3FILMSde BOWIDERBERG
MALAVIDA PRÉSENTE
3 FILMS de BO WIDERBERG SORTIE NATIONALE LE 29 JANVIER 2014 RÉTROSPECTIVE BO WIDERBERG FESTIVAL PREMIERS PLANS D'ANGERS 2014.
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3 FILMS de BO WIDERBERG FICHES TECHNIQUES
ADALEN 31 UN FILM de BO WIDERBERG Suède- 110 mn - 1969 - Couleur 1931. A Adalen,au nord de la Suède, la grève a débuté depuis 93 jours. Kjell Andersson, fils d'un docker, s'éprend d'Anna, la fille d’un directeur d’usine. La revendication se durcit quand les patrons font appel à des Jaunes, des ouvriers d’autres provinces, pour faire le travail des grévistes. L’armée arrive en ville pour faire respecter l’ordre, et le ton monte. Pendant ce temps, à l'insu des parents, Kjell et Anna sont emportés par leur sentiment. Avec : Roland Hedlund, Peter Schildt, Kerstin Tidelius, Marie de Geer. Chef opérateur : Jörgen Persson. 110 min/ couleurs/ 1.66/ mono/ suédois ss-titres fr visa n°35876
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LE PÉCHÉ SUÉDOIS UN FILM de BO WIDERBERG Suède - 92 mn - 1963 - Noir et blanc En suède, dans les années 50. Britt Larsson, jeune femme, ouvrière d’usine, fait la connaissance de Björn, d’origine bourgeoise, cultivé mais compliqué, qui disparaît aussitôt. Elle rencontre ensuite Robban, jeune guitariste et chanteur, brouillon mais touchant, dont elle tombe enceinte. Elle décide de garder l’enfant. Ils partagent un appartement, mais leur ‘couple’ ne tient pas le choc… Avec : Inge Tauber, Thommy Berggren, Lars Passgard. Chef opérateur : Jan Troell. Direction artistique : Gunnar Frieberg. Montage : Wic Kjellin. Musique : Jan Johansson. Son : Gert Palmcrantz, Sven Rydh. 92 mn /N & B/1.37/mono/ suédois ss-titré fr/visa n°27873
ELVIRA MADIGAN UN FILM de BO WIDERBERG Suède- 91 mn - 1967 - Couleur 1889. Un lieutenant de l'arméesuédoise d'origine noble, le comte Sixten Sparre, a déserté pour s’enfuir avec une célèbre danseuse de corde, la belle Elvira Madigan. Un amour fou les enflamme et chacun abandonne ses devoirs, elle le cirque, ses amis et son public, lui, sa femme, ses enfants et l’armée. Ils fuient bientôt leur pays pour trouver refuge dans la campagne danoise, où ils vivent un bonheur intense. Mais l’hostilité à leur liaison illégitime et la précarité de leur vie devient pesante… Avec : Pia Degermark, Thommy Berggren, Lennart Malmer. Chef opérateur : Jörgen Persson. Assistant réalisation : Kalle Boman. 91 mn/couleur/1.66 /mono / suédois ss-titré fr/visa n°33711
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BO WIDERBERG RÉALISATEUR/SUÈDE Enfantunique,BoWiderbergestnéàMalmö,villeportuaire delacôtesuddelaSuède,le8juin1930.Ilyréside, presquesansdiscontinuité,jusqu’àsatrentièmeannée etyécritquatreromansetdeuxrecueilsdenouvelles. Parallèlement à cette activité, Widerberg se passionne pour le cinéma international ( Demy, Truffaut, Godard ou encore Shadowsde John Cassavetes, auquel il rendra hommage dansAmour 65 ). En 1960, Widerberg est engagé comme critique cinématographique au journal Expressen à Stockholm. Deux ans plus tard, une anthologie de ses articles est publiée sous le titre Visions du cinéma suédois dans lequel, à l’instar de Truffaut une décennie avant lui dans « une certaine tendance du cinéma français », il éreinte une culture cinématographiquemarquéeparuneapathievisuelleetunculteservile enverslecinémad’Ingmar Bergman. Bo Widerberg a pourtant fréquenté le maître, dont il apprécie Jeux d’été et Monika, lorsque celui-ci monta des pièces au théâtre municipal de Malmö. Entre-temps, Bergman s’oriente, selonlereprochedeWiderberg, versdesfilms«verticaux» – métaphysiques en somme – au lieu d’explorer les relations entre les hommes dans des films « horizontaux ».
