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Prix à la pompe: le yoyo régional

Le TCS Section Valais a relevé les prix de 117 stations-service durant la même journée sur l’ensemble du canton. Entre Haut et Bas-Valais, il a observé jusqu’à 18 centimes de différence. Des variations locales qui laissent perplexe. Enquête.

Tamoil, BP, Migrol, Coop, Agip, etc. Les enseignes sont partout les mêmes. Mais leurs prix diffèrent d’un coin à l’autre du canton. Le fossé le plus flagrant se creuse à la frontière de la Raspille. Entre Sierre et Susten, le prix de la Sans Plomb 95 plonge de 10 centimes en moyenne. Côté Valais central le 23 juin dernier, il se situait autour de 1,44 franc contre 1,33 dans le Haut-Valais. Les pointages les plus extrêmes indiquaient 1,47 à Saillon et 1,29 à Glis, soit neuf francs d’écart pour un plein standard de 50 litres.

Cette différence ne trouve aucune explication rationnelle. Loyers moins élevés? Peut-être. Demande plus forte? On en doute. Frais de transport moins importants? Certainement pas, le Haut-Valais étant plus éloigné de la raffinerie de Cressier. La raison se trouve ailleurs. Daniel Hofer, directeur de Migrol, explique que «chaque station-service s’oriente dans un marché local différent, dépendant du trafic, des prix d’immeubles et de la situation concurrentielle. Et c’est justement la concurrence qui est un élément déterminant pour le prix local.»

Ce garage de Glis est le moins cher de notre sondage: 4 centimes de moins que ses voisins directs et 15 de moins qu’à Sierre et Monthey. Raspille-Graben historique Dans un même secteur, les stations-service s’observent et se tiennent par la barbichette. «La loi suisse sur les cartels interdit toute entente entre concurrents. Je peux vous assurer que les gérants des stations ne se parlent pas. En revanche, ils ont le droit de copier le prix de leur voisin», relève Martin Stucky, porte-parole d’Avenergy Suisse. Ces pratiques finissent par entrer dans l’histoire économique d’un lieu. La différence de 10 centimes entre Sierre et Visp a été visiblement institutionnalisée dans la politique des grandes enseignes. L’application mobile de Migrol, la seule qui communique les prix de toutes ses stations en temps réel, révèle ainsi des variations régionales constantes dans toute la Suisse.

«La concurrence est un élément déterminant pour le prix local.»

L’influence des indépendants Erich Schwizer, expert Conseil et Mobilité au Touring, observe que «dans les régions où le prix des carburants est plus élevé, les fournisseurs bon marché manquent ou sont moins à même de s’affirmer.» En effet, il suffit parfois qu’un garage indépendant joue les trouble-fête pour que les prix chutent. C’est ainsi que dans le Valais romand, on trouve une enclave «haut-valaisanne» entre Vernayaz et Saint-Maurice. La moyenne des prix relevés ce 23 juin y était de 1,35 franc, donc près de dix centimes de moins qu’à Martigny ou Monthey. La station Horizonville de St-Maurice est connue pour avoir donné le ton de ces tarifs avantageux il y a déjà de nombreuses années. Mais le jour de notre sondage, c’est le garage de la Ciblerie à Vernayaz, à quelque 8 kilomètres de là, qui remportait la palme de la Sans Plomb 95 la moins chère de la région, à 1,32. Son patron Marc Rubin a baissé ses prix il y a une année pour augmenter ses ventes. Opération réussie, puisqu’avec ses deux colonnes le long de la route cantonale, son chiffre d’affaires a augmenté de 40%. «Mon but est d’attirer les clients au garage. Ces rentrées me permettent aussi de compenser les périodes de l’année qui sont financièrement plus calmes à l’atelier.»

Autour de ces petits acteurs, les géants s’alignent à un ou deux centimes près jusqu’à Massongex, où les prix reprennent l’ascenseur jusqu’à 1,44 franc pour toute la région de Monthey. Nouvelle baisse observée plus bas, entre Vionnaz et Port-Valais, où, comme par hasard, trois garages indépendants se faufilent sous la barre de 1,40.

