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ÊTRE COMME LES AUTRES, GRÂCE À L'ÉDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE Aperçu historique et sociologique de la prise en compte du handicap en milieu scolaire Jean-Paul Callède ERES | Reliance 2007/2 - n° 24 pages 64 à 71

ISSN 1774-9743

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-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Callède Jean-Paul,« Être comme les autres, grâce à l'éducation physique et sportive » Aperçu historique et sociologique de la prise en compte du handicap en milieu scolaire, Reliance, 2007/2 n° 24, p. 64-71. DOI : 10.3917/reli.024.0064

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L’EPS n’est plus considérée comme une discipline « secondaire ». Cette opinion infondée a disparu, notamment avec la mise en place d’un cursus des études supérieures semblable à celui de toutes les autres disciplines enseignées à l’université. Il en est de même pour les professeurs des écoles qui possèdent aujourd’hui un niveau d’études et de formation analogue. L’EPS, avec ses composantes que sont les activités USEP ou l’AS (l’association sportive scolaire), est considérée comme un terrain pédagogique assez exceptionnel. En effet, ce terrain suppose des situations – et des formes – de développement des acquisitions motrices, de coopération, d’opposition et d’émulation ludiques, d’autoperception et de perception d’autrui, de rapport au corps et aux apprentissages techniques, etc., qui débordent largement l’expérience scolaire acquise dans d’autres matières d’enseignement. Pour autant, notre propre latitude pour aborder la question ne peut être que restreinte. Tout d’abord pour une évidente raison socioprofessionnelle : le sociologue que nous

››› 1. Chargé de recherche au CNRS (GEMAS, UMR 8598), Maison des sciences de l’homme, Paris, et Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine : Jpc@msha.fr L’auteur s’intéresse principalement à la sociologie des pratiques sportives et des politiques publiques du sport.

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Pour cela, nous avons examiné deux revues nationales : – la revue Informations UFOLEP-USEP (fondée en 1938), à partir de l’année 1974 (n° 78), qui devient En jeu. Une autre idée du sport, à partir de janvier 2000. Elle couvre l’enseignement public du premier cycle ; – la revue UNSS le sport scolaire, depuis le n°1 (septembre-octobre 1978), qui devient Équilibre. Les Cahiers de l’Union nationale du sport scolaire, à partir de septembre 2003 (n°1). Elle couvre l’actualité du sport des élèves des collèges et des lycées de l’enseignement public. Nous avons recensé les articles et autres informations relatifs à l’accueil des enfants et adolescents handicapés dans le cadre des activités sportives de l’enseignement primaire et secondaire, en prenant comme point de départ l’année 1975. La loi d’orientation du 30 juin 1975, en faveur des personnes handicapées, a fait du maintien ou de l’intégration en milieu scolaire ordinaire une priorité. Peut-on repérer dans les deux revues considérées des preuves tangibles de cette priorité ? Les deux périodiques sont des bulletins d’information à grand tirage, diffusés principalement dans les établissements scolaires. Ils proposent des articles d’information générale, traitent des grandes manifestations sportives, des événements locaux ou d’expériences et d’initiatives innovantes susceptibles d’être multipliées. Cet angle d’approche nous dispense de proposer une définition des handicaps compatibles ou incompatibles avec une scolarisation ordinaire et la participation à l’EPS.

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Au tournant de 1975. Le double isolement des enfants et adolescents handicapés... Une lente évolution des mentalités Au moment de la promulgation de la loi de 1975, bien des enfants et adolescents handicapés paraissent subir un double isolement : une discrimination par rapport au type de scolarisation, une discrimination par rapport aux activités d’éducation physique et sportive au sein des établissements scolaires. Dans un livre fort intéressant publié quelques mois avant la loi de 1975, Philippe Boitel note qu’une « société se mesure à sa façon de regarder et d’accueillir ceux que la vie a blessés, d’une façon ou d’une autre 4 ». Les résistances sont multiples. Pourtant, rappelle l’auteur, des solutions fécondes existent. Le chapitre 8 examine les conditions de scolarisation : « Donner aux enfants des chances égales » (p. 129-152). « Cela va vous surprendre, mais la pédagogie n’est pas le plus important », témoigne cette directrice d’une école de la banlieue parisienne. « Notre première tâche est donc de leur faire comprendre qu’ils sont comme les autres, et pour y parvenir nous devons persuader ceux avec qui ils vivent, parents, maîtres, camarades, créer un climat » (p. 129). « C’est finalement une merveilleuse éducation morale pour tout le monde » (p. 130). Des parents peuvent se montrer réticents à l’idée que leur propre enfant côtoie un ou plusieurs enfants handicapés de son âge. « Les

››› 2. Par exemple : Monique Pasqualini, Bernard Robert, Handicapés physiques et inaptes partiels en EPS (Actes de l’université d’automne, 24-28 octobre 1994, faculté des sciences du sport et de l’éducation physique de l’université de Lille 3), Dossiers EPS, n° 23, Paris, éd. EPS, 1995 (285 p.). 3. Voir en particulier la série d’articles publiés par JeanPierre Garel, professeur agrégé d’EPS (Centre national d’études et de formation pour l’enfance inadaptée, CNEFEI), tout au long de l’année 2003 (« Année européenne des personnes handicapées ») dans la Revue EPS (n° 299 à 304) et dans la revue EPS 1, qui traite des enfants de 3 à 11 ans (n° 112 à 115). 4. Philippe Boitel, Les hommes blessés, Paris, Stock (préface de Georges Hourdin), 1975.

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enfants “valides” sont-ils vraiment traumatisés par la vue d’un petit handicapé ? L’expérience prouve le contraire » (ibid., p. 146). Une autre enseignante, qui est en charge d’enfants handicapés moteurs, indique qu’une égalité peut exister entre tous les enfants : « Il y a les compositions, les examens blancs d’entrée en sixième ou de CEP, aux sujets identiques et aux classements communs ; il y a les activités annexes : chorale, gymnastique, natation (les brevets de vingt-cinq et cinquante mètres sont aussi nombreux chez les handicapés que chez les valides) » (p. 149).

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De telles initiatives, heureuses à l’évidence, sont encore exceptionnelles. À l’époque, bien des chefs d’établissements et enseignants hésitent à innover. On peut comprendre leur attitude. Certains redoutent un possible accident qui engagerait leur responsabilité morale. D’autres craignent des protestations de parents d’enfants valides. D’autres encore hésitent à admettre des enfants ou des adolescents dans des locaux mal adaptés. L’enseignant, l’enseignante en EPS peuvent appréhender de se retrouver démunis, confrontés à l’inconnu, car sans formation ou expérience concrète de ce type de situation pédagogique et humaine... L’année 1981 est déclarée « Année internationale des personnes handicapées ». A-t-elle permis de repenser l’accueil des jeunes handicapés dans les établissements scolaires ? Une possible participation aux activités et jeux d’éveil sportif, aux cours d’EPS et à l’animation de l’association sportive a-t-elle suscité des discussions, des échanges, des propositions innovantes ? Rien n’est moins sûr. Le directeur de la revue Actions et recherches sociales consacre le dernier volume de l’année au thème « Handicaps-inadaptations 5 ». Il s’interroge dans son éditorial. La fin prochaine de cette année singulière « n’annonce-t-elle pas le déclin d’un intérêt, l’effacement d’un thème qui participait d’une mode intellectuelle saisonnière ? ». La revue de l’UFOLEP et de l’Union sportive de l’enseignement primaire Dans la revue Informations UFOLEP USEP (n° 96), le directeur d’une SES relate l’ambiance d’un rassemblement sportif qui permet à des élèves de divers établissements scolaires de

››› 1981 est déclarée « Année internationale des personnes handicapées ».

Nancy de se retrouver. Le principe est acquis depuis quelques années déjà. « Ce jour-là, le 17 juin 1975, nous étions loin, bien loin de l’éducation physique traditionnelle. Et que dire de l’identification de ces enfants au “vrai sportif” ? Cette manifestation, note l’auteur, est porteuse des signes qui “représentent l’essence d’une intégration réelle, fondée [...] sur la reconnaissance de l’autre selon ses aptitudes” » (p. 27). Deux autres articles, publiés dans les années 1980, apportent l’illustration d’expériences locales : dans le département de l’Oise (n° 176, janvier 1984), à Villeneuve-sur-Lot (« L’UFOLEP à la disposition des handicapés ou le sport pour tous », n° 205, décembre 1986). De telles actions sont en place depuis plusieurs années et il en existe sans doute d’autres, qui n’ont pas fait l’objet d’articles dans cette revue. La revue de l’Union nationale du sport scolaire Passons maintenant aux collèges et aux lycées avec la revue de l’UNSS (Union nationale du sport scolaire). Durant les premières années, c’est-à-dire du n° 1 (1978) jusqu’à la nomination de Jacqueline Gaugey à la direction de l’UNSS, au mois de juillet 1990, aucun article ou compte rendu n’évoque le cas des enfants ou adolescents handicapés susceptibles d’intégrer les AS d’établissements. La revue traite des grandes compétitions scolaires (sélections académiques, championnats de France, compétitions internationales...) dans les sports les plus classiques : athlé-

››› 5. Actions et recherches sociales, « Handicaps-inadaptations »,Toulouse, érès, décembre 1981, n° 4.

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tisme, gymnastique, natation, sports collectifs. La notion de sport de masse est surtout évoquée à propos des épreuves de cross disputées à l’échelon infra-académique. Le sport scolaire, c’est essentiellement « le vivier »... du sport civil et des fédérations. Deux opportunités supplémentaires de vérification d’une évolution positive

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Les deux grandes revues françaises consacrées à l’éducation physique apportent-elles des éléments d’information complémentaires 6 ? Durant les années 1980, la revue EPS. consacre quatre articles aux jeunes handicapés et à leurs activités sportives (1983, 1985, 1985, 1988), dont un seul traite du contexte scolaire. Ce sont les premiers jalons d’une revue qui a vu le jour au mois de juillet-août 1950 (n°1). Au mois de janvier 1981 est fondée la revue EPS 1, qui traite de l’enfant de 3 à 12 ans, couvrant ainsi l’école maternelle et l’école primaire. En 1987, deux numéros de la revue (32 et 35) proposent cinq contributions relatives aux jeunes handicapés. Incontestablement, la revue entend attirer l’attention sur une problématique éducative qui est encore largement en friche. Que conclure à propos de ces années antérieures à 1990 ? Il existe des textes qui garantissent l’intégration des enfants et des adolescents handicapés « dans les établissements scolaires ordinaires », et qui invitent à définir les conditions matérielles et pédagogiques d’une éducation physique et sportive ouverte à ceux-ci 7. Cependant, il manque sans doute aux enseignants et aux futurs enseignants une formation adéquate. Bernard Robert évoque cette « période » qui suit « la suppression de l’option “rééducation” au CAPEPS » avant que la filière activités physiques adaptées (APA) ne prenne son essor dans les UFR STAPS des universités 8. Le rapport publié en 1986 par le professeur Henri Lafay 9, réalisé à la demande du ministre des Affaires sociales et de la Solidarité, du ministre de l’Éducation nationale et du secrétaire d’État à la Santé, explique sans doute la mobilisation des auteurs qui vont publier l’année suivante des analyses pionnières dans la revue EPS 1.

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L’impact de la loi d’orientation sur l’éducation du 10 juillet 1989 Cette loi réaffirme des principes énoncés dans la loi de 1975, tout en ouvrant une perspective nouvelle. Dans les missions qui sont dévolues au système éducatif, elle souligne l’importance de l’intégration scolaire pour le développement affectif et intellectuel des enfants, préadolescents et adolescents présentant des handicaps. Cette intégration est source d’enrichissement réciproque. Elle permet la mise en pratique et le partage de valeurs comme la solidarité, la responsabilité, la tolérance. La vie scolaire s’enrichit par la cohabitation des jeunes, par la mixité dans les heures d’enseignement et dans les cours de récréation. Elle ouvre sur la citoyenneté. Conjointement, la « société sportive » est en train d’évoluer de façon spectaculaire. Les sportifs qui ont un handicap physique, sensoriel ou mental sont beaucoup mieux organisés que dans les années antérieures. Les attitudes des jeunes à l’égard du sport connaissent une diversification croissante dans les pratiques comme dans les attentes exprimées. « Courir, sauter, se dépasser comme les autres… » Quelle place la revue de l’UFOLEP-USEP accorde-t-elle aux jeunes handicapés ? Elle a

››› 6. Pour cela, nous avons utilisé les données constituées par la base de données Héraclès (ex-association sportdoc), de l’INSEP, et bénéficié de l’efficacité de Christine Badoc-Moreno, ingénieur d’études, responsable du Centre de documentation et bibliothèque de la faculté des sciences du sport, université Victor-Segalen, Bordeaux 2. 7. Pour un récapitulatif de ces textes et circulaires, voir en particulier : M. Pasqualini et B. Robert, op. cit., p. 237 et 238. 8. Bernard Robert, « Présentation », dans M. Pasqualini et B. Robert, op. cit., p. 13. 9. Henri Lafay, L’intégration scolaire des enfants et adolescents handicapés. Rapport au ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, au ministre de l’Éducation nationale et au secrétaire d’État chargé de la Santé, Paris, La Documentation française, 1986.

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signé en 1991 une convention avec la Fédération du sport adapté (FFSA). Trois ans plus tard, elle présente le guide édité par la FFHS, qui vient d’être réalisé par la commission « Handi-jeunes » de celle-ci (n° 277, février 1994, p. 16). Quelque temps plus tard, elle publie deux portraits de jeunes sportifs handicapés qui sont aussi des exemples de courage et de persévérance : « Grand témoin. Ludovic Rey-Robert » (n° 278, mars 1994, p. 2 et 3) ; « Grand témoin. Paul-Philippe Vandesompele » (n° 301, juin 1996, p. 2-4).Toutefois, il semble que la conception de la revue, durant cette décennie, ne permette pas de traiter efficacement une information diversifiée. À l’avenir, il conviendra d’améliorer la conception de la publication.

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C’est chose faite à partir du mois de janvier 2000. La nouvelle revue change également d’appellation. Désormais, elle a pour titre En jeu. Une autre idée du sport. De fait, les articles qui abordent les activités physiques et sportives des personnes handicapées sont plus nombreux (n° 348, avril 2001 ; n° 352, octobre 2001 ; n° 355, janvier 2002). Le numéro de janvier 2002 publie un article important : « Courir, sauter, se dépasser comme les autres » (p. 24-25), qui exprime les aspirations de ces jeunes qui pratiquent le sport à l’USEP. L’institut médico-éducatif de Baule, près de Meung-sur-Loire, est affilié à l’USEP. Les enfants pratiquent 1 heure 30 d’EPS en temps scolaire. Ils participent aussi à divers regroupements sportifs à l’extérieur. « C’est bien de mélanger les jeunes », souligne Gérard Renault, moniteur sportif de l’établissement. Le n° 360 (juin 2002) propose un dossier « Sport et handicap » (p. 913). Au niveau du sommaire (p. 3), on peut lire : « Si le sport des personnes handicapées est sorti de l’anonymat, il lui reste encore à trouver toute sa place parmi les valides. » La démarche suppose un effort soutenu : le respect mutuel, aller vers l’autre, élargir la participation aux rencontres USEP, avec le soutien des enseignants d’EPS (ibid., p. 27)... À l’approche de 2003, déclarée « Année européenne du handicap », l’UFOLEP-USEP multiplie les initiatives locales et la revue s’en fait l’écho. L’année 2003 est effectivement des plus mobilisatrices. « Le fait que 2003 ait été déclarée “Année européenne du handicap” est un encouragement supplémentaire à tra-

vailler davantage ensemble », souligne Arnaud Jean, adjoint à la direction UFOLEP. Un groupe de travail national vient de se constituer. Un tiers des comités de l’USEP déclarent mener une politique d’intégration et d’ouverture, avec des contacts désormais plus fréquents avec les acteurs de la FFSA. Changement de cap à l’UNSS : « s’intéresser à tous les élèves, sans exclusive » La nomination de Jacqueline Gaugey à la direction de l’UNSS provoque un changement radical de perspective pour l’AS et le sport scolaire. La conférence de presse que tient la nouvelle directrice, le 15 novembre 1990, est sans équivoque à ce sujet. Trois aspects sont mis en avant. Il ne s’agit pas de négliger la compétition sportive, mais il est rappelé que l’identité de l’UNSS tient d’abord à sa vocation de « formateur auprès de ses élèves adhérents », avec « une activité largement complémentaire de l’enseignement ». Ensuite, il s’agit d’« intégrer l’AS à la vie scolaire ». Enfin l’UNSS doit « s’intéresser à tous les élèves, sans exclusive 10 ». Dans une revue dont la conception technique vient d’être améliorée, qui compte près d’une cinquantaine de pages par numéro, l’intégration des jeunes sportifs handicapés est désormais une préoccupation constante. Le n° 66 (septembre 1991) publie un dossier handisport de cinq pages illustrées : « Victoire sur le handicap ! » (p. 35-39). Un autre dossier est présenté dans le n° 69 (mars 1992, p. 5-10) 11 et l’éditorial de la directrice définit la pers-

››› 10. Direction nationale, « Conférence de presse de l’UNSS », UNSS, n° 63, janvier 1991, p. 5. Les jeunes handicapés « sont scolarisés comme les autres, même lorsqu’ils appartiennent à des centres spécialisés ». L’UNSS envisage de mesurer « dès cette année scolaire la faisabilité de compétitions scolaires handisports » (ibid.). 11. Jean-Luc Canal, Jacques Chamayou, Philippe Chotard, Nicole Rosseto et Henri Baudet, « L’intégration en milieu naturel », UNSS, n° 69, mars 1992 (p. 7-10). Les APS ont été analysées et choisies selon le modèle proposé par Gilles Bui-Xuân : « Méthodologie et didactique des APS adaptées », dans François Brunet et Gilles Bui-Xuân (sous la direction de), Handicap mental, troubles psychiques et sport, coédition FFSA et AFRAPS, mai 1991 (voir p. 11-26).

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pective générale qui guide l’UNSS. « Nous le savons tous maintenant, l’UNSS a un projet “Sport intégré” qui s’inscrit dans l’objectif de mettre en application la loi Jospin sur l’Éducation [...]. Pour nous, à travers les formules et les contenus que nous proposerons, il s’agira donc de permettre avant tout une pratique conjointe et consentie d’enfants valides et non valides entre eux » (p. 4). Le bulletin suivant (n° 70, juin 1992) propose un article sur « Les Jeux paralympiques » (p. 10-12) et un dossier de synthèse des actions « Sport intégré » qui occupe plusieurs pages (p. 13-17). « Le sport intégré est un axe majeur important que développe l’UNSS depuis maintenant trois ans. » Le dossier détaille les diverses actions menées dans chaque académie ou département et il présente les grandes lignes de la convention UNSS/FFSA signée le 26 février 1993. Par la suite, il n’est plus un bulletin UNSS qui ne propose une information sur la progressive intégration des jeunes handicapés par l’activité sportive. Dans les AS, les enseignants d’EPS favorisent la formation de jeunes dirigeants, de jeunes qui souhaitent animer des projets et d’arbitres

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en particulier. Cette dynamique vient enrichir la qualité humaine des activités sportives organisées dans les établissements scolaires. Au mois de janvier 1995, Jean-Louis Boujon succède à Jacqueline Gaujey à la direction de l’UNSS. La ligne de conduite définie cinq ans plus tôt est réaffirmée. Le n° 84 (mars 1995) fait un point détaillé des actions réalisées dans le cadre de l’UNSS. Les conventions signées d’une part avec la FFSA et d’autre part avec la FFHS « ont permis de régulariser les actions menées dans les départements et régions en faveur des élèves handicapés 12 ». Le bulletin n° 93 (janvier 1997) présente un bilan éloquent des avancées : « Vers une sensibilisation accrue » (p. 5-8). « L’égalité des chances suppose le respect des différences

››› 12. « Rappelons la règle générale appliquée à l’UNSS. Quelle que soit l’activité choisie, celle-ci doit concerner des équipes mixtes constituées d’élèves de collège ou lycées régulièrement licenciés à l’UNSS avec des élèves issus des structures de l’Éducation nationale (EREA, IMP, IMPRO) ou de centres spécialisés, licenciés soit à l’UNSS, soit à la FFSA, soit à la FFHS. »

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[...] C’est pourquoi les voies proposées, les réponses pédagogiques, doivent être mieux adaptées et plus respectueuses de cette diversité. C’est ainsi que le nouveau contrat pour l’école introduit le chapitre “Accueillir et promouvoir la diversité”. Dans ce contexte, le sport intégré à l’UNSS se doit d’apporter une réponse, même modeste, mettant en application le respect de ces différences », peut-on lire dans l’introduction de l’analyse. Lorsque le bulletin UNSS fête son centième numéro, Mireille Dréan et Gilles Roquefeuil retracent l’évolution de la revue : « Vingt ans, pour cent ! » (p. 5-14). Les auteurs n’oublient pas l’action développée dans le domaine de l’intégration des jeunes handicapés. « Une autre grande orientation dont la revue se voit tout à la fois témoin et instigatrice concerne le développement du sport intégré [...]. Chaque année un rapport d’étape fait le point des réalisations départementales et académiques » (p. 11). Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 109.190.111.104 - 26/03/2015 15h33. © ERES

À partir du n° 102 (janvier 1999), les lecteurs du bulletin UNSS vont être invités, par exemple, à suivre le projet mis en œuvre par le collège Jean-Rostand de Quétigny (Côted’Or) : « Projet Handi-EPS. Une démarche citoyenne » (p. 5-9). « Il a pour objectif spécifique la contribution de l’EPS à l’intégration des élèves à handicap physique de (l’)établissement pour favoriser leur insertion. » Il est soutenu par deux grands axes : « accepter l’autre dans sa différence, favoriser des liens, avoir un autre regard sur le handicap ; accepter son corps comme source possible de plaisir ; augmenter, élargir et varier les champs d’expérience corporelle en favorisant une image positive de soi, pour gagner une autonomie » (p. 5). Dans la conclusion du dossier, les auteurs, Dany-Claude Balzer, Nicole Chassaing et Jean-Pierre Fleutiaux, soulignent les dommages engendrés par le redoublement social du handicap. « En fait, le plus grand handicap pour ces jeunes est de ne jamais avoir eu accès à l’ensemble des expériences habituelles d’enfants du même âge, ce qui entraîne souvent des frustrations et un manque de confiance en soi 13 » (p. 9). Le numéro 113 de la revue (mars 2001) propose un dossier-bilan sur le sport intégré : « Quand le sport arrive à gommer les diffé-

››› Les années actuelles portent déjà le fruit de ces avancées culturelles. rences » (p. 14). L’article décrit de façon détaillée le maillage territorial des différents partenariats institutionnels qui définissent « les conditions de participation en Sport intégré à l’UNSS ». Ceci concerne « des équipes mixtes constituées d’élèves de collèges ou de lycées licenciés à l’UNSS, associés à des élèves issus des structures de l’Éducation nationale (EREA, SES, SEGPA, IMP, IMPRO) ou centres spécialisés, soit licenciés à l’UNSS, soit à la FF Sport adapté, soit à la FF Handisport » (ibid.). La revue va multiplier les témoignages d’expériences réussies, mûrement préparées et nécessitant un investissement important des élèves, valides et non valides, jusqu’au n° 123 (mars 2003) qui met l’accent sur : « 2003, Année européenne du handicap et de l’intégration ». La revue change d’appellation avec la parution du bulletin de la rentrée scolaire 2003-2004. Elle devient : Équilibre. Les Cahiers de l’Union nationale du sport scolaire (n° 1, septembre 2003). Dans son éditorial, Jean-Louis Boujon décline les significations du mot « équilibre ». Il s’agit de mettre l’accent sur les valeurs constitutives du sport scolaire. Convergence des efforts avec l’Année européenne du handicap et de l’intégration (2003) L’examen de la revue EPS 1 et de la revue EPS confirme une attention commune portée vers 1995-1996 aux questions pédagogiques relatives à l’éducation physique et sportive des enfants et des adolescents handicapés. C’est probablement la parution du Dossier EPS n° 23, publié un an auparavant par

››› 13. Et de poursuivre : « En liaison avec le médecin de l’Éducation nationale, l’infirmière et les autres enfants intervenants-citoyens, soyons à l’écoute, contribuons à faire changer les statistiques » (dossier cité, p. 9).

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ÊTRE COMME LES AUTRES, GRÂCE À L’ÉDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE

Monique Pasqualini et Bernard Robert, conjuguée à une plus grande visibilité de la filière Activités physiques et sportives adaptées (APSA) dans les UFR STAPS qui expliquent cette effervescence. En revanche, on ne trouve pas l’équivalent de l’effet de la « Loi Jospin », qui a une incidence spectaculaire sur les options affichées par l’UNSS, au tout début des années 1990, grâce à l’impulsion donnée par Jacqueline Gaujey, première femme à diriger l’UNSS. L’ouvrage dirigé par François Brunet et Gilles Bui-Xuân, publié en 1991, fournit une assise méthodologique de première importance 14. Enfin, à l’approche de l’Année européenne du handicap et de l’intégration (2003) et durant cette même année, on constate que les quatre revues qui nous intéressent sont largement mobilisées par cette problématique retraduite en termes d’actions novatrices et/ou de nouveaux projets à réaliser.

