Barcelona Litoral: Un Centre d'Eveil aux Ressources Planétaires by Vadsaria Danil

Barcelona litoral un centre d’éveil aux ressources planétaires

Ce mémoire propose un regard différent de Barcelone et de sa périphérie, notamment Sant Adria de Besos, une commune limitrophe. Notre intérêt pour cette petite commune a mis en lumière une situation urbaine singulière en marge de la métropole. Le littoral de Sant Adria de Besos révèle le statut de cette commune par rapport à celle de Barcelone. En accueillant des infrastructures lourdes sur son littoral, elle s’est mise au service de la métropole, rendant cette partie du paysage étrange. C’est cette «étrangeté» que l’on propose d’explorer dans ce travail.

école Nationale supérieure d’architecture de grenoble

Juin 2016 . Ecole Nationnale Supérieure d’Architecture de Grenoble

VADSARIA Danil SANCHEZ Elaine

Barcelona litoral un centre d’éveil aux ressources planétaires Master «Architecture, villes, ressources»

Barcelona litoral un centre d’éveil aux ressources planétaires Directeur de mémoire : Fred Guillaud 2016 E.N.S.A.G.

une ville, deux visages

p.02

D’une étrange attraction...

p.04

analyse

bcn

Barcelone

in situ, de visu, in motu

1 Barcelone

portrait d’une métropole et approche de site

1.1. Tourisme monumental 1.2. Pèlerinage touristique 1.3. Découverte 1.4. Promenade littorale

2 Le río Besós limite fédératrice

2.1. Arpentage d’un repère barcelonais 2.2. Immersion dans un parc fluvial métropolitain 2.3. Histoire d’une renaissance 2.4. Deux rives contrastées

3 L’embouchure

clé de lecture d’un littoral en mutation

3.1. Un statut ambigu 3.2. Pièce d’un puzzle hétéroclite 3.3. Approche métropolitaine d’un littoral local

p.08

p.42

p.60

statégie et projet

sab

Sant Adria de Besos

un centre d’éveil aux ressources planétaires

4 croisement des logiques PRoblématique et positionnement

4.1. Fracture / Infrastructure 4.2. énergie / Ressources 4.3. échelle métropolitaine / échelle locale 4.4. Vacance / Latence

5 réappropriation citoyenne raccorder, reconfigurer, offrir, compléter

5.1. état des lieux: du rail au sable 5.2. Stratégie urbaine: remodeler la friche 5.3. Stratégie programmatique: entre accessibilité quotidienne et portée internationale

p.84 1

p.92

6 ombre,transparence et vertige récit d’un projet

6.1. Recherche sculpturale 6.2. Réflexion sur le climat, prémices du concept 6.3. Genèse, matérialité, articulations 6.4. Un programme, trois bâtiments 6.5. Continuum urbain

p.102

...Vers une étrangeté attractive

p.152

bibliographie

p.156

Une ville, deux visages

Cette première partie d’analyse a pour but de retranscrire le processus de nos recherches, de Barcelone à notre site d’étude. L’investigation a commencé par un arpentage numérique via les réseaux sociaux tels que Twitter, Flickr et Youtube. Le but était de tirer deux portraits de Barcelone. Un premier portrait de face devait constituer les premiers éléments rencontrés, les plus récurrents, les plus «clichés». Le deuxième devait rendre compte de ce qui était caché, les fragments isolés d’une réalité imperceptible de l’extérieur. Le portrait de face nous révèle immédiatement l’omniprésence du football dans la vie des barcelonais. Le club du FC Barcelone apparaît comme un élément fédérateur dans la ville et sa région, la Catalogne, qui revendique actuellement son indépendance. On y retrouve également la Sagrada Familia et la ville, dessinée par la trame de Cerda, qui devient le «terrain de jeu» des millions de touristes. Le portrait de profil nous a révélé l’envers de cette destination touristique, les problématiques locales, le quotidien des habitants face à cette vague de visiteurs. En tant que touristes et futurs architectes, c’est avec ces deux visions que nous nous envolions pour Barcelone le 26 Janvier 2016.

D’une étrange attraction... 11h54, nous atterrissons à Barcelone. Cette ville attire notre attention par son rayonnement méditerranéen, européen et international. On pense à son influence culturel dans les domaines de l’art et de l’architecture. Cette image de Barcelone s’est confirmée lorsque nous avons parcouru la ville. L’imaginaire cosmopolite devient réalité, visiteurs et locaux se confondent mais le nombre de personnes prenant des photos nous révèle le fort attrait touristique de la ville qui accueille 8 millions de touristes pour 1,6 millions d’habitants. Ce déséquilibre conduit à un mono-tourisme à cause duquel voyager se transforme en acte de consommer une destination.

Nous avons choisi d’échapper à l’effervescence des circuits touristiques en empruntant un parcours alternatif. Cet itinéraire, nous l’avons choisi le long du littoral en direction du Nord. Nous recherchions un point faible à ce décor touristique, un endroit où les Barcelonais pouvaient se soustraire au surnombre de visiteurs. Cette respiration, nous l’avons rencontré à proximité du Rio Besos, un fleuve au nord de la ville qui marque la limite entre les communes de Barcelone et Sant Adria de Besos. Notre intérêt pour cette petite commune a mis en lumière une situation urbaine singulière en marge de la métropole. Le littoral de Sant Adria de Besos révèle le statut de cette commune par rapport à celle de Barcelone. En accueillant des infrastructures lourdes sur son littoral, elle s’est mise au service de la métropole, rendant cette partie du paysage étrange. La morphologie urbaine se compose ainsi de «pièces» autonomes: terrain de foot et musée côtoient alors station d’épuration et centrale thermique. La désindustrialisation des dernières décennies offre à Sant Adria de Besos une opportunité de se réapproprier son littoral. Cette perspective est permise par deux parcelles industrielles juxtaposées, aujourd’hui en friche, dont l’une est occupée par une ancienne centrale thermique qui a alimenté Barcelone et les communes alentours: la centrale thermique des Trois Cheminées. Symbole du passé ouvrier de Sant Adria de Besos, les «trois géantes» font partie des «pièces» évoquées précédemment et sont le témoin d’une confrontation d’échelle entre les deux communes. Les deux parcelles, potentiels sites de projet, sont ainsi situées au croisement de deux logiques d’aménagement. Comment faire de la réappropriation de ces friches un moyen de lier échelle métropolitaine et échelle locale dans le but d’interroger le mono-tourisme de Barcelone?

AĂŠroport de Barcelone Source: photo personnelle

analyse

bcn

Barcelone

in situ de visu in motu

barcelone

portrait dâ&#x20AC;&#x2122;une mĂŠtropole et approche de site

1.1. Tourisme monumental Il y a mille et une façons de présenter Barcelone. Nous avons choisi de vous raconter cette ville à travers ses monuments. D’une part, ils permettent de se plonger dans l’histoire urbaine de la ville et d’autre part, ils permettent de comprendre ce qui attire les millions de touristes.

Les monuments les plus anciens à Barcelone datent de l’Antiquité, ce sont les anciens remparts romains dans le quartier gothique. L’époque médiévale a également laissé son empreinte dans les rues de la Ciutat Vella, la vieille ville. Les édifices religieux sont abondants: la Cathédrale de Barcelone, la Basilique de la Santa Maria del Mar et de nombreuses églises. Quelques places et intérieurs d’églises témoignent des époques de la Renaissance, Gothique et Classique. L’arrivée de l’Art Nouveau marquera le style de la bourgeoisie. C’est un art qui va coloniser la ville entière, des bâtiment jusqu’aux réverbères de l’aménagement urbain. Les expositions universelles des années 1888 et 1929 ont généré un important développement urbain de Barcelone. Ces événements ont laissé des monuments qui sont à compter parmi les emblèmes de la ville: la statue de Christophe Colomb en 1888 et le Palais National sur le Montjuïc en 1929. Les jeux olympiques de 1992 ont été l’occasion de construire des hôtels et d’améliorer les infrastructures. L’activité culturelle et artistique s’est intensifié et le tourisme s’est développé. Dans les années 2000, Barcelone entreprend un projet ambitieux de rénovation du quartier de Poblenou. La Tour Agbar de Jean Nouvel en devient l’emblème et malgré la crise de 2008, le projet se poursuit.

Barcelone, portrait dâ&#x20AC;&#x2122;une mĂŠtropole et approche de site

NEW YORK NEW YORK PARIS PARIS

LONDRES LONDRES 12

Empire State Building 381 m State Building Empire 381 1931m 1931

Tour Eiffel 300 mEiffel Tour 300 1889m 1889

Big Ben

96 BigmBen 96 m 1859

1859

BARCELONE BARCELONE Patrimoine, fierté populaire Patrimoine, fierté populaire

Sagrada Familia 170 m Familia Sagrada 170 1882m 1882

Les capitales et leurs monuments Source: dessin personnel

Camp Nou 48 m Nou Camp 48 m 1957 1957

Impulsion des Jeux Olympiques Impulsion des Jeux Olympiques

Tour Mapfre Tour Mapfre et Hôtel Arts 154Hôtel m Arts et 154 m 1991-1992 1991-1992

Tour Montjuic 136 mMontjuic Tour 136 m 1989-1992 1989-1992

Tour de Tour de Collserola 288 m Collserola 288 m 1990-1992 1990-1992

monuments représentent une fierté, un patrimoine. Ils Pour les habitants, tous les

les associent à des périodes économiquement stables où le travail était abondant. Aujourd’hui, les métropoles touristiques ont chacune leur monument emblème. Alors qu’en est-il de Barcelone? C’est la question que pose El Periódico1 le 24 juin 2013. Paris a sa tour Eiffel, New York son Empire State Building, Londres son Big Ben et Rome sa basilique Saint-Pierre, Barcelone n’a pas vraiment de monument emblématique. Certes il y a la Sagrada Familia, mais peut-on négliger d’autres monuments tels que le Camp Nou, le stade du Futbol Club Barcelona?

