urbain où l’Homme est prédominant, pour entre dans un espace où la nature nous domine. Ces montagnes abritent les pics les plus hauts du sud de la Sierra Nevada et marquent la limite entre le climat méditerranéen et le climat désertique. Il s’agit de la porte d’entrée Nord du désert de Sonoran, à seulement 1h20 de route de Los Angeles. On quitte un espace marqué par la grille de Jefferson, dense et urbaine, pour un territoire orné de formes organiques et naturelles qui font perdre la notion d’échelle. Ce passage est également la limite du bassin versant de la Salton Sea, ainsi que l’ancienne limite du Lac Cahuilla pendant des milliers d’années, qui reposait dans le fond des Vallées de Coachella et d’Impérial. Bien que le lac ne soit plus existant aujourd’hui, l’hydrologie reste un marqueur important de cet espace. Ici naît la rivière Whitewater qui longe ensuite la Vallée de Coachella pour se jeter dans la Salton Sea.

82

L

a rivière Whitewater, doit son nom à son ruissellement printanier, mais la plupart de l’année elle devient relativement calme ; « whitewater » signifie eau vive, eau d’une rivière au débit rapide voire torrentiel. Les couleurs environnantes changent : du gris bétonné au vert des quelques arbres et cultures le long de l’autoroute Interstate 10, le paysage évolue vers des nuances brunes et sablées. Les couleurs chaudes nous encadrent en ce fond de vallée et contrastent avec les sommets verts des pics qui s’élèvent autour de nous. Au Sud, le monument national des montagnes de Santa Rosa et San Jacinto fait face au monument national « Sand to Snow National Monument » (« du sable à la neige »). Le monument national du sable à la neige est un espace naturel où convergent trois écosystèmes distincts, ce qui en fait l’un des monuments nationaux les plus riches aux États-Unis. Le passé historique du site offre également de sites sacrés, archéologiques et culturels, ainsi que de nombreux pétroglyphes amérindiens (dessins symboliques gravés sur pierre). Ces montagnes étaient considérées comme lieux sacrés pour de nombreuses tribus de la région, y compris les peuples Serrano et Cahuilla qui vivaient près de la base de la montagne (aux bords du Lac Cahuilla, et de la rivière Whitewater). Enfin, il s’agit de l’un des endroits les plus venteux de la Californie du Sud, de par le changement de climat et la topographie. Le passage offre un parc éolien immense qui s’apparente à une forêt dans un paysage désertique, le San Gorgonio Pass Wind Farm.


N

0

5 KM

San Bernardino National Forest Sand to Snow National Monument

Banning Autoroute

10

Palm S

pring

s >>>

Santa Rosa San Jacinto Mountains National Monument

Cleveland National Forest

Limite climatique et limite du bassin versant de la Salton Sea. Également ancien traît de côte du Lac Cahuilla.

Autoroute à 8 voies (4x2)

Chemin de randonnée National Pacific Crest Trail : section « du sable à la neige», connue sous le nom de «défi des neuf pics» et comporte plus de 8 300 pieds de dénivelé à travers ces neuf sommets.

Whitewater River La rivière Whitewater sert d’interface entre le passage et la vallée, elle finira son chemin dans la Salton Sea, et constitue donc un lien direct, qu’il faut prendre en conscidération. Le parc éolien de San Gorgonio Pass est l’un des trois principaux parcs éoliens de Californie, situé à la porte d’entrée de la vallée de Coachella. Le col de San Gorgonio est l’un des endroits les plus venteux du sud de la Californie. Les éoliennes font alors penser à une forêt dense d’immenses arbres blancs métalliques.

Réserve amérindienne Morongo Band of Mission Indians, aux pieds du col de San Gorgonio, dans le Pass Cahuilla, appelé Maalki.