Sa critique virulente du cinéma suédois coïncide avec sa découverte de la Nouvelle vague française. Il en loue la spontanéité, la sensualité, la priorité donnée à la transmission de l’émotion et rêve de devenir à son tour le héraut de la contestation cinématographique faisant appel à de jeunes comédiens et s’éloignant des studios dont il a horreur ( il suivra cette conduite jusqu’à sa dernière œuvre ). La fulgurance de son œuvre des années 1960, équivalente à celle de ses acolytes français, s’oppose donc à celle de Bergman mais il le rejoint au panthéon du cinéma national. Le premier essaide Widerberg est un court métrage pour la télévision,Le petit garçon et le cerf-volant mais Gustav Scheutz, producteur impressionné pars son pamphlet, lui permit, avec un budget très modeste, de réaliser Le Landau( 1963 ) que Pierre Braunberger, distributeur du film lors de sa sortie en France, rebaptisera Le Péché suédois, présenté à la Semaine de la critique à Cannes en 1963. A l’été 1963,il tourne, à nouveau dans sa ville natale, Le Quartier du corbeau( 1963 ), dans lequel il évoque le parcours d’Anders, prolétaire désirant devenir écrivain en 1936, au moment des élections qui vont entériner la victoire du parti social-démocrate à la veille de la seconde guerre mondiale. Le film sera désigné comme représentant officiel de la Suède au festival de Cannes en 1964. Les réactions critiques sont négatives mais ces impressions défavorables ne doivent pas cacher le triomphe fait au film et sa sélection aux oscars en 1964. Sans cesse à la recherche d’un équilibre,Amour 65 s’organise justement autour de scènes de conversations à bâtons rompus improvisées au milieu d’un canevas rigoureusement établi narrant la panne d’inspiration d’un cinéaste qui entend faire venir de Londres Ben Carruthers, acteur de Shadowsde John Cassavetes afin de renouveler « le naturel » de son cinéma. Le tournage faillit être interrompu et certaines personnalités du cinéma suédois s’indignèrent de l’énorme consommation de pellicule.
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A l’automne de la même année, Widerberg réalise Hello, Roland !( 1966 ) d’après son propre roman Le Dragon vert, une satire des milieux publicitaires et de la mode. Le film à peine achevé, il tourneElvira Madigan( 1967 ) qui relate un fait divers authentique survenu en 1889. Une première version de cet amour fou fut réalisé par Ake Ohberg en 1943 mais Widerberg ne conserve que la partie bucolique de la relation entre le lieutenant Sixteen Sparre et Elvira, la danseuse funambule. Composé essentiellement d’extérieurs, tourné en couleurs avec une actrice inconnue,Elvira Madigan correspond aux exigences de Widerberg et acquit une notoriété internationale. Il peut faire son choix entre les contrats que les maisons de production américaines lui proposent. Mais il est capricieux, impulsif, déteste planifier quoi que ce soit et ne respecte pas les contrats. Pourtant, après la reconnaissance internationale et le succès d’Adalen 31à Cannes en 1969, il part aux Etats-Unis réaliser Joe Hillen 1971, portrait d’un syndicaliste exécuté à tort en 1915. Le film lui vaut pour la troisième fois consécutive une reconnaissance cannoise. De la fin des années 1960au début des années 1970, Bo Widerberg est un cinéaste majeur de la scène internationale qui jouit autant du succès critique que public. Il revient en Suède tournerTom Footen 1974 autour d’un petit prodige du football : Johan Bergman. En 1976, il tourne un polar important Un flic sur le toit. Pendant longtemps le plus gros budget de production pour un film nordique, à la fois film d’action, film à grand spectacle, thriller et réflexion sur le fonctionnement des sociétés scandinaves et leurs rapports au politique, ce film est l'adaptation du roman L'abominable homme de Säffle écrit par Maj Sjöwahl et Per Wahlöö, les créateurs du
