De Marne-la-Vallée au futur PNR : quel avenir pour la vallée périurbaine du Grand Morin ? La reconquête d'un cours d'eau pour gommer la fracture entre ville et campagne. Victor Bourdet MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES 2019-2020
Sources et crédits Ce mémoire est un travail étudiant. Sauf mention des sources, les illustrations, cartographies ou photographies sont des documents personnels. Toute reproduction totale ou partielle de l'un de ces documents est soumise à l'accord de son auteur, propriétaire des droits. Pour toute information, il est possible de me contacter par mail. victorbourdet@gmail.com
De Marne-la-Vallée au futur PNR : quel avenir pour la vallée périurbaine du Grand Morin ? La reconquête d'un cours d'eau pour gommer la fracture entre ville et campagne. Victor Bourdet MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES 2019-2020
ENCADREMENT
Directeur de mémoire : Sylvain Morin, paysagiste conseil de l'État, co-fondateur et co-gérant de l’Atelier Altern, professeur de projet de paysage à l’ENP.
Président de jury : Marc Claramunt, paysagiste conseil de l'État, gérant de l’atelier PHUSIS, professeur de projet de paysage à l’ENP.
Professeur associé : Frédéric Maillard, artiste plasticien du Collectif Terrain de Jeux, professeur agrégé d’Infographie et de Dessin à l’ENP.
SOMMAIRE
p. 4 Encadrement p. 8 Avant-propos p. 10 Voulangis-Paris A/R (Interlude)
p. 16 Introduction générale p. 20 01 - Trouver des repères dans un territoire aux ambiances diverses. p. 22 Localisation p. 26 Sans voiture : test de l'arpentage à vélo p. 28 Un paysage façonné par l'eau p. 32 Quelles formes de vivant ? p. 34 Conclusion partielle
p. 36 02 - Marne-la-Vallée et la porte de la Brie : un PNR pour contrer l'avancée d'un urbanisme "menaçant". p. 40 Les villes nouvelles : réorganiser Paris p. 42 Le secteur IV : le choix de la ville dans les champs p. 44 Paroles d'acteur : Pierre-Henri Bélières p. 46 De la vallée de la Marne à Marne-la-Vallée p. 48 Val d'Europe arrive dans la vallée du Grand Morin p. 50 La poursuite de l'étalement urbain : les projets autour du Val d'Europe p. 54 Paroles d'acteur : Jean-Louis Vaudescal p. 56 Un PNR qui peine à s'affirmer p. 58 Vallées et plateaux p. 60 Survol (Interlude) p. 66 Conclusion partielle
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p. 68 03 - Retrouver un socle, revenir au bord de l'eau. p. 72 De la source à la confluence p. 74 Qui gère la rivière ? p. 76 Études de cas : rivières franciliennes p. 80 Se baigner en eau vive p. 82 Les zones humides, un outil naturel p. 84 Tumultes (Interlude) p. 88 Conclusion partielle
p. 90 04 - Entre Morin et Marne : trajectoire d'un fond de vallée délaissé. p. 94 Récit : quand les barrages freinent la prise de décision p. 98 D'amont en aval, un risque croissant p. 106 Immersion (Interlude) p. 112 Le patrimoine de l'eau p. 115 Un peu de hauteur p. 116 Conclusion partielle
p. 118 05 - Vers les intentions : assumer la rupture. p. 122 De grandes tendances à l'horizon 2050 p. 128 L'eau comme un terreau commun p. 130 Vers une rivière vivante et vécue au quotidien p. 132 1. Retraite et reconquête d'un espace central de la vallée p. 136 2. Un parc public transitoire entre ville et campagne p. 140 3. Une porte d'entrée briarde : un parc agro-urbain p. 144 Conclusion partielle
p. 146 Conclusion générale p. 148 Remerciements p. 150 Bibliographie et sources
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AVANT-PROPOS
j Promenade à pied dans les rues de Voulangis. 8.
HABITER EN ÎLE-DE-FRANCE > Se lever. Regarder dehors s’il fait beau. Le ciel s’assombrit et il commence même à pleuvoir. Mais ça ne fait rien. Après quelques tartines, je passe derrière la maison et vérifie que le vieux vélo est bien gonflé. Il est un peu crasseux, et fait du bruit quand on freine, mais il roule. C’est donc parti pour une première exploration de ce qui sera mon site d’étude durant toute cette année. Ce site, en vérité, je l’ai côtoyé au quotidien pendant une quinzaine d’années, depuis que mes parents ont choisi de s’installer dans le Nord de la Seine-et-Marne. Ils ont tout d’abord hésité entre habiter à Chelles, plus proche de Paris, ou à La Ferté, plus loin dans les terres, dans ce qu’on pourrait appeler la campagne francilienne. Finalement, leur choix s’est porté sur Voulangis, une petite commune de 1300 habitants, dans la Vallée du Grand Morin, un entre-deux tout à fait avantageux. Les transports permettent encore de rejoindre la capitale, et les champs de colza, les bois, les vieilles fermes et les petits commerces offrent un cadre de vie bien plus agréable que la Petite Couronne. Le choix que mes parents ont fait d’habiter la périphérie lointaine est celui de nombreuses autres familles tout autour de Paris et ailleurs en France. Comme elles, mes parents étaient désireux de pouvoir habiter à la campagne tout en allant travailler en ville.
Je ne pars donc pas sans bagages, car j’explore un territoire que j’arpente depuis longtemps. Choisir de travailler un site que l’on (croit) connaît(re) par cœur, c’est essayer de comprendre d’où l’on vient. Mais si j’ai choisi ce site, c’est aussi car je me questionne sur son devenir, face aux grands projets franciliens. Dans 30 ans, serons-nous toujours si proche de la campagne ? Pourra-t-on se baigner dans la rivière ? Toutes ces petites communes existeront-elles encore, ou auront-elles été avalées par la métropole ? D’ailleurs, la situation est-elle si tranchée ? Allez, il est l’heure de pédaler.
Je n’ai pas tout de suite identifié cette vallée comme étant périurbaine. Mais mon arrivée à Blois et l’enseignement du Paysage ont remis en question ces lieux que je connaissais si bien, au point de ne plus vraiment savoir d’où je venais. J’ai pris conscience de la diversité de formes que pouvaient prendre les paysages de mon enfance et de mon adolescence. Il fallait alors réapprendre ce territoire si complexe, en tentant de se poser le plus de questions possible, à la manière de ces couples qui se demandent pourquoi ils viendraient s’installer là, et pas ailleurs. .9
VOULANGIS-PARIS A/R,
VOYAGE QUOTIDIEN DU VILLAGE À LA CAPITALE Illustrations au pastel de cire, réalisées d’avril à mai 2019. Regroupés initialement dans un carnet, mon objectif était de traduire ces changements brusques d’ambiances et de paysages, à mesure que l’on se rapproche de la capitale. Ces dessins ont été réalisés in situ, lors des trajets quotidiens vers mon lieu de stage, de la Seine-et-Marne quasi rurale aux abords de Paris.
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INTRODUCTION GÉNÉRALE QUELQUES ÉLÉMENTS DE CONTEXTE > Ce mémoire a pour objectif de comprendre les enjeux actuels d’un territoire complexe, non loin de Paris, et de traduire des intentions pour une proposition de projet de paysage. Il restitue l’ensemble des recherches documentaires et de terrain, à savoir les relevés sur site, les entretiens avec les acteurs locaux qui vivent le territoire au quotidien.
En marge de ... La situation périurbaine de ce site, en marge d’une grande métropole, pourrait être assimilée à de nombreux cas que l’on observe tout autour de la capitale, sur cette limite plus ou moins franche entre la «ville» et la «campagne». Pourtant, cette petite vallée francilienne s’est vu être mise sous pression par un facteur de taille assez particulier : la signature, en 1987, d’un accord inédit entre l’État Français et la Société américaine The Walt Disney Company. Cet accord marquera durablement l’Histoire et l’identité du territoire, quand cinq ans plus tard, le Parc Eurodisney, renommé depuis Disneyland Paris, ouvrira ses portes pour la première fois. Entretemps devenu un pôle touristique mondial, figure de proue de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, le géant du loisir et du divertissement continue aujourd’hui de s’étendre, dynamisant ainsi tout le Nord-Ouest de la Seine-et-Marne. Très vite, des habitants se sont ligués contre le projet, de peur de perdre l’identité rurale et agricole de ce bout de plateau briard, au profit d’une future agglomération privatisée, au sein de laquelle Disney avait autant, sinon bien plus de pouvoirs dans les politiques d’aménagement que les instances publiques. Dans ce sens, en 1999, des élus de la Vallée du Grand Morin se concertent et commencent à tracer un périmètre sur une carte. C’est
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le début du projet du Parc Naturel Régional (PNR) de la Brie et des Deux Morin, qui a pour objectif de préserver et valoriser les espaces naturels et agricoles de la Brie Seine-et-Marnaise. Ce PNR étant toujours en projet, dans les dernières instances de validation, il verra potentiellement le jour en 2020.
Rupture Ainsi, ce sont deux projets de territoire forts qui s’opposent, tant dans la nature des moyens mis en œuvre que dans les valeurs qu’ils portent. Une opposition silencieuse dans les actes, de par un manque de dialogue et de concertation entre les acteurs des deux projets ; mais frontale dans sa géographie, puisque les deux périmètres de projet se jouxtent. En effet, depuis le 1er janvier 2020, la délimitation de Val d’Europe Agglomération (territoire de la ville-nouvelle où est implanté Disneyland Paris) se trouve être le fond de Vallée du Grand Morin. Cette petite rivière francilienne se jette dans la Marne, à moins de 10 kilomètres du parc à thèmes. Une limite à la fois franche, puisque dessinée par le lit du cours d’eau lui-même, et trouble, car ses abords sont en partie délaissés par les communes, et que le tissu urbain qui le ceinture lui a très vite tourné le dos du fait des inondations de plus en fréquentes.
k Une nouvelle ligne d’habitations construite en 2017, à Saint-Germain-sur-Morin. .17
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Une réalité complexe Originaire d’une des communes de la vallée les plus à l’Ouest du tracé du PNR, il a toujours été difficile d’indiquer si je venais de la « ville » ou de la « campagne ». Bien que les alentours de Disneyland ne soient pas systématiquement urbains et denses, le terme de « périurbain » ressort peu dans les discussions que j’ai pu avoir avec les habitants, les adjoints et les autres acteurs du territoire au cours de ces derniers mois. De même, il est souvent difficile d’expliquer précisément d’où je viens. Faute de repères connus dans le paysage rural qui m’entoure, dire que j’habite à côté de Disneyland, voire de Paris, est un raccourci facile, qui parle, mais qui donne une image tout à fait biaisée des réalités de cette vallée. Des réalités qui sont bien plus complexes, et dont les influences urbaines et rurales s’entremêlent. C’est là tout le propre du périurbain : un enchevêtrement d’espaces construits, tournés vers la ville, et d’espaces «jardins», ouverts, façade sur un monde agricole qui plaît à des habitants qui ne sont pas pour autant amenés à le fréquenter.
Comment traiter cette rupture entre monde urbain et rural ? Quel avenir se profile pour cette vallée périurbaine ? Afin de répondre à ce questionnement, mon mémoire est composé de cinq parties. Dans un premier temps, l’objectif sera de cerner plus précisément le caractère fragmenté de ce territoire. Dans un deuxième, il sera question de comprendre les événements passés qui ont mené à la situation actuelle, du programme de grande échelle des Villes-Nouvelles à l’élaboration d’un PNR se voulant défensif d’un idéal rural. Un troisième temps positionnera le Grand Morin comme le socle de l'affirmation du périurbain. Ensuite, un quatrième temps sera consacré plus précisément aux derniers méandres du Grand Morin, dans l’idée de comprendre les dynamiques à l’origine de son enfrichement. Enfin, un cinquième temps permettra de résumer les enjeux présentés précédemment, et mener directement à des intentions concrètes de projet de paysage.
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Et donc tu es originaire d’où, déjà ?
Ah oui t’es un Parigot quoi !
Je viens d’Île-deFrance !
Pas tout à fait, j’habite un village à 40 kilomètres de Paris, à la campagne. Où ça exactement ? Tu vois Crécy-la-Chapelle ? Non... Bon, tu vois Disneyland ? ... Oui ! Bin, à côté.
k Dialogue systématique d’un habitant du coin expliquant ses origines. .19
01 *** TROUVER DES REPÈRES DANS UN TERRITOIRE AUX AMBIANCES DIVERSES.
LOCALISATION
Val d’Oise
Yvelines
75 92
93 94
Essonne
Seine-et-Marne
LA FERTÉ-SOUS-JOUARRE
Euro Disney
MEAUX
LA FERTÉ-GAUCHER
TORCY
Marne
M Petit orin
Gran
d
in
Mor
CRÉCY-LA-CHAPELLE 0 22.
5
10 km
COULOMMIERS
01. TROUVER DES REPÈRES DANS UN TERRITOIRE AUX AMBIANCES DIVERSES.
DE QUOI ON PARLE ? LA VILLE ET LA CAMPAGNE
Premiers repères
La Seine-et-Marne : le grand écart ville-campagne
La vallée du Grand Morin, dans ses dernières courbes, est un territoire proche de la banlieue parisienne. Situé à 35 kilomètres de Paris, au Nord-Ouest de la Seine-et-Marne, la vallée relie deux plateaux agricoles céréaliers, qui font partie plus largement de la Brie laitière. Cette dernière couvre la moitié Nord du département, mais s’étend au-delà des limites franciliennes à l’Est. À la frontière entre Marne-la-Vallée et le PNR Brie et Deux Morin, l’influence de Paris reste très forte, et les principaux trajets quotidiens se font d’Est en Ouest. À l’image de toute la région Île-de-France, la vallée est marquée par les infrastructures de transports, globalement alignées sur un axe Est-Ouest. L’Est francilien, avec la construction de la ville nouvelle, connaît un dynamisme croissant depuis les années 1960. Ainsi, ce sont plus de 315 000 personnes qui résident à Marnela-Vallée (chiffre de 2016), faisant d’elle la ville nouvelle la plus peuplée d’Île-de-France, pour une densité moyenne de 1846 habitants/km². Le futur PNR représenterait de son côté plus de 110 000 habitants pour une densité moyenne de 118 habitants/ km², qui évoque une densité d’ordre rural. On peut également noter que 4 habitants sur 5 du PNR font partie de l’agglomération de Coulommiers Pays-de-Brie.
Le choix de ce site pour traiter de l’hybridation entre urbanité et ruralité fut déterminant. La Seineet-Marne est un exemple assez frappant de cette frontalité qui touche la région. Contrairement à l’Ouest de Paris, bien plus construite et habitée, l’Est francilien reste agricole. Ainsi, en Seine-et-Marne en 2018, environ 58% (chiffre de la préfecture du département) de la surface du département est cultivée, soit 340 000 hectares. La présence de Marne-la-Vallée et de Sénart font de ce département un pôle du tertiaire et de la logisitque pour l’Îlede-France et les régions alentours, où les infrastructures de transports sont nombreuses. L’implantation du Parc Disneyland Paris, employeur de 16 500 salariés sur site, donne un argument sans équivalent en France et au département en matière d’emploi et de tourisme. En effet, le Parc est fréquenté en moyenne par 10 millions de visiteurs chaque année. Le développement tertiaire de toute l’agglomération et principalement du pôle gare du Val d’Europe, financé par Euro Disney, favorise l’installation d’entreprises qui voient en ce territoire un concurrent de la région parisienne. Sur l’ensemble de la ville nouvelle, ce dont déjà plus de 47 000 entreprises installées sur le périmètre d’intervention (d’après Epa Marne/Epa France).
g On trouve de nombreuses définitions à
ces termes généralement opposés. D'après l'Observatoire des Territoires, la campagne se distingue de la ville par sa faible densité de bâti et d'habitants. L'occupation du sol est majoritairement tournée vers l'agriculture, sans que ce soit forcément le cas de sa population. Les paysages campagnards, ou ruraux, sont composés d'espaces qualifiés de semi-naturels (cultures, bois, prairies, cours d'eau ...), dont la qualité est un critère décisif pour qui cherche un nouveau toit. Toujours d'après l'Observatoire des Territoires, l'ensemble de la Région Île-deFrance, entre la bordure extérieure et une large Petite Couronne est un vaste espace périurbain, où les habitants sont proches des services mais loin de leurs emplois, induisant de nombreux déplacements. La Petite Couronne nous plonge subitement dans des espaces hypers urbains. Dans notre cas, il peut être plus juste de parler des unités urbaines, ou continuités urbaines, pour évoquer des couloirs urbanisés sans interruption. Certains élus l'emploient pour affirmer leur lien avec des espaces au tissu bâti relativement dense, mais surtout pour évoquer cette rupture avec un maillage d'espaces ouverts et peu denses, qui serait alors la campagne.
Site d’étude Ville Nouvelle de Marne-la-Vallée PNR Brie et Deux Morin (en projet) Cours d’eau majeurs
MEAUX
Pôles urbains majeurs
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Meaux
Jablines Lesches
Esbly
Quincy-Voisins Condé-Ste-Libiaire
Coupvray
Couilly-Pont-aux-Dames Bouleurs
Montry
Chessy
Saint-Germain-sur-Morin Lagny-sur-Marne
Magny-le-Hongre
Crécy-la-Chapelle
Serris Coutevroult
Montévrain
Villiers-sur-Morin
Bussy-Saint-Georges Bailly-Romainvilliers
Villeneuve-le-Comte 0 24.
1 km
01. TROUVER DES REPÈRES DANS UN TERRITOIRE AUX AMBIANCES DIVERSES.
Voulangis
Tigeaux
La périurbanisation toujours en cours Les abords de Marne-la-Vallée offrent un large panel de logiques périurbaines parfois très distinctes. La différence des formes urbaines entre les plateaux et les vallées évoquent aussi l'histoire d'un peuplement épisodique. La vallée du Grand Morin a toujours été habitée. L'implantation des activités utilisant la force hydraulique et l'usage des alluvions fertiles se font très tôt dans l'Histoire. On parle désormais d'un bassin de vie très vaste, qui continue d'accueillir de nouveaux habitants. Le Schéma Directeur Régional d'Île-de-France (SDRIF), dans son rapport de 2015, définit l'objectif global de construire 70 000 nouveaux logements par an jusqu'en 2030. Plus de la moitié est dédiée à l'arrivée de nouveaux ménages. L'aménagement du Grand Paris a donc une incidence sur ces communes excentrées. Contrairement aux villes déjà urbanisées, ces communes périphériques doivent choisir entre la densification d'un tissu existant très hétérogène et la construction de nouveaux quartiers sortis de terre.
Un cadre qui attire Dans le cadre d'un atelier de géographie de terrain réalisé avec la classe de CM1 de l'école Pierre et Marie Curie à Montry, j'ai pu mieux cerner la perception des
familles venues s'installer dans la vallée. Les réponses des familles au questionnaire que je leur avais transmis quelques jours plus tôt sont presque unanimes. Une grande majorité d'entre elles ont choisi de venir s'installer dans les parages pour le cadre de vie. En revanche, la définition de celui-ci est très variable. La campagne qualifie souvent les abords de la vallée. Ce n'est pourtant pas un paysage du quotidien évident quand je constate le manque de connaissances des enfants sur les grands espaces qui les entoure. Pas un seul n'était passé par les chemins que nous avions emprunté : nous étions pourtant à 5 minutes de l'école.
h Découverte des paysages de la vallée. Un questionnement autour des différentes formes que prennent la campagne et de toutes les lisières possibles. Ces franges sont la marque de transitions plus ou moins poreuses entre espaces bâtis et espaces semi-naturels. Ici, au bord du lotissement des vergers du Lochy, le Ru et sa ripisylve créent une lisière avec les grandes cultures céréalières de Saint-Germain. Arpentage réalisé le 29 novembre 2019.
Par ailleurs, habiter en milieu périurbain aux abords du Val d'Europe multiplie les possibilités de formes d'habitats. Quand certains ménages choisissent un vieux corps de ferme ou une vieille bâtisse en centre-bourg ancien, d'autres préfèrent un pavillon Phœnix, voire faire construire leur maison individuelle par un promoteur. .25
SANS VOITURE : TEST DE L’ARPENTAGE À VÉLO La toute-puissance de la voiture Très vite, l’usage du vélo s’est avéré être le bon outil pour explorer la vallée. J’ai tout de même utilisé d’autres moyens de locomotion. À pied, le rythme est lent, et je ne peux pas parcourir autant de kilomètres que je le souhaiterais, bien que ce soit un moyen de déplacement intéressant en terme de perceptions, à la fois des distances et du temps passé entre chaque arrêt. Le phénomène de périurbanisation est historiquement lié aux déplacements automobiles, et j’en fais le constat lors de mes arpentages : tout est dessiné pour la voiture. Les gens viennent habiter ici car la vallée est bien reliée à la Capitale et aux grands centres par des infrastructures de transports en commun -le RER, le Transilien, les réseaux de cars Marne et Morin, Pep’s, Seine et Marne Express ...-, mais les trajets sont avant tout automobiles. Si bien que tous les déplacements en vélo s’avèrent compliqués aux abords des agglomérations, et aucun équipement n’est prévu pour ce mode de déplacement.
f Aux abords de la RD934, axe automobile majeur de la vallée. 26.
01. TROUVER DES REPÈRES DANS UN TERRITOIRE AUX AMBIANCES DIVERSES.
Utiliser la voiture est bien sûr utile pour aller explorer au-delà des limites de la vallée, mais on ne s’arrête pas n’importe où, on perd toute notion d’échelle, et la lecture du paysage en devient bien moins sensible. À l’inverse, le vélo permet de passer partout là où une voiture ne pourrait pas forcément -par les chemins d’exploitations, les berges et anciens chemins de halages ...-, permet de relier très rapidement les différentes communes.
Écoles primaires, collèges, foyers handicapés, maisons de retraites Supermarchés, commerces et épiceries de proximités
Station du Transilien P Complexes sportifs, aires de jeux, de loisirs
Espace associatif, salles de concert et de spectacle, bibliothèques et médiathèques
Rayon de 10 minutes à vélo (30 minutes à pied)
k Le territoire à l’échelle des déplacements quotidiens : des services de proximité à portée de vélo. .27
UN PAYSAGE FAÇONNÉ PAR L’EAU
Pays de France
E.N.S. des Olivettes Canal de l’Ourcq
Île de loisirs de Jablines-Annet
Boucles de la Marne
Canal latéral du Grand Morin
Vallée de la Marne Site olympique de Vaires
Disneyland Paris
Ru du Lochy
Marne-la-Vallée
Village Nature
Données : IGN RPG 2017, IGN BD TOPO 2019, Atlas des Paysages de Seine-et-Marne
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Brie boisée
01. TROUVER DES REPÈRES DANS UN TERRITOIRE AUX AMBIANCES DIVERSES.
Meaux
Canal de Chalifert
Brie des étangs
Frayère du Marais
Vallée du Grand Morin
> L’Est parisien est arrosé par deux cours d’eau majeurs que l’on connaît bien, la Seine et la Marne. De manière générale, l’eau a dessiné le paysage briard et donné ce léger relief, rompant ainsi la monotonie des vastes plateaux. Des formes singulières tracées par l’écoulement de l’eau sont identifiables. Celles-ci donnent de nouveaux points de repères dans le paysage, davantage liés à la morphologie même des vallées. On note ainsi les larges Boucles, motif que l’on retrouve également plus au Nord, en amont de l’épingle à cheveux que forme la Marne aux abords de Meaux. Les anciennes exploitations de sables et de graviers ont également laissé leur signature. Devenues de larges étendues d’eau, les gravières sont peu à peu renaturalisées en espaces naturels sensibles, comme aux Olivettes ou au Grand Voyeux. D’autres sont reconverties en île de loisirs, comme à Jablines notamment. Avant de retrouver le fleuve parisien, l’eau est captée en de nombreux points. Les rus qui descendent des plateaux pour se jeter dans les rivières plus importantes comme le Petit et le Grand Morin, sont nombreux. Leurs sources sont difficilement perceptibles du fait de l’intensification passée des cultures et leur enfouissement. Toutefois, ces rus offrent un panel de situations qu’il sera intéressant de mobiliser par la suite. À propos du lien entre plateau et vallée tout d’abord, mais aussi du point de vue des problématiques d’écoulement et d’urbanisation excessive. En condamnant certains rus, certains projets mettent ainsi en péril des pans entiers de la vallée, qui se retrouvent inondés. .29
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01. TROUVER DES REPÈRES DANS UN TERRITOIRE AUX AMBIANCES DIVERSES.
