Revista Colombiana de Filosofía de la Ciencia

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Vol. X ∙ No. 20 - 21 • 2010 • ISSN 0124 - 4620

Contenido Présentation Adelino Braz

ISSN 0124 - 4620

Revista Colombiana de

FILOSOFÍA DE LA CIENCIA

Presentación Adelino Braz

FILOSOFÍA DE LA CIENCIA

Vol. X ∙ No. 20 - 21 • 2010 • ISSN 0124 - 4620

Editorial Magdalena Pradilla Rueda Aux sources de la théorie de l’enquête : la logique de l´abduction en Peirce Christiane Chauviré Acerca de los orígenes de la teoría de la investigación: la lógica de la abducción en Peirce Christiane Chauviré Indexicalité et assertion chez Peirce Christiane Chauviré Indexicalidad y aserción en Peirce Christiane Chauviré Carnap et les elements visant le developpement d’une ontologie a partir des machines logiques Magdalena Pradilla Rueda

Revista Colombiana de Filosofìa de la Ciencia

Éditorial Magdalena Pradilla Rueda

Carnap y los elementos para desarrollar una ontología desde las máquinas lógicas Magdalena Pradilla Rueda Les mirages de l’introspection : Wittgenstein critique de James Christiane Chauviré Los espejismos de la introspección: Wittgenstein critico de James Christiane Chauviré De la langue a l’informatique : contraintes linguistiques en vue d’une recherche de connaissances Jacques Rouault De la lengua a la informática: dificultades lingüísticas en vista de una investigación de conocimientos Jacques Rouault L’invention de la necessité (Note) Magdalena Pradilla Rueda La invencion de la necesidad (Reseña) Magdalena Pradilla Rueda

http://www.uelbosque.edu.co/ Vol. X ∙ No. 20 - 21 • 2010

Por una Cultura de la Vida, su Calidad y su Sentido

Revista Colombiana de



Revista Colombiana de

FILOSOFÍA DE LA CIENCIA

Número especial Realizado con la colaboración de la Embajada de Francia en Colombia Indexada en Philosopher’s Index Red de revistas científicas de América Latina y el Caribe, España y Portugual (RedALyC)


©Revista Colombiana de Filosofía de la Ciencia ISSN: 0124-4620 Volumen X Nos. 20 y 21 Diciembre de 2010 Editor Carlos Escobar Uribe, Universidad El Bosque Coordinador Editorial José Vicente Bonilla, Universidad El Bosque. Alejandro Farieta, Universidad El Bosque Editor Invitado Magdalena Pradilla Comité Editorial Luis Humberto Hernández, Mágister en Filosofía - Universidad de Antioquia. Jorge António Mejía, Ph.D. en Filosofía - Universidad de Antioquia. Virigilio Niño, Ph.D. en Física - Universidad El Bosque. José Luis Villaveces, Ph.D. en Ciencias - Universidad de los Andes. Eugenio Andrade Pérez, Magister en Genética Molecular - Universidad Nacional de Colombia. Philippe Binder, Ph.D. en Física Aplicada - Universidad de Hawái Comité Asesor Editorial Nicolas Rescher, Universidad de Pittsburg. Paulo Abrantes, Universidad de Río de Janeiro. Eduardo Flichmann, Universidad de Buenos Aires. Alfredo Marcos, Universidad de Valladolid. Ivelina Ivanova, Instituto de Investigación Filosófica de Sofía. Ciprian Valcan, Universidad Tibiscus de Timisoara Traducción de textos Magdalena Pradilla Fundador Carlos Eduardo Maldonado, Universidad El Bosque Solicitud de Canje Universidad El Bosque, Biblioteca – Canje, Bogotá - Cundinamarca Colombia, biblioteca@unbosque.edu.co Suscripción anual Colombia: $20.000. Latinoamérica: US$20. Otros países: US$40 | Correspondencia e información Universidad El Bosque, Departamento de Humanidades, Cra. 7B # 132-11, Tel. (57-1) 258 81 48, revistafilosofiaciencia@unbosque.edu.co Tarifa Postal Reducida No. 2010-280, 4-72 la Red Postal de Colombia, Vence 31 de diciembre de 2010 UNIVERSIDAD EL BOSQUE Rector Carlos Felipe Escobar Roa, MS, MD Vicerrector Académico Miguel Ruíz Rubiano, MEd.,MD Vicerrector Administrativo Rafael Sánchez París, MBA, MD Director del Programa de Filosofía Carlos Escobar Uribe Un proyecto de diseño a cargo de Centro de Diseño y Comunicación; Facultad de Diseño, Imagen y Comunicación; Universidad El Bosque. Concepto, diseño y diagramación Diana María Jara Rivera D.G. Coordinación Flor Alba Fajardo Ramírez Impresión Afangráfico Ltda.


Contenido

Présentation Adelino Braz

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Presentación Adelino Braz

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Éditorial

Magdalena Pradilla Rueda

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Editorial

Magdalena Pradilla Rueda

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Aux sources de la théorie de l’enquête : la logique de l´abduction en Peirce Christiane Chauviré

27

Acerca de los orígenes de la teoría de la investigación: la lógica de la abducción en Peirce Christiane Chauviré

57

Indexicalité et assertion chez Peirce Christiane Chauviré

87

Indexicalidad y aserción en Peirce Christiane Chauviré

103

Carnap et les éléments visant le développement d’une ontologie à partir des machines logiques Magdalena Pradilla Rueda

119

Carnap y los elementos para desarrollar una ontología desde las máquinas lógicas Magdalena Pradilla Rueda

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Les mirages de l’introspection : Wittgenstein critique de James Christiane Chauviré

147

Los espejismos de la introspección: Wittgenstein critico de James Christiane Chauviré

161

De la langue à l’informatique : contraintes lingüistiques en vue d’une recherche de connaissances Jacques Rouault

175

De la lengua a la informática: dificultades lingüísticas en vista de una investigación de conocimientos Jacques Rouault

189

L’invention de la necessité (Note) Magdalena Pradilla Rueda

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La invención de la necesidad (Reseña) Magdalena Pradilla Rueda

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Présentation Ce n’est pas un hasard si la philosophie française connaît aujourd’hui un nouveau regain d’intérêt dans les thèmes de recherche en Colombie. Cela s’explique d’une part, par l’actualité des problématiques posées par la pensée française, soucieuse de rendre compte dans la pratique de la pertinence de ses concepts opérateurs. D’autre part, et cela dans un contexte plus large, cette dynamique trouve sa justification dans l’élan de la coopération universitaire entre la France et la Colombie, élan au sein duquel les sciences humaines et sociales occupent une place majeure. En effet, la multiplication des congrès et des séminaires autour de Derrida, Foucault, Camus, Barthes, Canguilhem, Sartre, Bourdieu, Lévi-Strauss et la formalisation de programmes de doubles diplômes entre les universités colombiennes et les universités de Poitiers, Paris VII, Paris VIII, Tours, l’E.H.E.S.S. dans le domaine des sciences humaines et sociales, montrent à quel point les recherches et l’actualité des auteurs français sont une référence dans le paysage universitaire. C’est dans cette dynamique que s’inscrit la publication de cette revue qui se veut un exemple de dialogue entre les deux pays. Adelino Braz Attaché de coopération universitaire et éducative Ambassade de France en Colombie


Presentación No es por azar si la filosofía francesa conoce un nuevo vigor en los temas de investigación en Colombia. Esto se explica, por una parte, por la actualidad de las problemáticas planteadas por el pensamiento francés, cuidadoso de dar cuenta, en la práctica, de la pertinencia de sus conceptos operadores. De otra parte, y esto en un contexto más amplio, esta dinámica encuentra su justificación en el curso de la cooperación universitaria franco-colombiana, en cuyo seno las ciencias humanas y sociales ocupan un lugar mayor. En efecto, la multiplicación de congresos y seminarios sobre Derrida, Foucault, Camus, Barthes, Canguilhem, Sartre, Bourdieu, Lévi-Strauss y la formalización de programas de doble titulación entre universidades colombianas y las universidades de Poitiers, Paris VII, Paris VIII, Tours, L’E.H.E.S.S en el campo de las ciencias humanas y sociales, muestran hasta qué punto las investigaciones y los autores franceses son una referencia en el paisaje universitario. Es en esta dinámica en la que se inscribe la publicación de la presente revista, que se quiere como un ejemplo de dialogo entre los dos países. Adelino Braz Agregado de Cooperación Universitaria y Educativa Embajada de Francia en Colombia


Éditorial

Nous présentons dans ce numéro quelques aperçus de la philosophie du langage et analytique issus des développements philosophiques en France.Tout d’abord, il est nécessaire de définir ces deux notions car même ces expressions d’allure simple, sont quand même susceptibles d’acceptions diverses qui recouvrent des réalités différentes. Ainsi, l’acception au sens large de ‹ philosophie du langage ›, la plus usuelle, dont le langage devient l’objet privilégié, est susceptible de deux approches: ‹ l’externaliste ›, par ses rapports avec une autre réalité (par exemple : Descartes, qui envisage le langage dans son rapport à la pensée et à la raison) ; ‹ l’internaliste ›, pour en analyser la nature, le fonctionnement, les pouvoirs et les dangers du langage. L’acception restreinte, désigne un courant majeur de la philosophie, dominant prioritairement dans le monde anglo-saxon. Ce courant s’est inauguré à l’aube du siècle dernier par un renversement de perspective appelée tournant linguistique (linguistic turn) et qui contribue à renouveler profondément la conception de la philosophie et sa pratique. Nous avons ici une nouvelle manière de philosopher radicale, caractérisée par une volonté de rupture affichée par les pères fondateurs de ce courant (Frege, Russell, Carnap, etc.), représentée par la manière de critiquer la métaphysique : on n’attaque plus les systèmes sur leurs principes, présupposés ou leurs conséquences, mais sur leur langage. Dans ce sens, la nouveauté est dans le type de traitement auquel le langage est soumis, et par la place dévolue au langage et à la question de la signification dans l’architectonique philosophique. Ainsi, la solution concerne la source d’où procède la métaphysique que l’on ne cherche plus dans une intuition philosophique privilégiée (Descartes), mais dans une analyse logique de la pensée, d’inspiration kantienne, avec des outils logiques dont Kant ne disposait pas. Les méthodes de cette solution, en s’inspirant de celles des sciences positives, opposent l’orientation spéculative métaphysique à l’orientation positive d’une métaphysique limitée par la logique, l’observation et l’expérience. La métaphysique ne vaut plus comme justification ultime de l’ordre du monde mais comme ‹ horizon › de nos démarches cognitives vers la connaissance et l’action.


Éditorial - Magdalena Pradilla Rueda

Parallèlement, la logique est renforcée car elle est mathématisée progressivement, abandonnant le modèle grammatical pour le modèle mathématique, or elle s’assoit sur ses propres fondements en la distinguant clairement de la psychologie. Ainsi, pour qualifier le degré de signification il faut disposer d’un critère d’évaluation des énoncés, or un tel critère est emprunté à la logique, permettant leur analyse logique. De même, on peut parler d’un véritable renversement car si la philosophie en a connu plusieurs au cours de son histoire (Descartes, Kant, etc.), il est remarquable que jamais, jusqu’au tournant du siècle XIX, le langage n’ait été l’objet du renversement proposé,au contraire il était tenu à l’écart des critiques. Or, les résultats de l’analyse logique auxquels le langage est soumis révèlent en lui une opacité et une source d’erreurs inaperçue jusqu’alors. De plus, l’attention portée au langage montre l’importance de la signification au-delà de la représentation, en visant non pas seulement comment l’esprit représente mais comment le signe signifie. Nous pouvons parler d’une unité dans le programme de cette philosophie: par la nature du projet et la spécificité de la méthode, elle s’avère irréductible aux approches antérieures du langage et constitue l’un des courants centraux de la philosophie actuelle en général. Néanmoins, cette unité se présente sous de multiples ramifications (auteurs éloignés en apparence : Frege, Austin, Carnap ou Searle) qui sont le résultat de la diversité des contributions et l’hétérogénéité des textes où convergent éthodes et la cohérence de la problématique du langage. Le rôle de Peirce, a été crucial en introduisant l’idée d’une science générale des signes, la sémiotique, qui contribue à créer un nouveau contexte au sein duquel la question du sens va pouvoir se redéfinir; c’est ainsi que la sémiotique présente trois branches (réinterprétées par C. Morris en 1938) : la syntaxe, la sémantique et la pragmatique. De son côté, la Philosophie Analytique prend naissance simultanément dans le même contexte dont Frege est un de ses représentants. Dans le Begriffschrift (1884), il jette les bases de la sémantique logique et sa préoccupation porte sur d’une philosophie de la science, dont la logique est prioritaire. Son intérêt est centré sur un langage pour la science qui a des exigences plus strictes que celles du langage de la communication courante. La langue parfaite qui devra servir à l’expression de la science, sera d’abord caractérisée par la précision des termes faisant l’objet d’une définition explicite et d’un emploie univoque, lui-même déterminé par des règles et des opérations explicites par lesquelles les propositions sont composées et dérivées. Ainsi, la langue parfaite est artificielle et symbolique : ‹ l’idéographie › qui est à la fois un calcul et une langue caractéristique ou expressions d’une pensée avec des symboles.

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Frege développe aussi une méfiance à l’égard de la psychologie et écarte toute référence au sujet, ne l’intéresse que la composante logique de la pensée. Seule la vérité importe au logicien et, dans l’ordre de la pensée formelle, elle repose sur la validité d’une démonstration. Sa réflexion logique l’a conduit à instaurer des distinctions conceptuelles nouvelles, dont la fécondité s’éprouve encore dans les travaux du pragmatisme contemporains (nouvelles analyses de la proposition, en dépassant Aristote, différence entre sens, dénotation, etc.). De cette entreprise frégéenne la philosophie du langage contemporaine est l’héritière directe. Les héritiers de Frege sont Russell et Wittgenstein et ils vont le dépasser. Russell entreprend le programme logiciste (Principia Mathematica, 1910-1913), où les analyses dépassent le seul domaine des mathématiques et de la logique pures et s’intéressent à la science (par la théorie et l’explication nomologiques) et à la philosophie (conception du monde prolongeant les apports des sciences positives). Pareillement, la conception de l’atomisme logique comme tentative pour construire une métaphysique (conception du monde) qui évite l’obscurité des anciens systèmes : faisant par exemple la différence entre ce qui est donné et ce qui est inféré. Ce qu’on connait, ce sont des faits et le fait est exprimé par une proposition qui la rende vraie. La langue parfaite doit être: univoque (à chaque mot correspond un fait), analytique (structure logique du fait), purement syntaxique et doit permettre une vision cohérente du monde or elle droit avoir une visée compréhensive, en formulant des hypothèses concernant l’univers. De sa part, Wittgenstein dans le Tractatus produit, pour la philosophie analytique et du langage un événement central en philosophie. Il présente les limites du langage et de la philosophie en démarquant les frontières du ‹ dicible › et du ‹ non-dicible ›, qu’à leur tour modèlent les marges du ‹ sens › et du ‹ nonsens ›. Or la métaphysique est reconduite du côté du non sens et l’analyse et la clarification du langage sont les seules tâches légitimes et possibles pour la philosophie, et dans ce contexte, l’esthétique, l’éthique et la métaphysique sont placées au-delà de la sphère du sens. Ainsi, la philosophie n’est pas une doctrine mais une activité et son résultat est l’éclaircissement des propositions. Quine occupe une place importante dans ces philosophies contemporaines il fait oeuvre de démystification et s’attaque au mythe de la signification, car pour lui celle-ci est une notion vague, à considérer comme une sorte d’entité associée à un mot et qui serait ce que les locuteurs ont à l’esprit lorsqu’ils parlent. Or, le caractère à la fois public et objectif de la signification qui convoque la traduction et la synonymie détermine une signification comme ce qui ‹ reste › quand on passe d’une langue à une autre (traduction) et ce qu’ont ‹ d’invariante › les deux expressions synonymes. Mais, la critique de Quine vise la possibilité de stipuler des critères d’identité pour les significations, car

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Éditorial - Magdalena Pradilla Rueda

il existe une indétermination de la traduction et de la synonymie. Ainsi, cette critique pourrai s’appuyer sur les observables que sont les comportements et les stimulations sensorielles et au lieu de parler d’identité sémantique entre expressions, on pourra parler d’homologies comportementales. Les travaux de Frege, Russell et Wittgenstein ont reformé la logique dans le sens que le langage compte avec des caractéristiques réputées fondamentales comme la substitutivité1, la vérifonctionnalité2, l’extensionnalité3. Mais il existe des énoncés qui ne se comportent pas selon ces différentes caractéristiques, dans ‹ Jean croit que p › peut être vraie, quand bien même la proposition p serait fausse, ce phénomène s’appelle ‹ l’intensionnalité ›4. Quine prolonge sa critique aux règles établies à cette intensionnalité, du fait de l’opacité référentielle qu’elle introduit dans le discours. Nous voyons comment du projet frégéen au projet quinien, c’est une même orientation qui domine : les langues formelles, mais on a oublié que ce sont des langues artificielles, conçues pour atteindre la forme adéquate aux expressions scientifiques, elles sont ainsi même des langues syntaxiques, apparentées à un calcul et réduites à la fonction représentative capable, sous certaines conditions, de dire ce qui est avec vérité. Cependant, ces langues formelles ne visent aucunement à remplacer la langue naturelle, mais à être utilisées pour des tâches très spécifiques. C’est donc Chomsky, qui bien plus tard, a soutenu que pour une langue naturelle ou vernaculaire il devait être possible de réaliser une entreprise semblable à celle de Frege : arriver à une explicitation systématique des règles syntaxiques et sémantiques du langage naturel et à une véritable théorie de la signification, en prenant des notions de la linguistique. Dès lors, nous savons quelles exigences doit satisfaire un langage pour que soit assurée sa transparence, sa référentialité et sa vérité, mais d’autres fonctions d’un langage sont laissées à l’écart, telles que : la fonction expressive et la fonction d’appel, importantes du point de vue de la communication comme activité langagière en tant que telle, c’est à dire le langage pris dans 1

Substitutivité, selon laquelle dans une proposition complexe on peut remplacer une proposition élémentaire par une autre ayant la même valeur de vérité, sans altérer la valeur de vérité de la proposition initiale.

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Verifonctionnalité, selon laquelle la valeur de vérité d’une proposition composée est une fonction de la valeur de vérité des propositions élémentaires qui la constituent.

3

Extensionnalité, selon laquelle deux prédicats vrais des mêmes éléments –coextensifs- sont substituibles l’un à l’autre salva veritate (sans altérer la valeur de vérité).

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L’extensionnalité et l’intensionnalité renvoient à la couple scolastique de l’‹ extensio › et l’‹ intensio ›.

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la multiplicité de ses usages. Or c’est cela qui va devenir aussi un objet de la philosophie du langage. Dans ce nouveau contexte nous retrouvons la figure de Wittgenstein qui avec les Investigations Philosophiques va changer d’objectif et son intérêt se déplace vers le fonctionnement effectif du langage dans son emploi quotidien, du même c’est l’axe sémantique-pragmatique qui devient la visée majeure de la philosophie du langage. L’analyse logique suit un certain repli mais les logiciens font postérieurement de la sémantique et de la pragmatique des langues naturelles leur objet prioritaire. Nous voyons un véritable renversement en philosophie du langage: à l’aspect vérifonctionnel qui avait dominé le courant analytique succède peu à peu l’aspect communicationnel dans les philosophes dits ‹ du langage naturel ou ordinaire ›. Le virement de Wittgenstein porte sur plusieurs points : il conteste les frontières imposées au langage prise comme ‹ langue parfaite ›, la manière d’appréhender le langage et la manière de poser la question de la signification. Une des thèses principales des Investigations affirme que la signification d’un mot est son usage multiple dans le langage, au lieu d’une règle syntaxique, c’est un inventaire, un contexte et une description des conditions effectives d’usage qui conduit à la spécification de la signification. Ainsi même, la mise en évidence de l’usage du langage jusqu’à la détermination du sens contribue à développer la dimension actionnelle du langage par les philosophes de l’école d’Oxford en introduisant certaines distinctions conceptuelles, et par là s’enrichit l’analyse du langage avec la dimension actionnelle qui lui est propre. Austin présente une sorte de théorie générale des actes de discours d’où ‹ énoncer X › (acte locutoire) revient à accomplir ‹ Y › (acte illocutoire) et permet de produire ‹ Z › (acte perlocutoire); de cette façon celui qui dit ‹ p ›, le soutient et peut nous convaincre. Il s’efforce aussi d’ordonner et de classer les énonciations en une taxonomie, affinant ainsi l’analyse du langage et pour chaque catégorie d’énonciation il est possible de dégager les conditions tant matérielles (empiriques) que formelles (logico-linguistiques). Austin réintroduit l’analyse logique au sein de la théorie de l’usage du langage. Ses successeurs, notamment Vanderveken et Searle mènent à son terme le programme austinien en lui donnant la forme d’une théorie, en particulier par un travail de formalisation en constituant une logique illocutoire. Ainsi, s’annexe l’analyse logique au terrain variable de l’usage du langage. Un des développements de la philosophie analytique et du langage en France a été lideré par Jacques Bouveresse et ses disciples. Leur intérêt se porte, en principe, sur les contributions épistémologiques des Anglo-saxons et du Cercle de Vienne qui montraient une alliance naturelle entre la logique et

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l’épistémologie. Par contre en France, en général, l’épistémologie était plutôt régionale et historique ou même apparissait comme une théorie de production des concepts où l’épistémologie et la logique étaient séparées. Ainsi même, Bouveresse et ses élèves retrouvent un intérêt tant pour la tradition philosophique autrichienne (incluant Prague, Budapest, Varsovie, etc.) dans des auteurs tels : Bolzano, Wittgenstein, Schlick, Neurath, Popper, Musil et la logique dans l’axe polonais, comme pour une méfiance caractérisée à l’égard des grandes constructions philosophiques de type spéculatif. Egalement ils retrouvent une attirance pour le réalisme épistémologique, scientifique et même sémantique. Si bien la philosophie du premier Wittgenstein (Tractatus) a été au début, la plus connue en France car si c’est une philosophie plus traditionnelle dont on a l’impression qu’elle a une place pour les essentialismes, c’est celle du second Wittgenstein qui a pris la place dans le milieu français, comme une philosophie de l’ordinaire, du concret et de la pratique avec une base anthropologique, peu habituelle en philosophie. De plus, un des points importants dans Wittgenstein était ce qu’il ‹ n’avait pas dit ›, il fallait donc essayer de le ‹ dire ›. C’est alors que Bouveresse vise l’attitude de Wittgenstein concernant les questions éthiques, religieuses et esthétiques en construisant un ensemble cohérent et assez clair de ces domaines. On soulève aussi une critique philosophique éclairante de la notion de sujet (Le Mythe de l’Intériorité), différente de celle de Structuralistes, supportée chez Wittgenstein et certains philosophes analytiques, en faisant une analyse sérieuse des instruments linguistiques et conceptuels dont nous nous servons. Ceci signifiait prendre la langue du point de vue de la philosophie du langage type frégéen ou des philosophes anglo-saxons, en introduisant des notions et méthodes comme par exemple la différence entre ‹ sens › et ‹ référence ›. En revanche, aborder le langage en France d’une façon scientifique et moderne c’était, dans le milieu des années 60, s’appuyer sur l’idée saussurienne de la langue comme système de différences, ainsi même que sur l’idée de l’autonomie, de l’autosuffisance et de son autoréférentialité car les mots ne signifient que par leurs relations entre eux: or le langage renvoie à lui-même. L’école française de philosophie du langage et analytique a effectué de développements concernant, en large mesure, les différentes étapes de dite philosophie. Nous présentons dans ce numéro, un échantillon de leur production, qui retrace ces moments. De cette façon nous montrons d’abord deux articles sur un des précurseurs de la philosophie du langage: qui est Charles Sanders Peirce. Dans le premier, Peirce détermine des bases propres à la

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pragmatique avec la logique de l’abduction ; dans le deuxième article, Peirce présente l’acte d’énonciation, en avance sur Austin et Searle. Nous rentrons dans la première étape du développement de la philosophie du langage et analytique, en reprenant un des membres du Cercle de Vienne, R. Carnap qui se pose la question sur l’ontologie des objets logiques, c’est-àdire le problème de l’existence et de la réalité des dits objets, appliqué dans un autre champ du savoir comme celui des objets informatiques. Finalement, nous retrouvons la deuxième étape du développement de ces philosophies dans le langage comme usage, en présentant les solutions posées par Wittgenstein au problème de l’introspection. Un dernier article présente certaines formalisations de la langue avec le support de la linguistique en vue de l’application en informatique. De façon synthétique, nous avons les articles suivants exposés en deux langues: espagnol et français.

« Aux sources de la théorie de l’enquête : la logique de l’abduction chez Peirce » Par Christiane Chauviré. Actuellement Professeur de Philosophie à l’Université de la Sorbonne-Paris I. Docteur en Philosophie, avec une thèse sur le philosophe américain C. S. Peirce: La Logique du vague. Elle a été élève de Jacques Bouveresse et travaille sur des questions de philosophie du langage et de philosophie de la connaissance, spécialiste de Wittgenstein. Cet article nous renvoie aux bases du pragmatisme comme conception dynamique de la recherche en introduisant la dialectique du doute et de la croyance, et la logique de l’abduction qui fournit une explication des faits à partir des hypothèses probables. L’articulation des trois formes d’inférence : l’abduction, l’induction et la déduction se présente comme complémentaire de la recherche dans un contexte épistémologique et philosophique propre.

« Indexicalité et assertion chez Peirce » Par Christiane Chauviré. Peirce définit la pragmatique de l’acte d’énonciation, supportée dans une étude originale de la sémiotique comme interaction entre les intéressés, le jeu de mots et la réalité. C’est un schéma constituant un avance théorique important en la

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philosophie du langage et ouvre à la philosophie, avant Wittgenstein, Dewey et Habermas, les transactions de langage du monde public et de la communauté du langage. Peirce se présente ici en avance d’Austin et Searle car articule son pragmatisme et sa sémiotique à une théorie des actes du langage, dans laquelle les mots sont actes qui ont des effets et veulent les avoir. L’originalité de la sémiotique de la proposition de Peirce réside dans le rôle indexical de la proposition.

« Carnap et les éléments visant le développement d’une ontologie à partir des machines logiques » Par Magdalena Pradilla Rueda. Docteur en Philosophie‚ Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne‚ 2008. Thèse: Vers une Epistémologie de la Théorie Informatique, dirigée par Christiane Chauviré. DEA : La Nouvelle Problématique de l’Homme et la Machine‚ 1997. Docteur en Informatique et Mathématiques en Sciences Sociales, Université de Grenoble II, 1983. Thèse Recherche de Descripteurs en Indexation Automatique des Documents, dirigée par Jacques Rouault. Actuellement, elle est rattachée au département d’Humanités de l’Université El Bosque à Bogotá. Elle travaille sur la Philosophie de la Science, Epistémologie, Logique, Informatique. A la question « si le savoir informatique largement technifié nous présente encore des problèmes qui peuvent être résolus par une réflexion philosophique ou s’il est capable de répondre à ce type de problématique depuis ce savoir même », nous répondons ontologiquement présentant les objets informatiques selon la perspective ontologique interne posée par Carnap, dans laquelle la réalité d`un objet est donnée par un ‹ monde possible › et l’existence est procurée par son adaptation aux différents éléments du monde donné. Or, le savoir informatique se présente sous divers mondes de réalité tels que : le monde des phénomènes empiriques, du langage, des calculs, des systèmes formels généraux et de la complexité.

« Les mirages de la introspection: Wittgenstein critique de James » Par Christiane Chauviré. La conception d’introspection est problématique, selon Peirce, mais les sciences de la cognition en reviennent à l’introspection. Wittgenstein critique le langage

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privé et la structure intérieur/extérieur (l’attitude de ‹ je pense › est différente à celle d’‹ il pense ›), où l’introspective risque de créer des mirages, car cette attitude n’est pas épistémique mais l’écho déformé d’une asymétrie grammaticale. James est tombé dans le piège de cette image supposée au moyen d’un raisonnement par analogie et ne voit pas cette dimension langagière de l’introspection.

« De la L angue à l’Informatique : Contraintes Linguistiques en vue d’une recherche de Connaissances » Par Jacques Rouault. Professeur émérite de la Université de Grenoble. Il est mathématicien-informaticien, spécialiste en Informatique linguistique et Informatique appliquée en sciences sociales. Il a travaillé et publié sur Traduction Automatique de Langues et Intelligence linguistique. A la question : comment définir et repérer dans un univers approché et allusif (la langue) des fonctionnements suffisamment rigoureux pour se prêter à une modélisation et à un traitement informatique ? Nous répondons en nous situant sur trois domaines: la linguistique, l’informatique et les formalismes. La linguistique limitée à des corpus définis est constituée des discours qui sont produits dans des conditions homogènes, avec des règles de fonctionnement explicites et pré-établies. C’est à partir d’une ‹ analyse › que se réalise le passage (automatique) de textes à une représentation formelle exploitable par des applications. L’opération inverse, production de textes par un ordinateur, est la ‹ génération ›. Grace à l’analyse on peut arriver à une structure abstraite, reposée sur des théories linguistiques. Les notions de la théorie doivent être susceptibles d’une formalisation ultérieure dans un cadre formel permettant l’automatisation du processus. L’emploi d’un système informatique est conçue comme un tout cohérent, intégrant le linguistique, le formel et l’algorithmique. Magdalena Pradilla Rueda Éditeur invité

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Filosofíade la

CIENCIA

Dirigido a académicos, investigadores, empresarios y profesionales de todas las áreas del conocimiento. Especialista en Filosofía de la Ciencia

Título que se otorga

25 de febrero de 2011

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Dos semestres

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Viernes de 5:00 a 9:00 p.m. Sábado de 8:00 a.m. a 5:00 p.m. Domingo de 8:00 a.m. a 12:00 m.

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Editorial

Presentamos en este número algunas perspectivas de la filosofía del lenguaje y analítica resultantes de los desarrollos filosóficos en Francia. Antes de desarrollarlas, es necesario definir estas dos nociones porque si bien estas expresiones parecen simples, son a su vez, susceptibles de diversas acepciones que pertenecen a realidades diferentes. De esta manera, la acepción en sentido general de filosofía del lenguaje, la más utilizada, en la cual el lenguaje se convierte en el objeto privilegiado, es susceptible de dos enfoques: ‘el externo’, por sus relaciones con otra realidad (por ejemplo: Descartes, que contempla el lenguaje en su relación con el pensamiento y con la razón); ‘el interno’, que analiza la naturaleza, el funcionamiento y los peligros del lenguaje. La acepción, en sentido estricto, designa una corriente importante de la filosofía del siglo pasado que dominó prioritariamente en el mundo anglosajón. Esta corriente surgió por un cambio de perspectiva llamado giro lingüístico (linguistic turn) que contribuye a renovar profundamente la concepción de la filosofía y su práctica. Nos encontramos con una nueva manera radical de filosofar, caracterizada por la voluntad de ruptura anunciada por los padres fundadores de esta corriente (Frege, Russell, Carnap, etc.), representada por la manera de criticar la metafísica: no se ataca los cánones filosóficos en sus principios, presupuestos o en sus consecuencias sino en su lenguaje. En este sentido, la novedad está en el tipo de tratamiento que se utiliza en el lenguaje, y por el lugar restituido al lenguaje y a la pregunta sobre la significación en la estructura filosófica. De esta manera, la solución contempla la fuente de donde proviene la metafísica, que en este caso no se busca en una intuición filosófica privilegiada (Descartes), sino en un análisis lógico del pensamiento, de inspiración Kantiana, pero con herramientas lógicas que Kant no disponía en ese momento. Los métodos de esta solución se inspiran de las ciencias positivas, oponiendo la orientación especulativa metafísica a la orientación positiva de una metafísica limitada por la lógica, la observación y la experiencia. Entonces, la metafísica no es válida como


Editorial - Magdalena Pradilla Rueda

la justificación última del orden del mundo sino como ‘horizonte’ de nuestros procesos cognitivos hacia el desarrollo del conocimiento y la acción. Paralelamente, la lógica se refuerza al matematizarse progresivamente, abandonando el modelo gramatical por el modelo matemático, ésta se sostiene así sobre sus propios fundamentos y se diferencia claramente de la sicología. De esta manera, para calificar el grado de significación hay que disponer de un criterio de evaluación de los enunciados, de suerte que tal criterio se toma de la lógica, permitiendo el análisis lógico de éstos. Así mismo, se puede hablar de un verdadero cambio porque si la filosofía ha conocido muchos en el curso de su historia (Descartes, Kant, etc.), es increíble que jamás hasta finales del siglo XIX, el lenguaje no haya sido el objeto de ningún cambio propuesto y al contrario se tuvo al margen de las críticas. Entonces, los resultados del análisis lógico a los cuales se somete el lenguaje revelan en éste una opacidad y una fuente de errores que no se habían avizorado hasta entonces. Además, la importancia procurada al lenguaje muestra la importancia de la significación por encima de la representación, orientándose no solamente a cómo representa el espíritu sino a cómo el signo significa. En este sentido, se puede hablar de una unidad en el programa de esta filosofía y por la naturaleza del proyecto y la especificidad del método es irreductible a los enfoques anteriores del lenguaje y constituye una de las corrientes centrales de la filosofía actual, en general. Sin embargo, esta unidad se presenta bajo múltiples ramificaciones (autores aparentemente alejados: Frege, Austin, Carnap o Searle) que son el resultado de la diversidad de contribuciones y de heterogeneidad de los textos donde convergen los métodos y la coherencia de la problemática del lenguaje. El papel de Peirce, fue crucial porque introduce la idea de una ciencia general de signos, la semiótica, que contribuye a crear un nuevo contexto en el seno del cual la pregunta sobre el sentido se va a poder redefinir. Así, la semiótica presenta tres ramas (reinterpretadas por C. Morris en 1938): la sintaxis, la semántica y la pragmática. De su lado, la Filosofía Analítica nace simultáneamente en el mismo contexto en el que Frege es uno de sus representantes. En la Begriffsschrift (1884), él siembra las bases de la semántica lógica y su preocupación es la de una filosofía de la ciencia, en la cual la lógica es prioritaria. Su interés está centrado en el lenguaje para la ciencia que tiene exigencias más estrictas que aquellas del lenguaje y la comunicación corriente. La lengua perfecta que deberá servir para la expresión de la ciencia, estará caracterizada por la precisión de los términos que tienen como objeto la definición explícita y el empleo unívoco; éste mismo determinado por reglas y operaciones explícitas y que a partir de éstas las proposiciones son compuestas y derivadas. De esta manera, la lengua perfecta es

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artificial y simbólica: ‘la ideografía’ que es a la vez cálculo y una lengua característica o expresiones de un pensamiento con símbolos. Frege tiene también una prevención con respecto a la psicología y marginaliza cualquier referencia al sujeto, no le interesa sino la componente lógica del pensamiento. Sólo la verdad importa al lógico y, en el orden del pensamiento formal, ésta se sustenta sobre la validez de una demostración. Su reflexión lógica lo conduce a instaurar distinciones conceptuales nuevas, cuya fecundidad se prueba todavía en los trabajos del pragmatismo contemporáneos (nuevos análisis de la proposición, sobrepasando Aristóteles, diferencia entre sentido y denotación, etc.). De esta empresa de Frege la filosofía del lenguaje contemporánea es la legataria directa. Los herederos de Frege son Russell y Wittgenstein y van más allá de él. Russell emprende el programa logicista (Principia Mathematica, 1910-1913), donde los análisis sobrepasan el dominio único de las matemáticas y de la lógica pura y se interesan en la ciencia (a partir de la teoría y la explicación nomológica) y a la filosofía (concepción del mundo que prolongan los aportes de las ciencias positivas). Así mismo, la concepción del atomismo lógico visto como una tentativa para construir una metafísica (concepción del mundo) que evita la obscuridad de los antiguos sistemas: presentando, por ejemplo, la diferencia entre aquello que es dado y aquello que se infiere, lo que se conoce son los hechos y el hecho se expresa por intermedio de una proposición y le confiere su veracidad. La lengua perfecta debe ser: unívoca (a cada palabra corresponde un hecho), analítica (estructura lógica del hecho), puramente sintáctica y además debe permitir una visión coherente del mundo, es decir con un enfoque comprensible, que formule hipótesis comprendiendo el universo. De su lado, Wittgenstein en el Tractatus produce para la filosofía analítica y del lenguaje, un evento central en filosofía. Él presenta los límites del lenguaje y los límites de la filosofía al marcar las fronteras de lo ‘decible’ y de lo ‘inefable’, lo cual determina a su vez las márgenes del ‘sentido’ y el ‘sin sentido’. Así, la metafísica se coloca del lado del ‘sin sentido’ y el análisis y la claridad del lenguaje son las únicas tareas legítimas y posibles para la filosofía, y en este contexto, la estética, la ética y la metafísica son situadas más allá de la esfera del sentido. En consecuencia, la filosofía no es una doctrina sino una actividad y su resultado es la aclaración de las proposiciones. Quine ocupa un lugar importante en estas filosofías contemporáneas, su propuesta se torna de desmitificación y ataca al mito de la significación, porque para él, la significación es una noción vaga, considerándola como una clase de entidad asociada a una palabra y que sería aquello que los hablantes tienen

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en su espíritu cuando hablan. Entonces, el carácter a la vez público y objetivo de la significación que convoca la traducción y la sinonimia, propone una significación como aquello que ‘queda’ cuando se pasa de una lengua a otra (traducción) y aquello que tienen de ‘invariante’ las dos expresiones sinónimas. Pero la crítica de Quine persigue la posibilidad de estipular criterios de identidad para las significaciones, porque existe una indeterminación de la traducción y la sinonimia. Esta crítica se apoya sobre los observables y las estimulaciones sensoriales y en lugar de hablar de identidad semántica entre expresiones, se podría hablar de homologías de comportamiento. Los trabajos de Frege, Russell et Wittgenstein reformaron la lógica en el sentido que el lenguaje cuenta con características llamadas fundamentales como son la substituibilidad1, verifuncionalidad 2, extensionalidad 3. Sin embargo, existen enunciados que no se comportan según estas características, en ‘Juan cree que p’, puede ser verdadera, cuando inclusive la proposición p fuera falsa, este fenómeno se llama la ‘intensionalidad’4. Quine prolonga su crítica a las reglas establecidas a esta intensionalidad, por el hecho de la opacidad referencial que ésta introduce en el discurso. Vemos cómo desde el proyecto de Frege al proyecto de Quine, domina una misma orientación: las lenguas formales, pero se ha olvidado que las lenguas artificiales están concebidas para proporcionar la forma adecuada a las expresiones científicas; ellas son también lenguas sintácticas, aparentadas a un cálculo y reducidas a la función representativa capaz, bajo ciertas condiciones, de decir que va con la verdad. Pero estas lenguas formales no están orientadas a remplazar la lengua natural sino para ser utilizadas en tareas muy específicas. Más tarde, Chomsky sustenta que para una lengua natural u ordinaria debía ser posible realizar una empresa parecida a aquella de Frege: llegar a una explicación sistemática de reglas sintácticas y semánticas del lenguaje natural y a una verdadera teoría de la significación, prestando ciertas nociones de la lingüística. 1

Substituibilidad, según la cual en una proposición compuesta se puede remplazar una proposición elemental por otra teniendo el mismo valor de verdad, sin alterar el valor de verdad de la proposición inicial.

2

Verifuncionalidad, según la cual el valor de verdad de una proposición compuesta es una función del valor de verdad de las proposiciones elementales que la constituyen.

3

Extensionalidad, según la cual dos predicados verdaderos con los mismos elementos — coextensivos— son substituibles del uno al otro salva veritate (sin alterar el valor de verdad).

4

La extensionalidad y la intensionalidad se refieren a la pareja escolástica de la extensio y la intensio.

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Desde entonces, sabemos cuáles son las exigencias que debe satisfacer un lenguaje para asegurarle su transparencia, su referencialidad y su verdad, pero se han dejado al margen otras funciones como la función expresiva y la función de ‘llamado’, importantes desde el punto de vista de la comunicación como actividad del lenguaje en sí mismo, es decir el lenguaje tomado desde la multiplicidad de sus usos. Así, es el uso que va a mostrarse también como uno de los objetos de la filosofía del lenguaje. En este nuevo contexto se encuentra la figura de Wittgenstein que con las Investigaciones Filosóficas cambia de objetivo y su interés se desplaza hacia el funcionamiento efectivo del lenguaje en el empleo cotidiano y además el eje semántico-pragmático se presenta como el enfoque principal de la filosofía del lenguaje. El análisis lógico sufre un cierto repliegue, pero los lógicos, posteriormente, hacen de la semántica y de la pragmática de las lenguas naturales su objetivo prioritario. Vemos aquí un verdadero cambio en la filosofía del lenguaje: al aspecto verifuncional que había dominado la corriente analítica le sigue poco a poco el aspecto comunicacional en la filosofía llamada ‘del lenguaje natural u ordinaria’. El giro de Wittgenstein toca varios puntos: critica las fronteras impuestas al lenguaje tomado como ‘lengua perfecta’, la manera de aprehender el lenguaje y la forma de preguntarse sobre la significación. Una de las tesis principales de las Investigaciones afirma que la significación de una palabra es su uso múltiple en el lenguaje, en lugar de la regla sintáctica, es un inventario, un contexto y una descripción de las condiciones efectivas del uso que conduce a la especificación de la significación. De la misma manera, la evidencia que muestra el uso del lenguaje hasta la determinación del sentido contribuye a desarrollar la dimensión accional del lenguaje por los filósofos de la escuela de Oxford, que introducen ciertas distinciones conceptuales y enriquecen el análisis del lenguaje con la dimensión accional que le es propia. Así, Austin presenta una especie de teoría general de los actos de discurso, en donde ‘enunciar X’ (acto locutorio) significa realizar ‘Y’ (acto ilocutorio) y permite producir ‘Z’ (acto perlocutorio), en consecuencia aquel que dice ‘p’, lo sustenta y además puede convencernos. Él trabaja también en ordenar y clasificar las enunciaciones en una taxonomía, afinando el análisis del lenguaje, de manera que para cada categoría de enunciación es posible encontrar tanto las condiciones materiales (empíricas) como formales (lógico-lingüísticas). Austin reintroduce el análisis lógico en el seno de la teoría del uso del lenguaje. Sus sucesores, notablemente Vanderveken y Searle llevan a término el programa de Austin, y le dan la forma de teoría, en particular a través de un

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trabajo de formalización por medio de una lógica ilocutoria, de esta manera anexan el análisis lógico al terreno variable del uso del lenguaje. Uno de los desarrollos de la filosofía analítica y de lenguaje en Francia ha sido liderado por Jacques Bouveresse y sus discípulos. Su interés se orienta, en principio, a las contribuciones epistemológicas de los anglosajones y del Círculo de Viena que presentaban una alianza natural entre la lógica y la epistemología. Por el contrario, en Francia a nivel general, la epistemología era más regional e histórica o inclusive una teoría de producción de conceptos donde la epistemología y la lógica estaban separadas. Así mismo, aquellos muestran un interés tanto por la tradición filosófica austriaca (con Prague, Budapest, Varsovie, etc.) en autores como Bolzano, Wittgenstein, Schlick, Neurath, Popper, Musil y por la lógica del medio polonés, como también una desconfianza de las grandes construcciones filosóficas de tipo especulativo. Se ve igualmente una preferencia por el realismo epistemológico, científico y semántico. Y si bien, el primer Wittgenstein (Tractatus) fue al principio el más conocido en Francia, debido quizás a su presentación de filosofía más tradicional, en la cual se tiene la impresión de tener un lugar para los esencialismos, es el segundo Wittgenstein que toma poco a poco un lugar prioritario en el medio francés. En consecuencia, la filosofía de lo ordinario, de lo concreto y de la práctica con base antropológica, poco habitual en filosofía tomó importancia en este medio. Además, sabiendo que uno de los puntos importantes de Wittgenstein es aquello que ‘él no había dicho’, se veía la necesidad de ‘decirlo’. Bouveresse, entonces retoma la actitud de Wittgenstein referida a las preguntas éticas, religiosas y estéticas y construye un conjunto coherente y bastante claro sobre estos aspectos. Él define también, una crítica filosófica que aclara la noción de sujeto (Le Mythe de l´Intériorité), diferente de aquella propuesta por los estructuralistas, basada también en Wittgenstein y ciertas filosofías analíticas, donde se realiza un análisis serio de los instrumentos lingüísticos y conceptuales que usamos corrientemente. Esto significaba tomar la lengua desde el punto de vista de la filosofía del lenguaje tipo fregeano o de las filosofías anglosajonas, introduciendo nociones y métodos como por ejemplo la diferencia entre ‘sentido’ y ‘referencia’. Por el contrario, abordar el lenguaje en Francia de una manera científica y moderna, en los años 60, era apoyarse en la idea saussuriana de la lengua como sistema de diferencias, lo mismo que en la idea de autonomía, de la autosuficiencia y de su autoreferencialidad porque en aquella concepción las palabras no significan sino por las relaciones entre ellos, de manera que la lengua reenvía a ella misma.

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La escuela francesa de filosofía del lenguaje y analítica ha realizado desarrollos concernientes, en gran medida, a sus diferentes etapas de desarrollo, en este número de la revista se presenta una muestra de esta producción que evidencia estos momentos. De esta manera, se exponen, para comenzar, dos artículos que tocan ciertas nociones de uno de los precursores de la filosofía del lenguaje, Charles Sanders Peirce. En el primero, Peirce define algunas bases propias de la pragmática en la lógica de la abducción. En el segundo artículo, él define el acto de enunciación, adelantándose a Austin y Searle. Se entra luego, en la primera etapa de desarrollo de las dos filosofías, retomando uno de los miembros del Círculo de Viena, R. Carnap que se pregunta sobre la ontología de los objetos lógicos, es decir sobre el problema de la existencia y la realidad de dichos objetos, aplicadas a otro campo del saber tal como los objetos informáticos. Finalmente, se encuentra la segunda etapa del desarrollo de estas filosofías en el lenguaje como uso, se presenta la solución planteada por Wittgenstein al problema de la introspección y el último artículo expone ciertos formalismos de la lengua basados en la lingüística y enfocados a la aplicación en informática. De manera general, se muestran los siguientes artículos en dos lenguas: español y francés.

“Acerca de los orígenes de la teoría de la investigación: la lógica de la abducción en Peirce” Por Christiane Chauviré. Actualmente Profesor de Filosofía de la Universidad de la Sorbonne-Paris I. Doctor en Filosofía, con una tesis sobre el filósofo americano C. S. Peirce: La Logique du vague. Ella ha sido alumna de Jacques Bouveresse y trabaja sobre los temas de filosofía del lenguaje y de filosofía del conocimiento, especialista en Wittgenstein. Este artículo nos conduce a las bases del pragmatismo, visto como concepción dinámica de la investigación, por medio de la introducción de la dialéctica de la duda y de la creencia, y la lógica de la abducción que surte una explicación de los hechos a partir de hipótesis probables. La articulación de las tres formas de inferencia: la abducción, la inducción y la deducción se presenta como complementaria a la investigación en un contexto epistemológico y filosófico propio.

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“Indexicalidad y aserción en Peirce” Por Christiane Chauviré. Peirce define la pragmática del acto de enunciación, basada en un estudio original de la semiótica tomado como la interacción entre los interesados, el juego de palabras y la realidad. Este es un esquema que constituye un avance teórico importante en la filosofía del lenguaje y abre a la filosofía las transacciones del lenguaje del mundo público y de la comunidad de lenguaje, antes de Wittgenstein, Dewey y Habermas. Peirce se presenta aquí como precursor de Austin y Searle porque articula su pragmatismo y su semiótica a una teoría de los actos de lenguaje, en la cual las palabras son actos que tienen efectos y quieren tenerlos. La originalidad de la semiótica de la proposición de Peirce reside en el papel indexical en la proposición.

“Carnap y los elementos para desarrollar una ontología a partir de las máquinas lógicas” Por Magdalena Pradilla Rueda. Doctor en Philosophie‚ Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne‚ 2008, con la Tesis: Hacia una Epistemología de la Teoría Informática. DEA: La Nueva Problemática del Hombre y la Máquina‚ 1997, dirigidos por Christiane Chauviré 1997. Doctor en Informática y Matemáticas en Ciencias Sociales, Université de Grenoble II, 1983, con la Tesis Búsqueda de Descriptores en Indexación Automática de Documentos, dirigida por J. Rouault. Actualmente participa en la Universidad El Bosque, Departamento de Humanidades. Es especialista en Epistemología, Filosofía de la Ciencia, Lógica e Informática. A la pregunta “¿el saber informático ampliamente tecnificado nos presenta problemas que pueden ser resueltos por una reflexión filosófica, o si este saber puede responder por sí solo a este tipo de problemas?”, respondemos ontológicamente presentando los objetos informáticos según la perspectiva ontológica interna elaborada por Carnap, en la cual la realidad de un objeto está dada por un ‘mundo posible’ y la existencia por su adaptación a los diferentes elementos del mundo dado. Así, el saber informático se presenta bajo diferentes mundos tales como: el mundo de los fenómenos empíricos, del lenguaje, de los cálculos, de los sistemas formales generales y de la complejidad.

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“Los espejismos de la introspección: Wittgenstein crítico de James” Por Christiane Chauviré. La concepción de la introspección es problemática, según Peirce, pero las ciencias de la cognición vuelven a la introspección. Wittgenstein critica el lenguaje privado y la estructura interior/exterior (la actitud ‘yo pienso’ es diferente de ‘él piensa’), donde la introspectiva corre el riesgo de crear espejismos, porque esta actitud no es epistémica sino el eco deformado de una asimetría gramatical. James cayó en la trampa de esta imagen supuesta, por medio de un razonamiento por analogía y no ve la dimensión del lenguaje de la introspección.

“Del Lenguaje a la Informática: Dificultades Lingüísticas en vista de una Investigación de Conocimientos” Por Jacques Rouault; Profesor emérito de la Université de Grenoble. Matemático-informático, especialista en Informática lingüística e Informática orientada en ciencias sociales y documental. Ha trabajado y publicado sobre Traducción Automática de Lenguas e Inteligencia Lingüística. A la pregunta: ¿cómo definir y escoger en un universo próximo y alusivo (la lengua) ciertos funcionamientos rigurosos para prestarse a una modelización y a un tratamiento informático? Respondemos situándonos en tres dominios: la lingüística, la informática y los formalismos. La lingüística limitada a corpus definidos, está a su vez constituida por discursos que son producidos en condiciones homogéneas, por medio de reglas de funcionamiento explícitas y pre-establecidas. Es a partir de un ‘análisis’ que se realiza el pasaje (automático) de textos a una representación formal que pueda aplicarse. La operación inversa, la producción de textos por un computador, es la ‘generación’. Gracias al análisis se llega a una estructura abstracta basada en teorías lingüísticas. El empleo de un sistema informático está concebido como un todo coherente, integrando la lingüística, lo formal y lo algorítmico o informático. Magdalena Pradilla Rueda Editora invitada

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Aux sources de la théorie de l’enquête : la logique de l´abduction en Peirce 1

Christiane Chauviré2

R ésumé Le pragmatisme de Peirce provient du désir de dépasser la vision positiviste de la science vers une conception dynamique de la recherche, comme dialectique du doute et de la croyance, et de la logique de l’abduction qui fournit une explication des faits à partir des hypothèses probables. Ainsi, il unifie sa philosophie en relient l´abduction, le pragmatisme et le réalisme. Cet étude présent l´articulation des trois formes d´inférence comme trois étapes complémentaires de la recherche: a- l’abduction basée sur le principe d´économie de la recherche, définie l´élimination rapide des hypothèses susceptibles de faillir dans la preuve et suggère que quelque chose peut être; b- l’induction est autocorrective à long terme, détermine sa valeur et montre que quelque chose est réellement opérative; c- la déduction développe les conséquences nécessaires d’une pure hypothèse et preuve que quelque chose doit être. Sa justification est qu’à partir de cette suggestion, la déduction peut extraire une prédiction qui peut être prouvée par induction et que, si nous devons apprendre quelque chose doit se faire à partir de l’abduction. C’est donc l’abduction un aspect central dans la recherche. L’articulation des inférences présente aussi un contexte épistémologique et philosophique propre: sa polémique avec le déterminisme (supériorité de l’irrégularité de la nature), sa philosophie naturiste du mental et intégraliste avec l’interrelation de la logique, la psychologie et la physiologie du raisonnement (Peirce n’est pas antipsychologiste fanatique). Dans cette dernière, les trois formes d’inférence ont des fondements physiologiques différents: l’induction est la formule logique qui exprime la procédure physiologique de la formation d’une habitude: la croyance d’une règle est une habitude; la déduction correspond à l’élément volitif de la pensée; l’abduction se présente comme une forme d’acquisition d’une sensation secondaire. Pareillement, on voit l’intérêt par l’intelligence artificielle et la cybernétique avant les avances logiques des années 40. Mots clés: pragmatisme, abduction, recherche scientifique, induction, déduction, inférence, physiologie de la logique. 1

Je remercie Mathias Girel et Guillaume Garreta qui m’ont fourni beaucoup de suggestions précieuses, ainsi que Bruno Karsenti et Louis Quéré pour les améliorations qu’ils m’ont permis d’apporter à mon texte.

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Docteur en Philosophie. Actuellement Professeur de Philosophie à l’Université de la SorbonneParis I.


Aux sources de la théorie de l’enquête [...] - Christiane Chauviré

Ne barrez pas la route à la recherche. Le doute vivant est la vie de la recherche. Lorsque le doute est apaisé, l’enquête doit s’arrêter. (Charles Sanders Peirce).

Le pragmatisme et abduction: une conception positiviste de la recherche

C’est peut-être dans la critique de l’épistémologie positiviste (la cible étant Auguste Comte), axée sur la factualité et la vérification, ou de sa version nominaliste (qui, réduisant les universaux des sciences, ne croit pas en la réalité des lois de la nature)3 que Peirce s’est le plus illustré en matière de philosophie des sciences. L’invention du pragmatisme provient pour une pan du désir de dépasser la vision positiviste de la science en direction d’une conception dynamique de la recherche (research), parallèle à une théorie de l’enquête (inquiry) comme dialectique du doute et de la croyance, et à une logique de l’abduction4 (ou rétroduction) comme procédure qui fournit une explication des faits. La très novatrice dialectique du doute et de la croyance qu’il propose dès 1877 dans Comment se fixe la croyance) comme schéma régulateur de toute enquête s’applique à merveille dans le cas des sciences où le moteur de l’enquête est ‘l’irritation’ du doute venant attaquer un état reposant et stable de croyance5. Mais l’esprit ne se satisfait pas du doute, au contraire il aspire à trouver une autre croyance stable en laquelle se reposer6, aussi, à la défaite de la théorie 3

Réagissant aux visions descriptivistes et/ou instrumentalistes de la science, trop ‹ nominalistes › à ses yeux, le Peirce de la maturité se prononce pour un réalisme des lois naturelles dispositions (would be) opérant réellement dans l’univers, lequel reste néanmoins globalement régi par le hasard objectif (il polémiquera à ce sujet contre le déterminisme de Paul Carus). Les lois tolèrent encore des déviations, preuve qu’elles se sont formées à partir d’un chaos initial ; le déterminisme est une illusion scientiste. Le désordre est physiquement réel sur le réalisme peircien concernant les lois. cf. van Fraassen (1994 ch. 2).

4

C’est au Chomsky de « Language and Mind » (1968) plus encore qu’à N’R. Hanson que l’on doit une popularisation de l’abduction peircienne, longtemps tombée dans l’oubli.

5

Les textes de C S. Peirce dans la suite du texte sont référencés ainsi : pour ceux extraits des Collected Papers (1931-1958), 5 123 signifie vol. 5, § 123 ; pour ceux extraits des Writings (1982- ), W3: 123 signifie vol. 3 123.

6

L’interaction doute/croyance semble gouvernée par un principe de régulation psychophysiologique supposant la tendance de l’esprit à retrouver un état stable après une perturbation : dès cette époque donc avant les textes sur les sciences normatives qui mettent en avant des phénomènes de self contrat

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dominante succède toujours la recherche et la fixation d’un nouvel état de croyance7, un schéma qui s’écarte des canons positivistes pour prolonger plutôt la vision dynamique de la science d’un Whewell et anticiper à la fois Popper et Kuhn, car dans les sciences de la nature, il est requise une explication quand apparaissent des faits contraires à notre attente. Mais cette explication doit répondre à des critères rationnels en phase avec la ‘maxime pragmatiste’ selon laquelle la signification d’une expression réside dans les conséquences pratiques concevables que l’on peut en tirer: si la signification d’un terme (que la sémantique du xxe siècle appellera, à la suite de Carnap et Popper, dispositionnelle) comme ‘dur’ dans ‘ce diamant est dur’ est entièrement explicitée par une liste de conditionnels contrefactuels 8 dont l’antécédent énonce une opération ou une expérience à effectuer et le conséquent le résultat observé, parallèlement, [L]’explication doit être une proposition qui conduise à la prédiction de faits observés comme conséquences nécessaires ou du moins très probables dans ces circonstances. Il faut alors adopter une hypothèse qui est vraisemblable en elle-même et qui rend les faits vraisemblables. L’étape au cours de laquelle on adopte une hypothèse en tant qu’elle est suggérée par les faits est ce que j’appelle abduction (7 202)9. Ainsi le pragmatisme entendu, non comme doctrine, mais comme application d’une maxime, est-il à la fois ce qui permet d’expliciter la signification ou et d’auto-régulation dans la ‹ machine › humaine (8 320), Peirce semble annoncer certaines des idées cybernétiques d’Ashby. On pourrait rapprocher cette idée d’une tendance du mental à retourner à la stabilité d’un principe énoncé par Valéry dans les Cahiers, et qui anticipe lui aussi la cybernétique : « L’esprit se manifeste par le retour (ou la tentative de retour) du système vivant à un état dont il a été écarté ». La fixation des croyances participe donc d’un processus spontané de régulation mentale. 7

Cf sur la révision par Peirce de la théorie de l’enquête, Murphey (1961 357).

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Contrefactuels après le tournant réaliste de Peirce mais, dans un premier temps, matériels (Cf. Chauviré 2004 97-106). La conception réaliste et dispositionnelle qu’a des lois naturelles (comme forces opérant réellement dans la nature) le Peirce de la maturité l’oblige à utiliser des conditionnels contrefactuels pour les énoncer.

9

L’abduction tire donc sa capacité innovante d’introduire dans l’enquête la formulation d’une hypothèse qui peut dépasser les phénomènes observés, voire observables, hypothèse dont elle dit qu’il y a une bonne raison de croire en elle puisque, si elle était vraie, le fait surprenant observé se produirait. Ce contrefactuel lie de façon nomique l’observé à l’hypothèse qui l’explique. Ce genre de raisonnement n’a donc rien à voir avec une induction ou une déduction. C’est, par excellence, le raisonnement des détectives de roman policier, comme l’a bien remarqué Hintikka.

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Aux sources de la théorie de l’enquête [...] - Christiane Chauviré

‘teneur rationnelle’ (rational purport, 5 428)10 des mots et des phrases, épurant ainsi la philosophie de ses non-sens métaphysiques, et ce qui peut orienter la recherche scientifique dans le bon sens, celui de la proposition rationnelle et réglée de nouvelles hypothèses à tester dans des expériences ; Peirce ne dit-il pas que sa fameuse maxime est en fait issue du laboratoire ? Tirée de la saine méthodologie expérimentale, de la démarche du physicien ou du chimiste, la maxime pragmatiste appliquée aux sciences de la nature offre en retour les moyens d’exposer la vraie logique (dynamique) de la recherche, le bon ordre de la science. De là à identifier pragmatisme et logique de l’abduction, il n’y a qu’un pas, que Peirce n’hésite pas à franchir dans la septième des Conférences de Harvard de 1903 (5 196-5 197), revenant plus de trente ans après sur la maxime pragmatiste et la question de l’abduction.

L’avenir de la science Nous avons autrefois montré dans une étude que la logique peircienne de l’abduction pouvait être qualifiée sans hésitation de falsificationniste, étant gouvernée en fait par une métarègle : le principe d’économie de la recherche (economy of research), qui prescrit d’éliminer le plus vite possible les hypothèses susceptibles d’échouer au test pour ne pas perdre du temps et de l’argent, pour déblayer la voie de la recherche : la réfutation est donc, comme plus tard chez Popper, le moteur de la recherche. L’économie implique le réfutationnisme. Toute ‹ vérité › scientifique est en sursis. Mais si la recherche humaine, à court terme, va de réfutation en réfutation, à long terme, elle a un sens déterminé, prédestiné, les opinions étant destinées ( fated) à converger pour produire l’unique représentation vraie de la réalité. En effet, s’il y a bien en science un travail du négatif, les hommes ne peuvent pas être voués à toujours échouer dans leurs inductions11. L’induction a un caractère auto-correctif à long terme (et non à court terme), sur lequel tablent les compagnies d’assurance : « on sait seulement qu’en acceptant des conclusions inductives, nos erreurs s’équilibreront. En fait les compagnies d’assurance procèdent par induction ; elles ne savent pas ce qui arrivera à tel ou tel assuré ; elles savent seulement qu’à long terme elles n’ont rien à craindre » (5 350). La 10

Notons le parallélisme entre cette ‹ teneur rationnelle › et la ‹ signification cognitive › déployée par la maxime vérificationniste des néo-positivistes cinquante ans plus tard.

11

Comme le faisait spirituellement remarquer Quine: « Les créatures qui se trompent de façon invétérée dans leurs inductions ont une tendance pathétique quoique louable à mourir avant de reproduire leur espèce » (1969).

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raison en est selon Peirce (« Quelques conséquences de quatre incapacités » 2002 37-72) qu’il existe, ou existerait, un réel sur lequel, si la recherche est poussée à long terme, tous les hommes sont voués à s’accorder, la réalité s’identifiant à ce sur quoi il y a (aurait) accord ultime de la communauté illimitée des chercheurs (5 311). Ainsi la ‹ perfection idéale de la connaissance › serait à long terme12 le propre de cette communauté parfaitement désintéressée. Les chercheurs obéissent-ils pour autant à une norme de rationalité, comme dirait Davidson ? Non, ils n’obéissent qu’à leur instinct, qui se trouve être, du fait de l’évolution et de l’adaptation de notre esprit à son milieu, un instinct rationnel ; c’est lui qui les pousse à faire confiance à un processus destiné à long terme à aboutir à la vérité absolue, même si, de fait et à plus court terme, les scientifiques peuvent tâtonner ou errer pendant des siècles. Cela n’a rien à voir avec l’adoption d’une norme de rationalité pour interpréter le réel, au sens de Davidson ou de Dennett, qui concorde d’ailleurs plutôt avec une épistémologie instrumentaliste. Or Peirce est réaliste, ou plutôt le sera pleinement en son âge mûr. Cet accord ultime présuppose ‘la théorie sociale de la logique’. Voire le ‘socialisme logique’13, selon lequel aucune inférence ne saurait avoir, si minime soit-elle, un caractère non communautaire, purement égoïste et intéressé (on pourrait appeler cela la community view de la logique de la science, ou ‘l’argument contre le caractère privé des inférences’): « celui qui reconnaît la nécessité logique d’une identification totale de soi, ses propres intérêts à ceux de la communauté [...] s’apercevra que seules les inférences de l’homme qui la fait [cette identification] sont logiques » (Peirce 5 356). « Celui qui ne sacrifierait pas son âme pour sauver le monde est illogique dans toutes ses inférences, collectivement. Ainsi le principe social est-il intrinsèquement enraciné dans la logique » (5 354). On pourrait baptiser ‹ argument du non-pari de Peirce › l’idée que si nous sommes de toute façon embarqués, il n’y a - contrairement à ce que dit Pascal même pas à parier : Nous ne voulons pas savoir le poids des raisons pour et des raisons contre - c’est-à -dire combien nous souhaiterions parier dans une telle 12

Notons que l’expression ‹ in the long run › est en usage chez les économistes de l’époque. À propos de la convergence à long terme des opinions. On peut remarquer que Peirce a proposé en 1873. Dans « On the theory of errors of observation » (W 3), un modèle probabiliste pour l’approximation inductive d’un point de convergence, modèle dont il s’inspire sans doute dans « Comment rendre nos idées claires » (cf. Kuhn 1996).