polar nordique dans les années 60 et 70. Les années 1980 voient Bo Widerberg osciller entre le cinéma et la télévision. Il revient au polar en 1984 avec L’Homme de Majorquedans lequel deux flics poursuivent un braqueur meurtrier qui s’avère être un membre de la garde rapprochée du Ministre de la Justice. Le film est une réussite. Presque dix ans s’écoulèrent avant que Widerberg ait à nouveau l’opportunité de faire un film, en 1995. DansLa Beauté des chosesavec dans le rôle-titre son propre fils, Widerberg persiste dans son tableau des amours impossibles avec l’aventure amoureuse d’un jeune écolier avec son institutrice dans le Malmö des années 40. Le film est à nouveau nominé aux Oscars. Bo Widerberg meurt d’un cancer à l’âge de 66 ans le 1er mai 1997.
ADALEN 31 BO WIDERBERG Adalen 31, c'est l'histoire d'une grève.Pas l'histoire avec un grand H que viennent ponctuer les fanfares de l'héroïsme, mais au niveau de ceux qui la vivent et qui parfois en meurent, vue au microscope du vécu, du quotidien le plus banal, comme une grande aventure individuelle et collective qui prend tout naturellement une dimension épique parce qu'elle a d'abord une dimension humaine : pour les adolescents qui sont les vrais personnages du film, ceux sur lesquels le cinéaste concentre son attention avec le plus de bonheur, la grève est une expérience unique, déchirante mais féconde, où l'éveil complexe à la vie des sens coïncide logiquement, et parfois brutalement, dans le conflit des classes, avec l'éveil à la conscience sociale et politique. La situation est simple,qui s'inspire de faits réels : en 1931, dans le nord de la Suède, les ouvriers de la région d'Adalen, où l'on fabrique de la pâte à papier, sont en grève depuis plusieurs semaines lorsque commence le film. Le patronat refuse de discuter une modeste augmentation de salaire. Deux familles incarnent les forces en présence au cours de cet affrontement : la caméra scrute alternativement leur intimité avec une pudeur, un souci des nuances et de l'authenticité qui se situent
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d'emblée à mille lieues d'un élémentaire réalisme social ou d'un populisme à fleur de peau, tout en nous livrant sur chacune d'elles les informations les plus précises et les observations les plus précieuses parce qu'elles sont d'une parfaite justesse. D'un côté la famille du directeur d'usine,des gestes sobres, l'élégance tout en blancheur d'un cadre décoré avec un goût exquis, le luxe, le calme et l'éternité des certitudes et du confort qu'assurent la fortune, une fille enfin qui semble sortir, blonde et pulpeuse, d'une toile de Renoir. De l'autre côté, les Andersson, le père, docker, la mère et trois fils dont l'aîné n'a que dix-sept ans et adore jouer, avec son ami Nisse, un garçon du même âge, des airs de jazz sur des instruments de fortune, un balai, un vieux tuyau. Ce n'est pas une famille exemplaire, mais une famille vraie comme rarement, croyez-moi, l'écran nous en montra jamais qui traite généralement les ouvriers comme des stéréotypes, ou les objets d'un mystifiant paternalisme. Ceux-là, miraculeusement, la moindre attitude ( cette façon qu'a la mère de s'acharner au nettoyage du perron, d'examiner les oreilles de ses enfants ) le moindre mot,