ROME ROME

Impulsion nouvelle, 22@ Impulsion nouvelle, 22@

Rappelons que la Catalogne est au coeur de l’actualité avec sa volonté d’indépendance et le club du FC Barcelone est plus que jamais le porte drapeau de l’indépendantisme catalan. En effet, son histoire révèle cet esprit de résistance face au pouvoir central de Madrid. Cette rivalité historique dépasse l’univers du sport, en témoigne la devise du club «Més que un club». Plus qu’un club, le «Barça» a été le moyen de défier Franco, pendant la dictature, qui avait interdit l’usage de la langue catalane. La difficulté de résumer Barcelone à un emblème unique témoigne de la richesse et de la complexité que représente l’identité catalane.

Tour Agbar 144 mAgbar Tour 144 m 1999-2005 1999-2005

Forum 25 m Forum 25 m 2004 2004

1 http://www.elperiodico.com/es/noticias/ entre-todos/portada-periodico-catalunya-debate-proponerimagen-barcelona-2435996

Barcelone, portrait d’une métropole et approche de site

Basilique Saint-Pierre 132 m Basilique Saint-Pierre 132 1626m 1626

Si la Catalogne est la principale région industrielle espagnole, le tourisme ne représente pas moins de 12% du PIB catalan et génère 20 millions d’euros par jour. Cependant, même avec les 100 000 emplois générés dans la ville de Barcelone,

le tourisme de

masse est aujourd’hui sujet à controverse. 8 millions, c’est

le nombre de touristes qui a choisi Barcelone comme destination en 2014. 1,6 million, c’est le nombre d’habitants de la ville.

Barcelone, portrait dâ&#x20AC;&#x2122;une mĂŠtropole et approche de site

Cette disproportion modifie profondément la vie des locaux. A première vue, la ville ressemble à un parc thématique où le tourisme

n’est plus acte de voyager mais acte de consommer une destination. Les boutiques de souvenirs ont remplacé 80%

des commerces locaux et la vie quotidienne des habitants s’est compliquée. La Rambla, l’avenue emblématique de la ville compte 80% de touristes. Services et commerces s’adaptent pour répondre aux besoins de cette fréquentation massive d’étrangers. L’espace public se voit saturé, Barcelone devient une ville parcourue

et non vécue.

Barcelone, portrait dâ&#x20AC;&#x2122;une mĂŠtropole et approche de site

Le tourisme de masse pose la question de sa gestion. Certes, Barcelone vit du tourisme mais tous ne viennent pas admirer les monuments,

un tourisme de mauvaise qualité se développe. Lorsque les

touristes viennent admirer les monuments, les habitants ne peuvent plus profiter de leur propre héritage. C’est le cas du Parc Guell où l’on croise très peu de barcelonais. Quant au tourisme «low cost», ce sont souvent des jeunes qui viennent à Barcelone faire la fête sans aucunes limites. Évidemment, les nuisances pour les habitants sont de moins en moins supportables.

Barcelone, portrait dâ&#x20AC;&#x2122;une mĂŠtropole et approche de site

«Quand Gaudí a pensé le parc Guell, il a pensé à la qualité de vie des personnes vivant ici. Tout comme avec les autres bâtiments emblématiques de Barcelone. Ils ont été pensés pour les citoyens, alors que maintenant, ces trésors faits dans le passé sont exploités pour des avantages touristiques. Ce n’est rien d’autre que de la prostitution de notre territoire.»

21 Barcelone, portrait d’une métropole et approche de site

Paroles de Barcelonais Source: Bye Bye Barcelona: https://www.youtube.com/watch?v=kdXcFChRpmI

Barcelone réduit à un circuit touristique Source: https://www.behance.net/gallery/25972485/A-Map-of-Barcelona

1.2. Pèlerinage touristique

23 Barcelone, portrait d’une métropole et approche de site

Pour les touristes, les monuments définissent un parcours dans la ville. Les sites sont pris d’assaut par les visiteurs aux détriments des habitants. Barcelone devient un circuit que les visiteurs parcourent en bus, tournant autour des monuments, leur découverte prenant des airs de pèlerinage. La dernière pièce du circuit touristique est un lieu qui fut créé en 2004 pour accueillir le Forum universel des cultures qui s’est tenu pour la première fois à Barcelone. L’événement fut l’occasion d’offrir à la ville une marina, un parc paysager et une grande esplanade minérale. Pensée comme la terminaison de l’Avenida Diagonal, la pièce maîtresse de l’aménagement fût le Bâtiment du Forum par les architectes Herzog & de Meuron.

Parc Guell

Sagrada Familia

Barcelona Sants Glories

Passeig de Gracia

Plaça d’Espanya Plaça Catalunya Palais National

Estadio Olímpico De Montjuïc

Rambla dels caputxins

Parc de la Ciutadella

Mirador de Colom Castell de Montjuic

Barcelonetta

Port Olimpic Touristes Locaux Touristes et locaux

Géopostion des photos prises par les touristes et les locaux Source: https://www.flickr.com/photos/walkingsf/albums/72157624209158632

1.3. Découverte Le site du Forum se trouvant à la périphérie des autres lieux d’attention, sa fréquentation touristique est largement inférieure à celle du centre. Ce qui apparaît comme une faiblesse se révèle être une aubaine pour les habitants qui essayent d’échapper à la frénésie touristique. Ce déclin du nombre de visiteurs nous a amené à nous intéresser au nord de la ville de Barcelone qui se révèle être un confin préservé de l’attraction touristique. Le Forum a été l’occasion pour Barcelone de récupérer une partie de son littoral, de franchir le fleuve Besos par un pont destiné à la voiture et au tram, le tout pour améliorer le cadre de vie des habitants. Les clichés suivants témoignent du changement d’ambiance et de paysage le long du littoral, jusqu’à notre secteur d’intérêt: le fleuve Besos.

25 Barcelone, portrait d’une métropole et approche de site

Forum

Río Besós

1 km

1.4. Promenade littorale

Lors de notre voyage à Barcelone, nous avons pu nous rendre compte de la respiration que pouvait être le Forum. Pour s’y rendre, nous avons parcouru le littoral depuis la plage très touristique de la Barcelonetta.

Barcelone, portrait dâ&#x20AC;&#x2122;une mĂŠtropole et approche de site

Nous avons pu apprécier la qualité d’aménagement des plages proches du centre qui ne manque pas d’attirer les visiteurs. 28

Barcelone, portrait dâ&#x20AC;&#x2122;une mĂŠtropole et approche de site

Plus nous nous rapprochions du Forum, moins nous croisions de visiteurs: lâ&#x20AC;&#x2122;agitation touristique laissait place Ă la vie quotidienne des barcelonais. 30

Barcelone, portrait dâ&#x20AC;&#x2122;une mĂŠtropole et approche de site

Nous avons été surpris par la gigantesque esplanade minérale du Forum qui accueille des festivals musicaux et des foires. Nous avons découvert qu’elle devenait un lieu récréatif pour les locaux.

Barcelone, portrait dâ&#x20AC;&#x2122;une mĂŠtropole et approche de site

Malgré sa grande échelle, nous avons ressenti l’intimité du lieu.

Barcelone, portrait dâ&#x20AC;&#x2122;une mĂŠtropole et approche de site

Amis, parents et enfants se retrouvaient face à la mer pour jouer, discuter, faire du vélo ou du roller. Nous avons constaté que les modes de transport doux étaient très appréciés.

Barcelone, portrait dâ&#x20AC;&#x2122;une mĂŠtropole et approche de site

En parcourant le site du Forum, nous avons été surpris par le parc paysager qui rencontrait la centrale thermique située à côté du fleuve Besos. Le paysage devenait alors intriguant de par la proximité entre l’espace public et les cheminées.

Barcelone, portrait dâ&#x20AC;&#x2122;une mĂŠtropole et approche de site

Nous avons été capté par trois cheminées qui perturbaient la skyline. Nous nous sommes rapprochés pour tomber sur l’embouchure: le début du parc fluvial du Besos. 40

Barcelone, portrait dâ&#x20AC;&#x2122;une mĂŠtropole et approche de site

Le río Besós

limite fédératrice

Fleuve Llobregat

de nouveaux points cardinaux Le couple «mer et montagne» structure l’identité barcelonaise à bien des égards, notamment dans les domaines de la gastronomie, des loisirs et de l’orientation. Pour l’orientation, ces deux termes sont constamment présents à l’esprit des Barcelonais, ils représentent l’est et l’ouest. Le nord et le sud sont désignés par les fleuves Llobregat et Besos. Ainsi, Llobregat-mar est compris comme le sud-est et Besos-muntanya comme le nord-ouest.

