Analyse de la situation d es enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe
en
2015
Analyse basée sur les droits humains selon une approche fondée sur l’équité
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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Cette étude a été commissionnée par l’UNICEF en collaboration avec le Gouvernement de São Tomé-etPrincipe. UNICEF remercie le travail des consultants Aitana Valverde et Luis Fernandez ainsi comme les contributions des Membres du Comité de Pilotage de l’étude : Ladislau D’ Almeida, Manuel Filipe Moniz et Katia d’Alva Carvalho (Ministère de l’Economie et la Coopération Internationale), Ainhoa Jaureguibeitia (UNICEF), Herminia das Neves (Communication Sociale), Fernando Freitas Ramos (Ministère de l’Education, Culture et Sciences), Gilmar Ramos et Dudene Vaz Lima (Ministère des Infrastructures, Ressources Naturelles et Environnement), Nelma Silva (Ministère des Finances et Administration Publique), Ivete Correia (Ministère de Justice et Droits Humains), Carlos d’Almeida (Ministère de la Santé), Heng dos Santos (Institut National de Statistique). La reproduction d’extraits ou la totalité de cette publication n’exige pas une autorisation, sauf si l’objectif est commercial. Il est cependant nécessaire d’identifier la source. Cette publication, ainsi que d’autres publications et rapports de UNICEF São Tomé-et-Principe, est disponible sur la plateforme ISSUU : http://issuu.com/unicefstp Photographe : Ines Gonçalves Désign : Design [+], www.designplus.hr
UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’Enfance Av. das Nações Unidas P.O Box 404 São Tome São Tomé-et-Principe email : saotome@unicef.org © UNICEF, 2016
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Analyse de la situation des
e nfa nts et des femmes à São Tomé-et-Principe
en
2015
Analyse basée sur les droits humains selon une approche fondée sur l’équité
Préface
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
S
ão Tomé-et-Principe a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant le 14 mai 1991. Au cours de cette période, le pays s’est doté de divers mécanismes juridiques et de programmes dont le but était de protéger et de promouvoir la défense des droits des enfants. Mais la plus grande avancée demeure la disponibilité de données. Grâce à plusieurs études et enquêtes menées de 2001 à ce jour, y compris les enquête à indicateurs multiples, MICS (2001, 2006 et 2014); l’Enquête démographique et de santé, IDS (2008/2009), les recensements généraux de la population et du logement, RGPH (2001, 2012) et les analyses de la situation des femmes et des enfants à São Toméet-Principe, SITAN (2004, 2009 et 2015), pour ne citer que les plus significatives, nous avons maintenant une meilleure connaissance sur la situation des enfants et des femmes. Cela a permis au pays d’élaborer un ensemble de politiques, de programmes et de projets concrets qui ont contribué non seulement à atténuer les effets négatifs de la pauvreté sur les plus vulnérables, mais surtout de relancer les conditions nécessaires pour le développement socio-économique du pays. Ce rapport d’analyse de la situation des enfants et des femmes à Sao Tomé-et-Principe vient ainsi confirmer les efforts et les gains indéniables en matière de santé, d’éducation, de protection et de promotion des droits. Dans une perspective d’équité, de genre et de cycle de vie, la SITAN analyse la pauvreté monétaire et de privations qui affectent 66,2 % de la population et identifie les domaines d’actions publiques prioritaires qui peuvent avoir un impact plus important dans l’accélération de la réalisation des droits des enfants. L’analyse menée entre Juin et Octobre 2015, résultat d’un partenariat entre le Ministère de l’Economie et la Coopération internationale et l’UNICEF. Elle souligne d’autre part les nombreux défis auxquels le pays doit encore faire face pour éliminer les nombreuses disparités qui entravent la pleine réalisation des droits des enfants. 48% des enfants de moins de 5 ans continuent de mourir de maladies évitables et traitables. La pneumonie et la diarrhée (22 % chacun) et le paludisme (13 %) sont les maladies qui tuent les enfants de ce groupe d’âge. Le rapport souligne d’autre part le rôle et l’importance de l’implication et la participation de la famille, et en particulier les parents. Plus le niveau d’éducation de la mère et le père est élevé plus il est possible de garantir le bien-être des enfants. Ce facteur, comme la SITAN le souligne, est souvent lié à des impératifs économiques. Les connaissances et les compétences des parents acquises au cours de
la scolarité sont décisives et les motivent à suivre les consultations prénatales, et à amener leurs enfants dans un établissement de santé pour recevoir des soins médicaux de qualité. De plus, ces connaissances les aideront aussi à faire un bon choix sur la nutrition et les pratiques d’hygiène. Reconnaissant que l’enfant est vulnérable, le document souligne d’autre part, la responsabilité des entités publiques et privées pour protéger les garçons et les filles contre la violence, l’abandon, l’abus, l’exploitation et la négligence, y compris la séparation du milieu familial. Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), a pour mandat de promouvoir, garantir et contribuer à la réalisation des droits del ‘enfant. Plus spécifiquement, l’UNICEF soutient les pays et notamment Sao Tome et Principe, dans leur engagement à l’inclusion de tous les enfants dans les politiques publiques et les stratégies visant la réalisation de leurs droits inaliénables à la survie, la santé, l’éducation, la nutrition, l’accès à l’eau potable, l’hygiène, à un logement décent, à la protection, aux loisirs, à l’information et à la participation. Le rapport produit par l’UNICEF et le Gouvernement de Sao Tome-etPrincipe est donc un document d’appui pour guider les actions qui favorisent la survie, le développement, la protection et la participation des enfants. En conséquence, nous invitons ses lecteurs à utiliser l’information et les évidences qu’il contient pour un plaidoyer auprès des décideurs, une sensibilisation de la société civile et des actions concrètes pour les populations, et plus particulièrement les plus vulnérables, pour une réalisation des droits et le bien-être des enfants de São Tomé-et-Principe.
Au nom du Gouvernement de Sao Tome-et-Principe Carlos Gomes Ministre de l’Emploi et les Affaires Sociales
Jacques Boyer Representant de l’UNICEF
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Préface 4 Liste des tableaux, cartes et figures
8
Liste des graphiques
11
Acronymes 15 Résumé exécutif
18
1. Introduction, cadre conceptuel et méthodologique
34
2. Contexte socio-économique et normatif 3. Analyse de la situation des enfants basee sur les droits humains 3.1. Le droit à des niveaux de vie adéquats 3.1.1. La pauvreté monétaire des enfants à São Tomé-et-Principe 3.1.2. La pauvreté des enfants selon l’approche multidimensionnelle 3.1.3. Les disparités interrégionales à São Tomé-et-Principe : l’indice d’équité 3.1.4. Le droit à la protection sociale 3.2. Le droit des enfants à la survie et au développement, de jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de services de santé 3.2.1. État des lieux, principaux enjeux et disparités 3.2.2. Enjeu principal : la stagnation dans la réduction de la mortalité néonatale 3.2.3. La nutrition de la petite enfance 3.2.4. Enjeu principal 2 : la malnutrition dans la petite enfance 3.2.5. L´eau et l´assainissement 3.2.6. Enjeu principal 3 : les disparités dans l’accès à l’eau potable et à l’assainissement 3.3. Le droit à l’éducation primaire gratuite et universelle. Obligation des États de promouvoir l’accès universel à l’éducation secondaire et supérieure 3.3.1. État des lieux, évolutions et disparités
Table des matières
3.3.2. Le développement de la petite enfance (DPE) 3.3.3.
Enjeu principal : accès insuffisant à une éducation de qualité au niveaux préscolaire et secondaire, persistance d’enfants non scolarisés au niveau primaire
3. 4. Le droit à la protection 3.4.1. Le droit d’être enregistré à la naissance 3.4.2. Le travail des enfants
40 52 54 58 76 85
89 90 102 118 121 128 132
136 137 153
155 165 167 169
3.4.3. Enjeu principal : la persistance du travail des enfants à São Tomé-et-Principe 171
6
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
3.4.4. La violence domestique contre les enfants et les femmes
174
3.4.5. Enjeu principal : la persistance de la violence domestique contre les femmes et les enfants 176 3.4.6. Les unions et les mariages précoces 178 3.4.7. Les grossesses précoces 181 3.4.8. Les abus sexuels contre les enfants 184 3.4.9. Les enfants « en situation de rue » 187 3.5. Le droit à la participation et à l’information 189 4.
Conclusions et recommandations 194
Bibliographie 204 Annexes Annexe 1 Mapping des risques et des vulnérabilités des enfants à São Tomé-et-Principe, par cycle de vie 210 Annexe 2 Formules statistiques de calcul de l’indice d’équité entre les sous-districts 216 Annexe 3 Formules statistiques pour la mesure de la pauvreté multidimensionnelle Annexe 4 Liste des personnes interrogées et liste des membres du comité de pilotage
Les discussions de groupe au niveau communautaire
218 220 222
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7
TABLEAUX Tableau 1.1. Domaines de droits prioritaires de l’analyse
37
Tableau 1.2. Approches essentielles et implications analytiques
38
Tableau 3.1.1. Enfants dans chaque quintile de richesse, par déterminants socio-économiques, 2014 (%)
54
Tableau 3.1.2. Adultes et enfants dans chaque quintile de richesse (Nombre et %) et revenu mensuel par habitant correspondant aux adultes et aux enfants (Dobras). Tableau 3.1.3. Les dimensions de l’analyse MODA, d’après la Convention relative aux droits de l’enfant (1989) Tableau 3.1.4. Dimensions et indicateurs pour les enfants âgés de 0 à 4 ans
56 59 59
Tableau 3.1.5. Dimensions et indicateurs pour les enfants âgés de 0 à 17 ans 59 Tableau 3.1.6. Taux de pauvreté multidimensionnelle
60
Tableau 3.1.7. Les taux de pauvreté multidimensionnelle pour les enfants de 0 à 4 ans, par déterminant socio-économique, 2014 63 Tableau 3.1.8. Taux de pauvreté multidimensionnelle des enfants de 5 à 11 ans, par disparité socio-économique, 2014
68
Tableau 3.1.9. Taux de pauvreté multidimensionnelle des enfants de 12 à 17 ans, par disparité socio-économique, 2014 73 Tableau 3.1.10. Distribution de la population de São Tomé-et-Principe par sous-district, 2012 Tableau 3.1.11. Dimensions, indicateurs et modalités de calcul Tableau 3.1.12. Valeurs normalisées des indicateurs et de l’indice d’équité, 2012 (%) Tableau 3.1.13. Matrice de protection sociale à São Tomé-et-Principe
Liste
des tableaux, des cartes et des figures
8
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
77 78 81 86
Tableau. 3.2.1. Déterminants de la stagnation dans la réduction de la mortalité néonatale
115
Tableau 3.2.2. Déterminants de la malnutrition chez les enfants de 0 à 5 ans
126
Tableau 3.2.3. Les déterminants des disparités d’accès à l´Eau et à l´assainissement
134
Tableau 3.3.1. Raisons données pour l’abandon des études, enfants de 12 à 17 ans, par district
155
Tableau 3.3.2. Les déterminants de l’accès insuffisant à une éducation de qualité au niveaux préscolaire et secondaire et de la persistance d’enfants non scolarisés au niveau primaire 162 Tableau 3.4. Goulots d´étranglement et barrières pour la lutte contre le travail des enfants 172
FIGURES Figure 2.1. Les enfants à São Tomé-et-Principe
42
Figure 3.1.1. Chevauchements entre les privations en matière de protection, d’assainissement et de nutrition pour les enfants de 0 à 4 ans, 2014
62
Figure 3.1.2. Taux de pauvreté pour chaque dimension, enfants de 0 à 4 ans, par déterminant socio-économique, 2014
64
Figure 3.1.3. Chevauchements entre les privations en matière de protection, d’assainissement et d’éducation pour les enfants de 5 à 11 ans, 2014
67
Figure 3.1.4. Taux de pauvreté pour chaque dimension, enfants de 5 à 11 ans, par déterminant socio-économique, 2014
69
Figure 3.1.5. Chevauchements entre les privations en matière de Protection, d’Assainissement et d’Éducation pour les enfants de 12 à 17 ans, 2014
72
Figure 3.1.6. Taux de pauvreté pour chaque dimension, enfants de 12 à 17 ans, par déterminant socio-économique, 2014
74
Figure 3.1.7. Composantes de la protection sociale prenant en compte les enfants
85
Figure 3.2.1. Evolution des taux de mortalité infanto-juvénile, infantile et néonatale de 1990 à 2013 (pour mille naissances vivantes)
91
Figure 3.2.2. Les déterminants socio-économiques de la mortalité des enfants, 2014
93
Figure 3.2.3. Évolution, comparaison internationale et disparités dans la couverture des principaux vaccins à São Tomé-et-Principe
95
Figure 3.2.4. Causes de mortalité post néonatale (de 1 à 59 mois), 2013
96
Figure 3.2.5. Les causes de mortalité néonatale, 2013
102
Figure 3.2.6. Les allocations budgétaires intra-sectorielles
112
Figure 3.2.7. Analyse causale de la stagnation dans la réduction de la mortalité néonatale
114
Figure 3.2.8. Analyse causale de la persistance de disparités d’’accès à l’eau et a l’assainissement
133
Figure 3.3.1. Les disparités dans le taux de survie jusqu’à la dernière classe du primaire et la transition au secondaire
140
Figure 3.3.2. Disparités dans l’utilisation des services d’éducation, par quintile de richesse, 2014
140
Figure 3.3.3. Situation scolaire des enfants à São Tomé-et-Principe
142
Figure 3.3.4. Composition des classes, par situation scolaire des élèves, 2012
148
Figure 3.3.5. L’indice de développement de la petite enfance (IDPE) à São Tomé-et-Principe, 2014
150
Figure 3.3.6. Composantes de la qualité de l’éducation, UNICEF
154
Figure 3.3.7. Analyse causale de l’accès insuffisant à une éducation de qualité au niveaux préscolaire et secondaire, persistance d’enfants non scolarisés au niveau primaire.
161
Figure 3.4.1. Évolution du taux d’enregistrement des naissances, 2000-2014, par région (%)
167
Figure 3.4.2. Pourcentage d’enfants de 5 à 17 ans qui travaillent
169
Figure 3.4.3. Causes de travail des enfants et de violence domestique
171
Figure 3.4.4. Analyse causale de la persistance de la violence domestique contre les femmes et les enfants.
177
Figure 3.4.5. Analyse causale : les enfants « en situation de rue »
188
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
9
Figure 3.5.1. Accès à l’Information et à Internet à São Tomé-et-Principe, 2014 Figure 3.5.2. Analyse causale des limitations à la participation et à l’accès à l’information des enfants Figure 4.1. São Tomé-et-Principe, évolution des disparités en fonction du revenu, de 2006 à 2012
191 193 195
CARTES Carte 2.1. Situation géographique des enfants, 2012 (% et nombre) Carte 3.1.1. Indice d’équité appliqué aux sous-districts de São Tomé-et-Principe, 2012 Carte 3.1.2. L’équité dans le revenu par habitant, par sous-district (2012) Carte 3.1.3. L’équité dans l’accès aux installations d’assainissement améliorées, par sous-district (2012)
43 79 82 82
Carte 3.1.4. L’équité dans la scolarisation primaire, par sous-district (2012) 83 Carte 3.1.5. L’équité dans la scolarité secondaire, par sous-district (2012) 83
10
Carte 3.1.6. L’équité dans l’enregistrement des naissances, par sous-district (2012)
84
Carte 3.2.1. Accouchements avec assistance qualifiée par sous-district, en pourcentage
105
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Graphique 2.1.
Pyramide démographique de São Tomé-et-Principe, 2012
42
Graphique 2.2.
Distribution des enfants dans les 18 sous-districts, 2012 (en %)
Graphique 2.3.
Évolution du PIB et du PIB par habitant (2001 à 2014)
Graphique 2.4.
Composition du PIB, 2013
Graphique 2.5.
La pauvreté monétaire par district (2010)
Graphique 2.6.
Évolution des dépenses « pro-pauvres » et du PIB (2007 à 2015) 47
Graphique 2.7.
Relation entre les dépenses « pro-pauvres » et le financement extérieur (2011 à 2014)
44 45 45 46
47
Graphique 3.1.1. Enfants dans chaque quintile de richesse, par déterminant socio-économique, 2014 (%)
56
Graphique 3.1.2. Distribution des enfants et des adultes, par quintile de richesse (2012)
57
Graphique 3.1.3. Enfants de 0 à 4 ans en situation de privation, par dimension, 2014 (%)
61
Graphique 3.1.4. Enfants de 0 à 4 ans qui souffrent de privations, par indicateur, 2014 (%)
61
Graphique 3.1.5. Enfants de 0 à 4 ans, par nombre de privations, 2014 (%)
62
Graphique 3.1.6. Taux d’enfants de 5 à 11 ans qui souffrent de privations par dimension, 2014
65
Graphique 3.1.7. Enfants de 5 à 11 ans qui souffrent de privations, par indicateur, 2014 66 Graphique 3.1.8. Pourcentage d’enfants de 5 à 11 ans qui souffrent de privations, par nombre de dimensions, 2014
66
Graphique 3.1.9. Pourcentage d’enfants de 5 à 11 ans qui souffrent de privations dans chaque dimension, en fonction du nombre de privations cumulées, 2014 66 Graphique 3.1.10. Taux d’enfants de 12 à 17 ans qui souffrent de privations, par dimension, 2014 70 Graphique 3.1.11. Enfants de 12 à 17 ans qui souffrent de privations, par indicateur, 2014 (%) 71 Graphique 3.1.12. Enfants de 12 à 17 ans qui souffrent de privations, par nombre de dimensions, 2014 71 Graphique 3.1.13. Indice équité et population, par sous district, 2012 Graphique 3.1.14. Indice d’équité entre sous-districts, au niveau des indicateurs, 2012
Liste
des graphiques
80
80
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
11
Graphique 3.1.15. Financement alloué à la protection sociale et distribution par programme, 2015 (en millions de dobras) Graphique 3.2.1. Evolution du taux de mortalité maternelle à São Tomé-et-Principe de 1990 à 2013, pour 100 000 naissances vivantes Graphique 3.2.2. Evolution des taux de mortalité infantile et infanto juvénile, de 1995 à 2015 (pour mille naissances vivantes)
88 90 91
Graphique 3.2.3. Évolution des taux de mortalité infantile et infanto-juvénile, par région 2009 et 2014
92
Graphique 3.2.4. Proportion de la mortalité néonatale et post néonatale dans la mortalité des enfants de moins de 5 ans, 2009 et 2014
94
Graphique 3.2.5. Taux de poids faible à la naissance, principales disparités socio-économiques, 2014 (%)
95
Graphique 3.2.6. Episodes de diarrhée, symptômes d’IRA et fièvre chez les moins de cinq ans, par tranche d’âge (en mois), 2014 Graphique 3.2.7. Episodes de diarrhée, symptômes d’IRA et fièvre chez les moins de cinq ans, par région, 2014 Graphique 3.2.8. Les soins de santé essentiels reçus par les enfants avec symptômes de diarrhée, pneumonie ou paludisme, 2009 et 2014 (en %) Graphique 3.2.9. Les soins de santé essentiels reçus par les enfants avec symptômes de diarrhée, pneumonie ou paludisme, par genre (%)
97 97
98
98
Graphique 3.2.10. Enfants avec symptômes d’infection respiratoire aigüe qui reçoivent conseil sanitaire et antibiotiques, par déterminant (%) 99 Graphique 3.2.11. Enfants avec symptômes de diarrhée qui reçoivent conseil sanitaire et ORT, par déterminant (%)
99
Graphique 3.2.12. Enfants qui dorment sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide, avec de la fièvre qui sont testés positif au paludisme et reçoivent du conseil sanitaire, par déterminant (%) 100 Graphique 3.2.13. Les interventions essentielles pour la survie des nourrissons, STP 2014 et pays les moins avancés (2007-2013) 103 Graphique 3.2.14. Évolution de certains indicateurs clé de soins essentiels depuis 2000 104 Graphique 3.2.15. Femmes qui ont reçu des soins prénatals au moins 4 fois pendant leur dernière grossesse, principaux écarts pour chaque déterminant socio -économique, 2014 (%) 106
12
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Graphique 3.2.16. Disparités dans l’assistance qualifiée pendant l’accouchement, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique, 2014 (%) 106 Graphique 3.2.17. Femmes protégées contre le tétanos néonatal, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique,, 2014 (en %)
106
Graphique 3.2.18. Enfants allaités dans l’heure qui suit l’accouchement (*), 2014, en %
110
Graphique 3.2.19. Dépenses publiques de santé par habitant, par rapport au PIB et par rapport aux dépenses publiques totales (2003-2013)
111
Graphique 3.2.20. Taux de malnutrition (%) à São Tomé-et-Principe (2009 et 2014) et AOC (2008-2012). 118 Graphique 3.2.21. Taux de malnutrition par région (%).
119
Graphique 3.2.22. Enfants de 0 à 5 ans qui souffrent de malnutrition chronique, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique, (%), 2014 120 Graphique 3.2.23. Enfants de 0 à 5 mois allaités exclusivement, par déterminant socio-économiques, 2014 (en %)
121
Graphique 3.2.24. Enfants qui reçoivent une diversité et une fréquence alimentaire minimale, par déterminant socio-économique (2014)
122
Graphique 3.2.25. Enfants de 6 à 59 mois qui souffrent d’anémie, par déterminant socio-économique (en %)
123
Graphique 3.2.26. Habitants qui utilisent des sources d’eau améliorées, par type de source (%), 2009 et 2014
128
Graphique 3.2.27. Habitants qui ont accès à des sources d’eau améliorées, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique, (%), 2009 et 2014
129
Graphique 3.2.28. Pourcentage de la population par type d’installation d’assainissement, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique,, 2014
130
Graphique 3.2.29. Types de système d’assainissement dans chaque sous-district, 2012
130
Graphique 3.3.1. Évolution (2000 à 2014) des taux bruts de scolarisation en préscolaire, primaire et secondaire
137
Graphique 3.3.2. Évolution (2000 à 2014) des taux nets de scolarité en préscolaire, par région (%)
138
Graphique 3.3.3. Taux nets de scolarité en préscolaire, primaire et secondaire, 2014
138
Graphique 3.3.4. Enfants scolarisés, par âge et sexe, 2012 (Nombre)
139
Graphique 3.3.5. Enfants qui ne fréquentent pas à l’école, 2012 (en %)
144
Graphique 3.3.6. Enfants non scolarisés dans chaque sous-district, par segment de scolarisation en 2012 (en %)
145
Graphique 3.3.7. Enfants en première classe du cycle primaire, par rapport ou non avec l’âge théorique, 2012 (en %)
149
Graphique 3.3.8. Enfants de 6 ans qui ne fréquentent pas à l’école, par sous-district, 2012 (%)
149
Graphique 3.3.9. Redoublement à São Tomé-et-Principe %, par classe (année scolaire 2013-2014)
150
Graphique 3.3.10. Causes données pour l’abandon des études au niveau primaire, 2010 (%)
155
Graphique 3.3.11. Enfants non enregistrés et exclusion éducative, par sous-district, 2012 (*)
158
Graphique 3.4.1. Évolution du taux d’enregistrement des naissances, 2000-2014 (en %)
167
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
13
Graphique 3.4.2. Taux d’enregistrement des naissances, par sous-district, 2012 (en %) 168 Graphique 3.4.3. Enfants âgés de 5 à 17 ans qui travaillent, 2014, par déterminant social (en %) Graphique 3.4.4. Méthodes disciplinaires destinées aux enfants de 1 à 14 ans, 2014 (%) Graphique 3.4.5. Enfants de 1 à 14 ans qui reçoivent des punitions physiques, par déterminant socio-économique, 2014 (en %)
170 174 174
Graphique 3.4.6. Filles de 15 à 19 ans) en situation d’union (ou mariage) précoce, par quintile de richesse, 2014 (%) 178 Graphique 3.4.7. Filles de 15 à 19 mariées ou en union, 2014 (en %) Graphique 3.4.8. Filles de 12 à 17 mariées ou en union, par sous-district, 2014 (en %)
179
Graphique 3.4.9. Nombre et distribution des mères avec grossesses précoces, 2012
181
Graphique 3.4.10. Unions précoces et grossesses précoces dans chaque sous-district, 2012 (*)
14
179
182
Graphique 3.4.11. Filles de 15 à 19 qui ont commencé leur vie reproductive, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique, 2014 (%)
182
Graphique 3.4.12. Evolution du taux d’utilisation des méthodes de contraception, de 2000 à 2014
183
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
ARCAR
Association de réinsertion des enfants abandonnés ou en situation de risque
AOC
Afrique de l’Ouest et centrale
BAD
Banque africaine de développement
BM
Banque mondiale
BIT
Bureau international du Travail
CCCVD Centre de conseil contre la violence domestique C4D
Communication pour le Développement
CDE
Convention relative aux droits de l’enfant
DRNE
Direction des ressources naturelles et de l’énergie
EBM
Enquête sur le budget des ménages
EDS
Enquête démographique et de santé
EMAE
Société d’eau et d’électricité (Empresa de Agua e Electricidade)
FONG
Fédération des ONG
INS
Institut national des statistiques
MEAS
Ministère de l’Emploi et des Affaires sociales
MECS
Ministère de l’Education, de la Culture et des Sciences
MECI
Ministère de l’Économie e de la Coopération internationale
MICS
Multiple Indicator Cluster Survey
MOPRN Ministère des Travaux publics et des Ressources naturelles MLSTP
Mouvement de libération de São Tomé-et-Principe
MS
Ministère de la Santé
MSAS
Ministère de la Santé et des Affaires sociales
OCDE Organisation de coopération et de développement économiques ODI
Overseas Development Institute
OMS
Organisation mondiale de la santé
PEV
Programme élargi de vaccination
PIB
Produit intérieur brut
PNA
Politique de nutrition et d’alimentation
PNASE Programme de nutrition et d’alimentation scolaire PNLP
Programme national de lutte contre le paludisme
PNLS
Programme national de lutte contre le VIH/SIDA
PNUD
Programme des Nations Unies pour le développement
PPE
Politique de protection des enfants
Acronymes
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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PPS
Politique de protection sociale
PRONANUT RGPH SIDA UNESCO UNFPA UNICEF USD
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Programme national de nutrition Recensement général de la population et de l’habitation Syndrome d’immunodéficience acquise Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture Fonds des Nations Unies pour la Population Fonds des Nations unies pour l’enfance Dollar américain
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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Résumé Executif
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
S
ão Tomé-et-Principe a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant le 14 Mai 1991. Depuis, le pays a réalisé des progrès considérables dans l’adaptation de sa législation et de ses politiques nationales.
EN 2012, la population était estimée à 178 739 habitants, dont 44,9 % d’enfants, soit 80 426 en valeur absolue (INS, 2012). La petite enfance (enfants de 0 à 6 ans au plus) représente 34 % de la population, les enfants d’âge scolaire (de 6 à 11 ans) représentent 36 % de la population, et les adolescents (de 12 à 17 ans) 30 %. On compte 204 garçons de plus que les filles. 35,1 % des enfants (28 238) habitent dans la capitale São Tomé. Trindade est le deuxième sous-district le plus peuplé par les enfants avec 8 800 enfants (10,9 %) (INS, 2012). Les sous-districts de Neves, Santana et Bombom regroupent 7 % des enfants âgés de moins de 6 ans, 6,3 % par des enfants d’âge scolaire et par 5,4 % d’adolescents. Chacun des 13 autres sous-districts regroupe environ 5 % d’enfants.
1. Le droit à des niveaux de vie adéquats Faits en Bref 22,9 % des enfants vivent dans le D'après l'approche multidimension- La pauvreté multidimensionnelle est quintile le plus pauvre contre 14,8 % nelle, 70,4 % des enfants sont pauvres plus étendue pour les enfants de 0 à 4 des adultes ans (80,9 % sont pauvres) Les sous-districts les moins équi- Les sous-districts les plus équitables Les enfants souffrent le plus de privatables du pays sont Santa Catarina (à du pays sont la capitale São Tomé et tions au niveau de la protection et de Lembá) et Malanza (à Caué). Condé (Lobata) l'assainissement Source : Calculs des consultants à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) et RGPH (INS, 2012)
LA PAUVRETÉ MONÉTAIRE DES ENFANTS Les données du IV RGPH (INS, 2012) confirment que les enfants sont surreprésentés dans le quintile le plus pauvre et sous représentés dans le quintile le plus riche (22,9 % des enfants vivent dans le quintile le plus pauvre, contre 14,8 % des adultes, alors que dans le quintile le plus riche on retrouve 14,8 % des enfants et 24,2 % des adultes). Le niveau de scolarité des chefs de ménage est le déterminant le plus important, suivi par la langue maternelle, le milieu et la région de résidence. Le sexe du chef du ménage et le nombre de membres du ménage sont des déterminants importants mais de moindre mesure. Il n’y a aucune différence attribuable au sexe de l’enfant. Les données sont claires : l’éducation est un secteur clé de grand impact pour le niveau de richesse du pays.
LA PAUVRETÉ MULTIDIMENSIONNELLE DES ENFANTS L’approche multidimensionnelle de la pauvreté se concentre sur la situation individuelle de chaque enfant, au contraire des approches monétaires de la pauvreté ou des analyses sectorielles. L’enfant devient le centre de l’analyse, où l’on va essayer de déterminer dans quelle mesure il est privé de ses droits. Les résultats révèlent qu’à São Tomé-et-Principe, un pourcentage élevé d’enfants peut être considéré comme pauvre (70,4 %). Résultats pour les enfants âgés de 0 à 4 ans. Il s’agit du groupe d’âge le plus démuni : 80,9 % sont pauvres. Les dimensions où l’on retrouve plus d’enfants souffrant de privations sont la protection (71,9 %), l’assainissement (62,7 %) et la nutrition (49,2 %). 22,6 % des enfants souffrent de privations dans les trois dimensions simultanément. 22,6 % sont privés de protection et d’assainissement, et 13,6 % de protection seulement. Le déterminant socio-économique le plus important dans la pauvreté multidimensionnelle
de ce groupe d’âge est le niveau de richesse (99 % des enfants du quintile le plus pauvre sont également pauvres selon l’approche des privations) et le niveau de scolarité de la mère (95 %). Résider en milieu rural (90,4 %), et dans les régions Sud-Est (86,5 %) et Nord-Ouest (87,3 %), sont également des déterminants importants. Résultats pour les enfants âgés de 5 à 11 ans. Le taux d’incidence de la pauvreté multidimensionnelle est de 67,8 %. C’est la tranche d’âge des enfants où le taux d’intensité de la pauvreté est le plus bas (31,2 %), avec un taux d’incidence ajusté à 21,1 %. Les chevauchements entre les privations : les plus fréquentes sont la protection (81,9 %), l’assainissement (60 %) et l’éducation (39,6 %). 25,6 % des enfants souffrent de privations dans les trois dimensions simultanément, 24,4 % seulement en protection. 24,1 % souffrent de privations simultanément en protection et en assainissement. Le déterminant socio-économique le plus important pour la pauvreté multidimensionnelle de ce groupe d’âge est le niveau de richesse (96 % des enfants du quintile le plus pauvre sont également pauvres selon l’approche des privations) et le niveau de scolarité de la mère (79,6 % des enfants dont la mère n’a aucune éducation sont pauvres). Résider dans la région Nord-Ouest (78,6 %) et Sud-Est (78,4 %), et en milieu rural (77,7 %), sont également des déterminants importants. Résultats pour les enfants âgés de 12 à 17 ans. Le taux d’incidence de la pauvreté multidimensionnelle est de 69,6 %. Le taux d’intensité de la pauvreté est de 34,6 % et le taux d’incidence ajusté de 24,1 %. Les privations les plus fréquentes sont la protection (74,9 %), l’assainissement (58 %) et l’éducation (36,1 %). 26,7 % des enfants souffrent simultanément de privations en protection et assainissement. 20,9 % souffrent seulement de privations en protection, et 17,8 % simultanément dans les trois dimensions. Le déterminant socio-économique le plus important dans la pauvreté multidimensionnelle de ce groupe d’âge est le niveau de richesse (96,4 % des enfants du quintile le plus pauvre sont également pauvres Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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selon l’approche de privations), niveau de scolarité de la mère (80,3 % des enfants dont la mère n’a aucune éducation sont pauvres), Résider dans la région Nord-Ouest (78,6 %) et Sud-Est (78,4 %), et en milieu rural (77,7 %), sont également des déterminants importants.
L’ÉQUITÉ ENTRE LES SOUS DISTRICTS DE SÃO TOMÉ-ET-PRINCIPE D’après l’UNICEF (2012), « l’équité implique l’égalité dans l’accès aux chances de survivre, de se nourrir, d’apprendre et de se développer dans un environnement favorable et sur. L’équité implique d’assurer tous les droits à toutes les personnes et en tout lieu (…)». Dans cette étude, la dimension spatiale a été choisie comme l’axe structurel de comparaison. En effet, l’étude de l’équité axée sur le territoire permet de mieux représenter la réalité quotidienne des personnes car les privations qui ont lieu dans un territoire spécifique se produisent généralement en combinaison avec d’autres carences. L’analyse axée sur la dimension territoriale a alors cette capacité de refléter l’ensemble des disparités. D’après les résultats obtenus, le sous-district le moins équitable est Santa Catarina (avec une valeur de 18,1 %) dans le district de Lembá. Malanza (32,6 %) est le suivant qui se situe à Caué. A l’opposé, le plus équitable est la capitale de São Tomé (81,6 %), à Agua Grande, puis Condé (76,3 %) à Lobata. Au niveau des indicateurs les plus équitables, on trouve : le taux net de scolarisation primaire, les matériaux de construction des murs du domicile (et d’un point de vue négatif, la maternité précoce et le chômage). Les grandes disparités entre les sous-districts se présentent au niveau du revenu par habitant, de l’accès à l’eau et à l’assainissement, et des accouchements assistés.
LA PROTECTION SOCIALE D’après l’UNICEF (2012), la protection sociale est un “ensemble de politiques et de programmes publics et privés visant à prévenir, à réduire et à éliminer les vulnérabilités économiques et sociales face à la pauvreté et aux privations”. L’approche « sensible aux enfants » implique le besoin d’intégrer une perspective de cycle de vie dans la définition des politiques de protection. La loi de protection sociale (7/2004)
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conçoit une division en trois niveaux d’attention : protection sociale pour les citoyens (non contributive), obligatoire (travailleurs salariés et indépendants), et complémentaire (pensions privées non obligatoires). L’analyse de l’intervention publique en matière de protection sociale non contributive pour les enfants à São Tomé-et-Principe reflète un éventail d’initiatives pertinentes, mais avec des lacunes en ce qui concerne la couverture (Selvester, 2011) et sans articulation (à l’exception du Programme des 1000 premiers jours critiques). Cette approche de programmes plutôt dispersés ne réussit pas à créer un socle de protection minimale pour les enfants. L’UNICEF (2012) promeut activement le développement de systèmes intégrés de protection sociale pour l’enfance, avec une approche universelle, inclusive et contextuelle (spécifique pour chaque pays), et est favorable aux interventions non conditionnées même si les décisions ultimes sur la pertinence ou non de la conditionnalité doivent se faire au niveau de chaque pays. La direction de la protection sociale du MSAS (maintenant MEAS), le comité de PS1, avec l’appui de l’UNICEF et de la Banque mondiale ont développé une politique et une stratégie nationale de protection sociale, qui a été approuvée par le pouvoir exécutif en septembre 2015. Le développement de cette politique est aligné avec l’axe 3 « Création d’opportunités d’augmentation et diversification des revenus » de la 2ème stratégie de lutte contre la pauvreté (2012-2016). La mise en œuvre de la stratégie de protection sociale va développer des outils fondamentaux pour la gestion multisectorielle. La direction de la protection sociale travaille en ce moment au développement d’un système d’information qui va inclure un registre unique des bénéficiaires, un système de suivi et d’évaluation et un système de réclamations, (qui est fondamental pour éviter les problèmes d’irrégularités dans les paiements qui sont très courants dans les programmes de transferts monétaires). Au niveau programmatique, la nouvelle politique va supposer l’augmentation des bénéfices des transferts monétaires et le développement d’un fonds de travaux publics et civiques. Le développement des capacités du personnel technique de la direction est un autre axe de travail important. De plus, cela aura un effet positif dans la mise en œuvre de la politique de protection des enfants, que la direction doit également coordonner.
Comité intersectoriel ad hoc créé pour superviser le processus d’élaboration de la politique de protection sociale
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
2. Le droit des enfants à la survie et au développement, de jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de services de santé Faits en Bref Réduction substantielle depuis 1995 La mortalité néonatale semble stagner de la mortalité maternelle (de 189,3 à depuis 2009 avec un taux de 18/1000 78,4 pour cent mille*), infantile (de 86 naissances vivantes à 32 pour mille) et infanto-juvénile (de 138 à 43 pour mille)
La mortalité dans le premier mois de vie représente 41,8 % de l'ensemble des cas de mortalité de la petite enfance en 2014
Le taux d'accouchement assisté est La malnutrition chronique a baissé de inférieur à 60 % à Santana, Almas et 41 % depuis 2009. 17 % des enfants Ribeira Afonso2. sont malnutris, dont 25,5 % dans le quintile le plus pauvre
Dans le quintile le plus riche, 93,6 % des personnes ont accès à des installations améliorées d'assainissement, contre 11,7 % du quintile le plus pauvre
*Depuis 2000 Sources (INS, 2009 et 2015), Direction des soins de santé et IVème RGPH (INS, 2012)
Les succès évidents de São Tomé-et-Principe dans la réduction de la mortalité maternelle et dans la petite enfance depuis 1995 n’ont pas encore réussi à effacer les disparités en fonction du revenu (le taux de mortalité infanto juvénile parmi les 60 % de la population la plus pauvre est de 50/1000, tandis que chez les 40 % les plus riches elle est de 30/1000). La région Nord-Ouest est celle qui a les taux de mortalité des enfants les plus élevés (29/1000 néonatale, 42/1000 infantile et 56/1000 infanto-juvénile). Au niveau de la mortalité néonatale, mis à part l’âge de la mère, des naissances trop peu espacées (2 ans) ou nombreuses (4 ou plus) sont également des déterminants importants de mortalité. L’enjeu principal dans la réalisation du droit des enfants à la survie est la réduction de la mortalité des enfants dans le premier mois de vie, qui représente 41,9 % des cas de mortalité de l’ensemble de la petite enfance. Elle peut être réduite en garantissant un paquet universel de soins aux femmes enceintes et aux enfants pendant la période prénatale, pendant l’accouchement et pendant la période postnatale. À São Tomé-etPrincipe, la couverture des soins prénatals est très élevée, sauf au niveau de la région Sud-Est. Le IV RGPH (INS, 2012) révèle des disparités importantes au niveau de l’attention qualifiée : le taux d’accouchement assisté est inférieur à 60 % à Santana, Almas et Ribeira Afonso3. Les défis principaux pour la réduction de la mortalité néonatale à São Tomé-et-Principe sont les disparités dans l’accès aux soins prénatals et les accouchements en centre de santé, ainsi que la qualité de l’attention. La disponibilité des médicaments et des équipements essentiels dans les maternités est 2 3
également un aspect important des soins qui n’est pas toujours garanti. Il existe également certaines difficultés dans la mise en œuvre des politiques nationale de santé reproductive (par exemple, le personnel de la maternité de l’hôpital affirme que les mères ne restent que 24 heures, alors qu’elles doivent rester 72 heures). Les ressources humaines qualifiées sont inégalement distribuées. Il existe également des freins et des aprioris. Par exemple, bon nombre de mères de famille pensent que certains professionnels infirmiers à la maternité de l’hôpital Ayres de Menezes sont négligents. Au niveau de l’immunisation, la couverture vaccinale à São Tomé-et-Principe est supérieure à 90 % pour tous les antigènes du Programme élargi de vaccination recommandés par l’OMS et l’UNICEF (à la seule exception du Tetanus Toxoid). Par rapport au paludisme, les succès du Programme national contre le paludisme, dans la mise en œuvre du Plan national pour faire reculer le paludisme, ont fait chuter la prévalence du paludisme entre 2006 et 2013 (de 200 cas à 50). Au niveau du VIH/SIDA, il n’y a pas de cas de transmission verticale depuis 2011 grâce au test des femmes enceintes et la provision d’antirétroviraux. D’après le Programme national de lutte contre le VIH/SIDA (2015), le taux de contamination chez les femmes enceintes baisse de façon continue depuis 2005. En 2014, le taux était de 0 % (INS, 2016). Pendant les entretiens, la plupart des gestionnaires des programmes verticaux (et l’UNICEF) ont mentionné une préoccupation commune : la continuité du financement dans un contexte de réduction progressive du financement extérieur.
Les sources proviennent de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) et du IV RGPH (2012) Les sources proviennent de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) et du IV RGPH (2012) Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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NUTRITION São Tomé-et-Principe a fait des progrès importants dans la période 2009-2014 au niveau des trois indicateurs de malnutrition classiques. Ainsi, la proportion d’enfants en insuffisance pondérale (en dessous de -2 écart-type) a baissé de plus de 33 %, la malnutrition chronique de 41 % et la malnutrition aiguë de 62 % (INS, 2009 et 2014). 17 % des enfants de moins de cinq ans sont malnutris, et 25,5 % des enfants proviennent du quintile le plus pauvre. Les régions présentant les taux de malnutrition chronique les plus élevés sont le Nord-Ouest (20 %) et le SudEst (23,3 %). Les enfants de 18 à 35 mois sont les plus touchés (plus de 24 %). Il n’y a pas d’enfants malnutris dans les foyers ou les mères ont un niveau de scolarité supérieur (INS, 2016). Les causes directes de la malnutrition sont un apport alimentaire inadéquat et les maladies. 84 % des produits alimentaires sont achetés, ce qui peut impliquer des barrières d’accès pour la couche la plus pauvre de la population. Le régime alimentaire moyen du pays contribue à un apport énergétique similaire à la moyenne de la région, mais avec une composition faible en protéines. Le taux d’enfants allaités exclusivement augmente rapidement, 73,8 % des enfants de 0 à 5 mois sont allaités exclusivement, par rapport à 51 % en 2009. Toutefois, dans le quintile le plus riche, il y a encore 6,8 % des enfants malnutris, ce qui pourrait indiquer qu’une partie du problème de
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
la malnutrition n’est pas liée à la possibilité d’accès à la nourriture, mais à d’autres facteurs tels que le régime alimentaire. Moins de la moitié (46,8 %) des enfants âgés de 6 à 23 mois bénéficient d’une diversité alimentaire minimale et 58,2 % d’une fréquence minimale d’alimentation (INS, 2016). Dans le pays, il y a plusieurs initiatives importantes : le Programme de santé reproductive offre des micronutriments aux mères et aux enfants et donne des conseils sur les pratiques d’allaitement, etc. Le PNASE (Programme national de l’alimentation et de la santé scolaire) est responsable de l’approvisionnement des repas scolaires et de la formation de sensibilisation de la communauté éducative. La PNA (Politique de nutrition et d’alimentation) récemment approuvée est un outil essentiel dans la lutte contre la malnutrition car elle suppose de passer d’une approche de programmes et de projets isolés à une approche intégrée. Cette politique vise à atteindre une plus grande durabilité et une meilleure coordination intersectorielle. C’est aussi une avancée stratégique pour attirer le soutien des différents bailleurs de fonds. La politique se heurte à quelques obstacles : la dépendance de l’aide extérieure, le manque de priorité politique, les difficultés pour la coordination interinstitutionnelle, et les faiblesses institutionnelles et financières au niveau des districts.
L’EAU ET L’ASSAINISSEMENT Le manque d’accès à l’eau potable, et en particulier à l’assainissement, est une des problématiques très ressenties par la population. La mesure de la pauvreté multidimensionnelle a révélé que le manque d’assainissement est une de deux privations principales des enfants à São Tomé-et-Principe. Le manque d’eau et d’assainissement est une cause sous-jacente des maladies diarrhéiques, qui constituent la deuxième cause de mortalité des enfants de 0 à 5 ans. 93,9 % de la population saotoméenne a accès à des sources d’eau améliorées, mais cela ne veut pas dire que l’eau soit potable : d’après les responsables de la direction générale des ressources naturelles et de l’énergie (DRNE), la grande majorité de l’eau est contaminée par des coliformes fécaux. Plus de la moitié des foyers (52,9 %) s’approvisionnent auprès des fontaines publiques. 22,9 % de la population vit dans des foyers qui doivent investir plus d’une demiheure de leur temps pour obtenir de l’eau (INS, 2016). En matière d’assainissement, l’accès à des installations améliorées montre des disparités graves en fonction du revenu. Dans le quintile le plus riche, 93,6 % des personnes ont accès à des installations améliorées, contre 11,7 % du quintile le plus pauvre (INS, 2016). Au niveau des régions, dans le sous-district de Micoló, 93,5 % des foyers n’ont pas d’installation sanitaire. Dans la région Sud-Est, les sous-districts de Ribeira-Afonso (78,5 %) et Santana (77,2 %), présentent les lacunes les plus importantes (INS, 2012). La société d’eau et d’électricité (EMAE) gère 16 systèmes d’eau qui couvrent environ 100 000 habitants. Seulement huit d’entre eux ont un système de traitement d’eau. Il existe aussi de nombreux petits systèmes ruraux construits à l’époque coloniale qui se sont fortement dégradés. La maintenance de ces systèmes ruraux revient à l’administration des districts qui manquent souvent de fonds. L’EMAE présente des lacunes de capacités techniques et
financières qui font obstacle à la gestion et à l’entretien adéquat des infrastructures. Les principales causes de la mauvaise qualité de l’eau sont (en plus des systèmes inadéquats) le manque de soutien du gouvernement du fait du manque de ressources, les investissements insuffisants, la dégradation volontaire des installations de la part de certains usagers, et le manque de sensibilisation. Il y a aussi des problèmes de pénurie (les sources publiques ne fonctionnent parfois que quelques heures par jour), en raison des insuffisances du système d’alimentation et du manque d’entretien. Sur le plan de l’assainissement, la situation est encore plus difficile. Les compétences politiques ne sont pas claires : les textes légaux sur la DRNE ne définissent pas ses attributions en la matière. La direction des soins de santé est responsable de la promotion de l’assainissement basique, mais elle ne dispose pas de ressources et doit compter sur la coopération internationale. Au niveau des districts, les mairiesn’ont pas de responsabilités légales et se limitent à surveiller les activités des ONG. Dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, on observe une délégation implicite des travaux d’installation et d’amélioration (en particulier de l’assainissement, des latrines, des salles de bain publiques...) à la coopération internationale, ce qui entrave tout travail systématique, coordonné et durable, principalement dans les zones rurales. L’une des principales faiblesses du secteur est qu’il n’y a pas encore une politique nationale d’eau et d’assainissement. En conséquence, il n’y a pas de définition claire des pouvoirs et des compétences des acteurs impliqués. En outre, les institutions nationales impliquées (direction des ressources naturelles et de l’énergie, direction des soins de santé) présentent des faiblesses importantes en termes de dotation de ressources : elles manquent de cadres ayant des spécialisations techniques dans le domaine et de financement.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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3. Droit à l’éducation primaire gratuite et universelle. Obligation des États à promouvoir l’accès universel à l’éducation secondaire et supérieure Faits en Bref Taux net de scolarisation préscolaire : 53,7 % des enfants qui terminent 91,6 % des enfants qui commencent le 36,4 % l’école primaire entrent dans le pre- cycle primaire arrivent en 6ème classe mier cycle du secondaire (taux de survie). Taux net de scolarisation primaire : 94,1 % Taux net de scolarisation secondaire : 60,4 %: En 2012, 26 464 enfants de 5 à 17 ans (soit 45,3 %) étaient en situation d’exclusion scolaire réelle (non scolarisés) ou potentielle (2 ans ou plus de retard).
44,9 % des enfants d’âge préscolaire L’indice de parité de genre est égal à 1 ne sont pas scolarisés, de même que dans l’enseignement primaire, contre 5 % des 6 à 11 ans, et 10,4 % des 12 1,18 dans l’enseignement secondaire à 17 ans.
Sources : enquête MICS 5 (INS, 2016), et IVème RGPH (INS, 2012)
Le taux net de scolarisation dans les trois niveaux de scolarité (préscolaire, primaire et secondaire) montre une augmentation continue de 2000 à 2015. Malgré les progrès, en 2014, à peine un enfant sur trois (36,4 %) en âge préscolaire et deux enfants sur trois (60,4 %) en âge d’être en cycle secondaire fréquentaient ces niveaux (INS, 2016). La parité de genre se réduit vers l’âge de 16 à 17 ans, principalement à cause des limitations de l’offre formative publique qui oblige les élèves à se déplacer loin de leur famille. Ce contexte affecte plus négativement les filles (UNICEF et Institut du genre, 2009), ainsi que les grossesses précoces à Principe (INS, 2010). L’influence de la situation économique des familles sur les indicateurs éducatifs présente en général une évolution positive dans le temps. Malgré cela, en 2015 les disparités en raison du revenu sont clairement visibles au niveau de la scolarisation préscolaire et secondaire, niveaux scolaires que l’État n’a pas encore réussi à universaliser. Outre les difficultés de l’accès physique, ces deux niveaux impliquent des frais plus élevés que le primaire. Le préscolaire est même plus coûteux que le secondaire (MECS et Pole de Dakar, 2012) et on assiste depuis 2006 à une augmentation des disparités (INS, 2006 et 2015). Au niveau de l’exclusion éducative (les enfants non scolarisés), trois grands segments de scolarisation (Kitt, 2011) ressortent dans le cas de São Tomé-etPrincipe :
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Le premier segment, de « scolarisation imminente » (ou en attente) », est lié au processus d’incorporation du système éducatif : pour les enfants de 5 à 7 ans, l’exclusion est supérieure à 20 % dans la plupart des sous-districts. Dans le sous-district de Micoló l’exclusion atteint presque la moitié des enfants (43 %). Le deuxième segment est le « niveau maximal de scolarisation » : pour les enfants de 8 à 11 ans, le système éducatif réussit à incorporer la plupart des enfants. L’exclusion scolaire se concentre surtout dans quatre sous-districts de Caué et de Cantagalo et un sous-district à Lembá. Le troisième segment, de « déscolarisation » : le processus d’abandon scolaire proprement dit. Il commence vers l’âge de 12 ans et s’accroît graduellement jusqu’à l’âge de 17 ans, où 40 % des enfants sont exclus du système scolaire. Les enfants à besoins spécifiques, en particulier ceux ayant des difficultés motrices ou auditives, sont très vulnérables à l’exclusion (71,4 % des enfants ayant des difficultés motrices sévères ne sont pas scolarisés en période de scolarisation maximale). Les filles enceintes et les jeunes mères ont abandonné leur scolarité dans 87,5 % des cas (INS, 2012), conséquence de la discrimination à laquelle elles doivent faire face. Depuis 2006, le règlement disciplinaire pour le 2ème cycle de l’enseignement de base, l’enseignement secondaire et professionnel (art. 36) interdit la présence, de jour, des filles enceintes de plus de trois mois.
Développement de la petite enfance : 54,5 % des petits enfants saotoméens sont sur la bonne voie de développement (INS, 2016). La plupart sont sur la bonne voie au niveau du développement physique (94 %), socio-émotionnel (62,4 %), et des capacités d’apprentissage (79,1 %), mais il y a des lacunes au niveau des capacités de lecture et de calcul (16,5 %) (INS, 2016). Au niveau des indicateurs de soins et de stimulation des petits enfants (éducation préscolaire, activités domestiques d’appui à l’apprentissage, cohabitation avec le père, garde adéquate, disponibilité de livres et de jouets), São Tomé-et-Principe obtient avec le Ghana les meilleurs résultats. Néanmoins, l’assistance au préscolaire, la cohabitation avec le père et les activités de stimulation et d’accompagnement à l’apprentissage réalisées avec le père, sont les points négatifs de ces indicateurs. L’enjeu principal est l’accès insuffisant à une éducation de qualité dans les niveaux préscolaire et secondaire ainsi que les enfants non scolarisés au niveau du primaire. Les causes directes sont les coûts de l’éducation préscolaire et secondaire, le redoublement et le retard (avoir atteint la limite d’âge de 14 ans dans le niveau primaire et redoubler plus de deux fois en secondaire), les grossesses et les maternités précoces, et les coûts d’opportunité du travail des enfants (INS, 2010). Les barrières concernant l’accès physique pour les enfants ayant des difficultés motrices et autres limitations de l’éducation inclusive. Les causes sous-jacentes sont l’entrée tardive en primaire (en 2012, seulement 48 % des enfants de 6 ans fréquentaient la première classe), combinée avec l’existence de limites d’âge au niveau primaire (14 ans). L’existence de limites au nombre de redoublements dans le secondaire est également une barrière d’accès à l’éducation dans un système qui
surexploite le redoublement comme outil pédagogique. D’après le MECS et Pôle de Dakar (2012), São Tomé-et-Principe est le huitième pays d’Afrique avec le taux de redoublement le plus élevé. Le système fait également face à des difficultés au niveau de la qualité de l’enseignement, influencée par l’insuffisance en ressources humaines qualifiées et de salles de classe aux niveaux préscolaire et secondaire (plus particulièrement pour le 2ème cycle), et par les approches rigides du processus d’enseignement et d’évaluation. Le système est également en manque de systèmes de récupération des enfants qui abandonnent l’école. La cause structurelle principale est la mise en œuvre insuffisante des politiques concernant l’âge d’entrée (6 ans pour le primaire). En effet, la loi régissant les principes fondamentaux du système éducatif (2/2003) n’est plus adaptée aux nouveaux âges théoriques d’entrée au primaire : l’âge auquel l’entrée à l’école devrait être autorisée et celui auquel elle devrait être obligatoire, mais la réforme est en cours. Au niveau du MECS, les mécanismes de gestion des ressources humaines sont en développement. Une importante difficulté structurelle est la distribution peu équitable des ressources publiques provocant le sous-financement d’une partie des niveaux préscolaire, primaire et secondaire. Le statut faible et les salaires insuffisants du corps enseignant sont aussi deux autres facteurs qui affectent négativement la qualité de l’enseignement. Enfin, l’insuffisance de mécanismes de protection sociale pour appuyer la scolarité des enfants des familles nombreuses est aussi un autre facteur négatif. Le pays dispose bien d’une stratégie d’éducation inclusive (2010) mais ses limitations en ressources ont ralenti sa mise en œuvre.
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4. Le droit à la protection Faits en Bref En 2014, 95,2 % des enfants de moins 26 % des enfants travaillent dont 16 % 43,2 % des enfants de Principe travaillent dans des conditions dangede un an sont enregistrés à l’état civil dans des conditions dangereuses reuses (INS, 2016). (MICS, 2014), 12,5 % des enfants issus des familles les plus pauvres n’ont pas encore réalisé leur droit d’être enregistrés. Dans 79,6 % des cas, les adultes uti- 1 fille sur 3 de 15 à 19 ans du quintile lisent la violence psychologique ou le plus pauvre (39,6 %) est en union physique comme méthode discipli- ou mariée. naire. Dans 10 % des cas, ils utilisent la punition physique sévère (INS, 2016).
Dans 18,5 % des foyers, les adultes connaissent un cas d'abus sexuels. 97,2 % des victimes de violence sexuelle sont des filles
Sources : enquête MICS 5 (INS, 2016) et IVème RGPH (INS, 2012)
L’enregistrement des naissances peut être considéré comme un autre succès des politiques sociales saotoméennes, avec certaines réserves : 12,5 % des enfants issus des familles les plus pauvres n’ont pas encore réalisé leur droit d’être enregistrés. Les données du IVe RGPH (INS, 2012) confirment une corrélation positive entre les accouchements assistés et l’enregistrement des naissances. La politique de coordination depuis 2010 entre le ministère de la Justice et le ministère de la Santé (avec le soutien de l’UNICEF et de l’UNFPA) pour introduire des services d’enregistrement dans les maternités du pays, ainsi que la gratuité et la possibilité d’enregistrer l’enfant sans la présence du père4 se sont révélées très efficaces. Le travail des enfants est une violation de leurs droits répandue à São Tomé-et-Principe. 26 % des enfants travaillent (et dépassent les limites horaires définies par l’UNICEF), dont 16 % dans des conditions dangereuses (INS, 2016). 40 % des enfants réalisent des petites activités économiques et 80 % prennent part aux tâches ménagères (INS, 2016). Le déterminant le plus important est la région de résidence : à Principe, 48,3 % des enfants travaillent, contre 21,3 % dans la région Centre-Est (INS, 2016). Les causes directes du travail des enfants sont la nécessité économique de la main d’œuvre infantile et l’acceptation sociale du travail des enfants. Comme causes sous-jacentes, on retrouve la déstructuration familiale car, seulement 46,2 % des enfants habitent avec leurs deux parents et il est probable que les familles monoparentales demandent plus de main d’œuvre aux enfants. La difficulté est d’articuler l’action multisectorielle du fait de la multiplicité des acteurs qui travaillent dans le domaine de
la protection de l’enfant et le besoin d’une réponse institutionnelle intégrée dans le domaine social, juridique, éducatif, etc. Il manque à ce jour un organe qui assume efficacement les tâches de coordination dans certains domaines importants comme le travail des enfants. L’action publique, autre cause structurelle, est encore dans ses prémices en ce qui concerne les pires formes de travail interdites aux enfants et les actions concrètes contre le travail des enfants. En effet, même si des textes législatifs existent dans ces domaines (en 2013), ils n’ont toujours pas été approuvés. La violence domestique contre les enfants est une violation de leurs droits à la protection contre toute forme de violence (article 19 de la CDE) qui provient justement du socle de protection le plus fondamental de l’enfant. A São Tomé-et-Principe, seuls 9,7 % des foyers ont recours à des méthodes disciplinaires non violentes (INS, 2016). Dans 79,6 % des cas, ils utilisent la violence psychologique (crier ou insulter) ou physique. Dans 10 % des cas, ils choisissent des méthodes sévères de punition physique (INS, 2016). La petite enfance (3 à 4 ans) est plus vulnérable à la violence physique (75,4 % des enfants en souffrent). La punition physique sévère est plus fréquente chez les enfants âgés de 5 à 9 ans. Presque aucun enfant, qui habite dans un ménage dont le chef possède un niveau d’enseignement supérieur, n’est puni de façon sévère (0,9 %). La violence intrafamiliale est une méthode disciplinaire, mais aussi une forme de comportement socialement acceptée et transmise de génération en génération. La violence de genre est considérée comme une des causes directes de la violence contre les enfants (Galeano, 2015).
À São Tomé-et-Principe, les entretiens et les groupes de discussion ont relevé que beaucoup de pères mettent en doute leur paternité tant qu’ils n’ont pas vu les traits physiques de l’enfant.
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Les unions des enfants : São Tomé-et-Principe n’est pas étranger à cette problématique : le profil des disparités révèle que l’union précoce ou le mariage concerne principalement les filles nées dans les familles les plus pauvres du pays (39,6 %) et celles dont la mère de la famille n’a pas pu étudier ou a seulement un niveau scolaire primaire (44,2 %) (INS, 2016). Les discussions de groupe avec les mères de famille et les adolescentes (à Malanza) ont révélé que l’interruption du parcours scolaire (par manque d’accès au deuxième cycle du secondaire) est un fort catalyseur des unions précoces.
La lutte contre les grossesses précoces, à São Tomé-et-Principe, n’est pas encore abordée de façon efficace par l’État. Les programmes contre les grossesses précoces ont abordé uniquement la dimension de la sensibilisation et de l’accès aux moyens de contraception. Il est nécessaire d’aborder les normes sociales et le manque d’opportunités dans les milieux vulnérables (sur le plan socio-économique) qui incitent les mères de familles à considérer que le mariage et les unions précoces, qui sont des formes d’abus contre les enfants, sont de bonnes options pour leurs filles.
L’État saotoméen n’a pas encore développé de politiques contre le mariage ou les unions des enfants. La Politique nationale de protection des enfants (2015) n’intègre pas d’interventions à cet égard. Néanmoins, l’expansion du réseau secondaire et la mise en œuvre de la Politique de protection sociale (2013) va certainement avoir des effets positifs sur ces phénomènes ancrés dans la pauvreté et sur le manque d’opportunités. De même, la loi de la famille nº2/77 interdit le mariage des enfants mais autorise, comme exception, celui des garçons de plus de 16 ans et des filles de plus de 14 ans lorsqu’il y a consentement des parents (art. 3). La loi nº2/77 est en cours de réforme pour limiter ces exceptions (Mondlane, 2015).
La mise en œuvre de la Politique de protection des enfants (qui n’est pas encore approuvée par le pouvoir exécutif) offre un grand espace à la promotion du changement des normes sociales, spécialement son premier axe stratégique qui vise à promouvoir des changements dans la conceptualisation de l’enfance. L’extension du réseau d’éducation secondaire et de la protection sociale pourrait probablement avoir des effets positifs sur le phénomène.
Les grossesses précoces : à São Tomé-et-Principe, comme dans la région, le taux de fécondité des adolescentes (92/1000) (INS, 2016) montre une résilience liée à la persistance des modèles de genre et de pratiques d’unions précoces liées à la pauvreté et au manque d’éducation. D’après l’enquête MICS 5 (INS, 2016), la vulnérabilité socio-économique des filles a une influence considérable sur leur exposition au risque de devenir des mères précoces. D’après le IVème RGPH, il y avait en 2012, à São Tomé-etPrincipe, 502 filles de moins de 18 ans (de 12 à 17 ans) qui ont eu des enfants vivants au moins une fois. À São Tomé-et-Principe (de même qu’au niveau international), la plupart des cas de grossesses précoces sont liés à des situations de « concubinage » ou d’unions précoces à des partenaires plus âgés et souvent majeurs (INS, 2016), 85,7 % des filles mères âgées de 12 à 17 ans ont quitté l’école. En 2012, les grossesses étaient la première cause d’abandon scolaire au niveau du lycée de la capitale (ANGOP, 2012). D’après l’enquête MICS 5 (INS, 2016), l’usage de méthodes de contraception est plus limité parmi les adolescentes (30 % en 2014) que parmi le total des femmes mariées ou en union de 15 à 49 ans (40,6 %).
Les abus sexuels contre les enfants : d’après les statistiques du ministère public, les crimes sexuels contre les enfants sont la forme de criminalité la plus importante du pays après les crimes contre la propriété (Galeano, 2014). L’étude sur les abus sexuels contre les enfants, réalisée par le ministère de l’Emploi et les Affaires Sociales et par l’UNICEF, en 2010, révèle que 18,5 % des foyers connaissent au moins un cas d’abus sexuels. Les principaux auteurs des abus sont des voisins (ou des personnes extérieures au foyer, 63 %). Par rapport à la réponse institutionnelle aux violences sexuelles contre les enfants, le nouveau code pénal (loi nº6/2012) renforce le cadre pénal contre les abus sexuels en introduisant de nouveaux types pénaux et en élargissant la typologie des délits sexuels contre les enfants et les adolescents. Cependant, en 2010, presque la moitié des cas n’étaient pas dénoncés, et cette réalité demande la mise en œuvre de mesures de sensibilisation et de services d’attention et juridiques de proximité. Jones et Trotman (2009), dans leur étude sur les abus sexuels contre les enfants aux Caraïbes, réalisée pour l’UNICEF, ont utilisé l’expression « sexe transactionnel » pour décrire les situations d’abus sexuels dans lesquels il existe un échange de relations intimes contre des biens, des faveurs ou de l’argent. Ampleur et caractéristiques du problème à São Toméet-Principe : en l’absence de données quantitatives
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et d’études spécifiques, il est difficile de cerner l’ampleur exacte de ce phénomène. Les perceptions des personnes interrogées décrivent un problème social sérieux ayant les traits suivants : L’existence de ce type d’abus est pleinement reconnue, sous la forme du phénomène des “catorzinhas”, “papoite”5. Problème grandissant dans les établissements du secondaire de la ville de São Tomé (Lycée national, Instituto Diocesano de Formação João Paolo II- IDF) Commis par des adultes extérieurs aux établissements scolaires, mais également de l’intérieur, en échange de meilleurs résultats scolaires. Pourrait être lié à la problématique des grossesses précoces parmi les élèves du secondaire. Ce type d’abus ne soulève pas de sentiments particuliers d’indignation collective, contrairement à d’autres, comme le viol. À São Tomé-et-Principe, la perception du véritable abus sexuel semble se limiter au viol (UNICEF, 2010). Les dispositions du chapitre V du nouveau code pénal (loi nº6/2012), qui traite des crimes contre la liberté et l’autodétermination sexuelle, sont valables pour la sanction pénale des adultes qui abusent des enfants dans les circonstances suivantes : Relations sexuelles avec des enfants de moins de 14 ans (art.175). Relations sexuelles avec des enfants de 14 à 16 ans (art. 177) Relations sexuelles avec des enfants de 14 à 18 ans par des adultes dont l’éducation ou l’assistance leur a été confiée (art. 176 a et b) Pour pouvoir appliquer la loi pénale de manière effective, il est nécessaire de développer la culture de la dénonciation et de rendre les processus judiciaires plus rapides, simples et adaptés à la sensibilité particulière des enfants (child friendly).