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le moindre regard en accusent la véracité confondante. On ne sait plus si ce sont des comédiens qui ont su traduire, avec la pulsation même du vécu, cette harmonie secrète, cette tranquille ténacité, ce goût irréductible du bonheur, même lorsque la pénurie ne permet que de partager avec des amis deux truites pêchées à la rivière et un morceau de pain, dont on avait presque oublié la saveur. Nous sommes loindu Zola de Germinal bien sûr, l'âpreté, la violence viendront plus tard. La première partie du récit s'insère dans le « temps mort » de la grève, et c'est, dans la splendeur de l'été nordique, une symphonie sensorielle qui rend par ses couleurs fluides et sa grâce un hommage fervent aux deux Renoir, le peintre et le cinéaste, en nous invitant à une singulière « partie de campagne » où triomphent, selon un dosage particulièrement original et délicat, l'humour, la tendresse naïve et la sensualité. Comme dans Elvira Madigan, Widerberg emprunte à la palette des impressionnistes ce génie de la lumière, cette vibration physique, matérialisée sur les êtres, les paysages et les choses. Cet anti-Zola nous rappelle plutôt Maupassant, mais un Maupassant à la suédoise.
temps le fruit de cette « liaison dangereuse » - paraîtrait ailleurs une fiction quelque peu simpliste relevant des procédés du mélodrame. Le prodige, c'est que la mise en scène de Widerberg parvient à rendre non seulement convaincant mais émouvant cet épisode redoutable « pont aux ânes » pour un scénariste. Il est vrai, au demeurant, que le contexte provincial, cette petite ville où « tout le monde se connaît », où le patron n'est pas un personnage anonyme, mais le propriétaire de la maison « d'à côté », expliquent l'existence de relations qui seraient ailleurs moins plausibles ( … ). On voit qu'un tel film,pour nous aussi, fait écho à l'actualité la plus brûlante. Mais cet écho ne nous atteindrait pas directement au cœur si l'œuvre n'était pas en tout point admirable dans le mouvement qui la soulève, sa sensibilité si personnelle, ses hardiesses d'écriture ( auxquelles on reprochera seulement quelques joliesses superflues ), sa chaleureuse humanité enfin, à laquelle contribue ( la palme revenant au merveilleux Peter Schildt ) une pléiade de parfaits interprètes.
Sa peinture des rites initiatiquesdes adolescents est d'une audacieuse franchise ( par rapport, du moins, à la pudibonderie latine ) mais au lieu de verser dans la vulgarité ou la grivoiserie, comme ce serait le cas chez nous, elle explose en éclats de pur lyrisme charnel. La pratique naïve de l’hypnotisme révèle à Nisse le mystère et la beauté d’un corps féminin, tandis que le couple Kjell-Anna ( le jeune Andersson - Peter Schildt, et la fille du directeur - Marie de Geer ) découvre avec une surprise émerveillée les secrets et les troubles du premier contact érotique. Cette idylled'un jeune ouvrier et de la fille d'un capitaliste - sa mère, discrètement mais énergiquement, conduira l'ingénue à Stockholm pour faire disparaître à MALAVIDA
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Michel Capdenac dans Les Lettres Françaises( 1969 )
