BRAZIL/Sao Carlos - Rapport d'étonnement 2012/2013

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Une

année dV échange universitaire Sao Carlos 2012 2013

Ari Ariane Peyronnard Rapport d’étonnement Ra



Tables des matières p. 5 p. 6

Vie pratique Get ready - Fique pronto - Soyez prêt

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Administratif Santé Téléphone A votre arrivée

Primeiros passos de uma gringa - Premiers pas d’une gringa

p. 9 p. 9 p. 9 p. 11 p. 11 p. 13 p. 13 p. 15 p. 17

Logement/Mobilier Rythme de vie/Climat Santé Administratif Transports Communication Activités Sortir

Etonnement Seja bem-vinda ! Run, Forrest, run ! Mens sana in corpore sano Aqui é muito seguro ! S’impliquer... Pour sa ville/Dans le campus S’impliquer... Pour un pays Réaliser un rêve Voyager

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Enseignement en architecture IAU - Instituto de Arquitetura e Urbanismo Semestre I

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Teoria e Historia da arquitetura e urbanismo no Brasil Projeto III-B (Projet, 3ème année, 2d semestre) Paisagismo Linguagens visuais

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Semestre II Projeto IV-A (Projet, 4ème année, 1er semestre) Linguagem da arquitetura e da cidade Arquitetura e urbanismo contemporaneos Questões da habitação social e da produção da cidade no Brasil

Voyages didactiques Bilans et suggestions E ae ?! Saudade Obrigada Minha galera

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Et maintenant ?! Merci

Les parties Etonnement et Enseignement en architecture sont l’expression d’un vécu, d’un certain regard, d’une expérience. Ce n’est pas raconter LE Brésil, c’est raconter MON Brésil. C’est mettre à plat une année, des histoires, des moments, des ressentis... C’est exprimer ma vision. Aussi, honnêtement, je recommande à toute personne qui envisage de partir au Brésil, que ce soit à São Carlos ou ailleurs, de ne pas lire ces deux parties. Ne partez pas avec en tête une histoire qui n’est pas la vôtre. Faites votre histoire, formez vos idées, par vous-même Choisissez de vivre un an là-bas, plutôt que de se faire une idée d’après ce qu’en disent les autres. Personne n’aura la même expérience, personne ne vivra les mêmes choses, personne ne reviendra avec les mêmes images, les mêmes souvenirs, les mêmes anecdotes... Alors... Lancez-vous ! (Rappelez-vous que la partie Vie pratique pourra vous être utile avant votre départ et une fois sur place)



Vie pratique


VIE PRATIQUE

Get ready - Fique pronto - Soyez prêt

On le sait, on nous l’a dit et redit, une année à l’étranger, ça se prépare. Alors avant de se plonger vers l’inconnu, il y a quand même quelques détails à régler : banque, mutuelle, passeport, visa, bourses, ...

ADMINISTRATIF Passeport Pour partir au Brésil, vous aurez besoin d’un passeport, mais si vous n’en avez pas encore, ou s’il est périmé ou en phase de l’être, ne laissez pas ça pour le dernier moment : on vous le demandera pour pratiquement toutes les autres démarches, et c’est l’un des documents les plus faciles à obtenir, donc... Vous trouverez tous les renseignements utiles sur ce site : http://vosdroits.service-public.fr/N360.xhtml

Visa 3h du matin, début juillet, je suis en train d’attendre devant le consulat du Brésil, à Paris. A l’époque de ma demande, le consulat du Brésil était en grève, ils ne s’occupaient que d’une demi-douzaine de personnes par jour. Premier arrivé, premier servi, à chacun de gérer au mieux. Beaucoup engagent des courtiers, qui font tout à leur place une fois les documents fournis (l’attente, la plus ou moins bonne humeur du personnel administratif et le bureau des plaintes) et le prix s’en ressent... D’ailleurs, il y en a un qui arrive, étonné de voir qu’il n’est pas le premier sur place, malgré l’heure. Au final, ça valait le coup, parce qu’à 13h30, j’étais (enfin) dehors, avec la procédure en cours. J’en ai vu beaucoup passer la journée à attendre au consulat et repartir en sachant qu’il leur faudrait revenir demain. Et invoquer l’urgence, comme je l’ai vu faire, ne faisait qu’aggraver les choses. Obtenir le visa n’est pas toujours facile, en plus de monter sur Paris et d’y attendre son tour, il faut surtout s’assurer d’avoir un dossier super complet ! Vérifiez bien, certains documents mettent du temps avant d’être prêts, ne prenez votre billet pour Paris que lorsque vous avez tout en main. Et armez vous de patience, car vous allez certainement passer un moment là-bas. Vous demanderez un visa temporaire de type IV, pour étudiants et stagiaires, toutes les infos sont là : http://cgparis.itamaraty. gov.br/fr/vitem4.xml

Banque Le choix est à prendre entre ouvrir un compte là-bas ou rester avec une carte française qui fonctionne à l’international. Pour ma part, j’ai choisi de garder ma carte française. C’est vrai qu’il y a des taxes de retrait, ou de paiement, mais si vous gérez assez bien, ça peut ne pas être trop coûteux. Par exemple, pour les retraits, à chaque somme retirée, il y a une taxe fixe, et une autre, calculée en fonction de la valeur du retrait. Donc, en retirant beaucoup d’une fois, et peu souvent, on s’en sort assez bien. Tout en sachant que parfois on peut être confronté à certains problèmes. Par exemple : il nous est arrivé, avec toutes les personnes en échange, de nous voir refuser des retraits dans pratiquement toutes les banques, alors que pour payer par carte bancaire, aucun souci. En règle générale, la Banco do Brasil est plutôt fiable, mais cette fois-ci, la seule qui nous autorisait des retrais était la Bradesco.

Permis international Si vous envisagez de louer une voiture au Brésil, le permis de conduire international peut être utile, même si, apparemment il n’est pas suffisant en fonction du temps que vous resterez au Brésil (je viens de l’apprendre). J’ai tout de même fait plusieurs voyages pendant mon séjour avec mon permis international, et je n’ai jamais eu de problèmes. Il peut pourtant vous sauvez la mise, au moins pour louer la voiture, cela dépend de l’agence. Il est gratuit, la procédure ne prend pas trop de temps, et il est valable 3 ans, alors je pense que c’est peu de choses et ça peut faciliter l’organisation de voyages. Toutes les informations ici : http://vosdroits.service-public.fr/F11534.xhtml#N10163

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SANTE Assurance - Mutuelle Avant de partir, pour de nombreux documents, il vous faudra être sûr d’avoir une mutuelle qui s’engage à vous assurer pendant toute la durée du séjour. Vérifiez bien les périodes, il faut que vous soyez couverts au moins toute la durée de votre visa, sinon ils peuvent vous le refuser. La LMDE et la SMERRA proposent toutes les deux ce genre de contrats, pour des durées variables. Par exemple, dans mon cas, avec la LMDE, ma couverture était fractionnée en deux contrats, pour deux périodes, une première de 3 mois (Pack LMDE International) puis relayée pour le reste du séjour par une «attestation LMDE Internationale 2012-2013». Ca peut sembler un peu incompréhensible sur les sites, donc, mon conseil c’est d’aller directement dans les agences, il y en a plusieurs sur Grenoble et les environs.

Vaccins On parle d’une multitude de vaccins à faire avant de partir au Brésil, mais c’est parfois un peu exagéré. Pour certaines régions, il est tout de même préférable d’en faire peut-être un peu trop, d’autant plus que certains pays d’Amérique du Sud peuvent vous refuser l’entrée sur le territoire si vous n’avez pas le petit carnet jaune de vaccinations. Donc, si vous envisagez de voyager un peu, mieux vaut les faire avant le départ, plutôt que de regretter sur place. Renseignez-vous chez votre médecin traitant, il vous conseillera. En tous cas, n’oubliez pas de prendre un flacon d’anti-moustiques, et n’hésitez pas à vous peindre avec, mieux vaut prévenir que guérir. De plus, dans certaines régions, les moustiques sont habitués aux anti-moustiques locaux, les rendant inefficaces, alors que le 5-5 qu’on trouve en France s’est révélé très efficace.

TELEPHONE Avec l’ENSAG, vous pouvez demander un certificat attestant qu’en raison d’un échange universitaire, vous ne vous servirez pas de votre portable, sans qu’il n’y ait rupture de contrat. Je recommande pourtant de ne faire appliquer ce contrat qu’à partir de deux semaines/un mois après votre arrivée. Parce que même si une communication coûte cher, cela peut vous sortir de situations un peu pesantes : carte bancaire qui ne marche pas, dans un endroit où vous n’avez pas d’accès à Internet, ou même, dans mon cas, pour retrouver la personne qui m’accueillait à mon arrivée. Dans tous les cas, n’oubliez pas de faire désimlocker votre téléphone, sinon vous ne pourrez pas vous en servir là-bas, et dans ce cas, j’espère que vous aurez quelqu’un qui pourra vous en prêter un parce que l’électronique au Brésil est plutôt chère...

A VOTRE ARRIVEE Chacun sa façon de faire à l’arrivée. Pour ma part j’ai choisi l’option de CouchSurfing. C’est un site international qui permet de rencontrer quelqu’un qui peut vous accueillir quelques jours chez lui. Le site est très bien fait, avec des sélections par ville. Il est aussi précisé quelle langue parlent vos hôtes, pour éviter les mauvaises surprises. Je n’aurais jamais pensé qu’il y ait une telle communauté sur São Carlos et pourtant, après avoir fait plusieurs demandes, j’ai reçu plusieurs réponses. Au final, je suis tombée sur un couple de jeunes très sympa, qui parlaient anglais et qui m’ont apporté tous les renseignements utiles sur São Carlos (climat, ...) avant même mon arrivée. Une fois sortie du bus, à São Carlos, ils étaient là à m’attendre. Ca m’a rassurée d’arriver chez quelqu’un que je connaissais, même si ce n’était pas de longue date, et c’est une alternative bien moins chère que l’hôtel. Ils m’ont fait découvrir énormément de choses à São Carlos et m’ont présentée à beaucoup de personnes intéressantes. Et même après un an passé, même après avoir fait beaucoup d’autres rencontres, dont certaines grâce à eux indirectement, ce sont encore de bons amis et il nous arrive de passer des soirées ensemble. L’inscription sur CouchSurfing est gratuite et honnêtement, c’est une des meilleures solutions en arrivant en échange car ça permet déjà de s’intégrer dans la ville, dans la vie, d’apprendre déjà un peu de la culture du pays et d’en découvrir des aspects que je n’aurais jamais découverts ou alors bien plus tard.

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VIE PRATIQUE

Primeiros passos de uma gringa Premiers pas d’une étrangère

A l’arrivée à São Carlos, le plus simple reste d’aller au secrétariat de l’IAU. Andreia et Debora sauvent chaque année tous les étudiants en échange en indiquant la marche à suivre et les démarches à faire à l’arrivée au Brésil. Elles transmettent les noms des étudiants brésiliens faisant partie du programme «USP Friends», qui consiste à mettre en relation les étudiants de l’USP et les intercambistas, pour toutes les démarches. Par ailleurs, sur Facebook, la page «Estrangeiros em São Carlos» permet de dialoguer avec tous les étudiants étrangers de São Carlos. Ne pas hésiter car chaque problème a sa solution et la plupart du temps vous n’êtes ni le seul ni le premier à qui ça arrive. Vérifiez le groupe de temps en temps, il peut y avoir des informations importantes. https://www.facebook.com/groups/271196136236903/

LOGEMENT / MOBILIER Nombreuses sont les façons de trouvez un logement sur São Carlos. Entre les groupes Facebook, les annonces sur les panneaux d’affichage du campus ou dans les journaux, ou encore le copain d’un copain qui cherche quelqu’un, vous avez l’embarras du choix. Vous pouvez vous aussi passer votre annonce. A São Carlos, le système de repúblicas (colloc’ allant de 3 à 15 personnes) marche très bien. De plusieurs tailles, avec certaines «options» ou non (chambre à partager, república mixte, femme de ménage, piscine), entre gringos ou avec des Brésiliens, il y a de tout. Le mieux reste de vivre avec des Brésiliens, avec qui vous découvrirez d’ores et déjà les bons plans, le vrai coût de la vie, et surtout les habitudes, les moeurs et ... la langue ! Ce seront vos premiers professeurs, avec un vocabulaire bien plus proche de celui qu’on parle quotidiennement que celui enseigné par les professeurs de l’université. Si vous en avez la possibilité, je conseille de vivre aussi avec des personnes étudiant à la fédéral (l’UFSCAR, l’autre université de São Carlos), ils vous présenteront à de nombreuses personnes, que vous n’aurez pas rencontrées sur le campus. Pour le mobilier, tout dépend, dans beaucoup de repúblicas, les anciens locataires laissent leurs meubles, mais ce n’est pas une règle universelle. En cherchant sur Facebook, on trouve de tout, d’occasion la plupart du temps, et ça reste les meilleures affaires. Sinon, nombreux sont les magasins dans le centre de São Carlos, mais les prix sont beaucoup plus élevés. Voici les groupes Facebook les plus connus Moradia e Mobília Federal/Caaso : https://www.facebook.com/groups/moradiaemobilia/ TROCARIA SÃO CARLOS - SP : https://www.facebook.com/groups/111893355604021/ (pour troquer) CAASO/UFSCAR - MERCADÃO : https://www.facebook.com/groups/359838454075012/ Repúblicas de São Carlos : https://www.facebook.com/groups/208198742548569/

