ÉTÉ 2010 CHF 9.- / € 6.-
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SPÉCIAL HOMMES
TRAJECTOIRE n°91 Été 2010
L’axe du luxe Genève - Lausanne - Gstaad - Verbier
TRAJECTOIRE n°91
SOMMAIRE Été 2010
06 RUE DU RHÔNE Dernières nouvelles de l’artère du luxe. 10 REPéRAGES Quelques adresses sélectionnées pour vous. 16 FESTIVALs Les moments forts du Paléo, de Gstaad,
de Verbier et du Montreux Jazz Festival.
22 Culture Trois livres, trois films, trois galeries. 28 Lang lang Ambassadeur, virtuose du piano, Lang Lang
nous ouvre les portes de son univers.
32 MONTBLANC Lutz Bethge le charismatique
CEO de Montblanc.
40 MODE Zoom sur les tendances
estivales masculines.
50 Spécial Hommes
Dix-neuf hommes, dix-neuf trajectoires
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Stéphane Garelli Roger Federer Laurence Graff Maxim Vengerov Paulo Coelho Alexandre Peraldi Peter Zumthor Arnaud Carrez Philippe Morel Carlos Rosillo Philippe Rochat Lambert Wilson Sébastien Buemi Denis Asch Jean-Paul Barbier Müller Pierre Jacques Stéphane Schaffter Michel Pont Alexis Gouten
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Montre “Arceau” chrono, mouvement automatique, bracelet en veau Barénia.
POUR INFORMATION : 032 366 71 00 info @ montre-hermes.ch
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SOMMAIRE Été 2010
92 AUTOMOBILE Mercedes Benz dévoile
sa nouvelle Classe E Cabriolet.
98 INTERIEUR Intemporelle et épurée,
découverte de la demeure d’Eric Collombin.
102 SAVEURS 3 tables à découvrir. 104 CIGARE
James Risse, entre harley-davidson et cohiba robusto.
110 SPA Détente et bien-être. 116 ESCAPADES Nos trois coups de cœur parisiens. 118 éVASION Edimbourg, un voyage au-delà du temps
dans l’ambiance moyenâgeuse de la capitale.
120 JORDANIE La découverte d’un oasis
au milieu de Moyen-Orient.
Abonnement TRAJECTOIRE
Le magazine de l’axe du luxe
Abonnement pour 4 numéros à CHF 30.- (1 an)
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Trajectoire Magazine Service des lecteurs Ch. de la Marbrerie 1 1227 Carouge Suisse
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UN MAGAZINE DU GROUPE WWW.ANDRE-CHEVALLEY.COM TRAJECTOIRE
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EN VUE
REPÉRAGES Quelques adresses sélectionnées pour vous Par Gaëlle CHAAR
Genève
Bijoux
Design
Après avoir participé au lancement de l’EastWest et redynamisé la carte « brasserie chic » du Tiffany, les frères Pourcel poursuivent leur route : ils quittent Genève et s’installent à Shanghai. Philippe Zemour, chef placé par les « jumeaux terribles » de la gastronomie française, poursuit le travail de ses mentors et y apporte sa touche personnelle. Cochon de lait au satay, volaille de la Gruyère aux jeunes légumes et jus de citronnelle, homard en rouleau de printemps, la nouvelle carte propose une cuisine raffinée aux saveurs nomades. « Philippe Zemour, chez nous depuis janvier 2009 après être passé par de grandes maisons dont celle des Pourcel à Montpellier, s’est complètement approprié l’esprit Eastwest. Son héritage, sa créativité et son expérience font de lui le parfait chef maison », se réjouit Marc-Antoine Nissile, directeur général du groupe. —
C’est au cours d’un voyage en Asie que Frédéric et Sabrina Luna, sacs sur le dos et leur fille Chloë dans les bras, décident de changer de carrière pour se lancer dans la création de bijoux. « De retour en Suisse, nous avons présenté nos collections au marché de Noël. Le succès a été tel que nous n’avons pas hésité à poursuivre l’aventure ». Quelques mois plus tard, la boutique Chloë née à Genève ouvre ses portes en plein cœur du quartier de Plainpalais. Boudoir cosy à l’atmosphère romantique, l’arcade propose des bijoux tout aussi girly que tendance. Sautoirs en bois précieux, colliers en tissu liberty, pendentifs portebonheur côtoient des boucles d’oreille en pierres semi-précieuses et des bagues ornées de charms. « Nous créons aussi des collections éphémères et réalisons du sur-mesure. Des bracelets pour poignets fins, par exemple, ou même des modèles uniques imaginés avec nos clientes ». —