13

Peirce s’inspire a cet égard d’Alexander Bain, souvent mentionné, mais aussi de John Venn évoquant la communauté illimitée comme sujet ‹ logique › d’une justification probabiliste des décisions individuelles. Rappelons aussi que Kant parlait d’un ‹ égoïsme logique › (pour le stigmatiser).

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entreprise à long terme - parce qu’il n’y a pas de long terme en ce cas [...] Nous sommes dans la situation d’un homme pour qui il s’agit d’une question de vie ou de mort (5 354). Si la croyance ressemble au pari, qui prend des risques financiers à soutenir une proposition, elle n’a aucune place dans la science pure, « dont les enjeux sont nuls en matière d’entreprise temporelle, mais qui est en revanche en quête de vérités éternelles [...] et qui conçoit cette quête, non comme l’œuvre d’une seule et unique vie, mais comme celle, indéfiniment poursuivie, de plusieurs générations » (7 606). On ne peut agir rationnellement que dans l’espoir de réussir, sentiment qui est ‘impérativement exigé par la logique’. Désintéressée, la science n’a rien à voir à long terme avec les problèmes pratiques à la résolution desquels elle ne travaille pas, du moins en première intention, même si elle peut à court terme y contribuer (cf. Hookway 2000 142 ; Chauviré 2000 64). Raison pour laquelle il n’y a ‘aucune place en science pour la croyance’: [L]a pleine croyance est volonté d’agir conformément à la proposition dans les crises vitales [...] Mais la science pure n’a rien à voir du tout avec l’action. La proposition qu’elle accepte, elle l’inscrit simplement sur la liste des prémisses qu’elle se propose d’utiliser (Première Conférence de Cambridge 1 635). C’est d’ailleurs parce que les scientifiques ne ‘croient’ pas en leurs énoncés (au sens où, si l’on croit en une proposition, on est prêt à parier gros sur elle) qu’ils ne craignent pas de chercher à les prendre en défaut et sont disposés à les abandonner aisément si l’expérience les falsifie. On mesure à quel point Peirce se montre ici bien peu pragmatiste au sens banal du terme, s’opposant à toute vision utilitaire de la science, ne privilégiant aucune rationalité instrumentale au sens de Max Weber dans le champ scientifique ; la rationalité pratique se résorbe dans la rationalité théorique. Le désintéressement du chercheur14 peut paraître en parfaite contradiction avec le souci d’économie qui exige une recherche planifiée ; mais une chose est la gestion de la recherche, une autre chose est l’étude de ses vrais mobiles et ressorts, et de son ultime destination. À quoi nous pouvons ajouter, avec un clin d’œil à Chomsky et Putnam, l’ ‹ hypothèse d’innéité › tirée de la lecture de Darwin : si l’esprit ne s’était pas, au cours de l’évolution, adapté à la compréhension du monde, aucune science ne serait 14

Nous avons déjà noté qu’en réalité Peirce définit ici un ethos scientifique ou une déontologie professionnelle, voire une idéologie, plus qu’il ne décrit les véritables démarches et finalisés des chercheurs (Chauviré 2000 82). Peirce semble penser que l’idéal qu’il définit est réel, et même que la découverte à long terme de la vérité à la limite de la recherche est nécessaire puisque prédestinée.

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possible15, nous avons donc des conceptions innées comme les trois catégories (« l’organisme entier de la logique peut être mentalement tiré et développé à partir des trois conceptions de Premier, Second et Troisième » ,W 3: 3\9)16. Le ‘socialisme logique’ En matière de philosophie des sciences est intrinsèque au pragmatisme de Peirce, il sera pourtant détaché du pragmatisme ultérieur pour nourrir plutôt l’éthique communicationnelle d’Apel et d’Habermas, ou mis au service d’une vision idéalisée, voire utopique, de la recherche scientifique (Chauviré 2000 64). Seuls Putnam et Hookway reconsidéreront de façon critique l’idée d’une vérité fatalement obtenue de façon ultime à la limite idéale de la recherche par une communauté illimitée incluant toute ‹ intelligence scientifique ›, humaine ou non.

L a forme logique de la’abduction Parallèlement à cette théorie de la recherche scientifique. Peirce travaille dès les années 1860 à une étude formelle de trois sortes d’inférences logiques : déduction, induction et abduction. Les développements considérables de sa notion d’abduction, issue de ses travaux en logique formelle, et de sa relecture très personnelle des Premiers Analytiques, viendront interférer avec, et alimenter sa réflexion sur la dynamique des sciences. Une des principales tâches à laquelle s’est consacré le jeune Peirce a été la classification des arguments logiques et l’évaluation de leur validité. La grande nouveauté qu’il apporte alors est l’ajout d’une troisième forme d’inférence, l’abduction, aux deux autres reconnues par Aristote, la déduction et l’induction. Reprenant tout d’abord le terme de Kant, Peirce appelle cette inférence ‹ hypothétique ›, terme qu’il abandonnera ensuite pour des dénominations moins classiques comme présomption, rétroduction, et surtout abduction, mot censé traduire l’apagoguè d’Aristote17. Il va s’efforcer 15

« ¿Comment s’est-il fait que l’homme en soit jamais venu à concevoir une théorie vraie ? », écrit Peirce en 1903. « Ce n’est pas par hasard car il y a plus d’un ‹ trillion › de théories possibles ! Tout comme le poussin qui, à peine éclos, a ‹ l’idée innée › de picorer sa nourriture, l’homme est doté d’une disposition innée à la découverte de vérités positives » (Peirce 2003 178). Ces idées innées résultent de l’évolution et ont une valeur de survie : « l’intellect humain est implanté en l’homme soit par un créateur, soit par un effet quasi intentionnel de la lutte pour l’existence, quasiment pour et seulement pour assurer la continuation de l’humanité » (ibid. 196). Cf. aussi : « s’étant développé sous l’influence des lois de la nature, l’esprit de l’homme pense naturellement, pour cette raison, d’après le canevas (pattern) de la nature » (7 39 687 « Guessing » 1907). On pense aux idées a priori naturalisées de Popper, lui aussi épistémologue évolutionnaire.

16

Cité in Hookway (2000 168).

17

Traduction assez problématique car Aristote emploie en fait l’apagein (réduire, ramener) des géomètres pour désigner des formes de raisonnement comme la réduction à l’absurde ou pour

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de dégager la spécificité de cette troisième forme d’inférence par rapport aux deux autres ; l’enjeu n’est pas seulement logique, il est épistémologique, car il s’agit aussi de voir dans cette troisième forme celle qui introduit une hypothèse scientifique et qui - c’est là l’originalité de Peirce - ne se réduit pas à une induction. Jusqu’alors les auteurs soit voyaient dans l’induction la source des hypothèses, soit considéraient que cette introduction n’avait rien à voir avec une inférence en bonne et due forme. Or, et c’est là où Peirce innove, la proposition d’une nouvelle hypothèse est une inférence, et une inférence irréductible à l’induction (et à la déduction). Au sens large, l’abduction englobe toutes les procédures aboutissant à l’adoption d’une nouvelle hypothèse, c’est-à -dire 1) l‘invention proprement dite de l’hypothèse (acte de divination ou de conjecture, fondé sur un instinct rationnel semblable à il lume naturale qui a inspiré Galilée), 2) la formulation du raisonnement abductif, et 3) la sélection de l’hypothèse à tester de préférence à d’autres. Seule l’étape 2 relève réellement de la logique formelle : c’est l’abduction au sens étroit. Les trois formes de l’inférence se répartissent ainsi, Peirce reprenant le vocabulaire de la Logique de Kant : • Inférence • Explicative (analytique) Déduction • Abduction • Ampliative (synthétique) • Induction Les inférences explicative et ampliative, analytique et synthétique diffèrent, comme chez Kant, en ceci que seule la déduction est une inférence nécessaire ; dans les deux autres cas la conclusion amplifie au lieu d’expliquer simplement ce qui est posé dans les prémisses : ces formes de raisonnement existent dans les sciences de la nature, où il est crucial d’introduire des idées nouvelles pour accroître la connaissance. L’originalité de Peirce tient à l’introduction de l’abduction aux côtés de l’induction ; l’adoption d’une hypothèse à l’essai n’est pas une induction, « et pourtant c’est un raisonnement, et bien que sa sécurité soit faible, sa fécondité est grande » (8 388)18. De la déduction à l’abduction, « la sécurité décroît énormément alors que la fécondité croît énormément ». En outre Peirce admet que si l’abduction « a une forme logique parfaitement définie […] la procédure qui consiste a ramener la démonstration d’un théorème à celle d’un théorème déjà démontré. 18

Cf. le texte consacré à cette question, et rédigé par Peirce en 1913, peu avant sa mort: « An essay toward improving our reasoning in security and in uberty ».

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assortant sa conclusion de façon seulement problématique ou conjecturale » , néanmoins « elle s’embarrasse très peu des règles logiques » (5 188) : c’est dans la septième des conférences de Harvard de 1903 que Peirce nous livre un des derniers états de sa logique de l’abduction, qui revêt la forme canonique suivante : Le fait surprenant C est observé. Or si A était vrai. C irait de soi. Donc il y a une raison de soupçonner que A est vrai (5 189). La valeur épistémologique d’un tel raisonnement fait peu de doute, même s’il est bien vrai aux yeux de Peirce que Kant aurait dû poser la question de la possibilité du jugement, voire du raisonnement synthétique en général, et non pas seulement celle du synthétique a priori (« Fondements de la validité des lois de la logique » 5 342). Mais c’est du point de vue logique qu’il a besoin d’être justifié, étant, à l’inverse de la déduction qui est certaine, « sans force probante » (8 209). Cependant, aux yeux de Peirce, il suffit de voir que l’abduction est raisonnée, et que « certaines prémisses rendent une hypothèse probable » (2 511, note) : « une hypothèse [...] est une inférence parce qu’elle est adoptée pour une raison bonne ou mauvaise et que cette raison [...] est considérée comme conférant à l’hypothèse un caractère plausible » (ibid.). Cela suffit pour la légitimer du point de vue du chercheur qui ne la pose qu’abstraction faite de sa valeur de vérité: « Dans l’abduction, il ne peut jamais être justifiable d’accepter l’hypothèse autrement que comme une interrogation. Mais tant que cette condition est remplie, aucune fausseté positive n’est à craindre » (6 258). La modalité (‹ problématique › au sens kantien) de l’hypothèse avancée la sauve épistémologiquement et c’est un point sur lequel Peirce se sépare de la conception positiviste de l’hypothèse et d’Auguste Comte, sans toutefois aller jusqu’à dire, comme il le pourrait, qu’elle ‹ barre la route à l’enquête ›. Et si l’abduction est un véritable raisonnement doté d’une forme logique irréductible à celles des deux autres sortes d’inférence. Son étude relève de plein droit d’une logique formelle qui étudie la validité des inférences, autant que d’une ‹ logique de la science › qui s’intéresse aussi à la méthodologie et à l’heuristique du chercheur. C’est ainsi qu’il faut entendre l’affirmation de Peirce. tant de fois répétée, que le problème de l’abduction est un authentique problème de logique, ce qu’aucun de ses devanciers n’a su voir; nouvel Aristote en somme, il revendique pour la logique un processus jusque-là laissé dans l’ombre par les logiciens (et qui présuppose un ‹ instinct rationnel ›) ou considéré comme relevant de la psychologie, d’un flash of insight irrationnel (ce sera encore le cas du jeune Popper dans sa Logique de la découverte scientifique,

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1973), à savoir « le processus de formation d’une hypothèse explicative » (5 171), « l’adoption d’une hypothèse à l’essai » (8 388) : on est aux sources de la théorie de l’enquête qui se déploiera notamment chez Dewey. Bien sûr, on dira que la logique de l’hypothèse est traitée, par exemple chez Bacon, dans le contexte de l’induction que cet auteur assimile à une procédure qui, d’une accumulation d’observations répétées, fait surgir une hypothèse expliquant les faits observés. Mais, dès ses textes de jeunesse, Peirce arrache cette opération à l’induction19 pour la reverser à une autre procédure formelle, l’abduction, et définit autrement l’induction : elle « infère l’existence de phénomènes analogues à ceux que nous avons observés dans des cas qui sont semblables » tandis que l’abduction « suppose quelque chose d’une sorte différente [nous soulignons] de ce que nous avons directement observé et souvent quelque chose qu’il nous serait impossible d’observer directement » (2 640; nous voyons ici une allusion critique à Comte et à son exclusion des inobservables20). « La première classe, la seconde explique » (2 363), écrit-il encore, autre façon de dire que la théorisation ou l’explication scientifique serait impossible sans l’abduction, même si elle ne relève pas que d’elle. Certes, en un sens, Peirce définit encore l’induction comme ce qui, pour parler comme Stuart Mill, « va du connu à l’inconnu », de phénomènes observés à d’autres non observés, de certains éléments d’une classe à la classe, mais ce n’est plus une opération de généralisation engendrant une loi ou une théorie, c’est l’inférence qui va d’un exemple à un tout ; l’abduction en revanche ne va pas de la partie au tout, mais passe de l’observation de certains faits surprenants (d’anomalies, dirait Kuhn) à la supposition d’un énoncé plus général expliquant ces faits, d’un ensemble de données à une hypothèse explicative. Dans les années 1860, encore empêtré dans la syllogistique21, Peirce voit encore l’induction et l’abduction comme des variations à partir du syllogisme : 19

Cf., sur ce point et sur la réalité des lois chez Peirce, van Fraassen (1994 ch. 2).

20

« Songez à Auguste Comte qui, lorsqu’on lui demanda de désigner une chose qu’on ne pourrait jamais découvrir, donna pour exemple la composition chimique des étoiles fixes ; et avant même que son livre ne soit partout connu dans le monde, on assistait aux premiers pas de l’analyse spectrale », écrit Peirce en 1903 (2002 354).

21

Sa décisive découverte du calcul des prédicats monadiques et polyadiques (qu’il nomme sa « logique des relatifs ») ne date que des alentours de 1885 (« Sur l’algèbre de la logique » 3 359 & sq.), ses travaux sur le calcul des propositions ont commencé avant, avec son étude de l’implication ‹ philonienne › (matérielle). En 1898, dans sa Deuxième Conférence de Cambridge, Peirce considère la syllogistique comme un échafaudage provisoire qui lui a permis de construire sa théorie des trois formes de raisonnement: « Retirons maintenant l’échafaudage des formes syllogistiques qui nous ont servi de supports pour la construction de cette théorie et contemplons notre édifice sans cet échafaudage » (1995 194).

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elles ne sont, comme il le dira plus tard en 1898, que des ‹ transformations apagogiques de la déduction ›; ces deux formes d’inférence sont obtenues par permutation de la Règle, du Cas et du Résultat 22 (« Déduction, induction et hypothèse » 2 619-644). Peirce ne remarque pas encore que, dans la logique de la science, ces deux procédures irréductibles sont complémentaires ; plus tard, abduction, déduction et induction seront articulées comme les trois étapes successives et fondamentales de la recherche scientifique: l’induction est la méthode qui permet de tester expérimentalement les hypothèses, l’abduction celle qui permet de les découvrir (2 776). Stuart Mill – « ce philosophe très fort, quoique philistin, dont les inconséquences lui allaient si bien qu’il en devint le leader d’une école populaire » (5 167) - coupable d’avoir mélangé induction et abduction (Peirce 1868 5 277) est définitivement dépassé...

Les trois étapes de la recherche Entre temps, Peirce a systématisé sa philosophie et élaboré sa sémiotique, qui comporte désormais une grammaire spéculative, une logique et une rhétorique spéculative. La rhétorique est une sorte de méthodologie générale et comprend les éléments d’une heuristique. C’est dans ce cadre qu’apparaissent désormais les « trois types de raisonnement » (Sixième Conférence de Harvard 1903). Le mot ‹ induction › s’emploie pour une partie du « cours de l’investigation scientifique » (5 168), une classification dite ‹ naturelle ›. La possibilité d’une logique de la découverte (qui succède au flash of insight) est ici bien établie, n’en déplaise au positivisme : L’abduction est le processus de formation d’une hypothèse explicative. C’est la seule opération logique qui introduise une idée nouvelle ; car l’induction ne fait rien que déterminer une valeur et la déduction développe simplement les conséquences nécessaires d’une pure hypothèse23 (5 168). 22

Dans ses textes des années 1860-1870, influencé en cela par la Logique de Kant-Jasche, Peirce considère la majeure du syllogisme déductif en Barbara comme une règle appliquée à un cas (mineure), ce qui donne un résultat énoncé dans la conclusion. Il poursuit en cela Aristote qui dans les Premiers Analytiques, présente déjà l’induction, apagogique, comme l’inférence de la majeure d’un syllogisme en Barbara ou en Celarent à partir de la mineure et de la conclusion (7 249). Et il imagine Aristote se demandant si on ne peut inférer la mineure à partir de la majeure et de la conclusion, et découvrant ainsi l’abduction peircienne. Cet hommage à Aristote est assez problématique.

23

Dans des travaux antérieurs, nous avons montré la stricte analogie de ce schéma avec celui de Popper dans Logik der Forschung ; à l’éviction près du mot ‹ induction › chez Popper (Chauviré 2004). Peirce. notamment, insiste comme Popper sur ce moteur de la recherche qu’est la surprise

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L’induction ne servant qu’à tester, non à découvrir l’hypothèse. Peirce n’est, en ce sens pas plus inductiviste que Popper (en revanche il est un peu plus justificationniste que lui et conserve, contrairement à lui. le terme ‹ induction ›). On peut alors modaliser les trois formes d’inférence : La déduction prouve que quelque chose doit être ; l’induction montre que quelque chose est effectivement opératif ; l’abduction suggère simplement que quelque chose peut être. Sa seule justification est qu ‘ à partir de cette suggestion, la déduction peut tirer une prédiction qui peut être testée par induction et que, si nous devons jamais apprendre quelque chose ou comprendre les phénomènes, ce doit être par abduction que cela doit se faire (5 171). C’est en revisitant sa problématique de l’abduction en 1903 que Peirce en montrera le caractère central dans sa pensée et les liens intimes avec le pragmatisme et le réalisme, unifiant pour de bon sa philosophie. Aux sources de ce qui sera chez Dewey la théorie de l’enquête, nous trouvons donc d’abord, chez le jeune Peirce, un jeu formel sur le syllogisme qui aboutit à la position, par permutation des trois propositions, d’une forme d’inférence irréductible aux deux autres, d’autre part une problématique de la fixation de la croyance impliquant une réflexion sur la supériorité de la méthode scientifique sur les autres, et de la régulation de la logique de l’enquête et, plus précisément, celle de la science en tant que vouée à produire à long terme, et sur un mode communautaire, la vérité. C’est en 1859, à l’âge de vingt ans, que Peirce établit sa conception inférentialiste de la perception, antérieure de trois ans au moins à celle de Helmholtz 24 : le jugement de perception comporte une inférence, ou peut être assimilé à une inférence explicative (ou seulement à sa conclusion), dont le schéma est déjà celui de l’abduction: « Tout jugement, rapportant l’expérimenté ou le connu à l’admis et à l’ inconnu [Peirce est encore influencé par Mill], est donc une provoquée par une attente déçue, qui elle-même suppose ce que Popper appelle un ‹ cadre d’attentes › : Peirce va même jusqu’à définir l’expérience en termes de surprise dans la Quatrième Conférence de Harvard de 1903 : « un homme s ‘attend plus ou moins placidement à un résultat et tout à coup découvre quelque chose qui s’y oppose et s’impose de force à sa reconnaissance » (2002 365). 24

Selon Mathias Girel, on ne connaît pas de référence explicite de Peirce à l’optique physiologique de Helmholtz avant la recension de l’édition Frazer en 1871 ; en revanche il y a des références à Wundt dans des textes de 1869, et des allusions à cet auteur en 1868. Peirce prétend, jusque dans ses derniers textes, avoir découvert la psychophysiologie dans les Vorlesungen de Wundt dès leur sortie en 1863. Peirce rencontre Wundt au moment même où il le dépasse, Wundt comprenant les inférences inconscientes impliquées dans la perception comme des inductions, comme d’ailleurs Helmholtz, alors que selon Peirce la sensation elle-même est hypothèse dès 1869.

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explication d’un phénomène par une hypothèse, et est en fait une inférence » (« A treatise of the major premisses of natural science » W 5 152)25. La thèse de la nature inférentielle de toute connaissance, de toute pensée, de tout processus mental, voire de certains processus physiologiques (nous évoquerons bientôt l’exemple de la grenouille sans tête qui effectue un syllogisme, repris en 1892 dans « Law of mind » 6 102 & sq.) témoigne d’ailleurs de ce que l’ inférence a reçu très tôt une acception assez large, débordant le cadre du syllogisme (chez nous aussi d’ailleurs, « quelque chose a lieu dans l’organisme qui est l’équivalent du processus syllogistique » 5 267). C’est dans les années 1868-1870 que Peirce entreprend de « réduire toute action mentale à la formule du raisonnement valide » (ibid.), conformément à sa déclaration de 1.868 : « l’esprit est un signe se développant conformément aux lois de l’inférence » (5 313). Si tout processus mental se conforme aux lois de l’inférence valide, et si toute connaissance est déterminée de façon continue par une connaissance antérieure sans qu’il y ait jamais de premiers principes, alors l’introduction d’un terme nouveau peut passer pour le résultat d’une inférence hypothétique : ainsi le concept de couleur, qui unifie les différentes impressions de couleurs, fonctionne-t-il comme une hypothèse explicative. Par la suite, dans « Law of mind » (6 102 & sq.), Peirce reprend l’idée que la ‹ loi mentale › suit les formes de la logique en un mouvement continu, ce continuisme étant affirmé dès 1869: « l’action de l’esprit est pour ainsi dire un mouvement continu » (5 329). Pour en revenir à la critique du positivisme impliquée dans la théorie de l’abduction (ou de l’inférence hypothétique), Peirce évoque en 1877 la théorie cinétique des gaz (5 364), son exemple favori quand il est question d’étayer son indéterminisme et sa vision fréquentielle de la probabilité26 héritée de John Venn. Pour le positivisme, le mot ‹ hypothèse › a une connotation négative d’incertitude qui n’appartient pas du tout à l’usage peircien (2 707). Ce dernier est entièrement positif, exprimant la nécessité qu’il y a de dépasser les lois vers des théories qui les expliquent par la formulation d’hypothèses, les lois devenant « tôt ou tard la base d’une hypothèse destinée à les expli25

En 1903, dans sa Septième Conférence déjà citée, Peirce revient sur ce thème- « l’inférence abductive vient se confondre avec le jugement de perception sans ligne de démarcation bien nette » (5 181) et le développe dans la suite du texte.

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L’indéterminisme de Peirce est lié à sa métaphysique du hasard (tychisme) développée par la suite avec sa cosmologie évolutionniste. L’indéterminisme demande une réalisation physique de la probabilité qui, de fréquentielle qu’elle était d’abord chez Peirce, devient ‹ propensionniste ›, pour reprendre le terme de Popper qui s’applique très bien au cas de Peirce. En gros il passe d’une conception de la probabilité à la Venn-Reichenbach à une conception poppérienne avant la lettre qui accorde une portée ontologique aux probabilités en soutenant la réalité des dispositions ou would be.

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quer ». L’inexactitude des simples généralisations empiriques se trouve alors compensée à un niveau supérieur. […] car le grand triomphe de l’hypothèse est d’expliquer non seulement la formule, mais aussi les déviations par rapport à la formule. Dans le langage des physiciens, une hypothèse de cette importance est appelée théorie, le terme hypothèse étant réservé aux suggestions qui ont peu de preuves en leur faveur (2 638). Mais loin de limiter le recours aux hypothèses, Peirce y voit une procédure rationnelle : « les théories qui marchent ne sont pas de simples conjectures, mais sont guidées par des raisons » (2 638). Tel est le cas de la théorie cinétique des gaz, adoptée pour expliquer la loi de Boyle, et selon laquelle les gaz sont faits de petites particules solides très éloignées les unes des autres et se déplaçant à une grande vitesse, sans qu’il y ait attraction ou répulsion tant qu’elles ne sont pas très proches les unes des autres : c’est un cas typique d’explication par référence à des entités non observables. Si le gaz est sous pression, ce qui l’empêche de s’affaisser n’est pas l’incompressibilité des molécules, puisqu’elles ne se touchent pas, mais leur martèlement sur le piston. Plus le piston tombe, plus le gaz est comprimé, plus les molécules se rapprochent les unes des autres ; plus il y en aura à une distance donnée du piston, et plus elles viendront le frapper souvent. Peirce voit dans la théorie cinétique des gaz l’exemple par excellence d’une théorie qui s’est totalement dégagée du niveau observationnel et qui dépasse de loin la simple opération d’induction au sens d’une généralisation empirique. Si nous faisons crédit à cette théorie, ce n’est pas selon lui en raison de ses confirmations empiriques, mais en tant qu’explication de la loi de Boyle, corroborée en outre par la théorie de la chaleur. On sent alors les bienfaits de l’hypothèse. À cette époque, Peirce croit encore que les simples généralisations empiriques sont trouvées par l’induction qui ne joue de rôle qu’à cette étape préliminaire. Par la suite il redistribuera les fonctions respectives de l’inférence hypothétique et de l’induction : tout énoncé général, loi ou théorie, est issu, quel que soit son niveau de généralité, d’une inférence hypothétique, l’induction intervenant ensuite pour corroborer ou falsifier aussi bien les théories que les lois. Mais, en 1878, l’inférence hypothétique n’est encore qu’une inférence inductive poussée plus loin, plus audacieuse, plus synthétique, qui va plus au-delà de l’observé, supposant parfois de l’inobservable, alors que l’induction se cantonne comme le veut l’épistémologie positiviste au domaine de l’observé ; sans qu’il y ait toutefois de ligne nette entre les deux (« seulement plus on la pousse loin, plus elle devient faible » 2 640) ; Peirce admet que « la plupart des théories physiques

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sont de cette sorte ». On comprend qu’en 1910, il ait avoué avoir « plus ou moins mélangé hypothèse et induction » dans tout ce qu’il a publié « depuis le début de ce siècle » (8 227). Cela est encore plus vrai des textes des années 1860-1870. Les articles de 1877-1878 étant les textes les plus connus de Peirce, le lecteur doit savoir qu’ils ne reflètent pas l’état définitif de la théorie peircienne de l’abduction : mieux vaut se référer pour en avoir une idée juste aux sixième et septième Conférences de 1903. Mais la veine anti-positiviste est présente très tôt, un des enjeux de la théorie de l’abduction étant de dépasser le positivisme en prolongeant Whewell, Herschell, Jevons et leur conception hypothético-déductive de la science (dont le Popper de 1935 est de fait, sans le savoir, l’héritier). Le jeune Peirce distinguait induction et abduction dans leurs rapports respectifs à l’observé comme deux procédures indépendantes permettant d’obtenir des énoncés généraux, d’un degré plus élevé de généralité dans le cas de l’abduction. Par la suite, l’idée que toute connaissance va au-delà de l’observation (« comporte des additions aux faits observés » 6 523) prenant de l’ampleur, il n’y a plus à cet égard de différence entre induction et abduction. Mais Peirce n’en réintroduit pas moins la différence épistémologique suivante, attribuant à la seule abduction le rôle d’introduire toute hypothèse nouvelle, ôtant ainsi cette fonction à l’induction pour lui assigner celle de montrer dans quelle mesure les faits expérimentaux corroborent les énoncés hypothétiques, à moins qu’ils ne les réfutent : cette fonction est complémentaire de celle de l’abduction. Ce dispositif revêt un sens anti-positiviste, Peirce se prononçant, comme avant lui Whewell et plus tard Popper en faveur de l’introduction d’hypothèses aussi audacieuses que possible. En 1878, il a d’ailleurs évacué la question, issue de Hume, Kant et Stuart Mill, de savoir si la validité de l’induction suppose l’uniformité de la nature: l’inférence synthétique n’a pas besoin d’être fondée par et sur la thèse de l’uniformité de la nature, même si le repérage de certaines régularités naturelles peut renforcer une hypothèse. En outre, dès 1868, Peirce soutenait, de façon remarquablement innovante, que « la nature n’est pas régulière » , les irrégularités étant « infiniment plus fréquentes » que les éléments d’ordre et d’uniformité (5 342) ; l’arbre de la régularité cache la forêt du chaos réel. Même si depuis le début de l’évolution cosmologique des régularités de plus en plus nombreuses tendent à s’installer, diminuant quelque peu la part du hasard objectif. Il prélude ainsi à sa polémique contre le déterminisme (défendu par Paul Carus, directeur du Monist) et à l’élaboration d’une cosmologie impliquant une métaphysique du hasard, qui a d’ailleurs son pendant chez Popper (1992).

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Physiologie de la logique « Déduction, induction et hypothèse » (1878) ne mérite peut-être pas l’autocritique de 1910 (Peirce estime alors avoir mélangé à cette époque induction et hypothèse), car les deux formes d’inférence y sont nettement distinguées : si l’induction est une inférence ‹ plus forte › que l’abduction, cette dernière est irremplaçable, permettant seule d’inférer des inobservables (les molécules d’un gaz), ce qu’aucune induction ne saurait faire. On n’infère pas inductivement des conclusions hypothétiques. D’ailleurs les trois formes d’inférence ont des fondements physiologiques différents, comme cherche à le montrer Peirce en mobilisant sa théorie de l’habitude. Ainsi, l’induction permet d’inférer une règle ; or La croyance en une règle est une habitude. Qu’une habitude soit une règle active en nous, cela est évident. Que chaque croyance soit de la nature d’une habitude, dans la mesure où elle a un caractère général, cela a été montre dans les premiers écrits de cette série. L’induction est donc la formule logique qui exprime le processus physiologique de la formation d’une habitude (2 643). L’hypothèse, définie en 1878 comme une forme de réduction du divers à l’unité (comme en 1868 ; cf. 5 276), « substitue à un enchevêtrement compliqué de prédicats joints à un sujet une seule conception ». Or on peut voir une analogie entre la pensée de l’inhérence de chacun de ces prédicats à un sujet et une sensation particulière : « Dans l’inférence hypothétique, ce sentiment compliqué ainsi produit est remplacé par un sentiment d’une grande intensité, celui qui appartient à l’acte de penser la conclusion hypothétique ». Comparant cette émotion à celle que produit en nous l’ensemble des divers instruments d’un orchestre (« chaque inférence hypothétique comporte la formation d’une telle émotion »), Peirce conclut que « l’hypothèse produit l’élément sensoriel de la pensée, et l’induction l’élément habituel » , tandis que la déduction, qui n’ajoute rien aux prémisses mais, sélectionnant l’un des « faits représentés dans les prémisses, concentre sur lui l’attention, est la formule logique correspondant au processus de l’attention, c’est-à -dire l’élément volitionnel de la pensée » (2 643). Peirce systématisera cette analyse en 1883 dans « A theory of probable inference », en partant de la triade règle-cas-résultat : la connaissance d’une règle est assimilée à une habitude (qui peut ne pas être consciente), la connaissance d’un cas à une sensation, celle d’un résultat à une décision à prendre à une

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occasion donnée. La déduction (règle-cas-résultat) (dont Peirce n’a pas encore reconnu le caractère diagrammatique et foncièrement mathématique)27 est là encore définie comme ‹ une formule de volition › , l’induction (cas-résultatrègle) comme la formule de la formation d’une habitude ou d’une conception générale (« un processus qui, psychologiquement aussi bien que logiquement, dépend de la répétition des exemples ou des sensations »), et l’hypothèse (règle résultat-cas) comme « une formule de l’acquisition d’une sensation secondaire, processus par lequel une concaténation confuse de prédicats est mise en ordre sous un prédicat synthétisant » . Cette définition psycho-physiologique des trois formes d’inférence permet à Peirce de fonder sa classification ‹ naturelle › (puisque ancrée dans la physiologie) des sciences : s’il voit le premier critère de distinction entre les sciences dans la différence des techniques utilisées (opposant celles du laboratoire à celles du séminaire), il fait résider le second dans la différence des modes de raisonnements employés. C’est ainsi qu’il pourra distinguer les sciences inductives — sciences de la classification : botanique, zoologie, minéralogie, chimie -, les sciences de l’hypothèse - biologie, géologie –et les sciences théoriques - astronomie, physique pure - (2 644). Il s’agit pour le Peirce de cette époque d’inscrire sa théorie du raisonnement comme forme de l’activité mentale dans le cadre d’une épistémologie évolutionniste (la référence à Darwin y est cruciale) : nos capacités à connaître et le contenu de nos connaissances se sont progressivement ajustés à notre environnement, réalisant ainsi une harmonie non pas pré- mais post-établie. Cette épistémologie est d’autant mieux fondée qu’elle repose sur des distinctions issues de la psycho-physiologie ; ainsi le raisonnement est-il réintégré à un ensemble de processus psychologiques et surtout vitaux par rapport auquel seul il prend finalement sens. On voit ici un écho de l’érudition de Peirce en matière de psycho-physiologie : c’est un grand lecteur de Helmholtz, Wundt et Fechner28. Tout à fait dans la ligne des travaux de Helmholtz et de la réflexologie russe qui s’en inspire, il soutient dans un texte célèbre qu’une grenouille décapitée qui réagit à une irritation par un mouvement réflexe effectue pour ainsi dire un syllogisme (la grenouille sans tête est fonctionnellement une machine logique, pourrait-on dire en termes putnamiens) : 27

Peirce est encore trop empêtré dans la syllogistique et la logique de Kant pour discerner clairement une thèse innovante qu’il soutiendra plus tard, celle du caractère mathématique de toute déduction, qui s’effectue par construction, observation, voire modification de diagrammes, seule procédure capable d’amener selon lui une conclusion nécessaire. Et dès lors la déduction va se scinder en deux, les inférences théorématiques, non triviales, et les inférences corollarielles, triviales ; cf. sur ce point C. Chauviré (2004 183).

28

Cf. Jastrow et Peirce (1884), un essai qui récuse l’idée de ‹ seuil ›.

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Un syllogisme en Barbara 29 a pratiquement lieu quand nous irritons la patte d’une grenouille décapitée. La connexion entre les nerfs afférents et efférents, quelle qu’elle soit, constitue une habitude nerveuse, une règle d’action qui est l’analogue physiologique de la majeure. Les troubles de l’équilibre du système ganglionnaire provoqués par l’irritation sont la forme physiologique de ce qui est, du point de vue psychologique, une sensation ; et du point de vue logique l’occurrence d’un cas. La décharge par la voie nerveuse efférente est la forme physiologique de ce qui est, psychologiquement, une volition, et logiquement, l’inférence d’un résultat. Lorsque nous passons des formes inférieures de l’innervation à ses formes supérieures, les équivalents physiologiques échappent facilement à notre observation. Mais, du point de vue psychologique, nous avons toujours 1) une habitude qui, sous sa forme la plus haute est compréhension et correspond à la majeure de Barbara ; 2) le sentiment ou la conscience présente correspondant à la mineure de Barbara, et 3) la volition qui correspond à la conclusion de Barbara 30 (2 711 ; cf. 6 144 ; 6 286). Ainsi logique, psychologie et physiologie du raisonnement s’entrexpriment, et on ne verra donc pas en Peirce un anti-psychologiste forcené en matière de logique : « La logique formelle ne doit pas être trop purement formelle ; elle doit représenter un fait psychologique ; sinon elle court le risque de dégénérer en un amusement mathématique » (2 710)31. En 1880, dans son premier essai intitulé « Sur l’algèbre de la logique » (3 154-161), puis en 1892, Peirce persiste à inscrire les procédures logiques dans des processus psycho-physiologiques (sur lesquels elles ‹ surviennent ›, diraient les philosophes de l’esprit contemporains) et à professer une épistémologie évolu29

Un syllogisme en Barbara est de la forme : tous les Athéniens sont grecs ; tous les Grecs sont mortels; donc tous les Athéniens sont mortels.

30

L’arc réflexe a également intéressé Dewey (1896).

31

Cf. sur ces questions plusieurs textes du volume 6 des Writings. Notons que le cas de la grenouille décapitée évoque irrésistiblement le fonctionnalisme de Putnam et Fodor puisque le raisonnement s’effectue sans le cerveau, annonce aussi en un sens le behaviorisme. Il est donc de nature à montrer la ressemblance, paradoxale mais souvent notée, entre fonctionnalisme et behaviorisme : selon le premier, peu importe que ce soit le cerveau ou autre chose qui raisonne entre l’entrée et la sortie, selon le dernier, le raisonnement peut se décrire entièrement en termes non mentaux, non cérébraux, de stimulus (entrée) et de réponse comportementale (sortie). Le point est intéressant à noter parce qu’on attribue parfois l’émergence du behaviorisme aux USA à l’influence du pragmatisme (mais en fait il dérive surtout de la réflexologie russe), et que les textes externalistes du jeune Peirce sur le mental sonnent comme du behaviorisme. La réalité des textes de Peirce est donc à saisir dans toute sa complexité.

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tionniste. La pensée comme « activité cérébrale » est « soumise aux lois générales de l’action nerveuse » (3 155) ; si la stimulation d’un groupe de nerfs provoque une irritation que l’action réflexe tend à supprimer, l’acquisition d’une habitude comme réponse à une irritation donnée s’explique par le fait que « tous les processus vitaux tendent à devenir plus faciles par la répétition ». On peut, à partir de la notion d’habitude cérébrale, reconstituer, de façon relativement continue, la genèse des procédures logiques en son entier : Une habitude cérébrale de la forme la plus haute qui déterminera notre façon d’agir dans l’imagination comme dans la réalité est appelée croyance. Quand nous nous représentons que nous avons une habitude spécifique de cette sorte, cela s’appelle un jugement [...] Le processus de développement (de l’habitude de croyance), dans la mesure où il a lieu dans l’imagination, est appelé pensée. Un jugement est formé ; et sous l’influence de l’habitude de croyance il donne lieu à un nouveau jugement, indiquant une addition à la croyance. Un tel processus est appelé inférence ; le jugement antécédent est appelé prémisse ; le conséquent, conclusion ; l’habitude de pensée qui détermine le passage de l’un à l’autre est le principe directeur (3 160). Ces processus ont pour fin dernière d’aboutir de façon communautaire à la vérité : Le logicien soutient que [...] [les excitations périphériques] sont toutes adaptées à une fin, celle de véhiculer la croyance, à long terme, vers certaines conclusions prédestinées qui sont les mêmes pour tous (3 160).

M achines logiques

32

Ajoutons que les habitudes d’inférence finissent par constituer une logica utens, logique naturelle implicite à l’œuvre dans nos raisonnements spontanés, voire encodée dans nos nerfs dans le cas du joueur de billard : « Une logica utens comme la mécanique analytique [...] se trouve dans les nerfs du joueur de billard » (Peirce 1995 155). Une fois thématisée et codifiée, la logica utens devient une logica docens, superflue dans la création mathématique spontanée qui suit sa propre logica utens : « Quiconque raisonne soutient quasiment ipso facto une doctrine logique, sa logica utens33 » (Peirce 2002 373). Plus encore, selon Peirce, 32

Cf. « Our senses as reasoning machines » (ms 1101).

33

On peut éventuellement traduire logica utens par ‹ logique d’usage › et logica docens par ‹ doctrine

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certains dispositifs physiques dont le fonctionnement met en œuvre une théorie sont des machines logiques bien meilleures que les calculatrices de l’époque, limitées à des calculs arithmétiques élémentaires. Les solides de différentes formes que les dessinateurs de navire draguent à travers l’eau parviennent ainsi à connaître les arcanes de l’hydrodynamique. Des morceaux de bois seraient donc apparemment de meilleurs raisonneurs que les cerveaux d’un Gauss ou d’un Stokes34. Pourquoi s’arrêter là ? N’importe quel appareil qui sert à faire des expérimentations pourrait d’après le même principe être une machine logique. Une machine à vapeur élaborerait à chaque révolution son problème de thermo-dynamique (2 58). Ces réflexions sont dans le prolongement de celles sur la grenouille décapitée qui effectue un syllogisme : comme elle, plus qu’elle, la machine à vapeur raisonne en accomplissant une révolution. La conception de Peirce peut se décrire en termes fonctionnels au sens de Putnam et Fodor: si on est fonctionnaliste, on peut remarquer que ces artefacts non mentaux, non cérébraux, non humains, non vivants, effectuent une tâche computationnelle (résoudre par exemple un problème de thermodynamique) : ce sont, du point de vue fonctionnel, des machines logiques plus sophistiquées que les machines de Babbage, Jevons et Marquand ; dans le langage de Putnam, leur fonctionnement est indifférent à la matière dans laquelle elles sont réalisées. Seuls comptent les rôles fonctionnels au sein de la machine, le cerveau humain n’étant pas nécessairement, comme l’affirme depuis toujours Peirce, le médium où s’effectue le raisonnement35 (la moelle épinière et les nerfs de la grenouille décapitée suffisent dans l’exemple mentionné ci-dessus) ; enfin, pour Peirce comme pour Putnam, le fonctionnement de ces ‹ machines › peut être décrit en termes mentalistes (la machine à vapeur raisonne). logique ›. La logica utens est selon Peirce une logique naturelle et spontanée que vient codifier la logica docens. Dans les années 1970, certains linguistes comme Lakoff ont cherché dans les langues naturelles une sorte de logique empirique (cf. McCawley 1981 1). 34

N’oublions pas, pour comprendre ce passage, que selon Peirce les lois opèrent réellement dans la nature : c’est donc l’opération en question qui est assimilée à une inférence.

35

« La pensée n’est pas nécessairement reliée à un cerveau ; elle apparaît dans le travail des abeilles, dans les cristaux et partout dans le monde purement physique » (4 550). Peirce dépsychologise la pensée pour en donner un modèle formel sémiotisé en termes d’action triadique) qui permet en principe de l’externaliser par rapport au cerveau humain ; ainsi la notion d’ ‹ intelligence scientifique › permet-elle d’envisager une forme de pensée - d’opération avec des signes - non nécessairement humaine (Chauviré 1995 51 & sq. ; 2000 53 & sq.). Les bases sont jetées pour le développement de l’idée d’une intelligence artificielle.

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Peirce aurait-il donc eu là une prescience du fonctionnalisme, en harmonie avec sa tendance à ‘sémiotiser’ et externaliser le mental ? Il s’est en tout cas fort intéressé à la préhistoire de l’intelligence artificielle et de la cybernétique, allant jusqu’à construire lui-même une machine logique électrique avec commutateurs. Pourtant il considère que pour raisonner vraiment comme un esprit humain, une machine devrait faire preuve d’une conduite délibérée et finalisée, et être capable d’effectuer des choix ; les seules activités intelligentes sont les activités finalisées, où opère la Tiercéité, ce qui n’est même pas le cas du métier Jaquard avec ses cartes perforées, trop ‹ mécanique › encore pour incarner une Tiercéité, ou du thermostat (5 473) : la simple régulation automatique ne suffit pas à faire une action triadique comme par exemple la ‹ sémiose › ou action du signe. Il ressort des propos de Peirce qu’une machine logique digne de ce nom, c’est-à -dire capable de ‹ mouliner › des inférences non triviales, de résoudre des problèmes mathématiques difficiles, et qui serait aux machines logiques du tournant du siècle ce que le métier Jaquard est au métier à bras, devrait pouvoir se contrôler elle-même et exercer ce qu’on appellera plus tard feed-back (Peirce suppose d’ailleurs l’existence dans l’esprit humain d’une hiérarchie de contrôles au cours du raisonnement, sans aller tout à fait jusqu’à l’idée récente d’une architecture fonctionnelle)36 . Toutes ces intuitions sont intéressantes, mais on est encore loin de la machine de Turing : Peirce n’est pas passé de l’idée, classique depuis Pascal, d’un mécanisme qui effectue des calculs comme un moulin moud le blé, à celle d’un automate abstrait comme celui décrit par Turing, qui n’a plus rien à voir avec les horloges et les automates de l’âge classique si bien évoqués par Descartes. Il fallait pour en arriver là un progrès décisif en logique mathématique (avec Gôdel, Church et Turing notamment) que Peirce n’imaginait pas.

L a stratégie du chercheur abductif Pour en revenir à cette espèce de logique naturelle que Peirce reconstruit en termes d’habitude nerveuse à partir des réactions réflexes, il soutient encore dans 36

À propos de la notion très importante chez lui de self-control, Peirce estime que la ‹ machine humaine › est, dans l’ensemble de ces actions (il ne s’agit pas ici seulement de l’esprit), « dotée d’un gouvernement automatique .comme n’importe quel moteur artificiel ; on sait en outre que dès que la machine se met à aller trop vite, le gouverneur de la machine est lui-même automatiquement contrôlé de manière à éviter une autre erreur, celle d’un changement trop soudain de vitesse ; de même et plus encore, la machinerie humaine est dotée d’un gouverneur automatique qui agit sur tous les gouverneurs afin de les réguler par une réflexion dont elle n’est pas par ailleurs dotée » (cité in Holmes 1966 122-123).

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« Thé Law of mind » , en 1892, que les trois sortes d’inférence « correspondent aux trois principaux modes d’action de l’âme humaine » (6 144) ; dans la déduction, [L]’esprit est sous la domination d’une habitude ou association en vertu de laquelle une idée générale suggère dans chaque cas une association correspondante. Or on voit qu’une certaine sensation implique cette idée. Donc cette sensation est suivie de cette réaction ; ainsi la réaction de la grenouille pincée est-elle ‹ la forme la plus basse de manifestation psychique › (ibid.). Peirce souscrit donc toujours à l’associationnisme, qui revêtira chez lui une ampleur inédite, par exemple dans Law of mind. L’induction est ce par quoi s’établit une habitude: lorsque certaines sensations, qui toutes impliquent une idée générale, sont toujours suivies de la même réaction, une association s’instaure et l’idée générale est suggérée par des sensations dans le processus psychique correspondant à l’inférence hypothétique. Peu à peu Peirce se souciera moins de cette logique naturelle et davantage d’articuler la déduction, l’induction et l’abduction comme les trois étapes complémentaires de la recherche, l’induction ne servant plus qu’à tester (par comparaison avec des faits expérimentaux) des prédictions déductivement tirées de l’hypothèse obtenue par abduction. La procédure abductive sera définitivement mise en vedette, notamment dans un texte sur la découverte par Kepler de l’ellipticité de l’orbite de Mars, « le plus bel exemple de raisonnement rétroductif jamais effectué » (1 74), où , en s’inspirant de Whewell, Peirce marque un nouveau point contre l’empirisme de Mill, lequel avait tiré dans un sens empiriste le De motu stellae Martis. La démarche de Kepler dans cet ouvrage semble à Peirce le meilleur exemple de rigueur et d’honnêteté dans la soumission patiente d’une hypothèse audacieuse aux tests les plus sévères possibles. Autre exemple magnifique : Pasteur, génie du guessing, prenant les hypothèses par ‹ brassées › avant de les éliminer une à une par bissection (1976 1 533-555) ; sans oublier Mendeleiev... La stratégie créative et éliminative de l’abduction s’affirme de plus en plus comme l’alternative proposée par Peirce à l’épistémologie positiviste. Le fondateur du pragmatisme critique frontalement le vérificationnisme direct de Stuart Mill (« aucune hypothèse n’est admissible si elle n’est pas susceptible de vérification par l’observation directe », 2 511, note) en arguant qu’il éliminerait l’histoire, entièrement fondée sur des hypothèses portant sur le passé. Dans la même veine, il critique aussi Mach37, Pearson auteur d’une Grammaire de la 37

Mach n’est pas tant critiqué comme positiviste que pour son refus lui-même métaphysique de la métaphysique, ou son refus a priori, métaphysique, de l’espace absolu newtonien (7 485), qui préjuge des faits et de l’expérimentation ; les a priori de Mach sont de nature à barrer la route à

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science, Poincaré (tous ‹ nominalistes ›38 selon Peirce), et même son ami William James qui considère métaphysique « toute tentative pour expliquer nos pensées phénoménalement données comme produits d’entités plus profondes et sousjacentes » (8 59) : le culte à cette conception ne reflète pas la pratique réelle des physiciens, qui ne s’interdisent nullement de renvoyer à des inobservables dans la théorie cinétique des gaz, elle est de nature à « barrer la route à la recherche ». Le pragmatisme n’empêche nullement la référence à des inobservables, même si, comme le positivisme, il accorde du poids à la vérification, mais entendue en un sens non positiviste : l’important est que l’hypothèse issue de l’abduction ait des conséquences expérimentales testables; ce n’est donc pas l’hypothèse qui est vérifiée directement : la confirmation des conséquences confirme en retour (plus ou moins) l’hypothèse. En décourageant les explications conjecturales, le positivisme (ou du moins l’idée que s’en fait Peirce) amputerait la science d’une bonne part de ses acquis. L’histoire n’existerait plus (on notera que la logique de l’abduction vaut autant pour l’histoire que pour la physique et la chimie). La connaissance scientifique ajoute toujours quelque chose au donné, aux faits observés (6 524), lesquels sous-déterminent, comme le dira plus tard Quine, les théories. Comme après lui Popper, Peirce revendique une épistémologie plus fidèle à la dynamique réelle de la science que le positivisme, valorisant l’audace des conjectures. Comme Meyerson critiquant Auguste Comte en 1921, il réclame pour la science un statut véritablement explicatif. C’est bien en réaction à Comte que s’est développée la logique de l’abduction.

Le naturalisme de peirce Au vu de l’analyse ‹ naturaliste › du syllogisme effectué par la grenouille sans tête, on peut se demander, en termes contemporains, si la philosophie de l’esprit de Peirce préfigure la théorie de la survenance du mental sur le cérébral (ou de la dépendance unilatérale du mental par rapport au cérébral : pas de différence mentale sans différence cérébrale), ou au moins les premières formes de l’émergentisme au XX siècle (celui, par exemple, de Samuel Alexander). Un l’enquête. Par ailleurs sa conception ‹ économique › des lois est jugée ‹ nominaliste › comme celle de Poincaré, et Peirce prend bien soin de dissocier son ‹ économie › de la recherche de l’idée machienne d’économie de la pensée. Il va de soi que Comte, Mach et Poincaré sont tous très différents en fait, mais Peirce est surtout sensible à ce qui les unit : leur conception non réaliste des lois naturelles, typique selon lui de l’épistèmè de cette époque... 38

Le terme revêt chez Peirce un sens très large, idiosyncratique, englobant tous les philosophes (Leibniz aussi bien que Hegel) qui ne croient pas à la réalité des universaux au sens scotiste, et notamment pas à la réalité des lois naturelles.

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texte de Peirce (6 268) suggère plutôt une sorte de parallélisme psycho-physiologique (notamment illustré au XIX siècle par Fechner) selon lequel l’esprit est de la matière vue de l’intérieur, et la matière, de l’esprit vu de l’extérieur. « En considérant une chose de l’extérieur, en considérant ses relations d’action et de réaction avec d’autres choses, elle apparaît comme matière. En la considérant de l’intérieur, en voyant que son caractère immédiat est le sentiment, elle apparaît comme conscience »39. La matière n’étant en fin de compte qu’une forme dégradée ou affaiblie (effete) de l’esprit, cela revient plus à spiritualiser la matière qu’à matérialiser ou naturaliser l’esprit (on notera les analogies avec Bergson). Pourtant, si la matière est de l’esprit engourdi, l’esprit est bien quelque chose de la nature, comme diraient aujourd’hui les philosophes de l’esprit naturalistes. Peirce ne le nie pas : « tout esprit participe plus ou moins de la nature de la matière » (ibid.), avoue-t-il volontiers. Mais à la différence des naturalistes contemporains, cette thèse est posée comme un postulat, au lieu d’être obtenue au terme d’opérations de réduction du mental à des entités physiques en interaction causale décrites en langage physicaliste. La philosophie du mental de Peirce, si complexe et foisonnante, a en réalité bien peu à voir avec les conceptions précises et strictement répertoriées de la philosophie de l’esprit contemporaine, et il n’y a guère de sens à chercher avec lesquelles d’entre elles elle est compatible ; la conception peircienne est sans doute un amalgame de plusieurs d’entre elles. Certes Peirce est bien, en un sens, naturaliste sur la question du mental (l’esprit est ancré dans la nature), mais pas au sens du matérialisme réductionniste de certains de nos contemporains, car sa position globale s’apparente à une forme de panpsychisme (comme d’ailleurs celle de Fechner) bien peu compatible avec les options de Dretske ou de Millikan (le seul point commun entre ces derniers et Peirce serait plutôt l’allégeance à Darwin). Le privilège exclusif accordé par ces auteurs aux relations causales étroitement considérées (réduites à la causalité efficiente40) est peu compatible avec une philosophie qui cantonne la causalité efficiente à l’Univers des Seconds en interaction pour laisser une place à la causalité finale dans l’Univers des Troisièmes41. Par ailleurs, 39

De fait, Peirce critique cette même doctrine en 1903 dans une Conférence.

40

La réduction à la cause efficiente, oublieuse des autres causes distinguées par Aristote, est d’ailleurs critiquée par Peirce dans la Sixième Conférence de Cambridge de 1898 (1995 259 & sq.). Dretske finit d’ailleurs par réintroduire une causalité structurelle en plus de la causalité efficiente.

41

Selon Peirce les entités de la deuxième catégorie - des individus physiques doués d’existence sont en interaction causale et duale (le vent cause la position de la girouette) ; ceux de la troisième (lois, habitudes, significations), qui n’existent qu’en s’incarnant dans des Seconds (la loi a besoin du bras du shérif pour être appliquée) que d’ailleurs ils gouvernent, opèrent selon une causalité finale qui nécessite l’existence d’une relation à trois termes (a fait b pour obtenir c). L’action causale

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la matière est plus ancrée dans l’esprit que l’esprit dans la matière, puisque, dans sa cosmologie évolutionniste, l’esprit vient avant et n’engendre la matière qu’en s’engourdissant42. Peirce est à l’évidence plus proche du ‹ positivisme spiritualiste › français43 de Ravaisson (dont il est difficile de penser qu’il n’a pas lu l’admirable essai De l’habitude, 183844), et de ses contemporains Lachelier, Boutroux, voire plus tard de Bergson, que des physicalistes d’aujourd’hui, résolument matérialistes. Plus proche aussi de James, dont le naturalisme, alimenté par la psycho-physiologie, mais compatible avec le spiritualisme, voire le spiritisme, revêt souvent des formes voisines dans les Principles of Psychology45.

n’existe donc qu ‘entre les Seconds, et le mental ne saurait être concerné par la causalité car il exige une relation triadique : il relève donc de la troisième catégorie, excédant le domaine de la causalité brute. C’est la raison pour laquelle la conception peircienne du mental a peu à voir avec le physicalisme contemporain, même dans ses versions non réductionnistes, à cause du caractère omniprésent donné par celui-ci aux relations causales. 42

« Ce que nous appelons matière n’est pas complètement mort, mais enserré dans des habitudes » (6 158) ; « les lois mécaniques ne sont rien d’autre que des habitudes acquises, comme toutes les régularités de l’esprit, y compris la tendance à prendre des habitudes elles-mêmes » (6 268). Dans la cosmologie évolutionniste de Peirce, les lois de la nature ne sont que des habitudes de l’esprit engourdi qui dégénère en matière, tout en continuant à suivre « la loi générale de l’action mentale » (« Law of mind » 1892). La disjonction esprit/matière est impensable dans le cadre du continuisme généralisé (‹ synéchisme ›) de Peirce ; la nature ne fait pas de saut quand elle passe de l’esprit à la matière et inversement (Peirce 1992 231 & sq.). Le synéchisme exclut le dualisme esprit/matière. Les lois de la nature n’ont pas toujours existé, selon la cosmologie peircienne ; ce qui est étrange, c’est qu’elles existent : à l’origine régnait le hasard, dont la part s’est peu à peu réduite (cf. sur ce point encore Wundt selon lequel le hasard est quelque chose qui s’élimine peu à peu) avec l’instauration progressive de lois de moins en moins inexactes (tolérant encore des déviations, les lois actuelles sont loin d’être exactes) : les lois elles-mêmes sont évolutives, comme le soutient par ailleurs Poincaré (1970 174-175). C’est une illusion scientiste de croire en un monde déterministe : selon Peirce la part des lois est très faible dans l’univers. Le hasard, ou la contingence, prédomine encore : on pense à Boutroux et à sa « Contingence des lois de la nature » de 1874, dédiée à Ravaisson. On peut aussi penser au texte plus tardif de Schrödinger, « Comment l’ordre naît du désordre » (1929), qui figure en appendice de Bouveresse (1993 295 & sq.). Pour en revenir à la philosophie de l’esprit de Peirce, comme dans le parallélisme de Fechner (cf. Dupéron), on a affaire à une seule substance bi-face (selon le point de vue pris sur elle, elle matière ou esprit), comme chez Pechner encore, ou à un panpsychisme animiste. L’esprit n’est donc pas le privilège exclusif de l’homme mais le déborde de toute part.

43

Bien décrit par A. Fagot-Largeault (Fagot-Largeault, Andler & St Sernin 2002 956 & sq.), qui cite d’ailleurs Peirce 958. Rappelons en outre que Peirce était parfaitement francophone, lisait Fouillée, Renouvier, Delbœuf, et était en correspondance avec Renouvier.

44

Ravaisson et Peirce ont en commun des références massives à Aristote et Schelling.

45

Quant à Dewey, la comparaison de son naturalisme avec celui de Peirce mériterait toute une étude, que nous n ‘entreprendrons pas ici.

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Peirce et le faillibilisme La plupart des thèses épistémologiques et méthodologiques du jeune Peirce vont s’agréger pour former, à la fin du XIXe siècle, une logique de la recherche en harmonie avec le pragmatisme et sa maxime, sensible au caractère dynamique de l’enquête scientifique. Les textes de jeunesse ont solidement établi 1) que la recherche est un processus qui s’auto-corrige et un travail communautaire voué à trouver à long terme la vérité (souscrivant néanmoins à une conception faillibiliste du savoir scientifique, Peirce doit conjuguer optimisme à long terme et pessimisme à court terme : il se peut que les chercheurs errent pendant des siècles, nos acquis scientifiques sont en sursis), et 2) que la proposition d’une hypothèse nouvelle pour expliquer un fait surprenant est une inférence abductive en bonne et due forme qui demande à être complétée par une déduction et une induction. En son âge mûr, Peirce considère ces trois raisonnements comme les trois étapes complémentaires et articulées de la recherche, qui elle-même doit être gérée dans un souci d’économie. L’esprit général de cette conception de la recherche est globalement falsificationniste 46 : l’induction, qui consiste à comparer les prédictions déduites de la théorie avec des faits expérimentaux, « nous autorise à soutenir une théorie pourvu qu’elle soit telle que, si elle implique la moindre fausseté, l’expérimentation doive un jour ou l’autre la repérer » (Peirce 2002 434) ou, éventuellement, faiblement justificationniste : les résultats scientifiques que nous appelons ‹ vérités établies › ne sont que des « propositions sur lesquelles l’économie des essais prescrit que, pour l’heure, toute recherche supplémentaire cesse » (Quatrième Conférence de Cambridge, 1898). La stratégie du chercheur est foncièrement éliminative, allant d’emblée aux hypothèses les plus faciles à réfuter. Peirce attribue à l’induction le rôle faiblement justificationniste d’une confirmation à laquelle néanmoins ne s’attache aucune probabilité définie (on est au plus loin de l’inductivisme probabilitaire de Carnap, et même de celui de Reichenbach dont il anticipe pourtant la conception fréquentiste de la probabilité47) : les prédictions obtenues par déduction à partir de la théorie, concernant 46

En cela Peirce anticipe évidemment Popper, mais aussi Jean Nicod (1961) et sa théorie de 1 ‘ ‹ induction par infirmation › dans Le problème logique de l’induction. Avant Popper, Nicod a repéré la dissymétrie qui existe entre confirmation et infirmation : « Un cas favorable accroît plus ou moins la vraisemblance de la loi, alors qu’un cas contraire l’anéantit complètement [...] Des deux actions élémentaires des faits sur les lois, l’action négatrice est donc la seule certaine » (24).

47

En 1905, la probabilité est toujours définie comme « le rapport (ratio) connu de la fréquence d’un événement futur spécifique à un événement futur générique qui l’inclut » (Peirce 2003 196). Attribuer selon lui une probabilité définie à une théorie n’aurait de sens que si nous pouvions comparer entre eux des univers et dire dans quelle proportion d’entre eux elle est vraie: « Cela veut-il dire que si nous

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aussi ce qui se passerait si la théorie n’était pas vraie, sont soumises au test inductif (Septième Conférence de 1903, in Peirce 2002 431). Mais c ‘ est seulement du point de vue de la pratique qu’on peut se fier à cette corroboration : Un grand échantillon a maintenant été constitué à partir de l’ensemble complet des occasions au cours desquelles la théorie est comparée au fait, et une proportion écrasante de ces occasions - en réalité tous les cas qui se sont présentés - s’est révélée confirmer la théorie. Aussi, dit la pratique, puis-je présumer de façon sûre qu’il en sera ainsi dans la plupart des cas où je me fonderai sur la théorie, surtout parce qu’ils ressembleront étroitement à ceux qui ont été bien mis à l’essai (Peirce 1995 237). La théorie peut donc être matière à croyance (« croire, c’est consentir à risquer beaucoup sur une proposition »), mais du seul point de vue de la pratique. Or, du point de vue de la science pure, qui, ayant des idéaux plus élevés, et une ‹ visée ultime ›48, n’a rien à voir avec la croyance, de telles inférences scientifiques « n’ont aucune probabilité et ne sont pas matière à croyance » (ibid.). La ‹ probabilité › qu’offre le test inductif n’a en fait de valeur que pratique. Cette conférence de 1903 permet ainsi de hiérarchiser la recherche pure et désintéressée. Animée par le ‹ véritable Eros scientifique › (l’amour de la vérité), valable sur le long terme, et l’économie de la recherche, valable sur le court ou le moyen terme - deux points de vue qui semblaient incompatibles : de fait, même si les exigences de la pratique prédominent dans la vie quotidienne, la science n’a de sens que comme quête de la vérité qu’elle est finalement vouée à atteindre. En tout cas, la finalité d’une hypothèse explicative est, conformément à la dialectique du doute et de la croyance, « de faire en sorte d’éviter toute surprise et de conduire à l’établissement d’une attente positive qui ne sera pas déçue » (« Septième Conférence de 1903 », in Peirce 2002 432). Dans cette même conférence, qui représente l’état le plus achevé de sa pensée sur la question, Peirce lient enfin à souligner le plein accord du pragmatisme avec la logique de l’abduction ; plus encore, les deux ne font qu’un, sans avoir les inconvénients du positivisme, permettant l’ « envol de l’imagination, pourvu que cette imagination atterrisse pour finir sur un effet mettons un grand nombre d’univers dans un sac, que nous le secouons bien et en tirons un au hasard, ce sera là le résultat moyen ? » (ibid.). Une telle procédure n’a évidemment aucun sens pour lui (cf. 2 673 ;2 780 ;2 748 ;1 92 ;5 195). À défaut d’attribuer une probabilité définie à une théorie, l’induction permet « une confiance proportionnelle dans le fait que les expérimentations qu’il reste à tenter confirmeront la théorie » (2003 195). 48

Dans la cinquième Conférence de Harvard de 1903, Peirce définit une visée ultime comme « ce qui serait poursuivi dans toute les circonstances possibles - c’est-à -dire même si les faits contingents établis par les sciences spéciales étaient entièrement différents de ce qu’ils sont » (Peirce 2002 376).