RYTHME DE VIE / CLIMAT On est loin du cliché brésilien de chaleur permanente. Cette partie du Brésil suit de vraies saisons. Ici, à São Carlos, l’hiver est froid, et l’été est chaud. Comparé à Grenoble, on dira que l’hiver est moins froid (rarement au dessous de 8-9°C) et l’été plus chaud et plus humide. Donc, dans votre valise, ne prenez pas que des tongs et bikinis, vous risquerez d’avoir froid. De même, prenez quand même une grosse veste, vous en aurez sûrement besoin, ne serait-ce que si vous comptez voir un peu du pays, et l’acheter ici est une dépense conséquente ... et inutile sachant que vous en avez sûrement une à Grenoble. Un duvet n’est pas forcément indispensable, on en trouve ici, mais ils sont basiques, vous pourrez avoir froid, donc si vous en avez un, d’autant plus si c’est un modèle compact, n’hésitez pas. Le rythme de vie est plutôt proche du nôtre, les repas se prennent en gros de 12h à 14h et de 19h jusqu’à... quand vous voulez. Les horaires de travail normaux sont de 8h à 17h-18h, rarement plus tard, sauf pour certains magasins. Les journées sont courtes sous les tropiques : à 19h, grand maximum, il fait nuit.

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SANTÉ Ici, les gens qui en ont les moyens ont des mutuelles privées, la Sécu n’existe pas. En partant avec votre contrat de mutuelle, vous êtes à peu près serein niveau prise en charge des soins. En cas de problème, le moins cher est l’hôpital universitaire (un seul sur São Carlos) ou les unités de premier secours (dispersées dans la ville). Avec la carte étudiant, les consultations sont gratuites à l’hôpital universitaire. Préparez-vous à y passer un moment avant d’être pris en charge. Les cliniques privées sont certes plus rapides, mais horriblement chères. La solution la plus simple reste quand même d’essayer de ne pas se faire mal. A São Carlos, pendant certaines régions de l’année, on a des épidémies de dengue. Surveillez pour ne pas laisser de points d’eau stagnante. En cas de fièvres, courbatures, maux de tête qui durent, filez à l’hôpital, ça ne coûte rien. Question sexe, pas de mystères, le préservatif reste la seule contraception qui évite les MST. Ici comme ailleurs, ne prenez donc pas de risques inutiles. Et gardez en tête qu’ au Brésil, l’avortement est illégal et passible de prison.

ADMINISTRATIF Argent/ Coût de la vie A l’heure où j’écris ce rapport, 1 euro équivaut à environ 2.995 reais, ce qui fait que les prix sont presque à diviser par 3. Mais, durant l’année 2012-2013, il y a eu beaucoup de changements ; je suis arrivée au Brésil quand 1 euro valait environ 2.6 reais, et au cours de l’année, il est descendu jusqu’à 2.53. Cependant, depuis juin 2013, il est resté aux environs de 2.8-2.99 reais. Donc, pour rester à peu prés cohérent avec le cours, divisez les prix à peu prés par 2.7-2.8, mais pas forcément par trois, pour ne pas risquer de mauvaises surprises en fin de mois. Le prix de la vie est plutôt réduit ici, bien qu’on soit dans l’état le plus riche du Brésil. Mais ne venez pas en pensant que vous pourrez tout vous offrir, les trajets en bus, les vols en avion, les gros shopping center, et l’électronique restent assez chers. Cependant, en s’arrangeant, on trouve beaucoup de bons plans dans São Carlos, pour à peu près tout (shopping, achats, sorties...), renseignez-vous autour de vous, tout le monde a toujours un bon plan. Evitez de gaspiller dans des dépenses futiles pendant la routine étudiante, surtout si vous comptez voyager ensuite. Et pour les voyages, organisez-vous à l’avance, car ici au Brésil, on ne trouve pas de billets de dernière minute qui soient avantageux, loin de là... Petit détail, pour des raisons de sécurité, les distributeurs bancaires sont fermés de 22h jusqu’à 6h le lendemain. Par ailleurs, pour certaines situations (ouverture d’un compte bancaire brésilien, achat d’avion par Internet, achat d’électroménager,...), il vous faudra avoir le CPF, c’est une sorte d’identifiant fiscal. Vous l’obtiendrez facilement en vous rendant à la Receita Federal, ouverte de 08h00 à 12h00 (Avenida São Carlos, nº 991 - Centro - CEP 13560-010 Tél : (16)33711264)) Les infos utiles sur ce site : http://www.mylittlebrasil.com.br/regulariser-sa-situation-en-arrivant-au-bresil-22/

Enregistrement des étrangers (carte d’identité d’étranger) A l’arrivée au Brésil, la démarche la plus importante, au niveau administratif est de faire la demande de Registro Nacional de Estrangeiros (RNE), c’est une sorte de carte d’identité temporaire. En l’ayant, (ou en tout cas en ayant le justificatif de demande de RNE : la procédure étant assez longue, il vous faudra au minimum quatre mois avant d’obtenir votre carte), vous serez en règle durant votre séjour. Il permet en outre d’ouvrir un compte bancaire ou d’avoir une activité quelconque nécessitant une confirmation de votre séjour prolongé au Brésil . Il s’obtient auprès d’un poste de la police fédérale dans les 30 jours qui suivent l’arrivée dans le pays (pas plus, sous peine d’amende). La démarche était beaucoup plus pesante jusqu’à la fin de 2012, car le poste de la police fédérale se trouvait à une heure en bus d’ici, à Araraquara. Mais maintenant, depuis 2013, il y en a un à São Carlos, il est situé à cette adresse Avenida São Carlos, 1800 (Casa do Trabalhador), Centro - CEP: 13560-001 Téléphone : (16) 3372-9230 / 3374-1750 Les horaires d’ouverture pour le RNE sont uniquement le matin, de 8h à 12h Voici le site pour trouver tout ce dont vous avez besoin pour ce document : http://www.ifsc.usp.br/pdf/crint/etrangers/

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TRANSPORTS São Carlos est une ville que vous pouvez facilement parcourir à pied, la plupart des quartiers animés étant concentrés entre le centre et les deux campus. Rien n’est vraiment loin du centre-ville ou de l’école, et la plupart du temps, en 1/2 heure, 3/4 d’heure, vous arriverez à destination. Préparez-vous à la grimpette car São Carlos est loin d’être aussi plate que Grenoble (bénissez d’ailleurs le ciel de n’être ni âgé, ni en fauteuil roulant). A São Carlos, pas de tram, ni de métro, mais un service de bus un peu alternatif et pas très bien indiqué (pas de carte des lignes, horaires parfois approximatifs, en avance ou en retard). En ce moment, un trajet coûte R$2.75 (soit environ 0.90€). N’hésitez pas à vérifier auprès des locaux que vous êtes bien au bon arrêt, et du bon côté (rien n’est indiqué), à faire des grands signes au conducteur, voire à courir après le bus, car pour une ligne, il ne passe qu’un bus par heure. Une fois dedans, accrochez-vous bien : entre virages à 90°, pris à 60km/h, dos d’âne pris sans freiner, et redémarrages express, sans avoir vraiment le temps de descendre, ou de monter, le trajet en bus n’est pas des plus reposant. C’en est à se demander comment les bus tiennent encore. Mais l’expérience est à tenter, sans aucun doute ! Ca reste le moyen rapide le moins cher pour se déplacer dans São Carlos. Vous trouverez les lignes de bus sur ce site : http://www.athenaspaulista.com.br/LINHAS/Linhas.htm En règle générale, ils sont plutôt réguliers, mais on n’est pas à l’abri d’une surprise. En cas d’urgence, il vaut souvent mieux faire appel à un copain, ou à un taxi. Il y a de nombreuses agences de taxis dans São Carlos et aussi quelques particuliers (qui ne sont pas disponibles 24h/24). Selon où vous habitez, vous pouvez ne jamais en avoir besoin. Habitant loin de certains amis ou de certaines zones du centre, je suis parfois rentrée en taxi chez moi. Nous n’avons jamais payé plus de 15 R$ (soit environ 6€) la course jusqu’au centre, donc ça reste une option agréable, surtout si vous êtes plusieurs, en cas de pluie battante qui tombe parfois sur São Carlos, ou pour rentrer tard le soir. Pour aller à São Paulo, Campinas ou Araraquara, l’alternative au transport en car, c’est la carona (covoiturage). En cherchant sur les groupes Facebook, pour R$30 (au lieu de R$50 en car pour São Paulo), vous pouvez trouver plein d’horaires différents et les gens sont très sympas.

COMMUNICATION Apprentissage de la langue Pour n’importe quel français qui a un peu de bases en espagnol, le portugais s’apprend assez vite. Aucun souci si vous ne parlez pas espagnol : j’ai un ami allemand, sans aucune notion, qui parle maintenant très bien portugais. L’apprentissage de la langue s’est avérée moins difficile que ce à quoi je m’attendais, étant arrivée au Brésil en sachant seulement dire «Merci», «Bonjour», «Je m’appelle Ariane» et «Je ne parle pas portugais». Plus simple à lire qu’à comprendre à l’oral, à cause de l’accent, il faut un peu de patience et beaucoup d’écoute pour en comprendre toutes les nuances. Le Portugais du Brésil est une langue très belle, très riche, très musicale, avec une variété de sonorités énorme. C’est pourquoi l’écoute, liée à la pratique sont essentielles, non seulement pour la prononciation mais aussi pour identifier les différents accents, qui peuvent changer le sens d’un mot du tout au tout. Chacun a sa façon se faire : ne pas être trop timide et se jeter à l’eau ou, dans mon cas, avant de tenter de parler, écouter, longtemps, beaucoup, les gens parler, pour intégrer les mots et leur prononciation. En tout cas, c’est plus rapide et moins effrayant que ça n’y paraît. Les Brésiliens sont très patients et très fiers de leur langue. Ils se révèlent être d’excellents professeurs, tout en voulant aussi apprendre notre langue, donc le principe de l’échange, et notamment le principe de «Apprends-moi à dire ça en français, je te l’apprends en portugais» est très efficace dans l’apprentissage. Et le fait d’être français aide aussi, beaucoup de Brésiliens portent de l’intérêt à la culture et la langue françaises.

(Télé)communications En cherchant dans une des agences du centre-ville, ou au Shopping Iguatemi (grand centre commercial), on trouve plusieurs compagnies vendant des cartes pré-payées de téléphone : Oi, TIM, Claro, Vivo. Toutes se rejoignent un peu au niveau des prix, mais il faut garder à l’esprit que pour une communication passé d’un opérateur à l’autre, il y a un supplément. Nombreux sont les étudiants qui sont sur TIM, et il y a des avantages pour ceux qui vous appellent (appels illimités, ...). Pour appeler en métropole, Skype n’est peut-être pas l’idéal tout le temps, selon les connexions, mais c’est le plus répandu. L’achat de crédits pour téléphoner est aussi sympa, toujours moins cher qu’un appel international. Arrangez-vous avec le décalage horaire : pendant l’hiver français, le Brésil est à l’heure d’été, il n’y a que 3 heures de décalage, mais pendant l’été français, c’est l’inverse, il y a donc 5 heures

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ACTIVITES Culture/ Musique La vie à São Carlos en particulier, et au Brésil en général, est très ... vivante, justement. Il ne se passe presque pas un jour, pas une soirée, sans qu’il y ait un événement culturel. La musique est présente dans chaque instant, elle fait partie intégrante de la vie au Brésil. Manifestations publiques de hip-hop, un homme qui prend sa guitare et joue au milieu d’une place, avec des gens qui le rejoignent petit à petit, concerts sur les campus, dans des bars, dans des vieux immeubles, ou dans le centre culturel de São Carlos qui propose des concerts, pièces de théâtre, spectacles de danse, expositions, manifestations... Ici, la routine, c’est la surprise. En plus de la musique brésilienne (très variée, il y en a pour tous les goûts), on trouve beaucoup de groupes qui font des «cover»/ tribute, c’est-à-dire un concert entier en hommage à un groupe, et la plupart du temps, ces concerts sont de très bonne qualité.