LE CAS DU LOCHY : UN RU IMPACTÉ PAR L’URBANISATION La situation actuelle de ces petits ruisseaux alimentant les rivières illustre la mise à distance progressive de nos sociétés vis à vis de l’eau. Un phénomène fortement lié à l’étalement urbain, en marge des grands centres. En voici un exemple.
MARQUER L’ENTRE-DEUX L’ÉTANG DU LOCHY
FERMETURE ET ENFRICHEMENT À TRAVERS CHAMPS
Le Ru du Lochy prend sa source à Magny-le-Hongre. Aujourd’hui busé à sa source, il est visible à partir du Parc du Lochy. Dessiné par l’Agence Bruel Delmar, ce projet réalisé entre 2004 et 2005 accompagne le développement urbain de la commune valeuropéenne. Pensé comme une porte d’entrée à Eurodisney, ce parc de 30 hectares questionne le rapport entre plateau et vallée, et met en scène «la mémoire agricole confrontée à l’extension de Marne-la-Vallée». Il constitue également un point de vue sur la vallée du Grand Morin.
Plus bas, en descendant dans la vallée, le ru se creuse et se pare d’une végétation junglesque, où les lianes, les ronces et le lierre rampant se mêlent et grimpent sur les robiniers. Il prend la forme d’un ravin étroit peu accessible. Entourés de champs, il est même difficile d’y accéder. Un chemin enherbé permet tout de même de profiter de son tracé pour descendre tout doucement vers les communes du fond de vallée.
Plus largement, ce projet devait également composer avec l’implantation de deux bassins de rétention, comme on peut en voir très régulièrement sur l’ensemble de Marne-la-Vallée, pour gérer les eaux captées sur tous les espaces imperméabilisés. L’EPA Marne, aménageur de la ville nouvelle, a décidé d’en tirer parti en créant une série de parcs regroupés pour former la Chaîne des Étangs de Marne-la-Vallée.
À mesure que l’on se rapproche de Montry, on trouve des objets de toute nature et de toute taille, allant de la canette de soda jusqu’au caddie de supermarché. Ces déchets rappellent cette proximité immédiate avec les habitations. Près de 80 logements individuels ont été construit à Montry il y a 5 ans dans des champs qui bordait le ru. Parmis eux, une vingtaine surplombe directement le ru, qui passe désormais dans le jardin des gens.
À L’ÉTROIT LES PAVILLONS
EXUTOIRE LE GRAND MORIN
Le ru a désormais effectué la majeure partie de sa descente. Croisant la RD 934 à la perpendiculaire, il représente la limite administrative entre Montry et Saint-Germain-sur-Morin. Dans les faits, cette axe majeur automobile de la vallée sera totalement construit d’ici 2021, dans une logique de continuité urbaine, politique favorisée par les communes.
Le Lochy termine sa course en se jetant dans le Grand Morin, après être passé sous le canal. Une fois encore, l’eau est peu accessible et cette confluence est camouflée par les fourrés. D’un lit tantôt ensauvagé, tantôt isolé par les habitations, on passe à un fond de vallée délaissé lui aussi, où les vestiges de moulins et la vieille maison éclusière rappellent l’effervescence productive de ces lieux par le passé.
Une fois passé sous la route, le cours d’eau disparaît entre deux murs, coincé derrière les jardins des vieux pavillons. Ni visible, ni accessible, le ru devient une menace pour les habitations, qui lui ont tourné le dos. Et pour cause : une fois sorti du lotissement, le ru passe sous le canal latéral du Grand Morin, où une grille retient les embâcles, limitant ainsi l’écoulement normal du ruisseau. Le quartier a été touché à plusieurs reprises par les inondations du Lochy, mais la commune refuse de retirer la grille ou de déplacer les habitants.
Le cours d’eau dans lequel s’est jeté le Lochy est aujourd’hui un lieu de tourisme et de loisir dans sa partie aval. Là où il s’y jette, le Grand Morin est encore visité par quelques pêcheurs, promeneurs du dimanche, ou autres kayakistes. Néanmoins, il reste une rivière peu fréquentée, sinon par les gens du voyage sédentarisés qui ont trouvé en cette zone inondable un espace isolé et calme pour y poser leurs mobil-homes toute l’année, et ne pas payer de permis de construire ailleurs.
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Frêne commun (Fraxinus excelsior) Noisetier commun (Corylus avellana) Prunelier (Prunus spinosa)
QUELLES FORMES DE VIVANT ?
Pommier (Malus domestica) Poirier sauvage (Pyrus pinaster) Merisier (Prunus avium)
Les ambiances végétales du plateau au cours d'eau Les haies champêtres sur le plateau agricole : Les vastes cultures actuelles offrent peu de place aux espèces arbustives pour se développer. Toutefois, certaines haies sont encore présentes quand on remonte le long du Grand Morin. La plaine céréalière de Dammartin-sur-Tigeaux est encore ponctuée par quelques formations basses plutôt pauvres et peu entretenues. On distingue également les vestiges d'un verger planté non loin des bâtisses anciennes. Les haies sont un écosystème arbustif linéaire. Elles ont en général conservé un patrimoine génétique très diversifié, qui s'adapte toujours au climat et au sol où elles sont plantées. Les essences qu'on y trouve sont alors robustes et résistantes aux maladies. Les vergers abandonnés sur les coteaux : L'enfrichement de ces parcelles qui alimentaient les habitants par le passé a débuté dans les années 1960. Le bois qui s'est développé entre Couilly et Condé ne laisse plus du tout entrevoir ce passé de verger. Les étroits sentiers perdent les promeneurs qui s'y engouffrent. Les strates basses, alliées à un haut couvert d'un âge avancé, ferment complètement le champs de vision. Ces coteaux boisés sont souvent attenants à des hameaux ou des lotissements : ils deviennent alors le terrain de jeu des enfants et le refuge de certains adultes logeant dans de vieilles cabanes abîmées. Le marais : La zone humide présentée ici est un milieu naturel restauré. Elle prend la forme d'un creux topographique aux pentes légères, avec une eau stagnante sur une faible épaisseur. On peut toutefois supposer qu'elle prenait cette forme par le passé. La frayère du marais, à Crécy-la-Chapelle, est la recomposition d'un écosystème pour favoriser la reproduction de certaines espèces piscicoles. On trouve aujourd'hui peu d'espaces de cette qualité dans la vallée. Les zones humides peuvent également se trouver sur les plateaux, comme c'est le cas à Villeneuve-le-Comte, près du Village Nature. Peu accessible au public, ces marais méritent d'être plus arpentables. La forêt alluviale : Le fond de vallée se caractérise par une végétation bien spécifique des bords de cours d'eau. La ripisylve prend place sur les berges de la rivière. Plus largement, les dépôts alluvionnaires du Grand Morin dans le lit majeur permettent le développement de ces haies, bosquets et arbres isolés. Le Chemin de Halage du Canal latéral du Grand Morin fut planté de peupliers au 19e siècle. Depuis la fermeture du canal, la forêt alluviale s'est développée spontanément jusqu'à atteindre les hauteurs des arbres en alignement. Le tout se confond dans un chaos de lianes, de lierre et de clématites aériennes, qui n'ont de limite que la cime des arbres. 32.
01. TROUVER DES REPÈRES DANS UN TERRITOIRE AUX AMBIANCES DIVERSES.
Les hauts de Dammartin 138 m alt.
Chêne pédonculé (Quercus robur) Charme commun (Carpinus betulus) Érable Champêtre (Acer campestre)
Le bois de Couilly 80 m alt.
Iris jaune des marais (Iris pseudacorus) Menthe aquatique (Mentha aquatica)
La frayère du marais à Crécy 50 m alt.
Orme blanc (Ulmus glabra) Aulne glutineux (Alnus glutinosa)
Laîche des marais (Carex acutiformis)
Peuplier blanc (Populus alba)
Le chemin de halage du canal latéral 46 m alt.
.33
CONCLUSION PARTIELLE
> J’ai compris avec cette première approche que derrière cette oppposition binaire entre la ville et la campagne se cache en réalité une frange large, hétérogène et aujourd’hui fragmentée, que l’on pourrait qualifier de périurbaine. Mêlé à la fois d’éléments urbains et ruraux, le paysage périurbain est aussi qualifié de transitoire, d’hybride. Autant que la ville qui se reconstruit sur elle-même, ou la transition agricole qui bouleverse notre manière de cultiver, ces franges périurbaines sont en mutation. Elles sont toujours autant attractives, on continue d’y construire des logements. En parallèle, le vivant prend des formes différentes, dans des espaces parfois de plus en plus contraints, mais aussi parfois plus spontanées et libres. Cette réflexion fut très importante dans mon raisonnement car ma vision d’étudiant paysagiste s’est retrouvée confrontée à ma vision d’habitant de la vallée. Un point de vue qui s’est construit pendant de nombreuses années, qui est ancré en moi, mais qui est quelque peu bridé, confiné dans ce cadre manichéen où seules deux espaces existent : la ville ou la campagne. Au cours des entretiens menés ces derniers mois, peu des personnes avec qui j’ai pu discuter ont réellement qualifié la vallée de «périurbaine». C’est pourtant là qu’ils habitent et ont choisi d’habiter. Peut-être que ce n’est qu’un mot de paysagiste, d’urbaniste ou de sociologue, et qu’en aucun cas un habitant ne décrirait ses origines ainsi, dans cet entre-deux. Car la difficulté d’identifier les espaces périurbains réside dans la définition des espaces qui les entourent. Un entre-deux où il est essentiel de comprendre les paysages qui l’encadrent de part et d’autre, qui ne serait pas sans eux. C’est ce que nous allons voir dans la deuxième partie, où il sera question de l’urbanisation de la ville nouvelle, qui confronte le monde rural aux réalités d’une métropole grandissante.
34.
01. TROUVER DES REPÈRES DANS UN TERRITOIRE AUX AMBIANCES DIVERSES.
Combien de temps ces champs vont-ils rester des champs ?
Des paysages cultivés aux traits de campagnes fortement influencés par la capitale : une ruralité périurbaine à préserver ?
Un paysage façonné par une eau plus vraiment perceptible : la vallée est-elle toujours un repère géographique?
Les touristes viennent-ils aussi visiter les alentours ? Les habitants visitent-ils souvent Disneyland ? Où vont-ils pour s'amuser ?
Une vallée épaisse, aux caractères multiples, qui questionne une prétendue binarité
Des espaces construits dont les traits sont urbains, et dont on peut s'extraire en quelques minutes à vélo
k Vision simplifiée de la vallée du Grand Morin et ses repères. Entre paysages rivulaires, campagnards, et des influences certaines d'un pôle touristique international, autant de questions qui émergent. .35
02 *** MARNE-LA-VALLÉE ET LA PORTE DE LA BRIE : UN PNR POUR CONTRER L’AVANCÉE D’UN URBANISME «MENAÇANT».
INTRODUCTION
« À l'heure où l'aménagement du territoire se fabrique à une échelle nationale et internationale, les espaces périurbains parisiens seront obligés de travailler ensemble. C'est en ce sens que le « local » ou le « territoire » peut retrouver une nouvelle dynamique. En définitive, il n'y a peut-être pas de chose plus difficile à faire que d'aménager l'espace quand on est si près d'une mégalopole. La création du PNR devrait permettre de relever ce défi. » h JC Cavard (1994) Histoire de la création du PNR du Vexin français. Publication des amis du Vexin français, 34, p.37
> Cette deuxième partie a pour objectif de traduire le contexte général qui a conduit au clivage que l'on connaît aujourd'hui au sein de la vallée du Grand Morin. Historiquement, la programmation des villes-nouvelles françaises prend racine sous De Gaulle, dans les années 1960. À la même époque, les premières chartes de Parc Naturels Régionaux (PNR) sont rédigées. Dans un pays fortement marqué par la Révolution Industrielle du 19e siècle, la ville et la campagne se distinguent déjà bien avant cette décennie d'aprèsguerre. Mais jusqu'alors, ces deux mondes cohabitent et évoluent dans une interdépendance que l'on ne retrouvera pas par la suite. La période de l'après-guerre et les « Trente Glorieuses » vont affirmer encore plus cette bipolarité du territoire français. Les grands projets de de Gaulle marqueront autant les territoires franciliens que les autres régions de France, autant les villes que le monde rural. De par la volonté de reconstruire l'identité d'un pays et réaffirmer sa grandeur, cette décennie évoque un temps où des projets de grande ampleur, à l'échelle d'une région ou d'un pays, sont réalisables. Certains projets prennent également de l'envergure dans le temps, puisqu'ils se développent sur plusieurs dizaines d'années. Ainsi, les paysages en sont toujours imprégnés soixante ans plus tard. C'est dans un article écrit par Didier Desponds dans Norois en 2007 que je tombe sur ce terme d' « urbanisation menaçante ». Desponds écrit alors sur les effets de l'implantation du PNR du Vexin Français, une dizaine d'année après sa création. Il explique que le cas des PNR en Île-de-France est très spécifique, et qu'ils sont construits dans des logiques différentes que les autres Parcs. Quand les autres ont pour projet de « préserver des espaces essentiellement naturels et de compenser les effets de la déprise agricole et du dépeuplement », les PNR franciliens ont une mission supplémentaire en tête : celle d'une « pression urbaine à repousser, à canaliser ». En effet,à partir des années 1960-1970, les programmes des villes-nouvelles s'étendent sur les campagnes autour de Paris. Plus tard, en réponse à ces projets, des démarches pour « refaire campagne » vont se mettre en place. Nous allons ici aborder le cas de l'Est francilien. Un territoire marqué par la ville-nouvelle de Marne-la-Vallée et par un Parc en projet, le PNR de la Brie et des Deux Morin, que des élus locaux ont lancé suite à l'implantation d'un autre grand projet d'envergure né en 1987 : le Parc Eurodisney. Nous verrons rapidement ce que représentent les villes-nouvelles en Île-de-France, le cas du Secteur IV de Marne-la-Vallée, anciennement appelé la Porte de la Brie, pour ensuite nous pencher sur le PNR en cours d'élaboration. Nous terminerons sur ce clivage apparent qui prend place dans la vallée du Grand Morin, un cours d'eau devenu la frontière entre le PNR et Marne-la-Vallée. k L’entrée du Parc Disneyland et le parvis de la gare TGV/RER Marne-la-Vallée-Chessy.
38.
02. MARNE-LA-VALLÉE ET LA PORTE DE LA BRIE : UN PNR POUR CONTRER L’AVANCÉE D’UN URBANISME «MENAÇANT».
.39
LES VILLES NOUVELLES : RÉORGANISER PARIS Oise - Pays de France
Départements franciliens
Vexin Français
Villes nouvelles historiques Brie et Deux Morin
Marne-la-Vallée Cergy
Marne-la-Vallée
PNR franciliens existant Saint-Quentin-en-Yvelynes
PNR en projet
Évry
Sénart
Haute Vallée de Chevreuse
Gâtinais français
Bocage gâtinais
« Delouvrier, mettez-moi de l’ordre dans ce bordel ! »
h On observe sur cette carte de la région Île-deFrance que les PNR existants occupent un territoire proche des villes nouvelles. Quand un PNR englobe vonlontiers une partie du périmètre d'une ville nouvelle, un autre se positionne à sa frontière sans qu'il n'y ait de «mélange». f Ce qu'aurait dit De Gaulle à Delouvrier, lors d’un survol de la région parisienne en hélicoptère, dans les années 1960.
40.
02. MARNE-LA-VALLÉE ET LA PORTE DE LA BRIE : UN PNR POUR CONTRER L’AVANCÉE D’UN URBANISME «MENAÇANT».
Nouveau schéma, nouveaux acteurs Les politiques sous l'ère De Gaulle ont marqué bien des territoires. C'est en 1965 que ce dernier confie à Paul Delouvrier la mission de réorganiser Paris et sa région. La même année, Delouvrier et son équipe lancent le Schéma Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme de la Région Parisienne (SDAURP), piloté alors par l'Institut d'Aménagement de la Région Parisienne (IAURP), plus sobrement appelé aujourd'hui l'Institut Paris Région. Paris est alors en pleine conversion, et l'État Français cherche à déconcentrer la capitale et tendre vers une agglomération polycentrique. En plaçant de façon stratégique les villes nouvelles tout autour de Paris, c'est tout le schéma régional qui en est modifié. À cette époque, l'IAURP prévoit que la région parisienne passera de 8,4 millions d'habitants à 14 million à l'horizon 2000. Au fil de leurs lancements, chaque projet de ville nouvelle est confié à un Établissement Public d'Aménagement (EPA), chargé par l'État de l'aménagement de la ville nouvelle. En conséquence, les villes nouvelles, placées en périphérie de la capitale, se voient dotées d'infrastructures permettant de répondre aux déplacements quotidiens d'une population elle-même nouvelle. Le SDAURP planifie donc de nombreuses autoroutes ainsi que le Réseau Express Régional (RER), décliné en
DE QUOI ON PARLE ? LA VILLE NOUVELLE 5 lignes, qui sera mis en service en 1977. Aujourd'hui long de 587 km et fort de 249 gares, le RER reste le réseau privilégié des franciliens. Les villes nouvelles sont des projets de territoires à plus ou moins long terme. En ce qui concerne la région parisienne, chacune d'entre elles, à l'exception de Marne-la-Vallée, seront achevées au tournant des années 2000. L'EPA cède alors sa compétence aménagement aux collectivités, sur de nouveaux périmètres généralement hérités des tracés des villes nouvelles.
Un nouvel outil pour le rural En 1967, dans un autre bureau de la DATAR sont créés les Parcs Naturels Régionaux (PNR). Différents des Parc Nationaux, les PNR n'ont pas de pouvoir réglementaire. Ils ne peuvent ni interdire la construction ni réguler l'occupation des sols. Le PNR constitue un outil pour classer un territoire qui présente des qualités particulières, de par un patrimoine naturel et culturel riche à protéger. Aujourd'hui, suite à une urbanisation galopante et une transformation sans égale des territoires ruraux, certains acteurs définiront également les PNR comme des outils nés pour répondre à un manque, pour préserver des paysages de leur disparition, et même pour relancer des territoires suite à la déprise agricole.
g Aussi appelées villes planifiées, elles sont issues de politiques nationales d'aménagement au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. On trouve de nombreux exemples contemporains au Royaume-Uni, précurseur en Europe. En France, la Délégation à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale (DATAR) promouvoit ce modèle pour équilibrer les territoires.
Les villes nouvelles ont été créées dans un contexte de croissance démographique forte où les grands ensembles et les quartiers pavillonnaires faisaient l'objet de leurs premières critiques. Les villes nouvelles sont apparues comme un modèle alternatif, avec un degré de densité médian. La localisation des villes nouvelles se fait stratégiquement. Elles forment un nouveau bassin de vie de par la distance avec la ville-centre, mais elles font tout de même partie de la même aire urbaine, et ne sont pas autonomes en matière d'emploi.
RD 934
rne
Ma
RER A A4 A 86
Secteurs
Forêt d'Armainvilliers
Axes de circulation
Coupures vertes h Premières esquisses de l'organisation de la vallée de la Marne, paru dans les Cahiers de l'IAURP en 1970. .41
LE SECTEUR IV : LE CHOIX DE LA VILLE DANS LES CHAMPS ?
4
1
6
3 2
11
9
12
7 5
17
8
2
9 8 3
16
20 4 18
13
1
19
15 10
10
21
14
6
5
7
PORTE DE PARIS SECTEUR I
VAL DE BUSSY VAL MAUBUÉE
SECTEUR III
VAL D’EUROPE
SECTEUR II 0
5 km
ex-Secteur I : 111 318 habitants 1. Bry-sur-Marne 2. Villiers-sur-Marne 3. Noisy-le-Grand ex-Secteur II : 87 935 habitants 4. Champs-sur-Marne 5. Émerainville 6. Noisiel 7. Lognes 8. Croissy-Beaubourg 9. Torcy
42.
SECTEUR IV
VAL D’EUROPE AGGLOMÉRATION ex-Secteur III : 80 582 habitants 10. Saint-Thibault-des-Vignes 11. Gouvernes 12. Bussy-Saint-Martin 13. Collégien 14. Ferrières-en-Brie 15. Lagny-sur-Marne 16. Conches-sur-Gondoire 17. Guermantes 18. Bussy-Saint-Georges 19. Montévrain 20. Chanteloup-en-Brie 21. Jossigny
ex-Secteur IV : 49 226 habitants 1. Chessy (siège) 2. Coupvray 3. Magny-le-Hongre 4. Serris 5. Bailly-Romainvilliers 6. Villeneuve-Saint-Denis 7. Villeneuve-le-Comte 8. Saint-Germain-sur-Morin 9. Montry 10. Esbly
02. MARNE-LA-VALLÉE ET LA PORTE DE LA BRIE : UN PNR POUR CONTRER L’AVANCÉE D’UN URBANISME «MENAÇANT».
EPA Marne EPA France
Le secteur IV, encore en chantier
Mickey entre en scène
Si les projets de villes nouvelles sont construits à une distance moyenne d'environ 30 kilomètres, c'est également pour faciliter leur tracé, sur des terres considérées comme « vierges » de toute forme imposante d'urbanisation, dont la valeur de départ ne décolle par bien haut. L'exemple de Marne-la-Vallée va dans ce sens, et notamment son dernier pan, le secteur IV. Entre 1987 et 2010, ce secteur prendra pour nom la « Porte de la Brie » en écho au premier secteur, symbole d'une amorce vers le monde rural.
Le développement de ce secteur prend une ampleur considérable avec la signature de l'implantation du Parc Disneyland en 1987, appelé alors Eurodisney. L'EPA Marne, devenu alors EpaMarne/ EpaFrance, fait l'acquisition de 1943 hectares (aujourd'hui étendu à 2230), qu'il achète pour 1,7 €/m², et qui constitueront le Plan d'Intérêt Général (PIG) où The Walt Disney Company viendra s'implanter. La signature d'un tel traité est un cas très spécifique, puisque la compagnie américaine a autant de poids dans les décisions que l'EPA et l'Agglomération du Val d'Europe, tout en gardant leurs fonctions respectives.
PIG
PLUi
Constitué sous la forme d'un Syndicat d'Agglomération Nouvelle (SAN), ce territoire est alors composé de 5 communes. Le SAN du Val d'Europe naîtra en 2001. Aujourd'hui fort de 10 communes, le secteur IV est devenu en 2016 la communauté de Val d'Europe Agglomération. Les communes d'Esbly, Montry et Saint-Germainsur-Morin sont les dernières à être entrées dans l'agglomération, au 1er janvier 2020. La volonté de ces trois communes traduit l'affirmation du Val d'Europe comme un pôle économique et touristique, de l'échelle locale à européenne voire mondiale, de par la présence du Parc Disneyland Paris, installé et ouvert depuis 1992 sur cinq des communes de l'Agglomération.