Collserola

45 LE río Besós, limite fédératrice

Fleuve Besos

BARCELONE

Mer Méditerranée

MONTAGNE OUEST

LLOBREGAT

BESOS

SUD

NORD

MER EST

1 km

L’Hospitalet de Llobregat 253 000 hab.

déséquilibre C’est dans la continuité urbaine de Barcelone que se trouve notre terrain d’étude, la petite commune de Sant Adriá de Besós. Avec une superficie de 3,7 km², elle se situe dans l’embouchure du fleuve Besós entourée de Barcelone, Santa Coloma de Gramenet et Badalona. Le déséquilibre démographique explique la faiblesse de son poids politique face aux autres communes.

Santa Coloma de Gramenet 118 000 hab.

Barcelone 1 600 000 hab.

Badalona 218 000 hab.

47 LE río Besós, limite fédératrice

Sant Adria de Besos 33 000 hab.

1 km

2.1. Arpentage d’un repère barcelonais Nous nous sommes laissés guider par le fleuve Besòs. La découverte de son paysage a été un point de bascule dans le parcours du littoral. L’embouchure nous a aspiré vers l’arrière-pays et nous avons remonté cet axe qui marque le changement d’échelle entre deux paysages urbains. Ce fleuve métropolitain est au contact des communes de Barcelone, Sant Adria de Besos, Santa Coloma de Gramenet et de Montcada i Reixac. Nous nous sommes posés la question du rôle fondamental du fleuve dans le développement de la métropole. Pour mieux comprendre cet enjeu territorial, nous avons décidé de remonter le fleuve sur 9 km depuis l’embouchure à Sant Adria de Besos jusqu’à sa confluence avec le fleuve Ripoll à Montcada i Reixac.

Dans un premier temps, nous avons remonté les berges du fleuve pour nous immerger dans le parc fluvial du Besos. Ensuite, nous sommes redescendus par les rives pour nous rendre compte des connexion urbaines.

MONTCADA I REIXAC

BARCELONE

SANTA COLOMA DE GRAMENET

BADALONA

SANT ADRIA DE BESOS

1 km

Communes traversées par le fleuve Besos Source: dessin personnel

RIVE SUD

USINES

AUTOROUTE

Coupe transversale du fleuve Source: dessin personnel

RIVE NORD

BERGE

PROMENADE SUPÉRIEURE

ZONE DE JEUX PLACE PARCS

LOGEMENTS

2.2. Immersion dans un parc fluvial métropolitain Notre parcours a commencé par l’embouchure qui est un espace protégé du fleuve. C’est le dernier morceau du parc fluvial qui n’est pas aménagé afin de préserver la faune et la flore particulière. Cet espace est la preuve de la récupération du Bésos où deux cents espèces d’oiseaux migrateurs ont été recensé en 2014. Nous avons découvert cet endroit naturel entre chemins ondulés et végétation cachée. Là, nous avons croisé des personnes attirées par le côté sauvage et mystérieux du lieu, malgré son statut protégé. L’immersion dans la biodiversité du fleuve est totale.

Après être passé sous les ponts du tram et du train, notre trajectoire s’est poursuivit en se glissant vers le parc fluvial Bésos où le paysage change radicalement. Nous sommes passés d’un côté naturel à un côté aménagé. Les berges sont composées d’une piste cyclable et d’une zone de pelouse. Les roseaux forment un écran et cachent le fleuve en certains points. Des rampes permettent l’accès à la ville qui est en surplomb. La vie urbaine se glisse dans cette respiration. Lors de notre arpentage, la météo étant favorable, nous avons observé différents types d’appropriations: des enfants profitaient de la généreuse surface d’herbe pour jouer au foot, un couple s’installait pour un pique-nique, des familles promenaient leur chien. Le paysage fluvial, situé à 8 mètres en dessous du niveau de la ville confère à cet espace une intimité et un calme protecteur. L’atmosphère agréable du parc aménagé se poursuit sur cinq km. Pendant notre parcours, nous avons rencontré Pedro un habitant de Sant Adria de Besos qui promenait ses chiens. Pour lui, le parc fluvial représente un atout considérable pour le cadre de vie. Il nous a affirmé que cette respiration métropolitaine est un point de rencontre entre les habitants des différentes communes, malgré la divergence des rythmes de vie. Les joggeurs et les cyclistes se retrouvent le week-end pour profiter de toute l’étendue du parc. Après cinq km de piste cyclable, nous nous sommes retrouvés face à un paysage non aménagé. Cette rupture marque la fin du parc fluvial du Besos. La plupart des sportifs s’arrêtent et font demi-tour. Pour certains, c’est l’occasion d’emprunter un chemin de terre et de se retrouver dans une nature plus sauvage: le lit du fleuve devient plus large et les roseaux sont plus abondants. Nous avons l’impression de quitter la ville, le Besos reprend son aspect originel. Notre parcours de 9km s’est terminé à la rencontre du fleuve Ripoll à Montcada i Reixac. Nous avons constaté l’importance de l’espace public du fleuve où une continuité écologique cohabite avec des activités de loisirs. La récupération du fleuve a provoqué un impact positif sur les modes de vie des habitants qui s’approprient le parc de manière consciente. Nous avons remarqué que l’affluence du parc était constante pendant la semaine, les habitants de Sant Adria de Besos en ont un usage quotidien. Les week-ends, le parc prend toute son ampleur métropolitaine. En 2014, plus de 500 000 personnes ont pratiqué le parc fluvial du Besos.

ESPACE SAUVAGE

PARCE FLUVIAL 5 km

ESPACE PROTÉGÉ 0.5 km 1 km Les différentes séquences du fleuve

Source: dessin personnel

2.3. Histoire d’une renaissance Si aujourd’hui le Besos est un fleuve apprécié, cela n’a pas toujours été le cas. Son histoire permet de comprendre son succès actuel. Dans un premier temps, le fleuve était un lieu de loisirs pour les barcelonais au début du 20ème siècle et a ensuite été victime de l’industrialisation de la Catalogne. Dans les années 70, le développement industriel a provoqué la migration d’une grande partie de la population rurale vers les périphéries de Barcelone. L’industrie et la croissance démographique ont provoqué une usure des ressources du Bésos. Vers les années 80, il était extrêmement pollué à cause des déchets résidentiels et industriels qui y étaient rejetés. Le fleuve était utilisé comme un égout et est devenu un des plus pollués d’Europe.

Ensuite, le territoire du fleuve Besós était particulièrement exposé au risque d’inondations. Comme la plupart des fleuves de Méditerranée, il se caractérise par son faible débit à l’exception des périodes de fortes pluies: des crues ont provoqué des inondations meurtrières qui ont poussé le gouvernement à créer des murs de soutènement faisant du Besos un canal de 130 mètres de large. Les travaux, achevés en 1975, ont favorisé l’urbanisation des rives et l’installation d’infrastructures routières et ferroviaires. Lors de notre visite in situ, nous avons échangé avec une habitante originaire de Sant Adria de Besos qui nous a témoigné de la transformation du fleuve et de sa valeur historique dans la ville: « Il n’était pas possible de se promener sur ses rives. Le niveau de contamination du fleuve était énorme pour les habitants au point qu’il signifiait un élément méprisable dans leur environnement. Un monde sale séparait Barcelone et Sant Adriá». En 1999, l’organisme « Consorci per la Defensa de la Conca del Besòs », a initié le processus de dépuration du fleuve. 16 stations de dépuration ont été installé le long du fleuve. Cette démarche a provoqué l’intérêts des communes de Sant Adria de Besos, Santa Coloma de Gramenet, de Montcada i Reixac et Badalona, qui ont vu l’opportunité d’offrir un grand espace public aux habitants. Le processus de dépollution du fleuve a été l’occasion de détourner la fonction première du cours d’eau, celle d’un simple canal. En 2004, la dernière trame du parc fut achevé en même temps que la création du Forum. Le détournement de la fonction première du Besos a permis de lui donner une valeur paysagère: les roseaux participent à fabriquer un paysage tout en assainissant l’eau, des digues gonflables assurent la présence de l’eau toute l’année. Même si le fleuve n’est plus une menace aujourd’hui, le parc est surveillé par des caméras et un système d’alarme permet de prévenir les habitants lors de l’évacuation de l’eau en amont, ce qui explique l’absence de mobilier urbain dans le parc.

Le fleuve Besos en 1970 Source: flickr

Crue du fleuve en 2013 Source: flickr

2.4. Deux rives contrastées Le deuxième protocole d’arpentage vient en complément du premier. Cette fois il s’agit d’arpenter le parc fluvial du Besos en le longeant à partir des rives, c’est à dire dans la partie urbaine en surplomb. Ce protocole nous a permis de mieux nous rendre compte de la connexion du parc fluvial avec le tissu urbain. Nous avons constaté des divergences entre la rive sud et la rive nord.

une rive sud inhospitalière Dans ce niveau, le territoire est fragmenté plusieurs fois par les infrastructures routières et ferroviaires qui coupent le rapport entre la ville et le fleuve. Premièrement, la Ronda litoral prive pratiquement toute la rive sud d’un accès direct au fleuve, les deux échangeurs autoroutiers constituent des barrières infranchissables. Ensuite, le train participe à l’enclavement du quartier de «la Mina».

Les grandes zones industrielles qui longent le Besós n’ont pas facilité notre parcours. L’espace public était «agressif»: trottoirs très étroits, espace piéton inexistant, forte présence de la voiture et des camions. La proximité de ces zones avec les infrastructures ont rendu ce secteur inhospitalier du point de vue des ambiances sonores. Les façades aveugles des bâtiments industriels participent à rendre monotone l’environnement. Sur la rive sud nous nous sommes étonnés de trouver entre les industries le quartier de Bon Pastor, ancien aménagement résidentiel ouvrier qui date de 1924. Il s’agit de petites maisons de plain-pied qui abritaient un mode de vie populaire. Dans la même rive, on trouve le quartier de «la Catalana» dont la phase 1 a été réalisée et dont la phase 2 est en projet. Ces logements ont été envisagés par la mairie de Sant Adriá de Bésos afin d’améliorer cet espace de la commune autrefois difficilement accessible. Il s’agit d’opérations immobilières, inscrites dans un tissu moderne lâche. Malgré les généreux espaces en pied d’immeubles, les bâtiments n’ont pas de relation avec le contexte immédiat du fleuve. La mairie fait des efforts pour connecter les deux rives, notamment avec le nouvel arrêt de tram, pourtant, la majorité des logements de «la Catalana» sont encore vides. Cette réticence s’explique par la proximité avec «la Mina». Ce quartier est apparu dans les années 70 comme une initiative pour le relogement de population provenant des bidonvilles de la ville de Barcelone et de son aire métropolitaine. Pendant des années et jusqu’à aujourd’hui, ce quartier a présenté des situations de marginalité qui ont dégradé l’image de Sant Adriá, notamment à cause du traffic de drogues: 28 000 seringues retrouvées dans le parc del Besos en un an.

Zones industrielles

Quartier Bon Pastor

Quartier La Catalana

Quartier La Mina

500 m

une rive nord attractive Sur la rive nord, depuis Santa Coloma vers Sant Adria, nous sommes descendus au rythme du tissu résidentiel qui fait face au Bésos. Contrairement à la rive sud, c’est un parcours plus dynamique et fluide en raison de la promenade supérieure. Cette dernière présente une certain qualité des aménagements publics: pistes cyclables et espace piéton clairement définis, des bancs, des arbres plantés en bord de chemin et des panneaux d’information. L’espace public de la promenade supérieure est complémentaire de celui des berges. Ainsi, la connexion directe avec le tissu résidentiel a favorisé la création d’espaces d’animation annexes: des zones de jeux pour les enfants, des places, des parcs, des terrains de foot et des petits restaurants en rez-de-chaussée. L’appropriation se manifeste de façon plus évidente: des personnes âgées jouent à la pétanque, des jeunes profitent des équipements sportifs dans le parc, des joggeurs passent et des enfants font du vélo.

Lors du parcours de la rive nord nous avons identifié un réseau de respiration constitué par les parc Can Zam, parc del Molinet et parc del Litoral. Ces espaces sont articulés avec le tissu urbain de la rive. Il s’agit de grands parcs avec un monde intérieur particulier. Can Zam est le parc qui jouxte avec le dernier quartier de Santa Coloma. Nous avons été surpris par sa beauté environnementale. Après avoir emprunté un chemin entouré d’arbres, nous sommes tombés sur un lac. L’espace minéral, assez grand, est bien aménagé et forme une grande esplanade avec des services de restauration. Ensuite, nous avons exploré le parc del Molinet qui a une échelle plus petite. Un sentier nous a guidé vers des plateformes minérales qui se terminent par un belvédère et une vue sur le Besos. Le parc de Litoral se trouve au bout de la rive nord. C’est une des «pièces» du littoral que nous analyserons ultérieurement. En parcourant la rive nord, nous avons eu envie de découvrir la ville de Sant Adria. Nous nous sommes dirigés d’une manière fluide vers l’avenue Pi i Margall. Petit à petit nous avons découvert le charme de la ville à travers son tissu résidentiel historique. Après avoir passé la bibliothèque de la ville qui est une réhabilitation d’une ancienne usine de vinyle, nous nous sommes retrouvés sur la place principale de Sant Adria, la place Fincas Amayo Prado. Cet espace faisant face à la mairie est considéré comme le coeur de la ville. Les habitants s’y retrouvent pour participer à des activités collectives tels que foires, anniversaires et manifestations. Une des rues qui traverse la place est l’Avenida de Catalunya. Il s’agit d’un axe commercial majeur de la commune composé de petits commerces locaux et de restaurants avec terrasses. Cette avenue est très fréquentée par les habitants malgré le pont autoroutier suspendu qui le croise. Les habitants profitent de l’espace sous le pont pour installer chaque mardi le marché aux puces. Lors de notre passage, cet espace particulier s’est mis en scène à travers des témoignages sur l’immigration et l’intégration des étrangers dans la commune. Après le pont, l’Avenida de la Playa forme une rambla bordée de voies automobiles et de tram. D’un coté de cette rambla, se trouve le quartier historique de Sant Joan, créé en 1920 comme quartier ouvrier. Ces logements ont des commerces de proximité au rez-de-chaussée qui sont concurrencés par le centre commercial Alcampo se trouvant de l’autre côté de la rambla. En parcourant la rive nord de Sant Adria, nous avons pu observer une vie locale plus tranquille qu’à Barcelone. L’effervescence touristique nous a semblé très lointaine.

Parc Can Zam

Parc del Molinet

Centre de Sant Adria de Besos Pont autoroutier depuis la Gran Via de Barcelone

Parc del Besos

Axe commercial de lâ&#x20AC;&#x2122;Avenida de la Playa

Parc del Litoral

500 m

promesse de suture Les deux protocoles d’arpentage nous ont livré différents enseignements sur le territoire d’influence du fleuve Besos, une infrastructure dont la ville a su tirer parti. Dans un premier temps, en arpentant les berges nous nous sommes rendus compte du rayonnement de ce parc sur la vie quotidienne des habitants. D’une part, l’appropriation de ce dernier par différentes communes lui confère un statut fédérateur, d’autre part, la biodiversité en milieu urbain qu’elle abrite enrichit le cadre de vie. Le parc fluvial du Besos est une «pièce» majeure en marge de la métropole.

Cependant, en arpentant les rives, l’effet catalyseur du parc n’est pas le même au nord et au sud. Ce protocole a mis en évidence deux rythmes différents. La rive sud est sous l’influence de Barcelone. Cette partie du territoire donne l’impression d’un rejet de la métropole. Les activités et les infrastructures ne trouvant pas place au centre ville sont repoussées vers la périphérie. Dans le cas de Sant Adria de Besos, la rive sud accueille des zones industrielles, des infrastructures lourdes et des quartiers sensibles. Au contraire, la rive nord est plus en prise avec le parc fluvial. Le tissu urbain y est plus dense et témoigne du développement d’une vie locale détachée de la métropole. Ce protocole d’arpentage nous a révélé une rive sud traversée et une rive nord vécue. D’ailleurs, en 1929, le fleuve Besos a pleinement joué son rôle de limite. Par décret royal, la ville de Barcelone a fait disparaître la ville de Sant Adria de Besos. Une partie a été annexée à Barcelone et une autre à Badalona, avec le fleuve Besós comme nouvelle limite. Finalement la commune fût réactivée par les autorités franquistes en 1955. Un phénomène de tissage existe entre les deux rives, matérialisé par les quatorze ponts qui traversent le Besos. Malgré ce processus, un sentiment d’inachevé plane sur la dernière partie du parc, l’embouchure. C’est à ce moment que notre arpentage est passé du fleuve Besos au littoral.

Les quinze ponts qui franchissent le fleuve Source: photos personelles

L’embouchure

clé de lecture d’un littoral en mutation

25 m

63 L’embouchure, clé de lecture d’un littoral en mutation

3.1. un statut ambigu Comme nous l’avons vu précédemment, l’embouchure est la partie du fleuve qui soulève des questions. Deux ponts marquent le début d’un espace au statut flou. La berge sud se poursuit sous les infrastructures vers un cul de sac, l’eau est perturbée par le rejet d’eau de la station d’épuration. En haut, sur la rive, se trouve la centrale électrique. Cette dernière est coupée de l’arrière pays par la voie ferrée. En face, la berge nord a un usage ambigu. En effet, son statut d’espace naturel protégé ne l’empêche pas d’être traversée par les cyclistes et piétons qui se rendent au parc fluvial. La promenade supérieure de la rive nord se termine sur le Parc Del Litoral après être passée sous les ponts. Le branchement du fleuve Besos avec le littoral constitue son point faible: biodiversité menacée par le passage de l’homme qui témoigne de la non fluidité entre dynamique fluviale et dynamique littorale.

3.2. pièce d’un puzzle hétéroclite Le littoral de Sant Adria de Besos s’apparente à un puzzle. L’embouchure en constitue la première «pièce». Elle est la preuve d’un changement qui échappe encore à la ville et à son aménagement. L’intégration et la protection de ce nouvel écosystème dans le paysage urbain reste partielles. Afin de comprendre cette partie du territoire en mutation qui a suscité notre curiosité, nous avons in situ repéré et observé les «pièces» hétéroclites qui composent ce patchwork.