A proximité de Vevey, dans le château d’Hauteville à Saint-Légier, l’architecte d’intérieur Jorge Canete dispense des cours de décoration intérieure. Mobilier Starck et œuvres d’art contemporain se mêlent harmonieusement aux meubles d’époque pour offrir aux passionnés de design un cadre onirique et enchanteur propice à l’inspiration. Le but du fondateur du studio Interior Design Philosophy ? Enseigner l’art de transcrire ses émotions dans la décoration et inviter les participants à élaborer un projet personnel grâce à l’analyse des trois sources d’inspiration fondamentales que sont l’environnement, le lieu et la personnalité du client. Choix des couleurs et des matières, sélection des meubles et des luminaires, agencement de l’espace, un véritable cours accéléré de décoration intérieure, à la fois théorique et pratique, pour les esthètes amoureux du bon goût. —
EastWest
Chloë née à Genève
Interior Design Philosophy
Rue de Pâquis 6 - 1201 Genève
Rond-Point de Plainpalais 6 - 1205 Genève
Château d’Hauteville - 1806 Saint-Légier
T. +41 22 708 17 07
T. +41 22 321 49 00
T. +41 78 710 25 34
www.eastwesthotel.ch
www.chloegeneve.ch
www.jorgecanete.com
De l’EastWest à Shanghai
Bijoux de fête
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Cours de design dans un château
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Enrique Iglesias
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EN VUE
L’INVITÉ Par Aziz NOURELDINE Photo Jesse FROHMAN
LE DÉMOCRATE DU CLASSIQUE Foules en délire, attitude de rock star, marques de luxe qui le convoitent : le Chinois Lang Lang est devenu la coqueluche mondiale du piano. Il joue à Genève en juin.
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oté de dix acrobates à la place des doigts, le magicien Lang Lang, merveille chinoise et star planétaire du classique, est de retour à Genève pour un récital de piano au Victoria Hall le 27 juin. L’occasion de retrouver la fougue de ce jeune homme, virtuose depuis le berceau, dans un programme composé d’œuvres de Beethoven, de Prokofiev et de sonates d’Albéniz. Le pianiste chinois de 28 ans a insufflé du sang neuf dans le milieu classique, avec son look décontracté, sa manière de faire le show sur scène et de drainer un public toujours plus large, bien loin de l’establishment classique. Mais outre la musique, le pianiste s’engage pour des causes comme l’UNICEF et collabore avec des marques de luxe comme Montblanc, qui l’a engagé comme ambassadeur cette année. En exclusivité, il a accepté de répondre aux questions de Trajectoire Depuis janvier, vous êtes le nouvel ambassadeur de la marque Montblanc. Quels sont les points communs que vous partagez avec la marque et qui vous ont poussé à collaborer avec elle ? Montblanc a ses racines dans la culture de l’écrit ce qui l’amène à se reconnaître un engagement social et culturel particulier. Montblanc soutient notamment de jeunes talents à travers le « Prix Montblanc » attribué chaque année à des musiciens exceptionnels. Comme mon rêve est de gagner davantage d’amateurs, aussi des jeunes, à la musique classique, je suis très heureux de cette opportunité de collaboration. C’est la raison pour laquelle je donne des master class à des enfants ayant des aptitudes musicales et que je m’active comme ambassadeur de l’UNICEF, que Montblanc soutient également à travers la campagne : « Power to write ».