Par ailleurs, la convention a fait l'objet d'un avenant en 2010, assurant son maintien jusqu'en 2030. Il officialise par la même occasion la création d'un troisième parc à thèmes à venir, et le lancement de la dernière création notable du développeur : le Village Nature. En partenariat avec Pierre et Vacances-Center Parks, ce complexe de loisirs est accompagné de 7000 logements à destination des touristes, et est implanté à Villeneuve-le-Comte.
The Walt Disney Company
Val d’Europe Agglo.
h Le Triangle de décisions, trois acteurs qui fonctionnent ensemble. The Walt Disney Company : Représentée par sa société Euro Disney, la firme américaine agit en qualité de développeur sur le territoire du PIG, qui couvre une majeure partie de l'agglomération. Une fois les terrains viabilisés par l'État via l'EpaFrance, Euro Disney dispose d'un droit d'initiative sur ces terrains, et peut ainsi prendre le rôle de maîtrise d'ouvrage. Les projets menés par Disney assurent un cadre de vie de qualité. Une fois développés, les terrains sont rétrocédés à l'Agglomération. Euro Disney reste néanmoins maîtresse de l'image du projet qu'elle a développé. Val d’Europe Agglomération : Représentée par les élus des différentes communes, et fonctionnant de la même manière que les autres communautés d'agglomération, Val d'Europe agit en tant que gestionnaire et admnistrateur. En matière d'aménagement, elle détient toujours la délivrance des permis de construire, et les communes ont su élaborer un Plan Local d'Urbanisme Intercommunal, qui témoigne de la bonne organisation interne. EPA Marne/EPA France : Représentante de l'État Français, l'EpaFrance agit sur le secteur IV en tant qu'aménageur. L'Epa agit pour le compte d'une collectivité ou une intercommunalité, et oeuvre pour la construction de la ville. Ils veillent à un bon équilibre emploi/habitants. Elle réalise avec Disney la ZAC des Studios et des Congrès, qui inclue 1800 logements, des bureaux, 500 unités hôtelières, des commerces de proximité. .43
PAROLES D'ACTEUR
Le regard d'un ingénieur paysagiste sur «le bras armé de l'État», l'EPA Marne. > Ancien élève de l'ENSNP de Blois sorti en 2011, Pierre-Henri bélières a mené son TFE à Villiers-sur-Morin. Travaillant aujourd'hui en Petite Couronne, il fut chargé d'opérations à l'Epa Marne entre 2012 et 2015. On se rencontre le 11 novembre 2019, dans un café à Vincennes. «Aujourd'hui, Marne-la-Vallée a complètement changé sa manière de faire du projet.» D'amblée, PierreHenri fait un état rapide de la situation de l'Epa. «Pour ne pas voir sa mission achevée, comme ce fut le cas pour les autres Epa d'Île-de-France, l'Epa Marne a lancé une nouvelle logique partenariale avec les collectivités.», m'explique-t-il. Encore propriétaire de beaucoup de foncier, l'Epa Marne tente de rester dans la course de l'aménagement de l'Est parisien. «Dans les secteurs de Marne-laVallée, on continue de construire là où on peut : à Champs ou Villierssur-Marne, là où s'implantera le Grand Paris Express.» Mais l'Epa voit plus loin et sort même des limites de projet de la Ville Nouvelle. Avec des partenariats en SPLA-IN, Société Publique Locale 44.
d'Intérêt National, l'aménageur peut travailler directement avec les collectivités, et notamment les communes, à capital partagé entre la collectivité et l'État. «La mission de l'Epa est plus ou moins achevée. Il ne reste que Val d'Europe, le secteur IV, où de nombreux projets sont en cours. L'Epa reste un établissement vieillissant, qui cherche à se maintenir.» Je lui demande d'ailleurs s'il y a des logiques de concurrence entre aménageurs sur l'Est francilien. Pierre-Henri explique que l'Epa Marne a bien failli être absorbé par Grand Paris Aménagement, comme ce fut le cas des Epa de l'Ouest parisien, mais que le secteur était trop écarté du centre de la métropole, et que l'Epa Marne garde des ressources financières imposantes. Aménagement 77, l'aménageur départemental, est peut-être son principal concurrent. Cependant, d'autres entreprises privées comme des Banques ou encore des Constructeurs se sont lancés dans l'aménagement. «Le monde des aménageurs est en perte de vitesse. Il y a de moins en moins de gros projets d'envergure,
tout se fait au compte-goutte. Sinon ce serait trop coûteux. Aujourd'hui, ce sont de plus en plus les promoteurs qui créent les projets, et il faut y faire très attention. S'il n'y avait pas eu un Epa à Marne-la-Vallée, on se serait retrouvé avec une immense nappe de pavillonnaire de promoteurs partout. Même si le SDRIF limite énormément l'étalement, il continue aujourd'hui.»
Des enjeux toujours d'actualité Avant de se quitter, Pierre-Henri m'expose son regard sur son travail et la vallée. «La vallée du Morin est un espace qui garde une forte pression immobilière. C'est une frange urbaine où le paysage est charmant. Le Morin est à la bonne échelle, entre un « casi-fleuve » comme la Marne et un petit cours d'eau. Mon projet, c'était de redonner une valeur économique aux terres agricoles, de sorte que les communes puissent contester l'avancée des projets de la Ville Nouvelle, et ainsi affirmer l'identité de la vallée. Il y a toujours un très fort enjeu de restructuration du paysage dans la vallée du Grand Morin.»
02. MARNE-LA-VALLÉE ET LA PORTE DE LA BRIE : UN PNR POUR CONTRER L’AVANCÉE D’UN URBANISME «MENAÇANT».
Suite à cet entretien, j'ai compris que les problématiques qui secouaient la vallée il y a presque 10 ans sont toujours d'actualité. En marge du territoire ultra-dynamique qu'est le Secteur IV, la Vallée du Grand Morin n'est touchée que partiellement par son développement. Cependant, les objectifs de l'EPA Marne/EPA France trouvent de l'écho dans les propos de certains élus, comme à SaintGermain-sur-Morin, qui voient en l'étalement urbain une opportunité de développement. Ces mêmes élus ne se soucient que très peu de la disparition d'un monde rural dont le caractère est encore présent dans ces communes périphériques. g Pierre-Henri Bélières travaille désormais en tant que responsable d'opérations chez un autre aménageur et constructeur, Séquano, basé en Seine-Saint-Denis.
.45
XIIE SIÈCLE Les Foires de Champagne passent entre Paris et Reims, et durent trois semaines à Lagny, dans la vallée de la Marne. Premiers moulins sur le Grand Morin.
GAULE ROMAINE Premières traces d'une meule de moulin trouvée à Doue.
1983 Inauguration des Espaces Abraxas de Ricardo Bofill, ensemble immobilier qui signe le point de départ de la ville nouvelle et surplombe la vallée.
1992 Ouverture du Parc Eurodisney sur le plateau Briard.
1975 La Section Coutevroult Bouleurs de l'Autoroute A4 est construite.
1999 Les élus se mobilisent et réfléchissent au périmètre du PNR Brie et Deux Morin.
1973 Début de la construction de la branche Marne-la-Vallée du RER A.
2000 Le Centre Commercial du Val d'Europe ouvre ses portes.
Vivre au bord d'un cours d'eau Vivre dans une ville nouvelle Vivre proche du monde rural 46.
02. MARNE-LA-VALLÉE ET LA PORTE DE LA BRIE : UN PNR POUR CONTRER L’AVANCÉE D’UN URBANISME «MENAÇANT».
1157 Première dérivation artificielle du Grand Morin à Sézanne.
1970 Arrêté interdisant la baignade en Marne, du fait de pollutions trop importantes.
1620 Ouverture de la «Fausse Rivière» à Coulommiers, longue de 4 km.
1967 La DATAR crée les Parcs Naturels Régionaux.
2010 La société Euro Disney officialise la création d'un troisième parc et lance son projet de Village Nature.
DE LA VALLÉE DE LA MARNE À MARNE-LA-VALLÉE 1809 On recense 110 moulins à blé actifs dans l'arrondissement de Coulommiers, soit le quart du département.
1965 Lancement du SDAURP par Delouvrier, qui planifie les villes nouvelles franciliennes.
1825 La Chocolaterie Menier s'installe à Noisiel dans l'ancien moulin Seigneurial.
1963 La branche alimentaire du Grand Morin est radiée car obsolète, l'écluse de Couilly est comblée. Plus aucun bateau ne circulera par la suite, et les habitants s'en détourneront petit à petit.
1846 Construction du Canal de Meaux à Chalifert et de la branche alimentaire du Grand Morin.
1863-1865 Construction de l'Aqueduc de la Dhuys, de Pargny à Paris.
1958 Crue spectaculaire du Grand Morin, qui monte de 2 mètres en moins de 24 heures.
1899 Un arrêté met fin à la batellerie sur le Grand Morin.
1923 Création de la Walt Disney Company.
1907 Parution de l'Étude sur la Rivière et la Vallée du Grand Morin d'Alexandre Bazin.
PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
SECONDE GUERRE MONDIALE
2013 Le projet de PNR est refusé par la région. Le SMEP persévère et continue la préfiguariton.
JUIN 2016 Les inondations ravagent les communes de la vallée du Grand Morin.
JANVIER 2018 Le Grand Morin déborde, la Marne s'y engouffre et touche durement le Pays Créçois.
JANVIER 2020 Le projet de PNR passe une seconde fois en commission de validation. Le Pays Créçois disparaît, et le Grand Morin devient la frontière entre les deux Agglomérations de Coulommiers et du Val d'Europe.
MARS 2020 Les élections municipales seront déterminantes dans l'avancée du projet de PNR.
2030 Val d'Europe prévoit de passer d'ici là de 34 000 à plus de 60 000 habitants.
.47
Schéma intercommunal en 2019
CA Pays de Meaux
Le Schéma de Cohérence Territorial (SCoT) du Pays de Meaux : élaboré en 2011, il fixe pour 20 ans les grandes lignes d'un projet territorial à l'échelle de l'agglomération. Il tire le bilan d'une occupation des sols qui a beaucoup évolué (- 651 ha de surfaces agri-naturelles au profit d'autant d'espaces urbanisés, entre 1982 et 2003), et vise à mieux répartir la densité entre la ville-centre et les villages, tout en réajustant la part des investissements urbains en matière de logement. Il vise également à composer des formes urbaines plus denses pour économiser de l'espace.
CA Val d’Europe
48.
CC Pays Créçois
PLUs COMMUNAUX SCoT
PLUI
CA Coulommiers Pays de Brie
Le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) du Pays Créçois : validé en 2019, il sera directement intégré au projet de territoire de l'Agglomération de Coulommiers-Pays de Brie. Centré sur les derniers méandres de la Vallée du Grand Morin, il cherche à équilibrer le développement et favoriser l'activité agricole locale, de par une meilleure gestion du foncier. La gestion du risque inondation fait également partie des priorités. L'Agglomération Coulommiers-Pays de Brie ne dispose pour l'heure que d'un SCoT à l'échelle de son bassin de vie, et non de son territoire entier, qui est composé en 2020 de 43 communes. Le Plan Local d'Urbanisme Intercommunal (PLUI) du Val d'Europe : approuvé en 2016, ce document d'urbanisme est également un Plan Local de l'Habitat et un Règlement intercommunal de Publicité. Il montre la volonté de cohérence et la puissance organisationnelle de cette agglomération. Le PLUI vise par ailleurs à ralentir les dynamiques d'urbanisation qui ne prenaient jusqu'alors pas en compte les trames vertes et bleues et les corridors écologiques sur le territoire. Il expose la volonté de penser les projets d'habitat en intégrant des objectifs de qualité environnementale.
SCoT
Schéma intercommunal en 2020
CA Pays de Meaux
SCoT
CA Val d’Europe PLUI - H
02. MARNE-LA-VALLÉE ET LA PORTE DE LA BRIE : UN PNR POUR CONTRER L’AVANCÉE D’UN URBANISME «MENAÇANT».
CA Coulommiers Pays de Brie
SCoT Bassin de vie
VAL D'EUROPE ARRIVE DANS LA VALLÉE DU GRAND MORIN Un changement qui n'est pas neutre La Communauté de Communes du Pays Créçois fut formée en 1992. Plusieurs communes l'intégreront au fil des années pour donner le territoire ci-contre. Cette intercommunalité était centrée autour de Crécy-laChapelle, et plus largement autour de la vallée du Grand Morin. En 2019, trois communes décident de passer dans l'Agglomération du Val d'Europe, déstabilisant ainsi le schéma intercommunal. Leur départ altère la viabilité économique de la Communauté de Communes : elle doit alors être dissoute. Les élus de Saint-Germain, Esbly et Montry justifient leur choix par une logique géographique. Situés à la frontière avec le Val d'Europe, les principaux déplacements quotidiens de leurs habitants se font vers Marne-laVallée. Pour autant, cette décision n'est pas neutre : elle confirme les divergences de points de vue au sein de la Vallée du Grand Morin, notamment en matière d'urbanisme. Intégrer l'agglomération du Val d'Europe assure des moyens bien plus forts pour financer de nombreux projets. Les autres communes, exceptée Quincy-Voisins, ont rejoint Coulommiers-Pays de Brie, marquant leur appartenance à un territoire se voulant rural.
Esbly Condé-Sainte-Libiaire Montry
Couilly-Pont-aux-Dames
Saint-Germain-sur-Morin
Coutevroult
Val d'Europpe Agglomération Coulommiers-Pays de Brie
h Le Grand Morin devient une frontière intercommunale, complexifiant un peu plus le lancement d'un projet de reconquête du cours d'eau.
.49
LA POURSUITE DE L’ÉTALEMENT URBAIN : LES PROJETS AUTOUR DU VAL D’EUROPE 2
Boucles de Jablines
1
1
Quartier du futur port
1
ZAC de Coupvray
ZAC de la Coulommière ZAC des Trois Ormes ZAC de Saint-Germain
Bois de Montguillon Extension du parc à thèmes 1
ZAC des Studios et des Congrès
Extension du PIE
Extension du PIE
Forêt domaniale de Crécy Village Nature Center Parks 2
50.
02. MARNE-LA-VALLÉE ET LA PORTE DE LA BRIE : UN PNR POUR CONTRER L’AVANCÉE D’UN URBANISME «MENAÇANT».
DE QUOI ON PARLE ? LES CONTINUITÉS ÉCOLOGIQUES g Le Schéma Régional de Cohérence
Écologique (SRCE) définie des recommandations à l'échelle francilienne visant à protéger les ressources naturelles et atteindre un bon état écologique des continuités terrestres et aquatiques. Ce document est un guide que les collectivités sont invitées à respecter, mais il est dans très peu de cas opposable. Par ailleurs, il est important de travailler ces continuités à l'échelle locale, sur le terrain. Un trait sur une carte reste très flou : une continuité, pour être fonctionnelle, est pensée selon une ou plusieurs espèces, et a une certaine épaisseur dont il faut se préoccuper en détail. Elle permettent alors de relier des réservoirs de biodiversité, parfois remarquables (elles sont alors classées en ZNIEFF, Zone Naturelle d'Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique) et faciliter la liberté de déplacement des espèces. Achevé il y a moins de 5 ans Chantiers en cours, livraisons d’ici 2025 En projets, horizon 2030-2040 Cours d’eau et rus majeurs Corridors de la trame herbacée aujourd'hui fonctionnels Infrastructures, rupture de continuités 1
0
ZNIEFF 1 et 2, réservoirs de biodiversité 0.5
1 km
Données : PLUi Val d'Europe, PLUs communaux, Entretiens, EpaFrance, Euro Disney, SRCE, DRIEE
Un secteur très dynamique Depuis son ouverture en 1992, Disneyland Paris a fait venir plus de 320 Millions de visiteurs (chiffre de 2018 de l'Epa Marne) sur son parc. Mais il est important de garder en tête que l'entreprise menée par Euro Disney, la société qui a en gestion le parc (détenu à 100% par la Walt Disney Company), fait bien plus que du tourisme. Fort de ses 2230 hectares contenus dans le Projet d'Intérêt Général (périmètre fixé par l'État via l'Epa Marne), Euro Disney agit à travers différents secteurs d'activités. L'activité touristique induit un parc hôtelier d'envergure international, un Golf et la gallerie commerciale Disney Village. Le Parc hôtelier se verra être triplé d'ici 10 ans, avec la création de 14 700 chambres supplémentaires d'ici 2030. Ensuite, les activités de développement immobilier comprennent d'une part les futures installations touristiques, mais aussi d'autres projets d'implantation d'entreprise, commerciaux, résidentiels, qui sont financés par Disney ou par d'autres partenaires. Un autre objectif pour 2030 est d'atteindre 700 000 m² de surfaces de bureaux. La société envisage une réelle diversification économique.
L'ambition d'un futur pôle urbain Les différents projets que l'on observe ci-contre traduisent de cette diversité dans laquelle Euro Disney excelle. Si la société et ses partenaires de
l'Agglomération et de l'Epa tiennent parole, le nombre d'habitants aura doublé entre aujourd'hui et 2030, passant ainsi à 60 000 habitants, au rythme de 650 logements livrés par an en moyenne. Son objectif de pérenniser l'équilibre entre emplois et habitants, aujourd'hui stable, démontre le dynamisme hors-norme du territoire.
Rupture Au regard du Schéma Directeur Régional d'Île-de-France (SDRIF), les projets menés sur l'agglomération constituent une augmentation conséquente de l'étalement urbain sur cette zone. Cependant, les rapports de l'Epa Marne/Epa France indiquent que tous ces projets tendent à être denses. En effet, l'urbanisme, souvent qualifié de «pastiche», évoque cette volonté de créer de toute pièce un centre urbain fort, une «ville à la campagne», entre des façades néo-haussmanniennes, une place d'inspiration italienne, et des parcelles réservées à l'agriculture urbaine. Les quartiers construits sur la ZAC des Studios en témoignent. Toutefois, on constate également les ruptures critiques faites aux continuités écologiques identifiées par le SRCE. La majorité des corridors tend à disparaître sur cette zone. La vallée du Grand Morin apparaît alors comme une « ligne de front », comme certains habitants et élus la désignent. Elle devient le rempart contre une urbanisation qui gagne du terrain. .51
h Le coeur urbain du Val d'Europe, développé autour du Centre Commercial, en 1998 et 2016 (crédit photo Epafrance).
h Les actuels travaux sur la ZAC des Studios et des Congrès : des logements collectifs et des petits services de proximité au rez-dechaussée habilleront la ville de demain. Les nouveaux quartiers résidentiels haut de gamme à Magny-leHongre, non loin du ru du Lochy. L'étang artificiel s'inscrit dans la Chaîne des étangs de Marne-la-Vallée.
52.
02. MARNE-LA-VALLÉE ET LA PORTE DE LA BRIE : UN PNR POUR CONTRER L’AVANCÉE D’UN URBANISME «MENAÇANT».
h La plaine agricole de Dammartin-sur-Tigeaux, dans le PNR, où poussent sur de vastes parcelles du blé, de la betterave, du chanvre et de la lentille non fourragère.
h Le Grand Morin et ses berges consolidées par les vieux aulnes glutineux serpentent entre les grandes parcelles. Derrière, le coteau boisé rappelle le relief de la vallée.
Au loin, la forêt domaniale de Crécy est un large boisement qui se brise sur le bord du coteau. Une fois traversée, la route mène tout droit au Val d'Europe, via le Village Nature.
Un petit lotissement se construit à Dammartin-sur-Tigeaux, au bord des champs. L'attractivité de Marne-la-Vallée touche aussi les petites communes rurales, qui doivent répondre comme elles peuvent à une demande de logement en augmentation.
.53
PAROLES D'ACTEUR Jean-Louis Vaudescal, le point de départ d'un projet qui divise > Entretien avec Jean-Louis Vaudescal, maire de Couilly-Pontaux-Dames et membre du SMEP du PNR. Le 22 novembre 2019, au téléphone. Je lui demande tout d'abord de me raconter l'historique du PNR, qui de mon point de vue semblait être un parcours semé d'embûches. Tout commence en 1995, trois ans après l'ouverture du Parc Eurodisney. Monsieur Vaudescal vient d'être élu, et souhaite lancer une première démarche de PNR Boucles de la Marne et Ourcq. Ce sont d'abord les agriculteurs qui s'opposent, ne voyant pas l'intérêt vis à vis de leurs exploitations. «On s'est vite rendu compte que notre volonté de préserver nos espaces naturels n'étaient pas partagés.», m'explique-t-il. Il trace alors un nouveau périmètre de projet basé sur celui du SAGE des Deux Morin, en 1998. C'est en 1999 que la machine démarre et que d'autres élus s'impliquent. En 2007, le projet d'opportunité est déposé auprès de la Région Île-de-France. Le périmètre initial comprend tout une zone dont l'influence urbaine serait trop forte, et difficile à défendre. La commission de 2014 invalidera donc ce projet, considéré comme trop 54.
marqué par le caractère urbain de la vallée du Grand Morin, entre Couilly et Coulommiers.
Un outil indispensable Vaudescal voit un frein à tout cela : le manque de volonté politique. « Le département est à gauche, mais les communes ici sont majoritairement à droite, et les élus n'ont que faire de tels projets. » Il m'explique alors que les visions divergent même à l'échelle locale. Dès le début de son premier mandat, Vaudescal refusait de signer les projets de lotissements à Couilly. Aujourd'hui, à Saint-Germain, sur l'autre rive du Grand Morin, la commune prévoit de construire 4500 logements d'ici 2030. «Il est dès lors très difficile de construire un projet de territoire cohérent dans la vallée quand on veut mettre en valeur nos paysages, et eux bétonner à tout va.» m'avouet-il. Il poursuit : «C'est une vision à long terme face à une vision à court terme. On est aussi là pour montrer qu'on peut faire vivre un territoire avec des sous qui viennent d'ailleurs que de l'immobilier.» Je lui demande si entre temps, amener les producteurs dans la démarche de PNR fut concluant. «On arrive très bien à marier ce projet et l'agriculture, que ce soit intensif, bio, de l'élevage … Dans la Brie, on a une image de grand céréalier, mais
c'est beaucoup plus nuancé que cela. On n'est pas en Beauce !». De manière plus générale, il explique ensuite que le PNR est un outil indispensable pour limiter l'impact du SDRIF et de sa politique d'urbanisation préférentielle. En exigeant un certain nombre de maisons construites chaque année, la Région renforce le clivage entre les communes, qui ne voient pas l'étalement du même œil. Le PNR, avec sa charte, permet de réguler et de rééquilibrer la construction à une échelle territoriale, en conseillant les communes qui en font partie. Le SMEP (Syndicat Mixte d'Étude et de Préfiguration du Parc) permet de lancer des projets plus forts, de par leur cohérence. La prochaine commission de validation a lieu courant février. D'ici l'an prochain, plusieurs communes sont déjà intéressées pour candidater au PNR. «Les communes de Coutevroult et Condé-Sainte-Libiaire sont déjà dans la boucle, elles seront les premières à rejoindre le PNR. » Le 4 février 2020 aura lieu la délibération du Comité National des Parcs Naturels et de la Région Île-de-France. Nous aurons les résultats concernant la validation du projet les jours qui suivent.
