Design, nouvelles technologies et affaires publiques

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DESIGN, NOUVELLES TECHNOLOGIES ET AFFAIRES PUBLIQUES : CONCATÉNATION AU SERVICE D’UNE UTOPIE NÉCESSAIRE. MEMOIRE DE FIN D’ETUDES KEVIN MOREL-FONTAINE SCIENCES PO TOULOUSE 2010

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REMERCIEMENTS Avant tout, Mme Erwane Monthubert, pour son soutien à toute épreuve, ses encouragements, son écoute, son temps et ses précieux conseils. Mme Catherine Guiral, qui a su mettre la “rigueur alsacienne” au service de l’image et de l’expérimentation. M. Olivier Peyricot, l’un des designers et théoriciens les plus visionnaires de notre temps. Romain, probablement l’une des personnes qui m’inspirent et me motivent le plus sur cette Terre. David, Claire, Céline, Daniel.

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 INDEX  0 10 - 31 INTRODUCTION : LA PENSEE DESIGN AU SERVICE DE VILLES NUMERIQUES DURABLES

1 32 - 52 LES BONS ELEVES : ETAT DES LIEUX DES VILLES INNOVANTES AUTOUR DU MONDE. QUELQUES “MICRO-FAITS”.

2 53 - 60 LOCAL

3 61 - 102 MODEL TOWN

© 103 – 109 CONCLUSION

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QUEL EST LE LIEN ENTRE LES RESEAUX D’ECHANGES ET L’ORGANISATION DE LA VILLE ? QUEL EST L’APPORT DU NUMERIQUE, DES TELECOMMUNICATIONS ET DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION DANS LA STRUCTURATION COMPLEXE DE LA VILLE ? QUELLE EN EST L’INCIDENCE SUR L’ESPACE PHYSIQUE DES AIRES URBAINES ? COMMENT CREER DANS CE CONTEXTE URBAIN ENRICHI PAR LE NUMERIQUE ? QUELS ENJEUX ACTUELS RENOUVELLENT LA MANIERE DE PENSER L’AMENAGEMENT URBAIN ? COMMENT ANTICIPER SUR LES NOUVELLES FORMES DE L’ESPACE URBAIN ? QUELLES CONSEQUENCES SUR LA CREATION NUMERIQUE ET LA CREATION URBAINE ? QUELS ROLES PEUVENT Y JOUER LE DESIGN ET LE DESIGNER ?

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INTRODUCTION

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  INTERACTION ----------------------------------------------------------------------------------------------------

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Le « QR Code », ou « Quick Response Code ; un exemple intéressant en matière de design d’interaction. Développé par l’entreprise japonaise Denso-Wave en 1994, ce code barre nouvelle génération, aussi appelé « code matrice », ayant l’apparence d’un pictogramme, peut stocker jusqu'à 7089 caractères numériques, 4296 caractères alphanumériques ou 2953 octets, tandis qu’un code barre « traditionnel » ne peut stocker lui que de 10 à 13 caractères alphanumériques. Il présente l'avantage de pouvoir conserver beaucoup d'informations tout en étant petit et rapide à scanner. L’IxDA (« Interaction Design Association »), organisme international dédié à la pratique professionnelle du design d’interaction, définit cette activité comme caractérisant la structure et le comportement des systèmes interactifs. Le design d’interaction se donne ainsi pour mission de créer des relations éloquentes entre les individus et les produits ou services qu’ils utilisent, incluant ordinateurs et appareils mobiles (ou « nomades ») entre autres. A la croisée des chemins entre l’ingénierie, l’anthropologie, la sociologie et la psychologie cognitive, le design d’interaction ressemble fortement à une science cognitive et pourrait se placer au centre des interfaces développées entre ces disciplines scientifiques. Constituant tout autant une philosophie, il forme donc un champ interdisciplinaire très vaste. L’Interaction Design Association exprime d’ailleurs, sur son site internet, sa croyance dans le fait que la condition humaine est de plus en plus mise à l’épreuve par de faibles « expériences » (en Anglais : « Experiences » ou « User Experiences »). L’IxDA entend dès lors améliorer la condition humaine en faisant progresser cette discipline qu’est le design d’interaction1. Vaste programme, tout aussi philosophique que technologique. Ces vingt dernières années, il s’est produit un changement révolutionnaire dans la manière dont les individus interagissent avec les technologies numériques dans leur vie de tous les jours. La frontière qui séparait autrefois le “digital” du “physique” s’est obscurcie donnant aux designers de nouvelles responsabilités pour donner forme, non plus à de simples objets, mais à des expériences. Le design d’interaction facilite ces expériences 























































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Texte original tel qu’apparaissant sur le site de l’Interaction Design Association : « We believe that the human condition is increasingly challenged by poor experiences. IxDA intends to improve the human condition by advancing the discipline of Interaction Design. »

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entre les individus et les produits et services interactifs qu’ils utilisent. Il les façonne alors qu’elles gisent à la croisée des chemins entre les besoins des utilisateurs, les objectifs commerciaux et les technologies. Tandis que le design émergea comme une profession orientée vers les services, ses praticiens ont progressivement créé des artefacts se concentrant sur l’objet, la forme. Mais un changement notable de direction s’est opéré avec l’arrivée de technologies de plus en plus complexes. Il est alors apparu avec évidence que notre expérience, notre contact, avec ces produits et services interactifs et technologiques / numériques est essentielle et prime sur l’enveloppe.

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  DES VILLES INTELLIGENTES ----------------------------------------------------------------------------------------------------

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« The 19th century was a century of empires, the 20th century was a century of nation states. The 21st century will be a century of cities. » Wellington E. Webb, maire sortant de Denver dans l’état du Colorado ---------------------------------------------------------------------------------------------------Il y a de cela deux siècles, on ne comptait à la surface de la planète que deux foyers de populations dépassant le million d’habitants : Londres et Pékin. Aujourd’hui, on en dénombre 450 au sein de ce qu’on appelle le « global urban age » qui qualifie l’ère urbaine et technologique que nous traversons aujourd’hui. L’avenir de notre système de plus en plus urbanisé et technologique dépend ainsi du bon fonctionnement ainsi que du bon développement de ces nids économiques, gouvernementaux, culturels et technologique d’un nouveau genre. Si « le 19e siècle était le siècle des empires, le 20e celui des états-nations, le 21e sera celui des villes » comme le déclarait Wellington E. Webb, le maire sortant de la ville de Denver, dans l’état du Colorado aux Etats-Unis. Rendre les villes plus interconnectées et intelligentes ne réside toutefois pas seulement dans le dépassement des défis qui se présentent à elles, il s’agit également de reconnaître que beaucoup de ces derniers que nous devons affronter dans notre entreprise pour rendre notre planète plus intelligente s’axent autour de la création de “villes durables”. C’est que les villes symbolisent et centralisent la plupart des aspects inhérents à la refonte de notre planète : éducation, santé, gestion de l’eau et de l’énergie, sécurité publique, transports, gouvernement, télécommunications, flux de données, et ainsi de suite… Les villes doivent ainsi recourir aux nouvelles technologies pour transformer leurs systèmes afin d’optimiser l’utilisation des ressources, qui sont, elles, limitées. Tandis que la durabilité, pour, à la fois les villes et la planète, rencontre une importance grandissante dans les mentalités, la question n’est pas tant de savoir si les villes rallieront cet effort, mais plutôt, à la lumière de celles qui

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s’inscrivent déjà dans cette dynamique, et elles sont nombreuses, comment pouvonsnous, grâce aux nouvelles technologies, mutualiser ces initiatives et ces compétences afin de les étendre au maximum et repenser ensemble le “vivre ensemble” urbain ?

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  INTERAGIR AVEC LA VILLE ----------------------------------------------------------------------------------------------------

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L’interactivité n’est pas seulement présente dans nos interfaces nomades et autres appareils, mais aussi au sein de systèmes beaucoup plus larges comme les villes. Ces dernières années de plus en plus de métropoles ont mis à disposition de quiconque diverses données, créant une opportunité incomparable pour les citoyens de s’impliquer dans les questions urbaines et gouvernementales. Nous pouvons tous en effet comparer et analyser les données relatives aux transports en commun, aux parkings, à la circulation ou encore au recyclage. Pour les designers numériques et interactifs, cela représente aussi une façon très concrète de se mettre au service de la communauté et peut changer la façon dont les autorités publiques les perçoivent : non plus comme de simples prestataires de services vers qui se tourner lorsqu’ils ont besoin d’un nouveau site web, mais comme de véritables penseurs, vecteurs de changement et de progrès. Pensons, par exemple, à l’écosystème de Nike+, la solution de gestion et de coaching en running de la marque américaine. Un spectre extrêmement large de possibilités est offert via ce service qui n’utilise pourtant que deux types de données : le temps et le nombre de foulées réalisées dans ce temps. Tout dans cet écosystème, de la visualisation des données aux programmes d’entraînement, en passant par les compétitions et les communautés, émane d’individus produisant ces deux sortes de données. Nous pouvons dès lors commencer à envisager les villes comme des générateurs d’informations. Il reste cependant à déterminer quelle est la réelle signification de ces données et, alors, nous pourrons utiliser cette dernière pour changer la ville et l’expérience que nous en faisons. D’autant que nous semblons aujourd’hui être obsédés par la détention et la présentation d’un flux constant d’information (ce qui a d’ailleurs inspiré certains travaux de Claude Closky ou encore d’Edouard Boyer) comme en atteste l’essor des applications de réalité augmentée et des visualisations données. Nous sommes résolument entrés dans ce que nous pourrions appeler “une société de l’image”. Et ce domaine continuera à évoluer tant que les nouvelles technologies nous permettrons de mieux intégrer des facteurs comme les comportements, les sentiments et les données géolocalisées. Il appartient cependant aux designers d’enrichir la manière dont on peut interagir avec et réagir à ces données ainsi qu’entre nous. Il nous reste ainsi encore à imaginer de véritables usages permettant d’engager des “conversations” autour de ces

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données plutôt que de les présenter simplement, sans interaction, à travers de visualisations. Chris Fahey, professeur à la New York School of Visual Arts, déclare d’ailleurs : « l’interaction est une forme cognitive de conversation entre les Hommes et les machines, systèmes et données. »

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  DESIGN/DESIGNER ----------------------------------------------------------------------------------------------------

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« Le design est une activité politique. » Olivier Peyricot, designer. ---------------------------------------------------------------------------------------------------Tout ce qui, dans ce monde, ne fait pas partie de la faune et de la flore est le résultat d’une série de décisions design et de processus de création. Mais, bien que la plupart des choses aient été conçues pour être utilisées par des gens, nous n’avons le plus souvent pas, en amont, la possibilité d’intervenir sur leur aspect, leurs fonctionnalités et leur fonctionnement. Combien de fois ne vous êtes vous pas dit, face à tel objet ou tel service, « ils auraient dû faire ça comme ça » ou « ils auraient dû ajouter si ou ôter cela » ? Ce mémoire et, l’une des productions qui l’accompagne, la boîte à outils, entend rétablir l’impact et le pouvoir que nous pouvons avoir sur les produits, qu’ils soient des objets ou des services, qu’ils soient matériels, conceptuels ou numériques. Il vise dès lors plus à apporter des pistes de réflexion, tout en proposant quelques solutions dont chacun est invité à s’en inspirer afin de repenser la ville et les environnements numériques, non plus comme deux champs distincts, mais comme deux mondes dans lesquels nous évoluons (et nous évoluerons de plus en plus) tous les jours et dont la rencontre et les interactions doivent être pensées ensemble afin d’établir un monde plus agréable et plus intelligent. Car voici ce qu’est le “vrai” design aujourd’hui : il est collaboratif, participatif et vise à apporter des solutions pensées sur le long terme afin de développer des dénouements favorables à tous, même aux individus qui, à priori, ne seraient pas directement concernés par les solutions en question. Le design est donc avant tout une pensée (on parle de « pensée design ») et une méthodologie qui vise à apporter des solutions, particulièrement dans ce monde, au moins à demi numérique, de plus en plus conscient des problèmes et crises qui l’agitent et l’occupent. Car plus que de produits c’est aujourd’hui bien de solutions qu’il

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faut parler pour se référer à tout ce qui émane d’un processus de création. On parle même de design des politiques publiques2 et de design des processus métier (ou process management design). Tout est design, mais plus qu’un adjectif ou un substantif, le “bon” design est un verbe. Designer (ou to design en Anglais) : l’action d’aborder les vrais problèmes et d’y apporter des solutions intelligentes. Le design est ainsi une méthodologie, mais une méthodologie particulière puisqu’elle place l’Homme au cœur du projet au sein duquel est par ailleurs fortement intriqué la notion de responsabilité sociale / collective. Cet aspect social est toujours apparu dans le design et c’est ainsi que l’on peut déclarer, avec Olivier Peyricot, que le design est une activité et un partenaire politique. Son langage est d’ailleurs très proche du discours politique. Le designer, tout comme le politicien, a des objectifs et des délais. Tous deux conçoivent en outre des projets pour le cadre de vie. Le design offrira des réponses innovantes aux crises que connaît notre monde, mais si et seulement si nous sommes en mesure d’opérer sa transformation de nom commun en verbe fort. Au-delà d’améliorer ou perfectionner le salon de ceux dont le design est déjà à leur portée, le design améliorera la vie de tout habitant de cette Terre. Il ne s’agit pas non plus d’omettre le beau, mais cette notion fortement subjective va bien au-delà d’un aspect purement formel. Un résultat dont nous sommes satisfaits constitue une parfaite manifestation du beau. Mais il faut sortir du schéma traditionnel erroné qui vise à concentrer ses efforts sur le formel - et donc le beau en apparence – pour penser prioritairement à l’utilité, en gardant cependant à l’esprit que le beau peut servir l’utile. C’est donc une gymnastique subtile qu’il faudra opérer en respectant une méthodologie rigoureuse qui vise dans un premier temps à identifier un réel problème, puis à développer une solution innovante adaptée et favorable à tous. Les mots de Buckminster Fuller, le designer et penseur novateur américain du XXe siècle, résonnent alors comme une source d’inspiration propice à cette entreprise et comme une morale dont nous devons retenir les enseignements : « Je ne pense jamais à la beauté. Je ne pense qu’à résoudre des 























































 2
cf.
«
Design
des
Politiques
publiques
»
de
l’agence
d’innovation
publique
La
27e
Région,

paru
aux
éditions
de
La
Documentation
française
en
avril
dernier.

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problèmes. Mais lorsque j’ai terminé, si la solution n’est pas belle, je sais que quelque chose ne va pas ». Précisons encore que, bien que la boîte à outils développée en appendix de ce mémoire soit le produit de cette pensée et méthodologie design contemporaine, le design lui-même est un outil.

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  GOOD DESIGN ----------------------------------------------------------------------------------------------------

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Les termes “bon” et “design” partagent une histoire commune relativement compliquée. Depuis les expositions « Good Design » du Museum of Medern Art newyorkais (aussi connu sous le nom de MoMA) au début des années 1950, ces deux termes, utilisés conjointement, ont souvent été utilisé pour promouvoir les valeurs, la philosophie et l’esthétique associées au Modernisme, un mouvement de l’histoire du design dont les fondements reposaient sur la priorité accordé à la fonctionnalité allégée de tout ornement inutile. Le Modernisme rejetait catégoriquement les fioritures. Pour Edgar Kaufmann Jr., le directeur du département de design industriel du MoMA et l’instigateur à l’époque de ces expositions, le “bon” en design était une qualité objective à laquelle les fabricants pouvaient être formés dans leurs productions et que les clients pouvaient être entrainés à reconnaître. Afin d’aider les consommateurs à identifier un design de qualité une fois sortis de l’exposition et de l’enceinte quelque peu biaisée car immaculée du musée, le Museum of Modern Art et le principal sponsor de l’exposition, la société de Chicago Merchandise Mart, créèrent une étiquette orange et noire estampillée « Good Design » attachée aux objets étant jugés détenir cette qualité. Les chaises et fauteuils Eames, les montres et horloges Nelson, les tables Noguchi ainsi que d’autres objets en magasin exprimaient ainsi clairement à travers leur fonction, leur structure et leurs matériaux « les besoins pratiques de la vie moderne3 » selon les termes d’Edgar Kaufmann. Un problème résidait cependant dans le fait que le “bon design” ne s’intéressait en fait qu’à l’objet en lui-même. Le fusil d’assaut AK-47, développé en Union Soviétique par Mikhail Kalashnikov en 1947, par exemple, recourt à des matériaux appropriés et présente d’autres critères du good design : solidité, qualité du travail manufacturé, efficacité, aptitude à l’usage. Cette arme fut conçue de telle sorte que rien, pas même le sable ni la glace, ne puisse pénétrer à l’intérieur du fusil et enclencher le mécanisme de tir par accident. Son aspect est par ailleurs robuste et ne présente aucune fioriture. Pour beaucoup, l’AK-47 constitue ainsi un classique dans les annales du good design. Une question émane logiquement dès lors : “bon” pour qui et pour quel usage ?