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pratique possible » (ibid.). Il revenait aux Conférences de 1903 de parachever cette synthèse épistémologique. Peirce n’aurait sans doute pas imaginé la fortune que devait connaître à la fin du XXe siècle, grâce à l’intelligence artificielle, sa notion de raisonnement abductif. « L’Intelligence Artificielle (IA) utilise fréquemment le raisonnement abductif comme méthode de génération d’hypothèses pour un ensemble d’événements, une théorie du domaine étant donnée. Le champ privilégié d’application est le diagnostic », notamment le diagnostic médical, écrit Philippe Dague, chercheur en intelligence artificielle (Houdé et al. 1998 23-24). Convenablement formalisée, l’abduction joue aussi un rôle dans plusieurs autres tâches de résolution de problèmes comme la planification, la compréhension du langage naturel, l’apprentissage automatique, etc. De fait, le champ des applications de l’abduction est encore plus large, incluant la psychologie, et s’il ne s’agit toujours pas d’une logique unifiée de la découverte, l’abduction en offre en tout cas beaucoup d’éléments intéressants ; elle reste seule en piste en matière d’ ‹ inférence à la meilleure explication ›49.

Bibliographie Bouveresse, Jacques. L’ homme probable. Robert Musil, le hasard, la moyenne et l’escargot de l’Histoire. Paris: Éditions de l’Éclat, 1993. Chauviré, Christiane. Peirce et la signification: Introduction à la logique du vague. Paris: PUF,1995. ---.La philosophie dans la boîte noire. Cinq pièces faciles sur Wittgensttein. Paris: Kimè, 2000. ---. « De Vienne à Cambridge. La maxime pragmatiste et sa lecture vérificationniste ». En Chauviré, Ch.: Le grand miroir. Essais sur Peirce et sur Wittgenstein, Besançon: Annales de l’Université de Franche-Comté, 2004. Chomsky, Noam: Language and Mind. Cambridge: Cambridge University Press. 1968. [Traduction française: Le Langage et la pensée. Petite bibliothèque Payot, 2001]. Dupéron, Isabelle. G. T. Fechner: le parallélisme psychophysiologique. Paris: PUF, 2000. 49

Cf. dans van Fraassen (1994). la critique de l’inférence à la meilleure explication, correctement rapportée à Peirce et présentée comme un modèle si fort qu’il faut, pour le récuser, se passer du concept de loi de la nature.

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Fagot-Largeault, Anne; Andler, Daniel & Saint-Sernin, Bertrand. Philosophie des sciences.Vol.1 & 2. Paris: 2002. Folio Essais (poche). Girel, Mathias. Conduite et croyances dans le pragmatisme. Thèse pour obtenir le titre du docteur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2007. Holmes, Ernest. The science of mental. 31th. ed. New York: Dodd–Mead, 1966. Hookway, Christopher.Truth, Rationality and Pragmatism: Themes from Peirce. Oxford: Oxford University Press, 2000. Houdé & al. Vocabulaire de Sciences Cognitives: Neuroscience, psychologie, intelligence artificielle, linguistique et philosophie. Edité par Olivier Haudé, Daniel Kayser, Olivier Koening, Joëlle Proust, François Rastier. Paris: PUF, 1998. Kuhn, Thomas Samuel. The structure of scientific revolutions. 3ª Ed. Chicago: The University of Chicago Press, 1996. McCawley, James D. Everything that Linguists Have Always Wanted to Know About Logic (but were Ashamed to Ask). University of Chicago Press, 1981. Blackwell, 1982. (hardback), (paperback) / 2ª ed. University of Chicago Press, 1993. Nicod, Jean. Le problème logique de l’ induction. Paris, 1923 (Thèse complémentaire Univ. Paris); sur la page du titre: Bibliothèque de philosophie contemporaine. Peirce, Charles Sanders. Collected Papers. 8 vols. Edited (1–6) by Charles Hartshorne and Paul Weiss and (7–8) by Arthur Burks, Cambridge: Harvard University Press, 1931–1958. ---.1859-1892, Writings of Charles S. Peirce, A Chronological Edition [W], Vol. 1–6 & 8.Peirce Edition Project (PEP), 1982–. ---.The fixation of belief .Popular Science Monthly 12 (November 1877), 1-15. New York: D. Appleton–The Science Press. [Traduction française: Comment se fixe la croyance]. ---.La Logique de la Science, avec deux articles: « Comment se fixe la croyance » et « Comment rendre nos idées claires », publiés en français dans la Revue philosophique de la France et de l’étranger en 1878 et 1879. Troisième année, Tome VI, décembre 1878 et quatrième année, tome VII, janvier 1879. Paris: PUF. ---. Écrits sur le signe. Rassemblés traduits et commentés par G. Deledalle. Paris: Le Seuil, 1978. Coll. L’ordre philosophique.

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Aux sources de la théorie de l’enquête [...] - Christiane Chauviré

---. The Essential Peirce [EP], 2 volumes, Edited (1) by Nathan Hauser and Christian Kloesel and (2) by PEP editors. Indiana University-Bloomington, 1992-1998. ---. Œuvres de C.S.Peirce, sous la direction de C. Tiercelin chez CERF, Paris, 2002, 2003, 2006. Trois volumes sont déjà parus: vol 1 : Pragmatisme et pragmaticisme, 2002. Vol. 2 : Pragmatismes et sciences normatives, 2003. Vol. 3 : Écrits logiques, 2006. ---. Reasoning and the Logic of Things collects in one place Peirce’s 1898 series of lectures invited by William James. Edited by Kenneth Laine Ketner, with commentary by Hilary Putnam.Harvard, 1992. Poincaré, Henri. La valeur de la science. 1ère. édition, Paris: Gallimard, 1905. Popper, Karl. Un univers de propensions: deux études sur la causalité. 1990, trad. Alain Boyer. Combas: Editions de l’Eclat, 1992. ---. Logique de la recherche scientifique, 1934 (1959 pour la traduction anglaise), trad. Nicole Thyssen-Rutten et Philippe Devaux, préface de Jacques Monod, Paris: Payot, 1973. Quine, Willard Van Orman. Ontological Relativity and Other Essays. New York: Columbia Univ. Press, 1969. Van Fraassen. Laws and Symmetry. Oxford: Oxford University Press, 1989. French translation and introduction by C. Chevalley. Paris: Vrin, 1994. Valéry, Paul. Cahiers I, II. Edition par Judith Robinson-Valéry. Paris: Gallimard, 1973-1974. Bibliothèque de la Pléiade.

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Acerca de los orígenes de la teoría de la investigación: la lógica de la abducción en Peirce 1

Christiane Chauviré2

R esumen El pragmatismo de Peirce proviene del deseo de ir más allá de la visión positivista de la ciencia hacia una concepción dinámica de la investigación, como dialéctica de la duda y la creencia, y de la lógica de la abducción que ofrece una explicación de los hechos por medio de hipótesis probables. Él unifica así su filosofía a través de la relación entre la abducción, el pragmatismo y el realismo. Este estudio presenta la articulación de las tres formas de inferencia como tres etapas complementarias de la investigación: a) la abducción, basada en el principio de economía de la investigación, determina la eliminación rápida de las hipótesis susceptibles de fallar en la prueba y sugiere que algo puede ser; b) la inducción, que es auto-correctiva a largo plazo, determina su valor y muestra que alguna cosa es realmente operativa; c) la deducción desarrolla las consecuencias necesarias de una pura hipótesis, prueba que algo debe ser. Su justificación es que, a partir de esta sugerencia, la deducción extrae una predicción que puede ser probada por inducción y que, si debemos aprender alguna cosa, debe ser a través de la abducción, de que aquello se debe hacer, siendo así la abducción un aspecto clave en la investigación. Así mismo se muestra el contexto epistemológico y filosófico de Peirce: su polémica con el determinismo (superioridad de la irregularidad de la naturaleza), su filosofía naturalista de lo mental, integralista con la interrelación de la lógica, la psicología y la fisiología del razonamiento (no es un anti-psicologista fanático). En esta última las tres formas de inferencia tienen fundamentos fisiológicos diferentes: la inducción es la fórmula lógica que expresa el proceso fisiológico de la formación de un hábito, la creencia en una regla es un hábito; la deducción corresponde al elemento volitivo del pensamiento; la abducción se presenta como forma de adquisición de una sensación secundaria. Igualmente, se muestra su interés por la inteligencia artificial y la cibernética antes de sus primeras bases de los años 40. Palabras clave: pragmatismo, abducción, inferencia, investigación científica, deducción, inducción fisiología de la lógica. 1

Agradezco a Mathias Girel y Guillaume Garreta que dieron sugerencias preciosas, así mismo a Bruno Karsenti y Louis Quéré por los aportes que dieron a mi texto.

2

Doctor en Filosofía. Profesora de Filosofía en la Université de la Sorbonne-Paris I.


Acerca de los orígenes de la teoría de la investigación - Christiane Chauviré

“Que no se detenga el camino de la investigación”. “La duda viviente es la vida de la investigación. Cuando la duda desaparece, la investigación debe terminar” (Charles Sanders Peirce).

El pragmatismo y la abducción: una concepción no-positivista de la investigación Tal vez es en la crítica de la epistemología positivista (cuyo blanco es Augusto Comte), basada en lo factual y la verificación, o de su versión nominalista (que al reducir los universales de la ciencia no cree en la realidad de las leyes de la naturaleza)3, que Peirce es uno de los más ilustrados en materia de la filosofía de la ciencia. La invención del pragmatismo proviene del deseo de ir más allá de la visión positivista de la ciencia hacia una concepción dinámica de la investigación (Research), paralela a la teoría de la encuesta (Inquiry) como dialéctica de la duda y la creencia, y a una lógica de la abducción4 (o retroducción) como procedimiento que ofrece una explicación de los hechos. La muy innovadora dialéctica de la duda y la creencia que él propone en 1877 en “Comment se fixe la croyance” (“Cómo se fija la creencia”) tomada como esquema de regulación de toda encuesta, se aplica perfectamente en el caso de las ciencias, en el que el motor de la encuesta es la ‘irritación’ de la duda que viene a atacar un estado en reposo y estable de la creencia5. Pero el espíritu no se satisface de la duda, al contrario el aspira a encontrar otra creencia estable en la cual descansar6 . Además, a la derrota de la teoría dominante, sucede 3

Al reaccionar a las visiones descriptivas o instrumentalistas de la ciencia, muy ‘nominalistas’ a su parecer, el Peirce maduro se pronuncia por un realismo de leyes naturales, disposiciones (would be) que operan realmente en el universo, lo cual está sin embargo regido por el azar objetivo (él va a polemizar, a partir de este tema, contra el determinismo de Paul Carus). Las leyes aún toleran las desviaciones, lo que prueba que éstas se formaron a partir de un caos inicial; el determinismo es una ilusión cientificista. El desorden es físicamente real sobre el realismo peirciano que concierne las leyes (cf. van Fraassen 1994; cap. 2).

4

Es a Chomsky (1968) más que a N’R. Hanson a quien se debe una popularización de la abducción peirceana, caído en el olvido desde hace mucho tiempo.

5

Los textos de C. S. Peirce en el contenido del texto se referencian así: para aquellos extraídos de los Collected Papers (1931-1958), 5 123 significa vol. 5, § 123; para aquellos extraídos de Writings (1982- ),W3: 123 significa vol. 3, p. 123.

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La interacción duda/creencia parece gobernada por un principio de regulación psico-fisiológica

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siempre la búsqueda y el establecimiento de un nuevo estado de la creencia7, un esquema que se aparta de los cánones positivistas para prolongar la visión dinámica de la ciencia de Whewell y anticipar tanto a Popper como a Kuhn, con el requerimiento para las ciencias naturales, de una explicación cuando aparecen hechos contrarios a lo que esperamos. Pero esta explicación debe cumplir criterios racionales en línea con la ‘máxima pragmatista’ según la cual el significado de una expresión reside en las consecuencias prácticas concebibles que se pueda alcanzar: si el significado de un término (que la semántica del siglo XX ha llamado ‘disposicional’, según Carnap y Popper) como ‘duro’ en ‘este diamante es duro’, se explica completamente por una lista de condicionales ‘contrafactuales’8, en la que el antecedente enuncia una operación o una experiencia que debe efectuarse y el consecuente como el resultado observado paralelamente, [L]a explicación debe ser una propuesta que conduzca a la predicción de hechos observados como consecuencias necesarias, o al menos muy probables en dichas circunstancias. Entonces, se debe adoptar una hipótesis que sea plausible en sí misma y que hace que los hechos sean creíbles. Lo que llamo “abducción” es la etapa en la que se adopta una hipótesis, en la medida que ésta es sugerida por los hechos (7 202)9. que supone la tendencia del espíritu para encontrar un estado estable después de una perturbación: existen antes de esta época, los textos sobre las ciencias normativas que colocan prioritariamente los fenómenos de auto contrato y de auto regulación en la ‘maquina’ humana (8 320); Peirce parece anunciar ciertas ideas cibernéticas de Ashby. Se podría acercar esta idea a una tendencia de lo mental, volver a la estabilidad de un principio enunciado por Valéry en los Cahiers, y que anticipa, él también, la cibernética, en donde el espíritu se manifiesta por el retorno (o la tentativa de retorno) del sistema vivo a un estado que se ha dejado de lado. La fijación de las creencias participa entonces de un proceso espontáneo de regulación mental. 7

Cf sobre la revisión de Peirce de la teoría de la investigación, Murphey (357).

8

‘Contrafactuales’ luego del giro realista de Peirce pero, en un primer tiempo, materiales. (Cf. Chauviré 2004 97-106). La concepción realista y disposicional que tiene leyes naturales (como fuerzas que operan realmente en la naturaleza) del Peirce de la madurez lo obliga a utilizar condicionales contrafactuales para enunciarlos.

9

La abducción extrae su capacidad innovadora al introducir en la investigación la formulación de una hipótesis que puede ir más allá de los fenómenos observados, incluso observables, hipótesis que dice que hay una buena razón para creer en ella porque, si ella fuera verdadera, el hecho observado se produciría. Este contrafáctico une de manera nómica lo observado a la hipótesis que lo explica. Este tipo de razonamiento no tiene nada que ver con una inducción o una deducción, es por excelencia el razonamiento de los detectives de la novela policiaca, como lo ha anotado claramente Hintikka.

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Así entendido el pragmatismo, no como doctrina, sino como aplicación de una máxima, es tanto lo que puede explicar el sentido o tenor racional (rational purport) (5 428)10 de las palabras y frases, purificando de esta manera la filosofía de su falta de sentido metafísico, y aquello que puede orientar la investigación científica en la dirección correcta, la de la propuesta racional y regulada de nuevas hipótesis que deben ser probadas en la experiencia. Peirce no dice que su famosa máxima es en realidad salida del laboratorio, obtenida de la sana metodología experimental, del método del físico o químico; la máxima pragmatista aplicada a las Ciencias Naturales proporciona a su vez los medios para exponer la verdadera lógica (dinámica) de la investigación, el buen orden de la ciencia. Por lo tanto, para identificar pragmatismo y lógica de la abducción, no hay más que un paso, que Peirce no duda en hacerlo, en la Séptima Conferencia de Harvard de 1903 (5 196-5 197), regresando más de treinta años después a la máxima pragmatista y a la pregunta sobre la abducción.

El futuro de la ciencia Hemos demostrado previamente en un estudio que la lógica peirceana de la abducción podría ser calificada sin duda de ‘falsacionista’, siendo en realidad gobernada por una meta-regla: el principio de economía de la investigación (economy of research), que determina eliminar, lo más rápidamente posible, las hipótesis susceptibles de fallar en la prueba, con el fin de no perder tiempo y dinero para despejar el camino de la investigación: la refutación es, como más tarde en Popper, el motor de la investigación. La economía implica el ‘refutar’. Cualquier ‘verdad’ científica está al margen, pero si la investigación humana en el corto plazo va de refutación en refutación, a largo plazo tiene un significado definido, predestinado; las opiniones, estando entonces destinadas (fated) a converger para producir la única representación verdadera de la realidad. De hecho, si hay en la ciencia un trabajo de lo negativo, los hombres no siempre pueden estar condenados a fracasar en sus inducciones11. La inducción tiene una característica auto-correctiva a largo plazo (no a corto plazo), sobre la cual las compañías de seguros prevén: “sólo sabemos que al aceptar las conclusiones inductivas, nuestros errores se equilibran. En efecto, las compañías de 10

Anotemos el paralelismo entre este ‘tono racional’ y la ‘significación cognitiva’ explicada por la máxima verificacionista de los neo-positivistas, cincuenta años más tarde.

11

Como lo hacía notar espiritualmente Quine “Las criaturas que se equivocan de manera persistente en sus inducciones tienen una tendencia patética aunque loable al morir antes de reproducir su especie” (1969).

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seguros proceden por inducción, estas no saben qué pasará con los asegurados individuales, sólo saben que a largo plazo no tienen nada que temer” (5 350). La razón es, según Peirce (“Quelques conséquences de quatre incapacités” (“Algunas consecuencias de cuatro incapacidades”) 2002 37-72) que existe o existiría un real bajo el cual, si la investigación es llevada a largo término, todos los hombres están destinados a llegar a un acuerdo de realidad, identificándose a aquello sobre lo cual hay o habrá un acuerdo definitivo de la comunidad ilimitada de investigadores (5 311). Así, la ‘perfección ideal del conocimiento’ sería a largo plazo12 una característica de esta comunidad perfectamente desinteresada. Los investigadores obedecen, en consecuencia, a una norma de racionalidad, como diría Davidson. No porque ellos sólo obedecen a su instinto, que pasa a ser, según la evolución y la adaptación de nuestra espíritu a su entorno, un instinto racional; éste los empuja a tener confianza en un proceso destinado a llegar, a largo plazo, a la verdad absoluta, aunque, de hecho y en el corto plazo, los científicos están buscando a tientas o vagan por siglos. Esto no tiene nada que ver con la adopción de un estándar de racionalidad para interpretar la realidad en el sentido de Davidson o de Dennett, que concuerda con una epistemología no instrumentalista. Sin embargo, Peirce es realista, o más bien lo será totalmente a su edad madura. Este acuerdo último supone ‘la teoría social de la lógica’ o el ‘socialismo lógico’13, según el cual ninguna inferencia no sabría tener, por pequeña que puede ser, un carácter no-comunitario, puramente egoísta e interesado (se puede llamar a esto community view de la lógica de la ciencia, o ‘el argumento en contra de la naturaleza privada de las inferencias’): “El que reconoce la necesidad lógica de una identificación completa de sí mismo, de sus propios intereses a los de la comunidad [...] percibirá que sólo las inferencias del hombre que hizo ésta [identificación] son lógicas” (5 356). “El que no sacrificara su alma por salvar el mundo, es ilógico en todas sus inferencias, colectivamente. Así, el principio social está intrínsecamente arraigado en la lógica” (5 354). 12

13

Notemos que la expresión in the long run se usa por los economistas de la época. A propósito de la convergencia a largo plazo de las opiniones, se puede anotar que Peirce propuso en 1873, en “On the theory of errors of observation” (W 3), un modelo probabilístico para la aproximación inductiva de un punto de convergencia, modelo en el cual se inspira sin duda en “Comment rendre nos idées claires” (cf. Kuhn 1996). Peirce se inspira, a este propósito, en Alexander Bain, frecuentemente mencionado, pero también de John Venn que evoca la comunidad ilimitada como sujeto ‘lógico’ de una justificación probabilista de las decisiones individuales. Acordémonos también que Kant hablaba de un ‘egoísmo lógico’ (para estigmatizarlo).

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Si pudiéramos llamar ‘argumento de no-apuesta de Peirce’ a la idea de que si nosotros estamos ya encaminados —contrariamente a lo que dice Pascal— no hay ninguna apuesta: [N]osotros no queremos saber el peso de las razones por y de las razones en contra —es decir cuánto es lo que deseamos apostar en tal empresa de largo plazo— porque no hay largo plazo en ese caso […]. Estamos en la situación de un hombre para quien se trata de una cuestión de vida o muerte (5 354). La creencia es como la apuesta, que asume riesgos financieros para apoyar una propuesta, que no tiene cabida en la ciencia pura, [C]uyos puntos problemáticos son nulos en el caso de empresa temporal, pero que al contrario está en búsqueda de verdades eternas [...] y que concibe esta búsqueda, no como la obra de una sola y única vida, pero como aquella, perseguida indefinidamente, por varias generaciones (7 606). No podemos actuar de manera racional, con la esperanza de tener éxito, sentimiento que es ‘imperativamente exigido por la lógica’. Desinteresada, la ciencia no tiene nada que ver a largo plazo con los problemas prácticos en la resolución de los cuales ella no trabaja, al menos en un principio, aún si es posible que en el corto plazo ella contribuya (cf. Hookway 142; Chauviré 2000 64). Razón por la cual no hay ningún lugar para la creencia en la ciencia: [L]a creencia plena es la voluntad de actuar como se propone en las crisis vitales [...]. Pero la ciencia pura no tiene nada que ver con la acción. La proposición que ella acepta, simplemente se inscribe en la lista de las premisas que ella se propone utilizar (Primera Conferencia de Cambridge 1 635). Esto, porque los científicos no ‘creen’ en sus enunciados (en el sentido de que si uno cree en una proposición, se está dispuesto a apostar por ella), que no tienen miedo a buscar sus defectos y están dispuestos a dejarlos del todo, si la experiencia los encuentra ‘falseables’. Se muestra a qué punto Peirce se presenta aquí muy poco pragmatista en el sentido banal del término, oponiéndose a toda visión utilitaria de la ciencia, no privilegiando ninguna racionalidad instrumental en el sentido de Max Weber dentro del campo científico; la racionalidad práctica es absorbida por la racionalidad teórica. El desinterés del investigador14 puede aparecer perfecta14

Nosotros ya habíamos anotado que en realidad Peirce define aquí un ethos científico o una

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mente en contradicción con los intereses de la economía que requiere de una investigación planificada; pero una cosa es la gestión de la investigación y otra cosa es el estudio de sus verdaderos motivos y resortes, y de su destino final. A lo cual podemos añadir, con un guiño a Chomsky y Putnam, la ‘hipótesis de la mismidad’, basada en la lectura de Darwin: si el espíritu no estuviera, en el curso de la evolución, adaptado a la comprensión del mundo, ninguna ciencia sería posible15, tenemos por lo tanto concepciones innatas como las tres categorías: “el organismo entero de la lógica puede ser mentalmente extraído y desarrollado a partir de las tres concepciones de Primero, Segundo y Tercero” (3 W: 3 \ 9; citado en Hookway 168). El socialismo lógico, [E]n materia de la filosofía de las ciencias es intrínseco al pragmatismo de Peirce, no obstante, será separado del pragmatismo ulterior para alimentar la ética comunicacional de Apel y de Habermas, o para ponerse al servicio de una visión idealizada, incluso utópica, de la investigación científica (Chauviré 2000 64). Sólo Putnam y Hookway reconsideraron críticamente la idea de una verdad fatalmente obtenida en última instancia, en el límite ideal de la investigación de una comunidad ilimitada, incluyendo toda inteligencia científica, humana o no.

L a forma lógica de la abducción Paralelamente a la teoría de la investigación científica, Peirce trabaja desde los años 1860 en un estudio formal de tres tipos de inferencia lógica: la deducción, la inducción y la abducción. Los desarrollos considerables de su concepto de abducción, a raíz de su trabajo en lógica formal, y de su re-lectura muy personal deontología profesional, incluso una ideología, porque él no describe los verdaderos procesos de los investigadores (Chauviré 2000 82). Peirce parece pensar que el ideal que él define es real, e inclusive que el descubrimiento a largo plazo de la verdad en el límite de la investigación es necesaria porque es predestinada. 15

“¿Cómo se ha hecho para que el hombre no haya llegado a concebir una teoría verdadera?”, escribe Peirce en 1903. “¡No es de casualidad porque hay más de un ‘trillón’ de teorías posibles! Así como el polluelo que, apenas nacido, tiene la ‘idea innata’ de picotear su comida, el hombre está “dotado de una disposición innata al descubrimiento de verdades positivas” (2003 178). Estas ideas innatas resultan de la evolución y tienen un valor de sobrevivencia: “el intelecto humano está implantado en el hombre sea por un creador, sea por un efecto casi intencional de la lucha por la existencia, casi y solamente para asegurar la continuación de la humanidad” (196). Cf. también: “habiéndose desarrollado bajo la influencia de las leyes de la naturaleza el espíritu del hombre piensa naturalmente, por esta razón, según el patrón [pattern] de la naturaleza” (7 39, Ms 687, Guessing. 1907). Se puede pensar en las ideas a priori naturalizadas de Popper, él también epistemólogo evolucionista.

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de los Analíticos Primeros, interferirán y alimentarán su reflexión sobre la dinámica de las ciencias. Una de las tareas importantes a las que se dedicó el joven Peirce fue la clasificación de los argumentos lógicos y la evaluación de su validez. La gran novedad que él aporta es que agrega una tercera forma de inferencia, la abducción, a las otras dos, reconocidas por Aristóteles: la deducción y la inducción. Tomando en principio el término de Kant, Peirce llama esta inferencia ‘hipotética’, término que luego abandonará por denominaciones menos clásicas como presunción, ‘retroducción’ y en especial la abducción, palabra que traduciría la apagōgé de Aristóteles16. Él se propone identificar la especificidad de esta tercera forma de inferencia con respecto a las otras dos; la cuestión no es sólo lógica, es epistemológica, ya que también se trata de ver en esta tercera forma aquella que introduce una hipótesis científica, y que —ésta es la originalidad de Peirce— no se limita solamente a la inducción. Hasta entonces, los autores veían en la inducción ya sea la fuente de las hipótesis, o ya sea que consideraban que esta introducción no tenía nada que ver con una buena inferencia en debida forma. Sin embargo, y aquí es donde Peirce innova, la propuesta de una nueva hipótesis es una inferencia, y una inferencia irreductible a la inducción (y a la deducción). En términos generales, la abducción incluye todos los procedimientos que conducen a la adopción de una nueva hipótesis, es decir, 1) la invención propiamente dicha de la hipótesis (acto de adivinación o de conjetura basado en un instinto racional como il lume naturale que inspiró a Galileo), 2) la formulación del razonamiento abductivo, y 3) la selección de la hipótesis para probarla con preferencia a otras. Sólo el paso 2 pertenece en realidad a la lógica formal: es la abducción en sentido estricto. Las tres formas de la inferencia se estructuran así, Peirce retoma el vocabulario de la lógica de Kant: • Inferencia • Explicativa (analítica) Deducción • Abducción • Complementaria (sintética) • Inducción Las inferencias explicativa y complementaria, analítica y sintética se diferencian, como en Kant, en que sólo la deducción es una inferencia necesaria; en los otros dos casos [abducción e inducción], la conclusión amplifica en lugar de explicar 16

Traducción bastante problemática porque Aristóteles emplea el apageîn (reducir, traer) de los geómetras, para designar las formas de razonamiento como la reducción al absurdo o para el procedimiento que consiste en llevar la demostración de un teorema a aquella de un teorema ya demostrado.

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simplemente lo que se presenta en las premisas: estas formas de razonamiento existen en las ciencias naturales, donde es fundamental introducir nuevas ideas para incrementar el conocimiento. La originalidad de Peirce está en la introducción de la abducción al lado de la inducción; la adopción de una hipótesis de ensayo no es una inducción, y “sin embargo es un argumento, y así mientras que su seguridad es baja, su fecundidad es alta” (8 388)17. De la deducción a la abducción, “la seguridad se disminuye radicalmente mientras que la fertilidad aumenta espectacularmente”. Además Peirce admite que si la abducción “tiene una forma lógica perfectamente definida”, “acompañando su conclusión de forma problemática o meramente conjetural”, sin embargo, “ésta [la conclusión] se colma muy poco por reglas lógicas” (5 188): es en la Séptima Conferencia de Harvard de 1903 que Peirce nos procura una de las últimas declaraciones de su lógica de la abducción, que toma la forma canónica siguiente: El hecho sorprendente C es observado. Pero si A fuera verdadera, C es evidente. Entonces, hay motivos para sospechar que A es verdad (5 189). El valor epistemológico de este razonamiento no tiene duda, incluso si es verdad a los ojos de Peirce que Kant debería haber presentado la pregunta de la posibilidad del juicio, es decir del razonamiento sintético en general, y no solamente aquel del sintético a priori (“Fondements de la validité des lois de la logique” (“Fundamentos de la validez de las leyes de la lógica”) 5 342). Pero, es desde el punto de vista lógico que tiene que ser justificado, ya que, a la inversa de la deducción que es cierta, “carece de valor probatorio” (8 209). Sin embargo, a los ojos de Peirce, basta con señalar que la abducción es razonada, y que “ciertas premisas procuran una hipótesis probable” (2 511, nota): “Una hipótesis [...] es una inferencia, porque es adoptada por una razón buena o mala y además porque esta razón [...] es considerada como la que le confiriere a la hipótesis un carácter plausible” (ibíd). Esto es suficiente para legitimarla desde la perspectiva del investigador que no la presenta aparte de su valor de verdad: “en la abducción, la aceptación de la hipótesis nunca puede ser justificable sino como pregunta. Pero hasta que se cumple esta condición, ninguna falsedad positiva se puede temer” (6 258). La modalidad (‘problemática’ en sentido kantiano) de la hipótesis avanzada, la preserva epistemológicamente y aquí es un punto donde Peirce se separa de 17

Cf. el texto consagrado a esta pregunta, y redactado por Peirce en 1913, poco antes de su muerte: “An essay toward improving our reasoning in security and in uberty”.

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la concepción positivista de la hipótesis y de Auguste Comte, pero sin llegar a decir, como él lo haría, que ella “cierra el camino a la investigación”. Y si la abducción es un verdadero argumento provisto de una forma lógica irreductible a aquellas de los otros dos tipos de inferencia, su estudio proviene, en pleno derecho, de una lógica formal que examina la validez de las inferencias, así mismo que de una ‘lógica de la ciencia’, que se interesa también en la metodología y en la heurística del investigador. Por lo tanto, es necesario escuchar la afirmación de Peirce, tantas veces repetida, en el que el problema de la abducción es un verdadero problema de lógica, donde ninguno de sus predecesores ha sido capaz de ver; el nuevo Aristóteles en suma, reivindica para la lógica un proceso, hasta ahora dejado a la sombra por los lógicos (y que presupone un ‘instinto racional’) o considerado como dependiendo de la psicología, de un “flash of insight irrationnal” —que es el caso del aún joven Popper en su Lógica de la Investigación Científica (1973)—, a saber, “el proceso de formación de una hipótesis explicativa” (5 171), “la adopción de una hipótesis de prueba” (8 388): estamos en la fuente de la teoría de la investigación que se desarrolla notablemente en Dewey. Por supuesto, podemos decir que la lógica de la hipótesis se trata, por ejemplo en Bacon, en el contexto de la inducción que este autor asimila a un procedimiento que, de una acumulación de observaciones repetidas, da lugar a una hipótesis para explicar los hechos observados. Sin embargo, desde sus primeros textos, Peirce arranca esta operación a la inducción18 para volcarla a otro procedimiento formal; la abducción define de otra manera la inducción: ella “infiere la existencia de fenómenos análogos a los que hemos observado en los casos que son similares”, mientras que la abducción, “supone una cierta cosa de un tipo diferente [énfasis agregado] de aquellos que hemos observado directamente y con frecuencia de algo que sería imposible observar directamente” (2 640 [vemos aquí una alusión crítica a Comte y su exclusión de los no-observables19]). “La primera clasifica, la segunda explica” (2 363), escribe él, otra manera de decir que la teorización o la explicación científica sería imposible sin la abducción, incluso si sólo depende de ella. Ciertamente, en un sentido, Peirce define la inducción como aquello que, para hablar como Stuart Mill, “va de lo conocido a lo desconocido”, de fenómenos observados a otros no observados, de ciertos elementos de una clase a la clase, pero no 18

Cf. sobre este punto y sobre la realidad de las leyes en Peirce, van Fraassen (1994 cap. 2).

19

Escribe Peirce en 1903: “piensen en Auguste Comte que, mientras se le pide designar una cosa que no se pudiera descubrir nunca, presenta como ejemplo la composición química de las estrellas fijas; y antes inclusive que su libro sea conocido en el mundo, se asistía a los primeros pasos del análisis espectral” (2002 354).

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es una operación de generalización, engendrando una ley o una teoría, es la inferencia que va de un ejemplo a un todo; la abducción al contrario, no va de la parte al todo, pero pasa de la observación de algunos hechos sorprendentes (anomalías, diría Kuhn) al supuesto de un enunciado más general, que explique estos hechos, de un conjunto de datos a una hipótesis explicativa. En la década de 1860, Peirce, envuelto todavía en la silogística 20, ve aún la inducción y la abducción como variaciones a partir del silogismo: ellas no son, como el diría más tarde en 1898 que “transformaciones apagógicas de la deducción”; estas dos formas de inferencia son obtenidas por permutación de la Regla, del Caso y del Resultado21 (“Deducción, inducción e hipótesis” 2 619-644). Peirce no afirma todavía que en la lógica de la ciencia estos dos procedimientos irreductibles son complementarios; más tarde, abducción, deducción e inducción serían articuladas como las tres etapas sucesivas y fundamentales de la investigación científica: la inducción es el método que permite probar experimentalmente la hipótesis, la abducción permite descubrirlos (2 776). Sobre Stuart Mill afirma: “este filósofo muy fuerte, aunque filisteo, cuyas inconsecuencias lo llevaron a convertirse en el líder de una escuela popular” (5 167) – culpable de haber mezclado la inducción y la abducción (5 277), caso definitivamente resuelto...

L as tres etapas de la investigación Mientras tanto, Peirce ha sistematizado su filosofía y elaborado su semiótica, que desde ese momento incluye una gramática especulativa, una lógica y una retórica especulativa. La retórica es una especie de metodología general y comprende los elementos de una heurística. Dentro de este marco, aparecen 20

Su decisivo descubrimiento del cálculo de los predicados monádicos y poliádicos (que él llama su ‘lógica de los relativos’) está fechada alrededor de 1885 (“Sur l’algèbre de la logique” 3 359 & sig.), sus trabajos sobre el cálculo de proposiciones comenzaron antes, con su estudio de la implicación ‘philoniana’ (material). En 1898, en su “Segunda Conferencia de Cambridge”, Peirce considera la silogística como un andamio provisional que le permite construir su teoría de las tres formas de razonamiento: “Retiremos ahora el andamio de las formas silogísticas que nos han servido de soportes para la construcción de esta teoría y contemplemos nuestro edificio sin este andamio” (1995 194).

21

En sus textos de los años 1860-1870, influenciado por la Lógica de Kant-Jasche, Peirce considera la mayor (premisa) del silogismo deductivo en Bárbara como una regla aplicada a un caso (menorpremisa), lo que da un resultado enunciado en la conclusión. Él sigue en esto a Aristóteles que en los Primeros Analíticos, presenta ya la inducción, apagógica, como la inferencia de la mayor de un silogismo en Bárbara o en Celarent a partir de la menor y de la conclusión (7 249). Y el imagina a Aristóteles que se pregunta si no se puede inferir la menor a partir de la mayor y de la conclusión, descubriendo así la abducción peirceana; este homenaje a Aristóteles es bastante problemático.

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desde entonces, los “tres tipos de razonamiento” (Sexta Conferencia de Harvard 1903). La palabra ‘inducción’ es utilizada en la parte del “curso de la investigación científica” (5 168), una clasificación llamada ‘natural’. La posibilidad de una lógica del descubrimiento (que sucede al flash of insight) se estableció muy bien, sin disgusto del positivismo: La abducción es el proceso de formación de una hipótesis explicativa. Esta es la única operación lógica que introduce una idea nueva, porque la inducción no hace más que determinar un valor y la deducción sólo desarrolla las consecuencias necesarias de una pura hipótesis (5 168)22 . La inducción sirve sólo para probar, no para descubrir la hipótesis. Peirce no es, en este sentido, más inductivista que Popper (aunque es algo más ‘justificacionista’ que él y mantiene, a diferencia de él, el término ‘inducción’). Se puede, entonces modelar estas tres formas de inferencia. La deducción prueba que algo debe ser; inducción muestra que alguna cosa es realmente operativa, la abducción se limita a sugerir que algo puede ser. Su única justificación es que a partir de esta sugerencia, la deducción puede extraer una predicción que puede ser probada por inducción y que, si debemos aprender alguna cosa o comprender los fenómenos, debe ser a través de la abducción que aquello se debe hacer (5 171). Al volver a examinar su problemática de la abducción en 1903, Peirce muestra el papel central de su pensamiento y los lazos íntimos con el pragmatismo y el realismo, unificando su filosofía. Al ir a las fuentes de lo que será en la teoría de Dewey la teoría de la encuesta, nos encontramos primero, en el joven Peirce, con un juego formal del silogismo que conduce a la posición, por permutación de las tres propuestas, de una forma de inferencia irreductible a las otras dos, por otro lado, una problemática de la fijación de la creencia implicando una reflexión sobre la superioridad del método científico sobre los otros, y de la regulación de la lógica de la encuesta y, más precisamente, aquella de la ciencia como destinada a producir a largo plazo, y de una manera comunitaria, la verdad. 22

En los trabajos anteriores hemos mostrado la estricta analogía de este esquema con aquel de Popper en Logik der Forschung; de la evicción cerca de la palabra “inducción” en Popper (Chauviré 2004). Peirce específicamente, insiste lo mismo que Popper sobre este motor de la investigación que es la sorpresa provocada por una espera no realizada, que supone lo que Popper llama un ‘marco de esperas’: Peirce va inclusive hasta definir la experiencia en términos de sorpresa en la Cuarta Conferencia de Harvard de 1903: “un hombre espera más o menos plácidamente un resultado y de golpe descubre alguna cosa que se opone e impone su reconocimiento a la fuerza” (2002 365).

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En 1859, a los veinte años, Peirce establece su concepción inferencialista de la percepción, anterior tres años, al menos, de aquella establecida por Helmholtz23: el juicio de percepción incluye una inferencia, o puede ser asimilada a una inferencia explicativa (o asimilada solamente a su conclusión), cuyo esquema es ya aquel de la abducción: “cualquier juicio, que conduce a lo experimentado o lo conocido a lo admitido y a lo desconocido —Peirce sigue siendo influenciado por Mill—, es entonces, una explicación de un fenómeno a través de una hipótesis, y es de hecho una inferencia” (“A treatise of the major premises of natural science” (“Un Tratado de las premisas principales de Ciencias Naturales”) W 5: 152)24. La tesis de la naturaleza inferencial de todo conocimiento, de todo pensamiento, de cualquier proceso mental, o algún proceso fisiológico (veremos posteriormente el ejemplo de la rana sin cabeza, que efectúa un silogismo, reimpreso en 1892 en “Law of mind” (“La ley de la mente”) (6 102 & sig.). Muestra que la inferencia ha recibido una pronta aceptación bastante amplia, que se extiende más allá del marco del silogismo —en nosotros también “algo que se realiza en el cuerpo, es equivalente al proceso silogístico” (5 267). En los años 1868-1870, Peirce comenzó a “reducir toda acción mental a la fórmula de razonamiento válido” (5 267); de acuerdo con su declaración de 1868, “el espíritu es un signo de desarrollo de acuerdo con las leyes de la inferencia” (5 313). Si cualquier proceso mental que cumple con las leyes de la inferencia válida, y si todo conocimiento está continuamente determinado por un conocimiento previo sin principios primeros, entonces la inclusión de un nuevo término puede considerarse el resultado de una inferencia hipotética; así, el concepto de color, que unifica las impresiones de color diferentes, trabaja como una hipótesis explicativa. Posteriormente, en la “Law of mind” (“Ley de la mente”) (6 102 & sig.), Peirce toma la idea de que el ‘acto mental’ sigue las formas de la lógica en un movimiento continuo, esta continuidad se mantiene desde 1869: “la acción del espíritu es por decirlo así, casi un movimiento continuo” (5 329). Para volver a la crítica del positivismo implicada en la teoría de la abducción (o de la inferencia hipotética), Peirce evoca en 1877 la teoría cinética de los 23

Según Mathias Girel, no se conoce la referencia explícita de Peirce de la óptica fisiológica de Helmholtz antes del inventario de la edición Frazer en 1871; sin embargo hay referencias a Wundt en los textos de 1869, y alusiones a este autor en 1868. Peirce pretende, hasta en sus últimos textos, haber descubierto la psico-fisiología en los Vorlesungen de Wundt desde su salida en 1863. Peirce encuentra a Wundt en el momento mismo en que él va más allá de Wundt. Éste comprende las inferencias inconscientes implicadas en la percepción como inducciones, así como Helmholtz, mientras que según Peirce la sensación ella misma es hipótesis desde 1869...

24

En 1903, en su “Séptima Conferencia”, Peirce vuelve sobre este tema: “la inferencia abductiva se confunde con el juicio de la percepción sin línea neta de demarcación” (5 181) – y lo desarrolla a lo largo del texto.

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gases (5 364), su ejemplo favorito cuando se trata de apoyar su indeterminismo y su visión de frecuencia de la probabilidad 25 heredada de John Venn. Para el positivismo, la palabra “hipótesis” tiene una connotación negativa de la incertidumbre que no pertenece en absoluto al uso peirciano (2 707). Este último es totalmente positivo, expresando la necesidad de ir más allá de las leyes hacia las teorías que las explican por medio de la formulación de hipótesis, las leyes se tornan “más pronto o más tarde la base de una hipótesis destinada a explicarlas”. La inexactitud de las simples generalizaciones empíricas se encuentra compensada en un nivel superior. […] porque el gran triunfo de la hipótesis es el de explicar no sólo la fórmula, sino también las desviaciones que se relacionan con la fórmula. En el lenguaje de los físicos, una hipótesis de esta magnitud se llama teoría, el término hipótesis se reserva a las sugerencias que tienen poca evidencia en su favor (2 638). Pero, lejos de limitar el recurso a las hipótesis, Peirce ve allí un procedimiento racional: “las teorías que funcionan no son meras conjeturas, pero se guían por razones” (2 638). Tal es el caso de la teoría cinética de los gases, adoptada para explicar la ley de Boyle, y según la cual los gases están hechos de pequeñas partículas sólidas muy distantes unas de otras y se mueven a gran velocidad, sin que haya atracción o repulsión, en tanto que ellas no están muy próximas las unas de las otras: se trata de un caso típico de explicación haciendo referencia a entidades inobservables. Si el gas está bajo presión, lo que impide que se derrumbe no es la incompresibilidad de las moléculas, ya que no se tocan, sino el martilleo sobre el pistón [que permite la presión del gas]. Así, más el émbolo cae, más el gas es comprimido, las moléculas están más cerca unas de la otras, habrá más a una distancia dada del pistón, y ellas vendrán a golpearlo [al pistón] con mayor frecuencia. Peirce ve en la teoría cinética de los gases el ejemplo perfecto de una teoría que se desprende totalmente de la escala de observación y que va mucho más allá de la mera operación de inducción en el sentido de una generalización empírica. Si le damos todo el crédito a esta teoría, no se da solamente en razón de su confirmación empírica, sino como una explicación de la ley de Boyle, corroborada también por la teoría del calor. Se siente, entonces, los beneficios de la hipótesis. 25

El indeterminismo de Peirce está ligado a su metafísica del azar (tychismo) desarrollado luego con su cosmología evolucionista. El indeterminismo demanda una realización física de la probabilidad que llega a ser ‘propensionista’ después de haber sido frecuencial al inicio en Peirce, tomando el término de Popper que se aplica muy bien al caso de Peirce. En general el pasa de una concepción de la probabilidad a la Venn -Reichenbach a una concepción popperiana antes de la carta que acuerda un marco ontológico a las probabilidades que sustentan la realidad de las disposiciones o would be.

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En ese momento Peirce cree también que las simples generalizaciones empíricas se encuentran por la inducción que no desempeña un papel sino en esta etapa preliminar. Posteriormente él va a redistribuir las respectivas funciones de inferencia hipotética y de la inducción; ésta interviene luego para corroborar o falsear tanto las teorías como las leyes. Sin embargo, en 1878, la inferencia hipotética no es sino una inferencia inductiva llevada más allá [de ella], más audaz, más concisa, que va más allá de lo observado, asumiendo parte de los inobservables, mientras que la inducción se limita como lo exige la epistemología positivista al campo de lo observado, sin que, sin embargo, no exista una línea divisoria entre los dos: “solamente más lejos la llevamos, más se la debilita” (2 640). Peirce admite que “la mayoría de las teorías físicas son de este tipo”. Entendemos porque en 1910, él había reconocido haber “mezclado hipótesis e inducción” en todo aquello que él publicó “desde el comienzo de este siglo” (8 227). Esto es especialmente cierto en los textos de los años 1860-1870. El lector debe saber que, siendo los artículos de 1877-1878 los textos más conocidos de Peirce, no reflejan las condiciones definitivas de la teoría peirciana de la abducción: es mejor referirse para tener una idea justa, a la sexta y séptima conferencias de 1903. Pero la vena antipositivista está presente muy pronto y siendo uno de los retos de la teoría de la abducción el de superar el positivismo, ampliando a Whewell, Herschel, Jevons y a su concepción hipotético-deductiva de la ciencia (que el Popper de 1935 fue de hecho el heredero, sin saberlo). El joven Peirce distinguía inducción y abducción en sus respectivas relaciones con lo observado como dos procedimientos independientes para obtener enunciados de carácter general, de un grado mayor de generalidad en el caso de la abducción. Posteriormente, la idea de que todo el conocimiento va más allá de la observación —“incluye adiciones a los hechos observados” (6 523)—, desarrollándose más y en ese sentido, no existe diferencia entre la inducción y la abducción. Sin embargo, Peirce reintroduce también la diferencia epistemológica siguiente, dando a la abducción sólo el papel de introducir cualquier nueva hipótesis, quitando así ésta función a la inducción para asignarle aquella de mostrar en qué medida los hechos experimentales confirman los enunciados hipotéticos, a menos que no los refuten; esta función es complementaria a la de la abducción. Este dispositivo se reviste de un sentido anti-positivista, Peirce se pronunciaba, como antes que él Whewell y más tarde Popper a favor de la introducción de hipótesis tan audaces como era posible. En 1878 él además evacuó la pregunta de Hume, Kant y John Stuart Mill de saber si la validez de la inducción supone la uniformidad de la naturaleza: la inferencia sintética no necesita ser fundada para y sobre la tesis de la uniformidad de la naturaleza, incluso si la identificación de ciertas regularidades naturales puede fortalecer una hipótesis. Además, en 1868, Peirce argumentó de manera muy innovadora,

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que “la naturaleza no es regular, las irregularidades son” infinitamente más frecuentes “que los elementos de orden y de uniformidad” (5 342); el árbol de la regularidad esconde el bosque del caos real. Aunque si desde el comienzo de la evolución cosmológica de las regularidades de más en más numerosas tienden a instalarse, disminuye un poco la parte de azar objetivo. Él introduce así su polémica contra el determinismo (defendida por Paul Carus, director del Monista) y a la elaboración de una cosmología que implica una metafísica de la casualidad, que tiene también su contrapartida en Popper (1992).

Fisiología de la lógica “Deducción, inducción e hipótesis” (1878) no merece tal vez la autocrítica de 1910 (Peirce cree entonces haber mezclado en ese momento inducción e hipótesis), porque ambas formas de inferencia se distinguen claramente: si la inducción es una inferencia ‘más fuerte’ que la abducción, ésta última es irremplazable, porque sola permite inferir los inobservables (las moléculas de un gas), lo que ninguna inducción sabría realizar. No se infiere inductivamente conclusiones hipotéticas. Además, las tres formas de inferencia tienen fundamentos fisiológicos diferentes, como lo quiere mostrar Peirce presentando su teoría de la costumbre. Así, la inducción permite inferir una regla, de manera que [L]a creencia en una regla es un hábito. Que un hábito sea una regla activa en nosotros, es evidente. Que cada creencia sea de la naturaleza de un hábito, en la medida que ella tenga un carácter general, esto se ha demostrado en anteriores escritos de esta serie. La inducción es la fórmula lógica que expresa el proceso fisiológico de la formación de un hábito (2 643). La hipótesis, formulada en 1878 como una forma de reducción de la diversidad a la unidad, como en 1868 (cf. 5 276), “sustituye a una maraña complicada de predicados unidos a un sujeto, a una sola concepción”. Se puede ver una analogía entre el pensamiento de la inherencia de cada uno de estos predicados a un sujeto y una sensación particular: “En la inferencia hipotética, ese sentimiento complicado y producido de esa manera es reemplazado por un sentimiento de gran intensidad, la conclusión hipotética, que pertenece al acto de pensar”. Comparando esta emoción con aquella que produce en nosotros todos los instrumentos de una orquesta (cada inferencia hipotética implica la formación de tal emoción), Peirce concluye que “la hipótesis produce el elemento sensorial del pensamiento, y la inducción el elemento de habito” mientras que la deducción, que no añade nada a las premisas, pero

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que al seleccionar uno de los “hechos representados en las premisas, concentra en él la atención, es la fórmula lógica correspondiente al proceso de atención, es decir, el elemento volitivo del pensamiento (2 643). Peirce sistematizará este análisis en 1883 en “A theory of probable inference” (“Una teoría de la inferencia probable”), al partir de la tríada regla-caso-resultado: el conocimiento de una regla se asimila a un hábito (que puede no ser consciente), el conocimiento de un caso en una sensación, aquel de un resultado en una decisión que se debe tomar en una ocasión dada. La deducción (regla-casoresultado) (Peirce no reconoció el carácter diagramático y extraordinariamente matemático)26 es también definida como una ‘fórmula de volición’, la inducción (caso-resultado-regla) como la fórmula de la formación de un hábito o una concepción general, “un proceso que, tanto psicológica como lógicamente depende de la repetición de los ejemplos o las sensaciones”, y la hipótesis (reglaresultado-caso) como “una forma de la adquisición de una sensación secundaria, proceso por el cual una concatenación confusa de predicados se pone en orden bajo un predicado que la sintetice”. Esta definición psico-fisiológica de las tres formas de inferencia permite a Peirce fundamentar su clasificación ‘natural’ (como enraizada en la fisiología) de las ciencias: si él ve el primer criterio para distinguir las ciencias en la diferencia de técnicas utilizadas [oponiendo aquellas de laboratorio a aquellas de seminario], el clasifica el segundo [criterio] en la diferencia de los modos de razonamiento empleado. Por lo tanto, el podrá distinguir las ciencias inductivas: la ciencia de la clasificación: la botánica, la zoología, la mineralogía, la química; las ciencias de la hipótesis: la biología, la geología; y las ciencias teóricas: la astronomía, la física pura (2 644). Se trata, para el Peirce de ese tiempo, de inscribir su teoría del racionamiento como una forma de actividad mental, en el marco de una epistemología evolutiva (la referencia a Darwin es fundamental): nuestras capacidades de conocer y el contenido de nuestro conocimiento se han ido adaptado a nuestro medio ambiente, logrando así una armonía, no pre- sino post-establecida. Esta epistemología está aún más justificada porque se basa en distinciones de la psico-fisiología; y el razonamiento que se reintegra a un conjunto de procesos psicológicos y especialmente vitales con los cuales él toma especialmente sentido. 26

Peirce aquí todavía está imbuido en la silogística y la lógica de Kant para discernir claramente una tesis innovadora que él va a sustentar más tarde, aquella del carácter matemático de toda deducción, que se efectúa por construcción, observación, incluso modificación de diagramas, donde sólo el procedimiento es capaz de conducir, según él, a una conclusión necesaria. Y desde ese momento la deducción se va a partir en dos, las inferencias teoremáticas, no triviales, y las inferencias corolarias, triviales; cf. Sobre ese punto C. Chauviré (2004 183).

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Vemos aquí un eco de la erudicción de Peirce en psico-fisiología: es un gran lector de Helmholtz, Wundt y Fechner27. Muy en la línea de trabajo de Helmholtz y de la reflexología rusa de la que se inspira, sustenta en un famoso texto que, una rana decapitada reacciona a una irritación por un movimiento reflejo, efectuado por decirlo así, por un silogismo (la rana sin cabeza es funcionalmente una máquina lógica, se podría decir en términos de Putnam): Un silogismo en Bárbara28 tiene lugar prácticamente cuando estimulamos la pata de una rana decapitada. La conexión entre los nervios aferentes y eferentes, cualquiera que sea, constituye un hábito nervioso, una regla de acción que la análoga fisiológica [de la mayor]. Los trastornos del equilibrio del sistema linfático causado por la irritación son la forma más fisiológica de lo que es la ocurrencia de un caso, desde el punto de vista psicológico, el sentimiento y el punto de vista lógico. La descarga a través de los nervios eferentes es la forma fisiológica de lo que psicológicamente es una volición, y lógicamente, la inferencia de un resultado. Cuando nos movemos a partir de formas inferiores de la inervación a sus formas superiores, los equivalentes fisiológicos escapan fácilmente a nuestra atención. Pero desde un punto de vista psicológico, siempre tenemos: 1) un hábito que, en su forma más elevada es la comprensión y corresponde a la mayor de Bárbara, 2) el sentimiento o la conciencia presente que corresponde a la [premisa] menor de Barbara, y 3) la volición que corresponde a la conclusión de Barbara29 (2 711; cf. 6 144; 6 286). Así, la lógica, la psicología y fisiología del razonamiento se entrecruzan, y no se verá en Peirce un anti-psicologista fanático en materia de lógica: “La lógica formal no debe ser puramente formal; ésta debe representar un hecho psicológico, de lo contrario se corre el riesgo de degenerar en una diversión matemática” (2 710)30. 27

Cf. Jastrow y Peirce (1884), un ensayo que rechaza la idea de ‘límite’.

28

Un silogismo en Bárbara es de la forma: todos los atenienses son griegos; todos los griegos son mortales; entonces todos los atenienses son mortales.

29

El arco reflejo interesó igualmente a Dewey (1896).

30

Cf. Sobre estas preguntas varios textos del volumen 6 de los Writings. Notemos que el caso de la rana decapitada evoca claramente el funcionalismo de Putnam y Fodor porque el razonamiento se efectúa sin el cerebro, anuncia también en un cierto sentido el behaviorismo. Es entonces natural mostrar la semejanza, paradójica pero muchas veces anotada, entre el funcionalismo y el behaviorismo: según el primero, poco importa qué sea el cerebro u otra cosa que sea la que razone entre la entrada y la salida, según el último, el razonamiento puede describirse enteramente en términos no mentales, no cerebrales, de estímulos (entrada) y de respuesta comportamental (salida).

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En 1880, en su primer ensayo “Sobre el álgebra de la lógica” (3 154-161), luego en 1892, Peirce persiste en incluir los procedimientos lógicos en los procesos psico-fisiológicos (en los cuales los procedimientos lógicos aparecen, dirían los filósofos del espíritu contemporáneos) e igualmente Peirce persiste en practicar una epistemología evolucionista. El pensamiento como “la actividad cerebral” está “sujeto a las leyes generales de la acción nerviosa” (3 155); si la estimulación de un grupo de nervios causa una irritación que la acción refleja tiende a eliminar, la adquisición de un hábito como respuesta a una irritación dada se explica por el hecho de que “todos los procesos vitales tienden a ser más fáciles por la repetición”. Es posible que, desde la noción de hábito cerebral, se reconstruya, de forma relativa, la génesis de los procedimientos lógicos en su totalidad: Un hábito cerebral de la forma más alta que determinaría nuestra forma de actuar tanto en la imaginación como en la realidad, se llama creencia. Cuando nos representamos que tenemos un hábito específico de esta clase, se llama un juicio [...]. El proceso de desarrollo (del hábito de la creencia), en la medida en que él tiene lugar en la imaginación, se llama pensamiento. Un juicio se forma, e indica una adición a la creencia. Un tal proceso se llama inferencia, el juicio antecedente se llama premisa; el consecuente, conclusión; el hábito de pensamiento que determina la transición del uno al otro es el principio rector. (3 160). Estos procesos tienen como objetivo final de llegar de manera comunitaria a la verdad: “El lógico sustenta que [...] [los estímulos periféricos] son todos adecuados para un propósito, el de transmitir la creencia en el largo plazo, hacia ciertas conclusiones predestinados que son las mismas para todos” (3 160).

M áquinas lógicas31 Si agregamos que los hábitos de inferencia terminan por constituir una logica utens, lógica natural implícita en el trabajo de nuestros razonamientos espontáneos, codificados en nuestros nervios, por ejemplo en el caso del jugador de billar: “Una logica utens como la mecánica analítica [...] se encuentra en los nervios del jugador de billar” (Peirce 1995 155). Una vez que se tematiza y se El punto es interesante para resaltar porque se atribuye a veces la emergencia del behaviorismo a los USA bajo la influencia del pragmatismo (pero en realidad él se deriva sobretodo de la reflexología rusa), y que los textos externalistas del joven Peirce sobre lo mental suenan como del behaviorismo. La realidad de los textos de Peirce se debe tomar en toda su complejidad. 31

Cf. “Our senses as reasoning machines” (ms 1101).

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codifica, la logica utens se vuelve una lógica docens, superficial en la creación matemática espontánea que sigue su propia logica utens: “Alguien que razone sostiene casi ipso facto una doctrina lógica, logica utens32” (2002 373). Por otra parte, según Peirce, algunos de los dispositivos físicos cuyo funcionamiento implementa una teoría son máquinas lógicas mucho mejores que las calculadoras de la época, limitadas a la aritmética básica. Los sólidos de diferentes formas que los diseñadores de buques dragan a través del agua, llegan a conocer los arcanos de la hidrodinámica. Unos trozos de madera serían aparentemente mejores razonadores que el cerebro de un Gauss o un Stokes33 . ¿Por qué detenerse ahí? Cualquier dispositivo que se utiliza en los experimentos podrían, según el mismo principio, ser una máquina lógica. Una máquina de vapor elaboraría en cada revolución el problema de la termodinámica (2 58). Estas reflexiones están en línea con las de la rana decapitada, que lleva a un silogismo, como ella, más que ella, la máquina de vapor razona en la realización de una revolución. La concepción de Peirce puede ser descrita en términos funcionales, en el sentido definido por Putnam y Fodor: si uno es funcionalista, se puede señalar que estos artefactos no mentales, no cerebrales, no humanos, no-vivientes, realizan un trabajo de cálculo (por ejemplo, resolver un problema de la termodinámica): desde el punto de vista funcional, son máquinas lógicas más sofisticadas que las máquinas de Babbage, Jevons y Marquand; en el lenguaje de Putnam, su funcionamiento es irrelevante a la materia en la que se hacen. Sólo cuentan los roles funcionales en el seno de la máquina, el cerebro humano no siendo necesariamente, como Peirce ha sostenido siempre, el medio en el que se lleva a cabo el razonamiento34 (médula espinal y los nervios de la rana decapitada son suficientes en el ejemplo anterior) y, finalmente, para Peirce 32

Se puede eventualmente traducir logica utens por “lógica de uso” y logica docens por “doctrina lógica”. La logica utens es según Peirce una lógica natural y espontánea que codifica la logica docens. En los años 1970, ciertos lingüistas como Lakoff buscaron en las lenguas naturales una clase de lógica empírica que estaría operando en ellas (cf. McCawley 1981 1).

33

No olvidemos que para entender este pasaje, según Peirce, las leyes operan realmente en la naturaleza: entonces es la operación que se asimila a una inferencia.

34

“El pensamiento no está unido a un cerebro; él aparece en el trabajo de las abejas, en los cristales y por todas partes en el mundo puramente físico” (4 550). Peirce ‘des-sicologiza’ el pensamiento para dar un modelo formal ‘semiotizado’ en términos de acción tríadica) que permite en principio ‘externalizarlo’ con relación al cerebro humano; así la noción de ‘inteligencia científica’ permite entrever una forma de pensamiento – de operación con signos – no necesariamente humana (Chauviré 1995 51 & sig.; 2000 53 & sig.). Las bases son dadas para el desarrollo de la idea de una inteligencia artificial.

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como para Putnam, el funcionamiento de estas “máquinas” se puede describir en términos mentales (la máquina de vapor razona). Peirce habría, entonces tenido allí un augurio de funcionalismo, en armonía con su tendencia a ‘semiotizar’ y [‘]externalizar[’] lo mental? Él se interesó muchísimo en la prehistoria de la inteligencia artificial y la cibernética, yendo hasta construir él mismo una máquina lógica eléctrica con conmutadores. Sin embargo, considera que para razonar verdaderamente como un espíritu humano, una máquina debería mostrar una conducta deliberada y finalizada, y ser capaz de tomar decisiones; las únicas actividades inteligentes son las actividades terminadas, donde opera la terceridad, que no es ni siquiera el caso del telar de Jaquard con sus tarjetas perforadas, demasiado ‘mecánica’ para encarnar una terceridad, o el termostato (5 473): la simple regulación automática no es suficiente para realizar una acción [‘]triádica[’] como por ejemplo la ‘semiosis’ o acción del signo. De los propósitos de Peirce resulta que una máquina lógica digna de ese nombre, es decir, capaz de ‘realizar’ inferencias no triviales, resolver problemas matemáticos difíciles, sería a las máquinas lógicas del cambio de siglo, lo que el telar de Jaquard es al telar a mano. Ella —la máquina lógica— debería ser capaz de controlarse a sí misma y ejercer, lo que más tarde se denomina retroalimentación (Peirce supone también la existencia, en el espíritu humano, de una jerarquía de controles durante la discusión, sin ir completamente a la idea reciente de una arquitectura funcional)35. Todas estas intuiciones son interesantes, pero todavía está lejos de la máquina de Turing: Peirce no pasó de la idea, clásica desde Pascal, de un mecanismo que realiza cálculos como un molino de moler trigo a un autómata abstracto como el descrito por Turing, quien no tiene nada que ver con relojes y autómatas, de la época clásica, muy bien descritos por Descartes. Tendría que suceder un gran avance en la lógica matemática (con Gödel, Church y Turing, notablemente) que Peirce nunca había imaginado.

35

A propósito de la noción importante de auto-control (self control) Peirce estima que la ‘máquina humana’ está, en el conjunto de estas acciones (no se trata aquí solamente del espíritu), “dotada de un control automático, como cualquier motor artificial; se sabe que si la máquina va muy rápido, el controlador de la máquina es él mismo automáticamente controlado de manera que se pueda evitar cualquier otro error, aquel de un cambio precipitado; así mismo y más aún, la maquinaria humana está dotada de un controlador automático que actúa sobre todos los otros controladores con el fin de regularlos por medio de una reflexión que a su vez, la máquina no tiene” (citado en Holmes 1966 122-123).

