DĂŠclaration de Brazzaville sur le repositionnement institutionnel de la nutrition comme facteur de dĂŠveloppement
Brazzaville, du 3 au 5 novembre 2016
DĂŠclaration de Brazzaville sur le repositionnement institutionnel de la nutrition comme facteur de dĂŠveloppement
Brazzaville, du 3 au 5 novembre 2016
Nous, représentants des institutions publiques, privées et de la société civile venant des pays de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Tchad), et représentants des Agences du Système des Nations Unies, réunis à Brazzaville du 3 au 5 novembre 2016 en atelier sous régional sur le repositionnement institutionnel de la nutrition comme facteur de développement, 1. Considérant les progrès globaux enregistrés dans le monde pour réduire l’insécurité alimentaire et la malnutrition, baissant le nombre de personnes sous-alimentées de 1 milliard entre 1990 et 1992 à 795 millions en 2014-2016, et le nombre d’enfants en retard de croissance de 255 millions à 159 millions pendant la même période ; 2. Considérant que l’Afrique subsaharienne a observé globalement une baisse du nombre de personnes sous alimentées mais paradoxalement représente la seule sous- région au monde où le nombre d’enfants en retard de croissance a augmenté, démontrant ainsi que la sécurité alimentaire à elle seule n’est pas suffisante pour une sécurité nutritionnelle ; 3. Considérant que toutes les régions de l’Afrique ont observé une réduction des prévalences du retard de croissance sauf l’Afrique centrale où elle augmente ; 4. Reconnaissant d’une part que les causes profondes de la malnutrition et les facteurs qui la favorisent sont complexes et multifactoriels et d’autre part que les solutions techniques pour la combattre existent ; 5. Prenant en compte les données des analyses scientifiques montrant que l’absence d’action pour inverser cette tendance négative de la malnutrition en Afrique Centrale a des conséquences extrêmement graves, notamment sur la morbi-mortalité infanto-juvénile, la mortalité maternelle, le développement cognitif et le développement économique et social qui se traduit par une perte de 3 à 17 % du PIB ; 6. Considérant que les estimations de la Banque Mondiale indiquent qu’un investissement d’1 Dollar US dans le secteur de la nutrition rapporte 16 Dollars US ; 7. Reconnaissant que la coordination, le leadership, la multisectorialité, la redevabilité et le financement des programmes de sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi que leur appropriation par les États sont des facteurs déterminants de la lutte contre la malnutrition ; 8. Considérant qu’il est impératif, pour des raisons éthiques, sanitaires, politiques, sociales et économiques, de mettre fin à la malnutrition sous toutes ses formes, en tenant compte tout particulièrement des besoins spéciaux des enfants, des femmes enceintes et allaitantes et autres groupes vulnérables, ainsi que des personnes en situation de crise humanitaire ; 9. Rappelant les engagements de la Déclaration de Maputo en 2003, celle de Malabo en 2014, à la Deuxième Conférence internationale sur la nutrition en 2014 (CIN 2), de l’Agenda 2030 de Septembre 2015 relatif aux ODD, au lancement de la décennie d’actions pour la nutrition 2016-2025 en 2016 ainsi qu’aux engagements relatifs aux cibles et plans d’action internationaux pertinents, notamment les cibles mondiales 2025 de l’OMS, en matière de nutrition et le Plan d’action mondial 2013-2020 de l’OMS pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles en 2013. 10. Réaffirmant le droit de chacun à une alimentation saine, suffisante et nutritive, conformément au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et à d’autres instruments pertinents de l’Union Africaine, de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et des Nations Unies. 11. Recommandons :
À la CEEAC : a) De renforcer et de faciliter les contributions et l’action de toutes les parties prenantes visant à améliorer la nutrition et à promouvoir la collaboration au sein des pays et entre eux, y compris selon les modalités de la coopération sous régionale ; b) D’endosser la Déclaration de Brazzaville 2016 sur le repositionnement institutionnel de la nutrition comme facteur de développement par l’Assemblée générale des Chefs d’État de la CEEAC ; c) D’institutionnaliser l’organisation tous les deux ans d’assises sous régionales sur la nutrition. Aux États : a) D’élaborer les politiques, stratégies, programmes et initiatives multisectoriels de sécurité alimentaire et nutritionnelle ; b) D’allouer une ligne budgétaire spécifique à la nutrition dans chaque ministère clé ; c) De mettre en œuvre les engagements de la présente Déclaration par l’intermédiaire des feuilles de route nationales ; d) D’institutionnaliser dans chaque pays de la CEEAC un mécanisme de coordination multisectorielle de nutrition ; e) De mettre en place un cadre législatif et réglementaire pertinent relatif aux questions de nutrition ; f) De mettre en place un système performant de suivi et évaluation des programmes de nutrition ; g) De mettre en place et/ou de renforcer le mécanisme de redevabilité mutuelle à tous les niveaux pour la nutrition dans le cadre de la gouvernance globale dans les pays membres de la CEEAC ; h) De mettre en place des politiques de protection sociale en faveur des groupes vulnérables ; i) De renforcer les capacités des systèmes de formation et de recherche-développement en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle ; j) De mettre en place un plan intégré de communication en faveur de la lutte contre la malnutrition ; k) D’impliquer davantage la société civile et le secteur privé dans la lutte contre la malnutrition ; Aux Partenaires techniques ou financiers : D’appuyer les États dans l’élaboration, le renforcement et la mise en œuvre de leurs politiques, programmes et plans visant à relever les multiples défis de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition.
Fait à Brazzaville, le 5 Novembre 2016 Les participants