3
En
Anglais,
«
The
practical
needs
of
modern
life
»
selon
ses
termes
originaux.

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Il existe en fait d’autres façons de percevoir, analyser, qualifier et considérer le design, plus adéquates aux défis que rencontre notre société en ce XXIe siècle. A la lumière des catastrophes naturelles, le bon design en tant que cause en lui-même apparaît moins important que les applications du design et de la pensée design pour servir de bonnes causes. Récemment, une myriade d’initiatives profondément altruistes, pour lesquelles le design n’est pas juste bon mais bon pour quelque chose, a vu le jour : le mouvement Architecture for Humanity rassemble architectes et designers autour de projets dont le but est d’atténuer un certain nombre de crises humanitaires, Worldchanging partage outils et approches pour résoudre des problèmes mondiaux, « Design for the Other 90% », une exposition s’étant tenue au Cooper-Hewitt National Design Museum new-yorkais, expose des travaux de designers ayant réfléchi à des solutions pour améliorer l’accès pour tous à la nourriture ainsi qu’à l’eau, l’énergie, l’éducation, la couverture santé, l’emploi et les moyens de locomotion. Un design de qualité interfère également à un niveau plus routinier et quotidien afin de perfectionner et transformer la vie de tous les jours du quidam. Il ne réside donc pas nécessairement dans des résolutions grandiloquentes aux problèmes planétaires. Le plus souvent, il est d’ailleurs de petite envergure et sans remouds, mais, ajoutées les unes aux autres, ces initiatives deviennent incroyablement puissantes et réformatrices, présentant des solutions innovantes et adaptées anticipant les besoins quotidiens d’individus simples qui souhaiteraient seulement communiquer, voyager, apprendre et s’épanouir efficacement et avec plaisir. Parfois, la qualité d’un design se mesure au fait qu’il ne se remarque même pas. Lorsque l’on trouve son chemin sans encombre, par exemple, on s’arrête rarement pour réfléchir à pourquoi et comment ce fut possible. Mais en fait, derrière ce trajet et sa réussite se cachent le design intelligent de panneaux de signalisation, du système de numérotation des rues, des routes bien pensées, et éventuellement d’une carte et d’un GPS… Une expérience intéressante pourrait être de noter et rassembler tous les moments ordinaires d’une journée devenus extra-ordinaires et facilités par l’intermède d’éléments pensés par d’autres, ces designers invisibles. Le “design vert” ou “design durable” est-il synonyme de “bon design” ? Roshi Givechi et Ian Groulx, de l’agence de consultants en design IDEO, déclarent à ce sujet :

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« nous pensons que le design durable n’est pas seulement une tendance. C’est un changement à long terme des manières dont les entreprises font des affaires et des habitudes et modes de vie des individus. Un aspect très positif réside dans le fait que beaucoup de ces changements se produisent par choix. Les individus sont vraiment motivés pour agir. Le développement durable fait partie de ce qui est “bon” aujourd’hui. »

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  L’HERITAGE DE R. BUCKMINSTER FULLER ----------------------------------------------------------------------------------------------------

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Designer, architecte, urbaniste, ingénieur et mathématicien américain charismatique, R. Buckminster Fuller, né le 12 juillet 1895 et mort le 1er juillet 1983, était un penseur global et futuriste, ayant œuvré avant même que la nécessité d’une pensée globale et d’une vision à long terme ne s’inscrive dans la conscience collective. Pour Marshall McLuhan, philosophe, Fuller était « le Léonard De Vinci de notre ère ». Pour le Time Magazine, il fut « le premier poète de la technologie » et fut nominé pour le Prix Nobel de la Paix. Fuller est aussi le père spirituel du mouvement du développement durable d’aujourd’hui. Dans les années 1950 déjà, bien avant l’environnementalisme moderne, il identifia une crise globale de magnitude planétaire. Penseur et théoricien également, il publia plus de trente ouvrages, donna naissance et popularisa des concepts et expressions comme « the Spaceship Earth », « the ephemeralization » ou encore « synergetics »4. Il développa aussi de nombreuses inventions, principalement architecturales, dont parmi les plus connues figure le dôme géodésique5. Buckminster Fuller créa également une des premières voitures écologiques, une zone d’habitation pouvant accueillir toute la population pauvre mondiale et un jeu en faveur d’une coopération entre les nations. Les années 1980 et 1990 ont toutefois abandonné sa vision et ses solutions collectives aux problèmes pressants de l’humanité pour faire émerger une scène de « starchitects » substituant la forme à l’utilité sociale. Les constructions de Frank Gehry ou de Renzo Piano sont certes esthétiquement novatrices et intéressantes mais sont avant tout autarciques et n’ont que peu de considération pour la communauté les entourant, l’impact environnemental ou les conséquences à long terme, comme en atteste le Palais de Justice de Nantes dont les factures en électricité astronomiques dépassent allègrement les prévisions de son architecte, Jean Nouvel. Mais Buckminster Fuller ne voulait aucunement être considéré comme un héros. En 1927, à l’âge de 32 ans, sa vie se trouva à un tournant. C’est alors qu’il décida de faire de son existence un terrain d’expérimentations pour tester les possibilités de vivre d’une 























































 4
«
La
Terre‐Vaisseau
spatial
»,
l’
«
éphémèralisation
»,
la
«
synergétique
»
 5
Structure
sphérique
ou
partiellement
sphérique
entièrement
composée
d’éléments

triangulaires
(ou
facettes
triangulaires)
comme
le
Biosphère
de
Montréal.

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manière qui soit la plus bénéfique possible à l’humanité. Il dévoua ainsi sa vie à une question unique : que peut faire l’Homme lambda pour changer le monde ? Résolument optimiste, il étudia les principaux philosophes du XIXe siècle comme Malthus

et

conclut

qu’ils

s’étaient

fourvoyés :

l’espèce

humaine

n’est

pas

« intrinsèquement défaillante ». Pour Fuller, nous étions plutôt entrain de nous « transformer en succès », de nous parfaire. Il croyait ainsi qu’il est possible de recourir à l’ingéniosité humaine ainsi qu’aux ressources existantes pour résoudre des problèmes globaux tant que nous acceptons de commettre un « égocide », de tuer nos égos. « L’égoïsme, déclara t-il, est inutile et irrationnel ». Cet idéalisme peut sonner sentimentale ou désespérément naïf, mais aujourd’hui plus que jamais, les nouvelles tendances artistiques, architecturales et en design élaborent des concepts grandement basés sur les idées qu’il développa. Fuller était l’un des premiers penseurs et créateurs à identifier publiquement la crise mondiale émanant du déséquilibre des ressources. Il positionna nombre de ses travaux dans l’optique de rétablir l’équilibre dans la disponibilité et le partage des ressources en inventant des modèles d’efficacité basés sur la nature, son leitmotiv étant : « Do more with less6 ». Il croyait fermement que les avancées technologiques, lorsqu’elles sont employées correctement, peuvent gérer efficacement et même créer des ressources afin que chacun sur Terre puisse mener la vie luxueuse d’un milliardaire. Il écrivit ainsi en 1981 : « technologiquement, nous avons à présent à bord du Vaisseau spatial Planète Terre 4 milliards de milliardaires complètement inconscients de leur fortune ». Alors qu’un monde dans lequel les principes de Fuller sont appliqués à tous les aspects de la vie, ce qu’il appelait « the Design Science Revolution », reste à être imaginé, ses préceptes et postulats ont été profondément influents, spécialement parmi le mouvement pour un développement durable des années 1970. Des idées comme la croissance intelligente, le recours à des énergies alternatives ou encore le recyclage, sont toutes héritières de la pensée de Buckminster Fuller. Récemment, Cameron Sinclair, cofondateur d’Architecture for Humanity, a créé l’Open Architecture Network et le tandem, 























































 6
«
Faire
plus
avec
moins
»

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composé par le chimiste allemand Michael Braungart et l’architecte William McDonough, a écrit Cradle to Cradle : Remaking the Way We Make Things. Ces deux initiatives, parmi d’autres, ont poussé les idéaux de Fuller plus loin à travers un nouveau paradigme en faveur d’une conscience écologique, proposant de nouvelles approches radicales repensant « la transformation de l’industrie humaine à travers un design écologique intelligent. »

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1

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Les bons élèves : État des lieux des villes innovantes autour du monde. Quelques “micro-faits”. --------------------------------------------------------------------------------------

Transports ---------------------------------------------------------------------Certaines villes commencent par transformer leurs systèmes de transport. Dublin, Singapour et Brisbane, par exemple, travaillent actuellement au développement de systèmes intelligents revêtant la forme d’outils prévisionnels, de cartes intelligentes ou encore de systèmes de péage novateurs, dans le but de réduire le trafic et la pollution. Ces initiatives font partie d’une tendance grandement observable à la surface du globe qui voit les principales villes mondiales déployer des systèmes de transport plus intelligents recourant à de nouveaux modèles ainsi qu’à de nouvelles technologies afin d’aborder les impacts de l’urbanisation de masse.

⌘ Dublin --------------Depuis 2008, la Railway Procurement Agency (RPA) de Dublin, travaille avec IBM afin de créer et d’implanter un système électronique concernant les titres de transport. Dénommé ITS (Integrated Ticketing System), il vise tous les transports en commun dans le Grand Dublin (the Greater Dublin Area). Ce système électronique de paiement permettra aux usagers d’utiliser une carte unique de type “pré-payé” dans tous les bus, trains et trams de la ville. Cette solution tarifaire automatique intégrée nouvelle génération possède une

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capacité pouvant traiter jusqu’à deux millions de transactions par jour et peut être étendue afin d’inclure d’autres services à valeur ajoutée comme le rechargement via Internet ou le paiement de petites transactions dans certains commerces. Le système ITS élimine la nécessité d’avoir des pièces de monnaie sur soi à chaque fois que l’on veut acheter un titre de transport tout en assurant des transactions sécurisées, rapides et commodes ; la Smart Card qui lui est associée se rechargeant facilement au bon vouloir de l’usager, lorsque nécessaire. Le système ITS facilite en outre les transferts entre différents opérateurs et modes de transport et permet une plus grande flexibilité des tarifs. Au plan numérique, IBM fournit le système back-office ainsi que la solution de gestion des tickets et de la Smart Card. La solution ITS recourra à la plateforme technologique de la société gérant l’application logicielle Integrated Ticketing, déjà utilisée à Singapour. La ville-état avait elle aussi choisi, en 2006, IBM et sa plateforme technologique pour assurer la gestion de sa carte électronique de transport personnalisable. Dermot Walsh, Global Business Services Partner chez IBM Irlande se félicite de pouvoir, avec ce projet, « aider les autorités irlandaises à maximiser l’utilisation des atouts déjà existants des transports publics à travers tous les modes de transport, tout en aidant à faciliter les changements pour les usagers ». Ce projet permet, en outre, à travers cette thématique des transports publics, d’aborder sérieusement les problématiques inhérentes au développement durable des villes. Ce système novateur appartient au projet national irlandais Transport 21, représentant le plus important investissement du pays à ce jour en matière de transports publics. Le gouvernement irlandais prévoit d’investir, au total, près de 34 milliards d’euros, sur une période s’étalant jusqu’en 2015, afin d’assurer à ses citoyens des transports en commun modèles de première classe.

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⌘ Singapour -------------------En 2007, la ville-état asiatique a mis en place un système de prévision du trafic dans son quartier d’affaire, le Central Business District. Combinant des données sur la circulation dans cette zone collectées antérieurement ainsi que des données temps-réel transmises par la compagnie publique de transport locale, la Singapore Land Transport Authority (LTA), cet outil prédictif est en mesure d’anticiper l’état de la circulation à divers intervalles (toutes les 10, 15, 30, 45 ou 60 minutes). La technologie développée recourt aux techniques statistiques adaptatives conjointement à une correction automatique des erreurs. Les premiers résultats ont prouvé l’efficacité du système avec un taux de réussite (adéquation entre les prévisions et le trafic constaté) supérieur à 85%. Par ailleurs, durant les périodes de pointes, lorsque plus de données temps-réel sont disponibles, la précision moyenne des prévisions approche les 90%. Tandis que le développement des infrastructures est requis dans la plupart des villes, il ne peut cependant pas représenter la seule solution aux embouteillages car il inclut des coûts autant pécuniaires que sociaux et environnementaux significatifs. En guise d’alternative, l’innovation peut, et doit, être appliquée aux défis que rencontrent les aires méga-urbaines en matière de circulation. Pensées non pas de manière isolée mais en tenant compte des infrastructures existantes, les nouvelles technologies peuvent résolument permettre une utilisation plus intelligente des équipements déjà en place. Financé à hauteur de dix millions de dollars, l’objectif de cet outil est d’accélérer le développement d’idées innovantes ainsi que l’adoption de technologies stratégiques dans le but de garantir un système de transport routier efficace et rentable. La LTA étant constamment à la recherche de solutions novatrices afin d’atteindre son objectif d’amélioration des trajets, cet outil de prévision du trafic démontre l’utilité de recourir à des pratiques technologiques innovantes pour améliorer le quotidien dans la ville de demain. Cette initiative répond dès lors de ce que nous avons qualifié de “bon design” (supra), en ce qu’elle apporte des avancées significatives aussi bien pour les citoyens que pour la recherche et le développement durable.

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⌘ Brisbane -----------------En 2008, l’autorité gérant les autoroutes du Queensland, Queensland Motorways, a développé un système de péage automatique libre à travers tout le Sud-Est de cette région australienne. Une fois de plus, les technologies de pointe en matière de gestion de la circulation et de business intelligence sont mises à contribution. Le système mis en place offre aux conducteurs diverses options de paiement électronique : via transpondeur ou reconnaissance de la plaque d’immatriculation par exemple. Les usagers devraient ainsi significativement bénéficier de gains en terme de temps, de fiabilité de paiement et de sécurité.

⌘ Masdar ---------------En 2008, lorsque le projet de Masdar City, la ville écologique futuriste de 50 000 habitants, sans gaspillage et sans empreinte carbone, qui sera construite aux Emirats Arabes Unis, fut révélé pour la première fois, les réactions ne se firent pas attendre et le programme fut taxé d’irréaliste. D’autant que le projet annonçait que cette métropole serait vierge de toute voiture ! Les autorités en charge avaient en effet déclaré que les habitants de la ville se déplacerait au moyen de petites structures automatisées, ce qui sonnait pour le moins intrigant, voire excentrique. Eh bien, presque un an plus tard, ce moyen de locomotion futuriste a été révélé au World Future Energy Sumit. Dénommés “PRT” (Personal Rapid Transit), ces petits engins écologiques conçus par la société italienne Zagato ne sont certes à l’heure actuelle que des prototypes, mais des précisions concernant la manière dont ils fonctionne ont été fournies. Au contraire des rames de métro, les voitures électriques PRT sont dédiées à des trajets pour des individus seuls, un peu comme les taxis, et circuleront sous terre sur un réseau dense de rails.

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⌘ Londres ----------------Londres n’est pas l’une des meilleures villes anglaises pour les vélos (un récent sondage la classe 17e) mais le maire de la capitale, Boris Johnson, est entrain d’essayer de changer les choses. En juillet dernier, il a annoncé l’ouverture de deux autoroutes d’un nouveau genre puisqu’entièrement dédiées aux vélos (des “super pistes cyclables” en quelque sorte). Ces dernières font un peu plus d’1,50 mètres de large, possèdent deux voies afin de faciliter le trafic dans les deux sens et sont peintes en bleu clair afin d’être plus facilement repérables et dissuader les automobilistes d’empiéter dessus. L’une s’étend sur plus de treize kilomètres entre la banlieue du Sud-Est de Merton jusqu’au centre ville ; l’autre parcourt la ville jusqu’à Barking, dans l’Est londonien. À terme, douze routes cyclables comme celles-ci devraient voir le jour, rayonnant en étoile, comme les rayons d’une roue de vélo, depuis le centre-ville de la capitale. Cette initiative fait partie du programme pour encourager l’utilisation des vélos en ville souhaité par le maire qui inclut, outre ces routes cyclables, un système comparable aux Vélibs parisiens ainsi qu’une unité de police à vélo, l’objectif de Brian Johnson étant d’engager une véritable « révolution cycliste » dans la capitale.

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---------------------------------------------------------------------Sécurité publique ---------------------------------------------------------------------Aux Etats-Unis, Syracuse, Santa Barbara ou encore Saint Louis présentent de bons exemples du recours à l’analyse de données ainsi qu’aux technologies sans fil et vidéo, en matière de surveillance notamment, dans la lutte contre le crime et la coordination des unités de gestion des urgences.

⌘ Syracuse ------------------La police de Syracuse (dans l’état de New York) souhaitait donner à ses agents la possibilité d’accéder au réseau central du système d’information à travers toute la ville, via une connectivité sans fil, afin qu’ils puissent, depuis le terrain, consulter, rédiger et envoyer des rapports, obtenir des données comme des photos d’identité ou les plans d’immeubles, consulter les bases de données législatives et jurisprudentielles, et s’échanger des emails. Plutôt que de mettre en place un système de manière autarcique, la police de Syracuse a intelligemment utilisé les investissements réalisés par l’autorité de gestion des écoles de Syracuse, le Syracuse School District (SSD). Un lien sécurisé et fiable a ainsi été établi entre le réseau haut débit utilisant la fibre optique du SSD et le système d’information de la police et a apporté la possibilité aux agents de police d’accéder au réseau par l’intermédiaire de hotspots7 dans les écoles de la ville. Le projet a vu le jour lorsque le département de police de la ville a identifié le besoin de fournir à ses agents l’accès à son réseau via une connectivité sans fil depuis leurs voitures. L’un des objectifs principaux résidait dans la possibilité pour les agents de pouvoir remplir 























































 7
Points
de
connexion

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et envoyer des rapports électroniques depuis le terrain, sans avoir à retourner au commissariat. Les autorités policières de Syracuse ont d’abord rencontré plusieurs organisations publiques afin de discuter de l’installation de hotspots WiFi au sein de divers bâtiments publics de la ville. L’idée d’une collaboration avec ces autres institutions faisait déjà son chemin, imposée par le manque de ressources financières du projet. À l’issue de ces réunions de discussion, il est apparu que le Syracuse School District, qui venait de mettre en place un réseau très robuste s’appuyant sur la fibre optique, présentait de nombreux avantages bénéfiques à l’entreprise voulue par les services de police. Seul le matériel des points de connexion nécessaire à l’accès en WiFi au réseau restait à être acheté et installé. Recourir au réseau existant du SSD permettrait ainsi de répondre à la demande de la police tout en évitant la mise en place d’une infrastructure qui aurait été dès lors redondante. Cela éviterait par ailleurs de devoir recourir à un fournisseur d’accès privé. Les coûts ont donc été fortement amoindris. Au-delà du concept initial, l’idée de partager les ressources de manière étendue s’est par la suite imposée et, outre le réseau, c’est également le personnel en charge du système d’information et de la maintenance qui est partagé par les deux institutions. D’autres projets pilotes ont par ailleurs été menés et étudiés en commun en matière de vidéosurveillance

et

de

systèmes

électroniques

d’accès

aux

bâtiments

(portes

automatiques à verrouillage électronique). Au final, les bénéfices de cette action se situent à plusieurs niveaux : •

Un effet de levier a été exercé sur les ressources et les infrastructures technologiques et humaines ;

Les budgets limités de ces institutions publiques ont été optimisés ;

La collaboration et le partage des ressources ont été favorisés ;

Les policiers peuvent bénéficier d’un accès sans fil à leur réseau, sur le terrain ;

Les écoles sont garanties de voir renforcée la sécurité publique à proximité des leurs établissements.

En matière de services publics, le principal obstacle que l’on peut rencontrer réside dans

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les ressources budgétaires que l’on peut allouer au développement d’un projet, particulièrement en ce qui concerne les nouvelles technologies. Les institutions publiques disposent en effet de budgets limités mais ont besoin, elles aussi, de réformes s’appuyant sur les progrès technologiques. Plus que jamais, elles nécessitent de moderniser leurs équipements et leurs systèmes mais sont contraintes de travailler dans la limite impartie à des budgets serrés. Favoriser la collaboration entre deux ou plusieurs institutions semble ainsi être une solution de choix afin de provoquer des effets de levier concernant les investissements et les ressources, tout en optimisant leur utilisation, dans le but de réaliser un projet qui, émanant d’un organisme seul, n’aurait pu voir le jour. Au-delà de l’amélioration de la sécurité publique et des performances de la police, le principal enseignement a tirer de cette initiative est donc, qu’en matière de modernisation des services publics, où les ressources financières sont fortement limitées, la collaboration entre plusieurs institutions est résolument une méthode efficace et appropriée. Le partage de ressources à la fois humaines et technologiques permet de corroborer l’adage « less is more » : les possibilités techniques sont en effet grandement améliorées par les synergies et permettent d’opérer une utilisation optimale des ressources tout en réalisant des économies significatives (voire indispensables pour les services publics).

⌘ Santa Barbara --------------------------À Santa Barbara, en Californie, le Sheriff Department, qui a pour mission la protection de près de 400 000 citoyens dans sa juridiction, suivait depuis longtemps un ensemble de pratiques largement répandues à travers tout le pays en matière d’application de la loi. Parmi les plus basiques mais les plus importantes figurait la manière dont l’autorité enregistrait et rédigeait les rapports concernant les actions des agents au cours d’interventions de régulation de la circulation, des arrestations, des accidents et d’autres incidents. Sur le terrain, les officiers rentraient ces informations textuelles manuellement via des terminaux encastrés dans le tableau de bord de leurs véhicules. À la fin de leur service,

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il transférait alors ces données vers la base de données du Santa Barbara Sheriff’s Department (SBSD). En outre, les agents impliqués dans des accidents de voiture devaient remplir une montagne de papiers, dont la plupart étaient d’ailleurs redondants. Une équipe administrative chargée d’enregistrer, maintenir et accéder à ces rapports était par ailleurs requise, aggravant l’inefficacité du système. Les processus et systèmes peu efficaces ainsi que peu optimisés empêchaient ainsi le SBSD de tirer le meilleur de sa ressource principale : ses officiers en patrouille. Avec, approximativement 250 sheriffs, 200 agents de services correctionnels et 200 agents civils, couvrant plus de 7 000 km2, le Santa Barbara Sheriff’s Department, se devait de trouver un moyen d’équilibrer l’accroissement du nombre d’interventions et la diminution de son budget, tout en préservant la sécurité des citoyens. Plus précisément, le SBSD nécessitait de transformer la manière dont il rassemblait et gérait les données relatives aux crimes et incidents afin, à la fois d’optimiser ses ressources financières limitées et de se protéger des vulnérabilités juridiques. Le Sheriff Department s’est alors engagé dans la mise en place d’un système innovant de gestion des données criminelles automatique, flexible et sécurisé lui garantissant plus d’efficacité et ayant un fort effet dissuasif sur les actions en justice frauduleuses. Une réduction des frais en matière juridique avoisinant les 90% ainsi qu’une réduction de près de 40% du temps passé par les agents en cour de justice sont prévues. Ce nouveau système est en outre supposé diminuer de près de 70% le temps passé par les officiers à remplir des rapports redondants. Une étude de la RAND Corporation fixe le ratio optimal d’officiers de police par habitants à 2 pour 1 000. Pourtant celui de la Californie, et des états de l’Ouest des Etats-Unis en général, se situe bien en dessous, oscillant entre 1,7 et 1,85 agents pour 1 000 citoyens, d’après des statistiques récentes du FBI, alors même que ces états font partie de ceux dont l’augmentation de la population est la plus forte du pays. L’accroissement exponentiel de la population ne fera qu’accentuer cette disparité et amoindrir les ressources du Sheriff Department. Tandis que la question de la sécurité publique gît toujours en tâche de fond, le réel message de cette situation réside dans le besoin pour les villes d’adapter leur pratiques en ce qui concerne l’application du respect de la loi à la réalité, à long terme, de

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ressources se limitant de plus en plus et de budgets amenés à être de plus en plus serrés. Cet exemple démontre ainsi une fois encore l’optimisation des ressources financières et humaines rendue possible par une utilisation intelligente systèmes électroniques automatisés. La clé du succès résidera, pour toutes les villes connaissant une forte croissance démographique, dans l’innovation. Le Sheriff Department était par ailleurs aux prises avec un certain nombre de problèmes relatifs à la manière dont les informations étaient utilisées en tant que preuves dans les affaires. Parmi eux, le plus prégnant résidait dans l’incapacité du SBSD à réfuter rapidement et de manière décisive les réclamations en responsabilité civile infondées (par exemple, les arrestations abusives ou encore les cas de brutalité policière) qui survenaient parfois parmi les appels. Forcé de donner suite à tout litige, même les poursuites frivoles en justice, l’autorité policière engageait des frais importants en matière d’actions en justice. Ses agents passaient la plupart de leur temps à faire des apparitions à la cour, faisant des dépositions et remplissant des rapports, ce qui sapait encore plus ses ressources, qui auraient pu, autrement, être allouées aux activités de force de l’ordre. Il lui fallait donc également mettre en place un système de gestion des preuves sans couture, ce qui présentait toutefois un degré d’exposition juridique potentiellement élevé. Un système vidéo numérique apporterait cependant le mélange nécessaire de sécurité et de flexibilité ainsi qu’une certaine facilité de gestion. Le SBSD a alors opté pour une solution vidéo numérique intégrée aux voitures basée sur la technologie de la société Coban Research and Technologies (CobanTech). Cette solution novatrice capture automatiquement des vidéos de haute qualité de la circulation et des activités criminelles et génère un filigrane digital dans le but d’assurer l’intégrité des images en ce qu’il protège les vidéos de toute éventuelle manipulation. Les agents du Santa Barbara Sheriff Department peuvent désormais uploader des vidéos automatiquement : comparables aux boîtes noires présentent dans les avions, les terminaux encastrés dans les véhicules du SBSD peuvent enregistrer et monitorer des vidéos d’incidents assorties de métadonnées précieuses telles la date, l’heure et les données de géolocalisation des incidents en question ou encore les données enregistrées par les radars (vitesse) ou même les conditions météorologiques. Le système permet ainsi une meilleure réactivité et un gain

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de temps précieux en matière de litiges contradictoires ou infondés. En outre, en offrant la possibilité aux agents, avocats, juges ou tout autre individu autorisé, d’effectuer des recherches parmi les séquences vidéo et leurs métadonnées associées, la solution mise en place réduit considérablement les coûts administratifs engendrés par le suivi des affaires. Le prochain chantier en cours d’élaboration est la possibilité d’uploader également les rapports rédigés sur le terrain en complément des vidéos. Une autre solution prévue permettra, grâce à la connectivité sans fil offerte par le système vidéo implanté, d’opérer une surveillance en temps réel à distance de locations et établissements sensibles ou “à risque” comme les casinos ou les banques. Cette capacité télémétrique devrait réformer les pratiques du SBSD de deux manières principales : •

Premièrement, en offrant la possibilité aux agents de garantir une couverture plus étendue et plus vive en recourant aux ressources déjà disponibles, elle améliorera l’efficacité générale du Department et amplifiera la protection assurée aux citoyens ;

Ensuite, la possibilité d’accéder facilement à un flux à distance en cas d’incident, fournira au SBSD les moyens de coordonner efficacement, et en conséquence, ses ressources et ses réponses.

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---------------------------------------------------------------------Eau et énergie ---------------------------------------------------------------------Certaines villes ont bien compris l’enjeu que représente une réforme intelligente des systèmes de gestion de l’eau. Ressource tarissable et précieuse, et pourtant vitale, l’eau et son accès pour tous dans les villes doivent être pensés selon une compréhension en amont des facteurs qui peuvent aider à sauvegarder sa qualité et sa disponibilité. C’est notamment l’entreprise menée par Sao Paulo, au Brésil. À Malte, le gouvernement est entrain de mettre en place un réseau intelligent (ou “smart grid”) reliant le système énergétique et le système de gestion de l’eau. Détectant les fuites, le réseau permet en outre une tarification variable et apporte plus de contrôle aux usagers. A terme, il garantira la mutation de l’île qui remplacera les combustibles fossiles par des énergies renouvelables.

⌘ Sao Paulo ------------------Un logiciel permettant de prédire l’avenir de l’eau potable, tel est le résultat de la collaboration entre l’organisation non gouvernementale The Nature Conservancy, la ville de Sao Paulo, au Brésil, et le Center for Sustainability and the Global Environment de l’université du Wisconsin. Un outil informatique novateur né de ce partenariat aide ainsi les gestionnaires de l’eau dans leurs décisions et leur permet de faire des choix plus efficaces en matière de conservation, au niveau des systèmes implantés dans les rivières et les terres environnantes, en anticipant les impacts quantitatifs et qualitatifs potentiels de ces décisions sur l’eau potable. Par exemple, il est ainsi possible de prévoir comment la conversion d’une zone forestière en terres agricoles le long d’un cours d’eau peut affecter la faune aquatique de cette zone dont dépendent les activités économiques et

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l’alimentation de ses habitants ; de déterminer quelle est la relation entre la qualité de l’eau et les changements observés sur la végétation locale ; de définir quels zones seraient le plus aptes à accueillir des parcs nationaux ou des réserves naturelles afin d’assurer l’intégrité du système des rivières ; ou même d’identifier comment les cours d’eau sont affectés par les activités terrestres telles l’agriculture, l’élevage, les habitations ou l’industrie. Cet outil permet encore, par exemple, de déterminer où doivent être concentrés, géographiquement, les efforts de conservation des terres bénéfiques à la biodiversité terrestre et aquatique. Le programme exécute des scénarios simulés dans un environnement virtuel en 3D permettant aux gestionnaires de réaliser des expérimentations avec diverses variables et de comprendre quels facteurs peuvent avoir des impacts sur le système de gestion des eaux. Il participe ainsi de l’amélioration de la planification et de la coordination entre les institutions, les agriculteurs et les éleveurs, l’objectif étant d’atteindre une gestion des terres et des ressources aquatiques optimale en terme de développement durable, assurant ainsi la viabilité à long terme des écosystèmes naturels et des bienfaits qu’ils apportent aux individus. Le manque d’eau pour tous ainsi que pour l’irrigation de la nature est un problème global majeur. Ce projet représente le genre d’innovations nécessaires à la préservation de l’eau potable à une échelle qui peut déjà faire la différence.

⌘ Malte ------------------Connue pour son climat sec et ensoleillé, ses chevaliers et sa longue tradition architecturale, l’archipel méditerranéen de Malte est aussi le premier pays à informatiser entièrement son réseau de distribution d’électricité de manière à optimiser la production et la distribution et mieux mettre en relation l’offre et la demande entre les producteurs et les consommateurs. Connu sous le nom de “smart grid”, le réseau de distribution d’électricité intelligent est une réponse au besoin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre

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pour lutter contre le dérèglement climatique. L’apport des technologies informatiques au réseau est censé le sécuriser, économiser l’énergie et en réduire les coûts. Les réseaux électriques et aquatiques de Malte sont inexorablement reliés. Le pays dépend entièrement de l’étranger en ce qui concerne le pétrole, pour la production de toute son électricité et pour plus de la moitié de son approvisionnement en eau, qui passe par un processus de désalinisation extrêmement consommateur en énergie. Le nouveau réseau intelligent sur le point d’être mis en place intègre à la fois le système électrique et le système aquatique. Il permet de détecter les fuites d’eau ainsi que les déperditions en électricité sur tout le réseau, offrant dès lors la possibilité de réaliser des investissements plus intelligents et d’en réduire l’inefficacité. 250 000 compteurs interactifs contrôleront les consommations en temps réel, fixeront des taux de variation et permettront de récompenser les usagers consommant le moins d’énergie et d’eau. Grace à ce nouveau système, le gouvernement maltais sera en mesure de fournir à ses citoyens de meilleures informations dans le but de prendre des décisions plus intelligentes à propose de quand et comment ils consomment de l’énergie et le pays pourra entamer la lourde tâche de substituer les énergies renouvelables aux énergies polluantes.

⌘ Amsterdam ----------------------500 foyers de la capitale constitutionnelle des Pays-Bas sont sur le point de participer à un programme pilote et vont ainsi être équipés de compteurs intelligents. Ce projet fait partie de l’initiative « Amsterdam Smart City » mise en place par la ville, au sein de laquelle citoyens, institutions et entreprises travaillent ensemble à une utilisation plus efficace de l’énergie, de l’eau et de la mobilité afin créer un ville durable. Un portail dédié aux foyers participants à ce programme sera mis en place où ces derniers pourront voir en ligne quelle est leur consommation énergétique ainsi que les étapes et mesures nécessaires à la réduction de celle-ci. À l’aide de ces compteurs intelligents, les participants au programme seront en mesure de

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comprendre leurs consommations énergétiques en temps réel et, en fonction de ces données, réaliser des ajustements dans leurs comportements. Une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 14% est espérée par les autorités. Si le programme pilote s’avère concluant, il est prévu qu’il soit instauré auprès de plusieurs dizaines de milliers de foyers à travers tout le pays.

