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par Michel Pelenc, Directeur de la fédération nationale Habitat et Développement
AméLiorEr SoN LogEmENt ? uN ActE dE croiSSANcE vErtuEux à promouvoir !
Michel Pelenc,
Directeur de la Fédération Nationale Habitat & Développement
Le débat sur la croissance fait rage. Sans entrer dans celui-ci, pour éviter toute polémique, il nous appartient de signaler que nous avons identifié, de longue date, un secteur d’activité d’exception. Pensez-donc ! Ce secteur d’activité recèle de multiples vertus. Il génère du pouvoir d’achat, de l’emploi - non délocalisable – en même temps que de la cohésion sociale et des ressources fraîches pour les finances publiques. Plus, il permet de lutter contre les gaz à effet de serre et présente même des avantages en matière d’aménagement du territoire. Autrement dit, nous avons trouvé le Graal, un instrument de croissance miraculeux et vertueux à tous égards ! De quoi s’agit-il ? Et bien tout simplement du secteur de l’amélioration de l’habitat ! Et cela tombe plutôt bien parce que le gisement est gigantesque, inépuisable ! Songeons aux économies d’énergie et aux adaptations de logements à réaliser ou encore à la rénovation des milliers de logements pris au piège de copropriétés en voie de dégradation. Et cela nous ravit, puisque nous sommes sur l’essentiel : comment réussir à l’école, grandir, trouver un travail, participer à un projet de société, sans un logement décent, mieux, de qualité ? Pour plus de croissance, il reste à mettre en place une politique bien vue qui dynamise ce secteur !
De quoi parlons-nous ?
Le confort du parc de logements privés (près de 23 millions de logements) a beaucoup évolué au fil du temps. Dans les années 60/80, les politiques des pouvoirs publics ont essentiellement eu pour objectif d’y apporter les trois éléments de confort : WC, salle d’eau et chauffage central. L’entreprise a réussi puisque, aujourd’hui, seuls 1,5 % des logements ne sont pas dotés de tout le confort.
Mais aujourd’hui, l’habitat s’apprécie à l’aune de nouveaux paramètres, il est question de santé et de sécurité, d’acoustique, de gaz à effet de serre. Il faut également compter avec le renchérissement des prix de l’énergie ou encore le vieillissement démographique.
Tout cela se traduit par l’introduction de nouvelles normes qualitatives, plus exigeantes. Sans cesse, le parc de logements doit être adapté, tiré vers le haut, pour correspondre aux nouveaux besoins, aux progrès sociétaux et environnementaux.
Des besoins significatifs !
3,4 millions de familles souffrent du froid (soit 7 à 8 millions de personnes), 1,3 million de personnes vivent dans des logements qualifiés de « mauvaise qualité » (électricité déficiente, humidité...) situant la France au 18ème rang européen sur 24 ! Les risques sanitaires liés à l’habitat indigne concernent environ 600.000 logements, soit près d’1 million de personnes, notamment, des chômeurs et des familles monoparentales.
Enfin, le Centre d’analyse stratégique évalue à 2 millions le nombre de logements qui doivent être adaptés pour faire face au vieillissement de la population.
Ajoutons que la Fondation Abbé Pierre estime dans son rapport annuel 2012, sur le mal logement, que ce sont au total plus de 8 millions de personnes qui sont aujourd’hui concernées par la crise du logement !
Un secteur énergivore
Les logements représentent 29 % de la consommation finale d’énergie et 13 % des émissions de gaz à effet de serre. Dans le cadre des objectifs du Grenelle de l’Environnement, il faut à compter de 2013, rénover 400.000 logements par an !
Le premier poste budgétaire des ménages
Sur la période 1965 et 2010, les revenus des ménages ont été multipliés par 1,8, mais les prix des logements l’ont été par 2,9 et ceux des dépenses logement par 3,4 ! Le logement est devenu le premier poste de dépenses des familles et le taux d’effort net des ménages n’a pas cessé d’augmenter, allant jusqu’à 40 % du revenu pour les locataires les plus modestes résidant dans le secteur privé.
Un secteur économique clef
Avec la crise, il est utile de rappeler que le secteur de l’amélioration de l’habitat pèse 62 Milliards d’€ dans l’économie française, soit autant que celui de la construction !
Il faut aussi souligner qu’il s’agit d’emplois non délocalisables et d’un secteur à forte intensité de main d’œuvre car moins industrialisé que la construction. 55.000 € de travaux génèrent 1 emploi direct et 0,4 emploi indirect.
