FAITES DE LA BELGIQUE LE PAYS DU COMMERCE ÉQUITABLE !
FAITES DE LA BELGIQUE LE PAYS DU COMMERCE ÉQUITABLE !
SEMAINE DU COMMERCE ÉQUITABLE: DU 5 AU 15 OCTOBRE 2016
La Belgique, pays du commerce équitable... Un rêve, une utopie ? En tout cas : un objectif pour 2020 ! Mais... que signifie au juste être le pays du commerce équitable ? Imaginez que, d’ici 2020, nous, les Belges, achetions, goûtions, respirions, sentions, rêvions équitable... Que, d’ici 2020, le choix du commerce équitable soit inscrit dans notre ADN !
QU’EST-CE QU’ON MANGE DEMAIN ? BRAINE L’ALLEUD (5-15 OCT.)
Une bien belle perspective ! Et peut-être pas si irréaliste que ça... Ensemble, nous pouvons vraiment faire la différence ! Consommer des produits équitables, savoureux et de qualité, tout en permettant aux producteurs du Sud d’améliorer leur quotidien : tout le monde y gagne ! C’est pourquoi nous, les Belges, devons nous mobiliser : les citoyens, mais aussi les associations, les décideurs politiques, le secteur horeca, les écoles… Nous pourrons ainsi donner au commerce équitable la place qu’il mérite en Belgique !
EN ROUTE VERS LE TITRE ! Être le pays du commerce équitable, ça se mérite ! Voici les objectifs qui ont été fixés pour atteindre ce but :
EN 2020, 95 % des Belges ont entendu parler du commerce équitable En 2014, 85 % des Belges avaient déjà entendu parler du commerce équitable. En soi, c’est déjà un beau résultat. Il faut en effet connaître avant de pouvoir apprécier. L’objectif est de s’approcher au maximum des 100 % ! 1 les Belges dépensent environ 15 € en produits équitables par an En 2014, le Belge a consacré 10,34 € en moyenne aux produits équitables. L’objectif est d’augmenter ce montant de 50 % d’ici 2020 ! Le commerce équitable gagne chaque année en popularité et tous ceux qui achètent équitable sont satisfaits des produits. 2 toutes les grandes chaînes de supermarchés offrent des produits équitables Ce critère est d’ores et déjà rempli ! Delhaize a
montré l’exemple il y a 27 ans déjà. Carrefour et Colruyt ont suivi le mouvement. Depuis, Lidl et Aldi proposent eux aussi des produits équitables dans leurs rayons. Les intentions des supermarchés en la matière sont présentées aux pages suivantes. 51 % des communes belges sont des communes équitables Aujourd’hui, 32 % des communes belges sont devenues des communes équitables et respectent 6 critères en matière de commerce équitable, de durabilité et de consommation locale. Consultez le site www.cdce.be pour en savoir plus sur la campagne « Communes du commerce équitable ». plus de la moitié des provinces belges sont des provinces équitables Le titre est aussi décerné au niveau provincial. La Flandre occidentale, la Flandre orientale, Anvers et le Brabant flamand en sont déjà les fiers détenteurs. On parie que la Belgique obtiendra la mention bien sur son bulletin d’ici 2020 ? 80 % des parlements/ministères fédéraux, régionaux et communautaires consomment régulièrement au moins 2 produits équitables Les politiciens doivent prêter une plus grande attention au commerce équitable dans leurs politiques. Et quoi de mieux que de commencer par le lieu de travail ? Nous demandons donc aux parlements et ministères de remplacer leur café par du café équitable, et de consommer encore au moins un autre produit équitable. Un exemple à suivre par les entrepreneurs belges ?
CALENDRIER
L’occasion pour les jeunes Brainois de visionner le film « Demain » et de débattre des alternatives présentées. constamment ! La population doit donc en être informée pour choisir en toute connaissance de cause. Saviez-vous par exemple que l’huile de palme existe aussi en version équitable et durable ? (voir plus loin) Ensemble, faisons de la Belgique le pays du commerce équitable ! Et soyons dans les starting-blocks le 5 octobre prochain.