La politique de protection des enfants (qui n’a pas encore été approuvée par le pouvoir exécutif) vise à prévenir et à réduire toutes les manifestations de violence envers les enfants en développant notamment une action intersectorielle en matière de protection de l’enfant pour créer un « système national de protection de l’enfant ». Le développement des trois piliers du système est : a) La prévention de la violence avec l’amélioration de la position des enfants dans la société, le renforcement des capacités de protection des familles et d’autoprotection des enfants, et la prévention de la violence dans les milieux scolaires b) Améliorer l’attention aux victimes c) Le renforcement de la protection judiciaire des enfants qui contribuera fortement à la réduction de la vulnérabilité des filles aux abus sexuels. Les enfants en situation de rue : dans la ville de São Tomé, il y a une trentaine d’enfants qui passent la plupart de leur temps dans la rue sans supervision parentale, mais qui en général, maintiennent la relation avec leur famille et rentrent dormir chez eux, donc la qualification jugée plus adéquate est “enfants en situation de rue” et non “enfants de la rue” (Bandeira, 2010). Ces enfants sont très vulnérables à la malnutrition, à l’abandon scolaire, à l’usage de drogues et aux abus. Plusieurs institutions de la société civile s’occupent des enfants dans la rue ou en situation de risque, en régime d’internat ou d’externat (Fundaçao Novo Futuro, Associação de Reinserção das Crianças Abandonadas and em Situações de Risco ARCAR, congrégations religieuses...). Le ministère de la Justice et les droits humains, en collaboration avec l’ONG portugaise Meninos do Mundo, vient de développer un paquet de propositions de lois pour la protection de l’enfant et de l’adolescent en situation de risque. L’objectif est de développer une réglementation spécifique pour l’accueil de ces enfants, et de jeter les bases pour garantir la prise en charge par l’administration publique de services adéquats aux enfants en situation de risque.
Dans les pays de l’Afrique lusophone, on appelle «catorzinhas» (traduction littérale : filles de quatorze ans) les filles qui sont victimes d’abus sexuels transactionnels. Le terme « papoite » fait allusion aux hommes adultes qui commettent ces abus.
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5. Participation et information Faits en Bref La télévision est le moyen de communication qui atteint la majorité de la population (85,3 % des femmes et 90,2 % des hommes), suivie de près par la radio.
Aucune des personnes sans instruc- La fracture numérique de genre pour tion n'utilise internet, contre 89,3 % l’usage d’internet est de 28,7 % (43 % des personnes avec un niveau de sco- en Afrique de l’Ouest et centrale) larité supérieur
Sources : enquête MICS 5 (INS, 2016)
La participation à l’école : la loi régissant les principes fondamentaux du système éducatif (2/2003) reconnaît l’importance de la participation des enfants dans la gestion des écoles et dans la définition des politiques éducatives, et reconnaît le système comme jouant un rôle important dans le développement de l’esprit démocratique des élèves (art. 3. Principes d’organisation). L’évaluation du modèle des Écoles amies des enfants (UNICEF, 2013) a révélé que même dans ce modèle, la participation des enfants n’était ni claire ni correctement régulée, ce qui indique que la situation dans les écoles du pays n’est pas idéale. La participation dans la communauté : les ONG jouent un rôle important dans le développement social des enfants. La Fundaçao da Criança, Fundaçao Novo Futuro, la Croix Rouge, Alisei, organisent des activités formatives ou de loisirs, des cours de vacances, des compétitions sportives, etc. Les espaces publics de divertissement, de loisirs ou de sport sont en général limités dans la capitale du pays.
LE DROIT À L’INFORMATION L’accès à l’information est une préoccupation croissante de la société civile saotoméenne, qui conçoit l’information comme un outil fondamental pour le contrôle de l’action du pouvoir exécutif. À São Tomé-et-Principe la liberté de la presse est un droit constitutionnel et l’État garantit le financement de la télévision nationale (TVS), de l’agence de presse nationale (STP Press), de la radio nationale (ainsi que la radio régionale de Principe) et de deux journaux de la presse écrite. Il existe plusieurs radios communautaires dans le pays, à Neves, à Porto Alegre et à Lembá, et des initiatives similaires dans d’autres districts comme Guadalupe ou Lobata (Da Costa, 2015). D’après l’enquête MICS 5 (INS, 2012), la télévision est le moyen de communication qui atteint la majorité de la population (85,3 % des femmes et 90,2 % des hommes), suivie de près par la radio. L’accès à l’information montre des disparités de genre substantielles : c’est ce que l’on appelle «la fracture numérique » de genre. L’accès aux médias s’étend : la population des 15-19 ans accède plus à internet (25,4 %) que celle des 20-24 ans (22,7 %). L’accès des enfants à internet est encore limité : seul un enfant sur quatre a utilisé internet dans la semaine précédant l’enquête MICS 5. Les disparités dans l’accès à internet en fonction du niveau éducatif et du niveau de richesse sont considérables (aucune des personnes sans instruction n’a utilisé internet, contre 89,3 % des personnes avec un niveau supérieur, et 6,2 % du quintile le plus pauvre contre 47,7 % du quintile le plus riche) ce qui révèle le manque de politiques effectives de promotion de l’accès aux nouvelles technologies.
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6. Recommandations Les vulnérabilités socio-économiques des enfants doivent être abordées selon une approche multisectorielle. São Tomé-et-Principe manque d’une politique pour une considération intégrale à l’enfance, articulée selon les vulnérabilités potentielles, permettant de garantir des socles minimaux de bien-être à tous les enfants. Les données statistiques démontrent qu’à São Toméet-Principe les politiques sociales mises en œuvre selon une approche universelle (non focalisées) et de suppression des frais d’utilisation sont les plus efficaces pour augmenter l’utilisation des services, mais aussi pour réduire les disparités de genre et socio-économiques (en fonction du niveau de richesse, de la scolarité du chef du ménage, etc.). De 2006 à 2012, les disparités en fonction du revenu se sont aggravées pour ce qui est de l’accès à l’éducation préscolaire et à l’eau potable, de la malnutrition chronique et des unions précoces, des domaines où l’action publique est embryonnaire ou peu efficace. Il est vivement recommandé d’impulser un processus de réflexion autour de la nécessité de progresser dans le développement institutionnel en matière d’enfance. Il serait souhaitable de créer un institut ou une direction spécialisée en politiques publiques pour l’enfance, ayant le mandat de coordonner la production de politiques sociales spécifiques pour les enfants, d’analyser les impacts sur les enfants des politiques sociales, économiques et fiscales, de faire le suivi des budgets publics, d’assurer l’intégration de l’approche de cycle de vie dans le politiques sociales et de relever les défis existants au niveau des politiques, de la législation et des budgets. Il est vivement recommandé que le gouvernement et le parlement travaillent avec l’UNICEF et d’autres organisations impliquées dans la défense des droits des enfants pour la signature et la ratification des trois protocoles facultatifs de la Convention relative aux droits de l’enfant : Le protocole relatif à la vente d’enfants, la prostitution infantile et l’utilisation des enfants pour la pornographie (25 Mai 2000), Le protocole relatif à la participation des enfants dans des conflits armés (25 Mai 2000), Le protocole relatif à la procédure de communications (14 Avril 2014). Les politiques sociales dans la réduction de la pauvreté doivent être cohérentes avec les politiques
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économiques et fiscales pour être effectives. Il est nécessaire de garantir que les sources de financement de l’État soient en concordance avec les objectifs de réduction de la pauvreté et les servent directement. Les prévisions du gouvernement d’introduire une nouvelle taxe en 2017 (taxe sur la valeur ajoutée) suscite quelques questions en relation aux possibles effets régressifs sur la population pauvre et sur les enfants. Il est vivement recommandé que les considérations sur l’introduction de nouvelles taxes indirectes comprennent une analyse rigoureuse de leurs effets régressifs potentiels sur la population pauvre et en particulier sur l’enfance, qui est la plus atteinte par la pauvreté. À São Tomé-et-Principe, l’irresponsabilité parentale est généralisée et culturellement acceptée et elle est très souvent causée par l’homme. Les relations de couple et familiales sont superficielles et constituent le premier facteur de vulnérabilité socio-économique des enfants. Il est nécessaire de combiner des mesures à long terme pour promouvoir la parentalité responsable avec des mesures légales pour s’assurer que les pensions soient payées régulièrement et le cas échéant faciliter les condamnations pour les payer. Le ministère de la Justice travaille sur une réforme de la loi n°2/77 de la famille qui va renforcer la protection des femmes et des enfants qui appartiennent à des cellules familiales issues d´unions non maritales.. A São Tomé-et-Principe, les femmes sont les premiers agents de protection sociale et de développement au niveau micro : elles gèrent seules les ressources et prennent les décisions sur les mesures à adopter en cas de chocs économiques (insuffisance de ressources), sociaux (violence, abus) ou sanitaires (maladie) dans la famille. Il existe un contraste très marqué entre le rôle indispensable des femmes dans la société santoméenne et leur statut social. En effet, leur image est encore très liée au contexte domestique, elles sont victimes de discrimination sur le marché du travail, et réalisent les travaux les moins bien rémunérés. Il est essentiel que le travail des décideurs politiques parte de la connaissance de cette réalité de genre dans le pays et s’oriente à promouvoir les capacités et les ressources (financières, en capital humain, éducatives) des femmes, et à éradiquer la discrimination des femmes sur le marché du travail et dans l’accès aux postes à responsabilité dans le secteur public et privé. Il est également important de renforcer les mécanismes de protection sociale orientés vers les femmes chefs de famille.
Au niveau du droit à l’éducation, il est recommandé de développer des politiques actives pour la réduction du redoublement et l’entrée tardive. Cela supposera une libération de ressources qui peuvent être dédiées à l’extension de l’offre préscolaire ou secondaire ou à la réduction des barrières financières. Dans ce sens, il est suggéré de considérer la réintroduction des passages automatiques en 2ème et en 4ème classe du niveau primaire pour réduire l’encombrement et le retard. Il est indispensable de redistribuer les allocations financières du secteur envers une plus grande équité entre les niveaux préscolaire, primaire et secondaire et le niveau supérieur. Il est recommandé également de travailler dans l’amélioration de la situation professionnelle et salariale des enseignants. Au niveau des mesures pour l’équité verticale, il est nécessaire d’autoriser les filles enceintes de plus de 3 mois d’assister à l’école de jour, et d’investir dans la mise en œuvre de la Stratégie d’éducation inclusive. Au niveau du droit à la survie, il est recommandé de renforcer la formation de ressources humaines qualifiées dans l’attention à accorder aux patients en matière de santé maternelle et infantile et de garantir la distribution géographique proportionnelle à la population cible mise en œuvre de la politique nationale de santé (2012)). Pour mettre fin rapidement aux aprioris et autres freins concernant la maternité de l’Hôpital Ayres de Menezes, il est recommandé de développer des systèmes de dénonciation simples et efficaces ainsi que des protocoles de réponse pour mettre fin aux mauvais traitements ou aux négligences obstétriques. Il est nécessaire de continuer la mise en œuvre de la stratégie d’attention intégrale aux enfants jusqu’à l’âge de trois ans (Programme des 1000 premiers jours critiques). Le système de santé doit promouvoir l’allaitement dans l’heure qui suit l’accouchement, dans les maternités et par les matrones (sages-femmes traditionnelles). Au niveau des mesures d’équité verticale ébauchées dans le Plan national de développement sanitaire, il est recommandé de travailler à l’élimination des barrières financières d’accès aux médicaments en développant un système progressif de récupération des coûts qui inclut des exonérations pour les patients en situation de pauvreté. Il pourrait exister des barrières financières d’accès aux analyses prénatales (qui peuvent conduire à un espacement des visites des femmes les plus pauvres), il est donc nécessaire d’approfondir la connaissance de ces pratiques et d’approfondir l’analyse commencée par la carte sanitaire (2012) pour assurer l’intégration des patients qui habitent dans les communautés éloignées des services.
Au niveau du droit à l’eau potable et à l’assainissement, il est recommandé de promouvoir la discussion nationale autour de la priorité politique qui doit être accordée à ce secteur, qui devrait être parallèle à celle accordée par les communautés et à son impact sur la pauvreté et sur la mortalité infantile. Il est nécessaire d’appuyer le développement du cadre politique du secteur (en cours) pour intégrer une approche sensible aux enfants dans la planification du secteur et d’assurer des définitions claires des pouvoirs et des compétences des acteurs impliqués. Au niveau du droit à la protection : pour réduire les disparités en matière d’enregistrement des naissances il est recommandé de viser les sous districts présentant les plus faibles taux d’accouchement en centre de santé à travers des campagnes périodiques d’enregistrement. La recommandation clé dans le domaine de la protection est l’approbation et la mise en œuvre de la Politique de protection de l’enfant. L’étape de développement des plans opérationnels intersectoriels doit intégrer des interventions spécifiques pour prévenir les unions précoces (dans l’axe stratégique de prévention), pour prévenir et pour réduire le problème du sexe transactionnel, dans chacun des trois axes stratégiques (prévention, attention aux victimes et protection judiciaire). Il est nécessaire également de mettre en œuvre les politiques de lutte contre le travail des enfants : approbation, budgétisation et mise en œuvre du Plan national contre le travail des enfants et intégration des dix pires formes de travail des enfants dans le code du travail ; actualisation de la loi n°2/77 de la famille (en cours) pour limiter les exceptions à l’interdiction du mariage des enfants. Il existe une lacune politique au niveau du combat des grossesses précoces, il est nécessaire de promouvoir la réflexion nationale autour des causes structurelles des grossesses précoces et de développer une stratégie spécifique qui identifie l’approche la plus adéquate de la problématique par les politiques publiques. Par rapport au droit à la participation et à l’accès à l’information, il est nécessaire de développer le cadre normatif pour promouvoir la participation des enfants dans le milieu scolaire, et spécialement là où entendre leur voix est le plus nécessaire, et pour définir les politiques de réponse aux risques sociaux menaçant les enfants. La réforme de la loi n°2/77 de la famille en cours doit intégrer clairement le droit des enfants d’être écoutés dans les décisions qui les concernent : garde parentale, adoption, tutelle etc. Il est de même important d’investir dans le développement des radios communautaires, dans les programmes éducatifs et dans les valeurs démocratiques pour les enfants.
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PROFILS DES ENFANTS EN SITUATION DE VULNÉRABILITÉ SOCIO-ÉCONOMIQUE Concernant les filles enceintes et les jeunes mères, la plupart des filles dans cette situation sont des filles « en union » ou « mariées » (données du IVème RGPH, 2012). Le règlement disciplinaire interdit leur accès à l’enseignement de jour, ce qui renforce leur vulnérabilité socio-économique et celle de leurs enfants. La majorité des grossesses précoces sont un problème touchant les filles pauvres et les mères sans instruction (INS, 2016). Pour la prévention effective des grossesses précoces, les actions doivent s’articuler autour des axes stratégiques suivants : 1) combattre les unions précoces et le sexe transactionnel 2) L’expansion de l’offre éducative au niveau du secondaire est également importante pour offrir aux filles des alternatives à la vie domestique. 3) L’éducation et l’auto-valorisation des filles.
LES FILLES Concernant les enfants à besoins spécifiques, d’après le recensement spécifique fait par le MECS et par l’UNICEF (2014), à São Tomé-et-Principe, il y a 709 enfants de 0 à 11 ans à besoins spécifiques de diffèrent type et d’intensité. Étant donné leur nature intrinsèquement dépendante, il est important de leur garantir un niveau d’éducation minimale, pour réaliser leur droit, pour réduire au maximum le ratio de dépendance de la famille et pour faciliter leur intégration sociale. Il est également important d’étendre les mécanismes de protection sociale existants orientés vers les enfants à besoins spécifiques. São Tomé-etPrincipe dispose d’une stratégie d’éducation inclusive depuis 2010. Sa mise en œuvre est lente du fait des restrictions budgétaires et des ressources humaines dans la direction. Il serait nécessaire d’accélérer les progrès dans la mise en œuvre de cette stratégie. Concernant les enfants victimes de violence domestique, les victimes souffrent de problèmes psychologiques ou même physiques, et ils recommandent ou reproduisent ces abus dans leur vie future. Ils ont tendance à s’isoler socialement et à développer une faible estime de soi. La violence intra-domestique est une des causes les plus importantes de l’abandon du foyer et de l’intégration au groupe des enfants dans la rue. La violence intrafamiliale est très présente à São Tomé-et-Principe. Il est fondamental de développer des protocoles de détection et de réponse dans les centres éducatifs et de santé. L’approbation et la mise en œuvre de la Politique de protection de l’enfant va certainement contribuer à réduire la violence. Concernant les enfants de familles nombreuses, le ratio de dépendance dans les foyers est un facteur d’appauvrissement économique, et plus encore dans des situations d’irresponsabilité parentale. Les politiques publiques de santé reproductive et la mise à disposition de moyens de contraception jouent un rôle fondamental.
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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1
Introduction,
cadre conceptuel et méthodologique
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1.1. Les droits de l’enfant à São Tomé-et-Principe
L
e 14 Mai 2016, cela fera vingt-cinq ans que São Tomé-et-Principe a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant. Jusqu’à présent le pays n’a ratifié que deux traités internationaux relatifs aux droits humains, ce qui montre l’importance que le pays a accordée à la reconnaissance des droits de l’enfant. La convention établit 39 droits dont les enfants sont les détenteurs, qui sont liés à la garantie de leur survie, de leur développement, de leurs libertés civiles, de leur protection, et de leur accès aux services publics pertinents.
Les politiques publiques doivent prendre en compte que les enfants constituent un groupe de la population qui demande des interventions adaptées à leurs caractéristiques et à leurs vulnérabilités particulières. En effet, les enfants vivent et souffrent de la pauvreté et des privations de manière plus importante que les adultes car ils sont alors en plein développement physique, cognitif et social, et ils ont besoin de plus de services sociaux de base que les adultes. Les privations éducationnelles, nutritionnelles ou de protection face à la violence pendant l’enfance ont des conséquences irréversibles. Les privations des enfants ont aussi à leur tour des conséquences graves sur le développement socio-économique du pays, les pays qui ont quantifié les conséquences de la malnutrition des enfants sur leur PIB, les ont estimées aux environs de 4 % (UNICEF, 2012). Les enfants à São Tomé-et-Principe, représentant 44,9 % de la population (INS, 2012), constituent donc une frange majeure de la population devant bénéficier de politiques publiques. Depuis 1991, l’État saotoméen a fait des progrès considérables dans l’adaptation du cadre législatif, politique et budgétaire des dispositions de la Convention relative aux droits de l’enfant : aujourd’hui, le niveau de bien-être des enfants saotoméens est supérieur à celui des enfants de l’Afrique de l’Ouest et centrale. Cependant, il y a trois circonstances qui requièrent une analyse plus profonde de la situation des droits de l’enfant à São Tomé-et-Principe. Les enfants à São Tomé-et-Principe sont les principales victimes de la pauvreté monétaire qui touche 66,2 % de la population (INS, 2010). Il est donc important de connaître les manifestations spécifiques. Deuxièmement, la pauvreté et les privations n’affectent pas de la même façon tous les enfants, il est donc nécessaire d’analyser la persistance et l’évolution dans le temps des barrières socio-économiques qui empêchent l’accès de certains groupes d’enfants aux services publics. Troisièmement, il est important d’identifier quels sont les domaines prioritaires d’action publique et les actions stratégiques qui peuvent avoir un plus grand impact dans l’accélération de la réalisation des droits de l’enfant. Le pays amorce une transition démographique, la croissance de la population ralentit (de 2 % de croissance annuelle dans la période 2000-2005 à 1,69 % entre 2015 et 2020) (MECS et Pôle de Dakar, 2012). La population d’âge productif augmente et le nombre de dépendants par personne (en âge productif) diminue. Pour profiter des avantages de la transition démographique du pays, il est impératif
de développer le capital humain. Il est primordial, du point de vue du développement social et économique du pays, de garantir le bien-être des enfants, le développement de leurs capacités et la réalisation de leurs droits. Cette analyse de la situation des droits de l’enfant à São Tomé-et-Principe a été développée par l’UNICEF et par le ministère de l’Économie et de la Coopération internationale. L’étude a été réalisée sous l’orientation technique d’un comité de pilotage intersectoriel composé par le ministère de l’Éducation, de la Culture et des Sciences, le ministère de la Santé, le ministère de l’Emploi et des Affaires sociales, le ministère de la Présidence du Conseil des ministres, l’Institut national des statistiques, le ministère de la Justice et des Droits Humains. L’étude a été réalisée entre juin et septembre 2015, et s’appuie principalement sur l’analyse de l’information et des données les plus récentes disponibles et sur les consultations des principaux acteurs des différents secteurs en incluant des groupes de femmes et d’enfants.
Le présent rapport d’analyse des droits de l’enfant et de la femme s’articule autour de quatre chapitres : Le chapitre introductif présente les objectifs, le cadre conceptuel et la méthodologie de l’étude. Le deuxième chapitre aborde brièvement les éléments de contexte démographique et socio-économique du pays. Le troisième chapitre analyse la réalisation des droits de l’enfant dans cinq grands domaines des droits. Présentation des principaux indicateurs, localisation des disparités et des groupes les plus démunis, mise en évidence des grands enjeux et analyse de leurs causes, et les actions stratégiques pour améliorer la situation. Le quatrième chapitre présente les conclusions et les recommandations.
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1.2. Cadre conceptuel et méthodologique L’OBJET DE L’ÉTUDE ET LES APPROCHES ESSENTIELLES Cette étude analyse le degré de réalisation des droits de l’enfant dans cinq domaines spécifiques considérés comme prioritaires (cf. tableau 1.1) sous un angle
d’équité, de genre, et de cycle de vie. Le tableau 1.2 ci-dessous présente les définitions et les implications analytiques de chaque approche :se
Tableau 1.1. Domaines des droits prioritaires de l’analyse Domaines de droits
Droits à des niveaux de vie adéquats
Droits spécifiques et articles principaux de la Convention des droits de l’enfant Droit aux aides familiales (art. 18.2), à la sécurité sociale (art. 26), à un niveau de vie adéquat pour leur développement (art. 27), aux gardes d’enfants pour les parents qui travaillent (art. 18.3) Assistance, soins et protection quand ils sont privés de leur milieu familial (art. 20) Droit à la survie et au développement (art. 6)
Droit à la vie, au développement et à la santé
Droit à l'éducation
Droit de jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de services de santé (art. 24) Droit à l'éducation primaire gratuite et universelle (art. 28.1) Obligation des États de promouvoir l'accès universel à l'éducation secondaire et supérieure (art. 28. 1) Droit à la protection contre toute forme de violence (art. 19), Assistance, soins et protection quand ils ne sont pas assurés de leur milieu familial (art. 20), “Droit à l’enregistrement civil dès leur naissance, à un nom et à une nationalité” (art. 7)
Droit à la protection
Droit à mener une vie pleine, décente et à des soins spécifiques pour les enfants handicapés (art 23), Protection contre la violence à l’école (art. 28), à la protection contre l’exploitation et le travail (art. 32), contre les drogues (art. 33) l’exploitation sexuelle (art. 34), l’enlèvement, la vente ou la traite (art. 35) et autres (art. 36), droit à la protection contre la torture (art. 38) et à l’assistance juridique (art. 38) et à la réinsertion (art. 39), à une administration de justice pénale spécialisée (art. 40) (art 12)
Droits à la participation et à l´information
Droit à l’information (art. 17), Droit d’expression et de participation à toutes les questions qui concernent les enfants (. 9ème point de la déclaration Un monde digne des enfants)
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Tableau 1.2. Approches essentielles et implications analytiques Définition
Implications pour l'analyse L’Approche basée sur les droits humains
Cette approche inscrit les interventions de développement dans le cadre de la législation internationale en matière des droits humains. Toutes les interventions de développement (politiques, programmatiques et d’appui technique) doivent promouvoir la réalisation des droits humains. Les principes essentiels de l’approche sont : Universalité, inaliénabilité et priorité aux personnes les plus marginalisées, Responsabilité envers les détenteurs de droits, Participation des communautés et des enfants et indivisibilité et interdépendance des droits (approches intégrales). Les programmes de la coopération au développement doivent contribuer au développement des capacités des détenteurs de droits et des porteurs d’obligations Pour réaliser les droits de l’enfant il est indispensable de faciliter l’accès aux services essentiels des populations.
Identification des disparités dans la réalisation des droits de l’enfant, des groupes les plus démunis, et des causes directes sous-jacentes et structurelles à l’origine des disparités. Analyse des rôles et des capacités des ayant-droits (les enfants et les femmes) et des obligataires (les parents ou tuteurs, les communautés, les collectivités locales, le gouvernement central, le parlement ; la société civile que les partenaires au développement du pays appuient). Garantie de la participation des enfants et des femmes. Prise en considération des facteurs et des contraintes qui limitent l’impact des politiques sur les enfants et les femmes, les goulots d’étranglement dans la prestation et l’utilisation des services sociaux de base. Limitation des approches sectorielles, rendre visible la relation entre les privations.
L’approche équité Pour l’UNICEF, l’équité signifie que “tous les enfants ont la possibilité de survivre, se développer et d’atteindre le maximum de leur potentiel, sans discrimination, partialité ou favoritisme. L’équité implique l’absence de différences injustes ou évitables. Elle oblige à créer les mêmes conditions d’accès aux services sociaux de base et à d’autres opportunités sociales pour tous les enfants et à limiter les différences au niveau le plus bas possible. L’équité horizontale implique un traitement égal aux individus qui se trouvent dans des circonstances identiques. L’équité verticale fait allusion à l’approche différenciée des besoins différents, et à la légitimité d’adopter des mesures spécifiques ou de dédier plus de ressources aux personnes en situation de vulnérabilité sociale ou économique (UNICEF, 2011a).
Identification des groupes d’enfants vulnérables aux privations. Description de la magnitude et des tendances de ces disparités. Identification des causes directes, sous-jacentes et structurelles des privations et des disparités. L’identification des barrières et des goulots d’étranglement au niveau socioculturel, institutionnel, politique, budgétaire et législatif. Analyse de la prise en considération des disparités dans les politiques, la législation et les budgets.
L'approche du cycle de vie L’enfance est une réalité composée de groupes de population hétérogènes. Dans chaque étape du cycle de vie, les enfants ont des intérêts et des capacités différents, et sont exposés à des risques socio-économiques différents. En conséquence, à chaque étape, la réalisation de leurs droits a des implications différentes en termes d’appui, de protection et d’orientation. L’UNICEF, en phase avec la doctrine du comité des droits de l’enfant, identifie trois étapes différenciées : La petite enfance : tranche d’âge dans laquelle les besoins essentiels s’articulent autour de la nutrition, de l’attention de la santé primaire et de l’éducation préscolaire. L’enfance en âge scolaire : il est fondamental d’assurer l’éducation primaire de qualité et la protection face aux abus ou à la violence. L’adolescence, ou les besoins tournent autour de l’éducation secondaire, la santé reproductive et la protection.
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L’analyse des privations et des disparités doit prendre en compte les trois groupes d’âge de l’enfance : l’adaptation au contexte éducatif saotoméen suggère l’adoption des tranches d’âge suivants : 0 à 5 ans : la petite enfance. 6 à 11 ans : enfance en âge scolaire 12 à 17 ans : adolescence Ces tranches d’âge sont considérées comme la norme générale et n’excluent pas l’adoption de tranches différentes pour l’analyse de problématiques spécifiques.
Définition
Implications pour l'analyse L’approche de genre
La notion de “genre” fait allusion à la différence entre les rôles attribués aux hommes et aux femmes, et aux relations entre les deux, dans une société, dans un temps et à un moment donné. Les identités de genre sont une construction sociale et dépendent des contextes sociaux et culturels. Les garçons et les filles reçoivent des traitements différents dans toutes les sociétés, et leur évolution sociale répond à des expectatives et à des demandes différentes. En général, ce sont les filles qui souffrent de différentes formes de discrimination qui limitent leur accès aux ressources, à leur capacité et à leur liberté sociale, et augmentent leur exposition à la violence ou à d’autres risques sociaux (UNICEF, 2011b).
Utilisation de données ventilées par sexe. Identification des disparités de genre. Analyse de problématiques spécifiques pour les filles (le temps qu’elles consacrent à réaliser des travaux domestiques, implications des grossesses précoces). Diagnostic sur l’approche de ces problématiques spécifiques et des disparités dans les politiques publiques.
L’équité de genre est une fin précieuse en elle-même, qui a en plus des effets bénéfiques sur les droits de l’enfant.
LA MÉTHODOLOGIE L’analyse a commencé par la revue de la documentation secondaire et par le l’exploitation des données statistiques du IVème recensement général de la population et de l’habitation RGPH (INS, 2012) et de l’enquête « Multiple Indicator Cluster Survey » round 5 (INS, 2016), et de l’analyse des résultats des enquêtes précédentes (EDS 2008-2009), de l’enquête MICS 3 (INS, 2006) et de l’enquête MICS 2 (INS, 2000) et de l’enquête sur le budget des ménages (INS, 2010) avec pour objectif d’identifier les lacunes dans la réalisation des droits de l’enfant, les tendances, l’interrelation entre les privations, et l’identification des déterminants socio-économiques les plus influents dans chaque violation des droits.
Les analyses de la pauvreté des enfants : l’étude a abordé la pauvreté monétaire des enfants sur la base de l’enquête sur les budgets des familles (INS, 2010) et sur la base du Multiple Indicator Cluster Survey 5 (INS, 2016). L’analyse de la pauvreté selon l’approche des privations (approche multidimensionnelle) a été réalisée avec l’outil MODA (Multiple Overlapping Deprivation Analysis), une approche conceptuelle et méthodologique développée par l’UNICEF, qui se focalise sur l’enfant individuellement considéré et identifie les principales privations (dans des domaines prédéfinis) et leurs chevauchements (cf. chapitre 3.2) L’indice d’équité : l’analyse de l’équité horizontale a conduit également à la production d’un indice (composé de 14 indicateurs, cf. chapitre 3.2) pour mesurer les disparités interrégionales dans l’accès aux revenus et aux services sociaux de base. Cet indice a été appliqué au niveau le plus local possible : les sous-districts identifiés par l’Institut national de la statistique et utilisés dans le IVème RGPH (INS, 2012).
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2
Contexte
socio-économique
et normatif
SÃO TOMÉ-ET-PRINCIPE, UN PETIT ARCHIPEL ENTRE LA LUSOPHONIE ET LA CRÉOLITÉ
S
ão Tomé-et-Principe est un micro État insulaire lusophone africain composé de deux îles volcaniques au relief montagneux d’une beauté exubérante. Les « îles du milieu du monde»6 sont situées dans le golfe de Guinée, à 300 km (pour l’île de São Tomé et 250 km pour l’île de Principe) de la côte nord-est du Gabon. Leur zone d’influence maritime, qui est essentielle pour la survie et la protection de l’archipel, s’étend sur 160 000 km². La forêt primaire, l’Obó (« sauvage et impénétrable » en créole) occupe 30 % de l’île de São Tomé et abrite une diversité biologique unique en Afrique.
Le pays est appelé ainsi car il est situé à la fois sur la ligne de l’équateur (l’îlot Rolas au sud) mais aussi à proximité du méridien origine (le méridien de Greenwich).
6
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Le peuplement des îles a commencé au XVème siècle, à la suite de leur découverte par des navigateurs portugais en 1471. En parallèle au peuplement organisé par les portugais, qui était très lié à l’exploitation coloniale de la main d’œuvre esclave dans les plantations de canne à sucre, café et cacao, il est très probable que certains points de l’île étaient utilisés comme refuge d’esclaves échappés (« mocambos ») qui avaient par la suite formé la communauté des « angolares » (Seibert, 2004). São Tomé-et-Principe fait partie de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) regroupant neuf états souverains de quatre continents dont l’une des langues officielles est le portugais (l’Angola, le Brésil, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, le Mozambique, le Portugal, São Tomé-et-Principe, le Timor oriental et la Guinée équatoriale). La CPLP regroupe environ 240 millions de lusophones. Ancré en Afrique centrale, l’une des régions du monde les plus fragiles en termes de développement humain, São Tomé-et-Principe est classé au 142ème rang sur 186 pays en terme de développement humain. Dans cette région, seuls le Gabon et le Ghana devancent São Tomé-et-Principe dans ce classement. São Tomé-et-Principe, avec un indice de Gini7 s’élevant, pour 2013, à 33,9 (Banque mondiale, 2015), semble éloigné de ses pays voisins et se rapproche des valeurs de pays avec des États-providences plus développés, tels que la France (avec un indice de Gini s’élevant à 31), ou l’Espagne (avec un indice de Gini s’élevant à 35).
SÃO TOMÉ-ET-PRINCIPE : L’HISTOIRE POLITIQUE São Tomé-et-Principe était la plus ancienne colonie de l’ancien empire portugais. Les portugais avaient instauré un régime colonial classique et utilisaient les îles comme poste de traite du commerce transatlantique d’esclaves, mais aussi de production de canne à sucre, cacao et café. Avec l’abolition de l’esclavage en 1875 et la réduction de la main d’œuvre disponible8, les autorités coloniales ont voulu forcer la population locale «forro» («filhos da terra ») à travailler dans les plantations dans des conditions de semi-esclavage, ce qui a provoqué la révolte des populations. Le massacre de Batepá en 1953 va donner l’élan aux mouvements de libération nationale
(le Comité national de libération, fondé en 1960, a évolué en Mouvement de libération de São Tomé-etPrincipe, MLSTP, en 1974). La chute de la dictature de Salazar dans la métropole portugaise (à la suite de la révolution des Œillets), a éliminé le dernier obstacle à la souveraineté du pays, et le 12 Juillet 1975, São Tomé-et-Principe proclame son indépendance et désigne son premier président, issu du MLSTP, Manuel Pinto da Costa. Après l’indépendance et cherchant à assurer le soutien au développement du pays, qui manquait d’infrastructures sociales, de transport, de financement et de cadres formés, le gouvernement s’est rapproché de la zone d’influence soviétique. Le pays a adopté un modèle de parti unique gouverné selon le modèle socialiste. Moins de 10 ans plus tard, en 1984, le pays rejoint le mouvement des non-alignés. Quatre ans plus tard, le parti politique au pouvoir (MLSTP) promulgue la première Constitution de São Tomé-etPrincipe, qui instaure une République démocratique et le multipartisme. Depuis, des gouvernements de différentes orientations politiques se sont succédé dans des contextes électoraux totalement pacifiques, montrant une population fortement attachée aux principes démocratiques qui refuse la violence politique. Le seul attentat grave à la démocratie saotoméenne a eu lieu en 2003, avec une tentative de coup d’état qui fut rapidement maîtrisée. Malgré ces succès démocratiques, l’instabilité politique est une constante à São Tomé-et-Principe, avec une succession de 16 gouvernements en 24 ans de démocratie. En 2012, la motion de censure de l’opposition contre le Premier ministre Patrice Trovoada (du parti Action démocratique indépendante, ADI) est à l’origine d’une importante crise politique qui s’est finalement terminée avec l’obtention de la majorité absolue des sièges parlementaires (33 sur 55) par le parti ADI aux élections législatives d’octobre 2014.
L’indice de Gini est la valeur en pourcentage du coefficient de Gini. Il mesure jusqu’à quel point la distribution des revenus dans la population s’écarte d’une égalité parfaite. La valeur 0 représente l’égalité parfaite et 100 l’inégalité totale. 8 Sous forme contractuelle avec des travailleurs du Cap-Vert, de l’Angola et du Mozambique (appelés «serviçais ») 7
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LA DÉMOGRAPHIE DES ENFANTS La population en 2012 était estimée à 178 739 habitants dont les enfants représentaient 44,9 % soit 80 426 (INS, 2012) en valeur absolue. La tranche d’âge des 0-18 ans est divisée en trois sous-tranches : la petite enfance (de 0 à 5 ans) représente 34 %, les enfants d’âge scolaire (de 6 à 11 ans) 36 %, et les adolescents (12 à 17 ans) 30 %. Par rapport au sexe, il y a un peu plus de garçons que de filles9 (cf. figure 2.1).
La réduction de la croissance de la petite enfance (cf. graphique 2.1) va de pair avec une tendance à la réduction de la fécondité et un début de transition démographique. La pyramide démographique révèle une structure de la population encore très jeune.
Figure 2.1 : Les enfants à São Tomé-et-Principe
30 %
55 %
La proportion
40111, 50 %
45 %
40315, 50 %
La sexe
Les groupes d'âge
34 %
36 %
Population adulte
Filles
Population d'enfants
12 à 17
Garçons
6 à 11
0à5
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données du IV RGPH (INE, 2012)
Graphique 2.1 : Pyramide démographique de São Tomé-et-Principe, 2012 90 ou plus 85 à 89 80 à 84 75 à 79 70 à 74 65 à 69 60 à 64 55 à 59 50 à 54 45 à 49 40 à 44 35 à 39 30 à 34 25 à 29 20 à 24 15 à 19 10 à 14 5à9 0à4 15000
Nombre d'hommes par tranche d'âge
10000
5000
Nombre de femmes par tranche d'âge
0
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données du IV RGPH (INS, 2012)
9
204 spécifiquement (INS, 2012)
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5000
10000
15000
La population saotoméenne est inégalement répartie sur le territoire de 1001 km2. Le pays est divisé administrativement en six districts (Agua Grande, Cantagalo, Caué, Lemba, Lobata et Mé Zochi) et en une région autonome (Principe). L’Institut national des statistiques utilise les concepts de « sous-district » (au nombre de dix-huit) et de « région ». Ces dernières sont au nombre de quatre et regroupent plusieurs districts en fonction de leur proximité géographique Nord-Ouest (Lobata et Lembá), CentreEst (Água Grande, Mé-Zochi), Sud-Est (Cantagalo et Caué) et Príncipe.
En 2012, 35,1 % des enfants, soit 28 238 enfants, habitent dans la capitale São Tomé. Trindade est le deuxième sous-district le plus peuplé par les enfants avec 8 800 enfants, soit 10,9 % de l’ensemble des enfants. Les sous-districts de Neves, Santana et Bombom sont habités par 7 %, 6,3 % et 5,4 % des enfants respectivement (cf. carte 2.1.). Chacun des 13 sous-districts restant sont peuplés par moins de 5 % des enfants (cf. graphique 5).
Carte 2.1. Situation géographique des enfants, par sous-district, 2012 (% et nombre) Conde, 1242
Neves 5600
Micoló, 1017 Guadalupe 3104 S Amaro Sao Tomé, 28234 1017 Madalene 1387 Pantufo, 1541 Bombom, 4332 Alamas, 2639 C. Grande Trindade 3209 8800
Santo Antonio 3394
Santana 5081
Santa Catarina 1430
Malanza 804
Riberia Afonso 3027
J. Angolares 2090
0à4% 5 à 10 % 11 à 20 % 30 à 40 %
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données du IV RGPH (INS, 2012)
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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Graphique 2.2. Distribution des enfants dans les 18 sous-districts, 2012 (en %) Guadalupe Lobata
3,9
Conde
1,5
Micolo
1,3
Santo Amaro Lembà
4,3
Neves
7,0
Santa Catarina
1,8
Trindade
10,9
Bombom Mezochi
5,4
Madalena
1,7
Caixao Grande
4,0
Almas Agua Grande Cantagalo Caué RAP
3,3
Sao Tomé
35,1
Pantufo
1,9
Santana
6,3
Ribeira Afonso
3,8
Sao Joao Angolares
2,6 1,0
Malanza
4,2
Santo António 0
5
10
15
20
25
30
35
40
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données du IV RGPH (INS, 2012)
ÉCONOMIE ET STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT Pendant la période coloniale, le pays était configuré selon les besoins productifs de la métropole portugaise. Les réseaux de production, de communication et d’infrastructures sociales étaient destinés au fonctionnement des unités productives et à l’évacuation de la production, et non à assurer un réseau de services ou la souveraineté alimentaire de la population. De même que dans d’autres pays africains, le pays manquait, après l’indépendance, d’infrastructures et de cadres formés pour gérer un État souverain. Le gouvernement du MLSTP a procédé à une redistribution des plantations entre les habitants, mais sans un encadrement adéquat. La culture du cacao qui était le principal moteur économique de l’île s’est donc effondrée. La production alimentaire locale ne s’étant pas suffisamment développée, le pays dépend finalement des importations de produits alimentaires de base (produits laitiers, huiles, viandes, riz, etc…). La contrainte constituée à la fois par l’exiguïté du marché intérieur, la fragilité du pouvoir d’achat de la population et la grande difficulté de diversification de l’économie, devra être surmontée par l’économie de São Tomé-et-Principe (Menezes, 2008 dans Sanguin, 2014).
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Dans les années 90 des réserves de pétrole ont été découvertes dans la zone économique conjointe que le pays gère en commun avec le Nigeria. Trois compagnies pétrolières étrangères (Sinoangol, Oranto et Equator) explorent la zone économique exclusive de São Tomé-et-Principe depuis 2011, mais jusqu’à présent les perspectives d’exploitation pétrolières ne se sont pas réalisées. Des 60 millions de dollars que le pays a reçus entre 2003 et 2013, seuls 9 millions proviennent de la zone économique exclusive (EITIE, 2015). La croissance économique, résultante de l’investissement étranger (attiré par les gisements de pétrole) et par la réallocation des investissements des secteurs peu productifs au secteur tertiaire, a conduit à une augmentation importante du PIB par habitant et a permis à São Tomé-et-Principe de devenir un pays à revenu moyen de tranche inferieure et non plus à faible revenu. La croissance du PIB a ralenti depuis 2009 du fait de la crise internationale.
Graphique 2.3. Évolution du PIB et du PIB par habitant (2001 à 2014) 2000 1500 1000 500 0
01
20
02
20
03 004 005 006 007 008 009 010 011 012 013 014 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2
14,0 12,0 10,0 8,0 6,0 4,0 2,0 0,0
20
PIB par habitant (USD courants)
Croissance annuelle du PIB (%)
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de la Banque mondiale (2015)
C’est le secteur tertiaire qui impulse la croissance du PIB : l’hôtellerie mais surtout le commerce représentent presque 30 % du PIB. Cependant, la consommation ne peut se maintenir sans une production intérieure. Le gouvernement a donc fait de l’agriculture, de la pêche et du tourisme les trois priorités de l’investissement économique. Le secteur public a une intervention active dans l’économie du pays en particulier dans le secteur des télécommunications, celui de la compagnie nationale du pétrole, dans les services de la poste, celui de la compagnie d’électricité et d’eau, et dans la gestion de l’aéroport.
Graphique 2.4. Composition du PIB, 2013
Administration publique et défense 5%
Autres 8%
Finances secteur immobilier et services aux entreprises 5%
Agriculture 15 %
Pêche 8%
Transport, stockage et communications 15 %
Manufactures 8%
Electricité , gaz et eau 4% Construction 4%
Source : BAD, OCDE et PNUD (2014)
Commerce, réparation de véhicules articules pour le ménage, restaurants et hotels 28 % Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
45
L’EMPLOI ET LA PAUVRETÉ MONÉTAIRE
VULNÉRABILITÉS CLIMATIQUES
D’après l’Institut national des statistiques (INS), en 2012 la population active était de 65 968 personnes, ce qui équivaut à un taux de participation de 51,17 %10. À São Tomé-et-Principe, le taux de chômage est de 13,9 % (INS, 2012). 59 % des chômeurs sont des femmes. La plus grande partie de la population travaille dans le secteur tertiaire du commerce ou des services (surtout les femmes), ou dans l’agriculture et la pêche (surtout les hommes). Seuls 23,7 % des travailleurs sont affiliés à l’Institut national de la sécurité sociale (Politique de protection sociale, 2013).
En tant que petit archipel, avec une économie peu diversifiée, São Tomé-et-Principe est fortement vulnérable à certaines manifestations spécifiques du changement climatique comme les inondations, l’érosion côtière et les tempêtes de mer. Des facteurs socio-historiques expliquent aussi cette vulnérabilité, en effet, pendant la colonisation, la population libre (esclaves affranchis, « les Forros ») a du s’installer dans les zones côtières qui n’étaient pas exploitables pour en faire des plantations coloniales. Ces zones de pêche, très proches de la côte, sont très vulnérables aux crues et aux débordements des rivières ainsi qu’aux tempêtes (Banque mondiale, 2011).
Le pourcentage de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté monétaire nationale (relative) a été chiffré à 66,2 % (INS, 2010), avec des disparités importantes au niveau des districts. Les disparités au niveau du revenu par sous-district, ainsi que la pauvreté des enfants selon les approches monétaire et multidimensionnelle sont analysées dans le chapitre 3.1.
Le gouvernement de São Tomé-et-Principe a développé un programme d’action d’adaptation nationale et un plan de contingence. Étant donné l’importance accordée à la pêche dans la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, le programme d’action comprend des interventions dirigées vers la protection des communautés de pêche, comme les digues, les brise-lames ou les systèmes d’alerte précoce. Il existe également des plans de réinstallation des communautés de Malanza et de Santa Catarina, qui sont les plus vulnérables du pays sur le plan socio-économique.
Graphique 2.5. La pauvreté monétaire par district (2010) 31,7 68,3
43,4 56,6
Água-Grande Mé-Zóchi Pauvres
34,1 65,9 Cantagalo
15,5
26,3
32,2
28,6
84,5
73,7
67,8
71,4
Caué
Lembá
Lobata
Principe
Non pauvres
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l’EBM (INS, 2010)
10
Pour le calcul du taux de participation, seule la population des plus de 15 ans a été prise en considération.
46
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
STRUCTURE DE L’ÉTAT ET GOUVERNANCE
LA SITUATION BUDGÉTAIRE
São Tomé-et-Principe est une démocratie représentative « impliquée dans la construction d’une société libre, juste et solidaire et dans la défense des droits humains » (art. 1 de la Constitution, 2003) avec une séparation des pouvoirs. Les élections législatives ont lieu tous les quatre ans, et les présidentielles tous les cinq ans. São Tomé-et-Principe a un parlement monocaméral qui détient le pouvoir législatif, avec quelques exceptions régulées par des décrets législatifs. Il y a cinq commissions parlementaires, aucune n’est spécialisée sur les droits de l’enfant, néanmoins la cinquième traite des affaires sociales. La région autonome de Principe a un gouvernement propre et une assemblée législative. Depuis 1991, la loi (nº10/92 et n°10/2005) octroie aux administrations des districts du pays des pouvoirs de gestion des services publics.
Le déficit primaire de l’État est inférieur à 3 % pour 2015 et l’inflation est également contenue (le taux d’inflation est de 5,5 % pour 2015) (Ministère des Finances et de l´Administration Publique, 2015). La monnaie du pays est le dobra, qui est à parité fixe avec l’euro depuis 2010. Malgré sa stabilité macroéconomique, le pays est presque totalement dépendant de l’aide extérieure pour le financement de son programme d’investissement public (financé à hauteur de 91,8 % par l’aide extérieure), sous forme de donations (principalement de Taiwan, de l’Union européenne et de la Banque africaine de développement) et sous forme de crédits (principalement du Portugal et de l’Angola) (ministère des Finances et de l´Administration Publique, 2015). Par rapport aux dépenses classées dans le budget général de l’État et destinées à la réduction de la pauvreté (“pro-pauvres”), elles sont très variables (en relation au PIB) et fluctuent fortement selon l’aide extérieure.
2008
2009
2011
dépenses pro-poor % PIB
16,2
2012
2013
9,8
2010
7,3
9,5
D’après les indicateurs de gouvernance de Mo Ibrahim (2014), São Tomé-et-Principe est le 9ème pays africain en termes de sécurité et quant à son État de droit, le pays est dans une situation très favorable comparée à celle de ses pays voisins, même si des défis importants doivent encore être relevés et particulièrement au niveau de la responsabilisation (« accountability ») du pouvoir exécutif. Les partenaires de la coopération internationale (en particulier le PNUD) travaillent à renforcer les capacités de l’assemblée législative et de la société civile pour le contrôle de l’action gouvernementale.
2007
8,23
14,4
16,3
22,2
26,6
Le système judiciaire (loi n°07/2010 sur les fondements du système judiciaire) repose sur un système à deux niveaux représentés par les tribunaux de première et de deuxième instance. La Cour suprême de justice est l’insGraphique 2.6. Évolution des dépenses « pro-pauvres » et du PIB tance juridique suprême de l’État. Il (2007 à 2015) n’y a pas de tribunaux spécialisés 10,0 9,1 pour les enfants ni de juges ayant 9,0 des compétences spécifiques en 8,0 matière d’enfance (Galeano, 2015). 7,0 4,0 4,9 6,0 Le ministère public est une des 4,5 4,2 4,0 5,0 instances fondamentales pour la 4,0 4,0 3,0 2,0 défense des droits de l’enfant, mais 2,0 aucune administration spécialisée 1,0 dans ce domaine n’existe. 0,0 2014
2015
30 25 20 15 10 5 0
Croissance du PIB
Source : Ministère des Finances et de l´Administration Publique (2010, 2013 et 2015) et Banque mondiale (2015)
Graphique 2.7. Relation entre les dépenses « pro-poor » et le financement extérieur (2011 à 2014) 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0
71,4 16,3 9,5 40,1 4,9 2011
7,3 15,8 4,0 2012
Dépenses pro/poor, % du PIB
4,0 2013
9,8 30,5 4,2 2014
Croissance du PIB
Financement exteme dans le budget “pro-poor” Source : Ministère du Finances et de l´Administration Publique (2011,(%) 2012, 2013 et 2014) et BM (2015) Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
47
80 70 60 50 40 30 20 10 0
LES OBLIGATIONS INTERNATIONALES DE SÃO TOMÉ-ET-PRINCIPE EN MATIÈRE DES DROITS DE L’ENFANT La Convention relative aux droits de l’enfant (1989) est le traité international le plus ratifié jusqu’à présent11. C’est le cadre légal de base des droits des enfants, cette convention établit les droits économiques, sociaux et culturels et les libertés civiles des enfants. Une fois ratifiée, les États adaptent leur législation et leurs politiques nationales à cette convention et rapportent leurs progrès au Comité sur les droits de l’enfant (Genève). São Tomé-et-Principe a ratifié la Convention le 14 mai 1991. Le rapport initial a été envoyé en 200312, et le deuxième, troisième et quatrième rapport périodique ont été présentés en 2010 et publiés en 2013. Le prochain rapport est attendu pour le 28 juin 2018 (Comité sur les droits de l’enfant, 2015). La plus grande partie de la législation saotoméenne est harmonisée avec les dispositions de la Convention relative aux droits de l’enfant. Cependant, il y a encore quelques articles incompatibles au niveau de la loi de la famille (n°2/77) et des lacunes persistent au niveau de la législation sur l’adoption, la tutelle et sur la reconnaissance. Ces lacunes sont connues dans le pays et la Loi de la famille est en cours de réforme. Le nouveau code pénal (loi n°6/2012) a renforcé la protection des enfants contre les abus, et le ministère de la Justice a travaillé dans la production d’un ensemble de cinq lois qui vont combler ces lacunes (cf. chapitre 3.4). São Tomé-et-Principe n’a pas ratifié les protocoles facultatifs de la CDE : le protocole relatif à la vente d’enfants, la prostitution infantile et l’utilisation des enfants pour la pornographie (2000), le protocole relatif à la participation des enfants dans des conflits armés (2000), ni le protocole relatif à la procédure des communications (2014). En matière de ratification des traités de droits humains, São Tomé-et-Principe montre des lacunes très importantes : c’est un des 3 pays du monde qui a ratifié seulement deux traités (sur les 18 existants). Les conventions du Bureau international du Travail sur l’âge minimum d’admission au travail (1973) et sur les pires formes de travail des enfants (1999) ont été ratifiées en 2005. Le pays a produit sa propre liste des pires formes de travail, interdites aux enfants (cf. chapitre 3.4).
11 12
Seuls les États-Unis et la Somalie n’ont pas ratifié la convention. Avec 10 ans de retard
48
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
INSTITUTIONS, LÉGISLATION ET POLITIQUES POUR LES ENFANTS São Tomé-et-Principe montre certaines faiblesses en matière de spécialisation institutionnelle dans le domaine de l’enfance. Au moment de la réalisation de cette étude, il n’existait pas d’institution (institut ou direction) spécifique ayant à sa charge de suivre les recommandations du Comité sur les droits de l’enfant, de prendre part à la production des politiques sociales pour assurer l’intégration de l’approche de cycle de vie, de coordonner la production de politiques spécifiques, d’analyser les impacts sur les enfants des politiques économiques et fiscales etc. Le manque de spécialisation dans ce domaine est présent dans toutes les institutions de l’État : parlement, ministère public, tribunaux, etc. La création d’un Comité national des droits de l’enfant à São Tomé-et-Principe est un objectif largement poursuivi par le bureau de l’UNICEF à São Tomé. Un comité de suivi des droits de l´enfant a fonctionné de 2010 à 2012, sous l´égide du Ministère des Affaires Étrangères et Communautés. Le Comité n’a pas réussi à surmonter son caractère « ad hoc », ni à assurer sa pérennité. Cette absence de spécialisation institutionnelle est visible à trois niveaux. Tout d’abord, au niveau du manque d’un code législatif en matière d’enfance (cf. ci-dessous), ensuite, au niveau du manque de visibilité des enfants dans les processus de planification macro (la deuxième stratégie nationale de réduction de la pauvreté présente certaines lacunes dans la prise en considération des problématiques spécifiques des enfants) et pour finir au niveau du manque d’initiatives politiques pour l’enfance selon une approche intégrée (par exemple une politique pour la petite enfance) car celles-ci impliquent l’existence d’une institution qui puisse réaliser la coordination intersectorielle. La politique de protection de l’enfant (2013, pas encore approuvée par l’exécutif) est la seule exception, mais elle a été coordonnée par la direction de la protection sociale, qui n’a pas de spécialisation technique en matière d’enfance ni en matière de protection spéciale des enfants. Au niveau législatif, il n’existe pas non plus un code unique qui aborde les questions relatives à l’enfance. Les dispositions sont dispersées dans les législations sectorielles. Les textes légaux en vigueur les plus importants pour les enfants sont la loi n°2/77 de la famille, qui aborde les questions relatives à la maternité et à la paternité, le mariage, l’adoption et la tutelle des enfants (en cours de réforme), la loi
n°2/2003 sur les fondements du système éducatif, le décret-loi n°º59/80 du code sanitaire, la loi n°11/2008 sur la violence domestique et familiale, et le nouveau code pénal (loi n°6/2012). Il existe cinq propositions de lois pour la protection spéciale des enfants en attente d’approbation parlementaire, ainsi que la liste des pires formes de travail interdites aux enfants produite en 2014 pour être ajoutée à la législation du travail. Au niveau des politiques pour les enfants, le pays dispose d’un cadre actualisé de politiques dans les secteurs essentiels (la santé, l’éducation, la protection spéciale, la protection sociale), avec des développements relativement importants ces trois dernières années (politiques de protection sociale, de protection des enfants, le plan contre le travail des enfants, la liste des pires formes de travail des enfants ont été produits en 2013 et 2104). Les lacunes persistent dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement, concernant certaines problématiques de protection spéciale spécifiques des filles (les unions et grossesses précoces, le sexe transactionnel) et dans l’approche des problèmes selon une approche intégrée et intersectorielle (il n’y a pas de politique de développement intégral de la petite enfance, par exemple). De même, l’approbation des politiques par le pouvoir exécutif peut prendre plusieurs années.
LES DÉPENSES PUBLIQUES CONSACRÉES AUX ENFANTS : LES ENFANTS DANS LE BUDGET GÉNÉRAL DE L’ÉTAT 2015 Le budget général de l’État 2015 consacre 12 % des dépenses publiques à des programmes dirigés spécifiquement vers les enfants (éducation préscolaire, primaire, secondaire ou technique, transport et alimentation scolaire, santé maternelle et infantile, santé reproductive, entre autres). 12 % sont destinés à des programmes qui ont de grandes répercussions sur les enfants mais de façon indirecte (dépenses de santé, médicaments, lutte contre le paludisme, eau et assainissement, logement, et autres). 7 % du budget est consacré à des dépenses qui ont un effet positif sur les enfants à travers des programmes orientés pour bénéficier à un groupe de la population plus large (alphabétisation des adultes, protection sociale pour les personnes âgées, développement rural, assistance juridique gratuite, infrastructures urbaines, protection de l’environnement etc.).
Dépenses consacrées aux enfants dans le budget de l´État, 2015
7% 12 % 12 % Dépenses Spécifiques Dépenses Indirectes Dépenses au sens large
Source : Ministère des Finances et de l´Administration Publique, 2015
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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RISQUES D´URGENCE “EMERGENCY RISK” D´après le Global Focus Model 2012 du Bureau des Programmes d´Urgence de l´UNICEF (EMOPS) São Tomé-et-Principe est l´un des 3 pays (avec le Gabon et le Cap Vert) les moins exposés aux risques de désastres naturels de la région de l´Afrique du Centre et de l´Ouest13 (EMOPS, 2012). Dans le rapport « Index 2016 des risques climatiques » de l´Organisation Germanwatch, qui mesure les impacts socioéconomiques de la survenance des évènements climatiques extrêmes, Sao Tomé et Principe est également placé parmi les pays les moins exposés : au 138ème rang des 186 pays (Germanwatch, 2015) pour l´année 201414. Les risques de désastres naturels (tremblements de terre, tsunamis) sont relativement limités15, cependant les effets du réchauffement climatique s´y font sentir d’ores et déjà. Le pays est considéré comme un « puits de gaz à effet de serre » (République Démocratique de São Tomé-et-Principe, 2015c). L´érosion côtière causée par l´augmentation du niveau de la mer constitue une menace pour les conditions de vie des populations côtières du Sud Est du pays (Ribeira Peixe, Malanza) et du Sud-Ouest (Santa Catarina), dont la principale source de revenus est la pêche artisanale (République Démocratique de São Tomé-et-Principe, 2015b).
Outre l´érosion côtière, le réchauffement climatique produit d´autres phénomènes météorologiques indésirables. La saison sèche (de Mars à Mai) devient de plus en plus longue et aride, et les pluies augmentent pendant la période de Septembre à Novembre, ce qui conduit à des épisodes plus fréquents d´inondations et contribuent à l´érosion des sols, la destruction des infrastructures et des récoltes (République Démocratique de São Tomé-et-Principe, 2015b). Les populations les plus exposées aux inondations sont celles qui habitent dans les zones côtières de Lobata et Agua Grande, à Porto Alegre, (République Démocratique de São Tomé-et-Principe, 2015b). Par rapport aux sècheresses, déjà en 2007 elles touchaient 17 % des villages (PAM, 2009), et le tarissement des sources d´eau touchait 19 % des villages (PAM, 2009). Il convient de préciser que ce genre de phénomènes climatologiques (sècheresses et inondations) à de fortes implications sur la santé publique. Il est nécessaire de prévoir une augmentation des maladies hydriques, de la peau, diarrhéiques et respiratoires (Ministère des Travaux Publics et des Ressources Naturelles, 2009). Ce genre de phénomènes climatiques adverses pose également des défis au système éducatif. Certaines écoles du pays ont déjà souffert des conséquences d´inondations ou de phénomènes maritimes défavorables16.
Le rapport ne prend pas en compte des aspects importants comme la montée du niveau de la mer, la fonte des glaciers, les mers plus chaudes et plus acides 15 Le degré d´exposition aux risques naturels est noté 0,9 sur 10 (EMOPS, 2012). 16 En 2014 une école de Santa Catarina fut atteinte par des vagues raz-de-marée (République Démocratique de São Tomé-et-Principe, 2015b) 14
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
LA RÉPONSE NATIONALE AUX RISQUES D´URGENCES Le Ministère des Travaux Publics et des Ressources Naturelles est l´institution publique qui concentre les responsabilités sur la prévention et réduction des risques de catastrophes ainsi qu’à l´adaptation aux changements climatiques. À partir de 2011, le Conseil National pour la Préparation et la réponse aux catastrophes (CONPREC) établi par le DécretLoi nº17/2011, est responsable de coordonner la réponse nationale aux désastres naturels. Le rapport d´évaluation des capacités nationales pour la réduction des risques de catastrophes de 2015 (République Démocratique de São Tomé-et-Principe, 2015b) souligne les difficultés de ce conseil pour réaliser son mandat, en particulier à cause des difficultés de coordination interinstitutionnelle. Il n´existe pas encore de politique ou stratégie nationale en matière de prévention et réponse aux catastrophes (République Démocratique de São Tomé-et-Principe, 2015b). Par rapport à l´adaptation aux changements climatiques, le pays est signataire de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Le Décret-Loi No.13/2012 a créé le Comité National des Changements Climatiques, chargé de la mise en place, la coordination, le suivi et l´évaluation de cette convention. Le pays a élaboré un Plan National d´Adaptation aux Changements Climatiques en 2006 (avec l´aide du Fonds pour l´Environnement Mondial et la BM). Dans sa Contribution Décidée à l’Échelle Nationale17 pour la conférence Paris 2015 sur la réduction des gaz à effet de serre, le pays relève plusieurs objectifs d´adaptation aux changements climatiques de court et de long terme : renforcer les services de protection civile, réduire la concentration de population dans les zones plus vulnérables, introduire des cultures résistantes aux phénomènes climatiques extrêmes, etc (République Démocratique de São Tomé-et-Principe, 2015c). Le pays a identifié également un ensemble de contraintes financières, techniques, institutionnelles et politiques pour la mise en place de ces mesures, en particulier : les limitations du budget national, les difficultés pour accéder au financement et aux technologies modernes, le renforcement insuffisant des capacités humaines, l´instabilité politique, le manque de sources de données et de systèmes d´information et l´absence de politiques sectorielles dans des secteurs clé comme l’eau, l´énergie ou les forêts. (République Démocratique de São Tomé-et-Principe, 2015c). 17
De nos jours, plusieurs projets d´adaptation sont en cours. Le projet d´adaptations climatiques pour les zones côtières (financé par Le Fonds de l´Environnement Mondial à travers la BM) est orienté vers la construction de structures pour la protection et si nécessaire à la réinstallation des communautés côtières les plus exposées (Santa Catarina, Malanza et Ribeira Afonso. L’Institut national de météorologie et le PNUD travaillent également au développement de systèmes d´alerte précoce. Depuis 2013, le PNUD travaille également au renforcement de la résilience des communautés rurales face aux changements climatiques (dans les districts de Caué, Cantagalo, Me-Zochi, Lembá, Lobata et la Région Autonome de Principe). L´UNICEF considère le renforcement des capacités du système éducatif à fournir une éducation de qualité en cas d´urgence et à intégrer une culture de résilience dans le système comme une priorité. Un plan d´émergences en éducation existe depuis 2011. Les actions sont orientées à élaborer une cartographie des risques (identification des zones, écoles, enfants plus exposés aux risques), et à garantir les actions en cas d´urgences dans les curricula, et à développer des normes pour la construction d´écoles plus sures. La formation des professeurs et la production de guides d´activités psychosociales sont d´autres composantes du soutien de l´UNICEF (République Démocratique de São Tomé-et-Principe, 2015b).
Intended Nationally Determined Contribution en anglais. Plusieurs traductions sont possibles.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
51
3
Analyse de la
situation
3.1. Le droit à des niveaux de vie adéquats
des enfants basee sur les droits humains
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
DROITS CONVENTION RELATIVE AUX DROITS DE L’ENFANT Article 27 : 1. Les États parties reconnaissent le droit de tout enfant à un niveau de vie suffisant pour permettre son développement physique, mental, spirituel, moral et social. 2. Les États parties adoptent les mesures appropriées, compte tenu des conditions nationales et dans la mesure de leurs moyens, pour aider les parents et autres personnes ayant la charge de l’enfant à mettre en œuvre ce droit et offrent, en cas de besoin, une assistance matérielle et des programmes d’appui, notamment en ce qui concerne l’alimentation, le vêtement et le logement. Article 26 : 1. Les États parties reconnaissent à tout enfant le droit de bénéficier de la sécurité sociale, y compris les assurances sociales, et prennent les mesures nécessaires pour assurer la pleine réalisation de ce droit en conformité avec leur législation nationale. 2. Les prestations doivent, lorsqu’il y a lieu, être accordées compte tenu des ressources et de la situation de l’enfant et des personnes responsables de son entretien, ainsi que de toute autre considération applicable à la demande de prestation faite par l’enfant ou en son nom. CONSTITUTION DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DE SÃO TOMÉ-ET-PRINCIPE Article 44 : 1. L’État garantit à chaque citoyen à travers le système de sécurité sociale, le droit à la protection en cas de maladie, d’invalidité, de vieillesse, de veuvage, pour les enfants orphelins et dans d’autres cas prévus par la loi.
DÉVELOPPEMENTS LÉGISLATIFS NATIONAUX Loi n°7/ 2004 – Loi-cadre sur la protection sociale. La loi organise le système de protection sociale et le divise en trois niveaux : protection sociale pour les citoyens (non contributive), obligatoire (travailleurs salariés et indépendants), et complémentaire (pensions privées non obligatoires). PROPOSITIONS DE LOIS Proposition de loi pour la protection de l’enfant et des jeunes en situation de risque (finalisée en 2014) Proposition de loi de l’accueil institutionnel (finalisée en 2014) Proposition de loi (finalisée en 2014)
des
familles
d’accueil
AUTRES Liste des pires formes de travail interdites aux enfants à insérer dans le code du travail (2014)
DÉVELOPPEMENTS POLITIQUES NATIONAUX Stratégie nationale de réduction de la pauvreté Politique Nationale de protection sociale (approuvée par le pouvoir exécutif en septembre 2015) Stratégie d’éducation inclusive (2010) Politique d’éducation (2012) vise à la suppression des coûts dans le niveau préscolaire et secondaire Politique de nutrition et d’alimentation (2013) Plan national contre le travail des enfants (2014)
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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3.1.1. La pauvreté monétaire des enfants à São Tomé-et-Principe La pauvreté monétaire peut être mesurée selon le revenu, la consommation ou les actifs. L’enquête sur le budget des ménages EBM (INS, 2010) a utilisé l’approche de la consommation18, le IVème recensement général de la population et de l’habitation (RGPH, INS, 2012) s’est basé sur le revenu, et l’enquête MICS 5 (INS, 2016) a utilisé l’approche des actifs. Il est possible d’analyser la pauvreté en termes absolus ou relatifs. Chacune de ces méthodes a ses avantages et ses inconvénients, mais étant donné que les données les plus récentes sont celles de l’enquête MICS 5 (INS, 2016), dans cette section, la pauvreté des enfants va être analysée en utilisant les quintiles de richesse (en termes d’actifs des ménages selon l’enquête MICS). Toutefois, pour certaines questions le IVème RGPH (INS, 2012) sera également utilisé, bien que les données des revenus des ménages peuvent souffrir de quelques imperfections19. Il convient de préciser que l’information offerte par les quintiles est relative, ce qui veut dire qu’elle n’apporte pas d’information sur la richesse ou la pauvreté des individus, mais sur comment les individus ou les familles se positionnent par rapport au reste de la population en termes de revenu. D’après l’OIF20, 66,2 % de la population saotoméenne vivent en dessous du seuil de pauvreté. Il est donc probable que les trois premiers quintiles de richesse soient très proches du seuil, c’est à dire pauvres en termes absolus.