⌘ Londres ----------------Londres est parcourue par plus de 16 000 kilomètres de tuyaux d’acheminement des eaux et la Tamise se vide de plus de 170 millions de litres chaque jour à cause de fuites (soit l’équivalent de près de 25% de la contenance des tuyaux). La ville de Londres a cependant mis en place le Leakfrog, un appareil que les usagers attachent à leur compteur d’eau pour déterminer si leur robinetterie possède des fuites. Le système a prouvé son efficacité et s’est révélé être une manne pour la réduction des déperditions en eau de la capitale anglaise. L’utilisation du Leakfrog s’est fortement accrue auprès des usagers londoniens et la Thames Water, la société de gestion des eaux, a annoncé une baisse totale de 20% des déperditions d’eau dues aux fuites.

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---------------------------------------------------------------------Le village vert ---------------------------------------------------------------------Jusqu’à il y a peu, Ashton Hayes, un petit village situé dans l’Ouest de l’Angleterre, était une communauté peu dynamique d’à peine 1 000 habitants, mais l’année dernière, la commune a été tout d’un coup transformée en modèle concernant les efforts écologiques pour combattre le réchauffement climatique. Dans le but de devenir le premier village vierge de toute empreinte carbone du Royaume Uni, les habitants d’Ashton Hayes, ont mis sur pieds une campagne agressive, basé autant sur la compétition que sur la collaboration, pour remplacer les ampoules non écologiques, installer des panneaux solaires, planter des arbres et améliorer leur système de recyclage. La commune sert aujourd’hui d’exemple et, fait notoire, a recouru assidument à la communication digitale dans son effort : un site internet régulièrement mis à jour et bien documenté a été créé ainsi qu’une vidéo promotionnelle. La personne responsable de cette initiative hors du commun, s’appelle Garry Charnock, un citoyen de 53 ans qui réside dans la commune depuis plus de 25 ans. C’est après avoir assisté à une conférence et à un débat sur le réchauffement de la planète en 2005 que lui est venue l’idée d’agir et de mettre en place des progrès écologiques dans son village. Dans un premier temps, Garry Charnock s’est rendu dans le pub local et y a tenu une discussion informelle avec d’autres habitants qui ont, de suite, décidé de le soutenir et le suivre dans son effort. De manière surprenante, la campagne qu’il a mis en place constitue de véritables cas marketing ainsi que des modèles de psycho-sociologie de la communication. Un soir de janvier 2006, des affiches faisant la promotion d’un verre de vin pétillant anglais ainsi qu’une part de tarte aux pommes offerts amenèrent près de 75% de la population du village à une réunion, tenue dans l’école communale, censée lancer la campagne « Going Carbon Neutral ». Mais au-delà de ces douceurs offertes, c’est le message de Garry

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Charnock, indiquant que les efforts personnels de chacun pouvaient conduire à quelque chose d’important, qui retint les villageois. En quelques semaines, les habitants d’Ashton Hayes avaient déjà commencé à s’engager, motivés par une sorte de pression collective positive, ce qui eu par ailleurs pour effet de rapprocher encore plus cette communauté pourtant déjà bien soudée. Les voisins commencèrent ainsi à comparer et discuter des techniques en matière d’économies d’énergie par dessus leurs haies depuis leurs jardins. Mêmes les jeunes du village se joignirent à l’effort collectif et, outre les lumières, éteignirent aussi leurs consoles de jeux vidéo. Les motivations de chacun variaient certes, certains étant plus motivés par les économies financières qu’ils pouvaient réaliser que par une volonté altruiste de sauver la planète, mais, malgré tout, cette initiative a très clairement donné à chacun au village un sentiment d’utilité et de fierté. « Travailler ensemble de manière communautaire fait disparaître tout sentiment d’excentricité ou d’étrangeté », déclare M. Charnock qui précise également qu’un message, derrière cette initiative, est aussi adressé au gouvernement : « les gens sont prêts à faire des efforts ». Le gouvernement britannique a bien entendu ce message et en avril, soit trois mois seulement après le lancement de l’opération, la commune s’est vue attribuer une bourse de près de 50 000 Euros en échange de la tenue d’une conférence pour transmettre à d’autres villages du pays les enseignements qu’elle avait tiré de cette expérience. Un seul obstacle important demeure cependant pour cette communauté : les transports. C’est qu’Ashton Hayes ne possède pas de système de transports en commun et le supermarché le plus proche se trouve à quelques huit kilomètres du village. Beaucoup de ses habitants travaillent en outre à Liverpool ou Manchester, situés à près de cinquante kilomètres. La plupart de ces citoyens modèles ont cependant commencé à prendre leurs vélos, pour des distances à l’intérieur du village ou juste à côté, alors qu’ils auraient auparavant emprunter leur voiture. Certains ont même décidé d’appliquer cette nouvelle philosophie à leurs vacances, préférant des destinations plus proches, accessibles en train, plutôt que de se rendre plus loin par avion. « Même si chacun ne fait qu’un seul de ces gestes, c’est toujours mieux que rien. Mais vous allez vite vous rendre compte que vous voudrez en faire plus », indique un des habitants du village. Ce fut d’ailleurs le cas de Barry Cooney, le propriétaire d’un pub tout

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d’abord peu conquis par l’idée, qui, après avoir pris connaissance d’une étude de chercheurs de l’université de Chester, réalisa combien il pouvait réduire ses frais en diminuant ses factures d’électricité et alla jusqu’à débrancher les réfrigérateurs de son établissement la nuit, après s’être assuré que cela ne porterait pas préjudice à la qualité de ses boissons. D’après ses déclarations, Barry Cooney fait depuis lors l’économie de près de 600 Euros chaque mois. Ce tavernier autrefois sceptique donne maintenant des conseils aux autres pour réaliser des économies d’énergie : un jour, après avoir constaté que les membres de l’équipe de football locale se déplaçaient en voitures individuelles, il prît ainsi l’entraîneur à partie et, depuis, les footballeurs font du covoiturage.

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 Local Si le web des années 2000 était indéniablement "social", le web de la prochaine décennie sera civique. Métaphoriquement, il est déjà vrai qu'à chaque fois qu'on "like" quelque chose sur Facebook ou sur tout autre site ayant implanté Facebook Connect, c'est en quelque sorte un vote que l'on réalise. La communauté Twitter a également mis en place divers systèmes de sondage tel http://twtpoll.com/. Et si ces actes civiques digitaux débordaient des communautés virtuelles pour atteindre les institutions administratives locales, les communautés non virtuelles et nos villes ?

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C'est en tout cas l'avis de Jennifer Pahika, l'entrepreneur derrière CodeforAmerica, une association a but non lucratif, inspirée en partie par sa comparse en matière d'éducation Teach for America, qui entend rassembler et allier développeurs, designers, chefs de projets, graphistes, chercheurs et mairies pour "reconstruire" les Etats-unis, à travers divers projets de logiciels et applications civiques. Leur "manifeste" d'interroger : "et si, au lieu de supprimer des services ou d'augmenter les taxes et impôts, les villes employaient le pouvoir du web pour accroître leur efficacité, transparence et participation ?" Ce projet s'inscrit donc exactement dans cette volonté et démarche d'améliorer les services publics locaux à travers le design et les nouvelles technologies et fonctionne comme suit : les villes américaines déposent une candidature au programme en faisant mention d'un projet spécifique qu'elles aimeraient voir développé et utiliser. Si elles sont sélectionnées, CodeforAmerica recrute une équipe de développeurs, créatifs, designers, graphistes et chefs de projets qui seront en charge de réaliser le projet sélectionné sur une période de onze mois. A l'issue de cette session intensive de développement, le code que l'équipe aura produit est rendu public et disponible à toute autre ville souhaitant l'utiliser. Mais cette initiative civique 2.0 constitue également une véritable opportunité de promouvoir la participation citoyenne en ce qu'elle entend, en quelque sorte, apporter des soins préventifs aux quartiers et villes afin d'éviter à avoir à guérir ou punir… Lorsque l'on se réfère à la gouvernance, on a tendance à distinguer les institutions étatiques et les collectivités territoriales. L'un des challenges les plus importants de ce 21e siècle sera de décentraliser la prise de décision au niveau du quartier. De nombreuses études fondatrices de la sociologie des organisations ont d'ailleurs pointé que lorsque les entreprises décentralisent l'autorité au niveau de l'équipe, elles ont tendance a être plus productives. Cela ne signifie pas qu'elles n'ont pas de président directeur général ou de conseil d'administration, mais simplement qu'elles attribuent une grande partie du processus de prise de décision à cette équipe de travail. De façon similaire, faudrait-il accorder plus de poids dans les prises de décision aux habitants eux-mêmes, ce qui aiderait par ailleurs, corrélativement, les résidents à se sentir plus investis dans la vie de leur quartier et constituerait donc un cercle vertueux favorable à tous.

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Créer de fortes communautés, tel est aussi le pari d'un mouvement en pleine expansion rassemblant architectes et urbanistes américains dont l'objectif dépasse la simple construction de belles maisons individuelles. A travers leur pensée design, ce sont de véritables communautés appréciées et affectionnées par leurs habitants qu'ils essaient de créer. Cette nouvelle forme de construction communautaire, que l'on pourrait comparer aux utopies et sociétés fraternelles du XIXe siècle, ne constitue pas qu'une bénédiction pour leurs résidents, elles font aussi revenir les "starchitectes" sur Terre. Beaucoup de ces nouveaux projets prennent place au sein de quartiers détruits par des catastrophes naturelles ou laissés à l'abandon. Plutôt que d'éradiquer les cultures locales, ces architectes et urbanistes utilisent les traditions spécifiques de ces quartiers en tant que fondations pour leurs projets sur lesquelles ils viennent, par ailleurs, greffer une touche de modernité. Byron Mouton, le directeur du programme URBANbuild, initié par l'université Tulane, au sein duquel les étudiants en architecture de l'établissement créent des maisons écologiques modernes et durables pour des zones ravagées de La Nouvelles Orléans, membre de cette mouvance, déclare : "je crois que c'est une incroyable injustice de construire la réplique d'un taudis juste à côté d'un vieux taudis. Cela fait plus sens de construire un nouveau genre de logements qui possèdent certaines qualités des maisons anciennes comme, par exemple, des porches, des espaces intérieurs ouverts et lumineux, tout en bénéficiant d'une plus grande efficacité énergétique, en étant plus innovants et plus sûrs". Ce sentiment est partagé par d'autres projets similaires, de Make It Right In New Orleans, qui a pour ambition de reconstruire cent cinquante foyers dans l'un des quartiers les plus dévastés par l'ouragan Katrina, au programme Greensburg GreenTown qui a abouti à la construction de douze maisons écologiques à Greensburg dans l'état du Kensas, ville ravagée par une tornade. Tous ces projets partagent la conviction qu'une communauté peut être rendue plus forte et plus soudée si l'on ne se contente pas de simplement remplacer les logements complètement ou partiellement détruits, mais qu'on les améliore par rapport à leur état avant ravage. Ces améliorations peuvent ainsi, par exemple, prendre la forme de panneaux solaires installés sur des toits en bardeaux traditionnels, de citernes

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de récolte d'eau de pluie afin d'aider au contrôle des inondations, ou encore de systèmes en préfabriqué afin de diminuer les coûts de construction. Ces projets travaillent en outre le plus souvent main dans la main avec les quartiers euxmêmes et leur communauté. Tom Darden, le directeur exécutif de Make It Right In New Orleans, indique ainsi que le projet n'a pas pour objectif de créer un nouveau type de communauté car il n'entend pas perdre le sens de la solidarité et de l'entraide qui existe déjà là-bas. Ces zones dévastées où tout est à reconstruire, constituent surtout une opportunité de réaliser un geste écologique et de sensibiliser ces populations au développement durable. Cette initiative a cependant été vivement contestée et taxée de "design Disneyland". Tom Darden objecte cependant que c'est la communauté sur place qui a conduit le projet en réalité et non les architectes et designers. Il indique par ailleurs que les dessins soumis par l'équipe qui ne sont pas bien accueillis par la communauté ne sont pas retenus. Les familles à qui sont destinés ces nouveaux foyers demeurent les réels décideurs, à toutes les étapes. Le programme Greensburg GreenTown accorde lui aussi une place très importante à l'engagement de la communauté. Les habitants ont ainsi instigué le concours de reconstruction en tant que ville durable et respectueuse de l'environnement et ont conduit le concours architectural pour les maisons témoins. A Biloxi, dans l'état du Mississippi, le projet Architecture for Humanity qui met en relation architectes et promoteurs avec des communautés ayant besoin d'aide dans leur volonté de construction ou reconstruction, a vu les futurs propriétaires de sept maisons choisir les dessins à l'issue d'une foire dédiée à l'immobilier tenue dans un immeuble de l'Armée Du Salut. Au lieu de remplacer les idéaux communautaires, les directeurs de ces projets insistent sur le fait qu'un design intelligent renforce la fierté et le sentiment d'appartenance des habitants. Ces communautés nouvellement reconstruites incluront cependant, probablement, un mélange quelque peu différent de populations. D'anciens résidents ont décidé d'aller s'installer ailleurs après la catastrophe naturelle, d'autres n'ont pas les moyens de reconstruire et, certains n'apprécient tout simplement pas les dessins proposés. Il y a, par ailleurs, inévitablement, de l'auto-sélection à travers les préférences architecturales favorisant la création d'une

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nouvelle communauté. Certains projets privés également font de leur objectif principal la sensibilisation des individus à une certaine philosophie architecturale ainsi que l'émergence et la solidification naturelles d'une communauté une fois la construction terminée. The Houses at Sagaponac à East Hampton, dans l'état de New York, fait partie de ces projets. Trente-quatre maisons écologiques

servent

de

contrepoids

aux

demeures

McMensions

outrancières

environnantes. Des architectes de renom comme Richard Meier, Zaha Hadid ou encore Michael Graves ont soumis des plans et, bien que la phase de construction ait été plus lente qu'espérée, le projet avance et sept maisons ont déjà été vendues. Dans le même registre, Aria Denver est constitué de cent six logements écologiques qui allient cohabitation, copropriété et prix abordables en recourant à une esthétique moderne et non conventionnelle pour des bâtisses en préfabriqué. [En guise de conclusion, nous pourrons nous référer à Michelle Kaufmann, une des architectes de ce projet et également membre du jury du concours Greensburg GreenTown qui apporte sa réflexion sur l'auto-sélection des résidents dans le cadre de ces nouveaux quartiers novateurs : "bien qu'une bonne architecture ne peut résoudre tous les problèmes, elle peut toutefois accompagner de nouvelles manières d'inspirer, autonomiser et encourager certains modes de pensées ainsi que certaines valeurs." Pour ces architectes avant-gardistes il ne s'agit, logiquement, de réinventer la roue et de reproduire les mêmes vieux scénarios, mais, plutôt, de repousser les limites ainsi que de franchir les obstacles rencontrées par le passé et prouver dès lors que l'on peut avancer ensemble intelligemment.] Une question émerge cependant : qu'est-ce exactement qu'un bon quartier ? Ces initiatives précitées suffisent-elles ? Dans son ouvrage The Rise Of The Creative Class, paru en 2002, Richard Florida, un des théoriciens de l'urbanisme les plus réputés au monde, explore en quoi les ingénieurs en nouvelles technologies, les artistes ainsi que d'autres créatifs et inventeurs font avancer la prospérité de nos villes. Dans The Great Reset, c'est cette fois-ci à la crise économique et financière qu'il dédie son analyse urbaine en examinant comment cette dernière va redessiner la manière dont l'on travaille et vit.

