7 minute read

Où rouler en trottinette électrique ?

E-bikes, e-trottinettes, engins tendance électriques : la meilleure façon de rouler

Le futur de la mobilité urbaine se dessine à la vitesse grand V. On retrouve autonomie, liberté et ponctualité, reste encore à bien cohabiter.

Où circuler au guidon de son e-bike lent ou rapide, son e-trottinette ou son gyropode ? Quelles règles inhérentes à la Loi sur la circulation routière cette nouvelle mobilité impose-t-elle aux utilisateurs ? Le point avec Christophe Nydegger, responsable de la sécurité routière au Touring Club Suisse.

Dans quelles catégories entrent les véhicules électriques qui occupent aujourd’hui l’espace public ? Christophe Nydegger : Concernant les vélos à assistance électrique ou e-bikes, il faut distinguer les lents et les rapides. Les premiers ont une assistance au pédalage jusqu’à une vitesse limite légale de 25 km/h, les seconds jusqu’à 45 km/h. Ces derniers devront être homologués et immatriculés. Pour les e-trottinettes, la vitesse légale maximale de propulsion autorisée en Suisse est de 20 km/h maximum. Au-delà de ces engins autorisés, il existe des spécimens illégaux qui peuvent atteindre des vitesses allant jusqu’à 120 km/h. S’il est possible de faire l’acquisition de tels engins via Internet, ils sont toutefois interdits sur la voirie suisse ainsi que dans plusieurs pays d’Europe.

Quelles sont les conditions préalables pour circuler au guidon de ces nouveaux véhicules ? Pour les conducteurs âgés de 14 à 16 ans, un permis M (axé principalement sur l’apprentissage des règles de circulation) est nécessaire à la fois pour les vélos électriques lents et les rapides ainsi que les e-trottinettes. Dès 16 ans, le permis M n’est requis que pour l’utilisation d’un e-bike rapide (45 km/h).

Vélos et trottinettes électriques sont-ils autorisés à emprunter le trottoir ? Nullement, c’est bel et bien interdit. Ces types de véhicules, au même titre que les vélos traditionnels, les vélos cargos (avec ou sans assistance électrique), les gyropodes et tous les autres engins à propulsion électrique homologués doivent se déplacer dans les aires de circulation destinées à leur catégorie de véhicule, soit les bandes et les pistes cyclables lorsqu’elles sont disponibles ou les voies de circulation de la route. Seuls les trottinettes sans assistance électrique et les vélos d’enfants jusqu’à 12 ans peuvent utiliser le trottoir, avec toute l’attention nécessaire afin de ne pas mettre en danger les piétons. Il faut préciser que les voies portant le panneau « Interdiction aux cyclomoteurs » sont

E-bikes, e-trottinettes, engins tendance électriques :

accessibles aux vélos électriques lents et aux e-trottinettes. EIles sont en revanche proscrites pour les e-bikes rapides (45 km/h).

Le principe qui permet à certains deuxroues de tourner à droite au feu rouge sur les axes indiqués par un panneau s’applique-t-il à ces véhicules ? Ce principe est aussi valable pour les cyclomoteurs, de facto, il l’est également pour les e-trottinettes, e-bikes lents et e-bikes rapides.

Comment se règle la cohabitation entre ces différents véhicules ? Sur les pistes et bandes cyclables, les véhicules électriques ont le droit de dépasser les vélos plus lents. Avant d’effectuer ce dépassement par la gauche, il faut prendre toutes les précautions nécessaires afin de ne mettre personne en danger, en particulier si la piste est bidirectionnelle, afin d’éviter une collision frontale avec un cycliste venant en sens inverse.

Au niveau de l’équipement, que faut-il savoir ? Le casque est obligatoire pour l’usage des e-bikes rapides. Pour les autres types de véhicules électriques, il est fortement conseillé. Il faut aussi relever que depuis le 1er avril dernier, un éclairage fixe, blanc à l’avant et rouge à l’arrière, non clignotant, est imposé par la loi. Et ceci s’applique aux e-bikes rapides ou lents ainsi qu’aux trottinettes électriques.

Où peut-on circuler avec un hoverboard (plateforme mobile), un monowheel (roue électrique) ou un skateboard électrique ? Ces trois types de véhicules ne sont pas autorisés sur le domaine public, car ils ne comportent pas de guidon ni de système de freinage indépendants l’un de l’autre. Ils ne peuvent dès lors qu’être utilisés sur le domaine privé.

Le saviez-vous ?

Ai-je le droit de rouler à deux sur une trottinette électrique ? Seulement si la trottinette est homologuée par le constructeur pour transporter 2 personnes au niveau du poids maximal qu’elle peut supporter. De plus, elle doit être munie de deux guidons. Mon enfant peut-il aller à l’école en trottinette électrique ? Avant 14 ans, il n’est pas autorisé à rouler sur la voie publique. Entre 14 et 16 ans, le permis M est obligatoire.