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L a estrategia de investigación abductiva Para volver a esta especie de lógica natural que Peirce reconstruye en términos de hábito nervioso basado en las reacciones reflejas el aun sostiene en “The Law of Mind” (“La Ley de la Mente”) en 1892, que los tres tipos de inferencia “corresponden a los tres principales modos de acción del alma humana” (6 144); en la deducción, [E]l espíritu está bajo el dominio de un hábito o asociación en virtud de la cual una idea general sugiere en cada caso una asociación correspondiente. Entonces, se ve que una cierta sensación implica esta idea. Así, esta sensación es seguida de esta reacción y la reacción de la rana pellizcada es ‘la forma más baja de la manifestación psíquica’ (6 144). Peirce suscribe siempre al asociacionismo, que tendrá en su caso una escala sin precedentes, por ejemplo en “The Law of Mind” (“La Ley de la Mente”). La inducción es aquella por la que se establece un hábito: cuando ciertas sensaciones, en donde todas implican una idea general, son seguidas por la misma reacción, una asociación se establece y la idea general es sugerida por las sensaciones en el proceso psíquico correspondiente a la inferencia hipotética. Poco a poco Peirce se preocupa menos de la lógica natural y más en articular la deducción, la inducción y la abducción como las tres etapas complementarias de la investigación; la inducción sólo servirá para la prueba (en comparación con los hechos experimentales) de las predicciones deductivamente sacadas de la hipótesis obtenida por la abducción. El procedimiento abductivo será definitivamente puesto en el centro de atención, notablemente en un texto sobre el descubrimiento de Kepler sobre la elipsidad de la órbita de Marte, “el más bello ejemplo de razonamiento reproductivo que no se había producido antes” (1 74), donde, su inspirador es Whewell, Peirce marca otro punto en contra del empirismo de Mill, que había sacado en un sentido empirista, el De Motu Stellae Martis. El enfoque de Kepler en este libro le parece a Peirce el mejor ejemplo de rigor y honestidad de sumisión paciente de una hipótesis audaz a las pruebas de más alto rigor. Otro magnífico ejemplo: Pasteur, genio del adivino (guessing), tomando las hipótesis como ‘cargas’ antes de eliminarlas una a una por bisección (1 533-555); sin olvidar a Mendeleiev... La estrategia creativa y la eliminativa de la abducción se afirma de más en más como alternativa propuesta por Peirce a la epistemología positivista. El fundador del pragmatismo crítica frontalmente el verificacionismo directo de Stuart Mill —“Ninguna hipótesis es admisible si no está sujeta a verificación por la observación directa” (2 511, nota)—, Él [Peirce] argumenta que eliminaría la historia,

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enteramente basada en la hipótesis basada sobre el pasado. En el mismo sentido, también critica a Mach36, Pearson, autor de una gramática de la ciencia, Poincaré (todos ‘nominalistas’37, según Peirce), e incluso su amigo William James, quien considera que la metafísica es “cualquier intento de explicar nuestras ideas fenomenalmente dadas como productos de las entidades más profundas y subyacentes” (8 59): el culto a esta concepción no refleja la práctica real de los físicos, que no se abstienen de referirse a los inobservables en la teoría cinética de los gases, ella [la concepción] tiende por naturaleza a “bloquear el camino a la investigación”. El pragmatismo no impide, de ninguna manera, la referencia a los inobservables, incluso si, como en el positivismo, el dota de valor a la verificación, pero entendida en un sentido no-positivista, lo importante es que la hipótesis resultante de la abducción tenga consecuencias experimentables que se puedan comprobar; no es, entonces, la hipótesis que se verifica directamente: la confirmación de las consecuencias confirma a su vez (más o menos) la hipótesis. Al deprimir las explicaciones especulativas, el positivismo (o al menos la idea que se hace Peirce) amputaría a la ciencia buena parte de sus ganancias. La historia ya no existiría (se notará que la lógica de la abducción vale tanto para la historia como para la física y la química). El conocimiento científico siempre añade algo más a lo dado, a los hechos observados (6 524), que determinan, como diría Quine más tarde, las teorías. Como después de él Popper, Peirce reivindica una epistemología más fiel a la dinámica real de la ciencia que el positivismo, valorizando la audacia de las conjeturas. Como Meyerson al criticar a Auguste Comte en 1921, él [Peirce] reclama para la ciencia un estatuto verdaderamente explicativo. Así, es en reacción a Comte que se desarrolló la lógica de la abducción.

El naturalismo de peirce A la luz del análisis ‘naturalista’ del silogismo efectuado por la rana sin cabeza, uno se pregunta, en términos contemporáneos, si la filosofía del espíritu de 36

Mach no se critica tanto como positivista, sino por su rechazo a la metafísica o su rechazo a priori, metafísico, del espacio absoluto newtoniano (7 485), que toma los hechos y la experimentación de manera prejuiciosa; los a priori de Mach son de naturaleza a cortar el camino a la investigación. Además, su concepción ‘económica’ de las leyes es juzgada ‘nominalista’ como aquella de Poincaré, y Peirce tiene cuidado en disociar su ‘economía’ de la investigación de la idea de Mach de economía del pensamiento. Va de sí que Comte, Mach y Poincaré son todos muy diferentes, pero Peirce es sobretodo sensible a aquello que los une: su concepción no realista de las leyes naturales, típica según él del épistèmè de esta época...

37

El término en Peirce está revestido de un sentido muy amplio, con idiosincrasia, englobando todos los filósofos (Leibniz como Hegel) que no creen en la realidad de los universales en sentido scotista, y notablemente en la realidad de las leyes naturales.

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Peirce se anticipa a la teoría de la aparición de lo mental sobre lo cerebral (o de la dependencia unilateral de lo mental con respecto a lo cerebral: no hay diferencia mental sin diferencia cerebral), o al menos las primeras formas de su aparición en el siglo XX (como, por ejemplo, Samuel Alexander). Un texto de Peirce, sugiere una especie de paralelismo psico-fisiológico (en particular, se ilustra en el siglo XIX por Fechner) según el cual el espíritu es materia vista del interior y la materia, del espíritu visto del exterior: “mirando una cosa desde el exterior, teniendo en cuenta sus relaciones de acción y reacción con otras cosas, aparece como materia. Al considerarla del interior, viendo que su carácter inmediato es el sentimiento, aparece como conciencia” (6 268)38. La materia que, en última instancia, no es sino una forma debilitada o degradada (effete) del espíritu, esto equivale a espiritualizar más la materia que a materializar o naturalizar el espíritu (se nota las similitudes con Bergson). Sin embargo, si la materia es espíritu adormecido, el espíritu es alguna cosa de la naturaleza, como dirían hoy los filósofos del espíritu naturalistas. Peirce no lo niega: “todo espíritu participa más o menos de la naturaleza de la materia” (6 268), admite él voluntariamente. Pero a diferencia de los naturalistas contemporáneos, esta tesis se plantea como un postulado, en lugar de ser obtenida después de operaciones de reducción de lo mental a entidades físicas, descritas en lenguaje fisicalista en interacción causal. La filosofía de lo mental de Peirce, tan compleja y abundante, no tiene nada que ver con los conceptos precisos y estrictamente identificados de la filosofía del espíritu contemporánea, y no tiene sentido buscar con cuál de estos ella es compatible; la concepción de Peirce es probablemente una amalgama de varios de ellos. Es cierto que Peirce es en cierto sentido naturalista en la cuestión de lo mental (el espíritu está arraigado en la naturaleza), pero no en el sentido del materialismo reduccionista de algunos de nuestros contemporáneos, debido a su posición integralista, una especie de pan-psiquismo (como también la de Fechner), poco compatible con las opciones de Dretske o de Millikan (el único punto en común entre ellos y Peirce sería la lealtad a Darwin). El privilegio exclusivo concedido por estos autores a las relaciones causales (reducido a la causalidad eficiente39) es difícilmente compatible con una filosofía que instala la causalidad eficiente en el universo de los Segundos para dejar espacio a la causalidad final en el universo de los Terceros40. Además, la materia está más arraigada 38

De hecho Peirce critica esta misma doctrina en 1903 en una Conferencia.

39

La reducción a la causa eficiente, que olvida otras causas distinguidas por Aristóteles, es criticada por Peirce en la Sexta Conferencia de Cambridge de 1898 (1995 259 & sig.). Dretske termina reintroduciendo una causalidad estructural además de la causalidad eficiente.

40

Según Peirce las entidades de la segunda categoría —los individuos físicos dotados de existencia

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en el espíritu que el espíritu en la materia, ya que, en su cosmología evolutiva, el espíritu que viene antes no engendra la materia más que paralizándose41. Muy pronto se evidencia que él está claramente más cerca del ‘positivismo espiritual’ francés42 de Ravaisson (es difícil creer que no haya leído el admirable ensayo De l´habitude, 183843), y de sus contemporáneos Lachelier, Boutroux o posteriormente de Bergson, como de los fisicalistas hoy, resueltamente materialistas. Más cerca también de James, cuyo naturalismo es alimentado por la psico-fisiología, pero compatible con el espiritualismo, o el espiritismo y que soñaba a menudo formas afines en los Principles of Psychology44. están en interacción causal y dual (el viento causa la posición de la veleta)—; aquellos de la tercera (leyes, hábitos, significaciones), que no existen sino encarnándose en los Segundos (la ley tiene necesidad del brazo del sheriff para ser aplicada) que además ellos controlan, operan según una causalidad final que necesita la existencia de una relación a tres términos (a hizo b para obtener c). La acción causal no existe sino entre los Segundos, y lo mental no sabría estar concernida por la causalidad porque el exige una relación tríadica: ésto pertenece entonces a la tercera categoría, excediendo el dominio de la causalidad bruta. Es la razón por la cual la concepción peircena de lo mental tiene poco que ver con el fisicalismo contemporáneo, inclusive en sus versiones no reduccionistas, a causa del carácter omnipresente dado por éste a las relaciones causales. 41

“Aquello que llamamos materia no está completamente muerta, sino encerrada en los hábitos” (6 158); “las leyes mecánicas no son nada más que hábitos adquiridos, como todas las regularidades del espíritu, comprendiendo también la tendencia a adquirir hábitos ellos mismos” (6 268). En la cosmología evolucionista de Peirce, las leyes de la naturaleza no son sino hábitos del espíritu apático que degenera en materia, pero todo esto siguiendo “la ley general de la acción mental” (“The Law of Mind” 1892). La disyunción espíritu/materia es impensable en el marco del continuismo generalizado (‘sinecismo’) de Peirce; la naturaleza no hace un salto cuando ella pasa del espíritu a la materia e inversamente (Peirce 1992 231 & sig.). El ‘sinecismo’ excluye el dualismo espíritu/materia. Las leyes de la naturaleza no han existido siempre, según la cosmología de Peirce; aquello que es extraño, es que ellas existan: al origen reinaba el azar, que se ha poco a poco reducido (cf. sobre este punto, el azar para Wundt es algo que se elimina poco a poco) con la instauración progresiva de leyes de menos en menos inexactas (al tolerar las desviaciones, las leyes actuales están lejos de ser exactas): las leyes ellas mismas son evolutivas, como lo sustenta Poincaré en La valeur de la science (1970 174175). Es una ilusión cientista creer en un mondo determinista: según Peirce la parte de las leyes es muy débil en el universo. El azar, o la contingencia, predomina todavía: se piensa en Boutroux y en su Contingence des lois de la nature de 1874, dedicada a Ravaisson. Se puede también pensar en el texto tardío de Schrödinger, Cómo el orden nace del desorden (1929), que figura en apéndice de Bouveresse (1993 295 & sig.) 40. Para volver a la filosofía del espíritu de Peirce, como al paralelismo de Fechner (cf. I. Dupéron), se refiere a una sola substancia bi-fase (según el punto de vista tomado sobre ésta, ella es materia o espíritu), como en Pechner también, que tiene un pan-psiquismo animista. El espíritu no es entonces el privilegio exclusivo del hombre pero lo transciende en gran parte.

42

Muy descrito por A. Fagot-Largeault (A. Fagot-Largeault, D. Andler & B. Saint Sernin 2002. 956 & sig.), que cita Peirce (958). Acordémonos que Peirce era perfectamente francófono, leía Fouillée, Renouvier, Delbœuf, y se escribía con Renouvier.

43

Ravaisson y Peirce tienen en común profusas referencias de Aristóteles y Schelling.

44

En cuanto a Dewey, la comparación de su naturalismo con aquel de Peirce merecería un gran

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Peirce y lo falible La mayoría de las tesis metodológicas y epistemológicas del joven Peirce se acumulan para formar, al final del siglo XIX, una lógica de investigación en armonía con el pragmatismo y su máxima, sensible a la naturaleza dinámica de la investigación científica. Los textos de juventud establecen: 1) que la investigación es un proceso que se auto-corrige y un trabajo comunitario enfocado a encontrar a largo plazo la verdad (suscrito sin embargo, a una concepción de lo falible del conocimiento científico, Peirce ha de combinar el optimismo a largo plazo y el pesimismo de corto plazo: puede que los investigadores divaguen durante siglos, nuestros logros científicos están estancados), y 2) que la propuesta de una nueva hipótesis para explicar un hecho sorprendente es una abducción que pide ser completada por una deducción y una inducción. En su madurez, Peirce considera estos tres argumentos como las tres etapas complementarias y articuladas de la investigación, la cual deberá ser manejada dentro de un espíritu de economía. El espíritu general de esta concepción de investigación es generalmente falsacionista45: la inducción, que consiste en comparar las predicciones derivadas de la teoría con los hechos experimentales, “nos permite apoyar una teoría que sea de tal manera, que si ella implica la menor falsedad, la experimentación pueda un día u otro ubicarla” (Peirce 2002 434) o, eventualmente, débilmente justificacionista: los resultados científicos que llamamos ‘verdades establecidas’ sólo son “propuestas sobre las cuales la economía de las pruebas requiere que, en ese momento, toda investigación suplementaria cese” (Cuarta Conferencia de Cambridge, 1898). La estrategia del investigador es fundamentalmente eliminatoria, yendo sin tropiezos a las hipótesis más fáciles de refutar. Peirce atribuye a la inducción el papel débilmente justificacionista de una confirmación, la cual, sin embargo, no implica ninguna probabilidad definida (que está más lejos del inductivismo probabilista de Carnap, e incluso al de Reichenbach, que anticipa, la concepción frecuentista de probabilidad46): las estudio, que no se realizará aquí. 45

En esto Peirce anticipa evidentemente a Popper, pero también a Jean Nicod (1923) y su teoría de la “inducción por información”. Antes de Popper, Nicod encontró la disimetría que existe entre confirmación e información: “un caso favorable hace crecer más o menos la verosimilitud de la ley, mientras que un caso contrario la decrece completamente [...] De las dos acciones elementales de los hechos sobre las leyes, la acción negadora es entonces la única certera” (24).

46

En 1905, la probabilidad se define siempre como “la relación (ratio) conocida de la frecuencia de un evento futuro específico a un evento futuro genérico que lo incluye” (Peirce 2003 196). Atribuir, según él, una probabilidad definida a una teoría no tendría sentido si no pudiéramos comparar varios universos y decir cuál es la proporción verdadera de ellos: “Esto quiere decir que si presentamos un gran número de universos en la bolsa, lo sacudimos bien y sacamos uno al azar, este sería el resultado

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predicciones obtenidas mediante la deducción a partir de la teoría, concerniendo también lo que sucedería si la teoría no fuera cierta, son sometidas a la prueba inductiva (Séptima Conferencia de 1903; 2002 431). Pero es sólo desde el punto de vista de la práctica que podemos confiar de esta corroboración: Una gran muestra ha sido formada por el conjunto completo de ocasiones en que la teoría se compara con el hecho, y una proporción abrumadora de estas oportunidades —de hecho, todos los casos que han surgido— se revelan para confirmar la teoría. Además, dice la práctica, podemos suponer de manera segura que esto sería así en la mayoría de los casos donde yo me basaré sobre la teoría, sobre todo porque ellos se parecen muchísimo a aquellos que ya se han puesto a prueba” (Peirce 1995 237). La teoría por lo tanto puede ser objeto de creencia: “creer es estar dispuesto a arriesgar mucho en una propuesta”, pero desde el punto de vista de la práctica. Entonces, desde el punto de vista de la ciencia pura, que, con ideales muy elevados, y un ‘objetivo final’47 no tiene nada que ver con la creencia, tales conclusiones científicas “no tienen ninguna posibilidad y no están sujetos a la creencia” (Peirce 1995 237). La ‘probabilidad’ que ofrece la prueba inductiva tiene valor solamente en la práctica. Esta conferencia de 1903 permite jerarquizar la investigación pura y desinteresada. Animados por el ‘verdadero Eros científico’ (amor a la verdad) válida en el largo plazo, y la economía de la investigación válida en el corto o mediano plazo —dos puntos de vista que parecían incompatibles—: de hecho, aunque los requisitos de la práctica prevalezcan en la vida cotidiana, la ciencia sólo tiene sentido como una búsqueda de la verdad que finalmente está condenada a cumplir. En cualquier caso, el propósito de una hipótesis explicativa está de acuerdo con la dialéctica de la duda y la creencia, “hacer de manera que se pueda evitar cualquier sorpresa y conducir a la creación de una expectativa positiva que no sea decepcionante” (Séptima Conferencia de 1903; en Peirce 2002 432). En esta misma conferencia, que representa el estado más adelantado de su pensamiento sobre la cuestión, Peirce, finalmente destaca el pleno acuerdo del pragmatismo con la lógica de la abducción; es más, las dos no hacen sino una sola, sin los inconvenientes del positivismo, permitiendo “el medio” (196). Tal procedimiento no tiene ningún sentido para él (cf. 2 673, 2 780, 2 748, 1 92, 5 195). Por no poder atribuir una probabilidad definida a una teoría, la inducción permite “una confianza proporcional en el caso que las experimentaciones que pueden ser intentadas confirmarían la teoría” (2003 195). 47

En la Quinta Conferencia de Harvard de 1903, Peirce define un enfoque último como “aquello que sería buscado en todas las circunstancias posibles —es decir, inclusive si los hechos contingentes establecidos por las ciencias fueran enteramente diferentes de lo que son” (2002 376).

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vuelo de la imaginación, siempre que esta imaginación aterrice para terminar en un efecto práctico posible” (2002 432). Él volvía a las conferencias de 1903 para completar esta síntesis epistemológica. Peirce probablemente no se hubiera imaginado la fortuna que debía conocer a finales del siglo XX, gracias a la inteligencia artificial, su noción de razonamiento abductivo: “La Inteligencia Artificial (AI) utiliza con frecuencia el razonamiento abductivo como un método para generar hipótesis para un conjunto de eventos, una teoría del dominio dada. El campo preferido de aplicación es el diagnóstico”, incluyendo el diagnóstico médico, dice Philippe Dague, un investigador en inteligencia artificial (Houdé et al. 1998 23-24). Debidamente formalizada, la abducción también juega un papel en varias otras tareas de resolución de problemas tales como la planificación, la comprensión del lenguaje natural, aprendizaje de máquinas, etc. De hecho, el ámbito de aplicación de la abducción es aún más amplia, incluyendo la psicología, y si todavía no se trata de una lógica unificada del descubrimiento, la abducción ofrece, en cualquier caso gran parte de características interesantes, queda sola en el camino en materia de “inferencia hacia la mejor explicación”.

Trabajos citados Bouveresse, Jacques. L’ homme probable. Robert Musil, le hasard, la moyenne et l’escargot de l’Histoire. Paris: Éditions de l’Éclat, 1993. Chauviré, Christiane. Peirce et la signification: Introduction à la logique du vague. Paris: PUF, 1995. ---. La philosophie dans la boîte noire. Cinq pièces faciles sur Wittgensttein. Paris: Kimè, 2000. ---. “De Vienne à Cambridge. La maxime pragmatiste et sa lecture vérificationniste” En Chauviré, Ch.: “Le grand miroir. Essais sur Peirce et sur Wittgenstein”, Besançon: Annales de l’Université de Franche-Comté, 2004. Chomsky, Noam: Language and Mind. Cambridge: Cambridge University Press. 1968. [Traduction française: Le Langage et la pensée. Petite bibliothèque Payot, 2001]. Dupéron, Isabelle. G. T. Fechner: le parallélisme psychophysiologique. Paris: PUF, 2000 Fagot-Largeault, Anne; Andler, Daniel & Saint-Sernin, Bertrand. Philosophie des sciences. Vol. 1 & 2. Paris: 2002. Folio Essais (poche).

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Girel, Mathias. Conduite et croyances dans le pragmatisme. Thèse pour obtenir le titre du docteur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2007. Holmes, Ernest. The science of mental. 31th. ed. New York: Dodd–Mead, 1966. Hookway, Christopher. Truth, Rationality and Pragmatism: Themes from Peirce. Oxford: Oxford University Press, 2000. Houdé et al. Vocabulaire de Sciences Cognitives: Neuroscience, psychologie, intelligence artificielle, linguistique et philosophie. Edité par Olivier Haudé, Daniel Kayser, Olivier Koening, Joëlle Proust, François Rastier. Paris: PUF, 1998. Kuhn, Thomas Samuel. The structure of scientific revolutions. 3ª Ed. Chicago: The University of Chicago Press, 1996. McCawley, James D. Everything that Linguists Have Always Wanted to Know About Logic (but were Ashamed to Ask). University of Chicago Press, 1981. Blackwell, 1982. (hardback), (paperback) / 2ª ed. University of Chicago Press, 1993. Nicod, Jean. Le problème logique de l’ induction. Paris, 1923 (Thèse complémentaire Univ. Paris); sur la page du titre: Bibliothèque de philosophie contemporaine. Peirce, Charles Sanders. Collected Papers. 8 vols. Edited (1–6) by Charles Hartshorne and Paul Weiss and (7–8) by Arthur Burks, Cambridge: Harvard University Press, 1931–1958. ---. 1859 -1892, Writings of Charles S. Peirce, A Chronological Edition (W), Vol. 1–6 & 8. Peirce Edition Project (PEP), 1982–. ---. The fixation of belief. Popular Science Monthly 12 (November 1877), 1-15. New York: D. Appleton–The Science Press. [Traduction française: Comment se fixe la croyance]. ---. “La Logique de la Science”, avec deux articles: “Comment se fixe la croyance” et “Comment rendre nos idées claires”, publiés en français dans la Revue philosophique de la France et de l’étranger en 1878 et 1879. Troisième année, Tome VI, décembre 1878 et quatrième année, tome VII, janvier 1879. Paris: PUF. ---. Écrits sur le signe. Rassemblés traduits et commentés par G. Deledalle. Paris: Le Seuil, 1978. Coll. L’ordre philosophique. ---. The Essential Peirce [EP], 2 volumes, Edited (1) by Nathan Hauser and Christian Kloesel and (2) by PEP editors. Indiana University-Bloomington, 1992-1998.

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---. Œuvres de C.S.Peirce, sous la direction de C. Tiercelin chez CERF, Paris, 2002, 2003, 2006. Trois volumes sont déjà parus: vol 1 Pragmatisme et pragmaticisme, 2002. Vol. 2 Pragmatismes et sciences normatives, 2003. Vol. 3 Écrits logiques, 2006. ---. Reasoning and the Logic of Things collects in one place Peirce’s 1898 series of lectures invited by William James. Edited by Kenneth Laine Ketner, with commentary by Hilary Putnam. Harvard, 1992. Poincaré, Henri. La valeur de la science. 1ère. édition, Paris: Gallimard, 1905. Popper, Karl. Un univers de propensions: deux études sur la causalité. 1990, trad. Alain Boyer. Combas: Editions de l’Eclat, 1992. ---. Lógica de la Investigación Científica, 1934 (1959 pour la traduction anglaise), trad. Nicole Thyssen-Rutten et Philippe Devaux, préface de Jacques Monod, Paris: Payot, 1973. Quine, Willard Van Orman. Ontological Relativity and Other Essays. New York: Columbia Univ. Press, 1969. Van Fraassen. Laws and Symmetry. Oxford: Oxford University Press, 1989. French translation and introduction by C. Chevalley. Paris: Vrin, 1994. Valéry, Paul. Cahiers I, II. Edition par Judith Robinson-Valéry. Paris: Gallimard, 1973-1974. Bibliothèque de la Pléiade.

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Indexicalité et assertion chez Peirce Christiane Chauviré1

R ésumé Peirce présente la pragmatique de l’acte d’énonciation, supportée dans une étude originale de la sémiotique comme interaction entre les intéressés, le jeu de mots et la réalité. C’est un schéma constituant une avance théorique important en la philosophie du langage et ouvre à la philosophie, avant Wittgenstein, Dewey et Habermas, les transactions de langage du monde public et de la communauté du langage. Il est en avance d’Austin et Searle car articule son pragmatisme et sa sémiotique à une théorie des actes du langage, dans laquelle les mots sont actes qui ont des effets et veulent les avoir. Une assertion est un acte du langage, dans le sens contemporain du terme, dont quelque chose de ‹ volitive ›, transcende la seule représentation et implique la responsabilité du locuteur : elle se trouve au carrefour d’une théorie du langage et une théorie de l’action, entre la proposition et l’acte d’assertion et présente la différence entre un élément ‹ représentationnel › et un acte ‹ volitive ›. L’originalité de la sémiotique de la proposition de Peirce réside dans le rôle indexical de la proposition, il voit dans la proposition assertive l’articulation de l’icône et d’un indice avec un symbole ; elle est inséparable d’une situation particulière du discours qu’implique un rôle spécifique du locuteur par rapport à l’auditeur qui est dirigé par l’indice à une situation spéciale ; localise le contenu de l’énoncé, ce qui signifie une interprétation de l’indice. Il place, ainsi le rôle de l’assertion dans le cadre de la théorie de la croyance (pierre angulaire de son pragmatisme) et la fonction de l’indice dans la distinction entre le monde réel et le monde fictif. Mots clés : pragmatisme, indexicalité, signification, sémantique. 1

Docteur en Philosophie. Actuellement Professeur de Philosophie à l’Université de la SorbonneParis I.


Indexicalité et assertion chez Peirce - Christiane Chauviré

Introduction On connaît la maxime fondamentale du ‹ pragmatisme › de Peirce qui fait résider la signification d’un signe dans ses ‹ effets pratiques › concevables : « Considère quels sont les effets pratiques que nous pensons pouvoir être produits par l’objet. La conception de ces effets est la conception complète de l’objet » (5 402)2 . En accord avec cette maxime, qui insiste sur les conséquences d’un énoncé, et grâce aux ressources de sa sémiotique, qui lui fournit la notion d’index, Peirce a développé une théorie des actes de langage qui annonce tant Austin et Searle que les analyses de l’indexicalité. Cette conception ‹ pragmatique › avant la lettre de la proposition assertée est en effet un bon exemple d’application de la maxime pragmatiste, en ce qu’elle rapporte le contenu propositionnel et l’acte d’assertion non seulement à la situation du locuteur, au contexte et aux circonstances de l’énonciation, mais aussi à l’usage qu’il en fait en vue d’un certain effet à produire sur l’auditeur, et à l’ensemble de ses conséquences pratiques dont celui-ci se rend responsable par le seul fait d’asserter. Cette pragmatique de l’acte d’énonciation s’appuie sur une étude sémiotique particulièrement riche et originale de l’interaction entre interlocuteurs et de l’action réciproque des paroles et de la réalité. Elle n’est pas la simple anticipation des jeux de langage wittgensteiniens, du performatif d’Austin, des speech acts de Searle, des token-reflexives de Bar-Hillel, et de la sémantique de la théorie des jeux d’Hintikka, elle n’en est en un sens qu’une ébauche, mais elle possède sa propre spécificité, s’accorde avec l’ensemble du pragmatisme peircien, et elle constitue une importante avancée théorique en philosophie du langage, généralement méconnue par les analytiques à l’exception notable d’Hintikka. En même temps elle ouvre à la philosophie, avant Wittgenstein, Dewey, et en un sens Habermas, le champ des transactions langagières du monde public et de la communauté de parole. En quoi consiste cette pragmatique de l’assertion ? Elle se situe au carrefour d’une théorie du langage et d’une théorie de l’action, car en bon pragmatiste Peirce considère les paroles comme des actes qui ont des effets et cherchent à en avoir. Il nous faut préciser tout d’abord que Peirce distingue la proposition et l’assertion de cette proposition (5 543) ; il utilise le mot ‹ assertion › d’une façon double, soit pour désigner le bloc proposition + acte d’assertion qui se divise en contenu propositionnel — ‹ représentationnel › — et acte assertif, soit pour désigner le seul acte d’assertion — ‹ volitionnel › —. L’aspect le 2

Les textes de C S. Peirce dans la suite du texte sont référencés ainsi : pour ceux extraits des Collected Papers (1931-1958), 5 123 signifie vol. 5, § 123 ; pour ceux extraits des Writings (1982-), W3 : 123 signifie vol. 3, p. 123.

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plus original de la théorie peircienne de l’assertion consiste à faire de celle-ci un acte de langage au sens contemporain du terme et à examiner le ‹ jeu de langage › de l’assertion. Ainsi conçue, l’assertion « n’est pas un pur acte de signification » (8 337) ou un pur événement ‹ représentationnel › ; asserter est un acte, donc quelque chose de ‹ volitionnel ›, qui dépasse la pure et simple représentation3, et qui engage la responsabilité du locuteur. Peirce s’est d’ailleurs attaché à plusieurs reprises à distinguer entre le fait de signifier (ou de comprendre une signification) et l’assertion : L’acte d’assertion est un acte d’une nature totalement différente de l’acte d’appréhender une signification et nous ne pouvons espérer qu’une analyse de l’assertion [...] jette quelque lumière sur la question bien différente de ce qu’est l’appréhension d’une proposition (5 30). Entre la proposition et l’acte d’assertion, il y a toute la différence entre un élément ‹ représentationnel › et un élément ‹ volitionnel ›. Une proposition représente un état de choses, une proposition simple représente un fait, l’état de choses et le fait se définissant d’ailleurs par leur exprimabilité dans une proposition. C’est donc le découpage du langage en propositions qui conduit à distinguer dans le réel des faits et des états de choses. La proposition, qui est évidemment pour Peirce un signe, prise au sens de contenu propositionnel, possède en soi un statut sémiotique indépendant de l’assertion qui peut ou non se surajouter à elle : le contenu propositionnel est en effet un signe (cf. 8 313) ayant un sens par lui-même, tout acte d’assertion étant suspendu (il suffit que, comme signe, il soit interprété) : « La proposition n’a pas besoin d’être assertée ou jugée. Elle peut être envisagée comme signe susceptible d’être asserté ou nié. Le signe luimême garde sa pleine signification, qu’il soit effectivement asserté ou non » (2 252 ; cf. 2 315). On notera la dépsychologisation que Peirce fait subir au contenu propositionnel, ici considéré seulement dans sa dimension sémiotique, laquelle ne requiert aucune référence à l’esprit humain4. C’est ce que Peirce exprime autrement —dans la terminologie sémiotique très sophistiquée qui est la sienne— en assignant à la proposition le statut de 3

« Un état de choses est une partie constituante abstraite de la réalité, d’une nature telle qu’il faut une proposition pour le représenter. Il n’y a qu’un état de choses individuel, ou complètement déterminé, c’est la réalité prise dans sa totalité. Un fait est un état de choses si précisément abstrait qu’il peut être complètement représenté par une proposition simple » (5 549). Par ‹ précisément abstrait ›, il faut entendre que l’état de choses est le résultat d’un travail ‹ d’abstraction précisive › effectué sur le réel. L’abstraction précisive est un des deux modes d’abstraction distingués par Peirce, l’autre étant l’abstraction hypostatique (Bourdieu 1998 16 ; Chauviré 2008 140 & s.).

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Sur la sémiotisation du mental effectuée par Peirce (Ch. Chauviré 2000).

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‹ symbole dicent ›, c’est-à-dire un signe susceptible d’être asserté (un ‹ dicent › n’étant pas nécessairement une proposition assertée, mais une proposition assertée étant toujours un signe ou un symbole ‹ dicent ›)5. D’autre part, créateur de la distinction type/token, Peirce applique cette dichotomie à la proposition (le token étant une instance ou une occurrence du type) ; une seule et même proposition-type peut s’incarner dans des tokens différents : Par proposition, en tant que quelque chose qui peut être répété à plusieurs reprises, traduit en une autre langue, matérialisé par un graphe logique ou une formule algébrique, et être encore une seule et même proposition, nous n’entendons pas un objet individuel existant, mais un type, quelque chose de général qui n’existe pas, mais gouverne les existants auxquels les individus se conforment (8 313) 6 Les types sont en effets assignés à la Troisième Catégorie, et les tokens à la seconde, en tant qu’individus existant régis par un type ou un autre. La proposition-type est une potentialité réelle (would be) qui s’actualise dans ses ‹ répliques ›. La proposition (non assertée mais simplement envisagée) est une représentation et comme telle se voit dotée d’une dimension ‹ iconique ›7 puisque l’icône est signe de par un rapport de ressemblance (au sens large) avec l’objet ; la proposition verbale, comme la formule algébrique, doit en un certain sens représenter, donc ressembler à quelque degré, à son objet, ne serait-ce que schématiquement : « La disposition des mots dans l’énoncé doit 5

La distinction de Peirce n’est pas sans évoquer, sans toutefois s’identifier à elle, celle tracée par Frege entre le contenu propositionnel qui est une ‹ pensée › et l’acte d’assertion, laquelle pourrait avoir été influencée par Bolzano (qui distingue Urteil et Satz und Sich).

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Cf. sur ce point le commentaire de Quine (1975-2008 26) considère que la conception peircienne tombe sous le coup de sa critique de la proposition comme entité transcendante par rapport à ses occurrences possibles dans le discours. C’est toutefois une critique discutable car la propositiontype de Peirce n’est pas, par rapport à ses tokens, dans le même rapport qu’une entité platonicienne par rapport à ses occurrences concrètes (Quine vise Frege et Church dans sa critique) ; la proposition-type est en effet un Troisième —un would be, une ‹ possibilité réelle › qui a force de loi— qui gouverne les tokens seconds qui la matérialisent à la manière d’une loi ou d’une règle. L’ontologie peircienne n’a rien à voir avec le platonisme.

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Toute représentation met en jeu une ‹ icône ›, c’est-à-dire un signe ayant pour caractéristique de représenter un objet en vertu de sa ressemblance avec lui ; un diagramme est une icône formelle qui reproduit les relations existant entre les éléments de l’état de choses qu’elle représente. Peirce s’est tout particulièrement intéressé aux icônes mathématiques, qui sont des diagrammes et à une sorte d’icône particulièrement précise et exacte qu’il appelle ‹ forme mathématique › d’un état de choses (une représentation abstraite qui ne garde de l’état de choses que les ressemblances et les différences qu’il comporte sans spécifier les supports de ces ressemblances ou différences, ni les qualités sensibles des constituants de l’état de choses : cf. 5 550).

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servir d’icône8, afin que l’énoncé puisse être compris » (4 544) ( de même une équation algébrique est essentiellement pour Peirce une icône, voire un diagramme). Elle est une sorte d’image : « La proposition elle-même représente simplement une image à laquelle est attachée une étiquette ou une marque » (5 543), même si, nous allons le voir, ce n’est pas la dimension iconique qui prédomine dans la proposition. Par ailleurs, asserter est un acte véritable qui relève de la volonté (2 436, 5 547). L’acte d’assertion est produit dans certaines circonstances et à l’intention de quelqu’un, il concerne structurellement deux protagonistes au moins, celui qui parle et celui qui écoute (2 534), le cas du monologue se réduisant à celui du dialogue, puisque « même dans la méditation solitaire, tout jugement est un effort pour convaincre d’une vérité le moi du futur immédiat et du futur général. C’est une assertion véritable [...] et la dialectique solitaire est encore de la nature du dialogue » (5 546 ; cf. 5 421, 5 29 et 2 334). Peirce est le premier philosophe à avoir soutenu explicitement, dans sa sémiotique, et en rapport avec son pragmatisme, la thèse du caractère ‹ dialogique › du langage, qui a intéressé Hintikka et ses élèves, qui y voient une anticipation de leur sémantique fondée sur la théorie des jeux (game theoretical semantics). L’acte d’asserter non seulement fait partie d’un contexte environnemental, mais se rattache aussi à un comportement humain et social soumis, nous le verrons, à certaines règles, et ce comportement comme tel n’est pas séparable du jeu de langage qui définit la proposition assertée. La société, les institutions, les coutumes sont, comme chez Wittgenstein, l’arrière-plan des actes de langage. L’analyse sémiotique de la proposition met en évidence l’association de plusieurs signes de types différents. Nous reproduisons schématiquement cette analyse qui, dans certains textes, revêt un caractère singulièrement complexe. « Toute assertion est assertion que deux signes différents ont le même objet » (2 437) ; plus précisément la proposition assertée, qui appartient, comme toute partie du langage verbal, au registre du symbolique, a pour fonction de mettre en rapport deux signes de natures différentes avec un même objet. Deux signes hétérogènes s’articulent pour former la proposition ; il y a d’abord une icône, qui confère à la proposition sa nature représentative ou figurative, et un index qui rapporte la proposition à un élément du réel. Nous verrons que l’originalité de la sémiotique peircienne de la proposition réside avant tout dans la mise en évidence du rôle indexical de la proposition. Peirce voit ainsi dans la proposition assertée l’articulation d’une icône et d’un index avec un symbole ; elle est 8

Rappelons brièvement la distinction peircienne entre trois sortes fondamentales de signes : l’icône qui possède une ressemblance formelle avec son objet, l’index qui a une relation physique avec son objet, et le symbole, qui est rattaché à son objet de façon purement conventionnelle.

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inséparable d’une certaine situation de discours impliquant un certain rôle du locuteur vis-à -vis de l’auditeur, celui-là cherchant à produire certains effets sur celui-ci : l’assertion d’une proposition consiste dans le fait que le locuteur témoigne devant un auditeur (réel ou virtuel) qu’il croit une certaine chose (et tente par là même à faire partager, ou à imposer, cette croyance à l’auditeur) : « C’est-à-dire que dans une circonstance (occasion) donnée, il trouve absolument contraignante une idée [...], il devrait donc y avoir trois parties dans chaque assertion : un signe de la circonstance (occasion) dans laquelle s’exerce la contrainte, un signe de l’idée qu’on fait valoir, et un signe témoignant de la contrainte s’exerçant sur le locuteur » (2 535). C’est dire l’importance du rôle de la contrainte dans l’assertion ; or nous verrons que c’est l’index qui est le véhicule de cette contrainte. Il faut également resituer cette conception de l’assertion dans le cadre de la théorie peircienne de la croyance, une des pièces maîtresses de son pragmatisme9, qui croise ici la sémiotique de la proposition. Peirce montre sur l’exemple d’une proposition simple comme : ‹ Il pleut › ; l’association d’une icône : « la photographie mentale composée de tous les jours de pluie que l’auteur de la proposition a interprété » et d’un index : « tout ce par quoi il distingue ce jour tel qu’il se situe dans son expérience » ; l’assertion consistant en un ‹ acte mental › que Peirce assimile à un symbole : « Le symbole est l’acte mental par lequel il caractérise ce jour comme pluvieux » (2 438 ; cf. 2 440-441). Dans la proposition c’est le ‹ rhème › c’est-à-dire le schème prédicatif, qui est iconique ; dans la grammaire pure de Peirce, la proposition se compose en effet, comme chez Frege, d’un signe incomplet (le prédicat, par exemple ‹ -est pluvieux ›) et d’un signe complet, le sujet : l’un complète l’autre. Quant à la ‹ photographie mentale composée ›, qui fait référence à Galton, elle est un schème (une ‹ représentation-squelette ›, résidu formel de superpositions successives d’expériences (de la pluie, dans le cas de ‹ Il pleut ›, et constitue l’élément prédicatif de la proposition. Mais c’est sur le rôle fondamental joué par l’index dans l’assertion que Peirce insiste le plus : « II doit amener l’auditeur à partager l’expérience du locuteur en lui montrant ce dont il parle [...]. C’est la connexion d’un mot indicatif avec un mot symbolique qui fait l’assertion » (4 57). Ce qui rend nécessaire le rôle de l’index, c’est que lui seul peut, dans la proposition, distinguer premièrement le monde réel du monde fictif, si c’est du monde réel qu’on parle, et en général désigner le monde qu’il est question ; et l’index, deuxièmement, désigne, dans le réel, un élément circonstanciel saillant dont le locuteur veut faire partager à l’auditeur l’expérience, par la contrainte : « lui seul peut repré9

Cf. la thèse de Mathias Girel (2007).

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senter à l’auditeur la contrainte exercée par le locuteur en le contraignant à faire l’expérience de la même circonstance (occasion) » (ibid.). L’index est en effet la seule catégorie de signe qui « agisse dynamiquement sur l’attention de l’auditeur et le dirige vers une circonstance (occasion) spéciale ou un objet spécial » (2 556)10. Dans la sémiotique de Peirce, aucune représentation pure, c’est-à-dire aucune icône ne saurait rien contenir qui distingue le monde réel du monde fictif « parce qu’une icône ne se réfère pas à une chose particulière et que son idée ne s’impose pas avec force à l’esprit, mais que son évocation nécessite souvent un effort » (5 454). Si l’icône, et en particulier le diagramme, a pour fonction de nous faire comprendre un état de choses soit expérimenté soit imaginé (par ex. en mathématiques), soutient Peirce, [U]ne telle figure ne peut toutefois montrer ce à quoi elle est censée s’appliquer ; et aucun diagramme ne peut servir à ce propos. Le où et le quand de l’expérience particulière, ou l’occasion, ou une autre circonstance identifiant la fiction particulière11 à laquelle le diagramme doit s’appliquer, sont des choses incapables d’être exhibées diagrammatiquement (5 419)12. Il faut donc, pour indiquer que c’est bien du monde réel qu’il est question, que la proposition contienne un signe que Peirce qualifie de ‹ dynamique › (les signes dynamiques relevant de la Seconde Catégorie), aussi dynamique que la réalité elle-même telle que nous l’éprouvons dans l’expérience13. C’est le rôle 10

Peirce accorde une place à une sorte particulière d’index, les quantificateurs naturels ou formels (tous, quelques) définis comme préceptes « décrivant comment l’auditeur doit agir pour trouver la circonstance de l’expérience à laquelle l’assertion se réfère », nommément un quantificateur (‹ tous…les ›, ‹ quelques ›, ‹ certains ›). Le langage, y compris le langage symbolique de la logique, ne peut donc faire l’économie des index.

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Peirce songe ici aux expériences de pensée mathématiques qui procèdent à l’aide de construction de diagrammes dans l’imagination.

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Des signes paralinguistiques peuvent compléter le langage verbal nécessairement trop général pour renforcer l’indexicalité de l’énonciation : ainsi « aucune langue [...] ne possède une forme de discours particulière qui montre qu’on parle du monde réel », mais « les tons et les regards agissent dynamiquement sur l’auditeur et le font prêter attention aux réalités. Ils sont donc les index du monde réel » il n’y a « aucune classe d’assertions qui ne contienne pas d’index sauf les analyses logiques et les propositions identiques », qu’il faut de toute façon interpréter comme se référant à un monde de concepts dont la désignation nécessite un index (2 35). Un langage sans index est donc impossible (et l’analyse peircienne des propositions analytiques de la logique comme véhiculant une information, non sur le monde réel, mais sur l’utilisation des symboles, va tout à fait dans ce sens : cf. 2 515).

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Peirce considère la réalité (au sens de Second) comme quelque chose de coercitif dont la force nous percute en quelque sorte, et définit l’expérience, notamment l’expérience perceptive, comme ce qui s’impose à nous irrésistiblement.

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que jouent un certain nombre de catégories grammaticales, comme les noms propres, les pronoms personnels, démonstratifs et relatifs, les interjections, mais aussi les lettres figurant sur les diagrammes géométriques, les nombres souscrits en algèbre, « qui sont des index presque purs parce qu’ils dénotent des choses sans les décrire » (5 561)14 : « Des mots comme ceci, cela, hep, hello, ohé, ont une action directe et forte sur le système nerveux et forcent l’auditeur à se préoccuper d’eux ; aussi contribuent-ils, plus que les mots ordinaires, à indiquer de quoi l’on parle », chose que la grammaire a si peu vu, remarque Peirce, qu’elle nomme ceci et cela des pronoms ‹ démonstratifs ›, alors qu’ils indiquent et ne démontrent pas (3 419). L’index n’est pourtant pas forcément de nature verbale (en toute rigueur un mot ne peut être selon Peirce un index pur parce qu’il a une signification générale qu’il conserve à travers ses usages multiples, participant ainsi de la nature du symbole : cf. 4 57) pas plus qu’il n’existe de critère grammatical ou même linguistique de l’index : l’index peut être simplement un élément physique (regard, geste, intonation) associé à l’énonciation, et indissociable d’elle dans l’acte d’énonciation. Peirce souligne que l’index verbal, surtout sous sa forme pronominale comme ceci et cela, mais aussi je et il, est lié à chaque situation de parole et que son application change avec elle : il décrit de manière exacte ce qu’on appellera plus tard au XXème siècle, avec Reichenbach et Bar-Hillel, la tokenréflexivité : « L’index est essentiellement une affaire d’ici et de maintenant, son office est de rapporter la pensée à une expérience particulière [...]. Les mots ceci et cela sont des mots indicatifs. Ils s’appliquent à des choses différentes toutes les fois qu’ils sont employés » (4 5). La fonction de l’index est donc, non seulement de désigner une expérience dont parle l’énoncé, mais aussi de situer et ainsi d’individualiser le contenu de l’énoncé15, ce qui revient à dire qu’un énoncé n’a de sens que dans une situation de parole singulière, et que son sens a besoin d’être complété par la donnée des circonstances puisque le langage ne parvient pas par lui-même à tout spécifier : Deux hommes se rencontrent sur une route de campagne. L’un dit à l’autre : ‹ Cette maison est en feu. — Quelle maison ? — Eh bien, la maison à un mille à ma droite ›. Que ce discours soit couché par écrit et montré à tout le monde dans le village voisin et il apparaîtra que le langage par lui- même ne spécifie pas la maison. Mais la personne à qui l’on s’adresse voit où se tient le locuteur, reconnaît sa droite (mot 14

Peirce donne dans certains textes des classifications plus complexes des différentes sortes d’index (cf. 8 568, note 25).

15

Sur les indicateurs comme opérateurs d’individualisation, cf. Pariente (1975 85 & sq.).

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ayant un mode de signification tout à fait singulier), estime un mille (longueur n’ayant pas de propriétés géométriques différentes des autres longueurs) et, regardant là, voit la maison [...]. Ce n’est pas le langage seul, avec ses seules associations de similarité, mais le langage pris en connexion avec les associations expérimentales de contiguïté de l’auditeur, qui détermine pour lui de quelle maison on parle. Il est donc nécessaire, pour montrer ce dont nous parlons ou ce sur quoi nous écrivons, de mettre l’esprit de l’auditeur ou du lecteur en connexion réelle et active avec la concaténation de l’expérience ou de la fiction dont nous nous occupons, et ensuite d’attirer son attention sur un certain nombre de points particuliers de cette concaténation et de les identifier (3 419). Pour Peirce, le langage est incapable à lui seul d’opérer totalement cette connexion, parce que les index verbaux qu’il contient sont des mots généraux, alors que chaque situation de parole est particulière, et il faut que l’auditeur recoure à un système de repérage extra-linguistique pour saisir le message du locuteur. S’orientant vers une analyse logique en profondeur de la proposition, par opposition à l’analyse logique traditionnelle calquée sur l’analyse grammaticale des langues indo-européennes, Peirce construit un concept de sujet sémiotiquement défini comme « ce sur quoi l’index dirige l’attention » (2 536), bien qu’il ne coïncide pas nécessairement avec l’objet dénoté par le sujet grammatical ; en effet, selon l’analyse traditionnelle, le sujet s’exprime par un nom au nominatif, alors que « souvent l’index n’est pas de la nature d’un nom. Il peut être [...] un simple regard ou un geste. Et il peut être déguisé d’une manière telle qu’il soit impossible de dire s’il est un index » (2 338)16. Dans la plupart des cas, la forme grammaticale de la proposition ne coïncide pas avec sa structure logique ; elle peut ainsi masquer l’articulation réelle des éléments logiques qui la constituent, et il devient alors difficile de détecter et d’isoler les index (c’est-à-dire les sujets). Comme Frege, Peirce n’a cessé de dénoncer l’asservissement de la logique traditionnelle aux grammaires indo-européennes et l’incapacité de ces dernières à exhiber la véritable articulation logique de la proposition ; ses recherches sur la ‹ logique des relatifs ›, mettant en évidence la possibilité d’une pluralité de sujets au sein de la proposition, récusent et dépassent l’ancienne structure aristotélicienne sujet/prédicat : 16

Ainsi les quantificateurs, désignant et délimitant une partie de l’univers du discours, ont-ils un rôle indexical (cf. 4 59).

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Toute proposition a un17 prédicat qui exprime ce que l’on croit et un sujet qui exprime ce dont on le croit. Les grammairiens préfèrent dire qu’un énoncé n’a qu’un sujet qui est mis au nominatif. Mais d’un point de vue logique, la terminologie des anciens grammairiens était meilleure, qui parlait d’un sujet nominatif et d’un sujet accusatif. Je ne sais pas s’ils parlaient d’un sujet datif, mais dans la proposition : ‹ Antoine a donné un anneau à Cléopâtre ›, Cléopâtre est autant sujet de ce qui est signifié ou exprimé que l’anneau ou Antoine (5 542). C’est entre autres sur ce type d’analyse, qu’on rencontre aussi chez Tesnière, que Descombes fonde sa notion de ‹ complément de sujet ›. Le rôle du prédicat est précisé, par rapport au rôle indicatif des sujets, de la façon suivante : Que la diagrammatisation soit une chose, et l’application du diagramme une autre, est reconnu de façon obscure dans la structure de ces langues dont je suis familier, qui distinguent les sujets et les prédicats des propositions. Les sujets sont les index des choses dont on parle, les prédicats, les mots qui affirment, demandent ou ordonnent tout ce qu’on veut dire. Seulement le caractère superficiel de la syntaxe est rendu manifeste par son incapacité à reconnaître l’impuissance des seuls mots, et spécialement des noms communs, à remplir la fonction de sujet grammatical (3 419). La définition du prédicat comme mot qui affirme, ordonne, etc.18, nous donne une précision supplémentaire sur ce que Peirce entend par assertion. Mais avant de développer ce point, nous voudrions faire une remarque à propos de l’extrême généralité de la théorie peircienne de la proposition. Si la proposition verbale est, comme le dit Peirce, l’association, coiffée par un symbole, d’un index à une icône, toute icône en général à laquelle est associé un index pourra être dite proposition, même s’il ne s’agit pas d’une proposition pensée ou exprimée : « Ainsi un portrait avec le nom du modèle en dessous est une proposition » (5 569). Il lui manque néanmoins la dimension symbolique, la généralité qui est le propre du langage verbal. La proposition du langage ordinaire n’est donc qu’une espèce du genre proposition. Mais si un portrait avec le nom du modèle peut être qualifié de proposition, c’est que l’association de cette image avec cet index est énonçable, c’est-à-dire traductible en une proposition linguistique qui affirme que « si quelqu’un regarde (le 17

Peirce veut dire : un seul prédicat, qui est la matrice de la phrase, et qui peut comporter, comme dans la logique contemporaine, un ou plusieurs places.

18

Nous laissons ici de côté toute l’étude, assez longue et détaillée, de la prédication chez Peirce, ainsi que ses développements sur le concept de ‹ rhème › appliqué au prédicat (cf. Chauviré 1985).

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portrait), il peut se former une idée raisonnablement correcte de ce à quoi peut ressembler le modèle » (ibid.) ; la proposition qui traduit linguistiquement, c’est-à-dire interprète le portrait, est son ‹ interprétant ›. Sur ce point, l’analyse de Peirce peut évoquer la Bildauffassung du jeune Wittgenstein : à savoir que si la proposition, comme Bild logique, reproduit, en vertu de sa dimension iconique, une structure factuelle, inversement toute image « peut remplacer une description » (Carnets 88) dans la mesure justement où elle est au fond elle-même de nature propositionnelle19. Mais Wittgenstein reconnaît que la ressemblance plus ou moins grande existant entre la proposition et la situation qu’elle dépeint ne suffit pas à fonder une relation de représentation à proprement parler, et qu’une ‹ méthode de projection › doit être alors supposée pour rendre compte de cette relation. Cette loi de projection est ainsi l’élément décisif de la corrélation existant entre la proposition et la situation décrite, de même que chez Peirce l’index est l’élément décisif qui ancre la proposition dans la réalité et détermine ce à quoi elle s’applique. Selon Wittgenstein, la loi de projection établit une correspondance entre les éléments de la proposition et les éléments du fait qu’elle reproduit : « L’image est ainsi rattachée à la réalité, elle va jusqu’à elle » (Tractatus, 2.1551). Chez Peirce c’est grâce à l’index que la proposition s’agrafe à la réalité ; en même temps « Une proposition est un signe qui indique séparément son objet » (5 569 ; nous soulignons ; cf. 2 95) ; entendons que s’il y a ‹ contiguïté › —comme dit Peirce —, ou même ancrage, grâce à l’index, de la proposition dans la réalité, la proposition ‹ indique › une réalité ‹ distincte › d’elle. Wittgenstein de son côté utilise plutôt l’image de la règle graduée comme ‹ objet de comparaison › apposée à la réalité, pour la mesurer, ou d’antennes explorant la réalité (Tractatus, 2.1515 et 2.1512)20. Montrant comme l’auteur du Tractatus la nécessité d’un contact avec la réalité qui dépasse la simple ressemblance, Peirce a certainement mieux caractérisé Wittgenstein et sa logique de l’Abbildung —et d’une façon plus 19

Comme l’a noté J. Bouveresse : « A la nature ‹ picturale › du langage correspond une certaine nature linguistique de l’image en général, et la théorie de la proposition est également une théorie de l’image en général, dans la mesure où celle-ci comporte nécessairement un aspect propositionnel » (1976 93).

20

La comparaison s’impose d’autant plus que Peirce, parlant des lois de projection utilisées en cartographie, leur attribue justement un rôle indexical : « Décrivez, décrivez et décrivez, et vous ne pourrez jamais décrire une date, une position ou une quelconque quantité homoloïdale. Vous pourrez objecter qu’une carte est un diagramme montrant des localités ; sans doute, mais pas avant que la loi de projection ne soit comprise, ni même alors à moins que deux points au moins de la carte ne soient en quelque façon identifies préalablement avec des points dans la nature. Or comment un diagramme pourrait-il jamais accomplir cette identification ? » (3 419). Peirce se montre ici influencé par le métier de cartographe qu’il a exercé au Coast Survey ; il rappelle ailleurs que le mot Abbildung « a été utilisé par Gauss en 1845 pour désigner ce qu’on appelle en anglais une projection cartographique » (3 609).

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satisfaisante pour les linguistes— la nature exacte (indicative et dynamique, et pour tout dire Seconde) de cette corrélation. Peirce soutient qu’une image n’a qu’une signification virtuelle avant d’être effectivement ancrée par un index dans le réel ou dans une situation : « Aucune assertion n’a de sens à moins qu’il n’y ait une désignation montrant si on se réfère à l’univers de la réalité, ou de quel univers de fiction on parle » (8 368, note 25). Plus généralement d’ailleurs un signe n’est qu’un signe virtuel avant d’être interprété, surtout dans le cas des index (une trace de pas dans le sable que personne ne voit jamais n’est pas un signe in actu). Son originalité est peut-être d’avoir montré que l’agent de cette corrélation réside à la fois dans la proposition et hors d’elle : à l’intérieur, parce que l’index est —dans la plupart des cas— un élément de la proposition verbale, articulé aux autres et relativement repérable, et à l’extérieur, parce que, comme tous les signes, l’index ne fonctionne comme index que s’il est effectivement interprété ou interprétable (5 569), tout comme chez Wittgenstein les signes ne sont des signes qu’en usage et de par l’usage21. Le mérite de Peirce est peut-être d’avoir caractérisé les catégories verbales et syntaxiques traditionnelles auxquelles correspondent les distinctions sémiotiques qu’il élabore, celle notamment entre index et symbole (même s’il existe aussi une sémiotique dans le Tractatus). Nous avons vu que Peirce définit le prédicat (au sens de la ‹ logique des relatifs ›) comme l’expression qui affirme, questionne, ordonne, etc. : c’est donc dans le prédicat qu’agit le symbole responsable de l’acte d’assertion proprement dit, c’est-à-dire la mise en rapport de deux signes (une icône et un index) avec un seul et même objet. Remarquons tout de suite que le symbole n’agit pas au même niveau que l’index et l’icône dans l’énonciation, puisqu’il se superpose à l’association de l’icône et de l’index, c’est-à -dire à un contenu propositionnel, sinon préalable, du moins indépendant. C’est sur le symbole que porte tout le poids de l’assertion22 ; d’ailleurs « Tout symbole enveloppe une assertion, au moins rudimentaire » (2 541). Sans symbole, il n’y aurait pas d’assertion : Les icônes et les index n’assertent rien. Si l’on pouvait interpréter une icône par un énoncé, cet énoncé serait au mode potentiel, c’est-à -dire dirait simplement : ‹ Supposez qu’une figure ait trois côtés etc. › Si on 21

Ce qui donne vie aux énoncés, dit Wittgenstein, est leur usage.

22

Peirce voit dans le symbole le seul signe véritable, l’index et surtout l’icône représentant des cas dégénérés de signes (2 92). C’est un des points sur lesquels Wittgenstein et Peirce divergent : à l’inverse de ce qu’on lit dans le Tractatus, la relation de ressemblance, la seule qui relie l’icône à son objet, représente pour Peirce le plus bas degré de la relation pouvant exister entre un signe et un objet,alors que Wittgenstein ne voit dans le langage que des icônes logiques.

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interprétait ainsi un index, le mode serait impératif ou exclamatif : ‹ Voyez ! ›, ‹ Regardez ! › (2 291 ; cf. 3 361). L’icône n’est qu’une potentialité d’assertion. Par opposition à l’index et à l’icône, le symbole est le signe déclaratif par excellence et correspond dans nos grammaires au mode indicatif du verbe : « Une proposition (assertée) est équivalente à un énoncé au mode indicatif » (2 315)23. Mais par lui-même le symbole ne peut rien dire sur la réalité à moins d’être secondé par un index qui le rapporte au réel : « Un symbole en lui-même n’est qu’un rêve ; il ne montre pas ce dont il parle. Il a besoin d’être relié à son objet. Pour cela un index est indispensable » (4 57). Non seulement l’assertion dit quelque chose sur la réalité, mais elle possède en outre un caractère auto-référentiel : la proposition assertée émet une certaine ‹ prétention › sur elle-même, elle fait profession d’être telle et telle : « Elle déclare être cette sorte de signe qui est signe pour être reliée réellement à son objet » (8 515 ; 2 255). Autrement dit, toute proposition assertée se désigne comme index d’une réalité indépendante d’elle, se donne distinctement pour ce qu’elle est, de telle sorte qu’on ne saurait la confondre ni avec une autre sorte de signe (une pure icône par exemple), ni avec la réalité elle-même. En même temps elle prétend à la vérité tout comme le souhait souhaite d’être exaucé avant de souhaiter ceci ou cela (7 59) : « Toute proposition assertée asserte virtuellement sa propre vérité » (4 282 ; cf. 7 59). Sur ce point Peirce anticipe notablement Urmson qui lui aussi a soutenu que va de pair avec une assertion une présupposition de vérité (implied claim to truth)24 : asserter est témoigner en faveur de la vérité d’une proposition. À cet égard encore la dette d’Habermas vis-à-vis de Peirce est visible. La pragmatique peircienne fait coopérer dans une assertion trois signes d’espèces différentes, et ce, à deux niveaux : l’icône et l’index s’assemblent pour former un signe complexe qu’en second lieu le symbole viendra en quelque sorte coiffer, pour permettre l’acte d’assertion. Le langage verbal revêt une dimension symbolique, qui est celle des mots à signification plus ou moins générale dont le sens est défini par convention. En outre la sémiotique requiert comme dimension fondamentale au minimum l’interprétabilité du signe sans lequel celui-ci ne fonctionnerait pas comme tel : dans l’assertion comme dans le cas de tous les autres signes, l’interprète est visé par le signe, l’assertion s’adresse à quelqu’un. L’originalité de Peirce réside sans doute moins dans le 23

Peirce remarque que « les mots ordinaires dans la plupart des langues sont assertoriques. Ils assertent dès qu’ils sont attachés en quelque sorte à un objet. Si vous écrivez ‹ verre › sur une boîte, on comprendra que vous voulez dire que la boîte contient du verre » (4 58).

24

Sur la prétention cognitive de l’acte d’assertion, cf. De Rose (2002) et Brandom (1983).

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fait d’avoir distingué l’acte d’assertion de la proposition proprement dite, que dans celui d’avoir isolé, par rapport à l’élément iconique de la proposition (la ‹ photographie mentale composée › qui est comme la matrice de la proposition, le ‹ rhème › prédicatif), qui est en soi un élément inerte, un signe ‹ dynamique › qui seul peut ancrer la proposition dans le réel parce que sa nature est majoritairement Seconde. Sans cet ancrage l’énonciation ne dit rien ‹ sur la réalité › : c’est le cas des formules logiques (comme le principe d’identité ‹ A=A ›) que l’on ne peut considérer comme des propositions (2.452) car les index y dénotent des objets qui n’existent pas, ou peut-être, suggère Peirce, faut-il les considérer comme des propositions délivrant une information sur des symboles. Ce n’est que grâce aux index qu’une assertion peut non seulement prétendre en être une, mais en être une réellement, c’est-à-dire effectuer un geste réel de pointage de la réalité : Quand des symboles tels que des mots sont utilisés pour construire une assertion, cette assertion se rapporte à quelque chose de réel. Elle doit non seulement déclarer le faire, mais le faire réellement ; sinon elle ne serait ni vraie ni à plus forte raison fausse. Un témoin peut bien jurer, avec les formalités légales, que Jean Dupont a commis un meurtre, si le nom de Jean Dupont ne dénote aucune personne existante, il n’a fait aucune assertion (4 500 ; le serment, dirait Austin, est nul et non avenu). Ainsi Peirce a-t-il vu, longtemps avant Austin, que faire une assertion ce n’est pas seulement dire, c’est faire, ou plus simplement que dire, c’est faire ; mais Peirce, lui, associe l’efficace de cet acte à l’indexicalité de la proposition ; l’essence de la proposition étant « d’indiquer séparément ce dont elle est le signe », elle est en effet majoritairement indexicale ; et l’assertion est un acte qui vise à modifier ou transformer le réel non seulement grâce à ses effets sur l’attention et le système nerveux, voire musculaire, de l’auditeur (et ce du fait de la présence d’index), mais en ayant des conséquences à plus long terme dont le locuteur assume la responsabilité. Un de ses effets peut être de modifier de façon plus ou moins durable la conduite de l’auditeur, qui est amené par les index à partager la croyance induite par le locuteur, et à agir en fonction de cette croyance (5 548). Même le concept, qui n’est qu’une assertion virtuelle, « peut avoir une portée sur la conduite » (ibid.), possédant ainsi une ‹ teneur intellectuelle ›, comme l’énonce la maxime pragmatiste Ainsi le talent de Peirce n’est-il pas seulement d’avoir anticipé Austin et Searle, il est aussi d’avoir harmonieusement articulé avec son pragmatisme et sa sémiotique une théorie des ‹ actes › de langage en un sens plus fort que chez Austin, parce que plus axé sur les conséquences.