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Florida a mené une étude interrogeant un panel d'individus sur les éléments qui leur procuraient un haut degré d'attachement à leur quartier. Cinq facteurs ont été le plus souvent répondus : un faible taux de criminalité ; de bonnes écoles ; de l'emploi ; un respect de la totalité de la communauté, à savoir le fait que la communauté traite tous ses membres égalitairement peu importe l'origine ethnique, l'ancienneté dans le quartier, les revenus, la profession, l'âge et la situation maritale. Mais le premier facteur selon les individus interrogés réside dans les qualités environnementales intrinsèques du quartier. A savoir : le quartier possède t-il des arbres ? Des espaces verts ? Préserve t-il son patrimoine architectural ? Cette qualité résidant dans le caractère esthétique du quartier représente, d'après son étude, le facteur prioritaire d'attachement et de satisfaction. Paradoxalement, alors que la gentrification et la distinction prédomine de plus en plus aux Etats-Unis (distinction des quartiers selon les revenus, le statut économique et social, la profession comme en atteste le phénomène des "gated communities" ou encore Williamsburg, quartier presque entièrement peuplé de créatifs), d'après l'étude de Richard Florida, le taux d'attachement émotionnel est d'autant plus fort que le quartier est mélangé et que tous les individus se sentent acceptés et intégrés. Cependant, la crise économique devrait ralentir ce phénomène de gentrification bien que ce dernier ait tendance à apparaître rapidement. Un quartier peut sombrer d'une zone particulièrement dynamique et attractive à la désertion relativement brusquement. Et lorsqu'un endroit devient ennuyeux même les populations les plus aisées la quittent. Cependant, globalement, lorsque l'on analyse ces quartiers attractifs et effervescents, on se rend compte qu'ils ont un vrai passé, une histoire forte. On peut rendre les nouveaux quartiers meilleurs mais il difficile de penser à un que l'on aurait inventé en partant de rien et qui serait aujourd'hui un des quartiers les plus attractifs. D'ailleurs, les résidents de longue date constitue également un élément important dans ce que constitue un "bon" quartier. Un quartier a besoin d'individus qui possède une certaine connaissance de son histoire et une maîtrise de sa géographie. Cette personne peut par ailleurs être constituée par le gérant ou un employé d'un commerce de proximité implanté depuis longtemps. Ces personnes ont toujours représenté une mine d'informations à

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propos d'un quartier. Lorsqu'ils sont remplacés par des chaînes ou des grandes surfaces, c'est tout le processus d'intégration et de partage de l'information au sein du quartier qui est brisé. La relation avec les résidents n'est pas la même et l'on ne dispose plus de sa source sûre et privilégiée d'informations à propos de la vie de la collectivité. On perçoit dès lors l'importance du "stay/go local". Aux Etats-Unis, on assiste par ailleurs à un phénomène de transformation des banlieues (ou "suburbs"). Ainsi, Arlington, en Virginie, a mis en place une politique afin d'accroître sa densité, de construire activement des communautés, de mélanger restaurants exotiques et clubs tout en s'assurant que les loyers soient abordables pour tous. L'endroit dans lequel nous habitons est un facteur fondamental de notre bien-être subjectif. La plupart des psychologues et économistes du comportement ont mis en évidence que les deux principaux éléments constitutifs du bonheur dans la vie sont un travail auquel on puisse s'identifier et que l'on trouve motivant, ainsi que le fait d'avoir d'excellentes relations sociales. La communauté au sein de laquelle nous vivons constitue, selon Richard Florida, la troisième arrête, extrêmement importante, du triangle du bonheur humain. Les individus allouent beaucoup de ressources cognitives systématiques dans le choix d'un emploi, d'une carrière et d'un partenaire. Selon Florida, le choix d'un quartier pourrait être au moins aussi important. Finalement, Un quartier n'est pas qu'un amas d'individus épars mais une agrégation -ou concaténation- de relations sociales fluides et, les lieux qui permettent le formation ainsi que le développement de ces relations sont ceux que Richard Florida qualifie de "meilleurs".

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3

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 Model town Toutes les minutes durant les vingt prochaines années, trente citoyens indiens quitteront l’Inde rurale pour s’installer dans les aires urbaines. A cette cadence, le pays nécessitera près de cinq cent nouvelles villes dans les deux prochaines décennies. S’il faut se concentrer sur le développement de nouvelles solutions pour des villes durables c’est bien

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aujourd’hui. Tandis que les foyers de population s’agrandissent, ils nécessitent et sont à la recherche d’infrastructures fournissant de nouveaux services vitaux intelligents en matière de transports, de santé, d’éducation et de sécurité publique. Les demandes des institutions publiques, en perpétuel changement, se portent dès lors sur un meilleur système éducatif, des programmes écologiques, une transformation de la gouvernance publique et des rapports entre les institutions et les citoyens, une nouvelle politique en matière de logements et de nouvelles options pour les personnes âgées. L’histoire et la science fiction nous ont appris qu’il n’existe rien de tel qu’une société parfaite. Imaginées et théorisées, les utopies ont tenté de construire de telles sociétés mais une des étymologies d’utopia, dont la traduction peut être « nulle part », ne laisse déjà rien présager d’envisageable. Remplacer les infrastructures existantes paraît souvent irréaliste autant en terme d’argent que de temps. Toutefois, les avancées technologiques récentes laissent entrevoir l’espoir d’infuser une nouvelle intelligence au sein de nos infrastructures en place. Cela comprend la digitalisation et la connexion de nos systèmes afin qu’ils puissent intégrer, analyser et gérer les données ainsi que répondre intelligemment aux besoins des juridictions. En d’autre terme, nous pouvons les revitaliser dans le but de les rendre plus intelligents et plus efficaces. Ainsi, les villes pourront s’agrandir tout en maintenant une certaine qualité de vie pour leurs habitants. Imaginer un lieu de vie, foyers de plusieurs centaines, au minimum, d’habitants implique cependant quelques éléments fondateurs, quelques piliers, en vue de la constitution de scenarios prospectifs et de propositions : un événement marquant fort, un « troisième lieu », des espaces publics repensant la nature en milieu urbain, penser les échelles, repenser les banlieues et les friches, une institution solidement ancrée moteur de la vie de cette société, la présence d’une certaine diversité, gérer de manière novatrice et optimale l’énergie ainsi que la mise en place d’initiatives numériques originales et fortes telles la construction d’un mur numérique ou la généralisation des codes optiques, peuvent constituer des points de départ.

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Un événement -------------------------------------------------------------------------------------Un événement récurrent, fondé sur la participation active de la communauté, intégrateur car destiné à tous, peut résolument constituer un pilier de l’identité de la collectivité et participer activement à la célébrer, ainsi qu’à la façonner. Cet événement pourra être plus original et personnel qu’une kermesse et constituer l’essence de l’esprit du groupe. Il n’aura pas non plus besoin d’être aussi colossal que la Oktoberfest munichoise. Tout rassemblement, même le plus simple, tant qu’il est original et peut constituer dès lors une spécificité du lieu tout en étant approprié avec fierté par ses habitants, est à prendre en considération. On pourra ainsi penser au cinéma en plein air durant toutes les vacances estivales du Parc de la Villette et aux « Puces du Design » sur le bassin de la Villette, tous deux dans le 19e arrondissement de Paris, à la « Foire aux Vins » de Colmar, à « La Nuit des Mystères » mulhousienne, ou, aux Etats-Unis, au « Shakespeare Festival » d’Ashland dans l’Oregon, aux « 1st Firdays » dans le quartier d’Abbot Kinney à Venice Beach en Californie, à « South By Southwest » à Austin, dans le Texas, ou encore à l’ « Art Prize Competition » annuelle de Grand Rapids, dans l’état du Michigan.

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Un “troisième lieu” -------------------------------------------------------------------------------------Si le “premier lieu” des individus est constitué par leur logement et le “deuxième” par leur lieu de travail, il reste cependant à imaginer un “troisième lieu”, un endroit où l’on a ses habitudes et vient régulièrement pour manger, boire, s’aérer, écrire, lire, dessiner ou simplement se rassembler, échanger, communiquer ou faire des rencontres. Le Bar Ourcq et les berges du bassin de la Villette (Quai de la Loire) où l’on peut piqueniquer, jouer à la pétanque ou au badminton (boules, cochonnets, raquettes et volants étant gratuitement mis à disposition par le Bar Ourcq) est ainsi un repère privilégié des habitants de ce quartier parisien jeune et dynamique en pleine mutation, qui a su se forger, année après année, une véritable identité et possède maintenant une atmosphère unique. De même, le tout récent café culturel toulousain « Le Cherche Ardeur » installé rue des Couteliers, constitue également un lieu de rassemblement de toute la communauté artistique et culturelle environnante. Des instruments de musique sont librement mis à disposition et l’atmosphère y est résolument conviviale.

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Des lieux de détente et de rassemblement alternatifs -------------------------------------------------------------------------------------Il existe aujourd’hui de réelles volontés d’agir pour transformer son environnement urbain quotidien. Entre 2004 et 2007, les artistes Ted Purves et Susanne Cockrell ont tenu un “magasin” alternatif dans leur quartier d’Oakland, en Californie, qui ne vendait rien. Au lieu de proposer des articles à acheter, le Reading Room était rempli de livres à propos de la riche histoire du quartier. Et parce que ce dernier comptait autrefois de nombreux vergers, l’échoppe était également un lieu où les habitants pouvaient venir se servir en fruits, gratuitement. Peu de temps après son ouverture, elle était déjà devenue un lieu de rassemblement local. « Nous voulions créer un lieu public convivial, qui soit ouvert et équitable, où n’existe pas la nécessité d’être un consommateur pour pouvoir y rester », déclare Ted Purves. « Il était important d’être transparent sur notre objectif, qui était de partager des informations et engager une discussion à propos de l’histoire du quartier. Un message assez simple au final », poursuit-il. « Souvent, les gens passaient et nous n’avions même pas besoin de les engager verbalement car ils se mettaient à parler entre eux. Je pense que le fait d’avoir une grande table unique au milieu de notre espace les poussait à communiquer entre eux, au contraire des cafés habituels et leurs petites tables isolées qui poussent, eux, à des expériences privées. » Ted Purves raconte encore : « lorsque les gens se montraient particulièrement réceptifs, nous n’hésitions pas à demander leur contribution. Si quelqu’un émettait l’idée d’une promenade collective, par exemple, ou d’un stand d’échange de graines, nous les poussions à concrétiser ces projets et investissions même un peu d’argent dedans. » De tels centres peuvent constituer de véritables moteurs d’une vie de quartier ainsi que des relais alternatifs, dans toute la ville, poussant à l’échange et favorisant la réflexion sur la ville. Des initiatives intéressantes peuvent en outre en émaner, comme en témoigne l’expérience du Reading Room. Aussi, si le fait de fournir des denrées alimentaires ou des graines à cultiver constitue un élément attractif, d’autres propositions moins tangibles comme des workshops ou la diffusion gratuite de films sont d’importance égale, dans un

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cadre poussant à la conversation. Ces lieux pourraient également revêtir la forme de cabanes urbaines, qui pourraient d’ailleurs participer de la réflexion sur l’occupation des friches et des espaces vides en milieu urbain. Autant une réflexion sur le design que sur la vie quotidienne, le principe consistant à installer de petites structures à vivre et à partager dans des lieux urbains, peut être annonciateur d’une nouvelle manière de vivre la ville. Au-delà d’offrir la possibilité de faire des rencontres, d’apprendre ou de se reposer, ces structures suggèrent aussi une nouvelle manière d’envisager la façon dont la ville accueille les rassemblements (et microrassemblements).

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Pop-up meet-ups : des manifestations spontanées -------------------------------------------------------------------------------------Août 2009, Boston. La fontaine de la place … est remplie de mousse. Quelqu’un y a déversé du savon. Les enfants, qui pourtant habituellement ne se baignent pas dans le bassin, se ruent dans l’eau qui paraît être recouverte d’un magnifique tapis de neige, alors qu’il règne, en ce mois d’août, une chaleur étouffante. Un geste surprenant, beau et pourtant si simple qui a métamorphosé, temporairement la place et la manière de l’occuper. Alors que la ville devient un endroit de plus en plus organisé et balisé où chaque comportement est accompagné de discours et chaque attente anticipée, de nouvelles initiatives émergent, inattendues, inhabituelles et créatives. Elles doivent être soutenues car elles n’ont pas pour ambition de faire “exploser” le système, mais plutôt de se montrer plus imaginatives et réactives que les autorités en provoquant de petits courts-circuits destinés à remettre la ville en question : une manière d’imaginer de nouveaux espaces de liberté et d’accéder ainsi à de nouvelles émotions, plus vraies, plus collectives. Il faut susciter des échanges, mettre véritablement en relation les habitants et les lieux, ainsi que les habitants entre eux et favoriser la création de liens de proximité. Signes d’une envie de réinventer le lien social selon ses envies, les initiatives imaginées pour se rencontrer ou se rassembler se multiplient. À Paris, le métro est ainsi de en plus le théâtre d’évènements festifs improvisés, que ce soit sur les quais ou dans les rames. Apéritifs, pique-niques, concerts et autres manifestations musicales, viennent ainsi ponctuer et animer la vie souterraine quotidienne. Après les flash-mobs ou autres happenings et initiatives comme le Guerilla Gardening, l’apparition dans des lieux publics inattendus comme le métro de manifestations spontanées, décalées, conviviales et sans revendications, confirme une envie latente d’agir pour transformer son environnement quotidien. Des lieux de passage comme le métro ou une place sont transformés en expériences collectives. Il faut ainsi penser la ville comme un lieu potentiellement émotionnel, capable de provoquer des rencontres et de susciter des moments d’échanges. Il ne s’agit non plus de s’abstraire de la ville ou de la fuir, mais au contraire, de

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la réinvestir de l’intérieur pour la faire vivre autrement, de la réinventer en la transformant par de petites actions spontanées à même de donner une nouvelle couleur au quotidien. Ressentir la ville et non plus simplement y vivre, échapper à la monotonie du “mundane nine-to-five

lifestyle”

(“métro-boulot-dodo”)

en

vivant

une

expérience,

modifier

(pacifiquement) son comportement passif de citoyen et ses attiudes d’obéissance dans les lieux qui marquent l’espace urbain : autant de façons transformer les symboles de la vie réelle la plus conrète en sensations et de transformer ces lieux ordinaires en expériences extra-ordinaires. Le centre-ville deviendra alors un centre de vie.

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Espaces publics et nature -------------------------------------------------------------------------------------Des exemples comme le Millenium Park à Chicago ou le High Line (parc suspendu) à New York démontrent bien comment nature et densité urbaine peuvent non seulement cohabiter, mais surtout, interagir intelligemment. L’union naissante de ces deux univers permet en outre de servir la communauté en ce que ces lieux constituent, en outre, des lieux de rassemblement. Une immersion ou tout du moins un accès facile à la nature est une valeur ajoutée indéniable pour un quartier. Des projets ou initiatives alternatifs de rétablissement de la nature et ses activités au sein des villes, révélateurs d’une nouvelle manière d’envisager la vie en milieu urbain, sont par ailleurs à imaginer. Hier, lorsque l’on voulait s’échapper de la ville, on partait se réfugier “au vert”. La campagne, verte, calme, paisible et isolée, faisait figure d’antidote à la ville, dense, polluée, grise et stressante. Aujourd’hui, chercher le repos et s’abstraire de la ville ne signifie plus nécessairement la laisser derrière soi, mais au contraire, y demeurer en décidant de la réinventer en la transformant. La nature n’est plus seulement “là-bas”, elle est aussi ici ; une évolution autant révélatrice d’une perception de la ville comme un éco-système à part entière que d’un désir, voire une nécessité, des urbains de transformer leur cadre de vie pour mieux se l’approprier. Projet unique en France, la Ferme du Sart, à Villeneuve-d’Ascq, est un complexe associant activité agricole et vente de produits frais ou transformés. Développé sur un site de 15 hectares autour d’une ferme du XVIIe siècle, ce projet comprend des serres et des champs de

culture

de

haute

technologie,

un

verger,

des

ateliers

de

transformations

agroalimentaires, un magasin de produits frais et un marché couvert. Il propose également des loisirs comme un labyrinthe végétal et un parc animalier et réserve en outre des parcelles pour des jardins destinés aux familles du quartier. Concept inédit qui s’inscrit aussi bien dans cette tendance du “local” que nous avons déjà abordée que dans une réflexion d’intégration de la nature en milieu urbain, la Ferme du Sart ne fait pas qu’ouvrir une nouvelle voie d’expression pour les produits agroalimentaires, il révèle aussi les différentes facettes sous lesquelles nous envisageons aujourd’hui la nature, véritable trait

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d’union entre le monde agricole et le monde urbain et a inspiré d’autres initiatives depuis telle la ferme aquaponique d’Olivier Peyricot à Marne-La-Vallée. Trois facettes d’une même nature s’expriment ici : la “nature nourricière”, qui se manifeste à travers une “mise en scène” de la filière agricole, de la production à la vente en passant par la transformation et qui fait dès lors aussi figure de “nature-spectacle”, compensation régénérante proposée aux urbains en quête de dépaysement ; “nature sociale” enfin, avec ses jardins réservés aux familles du quartier comme alternative au commerce passif et contribution à la construction du lien social. La nature, domestiquée pour mieux nous rassurer, contribue à transfigurer notre quotidien citadin. Aux Etats-Unis, le groupe Growing Power, dirigé par un expert en matière de fermes urbaines au sein de la fondation MacArthur Foundation, Will Allen, a mis en évidence le potentiel des fermes urbaines par l’intermédiaire de la construction de bâtisses écologiques s’étendant sur près de 8 000 m2 de terres à Milwaukee. Growing Power a également construit une ferme s’étalant sur plus de 16 hectares à 45 minutes de Merton, dans la banlieue. A Detroit, l’entrepreneur John Hantz a récemment amorcé le projet ambitieux de construire la plus vaste ferme urbaine au monde ayant pour objectif d’aider l’environnement. Elle sera accompagnée par la création d’emplois et approvisionnera en denrées alimentaires toute la région environnante de “Motor City”. Autre proposition originale (voire inattendue), le “Guerilla Gardening” (guérilla en jardinant), nouveau phénomène urbain, est un mouvement communautaire britannique composé de jardiniers bénévoles animés par la volonté de fleurir tout espace public ou privé laissé à l’abandon ; une manière selon eux d’inciter les propriétaires et les municipalités à entretenir leurs espaces verts. La communauté a déjà traversé la Manche pour s’étendre en Europe continentale. Reflet de la possibilité offerte par Internet de rapprocher des individus et des idées, aussi anecdotiques ou utopistes soient-elles, le “Guerilla Gardening” est aussi révélateur de la manière dont les urbains souhaitent aujourd’hui agir et transformer leur cadre de vie pour mieux se l’approprier. Enfin, ce mouvement n’est-il pas le rappel que les combats de la vie quotidienne ne peuvent actuellement s’envisager sans une guérilla pacifiste et symboliquement forte ?