Chacun sa politique de prix Une seule entreprise refuse de jouer à ce yoyo régional: Combustia, l’enseigne valaisanne de carburants. Pour sa propriétaire Dolly Micheloud, «ce genre de comportement est suicidaire. Si tous les marchands s’alignaient sur des prix cassés, la branche serait en faillite.» L’entrepreneuse regrette l’orientation actuelle du marché, où l’essence est un produit d’appel ou un prétexte pour placer des shops. «Nos concurrents l’utilisent pour vendre des spaghetti à prix d’or. De plus, nous vivons dans un casino permanent, sous la loi de géants qui spéculent. Mais nous gardons la fierté de notre métier et tous nos revenus sont réinvestis dans l’économie locale.» Combustia pratique un tarif unique pour toutes ses stations, en plaine comme en montagne, aligné sur les tarifs de la région de Sion.

Chaque vendeur d’essence a donc son profil le sentiment de se faire arnaquer. La Sans Plomb 95 est un produit de qualité, qui est le même partout. C’est sur le prix que se joue l’avantage du consommateur.

et sa politique de prix. Les enseignes Mini-Prix et Ruedi Russel, du groupe suisse Moveri, occupent une place intéressante dans le paysage. Le concept: des stations aux prix avantageux, soit deux centimes au-dessous de la moyenne locale. Par leur présence, elles empêchent une spirale des prix vers le haut. Sébastien Probst, directeur du groupe pour la Région Ouest, réfute ce rôle de régulateur. «Ce n’est pas du tout notre volonté. Nous ne souhaitons pas non plus casser les prix, mais offrir un service avantageux de proximité dans des villages ou des zones plus isolées.»

Le détour en vaut-il la peine? La concurrence profite habituellement au consommateur, qui peut choisir son produit au tarif le plus bas. Mais pour réaliser une économie substantielle sur son plein de 50 litres, il faut sortir de sa ville ou de son district. Ce tourisme à la pompe en vaut-il la chandelle? Faire des kilomètres pour payer moins n’est pas toujours avantageux.

Le TCS a fait le calcul. «Pour un prix inférieur de 3 centimes par litre, cela vaut théoriquement un détour de 6 à 8 kilomètres maximum. Pour des raisons de temps et d’environnement, les grands détours ne sont pas recommandés», commente Erich Schwizer. Difficile dans ces conditions de profiter des meilleurs prix. Face à cette inégalité de traitement, le directeur de Migrol brandit l’argument des réductions: «Nous offrons beaucoup d’actions avec des rabais élevés à nos clients, ainsi que la possibilité d’accumuler des points Cumulus.» Une compensation pour les fidèles de la maison, qui penseront payer moins, mais débourseront toujours davantage que leurs voisins d’outre-Raspille ou de St-Maurice.

Essence «gratuite» dans certaines régions

Plus de la moitié du prix de l’essence est composée de taxes étatiques, soit environ 85 centimes par litre. Une part beaucoup plus fluctuante concerne l’achat du produit et son transport. Ce montant dépend de la bourse, du cours du dollar et des coûts variables du fret sur le Rhin. Le reste constitue la marge brute du marchand, qui doit couvrir de nombreux frais: stockage et transport jusqu’à la station, achat et entretien des colonnes d’essence, location de l’emplacement, personnel, charges liées aux automates et aux contrôles officiels, etc. Cette marge est un secret bien gardé par les vendeurs. Seul le garagiste indépendant de Vernayaz nous l’a communiquée: la Sans Plomb qu’il vendait 1,32 franc le 23 juin dernier lui en a coûté 1,17 auprès d’un courtier vaudois. Sur le Plateau suisse, des distributeurs renoncent à toute marge et «offrent» l’essence aux automobilistes. Cas récent le plus extrême, celui de Lyss, où un garage a cassé son prix à MARTIN STUCKY, porte-parole d’Avenergy Suisse «Les marges sont misérables»

Trouvez-vous normal que pour un même produit, certaines régions paient davantage que d’autres? Ces disparités existent, en effet. On ne s’étonne pas que le café coûte deux francs de moins à Erschmatt qu’à Sion. Mais pour l’essence, allez savoir pourquoi, les gens ont la différence. Un marché libre est toujours à 1,03 franc en mai dernier, obligeant les grandes enseignes voisines à vendre à perte.