02. MARNE-LA-VALLÉE ET LA PORTE DE LA BRIE : UN PNR POUR CONTRER L’AVANCÉE D’UN URBANISME «MENAÇANT».
«Nous voulons créer un projet de territoire cohérent autour de nos vallées, et ce en valorisant nos paysages plutôt qu’avec une urbanisation outrancière.»
f Jean-Louis Vaudescal, maire de Couilly-Pont-aux-Dames, maraîcher et iniateur du projet de PNR. .55
Coulommiers Crécy-la-Chapelle
La Ferté sous Jouarre
Le Bureau : composé de 21 membres élus par le Comité Syndical. Le Comité Syndical : élus délégués de la Région, du Département et des Communes. > Délibère sur les questions de fonctionnement et d'actions du PNR.
La Ferté-Gaucher
> Propose les grandes orientations et prépare le budget du Syndicat Mixte.
Les Commission thématiques : 6 commissions d'une quinzaine de membres chacune, dont la compétence est consultative.
Le Conseil Local de Développement : citoyens et acteurs du territoire
> Elles contribuent à l'élaboration de la Charte pendant la préfiguration du Parc.
> partage le projet et incite à la participation du public. 56.
02. MARNE-LA-VALLÉE ET LA PORTE DE LA BRIE : UN PNR POUR CONTRER L’AVANCÉE D’UN URBANISME «MENAÇANT».
UN PNR QUI PEINE À S'AFFIRMER Artificialisation > Renaturation Renaturation > Artificialisation Bilan neutre < 1 ha de 1 à 4 ha de 4 à 10 ha plus de 10 ha Secteur de la basse vallée du Grand Morin contesté par la commission de 2014. 0
5 km
Données : IAU Evolumos 2012, SMEP du PNR
j Bilan des surfaces consommées entre 2008 et 2012 (en hectares/par commune) sur le territoire du PNR Brie et Deux Morin. Une carte qui questionne l'avenir rural du territoire, mais qui montre aussi l'ambition de nombreuses communes à se consacrer sans attendre aux espaces de nature.
f Les différentes instances qui composent le Syndicat Mixte d'Étude et de Préfiguration du Parc. Le SMEP a été créé à la suite du refus de la commission, pour se relancer le projet de Parc de manière plus rigoureuse. Cette démarche a été lancée en amont et vue de la deuxième commission des rapporteurs du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) et de la Fédération des PNR de France (FPNRF). Elle n'est en aucun cas obligatoire et témoigne donc la détermination des acteurs locaux à prendre les rennes de leur territoire.
La lutte contre le mitage et l'étalement, une priorité du PNR Comme l'a si bien expliqué JeanLouis Vaudescal lors de notre entretien, le projet de PNR a donc une vingtaine d'année derrière lui. Cette discussion ne m'a pas tout à fait permis de comprendre dans le détail les objectifs que vise le PNR. Est-il légitime de lancer un tel projet sur ce territoire ? Derrière les spécificités qui forgent le paysage briard -patrimoine naturel, historique, culturel...- et qui justifient le périmètre, la détermination des élus et la capacité du SMEP à coordonner le projet est le moteur principal. De plus en plus de personnes sont impliquées dans le projet, et la création du SMEP en 2015 a permis une plus grande communication autour du PNR, bien qu'il soit encore trop méconnu des habitants. Au cours d'une présentation de l'Association naturaliste du Renard, j'ai pu en apprendre plus sur ce que pouvait apporter le PNR aux communes. Le PNR est une forme de collectivité qui, d'après le rapport de faisabilité de l'IAU, est la plus à même de répondre aux enjeux du territoire. Organiser les communes autour d'un « Pays » aurait pu fonctionner également, mais le territoire est trop vaste pour cela. Par ailleurs, le PNR est une instance qui peut agir en matière de conseil auprès des autres collectivités. Sa charte, valable 12 ans, est un outil indispensable pour
limiter l'étalement et le mitage de la vallée du Grand Morin, qui met en péril le projet depuis le début. En fonctionnant directement avec le SAGE des Deux Morin, le Syndicat du Parc a également de sérieuses intentions sur la dépollution et la reconquête des cours d'eau de son territoire. Les rivières sont impactées par cette même pression urbaine, dans la basse vallée du Morin notamment, où les berges s'effondrent à de nombreux endroits.
Initiatives Par la suite, j'ai pu comprendre tout d'abord que le PNR est un projet qui se construit pour défendre ou valoriser les dynamiques présentes sur un territoire, et qui sont parfois menacées. Il compose avec l'existant. Et, par une expertise de terrain ficelée par un cortège de volontaires déterminés, ses actions peuvent beaucoup apporter au territoire dans une logique à long terme. Un projet monté localement, qui cherche des prises à un échelon plus vaste ; à l'inverse d'une ville nouvelle initiée par un État qui impose de grands projets, et qui, à l'époque, a tracé des routes sur une page prétendument blanche dans la campagne briarde. D'un côté, des experts de terrain, de l'autre, de fins techniciens qui connaissent les outils de l'aménagement. .57
VALLÉES ET PLATEAUX
A'
A
0
Données : BRGM, SAGE des Deux Morin et Département de Seine-et-Marne
Alluvions actuelles ou subactuelles
Bartonien moyen : Calcaire de Saint-Ouen
Stampien inférieur : Marnes vertes, Glaises à Cyrènes
Alluvions anciennes : basse terrasse 10-15 m
Bartonien supérieur : Calcaire de Champigny
Limons des Plateaux
Bartonien moyen : Sables de Mortefontaine
Bartonien supérieur : Marnes blanches et marnes bleues
Limons des Plateaux sur argile, meulière et calcaire
2 km
h Carte géologique recomposée à partir des feuilles de Lagny et Coulommiers. 58.
02. MARNE-LA-VALLÉE ET LA PORTE DE LA BRIE : UN PNR POUR CONTRER L’AVANCÉE D’UN URBANISME «MENAÇANT».
Géologie et formation de la vallée Il s'agit ici de comprendre la formation de la vallée et l'établissement de l'agriculture sur les plateaux, qui constitue le caractère des paysages historiques de la Brie céréalière. La vallée du Grand Morin, et plus largement la Brie, s'inscrit dans la partie Est des formations tertiaires du bassin parisien de la craie. Le substrat tertiaire est couvert de dépôt éoliens datant du quaternaire, qui correspondent à la couverture limoneuse des plateaux. Les formations tertiaires se divisent en deux groupes : l'Oligocène, représentées par les calcaires et meulières de Brie (Stampien inférieur) et les argiles et marnes vertes (Stampien inférieur également) ; l'Éocène, qui regroupe un ensemble de marnes, dont les couches peuvent atteindre 16 mètres d'épaisseur par endroits. En matière de formations superficielles et de nature des sols, le plateau de la Brie est constitué par des argiles et quelques accidents siliceux, que l'on regroupe sous le nom d'argile à meulières de Brie. Les plateaux sont recouverts de limons loessiques (dont l'épaisseur peut atteindre une dizaine de mètres). Par ailleurs, la partie basse de la vallée du Grand Morin est enrichie en argiles et en sables, contenue dans les limons. C'est cette couche de limon qui confère au sol du plateau son caractère très fertile. La capacité de rétention de ces argiles a incité très tôt l'implantation de l'agriculture céréalière. L'implantation de la ville nouvelle et de Disneyland fut en partie très contestée du fait de la perte éminente de terres comptant parmi les plus fertiles de France. On peut voir également que le Grand Morin se jetait dans la Marne bien plus bas, après s'être appuyé sur le pédoncule de Chalifert. Les travaux de dérivation pour faciliter la construction du canal de Chalifert ont sectionné une partie entière du Grand Morin, qui se jette désormais à Condé-SainteLibiaire et Esbly. Limons des Plateaux
Poche de Limon calcaire
Marnes vertes Marnes blanches
Alluvions actuelles Alluvions anciennes
Calcaire de Champigny Calcaire de Saint-Ouen Sables de mortefontaine
A
A'
k Interprétation de l'organisation des strates géologiques entre le plateau briard du Val d'Europe et le Grand Morin. .59
60.
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SURVOL 15
1
2
4
3
5 6
8
9 7
16
11 13
14 10
12
k Localisation de chaque photographie aérienne. 0
5
10 km
Ressentir la densité > Au cours de mes explorations aériennes sur différents sites de données cartographiques, j'ai pris conscience de la diversité des formes bâties, du grand ensemble au vieux corps de ferme, et de leur implantation vis à vis d'autres formes plus organiques qui structurent le paysage. Ces orthophotographies permettent aussi de rendre compte d'un site vaste, où les ambiances sont infinies.
j Sur le coteau de Crécy-la-Chapelle, de nouveaux logements semi-collectifs à l'architecture contemporaine surplombent le Grand Morin, plantés sur une pente abrupte.
1. La dalle de Noisy-le-Grand-Mont d’Est. 2. Le lac de Torcy. 3. Le centre ville de Bussy-Saint-Georges. 4. Un quartier pavillonnaire à Bussy-Saint-Georges. 5. Les avenues du Parc Disneyland Paris. 6. Le centre commercial du Val d’Europe. 7. Les étangs du Village Nature Disney-Center Parks. 8. La ZAC des Trois Ormes à Coupvray. 9. Crécy-la-Chapelle, la Venise Briarde, et ses canaux. 10. Un quartier résidentiel à Mouroux le long de la RD934. 11. La ferme laitière de Mauperthuis à Sancy. 12. Le centre ville ancien de Coulommiers. 13. Les vieilles bâtisses du village-rue de la Celle-sur-Morin. 14. Parcelles de culture céréalière au Nord de Rebais. 15. Un corps de ferme près de Jouarre. 16. Les Moulins Bourgeois à Verdelot, sur le Petit Morin.
400 mètres
16 hectares
400 mètres
En voici quelques-unes, entre Noisy-le-Grand, à la porte de Paris, et Verdelot, à l'extrême limite francilienne. Chaque photographie est prise à la même échelle.
i Localisation des photographies aériennes sur les pages suivantes (de gauche à droite et de haut en bas, page après page) :
k Échelle de chaque photographie. .61
62.
02. MARNE-LA-VALLÉE ET LA PORTE DE LA BRIE : UN PNR POUR CONTRER L’AVANCÉE D’UN URBANISME «MENAÇANT».
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64.
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.65
h De part et d’autre de la vallée : deux organisations très différentes des acteurs du territoire. Interprétation datant de novembre 2019. 66.
02. MARNE-LA-VALLÉE ET LA PORTE DE LA BRIE : UN PNR POUR CONTRER L’AVANCÉE D’UN URBANISME «MENAÇANT».
CONCLUSION PARTIELLE > À la suite de mes recherches, j'ai compris que deux grandes tendances étaient à l'œuvre sur ce morceau de plateau briard. D'une part, le renforcement d'un nouveau centre hyper urbain, dont la présence rayonne à toutes les échelles ; d'une autre, l'affirmation d'un monde rural alternatif, qui fait le choix de s'organiser différemment. Plus que des influences urbaines ou campagnardes, ces deux plateaux fonctionnent chacun de leur côté, dans un rejet mutuel qui n'encourage pas le travail commun. Ce sentiment de binarité refait surface et j'en viens à constater le contraste des intentions qui peut se cacher derrière le terme de « projet de territoire ». Que ce soit au Val d'Europe ou au SMEP du PNR, tous deux envisagent l'avenir de manière très différentes, voire opposées. Ce sentiment se traduit également lorsque l'on regarde comment, de part et d'autre de la vallée du Grand Morin, les acteurs du territoire s'organisent et travaillent. Je vois dans le caractère satellitaire des acteurs du monde rural un frein au bon déroulement du projet de PNR. En cause, des acteurs de nature très différentes qui cherchent encore à trouver un équilibre et une stabilité. Leurs voisins valeuropéens, forts de leurs 30 années d'expérience, sont appuyés par de solides soutiens que sont l'État et les moyens financiers de la Walt Disney Company. Ainsi, établir un projet sur cet entre-deux implique de parvenir à faire dialoguer ces deux partis. En tant que paysagiste, je me suis questionné sur ce qui pouvait bien faire sens autant pour le Val d'Europe que pour le PNR. Les tout récents projets du « triangle de décision » témoignent de la volonté d'évoluer vers un tourisme et un cadre de vie plus proche du terroir, des campagnes environnantes, à l'image plus « verte » - au moins dans l'image. On peut donc envisager que l'agglomération puisse s'intéresser aux projets de la vallée voisine et même du Parc. En revanche, faire entendre les acteurs du PNR sur la place qu'ils pourraient jouer dans cette transition entre ville et campagne semble moins évident, au regard de leur caractère parfois exclusif. L'objectif est donc de trouver un espace commun, qui puisse réunir politiquement et géographiquement les acteurs des deux plateaux. En ce sens, je pense que le Grand Morin et sa vallée sont un terrain propice pour relancer le dialogue autour de la reconquête d'un cours d'eau qui, plutôt que de marquer une frontière, permet de retisser un lien solide entre ville et campagne. Dans la prochaine partie, il sera donc question de replacer la vallée au centre des enjeux, de comprendre le cours d'eau comme un socle plutôt qu'une limite. .67
03 *** RETROUVER UN SOCLE, REVENIR AU BORD DE L'EAU.
INTRODUCTION
« Le rebord de plateau est en mesure de faire exister un territoire réel, qui bénéficierait à tous, si sa structure, notamment le lieu du «basculement» du plateau vers les vallées, était suffisamment identifiée et inscrite dans les projets. De nombreux sites, de nombreux motifs, de nombreux liens, sont à valoriser davantage, pour ancrer l’entité dans son lieu, et éviter qu’elle soit la page blanche du dessinateur. » h «Renforcer l’authenticité du territoire», paragraphe issu de l’Atlas des paysages de Seine-et-Marne sur le Rebord de la Brie boisée, territoire qui couvre le plateau aux abords de Disneyland Paris, 2007.
> Nous avons pu constater dans la partie précédente que le clivage en matière de vision du territoire de part et d’autre de la vallée est principalement lié à un manque de communication, suite à des divergences de points de vue considérées comme irréconciliables. De plus, ce clivage renforce l’idée qu’il n’y aurait à terme qu’un pôle économique et touristique largement urbanisé, et un monde rural désorganisé à ses portes ; ce qui serait nier la réalité d’une frange périurbaine peuplée, qui prend l’épaisseur de la vallée. Dès lors, comment lancer un projet cohérent, et trouver un terrain d’entente ? En quête d’un socle C’est en ce sens qu’il s’agit désormais de trouver un cadre spatial, un socle qui puisse permettre à ces deux territoires de projets de se questionner sur cette frontière commune. Les paysages, l'Histoire et les enjeux actuels de la vallée du Grand Morin font qu’elle mérite d’être replacée au centre et non pas comme une marge. Avant de se concentrer sur les espaces les plus en aval de la vallée, il est important d’en préciser le contexte plus général. Réfléchir à l’échelle du bassin versant est un exercice souvent valorisé par les acteurs de l’eau, car il permet de gommer toute délimitation purement administrative et de se concentrer sur des enjeux spatiaux plus concrets. L’eau est par nature une ressource universelle que tout le monde se partage. En cela, se préoccuper de son cours et de sa vallée est un moyen efficace pour pouvoir réunir des acteurs qui ne s’entendent pas sur d’autres points comme l’étalement urbain. Dans cette partie, nous nous interrogerons sur l’évolution de la vallée, ses problématiques actuelles et les éléments qui peuvent être un terreau fertile à un projet non plus dans l’entre-deux, mais au cœur d’un territoire de plateaux agricoles et urbains.
k Le Grand Morin, paisible, à Tigeaux. 70.
03. LA VALLÉE, UN SOCLE POUR CONCILIER AMÉNAGEMENT ET ESPACES DE NATURE.
.71
LE GRAND MORIN SEINE-ET-MARNAIS
Condé-Sainte-Libiaire
Disneyland Paris Coulommiers
À partir de Crécy, les continuités urbaines sont quasi continues, le cours d’eau est peu accessible et peu visible.
Aux abords de Coulommiers, des berges plus boisées, des bourgs plus proches de la rivière, une vallée plus encaissée.
Syndicat Grand Morin Aval
72.
03. LA VALLÉE, UN SOCLE POUR CONCILIER AMÉNAGEMENT ET ESPACES DE NATURE.
Boissy-le-Châtel
La Ferté-Gaucher
Le coeur du PNR, de vastes plaines sur Parenthèse urbaine à la les plateaux et quelques boisements Ferté-Gaucher. disséminés.
Plaine agricole, un cours d’eau très sinueux.
Syndicat Grand Morin Amont
0
5 km .73
QUI GÈRE LA RIVIÈRE ?
Pavillons le long du bras du Morin Pavillons entre le canal et la Marne Zone d'activité d'Esbly
Condé-Sainte-Libiaire Couilly-Pont-aux-Dames Pavillons dans la zone d'étale Zone d'activité de Couilly Coeur du village de Villiers
Crécy-la-Chapelle
Le centre bourg entier
Données : PPRI, Géoportail, IGN BD Topo
h Le risque inondation est en moyenne très fort dans les dernières courbes du Grand Morin. Ce n'est pas ici que le cours d'eau monte le plus haut. En revanche, c'est ici que les communes sont les plus vulnérables : la proximité avec Marne-la-Vallée et Paris justifient le nombre important d'habitants. L'imperméabilisation des sols et la très mauvaise qualité des berges amplifient le risque. 74.
03. LA VALLÉE, UN SOCLE POUR CONCILIER AMÉNAGEMENT ET ESPACES DE NATURE.
Crécy-la-Chapelle
Habitations et entreprises les plus vulnérables
Aléa moyen
Communes les plus touchées en 2016
Aléa très fort
Restauration et prévention Suite au constat de l'impact des activités anthropiques sur l'environnement, la protection des milieux naturels s'est peu à peu révélée comme indissociable de la survie de notre espèce. La Directive Cadre sur l'Eau (DCE) est ainsi validée par la législation européenne en 2000, et sera déclinée ensuite en France dans la loi Grenelle en 2009. Le principal objectif vise à restaurer les principales continuités écologiques, et ce notamment par l'effacement du plus grand nombre d'obstacles possible. En cela, elle constitue un réel défi en matière d'aménagement. La restauration de la continuité implique une grande coordination de tous les acteurs d'un territoire, à différentes échelles. Effacer un barrage ou un moulin créé spontanément un débat au sein d'une communauté d'acteur où chacun a son avis : le moulin n'est pas un simple ouvrage, il représente aussi du patrimoine. Sa présence témoigne du passé d'un cours d'eau que des êtres humains façonnent depuis des siècles. Par ailleurs, le retrait d'un ouvrage hydraulique a des répercutions sur l'amont et l'aval d'un cours d'eau : le principe de restauration écologique ne peut donc pas se jouer par petites touches individuelles. Ensuite, la DCE classifie des bassins hydrographiques pour faciliter la gestion des cours d'eau et mieux distribuer les financements. Ainsi, le Bassin Seine Normandie donne lieu au Schéma Directeur d'Aménagement
et Gestion des Eaux (SDAGE), un document révisé tous les 5 ans qui identifie différents enjeux en terme de reconquête et de dépollution des cours d'eau. Le Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) est une déclinaison à une échelle locale qui répond aux objectifs donnés par le SDAGE. Le SAGE des Deux Morin se consacre donc à atteindre deux objectifs sur le Grand et le Petit Morin, l'Aubetin et tous leurs affluents : protéger et restaurer les milieux aquatiques et humides ; assurer la gestion de la ressource en eau ; limiter le risque inondation. Sur le Grand Morin, les enjeux sont plus particulièrement liés à la qualité de l'eau, la réduction des pollutions agricoles, l'amélioration de l'assainissement dans les communes du milieu rural. Le SAGE est piloté par la Commission Locale de l'Eau (CLE), qui rassemble tous les acteurs du territoire autour du syndicat de bassin versant. Il regroupe différents documents : un plan d'aménagement et de gestion durable, mais aussi un règlement opposable aux tiers. Ainsi, le SAGE peut avoir une vraie portée juridique en matière d'aménagement et d'urbanisme, et sanctionner des comportements qui ne respectent pas les règles établies. Le diagnostic qui précède la rédaction de ces documents prend en moyenne sept ans. En 2018, la CLE créée le Syndicat Mixte d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SMAGE) des Deux Morin, qui regroupe l'ensemble des petits syndicats qui travaillaient parfois à l'échelle d'un ru.
95 000 km²
h Bassin Seine-Normandie. 15 164 km²
12 011 km² h Sections de la Seine Francilienne et des Vallées de Marne.
1 715 km²
h Territoire du SAGE des Deux Morin. SMAGE des Deux Morin
h Le SMAGE regroupe tous les syndicats reliés au SAGE, et gère les bassins du Petit et du Grand Morin. .75
ÉTUDE DE CAS : RIVIÈRES FRANCILIENNES Spatialiser les relations entre la société et la rivière pour faciliter la gestion commune des cours d'eau : une étude de cas francilienne sur les petites rivières urbaines. > Cet article, écrit en 2011 par Catherine Carré et son collègue Jean-PaulHaghé, lui-même chercheur, résume les difficultés de concrétisation à l'échelle locale des enjeux exposés par la Directive Cadre de l'Eau à l'échelle européenne. La situation se complique en Île-de-France, où les cours d'eau sont à la fois pris dans des problématiques rurales et urbaines.
Bièvre
Paris
Grand Morin
Orge
Essonne
Seine
j Bassins versants franciliens étudiés par les deux chercheurs en 2011.
(Données : Catherine Carré et al.)
La demande pressante venue de l'Agence de l'Eau du bassin Seine Normandie (AESN) de lancer des programmes de reconquête des rivières ne trouve pas de prises sur le terrain. En effet, les acteurs locaux franciliens peinent à s'emparer du sujet. En cause : la divergence de points de vue sur les mesures à prendre concernant la gestion de l'eau sur le long terme. J'ai pu le ressentir sur le terrain également à travers les différents entretiens menés auprès des acteurs locaux.
reméandrer la rivière et restaurer des zones humides, malgré le prix coûteux de telles opérations ? Chacun a son propre avis sur ces questions. La situation est de fait assez particulière : les enjeux du bassin sont de natures totalement différentes entre l'amont et l'aval. Dans une de ses études portant sur l'implication des acteurs de l'eau en Île-de-France, en 2011, la chercheuse Catherine Carré a mis en avant le manque d'intérêt flagrant des acteurs locaux, y compris des habitants face aux problématiques autour des cours d'eau, en se penchant plus précisément sur le cas de la Bièvre, de l'Orge, de l'Essonne et du Grand Morin.
Faut-il supprimer les barrages et autres seuils, et permettent-ils vraiment de réguler le niveau d'eau en période de forte crue ? Faut-il
Aujourd'hui, les inondations marquées de 2016 et 2018 sur le Grand Morin et l'urgence climatique, qui touche également le département (déficit
76.
Marne
03. LA VALLÉE, UN SOCLE POUR CONCILIER AMÉNAGEMENT ET ESPACES DE NATURE.
pluviométrique, sécheresse estivale aiguë, forte irrégularité des pluies ...) ont quelque peu rafraîchit les mémoires et recentré le débat autour de l'eau. Alors que le Grand Morin est un trait de caractère incontesté du paysage briard, mis notamment en avant par les travaux du PNR Brie et Deux Morin, il n'en demeure pas moins un cours d'eau peu fréquenté et en mauvais état écologique. La pensée aménagiste de projet en vue d'une renaturation de milieu est perçue négativement par les habitants. Ils l'estiment être une atteinte à un espace naturel qui se porte bien, ce qui témoigne d'une méconnaissance et d'un manque de communication entre acteurs locaux. Pourtant, des projets renommés sur des fleuves, comme sur les berges de la Seine à Rouen, ou de la Garonne à Bordeaux, sont des exemples du sens que l'on peut
donner à un cours d'eau dans un projet. Projet éminemment urbain dans ces cas-ci (les moyens mis en œuvre ne sont malheureusement pas les mêmes), mais qui peuvent être des exemples sur des territoires plus ruraux ou périurbains.
Concilier politique urbaine et politique environnementale
accessible aux riverains alentours aurait permis de réaménager un chemin piéton et cyclable qui double la RD934, voie automobile rapide et passante, le Transilien, et la route du Bois de Misère, également très passante et sans aucune place accordée aux piétons. Un tel aménagement aurait également ouvert une liaison de proximité avec le Super U de Couilly-Pont-auxDames, lui-même tout proche.
Les enquêtes menées par Catherine Carré et son équipe ont révélé une segmentation dans les politiques publiques d'aménagement et de gestion du territoire. En effet, valoriser à la fois le cadre de vie des habitants tout en valorisant les espaces naturels n'est pas un réflexe pour les collectivités. Ainsi, les propositions de projets mises en avant par la Commission Locale de l'Eau (CLE) répondent principalement à des problématiques de bon fonctionnement écologique des milieux. La Frayère du Marais à Villiers-surMorin en est un exemple évocateur : une zone humide rouverte le long du Grand Morin, qui permet notamment aux brochets de se reproduire, et classée Espace Naturel Sensible par le Département. Un projet mené et géré par le Syndicat du Grand Morin Aval. Cependant, la Frayère est située entre le Grand Morin et la voie ferrée du Transilien. Hors du village, elle est difficilement accessible au public, aux habitants, alors qu'elle pourrait être un parc ou un espace de promenade. La rendre plus
g Il est important d'encourager les collectivités à avancer avec les techniciens de l'aménagement et des établissements publics de gestion des eaux sur un projet commun.
.77
Le Syndicat Marne Vive: quand un syndicat de bassin réalise un plan de paysage Le Syndicat Mixte de Bassin Marne Vive, basé à Saint-Maur-des-Fossés (94), est chargé de la gestion du bassin versant de la Marne sur son tronçon le plus urbanisé, entre Torcy et Charenton-le-Pont où celle-ci retrouve la Seine. Piloté par un petit bureau, le syndicat est toutefois très actif. Lauréat en 2015 de l'appel à Plan de Paysage, le syndicat achève le Plan de Paysage Marne Confluence après trois ans de travail. Leur travail est très intéressant car il rappelle l'importance de travailler à l'échelle d'un bassin versant, notamment sur la question de l'imperméabilisation des sols. Leur principale mission est de sensibiliser les acteurs de l'aménagement du territoire aux problématiques de l'eau et du paysage, démarche qu'ils appliquent encore aujourd'hui avec les CAUE du 77, du 93 et du 94.
k Christophe Debarre (Marne Vive) et Marianne Souq (CAUE 77) lors d'un arpentage de terrain le long du ru de Chantereine, entre Courtry et Chelles en Seine-et-Marne. Le ru est canalisé en amont, puis requalibré à la manière d'un fossé pour limiter son entretien, augmentant la vitesse d'écoulement et les risques d'inondation en aval. juillet 2019.
Cliquer pour regarder la vidéo de présentation du Plan de Paysage Marne Confluence (lien dans les sources du mémoire) 78.
03. LA VALLÉE, UN SOCLE POUR CONCILIER AMÉNAGEMENT ET ESPACES DE NATURE.
Zoom sur un projet de l'Agence In Situ : la reconquête de l'Îlot Tison, à Poitiers. Ce projet, livré en 2018 et commandé par la ville de Poitiers s'inscrit dans un programme plus large de requalification urbaine. Ici, l'Agence In Situ a dessiné un projet à cheval sur le Clain, cours d'eau aujourd'hui devenu un lieu très fréquenté par les Poitevins. Un projet modeste et économe qui vient révéler le cours d'eau, pièce maîtresse et centrale, dont les berges accueillaient une scierie par le passé. Cette sobriété donne alors la possibilité aux usagers de s'approprier l'espace à leur guise. D'autres installations agrémentent le parc, comme une guinguette et un verger de fruitiers anciens. Enfin, cet aménagement témoigne de la force de la rivière pour redonner une identité à un territoire, lorsque celle-ci est intégrée dans un projet. Elle n'est plus seulement vécue comme une contrainte, c'est un lieu de vie qui associe espaces de nature et pratiques culturelles. La baignade est par ailleurs autorisée et encouragée.
j Ces trois photograhpies donnent un aperçu du projet réalisé : un parc très vivant, aux ambiances diverses, entre sous-bois et bords de rivière, que les habitants ont su s'approprier. (crédit photo : In Situ) .79
SE BAIGNER EN EAU VIVE
Un objectif concret On recense aujourd'hui peu d'usages sur le Grand Morin. Les pêcheurs et les pratiquants de canoë-kayak sont les derniers usagers réguliers et organisés en association. La baignade dans la Marne, pourtant très appréciée au cours du 20e siècle, a brusqement été interdite pour des raisons sanitaires en 1970. L'imperméabilisation des sols et les canalisations incertaines de l'époque ont causé des pollutions chimiques importantes. À titre d'exemple, les eaux de pluies, avant d'arriver dans le cours d'eau, ont lessivé des sols bétonnés où se sont fixés les résidus d'hydrocarbures provenant de nos voitures. De manière plus générale, des études ont révélé le dégoût que les personnes peuvent éprouver à l'idée de se baigner de nouveau dans les rivières. Elles témoignent surtout de la méconnaissance et des idées reçues sur ces eaux, dont la qualité va en s'améliorant depuis quelques années.
« On reconstitue ce qu'étaient les berges de Marne il y a 80 ans. Le retour à la baignade, c'est de l'écologie concrète ! »
h Sylvain Berrios est député du Val-de-Marne et maire de Saint-Maur-des-Fossés. Il est également le président du Syndicat Marne Vive, qui participe localement à la manifestation européenne du Big Jump. Cette journée appelle les riverains à sauter symboliquement dans leurs rivières pour revendiquer le retour à une eau et une ville saine. Il serait le premier maire saint-maurien à se baigner de nouveau dans la Marne depuis 1970. k La passerelle reliant Chessy à Dampmart, ouverte depuis juillet 2018, est devenu un lieu de baignade informel et un point de rencontre pour les jeunes.
80.
03. LA VALLÉE, UN SOCLE POUR CONCILIER AMÉNAGEMENT ET ESPACES DE NATURE.
La baignade en eau vive reste une pratique informelle quelque peu dangereuse (même sans sauter d'une passerelle de 15 mètres). L'eau trouble de la rivière peut parfois cacher des objets dangereux. Mais voir les poissons, être sous les arbres, se laisser porter par le courant, confèrent autant de sensations que l'on ne trouve pas dans une piscine municipale. Faire corps avec la rivière est peut-être l'objectif le plus concret pour les restaurer.
Comprendre les oppositions locales d'une reconquête écologique de la rivière pour les dépasser « Les cours d’eau de l’agglomération parisienne étudiés ont été fortement aménagés par les sociétés locales, en Île-de-France depuis le XIIe siècle, et ils constituent aujourd’hui des cours d’eau complètement anthropisés gérés, en tant que rivières non domaniales, par les propriétaires privés et publics. Néanmoins, c’est précisément parce que ces cours d’eau peuvent retrouver une qualité biologique et morphologique grâce aux actions de restauration et, qu’étant donnée la localisation de ces cours d’eau, cette reconquête pourra profiter à un nombre important d’habitants, que les acteurs régionaux de l’eau poussent à intervenir sur ces cours d’eau. Cependant ces rivières ne font pas l’objet localement de projets partagés par l’ensemble des habitants et les chargés des missions des SAGE ainsi que les syndicats de rivières font remonter leurs difficultés simplement à connaître les usages de la rivière et les attentes des habitants sur le devenir de ces cours d’eau. » h Extrait de l’étude de cas écrite par Catherine Carré et Jean-Paul Haghé (LADYSS-PRODIG, France, 2011) intitulée Territorialiser les relations société-rivière pour faciliter la gestion commune des cours d’eau urbains : l’exemple de l’agglomération parisienne.
.81
LES ZONES HUMIDES, UN OUTIL NATUREL
Réguler et épurer Une zone humide est un espace transitoire entre terre et eau. C'est un écosystème qui peut prendre de nombreuses formes. Le long des eaux courantes, les zones humides sont des étangs, des mares, la ripisylve, des prairies inondables, et bien d'autres. En eau de manière temporaire ou permanente, les zones humides sont un outil multifonction pour la gestion naturelle d'une rivière. Elles permettent de réguler les crues, de favoriser l'épuration naturelle des eaux, de préserver les nappes phréatiques, ou encore d'alimenter les cultures en période d'étiage l'été. Elles constituent un habitat riche pour la biodiversité. Pour toutes ces raisons, le SAGE des Deux Morin invite les acteurs locaux à se préoccuper de leurs cas. Entre 1960 et 1990, près de la moitié des zones humides ont disparu en France (chiffre du CPIE), dû au remembrement mais aussi à l'urbanisation. Pour être restauré, cet écosystème dépend grandement de l'occupation des sols et d'un enjeu foncier fort. Les services écosystémiques qu'elles rendent doivent en revanche être perçues comme un levier pour mener une politique environnementale et d'aménagement dans la vallée et sur les plateaux. 82.
En 2017, lors de la réalisation de la nouvelle carte des cours d'eau de Seine-et-Marne, environ 10% des rus ont été déclassés en fossés. Un tel acte permet de faire baisser les coûts d'entretien, mais aussi d'assouplir la réglementation sur l'utilisation des pesticides et des nitrates. Les agriculteurs peuvent, le cas échéant, se servir de ces produits au bord du cours d'eau. Cette situation occasionne un débat supplémentaire entre les associations naturalistes et les agriculteurs. Ce cas montre bien l'entreprise difficile que représente la conservation et la restauration des milieux humides. En contreexemple, la Frayère du Marais, entre Crécy-la-Chapelle et Couilly-Pontaux-Dames est un Espace Naturel Sensible (ENS) restauré par le Conseil Général de Seine-et-Marne en 2007. Implanté sur une ancienne peupleraie, ce site permet la constitution d'un champ d'expansion de crue du Grand Morin sur 1.7 ha, au moyen de pentes douces et de berges redessinées. Sur le plan écologique, la frayère facilite bien évidemment la reproduction du brochet et accueille d'autres espèces comme le gardon ou le goujon. C'est un habitat de repos pour l'avifaune qui se cache parmis les laîches et les menthes aquatiques.
03. LA VALLÉE, UN SOCLE POUR CONCILIER AMÉNAGEMENT ET ESPACES DE NATURE.
Grand Morin Chemin Voie ferrée
RD934
Légère dépression, cœur du milieu Roselière immergée une partie de l'année Bras pour faciliter le passage des poissons Ripisylve
h Plan de la Frayère du Marais.
Données : Association Renard, Département 77
Régulation des débits d'étiage (effet éponge)
Patrimoine naturel
Régulation des nutriments
Expansion des crues
Interception des matières en suspension Rétention des produits toxiques (micropolluants)
Recharge des nappes
h Les différentes fonctions assurées par les zones humides. Données : AELB
.83
h On parle régulièrement du Grand Morin comme étant un cours d'eau pittoresque. De nombreux peintres et artistes sont venus séjourner dans la vallée, notamment à Villiers-sur-Morin, qui était à la fin du 19e siècle le cœur de la « Vallée des Peintres ». Ses moulins sont particulièrement présents en aval de la rivière, là où la vallée est la plus urbanisée aujourd'hui. Ces ouvrages industriels utilisaient l'énergie hydraulique et la ressource en eau pour la tannerie, la papeterie, ou encore la meunerie. Cette peinture à l'huile représente le moulin de Martigny, et fut réalisée par Albert Grenier (18651925) au début du 20e siècle.
84.
03. LA VALLÉE, UN SOCLE POUR CONCILIER AMÉNAGEMENT ET ESPACES DE NATURE.
TUMULTES
« Son cours n'est troublé que par les chutes d'eau des usines et des moulins qu'il fait mouvoir. Ne vous y fiez pas : sous sa béate tranquillité, le Grand-Morin cache de noirs desseins : que des pluies de quelque durée surviennent, il paraîtra s'en accommoder aisément, mais qu'elles persistent, il est pris tout à coup d'un accès de mauvaise humeur, il s'élance hors de son lit, bondit à travers les prairies et promène ses eaux furieuses clans toute la vallée, renversant les obstacles qui tentent de l'arrêter dans sa course déréglée, déracinant les arbres, en un mot laissant partout sur son passage des traces de dévastation. Cependant, si sa colère est subite, elle est aussi vite calmée, et il rentre dans son lit pour se reposer après ses méfaits accomplis. Il est vrai qu'il faut lui pardonner un peu, d'avoir déposé sur les prairies inondées un limon fertilisateur où les vaches laitières des villages voisins trouveront une nourriture abondante et savoureuse qui donnera aux fromages tirés de leur lait des qualités exquises justement réputées. »
h Un extrait de l'Étude sur la rivière et la vallée du Grand Morin d'Alexandre Bazin, publiée en 1907. .85
k Les inondations dans le vieux bourg de Crécy-la-Chapelle, en juin 2016. Les caves et les rez-de-chaussée sont noyés dans une eau qui mettra du temps à repartir. 86.
03. LA VALLÉE, UN SOCLE POUR CONCILIER AMÉNAGEMENT ET ESPACES DE NATURE.
k Les mêmes inondations de 2016. Au Pré-Manche, zone d’étale du Grand Morin, l’eau franchit le talus et déborde sur la route, dans une odeur de boue et d’hydrocarbures. .87
CONCLUSION PARTIELLE
> J’ai compris avec cette partie que les petits conflits entre communes ne sont finalement pas le problème le plus urgent à résoudre, sinon pour répondre à un problème plus urgent encore, et qui concerne la majeure partie des communes de la vallée, à savoir la reconquête de la rivière et sa gestion. En pensant un PNR ou l'extension de l'agglomération de la ville nouvelle, les élus se détournent de l'enjeu qui pourtant découle de toutes leurs pratiques sur les plateaux et dans le fond de la vallée. Ce petit cours d'eau n'est pas seulement pittoresque et agréable à arpenter par endroits : de plus en plus souvent, il sort de son lit et vient nous rappeler sa puissance et son caractère incontrôlable, farouche, indomptable, lors d'inondations de plus en plus fréquentes. Calqué en partie sur le périmètre du SAGE, le PNR entend bien répondre aux enjeux énoncés par le SMAGE des Deux Morin. C'est même une de ses priorités, notamment en terme de continuités écologiques piscicoles. Cette instance serait à mon sens idéale pour penser la thématique de l'eau et des paysages dans sa globalité sur un territoire aussi vaste. Le choix de la Région Île-de-France de modifier le périmètre du PNR, jugé trop urbain, a fragilisé grandement son lancement. En affirmant que le PNR de la Brie et des Deux Morin était plus rurbain que rural, il a également soulevé une question cruciale : quelle gestion appliquer à un cours d'eau dans un contexte périurbain ? On trouve régulièrement des exemples pour des espaces ruraux, ou des espaces urbains, mais la question se pose moins dans cet entredeux qui pourtant présente autant d'enjeux. Du PNR ou du Val d'Europe, il semblerait que le Grand Morin, dans ses derniers méandres, ne soit qu'une bordure extérieure. La partie qui suit tente donc de décrypter ce paysage de fond de vallée et d'en comprendre plus finement son caractère. Nous verrons comment le cours d'eau s'inscrit dans sa vallée, entre Crécy-la-Chapelle et Esbly, deux petites villes faisant respectivement partie du projet de PNR et du nouveau périmètre de l'agglomération du Val d'Europe. Un tronçon donc, qui résume ce passage transitoire entre mondes urbain et rural.
k À mesure que l'on descend le cours du Grand Morin, la densité de population est de plus en plus conséquente. De même, le risque inondation identifié par le PPRI augmente en aval. g On constate ici qu'une bonne partie du territoire du SAGE est concernée par la restauration des zones humides. Par ailleurs, celles identifiées ne sont pas forcément en bon état, voire urbanisées. Un des enjeux principal concerne la présence des ouvrages sur le cours d'eau, qui sont encore nombreux, malgré un usage industriel de la rivière révolu. 88.
03. LA VALLÉE, UN SOCLE POUR CONCILIER AMÉNAGEMENT ET ESPACES DE NATURE.
Nombre d'habitants > 10 000 de 5 000 à 10 000 de 1 000 à 5 000 de 500 à 1 000 de 100 à 500 < 100 Emprise du SAGE
Petit Morin Grand Morin Zone inondable Densité de population (hab/km²) > 500 de 250 à 500 de 100 à 250 de 50 à 100 < 50
Aubetin 0
10 km
Petit Morin Ouvrages difficilement ou non franchissables Zones humides identifiées Probabilité de présence de zone humide forte
Grand Morin Aubetin
Probabilité de présence de zone humide faible Emprise du SAGE Données : SAGE des Deux Morin, SIVHM
0
10 km .89
04 *** ENTRE MORIN ET MARNE : TRAJECTOIRE D’UN FOND DE VALLÉE DÉLAISSÉ.
INTRODUCTION «On est très inquiet de la disparition du Syndicat du Ru du Lochy. Avant de passer sous le canal, il traverse un quartier pavillonnaire. La grille par laquelle le ru coule, avant de rejoindre le Morin, est souvent bouchée, et amène à un sérieux risque d'inondation. Un projet de syndicat intercommunal du canal alimentaire avait par ailleurs été lancé dans les années 1980, mais sans suite, du fait d'un manque de volonté de Montry et Esbly. Aujourd'hui, tout le fond de vallée est à l'abandon.» h Monsieur Schlayen, adjoint à l'urbanisme à la mairie de Saint-Germain-sur-Morin, lors d'un entretien effectué le 14 novembre 2019.
> Les parties précédentes nous ont permis de comprendre le contexte plus large et les causes qui ont impulsé une telle situation de mise à l'écart du fond de vallée par certains acteurs du territoire. Les enjeux économiques qui pèsent sur les plateaux impactent pourtant la vallée du Grand Morin. D'une part, l'émergence d'un pôle économique et touristique grandissant séduit de nouvelles communes et promet d'être le cœur d'un nouveau bassin d'emploi et d'habitants. D'autre part, le projet de territoire du PNR tente tant bien que mal de voir le jour, en ayant pour volonté de régler les problématiques d'urbanisation excessive et de tendre vers un modèle économique et social plus résilient, notamment par la préservation des ressources naturelles. À l'échelle du bassin versant, de nombreuses questions sont soulevées, notamment en matière d'artificialisation des sols, de risque d'inondation et de conflits autour de la gestion du cours d'eau. Elles démontrent que le Grand Morin, dans ses derniers méandres, doit être mieux qualifié pour répondre directement aux problématiques, tant locales que territoriales. S'emparer de cet espace est une priorité pour les élus des collectivités, qui s'en sont longtemps détourné. Les récentes inondations ont permis de rappeler que l'eau et sa gestion doivent être anticipées et intégrées à une politique sur le long terme, à l'échelle de la vallée, et qu'elle peut être jointe à une politique d'aménagement. Les travaux menés par les syndicats des eaux ainsi que le SMEP du PNR vont dans le sens d'une reconquête de la vallée, garantissant une restructuration de ses paysages, aujourd'hui morcelés et fragmentés par l'urbanisation. Cependant, les dernières courbes du Grand Morin ne sont que trop peu prises en compte de part et d'autre de la vallée, du fait de son statut. Malgré la construction de l'identité de son territoire sur la vallée du Grand Morin, le PNR tourne le dos à un fond de vallée délaissé, en bordure de son périmètre, en bordure de Marne-la-Vallée. Avant de passer aux intentions de projet, j'ai cherché à comprendre plus finement le fond de vallée, entre Crécy-la-Chapelle et Esbly, et de saisir les qualités et les potentiels qu'offrent ses paysages. Nous y découvrirons les traces d'un passé où les habitants fréquentaient la rivière au quotidien. Seront ensuite détaillées les ambiances actuelles des abords du Grand Morin, où les relations entre habitants et cours d'eau ont quelque peu évolué.
k Un passage informel à travers les broussailles pour rejoindre l’ancien chemin de halage, noyé dans la jungle. 92.
04. ENTRE MORIN ET MARNE : TRAJECTOIRE D’UN FOND DE VALLÉE DÉLAISSÉ.
.93
RÉCIT : QUAND LES BARRAGES FREINENT LA PRISE DE DÉCISION
Il y a souvent eu de grosses crues.
Lagny-sur-Marne, 1910
Mais,
la rivière était un lieu de vie.
de tout temps,
Le Pont Dam'Gilles à Crécy
94.
Le long du Chemin Vert, à Crécy
04. ENTRE MORIN ET MARNE : TRAJECTOIRE D’UN FOND DE VALLÉE DÉLAISSÉ.
L'aqueduc de la Dhuys, à Montry
Au 19e siècle, l'activité industrielle le long du cours d'eau s'est intensifiée. Il reste aujourd'hui des traces des 60 ouvrages encore actifs il y a 100 ans.
À la même époque, entre Tigeaux et Esbly, quelques bateaux à fond plat transportent les grumes et les roches issues des exploitations de la vallée.
Le long du Pré-Manche, à Crécy
Les moulins, les tanneries et les papeteries sont autant de seuils qui freinent l'écoulement naturel de l'eau et les sédiments qu'elle transporte. En ajoutant les bateaux, la pression sur la rivière est telle que celle-ci n'a plus rien d'une continuité écologique.
Moulin à tan désafecté
Roue à aube hors d'usage
Vannage de sécurité
Porte à bateau
Seuil ou déversoir
Lit naturel
.95
Le lit de la rivière, aussi appelé le talweg, sinue naturellement. Certaines sections ont été requalibrées, causant une accélération dangereuse du débit, et augmentant le risque de débordement en aval.
Cours d'eau requalibré, dragué et dégagé
Aujourd'hui, de nombreux syndicats en France procèdent à l'exercice inverse pour préserver les milieux, mais aussi prévenir des inondations. Méandres naturels et ripisylve développée
À l'inverse, si le débit est trop ralenti, voire stoppé, le cours d'eau s'envase et limitera encore plus le débit à la prochaine crue. Les berges s'éroderont aussi plus vite.
Le pont-canal à l'embouchure du Grand Morin 96.
04. ENTRE MORIN ET MARNE : TRAJECTOIRE D’UN FOND DE VALLÉE DÉLAISSÉ.
Le cas de figure est le même au passage du Ru de Lochy sous le canal latéral du Grand Morin, menaçant l'eau de toucher les maisons.
Les voûtes retiennent les embâcles
« Les portes, les barrages, les déversoirs des Moulins, il faudrait tout retirer, à l'amont comme à l'aval. Ce serait un premier pas vers une vallée plus résiliente. Ensuite, il faut rouvrir des zones humides et élargir la zone d'étale du cours d'eau, notamment sur sa partie aval. Mais là-dessus, le Syndicat n'entend pas. »
Que faire aujourd'hui de ces ouvrages ? Les points de vue divergent, et le dialogue peine à s'instaurer.
f Serge Avanzini, Vice-président de la Fédération de Pêche 77, Président de l'A APPMA du Pays-Créçois et membre de la Commission Locale de l'Eau du Sage.
Une piste se décèle parmis ces témoignages : si on retire les barrages, il faut en contrepartie redessiner les berges du cours d'eau, pour qu'elles ne s'érodent pas. Elles encaisseront bien mieux les fortes crues par ailleurs.
« Si le cours d'eau s'assèche, les berges peuvent s'effondrer très rapidement, comme ce fut le cas entre Montry et Esbly récemment. Donc les vannes ont aussi cette vocation de retenir l'eau pour garder le cours d'eau toujours humide. »
Un travail coûteux, mais toujours moins que les sinistres causés par les inondation de plus en plus fréquentes.
h Nathalie Beauquesne, Directrice Générale des Services de la Mairie de Crécy-la-Chapelle, Directrice du Syndicat du Grand Morin Aval.