3 506m

Palm Springs Banning

3 302 m 83


A gauche : Lieu de bascule et lieu de rencontre dans la porte d’entrée vers le désert, autour des lignes directrices qui guident le paysage. Page de droite : Lieu de rencontre entre le milieu urbain et le désert de Sonoran, ce passage est un lieu de bascule, une porte vers le désert chaud et aride. Le tissu urbain et industriel de Redlands s’estompe pour laisser place au sable et éléments naturels qui prennent le dessus. Tissu périurbain de Banning. Perte du quadrillage urbain, prédominance de lignes organiques autour de la ligne droite routière. Les courbes topographiques s’entremêlent avec la rivière, autour du parc éolien.

N

Csa Climat méditerranéen et chaud

BWh Climat désertique chaud et sec

BSh Climat semi- aride chaud et sec

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Photos : Topozone.com © Carte topographique : Qgis © Photos aériennes : googleearth.com ©


Le périmètre du risque concernant l’assèchement de la Salton Sea sera d’ici quelques décennies dans le Passage de Banning, autrement dit aux portes de la métropôle de Los Angeles.

Rencontre de l’autoroute avec la rivière Whiterwater. La rivière a une forme sauvage, non maîtrisée ni canalisée, elle prend le dessus sur la fine route.

Sortir de la route : imposer l’arrêt, pour prendre le temps d’observer les changements d’environnement et de climat. Rencontrer la rivière, qui nous emmènera ensuite vers la Salton Sea.

Mise en valeur du parc éolien : la forêt éolienne témoigne de l’adaptation de l’Homme avec ce milieu et rompt avec l’horizontalité de la vallée de Coachella. Étape importante dans le chemin de randonnée Pacific Crest Trail.

Limite du périmètre du risque lié aux émissions de particules de la Salton Sea de la décennie 2030- 2040.

Réserve amérindienne : établir un meilleur contact avec une tribu native de cet espace, dont les ancêtre ont appris à vivre avec l’environnement contrasté.

Autoroute 10

L’évolution urbaine de la métropole de Los Angeles atteindra d’ici quelques décennies cette porte. La pression urbaine sera alors contenue dans ce détroit jusqu’au moment où elle devra passer ce cap et s’engouffrer dans le désert, ravagé par la perte de la Salton Sea. Inviter les populations dès maintenant à investir cet espace permet de se réconcilier avec le désert et d’amener progressivement à la rencontre de la Salton Sea. Vivre près de tels éléments permet de prendre conscience de leur vulnérabilité ainsi que de leur impact sur nos modes de vie.

C

M

e lieu offre un fort potentiel pour connecter l’Ouest et l’Est, la côte au désert : marge de l’urbain, marge du désert, les éléments naturels deviennent omniprésents. Affranchis de la trame urbaine quadrillée et oppressante, nous sommes confrontés à ce nouvel environnement. L’expérience de paysage devient inédite, et génère de nouvelles manières de voir la Californie du Sud, ainsi que de l’arpenter.

N

ettre en valeur le passage de Bannings permet d’inviter à venir plus près du désert, et donner l’envie de s’y engager en vivant la géographie environnante. Enfin, ce passage permet de mettre à jour l’identité de la région, en permettant une appropriation d’éléments non maîtrisés tels que le climat, le relief et le vent. Faciliter la connexion entre la plaine de Los Angeles et la Vallée de Coachella permettrait alors d’inviter les populations concentrées sur Los Angeles et le littoral Pacifique à découvrir un autre visage de la Californie du Sud, un littoral désertique.

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B- LA BASCULE DE LA VALLÉE DE COACHELLA Réconcilier la rupture au sein même de la vallée de Coachella entre Palm Springs et Indio, entre l’Homme et la nature, et accepter la proximité de la Salton Sea.