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Bibliographie Brandom, Robert. « Assertion ». En : Noûs 17.4 (1983). Bourdieu, Pierre Emmanuel. « Une conjecture pour trouver le mot de l’énigme : la conception peircienne des catégories ». En : Philosophie 58 (1998). Bouveresse, Jacques. Le mythe de l’ intériorité. Paris : Minuit, 1976. Chauviré, Christiane. Peirce et la signification. Paris : PUF, 1985. ---.La philosophie dans la boîte noire. Cinq pièces faciles sur Wittgensttein. Paris : Kimè, 2000. ---. L’œil mathématique. Paris : Kimè, 2008. De Rose, Keith. « Assertion, Knowledge and Context ». En : Philosophical Review 111.2 (2002). Girel, Mathias. Conduite et croyances dans le pragmatisme. Thèse pour obtenir le titre du docteur. Paris : Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2007. Pariente, Jean Claude. Le langage et l’ individuel. Paris : Colin, 1975. Peirce, Charles Sanders. Collected Papers. Cambridge : Harvard University Press, 1931-1935. Quine, Willard Van Orman. Philosophie de la logique. Paris : Aubier, 2008 [1975]. Wittgenstein, Ludwig. Carnets 1914-1916. Traduction, introduction et notes de G. Gilles Gaston Granger. Paris : Gallimard, 1971. Wittgenstein, Ludwig. Tractatus logico-philosophicus. Trad. Gilles Gaston Granger. Paris : Gallimard, 1993.

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Indexicalidad y aserción en Peirce Christiane Chauviré1

R esumen Peirce presenta la pragmática del acto de la enunciación basada en un estudio original de la semiótica como interacción entre los interesados, el juego de palabras y la realidad. Es un esquema que constituye un avance teórico importante en la filosofía del lenguaje y abre a la filosofía, antes de Wittgenstein, Dewey y Habermas, las transacciones de lenguaje del mundo público y de la comunidad del habla. Se adelanta a Austin y Searle porque articula su pragmatismo y su semiótica a una teoría de los actos de lenguaje, donde las palabras son actos que tienen efectos y tratan de tenerlos. Una aserción es un acto de lenguaje, en el sentido contemporáneo del término, en el que algo de ‘volitivo’ trasciende la sola representación e implica la responsabilidad del hablante: se encuentra en la encrucijada de una teoría del lenguaje y una teoría de la acción, entre la proposición y el acto de aserción y presenta la diferencia entre un elemento ‘representacional’ y un acto ‘volitivo’. La originalidad de la semiótica de Peirce de la proposición radica en el papel indexical de la proposición, así él ve en la proposición asertiva la articulación de un icono y de un índice con un símbolo; ella es inseparable de una situación particular del discurso que implica un papel específico del hablante con respecto al oyente dirigido éste por el índice a una situación especial, localiza así el contenido del enunciado, lo cual significa una interpretación del índice. Sitúa, entonces el papel de la aserción en el marco de la teoría de la creencia (piedra angular de su pragmatismo) y la función del índice en la distinción entre el mundo real y el mundo ficticio. Palabras clave: pragmatismo, indexicalidad, significación, semántica. 1

Doctor en filosofía. Actualmente Profesora de Filosofía en la Université de la Sorbonne-Paris I.


Indexicalidad y aserción en Peirce - Christiane Chauviré

Sabemos que la máxima fundamental del ‘pragmatismo’ de Peirce sitúa el significado de un signo en el conjunto de los ‘efectos prácticos’ que se puedan concebir, “considera el conjunto de los efectos prácticos que creemos pueden ser producidos por el objeto. La concepción de estos efectos es el diseño completo del objeto” (5 402)2. En consonancia con esta máxima, que hace hincapié en las consecuencias de un enunciado, y gracias a los recursos de su semiótica, que le proporciona el concepto de índice, Peirce desarrolló una teoría de los actos de habla que anuncia tanto Austin y Searle como los análisis de indexicalidad. Esta concepción ‘pragmática’ antes de la comunicación de la proposición asertiva es realmente un buen ejemplo de la máxima pragmatista, porque ella relaciona lo que se refiere al contenido proposicional y al acto de aserción no sólo en la situación del hablante, el contexto y las circunstancias de la enunciación, sino también del uso que él hace, en vista de un cierto efecto que se puede producir en el oyente, y todas sus consecuencias prácticas de las cuales él es el responsable por el mero hecho de afirmar. Esta pragmática del acto de la enunciación, se basa en un estudio de la semiótica particularmente rico y original de la interacción entre los interesados, el juego de palabras y la realidad. No es una simple anticipación de los juegos de lenguaje de Wittgenstein, de lo performativo en Austin, de los actos de habla (speech acts) de Searle, del Token-reflexives de BarHillel, o de la semántica de la teoría de los juegos de Hintikka, sino un esquema que posee su propia especificidad, que está en concordancia con el conjunto del pragmatismo de Peirce, y constituye un avance teórico importante en la filosofía del lenguaje, generalmente ignorado por los analíticos con la notable excepción de Hintikka. Al mismo tiempo ella abre a la filosofía, antes de Wittgenstein, Dewey y Habermas, en cierto sentido, el campo de las transacciones de lenguaje del mundo público y de la comunidad del habla. ¿En qué consiste este pragmatismo de la aserción? Se encuentra en la encrucijada de una teoría del lenguaje y una teoría de la acción, porque como buen pragmatista Peirce considera las palabras como actos que tienen efectos y tratan de tenerlos. Hay que señalar primero que Peirce distingue la proposición y la aserción de esta proposición (5 543): utiliza la palabra ‘aserción’ de una manera doble, sea para designar el bloque proposición + acto de aserción que se divide en contenido proposicional —‘representacional’— y acto asertivo, o sea para designar únicamente el acto de aserción —‘volitivo’—. El aspecto más original de la teoría de Peirce de la aserción es hacer de ésta un acto de lenguaje, en el sentido contemporáneo del término, y en 2

Los textos de C. S. Peirce en el texto se referencian así: para aquellos que son tomados de los Collected Papers (1931-1958), 5 123 significa: vol. 5, § 123; para aquellos tomados de los des Writings (1982- ), W3: 123 significa vol. 3, 123.

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examinar el ‘juego de lenguaje’ de la aserción. Así concebida, la aserción “no es un acto puro de significado” (8 337) o un puro evento ‘representacional’; la aserción es un acto, en el que algo de ‘volitivo’, trasciende la mera representación 3 que implica la responsabilidad del hablante. Peirce también se ha comprometido en varias ocasiones a distinguir entre el acto de significar (o entender un significado) y la aserción: “El acto de aserción es un acto de naturaleza totalmente diferente del acto de aprehender un significado y no podemos esperar que un análisis de la aserción [...] arroje una luz sobre la cuestión muy diferente de lo que es la aprehensión de una proposición” (5 30). Entre la proposición y el acto de aserción, hay una diferencia entre un elemento ‘representacional’ y un acto ‘volitivo’. Una proposición representa un estado de cosas, una proposición simple representa un hecho, el estado de cosas y el hecho se definen mediante su forma de expresarse en una proposición. Así, la división del lenguaje en proposiciones, lleva a distinguir lo real de los hechos y los estados de cosas. La proposición, que obviamente es un signo para Peirce, tomada en el sentido de contenido proposicional, posee en sí misma un estado semiótico independiente de la aserción, que puede o no agregársele a ella: el contenido proposicional es ciertamente un signo (cf. 8 313) teniendo un sentido por sí mismo, todo acto de aserción está suspendido (es necesario que como signo, sea interpretado): “La proposición no requiere ser asertiva o juzgada. Puede ser vista como un signo susceptible de ser asertiva o negada. El signo en sí conserva su significado pleno, sea o no realmente asertivo” (2 252, cf. 2 315). Se nota la ‘des-sicologización’ que Peirce hace seguir al contenido proposicional, considerado aquí solamente en su dimensión semiótica y que no requiere ninguna referencia al espíritu humano4. Esto es lo que Peirce expresa de otra manera —en la terminología semiótica muy sofisticada, que es la de él— mediante la asignación a la proposición del estatuto de ‘símbolo del diciente’, es decir, que un signo pueda ser asertivo (un ‘diciente’ no es necesariamente una proposición asertiva, sino una proposición 3

4

“Un estado de cosas es una parte abstracta constituyente de la realidad, de tal naturaleza que es necesario una proposición para representarlo. No hay sino un estado de cosas individual, o completamente determinado, es la realidad tomada en su totalidad. Un hecho es un estado de cosas tan claramente abstracto que puede ser representado completamente por una proposición simple” (5 549). Por ‘claramente abstracto’, se entiende que el estado de cosas es el resultado de un trabajo de ‘abstracción precisa’ efectuada sobre lo real. La abstracción precisa es uno de los dos modos de abstracción distinguidos por Peirce, el otro es la abstracción hipostática (Bourdieu 1998 16; Chauviré 2008 140 & s.). Sobre la semiotización de lo mental efectuada por Peirce, cf. Chauviré (2000).

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asertiva siendo siempre un signo o símbolo ‘diciente’)5. Por otra parte, Peirce siendo creador de la distinción type/token (tipo/signo) aplica esta dicotomía a la proposición (el token es una instancia o una ocurrencia del tipo), una misma y sola proposición-tipo puede ser incluida en tokens diferentes: Por proposición, como algo que puede ser repetido varias veces, traducido a otro idioma, materializado mediante un grafo lógico o una fórmula algebraica, y aun así seguir siendo una sola y misma proposición, no se entiende como objeto individual existente, sino como un tipo, algo de general que no existe, pero que gobierna los existentes, a los cuales los individuos se refieren (8 313)6 Los tipos (types) son asignados a la Tercera Categoría, y los signos (tokens) a la Segunda, como individuos existentes regidos por un tipo u otro. La proposición-tipo es una potencialidad real (would be) que se actualiza en sus ‘réplicas’. La proposición (no asertiva, pero prevista) es una representación y, como tal es vista como dotada de una dimensión de ‘icono’7 pues el icono es un signo de una relación de semejanza (en general) con el objeto; la proposición verbal, como la fórmula algebraica debe en cierto sentido, representar, y por lo tanto, reagrupar en cierto grado, a su objeto, así sea sólo esquemáticamente: “La disposición de las palabras en el enunciado debe servir como un icono8, de manera que el 5

La distinción de Peirce evoca aquella diseñada por Frege entre el contenido proposiciónal que es un ‘pensamiento’ y el acto de aserción, sin identificarse con ella, y que pudiera estar influenciada por Bolzano (que distingue Urteil y Satz und Sich).

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Cf. sobre este punto el comentario de Quine (26). Quine considera que la concepción peirciena cae bajo su crítica de la proposición como entidad transcendente con respecto a sus concurrencias posibles en el discurso. Sin embargo, es una crítica controvertible porque la proposición-tipo de Peirce, no está, con respecto a sus signos (tokens), en la misma relación que una entidad platónica con respecto a sus ocurrencias concretas (Quine en su crítica, apunta a Frege y Church); la proposición-tipo es de hecho una Tercera —un would be, una ‘posibilidad real’ a fuerza de ley— la que controla los signos (tokens) segundos que la materializan a la manera de una ley o de una regla. La ontología peirciena no tiene nada que ver con el platonicismo.

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Una representación pone en juego un ‘icono’, es decir un signo que tiene la característica de representar un objeto en virtud de la semejanza con él; un diagrama es un icono formal que reproduce las relaciones existentes entre los elementos del estado de cosas que representa. Peirce se interesó particularmente en los íconos matemáticos, que son diagramas y a una clase de ícono especialmente claro y exacto al que él llama ‘forma matemática’ de un estado de cosas (una representación abstracta que no conserva del estado de cosas que las semejanzas y las diferencias que éste contiene sin especificar las bases de estas semejanzas o diferencias, ni las cualidades sensibles de los constituyentes del estado de cosas (cf. 5 550).

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Evoquemos brevemente la distinción peirceana entre tres clases fundamentales de signos: el ícono que posee una semejanza formal con el objeto, el índice que tiene una relación física con el objeto,

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enunciado pueda ser entendido” (4 544) (así mismo que una ecuación algebraica para Peirce es esencialmente un icono o un diagrama), es una especie de imagen: “La proposición en sí representa simplemente una imagen que se adjunta a una etiqueta o marca” (5 543), aunque se verá, que no es la dimensión icónica que predomina en la proposición. Por otra parte, lo asertivo es un acto verdadero que surge de la voluntad (2 436, 5 547). El acto de aserción se produce en determinadas circunstancias y para alguien, concierne estructuralmente dos protagonistas, al menos, el hablante y el oyente (2 534), el caso del monólogo se reduce al diálogo, porque “incluso en la meditación solitaria, todo juicio es un esfuerzo para convencer de la verdad al yo del futuro inmediato y al futuro en general. Se trata de una aserción verdadera [...] y la dialéctica solitaria sigue siendo del tipo diálogo” (5 546, cf. 5 421, 5 29 y 2 334). Peirce fue el primer filósofo que sustentó explícitamente, en su semiótica, y en relación con su pragmatismo, la tesis del carácter ‘dialógico’ del lenguaje, que ha interesado a Hintikka y sus alumnos, los cuales ven una anticipación de su semántica basada en la teoría de juegos, semántica del juego teórico (game theoretical semantics). El acto asertivo no solamente hace parte de un contexto general, sino que también está relacionado con el comportamiento humano y social, sujeto a ciertas reglas, como veremos, y este comportamiento en sí no es separable del juego de lenguaje que define la proposición asertiva. La sociedad, las instituciones, las costumbres son, como para Wittgenstein, el fondo de los actos de lenguaje. El análisis semiótico de la proposición pone de relieve la asociación de varios tipos de señales diferentes. Reproducimos esquemáticamente este análisis, que en algunos textos, está revestido de un carácter complejo. “Cualquier aserción es la afirmación que dos signos diferentes tienen el mismo objeto” (2 437); más específicamente la proposición asertiva, que pertenece, como cualquier parte del lenguaje verbal, al registro de lo simbólico, tiene por función conectar dos signos de naturalezas diferentes con un mismo objeto. Dos signos heterogéneos se articulan para formar la proposición; primero hay un icono, que da a la proposición su carácter representativo o figurado, y un índice que relaciona la proposición a un elemento de lo real. Veremos que la originalidad de la semiótica de Peirce de la proposición radica fundamentalmente en poner en evidencia el papel indexical de la proposición. Peirce ve en la proposición asertiva la articulación de un icono y de un índice con un símbolo; ella es inseparable de una cierta situación del discurso que implica un cierto papel del hablante con respecto al oyente, aquel busca producir algunos efectos sobre éste: la aserción de una proposición consiste en el hecho de que el hablante atestigua y el símbolo, que está unido a su objeto de manera puramente convencional.

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delante de un oyente (real o virtual) que él cree una cierta cosa (y trata por ello de hacer compartir, o de imponer esta creencia al oyente): Es decir que, en cierta circunstancia (ocasión) dada, se encuentra, una idea absolutamente problemática[...], debería tener, entonces, tres partes, en cada aserción: un signo de la circunstancia (ocasión) en la cual se presenta el problema, un signo de la idea que se valora, y un signo que refleja la problemática ejercida sobre el hablante (2 535). Esto demuestra la importancia del papel de la problemática en la aserción; entonces, veremos que es el índice el vehículo de esta problemática. También hay que volver a situar el papel de la aserción en el marco de la teoría de la creencia de Peirce, una de las piedras angulares de su pragmatismo9, que cruza aquí la semiótica de la proposición. Peirce muestra en un ejemplo de una proposición simple como ‘está lloviendo’ la asociación de un icono (‘la fotografía mental compuesta por la interpretación del autor de la proposición que él hace de todos los días de lluvia’) y de un índice (‘ todo aquello por lo que distingue éste día tal como se sitúa en su experiencia’), la aserción consta de un ‘acto mental’ que Peirce asimila a un símbolo: “el símbolo es el acto mental por el que caracteriza a este día como lluvia” (2 438, cf. 2 440-441). En la proposición es el ‘rema’, es decir, el esquema predicativo, que es icónico; en la gramática pura de Peirce, la proposición se compone en efecto, como en Frege, de un signo incompleto (el predicado, por ejemplo, ‘está lluvioso’) y de un signo completo, el sujeto: el uno completa al otro. En cuanto a “la fotografía mental completa, que se refiere a Galton, ella es un esquema (una representación esqueleto)”, residuo formal de superposiciones sucesivas de experiencia (la lluvia, en el caso de ‘llueve’) y constituye el elemento predicativo de la proposición. Pero es sobre el papel fundamental desempeñado por el índice en la aserción que Peirce insiste más: “Hay que llevar al oyente a compartir la experiencia del hablante, mostrándole lo que está diciendo [...]. La conexión de una palabra indicativa con una palabra simbólica es lo que hace la aserción” (4 57). Lo que hace necesario el papel del índice, es que sólo él puede, en la proposición, en primer lugar distinguir el mundo real del mundo ficticio, si es que hablamos del mundo real, y en general para designar el mundo de que se trata; y el índice, en segundo lugar, designa, en lo real, un elemento circunstancial destacado en el que el hablante quiere compartir la experiencia con el oyente, a través de la prob9

Cf. la tesis de Mathias Girel (2007).

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lemática, “él (índice) sólo puede representar al oyente la problemática ejercida por el hablante obligándolo a experimentar la misma circunstancia (ocasión)” (ibid). El índice es en realidad la única categoría de signo que “actúa dinámicamente sobre la atención del oyente y lo dirige a una circunstancia (ocasión) especial o a un objeto especial” (2 556)10. En la semiótica de Peirce, ninguna representación pura, es decir, ningún icono, puede contener algo que distinga el mundo real del mundo ficticio, “porque un icono no se refiere a algo en particular y que su idea no se impone violentamente al espíritu, pero que es su evocación la que necesita un esfuerzo” (5 454). Si el icono y, en particular11 el diagrama, tiene por función hacernos comprender un estado de cosas tanto vivido como imaginado (por ejemplo, en matemáticas), Peirce sustenta que, “una tal figura no puede, sin embargo, mostrar aquello sobre lo cual ella está enfocada a aplicarse; ningún diagrama debe aplicarse, son cosas incapaces de ser exhibidas en diagramas” (5 419)12 . Es necesario, entonces, para indicar que se trata del mundo real, que la proposición contenga un signo que Peirce califica como ‘dinámico’ (signos dinámicos de la Segunda Categoría), tan dinámica como la realidad que vivimos en la experiencia13. Es el papel desempeñado por una serie de categorías gramaticales, como los nombre propios, los pronombres personales, demostrativos y relativos, las interjecciones, pero también las letras que figuran en los diagramas geométricos, los números consignados en el álgebra, “que son índices casi puros, ya que denotan las cosas sin describirlas” 10

Peirce atribuye un lugar a una clase particular de índice, los cuantificadores naturales o formales (todos, algunos) definidos como preceptos “que describen la manera como el oyente debe actuar para encontrar la circunstancia de la experiencia a la cual se refiere la aserción”, nominativamente un cuantificador (‘todos…los’, ‘algunos’, ‘ciertos’). El lenguaje, que comprende también el lenguaje simbólico de la lógica, no puede entonces economizar los índices.

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Peirce piensa aquí con las experiencias de pensamiento matemático que proceden con la ayuda de la construcción de diagramas en la imaginación.

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Los signos para-lingüísticos pueden completar el lenguaje verbal que es necesariamente muy general para reforzar la indexicalidad: así “ninguna lengua [...] posee una forma de discurso particular que muestre que se habla del mundo real”, pero “los tonos y las miradas actúan dinámicamente sobre el oyente que le hacen prestar atención a las realidades. Ellos son entonces los índices del mundo real” no hay “ninguna clase de aserciones que no contengan índices salvo los análisis lógicos y las proposiciones idénticas”, que es necesario de todas maneras, interpretarlas como si se refirieran a un mundo de conceptos cuya designación necesita un índice (2.35). Un lenguaje sin índices es entonces imposible (y el análisis peirceano de las proposiciones analíticas de la lógica como vehiculando una información, no sobre el mundo real, pero sobre la utilización de los símbolos, va exactamente en esta dirección (cf. 2 515).

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Peirce considera la realidad (en sentido del Segundo) como alguna cosa de coercitivo cuya fuerza nos choca de alguna manera, y define la experiencia, notablemente la experiencia perceptiva, como aquello que se nos impone arrolladoramente.

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(5 561)14. “El tipo de palabras como esto, aquello, hola, […] tienen una acción fuerte y directa sobre el sistema nervioso y obligan al oyente a preocuparse por ellos, por lo que contribuyen más que las palabras ordinarias, a indicar de lo que se habla”, algo que la gramática ha visto muy poco, nota Peirce, llamando pronombres ‘demostrativos’ a esto o aquello, siendo que ellos indican pero no demuestran nada (3 419). El índice no es sin embargo, necesariamente de naturaleza verbal (en sentido estricto una palabra no puede ser un índice puro, según Peirce, ya que tiene una significación general, que mantiene a lo largo de todos sus múltiples usos, contribuyendo así a la naturaleza del símbolo (cf. 4 57), no existe tampoco un criterio gramatical o índice lingüístico: el índice puede ser simplemente un elemento físico (mirada, gesto, entonación) asociado con la enunciación, e inseparable de ella en el acto de enunciación. Peirce nota que el índice verbal, especialmente en su forma pronominal como este y aquello, pero también yo y él, está asociado con cada situación de la palabra y su aplicación varía de acuerdo con ella: describe exactamente lo que se llamará más tarde, en el siglo XX, con Reichenbach y Bar-Hillel, el Tokenréflexivité (signo-reflexibilidad) : “El índice es esencialmente una cuestión de aquí y ahora, su oficio está en relacionar el pensamiento a una experiencia particular[...]. Las palabras ‘este’ y ‘aquello’ son palabras indicativas. Ellas se aplican a cosas diferentes cada vez que son utilizadas” (4 5). La función del índice no es sólo para designar una experiencia descrita por el enunciado, sino también de localizar y por lo tanto individualizar el contenido del enunciado15, esto significa que un enunciado sólo tiene sentido en una situación de palabra singular, y que su sentido debe ser completado por los datos de las circunstancias ya que el lenguaje no puede por sí mismo especificar todo: Dos hombres se encuentran en un camino rural. Uno le dice al otro: ‘Esta casa está en llamas. —¿Qué casa? —Bueno, la casa a una milla a mi derecha’. Si este recuento se pone por escrito y se muestra a todos en el pueblo cercano, aparecerá que el lenguaje por sí mismo no especificará la casa. Pero la persona a quien va dirigida verá dónde se encuentra el hablante, reconoce su derecha (palabra con un modo de significación del todo singular), estima una milla (longitud que no tiene propiedades geométricas diferentes de otras longitudes) y mirándola allí, ve la casa [...]. No es, entonces, el lenguaje solo con sus propias asociaciones de similitud, sino el lenguaje tomado en relación con las asociaciones experimentales de 14

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Peirce presenta en ciertos textos clasificaciones más complejas de diferentes tipos de índice (cf. 8 568, nota 25). Sobre los indicadores como operadores de individualización, cf. Pariente (85 & ss).

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proximidad del oyente que le determinan de qué casa estamos hablando. Por tanto, es necesario para mostrar de lo que estamos hablando o aquello de lo que escribimos, poner el espíritu del oyente o del lector en conexión real y activa con la concatenación de la experiencia o de la ficción de la que nos ocupamos y luego llamar su atención sobre una serie de puntos específicos de la concatenación e identificarlos (3 419). Para Peirce, el lenguaje es incapaz, por sí mismo, de realizar totalmente esta conexión porque los índices verbales que él contiene son palabras generales, mientras que cada situación de palabra es única, y lleva al oyente a valerse de un sistema de selección extralingüístico para captar el mensaje del hablante. Al orientarse hacia un análisis lógico de la proposición en profundidad, en oposición al análisis lógico tradicional copiado del análisis gramatical de las lenguas indoeuropeas, Peirce construyó un concepto de sujeto semióticamente definido como “aquello sobre lo cual el índice dirige la atención” (2 536), aunque no coincide necesariamente con el objeto denotado por el sujeto gramatical; de hecho, en el análisis tradicional, el sujeto se expresa con un nombre al nominativo, mientras que “a menudo el índice no es de la naturaleza de un nombre. [...] Puede ser una simple mirada o un gesto. Y puede ser disfrazada de tal manera que es imposible decir si es un índice” (2 338)16. En la mayoría de los casos, la forma gramatical de la proposición no coincide con su estructura lógica y por lo tanto puede enmascarar la verdadera relación de los elementos lógicos que la constituyen, y se hace difícil de detectar y aislar el índice (es decir, los sujetos). Al igual que Frege, Peirce ha denunciado reiteradamente la esclavización de la lógica tradicional a las gramáticas indo-europeas y la incapacidad de éstas últimas para mostrar la verdadera articulación lógica de la proposición. Sus investigaciones sobre la ‘lógica de los relativos’ ponen en evidencia la posibilidad de una variedad de temas dentro de la proposición, rechazando y superando la antigua estructura aristotélica sujeto/predicado: Cada proposición tiene un17 predicado que expresa lo que creemos y un sujeto que expresa lo que pensamos. Los gramáticos prefieren decir que un enunciado no tiene sino un tema que se presenta en nominativo. Pero desde una perspectiva lógica, la terminología de los antiguos gramáticos era mejor, porque habló de un nominativo y un sujeto acusa16

Así los cuantificadores, que designan y delimitan una parte del universo del discurso, tienen un rol indexical (cf. 4 59).

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Peirce quiere decir: un solo predicado, que es la matriz de la frase, y que puede contener, como en la lógica contemporánea, uno o varios lugares.

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tivo. No sé si ellos hablaban de un sujeto dativo, pero la proposición: ‘Antonio dio un anillo a Cleopatra’, Cleopatra es tanto sujeto de aquello que es significado como de lo que expresa el anillo o Antonio (5 542) Es, entre otros, sobre este tipo de análisis, que Tesnière se encuentra también, y que Descombes basa su concepto de ‘complemento de sujeto’. El papel del predicado se especifica en relación con el papel indicativo de los sujetos, de la manera siguiente: Que la diagramación sea una cosa, y la aplicación del diagrama otra, se reconoce de manera oscura en la estructura de estas lenguas que conozco, que distinguen los sujetos y los predicados de las proposiciones. Los sujetos son los índices de las cosas de las que hablamos, los predicados, las palabras que afirman, piden u ordenan todo aquello que se quiere decir. Sólo el carácter superficial de la sintaxis se pone de manifiesto por su incapacidad para reconocer la impotencia de las solas palabras y especialmente de los nombres comunes, para realizar la función de sujeto gramatical (3 419). La definición del predicado como palabra que afirma, ordena, etc.18, nos da una precisión suplementaria sobre aquello de lo que Peirce entiende por aserción. Pero antes de desarrollar este punto, queremos hacer una observación sobre la extrema generalidad de la teoría de la proposición de Peirce. Si la proposición verbal es, como dijo Peirce, la asociación, arreglada por un símbolo, de un índice a un icono, un icono que normalmente se asocia con un índice puede llamarse la proposición, aunque no se trate de una proposición pensada o expresa: “Así, un retrato con el nombre del modelo en la parte de abajo es una proposición” (5 569). Sin embargo, le falta la dimensión simbólica, la generalidad que es lo característico del lenguaje verbal. La proposición del lenguaje ordinario no es sino una especie del tipo proposición. Pero si un retrato con el nombre del modelo se puede calificar de proposición es porque la asociación de esta imagen con este índice se puede enunciar, es decir, es traducible a una proposición lingüística que establece que “si alguien mira [la imagen], puede formarse una idea razonablemente correcta de lo que puede parecer el modelo” (ibid.); la proposición que traduce lingüísticamente, es decir, interpreta el retrato es su ‘intérprete’. 18

Aquí, dejamos de lado los estudios, largos y detallados, de la predicación de Peirce, lo mismo que sus desarrollos sobre el concepto de ‘rema’ aplicado al predicado (cf. Chauviré 1985).

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En este punto, el análisis de Peirce puede evocar la Bildauffassung del joven Wittgenstein: sabiendo que si la proposición como Bild lógica, reproduce, en virtud de su dimensión icónica, una estructura factual, a la inversa cualquier imagen “puede sustituir una descripción” (Carnets 88) en la medida en que ella es precisamente de naturaleza proposicional19. Pero Wittgenstein reconoce que el parecido más o menos grande existente entre la proposición y la situación que ella describe no es suficiente para establecer una relación de representación propiamente dicha, y que un ‘método de proyección’, entonces deba ser supuesto para reflejar esta relación. Esta ley de proyección es, pues, el elemento decisivo de la correlación entre la proposición y la situación descrita, así como en Peirce el índice es el elemento decisivo que ancla la proposición en la realidad y determina aquello a lo que se aplica. Según Wittgenstein, la ley de la proyección establece una correspondencia entre elementos de la proposición y los elementos del hecho que ella reproduce: “La imagen está así vinculada a la realidad, ella va hasta ésta” (Tractatus 2.1551). En Peirce, gracias al índice, la proposición se agarra a la realidad; al mismo tiempo “Una proposición es un signo que indica por separado su objeto” (5 569, énfasis añadido, cf. 2 95); significa que si hay ‘contigüidad’, como dice Peirce—o incluso anclaje de la proposición a la realidad—, la proposición ‘indica’ una realidad distinta de ella. Wittgenstein, por su lado, utiliza más que todo la imagen de la regla regulada como ‘objeto de comparación’, colocado a la realidad, para medirla, o de antena que explora la realidad (Tractatus 2.1515 y 2.1512)20. Al mostrar, tal como el autor del Tractatus, la necesidad de un contacto con la realidad que va más allá de la simple semejanza, Peirce ciertamente caracterizó mejor que Wittgenstein y su lógica de la Abbildung —y de una manera más satisfactoria para los lingüistas—la naturaleza exacta (indicativa y dinámica, y para decirlo de manera general Segunda) de esta correlación. 19

Como lo anotó J. Bouveresse, “A la naturaleza ‘pictórica’ del lenguaje corresponde una cierta naturaleza lingüística de la imagen en general, y la teoría de la proposición es igualmente una teoría de la imagen en general, en la medida en que ésta contiene necesariamente un aspecto proposicional” (1976 93).

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La comparación se impone sobre todo que Peirce, hablando de las leyes de proyección utilizadas en cartografía, les atribuye justamente un papel indexical: “Describan, describan y describan, pero ustedes no podrán nunca describir una fecha, una posición o una cantidad homoloidal. Esto se podría rechazar diciendo que un mapa es un diagrama que muestra localidades; sin duda, pero no antes que la ley de proyección sea entendida, al menos que dos puntos del mapa sean identificados de alguna manera anteriormente, con los puntos de la naturaleza. Y entonces, ¿cómo un diagrama pudiera cumplir con esta identificación?” (3.419). Peirce se muestra aquí influenciado por el oficio de cartógrafo que ejerció en el Coast Survey; él recuerda, por otro lado que la palabra ‘Abbildung’ “ha sido utilizado por Gauss en 1845 para designar aquello que en inglés se llama una proyección cartográfica” (3.609).

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Peirce sostiene que una imagen no tiene sino una significación virtual antes de estar efectivamente anclada por un índice en lo real o en una situación: “Ninguna aserción tiene sentido al menos que no tenga una designación que muestre si se refiere al universo de la realidad, o a un universo de ficción” (8 368, nota 25). Más en general, por otra parte, un signo no es sino un signo virtual antes de ser interpretado, especialmente en el caso del índice (una huella de un paso en la arena, que nadie ve no es un signo in actu). Su originalidad es tal vez de haber mostrado que el agente de esta correlación se encuentra a la vez en la proposición y al exterior de ella: al interior, porque el índice es—en la mayoría de los casos— un elemento de la proposición verbal, articulado a los otros y relativamente identificable, y al exterior, porque, como todos los signos, el índice sólo funciona como un índice cuando es efectivamente interpretado o interpretable (5 569), como en Wittgenstein los signos no son signos sino por su uso y para su uso21. El mérito de Peirce es tal vez de haber caracterizado las categorías verbales y sintácticas tradicionales que corresponden a las distinciones semióticas que el desarrolla, sobre todo aquella entre índice y símbolo (aunque también existe una semiótica en el Tractatus). Hemos visto que Peirce define el predicado (en el sentido de la ‘lógica de los relativos’) como una expresión que afirma, pregunta, ordena, etc…: es entonces en el predicado que actúa el símbolo responsable del acto de aserción propiamente dicho, lo que significa relacionar dos símbolos (un icono y un índice), con un único objeto. Notamos de inmediato que el símbolo no actúa al mismo nivel que el índice y el icono en la enunciación, ya que se superpone a la asociación del icono y el índice, es decir a un contenido proposicional, si no anterior, al menos independiente. Es el símbolo el que porta todo el peso de la aserción22; de hecho “Cualquier símbolo comporta una aserción, por lo menos rudimentaria” (2 541). Sin símbolo, no habría ninguna aserción: Los iconos y los índices no afirman nada. Si se pudiera interpretar un icono por un enunciado, este enunciado sería al modo potencial, lo que significa decir simplemente: ‘supongamos que una figura tiene tres lados etc. Si se interpretara así un índice, el modo sería imperativo o exclamativo: ¡Mira! ¡Mira!’ (2 291, cf. 3 361). 21

Lo que da vida a los enunciados, dice Wittgenstein, es su uso.

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Peirce ve en el símbolo el único signo verdadero, el índice y sobretodo el ícono representan algunos casos degenerados de signos (2.92). Es uno de los puntos sobre los cuales Wittgenstein y Peirce divergen: al contrario de lo que se lee en el Tractatus, la relación de semejanza, la única que relaciona el ícono a su objeto, representa para Peirce el más bajo grado de la relación que pueda existir entre un signo y un objeto, mientras que Wittgenstein no ve en el lenguaje sino íconos lógicos.

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El icono no es más que una aserción potencial. En contraste con el índice y el icono, el símbolo es el signo declarativo por excelencia y corresponde en nuestras gramáticas al modo indicativo del verbo: “Una proposición (asertiva) es equivalente a un enunciado en el modo indicativo” (2 315)23. Pero por sí mismo, un símbolo no puede decir nada acerca de la realidad al menos de ser asistido por un índice que se refiere a lo real: “Un símbolo en sí, es un sueño que no muestra aquello de lo que se habla. Él necesita estar conectado a su objeto. Por esto un índice es indispensable” (4 57). No sólo la aserción dice algo acerca de la realidad, sino que también tiene un carácter auto-referencial: la proposición asertiva emite una cierta ‘pretensión’ sobre ella, se precia de ser tal y tal: “Ella afirma ser este tipo de signo que es signo por estar verdaderamente conectado con su objeto” (8 515; 2 255). En otras palabras, cualquier proposición asertiva es designada como índice de una realidad independiente de ella, se da por separado para eso que ella es, por lo que no hay que confundirla ni con otro tipo de signo (un icono puro, por ejemplo), ni con la realidad misma. Al mismo tiempo ella persigue la verdad tal como el deseo desea ser satisfecho antes de desear esto o aquello (7 59): “Cualquier proposición asertiva afirma virtualmente su propia verdad” (4 282, cf. 7 59). En este punto Peirce anticipa significativamente Urmson, quien también sostuvo que junto con la aserción va una presuposición de verdad implied claim to truth (reivindicación implícita de la verdad)24: lo asertivo es testimonio a favor de la verdad de una proposición. En este sentido, también la deuda de Habermas con respecto a Peirce es clara. El pragmatismo de Peirce hace concurrir en una aserción tres signos de diferentes tipos, y en dos niveles: el icono y el índice se unen para formar un signo complejo que en segundo lugar el símbolo vendrá de alguna forma a acomodarlo, para permitir el acto de aserción. El lenguaje verbal se reviste de una dimensión simbólica, que es aquella de las palabras con significado más o menos general, cuyo significado es definido por convenio. Además la semiótica exige una dimensión fundamental, al menos, la interpretabilidad del signo sin la cual no funcionaría como tal: en la aserción como en el caso de todos los otros signos, el intérprete está concernido por el signo, la aserción se dirige a alguien. La originalidad de Peirce reside menos en el hecho de haber distinguido el acto de aserción de la proposición propiamente dicha, que en aquel de haber aislado, el elemento icónico de la proposición (la ‘fotografía 23

Peirce anota que “las palabras ordinarias en la mayoría de las lenguas son asertivas. Ellas afirman que están ligadas de alguna manera a un objeto. Si se escribe ‘vidrio’ sobre una caja, se entiende que se quiere decir que la caja contiene vidrio” (4 58).

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Sobre la pretensión cognitiva del acto de aserción, cf. De Rose (2002); Brandom (1983).

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mental compuesta’, que es como la matriz de la proposición, el ‘rema’ predicativo), que es en sí un elemento inerte, una señal de lo ‘dinámico’ que sólo él puede anclar la propuesta a la realidad porque su naturaleza es esencialmente Segunda. Sin este anclaje la enunciación no dice nada en la realidad. Este es el caso de las fórmulas lógicas (como el principio de identidad ‘A = A’) que no podemos considerar como proposiciones (2 452) porque los índices denotan objetos que no existen, o quizás, sugiere Peirce, hay que considerarlas como proposiciones que aportan una información sobre los símbolos. Es sólo a través de índices que una aserción no sólo puede aspirar a ser una, pero ser una realmente, es decir, hacer un gesto real de señalamiento de la realidad: Cuando tanto los símbolos como las palabras son usados para la construcción de una aserción, esta aserción se refiere a algo real. Ella no sólo debe declarar el hacer, sino el hacer realmente, de lo contrario no sería ni verdadera ni falsa a fortiori. Un testigo puede jurar, con las formalidades legales, que Jean Dupont ha cometido un asesinato, si el nombre de Jean Dupont no muestra ninguna persona existente, no hizo ninguna aserción (4 500; el juramento, diría Austin, es nulo y no es bienvenido). Así, Peirce vio, mucho antes de Austin, que hacer una aserción no sólo es decir sino hacer, o más simplemente antes de decir, es hacer; pero Peirce, asocia la eficacia de este acto a la indexicalidad de la proposición; la esencia de la proposición siendo ‘el indicar por separado, lo que es el signo’, ella es en su mayoría indexical; y la aserción es un acto destinado a modificar o a transformar lo real, no solamente gracias a sus efectos sobre la atención y el sistema nervioso , incluso muscular, del oyente (y de hecho es por esto la presencia del índice), pero teniendo como consecuencia a largo plazo que el hablante asume su responsabilidad. Uno de sus efectos puede ser el de cambiar la conducta, más o menos durable, del oyente, que es conducido por los índices a compartir la creencia inducida por el hablante, y a actuar en función de esta creencia (5.548). Incluso el concepto, que no es sino una aserción virtual “puede tener una influencia sobre la conducta” (ibid.), teniendo, entonces una ‘naturaleza intelectual’, como se afirma en la máxima pragmatista de Peirce. Así, el talento de Peirce no es solamente el de haber anticipado a Austin y Searle, es también el de haber articulado armoniosamente con su pragmatismo y su semiótica una teoría de los actos de lenguaje, en un sentido más fuerte que el de Austin, por estar más centrado sobre las consecuencias.

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Trabajos citados Brandom, Robert. “Assertion”. En: Noûs 17.4 (1983). Bourdieu, Pierre Emmanuel. “Une conjecture pour trouver le mot de l’énigme: la conception peircienne des catégories”. En: Philosophie 58 (1998). Bouveresse, Jacques. Le mythe de l’ intériorité. Paris: Minuit, 1976. Chauviré, Christiane. Peirce et la signification. Paris: PUF, 1985. ---. La philosophie dans la boîte noire. Cinq pièces faciles sur Wittgensttein. Paris: Kimè, 2000. ---. L’œil mathématique. Paris: Kimè, 2008. De Rose, Keith. “Assertion, Knowledge and Context”. En: Philosophical Review 111.2 (2002). Girel, Mathias. Conduite et croyances dans le pragmatisme, Thèse pour obtenir le titre du docteur. Paris: Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2007. Pariente, Jean Claude. Le langage et l’ individuel. Paris: Colin, 1975. Peirce, Charles Sanders. Collected Papers. Cambridge: Harvard University Press, 1931-1935. Quine, Willard Van Orman. Philosophie de la logique. Paris: Aubier, 2008 [1975]. Wittgenstein, Ludwig. Carnets 1914-1916. Traduction, introduction et notes de G. Gilles Gaston Granger. Paris: Gallimard, 1971. Wittgenstein, Ludwig. Tractatus logico-philosophicus. Trad. Gilles Gaston Granger. Paris: Gallimard, 1993.

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Carnap y los elementos para desarrollar una ontología desde las máquinas lógicas Magdalena Pradilla Rueda1

R esumen A la pregunta “¿el saber informático ampliamente tecnificado nos presenta problemas que pueden ser resueltos por una reflexión filosófica, o este saber puede responder por sí solo a este tipo de problemas?”, respondemos ontológicamente presentando los objetos informáticos según la perspectiva ontológica interna elaborada por Carnap, en la cual la realidad de un objeto está dada por un ‘mundo posible’ y la existencia por su adaptación a los diferentes elementos del mundo dado. Así, el saber informático se presenta bajo diferentes mundos tales como: el mundo de los fenómenos empíricos, del lenguaje, de los cálculos, de los sistemas formales generales y de la complejidad. Estos mundos son el soporte de la construcción de los objetos y es dentro de cada uno de ellos donde se encuentran problemas filosóficos y epistemológicos auténticos que, en su mayoría, se resuelven a partir de reflexiones filosóficas. Igualmente los diversos mundos conforman una ‘genealogía’ del saber informático y el conjunto general de ellos muestra la existencia de un objeto informático en su integralidad. Palabras clave: filosofía de la ciencia, lógica Matemática, epistemología de la computación, ontología, calculabilidad.

A bstract To the question: “does the widely technified systems information knowledge present problems for us, which could be solved by a philosophic reflection, or can that knowledge answer by itself to this kind of problems?”, we ontologically answer by presenting the information objects according to ‘internal ontological perspectives’ proposed by Carnap, in which an object reality is given by ‘possible worlds’ and the existence by its adaptation to the elements of that given world. So forth, the systems information knowledge exists in various worlds, such as: empirical objects world, language world, calculus world, formal systems and complexity worlds. These worlds are the foundation of objects building, and in each of these worlds the authentic philosophical and epistemological problems appear, which can be solved mostly by philosophical reflections. In addition, these various worlds conforms a ‘genealogy’ of this knowledge, and the total set of these worlds show the existence of an information object in its integrality. Key words: Philosophy of Science, Mathematical Logic, Informatics Epistemology, Ontology, Calculability. 1

Doctor en Filosofía‚ Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne‚ 2008.


Carnap y los elementos [...] - Magdalena Pradilla Rueda

Introducción Hablar de Informática es de alguna manera hablar de una clase de máquinas que podríamos llamar ‘nuevas’, hoy en día comúnmente denominadas ‘computadores’, lo cual nos conduce a transformar radicalmente la noción de máquina que hasta hace unas décadas teníamos en todo el mundo. Sabemos que la creación de máquinas en general ha correspondido a diferentes necesidades sentidas por el ser humano a lo largo de la historia, como la prolongación de los sentidos o funciones de motricidad, memoria, cálculo, entre otros. En consecuencia, se encuentran, progresivamente desde hace varios siglos, máquinas instaladas entre nosotros, como las máquinas para la industria (telares, molinos de viento o agua, motores de explosión para toda clase de trabajos, etc.), máquinas destinadas al transporte (trenes, barcos, aviones, etc.), máquinas que nos ayudan en las tareas cotidianas (hornos, refrigeradores, etc.), máquinas de escribir, para entretenimiento, para administrar, para hacer música, para comunicarnos (teléfonos, etc.), máquinas para hacer cálculos (piano de Jevons, autómata de Leibniz, máquina de Babbage, etc.). De esta manera las máquinas son cada vez más numerosas y próximas como expresiones visibles de la inventiva humana de todas las épocas. En este conjunto de máquinas destacamos las máquinas para hacer cálculos, dentro de las cuales se podrían integrar toda la amplia gama de computadores que representan las últimas y nuevas máquinas creadas por el hombre. Pero es justamente la novedad de estas máquinas de cálculo lo que nos conduce a clasificarlas de una manera diferente de los antiguos aparatos elaborados para satisfacer diferentes necesidades humanas. La originalidad de las nuevas máquinas se refiere a la “asimilación del espíritu, racionalidad, dentro de la máquina”, en la cual la innovación reside en la utilización de la lógica. Esta nueva característica representa una discontinuidad dentro de la tradición de realizar máquinas que hasta entonces eran solamente máquinas materiales. Así, el proceso pierde su carácter pragmático típico de las primeras máquinas de calcular (ruedas dentadas, palancas, etc.) y se vuelve esencialmente lógico y teórico. Vemos cómo las calculadoras mecánicas se vuelven lógicas y suministradoras de información y sirven para acrecentar nuestras capacidades mentales de operaciones matemáticas, raciocinio, memorización y tratamiento de información. Su invasión cambia el mundo y la concepción que tenemos de éste y de las teorías que durante mucho tiempo hemos conservado. Las matemáticas y la lógica han sido cambiadas por conceptos nuevos tomados de teorías específicas de estas máquinas como lo es la noción de calculabilidad. Nos situamos, así, frente a nuevos problemas y revolucionarios conceptos que

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sirven de fundamento a la informática teórica y práctica, tanto para la construcción de computadores como para el desarrollo de las aplicaciones que permiten el uso de estas nuevas máquinas. Este saber cuya aplicación es de la práctica del hombre en su cotidianidad y de especialistas en lógica, se presenta fundamentalmente como el resultado de representaciones lingüísticas, lógico-matemáticas, y relativas al cálculo desde las cuales se puede desarrollar una nueva forma de conocer. Siendo esto así, desde una perspectiva filosófica surge una pregunta general que es la de saber si este conocimiento ampliamente tecnificado presenta problemas que pueda ‘ser resuelto’ por una reflexión epistemológica o si este saber es capaz de responder por sí mismo a sus propios problemas técnicos, matemáticos y lógicos (Caveing 2004)2.

Objetos Informáticos Para responder la pregunta central nos vamos a situar dentro de una problemática propia del saber computacional: la relación de estas máquinas con la realidad a partir de la noción de ‘objetos informáticos’, los cuales se sitúan en el marco del desarrollo de las máquinas lógicas. Vamos a utilizar la palabra ’objeto’ en el mismo sentido que los matemáticos, indicando los elementos sobre los cuales un matemático o informático realiza su actividad teórica y su aplicabilidad. Pero se sabe que este término pertenece al lenguaje ordinario, es decir que contiene una gran carga de polisemia, la cual puede introducir obstáculos en el develamiento del conocimiento informático a través de ‘objetos’. Estos diversos sentidos nos incitan a precisar el concepto del ‘objeto informático’ presentándolo como la razón última explicativa del saber informático lo cual nos relaciona con cierta ontología emparentada con problemas matemáticos de todos los tiempos (los operadores, la realidad numérica, los axiomas, teoremas, etc.). Siendo esto así, hoy en día la indagación filosófica en torno a los computadores se torna ontológica3 y se formula en términos de: ¿a qué tipo de objetos pertenecen los objetos informáticos?, ¿cuál es su realidad y su ámbito de existencia? Para abordar esta pregunta, conviene presentar brevemente los diferentes tipos de objetos o entidades matemáticas a los cuales pueden pertenecer los 2

Maurice Caveing se pregunta en el mismo sentido: “¿Las matemáticas presentan problemas a cuya solución puede contribuir la reflexión filosófica? y, más profundamente, ¿las matemáticas tienen capacidad de responder, por sí mismas a los interrogantes que ellas suscitan?”.

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Ontología comprendida como una rama de la filosofía que se refiere a ‘eso que es’‚ a las clases y estructuras de objetos, propiedades, eventos, procesos y relaciones en sus diferentes dominios de realidad.

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objetos informáticos. J. Boniface (2004 8-14), identifica una evolución en la manera de comprender las realidades matemáticas en la Grecia antigua, en donde inicialmente las matemáticas con fuerte contenido ‘empírico’, basadas en el cálculo de objetos concretos, por ejemplo el calculí, son sustituidas por las matemáticas racionales, donde las entidades singulares y concretas de la matemática empírica se reemplazan por entidades abstractas como los números y los operadores. No se trata, entonces, de considerar un terreno cuadrado, sino de estudiar las propiedades del cuadrado, es decir explicar la estructura de la esencia misma, ‘realidad’ o causa primera de las realidades empíricas. De esta manera, la naturaleza de estos nuevos objetos abstractos puede ser considerada como entidades perfectas y puramente inteligibles, ‘ideas’ dotadas de una realidad fuera del objeto empírico (los platónicos), o bien entidades ‘lógicas’ con una cierta estructuración, pero que no existen por sí mismas, sino que deben ser explicadas racionalmente (los aristotélicos). En este segundo caso, por ejemplo, si el cuadrado se estudia fuera de la realidad física, no existe ningún cuadrado en sí o esencia que tenga una realidad en un mundo separado. Queda claro entonces que en este primer momento existen objetos matemáticos empíricos y abstractos según sea la forma de abordar su realidad. El problema de la realidad y de la existencia de objetos abstractos vuelve a surgir al final del siglo XIX bajo dos aspectos: a) los defensores de una matemática ‘real’, basada en la intuición y en las matemáticas conceptuales en donde la no-contradicción, su coherencia interna, en la mayoría de los casos justifica la existencia del objeto; b) los defensores de una existencia ‘verdadera’ empleada en el sentido de una efectividad real en la que la fórmula algebraica puede reemplazar la figura geométrica. Esta concepción es llamada corrientemente no-platónica porque toma la vía de la inmanencia, de la práctica y de la construcción del objeto en el mundo concreto. Este aspecto puede tomar diversas formas, según la concepción del objeto: ‘nominalista’ donde las clases de objetos son ‘formas de hablar’, y no objetos propiamente dichos; ‘empirista’, donde al utilizar una analogía entre matemáticas y ciencias naturales, el objeto debe aparecer en una evidencia sensible para que en verdad exista; ‘intuicionista’ donde el objeto aparece en la intuición sensible o conceptual. En estos tres casos, es necesario proceder a la construcción del objeto en un sentido ‘constructivista’, es decir, engendrando el objeto matemático a partir de objetos primitivos con claridad, transparencia y métodos efectivos de demostración. Esta tipología de objetos matemáticos es la base de los objetos informáticos ya que estos pertenecen, en principio, a los objetos abstractos que según su desarrollo lógico corresponden a la forma ‘empirista’ o ‘constructivista’.

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L a R ealidad de los objetos informáticos. La pregunta sobre la realidad de los objetos informáticos nos compromete en una apuesta de tipo ontológico. R. Carnap (1997) establece una noción de ontología que concierne no solamente al mundo en sí mismo sino también a teorías, lenguajes o creencias. Él define dos tipos de ontología: una externa y una interna. La externa se refiere a la forma tradicional de ‘aprehender’ el objeto‚ tipo platónico‚ provisto de una realidad y una existencia en sí mismo. Para Carnap esta clase de ontología es una ‘pseudo-pregunta’ que representa problemas insolubles y en consecuencia sin ninguna aplicabilidad. La interna se concibe como el estudio ontológico de las teorías específicas o sistemas de creencias, pudiendo construir modelos provistos de propiedades correspondientes. La ontología en el sentido tradicional es reemplazada por el estudio de cómo un lenguaje o ciencia dada se transforma en una teoría o sobre cómo se estructuran ciertas representaciones lógico-matemáticas. La ontología tradicional busca principios últimos que se constituyen en verdades de este mundo fenoménico; por el contrario, los practicantes de la ontología interna buscan principios que pueden pertenecer o no a esta realidad fenoménica, lo cual nos indica que pueden existir otro tipo de realidades o alternativas, es decir, ‘los mundos posibles de Carnap’, en los cuales los objetos o entidades son representados en el mundo o dominio dado. De esta manera, la realidad de los objetos está dada por cada uno de los ‘mundos posibles’. Así mismo‚ Carnap presenta la noción de existencia en esta ontología interna como la adaptación o coherencia del objeto con los diferentes elementos del mundo dado: las reglas, las propiedades, las relaciones, lo mismo que los conceptos y nociones conformando las teorías de base del mundo. En consecuencia‚ los objetos informáticos pueden ser considerados como pertenecientes a los diversos mundos de realidad, desde el mundo de fenómenos de realidad concreta como el cerebro o pensamiento y mundos de realidad abstracta como el lenguaje, los cálculos numéricos, los sistemas formales y la complejidad. Entonces, la existencia de los objetos se define por su ‘adaptación’ a los elementos del mundo. Quisiéramos mostrar el desarrollo de la construcción de cada mundo, referido a los objetos informáticos y a las máquinas lógicas, señalando los puntos filosóficos y epistemológicos que se presentan y las soluciones dadas al interior de cada mundo, respondiendo así a la pregunta general presentada.

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Ontología interna: Diferentes mundos de los objetos informáticos y máquinas lógicas

Se identifican dos períodos en el desarrollo de las máquinas lógicas tomados como objetos informáticos generales, siguiendo a su vez la construcción de diversos mundos o dominios. En un primer período de las ‘máquinas lógicas’, el cerebro, las redes nerviosas, el organismo humano en general, el espíritu y el pensamiento son representados directamente por estas máquinas, por ejemplo las redes neuronales que se desarrollaron desde mediados del siglo pasado. Así, si el cerebro funciona como una máquina de cálculo4, estamos en el caso de la máquina como ‘modelo del cerebro’ y si las máquinas pueden realizar ciertas funciones similares a las funciones realizadas por una persona que calcule, la máquina puede ser un ‘modelo de la función de calcular’ o cerebro ‘pensante’. En este caso, la pregunta filosófica se sitúa en el estatuto del modelo de las máquinas porque ellas, en este caso, no se presentan como cerebros sino los cerebros como una variedad mal entendida de máquinas lógicas. Para ello fue necesario representar el mundo neurofisiológico y el del espíritu: no se trataba de humanizar la máquina, sino de mecanizar lo humano en su conjunto. Así, la relación de estas primeras máquinas lógicas es directa con la realidad de los fenómenos, del organismo o el pensamiento y se pueden calificar de ‘objetos abstractos empíricos’, es decir, representaciones abstractas de diversos elementos tomados de la naturaleza humana. Aquí, el lógico actuando en tanto que epistemólogo se pregunta ¿cómo una persona calcula y efectúa los cálculos? para poder enseguida representar lógicamente el método resultante. Y cuando él actúa en calidad de filósofo, se pregunta si estas máquinas son capaces de realizar procesos similares al pensamiento. En este punto Turing nos dice: pensar es ‘imitar’ (1950 263-269). Este autor presenta el pensamiento de las máquinas en términos epistemológicos, el cual no toma cuerpo sino al interior del campo de conocimiento: Si el pensamiento no se identifica sino dentro y por sus productos, hay que abandonar la idea que se le pueda aprehender a priori aceptando que se debe concebir como algo que yo constato, el fruto de una inferencia […] El pensamiento es hoy presentado como generador de lógicas y no como encerrado en alguna de ellas […] (Pélissier & Tête xxxi-xxxii). 4

Shannon, C. E. & McCarthy, J. (1956). Ellos indican que el sistema nervioso, frecuentemente comparado a un intercambiador telefónico o máquina de cálculo, dirige las informaciones sensoriales y motores.

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Esta constatación se basa, en principio, sobre el plano lógico-formal y luego, con los desarrollos tecnológicos, en la construcción de las máquinas computacionales materiales. La teoría del conocimiento desarrollada en estas investigaciones se propone expresar la idealidad del cálculo, interrogándose sobre las condiciones de posibilidad entre el sujeto de conocimiento (máquina) y la realidad a conocer por medio de la lógica (comportamiento o fenómenos biológicos). Estas realizaciones de los lógicos y matemáticos renovaron fundamentalmente la manera de explicar cómo el conocimiento trata sus contenidos. Producir así conocimiento requiere pasar por esta ‘máquina lógica’ que instaura un estatuto de máquinas sin precedente. En un segundo período de máquinas lógicas surge la necesidad de desarrollar formas de representación, simbólicas y numéricas, tales como las formas de lenguaje, las numéricas en los cálculos‚ los sistemas formales y la complejidad. Estas formas de representación de la realidad en las máquinas lógicas se constituyen en mediaciones supremamente importantes para su posterior evolución. Los objetos informáticos de esta manera resultantes son ‘objetos abstractos construidos’ en oposición a los ‘objetos abstractos empíricos’ del primer periodo. De esta manera, tenemos su construcción bajo diferentes mundos o dominios, así: El lenguaje

La introducción de lenguajes produce una gran abstracción en la relación máquina-realidad debido al grado de formalización que estos conllevan. Para que esto pueda ser posible se requiere una importante tecnificación, indispensable para su inteligibilidad, la cual es controlada por un lógico-informático especializado en todo su aparato conceptual y no por un filósofo tradicional. Así, si en el origen de estas máquinas no tenemos sino elementos de la realidad concreta (pensamiento u organismo) como objetos de reflexión filosófica, en este segundo período la realidad ontológica se encuentra en el marco de los lenguajes formales propios de una reflexión filosófica en la tradición de Wittgenstein, Frege y Russell, lo mismo que todo un cúmulo de problemas lingüísticos como los de Chomsky (1957). La estructuración de estos lenguajes en un conjunto de símbolos de un lado, y el conjunto de reglas de formación y transformación de otro, es una de las bases esenciales de la reflexión filosófica, debido a que este conjunto de símbolos puede ser el objeto de un estudio o transformación lógico-matemática independientemente de todo contenido e incluso de todo sujeto (formalización lógica). De esta manera, la manipulación de símbolos se hace solamente a partir de

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reglas sin tener en cuenta el contenido, colocándose estas formas de representación de lenguajes en correspondencia con las máquinas o procesos operativos. Igualmente, la teoría de gramáticas sintácticas formalizada por los estudios de Chomsky (1957) produce un giro a favor de los lenguajes de programación que hasta el día de hoy son relevantes. Vemos también que la necesidad de definir niveles lingüísticos nos conduce a una escisión interna que afecta el lenguaje (metalenguaje y lenguaje), lo cual conlleva a tener en el lenguaje natural un discurso aclaratorio de definiciones, reglas, etc., sobre sí mismo. En este mismo sentido, la definición del estatuto y del sentido de los signos lingüísticos se constituye en reflexiones filosóficas analíticas que relacionan lógica, sintaxis, epistemología y ontología en diferentes niveles de desarrollo. Sabemos que construir un lenguaje formal es propio de un lógico, pero someterlo a la crítica va más allá del dominio de la lógica en una reflexión que se ejerce llegando al detalle técnico de las expresiones. En esta reflexión crítica, de estilo wittgensteineano, se presenta el centro de la problemática filosófica de este período teniendo en cuenta que estas reflexiones sobre los lenguajes formales y la puesta ‘técnica’ posterior nos conduce a los lenguajes informáticos actuales. Así, de manera general, se encuentran alternativas a la lógica-matemática, estableciendo un nuevo tipo de relación entre ésta, el lenguaje y la filosofía (Wittgenstein 1993). De la misma manera el objeto informático presenta nivel de nivel de construcción del conocimiento como resultado de las reflexiones del ‘objeto del lenguaje’. Lo calculable

Estas máquinas lógicas, teniendo como objetivo la realización de cálculos, han necesitado determinar una realidad y una epistemología del cálculo que es de dominio del lógico, apoyándose en un aparato de la más estricta tecnificación, como las funciones calculables, la recursividad, la decidibilidad (algoritmos y métodos), la ‘completitud’ y la consistencia. De suerte que el pensamiento filosófico es susceptible de intervenir tanto en las selecciones iniciales de los elementos del objeto informático como sobre los resultados obtenidos, permitiendo marcar los límites entre una demonstración y la verdad (Gödel 1989 [1931]), el tratamiento de los dominios infinitos y de la axiomática (Hilbert 2002 [1968]), precisando todas estas nociones. Así, por ejemplo tenemos, las reflexiones consecutivas a la demostración de los teoremas de ‘incompletud’, de ‘limitación de los formalismos’, los ensayos filosófico-epistemológicos y técnicos de Hilbert (2002 [1968]), Gödel (1989 [1931]), Turing (1937; 1950), Church, Kleene (1956), Post, etc. Esto significa que la forma y la naturaleza

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de las relaciones entre filosofía y cálculo son transformadas con respecto a aquellas grandes teorías epistemológicas defendidas por los clásicos e inclusive por los ‘criticistas’ de origen kantiano. De este modo, encontramos otro nivel de construcción de conocimiento del objeto informático: el objeto calculable que es el resultado del mundo lógico que poco a poco se va construyendo. El sistema formal general

La noción de cálculo existente es transformada ampliamente por el acceso de un sistema formal general, el cual presenta otro marco de realidad, donde convergen el lenguaje formal y los cálculos, entremezclando demostración y cálculo, pregunta igualmente abordada por la reflexión filosófica, a partir de Leibniz hasta Hilbert. Así mismo, se encuentra el cálculo lógico cuyo discurso formal se presenta bajo el modo de cadenas de escritura simbólica, con características lógico-matemáticas, en las cuales se articulan signos lógicos y procesos matemáticos para la realización de cálculos, ampliamente formalizados y como resultados de una constructividad. El resultado de estas reflexiones identifica un límite en esta equivalencia: demostración=cálculo, la cual no es válida sino para un pequeño fragmento de las matemáticas, tales como las expresiones decidibles propias de la informática. El enorme desarrollo de sistemas formales generales nos conduce a las condiciones necesarias para efectuar el pasaje de una máquina lógica a una máquina física o computador, obteniendo así otro nivel de construcción del objeto informático: ‘el objeto programable’. La continuación de la construcción del objeto informático requiere a partir de este objeto programable la referencia de la estructura de una ‘máquina material’, o sea el aparato físico que realizara las operaciones. L a complejidad

Se encuentran tres métodos de complejidad informática, el de Kolmogorov (aleatorio), el del cálculo y el llamado organizado, los cuales presentan respuestas a la problemática de la complejidad computacional y a los procedimientos que pueden utilizarse para su puesta en funcionamiento, con el fin de traspasar los límites actuales de tiempo, espacio y del material de un computador. Es decir que las precisiones, formalizaciones y abstracciones de las nociones sobre complejidad, información, aleatoriedad, se amplifican de más en más y las reflexiones sobre ellas son del dominio del lógico-técnico, reflexionando como filósofo y epistemólogo. Igualmente, la búsqueda de nuevos materiales físicos

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para la construcción de los procesadores y sus modelos correspondientes de cálculo hace desviar la mirada de los investigadores hacia la naturaleza, sea lo biológico, lo físico o el cerebro. Cuando se han desarrollado de manera significativa estas teorías sobre la complejidad pasamos entonces a la reflexión sobre los materiales idóneos para elaborar la máquina física. En este caso, las representaciones que resultan y los modelos de cálculo son mucho más abstractos, pero más precisos, estructurados y efectivos que los del primer período, mezclando igualmente reflexiones filosóficas y epistemológicas. El objeto de realidad, en este caso, reside de una parte en la naturaleza (objeto abstracto empírico) y de otra parte en las estructuras de la complejidad (objeto abstracto construido). Llegamos de esta manera a otro nivel de construcción de conocimiento del objeto informático: ‘el objeto tratable físicamente’. Vemos cómo la construcción de estos objetos presenta diferentes mundos o dominios de realidad, en los cuales se precisa tanto el mundo de realidad de los fenómenos —primer nivel de las máquinas lógicas— como los mundos de realidad correspondientes al lenguaje, cálculo, sistemas formales y complejidad —segundo nivel de las máquinas lógicas—. En consecuencia, se identifica la existencia interna de los objetos informáticos en los diferentes mundos según su adaptación a los elementos internos del mundo dado. Tenemos otra perspectiva de la existencia interna, no presentada por Carnap, pero que para el caso de los objetos informáticos es pertinente. Nos referimos a la integralidad o totalidad del objeto informático‚ aprehendido bajo un solo mundo en entero‚ uniendo los diversos mundos prescritos anteriormente, posibilitando asir su identidad y universalidad de una ‘sola mirada’: el objeto informático integral.