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Vous siégez également au conseil d’administration de la Fondation Montblanc pour la culture. Quelle y est votre implication ? La Fondation d’entreprise Montblanc pour la culture soutient et honore des mécènes artistiques contemporains qui emploient leur temps, leur enthousiasme et leur fortune à contribuer à l’émergence d’artistes et de leur projet. Chaque année, la fondation remet le prix Montblanc du patronage des arts et de la culture. En tant que membre du conseil d’administration, je vais soutenir cette action à travers ma présence personnelle à autant de cérémonies de remises de prix que possible. Je vais également jouer un rôle dans le choix des nominés et des gagnants. Quel type de mécène avez-vous l’ambition de favoriser ? J’aimerais découvrir et honorer plus de jeunes mécènes. Outre Montblanc, vous avez été maintes fois ambassadeur pour votre pays comme aux Jeux Olympiques et à l’Exposition Universelle de Shanghaï ; comment prenez-vous ce rôle ? Vous sentez-vous patriote ? C’est un très grand honneur et c’est très important pour moi de représenter et de soutenir mon pays d’origine à travers le monde. Avez-vous contribué à rendre la musique classique plus populaire en Chine ? Aujourd’hui, il y a 40 millions d’enfants qui apprennent à jouer du piano en Chine, ce que je trouve fantastique. Vous avez vous-même commencé à jouer du piano à l’âge de trois ans. Ce n’est pas un âge auquel on a la maturité de choisir son instrument. Qui vous a placé devant un clavier ? C’est le film Tom & Jerry qui m’en a donné envie. Mais mes parents m’avaient déjà acheté un piano alors que je n’avais qu’un an et demi. Regrettez-vous parfois de ne pas avoir eu la vie d’un adolescent comme les autres, mais celle d’un virtuose ? Oui, cela m’arrive, mais rarement. Rien n’est facile et il est souvent nécessaire de sacrifier un pan de sa vie pour atteindre les buts que l’on s’est fixés.
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HORLOGERIE
SÉLECTION Par Simone RIESEN / Swiss Watch Makers
BIENHEUREUX LES HOMMES ! A vous les belles mécaniques longuement étudiées, puis patiemment élaborées afin que vous puissiez arborer fièrement à votre poignet des garde-temps les mieux tournés. Chanceux que vous êtes ! Nous, jalouses ? Force est de l’admettre… Raymond Weil
1. Nabucco va, Pensiero Un mouvement chronographe mécanique à remontage automatique ETA 7753 tricompax dans un boîtier de 46 mm en titane sablé comme la lunette. Le cadran, travaillé en relief, affiche des index appliqués rehaussés de couleur luminescente anthracite. Bracelet en crocodile noir mat, cousu façon sellier à boucle déployante. CHF 5200.-
Blancpain
2. Le Brassus, Carrousel Répétition Minutes Une première : un carrousel volant une minute associé à une répétition minutes au timbre cathédrale. Les lames du timbre s’enroulent une fois et demie autour du mouvement pour un son exceptionnel. Un dispositif déconnecte le réglage lors de l’actionnement de la répétition minute pour éviter tout dommage. Boîtier en or rouge. CHF env. 375’000.-
Zenith
3. El Primero Striking 10th Retour aux valeurs techniques de la marque avec ce chronographe qui rend visible chacune des pulsations. L’aiguille centrale marque, à chaque saut, le 1/10e de seconde, la plus petite division du temps mesurée par un calibre mécanique de série. Boîtier en or rose ou en acier de 42 mm de diamètre. Bracelet en alligator ou en acier. CHF 11’800.- acier, 24’900.- or. CHF 5200.-
Bell & Ross
4. Vintage BR 123 Carbon Inspirée des années 40, cette ligne rend hommage aux pilotes. Mouvement mécanique automatique ETA 2895 avec pour fonctions les heures, les minutes, la seconde indépendante et la date dans un boîtier de 41 mm en acier avec finition noire de type « carbone sous vide ». Bracelet en cuir naturel. CHF 2’700.-
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Jaermann & Stübi
1. Seve II Les fers avec lesquels Seve Ballesteros a remporté le tournoi de golf, Spanish Open Tour en 1995, ont été fondus pour le boîtier. Un mouvement automatique avec heures, minutes, secondes, date, fonctions Course-Timer et GMT. Amortisseurs de choc brevetés pour les coups lors de jeu protégeant ainsi le mouvement. CHF 19’500.-
Jaquet Droz
2. Grande Seconde Céramique Noir Pour ce modèle qui joue le noir, un mouvement Jaquet Droz 2663A-S mécanique à remontage automatique. Boîtier en céramique, aiguilles avec un traitement en or noir et cadran opalin noir. Juste une touche de rouge sur la pointe de l’aiguille de la grande seconde et de ses six indicateurs. Bracelet en caoutchouc à boucle en PVD noir. CHF 15’000.-
JeanRichard
3. Aquascope La marque revisite un modèle des années 1960. Le boîtier en acier poli et satiné, aux dimensions de 44,5 x 40 mm pour une hauteur 11,85 mm, abrite un mouvement à remontage automatique de manufacture JR1000. Etanche à 300 mètres et lunette tournante bidirectionnelle. Bracelet en veau structuré noir ou blanc à boucle déployante. CHF 7’400,-.