Quel est le prix «juste» pour un litre d’essence? Celui qui est indiqué en grand devant la station. Chacun fait ses calculs, en fonction de ses charges et du prix pratiqué par le voisin. Les marges sur ce produit sont misérables, il n’y a aucune volonté de flouer le consommateur dans les politiques de prix.

Lac Léman

Moyennes régionales du prix de l’essence Sans Plomb 95

Port-Valais Leuk Visp

Monthey

Vaud

Sion Sierre

Valais

Saint-Maurice Brig

Martigny

Moyennes 1,33 à 1,35 Fr./L

Moyenne 1,40 Fr./L

Moyennes 1,43 à 1,44 Fr./L

Enquête réalisée le 23 juin 2020 auprès de 117 stations-service, entre Fiesch et Port-Valais, principalement en plaine. Liste complète des lieux et prix sur tcsvs.ch

© d-maps.com

En balade dans les vignes

A pied, à vélo ou en voiture… De Martigny à Loèche, le Chemin du vignoble nous invite à arpenter les coteaux de la rive droite, à la découverte des villages et des caves. Valrando lui consacre sa nouvelle brochure.

Les raisins mûrissent, le temps des vendanges approche, les rendez-vous de dégustations de vin reviennent… En cette période, le vignoble s’anime et nous rappelle la place importante qu’il tient dans notre paysage et notre patrimoine. Le Chemin du vignoble a été créé pour le mettre en valeur. Reliant Martigny à Loèche à travers les vignes, il souligne la beauté des reliefs viticoles et l’authenticité des villages vignerons. Après un premier itinéraire pédestre en 1987, il s’est enrichi de deux voies supplémentaires pour cyclistes et automobilistes en 2007.

Le chemin pédestre s’étend sur 66 kilomètres et convient à tous les niveaux de marche. De plus, il est praticable toute l’année. Selon Victor Glassey, ancien responsable technique chez Valrando, «le Chemin du vignoble est un atout pour notre tourisme 4 saisons. Certains tronçons offrent des points de vue époustouflants sur la plaine du Rhône et la nature environnante. Je pense notamment à la traversée de la Combe d’enfer entre les Follatères et Fully ou au bisse de Clavau au-dessus de Sion.»

Facile à suivre Le Chemin du vignoble est promu par une association dédiée, à travers un site internet très complet. Valrando, qui assure le contrôle du balisage des itinéraires, lui consacre sa dernière brochure. Piétons, cyclistes et automobilistes y trouvent des cartes simples, avec temps de parcours, déclivité, lieux de restauration et De Loèche, une vue époustouflante sur le Rhône sauvage. d’hébergement. «Pancartes et panneaux d’information jalonnent les différents parcours. On peut facilement s’orienter et préparer les pour la cotisation individuelle ou «Randonner.ch» (6 numéros/an, étapes de la balade à son rythme», commente Victor Glassey.

«Cette route du vin pourrait rencontrer le même succès que celles de Bourgogne ou d’Alsace.»

La voie cyclable de 83 kilomètres est également très appréciée. Restaurants, caves et points d’intérêt ne manquent pas. Pourquoi ne pas en profiter pour visiter le Musée du Vin, s’offrir un bon repas et dormir dans la chambre d’hôte d’un vigneron? L’itinéraire routier possède également un beau potentiel touristique. Victor Glassey y croit. «Mise en valeur, cette route du vin, qui est aussi accessible aux bus, pourrait rencontrer le même succès que celles

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de Bourgogne ou d’Alsace.» valeur CHF 63.–) rabais de 10 à 15% sur de nombreuses cartes pédestres du Valais et les cartes nationales en vente chez

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Un homme de lien entre les cultures

Arrivé de Somalie à 13 ans, Mahamed Abdi a découvert la solidarité en Valais. Il s’est engagé pour faciliter le dialogue entre personnes d’ici et d’ailleurs. Son Association des interprètes communautaires est devenue un pilier de l’intégration.