Malgré ce qui précède, la classification des membres des ménages par quintile de richesse fournit des informations très utiles sur le bien-être économique des enfants. Le tableau 3.1.1 montre le pourcentage des enfants dans chaque quintile de richesse d’après les déterminants classiques21. Il n’y a pas de différences significatives en fonction du sexe, ni en pourcentage d’enfants et d’adultes dans chaque quintile, donc avec ces données, on ne peut pas, a priori, affirmer qu’à São Tomé-et-Principe les enfants sont plus pauvres ou plus riches que les adultes. Mais, si on se base sur les données du IVème RGPH (INS, 2012), les résultats sont très différents. Dans ce cas, il existe des différences significatives au niveau du revenu mensuel moyen par habitant et au niveau des quintiles de revenu par habitant, comme indiqué dans le tableau 3.1.2.22. Les différents indicateurs et méthodologies utilisés peuvent expliquer ces contradictions entre l’enquête MICS et le IVème RGPH (INS, 2012), mais de toute façon, l’expérience internationale et les caractéristiques des foyers à São Tomé-et-Principe permettent de penser que les résultats basés sur le IVème RGPH (INS, 2012) sont plus proches de la réalité.
Tableau 3.1.1. Enfants dans chaque quintile de richesse, par déterminant socio-économique, 2014 (%) Quintiles
Milieu
Total
Région
Niveau de scolarité du chef du
Urbain
Rural
CentreEst
NordOuest
Sud Est
RAP
Aucun
Primaire Secondaire
Le plus pauvre
24
21,5
27,7
14
35,7
34,9
9,8
40,3
28,5
13,6
Deuxième
22,2
18,6
27,5
20,1
24,9
26
13,6
25,1
25,7
16,7
Troisième
20,9
19,6
22,8
23
18,2
18,6
25,8
19,1
21,9
20,8
Quatrième
18
19,2
16,1
20,7
13,8
13
32,6
10,5
16,3
23,8
Le plus riche
14,8
21
5,8
22,3
7,4
7,5
18,1
5,1
7,5
25,1
Source : Elaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) Cf. INE (2010), p. 15. Le revenu des ménages est établi en posant la question aux personnes interrogées. Les gens en général sont réticents à donner cette information, il est donc présumé que certaines personnes n’ont pas répondu à cette question et gagnent plus, de sorte que les données peuvent souffrir de quelques imperfections. 20 Cf. INE (2010), p. 18. 18 19
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
En ce qui concerne le milieu de résidence, et sur la base des données de l’enquête MICS, les différences sont beaucoup plus visibles, de sorte que dans le quintile le plus pauvre 21,5 % des enfants proviennent du milieu urbain et 27,7 % des zones rurales. Dans le quintile le plus riche, 21 % des enfants proviennent de zones urbaines et 5,8 % des zones rurales. Au niveau des régions, il y a plus d’enfants dans le quintile le plus riche dans les régions Centre-Est (22,3 %) et à Principe (18,1 %). La majorité des enfants les plus pauvres résident dans la région Nord-Ouest (35,7 %) et Sud-Est (34,9 %) Le niveau d’éducation du chef du ménage est le déterminant le plus fondamental de la pauvreté des enfants : 40 % des enfants pauvres résident dans des ménages sans instruction contre 82,8 % des enfants riches dans des ménages dont le chef possède un niveau de scolarité universitaire. À São Tomé-et-Principe, la formation est un moyen clair de promotion sociale, ce qui ne se produit pas dans tous les pays, et est un signe positif qui peut être utilisé comme argument pour encourager l’éducation des enfants. Le sexe du chef du ménage n’est pas un déterminant clair du niveau de richesse. Les chiffres d’enfants pauvres dans les ménages dirigés par les femmes (26 %) ne sont pas très différents de ceux
u ménage
Sexe du chef
dirigés par des hommes (23,1 %). Le comportement des trois quintiles intermédiaires n’est pas constant (cf. tableau 3.1.1). Finalement, le déterminant du nombre de membres du ménage semble jouer en faveur d’un nombre moyen d’enfants (famille composée de 4 à 6 membres), mais les différences par rapport aux autres groupes de familles (de 1 à 3 membres ou de plus de 7 membres) sont trop étroites pour être considérées représentatives. On pourrait quand même émettre l’hypothèse que le travail des enfants contribue substantiellement au revenu des familles. Finalement, les données statistiques sur la langue maternelle (qui est un proxy de la communauté d’origine) révèlent que la prévalence de la pauvreté est plus grande parmi les enfants qui parlent l´angolar : 53,2 % des enfants qui parlent cette langue chez eux appartiennent au quintile le plus pauvre. La langue maternelle est un proxy de la communauté d´origine : Les données sur la pauvreté sont donc un indicateur des conditions de vie dans les communautés d´origine de ces enfants. Elles sont souvent situées dans les régions côtières du pays qui sont plus vulnérables aux risques climatiques, et leur activité économique principale est la pêche, qui est une activité qui produit des gains limités. Les enfants qui parlent le portugais sont par contre les plus nombreux dans le quintile le plus riche (16,7 %).
Nombre de membres
Langue maternelle
Supérieur
Masc.
Fém.
1à3
4à6
7 ou +
Portugais Forro
Angolar
Linguie
Cap-verdien
Autres
0
23,1
26
28,6
23
25,4
21,1
25,8
53,2
25
35,9
22,4
1
23,6
19,4
20,3
21,9
26,1
21,5
28,6
23,8
0
19,8
23,7
4,5
19,8
23,2
20,5
22,2
13,5
21,4
21,4
13,8
50
17,9
22,4
11,6
17,5
18,9
18,4
17,8
18,7
19,3
12,6
3,2
16,7
23,1
22,4
82,8
16
12,5
12,1
15
16,3
16,7
11,6
5,9
8,3
3,3
9,2
L’analyse de corrélation en pourcentage a été établie à partir de cas non pondérés. Par conséquent, les pourcentages ne doivent pas être considérés représentatifs de l’ensemble de la population. Ils servent uniquement à des fins de comparaison à l’intérieur de chaque variable de stratification. 22 Le revenu qui est attribué à chaque individu est le revenu moyen par habitant de chaque ménage, qui est calculé en divisant le revenu total gagné dans un ménage par le nombre de membres. Cela permet la répartition des revenus parmi les membres du ménage même si certains membres n’ont pas de revenus. 21
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
55
Graphique 3.1.1. Enfants dans chaque quintile de richesse, par déterminant socio-économique, 2014 (%)
13,6 9,8
40,3
20,8
28,5
16,7
11,6 4,5
13,6
Niveau de scolarité chef du ménage
Quatrième
16,7
18,9
17,5
18,4
17,8
18,7
19,3
23,2
19,8
20,5
22,2
13,5
21,4
19,4
23,6
20,3
21,9
28,1
26
23,1
28,6
23
25,4
21,1
25,8
7 ou +
Portugais
Forro
23,8
16,3
4à6
21,4
15
1à3
5,9 3,2 13,8
12,1
Masculin
11,6 12,6
16
21,5
Nombre de membres
Le plus riche 3,3 23,1
8,3 16,7
17,8
50
28,6 53,2
19,8 35,9
25
9,2 22,4 22,4 23,7 22,4 Autres
Troisième
Féminin
Le deuxième
12,5
Sexe du chef
25,7
82,8
Supérieur
34,9
Région
Le plus pauvre 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
35,7
25,8
23,8
Cap-verdien
Milieu
26
21,9
Second aore
14
24,9
25,1
Linguie
20,1
32,6
25,1
Primaire
27,7
18,6
19,1
7,5 16,3
Angolar
21,5
18,2
5,1 10,5
18,1
Aucun
27,5
23
7,5 13
RAP
20,7
Rural
18,6
22,8
7,4 13,8
Sud Est
19,6
22,3
Nord Ouest
19,2
5,8 16,1
Centre Est
21
Urbain
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
Language maternelle
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
Tableau 3.1.2 Adultes et enfants dans chaque niveau de richesse (nombre et %) et revenu mensuel par habitant correspondant aux adultes et aux enfants (en dobras). Quintile
Adultes
Enfants
%
Nombre
%
Nombre
Le plus pauvre
18,3
14 810
22,9
14 925
Le deuxième
17,9
14 485
22,7
14 822
Troisième
18,9
15 249
20,7
13 512
Quatrième
20,7
16 712
18,8
12 237
Le plus riche
24,2
19 514
14,8
9 664
dobras/mois
No.
dobras/mois
No.
1 365 009
80 770
786 687
65 160
Revenu par personne
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012) et de l’EBM (INS, 2010)
56
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Adultes
19514 9664
16712 12237
me triè Qu a
Les données du IVème RGPH (INS, 2012) confirment que les enfants sont surreprésentés dans les quintiles les plus pauvres et sous représentés dans les quintiles les plus riches (cf. graphique 3.1.2 ci-dessus)
Le p ric lus he
14485 14822
Tr oi
siè
e de Le ux ièm
Enfants
me
14822
14810 14925
Le pa plus uv re
100 % 90 % 80 % 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0%
14485
Graphique 3.1.2. Distribution des enfants et des adultes, par quintile de richesse (2012)
Le 44,9 % de la population sont des
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012) et de l’EBM (INS, 2010)
CONCLUSION
Les données indiquent que l’incidence de la pauvreté est plus élevée chez les enfants que chez les adultes. Par rapport aux déterminants sociaux de cette situation, le niveau de scolarité des chefs du ménage est le plus important, suivi par la langue maternelle, le milieu et la région de résidence. Le sexe du chef du ménage et le nombre de membres sont des déterminants importants mais en moindre mesure. Il n’y a aucune différence attribuable au sexe de l’enfant. A moyen terme, il est nécessaire de mettre en œuvre des mesures de protection sociale effectives pour garantir un standard de vie adéquat pour les enfants, qui sont les principales victimes de la pauvreté monétaire à São Tomé-et-Principe. A plus long terme, l’éducation est un secteur clé de grand impact dans le niveau de richesse du pays dans lequel il faudra que le pays investisse.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
57
3.1.2. La pauvreté des enfants selon l’approche multidimensionnelle INTRODUCTION ET MÉTHODOLOGIE La pauvreté multidimensionnelle des enfants est définie comme le non-respect des droits de l’enfant dans les dimensions principales de la survie, du développement, de la protection et de la participation. “L’analyse du chevauchement des privations multiples (MODA) fournit une approche globale des aspects multidimensionnels de la pauvreté et de la privation infantile. Il est développé par l’UNICEF pour faciliter l’analyse des inégalités et pour fournir des instruments pour identifier les enfants défavorisés. L’approche MODA repose sur une définition holistique du bien-être des enfants, centrée sur l’accès à divers biens et services essentiels à leur survie et à leur développement. Complémentaire à des approches monétaires basées sur la consommation, elle offre une image plus complète du bien-être des enfants. Elle reconnaît que les privations que subissent les enfants sont multidimensionnelles et étroitement liées, et que ces privations multiples et cumulatives sont plus susceptibles de survenir, et avec des conséquences plus néfastes, dans des groupes défavorisés sur le plan socio-économique” (UNICEF, 2012). La comparaison sera faite avec la moyenne de l’Afrique subsaharienne (ASS) dans l’étude CC-MODA23 (De Milliano, 2014). Cette comparaison n’est pas parfaite, puisque d’une part, la disponibilité des données dans tous les pays n’est pas complète, et d’autre part, il y a des pays qui ne produisent pas de données quantitatives pour la dimension protection, ce qui a forcé les auteurs de l’étude à ne considérer que cinq des six dimensions pour calculer les taux d’incidence. D’autre part, dans le cas de São Tomé-et-Principe, le comité de pilotage de l’étude a suggéré l’inclusion d’autres indicateurs pertinents dans les dimensions Protection et Habitation. En outre, l’étude CC-MODA ne comprend que deux tranches d’âge : 0-4 ans et 5-17 ans, tandis que dans cette étude, la deuxième tranche est divisée en deux sous-tranches : 5-11 ans et 12-17 ans. Toutes ces raisons obligent à prendre les comparaisons internationales avec prudence.
LA MODA : QUATRE CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES 1. L’enfant est l’unité d’analyse (et non les ménages). 2. La MODA adopte une approche de cycle de vie : elle fractionne l’analyse dans des groupes d’âge pour refléter les différents besoins de la petite enfance, l’enfance en âge de scolarité primaire et l’adolescence. 3. La MODA améliore la connaissance des approches sectorielles (par exemple, la nutrition, la santé et l’éducation) avec une analyse des chevauchements des privations. 4. Les chevauchements des privations révèlent les caractéristiques spécifiques des enfants défavorisés, ce qui peut aider à concevoir des politiques efficaces.
Les dimensions choisies pour l’analyse MODA sont issues des recommandations contenues dans les divers articles de la Convention relative aux droits de l’enfant (cf. tableau 3.1.3), suivant le modèle établi dans la méthodologie CC-MODA, avec quelques modifications suggérées par le comité de pilotage de cette étude.
L’étude Cross Country MODA (CC-MODA) est une application particulière de la méthodologie qui vise à identifier les enfants privés et leurs caractéristiques dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Dans le CC-MODA les groupes d’âge, les dimensions, les indicateurs et les seuils utilisés pour chaque pays sont les mêmes pour permettre la comparabilité internationale (De Milliano, 2014).
23
58
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Tableau 3.1.3. Les dimensions de l’analyse MODA, d’après la Convention relative aux droits de l’enfant (1989) Domaines de droits
Survie
Développement
Protection
Dimensions
Art. CDE
Alimentation, nutrition
Art. 24
Eau
Art. 24
Santé
Art. 24
Logement
Art. 27
Éducation
Art. 28
Information
Art. 13, 17
Exploitation, travail des enfants
Art. 32
Violence
Art. 19, 37
Tableau 3.1.4. Dimensions et indicateurs pour les enfants âgés de 0 à 4 ans Dimension
Indicateur
Nutrition
Alimentation du nourrisson et de la petite enfance Malnutrition chronique
Santé
Vaccination Assistance qualifiée à l’accouchement
Eau
Accès à une source d’eau améliorée Distance des sources d’eau
Assainissement
Accès à des installations d’assainissement améliorées
Habitation
Surpopulation des chambres Matériels pour la construction du toit et du sol Électricité*
Protection
Violence domestique
Source : sélection des auteurs à partir de De Neubourg et al. (2012a), p. 9.
* L’introduction de cet indicateur fut suggérée par le comité de pilotage.
Chaque dimension est constituée par un ensemble d’indicateurs qui mesurent la situation de chaque enfant par rapport à certains éléments utilisés comme proxy pour déterminer si l’enfant est privé ou non. Les dimensions et les indicateurs utilisés sont basés sur l’enquête MICS 5 (INS, 2016)24. Les indicateurs utilisés sont présentés dans les tableaux 3.1.4 (tranche d’âge 0-4 ans) et 3.1.5 (tranche d’âge 5-17 ans). Il y a deux groupes de dimension en fonction de l’âge de l’enfant. De plus, le groupe des 5-17 ans (de la CC-MODA) a été divisé en deux sous-tranches d’âge : 5-11 ans et 12-17 ans pour mieux affiner les résultats.
Cet aspect, avec l’alignement de la méthodologie CC-MODA (qui permet de comparer les résultats avec d’autres pays) conditionne l’information disponible, car certaines questions liées à d’autres droits de l’enfant n’ont pas été analysées, comme le droit aux loisirs (art. 31 de la CDE). Toutefois, l’ensemble des dimensions comprises dans l’analyse est très complet et permet de réaliser une évaluation approfondie des privations des enfants à São Tomé-et-Principe.
24
Tableau 3.1.5. Dimensions et indicateurs pour les enfants âgés de 0 à 17 ans Dimension
Indicateur
Éducation
Assistance scolaire obligatoire Conclusion de l’enseignement primaire
Information
Disponibilité d’appareils d’information
Eau
Accès à une source d’eau améliorée Distance des sources d’eau
Assainissement
Accès à des installations d’assainissement améliorées
Habitation
Surpopulation des chambres Matériels pour la construction du toit et du sol Électricité*
Protection
Violence domestique Travail des enfants**
* Cet indicateur a été introduit par le comité de pilotage. ** Cet indicateur ne concerne pas le groupe des 5-11 ans car il n’est pas applicable.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
59
LES RÉSULTATS
Pour chaque indicateur, on analyse la situation individuelle de chaque enfant et on la compare à un seuil de privation. Par exemple, pour l’indicateur Électricité, on considère qu’un enfant est privé s’il ne dispose pas d’électricité chez lui. Dans le cas de l’indicateur Travail le seuil de privation est plus complexe, car celui-ci doit être déterminé en fonction de l’âge de l’enfant et du nombre d’heures travaillées.
Le tableau 3.1.6 présente trois mesures de la pauvreté. La première est orientée à la mesure de l’incidence et les deux dernières à la mesure de l’ampleur (cf. méthodologie à l’annexe 3).
Une fois que l’on connaît les indicateurs pour lesquels il existe des privations pour l’enfant, on considère qu’un enfant est privé dans une dimension s’il est privé dans au moins un des indicateurs inclus dans cette dimension. On considère qu’un enfant est pauvre s’il est privé dans deux dimensions.
L’intensité moyenne de la privation (A), représente le nombre moyen de privations dont souffrent les enfants en situation de pauvreté, pondéré par la taille de la population d’enfants pauvres.
Avec ces données sur les privations de chaque enfant, il est possible d’analyser la situation de tous les enfants par groupe d’âge. Les formules statistiques sont présentées à l’annexe 3.
Le taux d’incidence de la pauvreté multidimensionnelle (H) représente le pourcentage d’enfants subissant des privations multidimensionnelles.
Le taux d’incidence ajusté Alkire-Foster (M0) : représente l’incidence de la pauvreté ajustée par le nombre moyen de privations subies par les enfants pauvres. Le pourcentage d’enfants en situation de pauvreté multidimensionnelle est de 70,4 % (cf. tableau 3.1.6). L’intensité de la pauvreté multidimensionnelle totale A, de 35,4 %, n’est pas très élevée, ce qui conduit à un taux d’incidence ajusté M de 25,2 %. Par groupe d’âge, celui qui présente de meilleurs résultats est celui des 5-11 ans, avec un total de 67,8 % des enfants considérés comme pauvres. 80,9 % des 0-4 ans souffrent de privations dans au moins deux dimensions.
Tableau 3.1.6. Taux de pauvreté multidimensionnelle
60
Tranche d'âge
Nombre d'enfants
Incidence de la pauvreté (H)
Intensité moyenne des privations (A1)
Taux d'incidence ajusté (M0)
Total
4 466
70,4 %
35,4 %
25,2 %
0-4 ans
708
80,9 %
51,2 %
41,4 %
5-11 ans
2 402
67,8 %
31,2 %
21,1 %
12-17 ans
1 356
69,6 %
34,6 %
24,1 %
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
RÉSULTATS POUR LES ENFANTS ÂGÉS DE 0 À 4 ANS Comme indiqué ci-dessus, il s’agit du groupe d’âge le plus démuni dans les trois taux indiqués dans le tableau 3.1.6. Cela signifie que c’est le groupe où il y a le plus d’enfants pauvres (80,9 %), mais aussi que c’est le groupe où la pauvreté est la plus élevée (51,2 %). Le taux d’incidence ajusté pour ce groupe est donc également le plus élevé (41,4 %). La situation la plus grave apparaît pour la dimension « protection » où 71,9 % des enfants sont privés, et pour la dimension Assainissement, où 62,7 % des enfants sont privés. Dans ce groupe d’âge la Protection ne comprend que l’indicateur « Violence » et mesure le pourcentage des enfants des 0-4 ans qui vivent dans des ménages dans lesquels les adultes utilisent des châtiments corporels comme méthode disciplinaire. À l’opposé, on retrouve la dimension « Eau », dans laquelle seulement 20,3 % des enfants subissent des privations, en particulier à cause du temps nécessaire pour s’approvisionner en eau potable. Par rapport à la moyenne de l’Afrique subsaharienne, São Tomé-et-Principe présente de meilleurs résultats dans toutes les dimensions, sauf pour la Protection et la Nutrition. Les différences les plus notables concernent les dimensions Santé et Eau.
Graphique 3.1.3. Enfants de 0 à 4 ans en situation de privation, par dimension, 2014 (%) Nutrition 49,2 % Protection 71,9 % 63,0 %
21,0 %
39,8 % Habitation
Santé 56,0 %
40,0 %
20,3 %
44,0 %
52,0 % 62,7 % 67,0 % Assainissment
Eau
RDSTP ASS
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) et De Milliano M. et Plavgo, Ilze (2014).
Le graphique 3.1.4 illustre que pour la dimension Nutrition, l’indicateur Alimentation est celui qui présente le pourcentage le plus élevé d’enfants privés. Dans la dimension Habitation, le manque d’électricité (35,6 % des cas) est la principale cause de la valeur du taux de la dimension. Il n’y a pas d’enfants privés à cause du matériel du logement. Graphique 3.1.4. Enfants de 0 à 4 ans qui souffrent de privations, par indicateur, 2014 (%)
71,9 %
62,7 % 46,0 %
35,6 %
Nutrition
Sante
Eau
Assainiss
Habitation
Violence
Electricité
0,0 % Materiels
Surpeuplement
9,7 % Assainiss
Temps
Source
Vaccin
11,8 % 10,2 % 9,2 % 13,1 % Accouchement assisté
Malnutrition
Aliment
6,9 %
Protection
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
61
Le graphique 3.1.5 révèle que la majorité des enfants de ce groupe d’âge (27,8 %) souffre de 3 privations, 55,5 % souffre de 2 ou de 3 privations. Nous verrons plus tard qu’il s’agit du seul groupe avec ce nombre de privations. Graphique 3.1.5. Enfants de 0 à 4 ans, par nombre de privations, 2014 (%) 27,7 % 27,8 % 17,9 %
16,4 %
6,9 %
2,7 % 0
0,6 % 1
2
3
4
5
6
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
La figure 3.1.1 présente le chevauchement entre les dimensions qui relèvent le plus de privations, la protection (71,9 %), l’assainissement (62,7 %) et la nutrition (49,2 %). Cela signifie que si les politiques
publiques souhaitent aborder l’une des trois privations, il faut considérer l’existence de la liaison avec les autres dimensions. Par exemple, toute intervention dans le domaine de la nutrition devrait considérer les liaisons de cette problématique avec le manque d’assainissement (qui provoque des maladies diarrhéiques). La violence est un viol des droits plus indépendant car elle est enracinée dans les habitudes disciplinaires et la conceptualisation de l’enfance de la société saotoméenne. Cette analyse peut être complétée (comme on le verra ci-dessous) avec une identification plus précise des enfants, sur la base des différents déterminants socio-économiques. 22,6 % des enfants âgés de 0 à 4 ans sont privés dans les trois dimensions simultanément, Nutrition, Protection et Assainissement, ou en Protection et Assainissement, alors que le pourcentage d’enfants privés dans seulement l’une d’entre elles est très faible. Figure 3.1.1. Chevauchements entre les privations en matière de protection, d’assainissement et de nutrition pour les enfants de 0 à 4 ans, 2014
Seulement Assainissement et Protection: 22,6 %
Protection: 71,9 %
Assainissement: 62,7 %
Seulement Protection: 13,6 %
Les trois 22,6 %
Seulement Nutrition et Protection: 13,1 % Seulement Nutrition: 5,2 %
Seulement Nutrition et Assainissement: 8,2 %
Seulement Assainissement: 9,3 %
Nutrition: 49,2 %
Non privés (dans aucune dimension): 5,4 % Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
62
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Le tableau 3.1.7 présente les taux de pauvreté en fonction de chaque déterminant socio-économique. Un aspect positif est qu’il n’y a pas de différences
significatives entre les garçons et les filles dans aucune dimension25.
Assainis.
Habitation
Protection
Taux d'Incidence de la pauvreté
Intensité moyenne des privations
Taux d'incidence ajusté
Région
Eau
Milieu de résidence
Santé
Sexe*
Nutrition
Tableau 3.1.7. Les taux de pauvreté multidimensionnelle pour les enfants de 0 à 4 ans, par déterminant socio-économique, 2014
Total
48,2
18,6
20,3
62,6
39,3
71,9
80,9
51,2
41,4
Féminin
46,9
21,7
17,5
61,9
37,5
73,6
80,6
50,2
40,4
Masculin
51,4
20,4
23,3
63,5
42,2
70,1
81,3
52,2
42,5
Urbain
46,4
16,7
13,5
57
30,5
70,5
74
47,8
35,3
Rural
52,8
26,9
29,6
70,4
52,5
73,8
90,4
55
49,7
Centre-Est
52,2
18,1
16,6
51,9
32,7
68,5
75,2
48,4
36,4
Nord-Ouest
43,3
16,3
23,6
80,3
55,6
76,4
86,5
54,5
47,2
Sud-Est
51,5
29,9
17,2
68,7
42,5
77,6
87,3
52,7
46
RA Principe
43,4
34
41,5
58,5
26,4
64,2
83
51,9
43,1
50
35
27,5
80
50
77,5
95
55,3
52,5
Primaire
51,8
25,3
20,5
71
47,7
73,3
88,2
52,6
46,4
Sec. ou supérieur
44
10,7
18,8
44,4
23,5
68,4
65
46,6
30,3
Le plus pauvre
55
32,1
16,7
88,5
81,3
75,6
99
58,6
58,1
Deuxième
50
20,7
29,3
82
49,3
73,3
90
54,8
49,3
Troisième
40,3
15,8
28,1
67,6
20,1
66,9
79,9
45,8
36,6
Quatrième
48,8
12,2
16,3
30,1
7,3
74
67,5
40
27
Le plus riche
48,3
16,1
6,9
5,7
1,1
65,5
42,5
37,8
16,1
Aucun Niveau de scolarité de la mère
Niveau de richesse
* Il n’y pas de différences significatives dans aucun h ou H. Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
25
C’est pour cette raison qu’aucun graphique montrant les disparités de genre n’a été présenté Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
63
Figure 3.1.2. Taux de pauvreté pour chaque dimension, enfants de 0 à 4 ans, par déterminant socio-économique, 2014 Milieu de résidence
Par région (*)
Nutrition
Nutrition
Protection
Santé
Protection
Santé
Habitation
Eau
Habitation
Eau
Assainissment
Assainissment
Urbain Rural
Par niveau de scolarité du chef du ménage
Par niveau de richesse
Nutrition
Nutrition
Centre Est Sud Est Nord Ouest Principe
Protection
Santé
Protection
Santé
Habitation
Eau
Habitation
Eau
Assainissment
Aucun Primaire Secondaire ou Supérieur
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
64
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Assainissment
Q1 Q2 Q3 Q4 Q5
Le déterminant socio-économique le plus important dans la pauvreté multidimensionnelle de ce groupe d’âge est le niveau économique de la mère. Les enfants sont plus privés dans toutes les dimensions (sauf habitation) que les enfants du quintile le plus pauvre, par exemple. En ce qui concerne le milieu de résidence, en général, les enfants du milieu rural sont plus démunis que ceux qui habitent en milieu urbain (sauf en matière de protection et de nutrition). Le tableau 3.1.7 montre des différences importantes en matière d’Habitation, d’Eau et d’Assainissement, qui sont les dimensions plus directement liées à l’endroit de résidence.
RÉSULTATS POUR LES ENFANTS DE 5 À 11 ANS Parmi les enfants âgés de 5 à 11 ans, le taux d’incidence de la pauvreté multidimensionnelle est de 67,8 %. Le taux d’intensité de la pauvreté est le plus bas des trois tranches d’âge (31,2 %) %, ce qui conduit à un taux d’incidence ajusté de 21,1 %. Les enfants âgés de 5 à 11 ans sont les plus vulnérables dans la dimension Protection (cf. tableau 3.1.8). 81,9 % des enfants sont privés dans cette dimension, qui se compose de deux indicateurs : Violence et Travail des enfants. Le graphique 3.1.6 révèle que c’est l’indicateur Violence qui élève la privation dans la dimension protection : 75,9 % des enfants de ce groupe d’âge est objet de méthodes disciplinaires violentes. Après la dimension Protection, et de même que chez les enfants âgés de 0 à 4 ans, l’Assainissement est la dimension avec le pourcentage d’enfants privés le plus élevé (60 %). 39,6 % des enfants sont privés dans la dimension Habitation, en particulier à cause du manque d’électricité (33,7 % des cas). À l’autre bout du spectre, on retrouve la dimension Éducation, avec pratiquement pas d’enfants privés (1,2 %). Le pourcentage d’enfants privés dans la dimension Eau, 20,7 %, s’explique également par la distance à la source. Relativement peu d’enfants sont privés dans la dimension Information.
La comparaison avec l’Afrique Subsaharienne montre que São Tomé-et-Principe est mieux placé pour tous les indicateurs, à l’exception de la dimension Protection. Il convient cependant d’apporter quelques précisions à ce sujet. Tout d’abord, les données de l’Afrique subsaharienne considèrent tous les enfants âgés de 5 à 17 ans, ce qui porte préjudice aux résultats concernant la dimension Éducation. En deuxième lieu, concernant la dimension Protection, São Tomé-et-Principe inclut le travail des enfants. De toute façon, pour la composante violence, la privation (75,9 %) est plus élevée qu’en Afrique (63 %). Les enfants de l’Afrique continentale sont également plus privés dans les dimensions Eau et Information. Dans les deux autres dimensions, les données sont très similaires. Graphique 3.1.6. Taux d’enfants de 5 à 11 ans privés par dimension, 2014 Éducation
Protection 81,9 %
35,0 %
Information
63,0 % 1,2 % 26,0 % 9,6 %
Habitation
39,6 % 20,7 % 44,6 % 60,0 % 51,0 %
Eau
66,0 % Assainissment
RDSTP ASS
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) et De Milliano M. et Plavgo, Ilze (2014).
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
65
Graphique 3.1.7. Enfants de 5 à 11 ans privés, par indicateur, 2014 75,9 % 60,0 %
Éducation Inform
12,2 %
Eau
Habitation
Violence
Travail
Materiels
0,0 %
Surpeuplement
Assainiss Assainiss
22,0 %
Electricité
14,8 % Tempa
8,1 % Source
École
1,2 %
9,6 % Information
33,7 %
Protection
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
Le graphique 3.1.8 montre qu’il y a plus d’enfants qui ont 3 privations au plus. Le plus souvent, les enfants de ce groupe d’âge ont 2 privations.
31,8 % 26,0 %
Graphique 3.1.8. Pourcentage d’enfants de 5 à 11 ans qui souffrent de privations, par nombre de dimension, 2014
23,1 % 10,5 %
6,2 % 0
2,3 % 1
2
3
4
5
0,1 % 6
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
Le graphique 3.1.9 présente une situation plus favorable que chez les enfants de 0 à 4 ans. Dans plusieurs dimensions, il y a moins de chevauchements.
En général, les segments relatifs à la situation de privations « dans 3 à 5 dimensions » sont plus courts que dans le groupe d’âge qui précède.
Graphique 3.1.9. Pourcentage d’enfants de 5 à 11 ans privés dans chaque dimension, en fonction du nombre de privations cumulées, 2014 Protection
19,3 %
Habitation 0,5 %
2,9 %
Eau 1 % Information
5,7 %
1,6 % 10 % 20 %
17,8 % 9,6 % 4,2 %
4,0 %
5,1 % 50 %
60 %
2,9 % 70 % 80 % 90 % 100 %
Seulement dans la dimension citée
Dans une autre dimension
Dans 2 autres dimensions
Dans 3-5 autres dimensions
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
66
6,5 % 4,3 %
3,2 % 30 % 40 %
6,2 %
3,4 %
27,0 %
1,2 %
0%
17,3 %
4,6 %
7,6 %
Assainissment
Éducation
26,0 %
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
La figure de chevauchements 3.1.3, présente la situation des trois dimensions avec des taux de privation les plus élevés : Protection, Assainissement et Habitation. Le pourcentage le plus élevé est représenté par 25,6 % des enfants qui sont privés dans les trois dimensions simultanément. À l’autre bout du spectre on retrouve ceux qui sont privés seulement dans la dimension Habitation. D’un autre point de
vue, toujours en relation avec ces trois dimensions, la plupart des enfants privés dans la dimension Habitation le sont également dans les dimensions Protection et Assainissement. Toute intervention publique sur cette question devrait considérer que les bénéficiaires ont d’autres besoins concomitants qui doivent également être abordés.
Figure 3.1.3. Chevauchements entre les privations en matière de protection, d’assainissement et d’éducation pour les enfants de 5 à 11 ans, 2014
Protection: 81,9 %
Seulement Protection: 24,4 %
Seulement Assainissement et Protection: 24,1 %
Seulement Assainissement: 5,4 %
Les trois 25,6 % Seulement Éducation et Protection: 7,8 %
Éducation: 1,2 %
Assainissement: 60 %
Seulement Éducation et Assainissement: 5 % Seulement Éducation 1,2 %
Non privés (dans aucune des dimensions): 6,6 % Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
67
Les taux de privations par rapport aux déterminants socio-économiques classiques sont présentés au tableau 3.1.8 et à la figure 3.1.4. Il n’y a pas de
différences significatives en fonction du genre, sauf pour la dimension Eau, et ce résultat est probablement trompeur26.
Protection
Taux d'Incidence de la pauvreté
Intensité moyenne des privations
Taux d'incidence ajusté
Niveau de richesse
Habitation
Niveau de scolarité de la mère
Assainissement
Région
Eau
Milieu de résidence
Information
Sexe*
Éducation
Tableau 3.1.8. Taux de pauvreté multidimensionnelle des enfants de 5 à 11 ans, par disparité socio-économique, 2014
Total
1,2
9,6
20,7
60
39,6
81,9
67,8
31,2
21,1
Masculin
1,1
10
18,5
60,9
39,5
80,8
67,5
45,6
30,7
Féminin
1,3
9,2
23
59,2
39,6
83,1
68,1
46,4
31,6
Urbain
1,1
9,6
15
56
33,7
81,9
61
45,4
27,7
Rural
1,2
9,7
29,2
66
48,1
81,8
77,7
46,7
36,3
Centre-Est
1,1
4,3
14,2
49,3
32,8
77,5
56,1
42,9
24,1
Nord-Ouest
1,4
16
26
72,6
48,8
86,3
78,6
49,4
38,8
Sud-Est
1,1
14,7
23,1
70,6
47,8
85,5
78,4
47,6
37,3
RA Principe
0,6
1,9
34,8
44,9
19
81
66,5
40,3
26,8
Aucun
1,5
24,3
25,2
75,7
52,4
78,6
79,6
50,2
40
Primaire
1,4
10,2
22,7
66,1
44
83,6
75,2
45,9
34,6
Sec. ou Supérieur
0,5
2,7
13,6
37,6
22,4
78,8
42,9
43,3
18,6
Le plus pauvre
1,1
32,8
27,9
88,9
82,9
84,3
96,4
54,4
52,4
Deuxième
2,2
4
22,8
81
47,8
82,1
84,3
44,4
37,5
Troisième
0,6
0,4
24
61,6
24,8
84
72,6
39,2
28,5
Quatrième
1,4
0
17,1
32,9
9,6
83,6
44,4
37,3
16,5
Le plus riche
0,3
0
3,6
5,7
4,8
71,5
10,8
35,6
3,9
(*) Il y a seulement des différences significatives dans Eau h. Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
La situation de privation n’est pas établie en fonction de la situation spécifique de chaque personne, mais en fonction du foyer, et est affecté aux enfants qui y habitent.
26
68
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Figure 3.1.4. Taux de pauvreté pour chaque dimension, enfants de 5 à 11 ans, par déterminant socioéconomique, 2014 Milieu de résidence
Par région (*)
Éducation
Éducation
Protection
Information
Protection
Information
Habitation
Eau
Habitation
Eau
Assainissment
Assainissment
Urbain Rural
Par niveau de scolarité
Par niveau de richesse
Éducation
Éducation
Centre Est Sud Est Nord Ouest RA Principe
Protection
Information
Protection
Information
Habitation
Eau
Habitation
Eau
Assainissment
Aucun Primaire Sec-sup
Assainissment
Q1 Q2 Q3 Q4 Q5
(*) Les valeurs pour la région Nord-Ouest sont très proches de celles de la région Centre-Est (cf. tableau 3.1.8) Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
69
Le milieu de résidence présente des différences significatives dans les dimensions Eau, Assainissement et Habitation : ces trois dimensions sont les plus liées à l’endroit physique où l’on habite. Le milieu rural est associé à une plus grande probabilité de privations. Par rapport aux régions, il y a une coïncidence presque totale entre le Nord-Ouest et le Sud-Est : elles ont le pourcentage d’enfants privés les plus élevés dans la plupart des dimensions. Pour les dimensions Habitation, Assainissement et Information, Principe est mieux placé, alors que pour la dimension Eau, Principe est moins bien placé. Par rapport au niveau de scolarité de la mère, les enfants, dont la mère a un niveau secondaire ou supérieur, ont moins de probabilités de subir des privations. Finalement, il existe des différences significatives dans toutes les dimensions entre le premier et le cinquième quintile de richesse, à l’exception de la dimension Éducation. Mais les chiffres sont si petits (0,2 % pour le premier quintile et 1,5 % pour le cinquième) que les différences, en dépit d’être significatives, sont minimales : les cinq quintiles sont associés à une faible probabilité d’exclusion éducative. Dans les dimensions Habitation et Eau le quintile le plus pauvre est associé à une probabilité beaucoup plus élevée de subir des privations que dans les quatre autres quintiles, surtout le plus riche. Pour la dimension Protection, au contraire, les valeurs sont beaucoup plus proches. Pour la dimension Information, seulement les ménages très pauvres présentent une proportion élevée d’enfants (32,8 %) sans accès aux médias.
RÉSULTATS POUR LES ENFANTS DE 12 À 17 ANS Le taux de pauvreté pour les enfants de 12 à 17 ans est de 69,6 %. Le taux d’intensité est de 34,6 % et le taux d’incidence ajusté est de 24,1 %. Encore une fois, la dimension Protection est celle qui présente l’incidence la plus élevée, suivie de l’Assainissement et l’Éducation. En comparaison avec l’Afrique subsaharienne, les plus grandes différences se retrouvent du côté des dimensions Eau et Information. Il faut tenir compte du fait que les données de l’Afrique subsaharienne se réfèrent au groupe des enfants âgés de 5 à 17 ans (les données pour les 12 à 17 ans sont probablement moins positives). Graphique 3.1.10. Taux d’enfants de 12 à 17 ans privés, par dimension, 2014 Éducation
74,9 % Protection
36,1 %
63,0 % 35,0 %
Information 26,0 %
7,7 % 32,7 % 20,8 % 44,0 % Habitation
58,0 %
66,0 % Assainissment
51,0 %
Eau
RDSTP ASS
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) et De Milliano M. and Plavgo, Ilze (2014).
70
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Le graphique 3.1.11 met en évidence la part très importante de la Violence domestique au sein de la dimension Protection. Le manque d’électricité est la principale raison de la valeur du taux d’enfants qui
souffrent des privations dans la dimension Habitation (27,9 % des enfants n’ont pas d’électricité à la maison).
Graphique 3.1.11. Enfants de 12 à 17 ans qui souffrent de privations, par indicateur, 2014 (%) 67,9 %
58,0 %
Éducation Information
27,9 %
Eau
Assainiss
21,2 %
Habitation
Violence
Travail
Materiels
0,0 %
Surpeuplement
Assainiss
9,6 %
Electricité
14,9 % Tempa
8,2 % Source
Primaire
École
1,3 %
7,7 % Information
34,9 %
Protection
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
La plupart des enfants dans cette tranche d’âge souffrent peu de privations. La majorité (26,9 %) subit deux privations. 7,7 % aucune, et seulement un enfant sur cent est privé dans toutes les dimensions.
26,9 % 22,7 %
23,5 % 13,9 %
7,7 %
Graphique 3.1.12. Enfants de 12 à 17 ans qui souffrent de privations, par nombre de dimensions, 2014
0
4,4 % 1
2
3
4
5
1,0 % 6
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
La figure des chevauchements 3.1.5 met en évidence à nouveau l’importance d’aborder les problèmes des enfants selon une approche multisectorielle. 17,8 % des enfants âgés de 12-17 ans souffrent de privations simultanément dans les domaines de la Sécurité, l’Assainissement et l’Éducation. 20,9 % des enfants
souffrent seulement de la privation Protection, ce qui indique indirectement l’importance de cette dimension, qui reflète un comportement familial étendu qui n’est pas forcement lié à d’autres violations des droits des enfants.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
71
Figure 3.1.5. Chevauchements entre les privations en matière de Protection, d’Assainissement et d’Éducation pour les enfants de 12 à 17 ans, 2014
Protection: 74,9 %
Seulement Protection: 20,9 %
Seulement Assainissement et Protection: 26,7 %
Seulement Assainissement: 7,5 %
Les trois 17,8 % Seulement Éducation et Protection: 9,4 %
Éducation: 36,1 %
Seulement Éducation et Assainissement: 5,9 % Seulement Éducation 2,9 %
Non privés (dans aucune des trois dimensions): 8,7 % Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
72
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Assainissement: 58 %
En ce qui concerne les résultats de la stratification, le tableau 3.1.9 et la figure 3.1.6 mettent en évidence les effets des différents déterminants. Encore une
fois, les différences entre les sexes sont minimales, même si pour Éducation les garçons sont plus privés que les filles (40,5 % contre 32 %).
Protection
Taux d'Incidence de la pauvreté
Intensité moyenne des privations
Taux d'incidence ajusté
Niveau de richesse
Habitation
Niveau de scolarité de la mère
Assainissement
Région
Eau
Milieu de résidence
Information
Sexe*
Éducation
Tableau 3.1.9. Taux de pauvreté multidimensionnelle des enfants de 12 à 17 ans, par disparité socio-économique, 2014
Total
36,1
7,7
20,8
58
32,7
74,9
69,6
34,6
24,1
Masculin
40,5
8,8
22,7
60,4
34,1
76,4
67,5
45,6
30,7
Féminin
32
6,6
19
55,7
31,5
73,5
68,1
46,4
31,6
Urbain
33,4
6,6
16
54,1
26,2
74,3
61
45,4
27,7
Rural
40,4
9,4
28,2
63,9
42,9
75,9
77,7
46,7
36,3
Centre-Est
34,3
3,1
14
48
27,8
68,8
56,1
42,9
24,1
Nord-Ouest
39
12,8
26,2
68,5
40,7
79,9
78,6
49,4
38,8
Sud-Est
35,9
12,8
26
70,1
38,5
79,3
78,4
47,6
37,3
RA Principe
38,5
0
29,5
41
12,8
83,3
66,5
40,3
26,8
Aucun
47,4
18,2
24,1
71,5
36,5
80,3
79,6
50,2
40
Primaire
39,1
7,9
23,4
64,3
39,9
75,4
75,2
45,9
34,6
Sec. ou Supérieur
23,7
2,3
12,6
36,8
12,9
71,6
42,9
43,3
18,6
Le plus pauvre
44,1
31,2
30,2
89,8
83,4
77,6
96,4
54,4
52,4
Deuxième
48,9
4
27,7
80,2
43,9
73
84,3
44,4
37,5
Troisième
39,5
0
23,3
66,6
16,9
79,7
72,6
39,2
28,5
Quatrième
28
0,4
17,4
34,7
7,2
76,7
44,4
37,3
16,5
16,3
0
2,4
7,6
3,6
66,5
10,8
35,6
3,9
Le plus riche
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
Dans le milieu rural on retrouve, en général, une proportion plus élevée d’enfants privés que dans les zones urbaines. Encore une fois, les plus grands
écarts se retrouvent dans les dimensions Habitation, Assainissement et Eau.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
73
Figure 3.1.6. Taux de pauvreté pour chaque dimension, enfants de 12 à 17 ans, par déterminant socio-économique, 2014 Par milieu de résidence
Par région
Éducation
Éducation
Protection
Information
Protection
Information
Habitation
Eau
Habitation
Eau
Assainissment
Assainissment
Urbain Rural
Par niveau de scolarité du chef de famille
Par niveau de richesse
Éducation
Éducation
Centre Est Sud Est Nord Ouest RA Principe
Protection
Information
Protection
Information
Habitation
Eau
Habitation
Eau
Assainissment
Aucun Primaire Sec-sup
Assainissment
Q1 Q2 Q3 Q4 Q5
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l´enquête MICS 5 (INS, 2016)
Encore une fois, les valeurs dans toutes les dimensions coïncident avec les régions Nord-Ouest et Sud Est. Il n’y a pas de différences significatives entre les régions pour la dimension Éducation. La région autonome de Principe présente les meilleurs résultats pour les dimensions Habitation et Assainissement, et les pires pour l’Eau. La région Centre-Est en général est bien positionnée dans toutes les dimensions.
74
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
On retrouve encore que le niveau d’instruction secondaire ou supérieur de la mère est le déterminant qui marque les différences les plus grandes dans la probabilité qu’un enfant souffre de privations. Ainsi, dans toutes les dimensions (sauf pour la dimension Protection) il y a moins d’enfants privés si les mères ont un niveau secondaire.
Le niveau de richesse est un autre déterminant important. Appartenir à une famille pauvre ou riche génère des différences significatives dans toutes les dimensions. Les écarts les plus importants se retrouvent dans les dimensions Habitation et Assainissement, et les plus bas dans la dimension Protection, ce qui confirme à nouveau la nature omniprésente de cette privation dans la société saotoméenne.
CONCLUSIONS L’approche multidimensionnelle de la pauvreté se concentre sur la situation individuelle de chaque enfant, au contraire des approches monétaires de la pauvreté ou des analyses sectorielles. L’enfant devient le centre de l’analyse, qui va essayer de déterminer dans quelle mesure il est privé de ses droits. Les résultats révèlent qu’à São Tomé-et-Principe, un pourcentage élevé d’enfants peut être considéré pauvre (70,4 %), en particulier le groupe des enfants âgés de 0 à 4 ans (80,9 %). Cependant, l’intensité de la pauvreté est relativement faible, elle dépasse 50 % chez les enfants âgés de 0 à 4 ans (elle est d’environ 30 % dans les deux autres groupes d’âge). Par rapport aux résultats de l’Afrique subsaharienne, São Tomé-et-Principe est mieux placé, sauf pour les dimensions « nutrition » et « protection » dans la petite enfance, et pour la dimension « protection » pour les autres. Il s’agit justement de cette dimension « protection » qui présente les résultats les plus
négatifs pour les trois groupes d’âge, ce qui indique que les politiques publiques doivent lutter contre cette violation des droits de façon prioritaire pour améliorer la situation des enfants. Cependant, l’analyse du chevauchement des privations, nous rappelle que cette problématique ne se présente pas seule, mais cumulée à d’autres privations. Il est nécessaire que les politiques destinées aux enfants reconnaissent la nature multisectorielle des vulnérabilités et que celles-ci soient abordées selon cette approche. Bien que le niveau de richesse et la pauvreté multidimensionnelle mesurent différents aspects du bienêtre de l’enfance, le quintile de richesse est la variable qui génère le plus de différences dans la probabilité d’être privé. Comme prévu, les enfants des ménages les plus riches sont aussi ceux qui sont les moins privés, dans pratiquement toutes les dimensions. Le milieu de résidence et le niveau éducatif de la mère ont une influence claire dans les privations des enfants, de sorte qu’un enfant qui vit dans une région rurale ou dont la mère n’a pas étudié le niveau secondaire ou supérieur est plus exposé à souffrir de privations qu’un enfant qui habite en zone urbaine ou qui est fils d’une mère plus instruite. La région de résidence est un déterminant moins évident de pauvreté multidimensionnelle, les régions Nord-Ouest et Sud-Est présentent les pires résultats. D’autre part, les différences entre les sexes sont minimales, ce qui indique que les interventions visant à améliorer l’égalité des sexes dans le pays sont efficaces.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
75
3.1.3. Les disparités interrégionales à São Tomé-et-Principe : l’indice d’équité L’INDICE D’ÉQUITÉ : APPROCHE CONCEPTUELLE D’après l’UNICEF (2012), « l’équité implique l’égalité dans l’accès aux chances de survivre, de se nourrir, d’apprendre et de se développer dans un environnement favorable et en sécurité. L’équité implique d’assurer tous les droits partout à toutes les personnes, sans distinction fondée sur leur sexe, leur race, leur revenu, leurs capacités physiques ou cognitives, leur localisation géographique ou toute autre condition». La quantification de l’équité exige de préciser deux questions essentielles que sont la méthodologie et le domaine de l’analyse. Ces deux éléments sont étroitement liés car la méthodologie à utiliser dépendra de ce que l’on veut analyser. Par exemple, il est possible d’analyser l’équité entre les garçons et les filles, entre les adultes et les enfants, ou entre les différentes zones géographiques, etc. Évidemment, toutes ces dimensions peuvent se croiser dans l’analyse pour fournir une image plus précise de l’équité dans un pays. En 2012, l’UNICEF a réalisé une étude sur l’équité au Guatemala, l’un des pays les plus inégaux au monde. La procédure utilisée pour analyser les inégalités régionales s’est fondée sur la construction d’un indice
76
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
à partir d’un ensemble d’indicateurs clé. Dans cette étude, la dimension spatiale a également été choisie comme axe structurel de comparaison. L’étude de l’équité axée sur le territoire, définie dans ce cas comme une construction socio-spatiale déterminée par les relations entre les habitants et entre eux et la nature, permet de mieux représenter leur réalité quotidienne. Les relations sociales, culturelles, économiques, environnementales et institutionnelles qui s’exercent dans un territoire déterminent le bien-être des personnes. De plus, en général, les privations qui ont lieu sur un territoire spécifique se produisent en combinaison avec d’autres carences, de sorte que l’analyse axée sur la dimension territoriale a la capacité de refléter l’ensemble des disparités. À São Tomé-et-Principe, le niveau le plus périphérique pour lequel on dispose d’informations statistiques est le sous-district (INS, 2012). Il y a 18 sous-districts avec une population moyenne de 10 409 habitants. La capitale São Tomé concentre 37,1 % de la population, le sous-district le moins peuplé est Malanza avec 1 %.
Tableau 3.1.10. Distribution de la population de São Tomé-et-Principe par sous-district, 2012 District
Lobata
Lembá
Mé Zochi
Água Grande
Cantagalo
Caué Principe
Sous-district
Habitants
%
Guadalupe
7 197
3,8
Conde
2 789
1,5
Micoló
2 179
1,2
Santo Amaro
7 842
4,2
Neves
12 205
6,5
Santa Catarina
3 165
1,7
Trindade
19 659
10,5
Bombom
10 028
5,4
Madalena
3 390
1,8
Caixão Grande
7 335
3,9
Almas
5 853
3,1
São-Tomé
69 581
37,1
Pantufo
3 510
1,9
Santana
11 551
6,2
Ribeira Afonso
6 643
3,5
São João dos Angolares
4 973
2,7
Malanza
1 914
1
Santo António
7 542
4
Total
187 356
100
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012).
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
77
Pour la mesure de l’équité entre les sous-districts, on a choisi les dimensions et les indicateurs à partir des informations disponibles dans le IVème RGPH (INS, 2012). Nous avons choisi 14 indicateurs classifiés en 7 dimensions, pour présenter de façon
multidimensionnelle la position relative de chaque sous-district par rapport aux autres. Le tableau 3.1.11 présente ces 14 indicateurs et la méthodologie de calcul.
Tableau 3.1.11. Dimensions, indicateurs et modalités de calcul Dimension
Indicateur
Formule de calcul
Revenu par habitant (IPC)
Revenu moyen par habitant du foyer
Inégalité de revenu (DI)
Valeur du revenu moyen par personne du Q1 / valeur du revenu moyen par personne du Q5
Chômage (CHO)
Nombre de personnes de 18 à 65 ans au chômage/ Nombre total de personnes de 18 à 65 ans
Enregistrement des naissances (ENR)
Nombre d'enfants de 0 à 5 ans enregistrés / total d'enfants de 0 à 5 ans
Maternité précoce (MP)
Nombre de naissances les 12 mois derniers de filles de 15 à 19 ans / nombre de filles de 15 à 19 ans
Eau
Accès à l'eau potable (EAU)
Nombre de foyers avec comme source d'eau : réseau public avec de l'eau traitée, eau de pluie, eau minérale / total de foyers
Hygiène
Accès à l'assainissement amélioré (AM)
Nombre de foyers avec un système d'assainissement connecté au réseau d'égouts ou à une fosse septique / Total de foyers
Enfants qui habitent dans des ménages avec de l'électricité (ELE)
Nombre d'enfants qui habitent dans des foyers avec de l'énergie électrique / Total de foyers
Foyers avec le sol en terre battue ou bois (SOL)
Nombre de foyers avec le sol en terre ou bois / Total de foyers
Foyers avec les murs construits avec des matériels non adéquats (MUR)
Nombre de foyers avec les murs en bois/bambous/zinc ou autres / Total de foyers
Surpeuplement des logements (SL)
Nombre de foyers avec 3 personnes ou plus par chambre / Total de foyers
Accouchements assistés par du personnel qualifié (APQ)
Nombre d'accouchements assistés/ total d'accouchements
Taux net de scolarité primaire (TSP)
Nombre d'enfants de 6 à 11 ans scolarisés en primaire (de la 1ère à la 6ème classe) / total d'enfants de 6 à 11 ans
Taux net de scolarité secondaire (TSS)
Nombre d'enfants de 12 à 17 ans scolarisés en secondaire (de la 7ème à la 12ème classe) / total des enfants de 12 à 17 ans
Bien-être Economique
Protection
Habitation
Santé
Éducation
Note : La valeur de chaque indicateur doit être calculée pour chaque sous-district. Source : Élaboré par les auteurs
78
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
La valeur des indicateurs originaux pour chaque sous-district est normalisée pour être représentée sur une échelle ordinale de 0 à 100 %. Une valeur de 100 % signifie que le sous-district est le mieux placé pour cet indicateur, et une valeur de 0 % le contraire. Les détails sur les formules statistiques sont présentés à l’annexe 2.
LES RÉSULTATS Le tableau 3.1.12. présente les 18 sous-districts par ordre d’équité. Les sous-districts avec les valeurs en dessous de la moyenne de 56,4 %, sont signalés en couleur rosée : Santa Catarina, Malanza, Ribeira Afonso, Santana, Almas, Madalena et Micoló. La carte 3.1.1 présente la répartition géographique de l’équité à São Tomé-et-Principe. Le sous-district le moins équitable est Santa Catarina (18,1 %) dans le district de Lembá. Le suivant est Malanza (32,6 %) à Caué. A l’opposé, le plus équitable est la capitale de São Tomé (81,6 %), à Agua Grande, puis Condé (76,3 %) à Lobata.
Carte 3.1.1. Indice d’équité appliqué aux sous-districts de São Tomé-et-Principe, 2012 Conde Micoló Guadalupe S Amaro Madalene
Sao Tomé
Neves Trindade
C. Grande
Pantufo Bombom Alamas
Santo Antonio
Santana
Santa Catarina
Malanza
Riberia Afonso
J. Angolares
75 % - 90 % 60 % - 75 % 45 % - 60 % 30 % - 45 % 15 % - 30 %
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012).
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
79
40 30
Sao Tomé
Conde
Santo Amaro
Bombom
Trinidade
Guadalupe
Neves
Micoló
Madalena
Almas
Malanza
50
Santa Catarina
60
Santana
70
Ribiera Afonso
80
S.J. Angolares
90
Caixao Grande
100
Pantufo
Graphique 3.1.13 : Indice d’équité et population, par sous district, 2012
Sto. António
Le graphique 3.1.13 présente les valeurs de l’indice équité pour chaque sous-district, en combinaison avec la population de chaque sous-district.
20 10 0 Note : La taille des cercles indique la population Source : Elaborée par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012)
Le graphique 3.1.14 présente le degré d’équité de chaque indicateur, 100 étant la valeur optimale. On voit qu’entre les sous-districts, les indicateurs les plus équitables sont le taux net de scolarisation primaire, les matériaux de construction des murs du
domicile (et d’un point de vue négatif, la maternité précoce et le chômage). Les grandes disparités entre sous-districts se présentent au niveau du revenu par habitant, de l’accès à l’eau et l’assainissement, et des accouchements assistés.
Graphique 3.1.14. L´équité au niveau de chaque indicateur, 2012 76,1
69,7 58,5
64,1 52,6
49,8
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Taux net de scolarisation secondaire (TSS)
Taux net de scolarisation primaire (TSP)
Accouchements assistés par du personnel qualifié (APQ)
Surpeuplement des logements (SL)
Foyers avec les murs construits avec des matériels non adequats (MUR)
Foyers avec le sol en terre battue ou bois (SOL)
Enfants qui habitant dans des ménages avec de l'électricité (ELE)
Accès à assainissement amélioné (AM)
Eau
Maternité précoce (MP)
Enregistrement des naissances (ENR)
Source : Elaborée par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012)
80
77,7
69,6
40,1
Chômage (CHO)
Inégalité de revenu (DI)
Revenu par habitant (IPC)
61,9
52,8
37,5
35,5
71,7
EAU
AM
ELE
SOL
MUR
SL
APQ
TSP
TSS
0
0
0
0
0,1
0
0
47,2
100
0
31,9
65,2
49,8
18,1
Malanza
0
90
100
48,3
77
0
13,2
41,7
84,2
14,3
68,2
37,1
0
0
32,6
Ribeira Afonso
32,3
20,6
79,8
48
73,7
21,6
25,2
25,3
79,1
74,8
57,8
17,2
33,6
35,2
37,5
Santana
33,7
10
44,1
68,3
75,8
67
27,2
55,6
37,8
76,2
84
0
70,6
55,5
46
Almas
59,1
7,5
94
17,1
98,9
24,5
44,1
62,8
0
46,9
77,4
22
80,4
69,7
46,3
Madalena
72,9
6,1
93,5
79
81
23,1
15,4
63,3
56,9
99,2
60
44,2
93,4
62,9
52,6
Micoló
7
79,9
86,6
52,6
77,7
70,5
2,8
45,3
68,4
71
68,1
73,6
91,6
29,5
56,2
Caixão G
5,5
23,1
72,3
55,4
89,4
72,5
35,1
81,4
8,9
68,1
82,8
46,6
92,7
84,2
58,4
S. J. Angolares
21,3
40,3
88,8
100
88,9
46,5
38,4
45,7
60,8
0
43,1
100
33,7
50,9
58,5
Neves
10,3
1,8
91,7
57,9
76,9
64,8
24,9
72,9
56,8
99,8
58,7
72
84,3
67,8
58,8
Guadalupe
56,7
27,3
59,5
76,4
47,2
49,7
69,6
64,1
74,8
79,4
77,6
33,5
94,2
65,2
59,4
Trindade
60,5
29,7
65,9
50,6
95,1
62,3
44,2
74,3
41,9
79,4
71,6
33,7
96,5
88,6
60,6
Bombom
34,5
23,9
63,9
51,6
91,2
83,6
48,3
79,3
9,3
72
94,4
45,4
90,5
71,5
62
Santo Amaro
28,7
52,3
68,8
63,7
79,1
54,2
32,5
64,2
61,6
97,4
58
69
94,9
79,3
62,1
Santo Antonio
74
46,2
87,7
95,8
56,6
36,9
54,9
100
100
42,3
91,8
77,2
100
100
71,1
Pantufo
8,9
100
55,1
64,4
68,1
94,8
100
79,7
27,1
93,5
93,2
67,4
93,1
59,6
76,1
Conde
31,9
89,2
45
46
100
100
58
59,5
24,6
90,4
66,8
95,8
94,3
89,4
76,3
São Tomé
100
26,5
57,7
77,8
93,7
79
87,7
98,8
56,2
85,5
100
80,2
88,8
94,8
81,6
INDICE D’ÉQUITÉ
MP
ÉDUCATION
ENR
1,1
SANTÉ
HYGIÈNE
CHO
HABITATION
EAU
DI
Santa Catarina
SOUS DISTRICT
IPC
PROTECTION
BIEN-ÊTRE ECONOMIQUE
Tableau 3.1.12. Valeurs normalisées de chaque indicateur et de l’indice d’équité, 2012 (%).
Source : Élaborée par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012)
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
81
Les cartes suivantes présentent la situation d’équité par rapport à certains indicateurs clé : le niveau de revenu, l’accès à des installations d’assainissement
améliorées, les taux de scolarité primaire et secondaire et l’enregistrement des naissances.
Carte 3.1.2. L’équité dans le revenu par habitant, par sous-district (2012) Conde Micoló Guadalupe S Amaro Sao Tomé
Madalene Neves
Pantufo Bombom
C. Grande Trindade
Santo Antonio
Alamas
Santana
Santa Catarina
Malanza
Riberia Afonso
75 à 90 %
J. Angolares
60 à 75 % 45 à 60 % 30 à 45 % 15 à 30 %
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012).
Carte 3.1.3. L’équité dans l’accès aux installations d’assainissement améliorées, par sous-district (2012) Conde Micoló Guadalupe S Amaro Sao Tomé
Madalene Neves C. Grande Trindade
Pantufo Bombom Alamas
Santo Antonio
Santana
Santa Catarina
Malanza
Riberia Afonso
J. Angolares
80 à 100 % 60 à 80 % 40 à 60 % 20 à 40 % 0 à 20 %
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012).
82
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Carte 3.1.4. L’équité dans la scolarisation primaire, par sous-district (2012) Conde Micoló Guadalupe S Amaro Sao Tomé
Madalene Neves Trindade
C. Grande
Pantufo Bombom Alamas
Santo Antonio
Santana
Santa Catarina
Malanza
Riberia Afonso
80 à 100 %
J. Angolares
60 à 80 % 40 à 60 % 20 à 40 % 0 à 20 %
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012).
Carte 3.1.5. L’équité dans la scolarité secondaire, par sous-district (2012) Conde Micoló Guadalupe S Amaro Madalene
Sao Tomé
Neves Trindade
C. Grande
Pantufo Bombom Alamas
Santo Antonio
Santana
Santa Catarina
Malanza
Riberia Afonso
J. Angolares
80 à 100 % 60 à 80 % 40 à 60 % 20 à 40 % 0 à 20 %
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012).
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
83
Carte 3.1.6. L’équité dans l’enregistrement des naissances, par sous-district (2012) Conde Micoló Guadalupe S Amaro Madalene
Sao Tomé
Neves Trindade
C. Grande
Pantufo Bombom Alamas
Santo Antonio
Santana
Santa Catarina
Malanza
Riberia Afonso
J. Angolares
80 à 100 % 60 à 80 % 40 à 60 % 20 à 40 % 0 à 20 %
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012).
Les cartes rendent visible la relation entre assainissement et niveau de revenu (Cartes 3.1.2 et 3.1.3). La scolarité primaire par contre montre une relation très faible avec le niveau de revenu (3.1.4) à cause des progrès dans la suppression des barrières d’accès (l’expansion du réseau et la gratuité). Cependant, au niveau secondaire (3.1.5) la liaison avec le
84
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
revenu réapparaît. L’enregistrement des naissances (3.1.6) montre l’influence positive de la maternité de Sao Joao dos Angolares. Santa Catarina, le district le plus pauvre, est également celui qui montre le plus de faiblesses dans l’enregistrement des naissances, malgré la présence de la maternité de Lembá.
3.1.4. Le droit à la protection sociale La protection sociale qui nous intéresse ici est toute intervention publique qui vise à réduire la vulnérabilité économique ou sociale. Le concept de vulnérabilité complémente celui de la pauvreté parce qu’il est dynamique et peut intégrer l’action institutionnelle : la vulnérabilité est l’interaction entre l’exposition aux différents risques et la capacité des individus de faire face à ces risques (UNICEF, 2012), et cette capacité (résilience) est fortement déterminée par l’intervention publique (au moyen des politiques économiques et sociales). La protection sociale vise donc à renforcer la résilience de la population face aux risques sociaux et économiques. La protection sociale n’est pas réservée aux populations les plus pauvres. En l’absence de filets de sécurité sociale, toutes les personnes sont en risque d’affronter des chocs économiques ou sociaux dans leur vie comme une maladie qui empêche de travailler, la période post natale, une intervention de santé coûteuse dans la famille, le décès du principal soutien financier de la famille etc… Développer des systèmes de protection sociale avec une approche universelle et inclusive est essentiel pour le développement pour une cohésion sociale.
Figure 3.1.7 : Composantes de la protection sociale sensible aux enfants d’après l’UNICEF (2012)
D’après l’UNICEF (2012) la protection sociale est un “ensemble de politiques et de programmes publics et privés visant à prévenir, réduire et éliminer les vulnérabilités économiques et sociales face à la pauvreté et aux privations”.
PROTECTION SOCIALE SENSIBLE AUX ENFANTS (CHILD SENSITIVE)
L’approche « sensible aux enfants » implique le besoin d’intégrer une perspective de cycle de vie dans la définition des politiques de protection sociale : les vulnérabilités des enfants sont très différentes de celles des adultes, car ils sont en plein développement et sont très dépendants de leur environnement immédiat et des services publics. De plus, les conséquences des violations de leurs droits sont plus négatives car elles ont des conséquences irréversibles (ex : éducationnelles, nutritionnelles, de santé etc.).