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La gestion des échelles -------------------------------------------------------------------------------------Comment articuler des échelles pertinentes permettant le développement d’un territoire métropolitain durable, équilibré et solidaire ? Il important que les individus mettent en place des activités économiques de proximité qui permettent aux résidents de pouvoir trouver n’importe quoi, du dentifrice aux périphériques d’ordinateurs, près de chez eux, sans avoir à se déplacer en voiture jusqu’à un hypermarché ou un grand magasin en zone d’activité économique périphérique. C’est alors que la notion d’échelle apparaît et, comme l’avait déclaré Andrea Branzi, il faut penser aujourd’hui, pour rendre nos villes et leurs services plus efficaces, en terme d’ « échelle moyenne ». Nous sommes passé, aux XXe et XXIe siècles, d’une pensée architecturale et urbanistique “grande échelle”, avec la construction de grands ensembles au sortir de la Seconde Guerre Mondiale à, depuis quelques années seulement, une “petite” voire “très petite échelle” en réponse à la densité urbaine qui a découlé de l’urbanisation massive de nos sociétés occidentales et la nécessité d’optimiser les petits espaces, standards d’habitation, aujourd’hui, en milieu urbain. Entre les deux, nous avons cependant omis l’échelle moyenne, celle qui place l’homme au sein de son quartier, une zone de vie où l’on peut aisément se déplacer à pieds, et plus d’une ville ou d’une aire urbaine étendue ou d’un “cocon” design de 30 m2. C’est d’ailleurs toute la réflexion menée par Olivier Peyricot et Nicolas Dahan entre autres dans le cadre du projet du Grand Paris, vaste programme de ré-organisation, modernisation et ré-urbanisme de la capitale française et sa région. Les villes et leurs systèmes de transports sont organisés en fonction de points de connexion. Or, les services qui animent la ville ne sont pas forcément corrélatifs de cette organisation. D’où la naissance de zone d’habitation « isolées » comme les « cités ». Il faut ainsi re-penser les activités et services au sein des quartiers et, surtout, leurs connexions avec d’autres quartiers. Si, par exemple, on juxtapose la carte des quartiers (arrondissements plus proche banlieue) parisiens avec celle des services (zones commerciales, zones d’activités économiques et industrielles, sièges de grandes entreprises) on se rend bien compte de l’inadéquation qui en découle et qui engendre par

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là même des isolements. Il faut dès lors harmoniser ces services. Le tissu urbain périphérique est hétéroclite et possède une densité assez faible d’où émane un déséquilibre régional. On observe un maximum de services au centre et l’offre s’amenuise plus on va vers la périphérie (plus on s’éloigne du centre), accompagnée d’une dégradation des désirs, des attentions et des envies. Il faut inscrire aujourd’hui la pensée design dans un environnement de services afin d’intensifier le quotidien car la pensée urbanistique et architecturale a trop souvent oublié les fondamentaux : l’alimentation (d’où proviennent nos aliments ? Quelle distance parcourt la carotte que j’ai dans mon assiette entre sa récolte et ma fourchette ?), l’énergie (comment l’achemine t-on vers les villes ? Comment la stocke t-on ?), les services (puis-je tout trouver à une portée raisonnable de mon lieu d’habitation ?), les réseaux informels, les communautés. C’est résolument dans cette échelle moyenne que réside le modernisme architectural.

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Repenser les banlieues -------------------------------------------------------------------------------------Conjointement à cet effort de gestion des échelles et de ré-intégration intelligente des zones périphériques, il s’agit encore d’étudier les dynamiques inhérentes à celles-ci. C’est que les banlieues, elles aussi, sont habitées et animées par des communautés. On observe déjà un premier phénomène (historique) : la majorité de nos sociétés occidentales, de nos états-nation (supra) du 20e siècle, se sont construites selon une transformation de la terre et des zones rurales, parfois de manière intelligente et parfois non. Les ravages ainsi causés par des décennies d’intervention se sont manifestés par autant d’effondrements économiques que par la perte de la biodiversité dans certaines zones. Nous sommes dès lors aujourd’hui face à un scénario pour le moins étrange : notre soif intarissable de réussite et de progrès nous rue vers un retour à l’ “Eden” ; le paradis mécanique et électronique doit penser un retour vers un paradis plus proche de la nature, comme l’écrit Allison Arieff, journaliste au New York Times. June Williamson, co-auteur avec Ellen Dunham-Jones de l’ouvrage Retrofitting Suburbia: Urban Design Solutions for Redesigning Suburbs, précise : « nous sommes à un moment critique en ce qui concerne l’atteinte des limites du développement durable, à la fois de manière environnementale ainsi qu’en terme de temps et de dépenses. (…) De nombreuses dynamiques existent provoquant et encourageant la reconsidération de nos modèles de développement. Il y a ainsi une opportunité afin de redessiner ces paramètres dans un sens reflétant un changement démographique, la reconnaissance du réchauffement climatique et admettant le besoin de nouveaux modèles de développement des banlieues. » Selon l’American Farmland Trust, plus de six millions d’acres (une acre correspondant environ à 4047 mètres) de terres agricoles ont été vendus et transformés en projets immobiliers aux Etats-Unis pour la seule période s’étalant de 1992 à 1997. Est-il trop tard pour retrouver cette terre et ses cultures ? L’agriculture pourrait-elle redynamiser la banlieue ? On observe en effet aujourd’hui un regain d’intérêts concernant de nouvelles manières de penser l’agriculture en tant qu’élément permettant de remettre d’aplomb des zones périphériques en peine et pouvant offrir une manière alternative de penser les

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expansions vers et dans ces zones. En 2008, Andrés Duany, architecte et urbaniste du cabinet Duany Plater-Zyberk & Company (aussi connu sous l’acronyme DPZ) proclamait que « l’agriculture est le nouveau golf », un slogan se voulant délibérément provocateur et visionnaire à propos de l’avenir des banlieues. Il est vrai que le golf a souvent servi de symbole pour redorer et valoriser les zones périphériques comme en atteste les exemples de La Wantzenau et d’Illkirch, dans la banlieue strasbourgeoise, par exemple. Duany d’ajouter : « seuls 17% des individus vivant dans les communautés où existe un parcours de golf pratique cette activité plus d’une fois par an. Pourquoi ne pas cultiver de la nourriture ? » En effet, pourquoi pas… Alors que nous avons probablement encore du chemin à parcourir avant d’atteindre la réalité d’un urbanisme agricole, la proposition de Duany semble de plus en plus raisonnable. Cependant l’opportunité de concevoir un projet à partir de rien est rare en notre ère de saturation du marché de l’immobilier. DPZ est ainsi entrain d’explorer divers scenarii afin d’assimiler l’agriculture d’une manière qui soit en adéquation avec nos modes de vie contemporains, émettant des propositions pouvant prendre la forme de fermes verticales ou encore de petits espaces individuels (ressemblant à des bacs) accrochables à nos fenêtres. Malgré tout, aussi séduisante que puisse paraître cette hypothèse d’une véritable agriculture en banlieue, les réalités qui lui sont intrinsèques (odeurs, mouches, déchets, etc.) sont loin de rendre cette entreprise évidente et imposent une plus grande séparation entre les terres agricoles et les maisons d’habitations afin de maintenir un cadre de vie qui soit agréable pour tous. Cet aspect constituait d’ailleurs l’un des principaux défis à relever par l’agence d’architecture et d’urbanisme Hart Howerton lorsqu’elle fut contactée par le comté californien de Solano, une région qui possédait déjà une agriculture développée mais ne parvenait pas à créer une communauté à l’intérieur. Ces dernières années, cette zone autrefois remplie de vergers de cerisiers, s’est vue envahir par les stations essence et les chaines de restauration rapide. Le comté espérait que l’agence pourrait les aider à résoudre le problème de longue date entre la volonté de ses habitants de préserver des espaces vierges et le droit des propriétaires terriens de vendre leurs hectares. La plupart

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de ces derniers, n’arrivant plus à vivre de leur activité, n’avaient d’autre choix que de vendre leurs terres au plus offrant, ce qui a conduit à une transformation du paysage et des activités. Au sein de l’agence Hart Howerton, les architectes Brendan Kelly et Amie MacPhee se chargèrent du projet et élaborèrent une proposition pour une communauté rurale alliant innovation et agriculture. Ils procédèrent à la refonte non pas des nouveaux bâtiments mais du modèle typique de développement : les terres agraires existantes ont ainsi été regroupées au sein d’une zone de plus de 560 hectares tandis que le reste de la communauté se compose de terrains vierges préservés, d’habitations ainsi que d’un village de 400 foyers en son centre. Une préservation des terres, partiellement financée par un pourcentage sur les opérations immobilières, est censée fournir un mécanisme de gestion et de contrôle de la terre. Amie MacPhee indique : « l’agriculture est un agrément, une valeur ajoutée. On ne peut se contenter d’espérer qu’elle fleurisse, il faut la soutenir. » Le succès de ce projet est grandement dû, selon ses deux responsables, à la liberté totale dont ils ont bénéficié pour repenser cette zone. Aucun promoteur immobilier n’a en effet supervisé le programme, ce qui a permis aux deux architectes-urbanistes de briser les pratiques conventionnelles de développement. Pourquoi mentionner ce projet ? Parce qu’il constitue aujourd’hui un “cas d’école” et que bon nombre de projets en zone périphérique des villes s’en sont inspiré aux Etats-Unis. Dans l’état du Colorado, un urbaniste et agriculteur nommé Matthew Redmond travaille ainsi actuellement sur un projet similaire, répondant à sa vision personnelle de la rencontre entre les habitations classiques et les fermes, qu’il a appelé “agriburbia”. Sa réflexion a donné naissance au Sterling Ranch, mélangeant, sur plus de 1200 hectares, habitations, développement commercial ainsi que des terres dédiées à une agriculture professionnelle qui fournira ses produits à toute la communauté ainsi qu’à la région environnante. La vision de Matthew Redmond d’un projet urbanistique basé sur l’agriculture est notable alors que la question de l’hygiène alimentaire constitue encore un réel problème public. Une communauté produisant de bons et sains produits agricoles possède un facteur de différenciation certain sur le marché des développements immobiliers. « La question de la provenance de nos aliments touche tout le monde » indique l’activiste et architecte Fritz

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Haeg, dont le projet Edible Estates a sommé les propriétaires de réduire la surface allouée à leur pelouse pour y instaurer des zones de culture de denrées comestibles. Bien qu’à ses balbutiements, ce modèle pourrait véritablement aider les projets immobiliers, relativement au point mort à l’heure actuelle. La ville est la matrice des idées et des changements mais la ville moderne s’est pensée sans réel rapport avec l’univers des banlieues, qui depuis plus de cinquante ans, constitue pourtant la réalité anthropologique de la plupart des citadins, qui soit habitent intra-muros et travaillent en banlieue, soit habite en banlieue et travaillent intra-muros. Le périmètre de l’espace urbain est ainsi à reconsidérer. La ville actuelle, marquée par l’importance des services, des déplacements, de la mode, des rencontres, du transversal, est trop souvent une ville sans banlieue. Il faut aujourd’hui valoriser la périphérie et essayer de rattraper les mutations urbaines (problèmes sociaux, dégradation des conditions de vie, amenuisement de l’offre de services).

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Repenser les friches -------------------------------------------------------------------------------------La majorité de nos villes occidentales ayant traversé la Seconde Guerre Mondiale sont marquées par la présence de friches, ces cratères évidés en milieu urbain souvent issus des bombardements. Ce phénomène est particulièrement observable à Berlin notamment. Ces friches peuvent cependant aussi émaner de démolitions ou de projets de constructions avortés. Penser conjointement, la réintégration de la nature et de l’agriculture locale en milieu urbain ainsi que la transformation des friches paraît être une bonne solution. Dans les villes, l’agriculture et la nature peuvent tout à fait remplacer les brèches immobilières.

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Une institution solidement ancrée -------------------------------------------------------------------------------------Ce qui rend certaines villes universitaires si agréables et exemplaires réside dans leur capacité à galvaniser un esprit civique fort à travers la relation symbiotique que les institutions locales entretiennent avec les habitants. Lorsque le succès d’une ville ou d’un quartier corrobore celui d’une institution universitaire ou d’une entreprise (et l’on pourra ici penser à Mountain View, ville siège de Google en Californie, aussi appelée “Google Town”), tout le monde est gagnant. Ces institutions allouent en effet les ressources nécessaires à l’entretien, l’embellissement, l’amélioration et le futur des communautés au sein desquelles elles sont implantées bien que cela puisse parfois paraître pour de la gentrification comme à Harlem où l’université de Columbia a profondément changé la population (et corrélativement les prix des loyers) du quartier.

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De la diversité -------------------------------------------------------------------------------------La diversité peut se manifester architecturalement, culinairement, au niveau des revenus ou des origines ethniques. Ainsi, en 2002, le projet « Civil Rights Project » ayant vu le jour à Harvard, a désigné Village Park à Sacramento en Californie, comme étant le quartier, dans tout les Etats-Unis, le plus diversifié ethniquement et le plus intégré à la fois, où une atmosphère de tolérance est réellement palpable et qui constitue une synthèse effervescente et réussie de cultures variées. Village Park rappelle que l’intégration, particulièrement depuis la recrudescence des problèmes liés à l’identité nationale depuis quelques années, ne doit pas signifier l’oubli des traditions culturelles ou l’éradication d’un héritage.

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Un mur numérique -------------------------------------------------------------------------------------Implanté en centre ville, le mur numérique s’inscrit dans la perspective d’une ville participative. Se présentant sous la forme d’un écran tactile interactif géant, il est consultable à la manière d’un Smartphone tactile (de type iPhone) ou d’un PC tactile (de type HP TouchSmart) et délivre toute sorte d’informations utiles concernant les différentes activités, animations et manifestations proposées par la ville. On peut imaginer aller encore plus loin et rendre ce projet participatif en y ajoutant une intégration web. Les habitants pourraient ainsi faire vivre ce mur numérique et l’enrichir en taggant (ajout de mots clés sur des webservices tels Flickr ou Youtube) leurs photos, vidéos ou même blog posts afin de les voir apparaître sur ce mur digital. Ils pourraient également y ajouter du contenu par mail ou SMS/MMS. Projet collaboratif destiné avant tout aux habitants, le mur numérique entend bien signifier que les nouvelles technologies peuvent avoir leur place au cœur de la ville et qu’elles s’adressent à tous. Simples d’accès et d’un usage ludique et intuitif, il constitue aussi une véritable incitation à la participation et à l’échange d’informations. Hier l’actualité de la ville se diffusait via des journaux locaux et les panneaux d’affichage ; demain, avec des initiatives numériques de la sorte, chaque habitant d’une ville pourra la commenter, la compléter et l’enrichir. On peut rencontrer une initiative similaire à Helsinki depuis 2008 et un projet proche est en cours d’élaboration à Strasbourg. Souvent accusées d’engendrer un repli sur soi, les nouvelles technologies n’apportent-elles pas ici la preuve qu’elles peuvent aussi, parfois, permettre de relancer la vie publique en réinventant l’agora ?

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Les codes optiques -------------------------------------------------------------------------------------À Tokyo, dans le cadre de l’opératon Ubiquitous Project, 10 000 puces électroniques, codes optiques et marqueurs à infrarouge, ont été disséminés dans le quartier de Ginza permettant à tous ceux qui y passent de recevoir des informations ciblées sur un terminal multimédia portable spécifique prêté pour l’expérience. Magasins, éléments de mobilier urbain, stations de transports en commun se transforment ainsi en relais d’information afin de faciliter les achats, les visites et les déplacements. En France, à Villeneuve d’Ascq, une rue ainsi qu’une galerie commerciale de la ville expérimentent des services basés sur les codes optiques et les technologies Wi-Fi et RFID. Via leur téléphone mobile, des “habitants pilotes” peuvent ainsi réserver leurs places de cinéma, en consulter le programme, être guidés en magasin vers les articles qu’ils ont sélectionné sur internet, visualiser les offres promotionnelles des commerçants participants, régler leurs achats ou télécharger un titre d’un musicien apparaissant sur une affiche de spectacle. Pour le moment expérimentale, l’opération Ubiquitous Project préfigure pourtant notre quotidien de demain. Un quotidien en apparence semblable à celui que l’on connaît aujourd’hui, mais où tous les éléments architecturaux de notre environnement seront devenus interactifs, suscitant de nouveaux types de comportements et de nouvelles manières d’interagir avec la ville. Contrairement à ce qu’ont pu imaginer certaines auteurs de science-fiction, notre quotidien à venir sera moins dans un futurisme de forme que dans une interactivité permanente avec l’environnement urbain, qui ne cessera ainsi de susciter de nouveaux comportements et de nouvelles façons de vivre la ville. Et la pensée ainsi que la méthodologie design contemporaine répondant du “bon design” sont là pour penser ces nouveaux imaginaires du quotidien. La transmission d’informations utiles et ciblées peut résolument améliorer les déplacements ainsi que les manières de vivre la ville. Habituellement envisagée comme un territoire qu’il faut explorer avant de le maîtriser, la ville deviendra alors empathique et bienveillante, informant et guidant au mieux ses passants : une “ville service”.