LE COMMERCE ÉQUITABLE À VOLONTÉ DU 5 AU 15 OCTOBRE ! Le 5 octobre 2016 marque le coup d’envoi de la Semaine du commerce équitable. Pendant dix jours, le commerce équitable sera mis à l’honneur en Belgique à travers une campagne nationale et plus de 150 activités organisées aux quatre coins du pays. Une occasion en or de lancer l’appel à faire de la Belgique le pays du commerce équitable ! Fair trade in action, fair trade à volonté, fair trade fan, fair trade on my mind… Cette année, le logo de campagne Fair Trade on Board se décline en plusieurs variantes, afin de mettre en exergue que chaque Belge peut, à sa manière, contribuer à faire de la Belgique un pays équitable : acheter les produits équitables en magasins, participer aux nombreuses activités organisées durant la campagne, consommer équitable sur son lieu de travail… Découvrez où et comment apporter votre pierre à l’édifice sur www.semaineducommerceequitable.be.
le commerce équitable est mentionné au moins 600 fois par an dans les principaux médias Nouveaux produits, nouveaux secteurs et nouveaux acteurs… Le commerce équitable évolue 1 et 2 Sondage d’opinion du TDC sur les Belges et le commerce équitable.
ÉQUI…QUOI ? HEUSY (5-14 OCT.) Les jeunes de Verviers confrontent leur vision du commerce équitable lors d’un after-school animé par l’asbl ReForm à l’aide de capsules vidéos.
COMMERCE ÉQUITABLE – VISION 2030 BRUXELLES (5 OCT.) Le Club de Rome s’interroge, lors d’un débat, sur l’avenir du commerce équitable.
UN PARCOURS ÉQUITABLE - UN ENGAGEMENT HÉRINNES (15 OCT.) Le parcours « EQUItable - un engagement » de l’asbl Anama est jalonné de stands abordant produits et enjeux du commerce équitable.
LA SEMAINE DU COMMERCE ÉQUITABLE RIXENSART (5-15 OCT.) Cette année, la commune de Rixensart emmène les 12-18 ans voir une pièce de théâtre et visiter une exposition pour les faire réfléchir sur les thématiques du commerce équitable.
UN VOYAGE AUTOUR DU COMMERCE ÉQUITABLE MOUSCRON (LES 7 ET 15 OCT.) L’Athénée Royal propose un « voyage autour du commerce équitable ». Petits et grands s’aventurent de stands en stands et dégustent de délicieux produits.
DÉCOUVREZ UN TRÉSOR DANS NOTRE ÉCOLE LIBRAMONT (10-12 OCT.) Les indices semés lors de cette chasse au trésor mènent non seulement les élèves au trésor convoité, mais également à une réflexion sur l’engagement personnel en faveur d’un commerce plus équitable.
PROVINCE DU LUXEMBOURG (5-15 OCT.) Comme chaque année, les associations, maisons de jeunes, artistes et communes de la province ont lancé de nombreuses initiatives pour mobiliser la
population à consommer éthique et équitable.
et adultes, autour d’un petit déjeuner équitable.
ON CONSOMME LOCAL ET ÉQUITABLE BASTOGNE (9-16 OCT.)
OUVERTURE D’UNE BOUTIQUE ÉPHÉMÈRE ARLON (8 OCTOBRE)
La Ville de Bastogne organise de nombreuses activités : des petits déjeuners d’entreprises aux activités pour enfants.
L’Institut Cardijn ouvre une boutique éphémère et organise un défilé de mode éthique pour faire réfléchir les élèves sur les coûts sociaux et environnementaux de l’industrie de la mode.
JOURNÉES DE SENSIBILISATION AU COMMERCE ÉQUITABLE HOUFFALIZE (11-13 OCT.)
FAIR TRADE COMICS BRUXELLES (5-15 OCT.)