Ecouter de la musique Pour les bons plans, regardez toujours la programmation des palquinhos : les concerts donnés sur les campus (à la federal ou à l’USP), c’est gratuit, on y trouve à manger et à boire pour pas cher, et l’ambiance est toujours très sympa. Le SESC (centre culturel) est un peu éloigné du centre-ville, mais la programmation est très variée, et il y a souvent des concerts gratuits ou très peu chers. Pour se tenir au courant, rien de mieux que Facebook, où la plupart des événements sont présentés, ou le bouche-à-oreille. Renseignez-vous aussi sur les programmes de la TEIA, petite maison sympa avec une grande tenture dans le jardin où jouent des groupes de sambas, de maracatu et autres musiques traditionnelles. Expérience à vivre, définitivement ! Vérifiez aussi, en plus de São Paulo, qui propose des milliards de choses à faire, dans tous les domaines, les villes d’Araraquara et Campinas sont aussi bien actives niveau culturel. Et vous avez la possibilité pour toutes de trouver un covoiturage !

Loisirs São Carlos n’a pas forcément énormément d’attractions. Pour autant, pour peu que vous ayez une voiture, ou un vélo et du courage, vous pouvez trouver des trucs sympas à faire en groupe, pas très loin, et pour pas cher. D’abord, tout autour de la ville, vous trouverez des cachoieras (cascades). Certaines sont payantes, d’autres, un peu plus cachées, gratuites, mais mieux vaut y aller avec quelqu’un qui connaît, au risque de se perdre un peu. A part ça, le parc écologique (sorte de zoo) peut faire l’objet d’une sortie d’une après-midi pour ceux qui aiment. Petite idée sympa pour passer une après-midi : aller visiter les fazendas (anciennes exploitations de café) des alentours, et pour un peu que vous y alliez un week-end, la fazenda Santa Maria propose un service de restaurant. En plus de ça, à São Carlos, il y a deux ou trois cinémas. La qualité audio est plutôt affreuse et il faut s’habituer à regarder un film en portugais, ou sous-titré en portugais. Très bon exercice !

Sport L’USP propose de nombreuses possibilités de faire du sport, que ce soit de balles (volley, foot, basket..), natation, tennis, danse (forro, danse de salon...), capoeira ou encore salle de musculation et tout ça pour 15R$ par semestre, donc pas de quoi se priver ! Renseignez vous auprès de l’Atletica CAASO. Sinon, il y a beaucoup d’options un peu partout dans la ville pour faire du sport (pilates, ballet, kung-fu et plein d’autres,...). Elles sont en règle générale proposées aussi au CAASO et pour moins cher. Le Kartôdromo, square situé près de l’entrée d’architecture de l’USP, propose des pistes de courses et des petits instruments de musculation en accès libre. L’ambiance y est tranquille mais les coureurs parfois plutôt nombreux.

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SORTIR Manger un bout Vous ne mourrez pas de faim à São Carlos, c’est certain. Les options sont variées, pour la plupart, elles dépendent surtout de votre budget car carnivores comme végétariens trouveront leur bonheur dans la plupart des petites boulangeries, offrant sandwiches et salgados. Autre option bon marché car populaire : les restaurants de buffets au poids : vous payez pour le poids final que fait votre assiette. On en trouve pour tous les budgets sur São Carlos. L’option la moins chère, mais peu variée est le bandejão (resto U), où pour R$1.90 (moins de 0.70€), vous trouverez un menu à peu près équilibré, à base principale de arroz e feijão (riz et haricots en ragoût). Petite sélection de restaurants, Trem Bao, les meilleurs sandwiches, les PLUS GROS et avec énormément de choix. Mae Natureza, buffet au poids, spécialités bio et végétariennes, de très bonne qualité. Recanto bar, resto-bar argentin, avec souvent des soirées musique sympas, et même des soirées tango. L’Almanach,un peu cher, mais avec une ambiance très agréable. L’AcaiZeiro : des açais na tigela, sandwiches, ou encore soupes, tous en quantités énormes. En plus, ils livrent, pour les soirs de charrette à l’école, c’est pas mal, mais ça reste un peu cher. Niveau jus, açaí, cocktails sur-vitaminés et sandwiches, vous vous régalerez à Pé na Tigela, sur la Praça XV. Ravenna, premier sur les pizzas, travaille aussi en livraison. Bom Pedaço, où pour un prix de base, vous pouvez manger autant de parts de pizzas que vous voulez. Ici, les pizzas peuvent avoir plusieurs goûts sur une seule pizza, n’hésitez pas à demander ! N’hésitez surtout pas à faire un tour sur les marchés de São Carlos, notamment celui de la Praça XV, le mardi soir, où on trouve des stands de nourriture de diverses régions du pays.

Boire un coup Plein d’options, c’est sûr. Encore que ça devrait un peu se calmer, du moins pour ce qui est des fêtes dans l’enceinte du campus, parce qu’à l’heure où j’écris, de grosses réformes ont lieu à ce niveau (diminution du bruit dans le voisinage, interdiction de l’alcool sur le campus). Mais si tout continue comme avant, il y aura toujours des grosses fêtes, qu’elles soient organisées par le groupe de l’USP ou par les nombreuses repúblicas de São Carlos. Les prix sont plutôt variables et l’ambiance des fêtes aussi : renseignez-vous. Sinon, plein de bars sont sympas sur São Carlos, comme le Seven Pub, qui propose souvent des shows de bandes locales et des «tribute» et qui n’est pas trop cher. Sinon le GIG est sympa, et pareil, il y a souvent des concerts, mais c’est en règle générale plus cher. En dehors de ça, pour les soirées à la maison que ce soit la vôtre ou celle de copains, en cas de pénurie, appelez l’ «Oficina da Cerveja», ou «Bebidas todas horas», on trouvera toujours un moyen de vous dépanner.

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Etonnement



ETONNEMENT SEJA BEM-VINDA !

Il est 8h, je me réveille. J’ai encore du mal à l’admettre et pourtant : Je suis au Brésil ! Je me réveille chaque matin en m’efforçant de parler une autre langue à chaque fois que je croise mes colocs. Tiens, Carol est réveillée. S’ensuit alors un mélange d’anglais, de langage des signes et de portugnol improvisé, mais on arrive à se comprendre. Elle doit déjà partir au travail, à l’autre bout de la ville. Avant d’y arriver, elle va devoir prendre 2 bus et mettre à peu près une heure et demie avant d’arriver à la crèche où elle travaille. Je reprends les préparatifs du ptit déj’. Je presse des fruits délicieux dont je n’imaginais même pas l’existence il y a peu, et je les paye moins cher d’une brique de lait. Ici pas de baguette ni de croissant le matin. D’ailleurs, il n’y a pas grand chose, mes placards sont vides, il faudra que j’aille faire des courses ce soir... Je file sous la douche. Il fait un peu froid aujourd’hui, je règle le chauffe-eau à résistance de la pomme de douche sur «Inverno». Ca y est, je suis enfin prête, je prends un fruit pour la route (je me paierais un salgado à la cafét’ en attendant l’arrivée de mes profs)., un bloc de feuilles pour les cours, ma carte d’étudiante et mon verre pour aller manger au bandejão à midi. Je descends la rue, l’école est à dix minutes à pied. C’est sûr qu’un vélo serait sympa, en descente, mais pour remonter tout ça cet après-midi, sous la chaleur, c’est autre chose. Je reste à pied. J’arrive à l’école. En chemin je croise Andreia, du secrétariat, qui me sourit. Je lui retourne son sourire. Sans elle, je serais perdue ici : l’aide qu’elle apporte sauve la vie des intercambistas. Mes profs ne sont pas encore là. D’ailleurs, la plupart des élèves non plus. Je monte au PQ, la «Brioche Dorée» locale. Les serveuses sont très sympas. Je n’ai pas assez pour payer mon pão de queijo, je leur dis que je vais aller retirer de l’argent (le distributeur est juste à côté) mais la patronne arrive et me dit que je paierais quand je pourrais, il n’y a pas de souci. Bon, les profs viennent de passer, il est temps que j’aille en cours. Ici les promos sont petites, pas plus de 45 personnes par classe et tout le monde se connaît. Alors bien sûr, l’arrivée d’élèves en échange ne passe pas inaperçue : «Alors c’est toi la Française ?» «Tu viens d’où ?» On me parle dans toutes les langues : anglais, portugais, espagnol et même français pour ceux qui prennent des cours. Ce matin c’est cours théorique sur l’architecture et l’urbanisme. Le cours se passe bien, entre les diapos et les notions qu’on a déjà vues à l’ENSAG, j’arrive à comprendre en gros ce qui se dit. En cas de doute, il y a toujours quelqu’un pour m’expliquer, en parlant avec eux, ou même sur l’un des groupes Facebook de la promo. C’est vrai que c’est pratique. On y trouve tout : les modalités de rendus, les textes à lire, des aides en tout genre, et même parfois des cracks de logiciels. C’est midi, avec les autres intercambistas et quelques Brésiliens, on monte au bandejão (le Resto U de l’USP). La file, le passage de la carte à puce, le tourniquet et le bruit de toutes ces personnes qui sont en ce moment en train de manger me frappe d’un coup. Ici, on est loin de l’ambiance du resto U de Grenoble, avec plus de 1000 étudiants dans ce grand réfectoire. Un plateau, un yaourt donné par une des dames du service, et je me dirige vers l’un des buffets. Là, comme chaque jour, il y a l’arroz e feijão de base (riz et haricots en sauce), puis de la verdure, de la viande et un fruit. Une fois assise, je prends mon verre (eh oui, c’est le mien, il faut l’emmener chaque jour, le bandejão ne les fournit pas) et vais me servir à la fontaine. La conversation s’engage, portugais hésitant, accompagné d’un peu d’anglais pour aider à se comprendre. Un ami brésilien nous propose de venir chez lui ce soir, c’est l’anniversaire de son colloc, ils veulent faire un churrasco (barbecue). J’accepte avec plaisir. Cet après-midi, je n’ai pas cours, je vais faire du shopping avec une copine qui connaît les coins sympas. Ici, le moindre petit T-Shirt n’est pas «Made in China» mais bien issu de l‘«Industria Brasileira». Peu de choses sont importées, à part l’électronique et les vêtements et objets de marque, qui du coup sont beaucoup plus chers. On marche tranquillement dans des rues quadrillées sans prise en compte de la topographie et donc (très) pentues. A la prochaine esquina, (angle de la rue) d’après elle, il y a un vendeur d’açaí. Il est quatre heures, je n’ai pas vu le temps passer. On s’installe à la terrasse, pour qu’elle puisse fumer, ici c’est interdit sous les toits. On choisi nos açaís, pour elle ce sera un au kiwi, paçoca (cacahuète compactée) et mangue et pour moi granola, banane et miel. Le goût est difficile à décrire mais c’est tellement bon que je me demande comment je vais m’en passer, une fois de retour en France. C’est l’heure, ma copine doit partir à son cours de français et moi je dois passer à la maison. Après des grosses accolades pour se dire au revoir, on reprend la marche, chacune de notre côté. Je passe devant des salles de sports remplies de gens en train de faire du vélo face à une vitre. C’est vrai que dedans, il y a la clim’, mais bon...