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Un centre des innovations technologiques -------------------------------------------------------------------------------------Pouvant être parrainé ou sponsorisé par une entreprise œuvrant dans les nouvelles technologies et l’innovation à l’instar de plus en plus de stades (comme l’Allianz Arena à Munich) et de centres d’art (comme l’Espace Écureuil à Toulouse, la Galerie des Galeries, la Fondation Cartier ou encore la Fondation Agnès B, à Paris), un tel centre serait particulièrement adapté aux villes de taille moyenne qui ne disposent pas d’activités technologiques très développées ou qui peuvent constituer un emplacement intéressant pour une société cherchant de nouvelles implantations. Cet établissement accueillerait des cours, des conférences, des séminaires, des réunions, des séances de brainstorming et de créativité et pourrait donner naissance à de nouveaux projets. L’idée est de développer une source, ou une ruche, de nouvelles possibilités, de nouvelles idées, de nouvelles activités, de nouvelles initiatives, de nouvelles méthodes et de nouvelles connexions dans la ville ; un terrain d’expérimentation et de prospective aussi. Avec un emplacement bien pensé, le centre dynamiserait en outre les activités économiques alentours (restaurants, commerces divers) et participerait de la création d’un quartier ou d’une communauté, où les gens se rassembleraient régulièrement. Ce centre pourrait éventuellement avoir une durée temporaire.

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Un bus d’apprentissage itinérant -------------------------------------------------------------------------------------Toute personne compétente dans un domaine devrait pouvoir transmettre son savoir, partager son expérience et aider les autres à résoudre les problèmes qu’ils peuvent rencontrer dans ce champ de compétences. À la manière des « bus de la formation » ou des « bus de l’emploi », principalement à caractère informatif malheureusement (renseignement sur les formations, les opportunités d’emploi, de stages, etc.), des bus, avec à leur bord des « experts » pourrait traverser toute la ville et tenir des sessions formation et d’aide (support technique par exemple) de proximité. S’appuyant sur des volontaires et prenant exemple sur l’Ecole Publique8, cette école publique sur roues serait particulièrement adaptée à l’apprentissage des nouvelles technologies, pour les personnes âgées par exemple. Mais tous les lieux urbains, des hôtels aux galeries d’art en passant par les stations de métro peuvent être l’occasion d’interventions, de collaborations et de réinvestissement.

 























































 8
http://paris.ecolepublique.org/

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Un fonctionnariat responsable, à valeur ajoutée et évolutif -------------------------------------------------------------------------------------Les employés communaux occupant des postes peu qualifiés pourraient constituer la première population de fonctionnaires à laquelle il serait possible d’appliquer cette proposition : les emplois peu qualifiés pourraient être valorisés par une formation complémentaire de sensibilisation aux grands enjeux du développement durable. Par exemple, les chargés de collecte des ordures pourraient suivre des sessions d’optimisation de la gestion des déchets et participer ainsi à la refonte et l’amélioration de cette gestion et occuper, à terme, un poste de consultant en gestion écologique des déchets en milieu urbain. Ils verraient dès lors leurs compétences s’accroitre tout en se voyant offrir la possibilité d’un avancement de carrière. On pourrait même imaginer une validation des acquis de l’expérience, en ce qu’il y a fort à parier que le consulting en développement durable et gestion écologique constituera un métier important et fera probablement l’objet de formations qualifiés dans un avenir proche (de telles formations existent d’ailleurs déjà). Cette initiative représenterait toutefois certes un accroissement du budget.

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Un plus grand recours aux outils analytiques -------------------------------------------------------------------------------------Les villes devraient recourir à des outils analytiques afin de mesurer l’impact de leurs décisions et des éléments les composant (présence d’une université, d’une grande entreprise, d’associations, etc.). Une meilleure utilisation de ces outils permettrait de mettre en lumière les activités présentant une véritable valeur ajoutée pour une agglomération ainsi que celles dans lesquelles il faudrait ou serait intéressant de réaliser des investissements et de développer. Ces outils analytiques permettraient également de mesurer les progrès réalisés.

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Une plateforme d’aide à la concrétisation d’idées innovantes -------------------------------------------------------------------------------------Les villes, principaux foyers économiques et de population, doivent encourager et écouter les individus ambitieux, créatifs, passionnés, pleins de ressources et pragmatiques que sont ses citoyens. Elles doivent constituer des environnements connectés et interconnectés propices à la créativité et l’émulation intellectuelle et inspirer ainsi leurs habitants, les encourageant à s’investir à la fois pour le bien de la communauté et pour leur bien-être personnel, à travers divers comportements et propositions produisant du sens pour tous. Programmes, initiatives et projets se concevraient alors, instillant ou revigorant la fierté des individus et de la communauté. Les chambres de commerce et OSEO proposent déjà des solutions pour voir se concrétiser des projets innovants, mais ces structures encadrent avant tout les créateurs d’entreprises et leurs procédures sont relativement lourdes. Les communes, de toute taille, pourraient dès lors mettre en place une plateforme en ligne inspirée par celles développées par Pepsi9 ou encore Starbucks (MySarbucksIdea10) et Dell (Dell ideastorm11). Cette plateforme favoriserait la co-création et les partenariats en tout genre. Elle permettrait à tout individu, et pas uniquement les créateurs d’entreprises, de soumettre des idées innovantes, très simples ou révolutionnaires, dans n’importe quel domaine, et de recevoir des avis et des conseils les concernant. Communautaire et participative, elle engendrerait des discussions afin de voir les propositions soumises s’améliorer et, finalement, aboutir grâce aux connexions qui s’établiraient alors. Elle constituerait enfin un point de rencontre idéal entre les autorités publiques, les entrepreneurs et les citoyens. Cette plateforme pourrait également être assortie d’un outil présentant l’état d’avancement des projets, de l’idée à la concrétisation, un peu à la manière du processus de standardisation des technologies web du World Wide Web Consortium (W3C), offrant la possibilité à chacun d’intervenir aux différents stades. Afficher et documenter l’excellence des individus et leurs 























































 9
http://www.refresheverything.com/
 10
http://mystarbucksidea.force.com/
 11
http://www.ideastorm.com/

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initiatives constitue une variable de succès majeure.

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“Yahoo ! Answers” pour les démarches administratives et les services publics -------------------------------------------------------------------------------------Parce que les horaires des services publics ne sont pas vraiment flexibles ni spécialement adaptés à la population active du privé, une solution existe dans le crowdsourcing ! Audelà d’offrir la possibilité à quiconque de poser une question ayant trait à, soit des démarches administratives, soit des informations concernant un service public, à laquelle tout autre individu pourra répondre, à la manière de Yahoo ! Answers, ce service en ligne serait également un puissant aggrégateur de FAQs12 concernant les services publics. Nul besoin dès lors de se déplacer et faire la queue, juste pour poser une question, ni même d’appeler. Peu importe, en outre, l’heure à laquelle on décide de se consacrer à ces tâches administratives, une aide est toujours possible. Ce service en ligne serait dès lors aussi, en quelque sorte, une “hotline” ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

 























































 12
“Frequently
Asked
Questions”
ou
“questions
fréquemment
posées”

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Des centres de création et de travail décentralisés -------------------------------------------------------------------------------------Les employeurs pourraient favoriser, soit le travail à domicile, car à l’heure aujourd’hui du tout numérique, la nécessité d’être physiquement présent sur son lieu de travail tous les jours n’est plus réellement une obligation pour bon nombre de métiers du secteur tertiaire (on pourrait imaginer que les salariés ne se rendraient au siège qu’une fois par semaine, pour des réunions), soit implanter des micro-bureaux dans différents quartiers de la ville. Les entreprises pourraient ainsi souscrire à des espaces de travail partagés (comme La Cantine, dans le “Silicon Sentier”, à Paris), un peu comme une adhésion à une salle de sport. La plupart des grandes entreprises possèdent déjà plusieurs bureaux, mais ceux-ci sont fonction de départements spécifiques (un département, par exemple le service marketing, est rattaché à un bureau). Rien qu’en région parisienne, par exemple, EDF ne possède pas moins de cinq centres d’activités (Rue de Wagram à Paris, à La Défense, à Clamart, à Châtillon et à La Renardière) et Orange, plus d’une dizaine. En Espagne, les espaces de travail partageables entre plusieurs entreprises ont explosé ces dernières années. L’idée, ici, serait de généraliser cette pratique et d’offrir la possibilité à tous les salariés, peu importe leur service de rattachement, de travailler plus près de, ou depuis, leur domicile. Il se créerait dès lors des “bureaux décentralisés”, ce qui délesterait d’une part le trafic routier aux heures de pointe (le matin et en fin d’après-midi) et serait source, d’autre part, d’une plus grande satisfaction au travail pour les salariés, pouvant soit travailler depuis chez eux, ce qui anéantirait leurs trajets quotidiens, soit plus près de chez eux, ce qui amoindrirait le temps passé dans les transports. Au final cette solution serait bénéfique à tous en ce qu’elle participerait aussi de la diminution de la pollution en milieu urbain et assurerait aux travailleurs itinérants (commerciaux, routiers, etc.) une plus grande fluidité sur les artères de circulation (routes, autoroutes), et donc, un gain de temps précieux. Longtemps regardée sous le seul angle de la performance économique, l’entreprise est désormais de plus en plus attendue sur des promesses de cadre de vie et d’épanouissement personnel tandis que les conditions de travail, dans notre ère

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numérique, sont de plus en plus évaluées comme des biens de consommation.

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Embellir les vitrines vides… -------------------------------------------------------------------------------------… et par ce biais, toute la rue. Nous pourrions imaginer y mettre des installations interactives, des œuvres d’art génératif ou des écrans (qui pourraient par ailleurs être financés par de petits encarts publicitaires non gênants) présentant des informations utiles comme une carte des environs, une brève histoire des quartiers, les lieux touristiques à proximité, une liste des manifestations de la journée, des codes optiques donnant accès à du contenu en ligne ou à des promotions dans les commerces environnants. Ces vitrines constitueraient alors des galeries d’art ou des centres d’information / offices du tourisme temporaires.

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Un réseau collaboratif pour les institutions publiques -------------------------------------------------------------------------------------Les collaborations plus ou moins poussées entre des institutions publiques différentes sont plutôt rares. Ces dernières sont relativement autarciques et ne travaillent généralement guère ensemble. Mais cela devient une nécessité afin de ne pas gaspiller les ressources aussi bien humaines que technologiques et de ne pas mettre en place des services redondants ou superflus. Instaurer de telles relations permet en outre d’outrepasser les conflits de prérogatives et bureaucratiques. Lorsque l’on a des besoins similaires ou complémentaires, il paraît utile de travailler ensemble afin d’optimiser les ressources, particulièrement en ce qui concerne les services publics qui pâtissent de budgets limités, et le temps nécessaire à la réalisation des projets (gain de temps). Collaborer et créer des entités communes permet en outre de tirer le meilleur de ce dont chacun dispose tout en améliorant leur fonctionnement et en servant les intérêts généraux.

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Le plus grand chantier : les transports -------------------------------------------------------------------------------------À la fin du XIXe siècle, les principales villes européennes firent face à une crise majeure : elles croulait littéralement sous les crottins de chevaux. Les penseurs et hommes importants de l’époque réalisèrent rapidement que la gestion des excréments animaux, particulièrement ceux des chevaux, serait le principal, et le plus urgent, chantier à gérer pour les urbanistes du XXe siècle. À cette époque cela paraissait on ne peut plus logique : les chevaux dominaient déjà depuis plusieurs siècles le commerce et la mobilité des individus, représentant donc le mode de transport le plus courant. Et, tandis que la population s’accroissait exponentiellement, il paraissait logique que les ressources intellectuelles et financières devant être allouées à la résolution de ce problème structurel ne pourraient qu’aller, elles aussi, en s’accroissant. Seulement, la suite on la connaît, ce sont les voitures et la révolution industrielle qui sont venues à bout de ce problème. Cette parabole illustre la tension inhérente à la gestion de l’avenir : alors que nous devons envisager la construction d’un monde meilleur en tenant compte et remédiant à des problèmes contemporains, il est presque écrit que l’avenir sera vraisemblablement différent de ce que nous envisageons. C’est pourquoi les solutions adéquates aux problèmes complexes rencontrés par les villes doivent simultanément trouver une réponse aux problèmes courants et se construire de manière flexible afin de satisfaire aux exigences des comportements futurs - pourtant non véritablement prévisibles. Mais aujourd’hui encore, les villes rencontrent de sérieux problèmes structurels en terme d’infrastructures. Depuis les efforts décrits par Robert Sullivan à propos du transport rapide par bus qui met en lumière la complexité croissante des modèles de commutation dans une ville comme New York à l’instauration d’ “autoroutes” pour vélos à Londres, la prise de conscience quant à la nécessité de réformer notre dépendance à la voiture, « polluante, épuisant nos ressources naturelles et isolatrice socialement », comme l’écrit Mathias Crawford, chercheur à l’Institute for the Future (organisme de recherche sociologique et de réflexion sur l’avenir de la planète), se fait on ne peut plus prégnante. Comment pouvons-nous cependant affronter ce problème ? Commencer par réformer les

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trajets des transports en commun afin d’améliorer la couverture des zones desservies et de convaincre les individus de les emprunter le plus souvent possible est certes extrêmement important mais il est probable, qu’au cours des décennies à venir, ces solutions deviennent obsolètes. Comment répondre à la hausse du prix du pétrole qui engendre une augmentation des tarifs des titres de transport ? Et quel serait l’intérêt, à plus long terme, de réformer les transports en commun classiques, tels les bus, dans un monde vidé de ses ressources pétrolières ? De manière identique, les problèmes euxmêmes risquent de transformer drastiquement et de devenir, eux aussi, obsolètes, comme les chevaux au XXe siècle… Alors que nous mettons en place des solutions à nos problèmes actuels, nous devons aussi nous assurer que nos villes sont pensées pour “résister” sur le long terme. Le domaine des transports est un sujet au sein duquel le décalage entre les hypothèses des urbanistes et l’incertitude quant aux besoins dans l’avenir est entrain de se creuser profondément. Une manière d’anticiper les besoins futurs des villes vise à mieux comprendre les dynamiques des changements (démographiques, économiques, sociaux, culturels) dans nos agglomérations contemporaines. Cette étape nécessaire nous permettra d’entamer le développement de métropoles suffisamment flexibles pour répondre aux demandes futures, pour le moment inconnues, qu’elles nous adresseront. Par exemple, les transformations concernant l’organisation de nos villes émanera probablement de l’impact des nouvelles technologies sur nos interactions personnelles. Dès lors, une façon d’appliquer la méthodologie précédemment explicitée à l’urbanisme et l’organisation de nos aires urbaines peut consister, dans un premier temps, à déterminer comment les technologies de l’information et de la communication changent la conception et la perception que les individus ont d’eux-mêmes dans la ville, ainsi que les dynamiques engendrées par ces mêmes technologies en ce qu’elles sont résolument motrices de changements. Anthony Townsend, penseur, théoricien des projets de développement des aires urbaines et consultant, a suggéré, dans un article intitulé « Thinking in Telepathic Cities » que l’on considère nos villes telles des « espaces d’information à naviguer et fouiller plus efficacement avec nos corps », émettant dès lors l’idée d’une rencontre entre deux