Au programme de la ville d’Houffalize : pièce de théâtre participative, atelier cuisine, jeux éducatifs, confection d‘affiches… Autant d’animations pour éveiller les enfants aux thématiques du commerce équitable.
L’Organisation mondiale du commerce équitable propose une activité typiquement belge : un concours de bandes dessinées pour récompenser les planches illustrant le mieux les 10 principes du commerce équitable.
POUR UNE SEMAINE PLUS JUSTE, JUSTE POUR UNE SEMAINE ! LA HESTRE (5-12 OCT.)
ENSEMBLE POUR UNE COMMUNE ÉQUITABLE ! COMMUNE DE JETTE (5-15 OCT.)
Latitudes Jeunes propose diverses animations pour les 6 -12 ans : projection de films, jeux et visite d’un magasin Oxfam.
Cette année, Jette propose 4 grandes actions : préparation d’un repas équitable à l’école, ateliers massage, dégustation de café Fairtrade, et quiz dans le Jette Info.
JE CONSOMME ÉQUITABLE À L’ÉCOLE… ET À LA MAISON ! MONS (5-15 OCT.)
SUR LA PISTE DES ÉPICES MATAGNE-LA-PETITE (6-16 OCT.)
La Ville de Mons emmène les enfants visiter une expo photo et participer aux ateliers d’immersion du village du monde : « Le chocolat, de la fève à la plaquette » et « Le commerce équitable ? ».
L’association ça ne manque pas d’air ! nous emmène à la découverte des origines et usages des épices.
À LA DÉCOUVERTE DU COMMERCE ÉQUITABLE BOVESSE (LES 5 ET 15 OCT.)
Depuis quelques années, Altervoyages organise le festival Monde et Merveille afin de mieux faire connaître le voyage alternatif : lectures de contes pour petits et grands, expositions de photos, dédicaces de livres, etc.
Le Centre rural la Bruyère, cette maison de jeunes qui veut « faire bouger » sa commune, organise un jeu ludique et collaboratif autour du commerce équitable.
LA SEMAINE DU COMMERCE ÉQUITABLE TOURNAI (5-15 OCT.) La ville de Tournai coordonne des activités variées dont une rencontre débat avec Estelle Vanwambeke, représentante d’Oxfam-Magasins du monde.
« RUN & BIKE FOR FAIR TRADE » TENNEVILLE (9 OCT.) Avis aux sportifs ! Tenneville organise une marche, ainsi que des « run & bike » pour enfants
FESTIVAL « MONDE & MERVEILLES » LIÈGE (7-9 OCT.)
LES SÉQUENCES ÉQUITABLES LIÈGE (10-15 OCT.) Les capsules vidéo de l’association Potaufeu Theatre mettent en scène des jeunes dans des situations parodiées. Le but ? Briser les a priori des consommateurs sur le commerce équitable.
PETITS DÉJEUNERS ÉQUITABLES OXFAM, dans chaque Oxfam-Magasins du monde, 8-9/10
FAITES DE LA BELGIQUE LE PAYS DU COMMERCE ÉQUITABLE !
L’ÉQUITABLE À L’HONNEUR DANS LES SUPERMARCHÉS
DES BANANES AVANT TOUT
A tout seigneur tout honneur : Delhaize, le pionnier. Le premier paquet de café équitable y a fait son entrée il y a 27 ans déjà. Aujourd’hui, l’enseigne propose quelque 70 produits labellisés Fairtrade, essentiellement du café, du thé, 1. 85 % des Belges affirment avoir déjà entendu parler du commerce équitable (sondage du Trade for Development Centre, 2014). 2. 53 % des ménages belges achètent aujourd’hui des produits équitables contre 24 % en 2007 (sondage de GFK réalisé en octobre 2015 pour le compte de Fairtrade Belgium).