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Un petit tour rapide au supermarché du coin. La note est de R$16,05. La caissière insiste pour que je ne fouille pas dans mon sac pour trouver les 5 centimes qu’il me manque. Ici, à 5 centimes près, le prix est le même, dans un sens ou dans un autre. Cette fois-ci ça m’arrange, une prochaine fois, ça arrangera la caissière et tout le monde est content. A se demander pourquoi ils ont mis en circulation des pièces de 5 centimes, et surtout pourquoi ils ne font pas des prix ronds. Douche rapide, deux mots avec mes colocs et me revoilà partie. Je n’ai pas le plan en tête, je l’ai donc sur papier, plus ou moins, recopié en vitesse parce que je ne suis pas en avance. Ca fait une trotte, mais il fait beau, juste assez frais et puis sur les arbres dans les rues, on trouve des mûres sauvages, elles sont bien juteuses. Les rues de São Carlos... Une numération aléatoire, c’est le moins qu’on puisse dire. Dans ma rue, par exemple : le numéro 506, où je vis, est à plus de 300m des numéros 500 et 504 qui eux sont à 2m l’un de l’autre. Et entre le 506 et le 500, les chiffres grimpent jusqu’à 854, pour redescendre à 200. Encore mieux : on y trouve des numéros pairs des deux côtés. Pas évident de s’y retrouver, il faut trouver des repères différents. Et Google Maps n’aide pas. Je passe devant une place que je ne connaissais pas encore. Il y a deux garçons qui jouent de la guitare, et un autre, plus jeune qui les accompagne au ukulélé. Ils sont là pour eux, ne demandent rien d’autre que de pouvoir jouer. Je ne suis pas la seule à les regarder. Je vois une femme qui allait sortir s’arrêter deux minutes pour les regarder avant de reprendre sa marche. Je reste encore un instant et en fais de même. Je crois que j’arrive aux environs de la república où a lieu la soirée. Je croise quelqu’un, et en baragouinant, lui demande où est la rue que je cherche. Il me regarde un instant, regarde le plan que j’ai en main et me fait comprendre de le suivre. Après 200m, on est dans la bonne rue. Il me laisse avec un grand sourire et moi je me demande si en France beaucoup de gens en feraient autant ? Ce n’est pas la première fois qu’on me prend par la main pour me montrer le chemin. Certes, une fois, on s’est perdu, mais bon, à chaque fois les gens ont essayé de m’aider du mieux possible. A traîner dans cette rue, comme dans beaucoup d’autres, on se sent étranger, indésirable. Tout ici est fait pour décourager quiconque se baladerait d’entrer dans les propriétés. En plus des murs d’enceinte, de parfois plus de 3m de haut et surplombés de fils électriques, on trouve des grandes grilles et non pas des portails. Certaines des grilles sont même opaques, et les habitants, à l’intérieur n’ouvriront que s’ils reconnaissent votre voix ou votre nom. Certains profitent même du superbe angle de vue qu’offrent les deux caméras situées au-dessus de la grille. Dans un pays si accueillant, se retrouver face à ce genre de situation est déroutant. A croire que les médias ont gagné, que les politiques se feront bien réélire, car l’insécurité affole et augmente... J’arrive enfin devant la porte, je ne trouve pas la sonnette. Il faut taper dans les mains, il paraît que les gens viennent ouvrir. Je tente. Ca marche, je vois la tête de mon ami dans l’embrasure de la porte. Il s’étonne, amusé de me voir arriver si tôt et m’apprend qu’ici, pour une soirée prévue pour 20h, personne n’arrive avant 22h. Du coup, je leur file un coup de main pour aller chercher la viande et les boissons. Il y a aussi des brochettes de légumes, pour les végétariens. De retour à la maison, on met les boissons aux frigos (oui, oui, au pluriel, c’est commun ici). On prépare le barbecue, enfin, le churrasco comme on dit ici. La table est préparée, les braises rougeoient gentiment, et les garçons commencent à faire des caipirinhas. Je suis le protocole, religieusement. Je goûte, elle est délicieuse. Les gens commencent à arriver, on met la musique en route, l’ambiance s’anime. Chacun laisse un mot sur le mur, il en est déjà tapissé, dans toutes les langues, certains écrivent même au plafond. Un mot, un dessin, une pensée, une blague, c’est de coutume dans les repúblicas de faire ça, ça laisse un souvenir pour plus tard. J’aime bien l’idée. La soirée continue. Je rencontre plein de gens, certains sont comme moi en échange, mais la plupart sont Brésiliens. Tous sont très sympas, on passe une très bonne soirée. La viande du churrasco est délicieuse, plus cuite que ce que j’aime d’habitude, mais elle reste tellement tendre que c’est un vrai plaisir. Cuisson «Secret de Brésilien», apparemment. Au moment de partir, mon ami me rappelle que demain on va voir Lénine, un chanteur brésilien, au SESC. Le SESC, c’est le centre culturel et sportif. On peut tout y faire, du tennis jusqu’au foot en passant par la natation. Et puis, il y a des expositions, des spectacles et des concerts, pour un prix raisonnable. Le SESC c’est la mutualisation de plusieurs options sportives et culturelles. Tout y est regroupé et accessible. Le rendez-vous est donné, je passerais ici pour qu’on y aille ensemble demain. Les gens sont de moins en moins nombreux dans la maison. On ne me laisse pas rentrer toute seule, je suis une fille, il est tard, je vis loin. J’ai beau insister, rien à faire, un ami me raccompagne en voiture. Il ne repart qu’une fois que je suis entrée dans ma maison, pas avant.

Je me couche et m’endors aussitôt. Demain est un autre jour.

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ETONNEMENT RUN, FORREST, RUN ! Les premiers jours, on ne connaît pas la ville, les bus, les rues. D’où la balade à pied, carte en main à défaut de l‘avoir en tête. Il est donc important de savoir qu’à São Carlos, en tant que piéton, vous n’avez quasiment aucune légitimité. Chacun sa place, et la nôtre n’est pas sur la route. Rares sont les voitures qui s’arrêtent aux passages piétons, ou ne serait-ce que ralentissent ! Après s’être fait frôler deux ou trois fois par une voiture (ou un bus !) arrivant à 60km/h en sortie de virage, on apprend à être vigilant et à rester bien tranquillement sur le trottoir et à regarder plusieurs fois avant de traverser. N’oubliez pas que même si vous êtes déjà engagé sur un passage piéton, l’automobiliste semble toujours avoir la priorité. Sachant que stop et feux tricolores ne sont que des cédez-le-passage, on imagine bien l’importance d’un passage piéton.

MENS SANA IN CORPORE SANO Le culte du corps parfait, gros cliché qu’on nous ressert à chaque fois qu’on entend parler du Brésil est à nuancer un peu. Premièrement ça dépend des régions. Par exemple, en été à Rio, ça tourne au ridicule : garçons qui font la queue devant les appareils de musculation publics, même pas pour s’entraîner mais surtout pour exhiber leurs corps, multitude de gens de tous âges qui font du jogging, souvent torse nu, même à midi sous un soleil de plomb et qui rentrent le ventre en voyant une jolie fille ou un beau garçon, ... Alors que dans certaines régions, les préoccupations sont autres. Les Brésiliens, et particulièrement les jeunes, ont tout de même l’habitude, en plus des séances de musculation hebdomadaires, d’utiliser différentes sortes de compléments musculaires, nutritifs ou alimentaires. Seul but à tout ça : augmenter la masse musculaire. Leurs carrures s’en ressentent : pectoraux disproportionnés, abdominaux proéminents, épaules démesurées : en France, ils pourraient postuler comme mannequins... Ou comme videurs... Ce culte de la perfection est assumé, revendiqué, et en se baladant dans São Carlos, en plus des salles de musculation, on trouve pas mal de magasins entièrement dédiés aux compléments musculaires. Au final, mis à part la question de l’âge, c’est surtout une question de moyens car ce genre de «phénomène» concerne tout de même les états les plus riches du Brésil. Pour les fllles, c’est plutôt de grandes coquettes, comme j’en connais peu. Toujours pimpantes, de la pointe des cheveux à celles des orteils, chez certaines, rien n’est laissé au hasard. En se baladant dans les rues, vous aurez parfois l’occasion de croiser des personnes de 30 ans et plus avec des appareils dentaires. C’est assez commun et nombreuses sont les cliniques orthondontiques. Par ailleurs, le nombre de fumeurs au Brésil est très bas par rapport à l’Europe. En plus de la philosophie de la «mens sana in corpore sano», ce taux assez bas est aussi dû à des lois de restriction importantes, et plus anciennes qu’en France. Par exemple : hausses des taxes sur le tabac depuis 1990, et en 1996, loi interdisant de fumer dans les endroits publics. Pour un Européen, le prix d’1 paquet est pourtant très bas (RS5.50, soit environ 1,90€). Ce faible taux de tabagisme est encore plus visible chez les femmes, vraiment très peu nombreuses à fumer.

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ETONNEMENT

AQUI E MUITO SEGURO !

Question de sécurité, il y a ce qu’il se passe, ce qu’on raconte, et ce qui est amplifié. La vision que donnent les médias du Brésil, autant en Europe que dans le pays est, comme souvent, déformée. En regardant la télé brésilienne, on pourra assister pendant une semaine entière à la rediffusion d’un braquage à main armée d’une supérette. Bien sûr aux heures de grande écoute, et parfois plusieurs fois pendant un même programme. La peur fait vendre, on l’a compris. Et même si beaucoup sont d’accord pour dire que ce rabâchage est abusif, la question de la sécurité reste importante pour de nombreuses choses. Première cible : le logement. J’ai été surprise, dans une ville comme São Carlos, qui est quand même plutôt tranquille, de voir que l’argument de vente numéro 1, quand j’étais à la recherche d’un logement, était encore et toujours LA SECURITE. Les Brésiliens ont peur, et ça se voit : portails d’entrée qui tiennent plus de la grille moyenâgeuse que du portail, avec des piques au bout, murs d’enceinte de 3 mètres de haut, surplombés parfois de tessons de bouteilles ou de fils électriques, caméras de surveillance, gardien (de résidence, mais même de rue), grilles aux fenêtres... Tout ça en me disant que «on est dans un quartier résidentiel», «c’est plutôt calme dans cette rue»,... Par ailleurs, ici, personne ne laisse les filles rentrer toutes seules d’une soirée. Jamais trop prudents. Le Brésilien moyen, comme beaucoup de Français, ne se sent pas toujours en sécurité. On nous a même déconseillés de visiter certains endroits (où il n’y a finalement eu aucun problème). Un peu comme à Grenoble, où on nous parle toujours de la Villeneuve, si dangereuse, le Brésil entier est abruti par la violence perpétuelle, par la peur du moindre fait divers qui est tant repris qu’on finit par croire que le Brésil entier est ainsi. La rue ne doit surtout pas entrer pas chez les gens qui s’en défendent à grand coup de murs, barrières et limites en tout genre. Ce sentiment d’insécurité constante finit par dénaturer l’espace public, avec des rues closes au regard du premier passant venu.

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S ’ I M P L I Q U E R. . . POUR SA VILLE/ DANS LE CAMPUS POUR SA VILLE Programme d’aide - Casa da Infância - Estrelha da Manhã - Cidade Aracy En dehors des cours de l’école, j’ai décidé de m’impliquer un peu plus dans la vie de São Carlos. Grâce à des amis de génie civil, j’ai intégré un groupe d’étudiants de divers cours de São Carlos, qui propose des actions «d’aide». Le projet auquel j’ai participé avec eux était de remettre à neuf la maison de l’enfance (sorte de crêcheécole maternelle-primaire), dans un des quartiers les plus défavorisés de São Carlos, la Cidade Aracy. Cette journée a très intéressante, car on a pu rencontrer le personnel, et voir avec eux les autres choses que l’on pourrait faire pour améliorer un peu l’école, avec les moyens du bord. https://www.facebook.com/casadainfancia.estreladamanha

Barmaid Un tout autre genre d’implication, j’en conviens. J’ai fais partie d’un groupe de serveurs, pour différents événements, allant de la fête de remise des diplômes de l’UFSCAR, à São Carlos, jusqu’à des concerts de musique dans la région de Minas Gerais. C’est aussi une expérience très sympa, les gens ont toujours été adorables, et ça permet de mettre un peu de sous de côté pour les voyages.

DANS LE CAMPUS J’ai aussi fais partie de la «fanfare» de l’USP, la GAPERIA, bien que la traduction ne soit pas vraiment exacte, les instruments sont tous différents de ceux d’une fanfare normale. Le groupe anime la plupart des événements sportifs en plus de faire certains concerts. Là aussi, l’énergie est vraiment incroyable, la bonne humeur et la convivialité sont les mots d’ordre. C’est aussi un excellent moyen de s’intégrer un peu plus dans la vie étudiante, en dehors des étudiants d’architecture, de découvrir les autres personnes, d’autres cours. Les élèves sont très patients avec les nouveaux, nous sommes plusieurs amis en échange à en avoir fait partie, et tout se passe très bien, on a été accepté aussitôt qu’on a touché pour la première fois notre instrument, sans exagérer. La mentalité y est bien de garçons ingénieurs, mais ça reste sympa.

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AMITIES

UE IQ R E M A ’ D S 1 9 PAY

P LU S I E

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NAU U M M CO

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ME E N E R G IE e t O P T IM IS

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S ’IMPLIQUER... POUR UN PAYS Construction de maisons TETO

L AT IN E

TETO - Um Teto para meu pais est une organisation humanitaire qui a pour objectif principal de donner un toit un peu plus décent aux familles de favelas.. Elle a été créée en 1997 et depuis elle est présente dans 19 pays d’Amérique Latine. Nous étions tous dispersés dans diverses communautés dans les favelas de São Paulo pendant deux jours de construction. Les constructions se répartissent sur l’année en périodes de deux jours de construction, et de temps en temps en une semaine entière. Les volontaires viennent de toute l’Amérique Latine, et les constructions sont réparties selon les besoins et les possibilités d’accueil des pays et des villes Matériel : mètres de chantiers, pelles, pelles-doubles, niveau à eau, clous, pelote de ficelle, plomb... Et pour la maison à proprement parler : 15 pilotis, 5 poutres de planchers, 1 plancher OSB pré-fabriqué en 3 morceaux, 4 murs préfabriqués en 8 morceaux, 3 pannes, 6 chevrons, 1 isolation en mousse et 1 toiture en tôle. Surface : 3.10x6m = 18.6m² Principe simplissime : une fois les pilotis enterrés, fixés et mis à niveau, on renforce la structure qui supportera le plancher avec 5 poutres, liant les rangées de pilotis. Puis, on pose le plancher, fait de 3 plaques d’OSB préfabriquées. Commence alors le montage des murs, la fixation, la vérification de l’horizontale et de la verticale. Puis la charpente, avec la panne maîtresse, et les deux autres, puis les chevrons. Et enfin, la mousse d’isolation, puis la toiture en tôle. Et puis vient la peinture, la semaine d’après.