El objeto informático integral Llegados a este punto del objeto integral podemos hablar, en principio para las máquinas lógicas, de un objeto abstracto con relación a los objetos concretos materiales del mundo físico, lo cual nos presenta un problema porque para asir la existencia del objeto informático en su integralidad es necesario tener en cuenta una condición determinante del objeto que es el espacio y la temporalidad de la máquina ‘física’. De esta manera los desarrollos de los objetos presentados anteriormente han sido determinados por lo físico (cerebro, organismo) o por los diferentes materiales de construcción de los computadores, de manera que estos elementos condicionan el aspecto lógico-matemático de los computadores como la

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decidibilidad, la finitud, la completitud, la consistencia, los procesos efectivamente calculables y las teorías de la complejidad. Asir el objeto informático en su integralidad necesita, entonces, de elementos ‘concretos’-materiales, que marcan una frontera con los objetos matemáticos abstracto que no pertenecen al mundo de fenómenos físicos. De esta manera, la determinación de estos elementos concretos se puede encontrar en las nociones dadas por Kolmogorov. Sabemos que utiliza las cadenas de 0 y 1 o ‘bits’ para dar una noción de evaluación o medida de información contenida en una cadena o conjunto de cadenas de información. Para él, en estas cadenas se encuentra el conjunto general de un algoritmo, programas y datos necesarios para la realización de las aplicaciones en informática. En consecuencia, una cadena de bits es subyacente a las estructuras informáticas, entonces es el ‘bit’ electrónico que conforma a manera de síntesis el objeto informático, totalizando las nociones y formas diferentes estructurantes del objeto, teniendo una identidad ‘física’, asible de una ‘sola mirada’ y una universalidad, a partir de la cual el objeto puede ser el soporte de numerosas aplicaciones refiriéndose tanto a sujetos del mundo real como a los mundos lógico-matemáticos. A su turno, el objeto en su totalidad puede ser de una parte, la representación del mundo lógico-matemático (en binario) y de otro, la representación en el plan material o físico (el circuito), es decir asible en lo concreto. El desarrollo del objeto informático así presentado comporta ciertas características propias, como la temporalidad que muestra el trayecto o pasaje de un nivel intuitivo a un nivel formal-abstracto y finalmente a un nivel concreto, la constructividad como noción ‘divisible’, mostrando las diversas manipulaciones formales y efectivas y la aplicabilidad o plasticidad como la aptitud para ‘modelizar’ de la cual están dotados los objetos informáticos. Un tal objeto integraría el campo accesible a la intuición pero al mismo tiempo sería completamente apartado de toda referencia a la intuición; sería la suma de todo el proceso de formalización y de abstracción ulterior representada concretamente. Así se puede descubrir en el objeto las diferentes estructuras y virtualidades inscritas en razón del marco operatorio que le caracteriza.

Conclusión La novedad de la apuesta ontológica interna propuesta por Carnap nos sitúa en una problemática epistemológica, utilizando y presentando ‘herramientas formales’ como el lenguaje, los cálculos, los sistemas formales y la complejidad. Estas herramientas altamente tecnificadas son empleadas conjuntamente con

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los lenguajes de la lógico-matemática, dándole soporte y asistencia a los filósofos y epistemólogos para expresar ideas y nociones intuitivas computacionales de manera más clara y con una gran rigurosidad. Así, los problemas filosóficos que versan sobre los objetos informáticos, expresados a través de estos medios formalizados tienen la posibilidad de encontrar soluciones más precisas. En consecuencia, nosotros vemos cómo construyendo las teorías de base de los objetos informáticos, diversas nociones intuitivas ontológicas pueden formalizarse por medio de la exploración de situaciones lógico-matemáticas en las cuales estas tentativas de formalización de los conceptos de base resultantes son enriquecidas progresivamente. De manera que un concepto así elaborado se afirma y se solidifica igualmente por la proposición de proyectos concurrentes y equivalentes de manera que un nuevo paso es dado en la historia de las ideas donde las tesis o postulados llegan a ser un punto de apoyo sobre el cual la teoría resultante (en este caso la informática) continúa su construcción.

Trabajos citados Boniface, Jacqueline. Hilbert et la notion d’existence en mathématiques. Paris: Librairie Philosophique J. Vrin, 2004. (Mathesis: Michel Blay- Hourya Sinaceur). Carnap, Rudolph. Signification et Nécessité. Trad. francesa F. Rivenc & Ph. De Rouilhan. Collection Bibliothèque de Philosophie. Paris: Ed. Gallimard, 1997. Caveing, Maurice. Le problème des objets dans la pensée mathématique. Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre. Paris: Lib. Philosophique J. Vrin, 2004. Chomsky, Noam. Syntactic Structures. Mouton, 1957. [Trad. Francesa: Structures Syntaxiques. Paris: Editions Le Seuil, 1969]. Gödel, Kurt. “Sur les propositions formellement indécidables des Principia mathematica et des systèmes apparentés I”, 1931. En: Nagel, Ernest; Newman, James R.; Gödel, Kurt; Girard, Jean Yves: Le Théorème de Gödel. Trad. Jean Baptiste Scherrer. Paris: Editions du Seuil, 1989. Hilbert, David & Bernays, P. Fondements des Mathématiques 1. Trad. de Grundlagen der Mathematik 1 (Springer). 2a. ed. (1968) avec les passages parallèles de la 1ère. édition (1934). 2 vols. Trad. F. Gaillard & M. Guillaume. Paris: Ed. L’Harmattan, 2002.

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Kleene, Stephen C. “Representation of events en nerve nets and finitude automata”. En: Automata Studies, Shannon, C.E. & McCarthy, Ed. Princeton: Princeton University Press, 1956. Pélissier, Aline & Tête, Alain (Eds.) Sciences Cognitives: Textes Fondateurs (1943- 1950). Paris: PUF, 1995. Shannon, C. E. & McCarthy, J. Automata Studies. Princeton: Princeton University Press, 1956. Turing, Alan M. “Computing Machinery and Intelligence”. Mind, 59.236 (1950) [Trad. francesa en: Pélissier & Tête, 1995]. Turing, Alan M. “On Computable Numbers, with Application to the Entscheidungsproblem”. En: Proceedings of the London Mathematical Society, 1937 [Traducción francesa: “Théorie des nombres calculables, suivie d’une application au problème de la décision”. Trad. Julien Basch. En: La Machine de Turing. Paris: Editions du Seuil, 1995]. Wittgenstein, Ludwig. Tractatus Logico-Philosophicus. Trad. Gilles Gaston Granger. Paris, Gallimard, 1993.

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DIVISIÓN DE POSGRADOS Y FORMACIÓN AVANZADA DOCTORADO

ESPECIALIZACIONES EN MEDICINA

Doctorado en Bioética 51832 MAESTRÍAS

Maestría en Ciencias Biomédicas 52068 Maestría en Salud Sexual y Reproductiva 53309 Maestría en Psiquiatría Forense 51833 Maestría en Bioética 11197 Maestría en Psicología 54322 ESPECIALIZACIONES EN EDUCACIÓN

Docencia Universitaria 20781 Educación Bilingüe 1323 ESPECIALIZACIONES EN INGENIERÍA

Gerencia de Proyectos 10531 Gerencia de Producción y Productividad 13773 Salud y Ambiente 54377 Seguridad de Redes Telemáticas 90475 Diseño de Redes Telemáticas 90330 ESPECIALIZACIONES INTERDISCIPLINARIAS

Especialidad en Bioética 3069 Especialidad en Filosofía de la Ciencia 5302 Especialidad en Epidemiología General 51642 Especialidad en Epidemiología Clínica 51644 Especialidad en Higiene Industrial 3060 Especialidad en Gerencia de la Calidad en Salud 3885 Especialidad en Salud Familiar y Comunitaria 4852 Especialidad en Salud Ocupacional 1794 Especialización en Ergonomía 10626 ESPECIALIZACIONES EN PSICOLOGÍA

Psicología Médica y de la Salud 8498 Psicología del Deporte y el Ejercicio 12932 Psicología Ocupacional y Organizacional 10756 Psicología Social Cooperación y Gestión Comunitaria 53451 Psicología Clínica y Autoeficacia Personal 54199 Psicología Clínica y Desarrollo Infantil 54207 ESPECIALIZACIONES EN ODONTOLOGÍA

Cirugía Oral y Maxilofacial 1795 Endodoncia 3572 Patología Oral y Medios Diagnósticos 1806 Periodoncia y Medicina Oral 1801 Prostodoncia 2674 Operatoria Dental y Estética 52352 Ortodoncia 1790 Odontología Pediátrica 1805

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Carnap et les éléments visant le développement d’une ontologie à partir des machines logiques Magdalena Pradilla Rueda1.

R ésumé A la question « si le savoir informatique largement technifié nous présente encore des problèmes qui peuvent être résolus par une réflexion philosophique ou s’il est capable de répondre à ce type de problématique depuis ce savoir même », nous répondons ontologiquement présentant les objets informatiques selon la perspective ontologique interne posée par Carnap, dans laquelle la réalité d`un objet est donnée par un ‹ monde possible › et son existence est procurée par son adaptation aux différents éléments du monde donné. Or, le savoir informatique se présente sous divers mondes de réalité tels que : le monde des phénomènes empiriques, du langage, des calculs, des systèmes formels généraux et de la complexité. Ces mondes sont le support de la construction des objets, c’est donc dedans chacun des mondes que nous trouvons des problèmes philosophiques et épistémologiques authentiques qui, dans la plupart, sont résolus d’âpres réflexions philosophiques. Ainsi même, les divers mondes construits déploient une ‹ généalogie › du savoir en question et l’ensemble d’eux montre un ‹ objet informatique › dans son intégralité. Mots clés: philosophie de la science, logique mathématique, épistémologie de l’Informatique, ontologie, calculabilité.

A bstract To the question: “does the widely technified systems information knowledge present problems for us, which could be solved by a philosophic reflection, or can that knowledge answer by itself to this kind of problems?”, we ontologically answer by presenting the information objects according to ‘internal ontological perspectives’ proposed by Carnap, in which an object reality is given by ‘possible worlds’ and the existence by its adaptation to the elements of that given world. So forth, the systems information knowledge exists in various worlds, such as: empirical objects world, language world, calculus world, formal systems and complexity worlds. These worlds are the foundation of objects building, and in each of these worlds the authentic philosophical and epistemological problems appear, which can be solved mostly by philosophical reflections. In addition, these various worlds conforms a ‘genealogy’ of this knowledge, and the total set of these worlds show the existence of an ‘information object’ in its integrality. Key words: philosophy of science, mathematical logic, informatics epistemology, ontology, calculability. 1

Docteur en Philosophie‚ Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne‚ 2008.


Carnap et elements [...] - Magdalena Pradilla Rueda

Introduction Parler d’informatique est en quelque sorte parler d’une espèce de machines que nous pourrons appeler ‹ nouvelles › ou plus couramment ordinateurs, ce qui nous amène à transformer radicalement la notion de machine qu’on avait jusqu’alors. Nous savons que la création des machines en général a correspondu aux différents ordres de besoins ressentis par l’être humain au long de l’histoire, comme, la prolongation des sens ou fonctions de motricité, mémoire, calcul, …, entre autres. Ainsi, par voie de conséquence, nous trouvons progressivement, depuis des siècles, des machines installées parmi nous : machines pour l’industrie (métiers à tisser, moulins à eaux et à vent, puis moteurs à explosion pour toutes sortes de travaux, etc.), machines destinées à nous transporter (trains, bateaux, avions, etc.), machines pour nous aider dans les tâches quotidiennes (fours, réfrigérateurs, etc.), machines pour l’écriture et le dessin, machines pour nous divertir, machines pour gérer les emplois et nos affaires quotidiennes, machines pour faire de la musique, machines pour communiquer (télégraphes, etc.), machines pour calculer (piano de Jevons, automate de Leibniz, machine de Babbage, etc.). Or les machines sont de plus en plus nombreuses et proches des façons de faire de l’être humain en tant que tel. Parmi cet ensemble de ‹ machines ›, nous identifions les machines à calculer, dans lesquelles nous pourrions intégrer ces ‹ nouvelles machines ›, mais c’est justement la nouveauté de ces machines ou ordinateurs qui nous conduisent à les classer d’une manière différente des anciennes machines. L’originalité de ces machines se réfère à ‹ l’assimilation de l’esprit dans la machine ›, dont l’innovation réside dans le recours à l’utilisation de la logique. Cette nouvelle caractéristique représente une discontinuité dans la tradition de réaliser des machines qui jusqu’alors n’étaient que des machines matérielles. Ainsi la démarche perd-elle le caractère pragmatique de la résolution de problèmes de calcul et devient-elle essentiellement logique et théorique. Nous voyons comment des calculateurs mécaniques sont devenus logiques et informationnels et servent à accroître nos capacités mentales de calcul, de raisonnement, de mémorisation et de traitement de l’information. Leur invasion change le monde mais aussi notre conception du monde et nos théories sur le monde. Les mathématiques et la logique ont été bouleversées par les concepts nouveaux tirés des théories spécifiques à ces machines comme une nouvelle manière de calculer telle que la calculabilité et d’autres conceptions. On est situé, ainsi, face à des nouvelles théories et des nouveaux concepts, servant de fondement à l’informatique théorique et pratique, tant pour la construction des ordinateurs que pour le développement des applications

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permettant l’usage de ces nouvelles machines. Ce savoir dont l’application est du ressort de la pratique de l’homme dans son quotidien et des spécialistes logiciens, mathématiciens ou informaticiens, se présente notamment comme le résultat des représentations logico-mathématiques, linguistiques et relatives au calcul. C’est ici que surgit une question générale qui est de savoir si cette connaissance largement technifiée nous présente encore des problèmes qui peuvent être résolus par une réflexion philosophique ou si elle est capable de répondre à ce type de problématique de manière interne (Caveing 2004)2 .

Objets informatiques Pour répondre nous allons nous situer dans une problématique propre de ce savoir : la relation de ces machines et la réalité et dans ce cas nous parlerons des ‹ objets informatiques ›, lesquels se situent au centre du développement des machines logiques. Nous allons utiliser le mot ‹ objet › dans le même sens employé pour les mathématiciens, indiquant les éléments sur lesquels un mathématicien ou informaticien réalise d’abord son activité théorique et ensuite leur applicabilité. Par ailleurs, nous savons que ce terme appartient au langage ordinaire, c’est à dire avec une large charge de polysémie, qui pourra introduire des opacités dans la saisie de la pensée informatique au travers de ces objets. Mais justement, ces divers sens nous ont incités à préciser le sens de ‹ l’objet informatique › en le posant comme but du savoir informatique car elle a affaire à des ‹ objets ›, référés à une certaine ontologie, comme dans le cas des mathématiques. A présent, la question devient alors ‹ ontologique ›3 et peut se poser en termes de : à quel type d’objets appartiennent les objets informatiques, quelle est leur réalité et leur existence? Tout d’abord nous voudrons présenter les différents types d’objets ou entités en mathématiques, selon le caractère de réalité prescrite, lesquels sont le support des objets informatiques. J. Boniface (2004 8 - 14), nous présente cet aspect en mathématiques, dans lesquelles les mathématiques grecques, en partie ‹ empiriques › fondées sur le calcul d’objets concrets, succèdent des mathématiques rationnelles, où aux entités singulières et concrètes de la mathématique empirique, se substituent des entités abstraites. Il ne s’agit plus 2

Maurice Caveing se demande dans le même sens : « Les mathématiques posent-elles encore aujourd’hui des problèmes à la solution desquels puisse contribuer la réflexion philosophique ? Ne sont-elles pas elles-mêmes les seules capables de répondre aux interrogations qu’elles suscitent ? ».

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Ontologie comprise comme branche de la philosophie qui se référée à ‹ ce qui est ›, des classes et structures d´objets‚ propriétés‚ événements‚ procédures et relations dans leur domaine de réalité.

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de considérer un terrain carré, mais d’étudier les propriétés du carré. Cette structure est l’essence même, ‹ réalité › ou cause première des réalités empiriques. De cette façon, la nature de ces nouveaux objets abstraits peut être soit des entités parfaites et purement intelligibles, des ‹ idées › dotées d’une réalité en dehors de l’objet empirique (les platoniciens) ou bien des entités ‹ logiques › (les aristotéliciens). Dans ce cas-ci, par exemple, si le carré est étudié en dehors de toute réalité physique, il n’existe aucun carré en soi subsistant dans un monde sépare, il est clair que dans ce premier moment il existe des mathématiques empiriques et abstraits suivant la façon d’aborder leur réalité. Ce problème de la réalité et de l’existence d’objets abstraits resurgit à la fin du XIXe siècle sous deux aspects : a) les tenants d’une mathématique ‹ réelle ›, adossée à l’intuition et aux mathématiques conceptuelles dont la non-contradiction souvent suffit à justifier l’existence: les objets simples sont considérés comme existants et la version courante est appelée ‹ platonicienne › et prend la voie de la transcendance et de la théorie ; b) sur ce que l’on peut considérer comme existence véritable, employée au sens de l’effectivité réelle dont la formule algébrique peut remplacer la figure géométrique, couramment appelée ‹ non-platonicienne › et qui prend la voie de l’immanence, de la pratique et de la construction de l’objet. Cet aspect peut prendre diverses formes, selon la conception de l’objet : ‹ nominaliste › où les classes d’objets sont des ‹ façons de parler ›, et non des objets proprement dits ; ‹ empiriste › où une analogie entre les mathématiques et les sciences de la nature se met à jour : il faut que l’objet apparaisse dans une évidence sensible, pour que l’objet existe ; ‹ intuitionniste › où l’objet apparaît dans l’intuition sensible ou conceptuelle. Dans ces trois cas, il est nécessaire de procéder à la construction de l’objet, et au-delà la forme est ‹ constructiviste ›, et les objets mathématiques sont engendrés à partir d’objets primitifs. Cette typologie générale d’objets mathématiques est le support des objets informatiques appartenant ceux-ci, en principe, aux objets abstraits qui suivant leur développement correspondent à la forme ‹ empiriste › ou ‹ constructiviste ›.

L a realité des objets informatiques La question sur la réalité des objets nous pose déjà un choix ontologique. Pour cela c’est R. Carnap (1997) qui nous présente une notion d’ontologie ne concernant seulement le monde en soi même mais aussi théories‚ langages ou croyances. Il établit deux types : une ontologie externe et une interne. L’externe fait référence à la forme traditionnelle de ‹ prendre › l’objet‚ type platonicien‚ muni d’une

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réalité et une existence par soi-même. Pour Carnap cette sorte d’ontologie est une ‹ pseudo-question › qui pose des problèmes insolubles et pour autant elle n’a aucune applicabilité. L’interne est prise‚ comme l’étude ontologique des théories spécifiques ou systèmes des croyances‚ pouvant construire des modèles avec des propriétés qui leurs correspondent. Ainsi l’ontologie dans le sens traditionnel est remplacée par l’étude de comment un langage ou science donnée devient une théorie du contenu ontologique des certaines représentations. Ainsi, l’ontologie traditionnelle cherche des principes se constituent en vérités de la réalité des phénomènes‚ par contre‚ les praticiens de l’ontologie interne cherchent des principes qui peuvent ou ne pas être vrais d’après cette réalité phénoménique‚ nous pourrons parler alors ‹ d’alternatives de mondes possibles › de Carnap dans lesquels les objets ou entités sont représentés dans le domaine ou monde donné. Dès lors‚ la réalité des objets est donnée par chacun de ces ‹ mondes possibles ›. Ainsi même‚ Carnap présente la notion d’existence dans cette ontologie interne comme l’adaptation ou cohérence de l’objet avec les différents éléments du domaine ou monde donné tels : les règles‚ les propriétés‚ les relations‚ ainsi que les concepts et notions conformant les théories de base du domaine. En conséquence‚ les objets informatiques peuvent être considérés comme appartenant aux divers domaines ou mondes de réalité tels que le cerveau ou pensé‚ le langage‚ les calculs numériques‚ les systèmes formels et la complexité. Or l’existence des objets est définie par leur ‹ adaptation › aux éléments du domaine. Nous voudrons montrer le développement de la construction de chaque domaine‚ référé aux objets informatiques et aux machines logiques‚ en signalant les enjeux philosophiques et épistémologiques qui se présentent et leur solution donnée à l’intérieur de chaque domaine‚ répondant ainsi à la question principale posée.

Ontologie interne : différents domaines des objets informatiques et machines logiques

Nous identifions deux périodes dans le développement des machines logiques, prisent comme objets informatiques généraux, qui suivent aussi la construction des différents mondes ou domaines. Dans une première période des ‹ machines logiques ›, le cerveau, les réseaux nerveux, l’organisme en général d’une part, et de l’autre, l’esprit et la pensée, sont représentés directement par ces machines, par exemple les réseaux neuronaux développés ou milieu du siècle dernier. Or si

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le cerveau fonctionne comme une machine à calculer4 nous sommes dans le cas de la machine comme ‹ modèle du cerveau ›. De même, si les machines peuvent réaliser certaines fonctions semblables aux fonctions réalisées par quelqu’un qui calcule, la machine peut devenir un ‹ modèle de la fonction de calculer › et par extension le modèle d’un ‹ cerveau pensant ›. L’enjeu philosophique‚ dans ce cas‚ porte sur le statut du modèle des machines dont elles ne sont pas des cerveaux mais les cerveaux une variété, très mal comprise, de machines logiques. Pour cela, il fallait représenter le monde neurophysiologique et celui de l’esprit : il ne s’agit pas ici d’humaniser la machine, mais bien de mécaniser l’humain dans son ensemble. Or le rapport de ces premières machines logiques est direct avec la réalité des phénomènes, de l’organisme ou de la pensée et on pourra les qualifier des ‹ objets abstraits empiriques ›. Ici, le logicien agissant en tant qu’épistémologue va se demander : comment un calculateur humain effectue les calculs, pour pouvoir ensuite représenter logiquement la méthode résultante. Et lorsqu’il agit en qualité de philosophe, il va se demander si ces machines sont capables de réaliser des processus similaires à la pensée, et dans quel sens. Penser est donc pour Turing ‹ imiter › (1950 263-269). Ici il pose la pensée des machines non pas en termes philosophiques, mais en termes épistémologiques, bien entendu, elle ne peut prendre corps qu’à l’intérieur du champ de ces connaissances. Si la pensée n’est identifiable que dans et par ses produits, il faut abandonner l’idée qu’on puisse l’appréhender a priori mais accepter de la concevoir comme un constat, le fruit d’une inférence[…] La pensée est aujourd’hui posée comme génératrice de logiques, non comme enfermée dans l’une d’elles […] (Pélissier & Tête xxxi –xxxii). Celle-ci se fonde sur un constat, en principe sur le plan formel, ensuite avec les développements de la construction des machines computationnelles sur le plan matériel. La théorie de la connaissance développée dans ces recherches, se propose d’exprimer l’idéalité du calcul, or elle s’interroge sur les conditions de possibilité entre le sujet de connaissance (machine) et la réalité à connaître (comportement ou phénomènes) à travers la logique. Ces réalisations des logiciens et des mathématiciens ont renouvelé à fond la manière dont on explique comment la connaissance traite ses contenus. Ainsi, 4

Shannon, C. E. et McCarthy, J. (1956) . Ils nous signalent que le système nerveux souvent comparé à un échangeur téléphonique ou machine à calculer dirige les données sensorielles et motrices.

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dans ce cas, produire de la connaissance requiert de passer par cette ‹ machine logique › qui instaure un statut de machines sans précédent. Dans une deuxième période de machines logiques, le besoin de formes de représentation symboliques et numériques s’est fait ressentir rapidement, telles les formes langagières, les numériques dans les calculs‚ les systèmes formels et la complexité. Or la représentation de la réalité par les machines logiques a dû passer par ces intermédiaires. Les objets informatiques ainsi résultants sont des ‹ objets abstraits construits › par opposition aux ‹ objets abstraits empiriques › de la première période. Nous avons ainsi leur construction sous les domaines ou mondes suivants. Le L angagière

La définition de langages produit une abstraction grandissante dans le rapport machine-réalité à cause du fort degré de formalisation des langages. Celle-ci requiert une ‹ technicité › très poussée, indispensable à leur intelligibilité, maîtrisée par un logicien-informaticien spécialisé qui contrôle l’appareil conceptuel lié à la technicité du langage et non par un philosophe traditionnel. Mais si, à l’origine de ces machines, nous n’avons que des éléments concrets du réel (pensée ou organisme) comme objets de réflexion philosophique, dans cette deuxième période, nous retrouvons d’avantage la réalité dans le cadre des langages formels propres à la réflexion philosophique dans la tradition de Wittgenstein, Frege et Russell, qui n’échappent pas non plus à des interrogations de type linguistique, comme celles de Chomsky (1957). La structuration de ces langages en un ensemble de symboles, d’un côté, et l’ensemble de règles de formation et transformation, d’un autre côté, est une de leurs bases essentielles, car cet ensemble de symboles peut être le but d’une étude ou transformation logico-mathématique indépendamment de tout contenu. De cette façon, la manipulation de symboles ne se fait qu’à partir de règles sans avoir tenu compte d’un quelconque contenu, c’est ainsi que les formes de représentation de langages se placent en correspondance avec les machines ou procédures opératives. Pareillement, la théorie des grammaires syntaxiques formalisée par les études de Chomsky (1957) produit un tournant en faveur de langages de programmation qui s’affirment prioritairement. Nous voyons aussi comment le besoin de définir des niveaux linguistiques nous mène à une scission interne qui affecte le langage (métalangage et langage) conduisant à tenir, en langage naturel, un discours sur lui-même. De même,

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la définition du statut et du sens des signes se constituent en enjeux philosophiques. La question ici est de savoir sur quel statut philosophique ces langages se constituent. Par ailleurs, nous savons que construire un langage formel, est affaire de logicien, mais le soumettre à la critique dépasse le domaine de la logique dans une réflexion qui s’exerce sur le détail technique des expressions. C’est donc cette réflexion critique, de style wittgensteinien, qui nous présente le noyau philosophique de cette période de développement de la théorie, d’autant plus que ces réflexions sur les langages formels et la mise en ‹ technique › postérieure nous conduit aux langages informatiques (Wittgenstein 1993). Nous avons ainsi repéré alternatives capitales de la logique mathématique, en établissant un nouveau type de rapport entre celle-ci, le langage et la philosophie. Des lors, un niveau de construction de la connaissance de l’objet informatique est issu de ces réflexions dans ‹ l’objet langagier ›. Le calculable:

Ces machines logiques ayant pour but la réalisation des calculs, ont également nécessité de déterminer une réalité et une ‹ épistémologie du calcul › qui est du ressort du logicien, prenant appui par ailleurs sur l’appareil de la plus stricte technicité, comme les fonctions calculables, la récursivité, la décidabilité, la complétude ou la consistance. De sorte que la pensée philosophique est susceptible d’intervenir dans les choix initiaux aussi bien que sur les résultats obtenus, la réflexion philosophique nous permettant encore de marquer les limites entre une démonstration et la vérité, le traitement de domaines infinis ou de l’axiomatique, en précisant ces notions; ainsi par exemple nous avons, les réflexions consécutives à la démonstration des théorèmes ‹ d’incomplétude ›, ‹ de limitation des formalismes › et les essais philosophico-épistémologiques et techniques de Hilbert (2002 [1968]), Gödel (1989 [1931]), Turing (1937; 1950), Church, Kleene (1956), Post, etc. Or, la forme et la nature des rapports entre philosophie et calcul sont-elles transformées, comparativement à ce qu’elles étaient pour les classiques et même pour les criticistes d’origine kantienne. Nous présentons ainsi, un autre niveau de construction de la connaissance de l’objet informatique : ‹ l’objet calculable ›. Le système formel général

La notion de calcul existante jusqu’alors est largement touchée par l’accès d’un système formel général, en nous présentant un autre cadre de réalité,

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dans lequel convergent le langage formel et les calculs, intriquant démonstration et calcul, question également abordée par la réflexion philosophique, depuis Leibniz jusqu’à Hilbert. Ainsi même, nous retrouvons le calcul logique dont le discours logique se présente sous forme de suites d’écriture symbolique à caractère logico-mathématique dans lesquelles s’articulent signes logiques et procédés mathématiques pour la réalisation des calculs, notamment formalisés et issus d’une constructivité. De sorte qu’après ces réflexions, cette identification démonstration et calcul, ne s’avère valable que pour des petits fragments des mathématiques qui, formalisés, peuvent présenter cet avantage, telles les expressions décidables, propres à l’informatique. L’objet de réalité dans ce cas est le système formel général. Le développement poussé de systèmes formels généraux nous conduit aux conditions nécessaires pour effectuer le passage d’une machine logique à une machine physique ou ordinateur et de cette façon nous obtiendrons un autre niveau de construction de l’objet informatique : ‹ l’objet programmable ›. La suite de la construction de l’objet informatique requiert dès lors la référence de la structure d’une ‹ machine matérielle ›, c’est á dire le dispositif matériel que vo-réaliser les opérations. Le complexe

Trois méthodes de complexité, celle de Kolmogorov (aléatoire), celle du calcul et celle dite organisée, nous présentent des réponses aux questions sur le type de complexité informatique requise et les méthodes pouvant la mettre en place, afin de franchir les limites actuelles du temps, espace et du matériel d’un ordinateur. C’est-à-dire que précisions et abstractions des notions sur la complexité, l’information, l’évaluation, ‹ l’aléatorité ›, s’amplifient de plus en plus, et les réflexions sur elles sont du ressort du logicien-technicien réfléchissant comme philosophe et épistémologue. Ainsi même, la recherche de nouveaux matériaux physiques pour la construction des processeurs et leurs modèles correspondants de calcul ont fait tourner le regard des chercheurs vers la nature, soit le biologique, le physique ou le cerveau. C’est donc parce qu’on est arrivé à trouver une ‹ souplesse › dans ces méthodes théoriques de la complexité qu’on peut atteindre le champ du ‹ physique ›. Mais dans ce cas, les représentations qui en résultent et les modèles de calcul sont beaucoup plus abstraits, quoique plus précis, structurés, effectifs et performants que dans la première période, mêlant également réflexions philosophiques et épistémologiques. L’objet de réalité dans ce cas réside d’une part dans la nature (objet abstrait empirique) et d’autre part dans les structures de la complexité (objet abstrait construit).

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Nous présentons ainsi, un autre niveau de construction de la connaissance de l’objet informatique : ‹ l’objet traitable ›. Nous voyons comment la construction de ces objets informatiques présente différents mondes ou domaines de réalité, dans lesquels se précise tant le domaine du réel des phénomènes - premier niveau des machines - comme les domaines du réel correspondants au langage, calcul, systèmes formels et complexité - deuxième niveau des machines -. Ainsi même‚ nous identifions l’existence interne des objets informatiques dans les domaines suivant leur adaptation et dans ce cas la construction des objets correspondant aux éléments internes du monde donné. Il nous reste encore une perspective de cette existence interne‚ non présentée par Carnap‚ mais que pour le cas des objets informatiques est pertinent. Nous allons nous référer à l’intégralité ou totalité de l’objet informatique‚ appréhendée sous un seul monde en entier‚ assemblant les divers mondes et pouvant saisir son identité et son universalité ‹ d’un seul coup ›.

Ontologie interne : l’objet informatique intégral. C’est donc à partir de cet objet intégral que nous pourrons parler‚ tout diabond pour les machines logiques‚ d’un objet abstrait par rapport aux objets concrets, matériels du monde physique‚ mais ceci nous pose déjà un problème car pour saisir l`existence de l’objet informatique dans son intégralité, il est nécessaire de prendre en compte une condition déterminante de l’objet qui est l’espace et la temporalité de la machine ‹ physique ›. C’est ainsi que les développements des objets présentés antérieurement ont toujours été déterminés par le physique (cerveau, organisme) ou les différents matériels de construction des ordinateurs, de sorte que ces éléments conditionnent l’aspect logico-mathématique des ordinateurs comme la décidabilité, la finitude, la complétude, la consistance, les procédures effectivement calculables et les théories de la complexité. De cette façon, saisir l’objet dans son intégralité nécessite des éléments ‹ concrets ›, qui distinguent clairement un objet mathématique d’un objet informatique. Il nous reste donc à déterminer ces éléments concrets, dont Kolmogorov nous donne une esquisse. Nous savons qu’il a utilisé les suites de 0 et 1 ou ‹ bits › pour donner une notion d’évaluation ou mesure de l’information contenue dans une suite ou un ensemble de suites de bits. Pour lui, dans ces suites nous trouvons l’ensemble général d’un algorithme, programme et données dont nous avons besoin pour la réalisation des applications en informatique. Or,

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une suite de bits est sous-jacente aux structures informatiques. C’est donc le ‹ bit › qui forme synthétiquement l’objet informatique, en totalisant toutes les notions et formes différentes structurantes de l’objet, en ayant une identité ‹ concrète › et saisissable d’un seul ‹ coup d’œil › et une universalité par laquelle l’objet peut être le support de nombreuses applications se rapportant aussi bien à des sujets du monde réel qu’aux mondes logico-mathématiques. A son tour, il peut cependant être d’une part, la représentation du monde logico-mathématique (en binaire) et d’autre part, la représentation dans le plan matériel ou physique (le circuit), c’est-à-dire saisissable dans le concret. Le développement de l’objet informatique ainsi présenté comporte certaines caractéristiques propres, telles que la temporalité avec le passage d’un niveau intuitif à un niveau formel – abstrait et finalement à un niveau concret, la constructivité comme notion ‹ dénombrable ›, rendant les diverses manipulations formelles et effectives et l’applicabilité ou plasticité comme l’aptitude à ‹ modéliser › dont sont dotés les objets informatiques. Un tel objet intégrerait le champ accessible à l’intuition mais en même temps il serait complètement détaché de toute référence à l’intuition, il serait l’acquis de toute la démarche de formalisation et d’abstraction ultérieure représenté concrètement. Nous pourrions découvrir en lui les différentes structures et virtualités inscrites en vertu du cadre opératoire qui le caractérise.

Conclusion La nouveauté de la quête ontologique interne proposée par Carnap nous situe a fortiori dans une problématique épistémologique, en utilisant et présentant des ‹ outils formels ›. Ces outils hautement technifiés sont employés conjointement avec les langages de la logico - mathématique, supportant et assistant aux philosophes, logiciens et épistémologues à exprimer des idées et notions intuitives de manière plus claire et avec une plus grande rigueur. Ainsi des enjeux philosophiques exprimés par ces moyens formalisés ont la possibilité de trouver des solutions plus précises. En conséquence, nous voyons comment en construisant les théories de base des objets informatiques, des intuitions peuvent se formaliser en explorant des situations logico-mathématiques dans lesquelles ces tentatives de formalisation des concepts de base sont enrichies progressivement. Un concept ainsi élaboré s’affirme et solidifie également par la proposition des projets concurrents et équivalents de manière qu’un nouveau pas est franchi dans l’histoire des idées où des thèses ou postulats deviennent un point d’appui sur lequel la théorie résultante (dans ce cas l’informatique) continue sa construction.

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Bibliographie Boniface, Jacqueline. Hilbert et la notion d’existence en mathématiques. Paris: Librairie Philosophique J. Vrin, 2004. (Mathesis: Michel Blay- Hourya Sinaceur). Carnap, Rudolph. Signification et Nécessité. Trad. francesa F. Rivenc& Ph. De Rouilhan. Collection Bibliothèque de Philosophie. Paris: Ed. Gallimard, 1997. Caveing, Maurice. Le problème des objets dans la pensée mathématique. Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre. Paris: Lib. Philosophique J. Vrin, 2004. Chomsky, Noam. Syntactic Structures. Mouton, 1957. [Trad. Francesa: Structures Syntaxiques. Paris: Editions Le Seuil, 1969]. Gödel, Kurt. « Sur les propositions formellement indécidables des Principia mathematica et des systèmes apparentés I », 1931. En: Nagel, Ernest; Newman, James R.; Gödel, Kurt; Girard, Jean Yves: Le Théorème de Gödel. Trad. Jean Baptiste Scherrer. Paris: Editions du Seuil, 1989. Hilbert, David & Bernays, P. Fondements des Mathématiques 1. Trad. de Grundlagen der Mathematik 1 (Springer). 2a. ed. (1968) avec les passages parallèles de la 1ère. édition (1934). 2 vols. Trad. F. Gaillard & M. Guillaume. Paris: Ed. L’Harmattan, 2002. Kleene, Stephen C. « Representation of events en nerve nets and finitude automata ». En: Automata Studies, Shannon, C.E. & McCarthy, Ed. Princeton: Princeton University Press, 1956. Pélissier, Aline & Tête, Alain (Eds.) Sciences Cognitives: Textes Fondateurs (1943- 1950). Paris: PUF, 1995. Shannon, C. E. & McCarthy, J. Automata Studies. Princeton: Princeton University Press, 1956. Turing, Alan M. « Computing Machinery and Intelligence ». Mind, 59.236 (1950)[Trad. francesa en: Pélissier & Tête, 1995]. Turing, Alan M. « On Computable Numbers, with Application to the Entscheidungsproblem ». En: Proceedings of the London Mathematical Society, 1937 [Traducción francesa: « Théorie des nombres calculables, suivie d’une application au problème de la décision ». Trad. Julien Basch. En: La Machine de Turing. Paris: Editions du Seuil, 1995].

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Wittgenstein, Ludwig. Tractatus Logico-Philosophicus. Trad. Gilles Gaston Granger. Paris, Gallimard, 1993.

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Les mirages de l’introspection : Wittgenstein critique de James Christiane Chauviré1

R esumé La conception d´introspection est problématique, selon Peirce : nous n’avons pas d´ accès immédiat et privilégié à soi-même, notre connaissance du monde interne est tirée de l’observation de faits externes. On pouvait croire que c’était la fin du mythe de l’intériorité, mais les sciences de la cognition en reviennent à l’introspection. Wittgenstein critique le langage privé et la structure intérieur/extérieur (l´attitude de ‹ je pense › est différente à celle d´‹ il pense ›), où l´introspective risque de créer des mirages, car cette attitude n´est pas épistémique mais l’écho déformé d´une asymétrie grammaticale. James est tombé dans le piège de cette image supposée au moyen d’un raisonnement par analogie et ne voit pas cette dimension langagière de l’introspection. James distingue les ‹ états substantifs › (les haltes) et les ‹ états transitifs › (les envolées du courant de pensée), mais le paradoxe de l’introspection est de sélectionner les états substantifs et non pas les transitifs. Wittgenstein critique aussi la saisie de la ‹ pensée au vol › car la démarche cognitive ou épistémique de tenter d’observer sa propre pensée pour savoir ce qu’elle est, ne nous fait saisir ce que le mot ‹ penser › signifie, tâche qui est grammaticale, non pas d’expérience mais de capacité. Ainsi même, si le partisan de l’introspection veut montrer que la pensée est un processus observable synchronisé avec la parole, pour Wittgenstein ceci est une ‹ image › trompeuse à laquelle nous poussent les tournures de notre langage, critique qui vise aussi James qui rapporte les différents moments de la pensée à des fragments temporels. Or, il est impossible de décrire les processus de la pensée à un laps de temps précis. Il s’agit de critiquer le mouvement appelé ‹ réflexion › où tous, dès Descartes à Sartre, s’accordent l’essence même du philosopher. Wittgenstein dénonce cette illusion analogue, à ambition métaphysique. Pareillement, en physiologisant le ‹ soi › (le psychologique doit s’expliquer sans reste par du physiologique : préconception dogmatique relevant d’une métaphysique scientiste), James déplace la solution, car il nous écarte du problème logique, conceptuel et fait apparaître le mirage de difficultés qui n’en sont pas, ou de solutions qui ne résolvent rien. Mots clés : William James, introspection, pragmatisme, critique physiologique. 1

Docteur en Philosophie. Actuellement Professeur de Philosophie à l´Université de la SorbonneParis I.


Les mirages de l’introspection [...] - Christiane Chauviré

Introduction Depuis Auguste Comte on sait que l’introspection est problématique : l’homme ne peut pas se séparer en deux pour s’observer lui-même (pas plus que l’œil ne peut se voir)2 . Préludant au behaviorisme, Peirce affirmait en 1868 de façon pionnière3, et sur un ton définitif, que 1) nous n’avons pas de pouvoir d’introspection garantissant un accès immédiat et privilégié à soi-même, ni de faculté d’intuition comme connaissance directe et auto-justifiée, et que 2) notre connaissance du monde interne est tirée de l’observation de faits externes. On pouvait croire que c’était le début de la fin du mythe de l’intériorité (cf. Chauviré 1985). Aujourd’hui il semble que les sciences de la cognition en reviennent à l’introspection4. La décisive critique faite par Wittgenstein du langage privé et de la structure intérieur/extérieur ne les décourage pas. Les échecs de l’introspection à remplir les divers buts qu’on a pu lui assigner sont pourtant bien pointés par cet auteur dans le sillage du behaviorisme5. Le principe de la critique wittgensteinienne de l’introspection6 est simple : quand nous nous observons nous-mêmes, 1) nous ne trouvons pas ce que nous cherchons, 2) Sa posture introspective risque de créer des mirages ; 3) ce que nous faisons ne s’appelle pas observer au sens scientifique, expérimental du terme, alors que William James, qui recourt très largement à cette méthode 2

Cette critique vient de Bonafd (cf. Braunstein 2002 806). Il semble y avoir un lien entre l’épistémologie positiviste et la critique de l’introspection. Comte veut remplacer la psychologie introspective par deux sciences positives et expérimentales de la pensée : la phrénologie et la sociologie. À leur tour, les membres du Cercle de Vienne opteront pour une psychologie scientifique en troisième personne, d’inspiration behavioriste. Notons aussi que chez Comte et Peirce la critique de l’introspection est associée à celle de l’individu (Comte) et du moi individuel purement illusoire (Peirce).

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Dans « Questions concernant certaines facultés attribuées à l’homme » (Collected Papers 5.2135.262).

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Comme le note Descombes dans La denrée mentale (1995 29), Fodor n’hésite pas à faire du cognitivisme l’héritier de la philosophie de la conscience représentative, devenue une psychologie cognitive sans cognition, remarque Descombes, « qui se modèle sur le concept cartésien d’une conscience comme pure ‹ connaissance intérieure › », et qui a « renoncé à lier le sort de la psychologie à la perspective de la première personne » (p. 30). Quant aux neurosciences, elles aussi sacrifient parfois au mythe des ‹ données de l’introspection ›, selon Descombes, tel Changeux (1983).

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Nous ne faisons pas évidemment de Wittgenstein un behavioriste mais un auteur qui a su exploiter philosophiquement ce qu’il y avait de décapant dans ce courant de pensée.

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En fait, c’est une critique à très large spectre si on la combine avec celle du langage privé : elle atteint non seulement James et la psychologie introspectionniste mais toutes les philosophies de la conscience et de ses données immédiates, la théorie du sens intime, des idées de Locke, et des sense-data, le solipsisme.

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dans les Principles of Psychology, tout en dénonçant les difficultés, a l’ambition de faire de la psychologie scientifique. Notons que James entend combiner, à la suite de Stumpf, l’approche en première personne (introspection) et celle en troisième personne (expérimentation scientifique). En critiquant l’introspection, Wittgenstein a certainement en tête les passages des Principles où James, après avoir distingué les ‹ états substantifs › (les haltes) et les ‹ états transitifs › (les envolées du courant de pensée) (Principles of Psychology I 244), déplore les difficultés de cette méthode s’agissant de capter les éléments transitifs de la pensée. Sachant que « toute pensée tend à tout moment vers un autre état substantif que celui dont elle vient d’être délogée », écrit James, [I]l est très difficile de percevoir de façon introspective ce que sont vraiment les états transitifs. S’ils ne sont que des envolées vers une conclusion, les arrêter pour les observer avant que la conclusion soit atteinte reviendrait tout bonnement à les détruire. Tandis que si nous attendons jusqu’à ce que la conclusion soit atteinte, elle les dépasse tellement en vigueur et en stabilité qu’elle les éclipse et les engloutit totalement dans son éclat. Qu’on essaie de couper une pensée par le milieu pour en observer la coupe et on verra combien l’observation rétrospective des zones transitives est difficile7. Le cheminement de la pensée est si rapide qu’il nous conduit presque toujours à la conclusion avant que nous ayons eu le temps de l’arrêter. Comme un flocon de neige saisi au creux d’une main tiède n’est plus un flocon mais une goutte, de même, au lieu de saisir le sentiment du mouvement d’une relation vers son terme, nous nous trouvons en possession d’une chose substantive, en général le dernier mot prononcé, pris statiquement, dont la fonction, la tendance et la signification particulière dans la phrase ont totalement disparu. La tentative d’analyse introspective dans ce cas revient en fait à se saisir d’une toupie en mouvement pour en surprendre le mouvement, ou, à essayer d’allumer la lumière assez rapidement pour voir à quoi ressemble l’obscurité -.Les conséquences de cette difficulté propre à l’introspection sont funestes. S’il est ardu de fixer les états transitifs du courant de pensée sans les observer, alors la grande erreur que toutes les écoles risqueront de commettre est de ne pas réussir à les saisir, et de trop insister sur les états plus substantifs du courant (Principles I 244). 7

Pour un commentaire de ce passage et de sa critique par Peirce, voir Mathias Girel (2003).

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Le paradoxe de l’introspection est donc de sélectionner les états substantifs de la pensée alors que nous voudrions capter les autres.

Les mirages de l´introspection Déjà , l’idée même de saisir la pensée au vol paraît étrange à Wittgenstein, non parce que la pensée irait trop vite, serait impossible à objectiver, ni parce que l’acte d’observation dénaturerait l’observé ou le ferait s’évanouir, mais parce que tenter d’observer sa propre pensée pour savoir ce qu’elle est (démarche épistémique ou cognitive) ne nous fait nullement saisir ce que le mot ‹ penser › signifie dans l’usage ordinaire, qui seul intéresse le philosophe (cette tâche requiert une démarche grammaticale) : « Pour tirer au clair la signification du mot ‹ penser ›, regardons-nous en train de penser : ce que nous observons-là ne serait-ce que le mot signifie ! Mais ce n’est pas dans ce sens qu’on se sert de ce concept » (RPP 1 § 316). En effet l’examen de la grammaire de penser dans l’usage ordinaire montre que le concept de penser n’est pas un concept d’expérience (RPP II § 257), mais de capacité, avec bien sûr un sens occurrent à certaines personnes de certains temps. L’introspection ne saurait donc rien nous apprendre que nous ne sachions déjà grammaire à l’appui. Ce que cherche notamment le partisan de l’introspection, c’est à montrer que ta pensée est un processus observable synchronisé avec la parole, qui l’accompagne et est articulé comme elle – une ‹ image › trompeuse à laquelle nous poussent les tournures de notre langage 8. La critique de Wittgenstein vise sur ce point James qui rapporte les différents moments de la pensée à des fragments temporels. Or, selon le philosophe de Cambridge, il est impossible de rapporter par des procédures descriptives le soi-disant processus de la pensée à un laps de temps précis. Eu égard à la durée, parler peut être décrit, penser non, penser n’est, encore une fois, pas un concept d’expérience avec un début, un déroulement et une fin, la pensée n’est pas un phénomène temporel qui s’expérimente : 8

James voit dans la séparation entre les soi personnels la plus grande ‹ brèche › de la nature (Principles, IX 231). Par là il s’oppose à Peirce qui, soutenant la thèse audacieuse de la continuité entre les soi personnels, voyait dans l’égoïsme une grave erreur métaphysique et morale : « Vous devez abjurer cette métaphysique de la méchanceté (wickedness). En premier lieu vos prochains sont dans une certaine mesure vous-mêmes, plus que [...] vous ne pouvez le croire. En réalité, l’égoïsme que vous vous plaisez à vous attribuer est en majeure partie l’illusion la plus vulgaire de la vanité » (CP 7 571). « Ceux qui se sont aimés eux-mêmes au lieu d’aimer leur prochain se trouveront bien attrapés par un poisson d’Avril quand le Premier Avril dévoilera la vérité : ni le soi ni celui du prochain ne sont rien de plus que des voisins (vicinities) » ( CP 4 68).

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‹ En prononçant ces mots j’ai pensé... › se rattache certes au temps de renonciation ; mais quand il s’agit pour moi de caractériser le ‹ processus › en question, je suis incapable de le décrire comme un événement appartenant à ce laps de temps, incapable de dire, par exemple que telle ou telle phase du processus s’est située dans ce segment temporel-ci. À l’opposé donc de ce qui vaut pour l’acte de parole lui-même, que, lui, je puis décrire. Telle est la raison pour laquelle on ne peut que difficilement nommer la pensée un processus (Ni un accompagnement de la parole). (RPP 11 § 266) Par ailleurs le Cahier bleu fait valoir que les prétendues difficultés d’introspection sont illusoires, créées de toute pièce par une tournure trompeuse de notre langage : ainsi quand nous scrutons notre mémoire à la recherche de ce que nous avons pensé ; parfois il semblerait presque que la difficulté consiste à se souvenir exactement de ce qui s’est passé lorsque nous avons pensé quelque chose, une difficulté d’introspection, ou quelque chose de ce genre ; alors qu’en fait, la difficulté apparaît lorsque nous regardons les faits à travers le médium d’une forme d’expression trompeuse (30). La forme verbale trompeuse est en fait la vraie source de la difficulté et en outre, comme médium opacifiant, elle empêche le philosophe de reconnaître sa nature langagière. Ainsi, comme l’affirme, « une analogie (Gleichnis), reçue dans les formes de notre langage, détermine une fausse apparence : cette dernière nous inquiète : ‹ Ce n’est pourtant pas ainsi › —disons-nous. ‹ Mais cela doit être ainsi ! › » (PU § 112). Ainsi est dévoilé le mécanisme de l’illusion : une forme d’expression trompeuse nous conduit à accentuer ce qui n’est qu’apparence (Schein) : à affirmer qu’il doit en être ainsi, le ‹ doit › étant la marque du dogmatisme philosophique : Wittgenstein décrit là le cheminement qui l’amène dans le Tractatus, en dépit de certaines réserves (‹ ce n’est pourtant pas ainsi ›), à poser qu’une proposition doit être une image, passant de ce qui n’est qu’une analogie à une affirmation dogmatique à valeur universelle. De son côté, le Cahier Brun opère une décisive critique de la posture philosophique en tant qu’elle réifie des impressions en réalise transitives, pour parler comme James, engendrant toutes sortes d’illusions surtout quand cette posture use de l’introspection : ainsi de la sensation de rouge : Maintenant, de quoi s’agissait-il quand, en philosophant, j’ai dit que le mot ‹ rouge › se présentait d’une manière frappante ?... Que s’est-il passé ? Tu t’es concentré, tu as pour ainsi dire fixé ton regard sur tes sensations.

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Et c’est exactement ce que tu as fait quand tu as dit que ‹ rouge › se présentait d’une manière particulière... Ce qu’il y a de particulier dans la manière dont ‹ rouge › se présente, c’est qu’il se présente pendant que tu philosophes à son propos, de même que ce qu’il y a de particulier dans ta posture quand tu te concentres sur elle, c’était la concentration. Nous nous donnons l’impression d’être sur le point de décrire la manière, alors que nous ne l’opposons en réalité à aucune autre manière. Nous accentuons, nous ne comparons pas, mais nous nous exprimons comme si cette accentuation était en réalité une comparaison de l’objet avec lui-même ; il semble y avoir une comparaison réflexive (158-160). Nous avons souvent l’impression en philosophie de réfléchir sur des objets étranges, mais c’est seulement parce que nous les soustrayons de la vie ordinaire et focalisons sur eux notre attention : c’est affaire de phrasé ou d’accentuation, non de comparaison, ou alors il s’agit d’une comparaison réflexive, comme dans le cas de certaines fausses tautologies9 . Ce n’est pas ce rouge qui est particulier, c’est notre attitude vis-à -vis de notre sensation de rouge qui l’est quand nous philosophons, c’est un effet de notre concentration (158), ce n’est même pas un acte de monstration interne : Il semble que je me montre à moi-même ce que je ressens, comme si l’acte de me concentrer était un acte de monstration ‹ intérieur ›, un acte dont je suis seul conscient [...]. Mais je ne montre pas le sentiment en y prêtant attention. Bien plutôt, prêter attention au sentiment veut dire le produire ou le modifier (Au contraire observer la chaise ne veut pas dire produire ou modifier la chaise) (Cahier brun 1996 174). Par cette mise en relief, nous en venons à hypostasier un sentiment ou une impression là où l’usage ordinaire - qui seul est souverain, et qui est l’aune à laquelle nous devons juger nos réflexions philosophiques - ne le demande évidemment pas, voire l’exclut, c’est donc un artefact de la posture introspective de la philosophie. Toutes les entités hypostasiées de la philosophie, idées platoniciennes (le rouge en soi), universaux, essences ont peut-être cette même origine. Il s’agit en fait de critiquer le mouvement appelé réflexion où tous, de Descartes à Sartre, s’accordent à voir la condition de possibilité, voire l’essence même du philosopher. 9

Cf. p. 161 où Wittgenstein localise la source de certains ‹ problèmes › après avoir lu dans les Principles le passage cité plus haut sur les éléments transitifs et intransitifs : opérer une abstraction hypostatique, soutient alors Peirce, consiste à immobiliser une pensée transitive et à la prendre comme objet de pensée.

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Autre artefact de la posture philosophique, lorsque je m’introspecte, qui apparaît dans des textes plus tardifs comme RPP : le sentiment de « l’infranchissable abîme entre la conscience et le processus cérébral » (RPP 1 § 412), et le vertige qui va avec. Ils n’interviennent que si [J]e dirige mon attention d’une manière déterminée sur ma conscience et que je me dis, étonné : ceci devrait être engendré par un processus cérébral, en me frappant le front, pour ainsi dire. Mais qu’est-ce que cela peut bien signifier ; ‹ diriger mon attention sur ma conscience ? › Est-il rien de plus extraordinaire que de pouvoir pareille chose ! Ce que je nommais ainsi (car ces mots ne sont guère utilisés dans la vie ordinaire) était un acte du regard. Je regardais fixement devant moi - mais non pas sur un quelconque objet ou un quelconque point déterminé. Mes yeux étaient grands ouverts, mes sourcils point froncés (comme ils le sont le plus souvent, lorsqu’un objet déterminé m’intéresse). Nul intérêt de ce genre n’avait précédé le fait de regarder. Mon regard était ‹ vacant › ou semblable à celui d’un homme qui admire l’éclairage du ciel et s’abreuve de sa lumière. Songez dès lors que la proposition que je prononçais comme un paradoxe (à savoir : que ceci dû-t-être engendré par un processus cérébral !) n’avait en soi rien de paradoxal. J’aurais pu le prononcer durant mon expérimentation dont le but était de montrer que l’effet de lumière que je vois serait engendré par l’excitation d’une certaine partie du cerveau. Mais je ne prononçais pas la phrase dans l’ambiance où elle aurait eu un sens banal et non paradoxal. Et mon attention n’était pas du genre de celle qui eût été propre à l’expérimentation. (Mon regard eût été ‹ intent ›, non pas ‹ vacant › (RPP 1§ 412). L’introspection ne me livre donc rien de déterminé, rien de ce que je cherche en elle ; un cinéphile dirait qu’elle se fait eyes wide shut. À la rigueur, pourrait-on ajouter, le soi qui s’observe observe un soi observant, non observé. Au chapitre suivant, la conception du soi de James est mentionnée : Nous sommes ici en présence d’un cas d’introspection ; assez semblable à ceux par lesquels William James faisait ressortir que le ‹ soi › consistait principalement en ‹ peculiar motions in the head and between the head and throat ›. Et ce que montrait l’introspection de James, ce n’était pas la signification du mot ‹ soi › (pour autant que ceci signifie quelque chose tel que ‹ personne ›, ‹ homme ›, ‹ lui-même ›, ‹ moi-même ›) ni l’analyse d’une pareille nature, mais l’état d’attention d’un philosophe, qui prononce par-

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devers soi le mot ‹ soi › et cherche à en analyser la signification. (Et ceci est même fort instructif.) (RPF l§ 413) Tout ce que nous enseigne ici l’introspection est donc le contenu du vécu du philosophe en état d’auto-observation : un enseignement phénoménologique certes, mais qui n’est pas celui recherché. Un état proche à certains égards de l’hypnose, ajouterais-je, ou qui comporte en tout cas un fort élément d’autosuggestion puisque le philosophe se persuade qu’il s’observe bel et bien ou observe son soi. Mais en réalité le regard ne se dirige pas sur un objet déterminé comme dans une observation authentique, il est ‹ vacant ›, ce n’est pas le regard d’un expérimentateur. Dans PU, Wittgenstein dénonce une illusion analogue, à ambition métaphysique, propre au philosophe : « J’ai le sentiment que si je pouvais fixer mon regard très exactement sur ce fait, et le mettre au foyer de mon regard, je devrais saisir l’essence de la chose » (PU § 113) : en fait on s’aveugle à regarder trop fixement. De même PU § 106 nous enjoint de revenir aux objets de pensée quotidiens, de « ne pas nous égarer au point de croire que nous devons décrire les dernières finesses, alors que nous ne saurions du tout les décrire avec les moyens dont nous disposons ». Encore une fois notre auteur ne veut pas dire qu’on ne peut objectiver la conscience, ou que « le soi personnel existe au sens où un snark existe » comme le soutient Peirce (Collected Papers 8.82), mais que si on cherche à s’observer soi-même, on n’est pas en état d’observation, mais dans un état qui rappelle un peu ‹ l’attention flottante › des psychanalystes. En revanche, un état de trop forte concentration risque de faire naître des chimères philosophiques comme le suggère l’ « exercice d’archéologie philosophique » (Hacker et Baker) de PU § 113. Autre argument contre l’introspection, tiré cette fois-ci de la grammaire, mais resté à l’état implicite chez Wittgenstein : en vertu de l’asymétrie reconnue entre les première et troisième personne : des verbes psychologiques dans les années 1940, les énoncés en première personne comme ‹ je pense › ne sont nullement des comptes-rendus d’introspection mais ont une valeur expressive d’Äusserungen. ‹ Je pense › ne décrit aucun contenu ou état mental, ne donne aucune information à autrui sur ce qui se passe en moi, la notion d’état mental objectif, identifiable, à observer étant de toute façon problématique. Les énoncés à la première personne que nous pourrions formuler dans une tentative d’introspection n’auraient donc aucunement le statut d’énoncés d’observation, et il est même douteux, selon certains lecteurs de Wittgenstein (Hacker), qu’ils aient une teneur cognitive directe. En revanche, ‹ il pense › est bel et bien un énoncé d’observation (mais sa véracité exige des critères). L’asymétrie que James tient à tort pour épistémique entre les usages des deux personnes (j’aurais un accès privilégié et direct à ce qui se passe en moi, et un accès indirect à ce qui

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se passe en autrui) dérive en fait de l’image intérieur/extérieur enracinée dans notre langage - celle-ci n’étant que l’écho déformé de l’asymétrie grammaticale bien réelle mise au jour par Wittgenstein. L’attitude vis- à -vis de soi n´est pas la même que celle vis-à -vis d’autrui, mais cette différence d’attitude n’est pas épistémique ou cognitive ne reflète pas une différence d’opinion, l’attitude précédant l’opinion (IE § 38), et n’étant pas de l’ordre d’un savoir. Or James est tombé dans le piège de l’image qui oppose mon intérieur à celui, caché, d’autrui, et que je ne peux que supposer au moyen d’un raisonnement par analogie (‹ chaque flux de conscience étant refermé sur lui-même ›) ; or il n’y a aucun raisonnement par analogie, mais un « enseignement grammatical qui m’est tout à fait clair » (RPP 1 § 350), soutient avec force Wittgenstein : nous voyons directement la tristesse ‹ personnifiée › dans et par un visage (RPP l § 570), et comprenons immédiatement les ressources expressives naturelles du corps humain « (‹ je ne puis que deviner ce que ressent autrui › - cela a-t-il un sens quand je le vois par exemple, couvert de blessures et souffrant atrocement ? », EPRP § 964). James a tort de penser que nous pouvons ‹ nous tromper › sur nos états intérieurs, qui seraient totalement définis mais que nous n’arriverons pas à déchiffrer, puisque ce que nous pouvons en dire relevé d’un jeu de langage où doute et erreur sont exclus (et par conséquent savoir aussi). Tout ce que l’on peut dire sur soi est pris dans des jeux de langage dotés de certaines caractéristiques que Wittgenstein s’emploie à préciser. James ne voit pas cette dimension langagière de l’introspection : on ne s’introspecte pas indépendamment d’un certain langage, le sujet de l’introspection est avant tout sujet d’expression. Dans l’introspection, tout passe par des jeux de langage dont l’incertitude ne fait pas partie.

