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Éducation inclusive, bien être et santé mentale

Éducation

Éducation inclusive, bien

Les différents métiers de l’UNSA Éducation s’accordent sur un constat qui s’impose chaque année davantage aux yeux des personnels de terrain : l’institution n’évolue pas à la mesure des besoins de ses usagers. Et cette dernière année, marquée par l’utilisation intensive des outils numériques, creuse encore les inégalités et les conséquences non évaluées de cette pratique.

uand l’évolution sociétale fulgurante que nous vivons rend urgente la réflexion sur l’éducation, l’institution Qrépond en ajoutant çà et là des missions supplémentaires dont sont chargés des personnels déjà fort occupés. Un directeur de SEGPA devient responsable d’un PIAL de 25 établissements pour une IMP (Indemnité pour Mission Particulière) mensuelle, un·e enseignant·e devient référent·e TICE pour une fraction d’IMP, une assistante sociale conseillère technique devient référente départementale harcèlement … à la clé, une efficacité d’action très limitée, et des personnels qui renoncent ou s’épuisent devant l’ampleur de la tâche. La santé, et particulièrement la santé mentale des usagers doit devenir une réelle priorité, si ce n’est LA priorité. Il devient urgent de faire de cette mission de prévention et de protection des jeunes une réalité, dans des conditions décentes pour les personnels. La crise sanitaire a montré combien les personnels de santé étaient indispensables au bon fonctionnement d’un établissement scolaire, mais aussi à quel point ils étaient en nombre insuffisant pour prendre en charge tous les besoins. Assistant·es de service social, infirmiers·ères, psychologues de l’Éducation nationale, médecins croulent aujourd’hui sous des tâches qui s’ajoutent à mesure que leur champ d’action s’étend au gré des décisions politiques. La mutualisation des personnels de santé dont le rôle dans chaque établissement est fondamental, atteint ses limites. Nous voulons une école bienveillante ? Qui fait face aux problèmes de société au lieu de les nier ? Alors faisons-le avec des moyens décents. Ne tombons pas dans l’écueil de dispositifs de façade, et/ou d’un empilement de missions attribuées à des personnels déjà très occupés. Applaudissons les propositions concrètes du rapport Balanant, et soutenons sa réalisation politique. Renforçons les effectifs des psychologues de l’éducation mais aussi des médecins, infirmiers·ères et assistant·es de service social.

Comprendre et combattre le harcèlement scolaire : 120 propositions dans un rapport

Le rapport du député Erwan Balanant mesure l’ampleur du phénomène du harcèlement en milieu scolaire, analyse les mécanismes qui sont à l’œuvre et propose des réponses adaptées. Ses 120 propositions dépassent largement le cadre scolaire. C’est d’ailleurs un constat alarmant que nous, professionnels de l’éducation ne pouvons que confirmer : cette forme de harcèlement ne connaît pas de fin avec la fin des cours, et s’insinue dans la vie des victimes au moyen du smartphone dont trop peu de parents ont conscience du danger qu’il représente pour leur enfant. Les propositions en lien avec l’aide à la parentalité, l’éducation à l’empathie, le volet préventif qui reste à construire et à généraliser, la prise en charge des victimes par des professionnels de la santé dessine en creux de nouveaux besoins éducatifs qui ne sauraient se satisfaire d’un saupoudrage de nouvelles missions déléguées à des personnels dont les tâches sont déjà très prenantes. Il nous faut poursuivre notre action pour que ces 120 propositions deviennent la réalité de l’école de demain, portées par une ambition politique et des moyens appropriés.

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Caroline Sorez

caroline.sorez @unsa-education.org

Éducation

être et santé mentale

Chanbopha Ly, assistante sociale et membre du SNASEN-UNSA, est conseillère technique dans le département du Finistère. Depuis septembre 2019, elle est également référente départementale « harcèlement ». Échange sur les particularités de son métier.

Parlez-nous de votre rôle ?

La référente départementale est une personne ressource sur le harcèlement scolaire. Nous recevons les demandes des familles qui contactent la plateforme nationale « 3020 NON AU HARCELEMENT». Nous traitons ces demandes et contactons les familles. Nous gérons toutes les situations des établissements publics et privés de notre département. Il y a un·e référent·e académique et dans chaque département un·e référent·e départemental·e. Ensuite, nous accompagnons les établissements dans le traitement des situations.

Dans quelles situations intervenez-vous dans les établissements scolaires ?

Nous informons les établissements lorsque nous avons connaissance d’une situation de harcèlement. Nous avons un rôle de mise à distance et nous offrons un espace de parole aux familles. Nous menons également des actions de prévention, et nous mettons à disposition des outils pour les élèves et établissements. Nous intervenons également dans la formation des personnels : par exemple, auprès des directeurs·trices d’école nouvellement nommé·es.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Il faut des moyens spécifiques dédiés au Harcèlement. En tant que conseillère technique, j’ai d’autres missions. Ma charge de travail ne permet pas de mener à bien l’ensemble des missions. Les moyens ne sont pas suffisants. Lors de certaines interventions, il arrive que des équipes aient le sentiment d’être jugées. On essaie d’accompagner l’élève et de faire reconnaître qu’il·elle est en souffrance. Parfois, on perd du temps à qualifier ce qui est du harcèlement ou pas. Enfin, certaines familles ont le sentiment de ne pas être entendues. C’est un sujet complexe et douloureux. Il est important de se centrer sur le mal-être des enfants-élèves.

On parle davantage du harcèlement scolaire, pensez-vous qu’on parvienne à endiguer ce phénomène ?

Le service social a eu connaissance très tôt des phénomènes de harcèlement scolaire, et de ses conséquences sur les élèves. Il est indispensable de traiter ces phénomènes. D’autant plus que le harcèlement a évolué. Auparavant, il s’arrêtait aux portes de l’école. Aujourd’hui avec les réseaux sociaux, on se doit d’être réactifs. On doit informer les parents sur les risques des réseaux sociaux. Des élèves « victimes » se retrouvent aux prises des élèves « auteurs » via les réseaux. Il y a urgence à accompagner les parents, sur leur rôle et les dangers des réseaux sociaux.

Hawa Sall

@sall_hawa

hawa.sall @unsa-education.org

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