Transferts sociaux
Transferts monétaires (pensions, transferts pour enfants "child-benefits") Transferts en espèces (programmes alimentaires, compléments nutritionnels, intrants agricoles)
Programmes pour assurer l´accés aux services de base
Enregistrement des naissances Suppression des frais d´utilisation Assurance de santé
Services d´appui et de garde
Services d´attention psychosociale aux familles Programmes de garde à domicile Services de garde pour la petite enfance
Législation et politiques pour l´equité et la non discrimination dans l´accés aux services et aux sources de revenus
Salaire minimum Congés de maternité et paternité Politiques et lois anti-discrimination sur le marché du travail
Source : Unicef (2012)
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
85
Le Tableau suivant présente la matrice de l’intervention publique en matière de protection sociale selon l’approche de l’UNICEF
Tableau 3.1.13 : Matrice de la protection sociale à São Tomé-et-Principe Interventions publiques de protection sociale orientées vers les familles et les enfants à São Tomé-et-Principe Orientées vers les familles
Orientées vers les enfants et aux adolescents
Transferts sociaux
Monétaires
Transferts monétaires contributifs (Pensions de retraite de l’INSS, contingences) Transferts non contributifs : personnes âgées qui ont contribué partiellement Transferts non contributifs aux personnes ayant des besoins spéciaux
Transferts monétaires conditionnés aux mères de famille «Maes carenciadas» Transferts monétaires aux enfants orphelins
En espèce
Programmes d’alimentation (cantines sociales) pour les personnes âgées « plat chaud »
Programme national de l’alimentation et de santé scolaire Suppléments nutritionnels aux femmes enceintes
Programmes d’appui pour accéder aux services sociaux de base
À la santé
Subventions aux médicaments
Programme des 1000 premiers jours Gratuité dans les services de base pour les enfants de 0 à 5 ans Gratuité des services de santé reproductive pour les adolescents
À l’éducation
Programmes d’alphabétisation des adultes
Programmes de transport scolaire gratuit
De génération de revenu
GIME (Groupes d’intérêt dans l’entretien des routes) Microcrédit aux femmes
Autres
Campagnes d’enregistrement des naissances
Services sociaux d’appui et de garde Centres pour les enfants dans la rue Programmes d’éducation parentale (1000 jours) Crèches, jardins Législation et politiques pour l’équité et la non-discrimination dans l’accès aux services et aux sources de revenu
Législation
Politiques
Loi n°7/04 cadre sur la protection sociale
Liste des pires formes de travail interdites aux enfants Proposition de loi sur la protection des enfants et jeunes en situation de risque (finalisée en 2014) Proposition de loi d’accueil institutionnel (finalisée en 2014) Proposition de loi sur les familles d’accueil (finalisée en 2014)
Stratégie nationale d’égalité et d’équité de genre Politique et stratégie de protection sociale (approuvée en 2015)
Stratégie d’éducation inclusive (2010) Politique d’éducation (2012) vise à la suppression des coûts dans les niveaux préscolaire et secondaire Politique de nutrition et d’alimentation (2013) Plan national contre le travail des enfants (2014)
Source : Élaboré par les auteurs
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
LA PROTECTION SOCIALE À STP Les enquêtes nationales sont une bonne source pour évaluer la proportion de la population qui reçoit des aides sociales (contributives et non contributives) et pour analyser les disparités dans l’accès à la protection sociale. À São Tomé-et-Principe, malheureusement les enquêtes récentes ne comprennent pas la dimension de la protection sociale. Les estimations issues des données administratives permettent de déduire que les programmes d’appui alimentaire ont une couverture estimée à 68,6 % et ceux de transferts monétaires conditionnés de 13,7 % (UNICEF, 2011). La loi sur la protection sociale (n°7/2004) conçoit une division en trois niveaux d’attention : protection sociale pour les citoyens (non contributive), obligatoire (travailleurs salariés et indépendants), et complémentaire (pensions privées non obligatoires). L’analyse de l’intervention publique en matière de protection sociale non contributive pour les enfants à São Tomé-et-Principe montre un éventail d’initiatives pertinentes, mais avec des lacunes concernant la couverture (Selvester, 2011) et sans articulation (à l’exception du Programme des 1000 premiers jours critiques). Cette approche de programmes dispersés ne réussit pas à créer un socle de protection minimale pour la population. Il n’y a pas de programme universel de bénéfices familiaux pour les enfants.
montrent que là où il y a suppression des frais liés à la scolarité avec une offre publique suffisante (enseignement primaire, vaccination, enregistrement des naissances etc.), les disparités se réduisent substantiellement et on obtient des chiffres d’utilisation très élevés. Les transferts monétaires aux familles en situation de pauvreté avec des enfants doivent servir à complémenter temporairement les revenus pour leur garantir l’accès à des biens alimentaires et de consommation essentiels. Cependant, pour garantir l’accès aux services d’éducation ou de santé, il semble plus efficace de travailler dans la suppression des frais de services («user fees »), que de fournir des transferts conditionnés pour que les familles qui les reçoivent paient pour ces services : c’est une façon de financer l’accès aux services indirecte et coûteuse. La Banque mondiale (BM) et l’UNICEF ont des approches différentes par rapport à la conditionnalité, cependant, les deux organisations travaillent en partenariat dans la promotion d’une approche systémique et intégrée de la protection sociale28 : les vulnérabilités sociales, économiques et sanitaires sont étroitement liées, et requièrent une intervention intégrale simultanée.
LA POLITIQUE DE PROTECTION SOCIALE
La protection sociale contributive n’est pas directement orientée vers les enfants mais a des effets positifs sur le revenu et la sécurité du foyer, en 2012, seulement 23,7 % de la population salariée était affiliée à l’INSS, la majorité étant des employés publics (77,4 %) ce qui met en évidence un niveau bas d’affiliation. 4437 personnes âgées (45 %) recevaient une pension de retraite, ce qui représente 45 % des personnes de plus de 60 ans. 75 % des personnes âgées du pays reçoivent des pensions, même si le montant est insuffisant (Politique de protection sociale, 2013).
La direction de la protection sociale du MSAS (maintenant le MEAS), le comité de PS29, avec l’appui d’UNICEF et de la Banque mondiale ont développé une politique et une stratégie nationale de protection sociale en 2013, approuvée par le pouvoir exécutif en septembre 2015. Le développement de cette politique est aligné avec l’axe 3 « Création d’opportunités d’augmentation et de diversification des revenus » de la deuxième stratégie de lutte contre la pauvreté (2012-2016).
L’UNICEF (2012) promeut activement le développement de systèmes intégrés de protection sociale pour l’enfance, avec une approche universelle, inclusive et contextuelle (spécifique pour chaque pays), et préconise les interventions non conditionnées27. À São Tomé-et-Principe, pour que les enfants puissent fréquenter le préscolaire et le secondaire, il est fondamental d’étendre le réseau des services et de garantir la suppression des frais de scolarité. Les indicateurs sociaux de São Tomé-et-Principe
La mise en œuvre de la stratégie de protection sociale va développer des outils fondamentaux pour la gestion multisectorielle. La direction de la protection sociale travaille en ce moment dans le développement d’un système d’information qui va inclure un registre unique des bénéficiaires, un système de suivi et d’évaluation et un système de réclamations, (qui est fondamental pour éviter les problèmes d’irrégularités dans les paiements qui sont très courants dans les programmes de transferts monétaires).
Les interventions non conditionnées semblent plus proches d’une perspective universaliste des politiques sociales et de droits humains. La conditionnalité implique une augmentation des coûts administratifs et des erreurs d’inclusion et d’exclusion classiques de la focalisation qui sont difficiles à surmonter. Jusqu’à cette date, il n’y a pas d’évidence scientifique qui prouve que la demande de services augmente comme conséquence de la conditionnalité. 28 Cf. UNICEF et Banque mondiale (2013), “Common Ground, Unicef and World bank approaches to Building Social Protection Systems” 29 Comité intersectoriel ad hoc créé pour superviser le processus d’élaboration de la politique de PS 27
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
87
Au niveau programmatique, la nouvelle politique va supposer l’augmentation des bénéfices des transferts monétaires et le développement d’un fonds de travaux publics et civiques. Le développement des capacités du personnel technique de la direction est un autre axe de travail important. De plus, cela aura un effet positif dans la mise en œuvre de la politique de protection des enfants, que la direction doit également coordonner. Le financement de la politique est un défi important, car la mise en œuvre implique une augmentation importante des ressources budgétaires allouées à la protection sociale. Il serait important de maintenir le financement au niveau du trésor ou au niveau de fonds extérieurs non remboursables (donations). En 2015, le budget général de l’État a alloué à la protection sociale 41 % de ce que prévoit la politique de protection sociale (36 977 millions de dobras, 89 934 millions si on considère les programmes de sécurité alimentaire du ministère de l’Agriculture et du Développement rural). Graphique 3.1.15 : Financement alloué à la protection sociale et distribution par programme, 2015 (en millions de dobras) 70000
50000 40000 30000 20000 10000 2013
2015
Groupes d'Interêt dans l'entretien des routes GIME (MOPRN)
Alimentation Scolaire (PNASE-MECS)
Sécurité alimentaire (MADR)
Dir. Protection Sociale (MEAS)
Cultures alimentaires (MADR) Source : Élaboré par les auteurs à partir du budget général de l´État 2015
88
São Tomé-et-Principe a bien identifié les problématiques du secteur de la protection sociale. Le pays a développé une politique et une stratégie qui aborde les questions essentielles de l’expansion progressive de programmes essentiels, amélioration des prestations, l’articulation intersectorielle, développement de systèmes de gestion, d’information et de suivi et renforcement des capacités des ressources humaines de la direction de la protection sociale. L’obtention des financements nécessaires pour la mise en œuvre de la politique de protection sociale est un des défis. Un autre défi, est la mise en œuvre de la politique, si le pays opte pour la conditionnalité dans les bénéfices pour les enfants (les transferts monétaires), il serait important de garantir que la conditionnalité aille de pair avec l’expansion de l’offre et de la qualité des services, en particulier l’éducation préscolaire. Il est important d’éviter que l’abandon scolaire à cause du manque d’efficience interne pénalise les familles qui reçoivent les bénéfices.
60000
0
ACTIONS CLÉ
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
3.2. Le droit des enfants à la survie, au développement, à jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de soins médicaux DROITS CONVENTION RELATIVE AUX DROITS DE L’ENFANT
CHARTE AFRICAINE DES DROITS ET DU BIEN-ÊTRE DE L’ENFANT
Article 6 : 1. Les États parties reconnaissent que tout enfant a un droit inhérent à la vie. 2. Les États parties assurent dans toute la mesure possible la survie et le développement de l’enfant.
Articles 5 ; 14 et 20(2) (a).
Article 24 : 1. Les États parties reconnaissent le droit de l’enfant de jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de services médicaux et de rééducation. Ils s’efforcent de garantir qu’aucun enfant ne soit privé du droit d’avoir accès à ces services. 2. Les États parties s’efforcent d’assurer la réalisation intégrale du droit susmentionné et, en particulier, prennent les mesures appropriées pour : a) Réduire la mortalité parmi les nourrissons et les enfants; b) Assurer à tous les enfants l’assistance médicale et les soins de santé nécessaires, l’accent étant mis sur le développement des soins de santé primaires; c) Lutter contre la maladie et la malnutrition, y compris dans le cadre de soins de santé primaires, grâce notamment à l’utilisation de techniques aisément disponibles et à la fourniture d’aliments nutritifs et d’eau potable, compte tenu des dangers et des risques de pollution du milieu naturel; d) Assurer aux mères des soins prénatals et postnatals appropriés; e) Faire en sorte que tous les groupes de la société, en particulier les parents et les enfants, reçoivent une information sur la santé et la nutrition de l’enfant, les avantages de l’allaitement au sein, l’hygiène et la salubrité de l’environnement et la prévention des accidents, et bénéficient d’une aide leur permettant de mettre à profit cette information; f) Développer les soins de santé préventifs, les conseils aux parents et l’éducation et les services en matière de planification familiale. (…)
CONSTITUTION DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DE SÃO TOMÉ-ETPRINCIPE Article 50 : Droit à la protection de la santé 1. Toute personne a droit à la protection de la santé et le devoir de la défendre. 2. Il appartient à l’État de promouvoir la santé publique, qui vise à garantir le bien-être physique et mental des populations et leur intégration équilibrée dans l’environnement socio-écologique dans lequel ils vivent, selon le système national de santé.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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DÉVELOPPEMENTS LÉGISLATIFS NATIONAUX
POLITIQUES NATIONALES
Décret-loi nº59/80 approuvant le Code sanitaire de la République démocratique de São Toméet-Principe, régulant les attributions de l’État relatives à la santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile, définissant les responsabilités des institutions publiques et consacrant le principe d’universalité sur la santé.
Carte sanitaire (2012) Politique nationale de santé (2012) Plan national de développement sanitaire (2012) Politique nationale de lutte contre le SIDA (2003). Politique nationale de lutte contre le paludisme (2003).
Décret-loi nº7/81 de création du Service national de santé (SNS), définissant et organisant la structure des services et des activités institutionnelles des soins de santé aux enfants et aux femmes. Il organise le système en trois niveaux : les postes de santé, les centres de santé des districts pour le niveau primaire et les hôpitaux pour le niveau secondaire et les spécialisations.
Plan national de santé reproductive (2012-2016), Feuille de route nationale pour accélérer la réduction de la mortalité maternelle et néonatale (2008-2015) Politique de nutrition et d’alimentation (2013)
3.2.1. État des lieux, principaux enjeux et disparités LA MORTALITÉ MATERNELLE ET DES ENFANTS Les taux de mortalité maternelle, néonatale (des enfants de 0 à 28 jours), infantile (enfants de moins de 1 an) et infanto-juvénile (enfants de moins de 5 ans)
montrent des réductions substantielles et continues depuis 1995.
Graphique 3.2.1 : Evolution du taux de mortalité maternelle à São Tomé-et-Principe de 1990 à 2013, pour 100 000 naissances vivantes 450 400 350 300 250 200 150 100 50 0
410
Objectif OMD = 17 / 100.000 360 300 189,3
260 210
151,3
78,4
62 1990
1995
2000
Calculs MMEIG
2005
2013
Ministère de la Santé
Sources : Élaboré par les auteurs à partir des données de la direction des soins de santé, Ministère de la Santé (dans le 3ème rapport OMD, UNDP São Tomé-et-Principe) et du United Nations Maternal Mortality Estimations Interagency Group (MMEIG)
90
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
L’enquête MICS 5 (INS, 2016) présente des conclusions parallèles aux données du Ministère de la Santé : d’après le rapport préliminaire de l’enquête, le taux de mortalité maternelle à São Tomé-et-Principe est de 79/100 000 naissances vivantes. La tendance à la réduction est claire, mais l’objectif OMD national de réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux
de mortalité maternelle (équivalent à 62/100 000 en 2015) n’est pas atteint (PNUD, 2014). À São Tomé-et-Principe un nombre croissant d’enfants atteint l’âge de 5 ans. L’évolution des taux de mortalité infantile30 et infanto-juvénile31 montre une réduction continue depuis 1995.
Graphique 3.2.2 : Evolution des taux de mortalité infantile et infanto juvénile, de 1995 à 2015 (pour mille naissances vivantes) 138
Mortalité Infanto juvénile, Objectif ODM 2015 = 45 Mortalité Infantile, Objectif ODM 2015 = 29 108
66
86
63 43
63 45 1995
1999
2006
Taux de mortalité Infanto-juvénile
38
32
2009
2014
Taux de mortalité Infantile
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l’enquête MICS 1 (INS, 1995), de l’enquête MICS 2 (INS, 2000), de l’enquête MICS 3 (INS, 2006), EDS (INS, 2009), de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
Cette réduction de la mortalité de la petite enfance va de pair avec les tendances internationales. Les calculs du Groupe Inter-agences pour l’estimation de la mortalité infantile UN IGME permettent d’établir
l’évolution de ces indicateurs (de 1990 à 2013), et de les comparer avec la moyenne de la région de l’Afrique de l’Ouest et centrale.
Figure 3.2.1. Evolution des taux de mortalité infanto-juvénile, infantile et néonatale de 1990 à 2013 (pour mille naissances vivantes) São Tomé-et-Principe
Afrique centrale et de l’Ouest 197
200 180
Réduction de 53,6 %
160 140 120
Réduction de 47,1 %
Réduction de 40,6 %
110
Réduction de 44,6 % 109
Réduction de 37,3 %
Réduction de 27 %
115
100 80 60
72
70 51
40
37
20 0
Mortalité infanto-juvénile
Mortalité infantile
32
48
35
19
Mortalité néonatale
Mortalité infanto-juvénile
Mortalité infantile
Mortalité néonatale
Sources : Élaborés par les auteurs à partir des calculs de UN IGME (2013) 30 31
Probabilité de décéder entre la naissance et le premier anniversaire Probabilité de décéder entre la naissance et le cinquième anniversaire
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
91
Les chiffres de départ et les progrès de São Tomé-etPrincipe dans la réduction des taux de mortalité néonatale, infantile et infanto-juvénile sont clairement supérieurs à ceux de l’ensemble de la région. L’OMD « Réduire de deux tiers, de 1990 à 2015 la mortalité des enfants de moins de 5 ans » (45 pour mille) est atteint à São Tomé-et-Principe depuis 2014 (date de réalisation de l’enquête MICS 5).
Cependant, il est nécessaire de réduire le taux de mortalité des enfants de moins de 1 an (32 pour mille d’après l’enquête MICS 5) et celui des nouveaux nés, qui représente 41,9 % des cas de mortalité des enfants de moins de cinq ans (cf. graphique 3.2.4).
L’INFLUENCE DES DÉTERMINANTS SOCIO-ÉCONOMIQUES DANS LA MORTALITÉ DE LA PETITE ENFANCE Graphique 3.2.3. Évolution des taux de mortalité infantile et infanto-juvénile, par région 2009 et 2014 300 250 200 150 100 50 0
57 85 61 71 2009
16
56
61
36
31
41
47
2014
Mortalité U5 Principe
35
2009
31 5 19 8 26
42 25 30 2014
Mortalité in fantile Nord Ouest
2009
25 (*) 29 10 15 2014
Mortalité Néonatale
Sud Est
Centre Est
(*) Les données relatives à Principe proviennent de cas très peu nombreux, elles doivent être prises avec précaution. Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l’enquête MICS 5 (INS, 2016), EDS (INS, 2009)
Le graphique 3.2.3 présente une réduction significative de la mortalité infanto-juvénile et infantile dans l’ensemble des régions, les régions Nord-Ouest et Centre-Est ont les moins bonnes performances. La mortalité infantile à Principe semble s’être aggravée
92
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
(le taux est passé de 5 pour 1000 en 2009 à 25 pour 1000 en 2014), mais les statistiques sont produites à partir de cas très peu nombreux, il convient donc de prendre ces données avec précaution.
Figure 3.2.2. Les déterminants socio-économiques de la mortalité des enfants, 2014 Taux de mortalité néonatale, principaux écarts par déterminant socio-économique (pour mille) 47
Région
Scolarité de la mère
Niveau de richesse
Taux de mortalité infantile, principaux écarts par déterminant socio-économique, (pour mille)
26 12
Age de la mère
25
Ordre de naissance
3 ans
2 ans
4éme ou plus
6
1 er
Entre 35 et 49 ans
10 Mois de 20 ans
17
40 % plus riche
18
60 % plus plauvre
Aucun
Sud Est
Nord Ouest
Mileu
23
Secondaire
16
10
Rural
Urbain
29
19
17
Intervale des naissances
Taux de mortalité infanto-juvénile, principaux écarts par déterminant socio-économique, (pour mille)
42
40 % plus riche
30
60 % plus plauvre
Secondaire
Nord Ouest
Rural
60 % plus plauvre
Secondaire
Aucun
Sud Est
Nord Ouest
Rural
Urbain
37
35
26
25
50
45
44
Aucun
42
Urbain
30
33
Sud Est
31
40 % plus riche
32
56
35
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
A partir des données de l’enquête MICS 5 (INS, 2016), représentées à la figure 3.2.2, on peut conclure que la région de résidence est le déterminant le plus important de la mortalité des enfants. Sauf dans le cas de la mortalité néonatale, où le déterminant le plus important est l’âge plus avancé de la mère (entre 35 et 49 ans). La région Nord-Ouest est celle qui a les taux de mortalité des enfants les plus élevés (29/1000 néonatale, 42/1000 infantile et 56/1000 infanto-juvénile). Le niveau de richesse est important dans le cas de la mortalité infantile et infanto-juvénile, mais pas au niveau de la mortalité néonatale, ce qui révèle l’impact positif des politiques universelles de santé reproductive. Au niveau de la mortalité néonatale, mis à part l’âge de la mère, des naissances trop peu espacées (2 ans) ou nombreuses (4 ou plus) sont également des déterminants importants de mortalité.
LA RÉALITÉ DERRIÈRE LES CHIFFRES : LA VULNÉRABILITÉ SANITAIRE DES NOURRISSONS De même que sur le plan international, à São Toméet-Principe, la mortalité des enfants de moins de cinq ans a baissé plus rapidement que la mortalité néonatale. La période néonatale (les 28 premiers jours de vie) est la plus vulnérable pour la survie des enfants. D’après les données de l’enquête MICS 5 (INS, 2016), à São Tomé-et-Principe, presque la moitié des enfants qui décèdent avant l’âge de cinq ans décèdent durant leur premier mois de vie. La part de la mortalité néonatale dans la mortalité de la petite enfance (41,9 %) est plus grande qu’en Afrique subsaharienne (34 %) (UN IGME, 2013)32.
São Tomé-et-Principe se rapproche ainsi des régions développées, dans lesquelles le ratio de mortalité néonatale dans la mortalité de la petite enfance est de 56 % (UN IGME, 2013).
32
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
93
Graphique 3.2.4. Proportion de la mortalité néonatale et post néonatale dans la mortalité des enfants de moins de 5 ans, 2009 et 2014 2009
28,6
31,7
39,7
La part de la mortalité néonatale dans la mortalité des moins des cinq ans s´est élargie en 13 points de pourcentage depuis 2009 2014
41,9 période néonatale
32,6 de 1 mois à 12 mois
25,6 de 12 mois à 59 mois
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016), et de l’EDS (INS, 2009)
D’après l’UNICEF (2014), ces ratios élevés se produisent à cause de la réduction de la mortalité dans la période post-néonatale33, qui se réduit à un rythme plus rapide que la mortalité néonatale. Cependant, à São Tomé-et-Principe les données de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) et de l’enquête démographique et de santé (INS, 2009) révèlent une stagnation de la mortalité néonatale depuis 2009 (taux de 18 pour mille).
FAIBLE POIDS DE NAISSANCE Le faible poids de naissance (moins de 2 500 grammes) est un indicateur clé de l’état de santé des nourrissons avec des implications sur la mortalité et la morbidité. Le faible poids de naissance est dû à un retard de croissance intra-utérin ou bien à une naissance prématurée (entre autres). En 2014, 8,4 % des enfants nés depuis 2012 ont pesé moins de 2,5 kilos à la naissance, contre 18 % en l’an 2000 (14 % en Afrique de l’Ouest et centrale). C’est un bon résultat pour un pays qui a des taux d’anémie très élevés (47 % des femmes34) En 2009 à São Tomé-et-Principe, 90,7 % des femmes ont reçu des suppléments de fer pour combattre l’anémie, une des causes principales de faible poids (DHS, 2009).
33 34
Pour atteindre l’objectif de réduction de la mortalité dans la petite enfance, São Toméet-Principe doit continuer à investir dans la période néonatale, ce qui implique de garantir des interventions de santé stratégiques de grand impact qui sont bien connues : l’accès universel gratuit aux quatre visites prénatales (minimum), l’accouchement en centre de santé et avec une assistance qualifiée, et les soins post-natals de qualité. Ces actions sont très importantes pour la survie des enfants et des mères.
Le poids de naissance est fortement influencé par l’âge de la mère, le revenu et le lieu de résidence de la famille. En effet, 12,5 % de ces nouveau-nés avaient des mères âgées de moins de 20 ans, 11,5 % des enfants sont nés dans les familles les plus pauvres et 10,8 % sont nés dans la région Sud-Est.
La période post-néonatale est la période allant du premier mois de vie au 59ème mois (UNICEF, 2014b) Enquête MICS 5 (INS, 2016)
94
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Graphique 3.2.5. Taux de faible poids de naissance, principales disparités socio-économiques, 2014 (%)
Ordre de naissance
11,6
7,1
Milieu
Le plus pauvre
Q4
6,5
Supérieur
Rural
Principe
2-3
Âge de la mère
8,5
Secondaire
7,2
8,4
Urbain
7,2
1
20 - 34 ans
Moins de 20 ans
7,2
12,6
10,8
10,2
Sud Est
12,5
Scolarité de la mère
Niveau de richesse
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
IMMUNISATION La couverture vaccinale à São Tomé-et-Principe est supérieure à 90 % pour tous les antigènes du programme élargi de vaccination recommandés par l’OMS et par l’UNICEF (à l’exception du Tetanos Toxoide), ce qui dépasse largement les chiffres de la région (cf. figure 3.2.3). La zone et le milieu de
résidence sont les déterminants sociaux les plus influents : si on prend le vaccin DPT-HepB-Hib comme référence (la 3ème dose du vaccin Pentavalent) on trouve les taux de vaccination les plus faibles dans la région de Principe et en milieu rural.
Figure 3.2.3. Évolution, comparaison internationale et disparités dans la couverture des principaux vaccins à São Tomé-et-Principe 97,3
100
50
97,2
95,8
94,8
90,4
97,2
96,7
94,5
72,1
BCG
Polio 0
Polio 1
Polio 2
Polio 3
Penta 1*
Penta 2*
Penta 3*
Couverture vaccinale à São Tomé-et-Principe (2014) et en Afrique de l´Ouest et centrale (2012), en % 97,3
90,4
97,2
94,5
Rougeole
2000
(*) Le taux de vaccination Penta est à comparer au taux de vaccination DPT en 2000
100
93,0
Tetanus
2014
Couverture vaccinale Penta (3ème dose) principaux écarts par déterminant socio-économique, São Tomé-et-Principe 2014 (en %) 96,0
96,8
96,2
93,1
90
96,5 99,1 90,9
95,5 91,8
80,3
80
72,1
70
(*) Le taux de vaccination Penta est à comparer au taux de vaccination DPT en AOC
Q5
Q1
Aucune Educ. Educ. Secondaire
AOC
Tetanus
Rural
STP
Penta 3*
Urbain
Penta 1*
Principe
Polio 3
Nord Ouest
BCG
Files
50
Garçons
60
Sources : enquête MICS 2 (INS, 2000), enquête MICS 5 (INS, 2016). Les données d´AOC : Situation of the Word Children 2014 in numbers (UNICEF, 2014c) Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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LES MALADIES QUI TUENT LES ENFANTS APRÈS L’ÉTAPE NÉONATALE : LA PNEUMONIE, LA DIARRHÉE ET LE PALUDISME Figure 3.2.4. Causes de mortalité post néonatale (de 1 à 59 mois), 2013 São Tomé-et-Principe
À PRENDRE EN COMPTE : Autres 34 %
Pneumonie 22 %
Diarrhée 13 % Paludisme 13 %
Meningites 3 %
Traumatismes 11 % Rougeole 2 % SIDA 2 %
Afrique centrale et occidentale
Autres 22 %
Pneumonie 19 %
Meningites 5 %
Diarrhée 15 %
Traumatismes 6% Rougeole 2 % SIDA 3 %
Paludisme 28 %
Source : Élaborés par les auteurs à partir des données d’Unicef, A promise Renewed Progress Report, 2013
À São Tomé-et-Principe, presque la moitié (48 %) des décès des enfants de 1 à 59 mois t est due à de maladies évitables et traitables : la pneumonie, avec 22 % des décès, est la première cause de mortalité. La diarrhée et le paludisme viennent en deuxième position avec 13 % des décès. Cependant, les succès récents de la lutte contre le paludisme dans le pays vont sûrement réduire le poids de cette maladie dans la mortalité des enfants.
96
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
La pneumonie est une maladie surreprésentée parmi les causes de mortalité dans la période néonatale et post-néonatale à São Tomé-et-Principe. Elle représente à elle seule 24 % des cas de mortalité dans la petite enfance. La diarrhée est non seulement une maladie meurtrière en elle-même, mais en cas de complications, elle peut conduire à une déshydratation sévère. Elle augmente le risque de malnutrition et de vulnérabilité à d’autres maladies infectieuses (Briend, 1990 ; Peterson Zwane and Kremer, 2007, USAID, 2013). Aujourd’hui à São Tomé-et-Principe, les politiques contre le paludisme se révèlent très efficaces pour réduire l’incidence de la maladie. Il est donc prévisible que la pneumonie et la diarrhée deviennent prochainement les deux causes principales de mortalité dans la petite enfance. Interventions publiques basées sur l’évidence : actions intégrées contre la diarrhée et la pneumonie. L’UNICEF et l’OMS ont élaboré en 2013 un nouveau « Plan d’action mondial intégré pour prévenir et combattre la pneumonie et la diarrhée ». Son approche est basée sur le fait que les déterminants des deux maladies sont généralement les mêmes (pauvreté, malnutrition, manque d’assainissement) et préconise alors une approche commune et intégrée, basée sur des interventions de prévention simples et coût-efficaces, et sur des traitements simples (antibiotiques, zinc, solutés de réhydratation orale). Au niveau de la gestion, le plan identifie les éléments nécessaires pour l’intégration des actions.
D’après l’enquête MICS 5 (INS, 2016), 17,8 % des enfants de moins de 5 ans étaient atteints de diarrhée durant les deux semaines précédant l’enquête, ce qui est proche de la moyenne africaine, qui est de
16.7 % (Kanamori and Pullum, 2013). Les enfants les plus petits sont les plus atteints, et parmi eux, ceux âgés de 12 à 23 mois. Les régions Sud et de Principe sont les plus atteintes (avec 20,9 % et 19,7 %).
Graphique 3.2.6. Épisodes de diarrhées, symptômes d’IRA et fièvre chez les moins de cinq ans, par tranche d’âge (en mois), 2014 34,53 % 25,96 %
24,93 %
28,4 %
26,24 %
19,8 %
17,8 % 7,7 %
Total
23,08 %
21,69 %
18,2 %
6,3 %
6,9 %
8,0 %
0 - 11
12 - 23
24 - 35
12,6 % 9,6 %
11,6 % 7,5 %
36 - 47
48 - 59
Diarrhée
IRA
Fièvre
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
Graphique 3.2.7. Épisodes de diarrhées, symptômes d’IRA et fièvre chez les moins de cinq ans, par région, 2014 33,7 28,2 18,1
17,3
16,4
20,9
19,7
17,8 13,8
6,9
6,7
Centre Est
Nord Ouest
8,7
Sud Est Diarrhée
RA Principe IRA
Fièvre
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
L’enquête MICS 5 (INS, 2016) incorpore un module de bio-marqueurs qui a évalué la prévalence du paludisme chez les petits enfants à 0,5 % (test de diagnostic rapide) et à 0,2 % (frottis sanguin goutte épaisse)35.
35
Les enquêtes MICS ou DHS ne sont pas les meilleurs instruments pour évaluer la prévalence de la pneumonie, mais elles fournissent des renseignements effectifs par rapport aux soins de santé fournis aux enfants qui présentent des symptômes.
Les cas positifs sont trop peu nombreux pour permettre de les agréger par déterminant socio-économique
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
97
LES RÉACTIONS DES FAMILLES ET DES SERVICES DE SANTÉ FACE AUX MALADIES QUI TUENT Graphique 3.2.8. Les soins de santé essentiels reçus par les enfants présentant des symptômes de diarrhée, pneumonie ou paludisme, 2009 et 2014 (en %) 69,9 65,8
Enfants (U5) avec de la fièvre pour lesquels un conseil a été recherché Enfants (U5) qui ont dormi sous moustiquaire imprégnée d'insecticide
Fievre
Enfants (U5) avec symptômes d'IRA qui ont reçu des antibiotiques Enfants (U5) avec symptômes d'IRA pour lesquels un conseil a été recherché
IRA
Enfants (U5) avec diarrhée qui ont reçu ORT Enfants (U5) avec la diarrhée pour lesquels un conseil a été recherché
Diarrhée
Vaccination
56 61,1 60,3
47,6
74,7 68,9 57,4 55,9 51,3 54,2 77 73,9
Enfants de 12 - 23 mois qui ont reçu tous les vaccins 2009
2014
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) et EDS (INS, 2009)
Les données de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) mettent en avant les défis du système de santé du pays : la plupart des soins essentiels (ORT en cas de diarrhée, antibiotiques en cas d’IRA, test de paludisme en cas de fièvre) atteignent à peine la moitié
des enfants qui présentent des symptômes. Les progrès depuis 2009 ne sont pas évidents, sauf dans le cas de l’usage des moustiquaires imprégnées d’insecticide pour protéger les enfants la nuit (cf. graphique 3.1.7).
Graphique 3.2.9. Les soins de santé essentiels reçus par les enfants présentant des symptômes de diarrhée, pneumonie ou paludisme, par genre (%) Enfants (U5) avec de la fièvre et qui on eu un test de paludisme
41,5 42,5 63,4 67,8
Enfants (U5) avec de la fièvre pour lesquels un conseil a été recherché (a)
61,5 60,7
Enfants (U5) qui ont dormi sous moustiquaire imprégnée d'insecticide Enfants (U5) avec symptômes d'IRA qui ont reçu des antibiotiques
45,2 49,4
Enfants (U5) avec symptômes d'IRA pour lesquels un conseil a été recherché (a) Enfants (U5) avec diarrhée qui ont reçu ORT Enfants (U5) avec la diarrhée pour lesquels un conseil a été recherché (a) Enfants de 12 - 23 mois qui ont reçu tous les vaccins Feminin
Masculin
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l´enquête MICS 5 (INS, 2016
98
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
66,4 70,7 50,4 47,1
59,4
58,7 74,8 73,0
Il est surprenant de constater que les chiffres sont légèrement inférieurs pour les filles pour tous les indicateurs (sauf par rapport à l’usage de moustiquaires imprégnées d’insecticide et la vaccination). Les différences sont minimales et doivent être prises avec précaution : la perception de tous les acteurs
interrogés pour cette étude est qu’il n’existe pas de discrimination de genre à ce niveau. Cependant, l’étude sur les pratiques parentales (UNICEF, 2013c) révèle que les familles éduquent leurs enfants avec une spécificité de genre élevée en matière de soins et d’hygiène.
LES DISPARITÉS SOCIO-ÉCONOMIQUES PAR RAPPORT AUX SOINS DE SANTÉ Graphique 3.2.10. Enfants présentant des symptômes d´infection respiratoire aigüe qui reçoivent conseil sanitaire et antibiotiques, par déterminant (%)
Sexe
Enfants (U5) avec symptômes d'IRA pour lesquels un conseil a été recherché (a)
Autres
Angolar
Forro
Plus riche
Quatrième
Troisième
Deuxième
Plus pauvre
48 - 59
36 - 47
Portugais
Langue maternelle parlée dans le foyer
Niveau de richesse
Âge en mois
Cap - verdien
Milieu de résidence
Régions
24 - 35
12 - 23
0 - 11
Rural
Urbain
Principe
Sud
Nord
Centre
Masculin
Feminin
Total
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
Enfants (U5) avec symptômes d'IRA qui ont reçu des antibiotiques
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l´enquête MICS 5 (INS, 2016)
Sexe
Régions
Milieu de résidence
Enfants (U5) avec la diarrhée pour lesquels un conseil a été recherché (a)
Âge en mois
Plus riche
Plus pauvre
Supérieur
Aucun
48 - 59
36 - 47
24 - 35
12 - 23
0 - 11
Rural
Urbain
Principe
Sud
Nord
Centre
Masculin
Feminin
80 70 60 50 40 30 20 10 0
Total
Graphique 3.2.11. Enfants présentant des symptômes de diarrhée qui reçoivent conseil sanitaire et ORT, par déterminant (%)
Niveau de Niveau de scolarité richesse de la mère
Enfants (U5) avec diarrhée qui ont reçu ORT
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l´enquête MICS 5 (INS, 2016) Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
99
Graphique 3.2.12. Enfants qui dorment sous une moustiquaire imprégnée d´insecticide, et avec de la fièvre qui sont testés positif pour le paludisme et qui reçoivent du conseil sanitaire, par déterminant (%)
Sexe
Régions
Enfants (U5) qui ont dormi sous moustiquaire imprégnée d'insecticide
Enfants (U5) avec de la fièvre pour lesquels un conseil a été recherché (a)
Niveau de richesse
Autres
Angolar
Forro
Portugais
Plus riche
Quatrième
Troisième
Deuxième
Plus pauvre
48 - 59
36 - 47
24 - 35
12 - 23
Âge en mois
Cap - verdien
Milieu de résidence
0 - 11
Rural
Urbain
Principe
Sud
Nord
Centre
Masculin
Feminin
Total
90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
Langue maternelle
Enfants (U5) avec de la fièvre et qui on eu un test de paludisme
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l´enquête MICS 5 (INS, 2016)
Ces données révèlent l’importance décroissante accordée aux soins des enfants plus âgés (mais toujours dans la petite enfance) qui présentent des symptômes de paludisme, diarrhée ou IRA. Par rapport au milieu de résidence, les familles et les centres de santé des zones rurales semblent avoir un meilleur contrôle des maladies comme les diarrhées et les IRA par rapport aux zones urbaines (les taux de consultation en cas de symptômes et de traitement médical sont plus élevés dans les zones rurales). Cependant, le système de santé révèle plus de déficiences pour la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide dans les zones rurales.
LE PALUDISME : UNE INTERVENTION PUBLIQUE TRÈS EFFICACE …focalisée sur trois politiques universelles et gratuites : distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide, pulvérisation intra-domiciliaire, et diagnostic et traitement dans les centres de santé. Dans les années 80, le paludisme était à l’origine de 40 % des cas de mortalité de la petite enfance (MSAS, 2011). Le premier Plan national pour faire reculer le paludisme 2001-2010 a orienté les actions vers la prévention et la prise en charge précoce dans les centres de santé. Sa mise en œuvre a conduit à l’harmonisation de l’action de divers partenaires au développement (PNUD/Fonds Mondial, Taiwan, UNICEF, OMS, UNFPA et autres) produisant de ce fait une réduction de la mortalité causée par le paludisme de 90 % (MSAS, 2011).
100
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Le pays est considéré hypo-endémique (avec un faible taux de transmission) (MSAS, 2012). Cependant, d’après l’OMS (2013), malgré les progrès dans la réduction de la prévalence, la maladie a encore un fort potentiel épidémique. Le Plan national a été actualisé en 2011 pour la période 2012-2016, et a été mis en œuvre avec succès, en atteignant ses objectifs deux ans plut tôt que prévu. En 2014, il a été actualisé pour intégrer l’objectif de pré-élimination du paludisme dans les districts de Principe et de Lembá. Le Programme national de lutte contre le paludisme, au Centre national des endémies (CNE), s’assure de la mise en œuvre de la politique nationale contre la maladie. Les composantes clé du programme sont : i) La distribution gratuite de moustiquaires imprégnées d’insecticide et la pulvérisation intra-domiciliaire ii) Le diagnostic rapide gratuit dans le secteur public iii) Le traitement préventif intermittent (TPI) universel pour toutes les femmes enceintes iv) Le traitement avec ACT gratuit dans le secteur public v) Le traitement des gîtes larvaires à l’aide d’insecticides biologiques vi) La promotion de travaux d’assainissement de l’environnement. La continuité dans la mise en œuvre des politiques clés, un élément fondamental pour leur efficacité. La prévalence du paludisme a fortement baissé entre 2006 et 2013 (de 200 cas à 50), mais a enregistré de fortes augmentations en 2010 (20,4 %), 2011(39 %) et 2012 (65,5 %) (PNUD, 2014). Ces fortes augmentations sont dues à plusieurs facteurs, notamment à la rupture de stock de moustiquaires imprégnées d’insecticide longue durée, à la résistance
de la population à la pulvérisation intra-domiciliaire, et à la résistance du vecteur (PNUD, 2014). Depuis, le nombre de cas de paludisme a chuté (39/1000 en 2011 jusqu’à 11/1000 en 2014), de même que la mortalité (de 11 cas en 2011 à 0 en 2014) (PNUD, 2015). Principaux défis pour consolider les acquis : Au niveau des résultats : L’enquête MICS 5 (INS, 2016) révèle que dans la région Sud-Est du pays, moins de la moitié des enfants de moins de 5 ans dorment sous des MILD. L’usage de MILD chez les femmes enceintes semble évoluer lentement : presque 40 % des femmes en sont privées. Une importation de 100 000 MILD en juillet 2015 devrait suffire pour couvrir toute la population36. Le taux d’enfants testés avec de la fièvre est encore faible. Au niveau de la gestion : Dépendance excessive des fonds extérieurs, en particulier de Taiwan et du PNUD (Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme37). Difficultés de coordination entre le PNLP et le ministère de la Santé Besoin de renforcer le système de vigilance, de suivi et d’évaluation
LES SUCCÈS DE LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA À SÃO TOMÉ-ET-PRINCIPE D’après l’enquête MICS 5 (INS, 2016), la prévalence du VIH SIDA est faible (0,5 % d’hommes et de femmes de 15 à 49 ans). D’après Le Programme national de lutte contre le VIH SIDA (2013), l’épidémie semble concentrée dans des groupes spécifiques (personnes en prison, professionnelles du sexe). La région de Principe est la plus atteinte (prévalence de 2,7 % pour les hommes de 15 à 49 ans), ce qui pourrait s’expliquer par l’existence de tabous et de discrimination encore élevés dans cette région, et qui font obstacle aux effets des actions de sensibilisation (da Costa Sousa, 2015). Le taux de contamination chez les femmes enceintes baisse de façon continue depuis 2005. En 2014, le taux est de 0 % d’après l’enquête MICS 5 (INS, 2016). Le Programme national de lutte contre le VIH/SIDA est chargé de la mise en œuvre de la Politique nationale de lutte contre le SIDA (2003). Le programme développe des activités de sensibilisation et fourni des moyens prophylactiques au niveau communautaire, de conseil et des tests de dépistage, et est en
charge de la prévention de la transmission verticale de mère à l’enfant. 90 % des femmes enceintes sont testées (da Costa e Sousa, 2015). Les femmes séropositives sont traitées avec des rétroviraux (AZT) et peuvent allaiter38. Le traitement combiné en une seule pilule (3 en 1) a amélioré l’adhésion au traitement. Depuis 2011, il n’y a pas de cas de transmission verticale dans le pays. Le PNLS travaille en ce moment dans la décentralisation du traitement vers les postes de santé (da Costa e Sousa, 2015). D’après la direction du programme, les principaux défis de gestion se retrouvent du côté du financement et du manque d’équipement pour réaliser les analyses pour le contrôle des patients à São Tomé (da Costa e Sousa, 2015).
LA DURABILITÉ ET LA PRÉVISIBILITÉ DU FINANCEMENT DES PROGRAMMES VERTICAUX : UNE PRÉOCCUPATION COMMUNE AUX GESTIONNAIRES DE LA SANTÉ PUBLIQUE.
Pendant les entretiens, la plupart des gestionnaires des programmes verticaux (et l’UNICEF) ont mentionné une préoccupation commune : la continuité du financement, dans un contexte de réduction progressive du financement extérieur. Les programmes verticaux responsables des progrès les plus louables du pays (Le Programme élargi de vaccination, le Programme de lutte contre le paludisme, Le Programme de lutte contre le SIDA) sont en grande partie financés par des fonds extérieurs. Le besoin d’augmenter les ressources est une préoccupation du gouvernement, qui prévoit la réalisation de tables rondes pour la mobilisation des ressources auprès des partenaires au quatrième trimestre 2015. Cependant la réflexion autour du financement des politiques publiques doit intégrer d’autres actions efficaces pour élargir l’espace fiscal : l’amélioration de la gestion des ressources publiques, la révision des allocations budgétaires selon une approche d’équité, l’augmentation de la capacité de l’État à mobiliser les ressources internes et à contrôler l’évasion fiscale, entre autres.
Financée par le PNUD/FG. Chaque MII dure 4 ans. Depuis 2005, le Fonds Mondial a approuvé un montant total de 16 729 075 USD pour la lutte contre le paludisme à São Tomé-et-Principe (3 059 430 USD pour la lutte contre le SIDA et 2 964 332 USD pour la lutte contre la tuberculose). 38 L’allaitement des femmes séropositives est une mesure qui préserve l’allaitement et qui évite de rendre visible le statut sérologique des femmes. 36 37
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
101
3.2.2. L’enjeu principal : la stagnation dans la réduction de la mortalité néonatale LES CAUSES DIRECTES DE LA MORTALITÉ NÉONATALE Figure 3.2.5. Les causes de mortalité néonatale, 2013 São Tomé-et-Principe Autres 5 %
Prématurés 5 %
Congenital 16 %
Pneumonie 26 %
Sepsis 19 % Intrapartum 29 %
Afrique centrale et de l´Ouest Congenital 7 % Autres 6 % Tetanus 3 %
Le premier jour de vie : au niveau international, plus d’un tiers de la mortalité néonatale se produit au premier jour de vie (UNICEF, 2014b). À São Tomé-etPrincipe, les données des enquêtes EDS (INS, 2009) et de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) confirment cette réalité (le nombre de cas est insuffisant pour produire des statistiques significatives).
À PRENDRE EN COMPTE :
Sepsis 16 %
Pneumonie 32 %
Dans la période néonatale, la cause principale de mortalité réside dans les complications pendant l´accouchement ou intrapartum (29 %)
Intrapartum 29 %
Régions développées Autres 13 %
Congenital 28 %
Sepsis 6 %
Prématurés 41 %
Intrapartum 11 %
Pneumonie 1 %
Source : Élaborés par les auteurs à partir des données Unicef, A promise Renewed Progress Report, 2013
102
Les graphiques ci-dessus permettent d’apprécier que les causes de mortalité néonatale à São Toméet-Principe sont très proches de celles de l’Afrique de l’Ouest et centrale, même si le pays semble répondre mieux aux infections respiratoires et à la menace du tétanos. São Tomé-et-Principe affronte encore des défis importants au niveau de la gestion des complications pendant l’accouchement (qui implique aussi un bon dépistage prénatal des risques).
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Ces complications sont normalement dues à l´obstruction de l´accouchement ou à de mauvaises présentations fœtales, qui peuvent être prévenues avec un contrôle prénatal des signes de risque (dépistage des complications) et gérées avec des ressources humaines dument formées et des équipements appropriés dans les maternités.
LES INTERVENTIONS CRITIQUES POUR COMBATTRE LA MORTALITÉ NÉONATALE : LE CONTINUUM DE SOINS L’OMS et l’UNICEF reconnaissent certaines interventions communautaires et services de santé comme critiques pour la survie des enfants et des femmes. Les soins prénatals permettent d’anticiper et de gérer des complications fréquentes, comme les infections, l’anémie, la pré-éclampsie, ou la transmission du VIH
SIDA. L’assistance qualifiée et l’accouchement médicalisé (en centre de santé) permettent d’affronter les hémorragies ou les complications intrapartum. Les soins postnatals permettent de détecter des infections dangereuses pour les nouveaux nés, comme la pneumonie ou les sepsis néonatales.
Graphique 3.2.13. Les interventions essentielles pour la survie des nourrissons, STP 2014 et les pays les moins avancés (2007-2013)
60,9 46
43
53 38,3
54
97,3 90,7 84 47
86,8
73,8
54
48
Naissance
Allaitement Exclusif
Consultation post natale mère
Consultation post natale enfant
Vaccin BCG
Accouchement en entre de santé
Assistance qualifiée pendant l´accouchement
5,6 6 Femmes enceintes qui utilisent des MII
Traitement Préventif Int. paludisme (b)
Protection contre le tétanos néonatal
Test VIH pendant les consultations prénatales
Prise de tension (a)
25 12,3
Soins prénatals STP
79 72,1
94,0
91,0
Enfant pesé à la naissance
67
92,5
45
37
4 visites prénatales
59
86,1
Initiation précoce de l’allaitement
70
Prélèvement de sang (a)
83,6
97,7
Prélèvement d´urine (a)
74
97,9
Cesariennes
99,3
97,5
1 visite prénatale
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
Soins post-natals
LDC
(a) Calculs des consultants (b) La valeur de 2014 (enquête MICS 5) considère 3 doses de Fansidar (et non 2) Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) pour STP, et UNICEF (2014) pour les PMA
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
103
En 2009, 66 % des femmes étaient informées des signes de risque de grossesse (INS, 2009). Les compléments de fer, importants pour combattre à la fois
l’anémie des mères mais aussi les problèmes d’insuffisance pondérale qui en résultent, étaient fournis à 90,7 % des femmes (INS, 2009).
Graphique 3.2.14. Évolution de certains indicateurs clé des soins essentiels depuis 2000 4 visites prénatales
Soins pré-natals
Prélèvement d´urine (a) Prise de tension (a) TPI contre le paludisme (b) Femmes enceintes dormant sous MII Protection contre le tetanos néonatal Test VIH pendant les consultations prénatales Naissance
Enfant pesé à la naissance Initiation précoce de l’allaitement Accouchement en centre de santé
Soins post-natals
Assistance qualifiée pendant l´accouchement
2000
Vaccin BCG (d) Allaitement exclusif (c) 2006
2009
2014
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l´enquête MICS 5 (INS, 2016), EDS (INS, 2009), enquête MICS 3 (INS, 2006) et enquête MICS 2 (INS, 2000)
De l’analyse des deux graphiques ci-dessus, on peut conclure que pour São Tomé-et-Principe, la valeur de la plupart des indicateurs est globalement positive et clairement supérieure à ceux du groupe des pays les moins avancés. Cependant on retrouve quelques faiblesses qui contribuent à expliquer la stagnation du taux de mortalité néonatale. L’évolution de la couverture des soins prénatals est très bonne, avec 83,6 % des femmes qui se rendent à leurs 4 visites. Cependant, il y a encore 13,7 % des femmes et des enfants qui ne reçoivent pas le nombre minimal de ces soins fondamentaux. La qualité des soins prénatals est difficile à évaluer car l’enquête MICS n’apporte pas d’informations sur des
104
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
interventions clés (comme le supplément en fer ou l’information donnée aux femmes enceintes sur les signes de grossesse à risques). Le paludisme pendant la grossesse (pouvant s’accompagner d’une anémie) reste un défi non résolu du système de santé saotoméen : l’usage de MILD chez les femmes enceintes semble évoluer lentement et environ 40 % des femmes en sont privées. La réduction du taux de femmes qui reçoivent un traitement préventif intermittent du paludisme (TPI) doit être nuancée, car l’enquête MICS 5 (INS, 2016) prend en considération 3 doses de Sulfadoxine-Pirimethamine (Fansidar) et non 2 comme le EDS (INS, 2009).
Étant donné que la plupart des décès se produisent au premier jour de vie, les soins postnatals sont essentiels pour détecter des infections respiratoires (à l’origine de 10 % des décès) et les sepsis. 90,7 % des nouveaux nés reçoivent ces soins (INS, 2016). Les problèmes se retrouvent du côté de la qualité de l’attention (Bonfim, 2015).
Le taux d’initiation précoce de l’allaitement (dans l’heure qui suit l’accouchement) à São Tomé-et-Principe (38,3 %) (INS, 2016) est inférieur à la moyenne des pays les moins avancés (53 %) et en régression depuis 2009 (45,4 %) (INS, 2009).
LES INTERVENTIONS CLÉ, LA RÉALITÉ DES MOYENNES NATIONALES Carte 3.2.1. Accouchements avec assistance qualifiée par sous-district, en pourcentage Conde Micoló Guadalupe S Amaro Sao Tomé
Madalene Neves Trindade
C. Grande
Pantufo Bombom Alamas
Santo Antonio
Santana
Santa Catarina
Malanza
Riberia Afonso
50 à 60 %
J. Angolares
60 à 70 % 70 à 80 % 80 à 90 % 90 à 100 %
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données du IVème RGPH (INS, 2012)
Plus de 9 accouchements sur 10 ont lieu dans un centre de santé, 91 % d’après la plus récente enquête MICS 5 (INS, 2016). Cependant, le IVème RGPH (INS, 2012) révèle des disparités importantes au niveau de l’attention qualifiée : le district de Cantagalo regroupe deux sous-districts dans lesquels les taux
d’accouchement assisté sont les plus bas, moins de 70 % des naissances vivantes ont lieu en centre de santé : Santana (58,3 %) et Ribeira Afonso (64,8 %). Almas, dans le district de Mé-Zochi, montre aussi des faiblesses importantes avec un taux de 66,6 %.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
105
Graphique 3.2.15. Femmes qui ont reçu des soins prénatals au moins 4 fois pendant leur dernière grossesse, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique, 2014 (%) 100
74,3
73,2
Plus pauvre
86,2
Autre langue
72,7
Angolar
24 - 34
Superieur
Aucune
Principe
Urbain
Rural
Sud
72,8
Plus riche
84,4
80,8
35 ou plus
83,8
83,6
100
92,8
Total national : 83,6 % Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l´enquête MICS 5 (INS, 2016)
Graphique 3.2.16. Assistance qualifiée pendant l´accouchement, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique, 2014 (%) 94,7
88,3
100
95,9
82,4
97,5
79,3
82,3
94,5
99,5
86,1
97,5
85
79,8
94,8
Milieu
Education mère
Région
Ordre de naissance
Âge de la mère
Naissance
Quintile
Autre langue
Cap Verdien
Plus riche
Plus pauvre
Structure Santé
Domicile
35 ou plus
Moins de 20
7 ou plus
1
Superieur
Aucune
Principe
Sud
Rural
Urbain
18,8
Langue
National : 92,5 % Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l´enquête MICS 5 (INS, 2016)
68,3
67,4
76,1
73,0
Milieu
Région
Scolarité de la mère
Ordre de naissance
Moins de 20
7 ou plus
1
Primaire
Aucune
Nord
Sud
Rural
Urbain
52,9
Âge de la mère
Total : 72,1 % Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l´enquête MICS 5 (INS, 2016). Ordre de naissance : calculs des consultants
106
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
63,0
70,0
72,0
Quintile
65,4
Autre langue
80,5
Angolar
75,6
Plus riche
72,9
35 ou plus
71,7
Plus pauvre
Graphique 3.2.17. Femmes protégées contre le tétanos néonatal, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique, 2014 (en %) 100,0
Langue
En général, les écarts les plus fréquents et systématiques se retrouvent du côté de la scolarité de la mère, de l’âge de la mère, et de l’ordre des naissances. L’influence du niveau de revenu sur les disparités : dans certains indicateurs on retrouve de très bons résultats au niveau du quintile inférieur, ce qui indique l’existence de politiques sociales efficaces dans les services sociaux de base. Les disparités par rapport à la langue sont probablement plus liées aux conditions socio-économiques des communautés d’origine, plutôt qu’à des barrières d’accès liées à la langue utilisée dans les services publics39. Par rapport aux régions, en règle générale, on trouve de très bons indicateurs dans la région autonome de Principe, et des variations dans les autres régions qui rendent difficile de déterminer une région comme la plus démunie face au système de santé.
QUESTIONS D’ÉQUITÉ : LES ENFANTS LES PLUS JEUNES NÉS DANS DES FAMILLES NOMBREUSES
L’analyse de l’accès aux soins critiques montre l’existence d’un profil d’enfants qui est plus exposé aux risques sanitaires : ceux qui sont nés dans des familles nombreuses et qui ont au moins 4 frères ou sœurs plus âgés. Les enfants qui sont nés en 7ème position sont en situation précaire par rapport à leurs frères et sœurs nés en premier, dans la majorité des indicateurs.
Distribution géographique des familles nombreuses à São Tomé-et-Principe, 2012 (%) Conde Micoló Guadalupe S Amaro Sao Tomé
Madalene Neves Trindade
C. Grande
Pantufo Bombom Alamas
Santo Antonio
Santana
Santa Catarina
Malanza
Riberia Afonso
10 % - 13 %
J. Angolares
13 % - 16 % 16 % - 19 % 19 % - 22 % 22 % - 25 %
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012)
39
Le personnel des postes de santé parle la langue des communautés de leur zone de responsabilité.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
107
LES CAUSES SOUS-JACENTES DE LA MORTALITÉ NÉONATALE Les barrières de demande : d’après l’UNICEF, la demande des services de santé de la part des femmes arrive souvent trop tard, par méconnaissance des signes de risque (Bonfim, 2015). L’exercice de « Monitoring for Results with Equity»40, réalisé par le MSAS et l’UNICEF dans le district de Caué, a révélé l’existence de différentes barrières culturelles : honte d’être enceinte (tabous sociaux), sexe masculin du médecin/infirmier, interdictions de la part des hommes. Par rapport aux maladies de la petite enfance, l’enquête des pratiques parentales (UNICEF, 2013) révèle, en général, un bon niveau de connaissances des réactions adéquates face aux maladies. Cependant, le niveau d’utilisation des services reste relativement faible. La croyance que les maladies sont passagères, en particulier dans le cas de maladies communes comme la diarrhée, peut influencer le faible taux de consultation médicale41. Disparités dans l’accessibilité des services de santé : São Tomé-et-Principe a réalisé d’énormes progrès dans l’expansion du réseau de santé primaire, qui se compose de deux hôpitaux (Ayres de Menezes à São Tomé et Manuel Quaresma Dias da Graça à Principe), 6 centres de santé, 27 postes de santé (ruraux) et 21 postes de santé communautaires. En général la couverture est acceptable, en 2012, entre 90 à 95 % de la population réside à moins d’une heure de marche d’une structure de santé (MSAS, 2012). Cependant, en 2010, la distance du centre de santé est la raison la plus mentionnée pour ne pas rechercher du conseil sanitaire à Cantagalo et à Lembá (INS, 2010). La carte sanitaire (MSAS, 2012) révèle qu’à Mé-Zochi 12 % de la population habite à plus d’une heure de marche d’un poste de santé.
BARRIÈRES FINANCIÈRES D’ACCÈS AUX TRAITEMENTS MÉDICAUX Les consultations médicales et les traitements pendant l’hospitalisation des malades sont gratuits. Il en est de même pour les traitements contre la tuberculose, le paludisme et le VIH/SIDA. Les médicaments sont subventionnés en partie dans les pharmacies publiques, mais elles souffrent souvent de ruptures de stock. Les consultations prénatales sont gratuites, cependant, les groupes de discussion ont révélé que les 40 41
LA DISTANCE DU CENTRE DE SANTÉ RACONTÉE PAR LES MÈRES DE FAMILLE :
Lorsque les enfants tombent malades, les femmes de la communauté de Vista Alegre (Mé-Zochi) marchent une heure et demie pour arriver aux postes de santé de la ville de Trindade ou de Madalena. Les enfants sont trop petits pour faire cette marche, ou bien ils sont malades, les mères doivent donc les porter. Lorsque les petits pèsent plus de cinq kilos, le parcours est exténuant. Elles doivent donc épargner de l’argent sur les dépenses essentielles pour payer le transport, ou bien avoir recours à l’automédication ou à la médecine traditionnelle. La distance représente une vraie barrière d’accès aux services de santé et augmente la vulnérabilité sanitaire de la population de cette communauté.
femmes paient 150 000 dobras (à peu près 6,7 USD) pour le package complet des analyses obligatoires (sang, urine, selles, examens gynécologiques). À São Tomé-et-Principe, 66,2 % de la population vit avec moins de 30 071 dobras (à peu près 1,40 USD) par jour (INS, 2010). Les femmes enceintes les plus démunies ont tendance à espacer les visites pour réunir l’argent. L’existence de barrières financières est la raison principale de ne pas aller au centre de santé à Mé-Zochi et à Lobata, et la deuxième à Lembá et à Principe. Elle est probablement une cause sous-jacente d’autres raisons de non consultation (INS, 2010). Rupture de stocks de matériels de santé essentiels à la maternité de l’hôpital de São Tomé. Les services de pédiatrie et de maternité de l’hôpital Ayres de Menezes sont (au moment de la réalisation de cette étude) dépourvus de certains matériels de soins essentiels. Dans les services de pédiatrie le personnel affirme ne pas disposer de tensiomètres, d’oxygène, de respirateurs, de gants médicaux. Dans les services de maternité, le personnel affirme manquer d’équipes de surveillance fœtale, de tensiomètres, de gants, de mouche-bébés, et se plaint du manque de rénovation des couveuses des prématurés.
Système de suivi d’indicateurs clé des goulots d’étranglement au niveau des services publics. La croyance que la maladie est passagère est la deuxième cause de non consultation (INS, 2010)
108
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Qualité : Tous les groupes de discussion avec les mères de famille ont mentionné qu’il existe une perception généralisée de traitements négligents de la part de certains professionnels de santé à la maternité de l’hôpital Ayres de Menezes42. Ce genre de problèmes se circonscrit aux professionnels infirmier43, et ne s’étend pas aux maternités des districts. Les mauvais traitements aux patients dans les systèmes de santé sont un problème fréquent dans les pays en développement. À São Tomé, les patientes ne dénoncent pas ces mauvaises pratiques du fait d’une culture qui n’est pas axée sur la dénonciation, et par peur des représailles du personnel de l’hôpital. Le développement d’un système de plaintes et de protocoles de réponse sont des éléments indispensables pour améliorer l’attention médicale. La politique de maintenir les femmes en centre de santé pendant 72 heures après l’accouchement est généralement respectée. Cependant, le personnel infirmier de l’hôpital affirme que les femmes ne restent que 24 heures. Plus de recherche est nécessaire au niveau des pratiques médicales obstétriques à l’hôpital Ayres de Menezes. Il pourrait exister des difficultés passagères pour la mise en œuvre des politiques au niveau des services (périodes de manque de lits à la maternité). La qualité de l’attention sanitaire, ainsi que le manque de professionnel, médecins et infirmiers, est une inquiétude relevée par la plupart des professionnels de santé. En 2012, on comptait 32 médecins pour 100 000 habitants et 226 infirmiers pour 100 000 habitants, ce qui est à peine suffisant pour garantir une attention de qualité (le critère de l’OMS est de 23 professionnels de santé pour 10 000 habitants). Les ressources humaines qualifiées sont réparties de manière inéquitable sur le plan géographique, la majorité des professeurs qualifiés se concentre à la capitale (PNS, 2012). L’exercice d’analyse des goulots d’étranglement dans le district de Caué (MSAS et UNICEF, 2013) a révélé qu’une grande partie des accouchements n’est pas suivie avec l’utilisation du partogramme car les professionnels de santé ne savent pas l’utiliser.
LES NÉGLIGENCES MÉDICALES RACONTÉES PAR LES MÈRES DE FAMILLE
« J’étais seule dans la chaise d’accouchement, mon bébé était en train de naître. Je criais et appelais l’infirmière mais elle me disait d’attendre. Lorsqu’elle est finalement venue et a vu la tête du bébé, elle m’a dit d’aller dans une autre salle de l’hôpital. Comment pouvais-je marcher avec la tête de mon bébé entre les jambes ?» « J’étais seule à accoucher, l’infirmière ne venait pas, mon bébé est tombé par terre ».
LE FAIBLE TAUX D’ALLAITEMENT DANS L’HEURE QUI SUIT LA NAISSANCE D’après l’UNICEF (2015e), les résultats d’une étude conduite au Ghana montrent que l’allaitement des bébés dans l’heure qui suit la naissance peut empêcher 22 % des décès néonatals. À São Tomé-etPrincipe, seulement 38,3 % des nouveau-nés sont allaités dans l’heure qui suit leur naissance, même si la mère doit rester dans le service de maternité trois jours après l’accouchement, ce qui pourrait indiquer que cette pratique n’est pas suffisamment promue par le système de santé. Cette idée est renforcée par le fait qu’il n’y a pas de différences significatives entre la naissance qui a lieu à domicile ou dans un centre de santé publique. Il n’y a pas non plus de différences entre l’accouchement assisté par une sage-femme ou par une accoucheuse traditionnelle. Cependant, il y a des différences importantes dans la probabilité de recevoir un aliment avant l’allaitement. Si l’accouchement est assisté par une sage-femme traditionnelle, 26 % des enfants reçoivent de tels aliments, par rapport à 6,5 % dans le cas des sages-femmes officielles (la moyenne nationale est de 7,7 %). Selon les responsables de la direction des soins de santé, les sages-femmes traditionnelles ont pour habitude d’offrir certaines préparations alimentaires aux nouveau-nés. Au niveau régional, il existe des disparités très importantes : dans la région Nord-Ouest 64,1 % des enfants ont été allaités dans l’heure qui suit, tandis que dans la région Sud, ils étaient seulement 10,4 %.
42 43
Aux centres sanitaires des districts et aux postes de santé les femmes indiquent recevoir une attention médicale correcte. Les groupes de discussion ont spécifié que l’attention reçue de la part des médecins était adéquate.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
109
Graphique 3.2.18. Enfants allaités dans l´heure qui suit l´accouchement (*), 2014, en % 64,1 38,3
58,6
35,3
56,6 35,3
43,8
38,0
41,7
50,1
39,2 39,8
37,6
48,4 35,9 34,5
35,6 38,7 36,3
30,7
11,5
10,4
Région
Milieu
Assistance à l´accouchement
Lieu d´accouchement
Scolarité de la mère
Le plus riche
Q4
Q3
Q2
Le plus pauvre
Supérieur
Secondaire
Primaire
Aucune
Autres
Santé privée
Santé publique
Domicile
Autres
Accoucheuse traditionnelle
Accoucheuse
Rural
Urbain
Principe
Sud Est
Nord Ouest
Centre Est
Total
0,0
Niveau de richesse
(*) Enfants nés dans les 2 ans qui précèdent l´enquête MICS 5 (INS, 2016) Source : enquête MICS 5 (INS, 2016)
LES CAUSES STRUCTURELLES Le secteur de la santé dispose d’un cadre de politiques adéquat et actualisé. En 2012, le ministère de la Santé et des Affaires Sociales a piloté l’actualisation de la carte sanitaire, qui analyse les lacunes de couverture au niveau de chaque installation sanitaire du pays et de l’affectation des ressources humaines et matérielles. La Politique nationale de santé (2012) vise à réorienter le secteur vers une approche de santé intégrale, préventive et promotionnelle. Elle prévoit une reforme exhaustive du secteur pour approfondir la décentralisation, garantir les ressources humaines et financières, la réorganisation du système en plusieurs niveaux (hôpital de deuxième et troisième niveau) et développer les services nationaux (laboratoire, radiodiagnostic etc.) Le Plan national de développement sanitaire (2012) est le plan opérationnel budgétisé à 36 714 346 de dollars sur cinq ans.