Hermès
Cape Cod Tourbillon Mouvement mécanique à re4. montage manuel, Calibre Hermès H8930 VMF, avec sept jours de réserve de marche grâce à un double barillet en série. Boîtier et cadran guilloché main en or blanc. Anglage et polissage à la main des ponts et des mécanismes. Bracelet en alligator mat à boucle déployante de sécurité. CHF 210’000.-
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MODE
PRINTEMPS - ÉTÉ
Hermès
Ermenegildo Zegna
HOMMES
PORTRAIT Par Roger JAUNIN* Photo Fadil BERISHA
ROGER FEDERER Si, hors du strict cadre du sport, la perfection devait exister, alors il faudrait qu’elle porte le nom du joueur bâlois. Et pas seulement parce qu’il présente le meilleur palmarès de toute l’histoire du jeu de tennis...
Que dire, qu’écrire qui n’ait été dit ou écrit à propos et sur Roger Federer ? Le pari est difficile, sinon impossible à prendre. Le joueur ? A coup sûr le meilleur de tous les temps. L’ami ? Un fidèle, tout simplement, capable de se souvenir de chaque moment passé en commun, capable aussi de prêter main forte lorsque le besoin se fait sentir. L’homme ? Parfaitement en accord avec l’image que l’on se fait de lui, incapable de la moindre tricherie, fils, champion et père modèle… Le champion, justement ? L’élégance du jeu, jusque et y compris dans, chose rare, la défaite. On s’arrête là. Pour ses pairs, qui sont pourtant « ses pires ennemis », Roger Federer est un exemple. Celui que John McEnroe a qualifié de « plus pur génie que le tennis ait jamais produit ». Celui à propos duquel Jimmy Connors a dit un jour que « pour rien au monde je n’aurai voulu le rencontrer sur un court ». Celui qu’aujourd’hui encore Rafaël Nadal considère comme « le numéro un mondial, quel que soit le nom de celui qui occupe le premier rang du classement ». Le métier de journaliste a ceci de particulier, et d’enivrant, qu’il permet parfois de croiser la route de personnages hors du commun. De ces hommes, ces femmes dont on perçoit très vite qu’ils ou elles écriront une page d’histoire, qu’ils ou elles vous feront découvrir « autre chose ». Ma
rencontre avec Roger Federer, je la dois à l’amitié qui me lie à Pierre Paganini, que j’ai surnommé « le bourreau des corps » et qui, un jour d’été, il y a de cela une quinzaine d’années, depuis ce qui était alors le Centre national (de tennis) d’Ecublens m’a passé un coup de fil : « Viens voir, j’ai… quelque chose à te montrer ! ». Ce « quelque chose » était un gamin un peu fou, « facile » dans le geste, sinon à gérer, en un mot comme en mille, un diamant brut qu’il ne s’agissait dès lors que de ciseler. Jusqu’à obtenir une manière de perfection, aujourd’hui atteinte. Roger Federer a tout gagné. Depuis le mois de juillet de l’année dernière, après son succès en finale du tournoi de Wimbledon, il est détenteur du record de victoires en tournois estampillés Grand Chelem, devant Pete Sampras. Seize titres majeurs ont à ce jour fait de lui le meilleur joueur de toute l’histoire du jeu de tennis. Mais il y a beaucoup plus et plus important que cela : pour les millions de fans qu’il possède sur l’ensemble de la planète, d’Europe en Australie et d’Amérique en Asie, il est un exemple. Un modèle. Il n’aime pas, il nous l’a dit, le qualificatif de star. Et même s’il est conscient de l’image qu’il véhicule, et des responsabilités que cela suppose, il entend avant tout être lui-même. « Tout ce qui m’arrive, je le dois à ce sport que je pratique et que j’aime par-dessus tout. Je
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sais ce que le tennis m’a apporté, j’essaye simplement de lui rendre, ainsi qu’à ceux qui s’y intéressent, ce que je lui dois, ce qui leur revient de droit. Il n’y a là rien que de plus normal », nous a-t-il confié un jour. Une chose est certaine : qu’il s’arrête demain ou qu’il poursuive une carrière à nulle autre comparable, Roger Federer restera comme l’incarnation d’une manière de perfection. Qu’il gagne ou qu’il perde, peu importe, puisqu’il n’est pas, plus, de ces athlètes dont l’aura est liée à leurs seuls résultats. Lui qui a depuis longtemps atteint une toute autre dimension. Hors du temps, des modes. —
*Auteur de « Roger Federer, number one ». Editions Favre, Lausanne.