Mahamed Abdi débarque en Valais en 1993, fuyant la Somalie déchirée par la guerre civile. L’adolescent de 13 ans est placé dans un foyer à Martigny. Son tuteur désigné n’est autre que Vital Darbellay, personnalité politique connue en Valais, alors conseiller national. A l’âge de 16 ans, Mahamed est invité à habiter chez lui. «La maison était toujours ouverte, Vital donnait des coups de main à des personnes en difficulté. Il m’a montré la beauté de la relation humaine, le plaisir d’aider, une solidarité simple et naturelle.»

L’exemple de Vital L’exemple de ce père adoptif provoque un déclic chez le jeune homme. «A l’époque, j’étais perturbé, j’en voulais à mes parents de m’avoir éloigné de ma famille et de mon pays. J’ai alors vu ma chance d’être accueilli et intégré chez des gens qui répondaient à mes questions et respectaient mon parcours. J’ai décidé de tendre la main à mon tour, de m’engager moi aussi.» A côté de son travail de vendeur, Mahamed multiplie les activités bénévoles. On le sollicite pour des traductions. Dans les écoles, auprès du tribunal des mineurs, dans les administrations, il découvre les difficultés des familles somaliennes et les malentendus avec leurs interlocuteurs suisses. Il réalise que sa communauté n’est pas la seule à avoir vécu guerres et tortures, que d’autres migrants tentent de s’intégrer avec leur histoire.

En 2002, il cofonde l’Association valaisanne pour l’interprétariat communautaire (AVIC), «parce que chacun a le droit de s’exprimer et d’être écouté». L’AVIC est aujourd’hui un pilier de l’intégration. Son action a permis de détendre les relations entre employés d’Etat et personnes migrantes. Disponibles dans une quarantaine de langues, ces interprètes sont également actifs auprès du Service auto ou de l’Etat civil, pour traduire et faire reconnaître les papiers officiels établis dans d’autres pays.

«Je me sens un citoyen d’ici à part entière, épanoui dans ma communauté valaisanne.»

Lever les malentendus A l’école ou à l’hôpital, les malaises s’installent très vite en raison des différences culturelles. Mahamed Abdi cite l’exemple des parents «qui ne participent pas aux réunions scolaires», ce qui est vu comme de l’indifférence ou un manque d’éducation. «Or, ils restent volontairement à l’écart parce que dans leur pays d’origine, c’est l’école qui gère tout. Beaucoup ne comprennent pas le sens des lettres d’information et leur enfant se retrouve maître en

R. Fiorina

traduction, sélectionnant ce qui l’arrange.» La méconnaissance du système scolaire et l’absence de soutien empêchent souvent les jeunes migrants d’envisager une formation après le cycle d’orientation. Mahamed a pris son bâton de pèlerin et osé frapper aux portes influentes. A l’époque, il sollicite la cheffe du Service des étrangers Françoise Gianadda. Ensemble, ils trouvent une solution d’appui scolaire avec le concours de seniors à la retraite.

Engagement politique Mahamed Abdi est aujourd’hui responsable d’un centre de requérants à l’Office de l’asile. Il poursuit son action solidaire auprès de la jeunesse somalienne restée sur place, à travers son association RAJO. Et il a fait son entrée en politique, «parce que je veux apporter mon expérience de terrain auprès des décideurs». Conseiller général à Sion, il siège à la Commission de l’intégration de la Ville. «Je me sens un citoyen d’ici à part entière, épanoui dans ma communauté valaisanne.» Ce père de famille apprécie les moments passés avec ses quatre enfants. «Tout ce que je n’ai pas vécu avec mes parents, je le vis aujourd’hui avec eux.»

www.association-rajo.ch www.interpretavic.ch

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