110
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
En plus d’une politique de développement méso qui décrit une réforme ambitieuse et un plan opérationnel budgété, il existe aussi des politiques spécifiques qui visent les enfants et les femmes : Le Plan national de santé reproductive (2012-2016), une Feuille de route nationale pour accélérer la réduction de la mortalité maternelle et néonatale (2008-2015). Les programmes verticaux abordent les problématiques prioritaires : le Programme élargi de vaccination, le Programme national de lutte contre le paludisme, le programme de lutte contre le VIH-SIDA. Les défis se situent du côté de la mise en œuvre des politiques. Avancer dans la décentralisation requiert de renforcer les capacités techniques et administratives au niveau des districts.
FINANCEMENT PUBLIC DU SECTEUR DE LA SANTÉ
L´IMPACT DE LA SANTÉ PUBLIQUE DANS LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE:
Des 22 pays de l’Afrique centrale et de l’Ouest analysés par l’UNICEF et l’ODI (2013), São Tomé-et-Principe est le pays ayant des politiques de financement les plus équitables : l’État assume 85 % des dépenses de santé (contre 45,7 % en moyenne). C’est aussi l’un des 4 pays ayant le taux de dépenses publiques par habitant le plus élevé. Celles-ci augmentent lentement depuis 2008, et en 2015 dépassent les 53 USD par habitant, moyenne de l’Afrique centrale et de l’Ouest44 (sans la Guinée Equatoriale)45.
«La santé publique a un impact considérable dans le Produit Intérieur Brut - Une année supplémentaire d´espérance de vie augmente le revenu par habitant autour de 4 %» (Fonds Monétaire International, 2004, p 15)
Si on analyse les dépenses du secteur de la santé par rapport au PIB dans ces trois pays (Gabon, Cap Vert et Guinée Équatoriale) on peut remarquer que l’effort de financement de São Tomé-et-Principe est bien plus important46.
Les liens de la Santé publique avec la croissance du PIB se manifestent à plusieurs niveaux: Les problèmes de la santé de la population réduisent la productivité du travail
São Tomé-et-Principe n’a pas encore atteint l’objectif des déclarations d’Abuja et Maputo d’allouer au secteur au moins 15 % des dépenses budgétaires (aucun pays en Afrique centrale et de l’Ouest n’a réussi). Le montant alloué au secteur de la santé en 2015 était de 314 803 millions de dobras (environ 14 millions de dollars), soit 10,21 % du budget (ministère des Finances et de l´Administration Publique, 2015).
La taille de la population active se réduit à cause de la mortalité et de la retraite anticipée La santé publique réduit les pertes de production causées par les maladies des travailleurs La santé publique réduit le ratio de dépendance dans les foyers Source : Fonds monétaire International (2004)
Graphique 3.2.19. Dépenses publiques de santé par habitant, par rapport au PIB et par rapport aux dépenses publiques totales (2003-2013) 14 12 10 8 6 4 2 0
13,3 13,2 11,8 220 218 11 210 10 10
187
178
7,8 5,6
224
217
5,6
7,1
177
5,6
6,3
250
225
203 200
205 7,5
5,6
5,6
7,1
7,9
7,6 5,6
5,6
5,6
6,9
150 100 50
2003
2004
2005
2006
2007
En % des dépenses publiques
2008
2009
En % du PIB
2010
2011
2012
2013
0
Dépenses par habitant
Source : World Bank, World Development Datasource
Avec exclusion de la Guinée Équatoriale Source : Banque mondiale, World Development Indicators. En PPP 2011. 46 En 2013 São Tomé-et-Principe investissait l’équivalent de 6,9 % de son PIB, le Gabon 3,8 %, le Cap Vert 4,4 %, et la Guinée Équatoriale 3,5 %. 44 45
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
111
Figure 3.2.6 : Les allocations budgétaires intra-sectorielles 100 % 29,5
47,9
50 % 70,5 0%
2010
Dépenses courantes
52,1
2015 Dépenses d´investissement
100 %
Proportion des dépenses d´investissement, budgets alloués, 2015 La part des dépenses courantes a fortement augmenté depuis 2010. Les dépenses allouées à la gestion de la politique de la santé ont augmenté de presque 15 points de pourcentage. Les programme verticaux “santé de la femme et de l´enfant” et “santé reproductive” représentent 0,2 % du budget alloué au secteur. Cependant, l’assistance médicale et l’achat de médicaments ont augmenté leur part et cela va bénéficier aux services aux enfants. Distribution des dépenses publiques, budgets alloués (2010 et 2015)
90 % 80 % 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0%
2010
2015
Source : Ministère des Finances et de l´Administration publique, 2010 et 2015
112
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Autres
Éducation et communication
Lutte contre le paludisme
Santé de la femme et de l´enfant
Gestion de la politique de santé
Assistance médicale
Vigilance sanitaire
Infrastructures de santé
Médicaments et équipements
QUESTIONS D´ÉQUITÉ II LE CO-PAIEMENT DES MÉDICAMENTS SELON UNE PERSPECTIVE D’ÉQUITÉ : UNE ÉVIDENCE ? Le co-paiement des services de santé (consultations, médicaments, matériels) est la forme de financement la plus régressive. Les patients payent en fonction de leurs besoins médicaux, et non de leur capacité économique d’aborder les dépenses (UNICEF et ODI, 2009). À São Tomé-et-Principe, les dépenses en médicaments représentent 54,3 % des dépenses de santé des familles riches, contre 65,6 % des familles pauvres. La différence s’élargit dans les deux extrêmes des niveaux de richesse : les médicaments représentent 50,1 % des dépenses de santé des plus riches contre 73,7 % des plus pauvres. Part des médicaments dans les dépenses de santé, par niveau de richesse (%) 80 70
73,7 65,6
60
54,3
50,1
50 40 30
Pauvres
Non pauvres
Les plus pauvres
Les plus riches
Santé et état nutritionnel de la mère : il y a une connexion indéniable entre la santé de la mère et celle du fœtus. Certains facteurs pendant la grossesse (malnutrition, l’anémie et l’hypertension) et/ ou un dossier médical compliqué sont associés avec un risque de mortalité périnatale (Lawn et al, 2009). Les grossesses précoces sont également une cause sous-jacente de problèmes obstétriques et du retard de l’attention prénatale. Les pères et les mères des enfants sont les premiers à porter les plus grandes responsabilités et obligations au niveau de leurs droits. La paternité est une institution affaiblie à São Tomé-et-Principe (à l’exception des communautés «angolares»). Ce sont les mères de famille qui gèrent les ressources domestiques liées à la santé, qui prennent les décisions par rapport aux interventions de santé (automédication, visites médicales, dépenses, suivi des traitements et suivi des malades, enseignement des pratiques d’hygiène et de santé préventives). Les mères sont les premiers agents de santé pour les enfants. Le niveau éducatif des mères est le principal déterminant (plus important encore que le niveau de richesse) des soins de santé à tous les niveaux : pratiques d’hygiène, prévalence des maladies, l’accès aux consultations, aux soins et aux traitements médicaux.
Source : EBM (INS, 2010)
Les barrières financières d’accès aux médicaments ont des impacts négatifs sur la santé des malades et dans la situation économique des familles. Les co-paiements sanitaires ont des effets d’appauvrissement à plusieurs niveaux : les personnes vendent des biens, réalisent des ajustements dans d’autres dépenses qui sont essentielles pour l’enfance (nutrition, taxes scolaires) (UNICEF, 2015). Dans la plupart des cas, c’est vers la médecine traditionnelle et vers les pharmacies ambulantes non réglementées que se tournent les familles pour trouver les meilleurs prix (UNICEF et ODI, 2009).
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
113
Figure 3.2.7 Analyse causale de la stagnation dans la réduction de la mortalité néonatale Causes directes Intrapartum (29 %) Pneumonie (26 %) Sepsis ou infections postnatales (19 %) Congénitales (16 %) Taux faible d’utilisation des services prénatals dans la région Sud Taux d’accouchement assisté inférieur à 60 % à Santana, Almas et Ribeira Afonso47 Grossesses précoces
Causes sous-jacentes Déficits dans la qualité de l’attention médicale 8 % de la population fait face à des barrières d’accès géographiques (habitent à plus d’une heure des centres ou des postes de santé). Barrières financières d’accès aux analyses prénatales et aux médicaments en dehors de la période d’hospitalisation. Existence de périodes de difficultés passagères d’implémentation des politiques au niveau des services (périodes de manque de lits à la maternité).
Barrières liées à la demande de service : perception des populations de l’existence de mauvais traitements obstétriques de la part de certains professionnels infirmiers à l’hôpital Ayres de Menezes. Barrières liées aux approvisionnements : ruptures de stock périodiques de médicaments et matériels essentiels. Insuffisance en ressources humaines qualifiées et distribution géographique inégale.
Causes structurelles Taux faible de mise en œuvre de la politique nationale de développement sanitaire. Absence de suivi et d’évaluation du plan opérationnel. Non développement du système de co-paiement échelonné (avec des exonérations pour la population la plus démunie) prévu dans le plan national. Sous-financement du secteur par rapport au PIB. Besoin de développer des politiques au niveau du financement du secteur.
Santé de la mère : malnutrition, assainissement insuffisant, anémies. Naissances trop espacées (moins de deux ans) ou trop nombreuses (4 enfants ou plus) et âge avancé de la mère. Barrières culturelles à l’utilisation des services de santé prénatals (à cause du genre du professionnel) (district de Caué). Tout le poids de la gestion sanitaire familiale retombe sur les femmes.
Inexistence de mécanismes opérationnels de contrôle de la qualité de l’attention. Inexistence de moyens de la part des patients de dénonciation de la violence ou de mauvaises pratiques obstétriques.
47
Les sources sont l’enquête MICS 5 (INS, 2016) et le IV RGPH (2012)
114
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Tableau. 3.2.1. Déterminants de la stagnation dans la réduction de la mortalité néonatale Déterminants
Description Dans certaines communautés (Caué) les femmes doivent demander la permission aux hommes pour se rendre à une consultation médicale.
Normes sociales
Lois et politiques adéquates dans sa conception, mais avec une mise en œuvre lente et incomplète. Il pourrait exister des difficultés passagères pour la mise en œuvre des politiques au niveau des services (les périodes d´insuffisance de lits dans la maternité feraient obstacle à la mise en œuvre la politique des 72 heures).
Législation / Politiques
Environnement adéquat Budget / Dépenses publiques
Investissement public équitable. Cependant le pays n´a pas encore atteint l´objectif des déclarations d´Abuja et Maputo d´allouer au secteur le 15 % des dépenses budgétaires Faible culture d’évaluation, de transparence et de responsabilité mutuelle. Répartition inéquitable sur le plan géographique des professionnels médecins et infirmiers.
Gestion / Coordination
Le développement d´un système de plaintes et un protocole de réponse est indispensable pour améliorer l´attention médicale. Ruptures de stocks de matériels de santé essentiels aux services de pédiatrie et de maternité de l´hôpital de Sao Tomé.
Disponibilité des intrants
Le 34 % des femmes ne sont pas mises au courant des signes de risque dans la grossesse (INS, 2009). Provisions Accès au service du personnel, installations et information adéquate
Le personnel infirmier de l´hôpital affirme que les femmes ne restent que 24 heures à l´hôpital après l´accouchement (malgré la politique nationale des 72 heures. Plus de recherche est requise) Dans le district de Caué une grande partie des accouchements ne sont pas suivis au partogramme car les professionnels de santé ne savent pas utiliser les partogrammes. Insuffisance des professionnels médecins et infirmiers.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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Déterminants
Accès financier
Description Les consultations prénatales sont gratuites, mais il existe des barrières d´accès financières au niveau des analyses obligatoires (sang, urine, selles, examens gynécologiques). Les médicaments sont payants en dehors des périodes d´hospitalisation. Méconnaissance des signes de risque pendant la grossesse.
Pratiques et croyances sociales et culturelles Demande
Certaines sages-femmes traditionnelles encouragent la consommation de préparations alimentaires avant l´allaitement Dans le district de Caué il existe différentes barrières culturelles de demande : Honte d´être enceinte (tabous sociaux), le sexe masculin du médecin/infirmier, interdictions de la part des hommes. À Me-Zochi le 12 % de la population habite à plus d´une heure de distance d´un poste de santé.
Continuité d'utilisation
Qualité
116
Qualité
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
13,7 % des femmes et des enfants ne reçoivent pas le nombre minimal de visites prénatales (INS, 2016). Il y a des sous-districts dans lesquels le taux d´accouchement assisté est par dessous du 70 % des naissances vivantes : Santana (58,3 %) et Ribeira Afonso (64,8 %) et Almas (66,6 %). Il existe une perception généralisée de l´existence de traitements négligents de la part de certains professionnels d´infirmerie à la maternité de l´hôpital Ayres de Menezes.
ACTIONS CLÉ ÉQUITÉ HORIZONTALE
ÉQUITÉ VERTICALE
Renforcer la formation de ressources humaines qualifiées dans l’attention de santé maternelle-infantile et distribution géographique proportionnelle à la population cible (mise en œuvre de la politique nationale de santé (2012).
Élimination des barrières financières d’accès aux médicaments : développement d’un système progressif de récupération de coûts qui inclut des exonérations pour les patients en situation de pauvreté ébauché dans le Plan national de développement sanitaire.
Élimination des barrières de demande aux services de maternité : supervision et contrôle des pratiques médicales des accouchements pour la réduction de la violence (négligence) obstétrique : développement de systèmes de dénonciation anonyme et de protocoles de réponse.
Élimination des barrières financières d’accès aux analyses prénatales (qui son régressives et peuvent conduire à un espacement des visites des femmes les plus pauvres) : de même, il est nécessaire d’approfondir la connaissance de ces pratiques.
Continuer la mise en œuvre de la stratégie d’attention intégrale aux enfants jusqu’à l’âge de trois ans (Programme des 1000 premiers jours).
Approfondir l’analyse initiée à partir de la carte sanitaire (2012) dans la perspective d’assurer l’intégration des patients qui habitent dans les communautés éloignées des services.
Assurer la participation nationale dans le financement des programmes verticaux clés pour le contrôle des épidémies (PEV, PNLP, PNLS, PNLT).
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
117
3.2.3. La nutrition de la petite enfance
L´IMPACT DE LA FAIM DANS LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE.
Généralement on utilise trois indicateurs pour mesurer l’état nutritionnel des enfants de 0 à 5 ans : leur poids par rapport à leur âge (insuffisance pondérale), leur taille par rapport à leur âge (retard de croissance) et leur poids par rapport à leur taille (malnutrition aiguë). Si un enfant présente une valeur de l’indicateur correspondant inférieur à -2 de l’écart type de la médiane de l’échantillon de référence (standard OMS à partir de 2006), on dit qu’il est atteint de malnutrition. Si la valeur est inférieure à -3 par rapport à l’écart type, on parle de malnutrition sévère. La malnutrition chronique est le résultat de périodes de carences répétées, ou à long terme, en quantité ou en qualité des aliments, et est souvent accompagnée par d’autres facteurs tels que la diarrhée ou des infections respiratoires. La malnutrition aiguë est considérée comme une situation temporaire causée par un manque de disponibilité en nourriture, ou par la perte de poids causée par une maladie grave. La malnutrition a des impacts négatifs sur les facultés intellectuelles, cognitives et d’apprentissage des enfants, sur leur résistance aux maladies et sur leur développement physique. São Tomé-et-Principe a fait des progrès importants dans la période 2009-2014 au niveau des trois indicateurs de malnutrition classiques. Ainsi, la proportion
Le projet de recherche de l´étude “Le cout de la faim en Afrique” (www.costofhungerafrica. com), quantifie les énormes coûts de la malnutrition sur la croissance économique de 12 pays africains. Deux pays de l´Afrique de l´Ouest et du Centre ont été inclus dans la deuxième étape de la recherche. La malnutrition coûte au Burkina Faso des pertes équivalentes au 7,7 % de son PIB (798 millions de dollars), et au Ghana le 6,3 % de son PIB (2,58 billions de dollars) par an. Source : Union Africaine, Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique Commission Économique pour l’Afrique et Programme alimentaire mondial (2014)
des enfants présentant une insuffisance pondérale (en dessous de -2 de l’écart type) a baissé de plus de 33 %, la malnutrition chronique de 41 % (ou environ 27 % si on prend en compte 2008-200948) et la malnutrition aiguë de 62 %49 (INS, 2010 et 2014). La comparaison des indicateurs avec l’Afrique de l’Ouest et centrale (AOC) montre des résultats meilleurs à São Tomé-et-Principe pour les trois types de malnutrition.
Graphique 3.2.20. Taux de malnutrition (%) à São Tomé-et-Principe (2009 et 2014) et AOC (2008-2012). 37,0
40 29,3
30
22,0
20
13,1
10
17,2 10,5
8,8
11,0 4,0
0
Insuffisance pondérale
Malnutrition chronique
Malnutrition aiguë STP 2009
STP 2014
AOC 2011
Source : EDS (INS, 2009), enquête MICS 5 (INS, 2016), et UNICEF (2014)
D’après un spécialiste de l’UNICEF, cité par J. S. Marques (2014), p. 12, le taux de malnutrition chronique de l’IDS 2008-2009 est trop élevé et les valeurs étaient d’environ 22-25 %. 49 Les données des enquêtes MICS2 (2000) et MICS3 (2006) n’ont pas été utilisées car les standards pour mesurer la malnutrition ont changé en 2006, les résultats ne sont pas comparables (IDS 2008-2009, p. 157). 48
118
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
En ce qui concerne le surpoids, la situation à São Tomé-et-Principe a empiré légèrement, en passant de 1,6 % en 2009 à 2,4 % en 2014 (INS, 2009 et 2016). Ces chiffres sont toutefois meilleurs que ceux de l’AOC où le pourcentage d’enfants obèses était de 6 % en 2011 (UNICEF, 2014c).
ANALYSE DES GROUPES VULNÉRABLES Par genre, les garçons présentent des taux de malnutrition plus élevés que les filles pour les trois indicateurs : les causes de ce phénomène observé dans d’autres régions du monde (Kanamori and Pullum, 2013) n’ont pas pu être déterminées.
Les régions présentant les taux de malnutrition chronique les plus élevés sont la région Nord-Ouest (20 %) et la région Sud-Est (23,3 %). La région CentreEst est celle présentant des réductions importantes en 2014 (15,6 %), sur des valeurs déjà légèrement inférieures à la moyenne nationale en 2009 (28,6 %). D’autre part, les régions Nord-Ouest (33 % en 2009) et Sud-Est (33,2 % en 2009), avec des taux de malnutrition chronique au-dessus de la moyenne nationale, les ont réduits de 40 % et 30 %. Enfin, Principe est la région qui présente une malnutrition chronique inférieure à la moyenne (10,5 % en 2014), mais reflète un progrès quasiment nul (10,9 % en 2009).
Graphique 3.2.21. Taux de malnutrition par région ( %). 35 30
33 29,3
33,2
28,6 23,3
25 20
17,2
15 13,1
10,5
10
8,8
7,5
2014 Total
12,3
8,4
4,0 2009
16,3
15,6 12,6
5 0
20,0 11
9,6
2014
Centre Est Insuffisance pondérale
16,3
2009
13,1 10,9
9,7 5,4
4,0
3,9 2009
17,4
10,5 7,5 1,2
2014
2009
Nord Ouest
2014
Sud Est
Malnutrition chronique
2009
2014
RA Principe
Malnutrition aiguë
Sources : EDS (INS, 2009) et MICS 5 (INS, 2016).
Il n’y a aucune différence significative entre les zones urbaines et rurales. Cependant, il y a des différences en fonction de l’âge des enfants pour la malnutrition chronique : les enfants de 18 à 35 mois sont les plus touchés (plus de 24 %). Il n’y a pas d’enfants malnutris dans les foyers où les mères ont un niveau de scolarité supérieur (INS, 2016).
L’OMS a déclaré que la prévalence de la malnutrition chronique commence à augmenter à partir des trois mois de l’enfant, et à baisser autour des trois ans. Par conséquent, pour les enfants de moins de 2-3 ans, la malnutrition chronique reflète un processus continu de ne pas «être en mesure de grandir», tandis que pour les plus âgés, c’est plutôt d’avoir «échoué dans la croissance» (OMS, 2015).
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
119
Graphique 3.2.22. Enfants de 0 à 5 ans qui souffrent de malnutrition chronique, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique, (%), 2014 30 25 20
20,5 17,2
15
25,5
24,7
23,3
18,1 13,9
12,3
10,5
10
6,8
5 0
0,0 Total
Féminin Masculin Genre
Sud Est
Principe
24-35 mois
Région
48-59 mois Âge
Aucun
Supérieur
Scolarité du chef du ménage
Le plus Le plus pauvre riche Quintile de richesse
Source : enquête MICS 5 (INS, 2016).
En ce qui concerne la malnutrition aiguë, d’après l’OMS (2015) la prévalence augmente la deuxième année de vie. Cela est visible au Cameroun, où on retrouve le taux le plus élevé vers les 12-17 mois. Toutefois, à São Tomé-et-Principe la malnutrition aiguë atteint son maximum pour la tranche d’âge des
120
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
6-11 mois (11,4 %). À partir de 11 mois, les valeurs commencent à baisser, ce qui indique une situation plus favorable à São Tomé-et-Principe, où les enfants récupèrent plus rapidement des éventuels chocs nutritionnels.
3.2.4. Enjeu principal 2 : la malnutrition dans la petite enfance LES CAUSES DIRECTES Les causes directes de la malnutrition sont un apport alimentaire inadéquat et les maladies. Par rapport au premier facteur, l’approvisionnement alimentaire est insuffisant pour répondre aux besoins de la consommation des citoyens50. Tout d’abord, le pays doit importer des aliments, ce qui rend les produits basiques onéreux. De plus, 84 % des produits alimentaires sont achetés (le reste est autoproduit ou offert) ce qui implique que probablement la couche la plus pauvre de la population ne peut pas y accéder en quantité et en qualité suffisantes. D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (2011), à São Tomé-etPrincipe, la consommation moyenne par habitant et par jour était de 2 676 kcal (sur un seuil minimum de 2 400 kcal) par rapport à 2 688 kcal en Afrique de l’Ouest (FAOSTAT, 2011). Ainsi, l’apport calorique est légèrement au-dessus du minimum recommandé, mais inférieur à la moyenne de la région. En ce qui concerne l’apport en protéines, la moyenne par personne est de 60,39 grammes (2011), moins qu’en Afrique de l’Ouest (64,54). Le régime alimentaire moyen du pays contribue à un apport énergétique similaire à la moyenne de la région, mais avec
une composition faible en protéines, c’est à dire, pas tout à fait adéquate, ce qui a été confirmé par certains experts interrogés au cours de la préparation du rapport. La malnutrition chronique est clairement liée à la pauvreté et au niveau d’éducation de la mère (cf. graphique 3.2.22). Toutefois, dans le quintile le plus riche, il y a encore 6,8 % des enfants malnutris, ce qui pourrait indiquer qu’une partie du problème de la malnutrition n’est pas liée à la possibilité d’accès à la nourriture, mais à d’autres facteurs tels que le régime alimentaire (cités ci-dessus). Il n’y a pas de malnutrition chez les enfants des mères ayant un niveau d’éducation supérieure : plus leur niveau éducatif est élevé, plus elles connaissent la composition d’un régime alimentaire équilibré. Pour les enfants de moins de six mois, l’allaitement exclusif est un facteur déterminant de leur état nutritionnel. À São Tomé-et-Principe, 73,8 % des enfants de 0 à 5 mois sont allaités exclusivement, par rapport à 51 % en 2009. Il n’y a pas de corrélations claires avec le niveau de richesse ni avec le niveau d’éducation de la mère.
Graphique 3.2.23. Enfants de 0 à 5 mois allaités exclusivement, par déterminant socio-économique, 2014 (en %)
Milieu
Scolarité de la mère
73,7
80,0
77,8
66,3
Q4
73,1
Q3
79,1
Q2
Secondaire
Primaire
Aucune
75,0
Niveau de richesse
Le plus riche
Région
72,0
69,7
Rural
Principe
Urbain
76,3
Supérieur
84,2
Le plus pauvre
Sexe
85,9
69,1
Sud Est
73,4
Nord Ouest
70,1
Centre Est
82,2
Masculin
Féminin
Total
73,8
77,6
Note : Les données se réfèrent au jour qui précède la réalisation de l´enquête (MICS 5) Source : enquête MICS 5 (INS, 2016)
50
Gouvernement de São Tomé-et-Principe (2012), p. 78.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
121
D’autre part, seulement 74,1 % des enfants de 6 à 8 mois reçoivent des aliments de complément. Globalement, seulement 62,3 % des enfants âgés de 0 à 23 mois sont allaités de façon adéquate. Toutefois, pour cet indicateur, il y a des différences significatives entre les quintiles de richesse, qui jouent contre les plus riches : ainsi, 70,5 % des enfants les plus pauvres sont correctement allaités, par rapport à 58 % des plus riches (INS, 2016). La différence n’est pas
dans la pratique de l’allaitement maternel mais dans l’introduction d’autres aliments. Finalement, moins de la moitié (46,8 %) des enfants âgés de 6 à 23 mois reçoivent une diversité alimentaire minimale et 58,2 % une fréquence minimale d’alimentation (INS, 2016). Il y a des différences significatives concernant le niveau de richesse et le niveau de scolarité de la mère.
Graphique 3.2.24. Enfants qui reçoivent une diversité et une fréquence alimentaire minimale, par déterminant socio-économique (2014)
Sexe
Age
Région
Diversité alimentaire minimale
Milieu
Scolarité de la mère
Le plus riche
Q4
Q3
Q2
Le plus pauvre
Supérieur
Secondaire
Primaire
Aucune
Rural
Urbain
Principe
Sud Est
Nord Ouest
Centre Est
18 à 23 mois
12 à 17 mois
9 à 11 mois
6 à 8 mois
Masculin
Feminino
Total
67,4 60,571,6 68,6 60,2 60,3 63,7 59,5 60,1 57,0 58,4 58,5 62,3 59,8 58,2 60,8 57,3 54,4 55,3 51,2 53,9 53,3 52,5 53,7 50,3 49,3 50,0 52,8 47,9 46,6 46,9 46,8 48,6 44,9 44,5 44,7 41,4 42,5 41,6 36,0 38,0 28,9 24,2 16,8
Niveau de richesse
Fréquence alimentaire minimale
Source : enquête MICS 5 (INS, 2016)
En conclusion, alors que la malnutrition chronique est liée à la pauvreté des familles, il y a aussi des facteurs liés aux pratiques alimentaires qui apparaissent à partir de l’âge de six mois. La pratique de l’allaitement maternel exclusif jusqu’à l’âge de six mois montre des progrès notables grâce aux efforts déployés pour sa promotion. Actuellement, il est nécessaire d’influencer d’autres aspects, tels que l’introduction d’autres aliments à partir du sixième mois de vie, la diversité ou la fréquence de l’alimentation. Ces facteurs sont plus liés au niveau d’éducation de la mère qu’à la richesse, ce qui indique que la malnutrition est causée par des mauvaises pratiques dues à la méconnaissance.
122
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Le manque de micronutriments est un facteur qui affecte la santé et l’état nutritionnel de la mère et de l’enfant. Les données disponibles indiquent que 62,2 % des enfants âgés de 6 à 59 mois souffrent d’anémie (32,7 % de façon légère). 55,8 % des femmes enceintes sont anémiques (34,6 % de façon légère) (INS, 2016). 52 % des femmes enceintes avaient pris des compléments de fer pendant plus de 90 jours (INS, 2009).
Graphique 3.2.25. Enfants âgés de 6 à 59 mois qui souffrent d´anémie, par déterminant socio-économique (en %)
69,5 67,6 67,2 66,4 66,1
74
71,6
69
71,1
Q2
65,5
Le plus pauvre
69,8
67,5
Principe
89,1 87,8 66,2
69
63,2
Âge en mois
Sexe
Milieu
Région
Le plus riche
Q4
Q3
Sud Est
Nord Ouest
Centre Est
Rural
Urbain
Masculin
Féminin
48 à 59
36 à 47
24 à 35
12 à 23
6 à 11
Total
52,9 52,5
Quintile
Source : enquête MICS 5 (INS, 2016)
En ce qui concerne les carences en vitamine A, il y a eu une évolution très positive ces dernières années : en 1999, plus de la moitié des enfants âgés de 12 à 59 mois (59,1 %) avaient des carences en vitamine A (modérées), contre 14,5 % en 2010, peut-être grâce aux programmes de supplément en vitamine A et à l’augmentation du taux d’allaitement maternel exclusif. Les carences en iode, qui sont responsables de crétinisme et autres retards du développement cognitif avec un impact plus ou moins important sur l’apprentissage chez le jeune enfant, sont facilement évitables avec l’utilisation du sel iodé. 90,8 % des ménages utilisent du sel iodé, avec des différences entre les régions (avec 94,8 % à RA Principe et 84,1 % dans la région Sud-Est) et les quintiles de richesse (83,2 % des plus pauvres et 96,2 % des plus riches). La diarrhée et la déshydratation que les carences entraînent est une des causes majeures de la mortalité infanto juvénile. À São Tomé-et-Principe, 17,7 % des enfants de moins de cinq ans ont eu un épisode de diarrhée dans les deux semaines précédant l’enquête MICS 5. La diarrhée peut être causée par l’eau insalubre et les pratiques d’hygiène insuffisantes, et le manque d’assainissement en général, qui provoque la profusion de bactéries dans l’environnement des enfants (cf. rubrique sur l’eau et l’assainissement). L’état nutritionnel de la mère affecte le développement du fœtus et influence le poids de l’enfant à la naissance, conditionnant ainsi leur développement ultérieur. À São Tomé-et-Principe, 8,4 % des enfants sont nés avec un poids inférieur à 2500 grammes (15,1 % en l’an 2000). Les chiffres sont proches de la situation dans les pays développés (7 %) donc le poids faible à la naissance ne semble pas être un
problème particulièrement grave à São Tomé-etPrincipe. Il n’y a pas de différences significatives attribuables à l’âge de la mère, à son niveau de scolarité, à la région où elles ont donné naissance ou au niveau de richesse. En ce qui concerne, la prise en charge thérapeutique de la malnutrition, les mères ne savent en général pas détecter les signes de malnutrition chez leurs enfants. Pour celles qui savent, elles n’ont pas le réflexe de les conduire au centre de santé. Elles ont recours aux centres de santé seulement quand l’enfant est malade : là-bas, les médecins traitent la maladie mais pas la malnutrition, et encore moins les causes par manque de préparation dans ce domaine. Seul l’Hôpital central possède des services de nutrition.
LES CAUSES SOUS-JACENTES L’analyse du cadre politique et institutionnel permet d’identifier un ensemble de causes sous-jacentes. L’intervention publique contre la malnutrition se situe aujourd’hui principalement dans les domaines de la santé et de la protection sociale. Le Programme national de nutrition (PRONANUT), était le programme de référence avant 2013, mais il n’est plus opérationnel aujourd’hui parce qu’il a été intégré dans la Politique de nutrition et d’alimentation (cf. ci-dessous). Le Programme de santé reproductive offre des micronutriments aux mères et aux enfants et donne des conseils sur les pratiques d’allaitement, etc. Troisièmement, le Programme national de l’alimentation et de santé scolaire (PNASE), est responsable de l’approvisionnement des repas scolaires et de la formation de sensibilisation de
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
123
la communauté éducative. En termes de protection sociale, les services sociaux mettent en œuvre quelques programmes de soutien économique et alimentaire aux populations dans les situations les plus graves, mais ils ont des lacunes de couverture importantes et ne sont pas spécifiquement orientés vers la malnutrition. Même si la politique de nutrition incorpore des éléments de prévention importante, le PRONANUT ne réussit pas à les incorporer : ce programme présente de graves lacunes, comme le manque de personnel : 4 nutritionnistes et 10 techniciens de nutrition, dont quatre qui exercent dans des districts dont deux dans le district Agua Grande, 1 à Lobata et 1 à l’Hôpital Central. Ceci signifie que 4 districts n’ont pas de nutritionniste et autres ressources. La Politique de nutrition et d’alimentation (PNA) récemment approuvée peut devenir un outil essentiel dans la lutte contre la malnutrition. Cette politique implique des développements importants au niveau politique-institutionnel, et vise à atteindre une plus grande durabilité et la coordination intersectorielle. Passer d’un ensemble de programmes et de projets isolés à une politique générale de nutrition est un pas stratégique pour attirer le soutien des différents bailleurs de fonds. Les principaux points forts de la PNA sont de caractère transversal avec son approche intégrale au problème, y compris l’objectif de renforcer la résilience des communautés ; la focalisation sur la prévention de la malnutrition et sa vision à long terme. Cependant, sa mise en œuvre doit affronter quelques obstacles. Tout d’abord, la dépendance de l’aide extérieure fait que le financement de la politique dépende de la volonté des bailleurs de fonds. D’autre part, selon certains spécialistes de la nutrition interrogés, en finir avec la malnutrition ne semble pas être une priorité pour le Gouvernement. Dans le budget général de l’État 2015, la partie alimentation et nutrition dans le détail des dépenses n’a pas reçu d’allocation budgétaire. La coordination interinstitutionnelle, responsabilité du MEAS, n’est pas garantie : il n’est pas facile pour les différents ministères impliqués dans la politique de fournir un effort coordonné. En outre, en termes généraux, la mise en œuvre des politiques dans le pays dépend largement de la volonté du ministre correspondant. Dans ce cas, la mise en œuvre ne dépend pas d’un seul ministère, ce qui augmente l’instabilité potentielle de la PNA.
124
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
LES CAUSES STRUCTURELLES Un autre facteur clé est la faiblesse institutionnelle du pays, avec peu de personnel technique formé de manière adéquate et une réduction des effectifs au niveau central qui travaille dans le domaine de la nutrition. Dans un cadre politique général du pays qui favorise la décentralisation, la PNA vise à promouvoir une plus grande participation des districts. Cependant, la faiblesse institutionnelle et financière est plus sévère au niveau des districts. Au niveau communautaire, la situation n’est pas meilleure : il ne semble pas avoir de surveillance nutritionnelle organisée au niveau communautaire, même si les agents de santé sont responsables de la signalisation et de l’acheminement des cas de malnutrition. Certaines responsabilités sont transférées aux ONG qui travaillent dans les communautés. Finalement, la culture d’évaluation, de transparence et de responsabilité (qui permettent de surveiller la mise en œuvre et les résultats des initiatives politiques) sont embryonnaires dans le pays. La PNA consacre un bref paragraphe à l’évaluation, mais de manière très vague et sans mentionner des mécanismes spécifiques. À São Tomé-et-Principe, 66,2 % des personnes étaient considérées pauvres en 2010 (INS, 2010) et 13,6 % étaient au chômage. Dans un contexte de manque de protection sociale, la pauvreté et le chômage vont influencer largement l’état nutritionnel des enfants.
À PROPOS DU PNASE Le Programme national d’alimentation et de santé scolaire (PNASE) est né en 2010 et est entré en vigueur en 2012. Le financement du programme est assuré par le PMA, mais il doit transférer progressivement la responsabilité du programme au Gouvernement, à l’horizon 2016. Les bénéficiaires sont tous des enfants de jardins d’enfants, de crèches et d’écoles de l’enseignement basique du réseau public du pays (environ 40 000 enfants). L’objectif du programme est double : améliorer l’état nutritionnel des enfants et encourager la fréquentation scolaire. Le PNASE souffre de faiblesses similaires à celles de la PNA. Le processus de transfert du PMA au Gouvernement n’avance pas à un bon rythme, principalement en raison de la difficulté d’obtenir des compromis stables et à long terme des donateurs, qui fait que les ressources allouées ne sont pas suffisantes pour les achats pertinents51. Il y a aussi un niveau faible en ressources humaines qualifiées pour la gestion. Son articulation avec les autres secteurs (protection sociale, santé, agriculture, pêche, gouvernements des districts et des communautés locale) n’est pas claire. La participation des communautés dans la gestion du programme est très limitée et se concentre presque exclusivement sur des collaborations très spécifiques, tels que l’accompagnement à la réception, le contrôle et la préparation des aliments et leur distribution aux élèves52. D’autre part, le PNASE fait des contrats avec les producteurs locaux mais les paiements arrivent avec beaucoup de retard, ce qui fragilise les capacités financières des petits producteurs. Enfin, le PNASE n’a pas de système ni de plan de surveillance, ce qui rend difficile la responsabilisation et la transparence dans sa mise en œuvre. Une initiative qui mérite d’être soulignée en raison de sa pertinence est le Programme des 1000 premiers jours les plus critiques, qui sera géré par la direction des soins médicaux du ministère de la Santé. À ce stade de la proposition (réalisée par l’UNICEF), et à la suite du mouvement SUN (Scalling Up Nutrition),
il est scientifiquement prouvé que les efforts de stimulation et de suppléments nutritionnels dans les mille premiers jours de la vie des enfants (y compris la grossesse) sont très coût-efficaces. Le groupe cible des programmes sont les femmes enceintes, les mères et les enfants de moins de deux ans, en particulier les plus pauvres et les plus démunis. Les deux objectifs principaux sont la réduction de la malnutrition chronique chez les enfants et la promotion de l’accès aux services de santé du groupe cible. Le programme est divisé en trois composantes : la santé maternelle, néonatale et pour les enfants ; la nutrition, et enfin le soutien, l’information, l’éducation et la communication. Dans le volet nutrition, on propose d’introduire systématiquement au niveau communautaire la promotion et le contrôle de la croissance et l’éducation nutritionnelle. Il vise également à renforcer le Programme national de nutrition. La plupart des interventions proposées sont déjà mises en œuvre à São Toméet-Principe, mais certaines ont besoin d’être renforcées et élargies. Il est éventuellement nécessaire d’adopter de nouvelles méthodes de livraison pour les rendre plus coût-efficaces. La nouveauté est le programme de nutrition dans les communautés qui comprend la promotion du contrôle du poids et l’éducation nutritionnelle, qui pourrait couvrir 25 % des enfants (0-23 mois) montrant des signes de malnutrition chronique. Encore une fois, le défi de ce programme est d’obtenir la participation des bailleurs de fonds et l’implication des communautés pour assurer sa durabilité. En résumé, les initiatives analysées souffrent de problèmes communs. Le MS a des capacités de gestion limitées (en termes de planification, de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation). Les capacités du personnel sont faibles en raison du manque de formation. Les nombreuses initiatives du secteur public, des organisations internationales et des ONG qui travaillent dans le pays qui visent directement ou indirectement la malnutrition des enfants, n’auront pas les impacts escomptés s’il n’y a pas une amélioration approfondie des capacités, des pratiques et des procédures du secteur public.
La source est un rapport interne du PAM STP « Rapport de mission d’appui au bureau de STP dans le cadre de l’évaluation du processus de transition du projet d’alimentation scolaire à São Tomé-et-Principe du 26 au 30 avril 2015 » il existe une ligne budgétaire au ministère de l’Éducation allouée à l’alimentation scolaire. Cependant, il y a 2 problèmes : d’une part, les montants alloués sont loin de satisfaire les besoins et, d’autre part, d’autres activités puisent aussi dans cette même ligne budgétaire. 52 PNASE (2014), p.7. 51
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
125
Tableau 3.2.2. Déterminants de la malnutrition chez les enfants de 0 à 5 ans Déterminants
Description Composition non adéquate de l’alimentation. Certaines méfiances dans les recommandations du système de santé public.
Normes sociales
Mauvaises pratiques d’hygiène et d’assainissement. Aucune culture de partenariat et de participation de la société civile dans la gestion des politiques en particulier au niveau communautaire. Lois et politiques relativement adéquates dans sa conception, mais avec un faible taux de mise en œuvre.
Législation / Politiques
Faible culture d’évaluation, de transparence et de responsabilité mutuelle. Faible rôle de la société civile au niveau communautaire dans la conception et la gestion des politiques.
Environnement adéquat Budget / Dépenses publiques
Dépendance de l’aide extérieure pour les politiques. Il n’y a pas de ligne budgétaire accordée à la nutrition. Absence de culture d’évaluation, de transparence et de responsabilité mutuelle.
Gestion / Coordination
Faiblesse des institutions à tous les niveaux de l’administration de l’État, dans la dotation et la formation du personnel et autres ressources. Capacités limitées du ministère de la Santé pour coordonner les politiques en matière de nutrition. Manque de coordination des nombreux acteurs publics et de la société civile qui travaillent en matière de nutrition, surtout au niveau des communautés. Faible dotation en ressources dans les services de santé décentralisés et à l’Hôpital central.
Provisions
Disponibilité des intrants
Pas d’offre suffisante de paquets supplémentaires nutritionnels. Pas d’offre suffisante d’aliments au niveau du PNASE.
126
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Déterminants
Provisions
Description
Accès au service du personnel, installations et information adéquate
Insuffisance de spécialistes en matière de nutrition au niveau des districts. Personnel de santé non formé en matière de nutrition. On trouve des services de nutrition seulement à l’Hôpital central. La dépendance des importations augmente le coût des aliments. Pourcentage élevé de familles vivant en dessous du seuil de pauvreté.
Accès financier
Services de nutrition seulement à l’Hôpital central, élève le coût d’accès en raison du déplacement. Les mères ne savent pas toujours comment repérer la malnutrition des enfants.
Demande Pratiques et croyances sociales et culturelles
Résistance à utiliser des latrines ou salles de bain publiques. Utilisation de formules pour remplacer le lait maternel dans les quintiles supérieurs.
Continuité d’utilisation
L’éloignement des centres de santé et de l’Hôpital central complique la fréquentation régulière des services de nutrition. Formation insuffisante du personnel de santé en matière de nutrition.
Qualité
Qualité
Adhésion aux standards internationaux (paquet minimum, etc.), mais en pratique, manque de capacité pour sa mise en œuvre à grande échelle.
ACTIONS CLÉ
Obtention de compromis de financement pour la mise en œuvre de la Politique nationale de nutrition.
Développement des capacités de gestion au niveau central et local, pour le renforcement des capacités de planification, de suivi et d’évaluation.
Renforcer l’éducation nutritionnelle des familles et l’utilisation des aliments locaux dans l’alimentation en compléments des nourrissons.
Sensibilisation des acteurs politiques clé de l’importance de la nutrition des enfants pour le développement économique et social.
Renforcer la surveillance de la croissance des enfants au niveau communautaires notamment pour les villages éloignés ou les plus touchés par la malnutrition.
Mise en œuvre de la Politique de protection sociale (transferts monétaires et alimentaires).
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
127
3.2.5. L’eau et l’assainissement
LE MANQUE D’ASSAINISSEMENT : UNE PROBLÉMATIQUE GRAVE ET TRÈS RESSENTIE PAR LA POPULATION
L’accès à des sources d’eau adéquates et les conditions d’assainissement des foyers sont deux facteurs ayant une grande influence sur la santé et le bienêtre général des enfants. La diarrhée est la deuxième cause de mortalité des enfants de 0 à 5 ans, et c’est une maladie directement liée à l’eau potable et à l’assainissement du milieu. La prévalence de la diarrhée à São Tomé-et-Principe est plus élevée qu’en Afrique de l’Ouest et centrale (cf. ci-dessus).
Dans les groupes de discussion organisés dans les communautés, il a été demandé aux mères d’identifier les trois problématiques principales dans leur communauté. L’absence d’assainissement ou d’eau potable a été la première ou deuxième inquiétude des mères de famille dans tous les cas.
La majorité de la population saotoméenne a accès à des sources d’eau améliorées (93,9 %). Une source d’eau est améliorée si elle se trouve dans le logement ou un jardin résidentiel, chez un voisin, s’il s’agit d’une fontaine publique, d’un puit avec tuyauterie ou protégé, d’une source protégée, de l’eau de pluie ou de l’eau embouteillée. Il convient de préciser que le fait qu’une source d’eau soit améliorée ne signifie pas qu’elle soit potable. Dans l’enquête MICS, il n’y a pas d’information sur la potabilité des sources d’eau. D’après les responsables de la Direction Générale des Ressources Naturelles et de l’Energie, la grande majorité de l’eau disponible à São Tomé-et-Principe est contaminée par des coliformes fécaux.
L’analyse de pauvreté multidimensionnelle des enfants révèle que l’assainissement est l’une des deux privations principales des enfants à São Tomé-et-Principe. L’assainissement (comme on le verra) est un des indicateurs qui présente des disparités extrêmes en fonction du niveau de revenu, et une cause sous-jacente des maladies diarrhéiques, qui sont la deuxième cause de mortalité des enfants.
les fontaines publiques, ce qui implique que l’accès à cette ressource n’est pas facile pour la population (INS, 2016).
En ce qui concerne l’origine de l’eau dans les foyers, plus de la moitié (52,9 %) s’approvisionnent dans
Graphique 3.2.26. Habitants qui utilisent des sources d’eau améliorées, par type de source (%), 2009 et 2014 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
94,1
93,9
52,9
21,7 11,2
5,1 Au domicile
Cours/ jardin
Chez des voisins
Fontaine publique
Autres
Sources améliorées Source : enquête MICS 5 (INS, 2016) et EDS (INS, 2009).
128
5,8
3,0
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Total 2009
6,1
Total 2014 Total 2009 Total 2014 Sources non améliorées
Le graphique 3.2.27 révèle que les disparités les plus importantes se retrouvent du côté des régions suivantes : à Principe moins de 3 personnes sur 4 (73,9 %) utilisent des sources d’eau améliorées, tandis que dans la région Centre-Est l’accès est presque universel (95,8 %).
Les sources urbaines sont gérées par la Société d’eau et d’électricité (EMAE) et sont en meilleures conditions que les sources rurales, qui sont sous la responsabilité des mairies de district, et dont le financement dépend de l’existence de projets de coopération53. Dans le cas de Principe il y a seulement une ville (Santo António) de sorte que la proportion de sources rurales est plus élevée, ce qui explique la dotation inférieure de sources améliorées.
RDSTP
Région
98,9
Niveau de scolarité du chef
90,9
99,7
Le plus riche
Rural Milieu
91,6
Le plus pauvre
85,8
Urbain
73,9
Suprérieur
98,0
95,8
Príncipe
Total 2014
Total 2009
93,9
Centre Est
94,1
Aucun
Graphique 3.2.27. Population qui a accès à des sources d’eau améliorées, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique, (%), 2014
Quintile
Source : enquête MICS 5 (INS, 2016) et EDS 2008-2009 (INS, 2009)
93 % de la population ne traite pas l’eau pour la boire, et la situation semble pire qu’en 2009 (88,8 %). Cependant il convient d’être prudent avec cette information car cela pourrait être dû à des améliorations dans le niveau de purification (cette information n’est pas disponible). Au niveau communautaire, les groupes de discussion ont révélé que les mères ne traitent pas l’eau parce que ça leur prend du temps, parce qu’elles n’aiment pas le goût de l’eau bouillie, et parce que le chlore est coûteux. Elles ont également mentionné que beaucoup de mères de famille ignorent qu’il est nécessaire de traiter l’eau.
La corvée d’aller chercher de l’eau pour le foyer est réservée aux femmes. Dans 69,3 % des foyers, ce sont les femmes de plus de 15 ans qui en sont responsables. Dans 18,5 % des foyers, ce sont les hommes. Les filles de moins de 15 sont responsables dans 8,3 % des ménages de cette tâche, et les garçons 3,2 %. Par conséquent, les femmes sont responsables de l’eau dans 77,6 % des foyers (INS, 2016).
Comme indiqué ci-dessus, l’accès à l’eau est un facteur qui conditionne le bien-être de la famille et détermine les pratiques d’hygiène. Un indicateur pour mesurer l’accès à l’eau est le temps qu’il faut pour aller et revenir de la source d’eau. 22,9 % de la population vit dans des foyers qui doivent investir plus d’une demi-heure pour obtenir de l’eau (INS, 2016).
53
Hydroconseil (2010), p. 37
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
129
ASSAINISSEMENT La situation à São Tomé-et-Principe concernant l’assainissement révèle des progrès très lents au fil du temps et de graves pénuries généralisées.
Seulement 4,3 % utilisent les installations non améliorées. Le déterminant le plus important est le niveau de revenu : l’accès à des installations d’assainissement améliorées montre des disparités graves en fonction du revenu. Dans le quintile le plus riche, 93,6 % des personnes ont accès à des installations améliorées, contre 11,7 % du quintile le plus pauvre.
Le graphique 3.2.28 présente le type d’assainissement en fonction des déterminants socio-économiques. 48,4 % de la population défèque en plein air, un fait qui s’est amélioré par rapport à 2009 (57,7 %).
Graphique 3.2.28. Pourcentage de la population par type d’installation d’assainissement, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique, 2014 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
5,1 5,5
40,5
48,4
41,9
3,3
4,3
84,4
4,9
56,2
53,2
Total
Nord Ouest
Principe
Urbain
Région Améliorée
39,9
35,6
27,3 Rural
Aucun
Milieu
Non améliorée
93,6
89,4
4,4
3,1
7,3
47,3
55,8
61,3
65,5
5,2 1,2
3,9 11,7 Supérieur
Le plus pauvre
Scolarité du chef du ménage
Le plus riche
Quintile de richesse
En plein air
Source : enquête MICS 5 (INS, 2016)
Graphique 3.2.29 : Types de système d’assainissement dans chaque sous-district, 2012
Nord Ouest Toilette partagée
Trou dans la propriété
Source : Elaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012)
130
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Latrine améliorée Rien
Sud Est
S. António
Malanza
S. J. Angolares
Ribeira A.
Santana
Pantufo
São-Tomé
Almas
Centre Est
Toilettes d´usage exclusif Latrine simple
Caixão G.
Madalena
Bombom
Trindade
S. Catarina
Neves
S. Amaro
Micoló
Conde
Guadalupe
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
Principe
Au niveau des régions, la région Nord-Ouest, au sous-district de Micoló, 93,5 % des foyers n’ont pas d’installations sanitaires. Dans la région Sud-Est, les sous-districts de Ribeira-Afonso (78,5 %) et Santana (77,2 %), présentent les lacunes les plus importantes. Une des pratiques les plus recommandées pour la prévention des maladies transmissibles (comme la diarrhée) est le lavage des mains avec de l’eau et du savon. Le pourcentage de ménages dans lesquels il y a de l’eau et du savon pour se laver les mains est de 40,5 % (INS, 2016), ce qui est relativement faible, mais cela ne devrait pas surprendre, compte tenu des difficultés pour accéder aux sources d’eau décrites ci-dessus. Le niveau de richesse et le niveau d’éducation du chef du foyer sont les deux déterminants les plus importants des pratiques d’hygiène. Ainsi, si dans seulement 24,6 % des ménages, dont le chef n’a aucune éducation, il y a du savon et de l’eau, le chiffre monte à 66,9 % pour le cas des chefs de ménage avec un niveau de scolarité supérieur (INS, 2016).
L’ÉLIMINATION DES DÉCHETS DES MÉNAGES Seulement 1 ménage sur 5 dispose d’un système adéquat d’élimination des déchets (collecte par des services publics ou privés). La plupart des ménages éliminent les déchets de façon inadéquate (80,4 %), ils sont principalement «jetés sur des terrains vagues” pour 63,4 % des ménages54 (INS, 2016). L’élimination inadéquate des déchets des enfants peut provoquer une propagation des maladies, la contamination des sources d’eau, etc. L’élimination adéquate des déchets se pratique seulement pour 28,9 % des enfants âgés de 0 à 2 ans, sans aucun progrès depuis 2009 (INS, 2009 et 2016). Avoir une installation sanitaire améliorée favorise le traitement approprié des déchets, cependant, pour près de 40 % des enfants qui habitent dans des ménages avec des installations sanitaires améliorées, les déchets n’étaient pas éliminés de façon adéquate, ce qui semble indiquer une habitude enracinée dans la population. Seulement 38,2 % des mères avec un niveau de scolarité supérieur éliminent les déchets de façon adéquate, et 63,1 % dans le quintile de richesse supérieur (INS, 2016). En conclusion, la façon d’éliminer les excréments des enfants peut indiquer certaines habitudes et pratiques inadéquates acceptées par la population.
Et dans les 17 % restant, 6,7 % brûlent les déchets et 3,5 % les jettent dans une rivière ou en mer, 5,8 % les enterrent, et 1,1 % utilisent une autre méthode d’élimination.
54
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
131
3.2.6. Enjeu principal 3 : les disparités dans l’accès à l’eau potable et à l’assainissement CAUSES DIRECTES L’accès à l’eau potable et aux installations d’assainissement améliorées présente de graves lacunes qui ont des effets négatifs sur la santé des enfants. Dans le cas de l’assainissement, les déterminants socio-économiques sont très influents, spécialement le niveau de richesse, la région et le milieu de résidence. Cependant, au niveau communautaire, il existe un ensemble de pratiques non hygiéniques qui reflètent des habitudes socialement acceptées qui devraient disparaître, comme la défécation en plein air ou ne pas se laver les mains avec du savon.
CAUSES SOUS-JACENTES La Société d’eau et d’électricité (EMAE) gère 16 systèmes d’eau, qui sont les plus grands systèmes d’approvisionnement et qui couvrent environ 100 000 personnes. Seulement 8 d’entre eux ont un système de traitement d’eau. D’autre part, il existe de nombreux petits systèmes ruraux construits à l’époque coloniale et qui sont fortement dégradés. Dans certains cas, ils ne fonctionnent plus, de sorte que la population doit s’approvisionner directement aux sources. Comme indiqué, la maintenance de ces systèmes ruraux revient aux gouvernements des districts, qui manquent souvent de fonds. L’EMAE présente des lacunes en capacités techniques et financières qui font obstacle à la gestion et à l’entretien adéquat des infrastructures. Il n’y a pas de contrôle effectif de la qualité de d’eau (c’est une responsabilité de la direction des soins de santé du MS) par manque de capacités et de ressources. Cependant, le responsable de la direction de l’eau à la direction des ressources naturelles et de l’énergie (DRNE) affirme que la majorité des eaux rurales sont contaminées par des coliformes fécaux et ne sont pas potables. Les principales causes de la mauvaise qualité de l’eau sont (en plus des systèmes inadéquats) le manque de soutien du gouvernement du fait du manque de ressources, les investissements insuffisants, la dégradation volontaire des installations de la part de certains usagers, et le manque de sensibilisation. Il y a aussi des problèmes de pénurie (les sources publiques ne fonctionnent parfois que quelques heures par jour), en raison principalement
132
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
des insuffisances du système d’alimentation et du manque d’entretien. La participation des communautés dans la gestion de l’eau est rare et n’est pas structurée. Sur le plan de l’assainissement, la situation est encore plus difficile. Les compétences politiques ne sont pas claires : les textes légaux sur la DRNE ne définissent pas ses attributions dans la matière. De plus, la direction des soins de santé est responsable de la promotion de l’assainissement de base, même si elle ne dispose pas de ressources et doit compter sur la contribution de la coopération internationale. Au niveau des districts, les responsabilités des mairies ne sont pas clairement définies légalement. Étant donné la limitation des ressources, elles se consacrent principalement à surveiller les activités des ONG. Dans certains cas, elles interviennent dans la planification pour diriger les investissements alloués aux différentes communautés. Pour la plupart des communautés, la construction d’une salle de bains publique adéquate (qui ne contamine pas l’eau par filtration) est trop chère. Dans le meilleur des cas, ils construisent donc des installations inadéquates qui finissent par ne plus être utilisées. En outre, comme indiqué précédemment, il y a un facteur culturel de résistance à utiliser les installations sanitaires.
CAUSES STRUCTURELLES Dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, on observe une délégation implicite des travaux d’installation et d’amélioration (en particulier de l’assainissement, les latrines, les salles de bain publiques) à la coopération internationale, ce qui empêche tout travail systématique, coordonné et durable, principalement dans les zones rurales. Par exemple, un projet de l’Agence espagnole de coopération internationale au développement (AECID) a recueilli des informations sur la qualité de tous les points d’eau dans le pays et a réhabilité 12 des 50 points analysés en 2012. Cependant, ce travail a été interrompu lorsque l’AECID a terminé son soutien. Le projet d’amélioration de l’accès à l’eau potable dans les écoles primaires (Improving access to clean water in primary schools), développé de 2011 à
2012 par l’UNICEF et le PAM, pour améliorer l’accès à l’eau et les conditions d’hygiène et d’assainissement dans les écoles de tous les districts du pays, est un autre exemple d’intervention de la coopération qui a un grand potentiel d’impact mais qui nécessite une plus grande durabilité pour obtenir les résultats désirés. La Banque africaine de développement, BAD, se propose d’allouer des fonds pour élaborer un programme national d’eau et d’assainissement qui interviendrait dans les zones rurales en deux étapes. La première étape consisterait à réaliser un inventaire des installations et la deuxième à élaborer un programme pour les réhabiliter. Le financement des mesures serait confié à la table des bailleurs de fonds. Il est prévu que les deux étapes soient terminées en décembre 2016. L’une des principales faiblesses du secteur est qu’il n’existe pas encore une politique nationale d’eau et d’assainissement. En conséquence, il n’y a pas de définitions claires des pouvoirs et des compétences des acteurs impliqués, ce qui crée un chevauchement des tâches et des fonctions. Par exemple, la coordination entre le niveau central et les districts
est plus basée sur la bonne volonté des parties que sur des relations formelles. L’absence d’objectifs clairs à long terme et la dépendance de l’aide extérieure créent une grande instabilité dans le budget alloué au secteur et empêchent la poursuite des travaux. En ce moment, le pays travaille sur une loi qui prétend être l’instrument politique pour définir le travail dans ce secteur. En outre, les institutions nationales impliquées (direction des ressources naturelles et de l’énergie, direction des soins de santé) présentent des faiblesses importantes en termes de dotation en ressources : elles manquent de cadres, avec une spécialisation technique dans le domaine, et de financement. La stratégie participative pour l’eau et l’assainissement de São Tomé-et-Principe 2030 vise à jeter les bases pour une intervention à long terme. Élaborée en 2010, il n’y a pas encore d’évaluation sur son implémentation, mais les données disponibles indiquent qu’il n’y a pas eu de progrès significatifs (par exemple, il était prévu que d’ici 2015, 53 % de la population rurale aurait accès à l’eau potable et 55,1 % à un assainissement adéquat. Ces objectifs n’ont pas été atteints).
Figure 3.2.8. Analyse causale de la persistance de disparités dans l’accès à l’eau et à l’assainissement Causes directes Absence d’installations sanitaires améliorées pour 88,3 % de la population la plus pauvre. 22,9 % de la population doit investir plus d’une demi-heure pour obtenir de l’eau potable. Existence de pratiques non hygiéniques socialement acceptées (comme de ne pas se laver les mains avec du savon ou de ne pas éliminer les déchets correctement).
Causes sous-jacentes Dégradation des systèmes d’eau ruraux. Insuffisances du système d’alimentation et manque d’entretien des sources urbaines. Absence de contrôle effectif de la qualité de l’eau. Seulement 8 systèmes urbains d’eau (des 16 qui existent) ont un système de traitement de l’eau. Lacunes en capacités techniques et financières de la Société de l’eau et d’électricité font obstacle à la gestion et à l’entretien adéquat des infrastructures.
Causes structurelles Problèmes sérieux dans la gouvernance du secteur : absence de définitions claires des pouvoirs et des compétences des acteurs impliqués dans la gouvernance du secteur. Absence d’une politique nationale d’eau et assainissement. Délégation implicite des travaux d’installation et d’amélioration (en particulier de l’assainissement, les latrines, les salles de bain publiques...) à la coopération internationale. Forte dépendance de la contribution financière et technique de la coopération internationale.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
133
Tableau 3.2.3 : Les déterminants des disparités dans l´accès à l´Eau et à l´assainissement Déterminants
Normes sociales
Description On n´a pas remarqué l´existence de normes sociales qui puissent constituer des barrières d´accès à l´eau et á l´assainissement (il existe par contre des pratiques sociales, voir ci-après) Absence de politique nationale d´eau et assainissement. Cadre législatif en développement au moment de la réalisation de cette étude.
Législation / Politiques
Sur le plan de l’assainissement, les compétences politiques ne sont pas claires : les textes légaux sur la Direction des Ressources Naturelles et l´Environnement ne définissent pas ses attributions dans la matière. Investissements publics insuffisants
Environnement adéquat Budget / Dépenses publiques
Dépendance de la coopération internationale pour le financement et la maintenance des sources d´eau rurales. Manque de systèmes de traitement de l´eau dans la moitié des 16 systèmes d’eau gérés par la Société d’Eau et d’Electricité (EMAE)
Gestion / Coordination
La participation des communautés dans la gestion de l’eau est rare et n´est pas structurée. Les sources rurales sont sous la responsabilité des chambres de district : Délégation implicite des travaux d’installation et d’amélioration de l’assainissement à la coopération internationale.
Provisions
Disponibilité des intrants
L´approche programmatique fait obstacle à une provision en chaîne des intrants pour la construction de systèmes d´assainissement Les sources urbaines sont gérées par la Société d´Eau et Electricité (EMAE) et sont dans des meilleures conditions que les sources rurales, qui sont sous la responsabilité des chambres de district
Provisions
Accès au service du personnel, installations et information adéquate
Au niveau des districts, les chambres n´ont pas de responsabilités légales et se limitent à surveiller les activités des ONG. Dans certains cas elles interviennent dans la planification pour diriger les investissements aux différentes communautés. L´EMAE présente des lacunes de capacités techniques et financières qui font obstacle à la gestion et à l´entretien adéquat des infrastructures.
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Déterminants
Description Le coût des installations d´eau et assainissement dans le domicile les rend inaccessibles à la majorité de la population
Accès financier
La plupart des ménages éliminent les déchets de façon inadéquate (80,4 %).
Pratiques et croyances sociales et culturelles
Persistance de pratiques non hygiéniques socialement acceptées (ne pas se laver les mains avec du savon) Le 93 % de la population ne traite pas l’eau pour la boire
Demande
Le 52,7 % de la population n´a pas accès à des installations d´assainissement améliorées. 22,9 % de la population doit investir plus d’une demi-heure pour obtenir de l’eau potable.
Continuité d’utilisation
Absence d´installations sanitaires améliorées pour le 88,3 % de la population la plus pauvre. Au niveau de l´eau potable il y a des problèmes de pénurie (les sources publiques ne fonctionnent parfois que quelques heures par jour)
Qualité
Qualité
Contamination de l´eau potable par des coliformes fécaux (mauvaise qualité bactériologique de l´eau) Il n’y a pas de contrôle systématique de la qualité de l’eau
ACTIONS CLÉ
Il est nécessaire de promouvoir la discussion nationale autour de la priorité politique qui doit s’accorder sur ce secteur, qui devrait être parallèle à celle accordée par les communautés et à son impact sur la pauvreté et la mortalité infantile.
Prioriser les installations d’eau et d’assainissement qui sont plus proches des enfants (par exemple dans les écoles), et les interventions plus effectives pour réduire la contamination des sources d’eau, à l’origine des maladies diarrhéiques.
Appuyer le développement du cadre politique du secteur (en cours) pour intégrer une approche sensible aux enfants dans la planification du secteur, et assurer des définitions claires des objectifs, des pouvoirs et des compétences des acteurs impliqués.
Accorder la priorité à la purification des sources d’eau existantes. L’information aux familles pour le traitement domestique de l’eau n’est pas une option effective.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
135
3.3. Le droit à l’éducation primaire gratuite et universelle. Obligation des États de promouvoir l’accès universel à l’éducation secondaire et supérieure DROITS CONVENTION RELATIVE AUX DROITS DE L’ENFANT Article 28 : 1. Les États parties reconnaissent le droit de l’enfant à l’éducation, et en particulier, en vue d’assurer l’exercice de ce droit progressivement et sur la base de l’égalité des chances : a) Ils rendent l’enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous; b) Ils encouragent l’organisation de différentes formes d’enseignement secondaire, tant général que professionnel, les rendent ouvertes et accessibles à tout enfant, et prennent des mesures appropriées, telles que l’instauration de la gratuité de l’enseignement et l’offre d’une aide financière en cas de besoin; c) Ils assurent à tous l’accès à l’enseignement supérieur, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés; d) Ils rendent ouvertes et accessibles à tout enfant l’information et l’orientation scolaires et professionnelles; e) Ils prennent des mesures pour encourager la régularité de la fréquentation scolaire et la réduction des taux d’abandon scolaire.
CONSTITUTION DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DE SÃO TOMÉ-ET-PRINCIPE Article 55 : 1. L’éducation, en tant que droit reconnu à tous les citoyens, vise à la formation intégrale des personnes et à leur participation active dans la communauté. 2) l’État est responsable de promouvoir l’élimination de l’analphabétisme et l’éducation permanente, selon le système de l’éducation nationale. 3. L’État garantit l’éducation de base gratuite et obligatoire. 4. L’État favorise progressivement l’égalité des chances dans l’accès aux autres niveaux d’enseignement.
POLITIQUES PRINCIPALES
La politique éducative de São Tomé-et-Principe vision 2022 (2012-2022) Stratégie pour le développement de l’enseignement spécial (2010)
DÉVELOPPEMENTS LÉGISLATIFS NATIONAUX
Loi nº2/2003 – Loi régissant les principes fondamentaux du système éducatif. Cette loi établit l’encadrement général du système éducatif. Elle détermine ses principes généraux (universalité, liberté d’apprentissage et d’enseignement, promotion de la démocratie entre autres), les niveaux éducatifs (préscolaire, scolaire et extrascolaire et les niveaux
136
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
de l’éducation scolaire. La Loi régissant les principes fondamentaux du système éducatif aborde également la question des qualifications nécessaires pour faire partie des ressources humaines du secteur et détermine également les besoins matériels, les compétences pour l’administration et les principes d’évaluation du système.
