fc tout l’U L E M A G A Z I N E D E L ’ U N I V E R S I T É D E F R A N C H E - C O M T É / a v r i l 2 010 / n u m é r o 14 4
Depuis que l’homme est passé du statut de prédateur à celui de producteur, la domestication de la nature a contribué inexorablement à façonner l’environnement.
Photo : Georges Pannetton
Édito Sommaire Edito
page 2
Insertion professionnelle page 3 International
page 4
Formation
page 6
Dossier :
page 7
Pollution : Que faire ? Débat
page 24
Culture
page 26
Agenda
page 27
Tout l'Ufc - avril 2010 - N°144
Tout l’Ufc o
n 144
Direction de la Communication Université de Franche-Comté 1 rue Goudimel 25030 Besançon Cedex communication@univ-fcomte.fr www.univ-fcomte.fr
Directeur de la publication : Claude Condé, Président de l’Université Vice-Président chargé de la communication : Daniel Sechter Directrice de la Communication : Maryse Graner Rédaction : Delphine Gosset Tél. 03 81 66 58 87
Photographies : Ludovic Godard Tél. 03 81 66 58 95
L'utilisation des milieux naturels et des espèces vivantes s'est accompagnée de profondes modifications des systèmes écologiques qui se sont progressivement artificialisés pour être adaptés aux besoins multiples de sociétés variées. Si, parfois, cette artificialisation a pu être bénéfique, les conséquences sont souvent néfastes pour l’environnement comme pour la santé humaine. Les modifications induites par les activités humaines conduisent à la transformation, l'appauvrissement ou la destruction des milieux. Elles affectent durablement les sols, l’eau, l’air, les systèmes écologiques et les communautés. L’accroissement exponentiel de la population de la planète aggrave encore l’impact de ces pollutions dont il faut saisir les origines,
comprendre les mécanismes de diffusion et les effets, pour mieux les limiter et à terme peutêtre les contrôler. A l'Université de Franche-Comté, les chercheurs dont les travaux concernent la pollution de l'air, de l'eau ou du sol, sont nombreux. A l'institut UTINAM, par exemple, on améliore une méthode d'analyse de gaz : la spectroscopie, pour mieux repérer certains polluants atmosphériques. On développe aussi des capteurs capables de les détecter, même en quantité infime. Au laboratoire Chronoenvironnement, on étudie la façon dont les polluants transitent d'un compartiment environnemental à l'autre et vont jusqu'à s'accumuler dans les organismes vivants. Les applications des travaux menés au sein de l'institut FEMTO-ST, dans le domaine de l'énergie, aboutiront à des moyens de transport plus propres. Dans plusieurs laboratoires franc-comtois, on s'ingénie à trouver de nouvelles méthodes efficaces pour éradiquer la pollution. Parmi les formations proposées à l'Université, nombreuses sont celles dont le contenu est en lien avec des thématiques environnementales, tous champs disciplinaires confondus. Ces formations débouchent sur une vaste palette de métiers. Dans ce numéro, le dossier thématique, intitulé « Pollution : Que faire ? », donne un petit aperçu de la diversité des démarches engagées pour la résolution de ce vaste problème.
Contact : Hervé Richard Directeur de l'unité mixte de recherche (CNRS/UFC) 6249 Chrono-environnement Tél. 03 81 66 64 43 herve.richard@univ-fcomte.fr
Conception graphique : Noir sur Blanc
Pour consulter la liste des formations liées à l'environnement proposées à l'UFC :
Impression : Imprimerie Simon (5 500 ex.) / ISSN 1166 7672
http://formations.univ-fcomte.fr
Diffusion : Olivia Cœurdevey / Corinne Busi Tél. 03 81 66 58 86 / 58 09
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INSERTION PROFESSIONNELLEtoutl’Ufc
À la demande du Bureau d'aide à l'insertion professionnelle (BAIP), les étudiants du DUT SRC ont filmé le devenir d'anciens diplômés de l'Université de Franche-Comté. Le département Services et réseaux de communications de l'IUT de BelfortMontbéliard forme les étudiants aux métiers du web. Ils apprennent notamment à créer des vidéos de qualité adaptées à une diffusion sur internet. Cette année, ils ont répondu à une commande du Bureau d'aide à l'insertion professionnelle (BAIP). Celui-ci leur a confié la réalisation de films axés sur les métiers d'anciens étudiants de l'Université de FrancheComté. Les étudiants avaient carte blanche pour le contenu et le style de ces vidéoportraits, à condition d'aborder à la fois le cursus, la carrière et l'univers personnel de ces anciens. « Ils ont pu mener les interviews en fonction de leurs propres interrogations sur leur avenir professionnel », explique Hélène Caire, du BAIP. Elle a préparé une liste de diplômés de l'UFC, toutes filières universitaires confondues. Chaque petit groupe s'est organisé pour le tournage : prise de contact, écriture du scénario, du storyboard, obtention des autorisations de filmer sur les lieux de travail, préparation du matériel requis, etc. Certains groupes se sont déplacés à Paris, Amiens, Chambéry ou encore Lyon. Mathilde Seibel et Adeline Berdin expliquent : « Avant d'arriver à Paris, on n'avait aucune idée du lieu dans lequel on allait filmer ni des problèmes techniques qui risquaient
Sébastien Augier, qui enseigne la vidéo en DUT SRC, a assuré l'encadrement du projet.
de se poser, mais tout s'est bien passé. » Une fois le tournage achevé, seule la moitié du travail était accomplie. Il a ensuite fallu visionner les rushes1, s'atteler au montage, puis à la post-production2. « Pas évident de trier dans deux heures de rushes pour ne conserver qu'une minute trente ! » remarquent Mathieu Lance, Damien Girod et Romain Bourgeois. Ils ont rencontré un ancien de l'UFR STAPS devenu éducateur sportif. Ils racontent : « C'est un passionné de hip-hop. Il nous a invités à une soirée où on l'a filmé en train de danser. Avec ces séquences, on a pu rythmer la vidéo et montrer des aspects plus personnels. » Ces petits films, très soignés, peuvent être visionnés en ligne sur le site de l'Université. « Ce projet montre que finalement, les parcours atypiques sont assez courants. L'une des vidéos illustre l'exemple d'une ancienne étudiante des STAPS, qui apprécie son métier de contrôleur des douanes », remarque Hélène Caire. 1 Les rushes sont les documents bruts originaux produits au tournage issus de la caméra. 2 C'est l'étape de finalisation d'un film, pendant laquelle on ajuste tous les éléments (couleurs, bruitages, etc.).
Contact : Hélène Caire BAIP Tél. 03 81 66 58 49 helene.caire@univ-fcomte.fr Sébastien Augier Département SRC IUT de Belfort-Montbéliard sebastien.augier@univ-fcomte.fr
Les étudiants en deuxième année de DUT SRC (de gauche à droite) : Mathilde Seibel, Adeline Berdin, Mathieu Lance, Damien Girod, Romain Bourgeois et Florian Bachelu
http://www.univ-fcomte.fr/ Rubrique stages - emploi
UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ
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Photos : Christophe Ramseyer
INTERNATIONALtoutl’Ufc
Bourses Victor Hugo L'Université de Franche-Comté a décidé d'octroyer des bourses à des étudiants latino-américains motivés pour venir étudier en France pendant un an.