Prescriptions en vigueur Trottinette électrique Puissance du moteur 500 W max Gyropode 2000 W max

Vitesse max de construction 20 km/h 20 km/h

Éclairage Fixe, au minimum un feu blanc non clignotant à l’avant et un feu rouge non clignotant à l’arrière Fixe, au minimum un feu blanc non clignotant à l’avant et un feu rouge non clignotant à l’arrière

Catadioptre dirigé vers l’arrière Obligatoire

Obligatoire Freins 1 frein avant + 1 frein arrière Frein de service + frein de stationnement (peut être remplacé par une béquille) Casque selon norme EN 1078 Non obligatoire, le TCS recommande Non obligatoire, le TCS recommande Immatriculation Non obligatoire Obligatoire Sonnette Obligatoire Obligatoire

Permis Âge min. 14 ans Permis M entre 14 et 16 ans Pas de permis à partir de 16 ans Âge min. 14 ans Permis M entre 14 et 16 ans Pas de permis à partir de 16 ans

Où a-t-on le droit de circuler ?

Piste cyclable Route Trottinette électrique Gyropode

Monoroue, hoverboard, e-skateboard, e-kart Oui (obligatoire si existante) Oui (obligatoire si existante) Non Oui Oui Non

Trottoir

Non Voie privée (ex : garage, cour intérieure d’immeuble) Oui Non Non

Vélos électriques, restez vigilants

Avec la multiplication des vélos électriques sur les routes helvétiques, le nombre d’accidents a véritablement flambé l’an dernier. En cause ? L’inattention principalement. Le point en Suisse et à Genève.

Engagement pro-environnemental, pandémie, volonté d’échapper aux congestions paralysant le trafic, le nombre de cyclistes a pris l’ascenseur ces dernières années. Selon Velosuisse, l’association des fournisseurs de bicyclettes, 187 302 vélos électriques ont été vendus en 2021, soit une hausse de 9,4% par rapport à 2020. La popularité croissante de la petite reine à assistance électrique a toutefois son triste corollaire. Ce sont en effet 17 personnes qui ont perdu la vie et 531 qui ont été grièvement blessées des suites d’une collision ou d’une perte de maîtrise sur l’ensemble du territoire suisse. Pour le Bureau de prévention des accidents (BPA), il s’agit là d’un dramatique record. L’organisme de prévention observe que ce sont les utilisateurs de vélos électriques – dont la vitesse plafonne à 25km/h – qui paient le plus lourd tribut à la route avec une augmentation d’environ 43% par rapport aux trois années précédentes. Les e-bikes qui atteignent 45 km/h ont connu une augmentation des accidents moindre, de l’ordre de 7%.

71 e-bikers responsables d’un accident Genève n’échappe pas à la tendance nationale. Le nombre d’accidents impliquant des vélos électriques n’a cessé d’augmenter depuis 2017. Selon les statistiques suivantes : 29 en 2017, 50 en 2018, 70 en 2020 et 143 en 2021. À qui la faute ? Comme le relève Alexandre

Après un accident d’e-bike, tout est sens dessus dessous. Campagne de prévention BPA. Ruf Lanz 5.587.02 – 02.2021 ; © BPA

Bon plan

Rendez-vous au stage de pilotage e-bike du 8 octobre qui permet de se familiariser avec la conduite à vélo électrique. Au programme : points sur les règles de circulation routière spécifiques aux e-bikes, approche du fonctionnement d’un e-bike, apprentissage de la gestion de sa puissance, sa maniabilité, exer- cices d’équilibre, avant de mettre en pratique les connaissances acquises lors d’un tour accompagné dans le trafic urbain. Plus d’informations sur tcsge.ch/cours ou au 022 735 46 53 Brahier, chargé de communication et porte-parole de la police genevoise : « En 2021, 71 cyclistes ont été principalement à l’origine des 143 accidents survenus sur la chaussée genevoise. » Et c’est l’inattention qui constitue en majorité la raison des accidents mettant en cause des e-bikes. Du côté des profils, la tranche d’âge la plus affectée se situe entre 25 et 44 ans.

Une reconnaissance du terrain Alexandre Brahier note par ailleurs que : « Certaines personnes achètent des e-bikes sans avoir au préalable circulé en ville avec un vélo traditionnel. Il pourrait être judicieux qu’elles fassent un apprentissage avant de se lancer au milieu des autres usagers, de plus en plus nombreux à opter pour une mobilité douce. » Sur le plan de la prévention, le porteparole de la police rappelle quelques principes essentiels. Avant d’enfourcher son vélo électrique, il faut être apte à le piloter. Une évidence, certes, mais qui n’est pas toujours observée au pied de la lettre. « L’abus d’alcool n’est pas la seule contre-indication. La prise de stupéfiants, de médicaments et la fatigue ne sont pas compatibles avec la e-conduite. » Par ailleurs, les cyclistes sont tenus de veiller à ce que leur véhicule et leur équipement personnel soient adaptés. Enfin, le respect des règles de la Loi sur la circulation routière (LCR), qui sonne comme une seconde flagrance, ne doit pas être éludé afin de permettre une bonne cohabitation avec les autres usagers du domaine public. Dernière recommandation : ne pas chercher à rattraper le temps perdu dans la circulation en faisant fi du code de la route.

This article is from: