Aisne: ils forment des secouristes dans l'ancien qg d'hitler

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Publié le Lundi 9 Mai 2016 à 10h13 Région Aisne Soissons

Aisne : ils forment des secouristes dans l'ancien QG d'Hitler Ludivine Bleuzé-Martin À Margival, le Ravin du loup 2 est un site qui ravit les secouristes. Une ONG s’y est même installée dans un bunker pour former ses équipiers dans l’ancien camp militaire. Les bénévoles du corps mondial de secours étaient déjà venus ponctuellement à Margival, dans l’ancien camp militaire construit entre 1940 et 1944. Les équipiers, techniciens catastrophes et équipes cynophiles et médicales de cette organisation non gouvernementale, fondée notamment par l’abbé Pierre en 1972, interviennent « après des catastrophes naturelles », indique son président Éric Zipper. « Il y a un an quasiment jour pour jour nous étions au Népal, à Katmandou, après le tremblement de terre ». Auparavant, ils étaient intervenus aux Philippines après le passage du typhon. Ces bénévoles et futurs bénévoles en formation n’ont pas quitté Margival de la semaine. Ils y ont désormais un bunker attitré, qui leur sert de QG pour les formations. Le vaste site se prête particulièrement à des opérations de ce type : « Nous cherchions un endroit pour faire une base stable où on puisse faire des plateaux d’exercices sans gêner, même la nuit ». Tronçonnage, recherche de personnes dans des cavités, en hauteur… « Il y a aussi des points hauts pour fixer des tyroliennes. On a construit nos ateliers », poursuit le président de l’organisation. Il y a un an, les bénévoles ont rencontré Bruno Marcellin : « On avait besoin d’un bunker fermé. Le maire a accepté ». L’ONG et la commune de Margival ont signé une convention. Margival reste propriétaire des lieux que le corps mondial de secours peut investir pour ses exercices.« On a débroussaillé et fait des gros travaux à l’intérieur », indique Éric Zipper, dont l’objectif est à la fois d’apporter un minimum de confort tout en se mettant dans des conditions de vie qui puissent approcher celles rencontrées sur le terrain des interventions. Le bunker a notamment permis de vivre toute la semaine en communauté, dans une promiscuité qui permet d’apprécier les capacités de chacun à s’intégrer au groupe. « C’est important parce que ce n’est pas une fois sur place, alors qu’il y a des missions importantes à remplir, que l’on doit en prendre conscience ». Le bâtiment de l’ONG était un bunker dédié à la transmission, réhabilité par l’Otan puis par l’armée française et inutilisé ces 15 dernières années. L’ancien camp militaire en compterait 475 sur 750 vestiges fortifiés. Il s’étend sur le territoire des communes de Margival, Neuvillesur-Margival et Laffaux. Depuis 2009, il est même devenu un lieu de formation prisé des sapeurs pompiers, des gendarmes et de l’armée. Pour le corps mondial de secours, il ne manque ici que des gravats qui permettraient de s’exercer à la recherche de victimes dans les décombres « mais le lieu est vraiment intéressant car tout y est concentré. Il y a pour nous ici d’énormes possibilités », indique Didier Aleix-Jugas, l’un des formateurs de la semaine, à l’issue de laquelle tous les participants ne seront pas obligatoirement retenus. « On est environ 120. ça fait de nous une petite structure qui n’a pas


forcément vocation à s’agrandir beaucoup. Notre objectif est d’avoir des gens pointus, des équipes bien entraînées. Nous sommes une ONG. Cela signifie que nous fonctionnons sans aides publiques ou subventions. Ça a l’avantage de garantir notre indépendance », poursuit le président, « on fonctionne sur la base des dons. Quand nous partons en missions, la base arrière doit chercher les moyens de nous faire repartir la fois d’après ». Les missions et la couverture médiatique des catastrophes sont souvent l’occasion d’un intérêt accru pour ce type de secourisme. « Pour rentrer, il faut au minimum être secouriste. On est tous bénévoles. On part tous en missions sur nos congés. » Il y a dans cette organisation un tiers de femmes, et des professions variées : artisans, boulanger électricien, banquier. Éric Zipper conçoit ses équipes comme un seul corps, dont chaque membre compte : « Une somme de compétences », des équipes cynophiles jusqu’à « celui qui nous fera un repas suffisamment réconfortant pour repartir en mission le lendemain ». Site internet : corpsmondialdesecours.fr

Trois questions au maire de Margival

bruno marcellin miare de margival Pourquoi la proposition de cette ONG vous a-t-elle plu ? Pour moi, ça évite que le camp soit à l’abandon. Ça fait du monde dedans et ça évite les pillages et les dégradations. Ça rend service à tout le monde. On a aussi une convention avec une société qui fait de la formation à des personnes en milieu hostile et mais aussi avec les sapeurs pompiers et les gendarmes. On a aussi eu des clips qui ont été tournés dans le camp. Les associations W 2 et Aisne 44 font, elles, revivre la partie historique. Quelles sont les propositions que vous réfuseriez ? On ne veut pas de choses comme l’Air Soft ou le paintball. Ça pourrait dégrader le site qui est par ailleurs dangereux. Il faut des assurances. Ce n’est pas un lieu de jeu, c’est un lieu historique. La commune reste-t-elle propriétaire des lieux ? Oui on veut le rester mais financièrement, c’est difficile. Margival a été fermé en même temps que la caserne de Soissons au milieu des années 90. Ça n’a pas été occupé pendant 15 ans et les bunkers ont été pillés. Financièrement pour la commune, c’est difficile d’y faire quelque chose mais de cette manière, on peut le rendre vivant.


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