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UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ
leur seront offerts. La bourse inclut également le montant des frais d'inscription, ainsi que deux mois de formation préalable au français au Centre de linguistique appliquée (CLA). L'Université de Franche-Comté va débloquer, sur son budget propre, une dizaine de bourses. S'y ajouteront deux bourses financées par la Ville de Besançon. Contact : Rudy Chaulet Vice-président Délégué aux relations internationales et à la francophonie Tél. 03 81 66 52 51 / 51 80 / 50 64 rudy.chaulet@univ-fcomte.fr DGRIF Délégation générale aux relations internationales et à la francophonie Bâtiment du CLA 6 rue Plançon 25030 Besançon cedex dri@univ-fcomte.fr
Un labo Oeuvre de l'artiste Oussmane Sow
« En Amérique du Sud, il y a, chez les étudiants, une réelle demande d'alternative européenne au départ vers les États-Unis. Si les universités espagnoles semblent un choix évident pour des raisons linguistiques, la France conserve une image de marque très positive » explique Rudy Chaulet, vice-président délégué aux relations internationales et à la francophonie à l'Université de FrancheComté (UFC). Les étudiants en provenance du continent américain restent rares à l'UFC. Ils ne représentaient l'année dernière que 5,6 % des 2232 inscrits. L'Université attire plutôt des étudiants venus d'Afrique (48 %), d'Asie (25 %) et enfin d'Europe (21%). C'est pour susciter aussi l'intérêt des jeunes latino-américains que l'UFC a créé des aides financières qu'elle a baptisées du nom d'une grande figure bisontine très célèbre en Amérique du sud : Victor Hugo. Ces bourses sont destinées aux étudiants de master et de doctorat, toutes filières confondues. Elles seront attribuées selon des critères d'excellence académique. « Nous prendrons aussi en compte la situation sociale de l'étudiant et la cohérence de son projet avec l'offre de formation et l'activité de recherche de l'Université de Franche-Comté » précise Rudy Chaulet. Ces bourses consistent en une prise en charge pendant un an, à commencer par le gîte et le couvert. Les étudiants boursiers seront logés gratuitement dans une chambre rénovée au CROUS et tous leurs repas dans les restaurants universitaires
Seules quelques nations ont les moyens matériels d'une recherche de pointe. Un laboratoire virtuel va permettre aux jeunes chercheurs étrangers, formés par l'Université de FrancheComté, de poursuivre leurs travaux dans leur pays d'origine et d'encadrer à leur tour des étudiants. Si les étudiants français ont tendance à délaisser les filières scientifiques, c'est loin d'être le cas des étudiants étrangers. Ils sont de plus en plus nombreux à s'inscrire en master ou en doctorat à l'Université de Franche-Comté (UFC). Cependant, ceux qui retournent travailler dans leur pays à l'issue de leur thèse n'y trouvent pas toujours les conditions matérielles nécessaires à la poursuite de leurs travaux. Or, dans beaucoup de disciplines scientifiques comme la chimie ou la physique, la recherche fait de plus en plus appel à des modélisations numériques. L'Université s'est justement dotée récemment d'une puissance de calcul considérable avec le Mésocentre de Franche-Comté1. Moyennant un minimum d'équipements informatiques et une connexion internet
INTERNATIONALtoutl’Ufc
ratoire virtuel fiable, celle-ci peut être utilisée depuis n'importe quel point de la planète. Le concept de laboratoire virtuel repose sur cette idée. « Il s'agit de mutualiser notre force de calcul et notre bibliographie numérique en construisant un réseau de recherche international », explique Christophe Ramseyer, coordinateur du projet. Ce laboratoire virtuel associera, à terme, les universités de Franche-Comté, de Wroclaw (Pologne), de Naresuan (Thaïlande), de Monastir (Tunisie) et de Djibouti, autour de thématiques propices au développement économique de chaque pays. Les recherches menées par exemple à Djibouti auront des applications dans les domaines du traitement de l'eau, de l'utilisation de l'énergie solaire et de l'exploitation du sol. L'idée originelle a germé il y a quatre ans entre l'Université de Franche-Comté (UFC) et la République de Djibouti. L'UFC y est présente depuis treize ans, à travers les activités de son Centre de téléenseignement universitaire (CTU). A l'époque, le pays n'avait pas d'établissement d'enseignement supérieur. C'est un partenariat construit de façon conjointe avec quatre universités françaises, dont l'UFC, qui a abouti à la création progressive de l'Université de Djibouti (UD) en janvier 2006. Celle-ci compte environ 2 700 étudiants.
Actuellement, les cursus proposés dans toutes les disciplines s'arrêtent au niveau licence. L'UD envoie une partie de ses meilleurs étudiants poursuivre leurs études en Franche-Comté. C'est un chercheur de l'UFC qui a encadré la première thèse de doctorat de l'Université de Djibouti2. Celle-ci a été soutenue par Ramadan Ali le 10 janvier dernier. Claude Condé, président de l'UFC, a participé au jury de cette thèse, manifestant ainsi son soutien à la poursuite du partenariat entre les deux universités3. Ramadan Ali est enseignant à l'UD, où il assure également la coordination des filières scientifiques. Il va pouvoir poursuivre ses travaux et encadrer à son tour des étudiants grâce au laboratoire virtuel, qui permet notamment l'organisation de travaux pratiques numériques.
Le campus de l'Université de Djibouti
Cette situation va favoriser le développement de filières de second et troisième cycle à Djibouti. « Un master axé sur la modélisation numérique pour la physique pourrait être créé en co-diplomation avec l'UFC », annonce Christophe Ramseyer. 1 Le Mésocentre de calcul de Franche-Comté est un centre de calcul incluant des moyens matériels, logiciels et humains. Il dispose de moyens informatiques conséquents et notamment d'un cluster qui a une capacité de l'ordre de 5 terraflops (5 mille milliards d'opérations par seconde). Il a été inauguré le 1er mars 2010. 2 Il s'agit d'une thèse en physique, dans le domaine des nanosciences, encadrée par Christophe Ramseyer qui est également enseignant-chercheur à l'institut Utinam. 3 Parallélement au projet de laboratoire virtuel, le partenariat de recherche en géographie déjà établi entre le laboratoire ThéMA de l'UFC et l'UD va être élargi.
Contact : Christophe Ramseyer Coordinateur du projet de laboratoire virtuel Tél. 03 81 66 64 82 christophe.ramseyer@univ-fcomte.fr
De gauche à droite : Abdillahi Omar Bouh, Président de l'Université de Djibouti, Abdi Ibrahim Absieh, Ministre de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur de la République de Djibouti, Claude Condé, PrésidentU Nde l'UFC, IVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ et Ronan Chabauty, ancien Directeur du CTU.
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FORMATIONtoutl’Ufc
Les musicologues se donnent en spectacle
Les étudiants de la section musicologie montent un opéra baroque et une tragédie antique sous la houlette de professionnels du spectacle. « Notre projet pédagogique inclut deux spectacles qui mêlent danse, théâtre et musique. C'est l'occasion d'articuler la pratique avec des enseignements théoriques comme l'histoire de la musique, l'esthétique ou même l'initiation à la recherche », explique Géraldine Gaudefroy-Demombynes, responsable de la licence Musicologie à l'UFR SLHS1. Pour préparer leur spectacle, les étudiants analysent des textes et des partitions anciennes. Ils étudient le style, les techniques instrumentales, la gestique ou encore la diction de l'époque, pour les restituer le plus fidèlement possible lors des représentations. Les étudiants de deuxième année ont constitué un orchestre de chambre pour monter l'opéra baroque de Campra intitulé : Les fêtes vénitiennes. Aymeric Baur, l'un d'entre eux, est guitariste. Il raconte : « J'ai dû changer mes habitudes pour adapter mon jeu au style baroque car au conservatoire, on apprend plutôt la musique romantique. » Les étudiants de troisième année de licence préparent, sous la direction de François Cam, musicologue et helléniste2, une tragédie grecque : l'Orestie d'Eschyle. Pour l'occasion, ils se sont initiés au grec ancien. La pièce comporte également des passages en français, dans une traduction qui reproduit la rythmique de la langue antique. L'auteur de cette traduction, Philippe Brunet, professeur de grec à l'Université de Rouen et directeur du Théâtre Démodocos3, met en scène l'Orestie. Il dirige des étudiants de trois universités : celle de Franche-Comté, celle de Rouen et celle de Paris IV-Sorbonne pour les faire jouer ensemble lors des représentations. 6
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Programme Celles-ci ont commencé fin mars, à Paris, dans le cadre d'un festival professionnel : Les Dyonisies. C'est Jean Pétrement, directeur du théâtre Bacchus, qui assure la mise en scène des Fêtes vénitiennes. Les étudiants travaillent également avec un chef de choeur : Jean-Michel Montornes, et une chorégraphe : Christine De Plas, de l'association Muse et danse. A travers ces deux projets, les étudiants peuvent observer les métiers du monde du spectacle, en intégrer les réseaux et éventuellement y rencontrer des opportunités de stage ou d'emploi. Emilie Dietsch, par exemple, a été embauchée comme comédienne au Théâtre Bacchus suite à sa prestation dans une pièce donnée par la section musicologie il y a deux ans4. Elle poursuit ses études à l'UFR SLHS en master Théâtres et cultures du monde et coordonne le projet des Fêtes vénitiennes dans le cadre d'un contrat emploi étudiant de l'UFC. Elle déclare : « Je fais le lien entre les étudiants et les professionnels, je contacte les institutions et les salles de spectacle pour trouver les dates... » Ces projets de la section Musicologie ont obtenu un financement Bonus qualité formation et le soutien du Pôle arts de l'UFC. Géraldine Gaudefroy-Demombynes déclare : « Ces spectacles sont l'occasion de casser une représentation du corps socio-professionnel qui mettrait le savoir d'un côté, la technique de l'autre ». Aymeric Baur ajoute : « C'est pour beaucoup d'entre nous la première occasion de monter sur scène. »
Avant-première 19 mai : Fêtes vénitiennes & extraits de l'Orestie À 17 h au Grand salon de l'UFR SLHS rue Mégevand (Besançon) Du 22 au 24 mai Fêtes vénitiennes FIMU - Salle Granit (Belfort) Du 26 au 29 mai Fêtes vénitiennes & Orestie Cour Granvelle (Besançon)
1 UFR Sciences du langage, de l'homme et de la société 2 François Cam est chargé de cours à l'UFC et à l'Université Paris IV-Sorbonne 3 Cette compagnie de Théâtre est spécialisée dans le théâtre antique 4 Il s'agit de Monsieur de Pourceaugnac, comédie-ballet en trois actes de Molière et Lully. La section Musicologie a également donné l'année dernière Les Amours de Ragonde, une comédie-lyrique de JeanJoseph Mouret. Chaque fois le spectacle est filmé et donne lieu à la production d'un DVD.