L a critique du point de vue physiologique En physiologisant le ‹ soi ›, James ne résout pas le problème de l’introspection aux yeux de Wittgenstein, mais ne fait que le déplacer. L’introduction de considérations physiologiques sur le soi situé entre la tête et la gorge ne nous fait pas avancer dans le sens d’une psychologie scientifique comme le croit James, qui reste en fait métaphysicien malgré lui : « le point de vue physiologique ne fait que nous embrouiller. Car il nous écarte du problème logique, conceptuel » (RPP 1 § 1038). La solution des problèmes de la psychologie, dont les concepts sont autonomes, ne saurait être trouvée dans la physiologie, et même si on savait tout des corrélations mentales, pour parler comme Changeux, cela n’entamerait pas l’autonomie de ces concepts et de ces problèmes qui réclament un traitement grammatical en philosophie. Les progrès de la science ne peuvent, à cet égard,

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rien pour la philosophie de l’esprit. L’idée que le psychologique doit s’expliquer sans reste par du physiologique (idée au bout de laquelle est allé le matérialisme éliminativiste de Churchland) est une préconception dogmatique relevant d’une métaphysique scientiste : seule la science pourrait donner à la philosophie les moyens de résoudre des questions qui sont les siennes. Sur ce point toutefois, Wittgenstein n’a peut-être pas raison, car il se peut fort bien que la science révèle qu’un problème tenu pour philosophique (par exemple un problème concernant les couleurs) est en fait scientifique et peut être résolu par la science. On pourrait croire que les concepts de la folk psychology, qui sont à peu près ceux auxquels Wittgenstein entendait limiter son examen grammatical, seront un jour mis à mal par les neurosciences, mais en fait : 1) ils sont stables depuis en gros Aristote, et 2) ils ne sont pas, contrairement à ce qu’affirme Churchland, en concurrence avec les concepts neurologiques scientifiques, mais leur sont complémentaires. Les uns et les autres peuvent donc coexister pacifiquement. Il arrive même, que le vocabulaire psychologique commun s’enrichisse d’un mot emprunté au vocabulaire scientifique (‹ décharge d’adrénaline ›) sans que cela retentisse sur l’ensemble de la psychologie populaire ; celle-ci est donc moins une théorie fausse réfutable et éliminable par les neurosciences qu’un schème conceptuel millénaire qui résiste bien à l’épreuve du temps. En outre le point de vue physiologique est à sa manière, producteur de mirages philosophiques : Penser en termes de processus physiologiques est ce qu´il y a de plus dangereux pour une position claire des problèmes conceptuels en matière de psychologie. Penser en termes d’hypothèses physiologiques, fait apparaître à nos yeux soit le mirage de difficultés qui n’en sont pas, soit celui de solutions qui ne résolvent rien. La meilleure façon d’en guérir est de penser que je ne sais absolument pas si les personnes que je connais ont réellement un système nerveux. (RPP 1 § 1063) Il ne s’agit pas de prendre à la lettre cette provocation de Wittgenstein, mais d’y voir l’invitation à une expérience de pensée, à la mise entre parenthèses provisoire du système nerveux, qui est d’autant plus sage que nos neurosciences ne nous donnent aucune information complète sur les corrélations supposées du mental et du physiologique, même si les scientifiques prétendent que nous saurons tout cela bientôt ! Soixante-dix ans après le Cahier bleu, la philosophie de la cognition tient toujours pour acquis, dans la ligne de Descartes, de Sartre et de toutes les philosophes de la conscience comme si

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Wittgenstein n’avait jamais rien écrit, que « Chacun paraît savoir immédiatement l’essentiel de ce qu’il pense et ressent à tout moment : on paraît capable de ‹ voir à l’intérieur › de son esprit ou de ‹ s´introspecter › »10. Notons toutefois la mise entre guillemets et la prudence de l’auteur de ce passage, qui, lecteur de Wilfrid Sellars, semble bien conscient des faillites de l’introspection. L’étude expérimentale de Nisbett et Wilson, ajoute-t-il, semble avoir montré que « ce que l’on prend pour un processus particulier de l’introspection n’est rien d’autre que l’effort de se comprendre, de la même manière qu’on tente de comprendre autrui (voir aussi Wilfrid Sellars pour une hypothèse semblable) »11 (RPP§1063). L’introspection n’aurait donc rien de spécifique ne reposerait pas sur une faculté d’intuition spéciale. Plus ambitieuse une étude de Simon et Ericsson tente de mettre au point une théorie computationnelle des mécanismes d’introspection à partir de données disponibles dans la mémoire à court et à long terme et « d’hypothèses spéculatives sur les fonctions mentales ». Avec une prudence remarquable, l’auteur conclut : Ces travaux ont tendance à sous-estimer un point logique : même si certaines choses peuvent être connues par introspection, il ne s’ensuit pas que l’on puisse connaître introspectivement lesquelles elles sont [je souligne], il est possible qu’on ne puisse savoir ce que l’on peut connaître 10

Comme il semble le faire dans RPF : « Il est donc parfaitement possible que certains phénomènes psychologiques ne puissent faire l’objet de recherches physiologiques, parce que rien ne leur correspondrait physiologiquement » (l § 904) ; « ce que je veux dire est qu’il serait impossible de déchiffrer le processus de pensée sur le processus cérébral » (§ 903). Or on peut noter que la théorie actuelle de la survenance dans ses différentes versions, se garde bien de faire se correspondre point par point le mental et le cérébral, définissant au contraire entre eux une relation de dépendance plus souple et plus lâche. Seul Changeux semble vouloir déchiffrer la pensée à même le cerveau. Mais on est encore loin de l’établissement de lois psycho-physiologiques (cf. la thèse de l’anomie du mental soutenue par Davidson). Pour Wittgenstein il n’y a pas de raison de dire qu’il doit y avoir une correspondance réglée nomologique, entre le mental et le cérébral, et il critique la métaphore du déchiffrement, issue pour lui d’une conception grammaticale primitive (cf. Ch. Chauviré 2000 32-33). Et il a sans doute raison d’inciter à l’abandon d’une conception lourdement causale et déterministe des conditions physiologiques du mental. Tout montre que ce n’est pas si simple. Toute la scolastîque de la survenance a au moins le mérite de faire sentir la complexité de la question.

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Pour Sellars, la technique de l’introspection présuppose une ‹ conception classique › de la pensée qu’il critique : « Nous pouvons ‹ nous entendre nous-mêmes penser ›, mais l’imagination verbale qui rend possible cette aptitude n’est pas plus l’acte de penser lui-même que ne l’est le comportement verbal manifeste dans lequel celui-ci est exprimé et communiqué à autrui. Il est erroné de supposer que nous devrions avoir une imagerie verbale —ainsi d’ailleurs qu’une imagerie quelconque— lorsque nous savons ce que nous ‹ pensons ›, et que l’ ‹ accès privilégié › doive être interprété selon un modèle perceptuel ou quasi-perceptuel » (1992 95).

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introspectivement qu’en construisant par des méthodes non introspectives une théorie de la structure de l’esprit (RPP§222). Sans aller jusqu’à soutenir comme Peirce que notre prétendu pouvoir d’introspection repose en réalité sur des inférences tirées des faits extérieurs ce philosophe de la cognition préfère s’en remettre aux démarches en troisième personne. Voilà donc ce que nous apporte la psychologie introspective soixante-dix ans après les analyses critiques de Wittgenstein : très peu de données, quelques spéculations. Il est vrai que l’imagerie mentale, qui pourrait remplacer l’introspection, semble plus prometteuse, étudiant la structure et l’organisation interne de ces événements internes à caractères figuratifs que sont les images mentales. Mais là encore les chercheurs font preuve de prudence : « L’attestation d’événements mentaux privés est une difficulté majeure en psychologie » reconnaît Miche Denis (1998 201). Certes, dans le cas des images visuelles les chercheurs semblent avoir bel et bien détecté non seulement des corrélations entre les propriétés de l’image et des événements physiologiques, mais aussi des variations concomitantes entre les uns et les autres : « Ainsi la dilatation pupillaire qui accompagne la formation d’une image visuelle est d’autant plus importante que l’image est plus difficile à évoquer » quoiqu’ « elle accompagne aussi d’autres formes d’activité cognitive » (ibid.). Les célèbres expériences de Shepard et Kossiyn vont dans le même sens, montrant que « l’exploration mentale d’une image visuelle prend d’autant plus de temps que la distance parcourue est plus grande » et qu’on inspecte une image par rotation mentale ; de là à supposer que « trois processus, propres à l’imagination et distincts d’autres processus cognitifs, engendrent, inspectent et transforment les images » , il n’y a qu’un pas, celui qui conduit de la science à son extrapolation philosophique. Mais qu’il y ait des processus communs à l’imagination et à la perception visuelles n’a en fait rien de très étonnant. Wittgenstein serait réfuté s’il posait comme hypothèse scientifique l’absence de corrélation entre mental et cérébral ; mais comme il ne soutient rien qui aille au-delà de ses connaissances réelles, nous conseillant juste une expérience de pensée qui fasse l’épochè du système nerveux pour mieux dégager les problèmes conceptuels à l’état pur, celle-ci nous paraît juste un peu plus baroque. Les travaux actuels sur la cognition sont fort intéressants, reste à savoir quelle est la bonne conclusion philosophique à en tirer. On peut, rétorquent les philosophes de la cognition, en tirer des modèles de l’esprit compatibles avec les données expérimentales et suggérées par elles, quoiqu’on grande partie, spéculatifs. Mais ces modèles ne tombent-ils pas sous le coup de la critique adressée par le Cahier bleu à tous les modèles de l’esprit ? La question reste à étudier...

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Bibliographie Braunstein, Jean-François. « Bachelard, Canguilhem, Foucault : Le style français en épistémologie ». En : Les philosophes et la science. P. Wagner ed. Paris : Gallimard, 2002. Folio essais. Changeux, Jean Pierre. L’ homme neuronal. Paris : Fayard, 1983. ---. L’ homme de vérité. Paris : Odile Jacob, 2002. Chauviré, Christiane. La philosophie dans la boîte noire. Paris : Kimè, 2000. ---. « C.S. Peirce : La fin du mythe de l’intériorité ? ». En : Critique 455 (1985 abril). ---. « Le corps humain est la meilleure image de l’esprit humain ». En : Wittgenstein : les mots de l’esprit. Philosophie de la psychologie, Co-ed. avec S. Laugier, J.J. Rosat. Paris : Vrin, 2001. Churchland, Paul. A Neuro computational Perspective : The Nature of Mind and the Structure of Science. Cambridge : MIT Press, 1989. Denis, Michel. « Imagerie cérébrale ». En : Vocabulaire de Sciences Cognitives. Paris : PUF, 1998. Descombes, Vincent. La denrée mentale. Paris : Minuit, 1995. Girel, Mathias. « Metaphysics and Logic of Psychology : Peirce’s Reading of James’s Principles ». En : TCSPS (2003 juin). James, William. Principles of Psychology. New York : Dover, 1950 ---. Essays in Radical Empiricism. Lincoln and London : University of Nebraska Press, 1996. Peirce, Charles Sanders.1931-1935, Collected Papers. Cambridge : Harvard University Press. Sellars, Wilfred. Empirisme et philosophie de l’esprit. Trad. Française F. Cayla. Paris : L’éclat, 1992 Wagner, Pierre, (Ed). Les philosophes et la science. Paris : Gallimard, 2002. Folio essais. Wittgenstein, Ludwig. Le Cahier bleu et le Cahier brun. Trad. française. J. Sadoir et M. Goldberg. Paris : Ed. Gallimard, 1996.

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---.[EPRP] Etudes Préparatoires à la 2e. partie des Recherches Philosophiques (Derniers écrits sur la philosophie de la psychologie, T. I). Trad. Gérard Granel. TER, 1985. ---.[IE] L’ intérieur et l’extérieur (Derniers écrits sur la philosophie de la psychologie, T. II).Trad. Gérard Granel. TER, 2000. ---. [PU] Philosophical Investigations. Trad, de G.E.M. Anscombe. Londres : Blackwell, 1998 [1953]. ---. [RPP] Remarques sur la Philosophie de la Psychologie. vols. I-II. Trad. Gérard Granel. TER, 1989. ---. Tractatus Logico-Philosophicus. Trad. Fr. de Gilles Gaston Granger. Paris : Gallimard, 1993.

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Los espejismos de la introspección: Wittgenstein critico de James Christiane Chauviré1

R esumen La concepción de introspección es problemática, según Peirce: no tenemos acceso inmediato y privilegiado a sí mismo; nuestro conocimiento del mundo interno es traído de la observación de hechos externos. Se pudiera creer que era el fin del mito de la interioridad, pero las ciencias de la cognición vuelven a la introspección. Wittgenstein critica el lenguaje privado y la estructura interior/exterior (la actitud de ‘yo pienso’ es diferente a la de ‘él piensa’), en la que la introspectiva corre el riesgo de crear espejismos, porque esta actitud no es epistémica sino el eco deformado de una asimetría gramatical. James cayó en esta trampa supuesta por medio de un razonamiento por analogía y no ve la dimensión del lenguaje de la introspección. James distingue los ‘estados substantivos’ (las paradas) y los ‘estados transitivos’(los vuelos de la corriente de pensamiento), pero la paradoja de la introspección es seleccionar los estados substantivos y no los transitivos. Wittgenstein critica también la toma del ‘pensamiento al vuelo’ porque el proceso cognitivo o epistémico de tratar de observar su propio pensamiento para saber que es él, no nos lleva a saber lo que significa la palabra ‘pensar’, tarea que requiere un enfoque gramatical, porque este concepto no es de experiencia sino de capacidad. Así mismo, si el partidario de la introspección quiere mostrar que el pensamiento es un proceso observable sincronizado con la palabra, y se articula con ella, para Wittgenstein esto es una ‘imagen’ tramposa estimulada por los giros de nuestro lenguaje, crítica que enfoca a James que relaciona los diferentes momentos del pensamiento en fragmentos temporales. Se trata de criticar el movimiento llamado ‘reflexión’ donde todos, desde Descartes a Sartre, están de acuerdo con nominarla como la esencia misma de filosofar. Wittgenstein denuncia esta ilusión análoga, con ambición metafísica. Igualmente, al fisiologizar el ‘yo’ (lo sicológico debe explicarse por lo fisiológico: preconcepción dogmática propia de una metafísica cientista), James desplaza la solución, porque nos aleja del problema lógico, conceptual y hace aparecer el espejismo de dificultades que no existen o de soluciones que no resuelven nada. Palabras clave: William James, pragmatismo, introspección, crítica fisiológica. 1

Doctor en Filosofía. Actualmente Profesora de Filosofía en la Université de la Sorbonne-Paris I.


Los espejismos de la introspección [...] - Christiane Chauviré

Introducción Desde Auguste Comte se sabe que la introspección es problemática: el hombre no puede partirse en dos para observarse él mismo (no más que el ojo no puede verse)2. Anticipándose al behaviorismo, Peirce afirmaba en 1868 de manera pionera3, y bajo un tono definitivo, que 1) no tenemos poder de introspección que garantice un acceso inmediato y privilegiado a sí mismo, ni una facultad intuitiva como conocimiento directo y auto-justificado, y que 2) nuestro conocimiento del mundo interno es extraído de la observación de los hechos externos. Se pudiera creer que era el principio del final del mito de la interioridad (cf. Chauviré 1985). Actualmente parece que las ciencias de la cognición vuelven a la introspección4. La decisiva crítica hecha por Wittgenstein del lenguaje privado y de la estructura interior/exterior no las ha desestimulado. Las fracasos de la introspección sobre los diferentes objetivos asignados han sido muy bien señalados por este autor en el seno del behaviorismo5. El principio de la crítica wittgensteiniana de la introspección6 es sencilla: cuando nos observamos a nosotros mismos, 1) no encontramos aquello que buscamos, 2) su postura introspectiva corre el riesgo de crear espejismos; 3) aquello que hacemos no se llama observar en el sentido científico, experimental del término, mientras que William James, que utiliza grandemente este método en los Principles of Psychology, aunque denuncia las dificultades, 2

Esta crítica viene de Bonafd (cf. Braunstein 2002 806), parece tener un lazo entre la epistemología positivista y la crítica de la introspección. Comte quiere remplazar la sicología introspectiva por dos ciencias positivas y experimentales del pensamiento: la frenología y la sociología. A su turno, los miembros del Círculo de Viena optaron por una sicología científica en tercera persona, de inspiración behaviorista. Notemos que en Comte y Peirce la crítica de la introspección está asociada a aquella del individuo (Comte) y del yo individual puramente ilusorio (Peirce).

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En “Questions concernant certaines facultés attribuées à l’homme” (“Preguntas que conciernen ciertas facultades atribuídas al hombre”) (Collected Papers 5.213-5.262)

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Como lo anota Descombes (1995 29), Fodor no duda en hacer del cognitivismo el heredero de la filosofía de la conciencia representativa, convertida en sicología cognitiva sin cognición, subraya Descombes, “la que se modela sobre el concepto cartesiano de una conciencia como puro ‘conocimiento interior’ y que ha renunciado a unir la suerte de la psicología a la perspectiva de la primera persona” (30). En cuanto a las neurociencias, ellas sacrificaron también el mito de los ‘datos de la introspección’, según Descombes, tal como Changeux (1983).

5

No estamos haciendo evidentemente de Wittgenstein un behaviorista sino un autor que supo explotar filosóficamente aquello que había para quitar en esta corriente de pensamiento.

6

De hecho, es una crítica con un gran espectro si se combina con aquella del lenguaje privado: ella llega no solamente a James y la sicología introspectiva sino a todas las filosofías de la conciencia y de sus dominios inmediatos, la teoría del sentido íntimo, las ideas de Locke, los sense-data y el solipsismo.

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tiene la ambición de hacer sicología científica. Notemos que James quiere combinar, después de Stumpf, la aproximación en primera persona (introspección) y aquella en tercera persona (experimentación científica). Criticando así la introspección, Wittgenstein tiene ciertamente en la cabeza los pasajes de los Principles en donde James, después de distinguir los ‘estados substantivos’ (las paradas) y los‘estados transitivos’ (los vuelos de la corriente de pensamiento) (Principles I 244), deplora las dificultades de este método que trata de captar los elementos transitivos del pensamiento. Sabiendo que “a cada momento, todo pensamiento tiende hacia otro estado substantivo que aquel que acaba de dejar”, escribe James: Es difícil percibir de manera introspectiva lo que son verdaderamente los estados transitivos. Si éstos no son sino vuelos hacia una conclusión, pararlos para observarlos antes de llegar a la conclusión conduciría a destruirlos. Mientras que si esperamos a llegar a la conclusión, ésta va más allá tanto en vigor como en estabilidad, los eclipsa y los envuelve en su luz. Si uno trata de cortar el pensamiento por la mitad para observar el corte, se verá la gran dificultad de la observación retrospectiva de las zonas transitivas7. El entramado del pensamiento es tan rápido que nos conduce casi siempre a la conclusión antes de que hayamos tenido tiempo de pararla. Como un copo de nieve tomado en la palma de la mano tibia no es más un copo sino una gota, así mismo, en lugar de asir el sentimiento del movimiento de una relación hacia su término, nos encontramos en posesión de una cosa substantiva, en general así pronunciado el último término, tomado estáticamente, la función, tendencia y significado particular en la frase se han desaparecido totalmente. La tentativa del análisis introspectivo en este caso es como dejarse tomar de un trompo en movimiento para sorprender el movimiento, o, tratar de poner luz rápidamente para ver a qué se parece la obscuridad. Las consecuencias de esta dificultad propia a la introspección son funestas. Si es tan difícil fijar los estados transitivos de la corriente de pensamiento sin observarlos, entonces el gran error que las escuelas corren el riesgo de cometer es de no comprenderlas, y de insistir mucho sobre los estados más substantivos de la corriente (Principles I 244). 7

Para un comentario de este pasaje y de su crítica por Peirce, ver Girel (2003).

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La paradoja de la introspección es la de solo seleccionar los estados substantivos del pensamiento mientras que lo que quisiéramos es captar los otros.

Los espejismos de la introspección Ya, la idea misma de tomar el pensamiento al vuelo parece extraña a Wittgenstein, no porque el pensamiento iría muy rápido, sería imposible objetivarlo, ni porque el acto de observación desnaturaliza lo observado o lo haría desaparecer, sino porque tentarse a observar su propio pensamiento para saber aquello que es (proceso epistémico o cognitivo) no nos hace de ninguna manera entender aquello que significa la palabra ‘pensar’ en el uso ordinario, que sólo interesa al filósofo (esta tarea requiere un proceso gramatical): “Para sacar en claro el significado de la palabra ‘pensar’, mirémonos en estado de pensar: aquello que observamos allí no sería lo que la palabra significa! Pero no es en este sentido que uno se sirve de este concepto” (RPP 1 §316). En efecto el examen de la gramática de pensar en el uso ordinario muestra que el concepto de pensar no es un concepto de experiencia (RPP II §257), sino de capacidad con sentido ocurrente para ciertas personas de ciertos tiempos. La introspección no sabría enseñarnos nada más de lo que nos da la gramática. Aquello que busca especialmente el partidario de la introspección, es mostrar que el pensamiento es un proceso observable sincronizado con la palabra, que lo acompaña y está articulado como ella—una ‘imagen’ tramposa hacia la cual nos empujan los giros de nuestro lenguaje8. La crítica de Wittgenstein enfoca en este punto a James que relaciona los diferentes momentos del pensamiento con los fragmentos temporales. Ahora, según el filósofo de Cambridge, es imposible relacionar por medio de procesos descriptivos el susodicho proceso del pensamiento en un lapso de tiempo preciso. Desde el punto de vista de la duración, hablar puede ser descrito, pensar no, pensar no es, unavez más, un concepto de experiencia con un principio, un desarrollo y un final, el pensamiento no es un fenómeno temporal que se experimenta: 8

James ve en la separación entre los ‘yo’ personales la brecha más grande de la naturaleza (Principles IX 231). Por esto él se opone a Peirce que, sustentando la audaz tesis de la continuidad entre los ‘yo’ personales, veía en el egoísmo un grave error metafísico y moral: “Usted debería despojar esta metafísica de la perversidad (wickedness). En primer lugar su prójimo es en cierta manera usted mismo, más de lo que [...] usted lo creería. En realidad, el egoísmo que a usted le gusta atribuirse, es en su mayoría la ilusión más vulgar de la vanidad” (Collected Papers 7 571). “Aquellos que se aman a ellos mismos en lugar de amar a su prójimo se encontrarán atrapados por un poisson d’Avril quand le Premier Avril dévoilera la vérité: tanto el yo como aquel del prójimo no son más que vecinos (Vicinties)” (Collected Papers 4 68).

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‘Pronunciando estas palabras yo pensé...’ relaciona ciertamente el tiempo de referencia; pero cuando se trata para mí de caracterizar el ‘proceso’ en cuestión, yo soy incapaz de describirlo como un evento perteneciendo a este lapso de tiempo, incapaz de decir, por ejemplo que una u otra fase del proceso está situada en ese segmento temporal. Al contrario de aquello que vale para el acto de palabra, porque éste yo puedo describirlo. Tal es la razón por la cual no se puede sino difícilmente llamar el pensamiento como un proceso (Ni un acompañamiento de la palabra) (RPP 11 §266). Por otro lado en el Cahier bleu (Cuaderno Azul) Wittgenstein afirma que las pretendidas dificultades de la introspección son ilusorias, creadas completamente por un giro tramposo de nuestro lenguaje: así cuando escudriñamos nuestra memoria en la búsqueda de aquello que hemos pensado hay veces que parecería casi que la dificultad consiste en acordarse exactamente de aquello que pasó cuando pensábamos una cosa, una dificultad de introspección o algo de este género; mientras que de hecho, la dificultad aparece cuando miramos los hechos a través de un medio de expresión tramposa (p. 30). La forma verbal tramposa es entonces la verdadera fuente de la dificultad y además, como medio opacante, ella impide al filósofo reconocer su naturaleza de lenguaje. Así, como lo afirma, “una analogía (Gleichnis), recibida en las formas de nuestro lenguaje, determina una falsa apariencia: esta última nos preocupa: ‘Esto no es sin embargo así’—digamos. ‘Pero debe ser así!’” (PU §112). De esta manera se devela el mecanismo de la ilusión: una forma de expresión tramposa nos conduce a acentuar aquello que solo es apariencia (Schein): afirmando que debe ser así, el ‘debe’ siendo la marca del dogmatismo filosófico: Wittgenstein describe allí el argumento que lo lleva en el Tractatus, a pesar de ciertas reservas (‘no es sin embargo así’), a presentar que una proposición debe ser una imagen, pasando de aquello que solo es una analogía a una afirmación dogmática de valor universal. De su lado, el Cahier Brun presenta una crítica decisiva de la postura filosófica, en tanto que ella reconstruye impresiones transitivas, para hablar como James, engendrando toda clase de ilusiones sobre todo cuando esta postura utiliza la introspección; así, de la sensación de rojo Ahora, de qué se trataba cuando, filosofando, yo dije que la palabra ‘rojo’ se presentaba de una manera muy fuerte ?... Qué pasa? Te concentras, tu fijaste, por decirlo así, tu mirada sobre las sensaciones. Y es exactamente eso que has hecho cuando has dicho que ‘rojo’ se presen-

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taba de una manera particular... aquello que tiene de particular en la manera en que ‘rojo’ se presenta, es aquello que se presenta mientras tu filosofas sobre ese propósito, así mismo como aquello que hay de particular en la postura cuando te concentras en ella, era la concentración. Nos damos la impresión de estar a punto de describir la manera, pero no lo oponemos en realidad a ninguna otra manera. Hacemos énfasis, no lo comparamos, pero nos expresamos como si este acento fuera en realidad una comparación del objeto con él mismo; parece haber una comparación reflexiva (158-160). Frecuentemente tenemos la impresión en filosofía de reflexionar sobre objetos extraños, pero es solamente porque los sustraemos de la vida ordinaria y focalizamos en ellos nuestra atención: es cuestión de fraseo o de acento, no de comparación, o inclusive se trata de una comparación reflexiva, como en el caso de ciertas tautologías falsas9. No es ese rojo que es particular, es nuestra actitud con respecto a nuestra sensación de rojo que lo es cuando filosofamos, es un efecto de nuestra concentración (158), no es inclusive un acto de mostración interna: Parece que me muestro a mí mismo aquello que resiento, como si el acto de concentrarme fuera un acto de mostración ‘interior’, un acto en el que yo solo soy consciente [...]. Pero yo no muestro el sentimiento prestándole cuidado. Mejor aún, poner cuidado al sentimiento quiere decir producirlo o modificarlo (al contrario observar la silla no quiere decir producir o modificar la silla) (Cahier brun 1996 174). Al subrayar esto, llegamos a la hipostasis de un sentimiento o a una impresión allí donde el uso ordinario —sólo él es soberano, y que es la medida sobre la cual debemos juzgar nuestras reflexiones filosóficas— no lo pide evidentemente, hasta lo excluye, es un artefacto de la postura introspectiva de la filosofía. Todas las entidades hipostasiadas de la filosofía, ideas platónicas (el rojo en sí), universales, esencias tienen tal vez este mismo origen. Se trata de hecho de criticar el movimiento llamado reflexión donde todos, desde Descartes a Sartre, concuerdan con ver la condición de posibilidad, incluso la esencia misma del filosofar. Otro artefacto de la postura filosófica, cuando me introspecto, que aparece en los textos más tardíos como RPP: el sentimiento del “infranqueable abismo 9

Cf. 161 donde Wittgenstein localiza la fuente de ciertos ‘problemas’ después de haber leído en los Principles el pasaje citado anteriormente sobre los elementos transitivos e intransitivos: operar una abstracción hipostática, sostiene entonces Peirce, consiste en inmovilizar un pensamiento transitivo y tomarlo como objeto de pensamiento.

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entre la conciencia y el proceso cerebral” (RPP 1 §412), y el vértigo que viene con él. Ellos solo intervienen si Yo dirijo mi atención de una manera determinada sobre mi conciencia y que me digo sorprendido: esto debería ser engendrado por un proceso cerebral–tocándome la frente, por decirlo así. Pero qué es lo que esto puede significar; ‘dirigir mi atención sobre mi conciencia?’ Hay algo tan extraordinario como realizar semejante cosa! Eso que nombro así (porque esas palabras no son utilizadas en la vida ordinaria) era un acto de la mirada. Yo miraba fijamente delante mío pero no sobre algún objeto o un punto determinado. Mis ojos estaban completamente abiertos, mis cejas fruncidas (como están la mayoría de las veces, cuando un objeto determinado me interesa). Ningún interés de este género había precedido el hecho de mirar. Mi mirada estaba ‘vacía’ o se parecía a la de un hombre que admira la luminosidad del cielo y se empapa de su luz. Piensen desde ese momento que la proposición que pronunciaba como una paradoja (a saber que esta ha debido ser engendrada por un proceso cerebral!) no tenía en sí nada de paradójico. Yo hubiera podido pronunciarla durante mi experimento, cuyo objetivo era mostrar que el efecto de la luz que veo sería engendrado por la estimulación de cierta parte del cerebro. Pero no pronunciaba la frase en el ambiente en el que ella hubiera tenido un sentido banal y no paradójico. Y mi atención no era del género de aquella que le era propio a la experimentación. (Mi mirada ha sido ‘con propósito’, no ‘vacía’ (RPP 1§412). La introspección no me proporciona nada determinado, nada de aquello que busco en ella; un cinéfilo diría que ella se hace ‘eyes wide shut’. En rigor, se podría agregar que el yo que se observa, observa un yo observando, no observado. En el capítulo siguiente, la concepción del sí de James se menciona: Estamos aquí en presencia de un caso de introspección; muy parecido a aquellos por los cuales William James presentaba que el ‘yo’ consistía principalmente en ‘movimientos peculiares en la cabeza y entre la cabeza y la garganta (peculiar motions in the head and between the head and throat)’. Y aquello que mostraba la introspección de James, no era el significado de la palabra ‘yo’ (si esto significa algo como ‘persona’, ‘hombre’, ‘él mismo’, ‘yo mismo’) ni el análisis de naturaleza semejante, pero el estado de atención de un filósofo, que pronuncia en torno a sí la palabra ‘yo’ y busca analizar el significado [Y esto es inclusivo muy instructivo] (RPP l §413).

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Todo aquello que nos enseña aquí la introspección es entonces el contenido de la vivencia del filósofo en estado de auto-observación: una enseñanza fenomenológica, cierto, pero que no es la que se está buscando. Un estado próximo en cierta medida de la hipnosis, agregaría yo, o que comporta en todo caso un fuerte elemento de autosugestión porque el filósofo se persuade de que él se observa u observa su yo. Pero en realidad la mirada no se dirige a un objeto determinado como en una observación auténtica, él está ‘vacío’, no es la mirada de alguien que experimenta. En PU, Wittgenstein denuncia una ilusión análoga, a la ambición metafísica, propia del filósofo: “Tengo el sentimiento que si yo pudiera fijar mi mirada exactamente sobre el hecho, y ponerlo en el centro de mi mirada, debería asir la esencia de la cosa” (PU §113): de hecho uno se enceguece al mirar fijamente. Así mismo PU §106 nos invita a volver a los objetos de pensamiento cotidianos, “no estancarnos hasta el punto de creer que debemos describir hasta lo más fino, mientras que no sabríamos describirlos del todo con los medios que disponemos”. Por una vez más, nuestro autor no quiere decir que uno no puede objetivar la conciencia, o que “el yo personal existe en el sentido que un snark existe” como sustenta Peirce (CP 8.82), pero que si se busca a observarse a uno mismo, no se está en estado de observación, sino en un estado que se asemeja un poco a la ‘atención flotante’ de los sicoanalistas. Al contrario, un estado muy fuerte de concentración corre el riesgo de hacer nacer quimeras filosóficas como lo sugiere el ‘ejercicio de arqueología filosófica’ (Hacker et Baker) de PU §113. Otro argumento contra la introspección, sacado esta vez de la gramática, pero que se quedó en el estado implícito en Wittgenstein, en virtud de la asimetría reconocida entre la primera y tercera persona: los verbos sicológicos en los años 1940, los enunciados en primera persona como ‘yo pienso’ no son de ninguna manera los informes de introspección pero tienen un valor expresivo de Äusserungen. ‘Yo pienso’ no describe ningún contenido o estado mental, no proporciona ninguna información al otro sobre lo que me pasa a mí, la noción de estado mental objetivado, identificable, para observar siendo de todas formas problemático. Los enunciados en la primera persona que pudiéramos formular como tentativa de introspección no tendrían de ninguna manera el estatuto de enunciados de observación, y es inclusive dudoso, según las lecturas de Wittgenstein (Hacker), que tengan un valor cognitivo directo. Al contrario ‘él piensa’ es un enunciado de observación (pero su veracidad implica criterios). La asimetría que James toma erradamente por epistémica entre los usos de dos personas (yo tendría un acceso privilegiado y directo a aquello que pasa en mí, y un acceso indirecto a aquello que le pasa al otro) se deriva de la imagen interior/ exterior afianzada en nuestro lenguaje éste no es sino el eco deformado de la asimetría gramatical muy real actualizada por Wittgenstein.

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La actitud con relación a sí mismo no es igual que aquella en relación con el otro, pero esta diferencia de actitud no es epistémica o cognitiva no refleja una diferencia de opinión, la actitud precede la opinión (IE§38), y no es del orden de un saber. Entonces James cayó en la trampa que opone mi interior a aquel, escondido, del otro, y que no puedo sino suponerlo por medio de un razonamiento por analogía (‘cada flujo de conciencia está encerrado sobre él mismo’); ahora, no hay ninguna razón por analogía, pero una “enseñanza gramatical que me es completamente clara” (RPP 1 §350), sustenta con fuerza Wittgenstein: vemos directamente la tristeza ‘personificada’ en y por una cara (RPP l §570), y entendemos inmediatamente las fuentes expresivas naturales del cuerpo humano “(‘no puedo sino adivinar aquello que siente el otro’— ¿esto tiene un sentido cuando yo lo veo, por ejemplo, cubierto de heridas y sufriendo terriblemente?” (EPRP§964). James no tiene razón al pensar que podemos ‘equivocarnos’ en el caso de nuestros estados interiores, que serían totalmente definidos pero que no llegamos del todo a descifrarlos, porque aquello que podemos decir de importante de un juego de lenguaje donde la duda y el error están excluidos (y por consiguiente el saber también). Todo aquello que se pueda decir de sí es tomado en los juegos de lenguaje dotados de ciertas características que Wittgenstein se empeña en precisar. James no ve esta dimensión del lenguaje de la introspección: uno no se encuentra en introspección independientemente de un cierto lenguaje, el sujeto de la introspección es ante todo sujeto de expresión. En la introspección, todo pasa por los juegos de lenguaje en donde lo incierto no hace parte.

L a crítica del punto de vista fisiológico James no resuelve el problema de la introspección, al ‘fisiologizar’ el ‘yo’, a los ojos de Wittgenstein, pero no hace sino desplazarla. La introducción de consideraciones fisiológicas sobre el yo situado entre la cabeza y la garganta no adelanta en el sentido de una sicología científica como lo cree James, que sigue siendo metafísico, a pesar de él: “el punto de vista fisiológico no hace sino confundir. Porque nos aparta del problema lógico conceptual” (RPP 1 §1038). La solución de los problemas de la sicología, en donde los conceptos son autónomos, no se encontraría en la fisiología, e inclusive si se sabe todo de las correlaciones mentales, para hablar como Changeux, esto no avalaría la autonomía de estos conceptos y de estos problemas que exigen un tratamiento gramatical en filosofía. Los progresos de la ciencia no pueden, en este sentido, hacer nada por la filosofía del espíritu. La idea que lo sicológico deba explicarse totalmente por lo fisiológico (idea que al final llevó al materialismo eliminativo de Churchland) es

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una preocupación dogmática propia de una metafísica cientista: sólo la ciencia podría dar a la filosofía los medios para resolver las preguntas que le son propias. Sobre este punto, Wittgenstein no ha tenido tal vez razón, porque puede que la ciencia revele que un problema tenido por filosófico (por ejemplo un problema que concierna los colores) es de hecho científico y puede ser resuelto por la ciencia. Se pudiera creer que los conceptos de la folk psychology, que son más o menos aquellos con los cuales Wittgenstein creía limitar su examen gramatical, serían luego rechazados por las neurociencias, pero de hecho 1) son estables desde la generalidad de Aristóteles, y 2) no están, contrariamente a lo que afirma Churchland, en concurrencia con los conceptos neurológicos científicos, sino complementarios. Los unos y los otros pueden entonces coexistir pacíficamente. Se puede inclusive, que el vocabulario sicológico común se enriquezca de una palabra prestada al vocabulario científico (‘descarga de adrenalina’) sin que esto resuene en el conjunto de la sicología popular; esto es entonces menos una teoría falsa refutable y eliminable por las neurociencias que un esquema conceptual milenario que resiste a la prueba del tiempo. Además el punto de vista fisiológico es a su manera un productor de espejismos filosóficos: Pensar en términos de procesos fisiológicos es lo más peligroso para tener una posición clara sobre los problemas conceptuales en materia de sicología. Pensar en términos de hipótesis fisiológicas, hace aparecer delante de nuestros ojos o bien un espejismo de dificultades que no existen, o bien soluciones que no se resuelven. La mejor manera de curarse es pensar que yo no sé de ninguna manera si las personas que yo conozco tienen realmente un sistema nervioso. (RPP §1063) No se trata de tomar a la letra esta provocación de Wittgenstein, sino de ver una invitación a una experiencia de pensamiento, a la puesta entre paréntesis provisional del sistema nervioso, que es tanto más sabia que nuestras neurociencias que no nos dan ninguna información completa sobre las correlaciones supuestas de lo mental y de lo fisiológico, ¡inclusive los científicos pretenden que vamos a saber todo esto muy pronto! Setenta años después del Cahier bleu (Cuaderno Azul), la filosofía de la cognición tiene siempre como adquirido, en la línea de Descartes, de Sartre y de todos los filósofos de la conciencia como si Wittgenstein no hubiera nunca escrito nada, que “cada quien parece saber inmediatamente lo esencial de lo que piensa y siente a todo momento: uno parece capaz de ‘ver al interior’ de su espíritu o de introspectarse”10. 10

Como parece se hace en RPF: “entonces es perfectamente posible que ciertos fenómenos

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Notemos sin embargo las comillas y la prudencia del autor en este pasaje, quien, lector de Wilfrid Sellars, parece bien consciente de las fallas de la introspección. El estudio experimental de Nisbett &Wilson, agrega él, parece haber mostrado que “aquello que se toma por un proceso particular de la introspección no es nada más que el esfuerzo de comprenderse, de la misma manera que se trata de comprender al otro (ver también Wilfrid Sellars con una hipótesis parecida)” (RPP§1063)11. La introspección no tendría nada de específico, no se basaría sobre una facultad de intuición especial. Más ambicioso un estudio de Simón y Ericsson que trata de puntualizar una teoría computacional de los mecanismos de introspección a partir de los datos disponibles en la memoria de corto y largo plazo y ‘de hipótesis especulativas sobre las funciones mentales’. Con una prudencia notable, el autor concluye: Estos trabajos tienen la tendencia a subestimar un punto lógico: inclusive si ciertas cosas pueden ser conocidas por introspección, no puede concluirse que uno pueda conocer introspectivamente lo que ellas son [yo subrayo], es posible que no se pueda saber aquello que uno puede conocer introspectivamente sino construyendo una teoría de la estructura del espíritu por medio de métodos no introspectivos (RPP§ 222). Sin ir hasta sustentar como Peirce que nuestro pretendido poder de introspección está basado en realidad en las inferencias sacadas de los hechos exteriores, este filósofo de la cognición prefiere los procesos en tercera persona. sicológicos no puedan ser el objeto de investigaciones fisiológicas, porque no les corresponde nada fisiológicamente” (l §904); “lo que quiero decir es que será imposible descifrar el proceso de pensamiento basado en el proceso cerebral” (§903). En consecuencia, se puede anotar que la teoría actual de la aparición en sus diferentes versiones se cuida de hacer corresponder punto por punto lo mental y lo cerebral, definiendo, al contrario, una relación entre ellos, de dependencia más flexible y suelta. Sólo Changeux parece querer descifrar el pensamiento lo mismo que el cerebro. Pero se está lejos del establecimiento de las leyes psico-fisiológicas (cf. la tesis de la anomia de lo mental sustentada por Davidson). Para Wittgenstein no hay razón para decir que debe haber una correspondencia regulada nomológicamente, entre lo mental y lo cerebral, y critica la metáfora del desciframiento, que sale de una concepción gramatical primitiva (cf. Ch. Chauviré 2000 32-33). Sin duda, él tiene razón de incitar al abandono de una pesada concepción causal y determinista de las condiciones fisiológicas de lo mental. Todo muestra que no es tan simple. La escolástica de la aparición tiene al menos el mérito de dejar sentir la complejidad de la pregunta. 11

Para Sellars la técnica de la introspección presupone una ‘concepción clásica’ del pensamiento que él critica: “Nosotros podemos ‘oírnos nosotros mismos pensar’, pero la imaginación verbal que hace posible esta aptitud no es el acto de pensar en sí mismo como no lo es el comportamiento verbal manifiesto en el cual éste se ha expresado y comunicado al otro. Es falso suponer que deberíamos tener una imaginación verbal —así mismo que una imaginación cualquiera— cuando sabemos aquello que nosotros ‘pensamos’, y que el ‘acceso privilegiado’ debe ser interpretado según un modelo perceptual o casi-perceptual” (1992 95).

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Esto es lo que nos aporta la sicología introspectiva sesenta años después de los análisis críticos de Wittgenstein: muy pocos datos, algunas especulaciones. Es verdad que la imaginería mental, que podría remplazar la introspección, parece más prometedora, estudiando la estructura y organización interna de estos eventos internos con caracteres figurativos que son las imágenes mentales. Pero aquí los investigadores hacen prueba de prudencia: “La constatación de eventos mentales privados es una dificultad mayor en sicología” reconocía Michel Denis (1998 201). Cierto, en el caso de las imágenes visuales los investigadores parecen haber detectado no solo las correlaciones entre las propiedades de la imagen y eventos fisiológicos, sino también variaciones concomitantes entre las unas y los otros: “Así la dilatación de la pupila que acompaña la formación de una imagen visual es tanto más importante como la imagen es difícil a evocar” aunque “ella acompaña también otras formas de la actividad cognitiva” (ibid.). Las célebres experiencias de Shepard y Kossiyn van en el mismo sentido, mostrando que “la exploración mental de una imagen visual toma tanto más tiempo como más grande sea la distancia recorrida” y que se inspecciona una imagen por rotación mental; de allí a suponer que “tres procesos, propios a la imaginación y distintos de otros procesos cognitivos, engendran, inspeccionan y transforman las imágenes”, no hay sino un paso, aquel que conduce de la ciencia a su extrapolación filosófica. Pero que haya procesos comunes a la imaginación y a la percepción visual no tiene nada de raro. Wittgenstein sería refutado si presentara como hipótesis científica la ausencia de correlación entre mental y cerebral; pero como él no sostiene nada que vaya más allá de sus conocimientos reales, nosotros aconsejamos justo una experiencia de pensamiento que haga la ‘epoché’ del sistema nervioso para despejar mejor los problemas conceptuales al estado puro, esto nos parece justo un poco barroco. Los trabajos actuales sobre la cognición son muy interesantes, queda saber cuál es la buena conclusión filosófica que se puede sacar. Se puede, contestarían los filósofos de la cognición, sacar modelos del espíritu compatibles con los datos experimentales y sugeridos por ellos, aunque en cierta medida, especulativos. ¿Pero estos modelos no caen bajo la crítica dirigida por el Cahier bleu a todos los modelos del espíritu? La pregunta queda por estudiar...

Trabajos citados Braunstein, Jean-François. “Bachelard, Canguilhem, Foucault: Le style français en épistémologie”. En: Les philosophes et la science. P. Wagner ed. Paris: Gallimard, 2002. Folio essais.

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Changeux, Jean Pierre. L’ homme neuronal. Paris: Fayard, 1983. ---. L’ homme de vérité. Paris: Odile Jacob, 2002. Chauviré, Christiane. La philosophie dans la boîte noire. Paris: Kimè, 2000. ---. C.S.Peirce: “La fin du mythe de l’intériorité?”. En: Critique 455 (1985 abril). ---. “Le corps humain est la meilleure image de l’esprit humain” En: Wittgenstein: les mots de l’esprit. Philosophie de la psychologie, Co-ed. junto con S. Laugier, J.J. Rosat. Paris: Vrin, 2001. Churchland, Paul. A Neurocomputational Perspective: The Nature of Mind and the Structure of Science. Cambridge: MIT Press, 1989. Denis, Michel. “Imagerie cérébrale”. En: Vocabulaire de Sciences Cognitives. Paris: PUF, 1998. Descombes, Vincent. La denrée mentale. Paris: Minuit, 1995. Girel, Mathias. “Metaphysics and Logic of Psychology: Peirce’s Reading of James’s Principles”. En: TCSPS (2003 junio). James, William. Principles of Psychology. New York: Dover, 1950 ---. Essays in Radical Empiricism. Lincoln and London: University of Nebraska Press, 1996. Peirce, Charles Sanders. 1931-1935,Collected Papers. Cambridge: Harvard University Press. Sellars, Wilfred. Empirisme et philosophie de l’esprit. Trad. française F. Cayla. Paris: L’éclat, 1992 Wagner, Pierre, (Ed). Les philosophes et la science. Paris: Gallimard, 2002. Folio essais. Wittgenstein, Ludwig. Le Cahier bleu et le Cahier brun. Trad. française. J. Sadoir et M.Goldberg. Paris: Ed. Gallimard, 1996. ---. [EPRP] Etudes Préparatoires à la 2e. partie des Recherches Philosophiques (Derniers écrits sur la philosophie de la psychologie, T. I). Trad. Gérard Granel. TER, 1985. ---. [IE] L’ intérieur et l’extérieur (Derniers écrits sur la philosophie de la psychologie, T. II).Trad. Gérard Granel. TER, 2000. ---. [PU] Philosophical Investigations. Trad, de G.E.M. Anscombe. Londres: Blackwell, 1998 [1953].

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---. [RPP] Remarques sur la Philosophie de la Psychologie. vols. I-II. Trad. Gérard Granel. TER, 1989. ---. Tractatus Logico-Philosophicus. Trad. Fr. de Gilles Gaston Granger. Paris: Gallimard, 1993.

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De la langue à l’informatique : contraintes linguistiques en vue d’une recherche de connaissances Jacques Rouault1

R ésumé À la question : comment définir et repérer dans un univers approché et allusif (la langue) des fonctionnements suffisamment rigoureux pour se prêter à une modélisation et à un traitement informatique ? Nous répondons en nous situant sur trois domaines: la linguistique, l´informatique et les formalismes. La linguistique limitée à des corpus définis est constituée des ‹ discours › qui sont produits dans des conditions homogènes. Ainsi, la langue doit obéir à une matérialité à travers des règles de fonctionnement explicites et pré-établies. C´est à partir d´une ‹ analyse › ou ‹ reconnaissance › qui| se réalise le passage (automatique) de textes à une représentation formelle exploitable par des applications. L’opération inverse, production de textes par un ordinateur, est la ‹ génération › (ou synthèse). Nous avons quatre niveaux conceptuels d’analyse : morphologie, syntaxe, sémantique et pragmatique. Ces niveaux ont pour effet d’exploiter de traces du fonctionnement linguistique, pour arriver à une structure abstraite, reposée sur des théories linguistiques respectant la langue analysée. Les notions de la théorie doivent être susceptibles d’une formalisation ultérieure dans un cadre formel permettant l’automatisation du processus (analyse). Mais, c´est l´unité de langage (dépendance à l’intérieur des propositions) qui peut être construite et interprétée de façon satisfaisante, pour être la base de nombreuses applications. Les analyseurs transforment ensuite chaque proposition en un ‹ énoncé ›, unité complètement formalisée. La syntaxe qui suit est une ‹ syntaxe de constituants ›, destinée à repérer les liens syntagmatiques entre les constituants et à les interpréter dans une logique de syntagmes ‹ à la Chomsky ›. Les choix de la sémantique et de la pragmatique doivent nous conduire aux connaissances véhiculées par le corpus et doivent reposer sur des règles objectives et d´application rigoureuse. Ainsi même, l’emploi d’un système informatique suppose que le processus d’analyse automatique soit réalisé par des algorithmes fiables et les plus performants possible. Ce système est issu donc de l´analyse conçue comme un tout cohérent, intégrant le linguistique, le formel et l’algorithmique. Mots clés : traitement automatique du langage, informatique linguistique, communication homme-machine. 1

Professeur émérite de la Université de Grenoble.


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Introduction Nous présentons ici un ensemble de réflexions nées d’une longue pratique de ce que l’on nomme classiquement le ‹ Traitement automatique du langage › (TAL, en abrégé). Malgré cet ancrage ‹ expérimental ›, nous tentons ici de dégager un certain nombre de principes méthodologiques qui, mis ensemble, assurent le moins mal possible le succès du passage d’un texte à une représentation informatique utilisable dans des applications comme la recherche d’information ou la communication homme-machine. Dans une telle perspective, trois disciplines sont concernées : d’abord, évidemment, la linguistique et l’informatique (théorique). Mais l’utilisation de modèles impose le recours à des formalismes relevant surtout de la logique, voire des mathématiques. Du point de vue informatique, la conception d’un logiciel est évidemment fonction du domaine d’application. Ici, il faut insister sur le fait que c’est la langue qui est concernée ; donc un domaine très spécifique où les décisions ne peuvent être que le résultat de traitements finement adaptés. Le premier stade de réflexion est donc de refuser a priori l’utilisation d’algorithmes conçus pour des domaines aux caractéristiques formelles affirmées, comme les bases de données, la théorie des langages formels, etc. A l’opposé, il n’est pas question de réinventer l’informatique et l’algorithmique : de nombreuses méthodes y existent, qui peuvent nous apporter la solution à certains des problèmes posés en TAL : le but de cet article est de monter comment on peut rapprocher la linguistique et l’informatique en rendant opérationnelles certains théories linguistiques et en concevant des traitement informatiques adaptés. Autrement dit, comment définir et repérer dans un univers approché et allusif (la langue) des fonctionnements suffisamment rigoureux pour se prêter à une modélisation et à un traitement informatique. C’est de ce passage d’un objet non formalisé a priori à un traitement résolument formel dont il est question ici. Nous insistons sur les nombreuses et diverses étapes que doit subir un texte avant de pouvoir être analysé et que le résultat soit employé dans des applications ‹ informatisées ›.

L a linguistique Du point de vue de la langue, deux questions se posent : 1. Qu’analysons-nous ?

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2. Sur quelles théories linguistiques s’appuyer pour assurer notre démarche ? L angue et discours

La réponse à la première question nécessite dès le départ une prise de position méthodologique liée à la faisabilité de l’entreprise. En effet, il n’est pas question de penser à des analyseurs ayant pour objet une langue dans son entier. Car la langue est un ensemble potentiellement infini ; or, on sait que l’on ne peut extraire un échantillon représentatif d’un tel ensemble, échantillon nécessaire pour construire les dictionnaires et grammaires : Pour les dictionnaires, par exemple, le nombre de lexèmes différents augmente régulièrement à mesure que l’on accroît la portion de langue dont on veut rendre compte : on voit apparaître inexorablement de nouveaux lexèmes (ce ne sont pas les seules fréquences des lexèmes déjà rencontrés qui augmentent). Ceci, de nouveau, nécessite deux hypothèses de travail : 1a – Introduire la finitude de l’univers de travail : on se limitera à des corpus définis et délimités, au moins théoriquement. 1b – Chaque corpus sera supposé bénéficier de conditions de production homogènes. Ce dernier point signifie que le corpus, au lieu d’être supposé formé de textes réunis un peu au hasard, est constitué de discours, produits dans des conditions supposées homogène. Cette homogénéité est à prendre au sens de M. Pecheux (1969). On ne peut évidemment la réaliser théoriquement : c’est le choix des corpus qui assure en fait une certaine homogénéité, que l’on considère comme une manifestation satisfaisante de conditions de production homogènes. En résumé, on introduit à la fois la finitude de l’univers à représenter (corpus) et la régularité des phénomènes linguistiques qui y sont représentés (discours). M atérialité de la langue

Une tentation constante de la linguistique théorique est de poser des ‹ concepts › issus à la fois de l’intuition et des positions théoriques du linguiste et de ‹ forcer › le fonctionnement de la langue à obéir à ces règles pré-établies. Par conviction et par opportunisme nous sommes attachés à la reconnaissance

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de la matérialité de la langue, laquelle doit guider le travail du linguiste pour produire des concepts adaptés réellement à la langue étudiée. Et ce travail passe aussi par l’étude d’autres langues. Autrement dit, c’est la découverte, à travers des langues de règles de fonctionnement explicites et rigoureusement exploitées qui va guider la démarche (Culioli 1990). Théories linguistiques

La première tentation, lorsque l’on veut traiter des textes sur ordinateur est de rester au niveau de la surface linguistique. Ainsi, la ‹ linguistique des textes › tente, au moins en partie, d’échapper à toute analyse relativement sérieuse au prétexte que toute ‹ préparation › un peu sérieuse du texte dénature la langue. Les limites de telles tentatives sont évidentes : on met ensemble des choses qui n’ont pas de rapport entre elles (homographies, par exemple) et on consomme beaucoup d’énergie pour mettre en évidence des propriétés qu’un analyse linguistique relativement légère ferait apparaître de façon plus simple et plus fiable (recherche de co-occurrences, par exemple). Autrement dit, en paraphrasant Culioli (1990) il n’y a pas de structure à fleur de langue. La mise en évidence de la façon dont un texte est bâti passe nécessairement pour nous par une analyse linguistique la plus rigoureuse possible. Le recours à des théories linguistiques s’impose ainsi naturellement. Et les choix des théories linguistiques est essentiel pour la suite : désirant nous éloigner de la surface, les théories candidates relèvent de la linguistique théorique et doivent assurer un certain degré de rigueur et de généralité Si ceci peut être réalisé sans trop de problèmes en morphologie et syntaxe, la sémantique et la pragmatique posent de redoutables problèmes. D’abord, les domaines et les finalités de la sémantique et de la pragmatique sont très divers et aucun consensus ne se dégage sur ces points. Une des théories les plus prisées du TAL touche aux règles fondées sur des ‹ primitives sémantiques › dont le choix est toujours fort obscur. Et surtout, ce choix pose des problèmes de généralisation insolubles car un choix de primitives fait à partir d’un corpus ne s’adaptera pas à ses extensions. Ceci pour la simple raison que ces primitives ont été choisies sans lignes directrices ni logique sous-jacente. L’attachement à la linguistique va nous orienter vers une voie complètement différente : nous le verrons dans la suite. Ici, le point crucial est que les notions de la théorie doivent être susceptibles d’une formalisation ultérieure dans un cadre formel permettant l’automatisation du processus (analyse). Si, de plus, on impose que les concepts linguistiques

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d’une théorie concernent à la fois la ‹ morphologie ›, la ‹ syntaxe ›, la ‹ sémantique › et la ‹ pragmatique ›, on constate qu’aucune théorie linguistique ne peut répondre à notre propos. Il est donc indispensable de fractionner le traitement. On devra recourir à un enchaînement de niveaux, chacun reposant sur une théorie linguistique propre. Le problème devient double : quelles théories linguistiques choisir, à la fois susceptible d’un traitement informatique et articulée de façon relativement simple avec les autres niveaux ? A daptation des théories linguistiques

Même ainsi posé, le choix d’une théorie linguistique apparemment adéquate n’est pas achevé : chaque théorie doit être adaptée aux contraintes du traitement formel et algorithmique, donc de pouvoir se traduire par des règles et des dictionnaires maîtrisables. Ceci peut se faire de plusieurs manières : nous en donnons des exemples ci-après. 1. Adopter des classifications majeures sous-tendues par des critères rigoureux et adaptées à la ‹ finesse › de l’analyse. Un exemple simple est celui des catégories lexicales : dans les grammaires du français, à côté de classes apparemment acceptées comme ‹ verbe ›, ‹ article › ou ‹ nom ›. on trouve des classes complètement ad hoc comme ‹ l’article contracté ›. En Tal un système de catégories acceptables suppose trois choses : • Éliminer les catégories bâtardes comme les ‹ article contracté ›, qui ressortissent de deux phénomènes distincts. • Adopter des critères clairement définis régissant l’appartenance à une classe. Ici les critères peuvent être la possibilité d’admettre certaines flexions : ainsi le verbe est la seule catégorie à admettre les flexions de conjugaison. Dans le complémentaire on disposera d’autres règles pour individualiser, par exemple les ‹ noms-adjectifs › des autres fonctionnements. • Se limiter à un nombre restreint de catégories : celles qui sont à la fois définies rigoureusement et dont le repérage direct en surface ne peut être confondu avec d’autres. Ainsi, il est illusoire de vouloir, dès la morphologie, distinguer en français entre adjectif et nom. Seule la syntaxe peut en décider.

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2. Simplifier des règles que l’usage des grammaires a figées dans une complexité superflues. Un exemple simple est celui du pluriel des nominaux en français. La règle de base est que les noms et adjectifs font leur pluriel en ajoutant ‹ s › à la base. Cette règle est opérationnelle mais suppose le traitement des exceptions. Un exemple en est le couple ‹ journal / journaux ›. Plutôt que de créer une nouvelle règle (pluriel en ‹ -aux ›), on ne fera pas figurer dans le dictionnaire des formes la suite de lettre ‹ j_o_u_r_n_a_u_x ›, imposant ainsi un échec de l’analyse. Lequel renverra à une règle de régularisation consistant à remplacer la flexion ‹ -aux › par la flexion ‹ -als ›, ce qui donne la forme modifiée ‹ j_o_u_r_n_a_l_s ›, qui est analysable correctement par le cas général. L’ensemble des exceptions au pluriel en français se traite ainsi par quelques règles simples de régularisation, sans que ceci entraine des erreurs prohibitives d’analyse. 3. Rendre opérationnelles des classifications intuitives. La plupart des grammaires habituelles du français (mais on rencontre sans doute la même chose pour d’autres langues), séparent les verbes en verbes d’état et verbes d’action. Un verbe d’action étant un verbe qui ... décrit une action ! Une telle circularité ne conduit évidemment pas à une classification des verbes. Pour la rendre opérationnelle il faut disposer d’un critère divisant la classe des verbes : pour l’anglais, la forme progressive ventile les verbes suivant la possibilité ou non d’admettre cette construction. On oppose ainsi ‹ to know › (impossibilité) à ‹ to work › (possibilité). Il est alors facile d’utiliser en français le critère ‹ être en train de... › : lorsqu’il s’applique, on a affaire à un ‹ processus › (‹ verbe d’action ›, exemples ‹ marcher, donner, dormir ›) et lorsqu’il ne s’applique pas on posera que l’on a affaire à un ‹ état › (exemple : ‹ savoir ›). Et si les résultats ne coïncident pas avec l’intuition des grammairiens, ce n’est pas grave car nous restons dans notre système formel qui, lui, est cohérent. 4. Rendre opérationnelles ces classifications en rapportant les règles à des séquences linguistiques ‹ canoniques ›. Par exemple, la classification citée ci-dessus en verbes d’états et processus ne devient réellement opérationnelle que si on applique les règles à des ‹ énoncés canoniques ›. Compte tenu des variations énonciatives, la possibilité ou impossibilité pour un verbe d’accepter la construction ‹ être en train de .. › peut varier avec les arguments du verbe. On considérera donc que ce critère n’est crédible que si on l’applique à une séquence dont le sujet est pourvu du trait ‹ humain › et le verbe est au présent de l’indicatif. Ainsi, et contraire-

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ment à une vue intuitive des verbes, on considérera que ‹ dormir › est un processus car on accepte ‹ Pierre est en train de dormir ›.

L’analyse On convient d’appeler ‹ analyse › ou ‹ reconnaissance › le passage (automatique) de textes à une représentation formelle exploitable par des applications. L’opération inverse, production de textes par un ordinateur, est la ‹ génération › (ou synthèse) Pour de nombreuses raisons, la génération n’est pas l’opération duale de la reconnaissance. Les niveaux conceptuels d’analyse

La démarche générale de l’analyse automatique a mis du temps à se construire : dans les premiers programmes, forcément rudimentaires, de traduction automatique les différentes opérations d’analyse n’étaient pas délimitées. C’est la contrainte d’une meilleure prise en compte de la langue elle-même qui a conduit les chercheurs à scinder la procédure d’analyse en différents niveaux, que nous appelons ‹ niveaux contextuels ›. Actuellement, la communauté du TAL est à peu près d’accord sur la nécessité de quatre niveaux conceptuels d’analyse : morphologie, syntaxe, sémantique et pragmatique. Ces niveaux ont pour effet d’exploiter de plus en plus de traces du fonctionnement linguistique, pour arriver à une structure abstraite. Mais, comme nous l’avons signalé plus haut ces analyses successives doivent reposer sur des théories linguistiques respectant la langue analysée. L’unité d’analyse

L’analyse d’un discours, ou d’un corpus, se fait du début à la fin. Mais on sait que chaque discours est constitué de phrases et chaque phrase de propositions. Vouloir analyser un corpus entier en mettant en évidence les liens entre phrases et entre propositions est une tâche qui paraît dépasser les possibilités actuelles du TAL. En effet, si, à l’intérieur d’une proposition, les constituants sont généralement structurés par la dépendance fonctionnelle, le liens entre propositions et entre phrases résultent de phénomènes autres, comme l’anaphore ou les connecteurs inter-propositionnels. Dans l’état actuel de notre travail, seule la structure de dépendance à l’intérieur des propositions peut être construite et interprétée de façon satisfaisante. Nos analyses se restreindront donc à la proposition et nous considérons que, en première approximation, ces propositions sont les traces d’‹ énoncés élémentaires ›, lesquels sont supposés être une unité suffisamment grande pour être la base de nombreuses applications.

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L a morpho-syntaxe et les solutions multiples

Après quelques procédures de régularisation de phénomènes parasites de la langue, la morphologie a pour but de décomposer chaque forme du texte en un couple ‹ base+flexion › ; par exemple ‹ chantent › en ‹ chant+ent ›. Ceci permet, moyennant le recours à un dictionnaire des bases et des flexions, d’interpréter les flexions en des marques de nombre, genre, temps et mode. Apparaît aussitôt le problème central de l’analyse automatique ; en effet chaque forme d’un discours peut être susceptibles de plusieurs analyses différentes. Un exemple classique est la suite de lettres ‹ c_o_u_v_e_n_t › qui peut s’interpréter comme ‹ nom+masculin+singulier › ou comme ‹ verbe+présent+(indicatif ou subjonctif) ›. Comme un discours est une suite de formes interprétées, les solutions se multiplient : ainsi la séquence textuelle ‹ ils le lui couvent › est susceptible de plusieurs interprétations dont la plupart sont parasites lorsque la séquence est insérée dans un discours donné. Ce problème des solutions multiples n’admet pas de solution unique satisfaisante. A notre connaissance, il y a au moins trois types de solutions possibles : 1. L’utilisation de procédures linguistiques ; en français, tout au moins, on constate l’impossibilité de succession de certaines catégories ; par exemple, un ‹ déterminant › (article) ne peut être suivi d’un verbe. Malheureusement, les règles ainsi dégagées sont en nombre réduit et ne résolvent que certains problèmes. 2. L’utilisation de procédures statistiques : dans le cas de la morphologie on va étudier un échantillon représentatif du corpus du point de vue des catégories morphologiques. On repérera, par exemple, les couples de catégories consécutives (par exemple ‹ déterminant+nom ›) significativement présents dans le corpus. Lors de l’analyse du corpus entier les solutions contenant ces couples seront privilégiés par rapport aux autres. Le traitement statistique ainsi mis en œuvre est à la fois relativement simple (chaînes de Markov) et délicat à interpréter. 3. L’utilisation d’une architecture informatique adaptée à l’analyse : voir plus bas. Cette analyse de chaque discours en une suite de catégories lexicales permet, moyennant un algorithme adéquat, de marquer les frontières de propositions et, par là, de ramener l’analyse d’un discours à celles de la suite de propositions ainsi délimitées et supposées indépendantes pour la suite de l’analyse. Les analyseurs successifs vont ensuite transformer chaque proposition en un énoncé,

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unité complètement formalisée. L’abandon fait ici de la recherche des liens interpropositionnels n’est pas une impasse méthodologique ; les travaux que nous poursuivons autorisent à penser que ces indications supplémentaires peuvent être intégrées au système sans compromettre les résultats fondamentaux. La syntaxe qui suit est une syntaxe de constituants, destinée à repérer les liens syntagmatiques entre les constituants et à les interpréter dans une logique de syntagmes ‹ à la Chomsky ›. Comme on se limite à la structure des propositions, seule celles-ci seront décrites par des ensembles de règles. Autrement dit, on décrira, outre la proposition, le syntagme verbal et le syntagme nominal. En même temps, un dictionnaire syntaxique des constructions possibles des verbes, permet d’étiqueter, sur la structure de la proposition, les liens entre le centre verbal et les syntagmes nominaux qui en constituent les actants (au sens de Tesnière (1966). On a obtenu ainsi des structures arborescentes combinant les constituants mis en jeu et des indications de fonctions syntaxiques ; dans ces structures figurent aussi des indications liées à l’énonciation comme la nature des déterminants, les temps du verbe, etc. L a sémantique et la pragmatique

C’est ici que se pose le plus redoutable problème des fondements linguistiques de l’analyse : les choix de la sémantique et de la pragmatique. Pour au moins deux types de raisons : 1. Ces théories doivent nous conduire à une représentation des énoncés suffisamment dégagée de la surface pour pouvoir être utilisée dans des applications relatives non au corpus lui-même, mais aux connaissances véhiculées par celui-ci. 2. Ces théories doivent reposer sur des règles ayant les caractéristiques que nous avons soulignées précédemment : critères le plus objectifs possible et application rigoureuse. Nous ne pouvons, dans le cadre restreint d’un article, passer en revue les différentes théories possibles, ni les raisons qui nous ont fait les abandonner. Signalons simplement que les théorie des ‹ primitives sémantiques › (sous une forme ou sous une autre) bute toujours sur le choix de ces primitives et que cet obstacle nous paraît insurmontable, entre autres parce que ces primitives sont forcément choisies sur une part restreinte d’un corpus, en faisant le pari que ça marchera encore lorsque le corpus grossira peu à peu. Cette démarche idéaliste (à tous les sens du mot) ne fonctionne pas plus en pratique qu’en théorie.