L

L

a Vallée de Coachella s’étire sur 57 kilomètres entre Palm Springs et le rivage nord de la Salton Sea. Elle est divisée administrativement entre la vallée de l’Ouest et la vallée de l’Est (West and East Valleys). Sa division est également paysagère : le Nord offre les villes riches et touristiques telles que Palm Springs, Palm Desert ou Indian Wells ; tandis que le Sud est une prolongation de l’empire agricole de la Vallée Impériale au Sud, où des étendues de cultures fruitières, vignobles et palmeraies couvrent les terres.

es villes telles que Palm Springs dans la vallée de l’Ouest sont des stations touristiques riches basées sur des sources d’eau chaude dont les bienfaits pour la santé ont attiré de nombreux touristes et habitants. Elles célèbrent la splendeur du désert ainsi que les montagnes environnantes, tout en ayant créé un paradis urbain où l’eau est abondantes et la végétation florissante. Les amérindiens Cahuillas, premiers habitants des lieux appellent la région du nom de Se-Khi, qui signifie « eau bouillante » , et Palm Springs est devenu un lieu de villégiature à la mode dans les années 1900, pour les touristes qui recherchent un climat chaud et sec pour améliorer leur santé.

La vallée est composée de différentes lignes dans sa longueur, telles que la faille de San Andreas qui lui donne cette forme, mais aussi l’autoroute 10 qui relie Los Angeles à Phoenix (Arizona), la ligne ferroviaire Southern Pacific Railroad, ainsi que la rivière Whitewater, l’un des affluents de la Salton Sea, qui prend sa source plus au Nord dans le massif montagneux.

Les habitants de la vallée ont ainsi témoigné de la création de la Salton Sea, de sa fréquentation touristique et son âge d’or, ainsi que de son déclin. Jusqu’à lors, conduire 45 minutes au Sud pour aller voir la Salton Sea ne posait aucun problème, mais aujourd’hui, il s’agit de deux mondes opposés, qui se touchent et se repoussent.

Une frontière est palpable entre la vallée de l’Ouest et la vallée de l’Est, entre paradis urbain et exploitations agricoles, couplées aux terres sèches amérindiennes (de la Tribu Cahuilla Torres Martinez). Ainsi, une succession de damiers différents suit la rivière et la route, qui témoigne d’une négligence du paysage à mesure que l’on s’approche de la Salton Sea. On ressent alors un refus de la vallée de l’Ouest d’aller plus au Sud, tel un rejet de la Salton Sea et du désert en lui-même.

Afin d’amener les populations de la vallée, mais aussi de la côte vers la Salton Sea, et de lui redonner de l’importance, il s’agirait ici en premier lieu de réconcilier la vallée Ouest et la Vallée Est, de les unir afin de remédier à la rupture actuelle.

Évolution du rapport à la rivière Whitewater dans la vallée de Coachella, de Palm Springs à la Salton Sea. Googleearth.com ©

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La rivière Whitewater s’achemine lentement vers la Salton Sea, son terminal. Elle semble nue et délaissée, on ne la voit pas, elle disparaît du paysage. Autoroute à 6 voies

Autoroute à 4 voies

EST Le damier prédominant est plus large, et accueille un maillage industriel.

Population plus pauvre, habitants majoritairement mexicains, amérindiens ou agriculteurs.

Le damier prédominant est la large trame agricole.

Route à 4 voies

Route à 2 voies

dreas

Faille de San An

Route

Indio oute Autor

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Mecca

Coachella

10

Route

Palm Desert Cathedral City

Palm Springs

Rancho Mirage

Autoroute à 8 voies

OUEST

Trame urbaine en damier ponctué de lotissements agencés de manière organiques le long des parcours de golfe.

La rivière Whitewater serpente dans la trame urbaine, intégrée dans les parcours de golfe et structures. L’eau est également présente par les fontaines dans la ville ainsi que les arrosages des plantes.

N

La Quinta

0

111

Salton Sea

Thermal

Indian Wells

Limite entre les vallées de l’Ouest et de l’Est Population riche et touristique, majoritairement blanche et retraitée.