3.3.1. État des lieux, évolutions et disparités LES CHIFFRES La dernière décennie a vu la réalisation d’importants progrès dans la réalisation des droits de l’enfant à l’éducation. De 2001 à 2014, le nombre d’enfants scolarisés a augmenté de manière substantielle à tous les niveaux d’enseignement. Dans le préscolaire, le nombre d’enfants a presque doublé (de 4 699 pour l’année scolaire 2001/2002 à 7 989 pour l’année scolaire 2013/2014), en primaire, durant cette même
période, il a presque atteint la totalité des enfants (en passant de 27 806 à 34 353) et pour le secondaire, il a plus que doublé (passant de 7 347 à 17 772)55. Cela témoigne des efforts du système scolaire pour développer sa capacité d’accueil et l’efficacité des politiques de suppression des coûts pour intégrer et retenir les enfants à l’école56.
Graphique 3.3.1. Évolution (2000 à 2014) des taux liquides de scolarisation en préscolaire, primaire et secondaire 94,1
100
94,1
90 80
68,2
70
60,4
60 50
36,4
40
35,4
27,4
30
18,2
20 10 0
Taux net de scolarisation préscolaire
Taux net de scolairsation primaire
Taux net de scolarisation secondaire 2000
2006
2014
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l´enquête MICS 5 (INS, 2016), enquête MICS 3 (INS, 2006) et enquête MICS 2 (INS, 2000)
Les taux nets de scolarisation indiquent dans quelle mesure le système éducatif réussit à intégrer tous les enfants en âge de scolarisation (dans les âges théoriques qui correspondent à chaque niveau). L’évolution de 2000 à 2015 est positive pour les trois niveaux. Pour les niveaux préscolaire et secondaire, le taux net de scolarisation a presque doublé (cf. graphique 3.3.1). Malgré les progrès, en 2014, à peine
55 56
un enfant sur trois (36,4 %) en âge d’assister au préscolaire et deux enfants sur trois (60,4 %) en âge d’assister au secondaire fréquentent ces niveaux (INS, 2016). Au niveau des régions, l’augmentation des taux de scolarisation préscolaire semble avoir délaissé la région Sud (de 2000 à 2014, le taux de scolarisation a augmenté de seulement 1,4 point de pourcentage).
Les sources proviennent du MECS et du Pôle de Dakar (2012) pour les chiffres 2001/2002 et du MECS (2015) pour ceux de 2013/2014 À São Tomé-et-Principe l’enseignement de base (primaire) est gratuit depuis 2005-2006 Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
137
Graphique 3.3.2. Évolution des taux nets de scolarité en préscolaire, par région, de 2000 à 2014 (en %) 34,5
RA Principe
53,5 40,5 41,9
Sud Est
2000
21,4
Nord Ouest
36,2
14,5
Centre Est 0
10
20
2014
34,3 30
40
50
60
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l´enquête MICS 5 (INS, 2016) et de l’enquête MICS 2 (2000)
Au niveau interrégional, on constate une expansion asymétrique de l’accès aux services. A l’exception de Principe, l’accès au secondaire est plus étendu que celui du préscolaire. La région Centre-Est présente le taux le plus élevé de scolarisation secondaire
(63,2 %) et le plus bas en préscolaire (34,3 %), au contraire de Principe, qui présente le taux de scolarité secondaire le plus bas (49,7 %) et le plus élevé en préscolaire (53,5 %).
Graphique 3.3.3 : Taux nets de scolarité en préscolaire, primaire et secondaire, 2014 100,0
95,0
93,8
95,7
93,4
90,0 80,0 70,0
63,2
58,2
60,0 50,0 40,0
34,3
51,7
53,5
49,7
41,9
36,2
30,0 20,0
Centre Est
Nord Ouest
Sud Est Niveau préscolaire
Niveau primaire
RA Principe Niveau secondaire
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l´enquête MICS 5 (INS, 2016)
LA PARITÉ DE GENRE La parité de genre est un autre succès du système éducatif saotoméen. L’indice de parité de genre est égal à un pour l’enseignement primaire, et à 1,18 pour l’enseignement secondaire (INS, 2016). Cependant, la parité se réduit vers l’âge de 16 à 17 ans
138
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
(cf. graphique 3.3.4), principalement à cause des limitations de l’offre formative publique qui fait que les étudiantes doivent se déplacer loin de leur famille (UNICEF et Institut du genre, 2009).
Graphique 3.3.4 : Enfants scolarisés, par âge et sexe, 2012 (Nombre) 2500 2000 1500 1000 500
5 ans
6 ans
Garçons
7 ans
8 ans
9 ans
10 ans 11 ans 12 ans 13 ans 14 ans 15 ans 16 ans 17 ans
Filles
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données du IVème RGPH (INS, 2012)
Les problématiques spécifiques, telles que le mariage, les unions57 et les grossesses précoces58, représentent cette déperdition socio-culturelle touchant principalement les filles. Il est néanmoins important de noter que la relation entre ce phénomène et l’abandon des études est bidirectionnelle, en effet, dans certaines régions, les filles commencent leur vie fertile et domestique du fait de l’absence de possibilités pour étudier.
LES INDICATEURS DES PROGRÈS SCOLAIRES DES ENFANTS : LES TAUX DE SURVIE SCOLAIRE, DE TRANSITION AU SECONDAIRE ET D’ACHÈVEMENT DU PRIMAIRE D’après l’enquête MICS 5 (INS, 2016), le taux d’achèvement du primaire (de la première à la 6ème classe) est de 111,9 %, mais ce résultat doit être nuancé car l’achèvement peut faire l’objet d’effets multi-cohorte : 91,6 % des enfants qui commencent le cycle primaire arrivent en 6ème classe (taux de survie). 53,7 % des enfants qui terminent l’école primaire entrent en premier cycle du secondaire (INS, 2016). L’achèvement du premier cycle du secondaire (de la 7ème à la 9ème classe) a évolué de 19,8 % à 45,2 % de 2005/2006 à 2010/2011 (MECS et Pôle de Dakar, 2012). Par rapport aux disparités dans la survie en cycle primaire et dans la transition au secondaire, les données de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) révèlent une influence importante du niveau de richesse, mais moins déterminante que le niveau éducatif de la mère. Par rapport à la transition au secondaire, les disparités déterminées par le niveau de richesse se
LA RELATION ÉTROITE ENTRE LES UNIONS PRÉCOCES ET LE MANQUE D’ACCÈS À L’ÉDUCATION SECONDAIRE :
Les discussions de groupe au niveau communautaire ont révélé que la vie domestique n’est pas la première option des filles ni de leur famille : par exemple, les enfants de la communauté de Malanza n’ont pas accès à l’école de deuxième cycle du secondaire. Seules les familles qui ont des ressources et de la famille (ou des proches de confiance) à São Tomé ou à Sao Joao dos Angolares peuvent assurer à la continuité du parcours scolaire à leurs enfants. Face au manque de possibilités de continuer leurs études (la porte d’entrée à la vie professionnelle) beaucoup de filles de la communauté choisissent de se tourner vers la vie de couple et de famille (« arranjar homem »).
réduisent et égalent quasiment les différences significatives au niveau des régions, surtout entre la région Nord-Ouest (72,9 %) et les autres (Sud-Est 45,8 %, Centre-Est 50,1 % et la région de Principe 47,7 %). Cela peut être dû aux différents degrés d’extension de l’offre publique des établissements du secondaire. L’influence du niveau de scolarité de la mère est déterminante pour les deux indicateurs.
À São Tomé-et-Principe, 78 % des enfants en union/mariage précoce avant l’âge de 18 ans sont des filles (INS, 2016). Le système éducatif saotoméen dirige les filles enceintes vers l’enseignement du soir. Celles-ci finissent par abandonner leurs études dans 85,7 % des cas (INS, 2012).
57 58
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
139
Figure 3.3.1 : Les disparités dans le taux de survie jusqu´à la dernière classe du primaire et la transition au secondaire Survie au niveau primaire Moyenne nationale 91,6 %
Région Nord Ouest
Filles 96,3 %
Moyenne nationale 53,7 %
96,4 %
Garçons 89,1 %
87,1 %
Région Sud Est
Garçons
84,5 %
Mère scolarité secondaire
Appartient à une famille pauvre
53,4 %
72,9 %
54 %
Mère pas Appartient à una de scolarité famille riche
98,4 %
Région Nord Ouest
Filles
45,8 %
Région Sud Est
22 %
66,3 %
78,9 %
97,1 %
Appartient à una famille riche
Transition au niveau secondaire
Mère aucune scolarité
62,9 % 66,3 %
Mère scolarité secondaire
Appartient à une famille pauvre
Source : Élaborés par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
LES IMPACTS DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE DES FAMILLES DANS LES DISPARITÉS ÉDUCATIVES Figure 3.3.2 : Disparités dans l’utilisation des services d’éducation, par quintile de richesse, 2014 Taux net de scolarisation, niveau préscolaire, en % 70
63,2
60
52,1 50,9
50 40 30 20
24,9 20,621,5 20,6 17,5
Q1
21,6
5,2 Q2
2000
Q3
90
90,7
Q4
Q5
70 60 50 40
40
30
30 20
20
10
10
0
Taux d´achèvement du cycle primaire, 2006 et 2014 (%)
140
90
Q1
Q2
Q3
Q4
Q5
90 Analyse de la situation 92,2 des enfants et des femmes 91,8 à São Tomé-et-Principe en 2015 80
93,6
0
Q1
Q2
Q3
Q4
2006 2014 Linear (2006)
2006 2014 Linear (2006)
Linear (2014)
Linear (2014)
Transition en secondaire, 2014 (%)
97,5 100 98,1 97,1
88,1 85,4 85,3 84,5
90 80
70
Linear (2014)
95
98,4 93,9 94,2
80
2006 2014 Linear (2000)
100
93,5
50
10,1 2,5
100
Taux net de scolarisation secondaire
60
33,8 29,8
10 5,4 0
Taux net de scolarisation primaire (%)
Taux d´alfabetisation femmes de 15 à 24 ans, 2006 et 2014 (%) 100
89,5
91,9 91,2
Q5
91 90 80
84,9 78,6
97,2 93,3 90,3 90,1 78,9
0
Q1
Q2
2000
Q3
Q4
Q5
0
Q1
Q2
2006 2014 Linear (2000)
97,5 100 98,1 97,1
95
90
90 85
92,2
Q1
93,6
Q2
Q3
Q4
2006 2014 Linear (2006)
Q5
40
Q3
Q4
100 89,5
91,9 91,2
54
91 90
2006
Q4 2014
Linear (2014)
97,2 93,3 90,3 90,1
78,6
78,9
70 59,3
61
50,2 50
46,2
Q3
84,9
60
52,3 51,6
Q2
Q5
Taux d´alfabetisation femmes de 15 à 24 ans, 2006 et 2014 (%)
62,9
Q1
Q2
Linear (2014)
80
50
Q1
Linear (2014)
70 60
0
2006 2014 Linear (2006)
80
88,1 85,4 85,3 84,5
80 75,9 75 70
Q5
Transition en secondaire, 2014 (%)
100 91,8
Q4
2006 2014 Linear (2006)
Linear (2014)
Taux d´achèvement du cycle primaire, 2006 et 2014 (%)
Q3
Q5
40
Q1
Q2
Q3
Q4
Q5
2006 2014 Linear (2006) Linear (2014)
Source : Élaborés par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016)
L’influence de la situation économique des familles sur les indicateurs éducatifs présente en général une évolution positive dans le temps, c’est à dire une légère tendance à la réduction des disparités (tendance visible pour le taux de scolarisation primaire, secondaire, pour le taux d’achèvement du primaire ou d’alphabétisation des adultes). Malgré cela, les disparités sont clairement visibles au niveau du préscolaire et du secondaire, deux services que
l’État n’a pas encore réussi à universaliser. Outre les difficultés à l’accès physique, ces deux niveaux impliquent des frais d’utilisation plus élevés que le primaire, ce qui entrave l’accès des enfants des familles les plus pauvres. Au niveau du préscolaire, qui est même plus coûteux que le secondaire (MECS et Pole de Dakar, 2012) on assiste à une augmentation des disparités (cf. figure 3.3.2).
LA LUTTE CONTRE L’EXCLUSION, UN DÉFI MAJEUR DU SYSTÈME ÉDUCATIF Les graphiques ci-dessous sont des “photographies” de la situation scolaire des enfants de São Tomé-etPrincipe en 2012, et illustrent les problématiques principales du système éducatif saotoméen : l’exclusion
du système éducatif (réelle et potentielle), le redoublement scolaire croissant, et la « déscolarisation » à partir du premier cycle du secondaire.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
141
Figure 3.3.3 : Situation scolaire des enfants à São Tomé-et-Principe En nombre
6000 5000 4000
2999
2515
4112
984
3000 2000 1000 0
1382
2599
3092
2897
493 1803
2812
1522
337 243 2009
2260
306 68 641 1634
2014
275 318 683 1877
1480
333 371 930
1741
409 683 1063 1541
446
635
790
1051
973 1060
1101
868
520
635
1228
1486
1603 1776
1180 805 321
855 524 129
592 183 106
1831 210 125 62
3 ans 4 ans 5 ans 6 ans 7 ans 8 ans 9 ans 10 ans 11 ans 12 ans 13 ans 14 ans 15 ans 16 ans 17 ans Premier cycle Âge de scolarité préscolaire Âge théorique
Deuxième cycle
Premier cycle
Âge de scolarité primaire 1 an de retard
Deuxième cycle
Âge de scolarité secondaire
2 ans de retard
3 ans ou + de retard
Non Scolarisés
En pourcentage 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
9,7 26,3 53,6
44,9
35,3 18,7
73,0
6,9 5,0
41,4
6,6 1,5 13,7
35,0
5,9
7,4
6,9
8,3
14,7
20,8
11,8 20,8
23,3
33,8 46,4
55,1
55,0
55,1
46,6
27,0
43,2
31,9
15,9
24,6
40,0
45,7
29,6
49,3
22,1
28,0 13,7
31,6
41,4
20,2 19,0
19,6
26,3
25,7
40,5 38,9
8,0
13,5 3,3
15,2 4,7 2,7
5,7 3,4 1,7
3 ans 4 ans 5 ans 6 ans 7 ans 8 ans 9 ans 10 ans 11 ans 12 ans 13 ans 14 ans 15 ans 16 ans 17 ans Premier cycle Âge de scolarité préscolaire Âge théorique
Deuxième cycle
Âge de scolarité primaire 1 an de retard
2 ans de retard
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données du IVème RGPH (INS, 2012)
142
9,0 15,0
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Premier cycle
Deuxième cycle
Âge de scolarité secondaire 3 ans ou + de retard
Non Scolarisés
LA SITUATION SCOLAIRE DES ENFANTS : QUELQUES FAITS EN BREF
Entrée tardive 26,3 % des enfants âgés de 6 ans ne sont pas scolarisés. 18,7 % intègrent le système éducatif avec un an de retard. Retard en primaire Un enfant sur trois en primaire est en âge théorique (34,6 %) et un enfant sur trois a un an de retard (34,4 %). 30 % des enfants âgés de 15 ans fréquentent l’école primaire (enquête MICS 2014). Retard en secondaire 51,8 % des élèves en secondaire sont des enfants ayant trois ans de retard par rapport à l’âge théorique.
Exclusion du système : En 2012, 26 464 enfants âgés de 5 à 17 ans (soit 45,3 % du total de cette tranche d’âge) étaient en situation d’exclusion scolaire réelle (non scolarisés) ou potentielle (2 ans ou plus de retard). Exclusion du système : 44,9 % des enfants en âge d’assister au préscolaire ne sont pas scolarisés, de même que pour 5 % des enfants âgés de 6 à 11 ans, et 10,4 % pour les enfants âgés de 12 à 17 ans. Risques éducatifs des adolescents Les enfants âgés de 16 à 17 ans concentrent 42,5 % des enfants ayant plus de trois ans de retard et 25,6 % des enfants non scolarisés (Out of School) âgés de de 5 à 17 ans (âges théoriques du préscolaire, primaire et secondaire)59.
Source : IVème RGPH (INS, 2012), MICS 5 (INS, 2016)
La donnée la plus frappante et la plus représentative de l’exclusion éducative est sans doute celle du chiffre de 10 603 enfants âgés de 5 à 17 ans qui ne sont pas scolarisés (Out of School) pour l’année 2012. Une autre donnée représentative est celle du nombre d’enfants intégrés dans le système scolaire
mais en situation précaire et vulnérable qui ont deux ans ou plus de retard (15 861 en 2012). Ces enfants, souvent en échec scolaire, requièrent une intervention publique efficace pour ne pas qu’ils deviennent des enfants « out of school » à l’avenir.
Les enfants âgés de 16 à 17 ans concentrent 15,2 % des enfants non scolarisés (Out of School) des 6-17 ans (âges théoriques des niveaux primaire et secondaire).
59
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
143
LES ENFANTS NON SCOLARISÉS (OUT OF SCHOOL) À SÃO TOMÉ-ET-PRINCIPE Graphique 3.3.5. Enfants qui ne fréquentent pas à l’école, 2012 (en %) 80
Âge
es td en gm Se
70 60
té ari
col
50
"en
40
att en te"
30 20
Segment de scolarité
e td
"
t
a ris
la
co
s dé
" ion
en
m eg
S
10 0
3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans
Nombre
3 ans
4112
4 ans
2999
5 ans
2515
6 ans
1382
7 ans
493
8 ans
337
9 ans
306
10 ans
275
11 ans
333
12 ans
409
13 ans
446
4 ans
635
15 ans
758
16 ans
1228
17 ans
1486
Total de 5 à 17 ans
9117
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données du IVème RGPH (INS, 2012)
Le graphique 3.3.5 permet d’identifier les trois grands segments de scolarisation à São Tomé-et-Principe (Kitt, 2011) : Le premier segment, de « scolarisation imminente » (ou en attente) », est lié au processus d’incorporation dans le système éducatif : de 5 à 7 ans. Le deuxième segment est le « niveau maximum de scolarisation » : où le taux de scolarisation atteint son niveau maximum, le nombre d’enfants scolarisés est alors quasiment égal au nombre total d’enfants (pour une même tranche d’âge). À São Toméet-Principe, ce segment correspond aux 8 - 11 ans.
144
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Le troisième segment, de « déscolarisation » : correspond au processus d’abandon scolaire proprement dit. À São Tomé-et-Principe, la déscolarisation commence vers l’âge de 12 ans (premier cycle du secondaire) et s’accroît graduellement jusqu’à l’âge de 17 ans, où 40 % des enfants sont exclus du système scolaire. Nous savons combien d’enfants sont déscolarisés, mais où sont-ils ? Le graphique 3.3.6 présente la localisation géographique des enfants non scolarisés, par segment de scolarisation.
Graphique 3.3.6. Enfants non scolarisés dans chaque sous-district, par segment de scolarisation en 2012 (en %) 59,3
Lobata 5 à 7 ans
Lembá 8 à 11 ans
Mé Zochi
3
Agua Grande
11,8
8,4 7,7 2
Cantagalo
Caué
S. António
5,5
Malanza
3,7
S. J. Angolares
4
21,8 13,4 4,8
39,7 39,2 37,1 30,2 27,9 29,5 27,7 34,2 23 23,7 27,2
Pantufo
17,2
Almas
14,4
Caixão G.
3
18
Madalena
14 15,2
26,8
Ribeira A.
38,4
32
São-Tomé
33
Bombom
Trindade
S. Catarina
Neves
S. Amaro
25,1 27,2 24,6 23,3 21,7 23,4 17,9 14,3 12,3 11,5 4,2 4,2 2,6 2,1
Micoló
Conde
Guadalupe
27,2 21 17,3 10,2 3,7 2,8
Santana
43
Principe
12 à 17 ans
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012)
Le graphique ci-dessus nous permet de tirer plusieurs conclusions : Dans la plupart des sous-districts, l’exclusion dans le segment « scolarisation imminente » est importante, supérieure à 20 %. Dans le sous-district de Micoló, l’exclusion atteint presque la moitié des enfants (43 %). Mé-Zochi montre les taux d’exclusion les plus élevés du pays dans ce segment, situation qui disparaît pour le niveau primaire.
Pour le segment « niveau maximum de scolarisation », le système éducatif réussit à incorporer la plupart des élèves : l’exclusion scolaire se concentre surtout dans quatre sous-districts de Caué et de Cantagalo et un sous-district de Lembá (Santana, Ribeira Afonso, Sao Joao dos Angolares, Malanza et Santa Catarina). Les sous-districts de Ribeira Peixe à Cantagalo, Sao Joao dos Angolares et Malanza à Caué, présentent des déficits graves et soutenus pour incorporer et retenir les enfants à l’école.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
145
QUESTIONS D´ÉQUITÉ VERTICALE I : les enfants vulnérables à l´exclusion du système éducatif, un aperçu des déterminants sociaux Les données du IVème recensement général de population (INS, 2012) permettent de dimensionner quelques déterminants sociaux de la vulnérabilité au risque d´exclusion éducative. Enfants ayant des limitations mentales en dehors du système educatif, 2012, en %
Enfants ayant des difficultés motrices en dehors du système éducatif, 2012, en %
53,5 %
8 à 11 12 à 17 ans ans
a) Les enfants ayant des besoins spéciaux : en particulier les enfants ayant des difficultés motrices semblent les plus vulnérables à l´exclusion
8,4 %
71,4 %
44,4 %
5à7 ans
19,4 %
81,8 %
25,6 %
0%
Enfants ayant des difficultés auditives en dehors du système educatif, 2012, en %
0%
20 % 40 % 60 %
Quelque difficulté N'arrive pas
80 % 100 %
0%
Grande difficulté
b) Les activités économiques familiales : les communautés où les activités économiques principales sont
Organ. Internat.
Service doméstique
Service doméstique
Santé
Santé
Education
Education
Administration
Administration
Services et commerce
Services et commerce
Construction
Construction
Industrie
Industrie
Pêche
Pêche
Èlevage
Èlevage
Agriculture
Agriculture 20 %
146
40 % 8 à 11 ans
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
55,6 %
46,7 %
66,7 %
20 % 40 % 60 %
80 % 100 %
Quelque difficulté Grande difficulté N'arrive pas à en tendre
Enfants non scolarisés, par groupe d´âge et par activité économique du père, 2012, en %
Organ. Internat.
12 à 17 ans
85,7 %
la pêche et l´élevage sont plus susceptibles d´avoir des taux élevés d´exclusion scolaire.
Enfants non scolarisés, par groupe d´âge et par activité économique de la mère, 2012, en %
0%
23,3 %
26,0 %
100,0 %
20 % 40 % 60 %
34,0 %
60 % 5 à 7 ans
0%
20 %
40 %
60 %
c) À partir de 8 ans, les enfants qui travaillent
Enfants non scolarisés, en fonction du travail la semaine précedente, 2012, en %
d) Les grossesses ou maternité précoces
Fréquentation scolaire des filles enceintes ou mères, 2012, en %
85,7 %
64,42 % 22 %
6,55 %
8 à 11 ans Ont travaillé
15,29 % 12 à 17 ans N'ont pas travaillé
10,8 % Fréquente l'école
3,6 % Ne fréquente plus l'école
N'a jamais fréquente l'école
Source : Élaborés par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012)
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
147
L’EXCLUSION POTENTIELLE OU SILENCIEUSE : LES ENFANTS AYANT PLUS DE DEUX ANS DE RETARD Le retard scolaire est l’autre dimension clé de la vulnérabilité éducative. Il s’agit des enfants qui sont insérés dans le système scolaire, mais qui par leur situation précaire et instable, sont en fort risque d’abandon. Il s’agit des enfants qui ont 2 ans ou plus de retard par rapport à l’âge théorique.
Selon l’enquête EBM (INS, 2010), la cause la plus fréquemment mentionnée de ne plus fréquenter l’école est « d’avoir atteint la limite d’âge ». Le retard est une barrière d’accès aux services éducatifs très importante à São Tomé-et-Principe.
Figure 3.3.4 : Composition des classes, par situation scolaire des élèves, 2012 En nombre 984
175 243 6778
1803
537 641
998
465
2009
683
930
1634
1877
1017
435
Pré 1ère primaire classe
2363
2385
1541
1709
445
449
382
305
967 174
2ème classe
3ème classe
4ème classe
5ème classe
6ème classe
1306
Age théorique
2300
1180
1878
Précoces
2212
973 1741
2452
1762
1063
1 an de retard
855
789 134
805 479 79
592 524 295 41
705 210 183 111 26
482 153 125 96 18
158 65 70 62 10
7ème classe
8ème classe
9ème classe
10ème classe
11ème classe
12ème classe
1060
2 ans de retard
3 ans ou + de retard
En pourcentage 0% 13 %
3% 5%
9%
9%
11 %
13 %
17 %
19 % 33 %
16 %
35 % 34 %
32 %
9%
Pré 1ère primaire classe Précoces
20 %
29 %
24 %
18 %
7%
9%
6%
6%
3%
15 % 2%
2ème classe
3ème classe
4ème classe
5ème classe
6ème classe
7ème classe
Age théorique
1 an de retard
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012)
148
57 %
55 %
43 %
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
18 % 19 %
28 % 37 %
61 %
22 %
32 %
87 % 39 %
52 %
18 % 32 %
48 %
41 %
20 %
16 % 17 %
17 %
18 % 19 %
15 %
14 %
10 % 2%
8% 1%
9% 2%
11 % 2%
8ème classe
9ème classe
10ème classe
11ème classe
14 %
2 ans de retard
17 % 3%
12ème classe
3 ans ou + de retard
Graphique 3.3.7. Enfants en première classe du cycle basique, par correspondance ou non avec l’âge théorique, 2012 (en %)
Le retard encombre le système scolaire, en effet les enfants ayant deux ans ou plus de retard représentent la moitié des élèves en dernière classe du primaire (6ème classe). En première classe du secondaire (7ème classe), ils sont 63 %. À partir de la 9ème classe, la réduction du nombre d’enfants présentant plus de deux ans de retard s’explique par l’abandon scolaire. Les données du IVème RGPH (INS, 2012) confirment que le retard s’explique, entre autres, par une incorporation tardive dans le système éducatif (cf. graphique 3.3.7).
9%
3%
9%
Précoces Âge théorique 1 an de retard
35%
2 ans de retard
48%
3 ans et plus de retard
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012)
L’incorporation tardive dans le système va se manifester tout au long du parcours éducatif sous la forme de retard scolaire. Accumulée avec les redoublements, elle va contribuer à la vulnérabilité scolaire des enfants et à l’abandon dans l’étape de la « déscolarisation ».
L’incorporation tardive montre de grandes variations au niveau des sous-districts (de 12 % à Madalena jusqu’à 54,2 % à Malanza), et est probablement liée aux difficultés de mise en œuvre de la politique d’incorporation à 6 ans. La Loi régissant les principes fondamentaux du système éducatif (loi nº2/2003) n’a pas été actualisée60.
Graphique 3.3.8. Enfants de 6 ans qui n´assistent pas à l´école, par sous-district, 2012 (%) 60 %
54,2 %
50 %
Lembá
Mé Zochi
Agua Grande
Cantagalo
Malanza
S. J. Angolares
Ribeira A.
Santana
Bombom
Trindade
S. Catarina
Neves
S. Amaro
Micoló
Conde
Guadalupe
Lobata
Pantufo
12,0%
10 % 0%
31,6 %
São-Tomé
19,4 %
36,3 %39,0 % 32,6 % 25,8 % 22,6 %
Almas
20 %
25,5 % 22,9 % 21,9 % 18,4 %
Madalena
30 %
39,8 %
34,5 %
Caixão G.
38,5 % 33,3 %
40 %
Caué
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012)
Article 5.3 de la Loi régissant les principes fondamentaux du système éducatif (nº2/2003) prévoit que le niveau préscolaire est destiné aux enfants de moins de 7 ans.
60
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
149
L’efficience interne du système éducatif est mise à mal par un taux important de redoublements. São Tomé-et-Principe a amélioré son taux de redoublement ces dernières années (en particulier grâce à l’introduction de mesures comme le passage
automatique de 1ère à la 2ème classe en 2007-2008 et de la 3ème à la 4ème classe en 2008-2009). Mais São Tomé-et-Principe fait partie des huit pays africains ayant le taux de redoublement le plus élevé61 (Pole de Dakar, 2012).
Graphique 3.3.9. Redoublement à São Tomé-et-Principe %, par classe (année scolaire 2013-2014) 35
32,0
30 25
22,5
19,6
20
5
1,9 1ère classe
10,6
10,3
9,7
10 0
16,2
14,9
15 1,4 2ème classe
3ème classe
4ème classe
5ème classe
6ème classe
7ème classe
8ème classe
9ème classe
0,7
2,3
10ème classe
11ème classe
12ème classe
Source : Élaboré par les auteurs à partir des statistiques du ministère de l´Education, de la Culture et de la Formation
Le graphique 3.3.9 a été élaboré avec les statistiques administratives de l’année scolaire 2013-2014, avant l’élimination des passages automatiques en 1ère et 3ème classe par décision ministérielle en 2014
(circulaire n°01/DEB2014 point 9). Les statistiques de l’année scolaire 2014-2015 vont certainement révéler des taux de redoublement plus élevés.
LA QUALITÉ DES SERVICES D’ENSEIGNEMENT À São Tomé-et-Principe, il n’y a pas de système d’évaluation de l’apprentissage et le pays ne prend part à aucune évaluation internationale. L’étude sur la qualité des apprentissages menée en 2012 par le Pôle de Dakar pour le Rapport d’État du système éducatif montre des niveaux acceptables d’apprentissage en portugais et mathématiques. Cependant, la perception généralisée est que la qualité est faible (MECS et Pôle de Dakar 2012), les taux élevés de redoublement et de retard témoignent de cette réalité. La qualité de l’enseignement est une préoccupation majeure du ministère de l’Éducation et des principaux partenaires du secteur (l’UNICEF, la BM, la coopération portugaise etc…) qui travaillent dans différents projets guidés par l’amélioration des standards de qualité (Leal, 2015).
D’après l’UNICEF (2015), la qualité de l’éducation a cinq composantes : Figure 3.3.5. Composantes de la qualité de l’éducation
Les résultats
Mécanismes : Enseignants compétents méthodes, écoles bien administrées
Le bagage personnel des élèves, leur préparation
Le milieu scolaire : Sur, sain, protecteur, non sexiste
Le contenu éducatif, pertinent, orienté aux compétences, non sexiste
61 D’après l’étude RESEN (MECS et Pôle de Dakar, 2012), São Tomé-et-Principe est le 8ème pays sur 38 présentant les taux les plus élevés de redoublement.
150
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
LE BAGAGE PERSONNEL DES ÉLÈVES, LEUR PRÉPARATION : LE DÉVELOPPEMENT INTÉGRAL DE LA PETITE ENFANCE Le préscolaire est fondamental pour stimuler les capacités cognitives, motrices, psycho-sociales des enfants, et pour les préparer également aux dynamiques d’apprentissage de l’école primaire. Le préscolaire sur deux ans est un élément de réussite scolaire (Unicef, 2013). Le taux net de scolarisation préscolaire à São Tomé-et-Principe est encore relativement faible (36,4 %) (INS, 2016), et plus d’un tiers des enfants qui y assistent ne sont plus dans la petite enfance (36,4 %). Les infrastructures sont insuffisantes et la formation des éducateurs laisse à désirer. D’après l’UNICEF, « dans les conditions actuelles, la formation des éducateurs ne fait pas de différences marquées sur le niveau d’apprentissage des élèves” (UNICEF, 2015d, p 69). Il est indispensable d’assurer une formation pertinente aux éducateurs et aux auxiliaires, cela implique une analyse et une reformulation des formations actuelles (UNICEF, 2015d). Les petits enfants à São Tomé-et-Principe ont des lacunes graves en calcul et en écriture, liées au manque d’assistance en préscolaire (cf. section 3.3.3).
Les compétences des enseignants - La formation pédagogique des enseignants est une autre composante clé de la qualité de l’enseignement : le nombre de professeurs qualifiés augmente lentement à tous les niveaux. L’ouverture de l’École de formation des professeurs – EFOPE) en 2006, et son intégration dans le domaine de l’université nationale en 2014 est un autre élément qui va faciliter la disponibilité en ressources humaines. Il est fondamental de continuer à renforcer les mécanismes de supervision pédagogique et de soutien aux professeurs du MECS. Les méthodes d’enseignement et des systèmes d’évaluation « child friendly ». Le modèle d’enseignement manque d’innovation et est encore trop centré sur la dimension des connaissances (le « par cœur ») et non sur l’acquisition de capacités. Le manque de compétences pédagogiques d’une partie du corps enseignant se projette sur les évaluations, trop centrées sur la capacité de mémorisation des élèves et non pas sur les aptitudes et compétences acquises. Le système d’évaluation est encore trop rigide (peu diversifié ou progressif) et est une des causes des taux élevés de redoublement (Leal, 2015). La culture scolaire de considération et de respect envers les élèves, de promotion de l’apprentissage et de soutien (et de non-discrimination des élèves en difficultés) sont des aspects clé de la qualité qui manquent au système saotoméen (Leal, 2015). Le système manque de mécanismes de suivi et de récupération des enfants qui souhaitent abandonner l’école.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
151
UN ASPECT ESSENTIEL DE LA QUALITÉ DE L’ENSEIGNEMENT : LA PERSPECTIVE DE GENRE
São Tomé-et-Principe dispose d’une stratégie nationale pour l’égalité et l’équité de genre depuis 2005. Le système éducatif est une institution clé dans la réalisation de l’équité de genre, qui a la capacité d’influencer la perspective de genre dominante dans la société du futur. Le système influence la perspective de genre des enfants par les moyens suivants : Les politiques de parité de genre au niveau des élèves, du corps enseignant et du personnel de gestion et de direction. Les rôles de genre transmis aux élèves par le contenu des programmes scolaires et des manuels.
À São Tomé-et-Principe, les principaux défis de genre dans le système éducatif sont les suivants : L’expansion de l’éducation du deuxième cycle du secondaire, qui affecte plus les filles (à cause de la distance entre leur zone de résidence et les centres d’enseignement). Les manuels du primaire et du secondaire, en général, reflètent des stéréotypes de genre et l’usage du masculin comme générique. Les problématiques de genre sont absentes des manuels scolaires.
Les rôles de genre transmis aux élèves par les attitudes du corps enseignant
Les programmes de formation des professeurs manquent de modules pour développer les capacités des enseignants en matière d’éducation inclusive et de gestion des classes de façon non sexiste et participative.
La priorité octroyée à la création d’un environnement favorable aux deux genres (infrastructures sanitaires différenciées, etc.)
La part des femmes dans le corps enseignant est limitée à partir du secondaire. Il en est de même pour le personnel de direction des écoles.
La prise en compte et implémentation d’actions de prévention ou de protection.
L’approche du MECS par rapport aux grossesses est de sanctionner les filles enceintes en interdisant leur participation dans les classes de jour, ce qui constitue une discrimination et, en pratique, une véritable violation de leur droit à l’éducation.
Les attitudes envers les problématiques spécifiques de genre qui affectent les filles et les garçons de manière différenciée (grossesses précoces, violences, drogues, etc.) par le développement de protocoles de détection, de protection, de dénonciation, de sanctions face aux abus.
152
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Le MECS a des points focaux de genre depuis 2008. Le développement de leurs capacités est fondamental pour continuer à avancer dans l’équité de genre dans le système éducatif.
3.3.2. Le développement de la petite enfance (DPE) Les premières années de la vie sont cruciales pour le développement des capacités cognitives, physiques, sociales et affectives des personnes. Pendant les trois ou quatre premières années, le cerveau est fortement malléable : il crée des milliers de circuits neuronaux par interaction avec l’héritage génétique, les expériences et les apprentissages conscients. Autrement dit, les soins et les stimulations que les enfants reçoivent pendant la petite enfance vont marquer fortement le développement de leurs capacités humaines. Ce que l’on apprend à cet âge-là constitue la base d’un processus de construction de capacités ordonné, qu’il est difficile de remplacer ou de réapprendre de façon différente plus tard (UNICEF, 2012). L’UNICEF et l’enquête MICS ont créé un module spécifique62, structuré autour d’indicateurs clé de développement de la petite enfance. Ce module comprend un indice fondé sur quatre critères : le développement physique et socio-émotionnel, les capacités de calcul et de lecture, et l’apprentissage. La valeur de l’indice montre le pourcentage d’enfants des 36-59 mois qui sont en bonne voie de développement. La comparaison internationale montre que São Tomé-et-Principe ne fait pas partie des pays ayant les meilleures valeurs de l’indice de développement de la petite enfance. 54,5 % des petits enfants saotoméens sont sur la bonne voie de développement (INS, 2016). La plupart sont sur la bonne voie au niveau du
62
développement physique (94 %), socio-émotionnel (62,4 %), et au niveau des capacités d’apprentissage (79,1 %), mais pas en ce qui concerne les capacités de lecture et de calcul mathématique (16,5 %) (INS, 2016) (cf. figure 3.3.6 ci-dessous). Si on analyse quelques indicateurs de soins et de stimulation aux petits enfants (éducation préscolaire, activités domestiques d’appui à l’apprentissage, cohabitation avec le père, garde adéquate, disponibilité de livres et de jouets), São Tomé-et-Principe avec le Ghana obtiennent les meilleurs résultats, néanmoins les écarts les plus importants se situent au niveau de l’assistance au préscolaire, de la cohabitation avec le père et au niveau des activités de stimulation et d’accompagnement à l’apprentissage réalisées avec le père. Une politique nationale d’attention intégrée pour la petite enfance fait défaut à São Tomé-et-Principe. Les développements en matière d’harmonisation des actions pour la petite enfance s’articulent autour du « Programme des 1000 premiers jours les plus critiques », développé en 2014 par L’UNICEF, le MSAS et le Comité de pilotage de la protection sociale. Le programme est dirigé vers les femmes enceintes et vers les enfants de 0 à 3 ans, et veut garantir une intervention publique intégrée pour l’amélioration de la nutrition, des soins de santé essentiels et pour la sensibilisation des familles sur les bonnes pratiques de nutrition et de santé.
Certains pays ont réussi à introduire ce module dans l’enquête démographique et de santé, par exemple le Honduras en 2012.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
153
Figure 3.3.6 L’indice de développement de la petite enfance (IDPE) à Sao Tomé-et-Principe, 2014 Indice de développement de la petite Enfance (IDPE), 11 pays d´Afrique de l´Ouest et centrale Tchad Sierra Leone RCA STP Togo Nigeria Guinée Bissau Cameroun Bénin Gambie Ghana
33,1 45 47,2 54,5 55 60,9 61 61,2 61,4 68,1 0
10
20
30
40
50
60
Indice DPE, par composante
73,7
70
80
Indice DPE, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique 73,8
94,0
79,1
62,4
64,0
62,5 53,7
55,4
16,5
53,5
61,9
56,6 51,2
49,2 48,7
Famille pauvre
Famille riche
Mère sans scolarité Mère niveau supérieur
Non scolarisé
Assiste au préescolaire
Rural
Urbain
Sud Est
Nord Ouest
Filles
Garçons
Apprentissage
Socio -émotionnel
Physique
Lecture-calculs
42,9
Accompagnement et activités réalisées par les petits enfants, Sao Tomé-et-Principe (2014) et Ghana (2011) 80,0
68,2
60,0 40,0
62,7 39,8
36,4
55,8
70,4
20,0 0,0
64,7
3,0 Assistent au préescolaire
Avec qui Qui vivent avec Avec qui leur des adultes du leur père père s´est engagé ménage se sont biologique dans 4 activités engagés dans 4 activités ou + ou +
STP
41,1
29,6 5,8
6,2
Ont 3 livres ou +
15,5
20,7
Jouent avec Laissés 2 types avec une garde de jouets ou + inadéquate
Ghana
Sources : Bénin enquête MICS 5 (2014), Cameroun enquête MICS 5 (2014), Guinée Bissau enquête MICS 5 (2014), Ghana enquête MICS 4 (2011), Nigeria enquête MICS 4 (2011), Tchad enquête MICS 4 (2010), Sierra Leone enquête MICS 4 (2010), République Centre Africaine enquête MICS 4 (2010), Sao Tomé-et-Principe enquête MICS 5 (2015), Gambie enquête MICS 4 (2010), Togo enquête MICS 4 (2010)
154
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
3.3.3. Enjeu principal : accès insuffisant à une éducation de qualité aux niveaux préscolaire et secondaire, persistance d’enfants non scolarisés au niveau primaire LES CAUSES DIRECTES DE L’EXCLUSION Par rapport à l’abandon de l’école au niveau primaire, les causes directes avancées par les familles sont principalement le retard scolaire (« avoir atteint la limite d’âge »), les coûts excessifs et la volonté de travailler (INS, 2010).
Graphique 3.3.10. Causes données pour l’abandon des études au niveau primaire, 2010 (%) Fin des études L´école est trop loin 4% 6% 9%
Autres Grossesse 6%
C´est très cher
19 % A atteint a limite d´âge
Le tableau suivant présente les raisons spécifiques du segment de « déscolarisation », (les 12-17 ans), par district. Il ne s’agit pas seulement du niveau secondaire63. Les données doivent être prises avec précaution64. Dans les districts les plus touchés par l’abandon (Caué, Cantagalo) les raisons les plus représentatives sont l’éloignement de l’école, le retard et les coûts de l’éducation.
31 % 18 % 9%
Volonté de travailler
Ce n´est pas nécessaire Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l’enquête sur les budgets des familles (INS, 2010)
Tableau 3.3.1 : Raisons données pour l’abandon de l’école, enfants âgés de 12 à 17 ans, par district Agua Grande
Mé-Zochi
Cantagalo
Caué
Lemba
Lobata
Pagué (*)
Fin des études
1,4 %
0%
0%
0%
0%
0%
0%
Il n'y a pas de niveau suivant
2,8 %
2,2 %
15,1 %
9,7 %
2,4 %
5,6 %
0%
Pas de place
1,4 %
2,2 %
1,9 %
0%
0%
0%
0%
L'école est trop loin
1,4 %
6,5 %
20,8 %
16,7 %
7,1 %
0%
13,8 %
C'est très cher
23,6 %
19,6 %
17 %
31,9 %
38,1 %
25,9 %
0%
Volonté de travailler
19,4 %
13 %
17 %
6,9 %
8,3 %
9,3 %
27,6 %
Ce n'est pas nécessaire
5,6 %
10,9 %
11,3 %
15,3 %
13,1 %
11,1 %
17,2 %
A atteint a limite d'âge
37,5 %
41,3 %
17 %
16,7 %
21,4 %
42,6 %
13,8 %
Grossesse
6,9 %
4,3 %
0%
2,8 %
9,5 %
5,6 %
27,6 %
(*) Le district de la région autonome de Principe Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l’enquête sur les budgets des familles (INS, 2010)
63 64
À São Tomé-et-Principe, cela peut correspondre au niveau primaire, étant donné le taux élevé de redoublement Dans l’enquête EBM (INS, 2010), il n’y a pas suffisamment de cas pour agréger les données par district Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
155
LES CAUSES SOUS-JACENTES Les coûts de l’éducation, élément fondamental des politiques d’équité - L’équité dans l’accès à l’éducation implique en premier lieu le retrait des barrières financières. L’éducation primaire est gratuite à São Tomé-et-Principe, mais il y a quand même quelques coûts directs qui sont financés par les familles (frais de scolarité « propinas »). L’état assume la plus grande partie des coûts65. En 2012, l’éducation primaire par enfant et par an coûte aux familles environ 116 468 dobras (environ 5 USD), le secondaire coûte 295 656 dobras (environ 13,5 USD) et le préscolaire 322 862 dobras (environ 14,5 USD) (MECS et Pôle de Dakar, 2012). II convient de rappeler que d’après la Loi régissant les principes fondamentaux du système éducatif nº2/2003, « la gratuité de l’enseignement couvre les frais de scolarité « propinas », taxes, redevances et certification » (art. 6.3). Les coûts directs de l’éducation représentent 49 % des dépenses annuelles per capita des familles les plus pauvres au niveau préscolaire, 46 % pour l’école primaire, et 80 % pour l’école secondaire (MSAS, 2013).
LES COÛTS “INFORMELS” DE L’ÉDUCATION :
A São Tomé-et-Principe, les groupes de discussion n’ont pas relevé l’existence de demandes de contributions financières aux familles de la part des professeurs pour le financement de coûts accessoires (réparations dans la classe, excursions etc.). Cependant, il existe des écoles où les professeurs demandent de petites contributions périodiques pour faire des photocopies des manuels scolaires, ou pour garantir la connexion à internet pour les recherches demandées en classe. Le système éducatif doit surveiller l’existence de ces pratiques qui sont contraires à la gratuité et peuvent, avec l’accumulation, augmenter le fardeau économique de l’éducation pour les familles les plus démunies (et les autres), avec pour conséquence l’exclusion éducative des enfants.
LA LENTE EXPANSION DE L’OFFRE DU SECONDAIRE ET DU PRÉSCOLAIRE Les infrastructures et les ressources humaines qualifiées - L’exercice d’analyse des goulots d’étranglement mené par le ministère de l’Éducation et l’UNICEF en 2013 a révélé qu’au niveau préscolaire 20 % des enfants pouvaient bénéficier d’une salle de classe d’une taille considérée comme adéquate. Au premier cycle du secondaire, l’insuffisance de l’offre publique posait des problèmes pour la continuation des études de nombreux enfants, en particulier des filles. Par rapport au cycle du secondaire, en 20112012, il n’y avait que trois centres publics (et un privé) qui offraient le deuxième cycle, deux d’entre eux dans un seul district (Agua-Grande)66, mais actuellement il existe 7 centres67 (MECS, 2014). La Politique éducative (2012-2022) a pour objectif d’augmenter le nombre de professeurs qualifiés (avec ou en formation pédagogique) et améliorer leur distribution géographique. Plusieurs partenaires
(BM, UNICEF) appuient les activités de formation des professeurs et leur nombre augmente peu à peu. D’après l’exercice d’analyse des goulots d’étranglement dans le système éducatif, réalisé par le MECS et l’UNICEF en 2013, les ressources humaines qualifiées (avec formation pédagogique) couvraient 31 % des besoins du premier cycle de l’enseignement secondaire, avec des disparités importantes au niveau des districts (Mé-Zochi 17 %, Agua Grande 38 %). En préscolaire, le système couvrait 39 % des besoins (15,8 % à Mé-Zochi, 69 % à Principe). Le statut social et le niveau salarial des professeurs sont faibles. D’après le MECS et le Pôle de Dakar (2012), le pouvoir d’achat des enseignants de São Tomé-et-Principe représente seulement un tiers de celui des enseignants dans les autres pays comparables68.
Les familles couvrent 13,1 % des coûts dans le niveau préscolaire, 6,4 % pour le primaire et 7,6 % pour le secondaire (Pôle de Dakar, 2012) 66 Agua Grande : Lycée national et IDF (privé); “Maria Manuela Margarido” à Mé Zochi, et “Secundaria Principe” à Principe. 67 Lycée national et IDF (privé); “Maria Manuela Margarido” à Mé Zochi, et “Secundaria Principe” à Principe, Sao João dos Angolares, Santana et Neves. 68 Pour le primaire : Bénin, Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, Djibouti, Ghana, Kenya, Lesotho, Mauritanie, Sénégal, Soudan et Zambie. Pour le secondaire, ces pays sont considérés, à l’exception des Comores, du Soudan et de la Zambie pour cause de données non disponibles” (Pôle de Dakar, 2012, p123). 65
156
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
L’OFFRE EMBRYONNAIRE DE L’ENSEIGNEMENT INCLUSIF
QUESTIONS D’EQUITÉ VERTICALE II : L’enseignement inclusif. D’après le recensement des enfants ayant des besoins spéciaux (MECS et UNICEF, 2015), il y a 709 enfants âgés de 0 à 11 ans ayant des besoins spéciaux de différent type et degré. En 2010, le gouvernement a approuvé la Stratégie pour le développement de l’enseignement spécial. La stratégie implique l’identification des enfants présentant des difficultés visuelles, auditives, motrices ou mentales, la qualification des enseignants et l’organisation des services scolaires pour la prise en charge de ces enfants, ce qui est l’approche la plus favorable à l’intégration et à l’épanouissement social des enfants. Le IVème RGPH (INS, 2012) révèle que les barrières d’accès les plus graves se situent du côté des enfants ayant des difficultés motrices et auditives Taux d´exclusion, par type de besoin (incapacité totale) 80,0 % 70,0 % 60,0 % 50,0 % 40,0 % 30,0 % 20,0 % 10,0 % 0,0 %
L’intégration des enfants dans le système scolaire est un indicateur très positif, mais ne fournit pas de renseignements sur la qualité des enseignements reçus par les enfants ayant des besoins spéciaux. La mise en œuvre de la stratégie reste embryonnaire en 2015 à cause de l’insuffisance en ressources financières et humaines. La direction de l’enseignement inclusif (DPIE) du MECS avec le soutien de divers partenaires (comme l’UNICEF) a quand même réussi à piloter (avec l’UNICEF) la production d’un recensement des enfants ayant des besoins spéciaux et à créer un module spécifique (d’une durée de six mois) à l’école de formation des professeurs. La direction a également piloté la production d’un dictionnaire de la langue des signes saotoméenne, et a conduit une expérience pilote de classes en langue des signes à l’école « Dona Maria de Jésus » à São Tomé.
71,4 % 55,6 %
16,7 %
Visuels
15,90 %
Auditifs
Moteurs
Mentaux
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
157
UN SECTEUR AVEC DES FAIBLESSES DE GESTION 57,5 % des professeurs du primaire et 70 % du secondaire travaillent moins de 14 heures par semaine (BM, 2015). La gestion, dans un contexte de dispersion géographique des écoles, est compliquée (BM, 2015). Le MECS et la BM travaillent sur le développement d’un système d’information « Education Management Information System » (EMIS),
qui va permettre d’articuler l’information au niveau central et des districts. Les inspections, le suivi et le soutien aux professeurs, l’analyse des statistiques que produit le secteur pour la prise de décisions de gestion, sont aussi d’autres lacunes sur lesquelles le MECS travaille.
LES CAUSES STRUCTURELLES L’analyse des taux d’enfants qui n’ont pas été enregistrés à la naissance et les taux concernant l’exclusion éducative dans chaque sous-district semble indiquer l’existence d’une corrélation positive entre ces deux variables. Le graphique 3.3.11 positionne les sous-districts du pays selon deux axes que l’on
peut caractériser de la manière suivante : le niveau d’exclusion éducative, à travers le taux d’enfants âgés de 8 à 11 ans qui ne sont jamais allés à l’école, et le taux d’enfants de moins de cinq ans qui n’ont pas été enregistrés.
Graphique 3.3.11 : Enfants non enregistrés et exclusion éducative, par sous-district, 2012 (*)
Taux d´enfants de 8 à 11 ans qui ne sont jamais allés à l´école
7%
Santa
6% 5% 4% 3% 2% 1% 0%
Santo 0%
5%
10 %
15 %
20 %
25 %
Taux d´enfants non enregistrés (%) (*) Note : Les points représentent les 18 sous-districts de Sao Tomé-et-Principe Source : Élaboré par les auteurs à partir des données du IVème RGPH (INS, 2012)
Les coûts d’opportunité du travail des enfants - Dans le contexte saotoméen, où 66,2 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (INS, 2010) et où les femmes assument la prise en charge des enfants de
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
manière presque exclusive, le travail des enfants est omniprésent car il est malheureusement une source essentielle de revenus pour les familles.
L´ABANDON CAUSÉ PAR LES GROSSESSES PRÉCOCES
QUESTIONS D´ÉQUITÉ VERTICALE III LA RÉPONSE DU SYSTÈME ÉDUCATIF À LA PROBLÉMATIQUE DES GROSSESSES PRÉCOCES Les données du IVème RGPH (2012) confirment que 85,7 % des filles mères de 12 à 17 ans ont quitté l´école. En 2012, les grossesses étaient la première cause de l´abandon scolaire au niveau des lycées du pays (ANGOP, 2012).
La société saotoméenne a tendance à rejeter les filles enceintes69, et le système scolaire reproduit ce rejet social en cachant les filles enceintes « pour éviter de les donner en mauvais exemple » aux autres filles. Depuis 2006, le règlement disciplinaire pour le 2ème cycle de l’enseignement de base, l’enseignement secondaire et professionnel (art. 36) interdit la présence dans l’enseignement de jour des filles enceintes de plus de trois mois.
Cette attitude négative envers les filles enceintes n´est pas exclusive à São Tomé-et-Principe, c´est au contraire très commun dans les pays affectés par ce problème.
69
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
159
DES POLITIQUES QUI LIMITENT L’ACCÈS À L’ÉDUCATION : L’ÂGE EN PRIMAIRE ET LES REDOUBLEMENTS EN SECONDAIRE Le MECS, avec l’appui des partenaires du Pôle de Dakar, a développé une nouvelle Lettre de politique éducative (2012) qui a pour objectif d’universaliser les trois niveaux éducatifs principaux, et de garantir douze années d’éducation à l’horizon 2022. Développer l’offre de l’enseignement supérieur dans le pays est également une priorité. La première évaluation de la politique aura lieu en 2017. Le cycle primaire exclut les enfants de plus de 14 ans (Leal, 2015). Dans ce contexte, l’entrée tardive en première année est un facteur de vulnérabilité qui affecte la moitié des enfants : en 2012, seulement la moitié des enfants de six ans était scolarisée en première année (18,7 % assistaient au préscolaire, et 26,3 % n’étaient pas encore scolarisés). Cela est probablement dû au faible taux d’implémentation des nouvelles politiques éducatives, qui ont aboli récemment la nécessité d’un an de préscolaire pour être admis en primaire (Leal, 2015). Au niveau du secondaire, deux redoublements marquent la limite de l’expulsion du système. Ces genres de limites, dans un contexte de faible efficience interne et où le redoublement est un outil éducatif surexploité, constituent une barrière importante d’accès à l’éducation. En 2007-2008 et 2008-2009, deux passages automatiques ont été introduits avec l’objectif de réduire le redoublement (de la première à la deuxième classe et de la troisième à la quatrième classe). Les effets de ces passages peuvent être observés au graphique 3.3.9. La logique des passages automatiques est d’améliorer la transition des flux entre les années d’études indiquées. Au niveau international, il apparaît que “les pays qui pratiquent le passage automatique ou qui ont un faible taux d’élèves en retard affichent, globalement, de bons résultats – en termes de performance et d’équité – en comparaison avec les pays qui ont recours au redoublement de manière importante” (Rocher, 2008). Cependant, les deux passages automatiques ont été supprimés en 2014 par décision ministérielle. La suppression des passages automatiques va avoir des effets immédiats dans l’augmentation des taux de redoublement à partir de l’année scolaire 2014-2015. Articulation insuffisante avec les programmes de protection sociale - Les mécanismes classiques de protection sociale utilisés dans le secteur de l’éducation (transferts sociaux monétaires ou en espèce) sont essentiels pour l’universalisation des services.
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
En ce moment, il existe un programme de transferts sociaux monétaires (mères défavorisées), mais il est embryonnaire et ne conduit pas à des minimums de sécurité pour les familles qui en bénéficient (cf. section 3.1.4 chapitre 3.1). Le programme de nutrition scolaire et le réseau de transport scolaire gratuit, par contre, sont des outils clé pour la rétention des élèves à l’école très valorisés dans les groupes de discussion.
FINANCEMENT INÉQUITABLE DU SECTEUR Universalisation, un objectif ambitieux sans ressources ? L’éducation est le secteur social qui absorbe le plus de ressources du budget général de l’État. Le budget du MECS est de 386 653 millions de dobras en 2015, ce qui représente 12 % du total du budget général de l’État. Parmi les dépenses du secteur social que le ministère des Finances qualifie de « pro-pauvres», l’éducation est le secteur le plus représenté (30,9 % des dépenses « pro-pauvres » et 12,54 % du total du budget alloué en 2015). En pourcentage du PIB, les budgets alloués et exécutés reflètent des chiffres autour de 4,5 % pour ces cinq dernières années. Le budget « pro-pauvres » reflète l’importance décroissante du financement extérieur du secteur (37,8 % en 2012 contre 22,4 % en 2015), ce qui va contribuer à la stabilité financière du secteur, car le taux d’implémentation du financement extérieur est en général inférieur à celui intérieur (Ministère des Finances et de l´Administration Publique, 2012 et 2015). Malgré des chiffres globalement positifs, une analyse de la distribution intra-sectorielle du financement révèle de grands déséquilibres en faveur des bourses pour l’enseignement supérieur (à l’étranger). En 2015, le développement de l’enseignement préscolaire équivaut à 1,64 % du budget du secteur, 8,7 % pour le primaire et 9,96 % pour le secondaire alors que les bourses pour l’enseignement supérieur reçoivent 14,8 %. «10 % des jeunes accédant aux niveaux les plus hauts de la pyramide éducative consomment 57,5 % des ressources publiques de l’éducation” (MECS et Pôle de Dakar, 2012) Dans ce contexte, les enseignements de base et secondaire apparaissent sous-financés. D’après le Pôle de Dakar (2012), l’enseignement supérieur est le sous-secteur privilégié dans l’allocation des ressources, avec 47 % des dépenses courantes d’éducation (contre 19 % en moyenne dans les autres pays de la sous-région).
L’IMPACT DE L’ÉDUCATION SUR LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE, QUELQUES DONNÉES:
D´après l´UNICEF, “En moyenne, une année d’instruction supplémentaire représente une augmentation de 10 % de ce que gagnera un individu. Chaque année d’études supplémentaire est associée à une augmentation du produit intérieur brut (PIB) par habitant (Patrinos and Psacharopoulos, 2013, dans UNICEF 2015b)
Instabilité institutionnelle et manque de culture de prise de décision à la base d’évaluations des politiques - Les cadres du MECS font souvent l’objet de rotations, et cela affecte la mise en œuvre des politiques en vigueur (Leal, 2015), qui sont interrompues ou modifiées en fonction de décisions politiques et non en fonction des résultats obtenus déterminés dans les exercices d’évaluation. Manque d’actualisation du cadre législatif - La Loi régissant les principes fondamentaux du système éducatif n’intègre pas les mesures politiques clés prises ces dernières années : l’entrée en primaire à 6 ans, le caractère obligatoire de l’enseignement préscolaire et secondaire. Au moment de la réalisation de cette étude, le MECS travaillait avec l’UNICEF sur cette actualisation législative.
Le taux de rentabilité macro de l´éducation est estimé entre 9 % et 12,3 % (Cohen and Soto, 2007, dans UNICEF 2015b) Source : UNICEF (2015b)
Figure 3.3.7. Analyse causale de l’accès insuffisant à une éducation de qualité au niveaux préscolaire et secondaire, persistance d’enfants non scolarisés au niveau primaire. Causes directes Coûts de l’éducation préscolaire et secondaire Redoublement et retard (atteindre la limite d’âge au niveau primaire et redoubler plus de deux fois en secondaire) Limites à l’enseignement inclusif Grossesses précoces Coûts d’opportunité du travail des enfants
Causes sous-jacentes Entrée tardive en primaire
Faiblesses dans la qualité de l’enseignement
Existence de limites d’âge en primaire et des limites au nombre de redoublements permis en secondaire
Approches dépassées dans le processus d’apprentissage (par cœur)
Existence de règlements/normes discriminatoires contre les filles enceintes
Évaluations rigides centrées sur l’apprentissage par le par cœur.
Environnement scolaire peu encourageant pour les élèves les moins performants
Insuffisance de ressources humaines qualifiées.
Développement insuffisant de l’éducation préscolaire, qui est un élément de succès au niveau primaire
Réseau scolaire insuffisant aux niveaux préscolaire et secondaire (spécialement en 2ème cycle) Manque de systèmes de suivi et de récupération des enfants qui abandonnent l’école Liberté au niveau de quelques familles par rapport à l’abandon des études
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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Causes structurelles Implémentation insuffisante des politiques de l’âge d’entrée (à 6 ans au niveau primaire).
Insuffisance des mécanismes de protection sociale pour appuyer la scolarité des enfants des familles nombreuses
Loi régissant les principes fondamentaux du système éducatif 2/2003 n’a pas été actualisée.
Grossesses précoces
Mécanismes de gestion des ressources humaines en développement. Mise en œuvre embryonnaire de la Stratégie d’éducation inclusive (2010) par manque de ressources financières.
Tout le poids de la gestion de l’éducation des enfants retombe sur les femmes Non enregistrement des naissances
Distribution peu équitable des ressources publiques qui résultent en un sous financement des niveaux préscolaire, primaire et secondaire Faible statut et niveau salarial faible du corps enseignant
Tableau 3.3.2 : Les determinants de l’accès insuffisant à une éducation de qualité au niveaux préscolaire et secondaire et de la persistance d’enfants non scolarisés au niveau primaire. Déterminants
Normes sociales
Description Les filles enceintes sont socialement considérées comme un mauvais exemple pour leurs camarades de classe et le système scolaire reproduit cette conception Bas statut social des professeurs (pourrait être lié à leur niveau salarial bas) La Loi de Fondements du Système Éducatif Nº2/2003 n´est pas actualisée et n´intègre pas les reformes politiques importantes (âge d´entrée en primaire 6 ans, le caractère obligatoire de l´enseignement préscolaire et secondaire)
Environnement adéquat Législation / Politiques
Le règlement interne interdit la présence à l´école des élèves enceintes à partir du 3ème mois de grossesse. Au niveau secondaire, deux redoublements marquent la limite de l´expulsion du système, le cycle primaire exclut les enfants de plus de 14 ans. Les deux passages automatiques de primaire ont été supprimés en 2015 Mise en œuvre embryonnaire de la Stratégie pour le Développement de l´enseignement Spécial (2010)
Budget / Dépenses publiques
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Chiffres d´investissement budgétaire globalement positifs (4,5 % du PIB), mais avec de grands déséquilibres en faveur des bourses pour l´enseignement supérieur à l´étranger.
Déterminants
Description Lacunes de capacités pour les inspections, le suivi et soutien aux professeurs,
Environnement adéquat
Lacunes de capacités pour l´analyse des statistiques que produit le secteur pour la prise de décisions de gestion
Gestion / Coordination
Instabilité institutionnelle Manque de culture de prise de décisions à la base d´évaluations Insuffisante articulation avec des programmes de protection sociale Manuels scolaires disponibles et gratuits
Disponibilité des intrants
Le taux net de scolarisation préscolaire à São Tomé-et-Principe est encore bas (36,4 %)
Provisions
Accès au service du personnel, installations et information adéquate
Insuffisance de l´offre publique de salles de classe et de ressources humaines qualifiées dans les niveaux préscolaire et secondaire (surtout au deuxième cycle) Persistance de districts avec un taux bas d´enregistrement des naissances. Persistance de barrières d´accès financières aux niveaux préscolaire et secondaire
Accès financier
Demande
Pratiques et croyances sociales et culturelles
Unions précoces (spécialement chez les filles du quintile le plus pauvre) Travail des enfants Entrée tardive en primaire
Continuité d’utilisation
Abandon scolaire important à partir du premier cycle de secondaire Par rapport au bagage personnel des élèves : Le taux net de scolarisation préscolaire à São Tomé-et-Principe est encore bas (36,4 %) (INS, 2016). Le modèle d´enseignement manque d´innovation et est encore trop centré sur la dimension de connaissances et non sur l´acquisition de capacités.
Qualité
Qualité
Persistance de défis de genre dans le système éducatif, notamment l´adaptation des manuels. Les programmes de formation de professeurs manquent de modules pour développer les capacités des enseignants en matière d´éducation inclusive et de gestion des classes de façon non sexiste et participative. La part des femmes dans le corpus enseignant est limitée à partir du secondaire et parmi le personnel de direction des écoles.
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ACTIONS STRATÉGIQUES Équité horizontale
Équité verticale
Il est indispensable de redistribuer les allocations financières du secteur envers une plus grande équité entre les niveaux préscolaire, primaire et secondaire et le niveau supérieur
Supprimer les textes réglementaires qui interdisent aux filles enceintes de plus de 3 mois d’assister à l’école de jour.
Continuer à étendre le réseau du 2ème cycle du secondaire et du préscolaire. Il est indispensable de réduire la barrière financière pour ces deux niveaux. Il est fondamental de développer des politiques actives pour la réduction du redoublement et de réduire l’entrée tardive. Cela supposera une réduction substantive des coûts. Reconsidérer la réintroduction des passages automatiques en primaire. Actualisation de la Loi régissant les principes fondamentaux du système éducatif n°2/2003 Continuer à renforcer les capacités pédagogiques du corps enseignant en améliorant notamment leur situation professionnelle et salariale
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Investir dans la mise en œuvre de la Stratégie d’éducation inclusive (2010).
3. 4. Le droit à la protection DROITS CONVENTION RELATIVE AUX DROITS DE L’ENFANT Article 7 : L’enfant est enregistré aussitôt sa naissance et a dès celle-ci le droit à un nom, le droit d’acquérir une nationalité et, dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux. Article 19 : 1. Les Etats parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l’enfant contre toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation, y compris la violence sexuelle, pendant qu’il est sous la garde de ses parents ou de l’un d’eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est confié.
CONSTITUTION DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DE SÃO TOMÉ-ET-PRINCIPE Articles 2 et 3 : « La République démocratique de São Tomé-et-Principe assure l’identité saotoméenne... » et « toutes les personnes nées sur le territoire national sont des citoyens saotoméens... » Article 52 : Les enfants ont droit au respect et à la protection de la société et de l’État, pour favoriser leur développement intégral Article 23 : L’intégrité morale ou physique des personnes est inviolable
Article 20 : 1. Tout enfant qui est temporairement ou définitivement privé de son milieu familial, ou qui dans son propre intérêt ne peut être laissé dans ce milieu, a droit à une protection et une aide spéciales de l’État. Article 32 : 1. Les Etats parties reconnaissent le droit de l’enfant d’être protégé contre l’exploitation économique et de n’être astreint à aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son éducation ou de nuire à sa santé ou à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social. Article 34 : Les Etats parties s’engagent à protéger l’enfant contre toutes les formes d’exploitation sexuelle et de violence sexuelle. A cette fin, les États prennent en particulier toutes les mesures appropriées sur les plans national, bilatéral et multilatéral pour empêcher a) Que des enfants ne soient incités ou contraints à se livrer à une activité sexuelle illégale ; b) Que des enfants ne soient exploités à des fins de prostitution ou autres pratiques sexuelles illégales ; c) Que des enfants ne soient exploités aux fins de la production de spectacles ou de matériel de caractère pornographique.