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D'AMONT EN AVAL, UN RISQUE CROISSANT Esbly
Magny-le-Hongre Couilly-Pont-aux-Dames
Crécy-la-Chapelle
98.
04. ENTRE MORIN ET MARNE : TRAJECTOIRE D’UN FOND DE VALLÉE DÉLAISSÉ.
Zone inondable selon le PPRI Boisements Parcellaire agricole Espace bâti Points de vue Station du Transilien P
SÉQUENCE 3 : DERNIERS VIRAGES
SÉQUENCE 2 : COULOIR ÉTROIT
SÉQUENCE 1 : AMORCE DE RURAL
h Le fond de vallée et ses plateaux : emprise du lit majeur dans une vallée urbanisée.
Le Grand Morin aval, de nombreux enjeux réunis Ce bloc diagramme présente le territoire que j'ai le plus arpenté durant mes visites sur le terrain. J'ai dans un premier temps exploré le lit majeur du Morin, les abords directs du cours d'eau. J'ai intuitivement poursuivi mes observations en remontant sur les flancs de la vallée, puis sur les plateaux. Suivre le cours d'eau entre Crécy-la-Chapelle et Esbly ne fut pas une tâche facile. Non pas que les berges soient des jardins privés sur tout le long, bien au contraire. Seulement, apercevoir la rivière ne se fait que ponctuellement, que l'on s'en approche ou que l'on s'en éloigne. Au quotidien, les circulations les plus empruntées par les riverains, notamment dans les trajets domicile-travail, ne longent que ponctuellement la vallée. Cette distance visuelle et spatiale vis à vis du Grand Morin traduit une mise à distance égale dans la gestion d'un cours d'eau qui, sur ces derniers méandres, concentre la plupart des enjeux auquel les acteurs locaux doivent faire face aujourd'hui. Ce volet cherche à traduire cette ambiguïté entre un cours d'eau qui n'est plus le centre de la vie locale, mais qui pour autant reste présent dans les esprits du fait d'inondations de plus en plus fréquentes. En tentant d'approcher la rivière, c 'est toute une vallée que j'ai redécouvert. À mesure que l'on suit son cours, les ambiances et les qualités varient très rapidement, et le Morin n'est plus vraiment le cœur de sa propre vallée. .99
A'
A
Axes de circulations majeurs
Le bois des Morts, forêt mixte de feuillus
Grand Morin
Pont, franchissement
Moulin de Saint Martin, aujourd'hui chambre d'hôte 70 m
51 m
A
COTEAU BOISÉ (ET AGRICOLE PAR ENDROITS) 100.
Un exemple de brasset, de nombreux lavoirs le bordent
Lit mineur du Grand Morin, un spot de pêcheur
ZONE INONDABLE
04. ENTRE MORIN ET MARNE : TRAJECTOIRE D’UN FOND DE VALLÉE DÉLAISSÉ.
L'Église Saint Georges et son haut clocher blanc
Séquence 1 : Amorce de rural De part et d'autre de la vieille ville, les ambiances varient du coteau boisé au coteau plus construit, où la ville s'est étendue. Station terminus du Transilien P, certains acteurs considèrent cette commune comme une des portes du monde rural francilien, mais aussi une porte d'entrée du futur PNR. Les liaisons pour les communes à l'Est se font plus rares, et les routes sont moins fréquentées.
Le centre bourg et ses petits commerces de proximité
Allée des Promenades, sorte de vaste mail planté de hauts frênes et d'érables champêtre
52 m
A'
Cette première séquence illustre la vulnérabilité du centre-bourg de Crécy-la-Chapelle. Son tissu bâti ancien s'est construit le long des brassets, des petits bras détournés du Morin, que l'on a le loisir d'observer à de nombreux endroits. Les brassets font le charme de cette commune surnommée la «Venise Briarde». Et à l'image de la ville italienne, on comprend aussi que tout le centre-bourg soit très concerné par les problèmes d'inondations. Les fortes crues, dues sont souvent conjuguées à un ruissellement important et une saturation des réseaux en milieu urbanisés. Pire encore, le fond de vallée est également vulnérable aux remontées de nappe, et c'est alors tout naturellement que l'eau se met à monter, causant des inondations pouvant durer plusieurs jours. La zone d'étale prévue pour accueillir les crues, le Pré-Manche, ne suffit pas toujours pour limiter la montée des eaux dans le centre.
COTEAU HABITÉ .101
B'
B Axes de circulations majeurs
Vieux vergers devenus bois à partir des années 1960
Autoroute A4
Grand Morin
Ravin du Ru de Misère, on y trouve un vieux lavoir, parfois même quelques amphibiens
Pont, franchissement
Lit mineur du Grand Morin, séparé en deux bras par un îlot Maisons individuelles un peu surélevées
95 m
Le Moulin de la Sault, une ancienne tannerie
53 m
COTEAU BOISÉ 102.
04. ENTRE MORIN ET MARNE : TRAJECTOIRE D’UN FOND DE VALLÉE DÉLAISSÉ.
Prairie permanente herbeuse destinée à la pâture Autoroute A4 f Paris/Disneyland Meaux/Nancy g
49 m
B
ZONE INONDABLE
Pont hors d'usage
Séquence 2 : Couloir étroit
Le hameau de Martigny abrite une ferme, une écurie et un camping
Zone commerciale et Super U, principaux commerces de la vallée
La RD934, axe principale qui mène relie Coulommiers et Lagny-sur-Marne 54 m
De Villiers-sur-Morin à Couilly-Pontaux-Dames, la vallée se resserre en un long corridor, traversée notamment à la perpendiculaire par l'autoroute A4. L'ouverture de l'autoroute dans les années 1980 est une des traces les plus visibles des plans de développement de Marne-laVallée. Les riverains ne l'empruntent pas beaucoup pour autant, du fait du péage de Coutevroult, à 1 km en direction de Paris, et de l'absence de voie d'insertion en direction de Nancy. Pour les locaux qui se déplacent quotidiennement dans la vallée, on passe sous ses piliers. Sur la rive entre Villiers et Saint-Germain, c'est à ce point précis que l'on se trouve être au plus proche de l'eau. Le spectacle n'est pas pour autant des plus plaisants, et on prend conscience à partir de là que ce Grand Morin-ci ne fait plus autant l'identité du territoire. Pour certains élus, la frontière du PNR se trouve être ce couloir tronqué par l'autoroute, tant le cours d'eau semble dénaturé.
Culture intensive de blé, une haie semble résister
75 m
B'
COTEAU CULTIVÉ
Pourtant, la ripisylve est relativement peu fragmentée, et le moulin de la Sault et ses hauts bâtiments donnent un avant-goût du patrimoine local. Quelques randonneurs s'aventurent sur ces chemins. Le coteau boisé et le ravin du Ru de Misère permettent de s'élever et de découvrir la vallée dans son épaisseur. En passant sur l'autre rive, la frayère n'est elle non-plus pas très loin. Dans tous les cas, ce couloir reste un espace de circulation où peu d'espaces suggèrent de s'arrêter. .103
C'
C Axes de circulations majeurs
Le ru de Lochy, perdu dans sa ripisylve spontanée et ses abords cultivés
Cours d'eau et canaux Aqueduc de la Dhuys
Pont, franchissement
Lors de son passage à travers le quartier pavillonnaire, le ru se glisse entre deux murs de parpaings La RD 934, fortement embouteillée aux heures de pointes
56 m
45 m
C
ZONE INONDABLE 104.
04. ENTRE MORIN ET MARNE : TRAJECTOIRE D’UN FOND DE VALLÉE DÉLAISSÉ.
Pont hors d'usage ou interdit d'accès
La voie ferrée est une coupure forte entre le quartier habité et le cours d'eau en contrebas
Avant de rejoindre le Grand Morin, le Ru de Lochy passe sous le canal latéral, à travers une grille
44 m
Séquence 3 : Derniers virages
Certaines vieilles maisons se situent dans la zone d'étale de la rivière, et parfois quelques industries
Après son passage sous le pont de Couilly, le Grand Morin entre dans une large zone d'étale. C'est aussi à Couilly que l'eau de la rivière était détournée pour alimenter le canal latéral du Grand Morin. Celui-ci est aujourd'hui abandonné. Depuis sa fermeture en 1963, les chemins de halages se sont enfrichés, et les peupliers qui bordaient le canal sont aujourd'hui perdus dans une sorte de ripisylve très touffue. Cette zone d'étale est par ailleurs très habitée. De nombreux pavillons, mais aussi des mobilehomes et des caravanes abritent toujours des riverains qui doivent faire face à l'inondation de plus en plus fréquente de leurs foyers. C'est le cas également sur le Ru de Lochy, le long duquel des pavillons ont été construit dans les années 1960. Ce coteau boisé est un des vieux vergers enfrichés
De part et d'autres de la rivière, les ambiances sont très différentes. Le coteau boisé de Condé pourrait être qualifié de forêt, de par son étendue et sa densité. Il offre toutefois quelques vues sur la vallée par endroits.
80 m
C'
Avant de se jeter dans la Marne, le Grand Morin est détourné de son lit d'origine, à la demande d'une comtesse de Condé qui voulait le voir passer devant son château. C'est là que les inondations sont les plus fortes, du fait de la retenue de l'eau au pont canal.
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IMMERSION,
EXPLORATION DES ABORDS DU GRAND MORIN ET DU CANAL LATÉRAL Illustrations réalisés en octobre 2019 à l'encre de Chine et au feutre, entre Esbly et Couilly-Pont-aux-Dames (séquence 3). En dessinant ces vues, j'ai pris conscience du caractère casi sauvage que prend le fond de vallée avant de retrouver la Marne. L'objectif premier était de comprendre le rapport entre les espaces habités, tout proches et pourtant si reculés, et le Grand Morin. Je ne m'imaginais alors pas que je ne verrai l'eau du Canal et le Grand Morin qu'à très peu de reprises. Perdu sous la spontanéité d'une ripisylve en friche, j'avais pour seul repère le chemin de halage, dont on ne distingue aujourd'hui que de minces bribes, mais qui indiquent tout de même un cap. Au bout du Parc Satu-Nou, le canal a été rebouché. Les maisons s'agglutinent derrière la voie ferrée.
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04. ENTRE MORIN ET MARNE : TRAJECTOIRE D’UN FOND DE VALLÉE DÉLAISSÉ.
La lumière parvient à passer à travers la basse canopée. Le chemin est boueux et glissant. Le canal est complètement caché par les bosquets.
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L'usine de caoutchouc et le gîte du moulin de Liarry sont implantées entre la rivière et le canal.
Au pied du pont de l'aqueduc, une petite parcelle agricole s'enfriche et de jeunes perches de frêne se dressent.
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04. ENTRE MORIN ET MARNE : TRAJECTOIRE D’UN FOND DE VALLÉE DÉLAISSÉ.
En retrouvant le Morin et ses berges couvertes d'orties, la vue s'ouvre enfin, et nous projette jusq'au bourg de CondĂŠ et les hauts peupliers du stade.
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De nouveau, la jungle. Le sentiment d'isolement que l'on pourrait éprouver est rompu par la glaise labourée des engins et les déchets d'un chantier abandonné.
Le vieux moulin sans fenêtre se dresse au bord du canal de Chalifert. Les clématites colonisent généreusement les robiniers et les murs des bâtisses.
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04. ENTRE MORIN ET MARNE : TRAJECTOIRE D’UN FOND DE VALLÉE DÉLAISSÉ.
Sur le vieux pont de bois qui passe au-dessus du canal, on aperรงoit les maisons et les jardins du bourg d'Esbly.
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LE PATRIMOINE DE L'EAU Entre Marne et Morin > Longtemps resté un espace productif et industriel, la vallée du Grand Morin conserve aujourd'hui des vestiges plus ou moins anciens. Ils rappellent l'effervescence d'une époque, le rapport quotidien et fusionnel des habitants à ce cours d'eau. Les traces de ces ouvrages sont parfois infimes, et leurs histoires souvent oubliées par les habitants d'aujourd'hui, dans la mesure où certains de ces petits bouts de patrimoine se situent dans des espaces qui se sont marginalisés. Ici sont présentés quelques ouvrages notables mais parfois méconnus, qui font pourtant l'identité du territoire.
1. LE PONT-CANAL Bâti lors de la première phase de construction du canal de Chalifert, entre 1837 et 1840, le pont-canal évoque le détournement du Grand Morin, qui par le passé se jetait dans la Marne au Nord de Lesches. Pour pouvoir garantir le bon fonctionnement du canal, le tracé du Grand Morin fut modifié, et il se jette désormais entre Esbly et Condé-Sainte-Libiaire. Les multiples petites voûtes par lesquelles s'échappe le Grand Morin retiennent régulièrement les embâcles lors des fortes crues, causant l'inondation des habitations à proximité. Ce pontcanal est régulièrement fréquenté par les promeneurs.
2. LES ÉPIS Ces digues bétonnées ont été érigées au cours de la deuxième moitié du 20e siècle. Placés dans le 112.
04. ENTRE MORIN ET MARNE : TRAJECTOIRE D’UN FOND DE VALLÉE DÉLAISSÉ.
dernier virage du Grand Morin, juste avant le pont-canal, ils régulent l'écoulement des sédiments et limitent l'érosion des berges. On peut parfois observer la trace de sédiments sur ces épis, du côté opposé au courant. Cela signifie que l'eau de la Marne, en débordant, a remonté le cours du Grand Morin, comme ce fut le cas lors des inondations de 2018. En outre, ces digues sont un parfait promontoir pour les pêcheurs aguerris qui se sont frayé un chemin à travers les renouées pour s'y percher.
3. LA PLAGE Suite à l'arrêté interdisant la baignade en Marne en 1970, pour cause de pollutions, la plage d'Esbly n'a eu d'autre choix que de fermer. Cet établissement, ouvert autour des années 1910, était autant épris des Parisiens en villégiature que des habitants des communes voisines. Certaines personnes avec qui je me suis entretenu en reparlent avec beaucoup de nostalgie. Aujourd'hui, ce lieu à l'architecture très spéciale est enfriché et est devenu un espace privilégié d'exploration urbaine et de graffiti. Autour de 2015, le Collectif de la plage, association formée par des jeunes de la région, tente de
réhabiliter la plage pour en faire un espace culturel ouvert à tous. Le projet, pourtant encouragé par les mairies, ne verra pas le jour, du fait de la dissolution de l'association.
5. LE CANAL Aussi appelé le bras alimentaire du Canal de Chalifert, ou canal d'alimentation, ce canal est aujourd'hui abandonné, bien qu'il soit encore sous gestion des Voies Navigables de France et donc inscrit au domaine public. Construit en même temps que le canal de Chalifert, il permettait de s'embrancher sur le Grand Morin, tout en alimentant en eau le canal de Meaux à Chalifert. Fermé en 1963, suite à l'installation de vannages automatiques, le bras alimentaire s'enfrichera peu à peu. Planté de grands arbres par le passé, et bordé de champs, on le trouve aujourd'hui dans une forêt sauvage, et ses chemins de halage sont très boueux. Le fond s'est lourdement envasé du fait de sa fermeture et de la stagnation de l'eau. D'après certaines élus, il y aurait plus de 2 mètres d'épaisseur de vase, pour 50 centimètres d'eau à la surface. Un lieu qui s'avère donc quelque peu impraticable, voire dangereux pour
le loisir aquatique, malgré le calme et le côté paisible de ses abords, rendu possible par une urbanisation distante.
soient aujourd'hui équipés de barrière anti-franchissement, ils donnent tout de même une atmosphère surréaliste au fond de vallée. Plus largement, l'aqueduc de la Dhuys est un trait rectiligne qui relie Disneyland et Val d'Europe aux communes de la vallée du Grand Morin.Il constitue un axe piéton peu emprunté car souvent boueux, mais avec un fort potentiel pour de nouvelles liaisons piétonnes, voire cyclables.
4. LES PONTS DE LA DHUYS Ces ponts de pierres sont la seule trace aérienne de l'aqueduc souterrain de la Dhuys dans la vallée. Construit entre 1863 et 1865, il détournait l'eau de la Dhuys, petite rivière de l'Aisne, pour alimenter Paris en eau. Le transport de l'eau est effectué par un conduit souterrain de 120 kilomètres de long, par un système en syphon. Aujourd'hui, l'aqueduc est encore en activité entre sa source et Val d'Europe. En effet, l'agglomération a racheté l'ouvrage à la Ville de Paris afin d'alimenter en eau ses habitants et le parc à thèmes. Entre Chessy et Ménilmontant, son emprise hors d'usage a été depuis reconvertie en une longue allée plantée, géré par l'Agence des Espaces Verts d'Île-de-France. Cette promenade était néanmoins déjà appréciée dès sa construction, et de nombreuses guinguettes se sont construites le long de son tracé. Ainsi, les deux ponts enjambent successivement le Grand Morin et le canal latéral du Grand Morin. Bien qu'ils
6. LA MAISON ÉCLUSIÈRE En se promenant à Couilly-Pontaux-Dames dans le parc SatuNou, on peut y observer une vieille bâtisse qui ne présente rien de particulier aux premiers abords. Il s'agit de la maison éclusière du canal latéral du Grand Morin, écluse qui permettait de faire le lien entre les eaux du Canal et celles du Grand Morin. Suite à la fermeture du canal et le comblement de l'écluse du canal jusqu'au Morin, cette maison est une des traces les plus visibles de ce qui était considéré comme un petit port au début du 20e siècle. C'était à Couilly, à l'entrée du canal, que les péniches étaient chargées des grumes abattues dans la vallée, et filaient ensuite vers Paris. .113
7. LE LAVOIR On dénombre un grand nombre de lavoirs dans la vallée. Longtemps utilisés pour laver les vêtements et autres textiles, ils servaient aussi de tannerie. Souvent implantés sur les bords de cours d'eau, comme on peut en voir par dizaines à Crécyla-Chapelle, ils sont pour la plupart restaurés. Ce petit ouvrage-ci, situé dans les hauteurs de Montry, suggère le passage d'un ru dans le village par le passé. Aujourd'hui, il est asséché et aucune eau n'y circule.
8. LES PONTS MÉTALLIQUES Situé à Montry, un premier pont enjambe le canal latéral du Grand Morin. Par le passé, il était utilisé pour accéder au Moulin de Liarry, au bord de la rivière. Une guinguette prenait également place le long du canal. 114.
Ce pont rappelle l'architecture de la fin du 19e siècle. Il est aujourd'hui abandonné, et doublé par un talus enroché et bétonné qui passe sur son côté. Un maigre équivalent qui a comblé du même coup le canal, dont la partie en aval se voit être totalement fermé désormais. Au dessus de l'écluse aujourd'hui comblée, à Couilly, un chemin en surplomb révèle le passage d'un deuxième pont du même type. On reconnaît les mêmes piles du pont, mais elles sont la seule trace visible de son existence.
moulins représentent des éléments de patrimoine qui font l'identité du territoire, et il est difficilement concevable pour les habitants de les raser entièrement. Les moulins sont alors un argument qui justifie une vision d'un Grand Morin muséifié, à sanctuariser, car témoin d'une époque révolue.
10. LE MOULIN DE CRÉCY 9. LE MOULIN DE COUILLY De nombreux moulins jalonnent le parcours du Grand Morin. Par le passé, les tanneries, papeteries, abattoirs et autres industries s'installaient sur les bergers du cours d'eau, pour profiter de sa force. Les meuneries sont les ouvrages que l'on peut observer le plus fréquemment, et ce encore aujourd'hui. En effet, peu de moulins sont démantelés à ce jour, et leurs retenues d'eau sont la source de conflits locaux. Non seulement les barrages retiennent les embâcles, mais ils représentent aussi une fracture de la continuité écologique, rendant parfois impossible la reproduction de certains poissons, dont l'existence est parfois menacée dans le secteur. Cependant, les
04. ENTRE MORIN ET MARNE : TRAJECTOIRE D’UN FOND DE VALLÉE DÉLAISSÉ.
En se dirigeant vers le clocher de l'église Saint-Georges à Crécy-laChapelle, on passe au-dessus d'un des brassets qui font le charme du vieux bourg anciennement fortifié. Une petite écluse laisse couler l'eau détournée du Grand Morin, mais une partie pouvait par le passé faire tourner cette grande route à aube, dégageant ainsi suffisamment d'énergie pour faire fonctionner le moulin. Cet ouvrage conclut cette remontée du Grand Morin, dans une petite ville où de nombreuses constructions racontent le passé de la Venise Briarde, telle qu'elle est toujours surnommée aujourd'hui. Beaucoup d'autres ouvrages auraient pu être ici référencés, d'Esbly à Crécy : ceux sélectionnés ici donnent une idée de tous les petits éléments du fond de vallée qui sont aujourd'hui à l'abandon.
UN PEU DE HAUTEUR
LE CANAL ET L'AQUEDUC, EXPLORATION AÉRIENNE
La vue aérienne permet de prendre conscience des volumes construits et organiques sous un autre angle. Il offre une vision globale et aide à apprécier un espace dans son ensemble.
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CONCLUSION PARTIELLE
> Cette partie raconte la position d'entre-deux perpétuel de la vallée. Ce dernier tronçon du Grand Morin condense les différents points de tension : la poursuite de l'étalement urbain rive gauche, désapprouvé par les élus de la rive droite ; le débat quasi-stérile sur la suppression des barrages, qui retarde toujours la prise de décision ; une rivière délaissée, simple couloir qui mène d'un plateau à l'autre où la vue de l'eau se résume à un bref franchissement. Pourtant, c'est en me promenant sur ces berges que j'ai compris la portée d'un tel espace : le Grand Morin est un passage, une articulation entre deux périmètres de projets divergents. Réinvestir le cours d'eau serait le point de départ d'un travail plus large de restructuration de la vallée. Je la vois alors comme une frange épaisse, qui remet en question les limites administratives. Ses frontières sont sensibles, ancrées dans le paysage et sa topographie, son horizon. Dans ce besoin de se différencier d'une agglomération à l'image ultra-dynamique, il y a pour le PNR la nécessité de déceler ce qui construit l'identité de son territoire. Je m'appuie sur ce principe pour démontrer que la reconquête du Grand Morin doit passer par l'affirmation des nombreux éléments qui font ses qualités : une flore spontanée quelque peu chevelue et libérée, la tranquillité du bord de l'eau, l'éloignement avec les routes passantes, et des petits ouvrages de patrimoine, sortes de folies locales. Travailler en détail sur les derniers méandres du cours d'eau me paraît donc être la bonne échelle. Dans la partie suivante seront posées les premières pistes de projet. Elles sont une tentative de réponse à l'ensemble des enjeux et des problématiques apparues au fil de mon étude.
116.
04. ENTRE MORIN ET MARNE : TRAJECTOIRE D’UN FOND DE VALLÉE DÉLAISSÉ.
VAL D'EUROPE AGGLOMÉRATION PNR BRIE ET DEUX MORIN
Dernières courbes : une zone d'étale confinée Appeler les collectivités et les acteurs locaux à manifester plus d'intérêt pour le Grand Morin
VEA GRAND MORIN PNR
Couloir étroit : un lieu de passage intense
Amorce de rural : la rivière dans la ville
Plateau Vallée Plateau
Aléa moyen Patrimoine de l'eau Aléa très fort .117
05 *** VERS LES INTENTIONS : ASSUMER LA RUPTURE.
