EN VUE
L’INVITÉ
Par Bertrand BEAUTÉ Photos Nicolas RIGHETTI/REZO
«Nous allons adapter certains prix à la baisse» Directeur général du Lausanne Palace et président des Leading Hotels of the World, JeanJacques Gauer reste optimiste malgré les difficultés du secteur.
Avec le Jet d’eau de Genève, la cathédrale de Lausanne et le château de Chillon, il s’agit de l’une des constructions les plus photographiées de l’Arc lémanique. En faire un hôtel-restaurant idéalement positionné sur les bords du lac représentait pour nous un grand défi. Aujourd’hui, nous sommes très satisfaits de cet investissement (environ 20 millions de francs déboursés par la Loterie Romande, propriétaire de l’établissement, ndlr), d’autant que les premiers chiffres nous ont souri. Nous avions prévu trois scenarii budgétaires: un bas, un moyen et un supérieur. Pour l’instant, nous sommes clairement dans le haut de la fourchette envisagée, même s’il faut se méfier de l’effet de nouveauté. N’est-il pas risqué d’ouvrir cet hôtel en pleine crise économique? En période de ralentissement de la demande, le Château d’Ouchy, avec ses quatre étoiles, apparaît peut-être mieux positionné que les hôtels cinq étoiles. Et puis, tout le monde m’avait dit: «Fais attention, personne ne viendra à Ouchy en hiver!» Finalement, et malgré la crise, décembre et janvier sont les meilleurs mois que nous ayons réalisés depuis l’ouverture!
J
ean-Jacques Gauer traverse le hall en souriant, salue un ou deux clients, rectifie l’agencement d’un bouquet, surveille la qualité de l’accueil. Le Lausanne Palace, c’est un peu chez lui. Il a su en quelques années relancer l’établissement lémanique, aujourd’hui l’un des plus prestigieux du pays. Depuis treize ans qu’il dirige cet hôtel, Jean-Jacques Gauer l’a façonné à son image. Ses deux enfants ne sont pas là, mais sa femme dirige le spa de l’établissement. Il connaît le nom de la plupart de ses clients et aime ce bâtiment Belle Epoque, devenu au fil des ans, «sa maison». Depuis août 2008, Jean-Jacques Gauer l’a même enrichi d’une résidence secondaire: l’hôtel du Château d’Ouchy – propriété de la Loterie Romande – dont la gérance a été confiée au Lausanne Palace. Fraîchement rénové, le Château d’Ouchy a officiellement ouvert ses portes début août. Pouvez-vous tirer un premier bilan? Ce château demeure un bâtiment mythique.
12 TRAJECTOIRE Printemps 09
Vous souhaitiez racheter l’activité de location de pédalos située à proximité. Qu’en est-il? Devant le château, sur la rade, s’étendent des loueurs de bateaux. Leurs pédalos en plastique ne sont pas très esthétiques. J’avais donc imaginé reprendre la location pour en faire une terrasse qui aurait un peu de classe et de style, avec des chaises longues évoquant une certaine nostalgie. Malheureusement, les propriétaires exigent un montant sans rapport avec l’espace en question. Nous avons donc abandonné pour l’instant cette opportunité. En revanche, nous avons racheté, avec la société horlogère Blancpain (lire aussi en p. 66 l’interview d’Alain Delamuraz) un navire datant de 1934, baptisé l’Etoile du Léman. Ce bateau de plaisance nous permettra, dès l’été prochain, d’offrir à nos clients des croisières de prestige sur le lac. Ces dernières années, l’hôtellerie romande a multiplié les investissements. Etaient-ils vraiment indispensables? Durant les années 1980-1990, l’hôtellerie suisse restait à la traîne des standards internationaux. Un effort financier était donc absolument incontournable pour la remettre à niveau. Avec les bénéfices engrangés ces dernières années, les propriétaires ont consenti à de très gros investissements. Nous en sommes un exemple: nous avons dépensé plus de 60 millions de francs, ces quinze dernières années, pour rénover et aménager le Lausanne Palace. Une salle de conférence de dernière génération a ainsi vu le jour en 2004, ainsi que le «Red Club», notre nightclub privé. Mais un hôtel de cet âge est, si j’ose dire,