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monde : celui virtuel des nouvelles technologies qui façonnent la “ville numérique”, et celui de nos sens, ancré lui dans la réalité. Ainsi, par exemple, lorsque nous réalisons que nos positions géographiques dans les villes sont continuellement connectées, à la fois à des informations relatives à une histoire et à des événements à venir, nous pouvons prendre des décisions plus intelligentes aussi bien en tant qu’individus, donc à un niveau personnel, qu’au niveau plus étendu de l’urbanisme. Les implications des données de localisation sont claires lorsque l’on regarde certains développements comme les mashups entre Twitter et Google Maps ou encore l’explosion des services de géolocalisation comme Foursquare, Brightkite et Gowalla ou encore l’ajout récent de la géolocalisation à son service par Facebook. Peut-être pouvons-nous dès lors commencer à considérer et expérimenter une conception de la ville basée sur les points de vue et aperçus fournis par les données de localisation sur ces réseaux sociaux. En extrayant et analysant ces informations, qui nous indiqueront par exemple qu’un certain nombre d’individus éprouve de la frustration à tel endroit à tel moment de la journée, nous commenceront à nous rendre compte à quel point nos infrastructures et modèles d’interactions suscitent certaines réactions émotionnelles. Alors que nous sommes de plus en plus capables de représenter ces émotions sur une carte et donc d’apposer ces éléments subjectifs et virtuels à des espaces physiques réels, nous sommes également en mesure de développer de nouvelles infrastructures répondant à deux besoins : le bien-être et l’efficacité. Pourquoi ne pas envisager, sur les services d’itinéraires routiers, une option “trajet le plus heureux” à côté des options déjà disponibles (“le plus direct”, “sans péage”, etc.) ? Il est encore possible d’imaginer que le but des transports lui-même sera amené à changer dans un monde qui intrique déjà aujourd’hui fortement éléments physiques et éléments virtuels (comme les informations ou les métadonnées). Nous pouvons dès lors amorcer une réflexion sur la manière dont un individu hautement mobile et connecté peut se situer dans cette ville du futur. Et si le système de transports n’était plus pensé pour uniquement déplacer les individus le plus vite possible mais, au lieu de cela, constituait un véritable environnement de travail connecté et fonctionnel ? C’est d’ailleurs l’entreprise amorcée par Google qui a mis en place, une navette (bus) disposant d’une connexion internet entre San Francisco et son siège, situé à Mountain View, pour que ses employés résidant dans la

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métropole de la “Bay Area” puissent travailler sur le trajet (représentant tout de même près d’une heure de route). Ou si ce même système était pensé comme un terrain de jeu et d’interactions sociales ou encore tel un centre de soin ? Quels seraient dès lors les changements observables dans la manière dont nous concevons et implantons les modifications de nos infrastructures urbaines ? Un autre exemple intéressant de réforme de la manière dont nous concevons les transports en commun nous est fourni par le Citilab, initiative mise en place à Barcelone. Ce projet a expérimenté des manières alternatives de rendre les trajets et commutations moins isolés et isolants en tenant, par exemple, des réunions dans les bus et métros de la ville, les transformant en espaces de travail collaboratifs et productifs. Il préfigure ainsi un futur palpable qui va bien au-delà de la simple utilisation de nos mobiles ou ordinateurs portables pour rédiger et envoyer des emails sur notre trajet vers notre lieu de travail et transforme cette routine en véritable expérience source de partage d’idées et de ressources avec un nombre, in abstracto, illimité de collègues potentiels. Dans un récent hors-série du magazine d’actualité hebdomadaire généraliste américain Newsweek sur l’avenir du travail, l’agence d’architecture et de design Gensler, parlant de Los Angeles, introduit d’ailleurs une vision du futur très en phase avec cet état d’esprit. L’agence y écrit en effet que, « dans le futur, la vie, le travail, les trajets en transports en commun et les instants récréatifs ne seront plus vécues comme des activités distinctes mais se fonderont tous au sein d’un nouveau mode de vie ». Réinventer la ville comme un espace dans lequel ce type de fusion peut se produire induit que les penseurs et urbanistes rejettent en bloc les suppositions en vigueur depuis longtemps visant à différencier distinctement l’endroit où nous travaillons de celui où nous nous divertissons et repensent tout ce qui se situe entre ces deux espaces. En d’autres termes, l’avenir des villes implique qu’ils tirent les enseignements de la parabole du cheval. Les besoins futurs des villes seront vraisemblablement différent de ce que nous prévoyons aujourd’hui et, dès lors, tandis que nous imaginons des solutions à nos problèmes à court terme, nous devons également nous assurer que nous allons édifier des métropoles susceptibles de s’adapter aux nouveaux modes de vie que nous y instaurerons.

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A “User Toolkit” for public affairs --------------------------------------------------------------------------------------

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Il faut imaginer cette “boîte à outils” comme un ensemble de post-its affichables et reliables entre eux sur un tableau. Cette plateforme serait disponible en ligne et permettrait à quiconque de créer simplement des applications web ou mobile qu’ils jugent nécessaires au bien-être de la communauté, ou pouvant faciliter la vie de tous. Cette plateforme serait par ailleurs communautaire et les autres citoyens pourraient voter pour les meilleures idées et participer à leur amélioration en émettant des suggestions. L’intérêt de faire une boîte à outils plutôt qu’une boîte à idées / suggestions est que les applications créées par les citoyens sont composées de modules (blocs) élémentaires réutilisables pour d'autres applications. Ainsi lorsque la mairie décidera de développer certaines de ces applications proposées, un gain résultera de cette partition en bloc puisque les développeurs n’auront qu’à réutiliser un bloc utilisé précédemment dans une autre application. Imaginons par exemple un citoyen souhaitant créer une application indiquant les places de parking pour handicapés dans la ville. Voici comment se décomposerait ce service :

‐
catégorie:
assistance
/
aide
aux
personnes

‐
fonctionnalités:
géolocalisation

‐
type:
mobile

‐
cible:
personnes
handicapées

‐
commentaire
(champ
texte
libre)
:
«
on
pourrait
imaginer
à

terme
déposer
des
capteurs
sur
ces
places
afin
que

l’application
puisse
également
indiquer
si
elles
sont
libres

ou
non,
en
plus
d’indiquer
leur
emplacement.
»

99


L’application « citoyen 2.0 » --------------------------------------------------------------------------------------

@ Un
prototype
de
l’application
est
disponible
à
l’adresse
suivante
:
 http://my.codeita.com/kevin.mo487/citoyen20/
 (à
consulter
depuis
son
mobile)
 ‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐

Parce qu’à l’intérieur de toute ville, il existe des problèmes pouvant être optimisés et des domaines pouvant être rendus plus intelligents afin d’améliorer le fonctionnement même de la ville et la vie de ses citoyens, l’application mobile « Citoyen 2.0 » permet à quiconque de signaler un problème en fonction de sa localisation. L’application géolocalise en effet l’usager. Une fois les données géographiques et temporelles (date et heure) récupérées, l’application propose à l’usager d’envoyer un email contenant ces informations et d’indiquer dans le champ « Le problème : », dans le corps de l’email, le problème dont les autorités compétentes devraient être averties.

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La chronologie progressiste communautaire -------------------------------------------------------------------------------------Signaler un problème, interagir avec ses concitoyens, proposer des solutions, proposer son aide, collaborer, observer les progrès réalisés : cette plateforme communautaire en ligne permet aux citoyens d’émettre des propositions, de participer au développement et à l’amélioration de certaines proposées par d’autres et surtout, de voir l’état d’avancement de ces idées. Chaque idée soumise possède sa page, un peu comme un “profil” sur les réseaux sociaux, à laquelle est associée une chronologie, ou timeline, permettant de suivre l’état d’avancement du projet ou problème.

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LA VILLE DE DEMAIN SE PORTE, SE TRANSPORTE, SE DÉPORTE ET SE STOCKE DE MANIÈRE PLUS FACILE ET PLUS MOBILE.

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----------------------------------------------------------------------------------------------------

© CONCLUSION ----------------------------------------------------------------------------------------------------

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Ce que nous sommes est probablement plus défini que nous ne voulons l’admettre par où nous vivons. Les attaches émotionnelles que nous pouvons ressentir envers notre quartier et “communauté de vie” sont compréhensibles : s’implanter quelque part est le plus souvent le résultat d’un choix derrière lequel se cache des dynamiques et des constructions. Ce choix est-il dès lors le reflet de notre construction identitaire, de nos socialisations, de notre identité, de notre habitus ? Ces dernières décennies, la mondialisation a, parallèlement à tous les bénéfices qu’elle a pu apporter, engendré une uniformisation, survenant à de multiples niveaux, contraire et néfaste à ce qui rend nos collectivités agréables et particulières. Tout porte à croire qu’alors que nous sommes devenus cosmopolites, nous avons aussi oublié d’être citoyens de l’endroit où nous vivons. Mais aujourd’hui, nous pouvons lutter contre l’homogénéité intelligemment tout en pensant à de nouvelles manières créatives de préserver ou recapturer l’essence de nos communautés et ce qui les rend uniques. Le lien social serait-il en mutation ? De nouvelles manières d’être ensemble apparaissent. Des rapprochements s’opèrent entre générations autour de la nature (les jardins solidaires par exemple), de l’histoire du quartier (comme le Reading Room, le magasin qui ne vend rien de Ted Purves et Susanne Cockrell), et même des nouvelles technologies (comme en atteste des initiatives de volontaires enseignant gratuitement l’utilisation des outils informatiques aux personnes âgées). On observe de plus en plus un désir commun de favoriser le local et la proximité ainsi que des initiatives entre habitants, ou entre habitants et commerçants, d’un même quartier, ou d’un même immeuble, pour imaginer des services de proximité spontanés. Autant de réponses, à travers la multiplicité des appartenances, à une quête de partage de moments émotionnels. Par ailleurs, on observe aujourd’hui une multiplication de sites web qui tentent de prolonger l’idéologie communautaire et affinitaire du web en permettant à chacun de bénéficier de la connaissance et de l’expérience de l’autre. Né d’une envie d’échanger, le net s’est rapidement transformé en une multitude de communautés vivantes, construites à partir de centres d’intérêts partagés, offrant aux internautes la possibilité d’échanger en permanence avec d’autres internautes qui lui ressemblent. Difficile dès lors de se priver,

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dans le monde réel, des réflexes et comportements acquis sur le web au fil de ces pratiques. On savait que les nouvelles technologies de l’information et de la communication avaient pour effet de transformer notre perception du réel, n’est-on pas maintenant en train de découvrir qu’elles peuvent aussi avoir des effets sur notre manière d’envisager l’autre ?

La ville service Conséquence de la diffusion rapide des nouvelles technologies, la ville se réinvente au quotidien et ses habitants en deviennent chaque fois un peu plus acteurs. De nouvelles manières de vivre et d’agir émergent. Plus efficaces parce que plus rationnelles ou plus fluides, mais aussi plus conviviales ou plus ludiques, elles émanent souvent de ceux qui vivent vraiment la ville, ses habitants. De nouvelles formes de citoyenneté font ainsi leur apparition, participatives ou en réseau, transformant chaque habitant des agglomérations en acteur de leur développement. Augmentée de technologies, de médias et de la participation de ses usagers, la ville mue dès lors en espace de communication. Elle devient empathique, “ville service”. Cette ville rêvée, intelligente, numérique et durable, n’existe pourtant pas encore, si ce n’est de manière fragmentée au sein de diverses métropoles à travers le monde. Il existe en effet déjà de bonnes pratiques et de bons exemples mais il semblerait que nous ayons encore du chemin à parcourir si nous voulons, un jour, vivre dans ces métropoles écologiques et technologiques à la fois. Il n’existe par ailleurs pas de modèle, ni de “toolkit” pour nous aider à les bâtir c’est pourquoi nous devons nous inspirer de ce qui se fait déjà, ce qui a fait ses preuves, et rassembler ces initiatives de manière cohérente et adaptée, car chaque ville est différente dans son histoire, son climat, sa population, son fonctionnement et possède donc des besoins différents. Les villes représentent l’échelle parfaite pour commencer à changer les choses. Les initiatives individuelles comme renoncer à sa voiture pour les courts trajets dans la ville et préférer les transports en commun, ou encore soutenir les activités locales, sont

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d’excellents débuts, mais il est difficile d’avoir un réel impact individuellement lorsque l’on sait que nous sommes dans l’obligation de tout refondre dans les vingt prochaines années pour la survie de l’environnement. Mais c’est véritablement à l’échelle de la ville que peuvent s’opérer ces changements en ce qu’elles détiennent des prérogatives importantes, comme la gestion des transports, de l’eau et de l’énergie et façonnent nos lieux de vie. Les institutions à l’échelle de la ville comme les universités, les écoles, les communautés, les associations, ont ce pouvoir de changer les choses rapidement. Le débat est par ailleurs ouvert et public. Nous pouvons tous y participer. Les villes sont, au final, assez grandes pour avoir un impact et assez petites pour avancer efficacement. Tout dépend cependant, dans cette perspective d’avancement et de progrès, de la vision que possède la ville d’elle-même. Il faut commencer par changer la perception personnelle de sa ville et le reste (les bâtiments, les services, les transports, etc.) suivra. Cette étape initiale induit que l’on change tout d’abord la manière dont on perçoit, nous, notre ville et partager cette vision avec les autres. Il faut encore redéfinir notre vision de la prospérité et partager cette nouvelle définition avec le reste de la planète, avant que les eaux ne nous aient recouvertes. Comment pouvons-nous enfin améliorer la relation entre les institutions publiques et le design ? Les consultants de l’agence IDEO, une des agences les plus respectées au monde, nous ont fourni quelques clés. « Il faut rétablir la confiance et promouvoir la compréhension en trouvant des manières de “voir” des situations, des problèmes, ensemble, en échangeant les rôles pour un jour ou deux par exemple. Il faut aussi communiquer les différences en terme de politiques et de structures et clairement identifier les domaines où le design et les services publics peuvent naturellement participer. Nous nous sommes aperçus que le recours au design pour améliorer les processus et les systèmes est extrêmement efficace. Les problèmes sont en fait pour nous des opportunités de changement et de progrès. Nous nous attachons en outre, à travers une “pensée anticipative”, à souligner l’importance de trouver des opportunités avant qu’elles ne deviennent des problèmes publics. »

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La technologie : le partenaire idéal du changement durable Tout a commencé avec un téléphone ancré dans sa voiture ou sa mallette. Les communications mobiles adaptées aux déplacements fréquents ont ainsi fait leur apparition nous libérant de la contrainte d'avoir à chercher une cabine téléphonique dans le but de pouvoir passer des communications en extérieur, à savoir hors de son domicile. Aujourd'hui les technologies de communications personnelles ont atteint un niveau qui n'en finit plus de nous surprendre et ont notamment pris les formes du visionnage de films sur son téléphone portable, d’un bureau (des applications professionnelles dédiées à son travail) partout que l'on aille, des réseaux sociaux et divers media en streaming en tant que compagnons de route favoris. Les institutions publiques telles les municipalités inventent elles aussi par ailleurs de nouvelles manières d'améliorer le quotidien des citoyens en recourant au "haut débit". En d'autres termes et pour résumer, une véritable révolution a déjà touché les services publics et n'est pas prête de s'arrêter en matière de santé, d'éducation et d'autres services indispensables grâce à la fois aux avancées de la recherche en TIC et au transfert de données de plus en plus rapide. Avec l'explosion de l'internet mobile, il est

difficilement envisageable que la ville de demain s'organise autrement qu'en fonction des flux numériques. L'expérience menée par Xiaoji Chen du MIT sur les "déplacements conscients" est à cet égard particulièrement significative. Les liaisons internet mobiles dessinent une nouvelle ville, plus que jamais centrée sur les services où le citoyen est un véritable acteur (participatif) de l'environnement urbain dans lequel il évolue et, surtout, et c'est là que réside la révolution en terme de services, qui évolue en fonction de lui. La ville s'adapte à ses habitants à mesure que ces derniers interagissent avec elle. L'espace public / urbain devient un véritable espace mobile, régulé par les appareils nomades et les actions

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silencieuses et invisibles qu'ils opèrent sur ce terrain mouvant/versatile que représente l'espace urbain. La réalité augmentée (ainsi que la réalité augmentée mixte) est elle aussi à cet égard révélatrice. Une planète plus “intelligente” implique que tout peut, à priori, devenir numériquement "conscient", informé, piloté et interconnecté. Nous disposons aujourd'hui de connexions, processeurs, capacités et d'outils analytiques suffisamment puissants pour faire communiquer entre eux des trillions d'appareils et améliorer ainsi l'efficacité des communications et des informations. Cependant, si l'on considère les prédictions en matière de connexions haut débit qui augurent une augmentation de 7,9%, les faisant passer de 367 millions en 2008 à 499 millions en 2012 (Source: Global consumer Internet trafic forecast, 2006-2012), les infrastructures en soutien à cet effort d'avancées en matière de communications numériques n'ont d'autre choix que de grossir et le besoin du monde des télécommunications de suivre ces avancées risque de poser problème. Réaliser le potentiel d'une technologie en matière de communications plus intelligentes nécessitera donc d'insuffler de nouvelles capacités ainsi que de nouveaux modèles au sein de nos systèmes afin de rendre plus aisées la transmission et l'interprétation de données entre appareils, l'approvisionnement de connexions internet sécurisées et, la protections de la vie privée et des informations personnelles.

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. INTERAGIR AVEC LA VILLE DURABLE

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