INTRODUCTION
«Ici, il n'y a pas d'un côté le rural et, de l'autre, la ville, mais des territoires très liés les uns aux autres, suffisamment imbriqués en tout cas, pour remettre en cause les vieux clichés : une ville, qui voudrait dominer le rural et un rural égoïste, qui se satisferait de la proximité avec elle, mais sans vouloir en payer les avantages. Naturellement, il ne s'agit pas d'opposer la ville et le rural, mais de jouer la carte de la complémentarité. C'est parce que la ville est dotée de services, que nous pourrons vivre bien dans les alentours et, en sens inverse, c'est parce que les territoires ruraux recèlent des ressources notamment naturelles, qu'elle sera attractive.» h Eric Bellouin, vice-président de Tulle agglo en charge de la transition énergétique et de l'agriculture, conseiller municipal de Saint-Clément, dans Le périurbain, espace à vivre, 2018.
> Cette partie annonce le travail qui sera mené dans les mois à venir, de mars à juin, à savoir la traduction spatiale de cette étude en un projet de paysage. Ici seront résumées les intentions, qui exposent mes envies et mes premières pistes en matière de projet. Projet qui découlera directement des conclusions de ce mémoire. Les précédentes parties de ce mémoire ont permis de comprendre les principaux enjeux, à l'échelle du grand territoire jusqu'au niveau local. Le paysage y est fragmenté et hétérogène, et une rupture forte s'établit dans la vallée. Une vallée qui est à l'abandon, qui est délaissée. L'eau est parfois pratiquée, pour la pêche ou le canoë, contemplée pour sa valeur de paysage patrimoine, mais aussi subie par un grand nombre d'habitants lors des fortes crues. Quelle position prendre face à ce clivage, quand on est habitant, élu, paysagiste ? Nous avons constaté les divergences de points de vue concernant les ouvrages. Cette partie tente de répondre partiellement à cette question. Elle cherche à montrer qu'un projet de paysage peut être le point de départ d'une réflexion plus vaste quant à la transition spatiale et temporelle entre une ville nouvelle et un territoire rural défendu par un projet de Parc Naturel Régional. Dans un contexte de plus en plus binaire entre ville et campagne, il semble que la marge, l'entre-deux, pourtant si riche de par sa spontanéité et la présence influente de ses voisins directs, n'ait pas sa place dans les projets. Il s'agit ici de partir de la marge. De la placer au centre d'un projet qui puisse tourner les regards sur un cours d'eau qui n'est plus une simple limite administrative. D'assumer le caractère périurbain de cette vallée du Bas Morin, comme certains l'appellent ici, et de montrer que des transformations sont possibles. Tout d'abord seront présentés différents scénarios globaux de la situation et les différentes formes que peut prendre la vallée à l'avenir. Ensuite, les intentions générales seront exposées et complétées par quelques points plus détaillés.
k En arrivant à Montry, le Ru de Lochy se perd dans les vignes vierges, les robiniers, les lierres grimpants et autres clématites. 120.
05. VERS LES INTENTIONS : ASSUMER LA RUPTURE.
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DE GRANDES TENDANCES À L'HORIZON 2050 > Suite à de vastes recherches documentaires, mais aussi au travers des entretiens de différents acteurs, j'ai pu me projeter plus facilement et imaginer les grandes tendances pour l'avenir de la vallée. Ces visions n'ont pas de valeur réelle et ne sont basées que sur des ressentis et des données d'origine multiples interprétées au cours de mon étude. Cependant, de grandes variables auront un impact indéniable dans la fabrique future du paysage de la vallée du Grand Morin, à savoir l'agrandissement de l'agglomération du Val d'Europe et donc l'extension du périmètre d'intervention de l'EPA Marne/EPA France. La validation du projet de Parc Naturel Régional de la Brie et des Deux Morin par la Région Île-de-France sera elle aussi déterminante. Un autre facteur déterminant dans l'économie de cette région est l'extension du parc Disneyland, signifiant également une hausse importante du nombre d'emplois sur site à horizon 2030. Ces scénarios vont guider mon raisonnement par la suite. En choisissant l'un d'eux, j'oriente en conséquence mes intentions de projet.
122.
05. VERS LES INTENTIONS : ASSUMER LA RUPTURE.
0. Situation actuelle, une vallée fragmentée et hétérogène. Telle qu'on peut l'arpenter aujourd'hui, la vallée est clairsemée de projets de lotissementw qui se développent ponctuellement. Des espaces cultivés et naturels sont encore présents, la mosaïque d'espaces et de paysages forment un ensemble de franges de natures diverses qui justifient le caractère hétérogène de la vallée.
1. Le PNR n'est pas validé, le périmètre de l'EPA s'étend On peut imaginer une fin néfaste pour le projet de PNR. À l'aube des élections municipales, rien ne garantit la réélection des élus investis dans le projet, dont les plus impliqués se situent dans la vallée. Si les communes du Grand Morin acceptaient finalement de rejoindre l'agglomération du Val d'Europe, comme ce fut le cas en janvier 2020 d'Esbly, Montry et Saint-Germain-sur-Morin, on peut supposer que de nombreux projets de construction verront le jour. Dans un contexte de vallée fragmentée, il est bien moins coûteux de mener plusieurs petits projets qui viennent « combler les trous » et affirmer les continuités urbaines de l'agglomération. Cette pratique se résume à de l'étalement par la réalisation de lotissements pavillonnaires, comme c'est le cas à Montry en ce momentmême. À l'heure où le PNR est en passe d'être validé, on peut toujours imaginer que l'avenir se rapproche de ce scénario. > Je prends ici le parti d'écarter cette possibilité du champ des possibles, car ce scénario ne laisse que peu de place à un projet de paysage dans la vallée. J'estime par ailleurs qu'il y a plus de chances que le PNR soit validé plutôt que le contraire.
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DE GRANDES TENDANCES À L'HORIZON 2050
«Quand j'étais môme, j'habitais à Champigny. Y avait des champs partout. Je suis parti car ça devenait la zone. On est allé habiter à Pontault avec ma femme, et au bout de 20 ans c'est devenu la banlieue. Donc je prédis la même chose pour Crécy et la vallée. Aujourd'hui, on est sur une ligne de front. On est sous pression, c'est terrible. Au rythme où les lotissements se construisent, c'est de la « banlieusarisation».»
Et ça ne pourra pas être autrement.
124.
05. VERS LES INTENTIONS : ASSUMER LA RUPTURE.
2. L'EPA Marne trouve une entente avec le futur PNR. Tous deux bâtissent un projet commun et équilibré. Fort de ses compétences en matière d'aménagement et de son implantation ancienne sur le territoire, l'EPA Marne/EPA France reste un acteur majeur de la Ville Nouvelle et de son avenir. Les récents changements de logiques partenariales ont montré que l'aménageur peut monter de nouveaux projets en s'associant à des communes hors des secteurs de Marne-la-Vallée. Leurs récentes publications exposent leur volonté de tendre vers des réalisations plus « vertes », conscientes des enjeux environnementaux auquels tout le monde fait face. Il est difficile de savoir si ces nouvelles valeurs sont bel et bien portées par l'aménageur, ou si elles sont la vitrine d'un urbanisme décomplexé qui cherche à attirer de nouveaux habitants soucieux de leur cadre de vie. Toutefois, on peut imaginer une réelle conversion des méthodes et pratiques de l'aménageur, qui pourrait tenter de construire un partenariat avec le futur PNR, en matière de construction, d'alimentation ou de tourisme. Ainsi, les deux instances se nourriraient de leurs compétences complémentaires et seraient en mesure de bâtir un projet cohérent de territoire qui tisse à nouveau des liens entre milieux urbains et ruraux. > Cependant, ce scénario, bien qu'étant le plus optimiste, ne sera pas retenu. En cause : le climat actuel à l'échelle locale ne permet pas une telle entente. Les acteurs du monde rural, des élus aux habitants, voient toujours la ville nouvelle comme une menace urbaine grandissante, avec qui il n'est pas possible de négocier selon eux.
f Un Voulangeois quelque peu pessimiste lors d'une présentation de l'Association Renard sur le projet de PNR de la Brie et des Deux Morin. Son témoignage révèle l'incertitude des habitants face à la situation. .125
DE GRANDES TENDANCES À L'HORIZON 2050
Assumer la rupture et lui donner de l'épaisseur
Le paysage qu'on défendait au début du projet a tellement évolué... Cela fait presque 30 ans que le projet est lancé. Au moment de la signature de la charte et du lancement du PNR, quel paysage défendra-t-on ?
126.
05. VERS LES INTENTIONS : ASSUMER LA RUPTURE.
3. Le PNR est validé. L'étalement est donc limité, mais la rupture est frontale. Dans le cas où le PNR est effectivement lancé, il faudra attendre quelques années avant d'y voir les actions concrètes. Néanmoins, les communes du PNR doivent se montrer exemplaires d'ici là, sans quoi le périmètre peut être quand même remis en cause. L'arrivée d'Esbly, Montry et Saint-Germain-sur-Morin dans l'agglomération du Val d'Europe en janvier 2020 atteste du caractère incompatible quant à une vision commune du territoire, pourtant partagée par les municipalités de l'autre côté du Grand Morin. Si les communes du Val d'Europe poursuivent l'étalement et la réalisation de grands projets urbains comme indiqué dans leurs plans à l'horizon 2030,on peut donc imaginer une rupture forte de part et d'autre du cours d'eau. Cette vision est peut-être la plus binaire, mais au regard des intentions de chacun en matière d'aménagement, couplé à un manque éminent de communication, il semblerait que ce scénario soit le plus plausible. > Ce scénario, tel qu'illustré ici, pointe du doigt la question de l'épaisseur de cette ligne de partage dans le fond de vallée et l'absence de préoccupation pour celle-ci, de quelque côté que ce soit. La réflexion au niveau de la vallée et de son bassin versant permet ici d'intégrer les deux partis dans le projet, mais aussi de les responsabiliser sur la gestion de ce cours d'eau, compétence qui leur appartient. Ce projet a également vocation d'ouvrir le dialogue entre deux intercommunalités, ce qui n'est pas une tâche aisée.
f Une Voulangeoise lors de la même présentation sur le projet de PNR de la Brie et des Deux Morin. Ce témoignage montre bien la mise en place urgente du projet de parc. Un projet forcément plus lent dans son élaboration que l'urbanisation voisine, puisque réfléchi sur le long terme, mais qui doit pouvoir rattraper son rythme pour être validé et identifié comme un territoire rural. .127
L'EAU COMME UN TERREAU COMMUN Acteurs désorganisés du milieu rural
Acteurs du Val d’Europe
Acteurs du Val d’Europe
Acteurs organisés du milieu rural
Acteur intermédiaire
Un fort déséquilibre En présentant la situation initiale de ce schéma, je décrivais un contraste fort en matière d'organisation autour de la question de l'aménagement du territoire et des politiques mises en oeuvres, côté ville nouvelle d'une part, côté rural de l'autre. L’intérêt de ce schéma-ci est de montrer que ces deux grands modèles ne présentent pas la même organisation, mais qu’ils peuvent tout deux être mobilisés pour dessiner un projet commun. Dotés de compétences différentes, pouvoir converser avec chacun des acteurs d’un côté ou de l’autre, voire même les faire dialoguer, permettra de nourrir mutuellement les territoires. Par exemple, certaines compétences des acteurs valeuropéens en matière de droit, de conduite de travaux, de tourisme, pourraient profiter aux acteurs du PNR qui sont, eux, bien mieux informés en matière d’agriculture ou d’écologie que leurs voisins. Cependant, dans l’état actuel des choses, il reste aux acteurs 128.
ruraux de s’organiser pour faire plus de poids vis à vis des valeuropéens. Cela implique de réunir chacun des acteurs autour du sujet, qui sont pour l’heure trop distants du projet de PNR. Un acteur important à mobiliser est notamment l’État, via ses services déconcentrés de la DDT en Seine-etMarne, dont la posture de médiateur peut s’avérer précieuse.
Où se placer en tant que paysagiste ? Un acteur ou groupe d’acteur est manquant pour créer la liaison entre ces deux modèles. De par leur position neutre, leur distance avec le débat, leur capacité de travailler à plusieurs échelles, sinon de pouvoir travailler sans que les frontières administratives ne soient les limites du projet, deux acteurs peuvent prendre ce rôle de maîtrise d’ouvrage. Tout d’abord, le STAC, le Service Territoires Aménagements et
05. VERS LES INTENTIONS : ASSUMER LA RUPTURE.
l Un premier temps implique que les collectivités de la partie rurale s'organisent au mieux, autour du projet de PNR par exemple. C'est en ayant un projet commun qu'ils pourront faire le poids face aux acteurs valeuropéens.
Connaissances de la DDT de Seine-et-Marne, est un acteur peu mobilisé pour l’heure, mais qui doit prendre part au débat pour plusieurs raisons. En tant que représentant de l’État, ils ont la responsabilité d’être actifs sur les parties rurales et périurbaines à toutes les échelles, autant que peut l’être l’EPA Marne côté Marne-la-Vallée. Le STAC reste cependant un acteur médiateur. Il travaille à toutes les échelles et accompagne la planification territoriale, notamment dans la rédaction des documents stratégiques (du PLU/ PLUi au SRCE) mais n’est pas pour autant un aménageur. En ce sens, le futur Établissement Public d’Aménagement et de Gestion des Eaux qui regroupera à partir de janvier 2020 les syndicats des rus et rivières du plateau et de la vallée du Grand Morin, est un acteur important à mobiliser. Ses connaissances à l’échelle locale, la nature universelle et sans frontière de l’eau et ses compétences techniques permettront de porter un projet de paysage cohérent pour le territoire, de nouveau centré sur la Vallée du Grand Morin.
État français
SRCE
Région Île de France
EPA Marne EPA France Compétence aménagement Expertise urbanisme, architecture, géographie, tourisme, gestion des eaux, projet de territoire, conduite de travaux, juridique
mé d
t gé néral
nt érê
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Esbly Montry Saint-Germain sur-Morin
AMAP : Association de Maintien de l’Agriculture Paysanne. CAUE : Conseil de l’Architecture, de l’Urbanisme et de l’Environnement. DDT : Direction Départementale des Territoires. DRIEE : Direction Régionale et Interdépartementale de l’Environnement et de l’Énergie. DRIEA : Direction Régionale et Interdépartementale de l’Équipement et de l’Aménagement. EPA : Établissement Public d’Aménagement. GEMAPI : Gestion des Milieux Aquatiques et la Prévention des Inondations.
es Commu n ts
itan Agglomération Coulommiers Pays de Brie
1
Charte du PNR Hab
Gestion et administration, PLUi, SCOT, GEMAPI, proximité habitants
SMEP du Parc Naturel Régional
ons
STAC de la DDT 77 EPAGE de la Vallée du Grand Morin Paysagiste, architecte et urbaniste
DDT 77
iati
Cr ois e
t en
7
E7 CAU
oc Ass
m
compétences et de s
n tio ia
Expertise tourisme, développeur
d jet Pro
SDRIF
Expertise médiation et territoire, financeur
Société Disneyland Paris et The Walt Disney Company
Val d’Europe Agglomération
DRIEA
Seine e t Marne
DRIEE
rs lteu rs icu Agr éleveu et
Condé Couilly-Pont aux-Dames Coutevroult
PLU/PLUi : Plan Local d’Urbanisme/intercommunal. PNR : Parc Naturel Régional. SCOT : Schéma de Cohérence Territoriale. SDRIF : Schéma Directeur Régional d’Île-de-France. SMEP : Syndicat Mixte d’Étude et de Préfiguration du PNR. STAC : Services du Territoire, de l’Aménagement et des Connaissances de la DDT. SRCE : Schéma Régional de Cohérence Écologique. VEA : Val d’Europe Agglomération.
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VERS UNE RIVIÈRE VIVANTE ET VÉCUE AU QUOTIDIEN Tisser un nouveau maillage en révélant les grandes entités existantes. La rivière devient l'ossature centrale d'une vallée aux paysages restructurés. La tendance à l'enfrichement que l'on connaît sur certaines coteaux ou dans le fond de vallée est mieux gérée et valorisée pour limiter la fermeture du milieu, tout en proposant des ambiances variées. Les bois, les bosquets et les bords de rivière doivent être plus arpentables pour que leurs fréquentations redonnent vie à ces lieux.
Un projet pensé dans l'épaisseur de la vallée Un projet évolutif, différencié, où le cours d'eau est remis au centre du débat. Ainsi, des paliers d'intervention, basés en partie sur la topographie et les prescriptions du PPRI, définissent les limites d'un site de projet multiscalaire, centré sur la vallée. Cette méthode indique également un ordre de priorité et propose un phasage du projet de le temps. Une des priorité serait par exemple de dépeupler les quartiers inondables petit à petit au moyen de préemptions stratégiques.
Les abords du Grand Morin, une ligne de vie intercommunale Il s'agit ici de penser de nouvelles liaisons de circulations pour mieux relier les différentes centralités de la vallée, dans un souci de valorisation des services de proximité et de redécouverte du cours d'eau, redevenu alors un espace du quotidien. Penser l'aménagement du fond de vallée en priorité signifie également mener une politique interdépendante de gestion de l'eau.
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05. VERS LES INTENTIONS : ASSUMER LA RUPTURE.
De grandes entités paysagères fragmentées à révéler Le parcellaire agricole de la vallée : des espaces ouverts souvent cultivés aux abords des habitations, soumis à une forte pression immobilière. Leur valorisation permet de les préserver de l'imperméabilisation. Les bois, les bosquets, la ripisylve : le développement spontané de certaines parcelles autrefois plantées de fruitiers donne aujourd'hui de petites forêts. Ces espaces rendent compte de la fragmentation et de l'abandon de ces paysages semi-naturels. Le petit patrimoine de l'eau : disséminées tout le long de la rivière, ces curiosités architecturales peuvent être intégrées au projet dans un soucis de mémoire, voire reconvertis pour certains. Corridors locaux et grandes continuités : mener un travail de reconnexion des espaces naturels et semi-naturels (vergers, prairies, parcelles cultivées, haies, berges, bosquets, zones humides ...) et les inscrire dans un réseau de continuités à l'échelle de la vallée. L'objectif est de réintégrer le Grand Morin dans ce réseau et d'en faire la pièce centrale. Axes majeurs de circulations : L'autoroute A4, la RD934 et la ligne du Transilien P sont des axes très empruntés au quotidien. Leurs largeurs et leurs implantations dans la vallée sont des freins à la libre circulation des espèces, mais elles rendent également difficile l'accès au fond de vallée pour les habitants par endroits.
Données : IGN BD Topo 2019, IGN RPG 2017, SRCE, SAGE Deux Morin
Le Grand Morin, colonne vertébrale du projet Les formes de l'eau : du Ru du Lochy à la Marne, en passant par les canaux, l'eau est présente sous de nombreuses formes et tisse un réseau sur lesquels ont peut s'appuyer dans le projet. En pointillés, l'aqueduc de la Dhuys est également identifié comme tel.
Des polarités locales : sur ses derniers méandres, le Grand Morin abrite deux petites bourgades, Esbly et Crécy, qui concentrent les services et sont des pôles de mobilité. Les autres communes sont des foyers d'habitations importants qui entourent le fond de vallée. Le foyer grisé représente le futur quartier de la ZAC des Trois Ormes.
Une constellation de services éparpillés : sont regroupés ici les gares, les écoles, les centres-bourgs, espaces publics, loisirs et commerces, qui constituent autant de destination de proximité dans la vallée. Favoriser la pratique des mobilités douces est également important pour les rendre plus accessibles aux usagers quotidiens. .131
1. RETRAITE ET RECONQUÊTE D'UN ESPACE CENTRAL DE LA VALLÉE
Données : IGN BD Topo 2019, IGN RPG 2017, PPRI, SAGE des Deux Morin
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05. VERS LES INTENTIONS : ASSUMER LA RUPTURE.
Aléa moyen Aléa très fort
Le risque inondation
> Le Plan de Prévention du Risque Inondation (PPRI) désigne ces espaces comme soumis à des aléas moyens à très fort. Lors de crues hivernales particulièrement violentes et soudaines, ces limites peuvent être largement franchies.
Rouvrir des zones humides
> L'atlas cartographique réalisé par le SAGE des Deux Morin en 2013 définit les secteurs à enjeux humides, sur lesquelles la réouverture de zones humides est d'une importance particulière. Celles placées sur le plan ci-contre respectent ce plan et sont placées en amont des communes les plus touchées, pour limiter le risque inondation. Le canal du Grand Morin est réouvert en amont et redirigé vers le Grand Morin, tel un bras secondaire, augmentant ainsi le volume d'eau qu'il sera possible de stocker, tout en garantissant une meilleure circulation des sédiments.
Une urbanisation plus poreuse
> Sont pointées ici les communes dont la réouverture de leurs réseaux à ciel ouvert est préconisée, de sorte que les tissus urbanisés soient plus résilient lors de forts épisodes pluvieux.
Déplacer les populations
> Les zones entourées correspondent aux habitations (et aux quelques industries) les plus vulnérables, inondées presque chaque année, qu'il vaudrait mieux mettre en sécurité. Ces habitations sont également les plus isolées, généralement des maisons individuelles voire des mobile-homes ou des caravaves. Elles sont éloignées des communes plus denses.
> À travers ce premier objectif, je développe des pistes sur ce qui constituera l'ossature et la motivation première de la reconquête de cet espace par les habitants de la vallée. Un retour pour des habitants aujourd'hui trop peu nombreux à arpenter ce site qui présente pourtant de réelles qualités ; mais aussi une retraite, puisque que l'on parle ici d'un fond de vallée qui est en fait le lit majeur du cours d'eau dont une partie est inondable. Dans une vision à très long terme, il est important de réfléchir à une urbanisation davantage reculée, en retrait. Un urbanisme qui laisse plus de place à un cours d'eau qui étouffe, mais conscient du potentiel de ce fond de vallée dans ses épisodes « fastes ».
Limiter le risque et trouver des solutions nuancées Distribuer des parpaings aux habitants lorsque la crue est menaçante est une solution de l'instant, qui témoigne du caractère presque surprenant des inondations pour certaines communes, alors que leur fréquence ne fait pourtant qu'augmenter au fil du temps, et qu'il vaut donc mieux tenter de les anticiper. Il s'agit ici de penser sur le long terme. Pour autant, de Crécyla-Chapelle à Esbly, la situation est nuancée et il paraît illusoire de donner une seule et même réponse sur tout le linéaire de la rivière. Au cours de ce travail d'étude, plusieurs outils ou pratiques méritent d'être utilisés et expérimentés dont quelques-uns sont détaillés ci-après. g
h Les embâcles du pont-canal, entre Condé et Esbly. (photo du SMAGE des Deux Morin)
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1. RETRAITE ET RECONQUÊTE D'UN ESPACE CENTRAL DE LA VALLÉE Rouvrir des zones humides
h La zone humide à Coupvray, sous le viaduc du TGV et le pédoncule de Chalifert. Mai 2019 m Manipulation de tractopelle en restauration de zone humide.
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05. VERS LES INTENTIONS : ASSUMER LA RUPTURE.
La question des zones humides se pose sur tout le territoire français. À l'échelle de la vallée, il est également important de rendre de l'espace à l'eau, et de permettre ainsi une régulation plus équilibrée de cette ressource. Il en va de la renaturation d'un milieu aujourd'hui plutôt pauvre et hostile écologiquement parlant. Une telle restructuration du fond de vallée est néanmoins possible, et des exemples locaux de renaturation ont fait leurs preuves, comme la Parc Naturel de Coupvray, le long du canal de Chalifert, ou encore les étangs du Grand Voyeux à Congissur-Thérouanne. Le contexte périurbain de la vallée n'est pas un frein à cette intention, mais plutôt un atout : en terme de financement (on peut accéder à un budget plus important), mais aussi de valorisation du cadre de vie. De tels espaces sont une réelle plusvalue pour le territoire, et les exemples cités ci-avant en témoignent. Sur la question des inondations, la capacité de rétention et la fonction d'éponge des zones humides doit être mise à profit. Ce procédé peut être réalisé à de nombreux points le long du Grand Morin, notamment sur le canal alimentaire, qui sera alors réouvert et fera office de bras secondaire du Grand Morin.