© Rolex
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HOMMES
PORTRAIT Par Olivier GURTNER
ARNAUD CARREZ Sportif, amoureux de la photographie et globe-trotter ayant travaillé au Mexique, à Paris et au Japon, le nouveau directeur de Cartier Suisse évoque sa trajectoire actuelle : son métier... qu’il exerce avec passion.
Vous avez participé au lancement de la « e-boutique » Cartier, en 2008 au Japon. Est-ce une révolution dans la manière de travailler ? Je parlerais d’une évolution plutôt que d’une révolution, surtout dans la manière de satisfaire nos clients. Au Japon et aux Etats-Unis, ils peuvent désormais acheter en ligne. Les autres marchés suivront prochainement. Ce nouveau service nous permet de mieux discerner les préférences de notre clientèle. On sait par exemple que les hommes achètent davantage par internet qu’en boutique. Peut-être par souci de discrétion. Votre marque a lancé en 1984 la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris. Pourquoi cet intérêt pour l’art ? Tout simplement parce que l’art contemporain rassemble des valeurs dont Cartier se sent proche : modernité, créativité et générosité. Nous avons été précurseur dans le mécénat d’entreprise et la création de la Fondation le montre bien. Il semblait important de soutenir des artistes émergents et qui méritent de se faire connaître. Si la Fondation est un formidable vecteur de communication, elle ne se veut en aucun cas une source d’inspiration pour nos créations. Elle expose actuellement le réalisateur Takeshi Kitano, qui vient d’un pays avec lequel la Fondation entretient une relation particulière: le Japon.
Quelle est la plus belle rencontre que vous ayez faite en travaillant chez Cartier ? Je sais que cela peut faire sourire, mais je dirais sans aucun doute ma collaboration à partir de 2002 avec Bernard Fornas, Président de Cartier International. J’estime avoir eu beaucoup de chance de travailler auprès de lui à son arrivée, dans une période critique pour l’industrie du luxe. Bernard Fornas prend du temps pour donner sa confiance, mais il laisse ensuite une grande liberté d’action. Il fait preuve d’une réelle curiosité et d’un instinct hors normes, et il est surtout parvenu à élever Cartier au rang de référence dans l’industrie du luxe. Le designer japonais Tokujin Yoshioka, aura été une autre révélation pour moi. Cartier souhaitait organiser une exposition à Tokyo regroupant les pièces anciennes créées depuis les débuts en 1847. La première rencontre était surprenante, je lui proposais de mettre en scène l’exposition mais sa réaction était indiscernable, typiquement japonaise. Après une visite dans les ateliers de Cartier en France et en Suisse, il est tombé amoureux de la maison et sa scénographie a été exceptionnelle et fidèle à son projet initial. Bien que Tokujin Yoshioka pratique peu l’anglais, nous nous sommes très bien compris. Vous êtes un amoureux de la photographie. Avez-vous une collection personnelle ? Rires... Je ne suis pas certain d’en avoir les moyens. Disons que je collectionne en
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amateur. Les paysages inattendus et les gens m’intéressent beaucoup. Et j’ai eu la chance de voyager énormément dans ma jeunesse et d’aller à la rencontre des habitants. Pour tout vous dire, je me verrais bien photo-reporter dans une autre vie. C’est peut-être pour cela que j’aime travailler dans différents pays. Vous êtes un ancien rugbyman international. Cette expérience vous sert-elle aujourd’hui ? L’expérience s’est révélée très anecdotique, j’ai joué une fois dans l’équipe nationale mexicaine en match amical, alors que je travaillais pour Cartier là-bas. Mais le sport garde toujours une place importante dans ma vie, pour maintenir un équilibre sain. Quelle a été votre plus grosse bourde ? Avoir été trop impatient et indiscret. Quand je suis arrivé au Japon, j’attendais un jour dans un magasin où l’employée était lente à mon goût, je m’en plains à ma femme en français et l’employée me répond du tac au tac dans la même langue… Je ne vais pas m’étendre sur la gêne ressentie sur le moment... Je suis conscient de souvent manquer de patience, étant un « occidental pressé », le Japon m’a beaucoup appris sur ce point. —
© Cartier
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PORTRAIT Par Sylvain MENÉTREY Photo Kathy HUTCHINS
LAMBERT WILSON Toujours beau, toujours charmant, toujours les bonnes manières, le nouveau Lambert Wilson ressemble à l’ancien en désinhibé, hyperactif et omniprésent. La preuve par trois au Festival de Cannes et dans la comédie « Imogène ».