Contact : Géraldine Gaudefroy-Demombynes Responsable de la section musicologie UFR SLHS geraldine.gaudefroy-demombynes @univ-fcomte.fr http://musicologie.univ-fcomte.fr Emilie Dietsch, étudiante en master Théâtre et cultures du monde, coordonne le projet des Fêtes vénitiennes. C'est une autre étudiante de ce master, Audrey Briffault, qui coordonne celui de l'Orestie.
LE DOSSIERtoutl’Ufc
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Certains composés interdits depuis des années sont encore présents dans la nature. C'est le cas du pyralène, un polluant organique de la famille des PCB. La consommation de poissons pêchés dans le Doubs et dans ses affluents a été interdite en septembre dernier à cause de cette substance qui est toxique, même à des doses extrêmement faibles.
LE DOSSIERtoutl’Ufc
Les polluants sont multiples. Des métaux comme le nickel, le cuivre, le mercure, le cadmium, l'étain ou encore le zinc deviennent, au delà d'un certain seuil, toxiques pour les organismes biologiques qui les absorbent. Des composés de nature organique1, comme les chlorophénols, les polychlorobiphényles (PCB) et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), peuvent aussi s'avérer dangereux. Les résidus médicamenteux (antibiotiques, hormones...) posent également problème, au même titre que certaines molécules de synthèse (phtalates, bisphénol...), de création relativement récente, dont on ignore parfois les effets à long terme. Beaucoup de polluants, comme le benzène ou le tétrachlorure de carbone, ont été interdits. On continue néanmoins à subir les conséquences de contaminations qui ont eu lieu il y a une cinquantaine d'années, quand les contraintes réglementaires étaient plus lâches. On retrouve encore du mercure et du cadmium dans la nature, alors qu'ils sont bannis depuis des années. S'il est difficile d'éliminer ces polluants, des technologies existent. Elles sont plus ou moins efficaces et agissent sur des gammes de substances plus ou moins larges. Leur coût énergétique et financier est souvent l'élément qui détermine leur choix. 1 Les composés organiques sont des molécules de synthèse à base de carbone issues de ressources pétrolières.
Mélange Toxique Tous les produits chimiques à usage domestique ou industriel (détergents, insecticides, herbicides, etc.) passent des tests de toxicité avant de recevoir leur autorisation de mise sur le marché. Ces produits sont toujours la combinaison de plusieurs substances, parfois très nombreuses, auxquels s'ajoutent différents solvants et additifs destinés à améliorer l'efficacité du mélange. Or, la toxicité de ces mélanges est calculée d'après des tests réalisés séparément sur les différents principes actifs. Les chercheurs du laboratoire Chrono-environnement ont montré qu'elle est en réalité trois à quarante fois supérieure à celle que l'on calcule.
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Le voyage des polluants Les polluants qui se déposent au niveau du sol, des eaux ou du couvert végétal se transfèrent ensuite dans les organismes biologiques où ils s'accumulent. Au laboratoire Chrono-environnement, on étudie la façon dont des contaminants de toutes sortes : métaux, hydrocarbures ou même éléments radioactifs, transitent d'un milieu à l'autre. Par exemple, Annette De Vaufleury, Renaud Scheifler et leurs collègues mènent des recherches sur la pollution métallique et son impact environnemental. Ils travaillent sur le site industriel abandonné de Métaleurope Nord, dans le Pas-de-Calais. Philippe Binet, Geneviève Chiapusio et Nadine Bernard s'intéressent à l'absorption, par les végétaux, des hydrocarbures que les gaz d'échappement rejettent dans l'atmosphère. Badr Alaoui-Sossé, Laurence Alaoui-Sossé et Mohammed Ben Brahim étudient l’impact des épandages de boues de stations d'épuration en milieu forestier. D'autres chercheurs : Patrick Giraudoux, Francis Raoul et Michael Coeurdassier retracent le parcours de certains produits chimiques comme les rodenticides. Leur utilisation pour limiter les pullulations de campagnols a eu des retentissements sur les écosystèmes et sur la santé humaine.
Pollution : que faire ?
Eaux troubles
Photo : Georges Pannetton
Les chercheurs utilisent notamment des escargots comme modèle d'étude des transferts de polluants.
Contact : Laboratoire Chrono-environnement UMR 6249 Tél. 03 81 66 62 55 chrono-env@univ-fcomte.fr http://chrono-environnement.univ-fcomte.fr
Cette expérience en laboratoire permet d'étudier la façon dont les végétaux absorbent les hydrocarbures présents dans l'air.
Des échantillons de la majorité des eaux de consommation du Doubs transitent par le Laboratoire de chimie des eaux (LCE) du SERAC1. Ce service commun de l'Université de Franche-Comté les analyse pour le compte des collectivités locales et de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DASS) et vérifie leur potabilité2. Eric Cavalli, directeur du SERAC, précise : « Une eau potable, c'est simplement une eau dont les caractéristiques, limites et références qualité respectent un ensemble de valeurs définies par un arrêté ministériel3». Le LCE analyse également les eaux de rejet domestiques pour le compte du Service d'assistance technique des stations d'épuration (SATESE), ainsi que des eaux industrielles pour la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL). A la demande de laboratoires et de bureaux d'études environnementaux, il détecte des substances spécifiques dans des eaux de rivières mais aussi dans des sols, des boues, des sédiments, des roches, des plantes, des tissus animaux et même des matériaux industriels.
« On ne trouve que ce que l'on recherche » précise Eric Cavalli. Il explique : « On ne mesure pas la teneur en antibiotiques ou en paraben des eaux rejetées par les stations d'épuration. Cela ne signifie pas qu'elle n'en contiennent pas. » Grâce à la démarche qualité qu'il a mise en place, le LCE a obtenu une accréditation du COFRAC qui lui a valu l'agrément des ministères de l'écologie et du développement durable, ainsi que de celui de la santé, pour réaliser ses analyses. Au sein du SERAC, l'unité technique Mario est également accréditée pour mesurer la radioactivité des eaux. 1 Service commun de ressources analytiques et de caractérisation 2 La partie bactériologique des analyses est confiée au laboratoire de l'hôpital. 3 Il s'agit de l'arrêté du 11 janvier 2007.
Contact : Eric Cavalli SERAC 16 Route de Gray 25030 Besançon Cedex Tél. 03 81 66 60 85 lce@univ-fcomte.fr
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LE DOSSIERtoutl’Ufc On fait vivre de petites crevettes d'eau douce pendant plusieurs jours dans de l'eau brute ou traitée selon différentes méthodes de dépollution, et on mesure leur activité pour évaluer leur état de santé. Cela permet d'évaluer l'efficacité chimique des bioprocédés et le gain qu'ils représentent pour l'environnement.
Gregorio Crini, ingénieur d'études à l'unité mixte de recherche Chrono-environnement, tient un flacon contenant une farine à base de résidus agro-alimentaires mise au point pour le traitement des eaux usées industrielles et urbaines.