LE PÉCHÉ SUÉDOIS BO WIDERBERG Dans son livreUne Vision du cinéma suédois, Bo Widerberg critiquait le très vénéré Ingmar Bergman. Selon Widerberg, le point de vue de la classe supérieure et la préoccupation religieuse permanente de Bergman ne donnaient pas une image juste de la Suède. Pour son premier film, Bo Widerberg eut le plaisir de prendre à Ingmar Bergman l’un des meilleurs jeunes acteurs du pays. Thommy Berggren aurait dû jouer, en 1963, dans le film de Bergman Tystnaden ( Le Silence ). Mais Berggren se trouvait à Londres quand il eut soudainement des problèmes d’estomac et dut être opéré d’urgence. La convalescence dura longtemps et Berggren étant hospitalisé à Londres, Ingmar Bergman préféra lui trouver un remplaçant. Thommy Berggren était donc libre, et après une brève entrevue avec Widerberg, il se retrouva engagé pour Barnvagnen. La combinaison Widerberg-Berggren était parfaite. Widerberg admirait Marlon Brando, et Thommy Berggren, plus qu’aucun autre acteur suédois, semblait tout droit sorti de l’Actor Studio. Au cours des années, leur collaboration fut intense et houleuse. Thommy Berggren joua le rôle principal dans quatre des films de Bo Widerberg : Kvarteret Korpen ( 1963 ), Heja Roland ! ( 1966 ), Elvira Madigan ( 1967 ) et Joe Hill ( 1971 ). Jan Troell, chef opérateur sur Barnvagnen, n’avait aucune expérience de long métrage de fiction. Il venait
du sud de la Suède, tout comme Bo Widerberg. Il était instituteur et photographe amateur. Troell et Widerberg avaient travaillé ensemble pour la première fois, peu avant Barnvagnen, sur le court métrage Pojken och draken pour la télévision. Troell deviendra plus tard l’un des plus grands réalisateurs suédois ( Les Emigrants, 1971, Hamsun, 1996, Les Instants éternels de Maria Larsson, 2008 ). Troell était son propre chef opérateur et un photographe d’exception. L’exigence d’une photo à caractère documentaire qu’instaurait Widerberg le faisait parfois souffrir. Troell voulait filmer de belles images. Quel soulagement pour Troell lorsque au cours de leur escapade à Copenhague, Britt et Björn trouvèrent un chapeau aux bords ajourés à travers lequel filtraient les rayons du soleil. Même Widerberg aima ce chapeau, et Troell put filmer les belles images dont il rêvait. Dans cette scène, Björn taquine Britt en poussant le chapeau, et elle est constamment obligée de le remettre en place. Lors de la post-production, l’un des plus grands jazzmen suédois, Jan Johansson – tragiquement et prématurément décédé dans un accident de voiture composa un morceau qui accompagne les mouvements du chapeau. Le Péché suédois,avec un ton léger et un jeu d’acteurs explicitement anti-théâtral, fut accueilli comme quelque chose de nouveau dans le cinéma suédois. Comme l’avait voulu Bo Widerberg, le film contrastait fortement avec ce qui se faisait alors, des films maniérés. Ce contraste fut remarqué par les critiques. Pour beaucoup de jeunes de l’industrie du cinéma, ce film fut le signal que quelque chose de nouveau était – enfin – en train d’arriver. Widerberg lui-même considérait Barnvagnen comme une bonne première tentative. Une scène du film demeura toute sa vie une de ses scènes favorites : celle où Britt et Björn écoutent de la musique classique à la
bibliothèque municipale de Malmö. Les bibliothèques municipales en Suède avaient commencé à proposer de la musique avec écouteurs. Dans le film, Björn amène Britt pour qu’elle écoute de la musique classique. Pendant qu’ils écoutent, ils se parlent un peu. La scène a été filmée le deuxième jour du tournage. On commença par filmer de manière très traditionnelle un comédien à la fois. Tout d’abord les répliques d’Inger Taube. Mais Widerberg n’était pas content. Dans le privé, Inger Taubeétaitdrôleetavaitdelarepartie.Lorsdutournage, le dialogue était plat. Il essaya quelque chose de nouveau. Inger Taube n’eut pour consigne que d’arriver à sa réplique finale. Il fallait qu’elle trouve elle-même le chemin pour y arriver. Thommy Berggren, qui était un acteur plus expérimenté, avait pour consigne de la soutenir. La scène fut tournée avec la caméra braquée sur Inger Taube. Widerberg avait estimé sa durée à environ 45 secondes.Mais Inger Taube mit près de cinq minutes à arriver à sa réplique finale. Et elle la dit à sa manière, pasdutoutcommeelleavaitétéécritedanslescénario. Soudain, il y avait de la vie devant la caméra. Les répliques de Berggrenfurent tournées de la même manière. MALAVIDA