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n un an, l’acteur français a tourné trois films, mis en scène une pièce de théâtre et joué dans une comédie musicale. Fait rarissime, il est la tête d’affiche de deux des trois films français sélectionnés en compétition officielle à Cannes: « La Princesse de Montpensier » de Bertrand Tavernier et « Des Hommes et des dieux » de Xavier Beauvois. Lambert Wilson commente avec exaltation ces histoires de passion et de foi et cette année de travail où s’est produite une forme de révélation. Lequel des deux films que vous défendez à Cannes mérite de remporter la Palme d’or ? Tavernier et Beauvois m’ont dit que j’étais un spécialiste de la langue de bois en disant cela, mais pour moi la récompense, c’est d’être à Cannes. Pour les metteurs en scène, c’est différent : obtenir un prix à Cannes changerait leur vie. Ils le mériteraient tous les deux. Le sujet de « Des hommes et des dieux » est controversé, craignez-vous les réactions ? On mentionne tout sauf le nom du pays. Le gouvernement algérien peut se retourner contre ceux qui disent que le film est inspiré des événements de 1996. Mais je ne pense pas qu’il puisse provoquer la colère. Xavier Beauvois a manié la matière
avec précaution. Notamment grâce à la personnalité de Christian, ce moine que j’interprète qui a été décapité avec six autres frères. Ce personnage manifeste une passion pour l’islam et pour l’Algérie où il a vécu enfant et où il a accompli son service militaire. Jouer dans une adaptation de Madame de la Fayette, n’est-ce pas aussi réaliser un acte militant alors que le pouvoir raille cet auteur ? Non, ce n’est pas un acte de contre-pouvoir. Il se trouve que Bertrand Tavernier a toujours été fou d’histoire et particulièrement du 16e siècle. S’il fallait trouver un lien entre les deux films, ce serait plutôt dans les personnages que j’interprète. Dans « La Princesse de Montpensier », je joue le tuteur qui tombe amoureux de la princesse. Je suis à la fois un lettré et un homme d’arme, mais qui renonce à la guerre après avoir poignardé par accident une femme enceinte. C’est un huguenot du 16e siècle, un homme de foi. J’ai trouvé intéressant de devoir exprimer ces deux types de fois très différentes : celle du huguenot du 16e et celle du moine catholique du 20 e siècle. Vous avez enchaîné les rôles cette année… Oui, j’ai jonglé entre quatre projets. Je savais déjà monter à cheval, mais il a fallu répéter les combats à l’épée, faire les
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essayages de costumes pour le film de Tavernier. Parallèlement, je rencontrais Beauvois avec qui j’étudiais les vies des moines. Nous avons fait une retraite dans une abbaye, j’ai appris le chant liturgique. Dans le même temps, je jouais dans « A Little Night Music » une comédie musicale de Stephen Sondheim à Paris. Au passage, je devais préparer ma mise en scène de « La fausse suivante » de Marivaux aux Bouffes du Nord. C’était une période totalement exaltante. Voyez-vous cette période comme un sommet ? J’espère que ce n’est pas un sommet parce que je suis plus ambitieux dans la qualité. Ce que je vis depuis cet automne ressemble à un nouveau départ au niveau de ce que je peux livrer en terme de concentration comme acteur. Vous fallait-il la passade américaine, les expériences dans « Catwoman », dans « Prisonniers du temps », des films sans intérêt pour trouver cette liberté ? J’avais eu plus jeune des expériences peu concluantes aux Etats-Unis. Après avoir joué dans Matrix, j’ai donc retenté ma chance. Mais quand vous êtes français et que vous portez bien le costume, vous êtes vite enfermé dans le rôle du méchant diplomate. Il faut devenir une valeur marchande pour espérer faire des choses intéressantes à Hollywood.—
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SHOPPING
BEAUTÉ Par Nathalie RANEDA
LES PRODUITS MECS PLUS ULTRA… Ils sont beaux, virils et prennent soin d’eux ! Nos hommes investissent dans leur apparence, et ce ne sont pas les femmes qui s’en plaindront… Donnons leurs des armes pour nous plaire et se sentir bien dans leur peau.