Depuis 1999, Indio accueille chaque année un festival international, le Coachella Music and Arts Festival sur 4 jours, et rapporte chaque année des centaines de millions de dollars à la région de la vallée. Réserve amérindienne Torres Martinez Desert Cahuilla.

O

n observe une diminution du nombre de voies sur la route, à mesure que l’on va vers la Salton Sea, ce qui témoigne d’une baisse d’intérêt et de fréquentation. De même, les différentces de traitement de la rivière Whitewater illustre cette rupture.

15 KM

87


A droite : Périmètre de la rivière à mettre en valeur et à connecter au reste de la vallée ainsi que schéma des lignes majeures du territoire et différents maillages. Ci-dessous : les trois types de maillage : urbain, industriel, et agricole, qui défilent le long de la douce pente de la vallée.

N

N

A gauche : Trame urbaine, vallée Ouest A droite : Trame industrielle, rupture entre les «deux vallées»

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Photos : Topozone.com © Carte topographique : Qgis © Photos aériennes : googleearth.com ©

Ci-dessous : Trame large agricole


Embouchure de la rivière, rencontre entre eau douce et eau salée. Il s’agit d’un élément paysager important, qui témoigne également du recul du trait de côte de la Salton Sea.

Rou

te

Salton Sea 86

Route 111

Interface entre la route, la rivière et le maillage industriel à travailler afin de renouer avec la rivière, qui amène alors vers la Salton Sea.

Autoroute 10

Mise en valeur de la route et de la Whitewater River, en connexion avec la vallée Ouest permet aux deux parties de la vallée de se réconcilier.

Indio

Lieu de bascule, début du laisser aller de la rivière et du décrochage de la vallée Ouest, à la limite du maillage industriel.

N

L

I

’enjeu est ainsi d’utiliser la rivière comme vecteur et liaison entre l’Ouest et l’Est de la vallée, de les réconcilier afin d’amener les personnes vers la Salton Sea. La topographie douce de la vallée descend le long de la rivière vers la mer intérieure, si proche et pourtant oubliée. En s’appuyant sur les éléments existants tels que la route, la rivière et les différentes trames de la grille de Jefferson, la vallée de Coachella pourrait s’unifier et se réconcilier avec son environnement.

l s’agit d’une opportunité de réinventer les relations à travers la vallée en rendant la rivière Whiterwater attractive et centrale.

Développer un système urbain avec de nouveaux usages le long de la rivière et de la route, afin de travailler les limites et faire de cette rivière l’identité de la vallée, qui conduit à un élément hydrographique plus large, la Salton Sea.

89


C- PORTE MÉRIDIONALE DU DÉSERT Entrer dans le désert en renouant avec l’Histoire du lieu, et faire revivre Jacumba.

C

L

ette communauté, située dans la zone rurale « l’Empire de la Montagne », au sud-est du comté de San Diego est placée à l’endroit de bascule entre les montagnes et le désert de Sonoran.

es sources d’eau chaude ont ensuite attiré les colons européens, pour les bienfaits sur la santé ainsi que pour la détente. La commercialisation et la mise en place du tourisme à Jacumba ont débuté au début du 20e siècle.

Jacumba est le lieu de la rencontre entre montagne et désert, Ouest et Est, entre deux types de végétations et de climats. C’est un lieu où pendant longtemps l’entrée du désert a été célébrée, avant de tomber dans l’oubli.

En 1919, Jacumba était une destination de Luxe pour les voyageurs et habitants de San Diego, qui y venaient en train à bord du San Diego & Arizona Eastern Railroad, liaison ferroviaire entre la San Diego et Yuma, via Jacumba. La montagne ainsi que le désert étaient alors des éléments du paysage arpentés par de nombreuses personnes : la Californie était encore composée de différents éléments dont le désert, et non pas uniquement du littoral Pacifique.