du sucre, des biscuits et des fruits. À ceux-ci s’ajoutent, durant la période de Saint-Nicolas et de Pâques, des figurines en chocolat. En dehors des produits équitables vendus sous sa propre marque, Delhaize commercialise aussi des produits Fairtrade d’Oxfam, de Candico et de Ben & Jerry’s. « En 2011, nous avons quasiment doublé notre assortiment de produits équitables », précise Anaïs Pauwels, Sustainable Private Brand Manager. Cela n’a pas toujours été une réussite : la vente des bonbons est difficile car le client ne fait pas toujours le lien avec l’histoire et les enjeux du sucre de canne. Mais nos acheteurs sont constamment à la recherche de nouveaux produits durables, car oser se renouveler fait partie de notre ADN. » La Semaine du commerce
UN VÉRITABLE BOOST
UNE APPROCHE DIFFÉRENTE
Chez Carrefour aussi, le commerce équitable rencontre un franc succès. « Si son introduction remonte à bien des années, le commerce équitable a connu un véritable boost il y a 3 ans », nous confirme Baptiste van Outryve, le responsable de la communication. « Nous disposons aujourd’hui de beaucoup de produits vendus sous notre propre marque, auxquels s’ajoutent ceux de Rombouts, de Ben & Jerry’s et de bien d’autres. Notre offre est définie en collaboration avec Fairtrade Belgium : nous sommes régulièrement en contact avec eux pour mettre sur pied des actions et identifier de nouvelles opportunités. Nous atteignons peu à peu notre vitesse de croisière, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. S’il est relativement aisé de gérer nos propres magasins, il nous reste encore un gros travail à mener auprès des magasins gérés par des indépendants. Notre franchisé à Herent est
Chez Colruyt, il en va tout autrement. Si l’offre de Bio-Planet, le supermarché bio du groupe, est étendue, les magasins Colruyt ne proposent que 25 produits équitables : « Notre approche est en effet très différente. Nous nous concentrons sur un certain nombre de produits de base et cherchons les moyens de rendre nos propres filières d’approvisionnement plus durables », expliquent Philippe CAFÉ FAIRTRADE NEUTRE EN CO2
Toussaint et Johan Vandenbossche de l’équipe RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). Acheter des produits labellisés auprès de différents fournisseurs est une première possibilité pour Colruyt. « Nous investissons par ailleurs, depuis des années déjà, dans des projets de filière durable avec des agriculteurs du Sud. Après le riz du Bénin, c’est au tour des bananes bios équitables du Sénégal. Un travail de longue haleine, mis en œuvre notamment avec des ONG. Pour les agriculteurs, le premier objectif est d’améliorer la qualité de leurs produits et d’obtenir un label bio et équitable. Ce n’est qu’après, une fois la production stabilisée, que les coopératives peuvent penser à exporter, Colruyt s’engage alors à leur acheter un volume important et constant. Nous avons
lancé le projet au Sénégal en 2013 et espérons proposer les premières bananes dans nos rayons en 2017. Voilà pourquoi, nous ne parlons pas tant de ‘produits durables’, que de ‘rendre les filières d’approvisionnement plus durables’. » © Aldi
BANANES COLLIBRI AU COLRUYT ALSEMBERG
l’exemple parfait d’une intégration réussie des produits équitables. Il n’y a pas si longtemps, il a pu partir à la rencontre des producteurs de bananes péruviens avec notre directeur des produits frais. Il collabore aussi étroitement avec le comité de pilotage local qui a fait de Herent une Commune du commerce équitable. C’est en quelque sorte un ambassadeur qui partage son expérience avec d’autres gérants de magasins. »
© Carrefour
LE PIONNIER
équitable ne passe pas non plus inaperçue chez Delhaize. « Lors des éditions précédentes, nous avons rassemblé tous les produits équitables en un seul endroit pour que nos clients découvrent nos actions promotionnelles et l’étendue de notre assortiment. En plein dans le mille : non seulement, les clients ont découvert les produits équitables, mais ils ont pu également les retrouver par la suite dans leurs rayons habituels. La Saint-Valentin (chocolat), la fête des Mères (roses) et la semaine bio en juin sont également d’autres occasions de mettre en évidence les produits équitables.