Quand Widerberg regardacette scène sur la table de montage - il ajouta un peu plus de Vivaldi que ce qu’on entendait sortir des écouteurs -, il trouva que dans ces images précisément, tout avait fonctionné comme il le souhaitait. Les acteurs étaient complètement naturels. Il n’y avait plus du tout de sentiment de jeu. Dans pratiquement toutes les critiques du film, cette scène est mentionnée. « C’est comme s’il avait caché la caméra dans sa boutonnière », écrivit un critique. À partir de là, Bo Widerberg considéra « le complexe Vivaldi » comme la scène dans laquelle il avait trouvé sa méthode à lui. Le scénario devait juste servir de base. L’important était d’oser attendre le moment où les acteurs ne pensaient plus à jouer et faisaient vivre leurs répliques. Il n’oublia jamais cette leçon. Plus tard, les producteurs furent scandalisés par la quantité de pellicule que Widerberg utilisait en attendant ce moment précis. Mais pour Bo Widerberg, un moment comme celui de la bibliothèque municipale de Malmö valait toute la pellicule du monde.
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Marten Blomqvist, journaliste au Dagens Nyheter
ELVIRA MADIGAN BO WIDERBERG Pour la première projectiond’Elvira Madigan aux EtatsUnis,Bo Widerberg souhaita insérer un carton dans les premières images pour avertir le public de la fin tragique de ce récit basé sur des faits réels. A l’origine, le film s’adressait à un public qui connaissait l’histoire d’Elvira Madigan. Elvira et Sixten étaient aussi connus du public suédois que l’étaient Bonnie et Clyde aux États-Unis. Les aventures des deux couples montrent d’étranges ressemblances et furent adaptées au cinéma à la même époque. Elvira Madigan était le nom d’artiste de la jeune Danoise Hedvig Jensen, une funambule, qui à la fin du XIXe siècle, se produisait dans le cirque Madigan, appartenant à son beau-père.Sixten Sparre, lieutenant de l’armée suédoise, bien que marié, vitElvira dans son spectacle et succomba à ses charmes. Il abandonna son régiment, elle quitta le cirque, et ensemble, ils s’enfuirent au Danemark. Elle avait 22 ans, il en avait 35. A l’époque, ce fait divers fit couler beaucoup d’encre. Sparre avait deux jeunes enfants, et ayant déserté l’armée suédoise, il était activement recherché. Les journaux suivaient avec grand intérêt les efforts de la police pour arrêter le couple d’amoureux. Leur histoire tragique inspira une chanson que pratiquement tous les Suédois connaissent encore de nos jours. Avant le tournage, Persson et Widerberg discutèrent beaucoup du fait de tourner en couleur, ce qui restait encore très problématique à l’époque. Le Technicolor existait depuis longtemps, mais ce type de pellicule exigeait énormément de lumière, et il était très difficile d’obtenir des nuances de couleurs différentes de celles que l’on associe à des films tels que Le Magicien d’Oz et MALAVIDA