Elle est aujourd’hui placée entre l’Interstate 8 (à 2 kilomètres) et la frontière Mexicaine (à 800 mètres), et est également desservie par l’ancienne route 80. La région a été peuplée par le peuple amérindien Kumeyaay pendant des centaines d’années, par la présence notamment des sources d’eau chaude dans les montagnes, ainsi que le climat à la riche flore, avant l’ouverture sur le désert.

Salton Sea

P

lus au Nord, la station touristique aux sources d’eau chaude de Palm Spring prenant plus d’ampleur, a fait concurrence à Jacumba, dont la popularité à décliné dans les années 1930- 1940.

Vallée Impériale

Jacumba Hot Springs

Alpine

N

Vue aérienne du trajet de San Diego à Jacumba

San Diego

Googleearth.com ©

90


0

N

50 KM

Progression future de San Diego vers l’Est

2018

2035

2050

Ancienne ligne de chemin de fer

2070

Désert de Sonoran

e

t rou

o Aut

8

is États - Un Mexique

Julian

San Diego

Jacumba Mountains

Village historique touristique et populaire

El Cajon

Cleveland National Forest

Morena Village

Alpine > Aujourd’hui limite Est du développement urbain de la métropole de San Diego. > Majoritairement périurbain, composée de fermes, forêts et montagnes. > Entourée de 2 tribus Amérindiennes. > Habitants : 2010 : 14 236 2 000 : 13 143

L

Jacumba Hot Springs

> Située à la frontière Mexicaine, mais aussi frontière avec le désert. > Sources thermales dans la vallée des Monts de Jacumba. > Ancien croisement entre le chemin de fer transfrontalier, route 80, ressources minières dans les montagnes, cultures de sel dans la Salton Sea, et station thermale. > Habitants : 1930 : 1 150 ainsi que de nombreux touristes 2 010 : 561, pas de tourisme. > 2013 : change de nom pour Jacumba Hot Springs, afin de repopulariser la région.

A

’abandon de la ligne de chemin de fer due à des complications économiques ainsi que la construction de l’autoroute Interstate 8 à 2 kilomètres au nord de la communauté a accentué ce déclin économique, et c’est ainsi que Jacumba s’est désertifié au fil des années.

Vallée Impériale

El Centro

ttendre que San Diego se développe pendant un demi-siècle pour atteindre la limite désertique sera trop tard pour prendre conscience de la Salton Sea. Celle-ci aura disparu, ses effets catastrophiques auront déjà impacté les populations.

91


J

acumba Hot Springs est dotée d’atouts naturels, environnementaux, géographiques et topographiques.

La route 8 empruntée de San Diego à El Centro droite sur la majeure partie du trajet, devient sinueuse au niveau de Jacumba. La vision est réduite, prise en étau entre les montagnes et blocs rocheux. Au dernier tournant, le voyageur ne s’attend pas à découvrir une immensité sableuse et plane, jusqu’à la ligne d’horizon. Les yeux s’écarquillent de par cette respiration visuelle, à la découverte d’un nouvel environnement auquel nous ne sommes pas familiers.

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ris dans la course infernale et la vitesse de l’autoroute, l’arrêt est négligé. Afin d’inciter les populations à voir la Salton Sea actuelle, ajouter un point d’ancrage à mi-chemin permet de créer une nouvelle impulsion qui facilite le trajet vers l’Est.

Cette étape est une porte majeure à l’entrée du désert de Sonoran, dont Jacumba a le potentiel de sublimer.

De même, redynamiser cet espace anticipe l’évolution de San Diego et offre un double mouvement de l’Ouest et de l’Est, plutôt que de subir et d’attendre le développement lent vers l’Est de la ville.

En haut : lignes directrices de la zone et points d’ancrage à développer. Ci-dessous : Périmètre de la zone à redynamiser et à mettre en valeur.

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Photos : jacumbabiring.com © exploresandiego.weebly.com © Tower Desert view par Mary Schultz © Carte topographique : Qgis ©

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Jacumba Hot Springs

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Appropriation de la vallée et mise en valeur.