La centrale thermique Le Campus Diagonal Besos

a_Le Forum Le Musée des Sciences de Barcelone

La station d’épuration

Le centre de tri

L’esplanade minérale et ses panneaux solaires géants

g_La rambla / Al Campo h_Le «poumon économique chinois»

e_Le terrain de foot

B_Le parking «élastique»

D_Le club de sport privé

C_Le Parc Del Littoral

j_La parcelle «Santander»

f_Le hub intermodal

i_Les Trois Cheminées

g b c a

f e d

A_LE FORUM On commence par l’espace du Forum qui se situe sur la rive sud du Besos. Comme nous l’avons vu précédemment, il est caractérisé par un espace public minéral imposant. Cet espace est d’abord connu pour être un lieu récréatif, il accueille des festivals de musique, des foires et sa marina offre de la place aux yatchs. Les touristes viennent admirer le «Bâtiment du Forum» qui abrite le Musée des sciences naturelles ou contempler le panneau solaire géant. Les locaux, eux, profitent des halles détournées en parc d’aventures pour les enfants. Mais au-delà du côté divertissant, l’espace du Forum compte également des «pièces» techniques. En effet, on ne peut pas manquer la centrale thermique et le centre de tri. On note également la présence d’une station d’épuration. Cette dernière assainit les eaux résiduelles de Badalona, Santa Coloma de Gramenet, Sant Adrià de Besos et Barcelone.

Les infrastructures à Barcelone occasionnent des coupures dans le tissu urbain. Une partie de l’espace du Forum est coupée de l’arrière-pays par la Ronda Litoral. Le campus Diagonal Besos en projet aura pour but d’améliorer cette connexion grâce à une passerelle. Ce nouvel accès pourra déployer la vie du quartier de «la Mina» vers le Forum. Conjugués aux infrastructures, les espaces techniques de l’espace du Forum contribuent à faire de la rive sud de Sant Adria de Besos la «machinerie urbaine» de Barcelone: électricité, eaux usées, déchets et flux routiers.

L’embouchure, clé de lecture d’un littoral en mutation

B_le parking «élastique» Ce parking sur le littoral est un espace «élastique». En semaine, il prend des airs de terrain vague avec un dizaine de voitures au maximum. Durant le week-end, il accueille les voitures des personnes venues pratiquer le parc fluvial du Besos. Sur ce parking se trouve une maison qui sert de lieu de stockage pour des associations de Sant Adria de Besos. L’édifice est ce qu’il reste d’une ancienne industrie qui produisait des poutres en acier. Sur place nous avons rencontré Sergio qui nous a affirmé que la ville comptait de nombreuses associations. La sienne prépare des spectacles et se produit à Sant Adria mais également dans d’autres communes autour de Barcelone.

C_Le parc del litoral

C’est le dernier parc du réseau qu’il constitue avec les parcs Can Zam et Molinet. La majorité de sa surface est plantée d’arbres qui constituent un filtre sur les bâtiments face à la mer. Un de ces bâtiments est un élément de la station d’épuration. Il a un rôle de «surpresseur», il propulse les eaux usées qui arrive de Badalona et Sant Adria vers la station. L’autre construction présente est une ancienne piscine en plein air transformée en discothèque mais cette activité s’est arrêtée. Un local est occupé par un «Jugatecambiental» qui est un espace ludique et pédagogique proposant des jeux pour les enfants, des ateliers environnementaux et des visites guidées du parc. Ce type d’activité se retrouve également dans les précédents parcs.

D_le club de sport privé Accolé au parc, ce complex propose différents supports: un gymnase couvert, une piscine couverte et des terrains de sport extérieurs. Un bar-restaurant est également à la disposition des adhérents. Cet équipement était à l’origine une base d’entraînement pour les sports aquatiques construit pour les Jeux Olympiques de 1992. Le bâtiment est passé d’un lieu porteur d’imaginaire collectif à une propriété privée.

E_le terrain de foot Il constitue l’autre pièce sportive du littoral. Les équipes de foot d’un collège utilisent ce terrain pour exprimer leur talent et représenter le sport national. Lors de notre arpentage, nous avions eu la chance d’assister à un match. L’ambiance témoignait du caractère local et du côté intime de la ville: assis sur la petite tribune, les parents vennaient encourager leurs enfants, la plupart des habitants présents se connaissaient. Nous avions l’impression d’assister à une fête de famille.

F_Le hub intermodal Le hub intermodal est un point névralgique du littoral. Cette pièce prend racine sur la station de train Sant Adria. Cette gare, âgée de plus d’un siècle, se trouve sur la première ligne ferroviaire créée en Espagne qui lie Barcelone à Mataro, une commune du littoral catalan. En plus de cette station de train régional, le hub dispose d’un terminus de tram permettant la connexion avec Barcelone et Badalona. Ce mode de transport est arrivé avec la création du Forum en 2004 et a signifié une promesse de développement pour la commune de Sant Adria. L’intermodalité est complétée par des arrêts de bus se situant à proximité. Cependant, le hub incarne la fracture entre la ville et son littoral. En ce point, le chemin de fer est une barrière physique uniquement franchissable via un passage souterrain. Certes, il a un rayonnement à l’échelle territoriale mais constitue une frontière à une échelle locale.

GLORIES

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71 L’embouchure, clé de lecture d’un littoral en mutation

Station de Gorg

HUB INTERMODAL de Sant Adria de Besos

B14

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B26

143

H14

500 m

G_la rambla / al campo L’Avenida de la Playa est la rambla historique de Sant Adria de Besos. Comme son nom l’indique elle mène au littoral mais se heurte aux rails du train. Ses dimensions sont comparables à la rambla de Barcelone, avenue où se déploient cafés et restaurants. Celle de Sant Adria est moins touristique et moins dynamique: cette avenue emblématique des villes catalanes subit la concurrence du centre commercial Al Campo. Clarifier sa connexion avec le littoral peut-elle inverser cette tendance? L’association rambla/plage peut être une alternative au côté récréatif du centre commercial.

H_le «poumon économique chinois»

Un tissu industriel juxtapose le centre commercial. Il est principalement constitué d’entrepôts chinois. Chaussures, sacs, matériel électronique, autant d’articles vendus en gros ou au détail. Lors de notre arpentage, nous avons été surpris par ce quartier. Les enseignes écrites en chinois nous transportent sur un autre continent. Ce «chinatown» nous renvoie l’image des bateaux accostant au port industriel de Barcelone dont les marchandises sont redistribuées par camions. C’est une image effrayante de la mondialisation, d’autant plus que ces activités constituent le principal atout économique de la ville de Sant Adria.

I_les trois cheminées La centrale des Trois Cheminées est sans doute la «pièce» la plus insolite et la plus importante du littoral de Sant Adria. C’est la première centrale thermique construite à Sant Adriá de Besos. Il s’agit d’une ancienne usine de production d’énergie qui a approvisionné Barcelone et son aire métropolitaine pendant la période d’industrialisation du 20ème siècle. Cette centrale d’une puissance totale de plus de 1400 MW, transformait l’énergie libérée par la combustion de fioul et de gaz naturel en énergie électrique. La centrale est rentrée en activité en 1913. Dans un premier temps, il s’agissait d’un bâtiment ancien de quatre cheminées. Dû à son emplacement stratégique dans le littoral Catalan, la centrale a traversé les périodes de conflits militaires en Espagne. En 1938, pendant la guerre civile, la centrale a été bombardée ce qui a provoqué sa destruction partielle. En 1970, les trois cheminées de 200 mètres de haut telles qu’on les connaît aujourd’hui ont vu le jour.

Après quarante années de fonctionnement, la centrale a arrêté sa production. Ses propriétaires privées, FECSA-ENDESA, ont décidé de transférer les installations dans une nouvelle centrale situé à côté du Forum. Cette démarche a posé la question de la démolition totale du bâtiment. Lorsque les habitants de Sant Adriá se sont mobilisés pour le sauvegarder, la mairie a appelé à un référendum au sujet de la conservation de l’édifice. Le résultat du suffrage a été positif à 80%. L’initiative citoyenne répond à un ensemble d’entités qui revendiquent la conservation du bâtiment comme un symbole de la ville. Lors de notre voyage à Barcelone, nous avons rencontré Roger Hoyos, habitant originaire de Sant Adriá de Besos et responsable de la plateforme de sauvegarde «Salvem les 3 Xemeneies». Il nous a raconté le rôle que joue aujourd’hui ce monument et son importance historique. Pour la plateforme de sauvegarde, il existe deux motivations pour conserver le monument. La première raison est l’identification des habitants au bâtiment. Sant Adria de Besos était une ville ouvrière pendant l’industrialisation. La ville dortoir vivait au rythme du travail et des syndicats. La centrale des Trois Cheminées fut imposé par le régime franquiste et pollua le cadre de vie des habitants. Aujourd’hui, les habitants ont une position paradoxale car cette centrale incarne en même temps les périodes sombres de la dictature et la lutte ouvrière. Le deuxième raison est son caractère historique: elle représente la dernière pièce restante du patrimoine industriel de Catalogne. En effet, une grande partie du littoral barcelonais était occupée par des industries désormais rasées. Le processus de démantèlement a commencé en 2015. La perte du patrimoine est considérable. Actuellement, il ne reste que l’enveloppe des trois cheminées et la halle des turbines.