Moins d’impact Au laboratoire chronoenvironnement, on évalue l’impact environnemental des eaux usées et on cherche à le limiter en mettant au point des bioprocédés.
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UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ
Les industriels doivent traiter leurs eaux usées avant de les rejeter dans les rivières. Pour cela, chacun fait appel à une combinaison de méthodes adaptée à son cas. Le procédé physico-chimique est le plus courant et le plus économique. Il consiste à ajouter certains produits chimiques (des floculants), aux eaux usées de sorte que les polluants préalablement dissous dans l'eau prennent une forme solide. Il suffit ensuite de les filtrer1. Cependant, les substances de synthèse utilisées pour décontaminer peuvent elles-mêmes avoir un impact négatif sur les cours d'eau. La méthode la plus efficace, mais aussi la plus coûteuse, est l'adsorption2 sur charbon actif. Ce matériau est capable d'attirer et de fixer une large gamme de polluants, mais seules les grandes entreprises ont les moyens de l'utiliser3.
Remplacer le charbon par des farines « On peut tendre vers le rejet zéro, mais le coût est trop important pour les petites structures industrielles » explique Grégorio Crini, ingénieur d'études au laboratoire Chrono-environnement. Il recherche des procédés écologiques capables de remplacer le charbon actif et les floculants de synthèse, à moindre coût, pour une efficacité au moins équivalente. « Il s'agit surtout de mettre au point une méthode plus respectueuse de l'environnement et de notre santé » déclare-t-il. L'idée est de travailler à partir de dérivés de produits végétaux ou animaux impropres à la consommation comme la farine d'amidon, le chitosane et la chitine4. Toutes ces substances ont un fort potentiel d'attraction des polluants. Comme il s'agit, en quelque sorte, de sucres, elles sont biodégradables et leur rejet dans l'environnement ne pose aucun problème de toxicité. Testés sur des eaux industrielles, ces bioproduits s’avèrent capables de porter leur teneur en polluants bien en deçà des seuils de rejet imposés par la réglementation.
Pollution : que faire ?
À la suite d’une demande de l’Agence de l’eau, l’entreprise Électrolyse, dirigée par les moines de l’Abbaye d’Acey, a pris contact avec le laboratoire Chrono-environnement pour bénéficier de son savoir-faire. Plusieurs étudiants du laboratoire participent à différentes études pour l'amélioration des procédés de dépollution. Ici Giuseppe Trunfio, post-doctorant venu de l'université de Messine (Italie), à côté de frère Albert, directeur de l'entreprise, en train d'examiner le résultat d'une étape de traitement.
Une recette à base de crevettes et de graines de salade Pour évaluer l'efficacité et l'impact environnemental des différentes méthodes de traitement, les chercheurs du laboratoire chrono-environnement utilisent des indicateurs biologiques. Ils alimentent des graines de salade avec des eaux nettoyées par différents procédés et comparent leur germination et leur croissance. « L'eau nettoyée grâce aux bioproduits que nous avons mis au point n'altère pas le développement des végétaux, contrairement aux effluents traités par des procédés classiques. Pourtant ceux-ci sont conformes à la réglementation », affirme Bertrand Sancey, qui prépare son doctorat dans ce laboratoire. Jérémy Charles, un autre doctorant, étudie de petites crevettes d'eau douce très sensibles à la contamination : les gammares. Ces crustacés sont très mobiles. « En mesurant leur activité dans différentes eaux, on peut jauger leur état de santé » explique-t-il. Placées dans des pièges dans une rivière en amont et en aval d'une entreprise, ces gammares permettent d'évaluer l'effet des rejets industriels.
Aller en dessous des normes « Techniquement, il est possible de réduire au maximum l'impact environnemental d'une entreprise pour un coût acceptable » affirme Grégorio Crini. Pour le prouver, le laboratoire Chrono-environnement s'est tourné vers les industriels. Il aide plusieurs entreprises de la région à évaluer l'effet de leurs activités sur les rivières et à optimiser leurs méthodes de dépollution. Il collabore ainsi avec la papetterie de Novillars (Doubs), ainsi qu'avec plusieurs filières de traitement de surface : Zindel (Doubs), Silac (Haute-Saône) et Électrolyse de l’Abbaye d’Acey (Jura). Toutes ces entreprises respectent déjà la réglementation, mais elles doivent se préparer, dans le cadre de la loi sur l'eau, à répondre à des normes encore plus strictes d'ici 2015.
1 Ces résidus solides issus de la filtration sont appelés des boues physicochimiques et sont placées en centre d'enfouissement contrôlé. On peut éventuellement les brûler pour récupérer les métaux « précieux ». 2 On parle d’adsorption (et non d’absorption) quand des molécules présentes dans un gaz ou dans un liquide se fixent sur une surface solide. 3 Il existe aussi des traitements biologiques, comme le lagunage, qui font appel à des bactéries. Ils sont cependant lents, dépendants des conditions climatiques et nécessitent tout de même une étape de traitement physico-chimique préalable. 4 La chitine est extraite de la carapace de crevettes, de calamars ou de crabes.
Contact : Grégorio Crini Laboratoire Chrono-environnement UMR 6249 CNRS Tél. 03 81 66 57 01 gregorio.crini@univ-fcomte.fr UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ
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Master quest
LE DOSSIERtoutl’Ufc
Au premier plan, Aurélie Zeller, étudiante en première année de master QuEST, à l'arrière plan, Bertrant Sancey, doctorant au laboratoire Chrono-environnement, tous deux en train de travailler dans le laboratoire de l'entreprise Électrolyse. 12
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oli Andre : Alex Photo
Pollution : que faire ?
Pour ceux qui veulent faire de la qualité de l'eau leur métier, le master QuEST offre à la fois de grandes compétences techniques et une compréhension globale de la sensibilité des systèmes aquatiques vis à vis des actions humaines. Ils ont des cursus assez divers : biologie, écologie, chimie, mais aussi environnement industriel ou encore aménagement du territoire. En deuxième année, les étudiants ont le choix entre deux options. Celle qui s’intitule « Analyses, gestion et aménagements des systèmes aquatiques et de leur bassins versants », forme des ingénieurs écologues capables de diagnostiquer la qualité des cours d'eaux. Ils travaillent dans des bureaux d'études ou dans des organismes publics et parapublics comme la DIREN3, l'Agence de l'eau ou encore l'ADEME4. « Nos étudiants ont la compétence technique pour orchestrer des actions de préservation de la qualité de l’eau. Ils peuvent aussi mener des études d'impact pour des industriels qui s'installent à proximité d’une rivière », affirme Pierre-Marie Badot. Ceux qui choisissent l'option « Procédés de traitement et dépollution » apprennent à extraire et éliminer les contaminants des eaux urbaines ou industrielles, des sols et des sédiments. Ils savent faire fonctionner et contrôler les installations dédiées. Ils sont non seulement capables de mettre en place ces procédés, mais aussi de les adapter au milieu qui reçoit les eaux usées. François de Giorgi, hydrobiologiste et professeur associé au master QuEST, déclare : « Trop souvent les gestionnaires raisonnent en termes de dilution et de seuils tolérables sans se préoccuper de la pérennité des systèmes pollués. Nos diplômés, au contraire, savent évaluer, à court mais surtout à moyen et long terme, l'impact des contaminations. »
1 Le bassin versant est une portion de territoire dont les eaux alimentent toutes le même cours d'eau. 2 La pédologie est la science des sols. 3 Direction régionale de l'environnement. 4 Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie.
Romain Lointier et Aurélie Zeller sont étudiants en première année de master QuEST.