Amener les voyageurs à s’arrêter au «phare», découvrir le désert.

4 Desert View Tower

Créée en 1900 comme station de repos pour les voyageurs d’Est en Ouest, elle surplombe le seul passage possible routier entre le littoral et le désert et offre une vue panoramique sur la vallée. Cette tour historique marque ce passage et symbolise, tel un phare, un repère et une identité propre à ce nouveau littoral désertique.

3 2 Goat Canyon Tresle

Le pont à tréteaux de Goat Canyon est le plus grand du monde en bois cintré de tréteaux. Il a été construit en 1933 dans le cadre du San Diego and Arizona Eastern Railway, aussi nommée «The Impossible railroad». En janvier 2018, la Baja California Railroad évaluait la ligne avant qu’elle ne puisse être réparée17. Le pont reste une destination populaire pour la randonnée.

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’objectif ici est de révéler le potentiel du lieu afin de créer les conditions indispensables pour le retour d’habitants à Jacumba, redynamiser cet ancienne station aujourd’hui désertée.

Développement de la commune le long de l’axe autoroutier.

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Rompre l’éloignement de Jacumba avec l’autoroute, inviter à s’y arrêter. Sortir de l’anonymat.

Vallée de Jacumba La vallée recoît les eaux de pluie des montagnes environnantes et devient une ligne verte qui serpente à travers le relief brun. Les alentours sont arides, mais ce fond de vallée reçoit suffisamment d’eau pour offrir en permanence une diversité de plantes.

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3 Jacumba Hot Springs

«Jacumba, Agua Hechicera», de son nom d’origine, signifie «eaux sorcières», «eau magique», «eau montante» ou «gouffre» selon les interprétations. La ville offre des sources thermales ainsi qu’une faune et flore propres à cet endroit de bascule entre le climat méditerranéen de montagne et le climat désertique.

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Salton Sea

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Passage de l’I8 Sinueuse dans la montagne avat l’ouverture sur le désert.

acumba a été oubliée, et par la même occasion le désert de Sonoran. Ainsi, retrouver et redessiner l’espace entre Jacumba et le désert me paraît évident, afin redécouvrir et de mettre en valeur ce que ce territoire a pu offrir dans le passé. Il s’agit de valoriser un patrimoine historique passé avec l’ancienne ligne de chemin de fer, mais aussi culturel avec la présence de l’héritage amérindien, ainsi que les éléments naturels tels que les sources d’eau chaude, les blocs rocheux et la vue sur le désert.

L’ancienne tour Desert View Tower (la tour de la vue sur le désert), telle un phare face à l’étendue désertique, doit retrouver son rôle de porte et mirador et plate-forme panoramique face à l’immensité de l’Est, et renouer les liens perdus avec le désert. 93


Conclusion

À

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travers ce PFE, nous avons pu observer et questionner l’ensemble du territoire, à une large échelle, afin de comprendre ses relations et rapports de force. Du détail à la globalité, de l’objet à ce qui l’entoure, ce qui le connecte, c’est dans ces allers-retours entre différentes échelles que naît le projet. Contrairement aux projets jusqu’à lors proposés face à l’assèchement futur de la Salton Sea qui menace des millions de personnes, il s’agit d’agrandir le regard, et de considérer l’espace qui l’entoure à large échelle. Je me focalise sur le territoire et ses dynamiques comme vecteur de projet. Face à un paysage malade, qui menace de gangrener une région, la solution n’est pas de l’ignorer.

travers ce travail de recherche, j’ai pu constater l’absence de considération et de dialogue entre la côte Pacifique, écrasée par le poids de Los Angeles et San Diego, et le désert, là où la Salton Sea agonise. La communication, au sens littéral et spatial, est rompue. Le problème résidant dans la manière de communiquer, discuter et soulever le débat est crucial pour la prise de conscience des habitants. Faire dialoguer la Californie du Sud spatialement réside dans l’idée de lier la côte Ouest à l’intérieur du pays, à l’Est. Rompre avec l’idée véhiculée d’une Californie du Sud uniquement ouverte sur l’océan Pacifique, et inviter à aller voir le désert de Californie.