Autant en emporte le vent ( tous deux de 1939 ). A l’époque, en Suède comme à l’étranger, la couleur était réservée aux comédies et aux mélodrames grandioses. Pour les films policiers et les drames plus sombres, le noir et blanc appuyait le propos sérieux du sujet. Une nouvelle pellicule, plus sensible, existait cependant depuis peu de temps. Le réalisateur et son chef opérateur comprirent qu’il était possible de réaliser un film en couleur sans avoir recours à cette intense lumière artificielle qui effaçait les ombres et rendait les films américains sans relief. Le choix de Thommy Berggrenpour le rôle de Sparre semblait évident. Il était plus difficile de trouver une Elvira. Widerberg avait souvent du mal à choisir les actrices de ses films. Pour le film d’essai, une Miss Danemark donna la réplique à Thommy Berggren. Elle était très belle, mais il n’y avait aucune alchimie entre Thommy Berggren et elle. Après plusieurs castings infructueux,Widerberg remarqua dans un magazine la photo d’une jeune lycéenne qui dansait avec le prince héritier ( l’actuel roi de Suède,Carl XVI Gustaf ). Quelque chose dans sa frêle silhouette blonde retint son attention. On contacta donc la jeune aristocrate, Pia Degermark, qui à l’âge de 16 ans seulement, se vit offrir le rôle principal féminin au côté de Thommy Berggren, de 12 ans son aîné. Le tournage d’Elvira Madiganeut lieu au cours de l’été 1966, en Scanie et au Danemark. Les costumes, les couleurs et la musique classique sont d’une rare beauté. Mais en réalité, le film fut tourné comme un road-movie. L’équipe était réduite au minimum. Les déplacements se
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faisaient avec deux minibus, l’un pour l’équipe et l’autre pour les costumes et l’équipement technique. Quand le film fut sélectionné au festival de Cannes, l’équipe se sentit presque obligée de mentir à propos des conditions du tournage. Les admirateurs d’Elvira Madigan avaient du mal à croire que c’était un film à petit budget. La caméra dirigéevers la source de lumière et les acteurs à contre-jour, la surexposition faisait presque disparaître l’arrière-plan, ce qui, traditionnellement, était considéré comme une hérésie. Mais Widerberg en démontra l’effet sublime quand il créa ainsi un mur de lumière derrière les acteurs. En visionnant les essais, il compara ses propres images aux œuvres des peintres impressionnistes français. Les effets de flou sont dus au fait que Pia Degermark était très jeune et sans expérience. Bo Widerberg ne voulait pas la perturber en filmant de trop près. Même pour les gros plans, Widerberg obligeait son chef opérateur à garder une certaine distance et à utiliser un objectif longue focale avec peu de profondeur de champ. Tout ce qui entoure ce couple follement amoureux disparaît comme dans un brouillard. Ceci rejoint le thème du film. Elvira Madiganfut un grand succès international, surtout aux Etats- Unis. En mai 1967, Pia Degermark reçut le prix d’interprétation féminine au festival de Cannes – une grande surprise pour une débutante de 17 ans, repérée parWiderberg dans un magazine. La musique du film, le deuxième mouvement du 21ème concerto pour piano de Mozart, se retrouva au hit-parade, et encore aujourd’hui, il est connu sous le nom de « thème d’Elvira Madigan. Thommy Berggren fut privé d’une carrière internationale à cause de la barrière de la langue, mais il devint l’un des acteurs suédois les plus admirés
du pays. Aujourd’hui, il se consacre surtout à la mise en scène au théâtre. Quant à Pia Degermark, promise à une grande carrière internationale, il semble qu’elle soit tombée entre les mains d’un agent médiocre et qu’elle ait connu une vie houleuse. Jörgen Persson a travaillé pour plusieurs productions internationales. Depuis leur collaboration en 1987 sur le film Pelle, le conquérant, il est devenu le chef opérateur favori du réalisateur danois Bille August.