Contact : Pierre-Marie Badot Responsable du master Sciences environnementales, spécialité QuEST UFR Sciences et techniques Tél. 03 81 66 57 09 master.quest@univ-fcomte.fr
Photo : Claude Nardin
Le master Sciences environnementales, spécialité Qualité des eaux, des sols et traitements (QuEST), est une formation professionalisante. On y apprend à préserver les systèmes aquatiques et à restaurer des sites contaminés. « Il faut une vision globale pour appréhender le problème de la pollution. On ne peut pas se contenter d’analyser ce qui se passe en bordure des cours d’eau. Les étudiants doivent travailler à l’échelle du bassin versant1. Ils apprennent à réaliser des prélèvements et à les analyser pour déterminer, en fonction de la nature du sol, de la pente, de la couverture végétale et de nombreux autres paramètres, les mécanismes de transferts potentiels de polluants. C'est pourquoi les enseignements sont interdisciplinaires et comportent de la géologie, de l'hydrologie, de l'écologie, de la chimie, de la pédologie,… », explique Pierre-Marie Badot, responsable du master QuEST. En première année, ce master propose trois parcours : Sciences de la vie et de la terre, Biologie environnementale et Écosystèmes et environnement. Les étudiants ont, dès lors, l'occasion de se confronter à des situations réelles. Romain Lointier et Aurélie Zeller, par exemple, se rendent régulièrement sur le site de l’entreprise Électrolyse, à Vitreux (Jura). Ils collaborent avec les chimistes de l'entreprise. Dès leur première année, ils sont capables d'apporter un savoir-faire. « Nous essayons d'améliorer les différentes étapes de la dépollution des eaux usées. Nous en sommes à la phase d'évaluation », raconte Aurélie Zeller. Elle a quitté Stasbourg, sa licence en poche, pour suivre cette formation à Besançon. Romain Lointier lui, vient de Lyon. Les postulants au master QuEST sont issus de toute la France.
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Laver le sol A l'institut Utinam, les chercheurs de l'équipe de Nicolas Fatin-Rouge ont breveté une nouvelle méthode de lavage des sols. Ce procédé d'assainissement écologique et économique permet de traiter simultanément plusieurs types de polluants. Quand un sol est contaminé, les polluants risquent d'être absorbés par des organismes vivants, ou d'être entraînés par les eaux de ruissellement dans la nappe phréatique. La solution la plus rapide consiste à excaver la terre pour la placer ensuite dans une décharge. Cependant les centres de stockage sont saturés et coûteux. On peut aussi confiner les polluants en vitrifiant le sol, mais on empêche alors toute activité biologique. Certains traitements chimiques, comme le lavage acide, laissent eux-mêmes des traces dans l'environnement. Des méthodes plus écologiques, mais plus lentes, reposent sur l'utilisation de microorganismes comme des bactéries ou des champignons qui fixent et dégradent des polluants organiques. Chaque technique a ses inconvénients. Certaines sont très coûteuses, ou elles-mêmes sources de pollution secondaire. Beaucoup n'agissent que sur une famille de contaminants. C'est pourquoi des chercheurs de l'institut Utinam : Nicolas FatinRouge et Jacques Persello, avec l'aide de plusieurs étudiants1 ont cherché à élaborer une nouvelle méthode de lavage des sols qui soit à la fois économique, rapide et efficace. Après avoir placé une barrière imperméable sous la terre contaminée2, on l'arrose avec de l'eau additionnée d'un ligand. Il s'agit d'une petite
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molécule non toxique qui, en se liant aux polluants, les rend solubles. Cela permet de transférer dans l'eau les polluants qui étaient présents dans le sol. Le liquide est ensuite pompé pour être traité. On le fait d'abord perler à travers une couche d'huile de colza, qui piège les polluants organiques. Le liquide passe ensuite dans un bain additionné de billes de silice en suspension qui vont fixer les métaux. Chaque fois, la réaction chimique sépare le polluant de l'eau et du ligand, permettant leur réutilisation dans le processus de traitement. Pour récupérer le métal et le séparer de la silice, on utilise une méthode d'électrolyse classique3. Ce procédé ingénieux a été breveté en 2008. « Il permet de traiter simultanément des polluants de nature différente avec un même liquide et en une seule fois », explique Nicolas Fatin-Rouge. Il ajoute : « Cette méthode donne de bons résultats en laboratoire sur les HAP, les PCB4, les dioxines, les sels de plomb, de cuivre et de nickel. Elle a aussi l'avantage de pouvoir être utilisée directement sur le site pollué. » L'équipe entame actuellement les tests sur le terrain, en partenariat avec la société 3L. Deux étudiants en licence Physique chimie, Sarah Baudet et David Coulon ont comparé les potentialités
de cette méthode par rapport aux techniques existantes. Avec son coût modéré (80 € le mètre cube de terre, les autres techniques oscillant entre 60 et 100 €), elle s'avère intéressante dans les situations où les autres alternatives efficaces sont très coûteuses : par exemple pour traiter les sables de rivière contaminés aux PCB4. 1 Ces étudiants sont : Audrey Petitgirard, Mokhtar Djehiche et Abdiraman Mahmoud Saleh 2 On peut imperméabiliser le sol, en excavant la terre et en la déposant sur une bâche imperméable, ou, sans excaver la terre, en créant sous la nappe polluée un sol marneux par un procédé chimique. 3 L'électrolyse permet de produire des réactions chimiques en faisant passer un courant électrique dans une solution. Ici, le métal se dépose sur l'une des électrodes. 4 cf. page 8 pour des informations sur ces polluants
Contact : Nicolas Fatin-Rouge Equipe Nanosciences, capteurs et membranes Institut Utinam (Univers, transports, interfaces, nanostructures, atmosphères et environnement, molécules) UMR 6213 CNRS Tél. 03 81 66 20 91 nicolas.fatin-rouge@univ-fcomte.fr
Pollution : que faire ? Membranes Pour rendre l'eau potable, les procédés membranaires1 sont très performants. Ils permettent de la clarifier, de l'adoucir, de la dessaler, d'éliminer les microbes et les polluants microscopiques. Ces méthodes sont également efficaces pour le traitement des eaux usées. On les utilise par exemple dans les stations d'épurations urbaines des zones littorales fragiles. À l'institut Utinam, l'équipe Nanosciences, capteurs et membranes, dirigée par Partick Fiévet, s'intéresse à ces procédés membranaires. Plus on cherche à éliminer de petites molécules, plus ces méthodes deviennent coûteuses car elles nécessitent de l'énergie, des traitements préalables et des membranes sophistiquées. Pour extraire les polluants de petite taille à moindre coût, les chercheurs ont eu l'idée de les faire réagir avec d'autres entités chimiques, plus volumineuses. Cela permet de les filtrer ensuite sans consommer trop d'énergie et en utilisant des membranes simples et robustes. Ils travaillent également sur l'utilisation conjointe de ces membranes avec d'autres méthodes de dépollution. 1 Les membranes sont des parois poreuses qui permettent la filtration des liquides. Il existe différents procédés membranaires : microfiltration, nanofiltration, osmose inverse et l'électrodialyse.
Nicolas Fatin-Rouge et ses collègues ont breveté un procédé d'assainissement qui permet de réutiliser en circuit fermé l'eau et les produits de traitement. Le projet a été soutenu par la Direction de la valorisation de l'UFC et par Oséo. Ici, il montre un système à base de membranes.
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Devenir rudologue Il existe des moyens pour traiter les déchets, qu'ils soient ménagers, industriels ou sanitaires. Leur mise en place nécessite des compétences bien spécifiques. Celles-ci peuvent être acquises à l'Université de Franche-Comté dans le cadre d'une licence professionnelle.
De vrais professionnels encadrent nos projets tuteurés et se tiennent à notre disposition » apprécie Marie Lampert, étudiante.