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DÉVELOPPEMENTS LÉGISLATIFS NATIONAUX
POLITIQUES ET PROGRAMMES PRINCIPAUX
Nouveau code pénal (loi nº 6/2012) – Il élargit les qualifications pénales en relation aux abus sexuels contre les enfants et les adolescents.
Politique de protection de l’enfant (2013)
Loi n°6/92 sur le régime juridique des conditions individuelles de travail Loi nº11/2008 contre la violence domestique et familiale, transforme la violence intrafamiliale en un crime de nature publique. Elle établit une typologie d’actions qui requièrent l’action publique contre les agresseurs, les mécanismes d’action institutionnelle, les mécanismes en matière de protection aux victimes et les mécanismes de prévention.
Plan national d’action contre le travail des enfants (2013) Création du centre de conseil contre la violence domestique
Loi nº12/2008, sur le renforcement des mécanismes de protection légale aux victimes Propositions de lois : Proposition de loi sur l’adoption (finalisée en 2014) Proposition de loi de la protection des enfants et jeunes à risque (finalisée en 2014) Proposition de loi d’accueil institutionnel (finalisée en 2014) Proposition de loi des familles d’accueil (finalisée en 2014) Proposition de loi d’organisation de la tutelle des mineurs70 (finalisée en 2014) Autres Liste des pires formes de travail des enfants, à insérer dans le code du travail (2013), adapte la convention 182 du BIT au contexte national
L’UNICEF n’accepte pas le terme « mineurs » pour se référer aux enfants, mais c’est le terme qui correspond le mieux à la traduction littérale du portugais.
70
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
3.4.1. Le droit d’être enregistré à la naissance L’enregistrement des naissances à São Tomé-etPrincipe montre une évolution très positive cette dernière décennie (cf. graphique 3.4.1). En 2014, 95,2 % des enfants de moins d’un an sont enregistrés (enquête MICS 5), ce qui équivaut à se rapprocher d’une universalité rare en Afrique de l’Ouest et
centrale (47 %71). On peut considérer cela comme un autre succès des politiques sociales saotoméennes avec certaines réserves : 4,8 % des enfants, et 12,5 % des enfants issus des familles les plus pauvres n’ont pas encore réalisé leur droit.
Graphique 3.4.1 : Évolution du taux d´enregistrement des naissances, 2000-2014 (en %) 95,2 69,7
68,7
2000
75,1
2006
2009
2014
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l´enquête MICS 5 (INS, 2016), EDS (INS, 2009), enquête MICS 3 (INS, 2006) et enquête MICS 2 (INS, 2000)
Les disparités intrarégionales sont considérablement réduites. La région autonome de Principe est toujours la région avec le taux d’enregistrement le plus
élevé, mais les différences avec les autres régions sont de nos jours très faibles.
Figure 3.4.1. Évolution du taux d´enregistrement des naissances, 2000-2014, par région (%) Par région
Par niveau de richesse
RA Principe
98,5
83,7
Sud
94,3
60,9
Centre
96,0
71,6
Nord 60
92,4 70
2014
60,7
Deuxième
80 2000
90
100
94,6 97,3
64,3
Troisième
98,2
67,1
Quatrième
62 50
87,5
Plus pauvre
74,1
Plus riche
100 86,4
55
75 2014
2009
95 2006
2000
Source : Élaborés par les auteurs à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016), EDS (INS, 2009), enquête MICS 3 (INS, 2006) et enquête MICS 2 (INS, 2000)
71
Pour la période 2005 à 2012 (UNICEF, 2014c)
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
167
São Tomé-et-Principe a réalisé également des progrès importants dans la réduction des disparités par niveau de richesse. En 2000, l’écart entre le quintile le plus pauvre et le plus riche était de 26 points de pourcentage. En 2014, l’écart n’est plus que de 12,5 points.
Les sous-districts avec les taux d’enregistrement les plus faibles (Conde, Santa Catarina, Almas, Ribeira Afonso, Malanza) coïncident exactement avec les sous-districts avec les taux les plus faibles d’accouchements assistés (qui est un proxy de l’accouchement en centre de santé), à l’exception de Conde.
Il est important de noter que 12,5 % des enfants issus des familles les plus pauvres ne sont pas enregistrés lors de la première année. Mais où se trouvent ces enfants exactement ? Graphique 3.4.2. Taux d´enregistrement des naissances, par sous-district, 2012 (en %) 94,2 87,9
88,8
91,6
90,9
89,2
89,1
91,4
93,5
90
97,8 91,6
91
83,5
96,5 90,5
87,2
Lobata
Lembá
Me Zo Chi
Agua Grande
Cantagalo
Caué
Santo António
Malanza
São João dos Angolares
Ribeira Afonso
Santana
Pantufo
São-Tomé
Almas
Caixão Grande
Madalena
Bombom
Trindade
Santa Catarina
Neves
Santo Amaro
Micoló
Conde
Guadalupe
78,9
Principe
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012)
Par rapport aux causes de cette situation, l’enquête sur les pratiques parentales montre que 50 % des femmes qui n’ont pas enregistré leurs enfants disent qu’elles ne savent pas la cause, ce qui sous-entend une situation de manque d’éducation et de connaissances basiques sur l’organisation sociale. 20 % disent qu’elles sont en retard et 16 % que c’est trop cher. Les données du IVème RGPH (INS, 2012) confirment la forte corrélation positive entre les accouchements assistés et l’enregistrement des naissances. La politique de coordination depuis 2010 entre le ministère de la Justice, et le ministère de la Santé (avec le soutien de l’UNICEF et de l’UNFPA) pour introduire des services d’enregistrement dans les maternités du pays, ainsi que la gratuité et la possibilité d’enregistrer l’enfant sans la présence du père72 s’est révélée très efficace. Les défis persistent spécialement du côté des femmes qui n’accouchent pas en centre de santé, et celles qui habitent les zones les plus isolées et les moins peuplées, qui sont les plus difficiles à gérer par les politiques publiques.
ACTIONS CLÉ Des campagnes périodiques d’enregistrement dans les régions ayant le taux plus bas d’accouchement en centre de santé sont une façon efficace de rapprocher les services des régions les moins accessibles.
À São Tomé-et-Principe, les entretiens et les groupes de discussion ont révélé que de nombreux pères mettent en question leur paternité tant qu’ils n’ont pas vu les traits physiques de l’enfant.
72
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
3.4.2. Le travail des enfants 3.4.2.1. Caractérisation et ampleur du problème Le travail des enfants entrave le processus éducatif des enfants, les expose à des risques sociaux et à des activités qui ne sont pas adéquates avec leur âge (par exemple, la manipulation de produits chimiques ou les longues journées agricoles) et prend le temps qu’ils auraient pu consacrer à d’autres activités positives pour leur développement (comme le jeu, faire leurs devoirs ou du sport). Pour l’UNICEF, les enfants peuvent réaliser des petites activités économiques ou domestiques sans que ce soit forcément négatif. Le travail des enfants proprement dit commence lorsqu’ils dépassent un nombre maximal d’heures hebdomadaires, ou lorsque les tâches sont considérées comme dangereuses.
1 enfant sur 4 (26 %) travaille au-delà de la limite horaire établie par l’UNICEF. 80 % des enfants participent aux corvées du ménage. Presque 1 enfant sur 6 (16 %) réalise un travail dans des conditions dangereuses. 40 % des enfants sont engagés dans des activités économiques pour aider leur famille. Source : enquête MICS 5 (INS, 2016)
Les limites sont établies de la façon suivante (UNICEF, 2015) : Les enfants de 5 à 11 ans travaillent s’ils réalisent une heure hebdomadaire de travail rémunéré ou 28 heures de travail domestique.
Les enfants de 15 à 17 ans travaillent s’ils réalisent au moins 43 heures hebdomadaires de travail rémunéré ou domestique.
Les enfants de 12 à 14 ans travaillent s’ils réalisent 14 heures de travail rémunéré, ou 28 heures de travail domestique. Figure 3.4.2. Enfants âgés de 5 à 17 ans qui travaillent, 2014 (%) 100 80
5,5
60 40 20 0
12,8
76,4
26,0 Activités économiques
26,0
16,0 Travail domestique
Conditions dangeureuses
26,0
Travail des enfants: Total < limite
≥ limite
Le chiffre de l´AOC (UNICEF, 2014) a été calculé à partir de la base de données la plus récente de chaque pays pour la période 2005-2012. La tranche d’âge prise en compte est celle des 5-14 ans et les conditions dangereuses ne sont pas considérées. Source : enquête MICS 5 (INS, 2016) et UNICEF (2014).
À São Tomé-et-Principe, 26 % des enfants travaillent (dépassent les limites horaires définies par l’UNICEF), dont 16 % qui travaillent dans des conditions dangereuses (INS, 2016). En dessous des limites horaires de l’UNICEF, 40 % des enfants réalisent des petites activités économiques et 80 % prennent part aux tâches ménagères (INS, 2016).
Par rapport à l’évolution dans le temps du travail des enfants, les données de l’enquête MICS3 (INS, 2006) se réfèrent uniquement aux enfants de 5 à 14 ans et ne traitent pas explicitement des travaux réalisés dans des conditions dangereuses. Pourtant, le pourcentage d’enfants âgés de 5 à 14 ans qui travaillent était de 7,5 % en 2006. Si on utilise les mêmes critères qu’en 2014, les chiffres s’élèvent à 20,8 %.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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Graphique 3.4.3. Enfants âgés de 5 à 17 ans qui travaillent, 2014, par déterminant social (en %) 48,3
Sexe
Milieu
Âge
29,4 31,3
Le plus riche
Quatrième
Troisième
18,0
Deuxième
Supérieur
Secondaire
Primaire
Aucune
Niveau de scolarité de la mère
27,1 24,7
Le plus pauvre
27,9 29,4 16,8 19,2
15-17
Rural
Principe
Sud Est
Nord Ouest
Région
Urbain
23,3
32,3
23,9 26,4
12-14
31,6
5-11
36,3
21,3
Centre Est
Féminin
Masculin
Total
26,0 24,6 27,5
30,6
Niveau de richesse
Source : enquête MICS 5 (INS, 2016)
En ce qui concerne les activités économiques les plus fréquentes réalisées par les enfants, on trouve : vendeurs de produits variés, travailleurs domestiques, assistants, mécaniques, travailleurs agricoles, menuisières/ers, carrossiers et pêcheurs (BIT, 2012).
produit, vendu ou fourni un service rémunéré. Cela indique que la plupart des enfants qui travaillent le font pour leur famille, mais il se peut également que les rubriques de l’enquête dissimulent des phénomènes comme la Mina Quiá, qui pourrait être dissimulé sous la rubrique « tâches domestiques ».
Les filles sont plus susceptibles de travailler (27,5 %) que les garçons (24,6 %). En ce qui concerne le milieu de résidence, il y a plus de travail des enfants dans les zones rurales (31,6 % travaillent) que dans les zones urbaines (23,3 %). Le déterminant le plus important cependant est la région de résidence : à Principe, 48,3 % des enfants travaillent, contre 21, 3 % pour la région Centre-Est (INS, 2016).
Le phénomène « Mina Quiá » - Les parents (ou la mère) d’un enfant le confient à une autre famille pour réaliser les tâches ménagères dans leur foyer. En échange, la famille élève l’enfant et subvient à ses besoins. Les principales raisons invoquées par les familles pour envoyer leurs enfants dans d’autres foyers sont d’aider une autre famille (47,8 % des cas) et pour raisons économiques (26,9 %) (BIT, 2012). Selon le IVème RGPH (INS, 2012), le pourcentage de filles classifiées comme « autre catégorie familiale », « employée domestique » ou «sans lien de parenté » (des catégories qui peuvent cacher le phénomène de la Mina Quiá) est de 12,4 % comparativement à 10,2 % des garçons.
Le niveau de richesse montre un comportement anormal. Ainsi, la probabilité de travailler est 27,1 % pour le quintile le plus pauvre, 24,7 % pour le deuxième, 29,4 % pour le troisième et 31,3 % pour le quatrième, puis il tombe à 18 % pour le plus riche. Il convient de rappeler que la classification par quintile est relative et n’indique pas lesquels sont au-dessus du seuil de pauvreté absolue. À São Tomé-etPrincipe, plus de 66 % de la population est pauvre (INS, 2010) donc très probablement que le troisième quintile est également pauvre. Une autre hypothèse (non testée) est que la participation économique des enfants augmente le niveau de richesse des familles. Quel est le contexte le plus habituel de travail des enfants ? 90 % des enfants (âgés de 10 à 17 ans) ont travaillé sans rémunération pour aider un membre de leur famille, ou dans la production pour la consommation de la famille (INS, 2012). Les 10 % restant ont
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Seul le quintile de richesse le plus élevé est associé à une plus faible probabilité de travail des enfants. Par rapport au travail dans des conditions dangereuses, il est surprenant de retrouver que 43,2 % des enfants de Principe sont impliqués dans ce genre d’activités (enquête MICS 5) (INS, 2016). Plus l’enfant grandit, plus il est vulnérable à ce risque. Le comportement des quintiles de richesse et du niveau éducatif de la mère est parallèle à celui qui a été signalé précédemment.
3.4.3. Enjeu principal : la persistance du travail des enfants à São Tomé-et-Principe CAUSES DIRECTES Les causes directes sont la nécessité économique de la main d’œuvre infantile et l’acceptation sociale du travail des enfants. Le manque de ressources économiques est une cause directe du besoin de travail des enfants (Galeano, 2014) même si, comme nous l’avons vu, la probabilité de travailler n’a pas un lien clair avec le quintile de richesse. Étant donné que la classification par quintile est relative et non absolue, et que plus de 66 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, l’opinion que les enfants doivent contribuer à l’économie familiale semble très étendue.
CAUSES SOUS-JACENTES Du point de vue des services, il y a un ensemble d’organisations gouvernementales et non gouvernementales dans le pays (organisations de développement international, ONG ...), qui ont pour but de protéger les enfants contre toute forme d’exploitation ou d’abus. L’un des principaux goulots d’étranglement est qu’il est difficile d’articuler l’action multisectorielle, étant donné le besoin d’une réponse institutionnelle intégrée dans le domaine social, juridique, éducatif, etc. Il manque à ce jour un organe qui assume efficacement les tâches de coordination dans certains domaines importants comme le travail des enfants. En ce qui concerne la déstructuration familiale, seulement 46,2 % des enfants habitent avec leurs deux parents. 12,7 % ne vivent avec aucun des deux,
alors que ceux-ci sont en vie (INS, 2016). Il est probable que les familles monoparentales sont plus en demande de main d’œuvre des enfants. D’autre part, il est possible qu’une partie de ces 12,7 % d’enfants qui ne vivent pas avec leur parent (INS, 2012), travaillent pour une autre famille (le « Mina Quiá »).
CAUSES STRUCTURELLES São Tomé-et-Principe est signataire des principaux traités et conventions internationales qui interdisent le travail des enfants, tels que les conventions de l’OIT nº138 (âge minimum d’admission au travail) et n°182 (interdiction des pires formes de travail des enfants). De plus, le pays est doté de sa propre législation qui devrait prévenir de tels abus. En ce sens, il manque plutôt un texte unique qui réglemente l’ensemble des droits de l’enfant (qui facilite leur interprétation et leur application) et un tribunal spécial pour les mineurs (Galeano, 2014). L’intervention publique dans le combat du travail des enfants est récente. En 2013, le ministère de l’Emploi et des Affaires sociales (MEAS), avec l’appui des partenaires du Bureau international du Travail (BIT) et de la fédération des ONG (FONG) a produit une liste des pires formes de travail des enfants qui doit être intégrée dans le code du travail, et un Plan national contre le travail des enfants. Le pouvoir exécutif n’a pas encore approuvé ces politiques.
Figure 3.4.3. Analyse causale de la persistance du travail des enfants à São Tomé-et-Principe. Causes directes Pratique habituelle, non remise en question Besoins économiques des familles Mina Quiá
Causes sous-jacentes Déstructuration familiale, père absent, irresponsabilité Taux de dépendance intrafamilial élevé Niveau bas de mise en œuvre légale et politique
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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Causes structurelles Pourcentage élevé de familles pauvres Tolérance sociale L’image de l’enfant n’est pas spécialement valorisée ni protégée Faiblesse institutionnelle dans les instances administratives et judiciaires pour protéger les enfants Développements politiques récents et pas encore approuvés par le pouvoir exécutif
Tableau 3.4 : Goulots d´étranglement et barrières pour la lutte contre le travail des enfants Déterminants Normes sociales
Description La pauvreté mène les adultes à considérer que les enfants doivent contribuer au soutien économique de la famille. Initiatives législatives et politiques trop récentes par rapport à l´ampleur du problème : Le pays a produit en 2013 une liste des pires formes de travail des enfants devant être intégrée dans le Code du Travail et un Plan National contre le travail des enfants.
Législation / Politiques
Environnement adéquat
La Direction de Protection Sociale et les partenaires de la coopération internationale (Banque Mondiale, UNICEF) aspirent à renforcer les mécanismes de protection sociale. Le pays dispose d´une Politique de Protection Sociale approuvée en 2015 et d´une Politique de Protection des Enfants produite en 2013, mais leur mise en œuvre dépend de l´aide internationale. L´enseignement de base est obligatoire et gratuit
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Budget / Dépenses publiques
En 2015 le programme « maes carenciadas » est financé intégralement par le budget national mais les ressources sont limitées. La mise en œuvre des Politiques de Protection Sociale et protection des Enfants est hautement dépendante du financement international.
Gestion / Coordination
Besoin de renforcement de capacités de la Direction de Protection Sociale. Multiples acteurs et difficultés de coordination intersectorielle.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Déterminants
Description
Disponibilité des intrants
Provisions
Non applicable
Accès au service du personnel, installations et information adéquate
La Direction de Protection Sociale et les partenaires de la coopération internationale (Banque Mondiale) aspirent à renforcer le programme de transferts monétaires conditionnés « maes carenciadas » (par rapport aux lacunes de couverture et au montant du transfert) Enseignement de base universel L´enseignement de base est obligatoire et gratuit
Accès financier
Pas de barrières financières au programme « maes carenciadas » Tolérance sociale envers le travail des enfants. L’image de l’enfant n’est pas spécialement valorisée ni protégée
Demande
Pratiques et croyances sociales et culturelles
Phénomène Minha Quiá La participation des enfants dans le travail agricole saisonnier est une coutume dans certaines communautés La volonté de travailler est l´une des principales causes d´abandon des études (voir chapitre 3.2)
Qualité
Continuité d’utilisation
La couverture du programme de transferts conditionnés « maes carenciadas » est limitée par rapport aux besoins.
Qualité
Absence d´évaluations de l´efficacité du programme « maes carenciadas » pour assurer la permanence des enfants dans le système éducatif.
ACTIONS CLÉ
Approbation, budgétisation et mise en œuvre du Plan national contre le travail des enfants
Approbation et mise en œuvre de la politique de protection des enfants
Intégration des dix pires formes de travail des enfants dans le code du travail, afin d’interdire le travail dangereux des enfants
Mise en œuvre de la politique de protection sociale (2013), afin de fournir aux familles démunies ayant des enfants des sources de revenus alternatives au travail des enfants.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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3.4.4. La violence domestique contre les enfants et les femmes CARACTÉRISATION ET AMPLEUR DU PROBLÈME La violence domestique contre les enfants est une violation de leur droit à la protection contre toute forme de violence (article 19 de la CDE) qui provient justement du socle de protection le plus fondamental de l’enfant. La violence exercée par la mère ou par le père a des conséquences très négatives sur le développement psychologique, social et parfois physique de l’enfant.
Le graphique 3.4.4 montre les différentes méthodes de discipline utilisées par les adultes du foyer : seuls 9,7 % d’entre eux choisissent des méthodes non violentes (INS, 2016). Dans 79,6 % des cas, ils utilisent la violence psychologique (crier ou insulter) ou physique. Dans 10 % des cas, ils choisissent des méthodes de punition physique sévères (INS, 2016).
Graphique 3.4.4. Méthodes disciplinaires destinées aux enfants de 1 à 14 ans, 2014 (%) 79,6
68,5
63,7
10,0
9,7 Non violente
Agression psychologique
Châtiment physique
Châtiment physique sévère
Méthode violente
Source : enquête MICS 5 (INS, 2016).
La punition physique sévère mérite une attention particulière. Le graphique 3.4.5 montre la situation en fonction des déterminants socio-économiques. On
retrouve des différences significatives par rapport au genre, les garçons sont punis plus violemment que les filles (INS, 2016).
Graphique 3.4.5. Enfants de 1 à 14 ans qui reçoivent des punitions physiques, par déterminant socio-économique, 2014 (en %)
STP
Sexe
Région
Chatiment physique severe
Milieu Non severe
Source : enquête MICS 5 (INS, 2016).
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Âge
Niveau de scolarité de la mère
Le plus riche
Quatrième
Troisième
Deuxième
Le plus pauvre
Supérieur
Secondaire
Primaire
Aucune
10 à 14
5à9
3à4
1à2
Rural
Urbain
Principe
Sud Est
Nord Ouest
Centre Est
Féminin
Masculin
Total
80 7,9 12,4 70 13,1 11,8 11,9 62,4 8,2 8,6 12,6 12,9 9,3 11,3 4,0 10,0 12,7 11,2 8,5 11,7 60 11,0 3,6 0,9 10,9 50 40 30 58,6 56,9 60,3 57,7 61,2 60,6 54,3 59,4 57,0 60,4 67,5 62,4 49,3 57,5 57,8 60,6 56,1 58,9 56,7 58,1 62,4 56,8 20 10 0
Niveau de richesse
La petite enfance (3 à 4 ans) est plus vulnérable à la violence physique (75,4 % des enfants en souffrent). La punition physique sévère est plus fréquente chez les 5-9 ans. Le niveau d’agression psychologique augmente parallèlement à l’âge de l’enfant : 69,8 % des enfants âgés de 10 à 14 ans souffrent de ce type de violence contre 40,1 % des enfants âgés de 1 à 2 ans (INS, 2016). Le niveau de richesse et le niveau d’éducation du chef du ménage sont les deux déterminants les plus influents dans l’utilisation des méthodes disciplinaires non-violentes (cf. graphique 3.4.5). Quasiment aucun enfant habitant dans un ménage dont le chef possède un niveau d’enseignement supérieur n’est puni de façon sévère (0,9 %). Cependant, même dans ces ménages 56,1 % des enfants sont punis physiquement. L’enquête MICS 5 (INS, 2016) a collecté des informations sur les opinions des adultes à propos des châtiments corporels, seuls 6,2 % des répondants les considèrent comme une méthode disciplinaire appropriée. Ce pourcentage est très inférieur à celui des enfants qui souffrent de violence physique. Dans les groupes de discussion, les femmes ont indiqué que c’est la mère qui réalise le travail disciplinaire à la maison, principalement parce que le père est « absent ». Les enfants souffrent aussi des conséquences de la violence contre les femmes (Galeano, 2015), un phénomène qui est difficile à étudier dans les enquêtes en raison de leurs implications pour les répondants. L’EDS (INS, 2009) comprend des questions directes pour mesurer l’étendue réelle de cette pratique. 33,4 % des femmes ont subi des violences domestiques au moins une fois (depuis l’âge de 15 ans), et 21,1 % dans les 12 derniers mois (parfois ou souvent). La probabilité de devenir une victime de cette forme d’agression est plus élevée dans le Nord et le Sud, et diminue avec le niveau de scolarité des femmes et la richesse des ménages.
86,1 % des hommes âgés de 15 à 65 ans en union ont travaillé la semaine précédant l’enquête du IVème RGPH (INS, 2012). Le salaire mensuel moyen des femmes est 32,4 % inférieur à celui des hommes. 42 % des femmes âgées de 15 à 65 ans en union ont travaillé la semaine précédant l’enquête du IVème RGPH (INS, 2012). Source : IVème RGPH (INS, 2012)
Les données indiquent également que l’auteur le plus commun des actes d’agression contre les femmes est l’actuel mari ou partenaire (56,1 % des cas), suivi de l’ex-mari ou partenaire (17,8 %), la belle-mère (17,3 %) et le père ou le beau-père (10,7 %) (INS, 2009). Les plaintes enregistrées au centre de conseil contre la violence domestique (CCCVD) sont passés de 903 en 2010 à 628 en 2012 (Galeano, 2012). Dans le groupe de discussion à Madalena, les femmes connaissaient l’existence du centre et pensent qu’il fonctionne bien, même si son domaine d’activité est limité au district de Agua Grande et que cela rend difficile pour les femmes d’autres districts de bénéficier de son action (Gray, 2010). Les femmes de Malanza ne connaissaient pas le centre. Principe accueille un cabinet de conseil et d’accompagnement avec des objectifs similaires. En cas de dénonciation, il semble que les attitudes et les réactions de la police sont adéquates. Cependant, pour que les femmes puissent quitter leur agresseur et s’éloigner de la situation de violence, il est nécessaire qu’elles soient indépendantes sur le plan économique, ce qui est n’est pas facile à São Tomé-et-Principe, même si les femmes travaillent, leur revenu mensuel est 32,4 % inférieur à celui des hommes.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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3.4.5 Enjeu principal : la persistance de la violence domestique contre les femmes et les enfants CAUSES DIRECTES
CAUSES STRUCTURELLES
Les causes immédiates de la violence intrafamiliale sont multiples, c’est une méthode disciplinaire, mais aussi une habitude, à savoir, une forme de comportement socialement acceptée et transmise de génération en génération. La consommation d’alcool est également une cause directe (Galeano, 2014). La violence de genre est considérée comme une des causes directes de la violence contre les enfants (Galeano, 2015).
Les relations de genre sont asymétriques, ce qui est la cause de nombreuses violations du droit à la protection des enfants et des femmes. Même si aucune des personnes interrogées n’a reconnu l’existence de différences de genre dans le traitement des enfants, les données disponibles semblent indiquer le contraire (par exemple, le travail domestique est une tâche réservée aux filles).
CAUSES SOUS-JACENTES São Tomé-et-Principe est en train de finaliser une politique nationale de protection des enfants avec une approche intégrale, dont l’objectif général est de « définir un cadre pour mettre en oeuvre des actions organisées, orientées vers la prévention de toutes les formes de violence contre les enfants et la réduction considérable de toutes ses manifestations » (MEAS, 2015). Le pays ne manque pas de lois ou d’institutions pour protéger l’enfant. Bien au contraire, les institutions existantes n’agissent pas de manière appropriée pour appliquer la loi. La protection des enfants repose sur deux piliers : les familles et les communautés d’un côté et l’État de l’autre (y compris les organes administratifs correspondants, les services sociaux et le pouvoir judiciaire). Les familles et les communautés ont assumé certaines valeurs qui placent les enfants dans des situations de risque. Par exemple, il est généralement assumé que la garde des enfants revient à la femme, alors que la polygamie informelle est un phénomène fréquent chez les hommes qui les conduit à maintenir plusieurs ménages simultanément (ce qui réduit le niveau de revenus qu’il apporte à chaque ménage). On retrouve dans cette problématique les mêmes obstacles pour articuler l’action intersectorielle déjà mentionnés pour le travail des enfants. Il manque à ce jour un organe qui assume efficacement les tâches de coordination. La protection judiciaire de l’enfant suppose que la population a accès à la justice et que les tribunaux réalisent leur travail correctement. Cependant, ils sont dans la situation de faiblesse institutionnelle mentionnée ci-dessus (Politique de protection des enfants, 2014).
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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Le degré de dépendance économique des femmes par rapport à leur partenaire est très élevé. Dans les cas de violence, la femme devrait être soutenue par les services sociaux, mais il n’y a aucun système d’accueil prolongé des femmes victimes de violence conjugale. Le CCCVD n’a pas de ressources suffisantes pour fournir ce genre de soutien (Gray, 2010). La politique nationale de protection des enfants n’a pas encore été approuvée par le pouvoir exécutif. C’est un instrument qui aborde les principaux problèmes et les goulots d’étranglement décrits ci-dessus. Sa mise en œuvre efficace serait une avancée majeure pour la situation de la protection des enfants. Encore une fois, son succès dépendra de l’engagement clair du gouvernement qui se manifestera par les ressources humaines et financières allouées à sa mise en œuvre.
Figure 3.4.4. Analyse causale de la persistance de la violence domestique contre les femmes et les enfants. Causes directes APratique peu contestée socialement La violence de genre est une cause de violence contre les enfants Consommation d’alcool
Causes sous-jacentes Déstructuration familiale, polygamie Taux de dépendance intrafamilial élevé Niveau bas d’implémentation légale et politique L’insuffisance du réseau de protection n’offre pas aux femmes la possibilité de sortir de la situation de violence Absence de loi intégrale sur l’enfance et de tribunaux spécialisés
Causes structurelles La figure de l’enfant n’est pas spécialement valorisée ni protégée Tolérance sociale Relations de genre asymétriques Dépendance économique des femmes Faiblesse institutionnelle dans les instances administratives et judiciaires pour protéger les enfants et les femmes Manque de ressources financières de l’État Manque de mesures préventives politiques Développements politiques récents et pas encore approuvés par le pouvoir exécutif
ACTIONS CLÉ Approbation, budgétisation et mise en œuvre de la politique nationale de protection des enfants.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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3.4.6. Les unions et les mariages précoces ... des violations de droits presque exclusifs des filles, étroitement liées à la pauvreté et au manque d’éducation Le mariage et l’union des enfants sont malheureusement fréquents en Afrique et touchent principalement les filles. En Afrique de l’Ouest et centrale, 41 % des filles73 sont mariées ou en union avant l’âge de 18 ans. L’initiation précoce à la vie de couple et de famille prédispose les filles au contexte domestique et à la maternité, et est fréquemment à l’origine des grossesses précoces. Il entrave leur parcours scolaire et les empêche de se développer sur le plan social et professionnel. De même que la maternité précoce, le mariage précoce est un canal de transmission intergénérationnel de pauvreté et de privations. Les indicateurs internationaux de santé maternelle, d’éducation, de sécurité alimentaire, du VIH SIDA, de pauvreté et d’équité de genre sont en corrélation négative avec les taux de mariages des enfants (ICRW, 2014). São Tomé-et-Principe n’est pas étranger à cette problématique. Le profil des disparités révèle que l’union précoce ou le mariage (l’enquête MICS ne fait pas la distinction entre les deux, mais il s’agit très probablement plus d’unions non formelles, « arranjar homem ») qui concernent principalement les filles nées dans les familles les plus pauvres du pays (39,6 %) et celles où la mère de famille n’a pas pu étudier ou a seulement le niveau primaire (44,2 %) (INS, 2016).
1 fille sur 3 de 15 à 19 ans du quintile le plus pauvre (39,6 %) est en union ou mariée. 78 % des enfants et des jeunes de 15 à 19 ans en union ou mariés avant l’âge de 15 ans sont des filles. Parmi les filles en union ou mariées, 1 fille sur 4 (23 %) est avec un homme 10 ans plus âgé. 38 % est avec un homme de 5 à 9 ans plus âgé. Santa Catarina et Micoló sont les sous-districts les plus frappés par cette problématique (14,1 % et 11,1 %)74. Environ 1 fille sur 5 (18,5 %) de 15 à 19 ans sont mariées ou en union contre environ 1 garçon sur 50 (1,8 %). 62,5 % des grossesses précoces concernent des filles mariées ou en union. Source : enquête MICS 5 (INS, 2016) et IVème RGPH (INS, 2012)
Graphique 3.4.6. Filles de 15 à 19 ans en situation d´union (ou mariage) précoce, par quintile, 2014 (%) 45,0 40,0 35,0 30,0 25,0 20,0 15,0 10,0 5,0 0,0
39,6
22,0
20,0
15,6 4,0
Q1
Q2
Q3
Q4
Q5
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données de l´enquête MICS 5 (INS, 2016)
De 20 à 24 ans (UNICEF, 2014c) Les données du IVème RGPH (INS, 2012) sont légèrement différentes de celles de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) car il s’agit d’un univers différent (les filles âgées de 15 à 17 ans). 73 74
178
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Graphique 3.4.7. Filles âgées de 15 à 19 ans mariées ou en union, 2014 (en %)
26,6 19,5
44,2
38,9
National: 18,5 %
39,6
25,4
22,4
22,0 20,0
15,2
11,8 13,6
15,6
Le plus riche
Quatrième
Troisième
Deuxième
Le plus pauvre
Supérieur
Secondaire
Primaire
Aucune
Urbain
Rural
Urbain
RA Principe
Sud
4,0 Nord
Centre
45,0 40,0 35,0 30,0 25,0 20,0 16,9 15,0 10,0 5,0 0,0
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l´enquête MICS 5 (INS, 2016)
Graphique 3.4.8. Filles âgées de 12 à 17 ans mariées ou en union, par sous-district, 2014 (en %) 14,1 % 11,1 %
Lobata
Me zo chi
Agua Grande
8,2 %
Cantagalo
Malanza
São João dos Angolares
5,2 % 4,7 %
Ribeira Afonso
Santana
Pantufo
3,6 % 3,8 %
São-Tomé
4,2 %
Almas
Madalena
Bombom
Trindade
Santa Catarina
Caixão Grande
5,3 %
4,4 % 3,9 %
Lembá
8,3 % 5,8 %
Caué
Santo António
8,1 %
8,3 %
Neves
Santo Amaro
6,4 %
Micoló
Conde
Guadalupe
7,7 % 8,2 %
Principe
Source : Élaboré par les auteurs à partir du IVème RGPH (INS, 2012)
3,8 % des filles de 15 à 19 ans seraient en situation d’union ou mariage polygamique, la moyenne nationale (des femmes âgées de 15 à 49 ans) étant de 22,4 % (INS, 2016)75. Le mariage et les unions précoces sont des problèmes complexes qui plongent leurs racines dans les inégalités de genre et dans la pauvreté. À São Tomé-et-Principe, l’influence culturelle est limitée (comme preuve, le fait qu’il touche principalement
les enfants des familles pauvres et sans instruction). Les discussions de groupe avec les mères de famille et les adolescentes (à Malanza) ont révélé que l’interruption du parcours scolaire (par manque d’accès au deuxième cycle du secondaire) est un catalyseur important des unions précoces. L’éducation est la seule chance pour beaucoup d’enfants de trouver une place dans la société et de s’insérer dans le monde professionnel, l’abandon de l’école les réoriente vers la vie domestique.
Il est intéressant de constater que les tendances de l’union polygamique ne répondent pas aux patrons socio-économiques « classiques » : le pourcentage grandit parallèlement au niveau éducatif ou au niveau de richesse des femmes, ce qui dissocie l’union polygame des circonstances de privation ou de pauvreté pour la relier par contre aux caractéristiques socioculturelles de São Tomé-et-Principe.
75
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
179
L’État saotoméen n’a pas encore développé de politiques contre le mariage ou les unions des enfants. La Politique nationale de protection des enfants (2015) n’intègre pas d’interventions à cet égard. Tout de même, l’expansion du réseau secondaire et la mise en œuvre de la Politique de protection sociale (2013) va certainement avoir des effets positifs dans ces phénomènes ancrés dans la pauvreté et le manque d’opportunités.
La Loi de la famille n°2/77 interdit le mariage des enfants mais autorise des exceptions avec le seul consentement des parents (art. 3). En pratique, la loi autorise le mariage des garçons de plus de 16 ans et des filles de plus de 14 ans. La loi n°2/77 est en cours de réforme pour limiter ces exceptions (Mondlane, 2015). Toutefois, le grand nombre d’unions informelles rend difficile le contrôle de ces pratiques par le moyen des restrictions au mariage des enfants. Le nouveau code pénal offre des possibilités de dénonciation, mais les mécanismes de dénonciation pénale ne sont pas efficients pour lutter contre un problème accepté par les filles et par leur famille.
5 STRATÉGIES CLÉ POUR LA PRÉVENTION DU MARIAGE DES FILLES Autonomiser les filles avec des informations, des compétences et des réseaux de soutien L’éducation et la mobilisation des parents et des membres de la communauté L’amélioration de l’accessibilité et de la qualité de l’éducation formelle pour les filles L’offre de soutien économique ou autres pour les filles et leur famille Favoriser un cadre juridique et politique adéquat Les meilleurs résultats apparaissent dans un sous-ensemble de programmes favorisant l’information, les compétences et les réseaux pour les filles en combinaison avec la mobilisation de la communauté. Source : Malhotra et all (2011) «Solutions to end child marriage, what the evidence show »
180
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
ACTIONS CLÉ Promouvoir la réflexion nationale autour de la problématique des unions précoces des filles, et leurs conséquences sur la vulnérabilité socio-économique des filles, et la relation avec le manque d’accès à l’éducation. Actualisation de la loi n°2/77 de la famille (en cours) pour limiter les exceptions à l’interdiction du mariage des enfants. Intégration de la problématique des unions précoces dans les plans opérationnels pour la mise en œuvre de la politique de protection des enfants
3.4.7. Les grossesses précoces L’Afrique de l’Ouest et centrale est la région du monde ayant le taux de fécondité des adolescentes le plus élevé (128/1000) (UNICEF, 2014). À São Tomé-etPrincipe, comme dans la région, le taux de fécondité des adolescentes (92/1000) (INS, 2016) montre une résilience liée à la persistance des modèles de genre et de pratiques d’unions précoces liées à la pauvreté et au manque d’éducation. D’après l’enquête MICS 5 (INS, 2016), la vulnérabilité socio-économique des filles a une influence importante dans leur exposition au risque de devenir mères-précoces. D’autres études en matière de vulnérabilité des enfants ont signalé l’importance de la protection contre les différents types d’abus sexuels, de l’amour propre des filles, des perspectives vitales et du dialogue intrafamilial pour éviter les grossesses.
Les grossesses précoces (avant l’âge de 18 ans) impliquent des risques importants pour la santé des filles et de leurs enfants, pour l’état nutritionnel des nourrissons (Azarri, 2011) et ont des impacts négatifs sur le niveau éducatif des futures mamans (cf. graphique 3.4.11). La maternité précoce implique la création de cellules familiales souvent monoparentales, fragiles et très vulnérables sur le plan socio-économique, de nouveaux socles de transmission intergénérationnelle de pauvreté (UNICEF, 2009). D’après le IVème RGPH, en 2012 il y avait à São Tomé-et-Principe 502 filles de moins de 18 ans (de 12 à 17 ans) qui ont eu des enfants vivants au moins une fois. Elles sont distribuées sur le territoire national comme l’illustre le graphique ci-dessous :
Graphique 3.4.9. Nombre et distribution des mères précoces, 2012 156
160 140 120 100 80
27
16
25
20
7
31 16
7
12
13 Almas
20
47
42
Caixão Grande
40
Madalena
60
13
31
25 11
3
Lobata
Lembá
Me zo chi
Agua Grande
Cantagalo
Santo António
Malanza
São João dos Angolares
Ribeira Afonso
Santana
Pantufo
São-Tomé
Bombom
Trindade
Santa Catarina
Neves
Santo Amaro
Micoló
Conde
Guadalupe
0
Caué
Principe
Source : Élaboré par les auteurs à partir des données du IV RGPH (INS, 2012)
62,5 % des filles de moins de 18 ans qui ont eu des enfants sont en union précoce ou mariées, deux situations qui supposent des violations des droits des filles. Source : IVème RGPH (INS, 2012)
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
181
Graphique 3.4.10. Unions précoces et grossesses précoces dans chaque sous-district, 2012 (*)
% de filles de 12 à 17 ans en union precoce
12
Santa
10 8 6 4 2 0
Bombom 4
6
8
10
12
14
% de filles de 12 à 17 ans enceintes ou mamans Note : par rapport aux 18 sous districts de Sao Tomé-et-Principe Source : Élaboré par les auteurs à partir des données du IVème RGPH (INS, 2012)
Il est important de souligner qu’à São Tomé-etPrincipe (de même qu’au niveau international) une grande partie des cas de grossesses précoces sont liés à des situations de « concubinage » ou d’unions précoces à des partenaires plus âgés et souvent majeurs (INS, 2016), ce qui d’après le code pénal saotoméen constitue un délit dans certains cas (si la fille a moins de 14 ans). Ces situations sont une violation des droits des filles, et les exposent de plus au risque de grossesse. Le graphique 3.4.10 ci-dessus positionne les 18 sous-districts du pays selon deux axes : le pourcentage de filles de 12 à 17 ans en union précoce, et le pourcentage de filles du même âge enceintes ou mères.
Par rapport au développement éducatif des filles, le retraitement des données du IVème RGPH (INS, 2012) révèlent que 85,7 % des mères de 12 à 17 ans ont quitté l’école. En 2012, les grossesses étaient la première cause d’abandon scolaire au niveau des lycées de la capitale (ANGOP, 2012). La société a tendance à rejeter les enfants enceintes, et le système scolaire reproduit ce rejet social en essayant de cacher les filles enceintes pour éviter qu’elles montrent le mauvais exemple aux autres filles (cf. chapitre 3.3). Ceci est un exemple de politiques contraires à l’équité et non basées sur l’évidence, rien ne prouve que les grossesses sont désirées, ni la conséquence de l’exemple des camarades enceintes.
Graphique 3.4.11. Filles de 15 à 19 qui ont commencé leur vie reproductive, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique,, 2014 (%) 80,0
69,6
60,0
Régions
Milieu de résidence
Niveau de scolarité
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l´enquête MICS 5 (INS, 2016)
182
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
16,5
Forro
Q5
5,5 Q1
Secondaire
13,2
33,5
Angolar
26,0
Aucun
Urbain
18,0
Sud Est
0
19,3
Centre Est
20,0
38,9
27,0
Rural
40,0
Niveau de richesse
Langue maternelle
D’après l’enquête MICS 5 (INS, 2016), l’usage de méthodes de contraception est plus limité parmi les adolescentes (30 % en 2014) que parmi le total des femmes mariées ou en union de 15 à 49 ans (40,6 %). Cela pourrait être dû du fait que les filles mariées sont généralement plus vulnérables au niveau socio-économique. Graphique 3.4.12. Evolution du taux d´utilisation des méthodes de contraception, de 2000 à 2014 40,6 29,3
30,3
30 24,3
22 2000
2006 15 à 49 ans
2014
La lutte contre les grossesses précoces à São Tomé-et-Principe n’est pas encore abordée de façon efficace par l’État. Les programmes contre les grossesses précoces ont abordé uniquement la dimension de la sensibilisation et de l’accès aux moyens de contraception. Il est nécessaire d’aborder les normes sociales et le manque d’opportunités dans les milieux vulnérables (sur le plan socio-économique) qui incitent les mères de familles à considérer que le mariage et l’union précoce, qui sont des formes d’abus contre les enfants, sont de bonnes options pour leurs filles. La mise en œuvre de la Politique de protection des enfants (qui n’est pas encore approuvée par le pouvoir exécutif) offre une grande place à la promotion du changement des normes sociales, spécialement son premier axe stratégique qui vise à promouvoir des changements dans la conceptualisation de l’enfance. L’extension du réseau d’éducation secondaire et de la protection sociale va probablement avoir des effets positifs sur les grossesses précoces.
15 à 19 ans
Source : Élaboré par les auteurs à partir de l´enquête MICS 5 (INS, 2016)
ACTIONS CLÉ Il est nécessaire de promouvoir la réflexion nationale autour des causes profondes des grossesses précoces Développer une stratégie nationale spécifique qui identifie l’approche la plus adéquate, d’après le contexte national, de la problématique par les politiques publiques (conjointement avec celle des unions précoces et/ou des abus sexuels transactionnels).
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
183
3.4.8. Les abus sexuels contre les enfants D’après les statistiques du ministère public, les crimes sexuels contre les enfants sont la forme de criminalité la plus importante du pays après les crimes contre la propriété (Galeano, 2014). Les dénonciations des crimes sexuels contre les enfants auprès du ministère public montrent une tendance à la hausse depuis 2012 (Galeano, 2014) ce qui peut être positif, car en 2010, 47,1 % n’étaient pas dénoncés (ministère du Travail, de la Solidarité et de la Famille et UNICEF, 2010). L’étude sur les abus sexuels contre les enfants, réalisée par le ministère du Travail, de la solidarité et de la famille et l’UNICEF en 2010 révèle que dans 18,5 % des foyers, les adultes connaissent un cas d’abus sexuels. Les principaux auteurs des abus sont des voisins (ou des personnes hors du foyer dans 63 % des cas). Par rapport à la réponse institutionnelle aux violences sexuelles contre les enfants, le nouveau code pénal (loi n°6/2012) renforce le cadre pénal contre les abus sexuels en introduisant de nouveaux types pénaux et en élargissant la typologie des délits sexuels contre les enfants et les adolescents. Cependant, en 2010 presque la moitié des cas n’étaient pas dénoncés (MT et UNICEF, 2010) et cette réalité demande la mise en œuvre de mesures de sensibilisation et de services d’attention et juridiques de proximité.
97,2 % des victimes de violence sexuelle sont des filles. Environ 1 enfant attaqué sur 5 (19 %) courrait le risque d’être encore victime. La moitié des cas de violence sexuelle (47,1 %) ne sont pas dénoncés76. Les pratiques du concubinage ou du mariage précoce des filles de moins de 18 ans peuvent conduire à des abus sexuels. 23 % des partenaires sont 10 ans plus vieux. 77,1 % des cas dénoncés obtiennent le soutien des autorités policières et judiciaires. 4,2 % des enfants attaqués se sont mariés avec leur agresseur. Les 13-18 ans sont plus vulnérables aux abus. C’est à cet âge qu’ont lieu 60 % des agressions. Agua Grande et Mé-Zochi sont les districts où aucune dénonciation n’a été suivie par les autorités. Source : ministère du Travail, de la Solidarité et de la Famille et UNICEF, 2010
La Politique de protection des enfants (pas encore approuvée par le pouvoir exécutif) vise à prévenir et à réduire toutes les manifestations de violence chez les enfants, par le développement d’un cadre d’action intersectoriel de protection des enfants : un « système national de protection des enfants ». Le développement des trois piliers du système : a) La prévention de la violence en améliorant la position des enfants dans la société, en renforçant des capacités de protection des familles et d’autoprotection des enfants, et en mettant en place la prévention de la violence dans les milieux scolaires. b) Améliorer l’attention aux victimes c) renforcer la protection judiciaire des enfants va contribuer fortement à la réduction de la vulnérabilité aux abus sexuels des filles.
76
Les causes les plus citées pour ne pas dénoncer : « Ce n’est pas important » (25 %) « Pour préserver la réputation de la famille » (25 %)
184
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
ABUS SEXUELS TRANSACTIONNELS Jones et Trotman (2009), dans leur étude sur les abus sexuels contre les enfants aux Caraïbes réalisée pour l’UNICEF ont forgé le terme « abus sexuel transactionnel » pour décrire les situations d’abus sexuels pour lesquels il existe un échange de relations intimes contre des biens, des faveurs ou de l’argent. Ampleur et caractéristiques du problème à São Tomé-et-Principe - En l’absence de données quantitatives et d’études spécifiques, il est difficile de cerner l’ampleur exacte de ce phénomène dans le pays. Les perceptions des personnes interrogées décrivent un problème social sérieux avec les traits suivants : L’existence de ce type d’abus est pleinement reconnue, sous la forme du phénomène des “catorzinhas”, “papoite”77. Problème grandissant dans les établissements du secondaire de la ville de São Tomé (Lycée national, Instituto Diocesano de Formação João Paolo II- IDF) Pratiqués par des adultes provenant de l’extérieur des établissements scolaires, mais également de l’intérieur, en échange de meilleurs résultats scolaires (nécessaires pour obtenir des bourses à l’étranger). Pourraient être liés à la problématique des grossesses précoces parmi les élèves du secondaire. L’existence de ce genre d’abus ne soulève pas de sentiments d’indignation collective qui existent pour d’autres types d’abus (par exemple, les viols). À São Tomé-et-Principe, la perception de ce qui constitue un abus sexuel semble encore limitée au viol (UNICEF, 2010). De même que dans d’autres pays concernés par cette problématique, les personnes interrogées indiquent avec indignation le silence et même la complicité de certaines mères de famille. Il existe même une tendance à « blâmer les victimes » car il s’agit d’un type d’abus qui implique leur « consentement ». Il est important de prendre en compte que les adolescents ne sont pas de jeunes adultes, ils sont encore en développement physique, cognitif et psychosocial. Leurs attitudes sont le fruit des valeurs qui leur sont transmises par les adultes auxquels ils se sont confiés (au foyer comme aux centres éducatifs), et les relations dans lesquelles ils s’engagent sont cause et conséquence de leurs apprentissages sur l’amour, la sexualité, leur place dans la société et sur ce qu’ils peuvent attendre de la part des adultes.
ABUS SEXUELS TRANSACTIONNELS (JONES ET TROTMAN, 2009) Caractéristiques Ils impliquent principalement des hommes âgés et des filles adolescentes. Les garçons sont de plus en plus concernés. Il existe des cas isolés de femmes qui essaient d’approcher des garçons. Il existerait des taux élevés de relations transactionnelles entre les jeunes, ce qui les rend les plus vulnérables aux abus transactionnels par les adultes. L’établissement des contacts est fréquemment réalisé de manière ouverte. L’existence de ce phénomène est largement connue. Il est sanctionné socialement dans certaines circonstances. Facteurs qui influencent l’occurrence de ce genre d’abus La pauvreté et les besoins dans les foyers d’origine des enfants L’acceptation des relations intimes dans l’ensemble de la société La façon de conceptualiser l’enfance : les adolescentes ne sont plus considérées comme des enfants, elles sont donc des « cibles sexuelles légitimes » Les valeurs patriarcales et les disparités de genre font que les filles se sentent mises en valeur si elles attirent l’attention des hommes Les abus cycliques dans la famille (les mères qui ont été victimes ne savent pas comment orienter leurs filles pour sortir du cycle des abus) Comportement prédateur de quelques hommes qui visent des filles provenant de familles démunies.
Dans les pays de l’Afrique lusophone on appelle «catorzinhas» (traduction littérale : filles de quatorze ans) les filles qui sont victimes d’abus sexuels transactionnels. Le terme « papoite » fait allusion aux hommes adultes qui commettent les abus.
77
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
185
L’ACTION PUBLIQUE CONTRE LES ABUS SEXUELS TRANSACTIONNELS Les dispositions du chapitre V du nouveau code pénal (loi n°6/2012), qui traite des crimes contre la liberté et l’autodétermination sexuelle, sanctionnent pénalement les adultes qui abusent des enfants dans les circonstances suivantes : Relations sexuelles avec des enfants de moins de 14 ans (art.175). Relations sexuelles avec des enfants de 14 à 16 ans (art. 177) Relations sexuelles avec des enfants de 14 à 18 ans de la part d’adultes à qui ils ont été confiés pour éducation ou assistance (art. 176 a) et b)) Pour pouvoir appliquer la loi pénale de façon effective, il est nécessaire d’instaurer une culture de dénonciation et de processus judiciaires agiles et adaptés à la sensibilité particulière des enfants. Même si les abus sexuels transactionnels n’ont pas été mentionnés de façon explicite dans la Politique de protection des enfants, de même que pour les abus sexuels, le développement des trois piliers du système de protection (a) La prévention de la violence à travers l’amélioration de la position des enfants dans la société, le renforcement des capacités de protection des familles et d’autoprotection des enfants, et de prévention de la violence dans les milieux scolaires b) l’amélioration de l’attention aux victimes c) le renforcement de la protection judiciaire des enfants, va contribuer fortement à la réduction de l’occurrence de ce type d’abus sexuels dans la société saotoméenne.
186
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Après avoir obtenu l’approbation gouvernementale de la Politique de protection de l’enfant, l’étape de développement des plans opérationnels intersectoriels doit intégrer des interventions spécifiques pour adresser, prévenir et réduire le problème des abus sexuels transactionnels, dans chacun des trois axes stratégiques (prévention, attention aux victimes et protection judiciaire).
3.4.9. Les enfants « en situation de rue » Dans la ville de São Tomé, il y a une trentaine d’enfants qui passent la plupart de leur journée dans la rue sans supervision parentale. Ces enfants maintiennent en général la relation avec leur famille et rentrent dormir chez eux pendant la nuit, donc la qualification jugée plus adéquate est “enfants en situation de rue” et non “enfants dans la rue” (Bandeira, 2010). Ce sont des enfants très visibles et la ville étant petite, la plupart sont connus par la population du centre-ville.
Vulnérabilités - Les enfants « en situation de rue » sont très vulnérables à la malnutrition, à l’abandon scolaire, à l’usage de drogues et aux abus. Le manque de support et d’affection familiale, la superficialité et l’instabilité de leurs relations avec les adultes et les abus dont ils peuvent faire l’objet (eux ou leurs proches) ainsi que leur participation différenciée à la société dont ils font part, configurent des enfants avec un profil psychologique et émotionnel très fragile.
Ce sont des enfants qui manquent de la structure la plus élémentaire pour la réalisation de leurs droits : une famille capable de répondre à leurs obligations envers eux. La plupart des enfants ont commencé à fréquenter les rues en âge de scolarité primaire (entre 8 et 10 ans). Ils proviennent de familles déstructurées par la marginalité, l’alcoolisme et en situation socio-économique très précaire. Ils ont été ou sont insérés dans le système scolaire, mais étant donné le manque d’efficience interne et leurs contraintes personnelles, ils accumulent des années de retard et sont à risque d’abandon scolaire ou bien ils ont déjà abandonné. Ils s’adonnent à de petits travaux non qualifiés, demandent de l’argent à la sortie des magasins ou des supermarchés de la ville pour couvrir leurs besoins basiques de nourriture ou de médicaments. La plupart des enfants sont « en situation de rue » parce que chez eux ils sont objet de violences et que leur famille ne parvient pas à satisfaire leurs besoins les plus essentiels (alimentation). Certains enfants fuient les abus dont ils ont été objet dans les institutions de protection78.
Le nombre réduit de ces enfants fait qu’il est plus facile d’intervenir que dans d’autres pays africains. Plusieurs institutions de la société civile s’occupent des enfants en situation de rue ou en risque en régime d’internat ou d’externat (Fundaçao Novo Futuro, Associação de Reinserção das Crianças Abandonadas and em Situações de Risco ARCAR, congrégations religieuses...). Le programme d’alimentation scolaire contribue fortement à la rétention de ces enfants dans le système scolaire. Le ministère de la Justice et de la Réforme de l’État en collaboration avec l’ONG portugaise Meninos do Mundo vient de développer un paquet de propositions de lois pour la protection des enfants et des jeunes en situation de risque, qui va développer une régulation spécifique pour l’accueil de ces enfants, et jeter les bases pour la prise en charge par l’administration publique de la provision de services adéquats aux enfants à risque. Leur approbation parlementaire supposera une forte amélioration de la protection légale et institutionnelle des enfants en situation de rue.
En 2010, une étude d’évaluation financée par l’UNICEF a rapporté l’existence de pratiques d’abus pratiqués par les enfants plus âgés sur les plus petits pendant la nuit à ARCAR (les enfants dormaient seuls sans supervision). La situation fut correctement abordée par le gouvernement avec le soutien de l’UNICEF.
78
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
187
Figure 3.4.5. Analyse causale, les enfants en situation de rue Causes directes Mauvais traitements, violences ou abus graves Incapacité des familles de garantir les besoins essentiels (alimentation, médicaments) des enfants Besoin des revenus du travail des enfants dans leur famille
Causes sous-jacentes Dysfonctionnement des familles d’origine (marginalité, problèmes mentaux, alcoolisme) et vulnérabilité socio-économique Abandon scolaire Problèmes d’abus institutionnels (de la part d’autres enfants)
Causes structurelles Manque d’efficience interne du système éducatif, insuffisance d’alternatives formatives d’orientation professionnelle. Manque de mécanismes effectifs de protection sociale et de politiques nationales de protection des enfants à risque. Insuffisance de programmes de soutien psychosocial des familles d’origine pour éviter l’institutionnalisation Domaine des enfants à risque réservé aux ONG nationales et internationales. Lenteur dans la reforme d’une législation de la famille obsolète (loi n°6/1977) en matière d’adoption, tutelle/responsabilités des pères qui ne répond pas aux besoins des enfants les plus vulnérables Législation pour la protection des enfants à risque élaborée mais pas encore approuvée par le Parlement.
ACTIONS CLÉ Accélération de la réforme de la loi n°2/77 de la famille (en cours) pour actualiser et développer la sécurité des mécanismes d’adoption nationale et internationales, de tutelle et de responsabilités des pères. Approbation parlementaire de la loi des enfants et des jeunes à risque Développement et renforcement des mécanismes de protection sociale (transferts monétaires ou programmes d’assistance psychosociale) orientés vers les familles avec des enfants à risque
188
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
3.5. Le droit à la participation et à l’information DROITS CONVENTION RELATIVE AUX DROITS DE L’ENFANT Article 12 : 1. Les États parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité. 2. A cette fin, on donnera notamment à l’enfant la possibilité d’être entendu dans toute procédure judiciaire ou administrative l’intéressant, soit directement, soit par l’intermédiaire d’un représentant ou d’une organisation approprié, de façon compatible avec les règles de procédure de la législation nationale. Article 13 : 1. L’enfant a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen du choix de l’enfant. Article 14 : 1. Les États parties respectent le droit de l’enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Article 17 : Les États parties reconnaissent l’importance de la fonction remplie par les médias et veillent à ce que l’enfant ait accès à une information et à des matériels provenant de sources nationales et internationales diverses, notamment ceux qui visent à promouvoir son bien-être social, spirituel et moral ainsi que sa santé physique et mentale.…
79 Déclaration issue de la 27ème session extraordinaire de l’assemblée générale des nations unies, consacrée aux enfants (mai 2002)
CONSTITUTION DE SÃO TOMÉ-ET-PRINCIPE Article 24 : Le droit à l’identité personnelle et le droit au respect de sa vie privée et de sa vie familiale sont inviolables Article 29 : 1. Chacun a le droit de s’exprimer librement et de faire connaître ses idées par les mots, par l’image ou par tout autre moyen. Article 30 : 1. La liberté de presse est garantie. 2 L’État garantit un service public de presse indépendante des pouvoirs économiques et politiques. Articles 34 et 35 : Droits à la liberté d’association et à la liberté de réunion pacifique DECLARATIONS INTERNATIONALES Un monde digne des enfants79 9ème point de la déclaration - Écouter les enfants et assurer leur participation. Les enfants et les adolescents sont des citoyens pleins de ressources, capables de contribuer à l’avènement d’un avenir meilleur pour tous. Aussi, devonsnous respecter leur droit d’expression et de participation à toutes les questions qui les touchent, compte tenu de leur âge et de leur maturité d’esprit.
DÉVELOPPEMENTS LÉGISLATIFS
Loi n°2/77 de régulation juridique de l’institution familiale (loi de la famille) qui régule l’adoption et prévoit la possibilité d’écoute des enfants de plus de 7 ans. Loi n°2/2003 régissant les principes fondamentaux du système éducatif qui reconnaît la participation des enfants comme un principe organisationnel du système éducatif. Loi n°2/1993, sur la liberté de presse. Décret-loi n°86/1996 régit l’octroi de licence pour la création et l’exploitation des radios et télévisions privées. Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
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Écouter les enfants et assurer leur participation : « Les enfants et les adolescents sont des citoyens pleins de ressources, capables de contribuer à l’avènement d’un avenir meilleur pour tous. Aussi, devons-nous respecter leur droit d’expression et de participation à toutes les questions qui les touchent, compte tenu de leur âge et de leur maturité d’esprit. » (Un monde digne des enfants, 2002). L’Assemblée générale des Nations Unies, lors de sa 27ème session extraordinaire en mai 2002 consacrée aux enfants, a fait de l’écoute des enfants et de la garantie de leur participation dans la société l’un des 10 objectifs de la déclaration « Un monde digne des enfants ». La réalisation du droit à la participation des enfants dans la société implique : leur inclusion dans les institutions les plus proches (école, crèches, associations, vie communautaire) ; la garantie de leur participation dans l’analyse ou le développement des politiques qui leur sont consacrées (par exemple les politiques scolaires) ; le développement d’un réseau adéquat de moyens de communication afin que ceux-ci puissent recevoir et donner des informations ; et la garantie légale qu’ils soient entendus dans les affaires qui les concernent.
LA PARTICIPATION À L’ÉCOLE La participation des enfants dans la société commence par l’institution sociale qui leur est la plus proche : l’école. La loi n°2/2003 régissant les principes fondamentaux du système éducatif reconnaît l’importance de la participation des enfants dans la gestion des écoles et la définition des politiques éducatives, et reconnaît que le système joue un rôle important dans le développement de l’esprit démocratique des élèves (art. 3. Principes d’organisation). L’école est un centre d’apprentissage et de socialisation : elle doit garantir aux élèves un environnement protecteur et réduire au maximum la réplication des risques sociaux qui menacent les enfants à l’extérieur (violence, abus sexuels etc.). Ceci n’est pas faisable sans écouter et intégrer la voix des élèves dans les organes de gestion. Le niveau de participation des enfants n’est pas analysé dans les diagnostics du secteur de l’éducation produit par le MECS et ses partenaires. Mais l’évaluation du modèle des Écoles amies des enfants (UNICEF, 2013) a révélé que même dans ce modèle, la participation des enfants n’était pas claire ni bien régulée, ce qui indique que la situation dans les écoles du pays n’est pas idéale.
80
LA PARTICIPATION DANS LA COMMUNAUTÉ Les ONG jouent un rôle important dans le développement social des enfants. Les ONG : Fundaçao da Criança, Fundaçao Novo Futuro, la Croix Rouge, Alisei, organisent des activités formatives ou de loisirs, des cours de vacances, des compétitions sportives etc. Les espaces publics de divertissement, de loisirs ou de sport sont en général limités à la capitale du pays, (comme dans toute l’Afrique de l’Ouest et centrale) mais l’absence de phénomènes de violence urbaine fait que les enfants peuvent circuler et utiliser les espaces disponibles sans restriction.
LE DROIT À L’INFORMATION L’accès à l’information est une préoccupation croissante de la société civile santoméenne, qui conçoit l’information comme un outil fondamental pour le contrôle et le suivi de l’action du pouvoir exécutif. À São Tomé-et-Principe la liberté de presse est un droit constitutionnel et l’État garantit le financement de la télévision nationale (TVS), de l’agence de presse nationale (STP Press), de la radio nationale (et de la régionale de Principe) et de deux journaux de la presse écrite. Il existe de nombreux médias indépendants (sept journaux hebdomadaires ou mensuels, presse « en ligne ») qui n’ont pas de restrictions d’ordre politique pour publier leurs points de vue. Plusieurs stations de radios internationales sont radiodiffusées dans le pays. Malgré l’existence de la liberté de la presse et de l’information, certains agents de la société civile ont récemment80 exprimé certaines préoccupations à propos du droit à l’information et à la participation civique. La fédération des ONG (FONG) et l’association pour la coopération entre les peuples, ACEP, sont en train d’engager différents agents de la société saotoméenne (citoyens, gouvernements locaux, ONG, médias) dans un processus de réflexion national autour du droit à l’information (campagne « Mais informaçao, mais participaçao, melhor desenvolvimento »). Les préoccupations se focalisent sur le développement insuffisant du secteur, sur la discontinuité des émissions des radios communautaires, sur les problèmes dans la fourniture et l’accès à l’électricité et sur la faiblesse du signal radio dans certains districts (par exemple à Caué) (FONG ACEP, 2015).
La campagne “Mais Informaçao, mais participaçao, melhor desenvolvimento” s’est déroulée en mai 2015
190
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Les radios communautaires - Elles doivent fonctionner de manière autogérée et sont un outil essentiel pour la communication locale et les campagnes de communication pour le développement (C4D). Il existe 3 radios dans le pays : la radio de Neves (« Tlacha ») fonctionne depuis 2006, et utilise principalement de l’énergie solaire. La radio Yogo, à Portoalegre81 depuis Août 2015 (Caué). Il y a une autre radio à Lembá, et des initiatives similaires dans d’autres districts comme à Guadalupe ou à Lobata (Da Costa, 2015)
La communication pour le développement - En plus des radios communautaires, il existe un programme d’agents de santé communautaires au niveau des districts fortement appuyé par l’UNICEF et le MS, qui vise à promouvoir les pratiques parentales essentielles : allaitement maternel exclusif, lavage des mains avec de l’eau et du savon, utilisation de traitements de réhydratation orale, dormir sous les MILD (Da Costa, 2015). La figure 3.5.1 présente ce que l’enquête MICS 5 (INS, 2016) révèle à propos de l’accès à l’information à São Tomé-et-Principe.