Ca a été pour moi une expérience vraiment forte, à laquelle je ne m’attendais pas du tout en arrivant au Brésil, mais que je referais avec plaisir. Ces journées de construction permettaient de renouer un peu avec l’architecture au sens basique du terme. Vraiment, ce sont des abris que l’on a construits, avec du matériel de base, avec lequel je n’avais jamais travaillé. C’était une occasion unique de travailler à la construction avec le minimum, avec les outils les plus simples, en créant une maison selon un principe basique. (Ré)apprendre les bases de la construction Remettre la main à la pâte, se sortir un peu la tête de la bulle du projet et retrouver un peu l’ambiance du chantier, que j’avais un peu perdue de vue depuis le stage ouvrier. Ces journées de construction ont été très riches au niveau humain. L’énergie présente, que ce soit du côté des volontaires, mais aussi du côté des familles, est impressionnante. C’est du côté des familles que j’ai été le plus touchée. Pour chacune des constructions, chez toutes les personnes pour qui on construisait la maison, j’ai été marquée par l’optimisme, par le courage des ces derniers. Du côté des volontaires, c’est ce genre d’énergie de «ne jamais laisser tomber» qui était présent, malgré quelques désagréments . Les groupes étaient comme portés par cette envie de faire quelque chose, non pas pour soi-même, mais pour aider quelqu’un qui le mérite. En vérité, qui mérite bien mieux, parce qu’au final, les maisons construites par Této, sont au départ des maisons de premier secours, sur pilotis, en plaques de bois, de 18m², avec quatre murs, un toit (en tôle, avec une mince couche d’isolation, et ça paraît être un énorme luxe...), une porte et trois fenêtres, sans aucune cloison intérieure. On est vraiment loin de la dignité que chacun mérite, mais le tout c’est de garder en tête que c’est un départ. C’est vraiment une expérience marquante, que je ne suis pas près d’oublier, c’est certain. La convivialité, la bonne humeur, la fraternité présentes là sont incroyables.

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IIll ne ne faut faut jamais jamais p perdre erdre d de e vvue ue q que ue lle e vvoyageur oyageur e est st uunn ccorps orps ĂŠ ĂŠtranger. tranger. N Ne e rrien ien ssolliciter, olliciter, nne e rrien ien demander. ett p paisible... d emander. EEtre tre ssilencieux ilencieux e aisible... Olivier O livier de de Kersauson Kersauson


REALISER UN RÊVE Prendre le large, quitter São Carlos pour un moment d’évasion. Plonger au Brésil. Mergulhar S’émerveiller devant la beauté des paysages sous-marins. Rencontrer des passionnés, apprendre à leur contact. Nager avec des tortues. Découvrir une vie sous l’eau qui dépassait mes espérances. Se laisser aller, au fil du courant, à regarder cette agitation qui parait si calme, à se laisser bercer par ce silence et à profiter de cette chance incroyable.

Toujours se souvenir que le voyageur est venu pour voir. Que la seule richesse qui ne s’achète qu’avec du courage, c’est la lenteur.

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Belo Horizonte J’ai entendu un jour quelqu’un qui disait qu’on appartient aux endroits qu’on aime. J’ai appris à y croire.

Manu Chao à Fortaleza

Rio de Janeiro

Salvador


VOYAGER Pedaços do meu coração Lembranças Histórias Voyager, encore, s’arrêter le moins possible. Pas le temps, il y a tant à voir encore. Le Brésil est immense et ce qu’il offre à voir, à sentir, à entendre, à vivre, l’est infiniment plus... Se passionner pour un pays, vouloir le parcourir sans arrêt.

Ouro Preto

Aller chercher des notes de musique en mer, pour aller danser un soir d’escale à Fortaleza. Je fais confiance au voyage pour qu’il me conduise dans le tourbillon émotionnel du monde.

Recife

Brasília

São Paulo


Florianópolis

Voyageur marchant sur la pointe des pieds. Souple d’esprit et avare de paroles. Minuscule face à tout ça.

Ubatuba

PantanalPantanal

Il m’a toujours semblé indécent de ne pas aller voir partout dans le monde. Il me fallait partir sur tous les océans, découvrir tous les ports... Pour moi, c’est vital: puisqu’on est dans le monde, il faut le courir. O. De Kersauson

Foz do Iguaçu


VOYAGER Choc émotionnel devant la grandeur des paysages. Rester bouche bée. Ce n’est pas du patrimoine construit qu’on découvre au Brésil, c’est quelque chose de plus pérenne, c’est quelque qui nous a précédés et qui nous survivra, c’est sentir le pouvoir de la nature, sa force, sa puissance et se rappeler de notre place.

Algodoal

Gruta do Lago Azul

Santarém



Enseignement de l’architecture



IAU INSTITUTO DE ARQUITETURA E URBANISMO L’IAU EN QUELQUES MOTS L’ école d’architecture de São Carlos s’appelle IAU (Instituto de Arquitetura e Urbanismo). Il a été créé le 14 décembre 2010 après avoir été pendant plus de 40 ans, un département de l’école d’ingénieurs de São Carlos. L’IAU reste rattaché à l’USP (Universidade de São Paulo), et se situe sur le campus de l’USP São Carlos. Le point fort de l’IAU est que les classes de projet restent ouvertes 7j/7, 24h/24, donc tout le monde peut en profiter, et les travaux en groupe se font souvent là-bas, car c’est plus pratique. Comme en France, l’université fonctionne avec un nombre de crédits à valider. En classe, on se croirait un peu au lycée : les promotions sont bien plus petites qu’à Grenoble, avec en général 45 places par promotion, bien que cette formation soit très demandée, avec une moyenne de 28 candidats par place. Tout le monde se connaît, professeurs comme élèves, et, durant chaque cours, on doit signer une liste de présence (au-delà de 25% d’absentéisme, vous êtes considéré comme devant redoubler la matière). Les méthodes de validation sont similaires à celle de l’ENSAG avec, selon les matières, des partiels écrits en fin de semestre, des travaux ou dossiers à rendre, ou encore les rendus de projet. La plupart des matières pratiques se travaillent en groupe, de taille variable, entre 4 et 10 personnes. Au début, sans savoir parler portugais, c’était assez effrayant d’avoir à donner son opinion, de lancer des discussions et des débats, et d’arriver à les suivre. Mais les élèves des groupes dont j’ai fait partie ont tous été très patients et compréhensifs, et le dialogue, à base d’anglais-portugais francisé-français-langage des signes a été, dans les premiers temps, plutôt efficace. Mais les croquis et les dessins restent quand même un langage compréhensible par tous, et rendent le dialogue beaucoup plus simple !

PROFESSEURS Tous les professeurs de l’IAU sont des architectes diplômés, la plupart, exercent en dehors des cours, ou exerçaient. Ce sont aussi tous des chercheurs, donc passionnés par les sujets qu’ils enseignent, et donc, passionnants. Ici, bien que la hiérarchie élève-professeur soit respectée, il est très facile de parler avec eux, premièrement parce qu’aucun n’accepte qu’on les appelle Monsieur ou Madame (c’est une habitude à prendre). Et de plus parce qu’ils sont très ouverts à la discussion, ils sont joignables en cours, dans l’école mais aussi par mail, voire par Facebook.

NIEMEYER ET CIE L’héritage moderne est encore très présent au Brésil, autant dans l’apprentissage que dans la conception d’un projet, et peu d’élèves vont explorer d’autres possibilités La préservation du patrimoine existant reste une lointaine notion pour beaucoup d’étudiants et beaucoup de projets commencent suite à une table rase et avec de longs bâtiments en béton. Un certain goût pour l’extravagance, lié au territoire brésilien immense, laissent place à des projets uniques, pourtant parfois déjà très abîmés du fait d’une construction rapide, sans grand souci du détail. En règle générale, le Brésil a une grande tendance à se reconstruire sur lui-même, les villes, les bâtiments s’effacent et apparaissent en très peu de temps, sans aucune sauvegarde du patrimoine qu’ils représentent. En contrepartie, aux cours des dernières années, on a vu émerger des mouvements de jeunes étudiants d’architecture et d’urbaniste, liés à d’autres de génie environnemental, influencés par l’Europe, qui oeuvrent pour la préservation du patrimoine, et sa revalorisation plutôt que sa destruction.

EU SOU ARIANE, SOU INTERCAMBISTA Le statut d’intercambista permet une flexibilité appréciable dans la sélection des matières, qu’on choisit à la carte. De plus, du fait que l’IAU soit intégré à l’USP, on peut suivre des cours d’autres sections, comme le génie civil ou le génie environnemental. A mon arrivée à l’école, j’avais, selon mon contrat d’études, 9 cours à suivre. Les personnes en charge des intercambistas m’ont toutes déconseillé d’en faire autant, et m’ont affirmé que 4 cours seraient amplement suffisants. Au 1er semestre, j’ai donc suivi 4 cours : théorie et histoire de l’architecture et de l’urbanisme au Brésil, langages visuels, paysagisme et projet 3B. Je pense en effet, qu’au vu de mon niveau de portugais, c’était une bonne option.

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IAU INSTITUTO DE ARQUITETURA E URBANISMO SAAU - ENCONTROS Le «Bureau des élèves» de l’IAU participe très activement à la vie étudiante au sein de l’école. Il y a un local où sont faites les réunions et les rencontres entre élèves, avec un four à pizza à disposition de tout le monde. Les soirées organisées par le SAAU sont toujours des instants sympas, et une bonne occasion de revoir tout le monde, de connaître les nouveaux ou les personnes venant d’autres promotions que celles avec lesquelles j’ai étudié. Moyennant une petite participation par personne, on passe une bonne soirée pour peu cher. Par ailleurs, le SAAU est aussi le groupe qui organise d’autres sortes d’événements au cours de l’année : festa junina (grandes fêtes qui se déroulent en juin dans tout le pays, selon les traditions des fazendas c’est-à-dire en habit traditionnel et avec des activités comme le rodéo (électronique maintenant) ou encore le poteau auquel il faut grimper pour prendre ce qui est accroché à la cime), SARAU (soirée «l’IAU a un incroyable talent»), ou encore petits concerts de bandes d’étudiants ou soirées animées par un copain DJ... En dehors de ça, l’IAU en elle-même paraît être toujours en mouvement, il y a toujours des représentations (spectacle des 1ères années sur de la musique,... ), des maquettes, des expos, des travaux de langages visuels, des comptes rendus de PFE, des structures de bois, d’acier, et des réunions sur le fonctionnement de l’école et les modifications à apporter. La plupart des étudiants mettent un peu de temps avant de se sentir à même de participer à ces réunions, mais il y a un noyau dur très sympa et très investi dans l’école, regroupant des personnes de toutes les promos. Ce sont eux qui font avancer l’école. Par ailleurs, ils organisent aussi des rencontres inter étudiants pour des après-midi à thèmes (décoration des murs de l’école, château gonflable...) Ici même entre promos, presque tous se connaissent, il y a une grande complicité non seulement au sein de la même année, mais aussi beaucoup avec les autres années. Et la plupart des «anciens» sont heureux d’aider les nouveaux. L’IAU fonctionne aussi avec les laboratoires de matériaux des écoles d’ingénieurs du campus, situées de l’autre côté de la route. En dehors des ateliers maquettes (dont les responsables sont adorables et toujours là pour vous aider), on peut donc aller demander de l’aide ou des renseignements dans les laboratoires de bois, d’acier, de béton...

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SEMESTRE I TEORIA E HISTORIA DA ARQUITETURA E URBANISMO NO BRASIL Les cours d’histoire d’architecture et d’urbanisme (en deuxième année) rejoignent les cours qu’on a eu à l’ENSAG sur l’architecture moderne en générale. Mais ils se révèlent passionnants plus tard dans le semestre, quand commence l’histoire de l’architecture moderne au Brésil. Riches en anecdote, ils permettent de comprendre bien mieux le pays, son développement, sa culture, son histoire... Les deux professeurs, Eulalia et Carlos sont passionnés par leur matière et présentent vraiment un éventail de projets qui offrent une compréhension du Brésil au travers de son architecture, et vice-versa. C’est intéressant d’avoir une autre version de l’architecture moderne que celle enseignée en France, de voir l’application de principes qu’on a étudiés, appliqués à un autre pays, avec d’autres enjeux, un autre climat et une autre culture. Petit rappel : ce sont toujours les professeurs d’histoire qui organisent les voyages didactiques, donc restez informés.