OFFRE DE PRODUITS ÉQUITABLES CHEZ DELHAIZE
© Delhaize
Les études confirment cette tendance à la hausse : de plus en plus de consommateurs connaissent le commerce équitable1, et de plus en plus de ménages en achètent les produits2. Une évolution qui s’explique par une prise de conscience croissante en matière de durabilité, mais aussi par une disponibilité beaucoup plus élevée des produits équitables. « Les distributeurs sont un moteur très important de cette croissance », confirme Nicolas Lambert, directeur de Fairtrade Belgium (anciennement Max Havelaar). « Il existe une interaction très subtile entre l’offre de produits et la demande des consommateurs. Les supermarchés jouent un rôle clé en proposant des produits équitables, mais aussi en informant les consommateurs et en les incitant à consommer des produits. Aux Pays-Bas, de même qu’en Suisse et au Royaume-Uni, le marché s’est littéralement envolé depuis que les supermarchés se sont engagés dans cette voie via leur propre marque de distributeur. C’est une évolution qui commence à être perceptible en Belgique, même si le potentiel de croissance y est encore énorme. »
© Carrefour
UNE BELLE CROISSANCE
© Colruyt
Peut-être avez-vous fait la même observation : les produits équitables sont de plus en plus présents dans les rayons des supermarchés. En dépit de la crise économique, le commerce équitable progresse d’année en année dans notre pays. Grâce au consommateur, mais aussi grâce à une offre de plus en plus étoffée, notamment dans la grande distribution.
Terminons par quelques chiffres : en 2015, les supermarchés belges ont vendu 8.000 tonnes de bananes labellisées Fairtrade. Cela représente une hausse de 12,6 % par rapport à 2014, pour une part de marché de 9,6 %. Pour le café, celle-ci est de 2,1 %, et pour le chocolat, de 0,4 %. « Les produits équitables sont de plus en plus présents », conclut Bernard Buntinx, Account manager Retail chez Fairtrade Belgium. « Tous les distributeurs se rendent compte qu’un nombre important de leurs consommateurs privilégient la durabilité. Nous sommes particulièrement heureux de constater que l’équitable a de plus en plus sa place dans leur communication. Et pas seulement dans les rapports annuels RSE, mais surtout dans les dépliants distribués aux clients, ainsi que lors des actions mises en place dans les magasins pendant la Semaine du commerce équitable. »
CHACUN DISPOSE DE SON OFFRE ÉQUITABLE
Lidl a suivi l’exemple, de même qu’Aldi, le dernier grand distributeur belge à prendre le train de l’équitable. « Pour le moment, nous nous en tenons aux produits classiques : café, vin, riz, chocolat et bananes », déclare Ruth Broekaert, Corporate Responsibility Manager chez Aldi. « Mais nous avons tout à fait l’intention d’étoffer notre offre à l’avenir. Cela s’inscrit d’ailleurs dans la logique des mesures durables que nous avons prises ces dernières années, comme la politique d’achat durable pour le poisson, le cacao et l’huile de palme, que nous étendons maintenant à d’autres produits. Enfin, nous multiplions aussi les communications envers les clients, entre autres pendant la Semaine du commerce équitable. » D’autres distributeurs comme Cora, Smatch, Spar… proposent aussi des produits équitables. Pour les connaître, rendez-vous sur www.fairtradebelgium.be.
tiques se font entendre. Aujourd’hui, le lien entre expansion effrénée de la culture en Indonésie et en Malaisie et déforestation, destruction de la biodiversité et conflits sociaux n’est en effet plus à démontrer. Des pans entiers de forêt tropicale ont été abattus, des terres subtilisées à des communautés locales et les droits des travailleurs massivement bafoués. Les yeux empreints de tristesse des orangs-outans dont les familles ont été décimées reflètent l’avidité débridée des entreprises locales et internationales de la filière de l’huile de palme.