Contacts : Abderrahim Khatyr Responsable de la licence professionnelle Protection de l'environnement, spécialité Gestion et traitement des déchets. UFR Sciences et techniques Tél. 03 81 66 60 23 abderrahim.khatyr@univ-fcomte.fr
« Recycler les déchets ne signifie pas seulement contribuer à la protection de l'environnement. C'est aussi une façon de créer des matières premières de seconde génération, de l'argent et des emplois » explique Abderrahim Khatyr, responsable de la licence professionnelle Protection de l'environnement, spécialité Gestion et traitement des déchets. Les étudiants qui s'y inscrivent sont issus de filières très diverses, car en matière de rudologie (la science des déchets), il n'existe pas de cursus préalable. Marie Lampert est titulaire d'une licence de lettres modernes. C'est après avoir multiplié les expériences d'animation dans le domaine de l'éducation à l'environnement qu'elle a choisi cette formation. Son bagage lui sera utile dans son futur métier. « J'aimerais m'orienter vers la communication autour du recyclage. Je m'imagine plutôt ambassadeur du tri que travaillant dans un laboratoire d'analyse de déchets » déclare-t-elle. Les titulaires de cette licence exercent toute une gamme de professions, dans des collectivités, des bureaux d'études, des organismes comme l'ADEME, des centres d'enfouissement ou encore des entreprises de récupération et de traitement des ordures. Marie Lampert et les étudiants de son groupe de projet tutoré préparent une opération de sensibilisation au tri. « Nous allons organiser une exposition associée à une collecte de déchets d'équipements électriques et électroniques dans une grande surface de Lons-le-Saunier. Notre action vise surtout le petit électroménager car il est facile de mettre ces appareils à la poubelle plutôt que de les porter à la déchéterie » explique-t-elle. Pour clore sa formation, elle passera trois mois au service hygiène de l'hôpital de Besançon. Elle
y fera un état des lieux des filières de gestion des déchets d'activités de soins (DAS) et des déchets d'activités de soins à risque infectieux (DASRI), pour proposer des pistes d'amélioration. Les étudiants ont aussi l'occasion d'appréhender les différents aspects du travail dans ce domaine en visitant des chaînes de tri, des centres d'incinération ou encore des entreprises de recyclage. Les cours théoriques comprennent des notions indispensables en chimie, en toxicologie, en biologie environnementale. Les étudiants se familiarisent aussi avec des questions de logistique, de démarche qualité, de législation européenne. Ils apprennent l'histoire du déchet, le temps de découvrir que les chiffonniers et ferrailleurs d'antan pratiquaient, eux-aussi, le recyclage. L'ensemble est très concret, comme en témoignent ces travaux pratiques où ils doivent analyser du lixiviat - du jus de poubelles en quelque sorte afin de produire un compte-rendu et des propositions, comme dans une situation professionnelle réelle. Les enseignements en rudologie sont assurés par des intervenants extérieurs. Des organismes implantés localement comme le Syndicat de traitement des ordures ménagères du Jura (Sydom) ou l'association Rudologia - Pôle de compétences déchets –, qui fédère les principaux acteurs de la filière, sont partenaires de la formation. D'ailleurs, si cette licence professionnelle a été créée il y a huit ans à Lons-le-Saunier, c'est en raison de l'avance que le département du Jura affichait, à l'époque, dans le domaine du traitement et du recyclage des déchets1.
1 L'antenne universitaire de Lons-le-Saunier propose également depuis la rentrée 2008 une autre licence professionnelle intitulée management des organisations, spécialité Techniques de management et développement durable des organisations, qui dépend de l'Institut d'administration et des entreprises (IAE)
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Photos : Georges Pannetton
Pollution : que faire ?
« Si on y réfléchit, le déchet pose des questions d'ordre sociologique, juridique, économique, chimique, physique, biologique, écologique, géographique, logistique… » énumère Abderrahim Khatyr, responsable de la licence professionnelle Protection de l'environnement, spécialité Gestion et traitement des déchets.
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De la suie dans les nuages
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Pollution : que faire ?
Contacts : Sylvain Picaud Equipe DREAM (Dynamiques, diagnostic et réactivité pour l'environnement et les astro-molécules) UMR 6213 CNRS UTINAM (Univers, transport, interfaces, nanostructures, atmosphère et environnement, molécules) Tél. 03 81 66 64 78 sylvain.picaud@univ-fcomte.fr
L'atmosphère n'est pas composée uniquement de gaz, elle contient aussi de nombreuses particules en suspension. Parmi celles-ci, on trouve des suies émises par les moteurs des avions. Les molécules d'eau présentes dans l'air ont tendance à s'agglutiner autour de ces suies pour former de la glace. C'est cette glace qui constitue les traînées visibles dans le ciel. Tantôt elles se dissolvent, tantôt elles forment des nuages artificiels semblables à des cirrus. Le phénomène est tel que la couverture nuageuse est plus dense dans les couloirs aériens. « Les cirrus, en interagissant avec les rayons du soleil, jouent un rôle non-négligeable dans le climat. Cependant, l'impact spécifique des nuages artificiels liés au trafic aérien est loin d'être compris et quantifié. Même si les avions ne contribuent que pour une petite part au changement climatique, leur impact risque de croître avec l'augmentation du trafic aérien » précise Sylvain Picaud, chercheur à l'institut Utinam. Avec ses collègues Paul Nguyen Minh Hoang, Gyorgy Hantal et Mohamed Oubal, il étudie la façon dont ces glaces se forment.
que quelques-unes y sont piégées, les autres ont tendance à s'y agglutiner rapidement. Ces suies ne sont qu'un polluant parmi d'autres. Si des particules solides peuvent ainsi servir de noyau de condensation, elles ont aussi d'autres effets. Elles peuvent se comporter comme de petits miroirs qui réfléchissent les rayons du soleil et refroidissent l'atmosphère, ou au contraire participer à son réchauffement en les absorbant et les diffusant. Si leurs surfaces présentent une réactivité particulière, elles sont susceptibles de piéger des molécules qui auraient pu interagir avec d'autres espèces en l'absence de ces surfaces solides. « L'analyse du rôle de ces particules solides nous donne des clés pour mieux comprendre les mécanismes physicochimiques atmosphériques. En effet, dans ce domaine, beaucoup d'incertitudes persistent. Les modèles théoriques basés uniquement sur les interactions gazeuses ne correspondent pas aux résultats des observations », conclut Sylvain Picaud.
Les suies sont constituées d'atomes de carbone organisés en sphères concentriques. En principe, le carbone n'a aucune affinité avec l'eau. Pour comprendre dans quelles circonstances les molécules d'eau s'y associent, les chercheurs d'Utinam font appel à la modélisation informatique. Leurs résultats montrent que les molécules d'eau se trouvent emprisonnées dans des défauts de ces sphères et que, dès
Photo : Georges Pannetton
Dans les couloirs aériens, les suies émises par les moteurs d'avions donnent naissance à des nuages artificiels. Des chercheurs de l'institut UTINAM étudient la formation de ces nuages pour mieux comprendre l'impact de la pollution et, plus généralement, le fonctionnement physico-chimique de l'atmosphère.
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LE DOSSIERtoutl’Ufc La partie sensible d'un capteur de gaz est de la taille d'une tête d'épingle : environ ¼ de millimètre de diamètre, pour une épaisseur de l'ordre de 500 nanomètres.
ULTRA-SENSIBLE De minuscules détecteurs pourront-ils bientôt mesurer la pollution ambiante ? C'est en bonne voie, d'après les résultats obtenus par Franck Berger et Jean-Baptiste Sanchez. Ces deux chercheurs tentent de concevoir des capteurs de gaz ultra-précis. L'air ambiant contient des molécules nocives pour la santé. La plus célèbre d'entre elles : l'ozone, est irritante pour les yeux et les voies respiratoires. D'autres composés, comme le benzène ou le toluène, sont potentiellement cancérigènes. Il est donc important de parvenir à les détecter, même en quantités infimes. Actuellement, pour mesurer la concentration de différents polluants dans l'air, on utilise des appareils volumineux, placés dans des camions qui sillonnent les villes. « Il faudrait pouvoir remplacer une partie de ces équipements par des détecteurs miniatures efficaces », expliquent Franck Berger et Jean-Baptiste Sanchez, du Laboratoire de chimie physique et rayonnement Alain Chambaudet.
Leur objectif est de développer de nouveaux capteurs de gaz. Les capteurs de gaz existent depuis une quarantaine d'années. On en trouve dans le commerce. Ce sont par exemple les détecteurs de monoxyde de carbone1 destinés à équiper les habitations. Mais ces capteurs manquent de sélectivité. « Ils fonctionnent très bien en laboratoire, dans une atmosphère contrôlée, avec un ou deux polluants. Mais dans une atmosphère réelle, qui contient de nombreux gaz, la réponse du capteur devient impossible à interpréter. Il ne permet pas de distinguer les composés qui l'ont fait réagir », affirme Franck Berger. Pour améliorer la sélectivité de ces systèmes de détection, les deux
« Toutes les analyses de gaz performantes sont réalisées avec des dispositifs du type chromatographie en phase gazeuse » explique Franck Berger. Ces colonnes fonctionnent à une certaine température c'est pourquoi on les place dans une sorte de four.