1. CHANEL Déodorant Allure, vaporisateur spray, édition Blanche CHF 44,90.- 2. CLARINS Abdo Fermeté, soin complet amincissant et raffermis-
sant. 150 ml CHF 49.- 3. NICKEL Gel ultra frais à effet booster, efface les excès de la nuit. 75 ml CHF 49.- 4. SHISEIDO Soin Force Intégral, efface les
signes de fatigue et de vieillissement. 50 ml CHF 158.- 5. DIOR Gel après rasage. 70 ml CHF 56.- 6. BIOTHERM Gel douche, Force. 200 ml CHF 38.-
7. LANCÔME Génific HD, activateur de jeunesse. 50 ml CHF 85.- 8. CELLMEN Masque Rare, clarifie et unifie le teint. 125 ml CHF 189.-
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1. GIVENCHY Parfum, π NEO, inspiré de l’univers du film de sciencefiction Matrix. 100 ml CHF 112.- 2. HERMES Parfum pour hommes et pour femmes, Voyage d’Hermès, senteur de bois frais et musqué. 125 ml CHF 116.- 3. L.RAPHAEL Soin équilibrant minéral, contrôle la
brillance et maintien l’hydratation du visage. 30 ml CHF 148.- 4. DIOR Eau Sauvage Extrême, bouquet d’agrumes avec une touche de bergamote, 2.
menthe et jasmin. 100 ml CHF 132.- 5. CAROLINA HERRERA Eau de toilette, 212 MEN ICE, mélange de notes fleuries et épicées avec des touches de réglisse, de violette, de bois et de musc (édition limitée). 100 ml CHF 102.- 6. PRADA Eau de toilette, Infusion de Vétiver, touche de vétiver soulignée par des notes d’estragon, de poivre de Madagascar et de gingembre rose (édition limitée). 100 ml CHF 114.- 7. GUERLAIN Eau de toilette, L’Eau, fraîcheur glacée et vivifiante avec un duo bergamotepamplemousse et des notes de menthe et de géranium. 80 ml CHF 105.8. LAURA BIAGIOTTI Eau de toilette, Mistero di Roma Uomo, mélange énergique d’arômes de pamplemousse, de bergamote, de mandarine, de musc, de genièvre, de patchouli et de bois de cèdre. 125 ml CHF 112.-
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SPA
© The Residence
Par Siphra MOINE-WOERLEN
THE RESIDENCE TUNIS Aux portes de Carthage, face à la mer, The Residence Tunis et sa superbe ThalassoSpa allient élégance et architecture arabo-andalouse aux services attentionnés d’un palace. Efficacité et discrétion pour ce lieux magique.
I
déalement situé à 20 minutes de Carthage et de Sidi Bou Saïd, The Residence Tunis est devenu l’emblème du luxe, de la détente et du bien-être. Devenu en quelques années une référence dans le domaine de la thalassothérapie, ce palace, doté d’un SPA de 3500 m2 est l’un des fleurons des rivages méditerranéens. Murs ivoire, piscine sertie de superbes jardins, l’hôtel se dresse avec comme toile de fond, l’azur de la Méditerranée et sa longue plage de sable doré. Marbre d’Alicante et fer forgé soulignent un style zen des plus raffiné, le tout ponctué de fontaines, mobiliers sobres et fresques d’artistes locaux. Les vastes chambres parées de beige et de blanc, délicatement parfumées à la fleur d’oranger, invitent au calme et au repos. Pour créer le concept des Thermes Marins de Carthage, The Résidence Tunis s’est inspiré des principes bienfaisants des antiques thermes marins. La thalassothérapie intégrée à l’hôtel offre trente salles de
soins, une équipe de thérapeutes experts, un hammam oriental et une piscine sous une majestueuse coupole. Non content d’être l’un des centres de bien-être les plus luxueux et performants de Méditerranée, avec le lancement de la Cure Minceur High TechR, The Résidence est désormais un incontournable de l’amincissement. Pour une cure Minceur, vous trouverez ce qu’il y a de plus pointu contre les capitons… Gymnastique vasculaire active du Docteur Blanchemaison, massages remodelants de Martine de Richeville, électrostimulation, Cellu M6... Epuisant, certes, mais efficace ! Pour vous détendre, vous aurez droit aux soins corps et visage Darphin, spécialiste de l’aromathérapie. La philosophie du soin personnalisé haut de gamme se basant sur des formules innovantes associées à de divines textures, l’efficacité des produits rivalise avec le plaisir « gourmand » procuré par le parfum des combinaisons exclusives d’huiles essentielles.
