4 minute read

C’est la saison des champignons

L’automne, c’est la saison des champignons. Mais attention aux champignons toxiques.

Les mois de septembre et octobre sont la saison haute pour les champignons. Si chanterelles, morilles et cèpes sont de délicieux champignons, il faut veiller à se tenir bien loin de certains autres. Le Prof. Dr méd. Aristomenis Exadaktylos, Médecin-chef et Directeur de clinique du centre universitaire de l’hôpital de l’Île, sait quoi faire en cas d’intoxication fongique.

Monsieur Exadaktylos, quels sont les symptômes d’une intoxication par des champignons? Il existe environ 10’000 espèces de champignons sur Terre. Parmi cellesci, à peu près une centaine peut provoquer la mort. Il faut garder à l’esprit que la palette des symptômes est très large : la plupart des patients souffrent dans un premier temps de désagréments gastro-intestinaux, d’altérations de l’état de conscience (accès de crampes, hallucinations ou diminution de lucidité) ou de dérangements du système circulatoire, entre autres des arythmies cardiaques, de forts accès de transpiration ou des symptômes de choc. Il existe néanmoins encore beaucoup d’autres troubles, principalement au niveau du foie ou des reins.

Quels champignons présentent les dangers les plus graves? Ici, en Suisse et en Europe centrale, c’est principalement l’amanite phalloïde qui représente de 80 à 90 pour cent des intoxications potentiellement mortelles. Dans ce cas, la consommation d’une petite partie de ce champignon peut déjà suffire à l’absorption de la quantité nécessaire de poison. Les substances nocives contenues dans ce champignon provoquent une défaillance du foie et peuvent entraîner la mort. Dans les pays anglo-saxons, ce champignon s’appelle « Death Cap » (le capuchon de la mort). Ceci veut déjà tout dire. De plus, on soupçonne que l’empereur Charles VI de Habsbourg est décédé d’un empoisonnement dû à l’ingestion d’une amanite phalloïde.

Si l’on est concerné par des symptômes d’un empoisonnement par des champignons, que faut-il faire? Ne pas continuer à en manger et éviter que d’autres personnes ne les

consomment. Les champignons qui n’ont pas encore été absorbés ou qui n’ont pas encore été préparés doivent être contrôlés. Notez le délai entre la prise de nourriture et le moment de l’apparition des désagréments. Même en cas de symptômes légers, il est recommandé de procéder à un examen médical. Dites à temps ce que vous avez mangé et que vous soupçonnez un lien avec l’ingestion d’un champignon. De manière générale, les règles de premiers secours s’appliquent : le patient doit être calmé, mis en position latérale de sécurité en cas de perte de conscience, et s’il y a insuffisance respiratoire, dérangement du système cardio-vasculaire ou perte de connaissance, il faut impérativement appeler une ambulance.

On dit qu’il faut faire vérifier les restes de champignons qui auraient été vomis, est-ce vrai? Ce n’est que dans de cas marginaux qu’une personne croque un champignon, qu’elle ressent des symptômes immédiatement et qu’elle arrive à présenter et identifier le reste dudit champignon. Généralement, plusieurs sortes de champignons sont ramassés en même temps, ils sont émincés, cuits ou rôtis, mâchés et avalés. Ceci empêche évidemment une identification de l’espèce précise. Les vomissures peuvent, elles par contre, être centrifugées et ainsi une personne spécialisée peut éventuellement déterminer au travers de l’analyse des particules (spores) au moyen d’un microscope, comment la personne touchée peut être traitée au mieux.

Est-ce que les intoxications dues aux champignons peuvent s’avérer mortelles? Très clairement : oui. Les intoxications dues aux champignons peuvent s’avérer mortelles. Ceci ne doit néanmoins pas gâcher le plaisir de la dégustation de ces « végétaux ». Il suffit de bien procéder à des recherches préalables.

Ces dernières années, les empoisonnements liés aux champignons sont en recrudescence. Pourquoi ? C’est vrai. Nous avons d’ailleurs commandité une petite recherche à ce sujet. Globalement, il est difficile d’en déterminer la raison, mais j’ai ma petite idée là-dessus. L’on se retrouve dans une période où le retour à la nature et à la consommation de plantes cueilles soi-même sont très à la mode. Tout comme le jardinage urbain. En même temps, beaucoup de savoirs liés à la connaissance des champignons sont tombés en désuétude. A mon époque, l’on enseignait et vérifiait les connaissances liées aux champignons même dans les écoles primaires. Il existait aussi pléthore de stations de contrôle des champignons. Aujourd’hui, on a peut-être un peu l’impression que tout ce qui émane de la nature est sain et inoffensif. Mais il ne faut pas l’oublier : la nature donne et la nature prend. IDENTIFIER

LES CHAMPIGNONS

Les ramasseurs de champignons chevronnés peuvent dire avec une quasi-certitude quels champignons sont consommables et lesquels il convient d’éviter. La couleur, la forme, l’odeur du champignon peuvent être des indices importants, mais aussi le lieu où ils poussent et les autres champignons présents à proximité. S’agissant des ramasseurs inexpérimentés, il leur est recommandé de faire évaluer leur cueillette dans un lieu de contrôle des champignons. Le site web www.vapko.ch liste tous les organes de contrôle des champignons en Suisse avec leurs horaires d’ouverture. www.tcs-mymed.ch/fr

Si vous suspectez une intoxication, appelez un médecin ou Tox Info Suisse (Tél. 145, 24h).

This article is from: