DOSSIER COMPLÉMENTAIRE
Vous l’aurez compris à la lecture de l’ouvrage Mon Cœur, Mon Stress, Ma Santé, apprendre à connaître son cœur et son corps est essentiel afin de mener une vie saine. Constitué d’interventions de spécialistes de la santé et d’astuces supplémentaires, ce dossier complémentaire vous apprendra à vous protéger des ennemis au bien-être présents dans votre quotidien, qu’ils soient dans votre cerveau, votre assiette ou dans l’air ambiant. Des conseils à appliquer sans modération, pour avoir le cœur léger !
Chapitre 1 : Comment fonctionnent le cœur et le cerveau ?
Comprendre l’impact des troubles psychiques sur la santé et le développement des troubles mentaux
Quelles sont les conséquences d’un état de stress, d’angoisse sur la santé ? D’abord il faudrait la définir. La santé selon l'OMS est un état complet de bien-être physique, mental et social. Ce bien-être ne se résume certainement pas à l'absence de maladies organiques ou d'un handicap.1
Avoir la santé est bien entendu important puisque l’équilibre de l’individu passe par un bien-être physique et psychique.
En Belgique, d’après les données Sciensano (01/2020) :
Lorsqu'une personne présente des altérations de son état cognitif, de ses pensées ou de son comportement, on parle de « trouble mental ». Selon l'OMS, 1 personne sur 8 dans le monde présente un trouble mental, la santé mentale est donc une préoccupation de tous.
1 personne sur 3 témoigne d’un mal-être psychologique, dont les principales difficultés relevées sont de se sentir constamment tendu et stressé (29 %), de manquer de sommeil à cause de soucis (23%), ainsi que de se sentir malheureux ou déprimé (20%)
Les données belges témoignent aussi d’une certaine pénétrance des troubles mentaux, avec 11% de la population qui serait affectée par de l’anxiété2 Pas très encourageant. Toutefois, l’anxiété dont on parle n’est parfois que très passagère et ne se mue pas nécessairement en une maladie mentale sévère. L’anxiété hivernale appelée aussi
1 New York, 19 juin -22 juillet 1946; signé le 22 juillet 1946 par les représentants de 61 États. (Actes officiels de l'Organisation mondiale de la Santé, n°. 2, p. 100) et entré en vigueur le 7 avril 1948.
2 https://www.sciensano.be/fr/coin-presse/plus-d1-personne-sur-10-en-belgique-souffre-dun-troublemental
saisonnière, où l’individu se sent anxieux à l’idée de s’enfoncer dans plusieurs mois pluvieux, froids et sans lumière, n’a rien à voir avec le choc post-traumatique d’une victime d’attentat. Il sera donc important dans ce chapitre de rediscuter des affections les plus fréquentes que sont les troubles relatifs à l’anxiété, et la dépression. Les troubles mentaux sont aussi de nature polyfactorielle, ce qui rend le diagnostic parfois ardu, avec des liens complexes entre la génétique, et l’environnement.
Chapitre 2 : les émotions et le cerveau
La dopamine en pharmacie
Usagethérapeutique d’agonistes de la dopamine
Les agonistes de la dopamine sont en médecine des médicaments qui « imitent » le neurotransmetteur naturel et reproduisent sa fonction. Les agonistes de la dopamine se lient aux récepteurs spécifiques de celle-ci situés sur les cellules nerveuses du cerveau et les activent, ce qui permet en retour à ces neurones de réagir de la même manière qu'ils le feraient sous l’influence de la dopamine naturelle.
Les applications médicales sont nombreuses, en voici quelques exemples :
Traitement de la maladie de Parkinson.
Traitement de la dépression.
Syndrome des jambes sans repos.
Troubles de l'attention avec hyperactivité.
Baisse de la libido.
Hypersécrétion de prolactine.
La maladie de Parkinson est une pathologie neurologique incurable, qui touche la motilité des individus. Chutes, tremblements, difficultés majeures à se mouvoir, dépression sont les traits caractéristiques de cette affection sévère. L’usage de dopamine, et plus récemment de neurostimulateurs (sorte de pacemaker), permet au patient de retrouver de l’autonomie.
Usage thérapeutique d’antagonistes de la dopamine
À l’inverse des agonistes, les antagonistes contrecarrent les effets du neurotransmetteur. Ils inhibent la captation de la dopamine par le nerf, et l’empêchent en quelque sorte de refaire ses stocks. Les inhibiteurs de la recapture de la dopamine dans la synapse sont utilisés pour traiter la dépression, pour aider le patient à surmonter certaines dépendances telles que le tabagisme, la suralimentation, la cocaïne.
Les applications médicales sont parmi les suivantes :
Certaines dépressions.
Narcolepsie.
Addiction à la cocaïne.
Arrêt du tabagisme.
Agitation.
Antiémétique (nausées, vomissements)
Améliorer son propre taux de dopamine : qu’en est-il ?
Aucune étude sérieuse ne peut affirmer qu’une certaine forme d’alimentation permet de maintenir des taux satisfaisants de dopamine, ou de contrer une quelconque déficience naturelle. Les effets de l'alimentation sur la concentration de tous les neurotransmetteurs dont la dopamine doivent toujours faire l'objet de recherches plus approfondies. Cependant, on ne saurait trop insister sur le fait qu’une alimentation équilibrée, plutôt riche en magnésium et en tyrosine serait à privilégier, car ces substances qui sont naturellement présentes dans des fruits et légumes sont des éléments indispensables à la production de dopamine.
La tyrosine est un acide aminé, qui constitue l’élément de base nécessaire à la fabrication des protéines de notre organisme. Elle est absorbée au niveau du tube digestif après le repas puis se rend ensuite au niveau du cerveau, où elle est transformée en dopamine (tyrosine → L-dopamine → dopamine). Elle est aussi précurseur d’hormones thyroïdiennes et intervient dans de nombreux processus métaboliques. Les aliments connus pour augmenter la dopamine sont entre autres :
Les amandes
Les noix de cajou
Les pommes
Les flocons d'avoine
Les avocats
Les agrumes
Les petits pois
Les graines de sésame et de citrouille
Les tomates
Le curcuma
La pastèque
Les germes de blé
Certaines viandes comme le poulet
Le chocolat
Participer à des activités qui vous rendent heureux ou vous détendent stimule sa production. Une vie saine est indissociable de l’activité physique, et des sentiments de
bien-être que cela procure. Il semble que l'exercice, la méditation, lire un bouquin, pratiquer du yoga, se balader dans la nature pourrait favoriser le maintien de taux de dopamine. Même en l’absence d’évidence scientifique concernant la dopamine, ces pratiques ont des effets très positifs pour la santé globale, et bien entendu cardiovasculaire. On ne peut que les recommander.
Chapitre 3 : décrypter l’anxiété et le stress qui pèsent sur le
cœur
L’inquiétante montée du stress chez les jeunes
Par Doris Van Cleemput, psychologue au département « Enfants et leur famille » du Service de santé mentale Chapelle-aux-Champs (Woluwe-Saint-Lambert) et directrice du Planning familial d’Evere, interviewée par Pierre Guelff.
Pierre Guelff : Alors que le monde scientifique, les enseignants, les médias… font état d’une inquiétante montée du stress chez les jeunes, quelle est concrètement la situation que vous observez sur le terrain ?
Doris Van Cleemput : Effectivement, le stress chez les jeunes est en augmentation importante dans notre société, les statistiques le prouvent suffisamment en termes de santé mentale : les attentes et délais pour une consultation chez un psychologue sont interminables, il y a l’obligation de démultiplier les psychologues de première ligne, de compter sur l’apport d’aide de métiers parallèles (coaching, développement personnel…) qui tentent aussi de répondre à un sentiment de mal être croissant, plus particulièrement chez les enfants et les adolescents.
PG : Un public très spécifique ?
DVC : Il s’agit d’une patientèle avec davantage de difficultés à détecter le stress chez les enfants par rapport aux adolescents où c’est plus criant au niveau des symptômes, par exemple.
Je relève deux sources de perturbations chez les jeunes. D’abord, il y a la question de la temporalité avec les événements qui vont nettement plus vite par excès d’information et de pléthore de réseaux sociaux avec leur lot de fake news ou de vraies informations.
L’autre source est la perte de repères liée à la précédente : ces jeunes peuvent très vite plonger dans des climats conflictuels, pensons aux pays en guerre, au harcèlement, à la violence, aux abus, aux problèmes climatiques, à l’écoanxiété… Il faut aussi considérer que le stress découle peut-être d’un sentiment individuel et non plus collectif et qu’il s’inscrit alors dans une certaine solitude et un questionnement sur l’avenir.
On est davantage face à soi-même et, par corollaire, les solutions doivent venir de nous, d’où un stress supplémentaire.
Dans tout ce contexte, cela souffle le chaud et le froid à en perdre les balises auxquelles on s’accrochait.
Tout est devenu mouvant, rapide. On prend moins le temps de penser tant on est pris par le flot des informations.
PG : Quels sont les symptômes que l’on peut déceler chez ces jeunes en perdition ?
DVC : Ils sont variables : il y a autant de stress que de personnes stressées ! En santé mentale, chez les enfants, cela peut se traduire par de l’agitation, mordiller ses manches ou autres cordons, pour d’autres, plus âgés, cela peut être du repli sur soi, de la consommation et de l’addiction à l’alcool, aux drogues, des problèmes d’alimentation et de sommeil, des TICS (troubles nerveux involontaires) et TOCS (troubles nerveux issus d’une véritable réflexion) afin de pouvoir se rassurer…
PG : Quelle est votre approche thérapeutique avec les jeunes ?
DVC : Pour aborder cette patientèle, il est important de favoriser des liens de confiance avec le soignant ou l’adulte de référence pour, justement, remettre un peu de collectivité dans cet état.
D’où, la nécessité de développer la prévention en première ligne avec des zones d’accueil et de soins qui permettraient, justement, d’éviter de graves symptomatiques, des soins thérapeutiques et hospitaliers. Il ne faut donc pas banaliser le côté « stress » !
Ce qui n’est pas toujours évident compte tenu de la rude mise à l’épreuve de la profession médico-psycho-sociale et le manque de reconnaissance sur les plans financier et politique, par rapport au travail effectué.
Ainsi, comme, parfois, il n’y plus assez de places en milieu hospitalier pour des situations graves (tentatives de suicide, scarification, vie en danger…), cela doit alors se gérer en ambulatoire.
Néanmoins, les plannings familiaux, plus facilement accessibles comme acteurs de première ligne, ainsi que les services de santé mentale, sociaux, les PMS, PSE… deviennent à leur tour saturés, il y a le risque de ne pas considérer l’enfant stressé comme un cas forcément important.
DVC : Faites-vous une différence dans la gestion du stress des filles et celui des garçons ?
DVC : Dans ce cas, je ne suis pas encline à aborder le stress de manière différente. Je pense qu’il faut pouvoir assumer une saine relation soignant-patient, de questionner,
de soutenir, de permettre au patient de (re)prendre un peu de liberté dans sa gestion du stress et, précisément, de ne pas être acculé par lui.
Cela étant précisé, il faut quand même que les professionnels aient conscience qu’on ne peut pas banaliser le stress d’une fille au titre que c’est normal pour elle, car les garçons ne seraient jamais anxieux…
Donc, à mon sens, l’accueil et le soin que l’on offre ne doivent pas établir de différence entre les filles et les garçons.
PG : Quels conseils donnez-vous à ces jeunes stressés ?
DVC : Qu’ils doivent tout d’abord respecter leurs besoins vitaux, ceux du sommeil, de l’alimentation, des liens avec les autres, de l’hygiène corporelle. C’est-à-dire, prendre soin de soi.
Il y a aussi lieu de s’accorder du temps et de l’importance, pouvoir écouter et s’écouter, se poser des questions, être patient, car on ne reçoit pas toujours rapidement les réponses à nos questionnements.
Enfin, avoir un esprit critique par rapport aux informations diffusées sur les réseaux sociaux. En tout cas, échanger avec d’autres, tisser des relations sociales (amis, équipes sportives…), ne pas omettre quelques techniques qui peuvent aider (méditation, respiration…), faire appel à des professionnels rassurants et surtout se dire que tout ça n’est pas permanent, que ce n’est qu’une facette : on ne peut pas être résumé à notre stress, quand même !
Et puis, pour conclure, établir un dialogue intérieur et savoir que l’on peut agir et qu’on a le droit de clamer notre désaccord à ce stress et ne plus vouloir vivre cette épreuve !
Chapitre 5 : addictions, les ennemies du cœur
Le sucre, l’ennemi invisible
Le sucre parait inoffensif, flatte, rassure et pourtant il est toxique et responsable d'un grand nombre de décès par an. Nombre de personnes cardiaques rencontrées en consultation ne s’en cachent pas : manger du sucre est une addiction, qui vient souvent compenser leurs angoisses. Faut-il pour autant les blâmer ?
Un peu d’éducation lors de la rencontre avec le professionnel permet de recentrer le problème d’une addiction qui est aussi commune que potentiellement dangereuse pour la santé. Le problème du sucre c'est qu'il est considéré comme une récompense par le cerveau, qui en redemande de plus en plus. Pas étonnant que le stress pousse l’individu à en consommer, encore et encore, et conduit à une réelle dépendance dont certains individus ont du mal à se libérer. De plus, qu'il soit consommé sous forme de sucre de canne, de sucre plus ou moins transformé, de miel : le goût et les calories seront toujours présents de même que sa toxicité. Il est même considéré par certains comme plus délétère que le gras.
D'une manière générale, la consommation de sucre dans l'alimentation générale des individus est excessive. Selon les recommandations de l'American Heart Association, il ne faudrait pas dépasser 6 à 9 cuillères à café de sucre par jour. Cela peut représenter au niveau énergétique des valeurs qui se situent entre 100 et 150 calories.
Le problème du sucre (ou du glucose) ne concerne pas seulement les diabétiques, car il est partout dans notre alimentation. Le sucre rime souvent avec récompense. Ne diton pas souvent aux enfants : « si tu es sage, tu recevras des bonbons » ? A priori bénigne, cette phrase plutôt réconfortante stimule déjà dans les aires cérébrales des enfants des processus qui vont associer sucre et bonheur. Le sucre séduit le cerveau par le goût qu'il procure en stimulant la production des hormones responsables du bien-être comme la dopamine. C’est un des processus physiologiques qui amène possiblement plus tard à l'addiction.
En imagerie cérébrale, on peut constater que certaines zones du cerveau sont plus actives que d'autres. Paradoxalement, les zones neurologiques qui assurent la gratification de l'individu et le plaisir sont moins actives chez les personnes en surpoids et obèses. Conséquences ? Si la sensibilité de l’individu à ressentir du plaisir lors de manger est faible, cela peut renforcer son intention de manger plus pour essayer d'assouvir un sentiment qui n'est pas pleinement rencontré. Lorsque l'on mange trop de sucre et que les calories absorbées dépassent nos besoins énergétiques, ce sucre est transformé en graisse stockée dans l'organisme, dont le cœur, et le foie. Le sucre comme les graisses joue un rôle majeur dans la prise de poids et les développements de l'obésité qui devient aujourd'hui épidémique. Le diabète est une conséquence de l’obésité. Les patients qui cumulent obésité et diabète doivent
d'autant plus faire attention à leur consommation. La graisse se développe dans le foie, et mène potentiellement à la cirrhose. On ne sera pas étonné de constater qu’environ 60% de ces patients sont aussi hypertendus, plus de 40% diabétiques, et 85% obèses3 .
Mais tous les sucres ne peuvent être logés à la même enseigne. Il existe en effet 2 variétés de sucre dénommées : sucres rapides (sucre dit raffiné, issu de la betterave ou de la canne à sucre) dont la structure chimique assez simple permet leur absorption rapide, et sucres lents dont la complexité moléculaire en fait des aliments plus intéressants. Une canette de soda par exemple contient au moins 6 morceaux de sucre « rapide ».
Les glucides sont le glucose, le fructose, le lactose, l'amidon ou le saccharose, et se différencient par un indice glycémique spécifique.
Index glycémique
Indice qui spécifie pour chaque aliment l'impact que ce dernier aura sur la glycémie une fois consommé : certains sucres vont augmenter la glycémie de façon importante, d'autres le feront beaucoup plus lentement. C'est cette différence qui est décodée dans la classification des IG.
Les aliments à indice glycémique élevé (≥70) causent une hyperglycémie importante et précoce, une sécrétion en retour d'insuline qui est également importante et un retour (trop) rapide vers une glycémie normale avec des risques d'hypoglycémie, et d’une sensation désagréable de faim « précoce » . La personne se sent en hypoglycémie et sans énergie. On parle d’hypoglycémie réactionnelle, qui va pousser l’individu à reconsommer du sucre. À cela s'ajoutent les effets sur l'humeur puisqu'une hypoglycémie augmente le niveau de stress de l'organisme, mais également le stress psychologique. La personne se sent énervée, à fleur de peau parfois d’une humeur massacrante.
=> Ont des IG très élevés (>70) les produits sucrés, dont ceux qui contiennent du sirop de glucose, du sucre de table, mais également les jus de fruits sucrés, la bière, les sirops ou les sodas. Des féculents ont également un IG élevé, dont le pain blanc, les pains à burger, les brioches ou les biscottes et auront un impact important sur la réponse insulinique.
Les aliments à IG bas (0-55) à l’inverse causent une élévation lente et modérée du taux de sucre dans le sang, une sécrétion modérée d'insuline. Il n'y a pas d’hypoglycémie réactionnelle ni de sensation de faim précoce. Les sucres lents sont par définition des sucres dont la complexité ne permet pas leur absorption rapide, mais plutôt étalée dans le temps. Les sucres complexes interviennent dans la fabrication des pâtes, du
3 A Sanyal et al. N Engl J Med 2021; 385:1559-1569.
pain... On les retrouve dans les céréales comme les lentilles. Nos organes comme le cerveau fonctionnent très bien avec les sucres lents.
=> Ont des IG très bas : les fruits frais, les fruits secs comme les amandes, les cacahuètes, mais également certains oléagineux comme les graines de chia, de sésame ou de courges, les farines non raffinées (pain d’épeautre, pain au levain, sarrasin), le riz basmati. Les féculents d'une manière générale ont également un IG<35 (très bas). Le cacao sans addition de sucre, le chocolat noir au-delà de 70% de cacao, le miel d'acacia ou le sirop d'agave sont des produits dont l'IG est <35.
Manger des aliments avec un indice glycémique très élevé favorise le développement du diabète et de l'obésité, mais étonnamment aussi les risques d’anxiété, en perturbant la chimie cérébrale de l’individu.
Il est donc essentiel de prendre les mesures adéquates visant à réduire la consommation de sucre. C’est une priorité en consultation, l’aide du diététicien est essentiel. Changer son régime ne se fait pas en un jour.
Nombre de personnes se questionnent aussi sur la place des édulcorants. Les édulcorants artificiels et les édulcorants hypocaloriques sont présentés comme des substituts « sains » du sucre. Contrairement aux édulcorants traditionnels, des produits « naturels » « sucre-alcool » (xylitol ou l’érythritol) (à l’inverse des édulcorants classiques comme l’aspartame) ont un pouvoir sucrant comparable à celui du saccharose (sucre de table). Ils apportent nettement moins de calories, mais suffisamment pour majorer la glycémie et stimuler l’insuline. Utilisés comme substitut du sucre, ils sont ajoutés en quantités parfois plus importantes aux aliments industriels transformés. Le xylitol est donc apprécié par l'industrie alimentaire, et est mentionné sur les emballages sous le code E967 ou en toutes lettres4 Si à des doses importantes, ils ont des effets laxatifs, un rapport récent de l’European Journal of Cardiology témoigne d’une toxicité sur le cœur et les vaisseaux. En février 2023, une recherche sur les effets de l'érythritol (E968) a révélé aussi que le risque de crise cardiaque et d'AVC doublait lorsque les personnes avaient les niveaux les plus élevés d'érythritol dans le sang5. Les résultats de la nouvelle étude sur le xylitol sont essentiellement les mêmes : les personnes ayant les taux de xylitol les plus élevés par rapport à celles ayant les taux les plus faibles ont un risque presque deux fois plus élevé de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral et de décès.
4 Sylvetsky AC, et al. Consumption of low-calorie sweeteners among children and adults in the United States. J Acad Nutr Diet 2017;117:441–8.e2
5 Witkowski M, et al. Nat Med. 2023 Feb 27.
Chapitre 6 : impact de la nourriture sur le stress et les pathologies cardiovasculaires
La technique de bio-impédancemétrie
Spécialisée en rééquilibrage alimentaire, Sarah Debbaut, diététicienne, pratique la technique de bio-impédancemétrie pour peaufiner la prise en charge des patients (Centre Médibois à Bruxelles, entre autres). Elle nous livre ici ses recommandations, dans une interview réalisée par Pierre Guelff
Pierre Guelff : En quoi la condition physique est-elle intimement liée à la composition corporelle ?
Sarah Debbaut : La condition physique d'un individu est définie comme étant l'état général d'une personne déterminant son niveau de performances physiques potentiel. Cela est lié au poids d'une part, mais plus intimement avec la composition corporelle.
Nous pouvons évidemment constater une meilleure condition physique chez les personnes ayant une masse grasse peu importante et avec une masse musculaire plus développée.
Avec la bio-impédancemétrie, nous avons la possibilité de mesurer la masse cellulaire active (MCA) qui est un reflet de l'hygiène de vie globale, du sommeil, de l'alimentation, de l'activité. Elle est également corrélée avec le potentiel aérobie et le potentiel de récupération du patient : "Elle permettrait de jauger le niveau d'entraînement ou de méforme du patient via sa condition et son endurance".
Enfin, la MCA va augmenter avec la pratique d'une activité physique et augmentera d'autant plus avec la perte de masse grasse.
PG : En quoi consiste votre pratique de la bio-impédancemétrie ?
SD : Je reçois en consultation de nombreux patients pour des motifs divers, mais où le poids est souvent un élément central dans la prise en charge. Que ce soit dans le cadre d'un surpoids, d'une obésité, d'une sarcopénie, d'une dénutrition, d'un diabète, d'une dyslipidémie, d'une hypertension, la prescription est souvent d'agir sur le poids.
Ce que j'apprécie dans la bio-impédancemétrie c'est le principe même de se détacher du poids et d'analyser la répartition entre les différents indicateurs comme la masse grasse, la masse musculaire, les blocs hydriques et aider à faire évoluer le patient vers une composition corporelle idéale selon ces indicateurs-là et non uniquement sur l'IMC (indice de masse corporelle).
Pratiquement, nous prenons une mesure de composition corporelle lors de la première consultation, mais également à chaque suivi afin de voir l'évolution du patient. Cela est généralement assez motivant, surtout lorsqu'il y a reprise d'une activité physique en
parallèle et que le poids reste stable (notamment par perte de masse graisseuse et prise de masse musculaire).
Voici un bel exemple où la composition corporelle doit être prise en compte et où l'impact sur la condition physique se ressent.
PG : Présentez-nous votre prise en charge type d'un patient.
SD : En fonction du motif de consultation, le patient vient de sa propre initiative ou est envoyé par son médecin généraliste ou spécialiste. Nous prenons le temps d'aborder différents sujets comme le nombre de régimes déjà menés dans un objectif de perte de poids ; les symptômes digestifs ressentis lors d'un côlon/intestin irritable ; le contexte psychologique à l'approche d'un repas ; les sensations alimentaires ...
Le nombre de régimes a en effet un impact sur la composition corporelle puisqu'on sait qu'un régime drastique et restrictif qui engendre une perte de poids importante est également souvent associé à une perte de masse musculaire plus importante.
Lorsque le patient reprend le poids perdu, la composition corporelle se détériore étant donné que le poids repris est alors essentiellement de la masse graisseuse.
Après avoir parcouru les habitudes alimentaires, nous élaborons différents objectifs diététiques à mettre en place pour la prochaine consultation.
Cela peut également se présenter sous la forme d'un plan alimentaire, plus cadré, mais où le but reste le même : s'écouter - éviter les frustrations - changer les comportements alimentaires en profondeur.
PG : Donc, le rééquilibrage alimentaire est un atout majeur au niveau cardiovasculaire ...
SD : Le rééquilibrage alimentaire permet à nos patients d'adopter de nouvelles habitudes alimentaires plus saines et en douceur de manière à pouvoir adopter cette alimentation sans frustration et surtout sur le long terme. La perte de poids, la diminution du périmètre abdominal, l'amélioration de la biologie sanguine, le rééquilibrage alimentaire d'un point de vue global représentent un atout majeur en prévention cardiovasculaire.
La médecine intégrative, une alternative fiable ?
Il existe de nouvelles options thérapeutiques qui s’ouvrent peu à peu au monde médical occidental et viennent enrichir l’arsenal thérapeutique, et sont un des piliers de la médecine dite « intégrative » . Effectivement, depuis plusieurs années, un débat est ouvert sur la place jouée par des méthodes « alternatives », soit des pratiques non conventionnelles dans les domaines de l’art médical, de l’art pharmaceutique, de la kinésithérapie. Ce courant de la médecine intégrative s’implante de plus en plus au sein même des universités, tandis qu’en parallèle, de nombreux patients se dirigent vers de nouvelles approches dites naturelles. Il est donc important d’aborder le sujet, et d’en définir les objectifs.
Différencier la médecine traditionnelle, complémentaire et intégrative
Comment définir la médecine traditionnelle ?
Il n’y a pas de définition universelle de la médecine traditionnelle. Selon l’OMS6, elle représente la somme totale des connaissances, des compétences et des pratiques fondées sur les théories, les croyances et les expériences de la médecine traditionnelle, qu'elles soient explicables ou non, et utilisées pour diagnostiquer, soigner et prévenir les maladies physiques et mentales. Cette médecine est enseignée dans les universités qui forment les futurs médecins. Elle est totalement reconnue par les instances qui gouvernent les pratiques de l’Art de guérir.
Comment définir la médecine complémentaire ?
Toujours selon l’OMS, les termes "médecine complémentaire" ou "médecine alternative" se réfèrent à un large ensemble de pratiques de soins de santé qui ne font pas partie de la législation nationale d’un pays, et donc qui ne sont pas ou peu réglementées On est donc en dehors de la tradition médicale ou de la médecine conventionnelle du pays. Ces pratiques, bien que reconnues dans une certaine limite, ne sont pas pleinement intégrées dans le système de santé dominant.
Proche de ces pratiques, on retrouve la médecine dite naturelle qui a recours à des médicaments ou des produits naturels à base de plantes (également connus sous le nom de produits botaniques, d'herbes médicinales), et d'autres « produits naturels » tel que les produits diététiques, les vitamines, les minéraux, les acides aminés, les huiles de poisson, la glucosamine, les probiotiques.
Qu’est-ce que la médecine intégrative ?
6 https://www.who.int/fr
Pour reprendre la définition du Collège Universitaire de médecines intégrative et complémentaire7 , la médecine intégrative est l’association de thérapies complémentaires aux traitements conventionnels dans une approche scientifique validée, centrée sur une vision pluridisciplinaire. En quelque sorte il s’agit d’une pratique médicale qui se base sur les faits scientifiques de la médecine traditionnelle, mais qui dans une certaine mesure se tourne vers des médecines douces qui lui sont complémentaires.
Les objectifs se résument comme suit :
1. Mettre l'accent sur le bien-être et la prévention des maladies.
2. Avoir une approche de nature holistique en se concentrant sur les questions physiques, mais aussi psychologiques, spirituelles, sociales.
3. Agir en intégrant des thérapies complémentaires fondées sur des données probantes, sûres et éthiques.
4. Avoir une approche individuelle du patient ou de la situation clinique, en respectant toutes les modalités disponibles en conjonction avec le choix éclairé du patient.
5. Intégrer tous ces éléments dans les soins médicaux conventionnels, et reconnaître que les progrès en matière de soins de santé dépendront des éléments suivants :
Des progrès scientifiques à venir.
De l'amélioration des systèmes de prestation de soins de santé.
Des changements culturels ainsi que de l'éducation des praticiens et des patients.
Nombre de personnes sont réfractaires à ces médecines non conventionnelles. Elles justifient cette position en soulignant à juste titre les risques de dérive que l’on observe dans certaines approches. Pire, des pratiques non conventionnelles peuvent être dangereuses, ou peuvent amener à une emprise psychologique de l'individu et devenir quasiment sectaires Pourtant, une cohabitation constructive est possible et serait à encourager. La présence de thérapies complémentaires administrées dans un cadre défini permettrait de minimiser fortement les risques de dérive, d’assurer des soins de haut niveau et la sécurité du patient. Suivre par exemple un cursus d’ostéopathie est long, et se déroule en 6 ans, tout comme la médecine conventionnelle. L’ostéopathie est utile en médecine générale, pédiatrie, neurologie, rhumatologie, etc., et est certificative
7 https://www.cumic.fr/Missions
En Belgique, quatre pratiques médicales non conventionnelles sont reconnues :
L’acupuncture
La chiropraxie
L’homéopathie
L’ostéopathie
En Australie, où environ 30% des généralistes déclarent pratiquer la médecine intégrative9 , l'incorporation de ces différentes disciplines est enseignée depuis des années au sein de véritables filières10 . La sécurité médicale est maintenue grâce à un cadre réglementaire structuré. Un cadre réglementaire existe en Belgique depuis la loi Colla11 de 1999 qui cautionne l'homéopathie, l'ostéopathie, ou l'acupuncture. Ces disciplines font partie des soins que l'on peut proposer aux patients. Toutefois, est-ce suffisant pour répondre aux aspirations du corps médical et des nombreux patients qui ont recours à des thérapeutes dont la vocation est la santé ? Probablement pas.
Malheureusement d’autres pseudo-thérapeutes, parfois véritables charlatans dont le but est l’argent ont pignon sur rue. Ce sujet reste éminemment complexe. Les thérapies sont-elles réellement curatives ou viennent simplement appuyer une recherche de bien-être ? Certaines pratiques sont validées dans certaines indications, mais pas dans d'autres, et ne sont pas toujours lisibles.
Qualification professionnelle, formation continue, locaux et matériel appropriés sont des gages de qualité et de sécurité, quelle que soit la médecine pratiquée, conventionnelle ou non. Le niveau d'évidence en médecine occidentale est essentiel et pourtant ne concerne pas toutes les pratiques. Nombre de recommandations sont basées sur des consensus d'experts, sur l’expérience plutôt que de données scientifiques obtenues lors d’essais cliniques contrôlés. Mais grâce à cela, la médecine peut avancer.
L’humain au cœur des soins
Une approche multidisciplinaire est essentielle puisqu'elle va permettre de prendre la personne dans sa globalité en promouvant la prise en charge de l'ensemble des déterminants de santé, y compris des facteurs individuels, socio-économiques et environnementaux. Maladies chroniques, facteurs de risques comme l'obésité, le diabète, les addictions, les cancers ont des relations étroites avec le système cardiovasculaire, le cœur et le stress. L'éventail des interventions possibles pour soigner la personne est donc extrêmement large. Notre société est en permanente mutation, avec un développement accéléré de l'intelligence artificielle, et des nouvelles technologies. Il est donc important de repenser la santé comme étant le résultat d'une interaction entre l'humain et les structures organisationnelles et technologiques. Le
9 https://www.aima.net.au/wp-content/uploads/2021/05/AIMA-Best-practice-for-IM-in-AustralianMedical-Practice-Jan-2014.pdf
10 https://www.aima.net.au/fima/
11 Loi du 29/04/1999 relative aux pratiques non conventionnelles dans les domaines de l'art médical, de l'art pharmaceutique, de la kinésithérapie, de l'art infirmier et des professions paramédicales. (openjustice.be)
rôle des professionnels de la santé, comme le cardiologue, psychologue, médecin généraliste, pharmacien, sera de guider le patient dans sa recherche de solutions.
Les spécialistes
Le médecin généraliste
On ne le répètera jamais assez, il ne faut jamais hésiter à consulter un médecin généraliste. En plus des troubles « physiques », ils connaissent parfaitement l'existence des troubles de l'humeur, de l'anxiété croissante. Nombre de personnes consultent en décompensation psychologique, dont l'origine peut être extrêmement variable: violence au travail, ou d'origine familiale, maladies, etc. Il est difficile toutefois d’évaluer l'intensité d'un burnout, des signaux d’alerte, de le distinguer des autres pathologies psychiatriques. Il est encore plus difficile d'évaluer des risques suicidaires, des troubles associés à des pathologies cardiaques alors que les liens sont souvent hautement probables. Dans sa relation privilégiée, le médecin généraliste pourra conseiller la personne, l’orienter vers des spécialistes de diverses disciplines si nécessaires, et des traitements de médecine douce, psychologiques ou psychiatriques.
Le pharmacien de référence
Le pharmacien joue un rôle prépondérant dans le monde de la santé. La majorité des personnes restent généralement fidèles à leur pharmacien. Ce dernier est un prestataire de soins, mais avant tout un confident, une personne de confiance vers qui on se tourne fréquemment. Au-delà de la délivrance du médicament, il va conseiller, vérifier les interactions médicamenteuses possibles, voir les possibilités de prendre un complément alimentaire selon les dossiers médicaux, alerter sur les risques éventuels d’automédication. Tout cela fait partie de l’accompagnement pharmacologique.
Le cardiologue
Il est un médecin spécialiste du cœur et des maladies cardiovasculaires. Il va donc veiller au dépistage et au traitement des maladies relatives à ces organes. Il doit donner des conseils importants relatifs au mode de vie à suivre, concernant le régime, les activités physiques. C'est aussi son rôle d'orienter le patient vers des médecins spécialistes : le psychiatre en cas de maladie mentale, le diabétologue en cas de maladie métabolique, le pneumologue en cas d’apnées du sommeil, chez le diététicien en cas d'obésité. Ce serait une erreur de ne pas intégrer toutes ces dimensions en présence d'une maladie cardiovasculaire déclarée.
Le psychiatre
Avant d’entamer un programme de soins, un bilan psychiatrique se révèle nécessaire. Évaluer l’anxiété, le niveau de dépression, l’intensité d’une douleur, la force d’une addiction passe par ses mains expertes. Il retient les indications de traitements pharmacologiques, et établit le suivi psychologique.
Les soins du cœur, prévention et réhabilitation
Importance de la prévention et des dépistages réguliers
Il faut détecter une maladie précocement pour pouvoir la traiter, c’est là qu’intervient le dépistage. La présence de facteurs de risque traditionnels comme le tabac, mais aussi l'alcool, la prise de drogue, et autres addictions même en dehors de symptômes évocateurs de maladie doit faire l'objet d’une surveillance afin de détecter très précocement la naissance ou la déstabilisation d’une pathologie du cœur et des vaisseaux. Même si la maladie peut toucher tout le monde, les personnes qui atteignent la cinquantaine sont souvent plus touchées. Comme pour les différents cancers, des dépistages réguliers bien organisés permettent de réduire les risques de morbidité et de mortalité.
Toutefois, ce discours reste souvent vain. En effet, malgré les campagnes de sensibilisation organisées auprès du grand public, il est vrai que le taux de participation de la population n'est parfois pas très élevé. Les raisons qui peuvent expliquer la réticence des personnes à se déplacer pour effectuer les tests sont multiples : manque d'information, de motivation, anxiété de se voir découvrir une pathologie. Il est bien utile de rappeler que la toute grande majorité des dépistages est basée sur des tests relativement simples, sans danger, non douloureux et souvent gratuits. Montrer une simple représentation des multiples relations entre stress et les diverses maladies qui en découlent peut susciter l’envie d’avancer.
Suivre un programme de réhabilitation cardiaque
Le parcours de réadaptation cardiaque après un accident n'est jamais de tout repos. Les patients ont la possibilité dans certaines conditions de suivre des séances avec l'aide des professionnels de la santé de différentes disciplines. Il est important de se remettre rapidement en forme pour reprendre une vie normale. L'évaluation réalisée lors de début des séances consiste en un test d’effort, une évaluation de sa qualité de vie, des tests de marche, souvent une prise de sang. À côté de la gestion des facteurs de risque classiques, il sera vu par une psychologue qui pourra établir un premier bilan, évaluer ses addictions, son niveau de stress. Le stress chronique dont souffre particulièrement cette population amplifie fortement les risques de maladies cardiovasculaires, raison pour laquelle cet aspect est bien entendu pris en compte. Ainsi, durant les séances de réadaptation cardiaque, le patient peut assister à des séances de relaxation, enseignées par les kinés, et les psychologues. Il sera ensuite encouragé à continuer à domicile
Chapitre 7 : des solutions pour mieux gérer son stress et protéger son cœur
Comment les séances de sauna prennent-elles soin de notre cœur ?
Le sauna est typiquement une activité qui est liée à la relaxation au bien-être, et qui est facilement accessible. Ce sont les pays nordiques comme la Finlande qui furent parmi les premiers à développer cette activité de plus en plus populaire. C’est un lieu généralement très convivial, où les pratiquants aiment à se retrouver ensemble. Par ailleurs, de nombreux articles et publications ont mis en exergue les bénéfices du sauna : il soulagerait la douleur, les symptômes associés à des maladies musculaires ou squelettiques, au psoriasis, aux céphalées, et serait producteur d’endorphines.
L’effet du sauna sur le cœur
Bien que la personne soit statique dans la pièce, d’un point de vue physiologique, cela correspond à un entraînement physique d'intensité modérée (en fonction à nouveau de la durée et la température de la pièce). Quelqu'un qui pratique donc régulièrement des séances de sauna obtient des avantages un peu similaires à ceux d'une activité physique régulière légère. Le débit cardiaque est plus important et est une conséquence d'un rythme cardiaque plus rapide. La personne va se mettre à transpirer pour tenter de perdre de la chaleur qui s’accumule. On estime que dans des saunas chauds, la perte hydrique liée à la sueur est d'environ un demi-kilo par heure. Dans certaines circonstances, elle peut grimper jusqu'à un kilo12 . La circulation sanguine au niveau de la peau est plus importante suite à la vasodilatation des vaisseaux. Ceci est une conséquence normale de l'adaptation du corps à la hausse de température. De là viennent ces effets bénéfiques sur la santé : tension artérielle, fonction des ventricules sont améliorés.
Sur le plan physique, il semble que le sauna permette d'améliorer les conditions physiques. Il y a une amélioration de la fonction des vaisseaux, puisque la condition thermique impose une vasodilatation. Dès lors la fonction endothéliale est améliorée, ce qui va expliquer en retour les bénéfices sur la tension artérielle et les risques réduits d'infarctus, mais également d'AVC. Par ailleurs l'exposition fréquente aux températures importantes d'un sauna permet à l'organisme de mieux s'adapter à la chaleur. C'est peut-être une bonne façon de s'entraîner pour les épisodes de canicule qui nous menacent suite au réchauffement climatique. Sur le plan des poumons, l'exposition à des températures élevées augmente la ventilation et améliore la capacité respiratoire, c’est un bénéfice supplémentaire pour les patients atteints de maladies pulmonaires.
12 Hasan J, Karvonen MJ, Piironen P. Am J Phys Med. 1966;45 (6):296-314.
Attention aux contre-recommandations
Quels sont les risques à s’exposer dans un sauna ? L'exposition à la chaleur dans un sauna sec a été longuement étudiée chez des patients qui viennent de se remettre d'un infarctus, qui ont de l'insuffisance cardiaque, ou de l'angine de poitrine. Et c’est plutôt rassurant. Il semble que pour des patients bien stabilisés, les risques soient négligeables pour autant que l’acclimatation à des durées et des températures plus élevées soit progressive. Par contre il faut être vigilant dans certaines circonstances, en particulier si quelqu'un présente des chutes de tension lorsqu'il est en position debout ou assise prolongé. Cette condition est connue sous le terme d’hypotension orthostatique. Elle est assez fréquente chez les patients âgés, et ceux qui présentent des maladies neurologiques comme du Parkinson, ou qui prennent beaucoup de médicaments pour traiter leur tension artérielle. Le risque d’hypotension est aggravé en cas de déshydratation. Or dans un sauna, la transpiration correspond à une perte d'eau importante, ce qui va aggraver les risques d'hypotension. C'est une situation qui est potentiellement grave en particulier lorsque le patient présente de l'insuffisance cardiaque. Une forte hypotension orthostatique est une cause habituelle de perte de connaissance chez les personnes âgées. Soulignons encore que la prise d'alcool renforce ce risque, et est un élément extérieur majeur dans la survenue d'événements indésirables lors d'une séance de sauna. D’autre part, la tradition veut que le pratiquant prenne une douche froide ou s’immerge totalement dans un bassin d’eau froide juste après sa séance. Ceci peut causer un choc thermique, car cela active fortement des capteurs qui stimulent le nerf vague. Bradycardie, hypotension avec syncope, arrêt cardiaque en sont les conséquences potentielles. C’est le mécanisme souvent évoqué en cas de noyade (hydrocution). Ce n’est donc pas recommandé pour tout le monde.