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chercheurs ont eu l'idée d'intervenir en amont, en triant les gaz avant leur arrivée sur le capteur. Leur idée repose sur le principe de la chromatographie en phase gazeuse, une technique utilisée classiquement en laboratoire2. Elle consiste à envoyer un mélange de gaz dans un tube, pour lui faire parcourir un trajet relativement long. Selon leur nature chimique, les molécules voyagent à des vitesses différentes et arrivent en ordre séparé à la sortie. « On obtient d'abord le monoxyde de carbone, puis l'ozone, puis le méthane, et ainsi de suite », précise Jean-Baptiste Sanchez. Il a réussi à mettre au point une colonne de chromatographie miniature. Celle-ci e st composée d'un petit canal,
Pollution : que faire ? Jean-Baptiste Sanchez a conçu une colonne de chromatographie miniature. En bas, une colonne de chromatographie en phase gazeuse. En haut, l'équivalent miniaturisé, gravé sur une plaque silicium. Le cercle au centre correspond aux canaux de la micro-colonne. La surface sensible du capteur sera placée au milieu.
en forme de serpentin gravé dans du silicium. Un polymère déposé sur les parois du canal facilite le processus de séparation. Franck Berger, quant à lui, cherche à augmenter la sélectivité de la surface du capteur. Celle-ci est constituée de dioxyde d'étain, un matériau dont la résistance électrique varie au contact de certaines molécules. En y ajoutant des nanotubes de carbone, on augmente sa sélectivité, mais surtout, on abaisse considérablement sa température optimale de fonctionnement. « Le dioxyde d'étain est efficace à 350 ou 400 degrés. Si on y ajoute des nanotubes de carbone on obtient la même efficacité à température ambiante ! » s’enthousiasme Franck Berger. Il ajoute « Nous parvenons à détecter des concentrations en polluants de l'ordre d’une partie par million3. Nous essayons de passer à une partie par milliard, avec succès pour certains composés comme l'ozone.» Les deux chercheurs envisagent de coupler ces dispositifs pour aboutir à des détecteurs extrêmement précis. Reste à régler le problème de l'injection de micro-quantités de gaz. « Là, nous rencontrons un véritable verrou technologique », avoue Jean-Baptiste Sanchez.
Contacts : Franck Berger Tél. 03 81 66 65 17 franck.berger@univ-fcomte.fr Jean-Baptiste Sanchez Tél. 03 81 66 65 06 jean-baptiste.sanchez@univ-fcomte.fr UMR E4 CEA Laboratoire de chimie physique et rayonnement Alain Chambaudet UFR Sciences et techniques
« Il est quasiment impossible d'obtenir un capteur complètement polyvalent, mais on peut imaginer des systèmes très sélectifs adaptés à différentes familles de gaz » envisage Franck Berger.
1 Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz inodore, produit par des combustions incomplètes et souvent responsable d'intoxications domestiques. 2 La chromatographie en phase gazeuse a été inventée en 1952. 3 Une partie par million correspond par exemple, à un milligramme par kilogramme, soit un rapport de 10-6. Une partie par milliard correspond à un rapport de 10-12.
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Taxer les pollueurs
supplémentaire correspondant au dommage causé à l'environnement. Mais comment calculer ce coût ? On peut observer la pollution émise quand elle provient d'une source unique. Mais les responsables sont souvent nombreux et il est difficile
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Les agriculteurs ne polluent pas par vandalisme
montant trop faible pour qu'elles aient un réel effet incitatif », déplore François Cochard. En Suède, un système qui repose sur la coopération du pollueur a été testé avec succès. Il consiste à déterminer un seuil de pollution acceptable pour ne taxer que l'excédent. Parallèlement, on aide l'agriculteur à estimer la pollution qui s'échappe de son exploitation et à adapter ses pratiques. Comme cela nécessite une certaine organisation et l'intervention de bureaux d'études spécialisés, cette idée n'a été appliquée que de façon marginale. François Cochard propose un système de taxe et de subvention basées sur la pollution ambiante. Après avoir mesuré la pollution sur un site donné, on impose au groupe de pollueurs une taxe dont le montant dépend de l'effort collectif. Ce système prend en compte les interactions stratégiques entre individus. « Les paysans ont tout intérêt à se coordonner
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La France, grand producteur agricole, consomme énormément d'engrais. Une partie de ces engrais n'est pas absorbée par les plantes et aboutit dans les nappes phréatiques et les rivières1. « On estime que la quantité d'engrais y est quatre fois supérieure au seuil raisonnable », explique François Cochard, chercheur au Centre de recherches sur les stratégies économiques (CRESE). Ses travaux portent sur les instruments économiques susceptibles de réduire les émissions de polluants2 . Il explique : « Les politiques ont d'abord opté pour des systèmes de réglementation et de sensibilisation. Des études menées au niveau de l'Union Européenne ont prouvé que ces mesures n'était pas suffisamment efficaces. Les agriculteurs ne polluent pas par vandalisme ! Ils agissent de façon rationnelle, en fonction des contraintes de leur activité. Pour les inciter à polluer moins, il faut intervenir sur leurs coûts de production. » C'est l'objectif des taxes : ajouter un coût
Comment faire quand plusieurs pollueurs sont à l'origine d'une contamination et qu'il est impossible de déterminer leurs responsabilités respectives ? L'économiste François Cochard propose un système de taxes et de subventions indexées sur la pollution ambiante pour les inciter à changer leurs comportements.
d'évaluer leurs contributions respectives. On peut alors taxer les engrais. Or, la plupart des agriculteurs les produisent eux-mêmes et on ignore quelles quantités ils répandent.3 En outre, les taxes sont impopulaires. « Pour les faire accepter, les politiques appliquent souvent les taxes avec un
Pollution : que faire ?
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intervenir sur les coûts de production
pour réduire collectivement leurs émissions de polluants, si on taxe les excès de pollution et que l'on attribue des subventions dans le cas contraire », explique François Cochard. Il a évalué expérimentalement l'efficacité de cette taxe. Plusieurs groupes d'individus ont participé à des jeux de rôle dont les caractéristiques correspondaient aux théories à tester. Ces jeux en réseau sur ordinateur permettent d'observer les interactions entre les différents acteurs. Pour que les comportements soient les mêmes que dans une situation économique réelle, les joueurs remportent l'argent des gains qu'ils accumulent pendant la simulation. Les résultats de ces expériences sont en faveur de l'efficacité de la taxe ambiante. Mais
celle-ci n'a jamais été appliquée car elle évoque une sanction collective. « J'envisage d'expérimenter des variantes susceptibles de remporter l'adhésion des agriculteurs. On peut par exemple imaginer un système de taxe / subvention ambiante dont ils pourraient être dispensés en choisissant de révéler et d'améliorer leurs pratiques », propose François Cochard.
1 Dans les cours d'eaux, lacs ou littoraux ainsi « engraissés », des algues se développent à l'excès. Quand elle meurent, leur processus de décomposition absorbe une grande partie de l'oxygène de l'eau. Cela met en péril les espèces animales et végétales qui y vivent. 2 Pour l'agriculture, il s'agit d'engrais, mais aussi de pesticides, de fongicides. Les instruments économiques présentés ici avec l'exemple de la pollution agricole peuvent être appliqués dans d'autres contextes de pollution diffuse (pollution industrielle par exemple). 3 Les engrais naturels, du type fumier ou lisier, polluent au même titre que les engrais chimiques.
Contacts : François Cochard Centre de recherches sur les stratégies économiques (CRESE) EA 3190 Tél. 03 81 66 67 76 francois.cochard@univ-fcomte.fr
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Photo : Georges Pannetton
L'homophobie se manifeste sous des formes diverses allant de l'agression physique à la tolérance empreinte de préjugés. Dans le cadre professionnel, les homosexuels font souvent face à des choix difficiles. Certains restent en permanence dans le silence et dissimulent, y compris dans les discussions les plus anodines entre collègues, ce qui constitue une part de leur identité. D'autres, en choisissant de ne pas se cacher, prennent le risque de subir des réactions hostiles ou simplement d'être catalogués. Dans une société
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où les couples homosexuels sont encore mal acceptés, se pose la question de pouvoir élever ensemble un enfant. Ceux qui parviennent à surmonter les difficultés liées à la procréation ou à l'adoption doivent souvent faire face à de la désapprobation. Les enfants issus de ces familles homoparentales subissent, eux-aussi, le poids des regards extérieurs sur leur situation « hors normes ». Quant aux adolescents et aux jeunes adultes qui choisissent de révéler leur homosexualité, ils se heurtent fréquemment à l'incompréhension familiale. Ils traversent des
périodes difficiles, parfois associées à de l'échec scolaire, des conduites à risque, de la dépression ou même des tentatives de suicide. « En ce sens, le problème de l'homophobie a de vraies conséquences en termes de santé publique » souligne Thibaut Jeunet, président de l'association Nouvel esprit. Cette association franc-comtoise défend les minorités sexuelles et lutte pour l'égalité de leurs droits. Elle a pris l'initiative d'organiser un colloque international, à comité scientifique, sur le thème de l'éducation et de l'homophobie.