Source: Fred Guillaud

«Sur ces Trois Cheminées ils ont utilisé la pratique de la taxidermie pour enlever l’âme et ne laisser que la peau». Roger Hoyos Aujourd’hui, ce qui reste de la centrale a été déclaré comme bien culturel d’intérêt local. Cela signifie que le site est protégé par la ville sans avoir le statut de patrimoine. De par sa position sur le littoral, le site suscite beaucoup d’intérêt. Des opérations de logements ont été projeté par des entreprises privées en accord avec la mairie de Sant Adria, tout en conservant les Trois Cheminées. Pour Ada Colau, la maire de Barcelone, le site peut être reconverti en un lieu de mémoire du monde ouvrier et industriel. Cependant, le projet partagé par la mairie de Sant Adria et la plateforme de sauvegarde semble le plus viable. Il s’agit de reconvertir l’ancienne centrale en centre d’interprétation de l’énergie de la Catalogne.

La possible reconversion de la centrale présente l’occasion pour Sant Adria de Besos de se réconcilier avec son histoire industrielle. A la fois cicatrice et symbole d’espoir, les Trois Cheminées font partie de la skyline barcelonaise. Réaménager le littoral impliquerait de prendre en compte ces trois géants.

J_la parcelle «santander» La dernière «pièce» du littoral va de paire avec celle de l’ancienne centrale thermique. C’est une parcelle en friche appartenant à la banque Santander. Elle était occupée dans le passé par des industries. Ce terrain en vente est un point stratégique de par sa proximité avec le hub intermodal et sa position face à la rambla. Comme la parcelle des Trois Cheminées, elle est bordée aujourd’hui par des murs qui bloquent la vue sur la mer. Le questionnement sur le devenir des «trois géantes» affecte naturellement l’avenir de la parcelle «Santander». Ce terrain en friche est le lieu le plus proche des Trois Cheminées. Comme constaté sur les photos précédentes, elles s’imposent dans le décor. Elles semblent figées dans l’espace et dans le temps et voient les différents paysages défiler à leurs pieds. Sur la parcelle attenante, c’est un tiers-paysage qui s’est développé conférant à ce littoral une atmosphère aride.

Source: Fred Guillaud

3.3. Approche métropolitaine d’un littoral local Avant de mener une réflexion sur le devenir du littoral de Sant Adria de Besos, il est nécessaire de le recontextualiser par rapport aux communes voisines. Le littoral de la métropole barcelonaise apparaît comme discontinu. Il se compose de tranches distinctes. Pour comprendre ce découpage, il est nécessaire de discerner les limites administratives des communes de ce littoral. On remarque que Barcelone, Sant Adria de Besos et Badalona obéissent à différents modèles.

Au sud, Barcelone a aménagé son littoral pour les touristes: promenade minérale, jeux pour enfants, restaurants, parcs et kiosques. Nous avons parcouru ce littoral un dimanche et la foule, en majorité touristique, nous a témoigné de l’ambiance et de la fréquentation de ces plages. Plus au nord, Badalona s’est dotée d’une marina et de logements d’opérations immobilières. Comme une majeur partie du littoral catalan, celui de Badalona est coupé par le train. Ainsi les logements sont pris entre la mer et les rails. Ils font face à un tissu industriel. La marina, quant à elle, est destinée à être connectée à un futur espace public. Le modèle badalonais témoigne des fortes pressions immobilières qui pèsent sur le littoral. Nous nous posons la question du devenir de la façade littorale de Sant Adria de Besos. Ce territoire en mutation, où la vie quotidienne se mêle au gigantisme des infrastructures, devient un enjeu de taille pour la commune qui pourrait ne plus tourner le dos à la mer.

BARCELONE

BADALONA

Les modèles d’aménagements du littoral Source: Dessin personnel

L’embouchure, clé de lecture d’un littoral en mutation

SANT ADRIA DE BESOS

La Rambla

BARCELONE Villa Olimpica La Barceloneta Port Barcelone Parc del Maresme Port Olimpic

Les modèles d’aménagements du littoral Source: Dessin personnel

BADALONA SANT ADRIA DE BESOS

Logements Trois CheminÃ©es

Forum

Marina Badalona

Port Forum

500 m

stratégie et projet

sab

Sant Adria de Besos

un centre d’éveil aux ressources planétaires

croisement des logiques

problĂŠmatique et positionnement

4.1. Fracture / Infrastructure Franchir une barrière Le littoral de Sant Adria de Besos est fortement marqué par la présence du rail. Le premier enjeu que nous avons identifié serait de faire franchir cette barrière aux habitants de la commune. Si physiquement le passage souterrain existant fonctionne, proposer un point attractif côté mer estomperait psychologiquement cette barrière. Avenida de la Playa L’intention d’attirer les habitants vers la mer va de paire avec la volonté de prolonger la rambla, l’Avenue de la Plage. Elle reprendrait alors son statut d’axe structurant aujourd’hui affaibli par le centre commercial Al Campo. Redonner une continuité physique vers la mer rendrait une part de l’identité méditerranéenne à la commune de Sant Adria.

Plus qu’un arrêt, une destination Le chemin de fer n’a pas qu’un impact négatif. Sa présence est bonifiée par la présence du hub intermodal. Tram et bus viennent compléter l’arrêt de train qui permet de se rendre au centre de Barcelone en un quart d’heure. De plus, rendre accessible le littoral engendrerait une affluence des habitants mais également des touristes. Le hub intermodal prendrait alors une autre dimension dans la mobilité métropolitaine.

4.2. énergie / Ressources Un nouveau programme pour Les Trois Cheminées Suite à la première partie d’analyse nous avons sélectionné des «pièces» que nous considérons comme les «forces en présence» sur cette partie du littoral. Cette première entité est Les Trois Cheminées. Dans le cadre du projet, nous faisons l’hypothèse de la reconversion de l’ancienne centrale thermique en Centre d’Interprétation de l’énergie de la Catalogne. Le programme partagé par la mairie de Sant Adria et la plateforme de sauvegarde semble le plus approprié au vu des «pièces» que nous avons décidé de mettre en valeur. Culture et infrastructure Le Musée des Sciences de Herzog et De Meuron est la «pièce» culturelle présente sur le site du Forum. La station d’épuration, le centre de tri et la centrale thermique sont les «pièces» techniques mais nous les considérons comme des potentiels pour faire voir autrement la gestion des énergies, des déchets et des ressources. Campus Diagonal Besos Le projet du campus est actuellement en cours. Il accueillera l’institut de Recherche en énergie de catalogne, l’enseignement et la recherche de l’Université polytechnique de Catalogne et des entreprises privées d’innovation. Les professionnels et les quelques trente milles étudiants vont insuffler une nouvelle dynamique à ce secteur de la métropole.

Musée des sciences naturelles de Barcelone

Station d’épuration

Centre d’interprétation de l’énergie et de l’industrie de Catalogne

Campus Diagonal Besos

Centrale de tri Centrale thermique

500 m

4.3. échelle métropolitaine / échelle locale Donner sens aux «pièces» métropolitaines Nous voyons ces «forces en présence» comme faisant partie d’un même ensemble. D’un territoire morcelé, cette partie du littoral s’est révélée être une unité régie sous un même thème. De résidus de la métropole, ils se muent en des éléments structurants du territoire. Interagir avec la rambla Nous pensons que les éléments évoqués précédemment peuvent être en interaction avec la rambla. Véritable épine dorsale de la ville, elle est le support de la vie quotidienne des habitants. Cet axe perpendiculaire au littoral établit un contact avec l’archipel de «pièces» et pourrait générer de nouvelles dynamiques.

Point névralgique En considérant le croisement des dynamiques métropolitaine et locale, nous faisons de cette intersection un point névralgique du littoral, un nœud de développement futur.

4.4. Vacance / Latence Espace arpentable In situ, nous avons pu nous rendre compte de l’importance de l’espace public pour les barcelonais. Plages, places et parcs sont supports d’usages divers. Affirmer la connexion de la rambla au littoral dessinerait un continuum de l’espace public. 17 ha Nous avons identifié deux parcelles potentielles de projet. Il s’agit de la parcelle «Santander» et celle des Trois Cheminées. Elles sont aujourd’hui vacantes et en friche. Elles représentent un potentiel latent de 17 ha. Nous voyons en ces deux fragments l’opportunité de concrétiser le croisement des deux échelles évoquées précédemment. Plage Les deux parcelles représentent également 600 mètres de plage à revitaliser. Ce critère est vital car il pourrait conforter l’attrait touristique, synonyme d’activité économique. Cette plage est d’autant plus importante qu’elle est revendiquée par les communes de l’arrière-pays tel que Santa Coloma de Gramenet. Les deux parcelles et leur plage sont stratégiques, la commune de Barcelone y avait projeté des logements. Nous pensons que cette partie du littoral doit suivre une logique propre et se détacher du modèle de ses voisins barcelonais et badalonais.