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La seule façon de progresser ici est de respecter la matérialité de la langue et de se limiter à une sémantique et une pragmatique linguistiques. En sémantique on se limitera aux phénomènes d’énonciation ; on recherchera si un énoncé décrit un état ou un processus en scindant cette dernière classe en processus menant au résultat (processus résultatifs ; exemple ‹ hier, j’ai cuit le pain › , d’où ‹ le pais est cuit (c’est fait) ›) ou ne faisant pas référence au résultat (exemple ‹ j’ai aidé le voisin › - pas de résultat). On associera ceci à des valeurs de causalité, d’individu, de classe, de situation ou de propriété. Ces fonctionnements sont repérés dans le discours par les marques d’énonciation portées par le verbe, les déterminants ou les circonstants. La pragmatique conduit à la représentation finale des fonctionnements collectés tout au long de l’analyse : on y représente les connaissances que le texte véhicule, mais à l’aide des seuls indicateurs extraits du corpus par des procédures linguistiques. Ces connaissances sont de plusieurs types : • Connaissances liées à la validité des énoncés, ce qui renvoie au certain, probable, etc. • Généralité vs. Spécificité et classe vs. Individu. • Structure prédicative de l’énoncé et rôle des arguments associés. • Indication qu’il s’agit d’un état, d’un processus. • Indications énonciatives : temps, aspect, etc. Les représentations des énoncés d’un discours ou d’un corpus sont les constituants d’une base de connaissances structurée sous forme d’un graphe ; en effet, même à ce niveau, le repérage de certaines anaphores, les liens simples d’énonciation permettent de relier certains énoncés entre eux. C’est cette représentation des connaissances que le processus abouti d’analyse met à la disposition des applications comme la recherche d’information ou la communication homme/machine.

Formalismes, algorithmes et architecture Les considérations précédentes sont centrées sur l’aspect linguistique de l’analyse automatique de corpus. Nous avons insisté sur le fractionnement du problème et le nécessaire façonnage des théories linguistiques pour qu’elles puissent être employées avec succès.

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Il nous reste à parler de l’aspect plus technique du processus d’analyse ; non pour égarer le lecteur dans des arcanes formels mais pour montrer pourquoi nous avons employé des chemins relativement détournés. Or l’emploi d’un système informatique pour résoudre ces problèmes suppose que le processus d’analyse automatique soit réalisé par des algorithmes fiables et les plus performants possible. Et il faut alors que le processus d’analyse soit conçu comme un tout cohérent, intégrant le linguistique, le formel et l’algorithmique. Autrement dit, comment la démarche que l’on vient d’exposer s’intègre-t-elle dans une conception informatique fiable ? Les niveaux conceptuels

L’analyseur est construit suivant les niveaux conceptuels présentés dans le paragraphe précédent, de sorte que chaque niveau est pris en compte par un formalisme et une algorithmique qui lui est propre. • Niveau (conceptuel) de la morphologie : ici la simplicité de l’analyse linguistique autorise l’emploi d’un modèle de type 3 de Chomsky ; autrement dit on mettra en œuvre un automate fini. • Niveau de la syntaxe : moyennant quelques régularisations préalables (par exemple pour traiter les constituant discontinu ‹ ne ... pas ›) on utilise ici le modèle de type 2 de Chomsky, réalisé par un analyseur syntaxique ‹ hors contexte ›, assorti de procédures complémentaires pour étiqueter les fonctions syntaxiques associées à un verbe. • Niveaux sémantique et pragmatique : ici les traitements sont relativement légers et ne nécessitent pas le recours à des algorithmes très performants. Comme l’ensemble du système est écrit dans le langage PROLOG, nous avons simplement utilisé les facilités offertes par ce langage de haut niveau pour réaliser les traitements nécessaires. Les lexiques

Pour travailler, les analyseurs des différents niveaux ont besoin de données: les règles et les dictionnaires. Deux dictionnaires sont de tailles conséquentes : celui de la morphologie stocke les flexions (conjugaison, genre et nombre) et les ‹ bases › - produits du découpage d’une forme de surface lorsqu’on a enlevé les flexions. Le dictionnaire des verbes contient les schémas syntaxiques qu’un verbe peut admettre. Ces dictionnaires sont pris en compte en général par un système de gestion de base de données (SGBD) comme Postgresql.

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L’architecture du système

Nous avons évoqué plus haut le problème central de l’analyse : celui des solutions multiples et nous avons explicité deux méthodes de résolution. Cependant, la solution évidente pour obtenir le moins possible de solutions parasites est de ne pas les créer. Or, on constate que dans les séquences textuelles, certains marquants jouent le rôle d’indicateurs de structures : dans une séquence comme ‹ je le lui dis ›, les formes ‹ le › et ‹ lui › admettent chacune deux solutions, ce qui fait quatre solutions possibles pour la séquence, sans compter les analyses multiples dues à la forme verbale. Le point décisif est ici que ‹ je › ne peut fonctionner que comme particule pré-verbale (ppv); comme une ppv ne peut être suivie que par une autre ppv ou un verbe, la forme ‹ le › est obligatoirement ppv (elle ne peut être verbe) et, par le même raisonnement, ‹ lui › est ppv (et non pronom). Mais la méthode précédente suppose que, depuis la morphologie, on puisse faire appel à des considérations syntaxiques puis revenir à la suite de l’analyse morphologique. De façon générale, ceci nous fait quitter l’ordonnancement bien réglé des niveaux conceptuels, tel que nous l’avons défini plus haut pour entrer dans une architecture informatique dite ‹ multi-agents ›, adaptée précisément à ce type de problème. Le principe de fonctionnement est le suivant : chaque niveau conceptuel, au lieu de faire appel systématiquement au niveau supérieur une fois que son traitement est fait, peut, à chaque moment où il rencontre un indicateur de structure, envoyer un message aux autres niveaux en leur signalant le problème, à charge pour le niveau qui s’estime concerné, de fournir une analyse partielle permettant au niveau appelant de poursuivre son travail.

Conclusion Les considérations précédentes ont d’abord un but méthodologique : il s’agissait de montrer à travers un exemple réel et relativement complexe : 1. Que le traitement automatique du langage ne peut se faire directement par des considérations empiriques sur la surface textuelle. 2. Que l’analyse ne peut se faire, en fait, que sur des corpus homogènes et supposés finis (et constitués de discours). 3. Que la linguistique nous fournit un cadre plus ou moins bien adapté ; et qu’il est nécessaire de compléter les théories linguistiques adoptées en leur associant critères et règles formels.

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4. Que l’analyse d’un corpus nécessite le recours à différents niveaux d’analyse, faute de disposer d’une théorie adéquate. 5. Que le traitement informatique suppose le recours à des formalismes bien définis, à partir desquels l’algorithmique s’impose. 6. Que l’architecture multi-agents permet de répondre à une question fondamentale du TAL, à savoir chercher la bonne solution au bon moment de l’analyse grâce au niveau conceptuel adéquat.

Bibliographie Aho A. V., Ullman J. D. The theory of parsing, translation and compiling.Vol. 1:Parsing. Englewood Cliffs: Prentice-Hall, 1972. Culioli, A. Pour une linguistique de l’ énonciation. Opérations et représentations, T. 1. Paris: Ophrys, coll. HDL, 1990. Fuchs C. Contribution préliminaire à une grammaire de reconnaissance du français. Thèse de 3e cycle – Université Paris 7, 1971. Fuchs C., Léonard A.M. Vers une théorie des aspects. Paris: Mouton, 1979. Kintsch, W. & van Dijk, T.A. Towards a model of text comprehension and production. Psychological review, 85(1978) 363-394. Kintsch, W. The role of knowledge in discourse comprehension construction-integration model..En Psychological review.95.5 (1988) 163-182. Pêcheux, Michel. Analyse automatique du discours. Paris : Dunod, 1969. Rouault J. & Manes-Gallo M. C. Intelligence linguistique. Le calcul du sens des énoncés élémentaires. Paris: Hermès, 2003. Stéfanini, M.H. Talisman: une architecture multi-agents pour une analyse du français écrit. Thèse Grenoble 2, 1993. Tesnière, L. Eléments de syntaxe structurale. Klinksieck, 1966.

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VERSIÓN ELECTRÓNICA

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Universidad Nacional de Colombia Sede Bogotá- Departamento de Filosofía


De la lengua a la informática: dificultades lingüísticas en vista de una investigación de conocimientos Jacques Rouault1

R esumen A la pregunta: ¿cómo definir y escoger en un universo próximo y alusivo (la lengua) ciertos funcionamientos rigurosos para prestarse a una modelización y a un tratamiento informático? Respondemos situándonos en tres dominios: la lingüística, la informática y los formalismos. La lingüística que será limitada a corpus definidos, está a su vez constituida por discursos que son producidos en condiciones homogéneas. Así, la lengua debe obedecer a una materialidad por medio de reglas de funcionamiento explícitas y pre-establecidas. El pasaje (automático) de textos a una representación formal que puede aplicarse se realiza a partir de un ‘análisis’ o ‘reconocimiento’. La operación inversa, la producción de textos por un computador, es la ‘generación’ (o síntesis). Tenemos cuatro niveles conceptuales de análisis: morfología, sintaxis, semántica y pragmática. Estos niveles tienen como efecto utilizar las huellas de funcionamiento lingüístico, para llegar a una estructura abstracta, soportada sobre teorías lingüísticas respetando la lengua analizada. Las nociones de la teoría deben ser susceptibles de una formalización ulterior en un marco formal permitiendo la automatización del proceso (análisis). Pero es la unidad de lenguaje (dependencia al interior de las proposiciones) que puede ser construida e interpretada de manera satisfactoria, por ser la base de numerosas aplicaciones. Los analistas transforman enseguida cada proposición en un enunciado, unidad completamente formalizada. La sintaxis que sigue es una sintaxis de constituyentes, destinada a seleccionar los lazos sintagmáticos entre los constituyentes y a interpretarlos en una lógica de sintagmas ‘a la Chomsky’. Las selecciones de la semántica y de la pragmática deben conducirnos a los conocimientos que son vehiculados por el corpus y deben soportarse en reglas objetivas y con aplicación rigurosa. Así mismo, el empleo de un sistema informático supone que el proceso de análisis automático sea realizado por algoritmos confiables y los más eficaces posibles. Este sistema es el resultado del análisis concebido como un todo coherente, integrando la lingüística, lo formal y la algorítmica. Palabras clave: tratamiento automático del lenguaje, informática lingüística, comunicación hombre-máquina. 1

Profesor emérito de la Université de Grenoble.


De la lengua a la informática [...]- Jacques Rouault

Introducción Presentamos aquí un conjunto de reflexiones nacidas de una larga práctica de lo que se llama clásicamente el ‘Tratamiento automático del lenguaje’ (TAL, abreviado). A pesar de este anclaje ‘experimental’, aquí tratamos de despejar un cierto número de principios metodológicos que, puestos conjuntamente, aseguran lo menos mal posible el éxito del paso de un texto a una representación informática utilizable en aplicaciones como la investigación de información o la comunicación hombre-máquina. En tal perspectiva, tres disciplinas son concernidas: primero evidentemente, la lingüística y la informática (teórica). Pero la utilización de modelos impone el recurso a formalismos que pertenecen sobre todo a la lógica, incluso a las matemáticas. Desde el punto de vista informático, la concepción de un software es función evidentemente del dominio de la aplicación. Aquí hay que insistir en el hecho de que es la lengua la que está concernida; entonces es un dominio muy específico donde las decisiones no pueden ser sino el resultado de tratamientos finamente adaptados. El primer estadio de reflexión es entonces el de rechazar a priori la utilización de algoritmos concebidos por dominios con características formales afirmados, como las bases de datos, la teoría de lenguajes formales, etc. Pero al contrario, no se trata de ninguna manera de reinventar la informática y la algorítmica: existen muchos métodos que pueden aportarnos soluciones a varios de los problemas presentados por el TAL: el objeto de este artículo es mostrar cómo se puede relacionar la lingüística y la informática que vuelven operacionales ciertas teorías lingüísticas y concibiendo tratamientos informáticos adaptados. Dicho de otra manera, cómo definir y seleccionar en un universo vecino y alusivo (la lengua) funcionamientos suficientemente rigurosos para prestarse a una modelización y a un tratamiento informático. La pregunta aquí se trata de ese pasaje de un objeto no formalizado a priori aun tratamiento claramente formal. Nosotros insistimos sobre las numerosas y diversas etapas que debe soportar un texto antes de poder ser analizado y que el resultado sea empleado en las aplicaciones ‘informatizadas’.

L a lingüística Desde el punto de vista de la lengua, dos preguntas se plantean 1. ¿Qué analizamos?

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2. ¿Sobre qué teorías lingüísticas apoyarse para asegurar nuestro proceso? Lengua y discurso

La respuesta a la primera pregunta necesita desde el principio una toma de posición metodológica ligada a la factibilidad de la tarea. De hecho, no se puede pensar en analistas que tengan por objeto una lengua en su totalidad. Porque la lengua es un conjunto potencialmente infinito; ahora, se sabe que no se puede extraer una muestra representativa de ese conjunto, muestra necesaria para construir los diccionarios y gramáticas: Para los diccionarios, por ejemplo, el número de lexemas diferentes aumenta regularmente en la medida que se acrecienta la porción de la lengua que se está trabajando: se ve aparecer inexorablemente nuevos lexemas (no son las únicas frecuencias de los lexemas encontradas que aumentan). Esto, de nuevo, necesita dos hipótesis de trabajo: 1a – Introducir lo finito en el universo de trabajo: se limitará a corpus definidos y delimitados, al menos teóricamente. 1b – Cada corpus, se supone, debe tener condiciones de producción homogéneas. Este último punto significa que el corpus, en lugar de suponerse estar formado por textos reunidos un poco al azar, está constituido de ‘discursos’, producidos en condiciones supuestas homogéneas. Esta ‘homogeneidad’ se toma en el sentido de Pecheux (1969).No se puede evidentemente realizarla teóricamente: es la selección de los corpus que asegura de hecho una cierta homogeneidad, que se considera como una manifestación satisfactoria de condiciones de producción homogéneas. En resumen, se introduce a la vez lo finito del universo que se va a representar (corpus) y la regularidad de los fenómenos lingüísticos que son representados (discurso). M aterialidad de la lengua

Una tentación constante de la lingüística teórica es la de presentar ‘conceptos’ resultantes a la vez de la intuición y de las posiciones teóricas del lingüista y de ‘forzar’ el funcionamiento de la lengua a obedecer a estas reglas preestablecidas. Por convicción y por oportunismo estamos ligados al reconocimiento

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de la materialidad de la lengua, la cual debe guiar el trabajo del lingüista para producir los conceptos adaptados realmente a la lengua estudiada. Y este trabajo pasa también por el estudio de otras lenguas. Dicho de otra manera, es el descubrimiento, a través de las lenguas de reglas de funcionamiento explicitas y rigurosamente utilizadas que va a guiar el proceso (Culioli 1990). Teorías Lingüísticas

La primera tentación, cuando se quiere tratar los textos en un computador es de ‘quedarse a nivel de la superficie lingüística’. Así, la ‘lingüística de los textos’ pretende, al menos en parte, escaparse a cualquier análisis relativamente serio con el pretexto que toda ‘preparación’ un poco seria del texto desnaturaliza la lengua. Los límites de tales tentativas son evidentes: se coloca conjuntamente las cosas que no tienen relación entre ellas (homografías, por ejemplo) y se consume mucha energía para poner en evidencia propiedades que un análisis lingüístico relativamente ligero hará aparecer de manera simple y más débil (investigación de coocurrencias, por ejemplo). Dicho de otra manera, parafraseando a Culioli (1990), no hay estructura a nivel de lengua. La puesta en evidencia de la manera como un texto se construyó pasa necesariamente para nosotros, a través de un análisis lingüístico lo más riguroso posible. El recurso a teorías lingüísticas se impone así naturalmente. Y la selección de las teorías lingüísticas es esencial para el seguimiento: deseando alejarnos de la superficie, las teorías candidatas vienen de la lingüística teórica y deben asegurar un cierto grado de rigor y de generalidad. Si esto puede ser realizado sin muchos problemas en morfología y sintaxis, la semántica y la pragmática presentan graves problemas. Primero, los dominios y las finalidades de la semántica y de la pragmática son muy diversos y ningún consenso se desprende de estos puntos. Una de las teorías más importantes del TAL toca a las reglas fundadas sobre ‘primitivas semánticas’ cuya selección es muy oscura. Y sobre todo, esta selección pone problemas de generalización insolubles porque una selección de primitivas hecha a partir de un corpus no se adaptará a sus extensiones. Esto por la simple razón que estas primitivas han sido escogidas sin líneas directrices ni lógica subyacente. La unión a la lingüística va a orientarnos hacia una vía completamente diferente: lo veremos en las siguientes páginas. Aquí, el punto crucial es que las nociones de la teoría deben ser susceptibles de una formalización ulterior en un marco formal que permite la automa-

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tización de los procesos (análisis). Si, además, se impone que los conceptos lingüísticos de una teoría conciernen a la vez la ‘morfología’, la ‘sintaxis’, la ‘semántica’ y la ‘pragmática’, se constata que ninguna teoría lingüística puede responder a nuestro propósito. Entonces es indispensable fraccionar el tratamiento. Se deberá recurrir a un encadenamiento de niveles, cada uno de ellos reposa sobre una teoría lingüística propia. El problema se vuelve doble: ¿cuáles teorías escoger, a la vez susceptibles de un tratamiento informático y articulado de manera relativamente simple con los otros niveles? A daptación de las teorías lingüísticas

Inclusive así presentada, la selección de una teoría lingüística aparentemente adecuada no está terminada: cada teoría debe ser adaptada a las dificultades del tratamiento formal y algorítmico, es decir de poder traducirse mediante reglas y diccionarios controlables. Esto puede hacerse de varias maneras: daremos ejemplos posteriormente. 1. Adoptar clasificaciones mayores basadas en criterios rigurosos y adaptados según la ‘fineza’ del análisis. Un ejemplo simple es aquel de las categorías lexicales: en las gramáticas del francés, al lado de clases aparentemente aceptadas como ‘verbo’, ‘artículo’ o ‘nombre’. se encuentran clases completamente ad hoc como ‘el artículo contractado’. En TAL un sistema de categorías aceptables supone tres cosas: • Eliminar categorías inservibles como el ‘artículo contractual’, que aparece según dos fenómenos distintos. • Adoptar criterios claros definidos que rigen su pertenencia a una clase. Aquí los criterios pueden ser la posibilidad de admitir ciertas flexiones: así el verbo es la única categoría que admite las flexiones de conjugación. En el complementario se dispondrá de otras reglas para individualizar, por ejemplo los ‘nombres-adjetivos’ de los otros funcionamientos. • Limitarse a un número restringido de categorías: aquellas que son a la vez definidas rigurosamente y cuya selección directa en la superficie no puede confundirse con lo otro. Así, es una ilusión pretender, desde la morfología, distinguir en francés entre adjetivo y nombre. Sólo la sintaxis puede decidirlo.

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2. Simplificar las reglas que el uso de gramáticas ha fijado en una complejidad superflua. Un ejemplo simple es aquel del plural de los nominales en francés. La regla de base es que los nombres y adjetivos generan su plural agregando ‘s’ a la base. Esta regla es operacional pero supone el tratamiento de las excepciones. Un ejemplo es la pareja ‘journal / journaux’. Antes de crear una nueva regla (plural en ‘aux’), no aparecerá en el diccionario ciertas formas como una cadena de letras ‘j_o_u_r_n_a_u_x’, produciendo así un fracaso en el análisis. Lo cual enviaría a una regla de regularización que consiste en remplazar la flexión ‘-aux’ por la flexión ‘-als’, lo que da la forma modificada ‘j_o_u_r_n_a_l_s’, que es analizable correctamente para el caso en general. El conjunto de excepciones en el plural en francés se trata así por algunas reglas simples de regularización, sin que esto lleve a errores prohibidos en el análisis. 3. Volver operacionales las clasificaciones intuitivas. La mayoría de las gramáticas corrientes del francés (pero se encuentra sin duda la misma cosa para otras lenguas), separan los verbos en verbos de estado y verbos de acción. Un verbo de acción siendo un verbo que… ¡describe una acción! Tal circularidad no conduce evidentemente a una clasificación de verbos. Para volverla operacional hay que disponer de un criterio que divida la clase de los verbos: para el inglés, la forma progresiva muestra los verbos según la posibilidad o no de admitir esta construcción. Se opone así ‘to know’ (imposibilidad) a ‘to work’ (posibilidad). Entonces, es fácil utilizar en francés el criterio ‘être en train de...’: cuando se aplica, se trata de un proceso (‘verbo de acción’, ejemplos ‘marchar, dar, dormir’) y cuando no se aplica se trata de un estado (ejemplo: ‘saber’). Y si los resultados no coinciden con la intuición de los gramáticos, no es grave porque nos quedamos en nuestro sistema formal que es coherente. 4. Volver operacionales estas clasificaciones relacionando las reglas a las secuencias lingüísticas ‘canónicas’. Por ejemplo, la clasificación citada anteriormente en los verbos de estado y procesos no son realmente operacionales sino cuando se aplica las reglas a los ‘enunciados canónicos’. Teniendo en cuenta cuando las variaciones enunciativas, la posibilidad o imposibilidad para que un verbo acepte la construcción ‘être en train de…’ puede variar con los argumentos del verbo. Se considerará que este criterio no es creíble sino cuando se aplica a una secuencia cuyo sujeto está provisto de un trazo ‘humano’ y el verbo está en el presente del indicativo. Así, y contrariamente a

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una visión intuitiva de los verbos, se considerará que ‘dormir’ es un proceso porque se acepta que ‘Pierre est en train de dormir’. el análisis

Acordamos llamar ‘análisis’ o ‘reconocimiento’ el pasaje (automático) de textos a una representación formal que se realiza por medio de aplicaciones. La operación inversa, producción de textos por un computador, es la ‘generación’ (o síntesis). Por muchas razones, la generación no es la operación dual del reconocimiento. Los niveles conceptuales de análisis

El proceso general del análisis automático ha tomado tiempo para construirse: en los primeros programas, muy rudimentarios, de traducción automática las diferentes operaciones de análisis no estaban delimitadas. La dificultad de una mejor toma de conciencia de la lengua misma condujo a los investigadores a dividir el procedimiento de análisis en diferentes niveles, que hemos llamado ‘niveles contextuales’. Actualmente, la comunidad del TAL está más o menos de acuerdo sobre la necesidad de cuatro niveles conceptuales de análisis: morfología, sintaxis, semántica y pragmática. Estos niveles tienen como efecto explotar de más en más las huellas del funcionamiento lingüístico, para llegar a una estructura abstracta. Pero, como lo hemos señalado anteriormente, estos análisis sucesivos deben basarse sobre las teorías lingüísticas respetando la lengua analizada. L a Unidad de A nálisis

El análisis de un discurso, o de un corpus, se hace de principio a fin. Pero se sabe que cada discurso está constituido de frases y cada frase de proposiciones. Querer analizar un corpus entero poniendo en evidencia los lazos entre frases y entre proposiciones es una tarea que parece ir más allá de las posibilidades actuales del TAL. En efecto, si, al interior de una proposición, los constituyentes están generalmente estructurados por la dependencia funcional, los lazos entre proposiciones y entre frases resultan de otros fenómenos como la anáfora o los conectores inter-proposicionales. En el estado actual de nuestro trabajo, sólo la estructura de dependencia al interior de las proposiciones puede estar constituida e interpretada de manera satisfactoria. Nuestros análisis se restringen entonces a la proposición y consideramos que, como una primera aproximación, estas proposiciones son las huellas

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de enunciados elementales, que se supone son una unidad suficientemente grande por ser la base de numerosas aplicaciones. L a morfo-sintaxis y las soluciones múltiples

Después de algunos procedimientos de regularización de fenómenos parásitos de la lengua, la morfología tiene por objetivo descomponer cada forma del texto en una pareja ‘base + flexión’; por ejemplo ‘chantent’ en ‘chant+ent’. Esto permite, medianamente el recurso a un diccionario de las bases y de las flexiones, interpretar las flexiones como marcas de número, género, tiempo y modo. Aparece muy pronto el problema central del análisis automático; en efecto cada forma de un discurso puede ser susceptible de varios análisis diferentes. Un ejemplo clásico es la cadena de letras ‘c_o_u_v_e_n_t’ que puede ser interpretada como ‘nombre + masculino + singular’ o como ‘verbo + presente + (indicativo o subjuntivo)’. Como un discurso es una cadena de formas interpretadas, las soluciones se multiplican: así la secuencia textual ‘ils le lui couvent’ es susceptible de varias interpretaciones cuya mayoría son parásitas cuando la secuencia está dentro de un discurso dado. Este problema de soluciones múltiples no admite una solución única satisfactoria. Para nuestro conocimiento, hay al menos tres tipos de soluciones posibles: 1. La utilización de procedimientos lingüísticos; en francés al menos, se constata la imposibilidad de sucesión de ciertas categorías; por ejemplo, un ‘determinante’ (artículo) no puede ser seguido de un verbo. Desgraciadamente, las reglas así despejadas son en número reducido y no resuelven sino ciertos problemas. 2. La utilización de procedimientos estadísticos: en el caso de la morfología vamos a estudiar una muestra representativa del corpus desde el punto de vista de las categorías morfológicas. Se seleccionará, por ejemplo, las parejas de categorías consecutivas (por ejemplo ‘determinante + nombre’) significativamente presentes en el corpus. En el momento del corpus entero las soluciones que contienen esas parejas serán privilegiadas con respecto a las otras. El tratamiento estadístico puesto en marcha es a la vez relativamente simple (cadenas de Markov) y delicado para interpretar. 3. La utilización de una arquitectura informática adaptada al análisis: ver posteriormente.

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Este análisis de cada discurso en una cadena de categorías lexicales permite, a través de un algoritmo adecuado, marcar las fronteras de proposiciones y, por ahí, conducir el análisis de un discurso a aquellas de la cadena de proposiciones así delimitadas y supuestas independientes a lo largo del análisis. Los sucesivos analizadores van enseguida a transformar cada proposición en un enunciado, unidad completamente formalizada. El abandono realiza aquí la búsqueda de los lazos inter-proposicionales, no es una dificultad metodológica; los trabajos que realizamos nos autorizan a pensar que estas indicaciones suplementarias pueden ser integradas al sistema sin comprometerse los resultados fundamentales. La sintaxis que sigue es una sintaxis de constituyentes, destinada a seleccionar los lazos sintagmáticos entre constituyentes y a interpretarlos en una lógica de sintagmas ‘a la Chomsky’. Como nos limitamos a la estructura de proposiciones, sólo estas serán descritas por conjuntos de reglas. Dicho de otra manera, se describirá, más allá de la proposición, el sintagma verbal y el sintagma nominal. Al mismo tiempo, un diccionario sintáctico de las construcciones posibles de los verbos permite marcar, sobre la estructura de la proposición, los lazos entre el centro verbal y los sintagmas nominales que constituyen los que actúan, en el sentido de Tesnière (1966). Se obtuvo así las estructuras arborescentes que combinan los constituyentes puestos en juego y las indicaciones de funciones sintácticas; en estas estructuras figuran también indicaciones ligadas a la enunciación como la naturaleza de los determinantes, los tiempos del verbo, etc. L a semántica y la pragmática

Es aquí que se presenta el problema más difícil de los fundamentos lingüísticos del análisis: las selecciones de la semántica y de la pragmática. Por lo menos dos tipos de razones: 1. Estas teorías deben conducirnos a una representación suficientemente despejada de la superficie, de los enunciados para poder ser utilizada en las aplicaciones relativas no al corpus mismo, sino a los conocimientos vehiculados por éste. 2. Estas teorías deben basarse en reglas teniendo las características que hemos señalado anteriormente: criterios lo más objetivos posible y de aplicación rigurosa. No podemos, en el marco restringido de un artículo, pasar revista de las diferentes teorías posibles, ni las razones que nos ha hecho abandonarlas. Señalamos simplemente que la teoría de las ‘primitivas semánticas’ (bajo una forma u otra) se

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enfoca siempre en la selección de primitivas y que este obstáculo nos parezca insostenible, entre otros porque estas primitivas se han escogido evidentemente sobre una parte restringida de un corpus, haciendo una apuesta que podrá funcionar en el momento en que el corpus crezca poco a poco. Esta apuesta idealista (en todo el sentido de la palabra) no funciona en la práctica ni en la teoría. La única forma de progresar aquí es la de respetar la materialidad de la lengua y de limitarse a una semántica y una pragmática lingüísticas. En semántica nos limitaremos a los fenómenos de enunciación; se buscará si un enunciado describe un estado o un proceso dividiendo esta última clase en procesos que conducen a un resultado (procesos resultativos; ejemplo ‘ayer, cociné el pan’, en donde ‘el pan se cocinó (se hizo)’ o no se hace referencia al resultado (ejemplo ‘yo ayudé al vecino’ - no hay resultado). Se asociará esto a los valores de causalidad, de individuo, de clase, de situación o de propiedad. Estos funcionamientos son seleccionados en el discurso por las marcas de enunciación llevadas por el verbo, los determinantes o las circunstancias. La pragmática conduce a la representación final de los funcionamientos recolectados a lo largo del análisis: se representa los conocimientos que el texto vehicula, pero con la ayuda solamente de indicadores extraídos del corpus por medio de procedimientos lingüísticos. Estos conocimientos son de varios tipos: • Conocimientos ligados a la validez de los enunciados, lo que reenvía a lo cierto, probable, etc. • Generalidad vs. especificidad y clase vs. individuo. • Estructura predicativa del enunciado y papel de los argumentos asociados. • Indicación que se trate de un estado, de un proceso. • Indicaciones enunciativas: tiempo, aspecto, etc. Las representaciones de los enunciados de un discurso o de un corpus son los constituyentes de una base de conocimientos estructurado en forma de grafo; en efecto, inclusive en este nivel, la selección de ciertas anáforas, los lazos simples de enunciación permiten relacionar ciertos enunciados entre ellos. Esta representación de los conocimientos producto del proceso de análisis queda a la disposición de aplicaciones como la investigación de información o de la comunicación hombre/máquina.

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Formalismos, algoritmos y arquitectura Las consideraciones precedentes están centradas en el aspecto lingüístico del análisis automático del corpus. Hemos insistido en el fraccionamiento del problema y la necesidad de perfilar teorías lingüísticas para que ellas puedan ser empleadas con éxito. Nos queda hablar del aspecto más técnico del proceso de análisis: no para despistar al lector en los arcanos formales sino para mostrar por qué hemos empleado caminos relativamente alternos. Ahora, el empleo de un sistema informático para resolver estos problemas supone que el proceso de análisis automático sea realizado por los algoritmos confiables y lo más exitosos posible. Y es necesario que el proceso de análisis sea concebido como un todo coherente, que integre la lingüística, lo formal y lo algorítmico. Dicho de otra manera, ¿cómo el camino que acabamos de exponer se integra en la concepción de una informática confiable? Los niveles conceptuales

El analizador se construye según los niveles conceptuales presentados en el parágrafo precedente, de manera que cada nivel se toma en cuenta a través de un formalismo y un algoritmo que le es propio. • Nivel (conceptual) de la morfología: aquí la simplicidad del análisis lingüístico autoriza el empleo de un modelo de tipo 3 de Chomsky; dicho de otra manera, se construirá un autómata finito. • Nivel de la sintaxis: por medio de algunas regularizaciones preliminares (por ejemplo para tratar el constituyente discontinuo ‘ne ... pas’) se utiliza aquí el modelo de tipo 2 de Chomsky, realizado por un analizador sintáctico ‘fuera de contexto’, asociado a procedimientos complementarios para marcar las funciones sintácticas asociadas a un verbo. • Nivel semántica y pragmática: aquí los tratamientos son relativamente ligeros y no necesitan el recurso a algoritmos muy eficientes. Como el conjunto del sistema está escrito en el lenguaje PROLOG2; hemos utilizado las facilidades ofrecidas por este lenguaje de alto nivel para realizar los tratamientos necesarios. 2

NdT: lenguaje de programación

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Los léxicos

Para trabajar, los analizadores de los diferentes niveles tienen necesidad de datos: las reglas y los diccionarios. Dos diccionarios tienen tallas consecuentes: aquel de la morfología almacena las flexiones (conjugación, género y número) y las ‘bases’ - producidas del corte de una superficie cuando se construyen las flexiones. El diccionario de los verbos contienen los esquemas sintácticos que un verbo puede admitir. Estos diccionarios se toman en cuenta en general por un sistema de gestión de base de datos (SGBD) como Postgresql. L a arquitectura del sistema

Hemos evocado anteriormente el problema central del análisis: aquel de las soluciones múltiples, además hemos explicado dos métodos de resolución. Sin embargo, la solución evidente para obtener la menor cantidad posible de soluciones parásitas es no crearlas. Entonces, se constata que en las secuencias textuales, ciertas etiquetas juegan el rol de indicadores de estructuras: en una secuencia como ‘je le lui dis’, las dos formas ‘le’ et ‘lui’ admiten cada una dos soluciones, lo que da cuatro soluciones posibles para la secuencia, sin contar los análisis múltiples debido a la forma verbal. El punto decisivo es aquí que ‘je’ no puede funcionar sino como una partícula pre-verbal (ppv); como una ppv no puede estar seguida sino por otra ppv o un verbo, la forma ‘le’ es obligatoriamente ppv (ella no puede ser verbo) y, por el mismo razonamiento, ‘lui’ es ppv (y no pronombre). Pero el método precedente supone que, según la morfología, se pueda tener en cuenta consideraciones sintácticas y luego continuar con el análisis morfológico. De manera general, esto nos hace quitar la organización regulada de los niveles conceptuales, tal como lo hemos definido anteriormente, para entrar en una arquitectura informática llamada ‘multi-agentes’, adaptada precisamente a este tipo de problema. El principio de funcionamiento es el siguiente: cada nivel conceptual, en lugar de llamar sistemáticamente al nivel superior una vez que su tratamiento se realiza, puede, a cada momento en el que encuentra un indicador de estructura, enviar un mensaje a los otros niveles señalándole el problema, a cargo del nivel que se estima concernido, de procurar un análisis parcial que permite al nivel continuar su trabajo.

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Conclusión Las consideraciones precedentes tienen en principio un objetivo metodológico: se trataba de mostrar a través de un ejemplo real y relativamente complejo: 1. Que el tratamiento automático del lenguaje no puede hacerse directamente por consideraciones empíricas en la superficie textual. 2. Que el análisis no se puede hacer, de hecho, sino en los corpus homogéneos y supuestamente finitos (y constituidos de discurso). 3. Que la lingüística nos provee un marco más o menos bien adaptado; y que es necesario completar las teorías lingüísticas adoptadas asociándoles criterios y reglas formales. 4. Que el análisis de un corpus necesita el recurso a diferentes niveles de análisis, a falta de disponer de una teoría adecuada. 5. Que el tratamiento informático supone el recurso de formalismos bien definidos, a partir de los cuales el algoritmo se impone. 6. Que la arquitectura multi-agentes permite responder a una pregunta fundamental del TAL, a saber, buscar la buena solución en el buen momento del análisis gracias al nivel conceptual adecuado.

Trabajos citados Aho A. V., Ullman J. D. The theory of parsing, translation and compiling. Vol. 1: Parsing. Englewood Cliffs: Prentice-Hall, 1972. Culioli, A. Pour une linguistique de l’ énonciation. Opérations et représentations, T. 1. Paris: Ophrys, coll. HDL, 1990. Fuchs C. Contribution préliminaire à une grammaire de reconnaissance du français. Thèse de 3e cycle – Université Paris 7, 1971. Fuchs C. & Léonard A. M. Vers une théorie des aspects. Paris: Mouton, 1979. Kintsch, W. & van Dijk, T. A. Towards a model of text comprehension and production. Psychological review, 85 (1978) 363-394. Kintsch, W. The role of knowledge in discourse comprehension construction-integration model. En Psychological review. 95.5 (1988) 163-182.

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De la lengua a la informática [...]- Jacques Rouault

Pêcheux, Michel. Analyse automatique du discours. Paris: Dunod, 1969. Rouault J. & Manes-Gallo M. C. Intelligence linguistique. Le calcul du sens des énoncés élémentaires. Paris: Hermès, 2003. Stéfanini, M. H. Talisman: une architecture multi-agents pour une analyse du français écrit. Thèse Grenoble 2, 1993. Tesnière L. Eléments de syntaxe structurale. Klinksieck, 1966.

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L’invention de la necessité (Note) Magdalena Pradilla Rueda1

La Force de la Regle. Wittgenstein et l’invention de la nécessité Jacques Bouveresse Paris, Les Editions de Minuit, 1987. 177 p.

Jacques Bouveresse Philosophe issu de l’École Normale Supérieure (ENS), reçu à l’agrégation de philosophie en 1965, il est un des contributeurs de l’Histoire de la philosophie dirigée par François Châtelet, il soutient en 1975 sa thèse de Doctorat d’État de philosophie intitulée Le Mythe de l’Intériorité. Expérience, signification et langage privé chez Wittgenstein. Il a construit son chemin intellectuel en marge des grandes écoles philosophiques, s’inscrivant ainsi dans la lignée de la philosophie des sciences de Jean Cavaillès, Georges Canguilhem ou Jean-Toussaint Desanti. En 1976, il s’intéresse au positivisme logique, en particulier, aux cours de Jules Vuillemin et de Gilles-Gaston Granger. Héritier du rationalisme des Lumières du monde anglo-saxon et de la tradition intellectuelle et philosophique d’Europe centrale (Bolzano, Brentano, Boltzmann, Helmholtz, Frege, Cercle de Vienne, Kurt Gödel) et également de la pensée de Robert Musil. Bouveresse est actuellement un des grands représentants de la pensée analytique française. Depuis plus de trente ans, il est aussi connu pour des ouvrages critiques sur ce qu’il considère comme des ´impostures scientifiques et intellectuelles´, à savoir une partie de la philosophie française des années 1970 à 1990, attitrée par lui comme une nouvelle philosophie liée à la presse, qui aurait asservi la philosophie en produisant un journalisme philosophique sensationnaliste. 1

Docteur en Philosophie‚ Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne‚ 2008.


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Dans le même sens, il dénonce ce qu´il appelle la ´distorsion littéraire´ des concepts scientifiques, ainsi dans son ouvrage Prodiges et vertiges de l’analogie, il critique l´utilisation de la démonstration de Gödel dans son théorème d’incomplétude, qui ne vaut que pour des systèmes formels mathématiques ou logiques, mais qui a été utilisée pour justifier d´autre type de réalités. Sa carrière universitaire passe par l’ensegnement de la logique comme assistant, professeur de Philosophie de l’Université Paris I , professeur à l’Université de Genève, et depuis 1995 Professeur au Collège de France où il est titulaire de la chaire de ‹ Philosophie du langage et de la connaissance › et professeur émérite depuis 2010. Il a publié plus d’une quarantaine d’ouvrages et il est reconnu en France et internationalement.

Sur L a force de la règle En 1987 Bouveresse publie cette étude significative qui continue à avoir de l´actualité pour tous ceux qui s’interessent à Wittgenstein et ses relations avec le monde de la logique. La Force de la Règle est structuré en 11 chapitres reprend un des problèmes que Wittgenstein ‹ n’a pas dit › : la nécessité. Bouveresse, ici retrace les différentes sujets qui soulèvent cette problématique, en passant par la grammaire, la signification, les règles, les propositions tant mathématiques comme a priori, les tautologies, le calcul, la démonstration, l’arithmétique, pour en finir avec le cognitivisme. Dans cet ouvrage, il revient sur une question wittgensteinienne posée dans les Recherches philosophiques qu’il avait traitée dans un écrit antérieur (Cf. Bouveresse 1976) concernant le sujet des règles et de ce que c’est que ‹ suivre une règle ›, dans ses relations avec la possibilité d’un langage privé, dont la notion de nécessité est crucial dans la présentation de la problématique. Bouveresse a toujours cru que ce que Wittgenstein disait sur ce sujet constituait une des plus importantes contributions qu’il ait apportée à la discussion philosophique contemporaine, au moins pour des disciplines comme la linguistique chomskyenne et l’anthropologie et pour celles qui font un usage non critique de la notion de règle (spécifiquement, de règle tacite ou implicite). Il pose la problématique paradoxale de comment l’usage du langage peut être, dans certains cas, aussi systématique et prédictible et en même temps, aussi imprévisible et novateur. Ainsi, lorsque le parlant maitrise certaines règles, il pourra prédire un bon nombre de choses concernant leur comportement mais il implique aussi que ce parlant puisse transformer le langage par un processus de création ou d’invention.

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Ainsi, si Wittgenstein montre bien une ouverture vers une ‹ faiblesse › ou impuissance de la règle, il présente aussi un élément qui est crucial et décisif dans les réflexions de Wittgenstein: ‹ la force de la règle ›, à travers laquelle se manifeste la nécessité sous laquelle nous agissons. C’est de Crispin Wright (1980) que Bouveresse a pris l’idée d’une ‹ invention de la nécessité ›, qui vient du renversement d’un proverbe familier anglais (Necessity is the mother of invention), idée qui synthétise la conception wittgensteinienne de la nécessité : entre spécifique et paradoxale. Or la nécessité ne nous est pas imposée par une nature des choses, ce sont nos systèmes de représentation qu’auraient dû consentir à cette nécessité par la manière dont nous avons choisi les systèmes en question et leurs règles. Bouveresse pour expliquer les enjeux de la nécessité va se placer dans l’ensemble des mathématiques car elles constituent l’espace dont la nécessité se présente de façon plus systématique, il va ainsi soulever certains aspects posés par Wittgenstein, en nous montrant l’illusoire de la nécessité dans certains cas et dans d’autres son importance : Les propositions mathématiques

Wittgenstein présente les propositions mathématiques dont le fonctionnement est semblable à ceux des règles, donc elles ne sont ni vraies, ni fausses, mais va permettre de dire qu’on a dû commettre une erreur quelque part. Bouveresse remarque le refus de Wittgenstein sur la distinction entre les propositions mathématiques et les propositions ordinaires et soutient que nous pouvons être aussi certains de la vérité de propositions empiriques que nous le sommes d’une proposition mathématique. Ceci, car d’une façon illusoire, nous pouvons reconnaitre à ces dernières propositions une ‹ certitude spéciale › issue de la nature spéciale des objets mathématiques sur lesquels les propositions portent et de la façon dont nous les connaissons, car ils ne sont pas connus de l’extérieur comme un élément étranger, mais de l’intérieur même des systèmes mathématiques. Question qui n’empêche pas de prendre aussi pour certaines les propositions ordinaires qui se réfèrent aux objets physiques connus donc de l’extérieur. Bouveresse annote que la différence entre ces deux sortes de propositions n’est pas du degré mais du type logique de la certitude. Néanmoins, la distinction apparente entre une nécessité qui peut se contester par la révision des choix conceptuels et un dogme, n’existe pas. Ainsi même, ce que Wittgenstein

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cherche à établir est que, si nous voulons la nécessité, nous ne pouvons pas avoir la vérité en ce sens-là. Nature des objets

À travers l’exemple des propositions mathématiques, Wittgenstein cherche à discréditer l’idée que ces propositions se distinguent des propositions ordinaires simplement par la nature particulière des objets dont elles traitent. Ce qu’il critique est la tendance à croire qu’on doit parler de noms de choses que sur la base d’une analogie crée à l’avance ; c’est comme si, pour pouvoir jouer aux échecs, nous devions connaitre une troisième chose en plus des règles qui déterminent la fonction (les possibilités) du roi et de la pièce qui est le roi. Wittgenstein cherche à nous convaincre que cette troisième chose (l’objet d’une autre nature que son corrélat visible et tangible) ne joue aucun rôle réel, en dehors de celui qui consiste à satisfaire notre besoin philosophique de nous représenter l’usage comme étant un objet qui coexiste avec le signe. Ainsi, rien ne permet de distinguer fondamentalement les règles de l’arithmétique de celle d’un jeu. Les regles et leur autonomie

Bouveresse nous signale d’un côté que, les règles de la grammaire ne peuvent être justifiées par la réalité ni entrer en conflit avec elle, ni entrer en conflit les unes avec les autres, donc il existe une autonomie de la grammaire et en quelque sorte un arbitraire des règles. D’un autre côté, il soulève que la signification et la compréhension d’une proposition grammaticale ne sont pas déterminées au départ d’une manière telle que nous nous serions engagés, irrévocablement, à accepter la résultante logique de ces propositions. Wittgenstein, critique ici la signification d’un mot comme étant une caisse pleine, dont le contenu nous est apporté avec elle, et que nous n’avons qu’à explorer : image qu’incite à considérer que, lorsqu’on effectue une inférence logique, la conclusion doit déjà, avoir été comprise dans les prémisses. Bouveresse, remarque l’illusion provoquée par la distinction entre deux espèces de règles : celles qui fixent (arbitrairement) la signification des signes en les affectant à la désignation d’une certaine catégorie d’entités (comme les nombres ou couleurs) et d’autres qui explicitent les conséquences inévitables de ce choix préalable.

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l´idée du ´corps de la signification´

Ce qui est illusoire dans la mythologie de la signification est que les règles puissent être développées à partir de la signification. La philosophie du Tractatus était une illustration de ce genre de mythologie, puisque les possibilités de combinaison des noms dans le langage y étaient conçues comme reflétant les possibilités de combinaison des choses signifiées, objets auxquels ils sont coordonnés dans la réalité. En abandonnant cette idée (années 30), Wittgenstein renonce à l’idée que la logique pourrait traiter d’un objet dont découlent les règles concernant leur fonctionnement, au contraire les règles de grammaire déterminent en toute indépendance les combinaisons de signes qui ont un sens et celles qui n’en ont pas. Le vide d´une regle

L’autonomie des règles grammaticales conduit à ce qu’aucune réalité ne leur correspond; de même, les propositions mathématiques ne sont pas des propositions d’expérience, ni des propositions descriptives, donc elles sont vidées de contenu. Bouveresse précise la conception wittgensteinienne de la nécessité car elle résulte de la décision d’adopter une règle et une convention déterminées. Au contraire de Crispin Wright qui postule une faculté spéciale qui permet de découvrir ou de reconnaitre des nécessités préexistantes. Pour Wittgenstein une nécessité peut être reconnue lorsqu’on reconnait une norme ou un impératif. L’idée de la normativité des énoncés nécessaires était destinée à la fois à enlever notre inclination à les considérer comme une espèce de vérités et à apporter une contribution à l’explication de ce qu’est essentiellement la nécessité.

Bibliographie Bouveresse, Jacques. ‘Herméneutique et Linguistique’ suivi de ‘Wittgenstein et la Philosophie du Langage’.Paris : Eds. de l’Eclat, 1998. ---. Le Mythe de l’Interiorité : Expérience, Signification et Langage Privé chez Wittgenstein. Paris : Les Editions Minuit, 1976. ---. La Force de la Règle. Paris : Les Eds. Minuit, 1988. Collection Critique. ---. La Parole Malheureuse : De l’Alchimie Linguistique à la Grammaire Philosophique. Paris : Les Eds. Minuit, 1971.

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L’invention de la necessité (Note) - Magdalena Pradilla Rueda

---. Pays des Possibles : Wittgenstein les Mathématiques et le Monde Réel. Paris : Les Eds. Minuit, 1988. Collection Critique. ---. Le Philosophe et le Réel. Entretiens avec Jean-Jacques Rosat. Paris : Hachette Littératures, 1998. Chauviré, Christiane. Ludwig Wittgenstein. Paris : Seuil, 1989. Marion, Mathieu. Ludwig Wittgenstein : Introduction au « Tractatus LogicoPhilosophicus ». Paris : PUF, 2004. Wittgenstein, Ludwig. Grammaire Philosophique. Edition posthume dûe aux soins de Rush Rhees. Traduit de l’allemand et présenté par Marie-Anne Lescourrent. Paris : Gallimard 1980. ---. Remarques sur les Fondements des Mathématiques. Paris : Gallimard, 1983. ---.Tractatus Logico-Philosophicus, trad. de G.G. Granger. Paris : Gallimard, 1993 Wright, Crispin. Wittgenstein on the Foundations of Mathematics. Londres : Duckworth, 1980.

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La invención de la necesidad (Reseña) Magdalena Pradilla Rueda

La Fuerza de la Regla: Wittgenstein y la Invención de la Necesidad Jacques Bouveresse Paris, Les Editions de Minuit, 1987. 177 p.

Jacques Bouveresse Filósofo de la Escuela Normal Superior (ENS), obtuvo la agregación de filosofía en 1965, es uno de los colaboradores en la Historia de la filosofía dirigida por François Châtelet que ha sido un texto de consulta contemporáneo. En 1975 culmina su tesis de Doctorado de Estado en Filosofía titulada El Mito de la Interioridad: Experiencia, Significación y Lenguaje Privado en Wittgenstein. Bouveresse construye su itinerario intelectual al margen de las grandes escuelas filosóficas, se inscribe así en la línea de reflexión sobre la ciencia de Jean Cavaillès, Georges Canguilhem o Jean-Toussaint Desanti. En 1976 se interesa en el positivismo lógico, en particular, en los cursos de Jules Vuillemin y de Gilles-Gaston Granger. Heredero del racionalismo de la ilustración, del mundo anglosajón y de la tradición intelectual y filosófica de Europa Central (Bolzano, Brentano, Boltzmann, Helmholtz, Frege, Circulo de Viena, Kurt Gödel) e igualmente del pensamiento de Robert Musil, Bouveresse es hoy en día uno de los grandes representantes del pensamiento analítico francés. Desde hace más de treinta años es conocido por las obras críticas sobre lo que él considera “imposturas científicas e intelectuales”, es decir, una parte de la investigación francesa de los años 1970 a 1990 tildada por él como una nueva filosofía ligada a la prensa y que somete el pensamiento a un tipo de periodismo filosófico sensacionalista. En este mismo sentido, se ha interesado en la denuncia de la “distorsión literaria” de ciertos conceptos científicos, tal como lo hace en su obra Prodigios y vértigos de


La invención de la necesidad (Reseña) - Magdalena Pradilla Rueda

la analogía sobre la demostración de Gödel, en su teorema de la incompletud, que no vale sino para los sistemas formales matemáticos o lógicos, pero que ha sido utilizada indiscriminadamente para justificar otros tipos de realidades. Su carrera universitaria pasa por enseñar diferentes cursos de lógica como asistente, profesor de filosofía de l’Université Paris I, profesor en la Université de Genève, desde 1995 Profesor en el Collège de France donde se desempeñó como titular de la enseñanza de la ‘Filosofía del lenguaje y del conocimiento’. Actualmente es profesor emérito con más de cuarenta obras publicadas y con importantes reconocimientos nacionales e internacionales.

Sobre L a fuerza de la regla En 1987 Bouveresse da a conocer esta significativa obra, que no obstante el paso de los años, sigue teniendo vigencia para todos aquellos estudiosos de Wittgenstein y sus relaciones con el mundo de la lógica. La Fuerza de la Regla estructurada en 11 capítulos, retoma uno de los problemas que Wittgenstein ‘no dijo: la necesidad’. Bouveresse presenta aquí ciertos temas que tratan esta problemática, pasando por la gramática, la significación, las reglas, las proposiciones tanto matemáticas como a priori, las tautologías, el cálculo, la demostración, la aritmética, para terminar con el cognitivismo. En esta obra, el autor vuelve sobre una pregunta wittgensteiniana presentada en las Investigaciones filosóficas que había tratado en un escrito anterior (Cf. Bouveresse, 1976) y concierne el tema de las reglas y de aquello que es ‘seguir una regla’ en sus relaciones con la posibilidad de un lenguaje privado, cuya noción de la necesidad es crucial en la presentación de la problemática. Bouveresse ha creído siempre que aquello que Wittgenstein decía sobre esta noción constituía una de las contribuciones más importantes que él había aportado a la discusión filosófica contemporánea, al menos para las disciplinas como la lingüística chomskyana y la antropología e igualmente para aquellas que hacen uso no crítico de la noción de regla (específicamente de regla tácita o implícita). Bouveresse presenta lo paradójico de esta problemática, en el sentido de cómo el uso del lenguaje puede ser, en ciertos casos, completamente sistemático y predecible y al mismo tiempo, imprevisible y novedoso. Así, cuando el hablante controla ciertas reglas, podrá predecir un gran número de cosas concerniente a su comportamiento, pero esto implica también que el hablante pueda transformar el lenguaje mediante un proceso de creación o invención.

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De esta manera, si bien Wittgenstein muestra una apertura hacia una cierta ‘debilidad’ o impotencia de la regla, presenta un elemento que es crucial y decisivo en las reflexiones sobre el lenguaje: ‘la fuerza de la regla‘, por medio de la cual se manifiesta ‘la necesidad‘ bajo la cual actuamos. De Crispin Wright (1980) Bouveresse tomó la idea de una ‘invención de la necesidad’, porque proviene de revertir un proverbio familiar inglés: “Necessity is the mother of invention (Necesidad es la madre de la invención)”, idea que sintetiza la concepción wittgensteiniana de la necesidad: entre específica y paradójica. Entonces, la necesidad no se nos impone por la naturaleza de las cosas, son nuestros sistemas de representación que han debido aceptar esta necesidad por la manera como hemos escogido los sistemas en cuestión y sus reglas. Para explicar los entramados de la necesidad, Bouveresse se sitúa en el conjunto de las matemáticas porque ellas constituyen el espacio en donde la necesidad se presenta de manera más sistemática. Él va a señalar ciertos aspectos propuestos por Wittgenstein que muestran lo ilusorio de la necesidad en ciertos casos y en otros su importancia: L as proposiciones matemáticas

Wittgenstein presenta las proposiciones matemáticas cuyo funcionamiento se asemeja a aquel de las reglas, porque ellas no son ni verdaderas, ni falsas, pero permiten decir que se ha cometido un error en alguna parte. Bouveresse señala el rechazo de Wittgenstein por la distinción entre las proposiciones matemáticas y las proposiciones ordinarias y sostiene que nosotros podemos estar seguros de la verdad de las proposiciones empíricas como lo estamos de una proposición matemática. Esto porque de una manera ilusoria, a estas últimas proposiciones se les puede reconocer una ‘certeza especial’. Certeza que resultaría de la ‘naturaleza especial’ de los objetos matemáticos a los cuales se refieren las proposiciones y de la manera como los conocemos, porque ellos no se identifican desde el exterior como un elemento extranjero, sino del interior mismo de los sistemas matemáticos. Problema, que no impide admitir también como verdaderas las proposiciones ordinarias que se refieren a los objetos físicos, identificados estos sí desde el exterior. Bouveresse anota que la diferencia entre estas dos clases de proposiciones no es de grado sino del tipo lógico de la certeza. Sin embargo, la distinción aparente entre una necesidad que se puede contradecir por medio de la revisión conceptual y un dogma, no existe. De la misma manera, aquello que

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La invención de la necesidad (Reseña) - Magdalena Pradilla Rueda

Wittgenstein quiere establecer es que, si queremos la necesidad, no se puede obtener la verdad en ese mismo sentido. Naturaleza de los objetos

Por medio del ejemplo de las proposiciones matemáticas, Wittgenstein busca desacreditar la idea que estas proposiciones se distinguen de las proposiciones ordinarias simplemente por la naturaleza particular de los objetos a los cuales éstas se refieren. Aquello que él critica es la tendencia a creer que se debe hablar de los nombres de las cosas solamente bajo la base de una analogía creada con anterioridad: sería como si, para poder jugar ajedrez, se debe conocer una tercera cosa, además de las reglas, que determinen la función (las posibilidades) del rey y de la pieza que es el rey. Wittgenstein busca convencernos de que esta tercera cosa (el objeto de otra naturaleza diferente a su correlato visible y tangible) no juega ningún papel real, fuera de aquel que consiste en satisfacer nuestra necesidad filosófica de representarnos el uso como siendo un objeto que coexiste con el signo. En consecuencia, nada permite distinguir fundamentalmente las reglas de la aritmética de aquellas de un juego. L as reglas y su autonomía

Bouveresse señala de un lado que las reglas de la gramática no pueden ser justificadas por la realidad, ni entrar en conflicto con ella, ni entrar en conflicto unas reglas con las otras, entonces existe una autonomía de la gramática y de alguna manera una arbitrariedad de las reglas. De otro lado, él anota que la significación y la comprensión de una proposición gramatical no son determinadas desde el comienzo, de tal manera que nos comprometamos irrevocablemente a aceptar su resultado lógico. Wittgenstein critica aquí la significación de una palabra como una caja llena, cuyo contenido nos llega con ella y que lo que se tendría que hacer es explorarla: imagen que incita a considerar que cuando se efectúa una inferencia lógica, la conclusión debe estar comprendida en las premisas, lo cual es una ilusión. Bouveresse anota la ilusión provocada por la distinción entre dos especies de reglas: aquellas que fijan (arbitrariamente) la significación de los signos produciendo así la designación de una cierta categoría de entidades (como los números o los colores) y otras que expresan las consecuencias inevitables de esta selección predeterminada.

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L a idea de ‘cuerpo de significación’

Lo que es ilusorio en la mitología de la significación es que las reglas puedan ser desarrolladas a partir de la significación. La filosofía del Tractatus era una ilustración de este género de mitología, porque las posibilidades de combinación de nombres en el lenguaje estaban concebidas como si reflejaran las posibilidades de combinación de las cosas significadas. Al abandonar esta idea (años 30), Wittgenstein renuncia a la idea que la lógica pudiera tratar un objeto del cual se deriven las reglas que conciernen su funcionamiento, al contrario las reglas de la gramática determinan con toda independencia las combinaciones de signos que tienen sentido y otras que no lo tienen. El vacío de la regla

La autonomía de las reglas gramaticales conduce a que ninguna realidad les corresponde, así mismo, las proposiciones matemáticas no son proposiciones de experiencia, ni proposiciones descriptivas, por lo cual están vacías de contenido. Bouveresse precisa la concepción wittgensteiniana de la necesidad porque ella resulta de la decisión de adoptar una regla y una convención determinada. Al contrario de Crispin Wright que postula una facultad especial que permite descubrir o reconocer necesidades preexistentes, para Wittgenstein una necesidad puede ser determinada cuando se reconoce una norma o un imperativo. La idea de la normatividad de los enunciados necesarios estaba destinada tanto para quitar nuestra inclinación a considerarlos como una clase de verdades y para aportar una contribución a la explicación de lo que es esencialmente la necesidad.

Trabajos citados Bouveresse, Jacques. ‘Herméneutique et Linguistique’ seguido de ‘Wittgenstein et la Philosophie du Langage’. Paris: Eds. de l’Eclat, 1998. ---. Le Mythe de l’Interiorité: Expérience, Signification et Langage Privé chez Wittgenstein. Paris: Les EditionsMinuit, 1976. ---. La Force de la Règle. Paris: Les Eds. Minuit, 1988. Collection Critique. ---. La Parole Malheureuse: De l’Alchimie Linguistique à la Grammaire Philosophique. Paris: Les Eds. Minuit, 1971. ---. Pays des Possibles: Wittgenstein les Mathématiques et le Monde Réel. Paris: Les Eds. Minuit, 1988. Collection Critique.

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La invención de la necesidad (Reseña) - Magdalena Pradilla Rueda

---. Le Philosophe et le Réel. Entretiens avec Jean-Jacques Rosat. Paris: Hachette Littératures, 1998. Chauviré, Christiane. Ludwig Wittgenstein. Paris: Seuil, 1989. Marion, Mathieu. Ludwig Wittgenstein: Introduction au “Tractatus LogicoPhilosophicus”. Paris: PUF, 2004. Wittgenstein, Ludwig. Grammaire Philosophique. Edition posthume dûe aux soins de Rush Rhees. Traduit de l’allemand et présenté par Marie-Anne Lescourrent. Paris: Gallimard 1980. ---. Remarques sur les Fondements des Mathématiques. Paris: Gallimard, 1983. ---.Tractatus Logico-Philosophicus, trad. de G.G. Granger. Paris: Gallimard, 1993 Wright, Crispin. Wittgenstein on the Foundations of Mathematics. Londres: Duckworth, 1980.

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Información para los autores

La Revista Colombiana de Filosofía de la Ciencia es una publicación académica dedicada a la filosofía de la ciencia y a sus campos afines (lógica, epistemología, ciencias cognitivas, filosofía de la tecnología, filosofía del lenguaje) y, en general, a los temas y problemas que ponen en diálogo a las ciencias con la filosofía. En ocasiones se editan números monográficos sobre autores o temas puntuales. La revista recibe contribuciones en forma de artículos originales y reseñas de libros en español, portugués, francés e inglés. Las colaboraciones aceptadas serán publicadas en riguroso orden de aceptación, salvo en el caso de los números monográficos. Todas las colaboraciones serán evaluadas por un árbitro de manera anónima y el autor recibirá una respuesta en un lapso no mayor a 60 días. Se entiende que los autores autorizan a la revista la publicación de los textos aceptados en formato impreso y digital. Todas las contribuciones han de ser enviadas en formato doc, docx, o rtf por correo electrónico a la dirección revistafilosofiaciencia@unbosque.edu.co, y han de cumplir con las siguientes condiciones:

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Vol. X ∙ No. 20 - 21 • 2010 • ISSN 0124 - 4620

Contenido Présentation Adelino Braz

ISSN 0124 - 4620

Revista Colombiana de

FILOSOFÍA DE LA CIENCIA

Presentación Adelino Braz

FILOSOFÍA DE LA CIENCIA

Vol. X ∙ No. 20 - 21 • 2010 • ISSN 0124 - 4620

Editorial Magdalena Pradilla Rueda Aux sources de la théorie de l’enquête : la logique de l´abduction en Peirce Christiane Chauviré Acerca de los orígenes de la teoría de la investigación: la lógica de la abducción en Peirce Christiane Chauviré Indexicalité et assertion chez Peirce Christiane Chauviré Indexicalidad y aserción en Peirce Christiane Chauviré Carnap et les elements visant le developpement d’une ontologie a partir des machines logiques Magdalena Pradilla Rueda

Revista Colombiana de Filosofìa de la Ciencia

Éditorial Magdalena Pradilla Rueda

Carnap y los elementos para desarrollar una ontología desde las máquinas lógicas Magdalena Pradilla Rueda Les mirages de l’introspection : Wittgenstein critique de James Christiane Chauviré Los espejismos de la introspección: Wittgenstein critico de James Christiane Chauviré De la langue a l’informatique : contraintes linguistiques en vue d’une recherche de connaissances Jacques Rouault De la lengua a la informática: dificultades lingüísticas en vista de una investigación de conocimientos Jacques Rouault L’invention de la necessité (Note) Magdalena Pradilla Rueda La invencion de la necesidad (Reseña) Magdalena Pradilla Rueda

http://www.uelbosque.edu.co/ Vol. X ∙ No. 20 - 21 • 2010

Por una Cultura de la Vida, su Calidad y su Sentido

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