Malheureusement jusqu’à présent, l’Homme n’a pas tenu compte des signes que le paysage a donné, et continue d’y jeter de l’eau polluée des canaux d’irrigation agricole, tout en déviant une partie de l’eau saine vers les villes. La notion de risque est identifiée comme la rupture de contact à travers cet espace. Dans cette situation, nous devons prendre en considération le site étudié dans un système territorial, être à l’écoute de son territoire et engager un « dialogue ». Il ne s’agit pas de se concentrer uniquement sur la Salton Sea en elle-même, mais sur la région dont elle fait partie.

Il s’agit d’un tourisme de prise de conscience pour le citoyen californien mais aussi n’importe quel autre voyageur, pour s’affranchir de la notion de désintérêt et de dégoût. Les inviter à découvrir ce qu’il se passe derrière les montagnes, à voir leur désert, contempler ses merveilles, mais aussi constater sa pollution, et ce que l’Homme lui inflige. La prise de conscience est visuelle, matérielle, sensorielle et corporelle, et un rapport physique direct est nécessaire pour la comprendre.

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a mise en perspective de la Californie du Sud et l’observation des grandes dynamiques qui s’y rencontrent, permettent également de trouver ses points d’ancrage et de bascule afin de mieux comprendre les enjeux actuels et futurs. Si l’on veut connecter un espace pour contrer l’oubli et le déni, si l’on veut mettre en scène face au rejet, il faut d’abord regarder où se passe la déconnection. Non définitive, dans un État en perpétuelle mutation, celle-ci se trouve néanmoins dans un soucis d’urgence et de temporalité face au risque grandissant. Et si la route, l’autoroute, représentent l’espace public majeur des Etats-Unis, elles sont également le moyen d’aller à la rencontre de nouveaux paysages. Pour libérer la Salton Sea de son isolement, il s’agit d’utiliser ces supports pour créer un nouveau contact à travers le territoire et le valoriser en facilitant la circulation dans la région.

on souhait à travers ce projet est de montrer que le désert dépend de l’attention que l’Ouest lui porte, afin de survivre ; mais également que le littoral Pacifique dépend de son arrière pays. Los Angeles et San Diego dépendent déjà des ressources hydrologiques de l’Est, de même que de ses ressources énergétiques et agricoles. Leur croissance urbaine va s’orienter progressivement vers le désert, qui se doit alors d’être sain pour permettre le développement de cette méga région.

Les points de pression ont été identifiés dans le but de pointer du doigt les lieux de décrochage principaux entre le littoral et le désert, telles des portes fermées qui coupent les circulations. Il s’agit d’endroits stratégiques où différentes entités paysagères entrent en contact, se confrontent, se mélangent pour créer une transition d’un environnement à un autre.

Le travail du paysagiste ne réside pas dans la solution concrète, mais en soulevant des questions pour créer un débat. Afin de remédier au rejet de la Salton Sea et à sa perte, nous nous devons lui faire face, la mettre en réseau avec son territoire, dans l’optique de voir le paysage comme relation, et ainsi donc de contrer l’idée de rupture.

Mon travail de paysagiste, dans ce projet de fin d’études, est d’identifier un problème à une échelle globale, de comprendre ses enjeux et de pointer du doigt les endroits de bascule. Établir les faits pour créer une discussion, offrir les clés de compréhension du système territorial, et ainsi donner une impulsion de départ, une direction compréhensible par tous, dans l’intention d’ouvrir le débat et de faire face au risque.

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The Desert Sun Journal, Palm Springs, 2018 URL : https://www.desertsun.com/series/saltonsea/

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