? 17 Ha 600 mètres de plage

500 m

La parcelle «Santander» en vente Source: Photo personnelle

Problématique: Comment faire de la réappropriation de ces friches un moyen de lier échelle métropolitaine et échelle locale dans le but d’interroger le mono-tourisme de Barcelone?

rĂŠappropriation citoyenne

raccorder, reconfigurer, offrir, complĂŠter

5.1. état des lieux: du rail au sable La partie du site qui nous intéresse va du rail au sable. Les précédents constats montrent que la séquence de la rambla ne se prolonge pas au-delà de la voie ferrée. (1) Après avoir emprunté le passage souterrain, les arbres de la rambla sont substitués par des palmiers. Ce changement de végétation nous confirme qu’on se rapproche de la mer. L’alignement des palmiers nous entraîne dans une allée pavée. La matérialité du sol nous annonce également le changement de paysage. L’enrobé de la route laisse place aux blocs de pierre. Le décor semble appartenir à une autre époque. (2) Cette désuétude est renforcée par les murs de briques tagués qui entourent les deux parcelles en friche. Les équipements sportifs sont également bordés par ces obstacles qui constituent des masques entre la ville et l’horizon maritime. Derrière les murs de notre site d’étude, le paysage meurtri qu’ont laissé les installations industrielles est en train de se régénérer. La végétation colonise les différents revêtements du passé. (3)

1 2

rĂŠappropriation citoyenne, raccorder, reconfigurer, offrir, complĂŠter

5.2. stratégie urbaine: remodeler la friche raccorder les flux pour irriguer le bord de mer

Il est question de définir les principaux axes urbains en s’appuyant sur les lignes de forces existantes afin de réorganiser l’espace vacant. Dans un premier temps, la rambla est prolongé vers la plage jusque dans la mer en se transformant en ponton. Il s’agit de traverser la ligne du rail en marquant une continuité spatiale. La rencontre avec le sable se termine alors par une immersion dans la mer. Ensuite, l’objectif est d’établir la continuité du littoral en connectant le Parc del Litoral avec la promenade aménagée de Badalona. Enfin, matérialiser l’axe des cheminées permet de les mettre en scène tout en liant les logements du bord de mer de Badalona au hub intermodal. La redéfinition de la matrice urbaine permet de générer de nouveaux itinéraires.

reconfigurer le paysage pour améliorer la lecture urbaine du littoral Les nouveaux principes de connexion reconfigurent la zone d’étude. Elle permet de définir une nouvelle parcelle de projet de 1,3 ha et deux nouveaux paysages de part et d’autre de l’axe des cheminées. La nouvelle parcelle où nous allons implanter notre projet est située dans l’angle faisant face au hub intermodal. Elle forme l’entrée du littoral en longeant la rambla. Ce périmètre d’intervention constitue ainsi un point stratégique. Le premier des deux paysages est la partie frontale au Centre d’Interprétation de l’énergie qui est le programme que nous avons identifié comme le plus pertinent à la reconfiguration des Trois Cheminées. Cet espace, propriété du centre, offre à la ville une étendue végétale, attenante au poste électrique, témoin du passé de la centrale. Le deuxième paysage est l’étendue faisant face à la mer. Une régénération naturelle y a commencé au milieu des traces des anciens bâtiments. Nous décidons d’intervenir le moins possible afin de ne pas perturber ce retour de la nature. La mise en place de passerelles surélevées permet d’arpenter ce tiers paysage tout en limitant le contact.

offrir un espace d’appropriation pour générer de l’urbanité La reconfiguration du paysage a pour objectif d’animer cette partie du littoral de Sant Adria de Besos. En prolongant la rambla, on crée de nouvelles séquences d’usages en implantant des kiosques, des petits équipements sportifs et des jeux pour enfants. En laissant une partie du paysage «naturel», nous créons un contrepoint au gigantesque espace minéral et «artificiel» du Forum sans le concurrencer. On s’inspire également du parc fluvial du Besos et de son embouchure. En fabriquant le paysage avec la gestion différenciée, on intègre d’une manière indirecte la population dans la fabrication de la plage car elle prend conscience du processus évolutif des écosystèmes.

100 m

RAMBLA VOIE FERRÉE LES TR

OIS CH

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LITTORAL

1,3 ha

Dans la continuité de la rambla nous créons un parvis d’accueil qui permet d’intégrer le projet au hub intermodal et au reste de la ville. (1) La rambla côté plage est au contact des équipements sportifs qui les intègre à la nouvelle dynamique urbaine. (2)

Un paysage différent longe la rambla. Il est laissée en régénération lente. L’insertion de passerelles surélevées ne perturbe pas les écosystèmes car elles ne «touchent à rien», ne dérangent rien du terrestre et se lient au sol par des passerelles et pilotis. À terme, ce tiers paysage peut devenir un parc métropolitain dans la continuité du fleuve Besós. (4) Surnommée la plage de «Tchernobyl», cet espace récupère aujourd’hui sa nature originale. (5) Finalement les pontons permettent d’avoir un regard inédit sur les Trois Cheminées (6) et de prolonger la rambla dans la mer symbolisant cette ouverture au littoral. (7)

99 réappropriation citoyenne, raccorder, reconfigurer, offrir, compléter

Le paysage appartenant au Centre d’Interprétation intègre le parking du projet et a comme aménagement le «parc électrique» et un espace végétal de type méditerranéen. (3)

5.3. stratégie programmatique: entre accessibilité quotidienne et portée internationale compléter pour révéler un potentiel insoupçonné Nous avons vu précédemment les «forces en présence» sur le littoral de Sant Adria de Besos qui représentent la base de réflexion de notre programme. Le Campus Diagonal Besos, le Musée des Sciences, le Centre d’Interprétation de l’énergie de la Catalogne, le centre de tri, la station d’épuration et la centrale thermique mêlent culture, infrastructure et enseignement. A première vue, ces «pièces» n’ont rien à voir ensemble. Cependant, nous avons choisi de les voir sous un autre regard, celui du thème de la prise de conscience des ressources matérielles et naturelles.

100

Ces forces en présence nous évoquent une invitation à consommer autrement. Notre programme s’oriente vers un équipement culturel qui mêle à la prise de conscience une prise de responsabilité des usagers. Le tissu d’acteurs projeté comprend premièrement les habitants de Sant Adria de Besos pour qui cet équipement doit servir au quotidien. Ensuite, les touristes, nombreux à Barcelone, sont invités à visiter le lieu. Les étudiants sont une base de diffusion à exploiter. Enfin, les services techniques d’aménagement de la ville sont également sollicités afin de partager leur expérience et de sensibiliser les citoyens et les touristes. L’équipement projeté se veut évolutif car il s’appuie sur les ressources et ses changements. La formation, la transmission, la pédagogie et le partage sont donc en perpétuelle évolution. Ce partage alternatif de la connaissance se concrétise dans un Centre d’éveil aux Ressources Planétaires. Notre programme se concentre sur deux pôles. Un premier pôle d’éco-design valorise les objets à l’aide de l’outil numérique. On focalise ici sur l’énergie et le réemploi comme ressources. Le deuxième est un pôle d’étude de la biodiversité en milieu urbain. Il s’agit d’observer, de comprendre et d’expérimenter de nouveaux phénomènes tels que la revitalisation de l’embouchure du Rio Besos. Le Centre d’éveil aux Ressources Planétaires a pour but de tisser une complémentarité avec les «pièces» existantes. Par sa position stratégique, il devient la tête de proue de l’archipel de macro-équipements et un pivot dans l’articulation des échelles métropolitaine et locale.

500 m

Pôle d’éco-design

COLLECTER VALORISER REDISTRIBUER

Pôle d’étude de la biodiversité en milieu urbain TRANSMETTRE

OBSERVER COMPRENDRE EXPÉRIMENTER

Centre d’Éveil aux Ressources Planétaires

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6 ombre

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transparence vertige rĂŠcit dâ&#x20AC;&#x2122;un projet

skyline, vision fantomatique du projet Mirage ou réalité? La partie projet de ce mémoire commence par cette image. Nous voulons perpétuer l’étrangeté de ce littoral en confrontant une souplesse formelle à la rigidité massive des trois cheminées.

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recherche monolithe

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recherche hybride

recherche souplesse

recherche distribution

107 ombre,transparence, vertige, rĂŠcit dâ&#x20AC;&#x2122;un projet

6.1. Recherche sculpturale Comme vu sur la précédente double page, nous commençons notre recherche à travers un travail en maquette. Un premier temps sert à la recherche sculpturale. Au départ, nous voulons un monolithe rigide pour tenter de dialoguer avec les trois cheminées. Cette attitude se révèle inappropriée au vu de l’échelle des trois géantes. Nous nous tournons alors vers une forme plus légère mais plus adaptée au dialogue. Nous nous focalisons sur trois émergences, qui complètent la skyline perturbée du littoral. Ensuite, nous nous interrogeons sur l’aspect programmatique de cette forme souple. Les trois émergences sont-elles indépendantes? Fonctionnent-elles ensemble? Ces questions nous ont menés sur la piste de la distribution. Sont-elles liées par un socle, une promenade commune? Chaque émergence doit elle avoir sa propre logique de circulation?