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Les années actuelles portent déjà le fruit de ces avancées culturelles. La nouvelle loi du 11 février 2005 sur l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes en situation de handicap est un jalon supplémentaire dans la voie tracée. Cependant, note Charles Gardou, « un texte, fût-il gravé sur le marbre, ne garantit pas sa mise en actes, qui, elle seule, constitue l’épreuve de vérité 15 ». Avec compétence, modestie et persévérance, l’ouverture à tous de l’éducation sportive placée au cœur de l’école de la République n’est-elle pas l’une des marques essentielles de cette épreuve de vérité ? C’est la conviction exprimée dans la contribution de l’USEP au journal des 6-12 ans : Mon Quotidien (décembre 2004), dont l’idée revient au pôle national Sport et handicap implanté au CREPS de Bourges. Pour conclure, retenons tout d’abord le mouvement irréversible qui se dessine à l’échelle des trois « décennies » – 19752005 – en faveur de l’acceptation des enfants, pré-adolescents et adolescents handicapés dans les cours d’EPS, au sein des AS et dans le cadre de rencontres sportives interscolaires placées sous le signe de la convivialité. Ce que le sport civil traite de manière spécifique, voire mécanique, compte tenu de ses catégorisations de pratiquants et pratiquantes poussées à l’extrême, le sport à l’école, au collège et au lycée lui donne une tout autre ouverture sociale, culturelle et éducative.

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Le philosophe Bernard Jeu considère que le sport constitue « une contre-société contredite ». Une « contre-société » car elle peut se démarquer de la société ordinaire, en privilégiant la solidarité, la communication et la coopération désintéressée. Une contresociété « contredite » car souvent l’argent, le racisme, la violence, la tricherie viennent à bout de sa relative porosité. Cependant, avec l’éducation sportive et la rencontre de l’autre autour du prétexte sportif, qui ont pour cadre l’institution scolaire, il en va tout autrement. Dans cette expérience exceptionnelle, qui bénéficie de l’indispensable soutien des enseignants, le « monde sportif » constitué apparaît bien comme une contre-société qui invente l’abolition des inégalités physiques, sans rien perdre ni du plaisir ni des émotions partagées, apportant même un démenti aux prétendus usages observables dans la société d’aujourd’hui. Comme une anticipation de la société de demain... C’est l’histoire – récente – de cette rencontre sportive entre des jeunes acceptant leurs différences, de mettre en commun ces mêmes différences, et se construisant les uns et les autres, les uns par les autres, qu’il nous est apparu utile de restituer dans les limites de la présente étude 16.

››› 14. François Brunet et Gilles Bui-Xuân (sous la direction de), op. cit., 1991. 15. Charles Gardou, « Non ! Le débat n’est pas clos avec l’adoption de la loi sur le handicap », Pour. L’éducation, l’enseignement, la recherche, la culture, n°103, avril 2005, p. 30. L’auteur est président-fondateur, avec Julia Kristeva, du conseil national « Handicap : sensibiliser, informer, former ». Dans son témoignage, il rappelle que rien n’est jamais définitivement acquis : des formes larvées d’inaction et d’exclusion sont toujours à craindre. 16. Nous n’ignorons pas pour autant la complexité de la question. Dans un ouvrage récent, le docteur Bernard Allemandou, pédopsychiatre, insiste sur les tensions qui traversent ce champ d’action. « Les jeunes handicapés forment un groupe tout à fait hétérogène que la famille, l’école ordinaire ou l’hôpital ont du mal à accepter : ils désespèrent leur famille, l’école les trouve trop peu normaux, l’hôpital ne les trouve pas assez malades, et ceci depuis plus de cent ans », Bernard Allemandou, Histoire du handicap. Enjeux scientifiques, enjeux politiques, Bordeaux, Les Études hospitalières, 2001 (citation extraite de la quatrième de couverture).

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