UNE HUILE DE PALME DURABLE Ayant toutefois réalisé que les choses ne pouvaient pas continuer ainsi, l’industrie a mis en place la Table ronde pour l’huile de palme durable (RSPO). Les producteurs, les industriels et les commerçants respectant un certain
© Ryan Woor for Center for International Foresty Research (CIFOR)
FRUIT DU PALMIER À HUILE
nombre de principes et de critères peuvent désormais obtenir la certification RSPO et écouler leur huile de palme sous le label « durable ». Parmi les ONG, Greenpeace a toujours été la plus critique vis-à-vis de la RSPO. Elle estime que les critères et le contrôle ne sont pas assez rigoureux, à tel point que la certification ne garantit pas une huile de palme sans déforestation. De leur côté, le WWF et Oxfam ont d’emblée siégé à la RSPO, dans le but de plaider en faveur de critères plus stricts. C’est sous leur impulsion que naît, en 2016, « RSPO Next », plus exigeant, mais sur base volontaire, censé exclure toute déforestation, incendie volontaire de forêt ou accaparement de tourbières. En 2015, 20 % de la production mondiale d’huile de palme étaient certifiés RSPO et ce pourcentage augmente d’année en année. La demande continue elle aussi de croître, même si elle reste toujours en deçà de l’offre. La certification n’est toutefois pas très visible. Depuis que l’attention des médias s’est portée sur le pourcentage de graisses saturées, les entreprises ne sont plus enclines à mettre en évidence la présence d’huile de palme sur les emballages de leurs produits. Elles évitent donc désormais d’y afficher le label RSPO.
Le WWF est, pour sa part, satisfait de ces ambitions. Sébastien Snoeck de Greenpeace s’en réjouit aussi : « De toutes les alliances européennes, les belge et française nourrissent clairement les objectifs les plus ambitieux. Il leur reste toutefois encore une étape cruciale à franchir : concrétiser les nouveaux critères ainsi que leur contrôle. La vitesse à laquelle ils seront adoptés par l’ensemble du secteur et la rapidité avec laquelle les transformateurs européens pourront mettre la pression sur les producteurs asiatiques est un autre aspect primordial. À l’heure actuelle, de trop nombreux acteurs de la filière éludent encore le problème. Mais, nous ne le répéterons jamais assez, le temps presse : dans cinq ans, il ne restera guère de forêts en Indonésie ! »
L’HUILE DE PALME ÉQUITABLE « De notre côté aussi, nous sommes confrontés à la problématique de l’huile de palme », nous confie Hielke van Doorslaer d’Oxfam-Wereldwinkels (l’équivalent flamand d’Oxfam-Magasins du monde). « La plus-value de l’huile de palme est négligeable pour certains produits comme les céréales pour le petit déjeuner, nous sommes donc passés à l’huile de tournesol. Par contre, c’est l’huile de palme qui donne à notre choco à tartiner son onctuosité. Exclure l’huile de palme poserait donc problème sur le plan de la qualité. De plus, cela ne ferait que déplacer la problématique écologique et sociale. Voilà pourquoi nous nous sommes mis à la recherche d’une huile de palme équitable. » Le label le plus connu sur le marché belge est sans conteste Fairtrade (anciennement Max
Havelaar), mais il n’a pas élaboré de critères pour l’huile de palme. Aussi, Oxfam-Wereldwinkels s’est finalement tourné vers Fair for Life, un programme suisse de certification équitable. Le premier projet d’huile de palme à avoir reçu son label est Serendipalm, une initiative d’une entreprise familiale américaine productrice de savons. Lorsque cette dernière a dû rechercher des huiles de meilleure qualité, elle s’est d’abord tournée vers des produits certifiés bios. Mais s’étant peu à peu rendu compte que label écologique ne rime pas forcément avec justice sociale, elle a décidé d’assurer elle-même son approvisionnement. Ainsi sont nés Serendipol (huile de coco, Sri Lanka), SerendiKenya (huile de coco, Kenya) et Serendipalm (huile de palme, Ghana).