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Reconnu comme l’une des meilleures tables de Tunisie, les restaurants du The Résidence le prouvent, en laissant libre cours à la talentueuse créativité des chefs. Afin de satisfaire les gourmets, la diététique côtoie avec délice la gastronomie méditerranéenne, tunisienne et chinoise. Grâce à une discrète carte d’identification, on peut se faire servir les plats des « menus Dukan » dans les six restaurants de l’hôtel. Enfin, pour les amateurs de greens d’exception, face à l’hôtel, au cœur d’une réserve naturelle où abondent oiseaux migrateurs et faune sauvage, se trouve un golf 18 trous dessiné par Robert Trent Jones II. A ne pas manquer… —
The Résidence Tunis BP 697 - 2070, La Marsa, Les Côtes de Carthage Tunisie Tél +216 71 910 101 www.theresidence.com www.destinations-sante.ch
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SPA
© La Réserve
Par Chantal-Anne JACOT
LA RÉSERVE – RAMATUELLE La Réserve à Ramatuelle, près de Saint-Tropez, est une oasis où le maître-mot – excellence – anime en permanence Michel Reybier, son propriétaire. Une invitation à une réjuvénation du corps et de l’esprit s’impose.
L
es jardins offrent un panorama grandiose surplombant la Méditerranée. L’hôtel comprend 7 chambres, 16 suites et 12 villas qui s’épanouissent avec générosité dans la nature sauvage. La Réserve Spa Ramatuelle avec 13 cabines de soins, une piscine intérieure de 12 m dotée d’un parcours à jets, une piscine extérieure de 30 m avec poolhouse, un hammam et une salle de fitness, incitent les hôtes à une détente intégrale. Un spa intimiste de 1000 m2 décline des séjours dédiés à l’optimisation de la qualité de vie autour de soins originaux : soins signature La Réserve visage et corps, protocoles amincissant-remodelant, soins détente, soins pour les sportifs, soins douceur pour les mamans, soins du visage et du corps Crème de la Mer ainsi que de nombreuses activités physiques personnalisées.
Platon répétait souvent et à juste titre que « Le plus important n’est pas de vivre, mais de bien vivre ! ». Une philosophie que suivent méticuleusement les thérapeutes du spa en proposant une charge globale pour une nouvelle forme de bien-être. L’accent est mis sur les différents objectifs et souhaits de la clientèle. Une équipe pluridisciplinaire de spécialistes a peaufiné son savoir-faire dans le domaine de la santé, du mieux-être et de la beauté pour mettre au point une stratégie d’avant-garde : concevoir un programme inédit et novateur d’une semaine minimum, « L’Expérience Régénérante Exclusive ». Pas d’injection, ni de procédure invasive, mais des méthodes douces et naturelles. Ce concept d’action de 6 jours/7 nuits est basé sur une synergie des meilleures techniques scientifiques actuelles. Un seul objectif : améliorer l’état
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de santé, procéder à une perte de poids, un remodelage et une régénération du corps. TOUJOURS ET ENCORE DU PLAISIR ! Le Chef gastronome Eric Canino, formé chez Michel Guérard, le pionnier de la cuisine diététique, a créé une carte qui suggère des recettes légères, savoureuses. Il n’utilise pas de matière grasse, exceptée l’huile d’olive, ni de sucre raffiné mais uniquement naturel. Le plaisir, les senteurs, les saveurs, les couleurs se marient ainsi à une alimentation saine et équilibrée.
La Réserve Ramatuelle Chemin de la Quessine F – 83350 Ramatuelle T. +33 4 94 44 94 44 www.lareserve-ramatuelle.com/french