Figure 3.5.1. Accès à l´information et à internet à Sao Tomé-et-Principe, 2014 Accès aux médias la semaine précédente, en % 76,9
83,3
85,3
90,2
90,7
95,0
32,0
32,3
42,9 24,3
18,3
Lisent un jurnal Femmes
Écoutent la radio
Regardent la TV
Au moins un des trois
Hommes
34,1
Ont utilisé Internet Ont utilisé Internet une fois les 12 une fois par dernier mois (%) semaine le mois dernier (%)
Accès aux médias, Sao Tomé-et-Principe, Cameroun et Bénin 15-24 ans qui ont utilisé Internet durant les 12 derniers mois (%)
42,9 39
32,3 48,3 37,2
Femmes
47,5
5,7 Femmes
Hommes STP
17,2
15,3
9,4 10,3 11,7
Hommes
Femmes
32,8
28,4
15,9
15-24 ans qui ont utilisé un ordinateur durant les 12 derniers mois (%)
16,8
18,9
Cameroun
30,5
15-49 ans qui, au moins une fois par semaine, lisent un jurnal, écoutent la radio at regardent la TV
Hommes
Bénin
L´accès à internet, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique 89,3
81
47,7
Pour Portoalegre, Malanza, Ponta Baleia et Ilheu das Rolas
25,4
22,7
29,7
27,0 11,2
15-19
20-24 Âge
Centre Nord Est Ouest Région
Urbain
18,5
Rural
Résidence
Analyse des enfants et6,2 des femmes 0,0de la situation à São Tomé-et-Principe en 2015
Aucune
Supérieur
Scolarité
191
Plus Plus pauvre riche Niveau de richesse
47,5
37,2
Femmes
15,3 Hommes
Femmes
32,8
28,4
15,9
5,7 Femmes
Hommes STP
17,2
9,4 10,3 11,7
Cameroun
12 derniers mois (%)
30,5
15-49 ans qui, au moins une fois par semaine, lisent un jurnal, écoutent la radio at regardent la TV
Hommes
Bénin
L´accès à internet, principaux écarts pour chaque déterminant socio-économique 89,3
47,7 25,4
22,7
29,7
27,0 11,2
15-19
20-24 Âge
Centre Nord Est Ouest Région
18,5
6,2
0,0 Urbain
Rural
Résidence
Aucune
Supérieur
Scolarité
Plus Plus pauvre riche Niveau de richesse
Source : Élaboré par les auteurs à partir de la base de données de l’enquête MICS 5 (INS, 2016), l’enquête MICS Key Findings Report de Cameroun (2014) et du Bénin (2014)
De l’analyse de la figure 3.5.1 on peut tirer les conclusions suivantes : La télévision est le moyen de communication qui atteint la majorité de la population (85,3 % des femmes et 90,2 % des hommes), suivie de près par la radio. L’accès à l’information montre des disparités de genre substantielles : c’est ce que l’on appelle «la fracture numérique » de genre. Cependant à São Tomé-et-Principe l’écart de genre pour l’usage d’internet est de 28,7 %, inférieur à la moyenne de l’Afrique de l’Ouest et centrale (43 %) et plus proche de la moyenne globale (23 %). L’accès aux médias s’étend. Les données semblent indiquer que la population la plus jeune a plus d’accès. La population des 15-19 ans accède plus à internet (25,4 %) que celle des 20-24 ans (22,7 %). L’accès des enfants à internet est encore limité : seul un enfant sur quatre a utilisé internet la semaine précédant l’enquête MICS 5. Les disparités en fonction du niveau éducatif et le niveau de richesse sont très importantes (0 % des personnes sans instruction ont utilisé internet, contre 89,3 % des personnes avec un niveau supérieur, et 6,2 % du quintile le plus pauvre contre 47,7 % du quintile le plus riche) ce qui révèle le manque de politiques effectives de promotion de l’accès aux nouvelles technologies.
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DROIT D’ÊTRE ENTENDU DANS LES PROCÉDURES ADMINISTRATIVES OU JUDICIAIRES L’article 107 de la loi n°2/77 de la loi sur la famille prévoit l’écoute des enfants (de plus de 7 ans) dans les cas d’adoption, mais non dans le cas de séparation des parents. Le décret n°417/71 relatif à l’application de ces mesures ne prévoit pas l’audition préalable de l’enfant comme une procédure contradictoire ou nécessitant la production de preuves (UNICEF, 2009).
Figure 3.5.2. Analyse causale des limitations à la participation et à l’accès à l’information des enfants Causes directes Limitations des moyens de communication dans certaines zones du pays. Insuffisante promotion de la participation des enfants dans les écoles et les médias Le droit de l’enfant d’être écouté dans les procédures judiciaires qui l’affectent est reconnu de façon partielle
Causes sous-jacentes Fourniture discontinue de l’électricité Manque de critères homogènes pour l’institutionnalisation de la participation des enfants dans le milieu scolaire Législation civile obsolète (en cours de réforme), intègre le droit de l’enfant d’être écouté de façon très limitée
Causes structurelles Des méthodes d’enseignement trop axées sur la dimension mécanique de l’apprentissage et non sur les capacités critiques et analytiques La violence familiale comme méthode d’enseignement et de discipline. Méthodes autoritaires qui n’invitent pas à la réflexion ou au développement des capacités de négociation, de réflexion ou de critique constructive Le travail des enfants leur prend du temps sur les loisirs ou sur la participation aux activités communautaires Conceptualisation limitée du potentiel personnel et social des enfants Lenteur dans la réforme de la législation civile
ACTIONS CLÉ
D’équité horizontale :
D’équité verticale :
La réforme de la loi n°2/77 de la famille doit intégrer clairement le droit des enfants d’être écoutés dans les décisions qui les concernent : garde parentale, adoption, tutelle etc.
Les aménagements des espaces publics pour supprimer les barrières physiques sont importants pour permettre la participation des enfants ayant des besoins spéciaux (de type moteur).
Développer les normes et règlements de la participation des enfants dans le milieu scolaire, et spécialement dans la définition des politiques de réponse aux risques sociaux.
La connexion à internet s’améliore peu à peu, l’investissement dans le milieu scolaire est une façon efficace de faciliter l’accès des enfants aux nouvelles technologies.
Investir dans le développement des radios communautaires, dans le développement de programmes éducatifs et dans les valeurs démocratiques pour les enfants.
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4
Conclusions
et recommandations
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L
es données statistiques démontrent qu’à São Toméet-Principe les politiques sociales mises en œuvre selon une approche universelle (non focalisées) et de suppression des frais d’utilisation sont les plus efficaces pour augmenter l’utilisation des services, mais aussi pour réduire les disparités de genre et socio-économiques (en fonction du niveau de richesse, de la scolarité du chef du ménage etc). Ceci est visible notamment dans les bons résultats obtenus dans la scolarisation primaire grâce à la suppression ou la limitation des frais d’utilisation (quasi gratuité de facto) et à l’extension de l’offre et des programmes universels d’alimentation scolaire.
L’immunisation, l’enregistrement des naissances, la lutte contre le paludisme et contre la transmission verticale du VIH SIDA sont d’autres succès notables, obtenus sous cette approche d’universalité et de suppression des frais d’utilisation. La figure 4.1 présente l’évolution des disparités en fonction du revenu pour la période 2006-2014 selon 13 indicateurs clé
(0 est la valeur la plus équitable et 5 la moins équitable). Les disparités se sont aggravées pour l’accès à l’éducation préscolaire et à l’eau potable, pour la malnutrition chronique et pour les unions précoces, des domaines où l’action publique est embryonnaire ou peu efficace.
Figure 4.1 : São Tomé-et-Principe, évolution des disparités en fonction du revenu, de 2006 à 2014
0
0,5
1
1,5
2
2,5 2,9
Éducation dans la petite enfance 1
Taux de scolarisation primaire
1,1
4,5
5
3,1
4
1,3
1,2
Alphabétisation des femmes
1,8
La disparité dans cet indicateur est trop élevée pour être représentée dans ce graphique (La valeur pour 2006 est 159 et pour 2012 11,9 )
Accès à l´eau potable
1,2
1
Enfants de 0 à 5 ans qui dorment sous une moustiquaire imprégnée d´insecticide Traitement avec ORS en cas de diarrhée
1,5 1
2,1
1,4
1,1
1,2 2,5
Malnutrition chronique
2,0
Unions précoces des filles Conseil et test VIH pendant les visites prénatales
4
2
Conclusion de l´enseignement primaire
Enregistrement des naissances
3,5
1,1
Taux de scolarisation secondaire
Accès à des installations d´assainissement améliorées
3
1,2
3,7 2,7
2,2
Sources : Calculs des consultants à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) et de l’enquête MICS 3 (INS, 2006)
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Les vulnérabilités socio-économiques des enfants doivent être abordées selon une approche multisectorielle. Il est important de prendre en compte que même si un enfant est scolarisé à l’âge théorique, son parcours scolaire se verra influencé par les maladies fréquentes si son environnement immédiat est pollué par le manque d’assainissement, ou par l’insécurité alimentaire s’il appartient à une famille nombreuse ou élargie ayant un taux de dépendance élevé. Il est important de développer des approches intégrales dans les politiques publiques pour l’enfance. Selon cette approche, la première conclusion est qu’à São Tomé-et-Principe il manque une politique pour l’attention intégrale à l’enfance, articulée selon les vulnérabilités potentielles, permettant de garantir des socles minimaux de bien-être à tous les enfants. Les enfants représentent 44,9 % de la population de São Tomé-et-Principe, sont porteurs de droits spécifiques et souffrent de la pauvreté et des privations d’une façon clairement différenciée de celle des adultes. Les enfants sont un investissement stratégique pour le développement du pays, encore plus essentiel dans un début de transition démographique. Malgré cela, en ce moment, le pays ne dispose pas d’un institut ou d’une direction spécialisée en politiques publiques pour les enfants, avec la capacité de prendre part dans la production des politiques sociales pour assurer l’intégration de l’approche de cycle de vie. Une institution qui réalise le suivi des initiatives internationales en matière de politiques pour les enfants, et des orientations du Comité des droits de l’enfant, et qui puisse alerter sur les lacunes existantes au niveau des politiques, législation et budgets. Pour l’élaboration de la Politique de protection des enfants, c’est la direction de la protection sociale du MEAS qui a coordonné le processus, alors que la direction n’a pas de spécialisation technique en matière d’enfance. De même, il existe des lacunes de spécialisation au niveau du pouvoir législatif (le parlement n’a pas de commission spécifique) et du pouvoir judiciaire. Il est vivement recommandé d’impulser un processus de réflexion autour de la nécessité de progresser dans le développement institutionnel en matière d’enfance. La création d’un institut ou d’une direction spécialisée en politiques publiques pour l’enfance, avec le mandat de coordonner la production de politiques sociales spécifiques pour les enfants, d’analyser les impacts sur les enfants des politiques sociales, économiques et fiscales, de faire le suivi des budgets publics, d’assurer l’intégration de l’approche de cycle de vie dans le politiques sociales et de relever les défis existants au niveau des politiques, de la législation et des budgets, semble un besoin urgent et incontournable.
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ENGAGEMENTS INTERNATIONAUX DE SÃO TOMÉ-ET-PRINCIPE EN MATIÈRE DE DROITS DE L’ENFANT São Tomé-et-Principe a ratifié seulement deux traités internationaux de droits humains : la Convention relative aux droits de l’enfant et la Convention contre toute forme de discrimination contre les femmes. C’est un des 15 pays du monde qui a ratifié le moins de traités de droits humains (Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, 2015). Les dernières signatures (précédant la ratification) datent de 2000. Il est possible que l’instabilité politique chronique ait eu une certaine influence sur le niveau de priorité politique accordé aux engagements internationaux du pays. La période de stabilité politique qui existe aujourd’hui, après l’obtention de la majorité absolue des sièges parlementaires par le parti qui gouverne, offre des opportunités pour accroître les engagements du pays avec les droits de l’enfant.
RECOMMANDATION Il est vivement recommandé que le gouvernement et le parlement travaillent de pair avec le Fonds des Nations unies pour l’enfance et avec d’autres organisations impliquées dans la défense des droits de l’enfant dans la signature et dans la ratification des trois protocoles facultatifs de la Convention des droits de l’enfant : Le protocole relatif à la vente d’enfants, la prostitution infantile et l’utilisation des enfants pour la pornographie (25 Mai 2000), Le protocole relatif à la participation des enfants dans des conflits armés (25 Mai 2000), Le protocole relatif à la procédure présentation de communications (14 Avril 2014).
COHÉRENCE DES POLITIQUES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES Les politiques sociales dans la réduction de la pauvreté seront effectives si elles sont cohérentes avec les politiques économiques et fiscales, car celles-ci influencent le prix des produits de base, la détermination des salaires et les dynamiques de l’emploi (Badillo, 2013). Le financement du programme d’investissements publics en 2015 dépend à 91,8 % de l’aide extérieure et cela implique qu’il est nécessaire d’élargir la capacité de l’État à s’autofinancer. Cependant, la crise budgétaire du pays est aussi l’expression des déséquilibres sociaux irrésolus, qui n’ont pas permis au pays de développer un marché du
travail stable avec des salaires adéquats qui contribue effectivement au financement du pays. Dans ce contexte, il est nécessaire de garantir que les sources de financement de l’État vont de pair avec les objectifs de réduction de la pauvreté et avec les politiques sociales. Les prévisions du gouvernement d’introduire un nouvel impôt à la consommation en 2017 (impôt sur la valeur ajoutée) suscite quelques questions. Les impôts sur la consommation constituent une source immédiate de revenus pour l’État et limitent la fraude fiscale, mais dans certains cas ils peuvent avoir des conséquences non désirées sur les droits de l’enfant car ils élèvent le prix des produits de base, ce qui peut d’une part, empêcher l’accès à ces produits et d’une autre part, avoir des effets dépresseurs sur l’économie au niveau micro. Il est vivement recommandé que les considérations sur l’introduction de nouveaux impôts indirects (à la consommation) comprennent une analyse rigoureuse de leurs possibles effets régressifs sur la population pauvre et en particulier sur l’enfance, qui est la plus atteinte par la pauvreté. Il est recommandé que le gouvernement, la coopération internationale et les ONG nationales qui travaillent dans les secteurs sociaux coopèrent dans l’analyse des moyens équitables du financement de l’État.
LES EFFETS DE L’IRRESPONSABILITÉ PARENTALE SUR LE BIEN-ÊTRE DES ENFANTS A São Tomé-et-Principe, l’irresponsabilité parentale masculine est socialement tolérée (à l’exception de la communauté « angolar », qui ont une notion de famille plus traditionnelle), et prend des formes diverses (abandon de la compagne et des enfants, concubinage avec plusieurs femmes, polygamie, conformation de plusieurs socles familiaux, etc...). Ces attitudes masculines de superficialité dans les relations de couple et familiales sont le premier facteur de vulnérabilité socio-économique des enfants. Du point de vue économique, il augmente le taux de dépendance dans les foyers et les place sous le leadership économique des femmes, qui souffrent de discrimination sur le marché du travail et dont la capacité de générer des revenus est inférieure (cf. chapitre 3.4). Du point de vue social, les enfants qui n’habitent pas avec leurs deux parents sont plus susceptibles d’être laissés à une garde inadéquate ou exposés à des risques sociaux. De plus, ces comportements qui violent les droits de l’enfant se
transmettent de génération en génération. Il est alors difficile de les empêcher avec l’éducation ou avec des activités de sensibilisation. Il est nécessaire de combiner des mesures à long terme de promotion de la parentalité comme une responsabilité non seulement des femmes mais aussi des hommes (au moyen de programmes d’éducation des jeunes, de campagnes de communication) avec des mesures légales et pour renforcer la demande des services juridiques de réclamation de pensions. Ceci est une mesure de protection sociale de première importance qui garantit des revenus pour les enfants. Le ministère de la Justice travaille sur une réforme de la loi n°2/77 de la famille qui va renforcer la protection des femmes et des enfants qui appartiennent à des cellules familiales issues d´unions non maritales. Il faut également garantir la célérité des processus de réclamation de pensions alimentaires ou monétaires auprès des pères des enfants.
LES EFFETS DES DISPARITÉS DE GENRE SUR LE BIEN-ÊTRE DES ENFANTS A São Tomé-et-Principe, les femmes sont les premiers agents de protection sociale et de développement au niveau micro. Généralement, la décision d’avoir des enfants vient d’elles et la société saotoméenne a tendance à voir les enfants comme étant plus liés à leur mère qu’à leur père. Les femmes sont les soutiens financiers les plus stables du foyer et elles gèrent en solitaire les ressources destinées à l’éducation, à l’alimentation, aux vêtements et à l’hygiène des enfants. Elles sont les seules responsables de l’état de santé et nutritionnel de tous les membres de la famille (et du parcours éducatif des enfants), et font la gestion des risques : elles prennent les décisions sur les mesures à adopter en cas de chocs économiques (insuffisance de ressources), sociales (violence, abus) ou sanitaires (maladie) dans la famille. C’est également elles qui s’informent et qui demandent les appuis gouvernementaux. Telle est la réalité qui se cache derrière l’influence très marquée du niveau d’éducation de la mère dans tous les indicateurs de bien-être des enfants. Il existe un contraste très marqué entre le rôle indispensable des femmes dans la société saotoméenne et leur statut social - Leur image est encore très liée au contexte domestique, elles sont victimes de discrimination sur le marché du travail, et réalisent les travaux les moins rémunérés, généralement la vente de produits liés au domaine domestique. La discrimination commence tôt, dès l’âge de 16 ans, elles
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abandonnent l’école plus que les garçons, font plus de travaux domestiques et doivent faire face à des problématiques spécifiques comme les unions précoces et les grossesses. Elles assument la responsabilité des grossesses précoces et abandonnent l’école pour s’occuper de leurs enfants. Elles sont souvent objet de violences domestiques et d’abus.
Au niveau préscolaire et secondaire, les raisons de non scolarisation sont divergentes. Au niveau préscolaire il y a plusieurs facteurs : i) La faible connaissance de la politique d’entrée à l’âge de 6 ans ii) l’Insuffisance du réseau du préscolaire iii) Les barrières financières : les coûts du préscolaire sont les plus élevés (plus que le secondaire).
Les politiques publiques ont un potentiel important de transformation : il est essentiel que le travail des décideurs politiques parte de la connaissance de cette réalité de genre dans le pays et soit orienté à promouvoir les capacités et les ressources (financières, de capital humain, éducatives) des femmes.
Par contre au secondaire, les raisons de l’abandon scolaire sont : i) L’insuffisance du réseau (surtout du 2ème cycle). Ii) Le retard (omniprésent en secondaire) et iii) un recours excessif au redoublement comme outil pédagogique (au lieu de superviser et soutenir la qualité de l’enseignement et des évaluations). Ces problèmes encombrent le système et portent préjudice à une qualité des enseignements déjà fragile. Les passages automatiques en primaire ont été supprimés. Les coûts et les grossesses précoces sont également cause d’abandon scolaire au niveau secondaire.
Le développement de l’enseignement préscolaire et de jardins d’enfance est un exemple de politique clé de soutien à la capacité productive et de génération de revenus des femmes. Il est fondamental de travailler dans la suppression des barrières sociales et culturelles qui empêchent les femmes de se développer sur le plan professionnel. Il est urgent de prendre des mesures législatives et politiques pour éradiquer la discrimination des femmes sur le marché du travail et dans l’accès aux postes à responsabilité dans le secteur public et privé. Il est également important de renforcer les mécanismes de protection sociale orientés vers les mères chefs de famille qui visent à complémenter les ressources financières du ménage, à soutenir leur intégration sur le marché du travail, par la création d’emplois décents82 (crèches, programmes publics d’emplois, jardins, programmes d’action sociales productive, microcrédit). Ces mécanismes existent déjà à São Tomé-et-Principe mais présentent des lacunes de couverture et au niveau des prestations qui ne sont pas suffisantes.
LE DROIT À L’ÉDUCATION L’Universalisation de la scolarité primaire avec équité de genre est une réalité et un exemple de l’efficacité des politiques de suppression des coûts pour réduire des disparités. Actuellement, les différences de scolarisation en primaire en fonction du revenu sont presque inexistantes. Cependant, il semblerait avoir des niches d’exclusion localisées dans la région Sud du pays (Malanza, Ribeira Afonso, Sao Joao dos Angolares), et il existe une corrélation avec le manque d’enregistrement des naissances.
Les barrières d’accès pour les enfants ayant des besoins spéciaux sont encore très présentes. Les barrières se présentent le plus souvent pour les enfants avec des difficultés auditives ou motrices. Le système éducatif a la capacité d’accueillir la plupart de ces enfants, mais n’a pas les moyens de leur fournir un enseignement adapté. La Politique éducative (MECS, 2012) est progressiste et favorable à l’universalisation et l’inclusion : les difficultés se présentent du côté de la mise en œuvre et du financement. Équité horizontale Il est indispensable de redistribuer les allocations financières du secteur envers une plus grande équité entre les niveaux préscolaire, primaire et secondaire et le niveau supérieur. Il est indispensable de continuer la mise en œuvre de la Politique d’éducation (2012) à étendre le réseau du 2ème cycle du secondaire et du préscolaire. Il est fondamental de développer des politiques actives pour la réduction du redoublement et l’entrée tardive. Cela supposera une libération de ressources qui peuvent être dédiées à l’extension de l’offre préscolaire ou secondaire, ou à la réduction des barrières financières. Il est indispensable de réduire la barrière financière dans les niveaux préscolaire et secondaire. Les indicateurs montrent d’énormes disparités en fonction du niveau de richesse de la famille des enfants.
Travail décent : “possibilité d’exercer un travail productif et convenablement rémunéré, assorti de conditions de sécurité sur le lieu de travail et d’une protection sociale pour sa famille” (BIT, 2016)
82
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Réintroduire les deux passages automatiques en 2ème et 4ème classe du niveau primaire pour réduire l’encombrement, le retard et l’abandon. L’actualisation de la Loi régissant les principes fondamentaux du système éducatif va sûrement avoir un impact sur l’entrée tardive. Améliorer la situation professionnelle et salariale du corps enseignant, « donner de la dignité à la profession » est fondamental dans une stratégie de renforcement de leurs capacités pédagogiques. Équité verticale Supprimer les règlements, lois, etc. qui interdisent aux filles enceintes de plus de 3 mois d’assister à l’école de jour. Investir dans la mise en œuvre de la Stratégie d’éducation inclusive et dans le renforcement des ressources humaines de la direction de l’enseignement inclusif (2010). Approfondir la recherche sur les facteurs d’exclusion des enfants dans les régions les plus touchées par cette violation des droits de l’enfant à l’éducation.
LE DROIT À LA SURVIE La mortalité néonatale n’a pas suivi le modèle de réduction de la mortalité infantile et infanto-juvénile. Cela indique l’existence de goulots d’étranglements au niveau des services publics de contrôles prénatals, des accouchements et des contrôles post natals. Les causes de la mortalité sont principalement les complications pendant l’accouchement et les infections (respiratoires ou sepsis). Ces résultats sont causés par l’absence de mécanismes de gestion des ressources humaines qualifiées, et liés à l’existence de négligences graves au niveau du personnel d’infirmerie (violence obstétrique) et aux difficultés d’assurer un approvisionnement constant en médicaments et en équipements nécessaires pour une attention de qualité. Dans certains cas, il existe des barrières financières, la carte sanitaire et la politique de santé sont actualisées et intègrent les perspectives d’équité. Les défis sont au niveau de la mise en œuvre. En matière de nutrition, São Tomé-et-Principe a fait des progrès significatifs dans la lutte contre la malnutrition. Cependant, il y a toujours un pourcentage élevé d’enfants souffrant de malnutrition, cette question mérite donc toujours l’attention nationale, en particulier dans les régions les plus pauvres : NordOuest et Sud-Est.
Il existe deux grands groupes de causes de la malnutrition, conduisant à deux domaines d’intervention nécessaires. D’une part, il y a la pauvreté des ménages, qui exige des mesures liées au développement économique, en particulier dans les zones rurales. D’autre part, le deuxième groupe de causes est lié à des pratiques d’alimentation et une mauvaise hygiène, au sous-financement des services publics d’eau, d’assainissement et de santé, etc. Equité horizontale Renforcer la formation des ressources humaines qualifiées dans l’attention de la santé maternelle et infantile et dans la distribution géographique proportionnelle à la population cible (implémentation de la politique nationale de santé (2012). Élimination des barrières de demande aux services de maternité : supervision et contrôle des pratiques médicales dans les accouchements, développer des systèmes de dénonciation et des protocoles de réponse à l’Hôpital Ayres de Menezes pour combattre les mauvais traitements ou négligences obstétriques. Continuer la mise en œuvre de la stratégie d’attention intégrale aux enfants jusqu’à l’âge de trois ans (Programme des 1000 premiers jours critiques). Assurer la participation nationale dans le financement des programmes verticaux clés pour le contrôle des épidémies (PEV, PNLP, PNLS, PNLT). Le système de santé doit promouvoir l’allaitement dans l’heure qui suit l’accouchement, dans les maternités et parmi les sages-femmes traditionnelles. Équité verticale Élimination des barrières financières d’accès aux médicaments : développement d’un système progressif de récupération des coûts qui inclut des exonérations pour les patients en situation de pauvreté ébauché dans le Plan national de développement sanitaire. Élimination des barrières financières d’accès aux analyses prénatales (qui peuvent conduire à un espacement des visites des femmes les plus pauvres) : il est nécessaire d’approfondir la connaissance de ces pratiques. Approfondir l’analyse de la carte sanitaire (2012) pour assurer l’intégration des patients qui habitent dans les communautés éloignées des services.
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LE DROIT À L’ASSAINISSEMENT Le manque d’assainissement est une problématique très ressentie par la population, une des deux privations principales des enfants à São Tomé-et-Principe, cause sous-jacente de la deuxième cause de mortalité des enfants de 0 à 5 ans (diarrhée), et un des indicateurs qui présente des disparités les plus grandes en fonction du niveau de revenu. La situation de faiblesse institutionnelle et de la dépendance de l’aide extérieure dans le secteur provoque une disposition inadéquate des infrastructures et un approvisionnement en eau insuffisant. Malgré les efforts de la coopération internationale dans les différents domaines liés à l’eau et à l’assainissement, la discontinuité des interventions et le manque d’une politique qui organise clairement le secteur fait que le pays présente encore de graves lacunes. Il est nécessaire de promouvoir la discussion nationale autour de la priorité politique qui doit s’accorder à ce secteur, qui devrait être parallèle à celle accordée par les communautés et à son impact sur la pauvreté et sur la mortalité infantile. Appuyer le développement du cadre politique du secteur (en cours) pour intégrer une approche sensible aux enfants dans la planification du secteur, et assurer des définitions claires des objectifs et des pouvoirs et des compétences des acteurs impliqués. Prioriser les installations d’eau et d’assainissement qui sont plus proches des enfants (par exemple dans les écoles), et les interventions plus effectives pour réduire la contamination des sources d’eau, à l’origine des maladies diarrhéiques. Accorder de la priorité à la purification des sources d’eau existantes. L’information aux familles pour le traitement domestique de l’eau n’est pas une option effective.
LE DROIT À LA PROTECTION La protection est le domaine qui présente le plus de difficultés pour la réalisation des droits de l’enfant. La mesure de la pauvreté multidimensionnelle a révélé que la protection est la dimension dans laquelle les enfants présentent le plus de privations dans les trois groupes d’âge. Le travail des enfants et la violence intrafamiliale sont des violations des droits très répandus à São Tomé-et-Principe. La direction de la protection sociale dans l’ancien MSAS (maintenant le MEAS) avec le soutien de l’UNICEF a élaboré une
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politique de protection des enfants (2013) avec une vision intégrale et préventive, qui a un grand potentiel pour modifier la conceptualisation que la société saotoméenne a des enfants, pour améliorer l’attention aux victimes et pour punir les agresseurs. La politique n’a pas encore été approuvée par le pouvoir exécutif. Unions, mariages et grossesses précoces : ce sont des violations des droits spécifiques des filles très fréquentes parmi celles qui proviennent du quintile le plus pauvre et des familles sans instruction. En plus de la mise en œuvre de la Politique de protection des enfants, l’extension du réseau d’éducation secondaire et de la protection sociale (après l’approbation de la Politique de protection en septembre 2015) va probablement contribuer à réduire ces problèmes. Toutefois, il est nécessaire de promouvoir la réflexion nationale autour des causes profondes des grossesses précoces, et de développer une stratégie nationale spécifique qui identifie l’approche la plus adéquate de la problématique par les politiques publiques. L’enregistrement des naissances à São Tomé-et-Principe montre une évolution très positive cette dernière décennie : 95,2 % des enfants sont enregistrés avant l’âge d’un an (INS, 2016) et on assiste à une réduction des disparités en fonction du revenu. Cependant, 12,5 % des enfants nés dans les ménages du quintile le plus pauvre ne sont pas enregistrés et il y a encore des régions ou le taux d’enregistrement est en dessous de 80 % : il s’agit des sous-districts avec le taux le plus faible d’accouchements assistés (qui est un proxy de l’accouchement en centre de santé), ce qui illustre l’importance des politiques de coordination entre le ministère de la justice et le ministère de la Santé pour assurer l’enregistrement dans les maternités. Approbation, budgétisation et mise en œuvre du Plan national contre le travail des enfants. Intégration des dix pires formes de travail des enfants dans le code du travail, afin d’interdire le travail dangereux des enfants Approbation et mise en œuvre de la Politique de protection des enfants Mise en œuvre de la politique de protection sociale (2013), afin de fournir aux familles démunies avec des enfants des sources de revenus alternatives au travail des enfants. Promouvoir la réflexion nationale autour de la problématique des unions précoces des filles, leurs
conséquences sur la vulnérabilité socio-économique des filles, et la relation avec le manque de perspectives éducatives. Actualisation de la loi n°2/77 de la famille (en cours) pour limiter les exceptions à l’interdiction du mariage des enfants. Après avoir obtenu l’approbation gouvernementale de la Politique de protection des enfants, l’étape de développement des plans opérationnels intersectoriels doit intégrer des interventions spécifiques pour prévenir les unions précoces (dans l’axe stratégique de prévention) et pour adresser, prévenir et réduire le problème des abus sexuels transactionnels, dans chacun des trois axes stratégiques (prévention, attention aux victimes et protection judiciaire). Promouvoir la réflexion nationale autour des causes structurelles des grossesses précoces et développer une stratégie spécifique qui identifie l’approche la plus adéquate de la problématique par les politiques publiques. Par rapport à l’enregistrement des naissances, il est recommandé de viser les sous districts avec le plus bas taux d’accouchement en centre de santé : des campagnes périodiques d’enregistrement sont une façon efficace de rapprocher les services aux régions les moins accessibles.
LES DROITS À LA PARTICIPATION ET À L’INFORMATION Le droit à la participation des enfants dans les écoles est reconnu par la loi n°2/2003 régissant les principes fondamentaux du système éducatif mais n’est pas mise en œuvre de façon homogène. Leur droit d’être écoutés dans les processus qui les affectent est reconnu partiellement. Un axe important pour la possibilité de participer dans la société est l’accès à l’information : bien que ce soit un droit constitutionnel et que la liberté de la presse ne souffre pas de restrictions d’ordre politique, certaines organisations de la société civile considèrent qu’il est nécessaire de renforcer les infrastructures de radiodiffusion. Effectivement, les disparités en fonction du niveau éducatif et de niveau de richesse sont très importantes, ce qui révèle le manque de politiques effectives de promotion de l’accès aux nouvelles technologies. L’accès à l’information est un des indicateurs qui montre les plus grandes disparités en fonction du genre. C’est ce que l’on appelle «la fracture numérique » de genre. Cependant à São Tomé-et-Principe
l’écart de genre pour l’usage d’internet est de 28,7 %, inférieur à la moyenne de l’Afrique de l’Ouest et centrale (43 %). L’accès des adolescents à internet est encore limité : seul un quart des adolescents l’utilise habituellement. Par rapport au droit à la participation et à l’accès à l’information, Développement normatif de la participation des enfants dans le milieu scolaire, et spécialement là ou entendre leur voix est le plus nécessaire : dans la définition des politiques de réponse aux risques sociaux qui menacent les enfants (abus sexuels transactionnels, racket, violence dans le milieu scolaire ou détection de cas de violence domestique) La réforme de la loi n°2/77 de la famille en cours doit intégrer clairement le droit des enfants d’être écoutés dans les décisions qui les concernent : garde parentale, adoption, tutelle etc. Investir dans le développement des radios communautaires, de programmes éducatifs et en valeurs démocratiques pour les enfants D’équité verticale Les aménagements des espaces publics pour supprimer les barrières physiques sont importants pour la participation des enfants ayant des besoins spéciaux (de type moteur) dans les activités sociales et communautaires. La qualité de la connexion à Internet s’améliore rapidement dans le pays : l’investissement dans le milieu scolaire est une façon efficace de faciliter l’accès aux enfants aux nouvelles technologies.
LE DROIT À DES NIVEAUX DE VIE ADÉQUATS La pauvreté monétaire des enfants Le visage de la pauvreté monétaire à São Tomé-etPrincipe est celui des enfants nés dans les familles sans instruction, dans les régions Nord-Ouest et Sud Est. L’incidence de la pauvreté monétaire est plus élevée chez les enfants que chez les adultes. Par rapport aux déterminants sociaux de cette situation, le niveau de scolarité des chefs du ménage est le déterminant le plus important, suivi de loin par le milieu et la région de résidence. Le sexe du chef du ménage et le nombre de membres sont des déterminants influents mais de moindre mesure. Il n’y a aucune différence attribuable au sexe de l’enfant. Les données
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suggèrent qu’à moyen terme il est nécessaire de mettre en œuvre des mesures de protection sociale effectives pour garantir un standard de vie adéquat pour les enfants (qui sont les principales victimes de la pauvreté monétaire), comme investissement à long terme, l’éducation est un secteur clé de grand impact dans le niveau de richesse dans le pays. Les données statistiques sont très claires à ce sujet. La pauvreté des enfants selon l’approche multidimensionnelle À São Tomé-et-Principe, un pourcentage élevé d’enfants peut être considéré comme pauvre (70,4 %), en particulier le groupe des 0-4 ans (80,9 %). L’incidence de la pauvreté chez les enfants de 5-11 ans est de 67,8 % et chez les adolescents (12-17 ans) de 69,6 % Cependant, l’intensité de la pauvreté est relativement faible : elle dépasse 50 % seulement chez les enfants de 0-4 ans (elle est d’environ 30 % chez les deux autres groupes d’âge). Les dimensions de protection et d’assainissement sont celles qui présentent le plus d’enfants en situation de privation. Parmi les petits enfants (0-4 ans), la plupart (22,6 %) souffre de trois privations : nutrition, protection et assainissement, ou bien les deux dernières (22,6 % également). Par rapport aux enfants de 5-11 ans, la plupart (25,6 %) présente trois privations : éducation, protection et assainissement ou seulement les deux dernières (24,1 %), et pour le groupe des adolescents (12-17 ans), la plupart présente deux privations cumulées : assainissement et protection (26,7 %) ou seulement la deuxième (20,7 %). L’équité horizontale entre les sous-districts du pays Le sous-district le moins équitable est Santa Catarina (81,9 %) dans le district de Lembá. Le suivant est Malanza (67,4 %) à Caué. A l’opposé, le plus équitable est la capitale de São Tomé (18,4 %), à Agua Grande, puis Condé (23,7 %) à Lobata. Parmi les 14 indicateurs analysés, le pays atteint les niveaux d’équité les plus grands au niveau de la scolarité primaire, et les disparités les plus importantes au niveau du taux de l’inégalité des revenus. La protection sociale São Tomé-et-Principe a bien identifié les problématiques du secteur de la protection sociale. La politique et la stratégie (2013) abordent les questions essentielles de l’expansion progressive de programmes essentiels, d’amélioration des prestations,
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de l’articulation intersectorielle, du développement de systèmes de gestion, d’information et de suivi et de renforcement des capacités des ressources humaines de la direction de la protection sociale. Des aspects comme la conditionnalité des transferts aux familles sont discutables. Après l’approbation de la politique en septembre 2015, Les défis proviennent du côté de la garantie des financements nécessaires, et du renforcement des capacités de la direction de la protection sociale. Si le pays opte pour la conditionnalité dans les bénéfices pour les enfants (les transferts monétaires) il serait important de garantir que la conditionnalité va de pair avec l’expansion de l’offre et la qualité des services, en particulier en matière d’éducation préscolaire, qui montre de graves barrières d’accès (d’offre et financières).
ENFANTS DANS DES SITUATIONS SPÉCIFIQUES DE VULNÉRABILITÉ SOCIALE Les filles enceintes et mères La plupart des filles dans cette situation sont des filles « en union » ou « mariées » (ce qui moins fréquent à São Tomé-et-Principe). Le règlement disciplinaire interdit leur accès à l’enseignement de jour, ce qui ne fait que renforcer la vulnérabilité socio-économique de ces filles et de leurs enfants. La majorité des grossesses précoces sont un problème des filles pauvres et de mères sans instruction. Le système éducatif ne peut pas punir les filles dans cette situation. Le phénomène dans le milieu urbain pourrait être lié aux abus sexuels transactionnels. La recherche spécifique qualitative en la matière (avec une approche de genre) est requise. À São Tomé-et-Principe les moyens de contraception sont très accessibles. Pour la prévention effective des grossesses précoces les actions doivent s’articuler autour des axes stratégiques suivants : 1) il est nécessaire de combattre les unions précoces et les abus sexuels transactionnels : la politique de protection de l’enfant ne considère pas cet aspect mais la mise en œuvre de la politique offre un espace à l’inclusion de cette problématique dans l’axe de la prévention. 2) L’expansion de l’offre au niveau du secondaire est également importante pour offrir aux filles des alternatives à la vie domestique. 3) L’éducation et l’auto-valorisation des filles, pour leur offrir des perspectives d’épanouissement personnel différentes de la vie familiale.
Les enfants ayant des besoins spéciaux
Les enfants de familles élargies
Les filles
Le ratio de dépendance dans les foyers est un facteur d’appauvrissement économique, et encore plus dans les situations d’insuffisance du soutien financier du père, fréquentes à São Tomé-et-Principe à cause de l’irresponsabilité parentale. Les groupes de discussion avec les femmes ont confirmé que les enfants qui ne vont pas à l’école sont les derniers nés des familles monoparentales avec plus de 3 ou 4 enfants.
D’après le recensement spécifique fait par le MECS et l’UNICEF (2014), à São Tomé-et-Principe, il y a 709 enfants de 0 à 11 ans ayant des besoins spéciaux de diffèrent type et intensité. Dans des pays où la pauvreté est omniprésente, les enfants ayant des besoins spéciaux sont particulièrement exposés aux risques sociaux, à cause de leur incapacité de se défendre ou de dénoncer les agressions. Dans des contextes de protection sociale peu développée où les familles comptent avec les ressources futures des enfants, la situation des enfants et des jeunes ayant des besoins spéciaux reste incertaine. Ils réalisent des petits travaux sans qualification ou ils sont plus exposés aux risques. Étant donné leur nature intrinsèquement dépendante, il est important de leur garantir un niveau d’éducation minimale, pour réaliser leur droit, réduire au maximum le ratio de dépendance de la famille et faciliter leur intégration sociale. Il est également important d’étendre les mécanismes de protection sociale existants orientés aux personnes ayant des besoins spéciaux. São Tomé-et-Principe compte avec une stratégie d’éducation inclusive depuis 2010. La mise en œuvre est lente à cause des restrictions budgétaires et en ressources humaines dans la direction. Il serait nécessaire d’accélérer les progrès dans la mise en œuvre de cette stratégie. Les enfants victimes d’agressions physiques sévères La violence intra-domestique est un risque social avec les conséquences très graves pour les enfants qui en souffrent. Les enfants qui sont victimes de violences sévères souffrent de problèmes psychologiques ou même physiques, et sont également enclins à subir ou à reproduire les abus dans leur vie future. Ils ont tendance à s’isoler socialement et à développer une faible auto-estime. La violence intra-domestique est en plus une des causes les plus importantes d’abandon du foyer et d’intégration du groupe d’enfants en situation de rue. La violence intrafamiliale est très présente à São Tomé-et-Principe. Il est fondamental de développer des protocoles de détection et de réponse dans les centres éducatifs et de santé. L’approbation et l’implémentation de la Politique de protection des enfants va certainement contribuer à réduire la violence.
Selon cette approche, les politiques publiques de santé reproductive, et la mise à disposition des femmes de moyens de contraception jouent un rôle fondamental. À São Tomé-et-Principe, 40,6 % des femmes en union ou mariées ont des besoins de contraception non satisfaits. Plus de recherche est requise… Le pays ne produit pas de la recherche quantitative sur la protection sociale des ménages (uniquement des données administratives). L´INS (2012) a introduit une question sur les pensions et les aides sociales que reçoivent les foyers dans le dernier RGPH (la question numéro 51), mais la question comprend les revenus provenant des loyers, et ne fait pas la distinction entre protection sociale contributive et non contributive, ce qui rend difficile l´exploitation de ces données. Il est donc recommandé d´introduire une section sur la protection sociale dans les prochaines enquêtes sur la pauvreté ou sur le niveau de vie des ménages qui seront réalisées dans le pays. De la recherche qualitative est requise sur les facteurs d’exclusion des enfants dans les régions les plus touchées par l´exclusion du système éducatif. De la recherche qualitative avec une approche de genre est requise sur l´ampleur et caractéristiques du problème des abus sexuels transactionnels dans le milieu urbain, ainsi que sur sa liaison avec les grossesses précoces. De la recherche qualitative avec une approche de genre est requise sur le phénomène des unions précoces en milieu rural. De la recherche qualitative est nécessaire au niveau des pratiques médicales obstétriques à l’hôpital Ayres de Menezes.
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Mapping de risques et vulnérabilités des enfants à São Tomé-et-Principe, par cycle de vie
Mapping de risques et vulnérabilités des enfants à São Tomé-et-Principe, par cycle de vie Risques et faits
Liaisons avec d’autres risques et vulnérabilités
Sanitaire
Carences nutritionnelles des femmes enceintes : 61,4 % des femmes enceintes sont anémiques (32,6 % anémie modérée) Insuffisance des soins prénataux: 26,8 % des femmes du quintile le plus pauvre n’ont pas reçu le nombre minimum de consultations prénatales (4) 27,3 % des femmes de la communauté angolar n’ont pas reçu le nombre minimum de consultations prénatales 26,4 % des femmes de la communauté cap-verdienne n’ont pas reçu le nombre minimum de consultations prénatales Accouchements non institutionnalisés : 21,3 % des enfants de la région Sud-Est naissent dans leur domicile 20 % parmi les enfants des communautés cap-verdiennes Accouchements sans assistance qualifiée 41,7 % des enfants à Santana et le 35,2 % à Ribeira-Peixe sont nés sans assistance qualifiée (IV RGPH, 2012) Mortalité néonatale: 18/1000 des enfants meurent dans le premier mois de vie.
Risques de prématurité, faible poids à la naissance, anémie du nourrisson Exposition au risque d’infections intra-utérines, anémies, faible poids, complications à la naissance Exposition à des risques sanitaires graves : mortalité néonatale et maternelle. Complications de santé non mortelles Non enregistrement des naissances Accouchements non institutionnalisés, barrières d’accès à des services de santé de qualité
Sanitaire
Malnutrition chronique : 25,5 % des enfants du quintile plus pauvre ont des retards de croissance. 24,7 % des enfants dans la tranche d’âge de 2 à 3 ans. Anémie : 67 % des enfants de 6 mois à 5 ans souffrent d’anémie (33,3 % anémie modérée). 74 % dans la région du Sud-Est et 71 % à Principe Manque de traitements médicaux en cas de maladies dangereuses: 26,9 % des enfants de 0 à 5 ans n’ont pas reçu de TRO en cas de diarrhée 52,4 % des enfants avec des symptômes d’IRA n’ont pas reçu d’antibiotiques Manque d’allaitement maternel exclusif et d’un régime alimentaire adéquat 26,2 % des enfants ne sont pas allaités exclusivement 53,4 % des enfants qui parlent angolar ne sont pas exclusivement allaités 46 % des enfants de 0 à 4 ans n’ont pas un régime alimentaire adéquat Mortalité infantile 32/1000 Mortalité infanto-juvénile 43/1000
Vulnérabilité sanitaire : maladies communes de l’enfance plus fréquentes/intenses De développement : (physique, cognitif et psycho-social) Situation économique familiale (pauvreté, chômage) L’anémie peut entraver le développement moteur et cognitif des enfants Vulnérabilité sanitaire accrue des enfants Ces Indicateurs ne sont pas liés à la vulnérabilité économique Sanitaires : régime nutritionnel inadéquat, malnutrition, anémies, retard de croissance Effets irréversibles dans le développement physique et cognitif des enfants
Type de Vulnérabilité
In utero et à la naissance
0 à 4 ans Incidence de la pauvreté multidimensionnelle: 80,9 %
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Mapping de risques et vulnérabilités des enfants à São Tomé-et-Principe, par cycle de vie Type de Vulnérabilité
6 à 11 ans Incidence de la pauvreté multidimensionnelle: 67,8 %
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Liaisons avec d’autres risques et vulnérabilités
Sociale (de développement du jeune enfant)
Exclusion éducative : 63,6 % des enfants de 3 à 5 ans n’assistent pas à des programmes d’éducation préscolaire. 79,4 % des enfants du quintile le plus pauvre n’est pas scolarisé 87,4 % des enfants du quintile inferieur n’ont pas acquis les capacités espérées pour son âge dans les domaines du calcul et de la lecture
Environnementale
Manque d’installations d’assainissement adéquates : 62,7 % des enfants de 0 à 4 ans n’a pas accès à des installations d’assainissement améliorées
Sociales (intra domestiques)
Absence du père : 44,2 % des enfants ne vivent pas avec leur père biologique Garde inadéquate : 27,7 % des enfants de Principe et 26,1 % des enfants du quintile le plus pauvre sont laissés en garde inadéquate (seuls ou avec des enfants de moins de 10 ans) Violence domestique : 71,9 % des enfants de 0 à 4 ans vivent dans des foyers où les adultes utilisent des méthodes disciplinaires violentes 7,9 % des enfants de 3 à 4 ans reçoivent des punitions physiques sévères
Sociale
Non enregistrement des naissances : 12,5 % des enfants de 0 à 5 ans du quintile le plus pauvre 21,1 % à Santa Catarina, 16,5 % à Alma, 12,8 % à Ribeira Afonso ne sont pas enregistrés
Concurrence des privations
Privations concomitantes : 22,6 % des enfants de 0 à 4 ans souffrent de 3 privations concurrentes : violence domestique, manque d’assainissement et déficits nutritionnels. 22,6 % souffrent de deux privations concurrentes : violence domestique et manque d’installations adéquates d’assainissement
Sociale
Travail des enfants : 23,9 % des enfants de 5 à 11 ans travaillent 10,9 % des enfants de 5 à 11 ans travaillent dans des conditions dangereuses
Exposition aux risques de retard ou d’abandon scolaire Exposition aux risques sociaux dans le cas des activités qui se déroulent à l’extérieur du domicile
Sociale (intra domestique)
Violence domestique 75,9 % des enfants de 5 à 11 ans vivent dans des foyers où les adultes utilisent des méthodes disciplinaires violentes 12,5 % des enfants de 5 à 9 ans sont l’objet de châtiments physiques sévères
«Conséquences irréversibles dans le développement psycho-émotionnel des enfants Peut conduire à l’abandon du foyer» La persistance dans le temps de la violence domestique sévère est liée à la vulnérabilité économique des femmes
0 à 4 ans Incidence de la pauvreté multidimensionnelle: 80,9 %
Risques et faits
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Vulnérabilité éducative : manque de préparation pour le niveau primaire, retard scolaire. Manque de stimulation des capacités cognitives, d’apprentissage, linguistiques, d’interaction sociale Sanitaires : maladies hydriques, gastro-intestinales, diarrhées. pollution de l’environnement proche aux enfants, prolifération de micro-organismes pathogènes Indicateur très lié à la vulnérabilité économique Vulnérabilité économique du foyer Vulnérabilité sociale : Manque d’accompagnement adulte Exposition aux risques d’accidents domestiques. Manque de stimulation des capacités cognitives, d’apprentissage, linguistiques. Conséquences irréversibles dans le développement psycho-émotionnel des enfants Risque lié aux accouchements non institutionnalisés et à domicile Risque lié au faible niveau éducatif de la mère et à l’exclusion sociale de la famille d’origine Exclusion éducative. Non reconnaissance de la citoyenneté et les droits des enfants Exposition accrue aux risques sociaux
Mapping de risques et vulnérabilités des enfants à São Tomé-et-Principe, par cycle de vie Type de Vulnérabilité
Risques et faits
Liaisons avec d’autres risques et vulnérabilités
Sociale (éducative)
Exclusion éducative : 27 % des enfants de 5 à 7 ans ne vont pas à l’école (50 % à Malanza) 6,3 % des enfants de 8 à 11 ans à Santa Catarina ne sont jamais allés à l’école 6,6 % des enfants de 8 à 11 ans ne vont pas à l’école (11,8 % à Santana, 29,5 % à Ribeira Afonso, 27,7 % à São João dos Angolares, 37,1 % à Malanza) Exclusion silencieuse : 18,3 % des enfants de 8 à 11 ans ont 2 ans ou plus de retard.
Faible développement des capacités humaines, vulnérabilité sociale accrue. Orientation vers la vie familiale dans le cas des filles : unions et maternité précoces Faible capacité de génération de revenus Vulnérabilité économique Exclusion du marché du travail décent formel et bien rémunéré Exclusion sociale
Environnementale
Manque d’installations d’assainissement adéquates : 60 % des enfants de 5 à 11 ans n’ont pas accès à des installations d’assainissement améliorées
Sanitaires : maladies hydriques, gastro-intestinales, diarrhées. Pollution de l’environnement proche aux enfants, prolifération de pathogènes infectieux Indicateur très lié à la vulnérabilité économique
D’Habitation
33,7 % des enfants de 5 à 11 ans manquent d’électricité chez eux
Concurrence de privations
Privations concomitantes : 25,6 % des enfants de 5 à 11 ans souffrent de 3 privations concurrentes : protection (violence domestique et travail des enfants), manque d’assainissement et habitation (manque d’électricité, surpeuplement des chambres). 24,1 % souffrent de deux privations concurrentes : Protection et manque d’installations adéquates d’assainissement
Sociale
Unions précoces : 43,7 % des filles du quintile le plus pauvre sont en situation d’union (ou mariage) avant l’âge des 18 ans. 14,1 % des filles de 12 à 17 ans à Santa Catarina et 11,1 % à Micoló (IVème RGPH, 2012) Grossesses et maternité précoces : 38,9 % des filles du quintile le plus pauvre ont commencé leur vie reproductive avant l’âge de 18 ans. 33 % des filles de la communauté angolares. 20,6 % des filles commencent leur vie reproductive avant l’âge de 18 ans. Abus sexuels : Dans 18,5 % des foyers les adultes connaissent un cas d’abus sexuels. Dans 60 % des cas, les victimes sont des enfants de 13 à 18 ans. Abus sexuels transactionnels (pas de données statistiques) Travail des enfants : 21,2 % des enfants de 12 à 17 ans travaillent 26,4 des enfants de 12 à 14 ans travaillent 32,3 % des enfants de 15 à 17 ans travaillent 29,6 % des enfants de 15 à 17 ans travaillent dans des conditions dangereuses 18,1 % des enfants de 12 à 15 ans travaillent dans des conditions dangereuses
6 à 11 ans Incidence de la pauvreté multidimensionnelle: 67,8 %
12 à 17 ans Incidence de la pauvreté multidimensionnelle: 69,6 %
Grossesses précoces Retard et abandon des études Indicateur très lié à la vulnérabilité économique (en tant que cause et conséquence) Retard et abandon des études Indicateur très lié à la vulnérabilité économique et au manque d’éducation de la mère de la famille Conséquences irréversibles dans le développement psycho-émotionnel des enfants Conséquences irréversibles dans le développement psycho-émotionnel des enfants Exposition aux risques de retard ou d’abandon scolaire Exposition aux risques sociaux dans le cas des activités qui se déroulent à l’extérieur du domicile
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
213
Mapping de risques et vulnérabilités des enfants à São Tomé-et-Principe, par cycle de vie Risques et faits
Liaisons avec d’autres risques et vulnérabilités
Sociale (éducative)
Exclusion éducative : Enfants out of school : Santana 27,9 %, Ribeira Afonso 39,7 %, São João dos Angolares 39,2 %, Malanza 59,3 %. Exclusion silencieuse : 65,9 % des enfants qui assistent à l’école ont 2 ans ou plus de retard. 85,7 % des filles enceintes ou mamans abandonnent les études
Faible développement des capacités humaines, vulnérabilité sociale accrue. Orientation vers la vie familiale dans le cas des filles : unions et maternité précoces Faible capacité de génération de revenus dans l’avenir Vulnérabilité économique Exclusion du marché du travail décent formel et bien rémunéré Exclusion sociale Faible développement des capacités humaines, vulnérabilité sociale accrue de la fille et le l’enfant. Vulnérabilité économique du nouveau socle familial (mère et nourrisson) Vulnérabilité sociale accrue du nouveau socle familial Exclusion du marché du travail décent formel et bien rémunéré
Sociale (intra domestique)
Violence domestique 67,9 % des enfants de 12 à 17 ans vivent dans des foyers où les adultes utilisent des méthodes disciplinaires violentes
Conséquences irréversibles dans le développement psycho-émotionnel des enfants Peut conduire à l’abandon du foyer La persistance dans le temps de la violence domestique sévère est liée à la vulnérabilité économique des femmes
Environnementale
Manque d’installations d’assainissement adéquates : 58 % des enfants n’a pas accès à des installations améliorées
Concurrence des privations
Privations concomitantes : 26,7 % des enfants de 12 à 17 ans souffrent de 2 privations concurrentes : protection (violence domestique et travail des enfants), et assainissement. 17,8 % souffrent de trois privations concurrentes : Protection, Assainissement et Education.
Type de Vulnérabilité
12 à 17 ans Incidence de la pauvreté multidimensionnelle: 69,6 %
214
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
215
Annexe 2
216
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Formules statistiques de calcul de l’indice d’équité entre les sous-districts
FORMULES STATISTIQUES DE CALCUL DE L’INDICE D’ÉQUITÉ ENTRE LES SOUS-DISTRICTS Il existe deux types d’indicateurs originaux : ceux pour lesquels une valeur plus élevée signifie une situation négative (par ex, le surpeuplement des logements) et au contraire (par ex, le taux net de Scolarité primaire). Cela nécessite deux formules différentes pour la normalisation, parce que finalement tous les indicateurs vont se référer à la même échelle. La formule pour normaliser les indicateurs «positifs» est la suivante :
Nij=
Où
Yij - min (Yi)
n
IEJ=
Ʃ PN i=1
i
ij
Où
IEj : indice d’équité pour le sous-district j
max (Yi) - min (Yi)
Pi : poids de chaque indicateur normalisé Ni.
Nij : valeur normalisée de l’indicateur i dans le sous-district j Yij : Valeur originale de l’indicateur i dans le sous-district j. Max (Yi) : valeur maximale parmi tous les sous-districts pour l’indicateur i. min (Yi) : valeur minimale parmi tous les sous-districts pour l’indicateur i.
La formule pour le calcul des indicateurs «négatives» normalisés est similaire à la précédente, sauf que le résultat final se soustrait de 1 :
Nij= 1-
On calcule l’indice d’équité à partir des valeurs normalisées de chaque indicateur pour chaque sous-district, comme une moyenne pondérée des valeurs normalisées des indicateurs correspondants, d’après la formule suivante :
Yij - min (Yi)
Les poids pour le calcul sont définis en attribuant un poids égal à chaque dimension et à chaque indicateur, comme indiqué dans la formule suivante :
P i=
Où
1
L
1
Mk
L : nombre de dimensions, 8 dans ce cas. Mk : nombre d’indicateurs dans chaque dimension k.
Le tableau 3.2.13 montre les valeurs normalisées et celle des indices pour chaque sous-district.
max (Yi) - min (Yi)
Tableau 3.2.13. Pondération de chaque dimension et indicateur Indicateur
Pi
1/L
1/Mk
Revenu par habitant (IPC)
0,048
0,143
0,333
Inégalité de revenu (DI)
0,048
0,143
0,333
Chômage (CHO)
0,048
0,143
0,333
Enregistrement des naissances (ENR)
0,071
0,143
0,5
Maternité précoce (MP)
0,071
0,143
0,5
EAU
Accès à l'eau potable (EAU)
0,143
0,143
1
Hygiène
Accès à assainissement amélioré (AM)
0,143
0,143
1
Enfants qui habitent dans des ménages avec de l'électricité (ELE)
0,036
0,143
0,25
Foyers avec le sol en terre battue ou bois (SOL)
0,036
0,143
0,25
Foyers avec les murs construits aves des matériels non adéquats (MUR)
0,036
0,143
0,25
Surpeuplement des logements (SL)
0,036
0,143
0,25
Accouchements assistés par du personnel qualifié (APQ)
0,143
0,143
1
Taux net de scolarisation primaire (TSP)
0,071
0,143
0,5
Taux net de scolarisation secondaire (TSS)
0,071
0,143
0,5
Dimension Bien-être Economique
Protection
Habitation
Santé Éducation
Source : Elaborée par les auteurs
La valeur moyenne des indices d’équité des sous-districts sert de ligne de division pour déterminer quels sous-districts sont au-dessus ou en dessous de cette
valeur, ainsi que comme orientation sur la situation générale du pays.
217
Annexe 3
218
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Formules statistiques pour la mesure de la pauvreté multidimensionnelle
FORMULES STATISTIQUES POUR LA MESURE DE LA PAUVRETÉ MULTIDIMENSIONNELLE 1. Taux hja d’incidence par dimension et groupe d’âge. Mesure quel pourcentage d’enfants est privé dans chaque dimension et groupe d’âge. On peut calculer le taux pour chaque indicateur, de la même façon :
On peut aussi calculer le taux d’incidence total de tous les enfants, H, comme la somme de toutes les Ha pondérées en fonction du nombre total d’enfants dans chaque groupe d’âge :
hja=
H=
qja=
qja na
Ʃy
ija
Où :
hja : taux d’incidence d’enfants privés dans la dimension j dans le groupe d’âge a; qja : nombre total des enfants souffrant au moins de j privations dans le groupe d’âge a ; na : nombre total d’enfants dans le groupe d’âge a yija : Etat de privation de l’enfant i dans la dimension j dans le groupe d’âge a, avec yiaj=1 si xija<Zja (privation) e yiaj =0 si xija≥Zja (pas de privation); xija : valeur de la dimension j pour l’enfant i dans le groupe d’âge a; Zja : valeur seuil de la dimension j dans le groupe d’âge a. a : groupe d’âge. Dans ce cas, a vaut 1 dans le groupe d’âge de 0 à 4 ans, 2 pour le groupe d’âge 5 à 11 ans et 3 pour le groupe d’âge de 12 à 17 ans.
2. Taux d’incidence total Ha. Mesure quel pourcentage des enfants souffrent de pauvreté multidimensionnelle dans le groupe d’âge a.
Ha= qka=
qka
Ha
n
Où : H : taux d’incidence de la privation multidimensionnelle d’après la valeur limite K pour le total des enfants; m : nombre de groupes d’âge considérés (3 dans ce cas); n : nombre total d’enfants.
3. Taux d’incidence ajusté M0a. Le taux Ha peut être ajusté avec le nombre moyen de privations / moyenne de la privation, A. qka
Aa=
Ʃc 1
qka
ik
da qka
M0a= Ha Aa=
Ʃc 1
ik
na da
Dans laquelle,
Aa : intensité moyenne de la privation multidimensionnelle selon la valeur seuil K dans le groupe d’âge a ;
na na
Ʃy i=1
Ʃ a=1
na
i=1
na
m
ik
Où :
Ha : Taux d’incidence de la privation multidimensionnelle d’après la valeur limite K pour le groupe d’âge a; qka : nombre total d’enfants qui souffrent de d’au moins K privations (Di≥K) dans le groupe d’âge a; na : nombre total d’enfants dans le groupe d’âge a; yik : privation de l’enfant i en fonction de la valeur limite K, avec yik=0 si Di<K et yik=1 si Di≥K;
da : nombre total de dimensions considérées par enfant dans le groupe d’âge a (6 dans ce cas pour tous les groupes d’âge) ; cik : nombre de privations subies par chaque enfant i souffrant de privations multidimensionnelles, avec cik=Di*yik; M0a : taux d’incidence ajusté de la privation multidimensionnelle des enfants subissant au moins K privations dans le groupe d’âge a.
Il est possible de calculer aussi A (intensité moyenne de la privation multidimensionnelle pour le total des enfants) et M0 (taux d’incidence ajusté pour le nombre total d’enfants) si on pondère Aa y M0a avec le nombre total d’enfants dans chaque groupe d’âge.
Di : nombre de privations dont souffre chaque enfant i K : valeur limite, 2 dans ce cas.
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
219
Liste des personnes intérrogées
Annexe 4
220
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
LISTE DES PERSONNES INTÉRROGÉES Nom
Institution
Responsabilité
Bomfin, Luis
UNICEF
Spécialiste de santé
Barros, Ángela
UNICEF
Spécialiste de la protection spéciale
Da Costa, Adelino
UNICEF
Spécialiste en communication sociale
Leal, Mariana Ruth
UNICEF
Spécialiste de l'éducation
Neto, Alberto
Cruz Vermelha
Secrétaire général
Loureiro, Vilma
Direction de protection sociale
Directrice générale
Maia, Amadeo
Direction des soins de santé
Directeur général
Varela, Ana María
Direction de l'enseignement primaire Directrice générale
Da Costa e Sousa, Bonifacio
Programme national de lutte contre le SIDA
Directeur
Carvalho, Nelma
Direction des soins de santé
Nutritionniste
Nini
Employée domestique
Employée domestique
Vera Cruz, Ana María
Direction de l'éducation inclusive
Directrice
Boamorte, Emir
Direction du Lycée national
Directeur
Gomes, Dulce
Fondation Novo Futuro
Directrice
Mondlane
Ministère de la Justice
Juriste
Neves, Edgar
Institut Marques de Val Flor
Directeur
Álvarez Vilas, Carmen
ONG Coopération Bierzo Sur
Technicienne
Ngoma, Laurent
Programme des Nations Unies pour le développement
Programme des changement climatiques
Carvalho, Elisabeta
Programme de santé reproductive
Directrice
Quaresma Dos Santos, Gilmar
Direction de l’eau et de l’assainissement
Directeur
Vaz Lima, Dudene
Direction des ressources naturelles et de l'énergie
Technicien
Pires Diogo, Chicher
Direction de l'eau
Responsable
Idalio Luis,
Institut national des statistiques
Technicien
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
221
LISTE DES MEMBRES DU COMITÉ DE PILOTAGE D'Almeida, Ladislao
Ministère de l'Économie et de la Coopération internationale
Correia, Ivete
Ministère de la Justice et des Droits de l’homme
D’Almeida, Carlos
Direction des soins de santé
Silva, Nelma
Ministère des Finances et de l'Administration publique
Dos Santos, Heng
Institut national des Statistiques
Moniz, Filipe
Ministère de l'Économie et de la Coopération internationale
Vaz Lima, Dudene
Direction des ressources naturelles et de l'énergie
Freitas Ramos, Fernando
Ministère de l'Économie et de la Coopération internationale
Costa Neto, Daena
Ministère de l'Économie et de la Coopération internationale
Das Neves, Herminia
Communication sociale
LES DISCUSSIONS DE GROUPE AU NIVEAU COMMUNAUTAIRE Etant donné la taille du pays il a été jugé pertinent de réaliser trois groupes de discussion avec des mères de famille et avec les enfants. Les communautés sélectionnées ont été : Malanza (Caué), en raison des taux élevés d’exclusion scolaire, pour enquêter en particulier sur les problèmes de l’accès à l’éducation des enfants. Madalena (à Mé Zochi), en raison des difficultés d’accès à la santé pour enquêter
en particulier sur les difficultés d’accès aux postes de santé. Finalement, une troisième discussion de groupe a été organisée à Trinidade, dans le quartier de résidence d’une sage-femme traditionnelle afin d’analyser, en particulier, les causes qui amènent les femmes à choisir les soins de santé traditionnels. La discussion a été organisée autour des questions suivantes :
QUESTIONS POUR ORIENTER LES DISCUSSIONS DE GROUPE Quels sont les trois problèmes les plus urgents pour les enfants de votre communauté? Éducation Quelles sont les causes qui font que les enfants abandonnent l’école? (enquêter en particulier sur la limite d’âge, la volonté de travailler, et les coûts)
Travail des enfants Y-a-t-il des périodes où les enfants aident plus les familles? Comment croyez-vous que cela affecte leurs études? Unions/mariage précoces
Que faites-vous lorsque vous ne pouvez pas payer les frais de scolarité?
À quel âge croyez-vous que les femmes doivent trouver un mari/partenaire ? Les filles doivent étudier ou bien se marier?
Quels sont les frais de scolarité les plus couteux?
Vous croyez que c’est un problème privé?
Vous croyez que les enfants sont contents à l’école?
Réactions face à la violence domestique
Jusqu’à quel âge vous trouvez important que les enfants étudient?
Si vous prenez connaissance que l’une de vos voisines est battue par son partenaire, vous croyez qu’il est important d’intervenir? Que faites-vous?
Que pensez-vous des études des filles? A São Tomé-et-Principe, à partir de 16 ans il y a plus de filles qui abandonnent les études. Que pensez-vous de cela?
222
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015
Est-ce que vous connaissez le Centre contre la violence domestique?
Accès aux soins de santé Quels problèmes rencontrez-vous pour aller chez le docteur avec votre enfant? Comment vous sentez-vous dans le centre de santé? Vous trouvez que l’attention est correcte? Dans le cas de fièvre ou de diarrhée, est-ce qu’il existe des différences entre les filles et les garçons? Est-ce que l’un d’entre eux doit aller chez le docteur avec plus d’urgence? Est-ce que vous faites confiance aux recommandations des docteurs et infirmiers? Si le docteur vous prescrit des médicaments pour votre enfant, qu’est-ce que vous faites? Alimentation Est-ce que dans votre communauté il y a des gens qui souffrent de faim? Pourquoi? Que font-ils/elles pour surmonter ces périodes? (Enquêter sur les stratégies de réponse qui affectent les enfants) Questions spécifiques pour les enfants Est-ce que vous travaillez chez vous? Qui travaille plus, les filles ou les garçons? Pourquoi? Est-ce que vous voulez continuer à étudier et à travailler ? Est-ce que vous aspirez à fonder une famille? Est-ce que vous sentez que vos parents/ votre famille vous écoute ? Est-ce que vous réalisez des activités dans l’école ou la communauté? Est-ce que vous êtes content avec votre famille et votre école, ou avez-vous des préoccupations? Quelles sont ces préoccupations?
La réalisation de groupes de discussion avec des enfants était prévue à Malanza et à Madalena, mais étant donné les dynamiques de la communauté ceux-ci se sont intégrés dans les discussions avec les femmes. Composition des groupes de discussion : Malanza : 15 mères de famille, 16 enfants et adolescents Madalena (Vista Alegre) : 20 mères de famille, environ 10 enfants Trindade : 9 mères de famille
224
Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015