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© LIVING INSIDE
Ci-contre On devine en regardant la porte d’entrée de l’appartement de Valerie von Meiss (et les ferronneries de l’escalier) qu’il fait partie d’un immeuble ancien de Mitte, quartier central de Berlin. Page de droite Au-dessus du canapé Italian Triennale Sofa des années 50, en velours, de Marco Zanuso (Arflex), photo Another Day in Paradise de Jacques Olivar. Au sol, impression encadrée I Want What You Want d’Anthony Burrill achetée à Los Angeles. Tables gigognes des années 70, en laiton et acier. Table roulante fifties en laiton rapportée de Suisse.
À Berlin
Bruits de couloir Valerie von Meiss nous ouvre les portes de son appartement-galerie. Situé dans le quartier animé de Mitte, il se révèle l’endroit idéal pour présenter de manière insolite l’art du collage contemporain. Tout a commencé par un couloir... Par Marzia Nicolini / Photos Reto Guntli
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alerie von Meiss est une jeune femme dynamique, capable de transformer sa plus grande passion, l’art, et plus précisément le collage, en une fructueuse activité professionnelle. Née à Zurich, en Suisse, elle n’a cessé d’arpenter
les grandes villes européennes : après des études de communication internationale à Paris, elle a travaillé plusieurs années dans la publicité à Amsterdam, puis à Berlin. « Cette ville qui vous encourage à essayer de nouvelles choses était l’endroit idéal pour lancer The Curve, en février 2017, un espace d’art dévolu au collage contemporain installé dans mon propre appartement », dit-elle. Mais revenons en arrière. Quand sa passion pour l’art a-t-elle commencé ? « J’ai été et je suis toujours influencée par ma mère qui collectionne depuis très longtemps des photographies. Cela explique qu’aujourd’hui j’aime autant découvrir de nouveaux talents, qu’ils soient photographes, artistes ou designers, en visitant des foires d’art inspirantes, comme Unseen à Amsterdam, Photo Basel ou Photo London. » L’immeuble plus que centenaire dans lequel son appartement se situe (au troisième étage) est implanté dans le quartier animé de Mitte, entre galeries, restaurants, boutiques branchées et concept-stores. On accède aux appartements grâce à un magnifique escalier blanc en colimaçon, ce qui pour Berlin est tout à fait inhabituel. Pour Valerie, ce fut le coup de foudre, comme elle le raconte : « Ce qui m’a tout de suite séduite lorsque j’ai vu l’appartement vide pour la première fois, ce sont d’une part la hauteur sous plafond, exceptionnelle, d’autre part les parquets anciens, enfin cette distribution assez bizarre, le long d’un couloir courbe. Ma surprise fut à son comble quand, derrière une porte, j’ai découvert quelques marches qui menaient abruptement à une petite chambre de bonne sous les toits. »
Page de gauche Valerie von Meiss dans l’escalier en colimaçon autour duquel son appartement s’enroule, créant ainsi un couloir qu’elle a transformé en galerie. Ci-dessus Dans le salon, sur le mur, dessin d’une silhouette au trait noir sur fond or de Julian Opie. À côté, impression papier Hype de Michael C Place. Contre la fenêtre, deux œuvres encadrées d’Emanuel Rossetti. Petites tables gigognes en laiton et acier des années 70. Dans l’angle, luminaire fifties en laiton offert à Valerie par sa mère. Table roulante des années 50 en laiton dénichée en Suisse.
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1/ Collages de Kazuya Tsuji (visage de femme caché par des épingles), d’Eugenia Loli (couple s’embrassant derrière des fleurs), d’Ida Marie Corell (homme debout et traits rouges)… On retrouve certains de ces artistes sur Thecurveberlin.com. 2/ Table Tulip d’Eero Saarinen (Knoll). Chaises DSW de Charles et Ray Eames (Vitra). Au mur, photos Untitled de Vanessa Beecroft (Parkett Editions). 3/ Dans le
couloir-galerie, exposition consacrée au travail de l’artiste allemand Enrico Nagel. 4/ Sur une petite console dans le salon, lampe, verres à liqueur et cendrier hérisson en bronze de Walter Bosse, tous des années 50. Dans le petit cadre, collage d’Isabel Reitemeyer. Ci-contre Œuvre Epic Fail du designer graphique Eike König. Ancienne chaise DSW des Eames achetée à Berlin (Vitra).
Collage extrait de la série « Duplicity » de l’artiste français installé à Berlin Matthieu Bourel.
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Le charme de cet appartement atypique était si évident qu’elle n’a entrepris aucune véritable rénovation : « J’ai simplement choisi de recouvrir quelques murs de peinture naturelle à base d’argile, dans des couleurs sobres : vert pâle pour la cuisine et l’entrée, gris ardoise pour mon espace galerie The Curve et gris “montagne brumeuse” pour la chambre à coucher. » L’appartement présente une superficie de 72 m2 qui répond à ses attentes. En face de l’entrée se trouve la chambre à coucher et le salon, puis le couloir incurvé qui mène à la cuisine, à la petite chambre d’amis et à la salle de bains. Cette courbe relie les différentes pièces mais fait aussi office de signature de l’appartement. C’est la raison qui a conduit Valerie von Meiss à utiliser ce long couloir comme espace d’exposition pour ses collages.
Contemplation solitaire ou collective Le style de la galeriste est à la fois élégant, actuel et décontracté, puisqu’elle marie habilement pièces de design vintage et pièces contemporaines. « À Berlin, vous trouverez encore des pièces des années 50 et 60 à un prix raisonnable. Comme j’ai vécu à Zurich, Amsterdam et Paris avant de m’installer ici, mon intérieur mélange objets et trouvailles dénichés dans ces trois villes. J’arpente les brocantes, mais j’achète aussi beaucoup en ligne. Je décrirais mon appartement comme un collage éclectique et cosmopolite. » Comme toute vraie passionnée, elle conserve une partie de sa collection de collages pour elle. « Quand je suis dans mon lit, j’aime les regarder. Ce sont des collages exceptionnels dégotés dans des foires et des ventes aux enchères et dont je ne peux me séparer. » Ce couloir qui fonctionne comme un espace galerie, et que Valérie peut modifier à loisir puisqu’elle est chez elle, rend cet endroit spécial. Pour ses amis et ses visiteurs, cette ambiance intime et détendue est tout à fait unique. Mais les soirs de vernissage, tout l’appartement est plein !
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1/ Sur le mur de la chambre, la collection de collages que Valerie peut admirer depuis son lit. Commode à tiroirs recouverte de feuilles de cuivre rapportée d’Italie. Miroir lumineux des années 60 déniché à Londres. Fauteuil Acapulco acheté en Suisse. 2/ Lampe sixties en céramique sur une table roulante des années 50 en métal du designer Mathieu Matégot.