PROJETO III-B Généralités Le cours de projet est très différent de celui qu’on peut trouver à Grenoble. Pour commencer, il n’y a qu’un jour de projet par semaine, pour les corrections, les discussions de classes et les rendus. Le reste se travaille en groupe en dehors des heures de cours. Par ailleurs, les projets sont toujours effectués en groupe. Les moyens de rendus sont plutôt similaires à ceux de l’ENSAG, avec des travaux faits sur AutoCad et REVIT pour la 3D, et parfois des maquettes à différentes échelles. Le travail en groupe a les mêmes avantages et les mêmes inconvénients partout, mais là où la différence avec la méthode en France m’a le plus surprise a été d’assister à des discussions sans fin, qui semblaient n’aboutir sur rien de concret. Plutôt frustrant et paraissant comme une perte de temps au départ, j’ai découvert par la suite que beaucoup de bonnes idées surgissaient de ces discussions. Il y a tout de même un moment où il faut lancer plus que les idées, et commencer le projet, sans quoi, il est possible de discuter des heures durant. Par contre, l’entraide au sein de groupe est vraiment très forte, et même pendant les phases de production pures d’avantrendu (plans, coupes., pièces graphiques..), la discussion reste ouverte pour changer des détails, pour expliquer ce que l’un ou l’autre n’a pas compris. Les étudiants s’entraident énormément ici, et ils ont très bien compris l’opportunité qu’offraient les réseaux sociaux pour cela. Ainsi, pour chaque promo, on a un groupe Facebook où s’échangent toutes les informations, sur les cours, les horaires, les paramètres de rendus et les foires à questions... De même, les journées de travaux en groupe, souvent à l’école en dehors des heures de cours, sont toujours propices à des discussions approfondies, et le groupe reste très lié dans le travail. L’attente des professeurs de l’IAU, surtout au niveau de projet, autant en représentation qu’en termes de conception est plutôt bas et le niveau global s’en ressent, même si ça varie un peu d’une année à l’autre. Les professeurs ici sont conciliants et peu enclins à délivrer une critique réelle des projets. Les commentaires restent toujours un peu vagues, rarement francs quant à la qualité réelle des projets et il est parfois difficile de trouver quelque chose de vraiment constructif dans les retours. Par ailleurs, beaucoup d’étudiants ici ont de vraies lacunes aux niveaux technique et constructif, cependant ils font souvent appel aux professeurs qui sont toujours disponibles pour apporter de l’aide. Pour autant, les professeurs sont très encourageants et nous confortent à expérimenter autant que possible lors de la conception. Une volonté de ne pas donner de barrière qui, parfois, donne des limites très floues pour la conception du projet.

Sujets Au premier semestre, j’ai suivi les cours de projet avec la classe de 3ème année. Ce semestre était centré sur les équipements publics dans la ville de São Carlos (école primaire et unité de santé/premiers secours). S’ensuit donc des projets avec peu de liberté, très (trop?) terre-à-terre, avec très peu d’occasions de laisser libre cours à l’imagination ou la fantaisie. Les espaces sont déjà calibrés (nombre de m² définis, disposition des pièces les unes par rapport aux autres...). Les corrections se font par groupe pendant les heures de cours. Avant le rendu final, nous avons fait deux rendus intermédiaires : un premier expliquant le choix d’implantation et la stratégie de projet et un second montrant les bases de la réflexion, le projet en cours d’avancement. Les rendus étaient faits sous forme de diaporamas (même le rendu final) et pour ces travaux, il n’était pas demandé de maquette physique, seulement des vues numériques.

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Detalhamento

Planta Pla n nivel nta niivel e inferior inferior, com implantação

Esc em São Carlos Escola Ba airro da Estação Pro ojeto III - B (1)

Planta nivel superior, com implantação

Busca de referências

Renderização

UPA em São Carlos Projeto III - B (2)

Planta nivel superior

Setorização nivel superior

Planta nivel inferior Setorização nivel inferior

D lh Detalhamentos

Render Re Ren deriza zação ção


SEMESTRE I PROJETO III-B Différentes phases de projet. Pour les deux projets, la première phase était le choix de l’implantation du projet, parmi quelques zones définies. Il s’agissait donc avant toute pensée de projet à proprement parler, de passer par une phase d’analyse des lieux (morphologie urbaine, flux, usages, gabarits, topographie, ...), de leurs potentiels, de leurs problèmes afin non seulement de choisir une zone qui paraisse intéressante à traiter mais aussi dans laquelle le projet aurait sa place. Ainsi, on pose les bases stratégiques du projet et les enjeux qu’il représente. La phase d’analyse est importante mais souvent brève ici, il arrive parfois qu’elle manque un peu de profondeur. Pour chacun des projets, les professeurs nous ont emmenés visiter des exemples de constructions du genre de celles qu’on allait projeter. Puis vient le choix de la forme, de l’organisation des espaces, en fonction du contexte, de l’ensoleillement, du bruit, du terrain... Cette phase-là est fastidieuse et les conversations très longues afin de définir au mieux les termes du projet. Les groupes, de 6 personnes en moyenne, défendant chacune ses idées, sont parfois durs à tenir, chacun faisant valoir ses arguments. Le travail de projet peut parfois laisser place à des discussions interminables et pas toujours très constructives. Mais dans l’ensemble, chacun sait mesurer ses propos et faire des compromis et tout se passe bien. Les groupes avec lesquelles j’ai travaillé accordaient beaucoup d’importance aux références avant la production à proprement parler, et ce que j’ai préféré par rapport au second semestre, c’est qu’ici, les références étaient beaucoup moins tournées sur l’architecture moderne. Une fois la forme définie, les espaces organisés et qualifiés, s’ensuivent les réflexions techniques de la structure. J’ai apprécié cette partie du travail car dans chaque groupe, malgré des lacunes techniques, les étudiantes ont joué le jeu et ont cherché à comprendre réellement la structure du bâtiment projeté et pas seulement à présenter des détails techniques sans les comprendre.

Projet d’école Le premier projet était celui d’une école primaire et, bien que j’ai déjà eu l’occasion d’en projeter trois au cours de mon cursus à l’ENSAG, j’ai pourtant eu l’impression que ces expériences n’apportaient rien, tant la façon de penser l’école est différente ici : paramétrée, efficace, presque sans fantaisie. Et encore, j’étais dans l’un des groupes les plus ouverts. Nous avons choisi d’implanter notre projet à proximité de la gare de São Carlos, qui, malgré le problème du bruit, traité par la suite, se trouvait être un endroit intéressant, car bien desservi par les bus de villes et à proximité de voies de circulation importantes. Par ailleurs, le côté culturel de la gare, avec son musée, paraissait un point fort pouvant être lié avec l’école. De l’autre côté de la voie, dans l’espace laissé libre où nous avons implanté l’école, se trouvent deux anciens entrepôts, qui avaient un beau potentiel dans l’idée de lier l’école à la vie culturelle de São Carlos, en créant un musée et des salles d’expositions. Nous avons donc choisi de les conserver pour les réutiliser. L’école était dessinée selon 3 parties maçonnées, liées entre elles par des passerelles en hauteur, ou des jardins au rez-de-chaussée. L’accès à l’école se fait à partir d’une rue en surplomb, en passant par une passerelle qui desservait à la fois l’école et les entrepôts. Le traitement des toits et façades a été fait de manière à connecter l’existant (les entrepôts, la gare) et l’école. Le traitement paysager a aussi eu une grande importance dans le projet.

Projet d’unité de santé / Premiers secours Le deuxième projet était un projet d’unité de santé et, là encore, peu de liberté de manoeuvre. Du fait du caractère médical et donc très ordonné du projet, il y a une multitude de règles en tout genres avec lesquelles on ne peut se permettre un peu de fantaisie. Avec un cahier des charges très complet et plutôt strict (nombreuses pièces techniques, pré-organisées, calibrées,...), je m’attendais à voir arriver des projets tous semblables mais finalement, chaque groupe a réussi, notamment grâce au site d’implantation, à dessiner quelque chose d’original. Nous avons choisi d’implanter notre projet sur un terrain avec une topographie intéressante, qui permettait de construire sur deux niveaux sans toutefois créer un impact visuel trop grand, dans un quartier où la plupart des bâtiments environnants étaient en R, R+1. L’aspect sur lequel nous avions plus de liberté était les salles de repos et de vie communes et nous avons cherché à dessiner des espaces agréables, des espaces communs tranquilles, isolés du stress des urgences avec de la végétation, des vues sur la ville, ...

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SEMESTRE I PAISAGISMO

Les cours de paysagisme sont vraiment très intéressants. Les professeurs qui les dirigent forment une équipe bien complète, fournissant des références pour chaque projet. Ainsi, avant chacun des projets, nous sommes allées visiter des parcs, des places, afin de donner des idées, et d’en exploiter les principes. Dynamiques et très encourageants, ils savent déceler le potentiel d’un projet encore au stade d’idée. Au cours du premier semestre, nous avons fait deux projets de paysagisme, en groupe de 4 puis 6 personnes. J’ai adoré le cours de paysagisme, non seulement pour la matière à proprement parler, mais aussi pour les professeurs. Le caractère social des projets était aussi très intéressant, car très différent du type d’approche qu’on a à l’ENSAG. Le niveau de détail et de pensée est un peu plus proche de ceux de la France et le retour au travail à la main permet de laisser un peu l’ordinateur de côté. Pour chacun des projets, après une journée d’observations et d’analyses in situ, nous avons repris les éléments, trouvé un lien qui existait bien que parfois peu affirmé et tenté de travailler avec.

Série de places Le premier projet était le réaménagement d’une série de 4 places dans un quartier de São Carlos. Il s’agissait de donner à ces places une lecture globale entre elles et de réaffirmer leurs statuts dans le quartier. Ainsi, en plus de la dimension du paysage, de l’arrangement des places, il y avait un vrai projet social de revitalisation d’une zone de la ville au travers de ses places. Re-dynamiser les places, offrir des espaces de «vivre-ensemble», redonner des éléments qui manquent pour une vie de quartier, c’étaient autant de points que nous avons tenté de travailler. Nous avons travaillé sur différents aspects. La première place était située à proximité d’une grosse artère de São Carlos, près de la gare routière. Il y avait un espace à traiter de chaque côté des voies, en cherchant à affirmer une identité aux deux. Pour les deux côtés, nous avons plutôt travaillé sur la notion de passage en journée, compte tenu du bruit et plus de détente, pendant la nuit, quand les flux sont moins importants. La place suivante était située sur l’avenue principale de São Carlos, avec un arrêt de bus et des commerces à proximité. L’endroit, plutôt bruyant et assez délabré, n’invitait pas à rester. Conscientes du fait que le bruit resterait un problème que nous ne pouvions gérer compte tenu de l’espace réduit de la place, nous avons cherché à travailler plutôt sur le côté visuel, sachant que cette zone resterait une zone de passage. La troisième place, très petite, était située à côté de la dernière et nous avons donc choisi de travailler ces deux dernières en liaison plus marquée qu’avec les deux autres. Situées au coeur de quartiers résidentiels, éloignées du bruit et du mouvements des rues, elles étaient propices à la détente et à la vie de quartier. Sur l’une d’elles, plus ombragée, nous avons choisi d’implanter un espace qui s’adapte à la pente, avec des decks en bois, pouvant accueillir des personnes (bancs, chaises, tables) et un marché certains jours. L’autre place a été dédiée aux sports, avec des pistes de courses, et des machines de musculation en plein air comme on peut en trouver souvent au Brésil. A travers le travail du traitements des sols, de la végétation et du mobilier urbain, nous avons réussi à créer un lien entre toutes ces places.

Cidade Aracy Le deuxième projet se situait dans la Cidade Aracy, quartier éloigné du centre-ville et plutôt défavorisé, sans grandes infrastructures (routes à moitié finies...). Il s’agissait, sur une parcelle très grande, incluant plusieurs blocs d’habitation, de tenter de revitaliser les espaces communs, d’offrir des environs plus agréables, de rénover les infrastructures, en apporter des nouvelles (passage du bus à plusieurs endroits). Le groupe avec lequel j’ai travaillé était constitué de 8 personnes et par groupes de 3 ou 2, nous avons abordé les différents espaces de la zone de projet, tout en restant liés, pour garder une lecture des espaces assez claire et ne pas faire de « répétitions ». Au coeur même de la Cidade Aracy, du côté plus résidentiel, nous avons cherché à offrir des espaces de vie de quartiers, avec des marchés, des jardins communs, des espaces de jeux pour les enfants... Par ailleurs, dans cette zone de la ville, le côté culturel étant laissé de côté, nous avons cherché à créer des espaces d’expositions, de concerts... Un skate park a été proposé sur une parcelle. Et du côté qui s’ouvrait sur la montagne et la vallée au fond, avec le fleuve, nous avons cherché à aborder plus le côté visuel, sensoriel, à travers des ballades au traitement de surfaces particulier dans ces grandes zones vierges, avec un travail important sur la végétation et l’éclairage.