SERENDIPALM Dans la région d’Asuom, dans l’est du Ghana, les palmiers à huile poussent naturellement et permettent aux agriculteurs locaux d’arrondir leurs maigres revenus tirés du cacao, du manioc, du maïs ou des agrumes. Une première phase du projet a permis d’encadrer les agricultures en vue d’une certification biologique, ainsi que de construire un grand moulin à huile, sur le modèle des centaines de petites presses à huile artisanales utilisées dans la région. À l’heure actuelle, quelque 670 familles livrent des fruits de palmier au moulin, qui est devenu le principal employeur de la région avec plus de deux cents collaborateurs. Autre aspect important, bon nombre des tâches sont prises en charge par les femmes : de l’égrappage des petits fruits individuels à la gestion du moulin. La prime équitable, bénéficie à l’ensemble de la population : construction de puits, de citernes et de toilettes publiques, achat de matériel et d’ordinateurs pour les écoles, etc. Parmi sa clientèle régulière, Serendipalm compte, outre des organisations équitables comme Oxfam-Wereldwinkels, des entreprises telles que Rapunzel et Weleda. Deux autres initiatives de production d’huile de palme, l’une au Togo, l’autre en Équateur, sont aujourd’hui également certifiées Fair for Life. Un petit pas dans la bonne direction pour ce produit difficilement remplaçable, mais controversé.
EN SAVOIR PLUS ? vous trouverez plus d'articles sur le commerce équitable et durable en consultant notre site D www.befair.be > publications
© Serendipalm
L’huile de palme est extraite de la pulpe du fruit du palmier à huile. Si l’exploitation de ce produit suscite toute une série de pour et de contre, les avantages pour l’industrie sont quant à eux colossaux. L’huile de palme résiste aux hautes températures, a un goût neutre et ne s’oxyde pas rapidement. Bref, elle constitue un ingrédient idéal. Sa productivité à l’hectare est aussi de loin supérieure à celle des autres huiles végétales : sans l’huile de palme, on aurait besoin de sept à dix fois plus de superficie pour produire la même quantité d’huile. Pourtant, ses opposants sont nombreux. L’huile de palme est notamment très controversée dans la communauté médicale, en raison de sa teneur élevée en acides gras saturés. Mais c’est du côté des ONG et des activistes environnementaux que les voix les plus cri-
PÉPINIÈRE DE PALMIERS À HUILE EN INDONÉSIE
© CIFOR
UNIQUE, MAIS CONTROVERSÉE
En Belgique aussi, le sujet fait débat. En novembre 2014, l’Alliance belge pour une huile de palme durable a vu le jour sous l’impulsion du monde des entreprises. Cette Alliance compte, parmi ses membres, neuf entreprises représentant ensemble près de 60 % de la consommation d’huile de palme dans le secteur alimentaire belge. Ces neuf entreprises – dont Unilever, Vandemoortele, Lotus Bakeries et Ferrero – s’étaient engagées à acheter exclusivement de l’huile de palme certifiée RSPO d’ici la fin de 2015, objectif réalisé. Pour 2020, la barre est placée encore plus haut. Philippe Thiry, président de l’Alliance belge pour une huile durable : « Notre ambition est de renforcer les critères de durabilité. Nous voulons inclure la protection de toutes les zones forestières et tourbières à haute valeur de conservation, viser une traçabilité intégrale et appuyer les petits cultivateurs indépendants.
© Serendipalm
Ces dernières décennies, l’huile de palme s’est progressivement imposée comme principale huile végétale de par le monde. À l’heure actuelle, dans les supermarchés, un produit sur dix en contient : des produits alimentaires aux produits cosmétiques, en passant par les détergents. Malheureusement, cette énorme expansion entraîne aussi une déforestation galopante en Asie du Sud-Est. Il est donc impératif de trouver une solution durable !
UNE BELGIQUE AMBITIEUSE
© Serendipalm
LE LONG ET DIFFICILE CHEMIN VERS UNE HUILE DE PALME DURABLE ET ÉQUITABLE
© Serendipalm
FAITES DE LA BELGIQUE LE PAYS DU COMMERCE ÉQUITABLE !