Il faut encore noter qu’un taux élevé d’effort consacré aux dépenses de logement réduit le pouvoir d’achat des familles. Dans la foulée, la consommation tend à la baisse alors que notre économie repose en grande partie sur celle-ci !
Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que l’amélioration de l’habitat génère des taxes : Tva, taxe d’habitation, etc.
Plaidoyer pour une politique d’amélioration de l’habitat de grande ampleur
Le secteur de l’amélioration de l’habitat réunit donc tous les ingrédients pour mettre de la croissance dans notre économie et de la cohésion sociale dans notre pays. Encore faut-il l’activer ! Or le secteur est malmené. L’Agence nationale de l’habitat (Anah) en charge principale de la conduite de cette politique a vu ces dernières années ses crédits se tasser fortement, et donc ses interventions chuter : 75.000 logements améliorés en 2011 contre un peu plus de 100.000 en 2010 et 150.000 il y a une dizaine d’années.

Redonnons à l’Anah les moyens de dynamiser ce secteur
Nous prônons en conséquence une révision profonde de cette politique, nous détenons un levier de croissance vertueux, valorisons-le ! Concernant la ressource pour alimenter cette Agence, précisons qu’elle était alimentée jusqu’en 2005 par la contribution sur les revenus locatifs. On avait, là, une véritable sécurité sociale du logement ! Les propriétaires versaient une taxe et en retour avaient droit à des aides lorsqu’ils entreprenaient des travaux. Et bien, il faut tout simplement réactiver cette contribution. La valorisation substantielle des biens immobiliers ces dernières années facilitera cette mise en œuvre. Nous aurions ainsi une Agence dotée de près de 800 millions d’€, soit en capacité de générer près de 4 milliards d’€ de travaux et d’améliorer 200.000 logements par an !
Donnons plus de liberté aux collectivités territoriales pour des politiques de l’habitat définies au plus près des besoins des habitants
La période récente a vu la montée en responsabilité des collectivités territoriales. Certaines ont pris la délégation de compétence des aides à la pierre, beaucoup allouent désormais des aides à l’habitat considérables (toutes sont répertoriées sur le site : www.habitatdeveloppement.fr).
Mais, aujourd’hui de nombreuses collectivités territoriales souhaitent franchir une étape supplémentaire. Elles attendent d’être saisies totalement de cette compétence grâce à un véritable transfert. C’est bien un acte III de la décentralisation qui est aujourd’hui attendu, seul à même de permettre la mise en œuvre de politiques de l’habitat plus performantes, en prise directe avec les besoins des populations locales, de quoi améliorer concrètement le quotidien de milliers de familles supplémentaires chaque année ! ■
Habitat & Développement
« Un logement de qualité pour tous »
Le socle de l’engagement du projet HABITAT & DÉVELOPPEMENT est d’améliorer les conditions d’habitat des populations, notamment les plus fragiles. Il s’agit de permettre à chacun de vivre dans un logement décent et de qualité, en milieu urbain comme en milieu rural, en métropole comme en outre-mer.
23.000 familles accompagnées dans leur projet d’amélioration de l’habitat
Chaque année, les 123 structures et les 1.131 collaborateurs du réseau Habitat & Développement renseignent près de 80.000 familles. Ils contribuent à l’amélioration ou à la construction de près de 23.000 logements et gèrent plus de 7.700 logements. Par ailleurs, plus de 315 collectivités territoriales nous confient la mise en œuvre de leur programme d’amélioration de l’habitat. Les équipes des associations Habitat & Développement informent les familles, les renseignent d’un point technique (estimation du coût des travaux, choix des équipements présentant le meilleur rapport qualité /prix), financier (quelles subventions peuvent être mobilisées, quels prêts avantageux et autres crédits d’impôts) et administratif (quelles règles et normes respectées, etc). Les familles peuvent être accompagnées tout long de leur chantier jusqu’à la réception du chantier et au versement des subventions. Cet accompagnement est le plus souvent gratuit, dans tous les cas à coût très réduit puisque nos associations sont agréées par l’Etat, ce qui permet aux familles d’être largement défrayées.
Pour en savoir plus :
• www.habitatdeveloppement.fr, avec notamment un guide de l’amélioration de l’habitat • www.ameliorer-mon-logement.fr, des aides pour mes travaux d’économies d’énergie • www.louer-responsable.fr, pour conjuguez immobilier et solidarité