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SEMESTRE I

LINGUAGENS VISAIS

Le cours de langages visuels n’a pas d’équivalent parmi les cours de l’ENSAG. Il s’agissait de travailler tout autant la typographie que l’expression visuelle. Les deux premiers travaux étaient individuels.

Projets Le premier travail avait pour objectif, en partant de photos de bâtiments ou de détails des-dits bâtiments, d’essayer de recréer une typographie. L’usage du noir et blanc pour les bâtiments et de la couleur pour les lettres ou messages permettaient de créer des contrastes intéressants. Le second travail était, en partant d’une page de magasine quelconque, à travers des découpages, des agrandissements, des rapetissements, des duplications, ... de refaire une série de pages du même format, qui soit totalement différente. On pouvait changer l’esprit présent dans la feuille originale au fil des recherches, on pouvait faire dire totalement autre chose, ou ne rien faire dire du tout. Il n’y avait aucune barrière. Ces travaux permettaient de voir les possibilités dans l’espace simplement à l’aide des lettres et d’images. Le dernier travail était en groupe. Il s’agissait de faire des affiches pour la trentième biennale d’art contemporain de São Paulo, à l’aide de grandes discussions sur le thème principal de la 30ème biennale à savoir «L’imminence des poètes». Après des brainstorming successifs et très intenses, nous avons décidé de travailler sur la question du radical qui forme un tout, en travaillant avec les couleurs primaires jaune et bleu. Ainsi chacun de nous se voyait attribué une partie de l’affiche générale qui, une fois assemblée avec les autres parties des autres membres du groupe, formait une autre affiche totalement différente dans laquelle on pouvait deviner le nombre 30. Chacun de nous devait donc habiller la portion de trait noir représentant le nombre 30 présente sur son morceau d’affiche, en répondant au thème. Nous nous sommes imposés des règles : ainsi pour chacune des affiches, on devait trouver le nom de l’événement, la date, le lieu, et le site internet, et nous devions aussi travailler avec le noir, le blanc, le bleu et le jaune, avec possibilité de varier sur les nuances de ces coloris. Pour chacune des affiches, il s’agissait de choisir un objet du quotidien, qui serait le radical et, en le dupliquant, en travaillant la taille, la couleur, l’aspect, créer une affiche. Le radical formant le tout. Les commentaires et nombreuses références apportés par les deux professeurs rendaient les cours vraiment passionnants, d’autant plus que les deux ne concordaient pas en matière de création et de recherche et on avait ainsi deux approches complètement différentes et complémentaires.

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Planta de situação

Intervenção em uma quadra na área central de São Paulo Projeto IV - A (1)

Planta dos terreos

Vista da quadra da lage

Vista da quadra do salão comunitário e da creche


SEMESTRE II PROJETO IV - A

Le deuxième semestre de projet était plutôt axé sur l’urbanisme, avec beaucoup moins de détails, de contraintes au niveau constructif. C’’était encore une nouvelle façon d’aborder le projet par rapport à ce à quoi je suis habituée car dans chacun des projets, il s’agissait énormément de travailler sur la densification, la verticalisation.

Intervention sur une parcelle dans la zone centrale de São Paulo Le premier projet était une intervention sur une parcelle à São Paulo. Dans un premier temps, nous sommes allés sur les lieux, faire des repérages, des analyses... Le site de projet était situé dans le centre de São Paulo, près du Copan de Niemeyer, de la place Roosevelt... Le quartier était très dynamique. Pas de programme vraiment défini, le tout était de lier avec les environs, de construire en accord avec le contexte, d’après des analyses des trames viaires, de la typologie environnante, des espaces publics, ainsi que des besoins. C’était le premier travail pour lequel j’ai dû travailler avec une verticalisation importante. Et sur une parcelle de la taille de celle du projet, il a été très dur d’essayer de concilier la hauteur des bâtiments afin d’être en continuité avec l’existant, avec la qualité des espaces au sol, d’autant qu’il y avait une forte déclivité. Par ailleurs, nous étions obligées de conserver quatre bâtiments existants de taille importante sur la parcelle et le fait de travailler un peu plus avec l’existant n’a pas toujours été facile. La parcelle était située dans une zone de flux automobiles importants, c’est pourquoi nous avons cherché à créer des espaces piétons qui soient agréables. De plus, pour travailler sur la continuité avec l’existant, le travail de la végétation a été travaillé en profondeur, pour plus de cohérence. Notre projet était constitué de 3 bâtiments, de taille et usages différents. Le plus haut était essentiellement dédié à l’habitation. Le plus petit abritait des bureaux, et le dernier, qui prenait appui sur le second, afin de libérer des espaces publics au-dessous, était destiné à des bureaux aux deux premiers niveaux puis des habitations. Les espaces en dessous accueillaient un café et des magasins.

Intervention aux alentours de la place Itália de São Carlos Le second projet se situait à São Carlos, dans une zone au Sud, située au noeud entre deux des plus grands axes de São Carlos. Le quartier était peu résidentiel, avec beaucoup de commerces d’automobiles, et peu vertical, avec des constructions en majorité en R+1. La place Itália sur laquelle il était demandé d’intervenir n’avait plus du tout le statut de place, c’était en fait une sorte de rond-point, à l’intersection de grandes voies de circulation. Le quartier avait perdu de l’attractivité au fil des années. Il s’agissait alors de redonner un vrai statut à cette place, de re-créer une dynamique de quartier au sein de la zone et de vitaliser l’espace. Nous avons choisi de créer un centre culturel qui liait les deux grandes voies et la place au milieu. En s’appuyant sur des pilotis, il «enjambait» l’un des axes et longeait le second, donnant au bâtiment une forme angulaire. Dans l’esprit du SESC (centres culturels présents dans chaque grande ville au Brésil et regroupant de nombreuses activités), le centre culturel projeté accueillait des salles de concerts et de spectacles, de cours de danse et de cours d’arts martiaux, une grande bibliothèque publique, des salles de cours divers, des salles de cinéma, un musée et des salles d’expositions. Par ailleurs, de nombreux bâtiments d’habitation, des services et des commerces de proximité ont été implantés aux alentours, pour réinvestir l’espace et recréer de la vie de quartier. De plus, un grand bâtiment a été établi, afin d’accueillir des bureaux d’entreprises et des services de santé, qui étaient jusque là regroupés dans le centre de São Carlos

Bilan J’ai finalement été un peu déçue car c’était un semestre pour lequel on avait l’opportunité d’innover un peu, d’être un peu plus fantaisiste par rapport aux projets du premier semestre, et pourtant les deux groupes avec lesquels j’ai travaillé tenaient absolument à travailler sur un langage moderne alors que, pour un projet comme pour l’autre, rien ne nous y obligeait. Le moderne semble être un peu leur barrière de secours, et même si certains élèves semblent prendre un peu plus de liberté, il y en a encore beaucoup pour qui le fait de s’éloigner des sentiers battus (même un peu) paraît être un risque énorme à prendre.

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SEMESTRE II

LINGUAGEM DA ARQUITETURA E DA CIDADE

Les cours de Langages de l’architecture et de la ville sont dans la continuité des cours de langages visuels. Ce sont des travaux d’expressions graphiques et plastiques. Pour le premier exercice du semestre, qui était individuel, il s’agissait de travailler sur la question des limites, d’abord à l’aide d’une série de photographies, pour lesquelles j’ai choisi de travailler sur les limites de l’espaces en fonction de la nature du sol. Puis il s’agissait de travailler à partir de photocopies de ces photos, de les assembler dans un plan pour créer une composition. L’étape suivante était d’organiser ces photocopies dans l’espace, d’occuper des endroits de la salle de classe, pour donner une signification à notre travail dans l’espace. Pour le second exercice, en groupe de 5 personnes, il s’agissait dans un premier temps de faire une intervention de land-art dans l’enceinte de l’école, les jardins ou les voies environnantes. Nous avons choisi de travailler sur les limites, l’horizon et les questions de différents plans dans l’espace. Nous avons travaillé sur des arbres entourés de tissus qui révélaient l’horizon selon plusieurs points de vue situés dans des zones d’attende des bus. De plus, ce travail cherchait aussi à lier avec le quotidien, parce qu’au Brésil on trouve beaucoup d’arbres peints jusqu’à la moitié pour éviter les insectes. Pour la seconde partie, il s’agissait de ré exploiter le principe en l’amenant à l’intérieur de la salle de classe. Les moyens étaient donc différents, l’échelle aussi. Les professeurs de cette discipline sont très encourageants, nous motivant à tester de nombreuses possibilités, et les nombreuses références qu’ils ont pu nous donner au cours des exercices sont toujours intéressantes.

ARQUITETURA E URBANISMO CONTEMPORANEOS Les cours d’architecture et d’urbanisme contemporains permettaient d’avoir un aperçu global de tous les courants de pensée d’architecture et d’urbanisme dans le monde. Non seulement, ils évoquaient l’architecture brésilienne, son histoire, depuis l’architecture coloniale importée d’Europe jusqu’à l’architecture moderne mondiale pour finir sur la volonté d’indépendance et de reconnaissance de l’architecture moderne brésilienne. En plus de l’histoire de l’architecture au Brésil, étaient évoqués aussi de nombreux courants de pensée à travers le monde, allant des métabolistes japonais jusqu’au nouveau modernisme anglais. Les cours étaient très intéressants, bien qu’ils reprennent beaucoup les cours théoriques déjà vus à l’ENSAG au niveau des courants de pensée à l’échelle mondiale.

QUESTÕES DA HABITAÇÃO SOCIAL E DA PRODUÇÃO DA CIDADE NO BRASIL Ce cours là était un cours optionnel dispensé par la professeur d’histoire du premier semestre. Elle abordait la question des habitations sociales au Brésil. Outre les explications sur les favelas, leur histoire, leur production, on apprenait énormément de choses sur les autres types d’habitations sociales légales (contrairement aux favelas) présentes au Brésil, créées par le gouvernement. Elles sont finalement beaucoup plus nombreuses que ce à quoi je m’attendais On en apprend beaucoup sur la réalisation de ces habitations, mais aussi sur les questions abordées lors du dessin, sur les enjeux qu’elles représentent, sur les lieux pour lesquels elles sont définies, sur les enjeux gouvernementaux qu’elles représentent. L’évolution de l’habitation sociale au Brésil est très importante, pour comprendre aussi un peu plus le fonctionnement du pays, les questions des financements. Par ailleurs, en plus de l’aspect technique du dessin, et de la production, le côté intéressant de ces cours était aussi dû aux anecdotes et explications de la vie au sein de ces habitations, une fois habitées par des gens. Les explications sur les différents modes de vie se sont révélées extrêmement riches en détail et permettaient d’avoir une approche beaucoup plus humaine que beaucoup d’enseignements.

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VOYAGES DIDACTIQUES L’IAU offre l’occasion de faire des voyages didactiques très complets, et notre statut d’étudiant en échange nous permet d’y participer, même si on n’a pas de cours avec toutes les promotions, à condition cependant qu’il reste des places. Ces voyages sont très intéressants, parce qu’en plus de découvrir une ville, on découvre, avec les indications des professeurs, la manière dont elle fonctionne, ses différentes évolutions, son histoire. C’est vraiment passionnant ! De plus, la plupart des professeurs accompagnant demandent un carnet de voyage, ce qui a été une très bonne occasion pour moi de renouer avec le dessin, le croquis rapide, l’analyse et la manière de voir les bâtiments avec plus d’attention. Le principe du journal de bord est aussi très intéressant pour voir ce qu’on retire de chaque jour, et permet une autre mémoire que celle qu’offrent les photos. Les prix qu’essaient de trouver les élèves en charge du voyage sont souvent abordables, mais au cas où, la solution du CouchSurfing reste une alternative super intéressante, tant niveau prix que pour la découverte d’autres facettes de la ville avec quelqu’un qui y vit. Cela permet aussi de sortir des sentiers battus dont parlent les guides touristiques. J’ai fait ça pour Brasília, où avec trois amies, nous avons été hébergées chez une fille rencontrée sur CouchSurfing, et ça a été vraiment une bonne expérience car on a découvert des aspects de la ville que l’on n’aurait pas soupçonné. Au cours de l’année, on peut participer au total à quatre voyages d’une semaine : São Paulo, Rio de Janeiro, Brasíilia et Minas Gerais. D’autant plus que parfois, en tant qu’intercambista, vous pouvez, s’il reste de la place, profiter de certains voyages d’une journée (pour le projet, ou des cours de structures)

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Bilans et Suggestions



E AE AI ?!