Le film semble avoir été créédans le rythme de la musique de Mozart. Mais le choix se porta sur cette musique à la dernière minute. Widerberg avait passé commande d’une musique originale pourElvira. Quand il écouta la composition, il la jugea catastrophique. Comme à chaque fois, il était très en retard sur son planning. Il refusa la musique à seulement quelques jours de la projection du film aufestival de Cannes. Ils n’avaient que 24 heures pour trouver une solution. Tous les collaborateurs furent renvoyés chez eux avec la mission de trouver une musique. Un des membres de l’équipe, amateur de musique classique, revint le lendemain avec l’enregistrement du 21e concerto pour piano de Mozart. Bo Widerberg n’aima pas le 1er mouvement. Un de ses collaborateurs les plus proches insista pour qu’il continue à l’écouter. Il s’agissait de Sven Fahlén, l’ingénieur du son.Widerberg apprécia davantage le 2nd mouvement, mais sans enthousiasme. Fahlén copia alors la musique sur une bande, partit au montage en courant avec la bande et commença à mixer l’image et la musique. Bo Widerberg entendit la musique alors qu’il montait l’escalier. Au moment où il franchit la porte du montage, toute discussion était close. Il n’eut même pas besoin de dire à ses collaborateurs qu’il avait trouvé la musique du film : Mozart et Elvira étaient faits l’un pour l’autre. Marten Blomqvist, journaliste au Dagens Nyheter
FILMOGRAPHIE BO WIDERBERG
La beauté des choses ( 1995 – Lust och fägring stor ), Nomination Oscar Meilleur film en langue étrangère, Academy Awards 1996 / Ange bleu et Prix spécial du Jury, Festival de Berlin 1996 / Guldbagge du Meilleur réalisateur et du Meilleur film, Guldbagge Awards 1996 / Meilleur acteur, Festival du Film Nordique de Rouen 1996. Le chemin du serpent ( 1986 – Ormens väg på hälleberget ), Guldbagge de la Meilleure actrice ( Stina Ekblad ), Guldbagge Awards 1987. L’homme de Majorque(1984-Mannen från Mallorca ), Guldbagge du Meilleur acteur ( Sven Wollter ), Guldbagge Awards 1985. Victoria ( 1979 – Victoria ), Compétition officielle, Cannes 1979.
Un flic sur le toit ( 1976 – Mannen på taket ), Guldbagge du Meilleur film et du Meilleur acteur ( Håkan Serner ), Guldbagge Awards 1977. Tom Foot ( 1974 – Fimpen ). Joe Hill ( 1971 – Joe Hill ), Prix spécial du Jury, Cannes 1971 / Nomination BAFTA Awards 1972. Adalen 31 ( 1969 – Ådalen ’31 ), Grand Prix du Jury, Cannes 1969 / Guldbagge du Meilleur réalisateur et du Meilleur acteur ( Roland Hedlung ), Guldbagge Awards 1969 / Bodil du Meilleur film européen, Bodil Awards 1970 / Nomination Oscar Meilleur film en langue étrangère, Academy Awards 1970 / Nomination BAFTA Awards 1970 / Nomination Meilleur film en langue étrangère, Golden Globes Awards 1970. Elvira Madigan ( 1967 – Elvira Madigan ), Prix d’interprétation féminine ( Pia Degermark ), Cannes 1967 / NBR Award du Meilleur film en langue étrangère, National Board of Review USA 1967 / Nomination Meilleur Cinématographie ( Jörgen Persson ) et Révélation féminine ( Pia Degermark ), BAFTA Awards 1969 / Nomination Meilleur film en langue étrangère et Révélation féminine ( Pia Degermark ), Golden Globes Awards 1968. Heja Roland ! ( 1966 – Heja Roland ! ), Guldbagge du Meilleur film et du Meilleur acteur ( Thommy Berggren ), Guldbagge Awards 1966. Amour 65 ( 1965 – Kärlek 65 ), Prix FIPRESCI ( Mention honorable ) , Festival de Berlin 1965. Le quartier du corbeau ( 1964 – Kvarteret Korpen ), Guldbagge du Meilleur acteur ( Keve Hjelm ), Guldbagge Awards 1964 / Compétition officielle, Cannes 1964 / Nomination Oscar du Meilleur film en langue étrangère, Academy Awards 1965. Le péché suédois ( 1962 – Barnvagnen ). Le petit garçon et le cerf-volant ( 1961 – Pojken och draken, court-métrage cosigné par Jan Troell ).
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