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Éducation et homophobie Les réactions homophobes sont encore courantes aujourd'hui, y compris dans le secteur éducatif (au sens large). Des représentants du monde associatif, de la recherche et des institutions vont réfléchir ensemble à des moyens de lutte contre cette forme de discrimination. Ils se réuniront en juin, à l'Université de Franche-Comté, lors d'un colloque international organisé par l'association Nouvel esprit. Contacts : Jérôme Valentin colloque2010@nouvelesprit.org www.colloque2010.nouvelesprit.org
Éducation et homophobie : une discrimination dans le système éducatif Les 15, 16 et 17 juin 2010 Salles et Amphithéâtre Parisiana UFR SLHS 30 rue Mégevand à Besançon Jérôme Valentin, organisateur du colloque.
Thibaut Jeunet, président de Nouvel esprit.
Ce colloque réunira des membres d'associations, des représentants des institutions et des chercheurs. « En organisant cette rencontre, nous voulons établir les bases d'un débat objectif » explique Thibaut Jeunet. Jérôme Valentin, en charge de la communication de l’association et coordinateur du colloque, précise : « L'objectif est de faire émerger des projets d'actions concrètes, capables de traduire en réalités de terrain les obligations légales actuelles en matière de lutte contre l'homophobie ». Les établissements d'enseignement pourraient être un
lieu d'acceptation où les jeunes construiraient une autre perception de l'homosexualité et où ceux qui sont confrontés à l'homophobie trouveraient une écoute. Ce colloque, ouvert à tous, coïncide avec la campagne de lutte contre l'homophobie lancée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Pour l'organiser, l'association Nouvel esprit a obtenu une bourse Culture actionS du CROUS ainsi qu'un financement de l'Université dans le cadre du Fonds de soutien et de développement des initiatives
étudiantes (FSDIE). La rencontre aura lieu dans les locaux de l'UFR Sciences du langage, de l'homme et de la société (SLHS), à Besançon, du 15 au 17 juin 2010. Les actes publiés à l'issue de ce colloque constitueront un support pédagogique utile pour les enseignants intéressés.
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Radio campus en ligne Théâtre
Hors festival :
Du 3 au 7 mai La Bouloie en ébullition
• Mardi 25 mai à 20 h 30 Music Hall mise en scène de Marie Allain d'après le texte de Jean-Luc Lagarce Tarif normal 7 €, réduit 5€
Festival de pratiques artistiques amateurs à partir du travail des étudiants dans les ateliers culturels qui se déroulent toute l'année sur le campus.
• Lundi 31 mai à 20 h Mr Chapuis Par Génération K7 D'après le roman de Jacky Schartzmann
• Lundi 3 mai à 20 h 30 Toute ressemblance... Troupe du CLC
Cinéma
Au petit théâtre de la Bouloie
• Mardi 4 mai à 20 h 30 Seules les grenouilles... Compagnie Le Sixième Acte
Au petit théâtre de la Bouloie
Petit Théâtre de la Bouloie 26
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Concerts • Mardi 27 avril à 20 h 30 Jazz Club avec Jazzparaf Caveau du RU Mégevand (Besançon) http://jazzaucampus.jimdo.com • Mardi 20 avril à 20 h 30 Il n'y a plus rien Collectif Les derniers hommes Petit Théâtre de la Bouloie (Besançon) Tarif normal 7 €, tarif réduit 5 € • Mardi 11 mai à 20 h 30 Jazz club Caveau du RU Mégevand (Besançon)
• Jeudi 3 juin à 20 h Yoggy One invite Zo aka dans le cadre du festival Emergences Petit théâtre de la Bouloie Tarif unique 3 €
• Jeudi 6 mai à 20 h 30 Le soleil Compagnie La dernière tranche
Tarif : 4 €. Une place achetée = une place offerte pour un autre spectacle du festival, dans la limite des places disponibles. Pass Festival : 7 € sur réservation
www.campusbesancon.fr 102.4 FM
• Jeudi 20 mai à 20h30 Marc Morvan & Ben Jarry Petit théâtre de la Bouloie
• Mercredi 5 mai à 20 h 30 Danse contemporaine Dracula Waltz à 21 h Compagnie Arsenic
• Vendredi 7 mai à 20 h 30 La vie est un songe Compagnie Grand voyage
La radio étudiante bisontine n'émettait jusqu'à présent qu'aux alentours immédiats de la ville. Grâce à son nouveau site web, on peut désormais l'écouter n'importe où. Ce site comporte un récapitulatif de la grille des programmes, la liste des morceaux diffusés et des pages consacrées aux différentes émissions. Deux émissions en particulier sont liées aux volets d'action de radio campus : la lutte contre les discriminations, avec Stéréo-types, le lundi de 13 h à 14 h, l'écologie et le développement durable avec Nouvel air, le mercredi de 13 h à 14 h. Une émission sur l'université a lieu le lundi de 17 h à 18 h. Elle s'intitule Univers Cités.
• Mercredi 28 avril 20h30 Valse avec Bachir • Mercredi 19 mai à 20h30 Hunger projection accompagnée d'un débat • Mercredi 26 mai à 20h30 Good Morning England
Bâtiment Félix Gaffiot 7, rue Laplace 25000 Besançon Informations & réservations : Audrey Pochon Service culturel du Crous Tél. 03 81 48 46 61 audrey.pochon@crous-besancon.fr www.crous-besancon.fr
s Concourrs BD photo film court
sur le thème de la peur Concour organisé par le CROUS et le CNOUS Date limite : 15 mars Réglements et informations sur : www.culture-cnous.fr
BU Lucien Febvre Belfort 43, Faubourg des ancêtres du lundi au vendredi de 9 h à 19 h, le samedi de 9 h à 12 h • Jusqu'au 25 avril Laurent Sfar présentation d'oeuvres de Georges Perrec : Ex-libris, la disparition Film de Laurent Sfar et Jean Guillaud Supermâché, aire de pique-nique • Du 30 mars au 7 mai Arbre, ombre, âme Exposition photo de Jack Varlet, Jean-François Lami et Isabelle Bralet • Du 14 mai au 9 juillet 2010 1940, combats et résistances
Performance artistique Au petit théâtre de la Bouloie • Jeudi 22 avril 20 h 30 Excentricités Association EnCasOù Ecole régionale des Beaux-arts de Besançon Une trentaine de jeunes artistes proposent des évènements plastiques autour de l'urbain et de la périphérie. www.erba.besancon.com
Prévention
• Mardi 27 avril de 11h15 à 13h15 Journée sécurité routière organisée par le SUMPPS-Campus santé RU Portes du Jura Montbéliard
Évènement
Photo : Samuel Canovalli
Expositions
AGENDAtoutl’Ufc
• Jeudi 22 avril de 17 h à 21 h Soirée Masters Maison des étudiants Campus de la Bouloie (Besançon) Rencontres avec des responsables de masters, des professionnels, démonstrations scientifiques, festivités. Contact : Tél. 03 81 66 50 15 ghislaine.savonet@univ-fcomte.fr
Sport • Du jeudi 10 juin au samedi 12 juin Championnats de France universitaires de Beach Volley
Culture scientifique
Base nautique de Brognard (Montbéliard) http://sport-u-besancon.com
Bars des sciences
• Mercredi 28 avril à 20h30 Manger plus, Bouger moins... le secret du succès de l'obésité ?
• Jeudi 24 juin à 20h30 Merci patron !... évolution dans le patronat : les carrières, les rémunérations, les bourdes.
Au café de l'Hermitage 130, grande rue à Besançon Entrée libre http://sciences-en-culture.univ-fcomte.fr
Cité des Plantes • Vendredi 23 et samedi 24 Avril Place de la Révolution (Besançon) Programme en ligne sur le site du Jardin botanique http://jardin-botanique.univ-fcomte.fr
Photo : Georges Pannetton
• Mercredi 26 mai à 20h30 Des dollars et des jeux... géopolitique de la prochaine coupe du monde de foot en Afrique du sud