ET MAINTENANT ?!

Guarulhos (GRU) - São Paulo - BRASIL - Vol LH 0507 - Départ : Jeudi 25 juillet 2013 - 18h35 (heure locale) à destination de Franckfurt (FRA) - GERMANY - Arrivée : Vendredi 26 juillet 2013 - 11h20 (heure locale) Franckfurt (FRA) - GERMANY - Vol LH 0489 - Départ : Vendredi 26 juillet 2013 - 12h40 (heure locale) à destination de Lyon-St Exupéry (LYS) - Rhône-Alpes - FRANCE - Arrivée : Vendredi 26 juillet 2013 - 13h55 (heure locale) Mon vol est annoncé. C’est l’heure. C’est l’heure de clore le chapitre d’un an au Brésil. C’est l’heure de clore celui de «São Carlos, Brésil, un an d’échange universitaire». C’est l’heure de remplir cette page que j’avais laissée blanche jusque là, ne sachant pas comment m’y prendre. Eh oui, comment finir cette année, et la présenter en même temps ? Comment exprimer ce qu’elle représente pour moi, tout en restant concise ? Comment résumer cette aventure sans me laisser porter par ma mémoire ? A croire qu’il me fallait entendre qu’on annonçait mon vol pour réussir à organiser un peu mes pensées, et remplir, enfin, cette page blanche...

J’ai toujours voulu passer une année à l’étranger, et pas en Erasmus, non, tant qu’à faire je voulais m’éloigner de l’Europe, bouger, loin, découvrir des pays dans lesquels je pourrais me perdre, avec une culture qui soit différente de la culture européenne. Perdre mes repères, élargir le champ de mes connaissances, de mes références, découvrir un pays jeune. Le Brésil a parfaitement répondu à toutes mes espérances, à toutes mes attentes, si ce n’est plus. Les gens que je connaissais m’en avaient dit beaucoup de bien, la télé m’en avait dit du moins bien. Au final des comptes, je ne regarde plus la télé...

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E AE AI ?!

ET MAINTENANT ?!

Cette année au Brésil m’a amenée à revoir mes critères architecturaux. Pour l’Européenne que je suis, se retrouver confrontée à un pays, à une culture si jeunes, si récents, c’est un peu déroutant. En effet, au Brésil, on ne fait mention d’aucun vestige qui soit antérieur à la colonisation portugaise parce que la plupart des peuples indigènes étaient nomades. Il faut un temps d’adaptation face à ces changements, un temps d’analyse aussi, afin de comprendre ces différences et essayer de se les expliquer. Même après un an ici, et malgré tout ce que j’y ai appris, j’ai le sentiment qu’il m’en reste énormément à apprendre et que beaucoup de choses m’échappent encore. La démographie galopante (entre 1950 et 1975, la population brésilienne a quasiment doublé, passant de 53 975 000 à 108 224 000 personnes) d’un pays qui était déjà en essor, liée à la rapidité avec laquelle certaines villes brésiliennes se sont développées, rendent difficile la compréhension des espaces, surtout en comparaison avec l’Europe, à l’évolution si lente, si posée dans le temps. Il faut être patient, tolérant aussi, en se retrouvant dans ces villes qui ont l’air de s’être formées dans la plus grande incohérence, sans réelle volonté d’organisation. Au cours des voyages, et à l’aide des professeurs, on comprend que notre jugement ne peut qu’être altéré par nos références, et que rien en Europe, n’est transposable, qu’aucune ville n’y a connu une croissance comparable à celle de São Paulo par exemple. Cette rapidité donne un abordage très différent des questions d’urbanisation et d’organisation des villes. Il y a comme une nécessité, presqu’une urgence qui transparaît dans le dessin des villes ici. Par ailleurs le rythme auquel s’effectuent les changements urbains est parfois presque effrayant : on démolit par-ci, on construit par-là, on démolit de nouveau par ici... Notre notion du patrimoine se retrouve piétinée dans ce pays, dans ces villes qui deviennent leur propre palimpseste. Le développement urbain paraît parfois s’être liquéfié ici, s’immisçant dans la moindre brèche, comblant le moindre espace sans construction, rasant sur son passage des zones entières. Dans beaucoup de villes, on a le sentiment qu’elles ont été dépassées par leur propre croissance. São Carlos, par exemple, dont le centre est quadrillé impeccablement, finit son expansion sur des quadrillages qui semblent avoir été agglutinés au fur et à mesure du développement de la ville. Le béton devient roi, à proximité des villes, anéantissant des paysages superbes, des zones rurales immenses. Et a contrario, entre deux villes énormes, on peut passer plusieurs heures sans voir la moindre trace de construction, voire presque de présence humaine. Ne pas s’y méprendre, rien n’est vide, rien ne peut même être qualifié de vide. Ces immensités naturelles, ces séquences de paysages ont autant de force que les villes dont elles sont voisines. La force de la nature, dans cet «entrevilles», ce territoire du «campo», de l’«interior», est une notion étrange en tant qu’Européen. C’est avec le temps que j’ai découvert qu’il fallait voir ces espaces comme un négatif des nôtres. En France, en Europe, nous vivons dans des zones denses, qui entre elles, sont ponctuées de petites zones de «vide». Ici au Brésil, c’est l’inverse. La force de ces grands espaces, la diversité qu’on y trouve, que ce soit de faune comme de flore donne à ces espaces une qualité non négligeable, un statut qui n’a rien à voir avec du vide. Au retour d’une année au Brésil, je suis moins directe dans mes jugements architecturaux, notamment quant à l’urbanisation, car j’ai vu, j’ai vécu dans des territoires qui n’avaient rien à voir avec ce à quoi je suis habituée. Il me semble avoir compris le pourquoi de ces villes gigantesques. J’ai compris aussi que les enjeux dans le processus d’expansion de la ville n’ont rien en commun avec ce que l’on connaît. Ici, on a logé les personnes avant de voir si la ville fonctionnait ainsi, on a paré au plus urgent, il y avait d’autres priorités. A plusieurs reprises, au cours de discussions avec les professeurs d’histoire de l’urbanisme, ils m’ont parlé des Européens «donneurs de leçons», qui critiquaient, depuis leurs fauteuils, les villes comme Rio ou São Paulo sans y avoir jamais mis les pieds, et sans vouloir en comprendre les enjeux. Après avoir été confrontée à ces villes, je suis plus posée dans mes jugements, moins directe, plus ouverte. Je ne veux pas faire partie de ceux qui critiquent sans connaître, de ceux qui voudraient appliquer au monde entier et parfois là où cela ne peut s’appliquer, des principes européens. Chaque pays, chaque continent a son histoire et il faut admettre que tout n’est pas transposable. Cette année m’a aussi permis une remise en question sur ma vision de l’architecte, de son rôle dans une société en expansion, avec une urbanisation si importante. Cela m’a remis un peu les pieds sur terre, quant aux questions de l’éthique, de l’engagement dont un architecte doit faire preuve. J’ai vu des gens vivre dans des endroits qui n’avaient rien d’un habitat, sans infrastructure, sur des terrains construits illégalement, dans des situations irrégulières... Je reviens donc avec la conviction que le rôle de l’architecte est avant tout social, humain et que nous nous devons de nous mettre au service des personnes, en plus de la dimension esthétique. Au cours des constructions effectuées avec l’organisme TETO, j’ai pris conscience, au contact des habitants et des autres «constructeurs», de l’immense potentiel d’une architecture et d’un urbanisme participatif dans le processus de projet, et plus tard de construction. Les échanges avec non seulement les usagers mais aussi avec ces personnes qui prennent part à la construction, venant de pays très différents, et amenant chacun une part de sa culture, de ses expériences, de son savoir-faire, pourraient être la clé d’une culture urbaine riche et durable.

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SAUDADE Revenue en France, il me manque du Brésil cette énergie, cette chaleur humaine incroyable et indescriptible, cette bonne humeur quasi perpétuelle. Il me manque aussi ce bruit, ce bourdonnement incessant de toute cette vie, dehors, dedans, avec cette explosion de couleurs. Il me manque cette musique, qu’elle soit faite des accents des gens qui discutent, ou composée de notes, jouées par un musicien. Partir dans un pays lointain, de l’autre côté d’un océan, en ne le connaissant presque pas m’a permis de m’immerger complètement dans ce que ce pays et ses habitants m‘offraient à découvrir. Cela m’a permis de dépasser les clichés, ceux que j’avais sur les Brésiliens, sur le Brésil en général mais aussi ceux que les Brésiliens pouvaient avoir de la France, des Français... Je reste encore admirative devant la gentillesse des Brésiliens, devant leur accueil. L’entraide, la convivialité et cette manière qu’ils ont de donner sans rien attendre en retour m’ont profondément marquée et je reste convaincue que nous autres Européens avons beaucoup à ré-apprendre. Cette année m’a aussi permise de me confronter à moi-même, à ma condition, à mes attentes, à mes peurs. Je sors de cette expérience grandie, plus sûre, plus mature, moins naïve, moins directe dans mes jugements. Je suis partie avec l’envie de connaître ce pays, je rentre avec la certitude d’en avoir découvert beaucoup, mais de tout de même laisser quelque chose d’inachevé, le sentiment que malgré tout, il me reste des tonnes de choses à découvrir encore. Le Brésil, et l’Amérique Latine en général sont des pays où je reviendrais, ça, c’est une certitude.

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OBRIGADA MERCI

Vient maintenant l’heure des remerciements à certains, et des encouragements à d’autres. Je ne laisse pas derrière moi, mais au contraire, je garde auprès de moi de très belles rencontres, certaines futiles, subtiles, d’autres constantes, tenaces. Remerciements en premier lieu pour mes parents, à ma famille et à Loïc, sans qui cette belle année n’aurait pas eu lieu, pour m’avoir aidé, pour l’administratif, pour les conseils de dernière minute mais aussi pour les encouragements, la gentillesse, la patience et les coups de pieds aux fesses à certains moments. Merci à Luciana et Ian, pour m’avoir accueillie, petite française sans un mot de portugais, pour m’avoir logée, et aidée dans toutes les démarches à mon arrivée au Brésil, pour m’avoir fait rencontrer des gens magiques, et pour m’avoir montré les petites merveilles de São Carlos. Merci au groupe de gringos Ane, Chris, Paulina, Enrique, Alex, Irene, Clara, Alvaro, José Angel, Philip, Isaac, Sabrina, Etienne, CarlosDaniel, ... pour cette superbe année à mélanger les langues, les cultures, les expériences, les voyages en Kombi et les fous rires. TAMOS XUNTOS ! Et merci à tous les Brésiliens qui ont croisé ma route, et surtout merci à ceux qui l’ont suivie, pendant un an, ou moins... Merci à Dário, mon coloc, mon premier prof de portugais finalement, mon partenaire fou rire et gastronomie, amateur de bons plans, et sourire à toute heure. Merci à Carol, ma coloc’, maman de la Jacomino, cuisinière hors-pair et confidente. Merci à la famille Pulerão, les meilleurs, Lévi, Bitoca, Gabito, Mudo, Pesca, Geri et Vitor pour tout ce qu’ils m’ont apporté, pour les churrascos, les longues soirées passées chez eux, à refaire le monde, pour les bons plans, la musique, le pop-corn et la bonne humeur perpétuelle. Merci à Def, Hugão, Tanga, Matheus, Rafael et RGS pour la découverte, l’énergie, les virées à São Paulo, les Fino e Farto, les soirées autour d’une bougie et d’une bière, à gratter des guitares plus ou moins accordées, les virées en Fusca jusqu’à des cachoieras qui n’existent sur aucune carte et les palquinhos mémorables... Merci aussi aux étudiants de l’IAU, pour l’aide, les sorties en vadrouille, les charrettes et les sourires : Cris, Talita, Deborah, Bia, Fer, Mirna, Inna, Clara, Avatar, Filipe, André, Ivan et Mike.

Merci aussi à Mme Danièle Ruffin, pour toute la peine qu’elle se donne pour que ces années se passent le mieux possible, et pour toute l’aide qu’elle m’a apportée.

Puis les encouragements, à tous ceux qui entreprendront une année universitaire, au Brésil ou ailleurs. Foncez, ne perdez rien de ce qui vous est offert. Certains aspects, surtout au début peuvent faire peur, mais ne loupez cette opportunité pour rien au monde !

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Minha Minha beleza

Minha querida


malouca Minha vagabunda

Minha galera..



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