Une urbanisation plus poreuse
Déplacer les populations
L'imperméabilisation des sols est un enjeu avant tout urbain. Cependant, les inondations de 2016 ont rappelé que la canalisation à outrance dans les centres-bourgs à densité moyenne, notamment à Couilly-Pont-aux-Dames, étaient aussi un facteur aggravant des inondations, par saturation des réseaux. La réouverture des réseaux et le traitement aérien des eaux de pluie, au moyen d'espaces d'infiltration est une solution qui s'avère être très efficace. Ce travail nécessite également de poser la réflexion sur le long terme, et de bien étudier la faisabilité d'une telle conversion. Je ne suis moimême pas sûr de pouvoir traiter ce sujet dans mon travail de projet, car il nécessite de nombreuses données techniques qui me sont inaccessibles pour le moment, et parce qu'il constitue un projet de paysage à lui tout seul. Toutefois, ce procédé doit être utilisé, et ce de manière réfléchie. Il peut être une solution adéquate pour Crécyla-Chapelle, Villiers-sur-Morin ou Couilly-Pont-aux-Dames.
Du Nord d'Esbly à Crécy-laChapelle, plus d'un millier de résidences sont actuellement en zone inondable, d'après le PPRI. Le 3 février 2020, les habitants de la vallée essuient une crue qui a menacé de s'engouffrer une fois de plus dans leurs foyers. Il faut envisager le dépeuplement du fond de vallée inondable et déplacer les habitants. Cette manœuvre s'effectue sur le long terme, au moyen d'acquisitions foncières à l'amiable, où les communes sont aidées dans le financement par le Fond de Prévention des Risques Naturels Majeurs.
h Évacuation de Créçois par les pompiers lors des inondations de 2016.
Le cas du déversoir de la Bouillie de Blois, dans la Vallée de la Loire, est d'ailleurs cité en exemple dans un rapport de la Caisse Centrale de Réassurance de 2016. L'évacuation progressive s'est déroulée de 2005 à 2018, pour une centaine de maisons, et ce juste avant une inondation importante du Cosson, cours d'eau local qui se jette plus loin dans la Loire. Effectuer cette manœuvre dans la vallée du Grand Morin représenterait un travail d'envergure, mais qui doit être néanmoins réfléchis et pris en compte dans l'aménagement futur des abords de la rivière.
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2. UN PARC PUBLIC TRANSITOIRE ENTRE VILLE ET CAMPAGNE
Données : IGN BD Topo 2019, Géoportail
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05. VERS LES INTENTIONS : ASSUMER LA RUPTURE.
Pistes et chemins
> Le principal aménagement concernant les voies cyclables constitue la ligne de vie du fond de vallée, dont les sections sont inégalement pratiquables à l'heure actuelle. État existant bon, lancement rapide État existant moyen, demande travaux Inexistant aujourd'hui, à construire Réseau à renforcer et construire par la suite
Une nouvelle infrastructure
> Les pôles gares des différentes petites communes sont affirmées comme des pôles multimodaux. Ainsi, un local est installé à chaque station du Transilien. L'aménagement de la voie cyclable doit être accompagné d'un ensemble d'ateliers de proximité permettant l'entretien des vélos, qui peuvent être tenus par des habitants regroupés en associations. Local à vélo, dans les gares inocccupées Atelier de réparation de proximité
Proximité
> L'usage du vélo, qu'il soit occasionnel ou quotidien, affirme le territoire de la vallée comme un espace de proximité. Rayon de 10 minutes à vélo Petites pôlarités urbaines Services (école, gare, bibliothèque, commerce, terrain de sport ...)
Un espace accessible
> Le parc et la ligne de vie doivent être visibles et reconnaissable. L'objectif est aussi de donner à voir de nouveaux points de repères dans les paysages de la vallée. Cônes de vision à valoriser Franchissements et accès à ouvrir
> Ce deuxième objectif illustre la volonté de se préoccuper des habitants locaux et de leur cadre de vie, qui est à mon sens l'une des principales missions du paysagiste. À cheval entre une ville privatisée qui s'est construite autour d'un parc à thèmes à entrée payante tournée vers les touristes, et un parc naturel régional en construction, le terme de parc prend bien des sens. Il est question ici de proposer un aménagement vaste, aux ambiances variées, qui puisse être le cœur d'une vallée réinvestie par les habitants des environs : un parc public entre ville et campagne. Une ligne de vie intercommunale La vallée du Grand Morin est doué d'axes de circulations très empruntés par les automobilistes. Cependant, aucun aménagement n'est proposé pour les mobilités douces, qui représentent pourtant aujourd'hui de plus en plus d'usagers, et notamment en Île-deFrance, où le plan Véligo a été lancé en septembre 2019 pour encourager l'utilisation du vélo dans la région. Le premier Plan Vélo de la région, en 2016 prévoyait déjà de passer de 650 000 cyclistes quotidiens à 2 millions d'ici 2021. Le principal effort d'investissement revient à la réalisation d'aménagement adaptés à la pratique. Situés à 35 kilomètres de la capitale, les habitants de la vallée ne se rendront pas au travail en vélo le matin. En revanche, on peut imaginer que ce soit possible pour les salariés de Marne-la-Vallée. Le principal objectif est de proposer g .137
2. UN PARC PUBLIC TRANSITOIRE ENTRE VILLE ET CAMPAGNE un axe permettant de relier les gares de Crécy-la-Chapelle et Esbly par le fond de vallée. Cet axe transversal desservira par la même occasion les autres communes en chemin, dans un souci de valoriser les services locaux et de proximité, tant les écoles que les petits commerces, ou encore les complexes sportifs.
Des liens avec les plateaux Aux vues du développement annoncé notamment du côté de l'agglomération valeuropéenne, il est également important d'imaginer des liaisons physiques entre les plateaux et le fond de vallée. En ce sens, plusieurs chemins existants sont à valoriser et intégrer dans le projet. L 'aqueduc de la Dhuys constitue pour cela une continuité directe et une large emprise non constructible : son passage par le carrefour des Trois Ormes, projet de logement phare du Val d'Europe, en fait un chemin privilégié. L'aqueduc, du côté de Condé, permet également de relier Quincy-Voisins (plutôt à pied, vu le relief). Ensuite, le Ru 138.
05. VERS LES INTENTIONS : ASSUMER LA RUPTURE.
du Lochy et ses abords offrent un passage en pente douce qui permet de relier directement les communes de Magny-le-Hongre et BaillyRomainvilliers. Enfin, de nombreux chemins peuvent conduire les habitants de Coutevroult et du haut de Villiers-sur-Morin au Grand Morin. Désenclaver le parc Les abords directs du fond de vallée ne sont pas toujours très ouverts. Les berges sont à ce jour facilement accessibles du côté de Crécy et Villiers pour les habitants chaussés de bottes, mais la situation se complique vraiment entre l'autoroute A4 et la confluence avec la Marne. En effet, peu de passages permettent de rejoindre le Grand Morin, qui disparaît derrière la voire ferrée du Transilien P à partir de Saint-Germain, offrant peu de porosités aujourd'hui. Certains accès, par exemple le long du Ru de Lochy, sont à créer. Cette démarche accompagnerait le retrait des habitations soumises au risque inondation du Lochy, avant son passage sous le canal alimentaire. Par ailleurs, l'objectif est non seulement de permettre un accès physique, mais aussi de donner plus de visibilité à cette espace, par la valorisation de certains points de vues.
f Avant d'être coincé entre deux murs de parpaings, le ru passe aussi sous la RD934. Jusqu'alors, on pouvait le suivre à pied en partant de sa source. Tout s'arrête ici.
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3. UNE PORTE D'ENTRÉE BRIARDE : UN PARC AGRO-URBAIN
Données : IGN BD Topo 2019, IGN RPG 2017, PPRI, SAGE des Deux Morin
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05. VERS LES INTENTIONS : ASSUMER LA RUPTURE.
Le parc et la vallée
> Le parc de la vallée se limite aux abords du cours d'eau et au lit majeur. Le site de projet prend un peu plus d'épaisseur et remonte sur les coteaux, entre Esbly et Crécy-la-Chapelle. On trouve à cette dernière la future maison du PNR, terminus Est de la ligne de vie intercommunale. Limites étendues du site Maison du PNR, ici symbolisée par le Beffroi de Crécy-la-Chapelle
(Re) découverte de la rivière
> Des espaces de baignade sous forme de pontons flottant sont installés sur les berges, à proximité d'espaces de loisirs existants. Les refuges, eux, sont disséminés dans la vallée, et indiquent les espaces qui font l'identité de la vallée, sinon qui doivent le devenir. Espaces de baignade
Refuges
La richesse de la fragmentation
> Il s'agit ici de faire ressortir le caractère hétérogène des paysages périurbains, et d'en affirmer sa richesse, de par la diversité des scènes qu'ils offrent alors. Petits éléments de patrimoine ancien Prairies dégagées, espaces de loisir Parcelles cultivées et protégées Zones humides restaurées Bois et ripisylves ouverts et accessibles
> Ce dernier objectif vise à affirmer le parc de la vallée comme un espace fonctionnel et dont les influences urbaines et rurales du grand territoire se ressentent spatialement. Ainsi, il s'agit de rouvrir les abords de la rivière, qui comme autrefois prennent la forme d'un espace de détente, de promenade, de baignade, de découverte de la richesse naturelle et patrimoniale. Plus encore, ce parc annonce le passage de Marnela-Vallée au PNR de la Brie et des Deux Morin, il est la porte d'entrée vers une Brie plus rurale et agricole. Ainsi, cette partie est une amorce de la programmation de ce parc, qui sera détaillée à la suite de ce mémoire. Une mosaïque d'espaces À l'image de ces paysages fragmentés, les abords du cours d'eau sont restructurés et accueillent différentes typologies d'espaces. Les zones humides en constituent une partie. Elles se mêlent parfois au espaces boisés et à la ripisylve du Grand Morin et des différents rus. De même, certains espaces disséminés dans la vallée sont laissés aux habitants et aux possibles associations venues se retrouver le temps d'une après-midi, d'une journée. La présence de petits objets architecturaux anciens, tout le long du cours d'eau, donnent une autre dimension au site et attestent de sa richesses patrimoniale. Dans le fond de vallée mais aussi sur les coteaux sont maintenues des parcelles destinées à l'agriculture locale. Celles-ci sont valorisées localement .141
3. UNE PORTE D'ENTRÉE BRIARDE : UN PARC AGRO-URBAIN et permettent l'alimentation de g proximité. La richesse des terres de la vallée, et notamment du fond de vallée, permet une culture diversifiée qui offrira également une diversité d'ambiances. La protection de ces espaces agricoles peut être envisagée, comme ce fut le cas pour les terres de l'agglomération de Marne et Gondoire, qui a lancé son Plan de Protection des Espaces Agricoles et Naturels Périurbains (PPEANP) en 2013. Ce document d'urbanisme permet de protéger les terres sous pression foncière, mais également de proposer un projet agricole de territoire à l'échelle de la vallée, voire au-delà. La réappropriation de la rivière et de son lit majeur La reconquête du Grand Morin passe avant tout par une réappropriation par les habitants de la vallée. En ce sens, des prairies ouvertes et entretenues sont allouées à des pratiques libres. Ensuite, il s'agit d'affirmer le retour à la baignade en eau vive au moyen de pontons disposés sur son cours, à des endroits où la pratique de la baignade est aujourd'hui informelle et proscrite. Il faut voir à travers le retour à la baignade l'objectif de retrouver une qualité de l'eau exemplaire. Ensuite, l'installation de refuges périurbains est un moyen 142.
05. VERS LES INTENTIONS : ASSUMER LA RUPTURE.
original pour accompagner cette redécouverte du fond de vallée. Basé sur un projet piloté par l'Agence Bruit du Frigo pour la Métropole bordelaise, les refuges périurbains sont inspirés des refuges de montagnes. Ils invitent à la redécouverte des espaces marginaux et peu connus dans les espaces périphériques de la métropole. À destination des habitants, les refuges sont des sortes de cabanes que l'on peut réserver gratuitement à l'avance pour passer une nuit ou une journée d'aventure dépaysante et proche de chez soi. En marge d'un parc à thème international, la gratuité de ces refuges réaffirme la capacité des collectivités à proposer des espaces publics fonctionnels et à portée de tout ses habitants. Étant donné le caractère quelque peu tumultueux de la rivière, les refuges au bord de l'eau doivent être imaginés et aménagés en conséquence. Certains sont également disposés sur les coteaux, dans l'objectif de donner de l'épaisseur au projet, et d'affirmer le cadre de la vallée comme un ensemble cohérent et non une simple juxtaposition d'objets.
k Baignade au bord de l'eau. f Un refuge périurbain en périphérie de Bordeaux.
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CONCLUSION PARTIELLE
> Avoir travaillé sur les intentions me permet de mieux cerner ce sur quoi je compte mettre l'accent lors de la phase « projet » de l'année. Ce mémoire, qui prenait une forme d'étude dans les premières parties, prend ici une tournure plus concrète. La spatialisation de ces premières intentions de projet donnent de nouveaux enjeux de réalisation, et une autre dimension à mon travail. La reconquête d'un cours d'eau et la volonté de faire changer les regards sur les tendances actuelles d'aménagement dans cette vallée me font prendre conscience de plusieurs choses. À l'image de certains projets que je prends en exemple dans mon mémoire, la réalisation de ce petit projet de territoire se joue sur de petits éléments disparates, en acupuncture, qui sont pour la plupart déjà présents sur site et qu'il faut révéler au grand jour. Le projet que je souhaite mener est un projet modeste, peu coûteux pour les collectivités, dans la mesure où les acteurs travaillent intelligemment ensemble et que l'EPAGE du Grand Morin se munit des moyens nécessaires et d'un bon entourage pour le piloter. En effet, positionner un acteur de l'eau au centre du projet permet à mon avis de faciliter le dialogue entre les différentes instances, mais aussi de voir à plus long terme qu'un mandat d'élu. Enfin, je reste convaincu qu'en mobilisant les habitants dans le projet, et de concevoir un parc de proximité, ceux-ci seront beaucoup plus motivés à participer et se sentiront impliqués. Ce n'est pas ce qu'affirme le SMEP du PNR, dont l'implication citoyenne vient à manquer, freinant grandement l'avancée du projet. J'explique cela par la difficulté que peuvent avoir les habitants à se représenter ce territoire immense qu'est le PNR. Par ailleurs, un Parc Naturel Régional renvoie peut-être une fois de plus à un registre inconnu des habitants. Que signifie pour un individu d'habiter dans un Parc composé de 83 communes, sur une surface de 96 000 hectares, avec 111 000 autres personnes ? Je ne remets pas là en cause le travail énorme fourni par le SMEP: construire un PNR, qui se veut "populaire" d'après les mots de Marie Richard, n'est pas une tâche aisée. Seulement, l'intérêt, à mon sens, de se préoccuper en premier lieu des derniers méandres du Grand Morin, est de tester un projet plus localisé. Un projet concret dans la forme finale qu'il prendra, dans un cadre qui parle aux habitants, qui sera celui de leur quotidien. Un parc où on s'arrête, où on joue, où on se baigne, où on apprend à vivre avec le cours d'eau. Un parc où on prend conscience de son importance et qui suggère de s'y intéresser davantage.
k Vue aérienne de la vallée du Grand Morin, au-dessus du canal abandonné, à Montry. 144. 05. VERS LES INTENTIONS : ASSUMER LA RUPTURE.
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CONCLUSION GÉNÉRALE
> Ce mémoire raconte l'évolution mouvementée d'un coin de la Brie Seine et-Marnaise. Le traitement des frontières entre ville et campagne et la reconquête des cours d'eau sont des sujets qui sont beaucoup traités dans le domaine de la recherche, en région parisienne comme ailleurs. L'exemple Seine-et-Marnais raconte un cas extrême d'une ville construite de toute pièce au milieu des champs, et pour l'heure encore inachevée. Marnela-Vallée est implantée sur un territoire dont les dynamiques ont rapidement changé ces dernières décennies, et dont Disneyland Paris est devenu la figure de proue, l'étendard d'un mode de vie citadin au milieu des champs. Je crois par ailleurs que la «bataille » du monde rural s'est jouée bien plus tôt qu'aujourd'hui, avant-même la naissance du projet de PNR, tant les modes de vie de la plupart d'entre nous sont tournés vers la ville aujourd'hui. Ainsi, mon mémoire s'inscrit dans une longue lignée qui évoque cette nécessité de revenir à la terre, de revenir au bord de la rivière, dans un contexte périurbain qui gomme cette binarité et assume son épaisseur. Du travail de Pierre-Henri Bélières en 2011 à celui de Madeline Leroy en 2019, en passant par Clément Daix en 2016, tous aspirent à faire reconnaître des espaces aujourd'hui isolés de tout projet, de toute planification. Ils constituent pourtant la richesse de nos paysages, et sont un atout de poids pour ces municipalités fières du cadre de vie qu'elles proposent à leurs habitants. Un cadre de vie prisé autant que délaissé, un paysage qui prend des airs de papier-peint pour certains. Si les problématiques traitées dans la vallée du Grand Morin et ses abords sont donc les mêmes depuis une dizaine d'année (pour parler seulement des travaux réalisés par des étudiants de Blois), on peut supposer qu'elles le seront encore pendant un certain temps. Je ne suis pas pessimiste pour autant. Ce territoire complexe réunit de nombreux enjeux, et mérite qu'on s'y consacre davantage, comme certaines collectivités commencent petit à petit à le faire. Le travail qui les attend doit s'inscrire dans le long terme, et c'est en cela que le paysage, les espaces de nature, et plus largement l'espace public, sont un levier pour faire bouger les lignes. Il faut prendre conscience des intérêts communs à renaturer un cours d'eau, à tracer de nouveaux chemins, à restaurer des zones humides. Et surtout permettre aux habitants de s'impliquer, en leur proposant des espaces pour se rencontrer, se retrouver, car ce seront les habitants qui créeront d'eux-même l'identité de leur territoire. À présent, je me lance dans une nouvelle phase de travail qui consiste à mener un projet de paysage au niveau le plus concret possible. Cette étape proposera de nouveaux défis, auquel j'espère pouvoir répondre à l'aide des acteurs de la vallée, notamment le syndicat des eaux et les habitants.
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INVESTISSEMENT LOCAL EN BAISSE
PERTE D’IDENTITÉ DU TERRITOIRE
INDIVIDUALISME
VALLÉE DORTOIR
VALLÉE HABITÉE
ESPACE PUBLIC VALORISÉ
IDENTITÉ DU TERRITOIRE RENFORCÉE
k De la vallée dortoir à la vallée habitée, inspiré des réflexions sur le bassin de vie dans le Cahier de l'IAU n°172, Coupes et découpes territoriales.
RENCONTRE ET VIE LOCALE
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148.
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Témoignages et entretiens Magali Berton, Responsable Eau et biodiversité à la CA Marne et Gondoire, le 9 octobre 2019 Fernand Verdellet, Adjoint à l'urbanisme à Coupvray et vice-président à Val d'Europe Agglomération, le 10 octobre 2019 Jean Vallée, Délégué territorial à l'Agence des Espaces Verts d'Île-de-France, le 11 octobre 2019 Nathalie Beauquesne, DGS de la mairie de Crécy-la-Chapelle, Directrice du Syndicat Mixte du Grand Morin aval, le 21
octobre 2019
Pierre-Henri Bélières, Ingénieur paysagiste et urbaniste, ex-chargé d'opérations à l'Epa Marne, le 11 novembre 2019 Martin Drozière et Vincent Poileux, Ingénieur paysagistes et urbanistes à l'Atelier Polis-Octa, le 13 novembre 2019 Manuel Schlayen, Adjoint à l'urbanisme de Saint-Germain-sur-Morin, le 14 novembre 2019 Madame Bernard, Adjointe à l'urbanisme de Montry, le 14 novembre 2019 Jean-Louis Vaudescal, Maire de Couilly-Pont-aux-Dames, le 4 décembre 2019 Serge Avanzini, membre de la CLE du SAGE, vice-président de la Fédération de Pêche 77, le 15 janvier 2020 Habitants et Association R.E.N.A.R.D, Réunion de présentation publique du PNR à Voulangis, le 26 janvier 2020 Écoliers de la classe de CM1, École Pierre et Marie Curie à Montry, le 29 novembre 2019
Des sites internets utiles SMAGE des Deux Morin : http://www.smage2morin.fr/index.php PNR de la Brie et des Deux Morin : https://www.pnrbrie2morin.fr Marne et Gondoire, page du PPEANP : http://www.marneetgondoire.fr/protection-des-espaces/le-ppeanp-192.html Île de France Mobilités : https://www.iledefrance-mobilites.fr Seine et Marne, le Département : http://seine-et-marne.fr L'eau en Seine et Marne : https://eau.seine-et-marne.fr Brionautes, le portail associatif de Crécy et sa région : https://www.brionautes.com Agglomération Coulommiers-Pays de Brie : https://www.coulommierspaysdebrie.fr Val d'Europe Agglomération : https://www.valdeuropeagglo.fr Epa Marne/Epa France : https://www.epamarne-epafrance.fr Institut Paris Région : https://www.institutparisregion.fr BRGM : https://www.brgm.fr IGN Géoportail : https://www.geoportail.gouv.fr Observatoire des territoires : https://www.observatoire-des-territoires.gouv.fr/observatoire-des-territoires/fr/node
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REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier en premier lieu toutes les personnes qui ont accepté de s'entretenir avec moi et de prendre ce temps de transmission, malgré tous leurs emplois du temps chargés. Je remercie tout particulièrement l'atelier Polis pour ce rendez-vous en toute lucidité qui m'a beaucoup apporté. Je remercie mes professeurs encadrants Sylvain Morin et Frédéric Maillard pour leurs conseils et leur confiance. Je remercie également Olivier Gaudin pour avoir pris le temps de discuter sur mon sujet. Je remercie Christophe Debarre et le syndicat Marne Vive, pour m'avoir fait découvrir le monde de l'eau et de l'aménagement. Je tiens à remercier également : Mes parents, pour leur accueil toujours chaleureux quand je suis passé les voir. Ma mère, qui m'a ouvert les portes de son école. Mon père, pour cette visite de terrain à vélo sous une pluie battante. Mon frère et Valentin pour la détente, l'évasion, et toutes ces cabanes. Jérémy pour son expertise aérienne. La templisterie, et en particulier Gabriel, qui est arrivé au bon moment pour me faire prendre l'air. Tiphaine pour ses conseils, sa bienveillance et sa relecture, ainsi que mon colocataire Quentin. Loriane pour ses conseils avisés, pour les moments de détente, et pour tout le reste. Toute ma super promo pour ces quatres années, et notamment Matthieu, Gaspard, Quentin, Marguerite, Marie et Maxime.
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Et donc tu es originaire d’où, déjà ?
Ah oui t’es un Parigot quoi !
Je viens d’Île-deFrance !
Pas tout à fait, j’habite un village à 40 kilomètres de Paris, à la campagne. Où ça exactement ? Tu vois Crécy-la-Chapelle ? Non... Bon, tu vois Disneyland ? ... Oui ! Bin, à côté.