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Après ces multiples interrogations, nous nous arrêtons sur une forme. La poursuite de la recherche se prolonge alors sur l’aspect constructif. Les maquettes ci-contre témoignent des tests effectués sur cette forme. Certaines nous dirigent vers un système constructif rigide mais nous voulons garder le choix de la souplesse. La maquette en haut à droite marque la première tentative de structure par câbles.

exploration par tranches

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exploration par strates

ombre,transparence, vertige, rĂŠcit dâ&#x20AC;&#x2122;un projet

exploration filaire

6.2. Réflexion sur le climat, prémices du concept La prise en compte de l’environnement a conforté notre positionnement sur la forme souple du projet. Le climat méditerranéen invite à construire de l’ombre. Nous nous orientons vers une couverture souple pour s’abriter du soleil. Le contexte aride du littoral tel qu’il est aujourd’hui ne propose aucun dispositif d’ombrage. Le projet doit générer de l’espace public couvert. Nous poussons jusqu’au bout l’idée de se protéger et nous proposons d’abriter les hommes et les édifices. Afin de générer et d’habiter la forme évoquée précédemment, nous pensons que les trois émergences permettraient de soutenir par des câbles une enveloppe qui se déploierait sur toutes les façades. Chaque tête doit être significative et doit s’imposer face à cette membrane. L’expression de cette lutte est celle d’un corps bloquée dans une chrysalide. Le projet entretient l’étrangeté du littoral.

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Habiter la forme Source: Dessins personnels

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«Chrysalide» Source: http://www.ludovicflorent.fr/

6.3. Genèse, matérialité, articulations Recherche, réflexion, expression, concrétisation. Cette dernière étape permet d’expliciter la genèse d’une tête, nécessaire à la compréhension de la suite du projet.

Tour de «refroidissement»

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L’acte fondateur de l’édification de la tête est une tour. Ce monolithe en béton s’érige en régulateur de température, l’air circule dans ses doubles murs pour s’échapper par son sommet , comme une cheminée. Les espaces techniques se prolongent dans des «bourgeons» qui perturbent la pureté de la tour. Ce noyau technique, en plus de faire circuler les fluides est également un noyau distributif.

«Greffe» programmatique Des «boîtes» en ossature métallique largement ouvertes viennent se brancher aux «bourgeons» de la tour. Elles abritent les fonctions programmatiques. Des «pattes» complètent la greffe lorsque cela est nécessaire. La transition entre les deux matérialités se fait par un joint lumineux. On passe de la pénombre fraîche du béton à la chaleur éblouissante du métal.

Le système de double mur permettant la ventilation par tirage 1

Greffe des “boîtes” en ossature métallique sur la tour en béton Echelle 1/25

7 8

9 4

Echelle 1/50

Récupération des eaux

Percement

Grille d’aération

Joint lumineux

Chape de finition

Isolant 10 mm

Bac collaborant

IPE 30

Ancrage en traction des poutres

6 7 8

Univers intérieur La tête créée par la rencontre de la tour et des «boîtes» est enveloppée par une maille métallique. Des câbles accrochés au sommet de la tour et des poteaux au sol permettent de la suspendre. Les trois éléments principaux, la tour (1), les greffes (2) et la maille (3) permettent de générer des espaces intermédiaires (4). Les «pattes» des greffes (5) et les poteaux de la maille (6) viennent ponctuer l’espace. 2 2

3 4

114 1

Ombre et transparence La maille est «habillée» de coussin d’ETFE en partie «horizontale». Ce matériau permet de se protéger et de filtrer les rayons du soleil grâce à des valves qui sont contrôlées grâce à la pression de l’air dans les coussins. Les parties «verticales» de la maille sont revêtues d’un filet pour assurer la porosité et la respiration des têtes. L’ombre produite permet une transition immatérielle entre les espaces intermédiaires et le reste de l’espace public.

Accroche tour/câble

Accroche poteau/câble

Echelle 1/25

Echelle 1/50

3 4 5

Ancrage en compression

Pièce de fixation

Etfe membrane translucide; 3 couches

Maille en acier Ø 30 mm

Câble acier Ø 50 mm

Accroche “greffe”/câble Echelle 1/25

6 12 7 6

Filet en acier Ø 15 mm

Agrafe de câble à la structure métallique

Suspente en en acier Ø 30 mm

Pied de suspente

Agrafe de câble au poteau

Poteau tubulaire en acier Ø 150 mm

Biellette de compression Ø 30 mm

Massif béton

Accroche câble/sol Echelle 1/25

La façade horizontale est constituée par une membrane d’ETFE accrochée à une maille en acier, elle même portée par des câbles.

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La façade verticale est constituée par une membrane de filet qui permet de laisser passer l’air.

La lumière ne passe presque plus

117 des

La lumière passe

Nous décidons d’utiliser l’ETFE pour ses caractéristiques translucides qui permettent de modérer les effets de la lumière et de la chaleur. L’ETFE laisse passer environ 90% de la lumière mais absorbe une grande partie de la lumière infra-rouge, ce qui le rend adapté à la couverture de grands espaces. Les coussins d’air utilisent un système de valvule qui s’ouvrent mécaniquement. Ainsi, les coussins en ETFE permettent d’obtenir une structure porteuse plus légère que le verre. Il s’agit d’un matériau relativement résistant aux intempéries, il présente une durabilité de 30 à 50 ans. Sur certaines parties, nous envisageons des coussins d’ETFE avec du film photovoltaïque qui permet d’intégrer une dimension durable au projet.

ombre,transparence, vertige, récit d’un projet

Ouverture valvules

6.4. un programme, trois Bâtiments Le projet se construit sur la base de la personnification de trois bâtiments que l’on traite comme des personnages. Chacun se distingue par sa tour et ses greffes. Les 4355 m² du programme de Centre d’éveil aux Ressources Planétaires se répartissent donc dans ces trois personnages. Le premier s’appelle «Open Lab» et propose différents supports d’échanges. Situé en face du hub intermodal et au contact de la rambla, c’est le personnage qui rencontre la ville. Le deuxième porte le nom de «Design Lab». Il propose un regard nouveau sur le réemploi et sa mise en valeur par l’outil numérique. Faisant face aux Trois Cheminées, ce personnage offre un regard inédit sur les «trois géantes».

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Le troisième personnage répond au nom de «Bio-urban Lab». Implanté face à la mer, et à l’interface du paysage en régénération, il permet d’étudier la biodiversité en milieu urbain tout en soulignant le silence de l’horizon. Le projet obéit à trois matérialités qui impliquent trois niveaux de pérennité. Si la maille qui unifie les trois personnages venait un jour à disparaître, et que leur greffes tombaient, les trois tours continueraient à exister et imiteraient leurs trois voisines dans leur manière de raconter la mémoire d’un lieu.

Open Lab

Design Lab

Bio-urban Lab

Implantation des 3 personnages

Maille

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Tour + greffes

ombre,transparence, vertige, récit d’un projet

Câbles

open lab

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Nom: Open Lab Localisation: Face au hub intermodal Forme de caractère: Sa disposition en éventail permet une articulation des usages Superficie: 1805 m² Hauteur: 35 m

N0 N+1

Accueil, boutique, café 488 m² 121

Ressources documentaires 440 m²

N+1

Plateforme de partage 232 m²

N+3

Auditorium 645 m²

Promenade alternative 964 m²

ombre,transparence, vertige, récit d’un projet

N+1

122

N+1

N+3

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Open Lab se caractérise par son organisation en «couteau suisse». La tour, noyau technique et distributif joue le rôle de pivot. Elle se déforme selon les niveaux pour contenir des espaces techniques. On traverse ces derniers avec une sensation d’épaisseur et de fraîcheur initiée par le béton. La pénombre de la tour laisse place à la luminosité des «boîtes». Des programmes à usages quotidiens sont greffés dans les premiers niveaux. Le café et la documentation abrités par Open Lab sont ainsi situés près de la rambla et du hub pour tisser des liens avec la ville. Les deux programmes sont liés par une plateforme afin d’hybrider les usages et de favoriser les échanges entre les acteurs. L’auditorium surplombe cet espace. Ce programme est destiné à accueillir des événements ponctuels de grande ampleur qui viennent animer le quotidien.

ombre,transparence, vertige, récit d’un projet

La documentation, un espace accessible pour les habitants de Sant Adria de Besos

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125 ombre,transparence, vertige, récit d’un projet

La massivité de la tour contraste avec la «fragilité» de l’auditorium qui donne l’impression de vouloir prendre son indépendance. Des tire-fonds le retiennent et un joint lumineux témoigne du passage de la tour à la «greffe». Les «pattes» de l’auditorium font flotter la plateforme de partage à 5 mètres au dessus du sol. Ventilée par des doubles murs, la tour est percée dans sa masse en son sommet pour offrir un jeu de lumière qui annonce le dernier palier et prépare à la sortie vertigineuse sur un belvédère qui culmine à 22 mètres d’altitude.

open lab, la tĂŞte de proue du projet

126

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design lab

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Nom: Design Lab Localisation: Face aux Trois Cheminées Forme de caractère: Sa verticalité permet de superposer les espaces et prendre de la hauteur jusqu’à un point culminant Superficie: 1800 m² Hauteur: 43 m

Accueil et hall d’exposition 325 m²

Salle de conférence 238 m²

Hall de collecte 324 m²

N+2

Plateau des designers 588 m²

N+4 N+5

Sky Bar 325 m²

Promenade alternative 1205 m²

129 ombre,transparence, vertige, récit d’un projet

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N+2

N+5

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Design Lab se caractérise par sa tour quasiment pure. Les programmes se superposent sur ce prisme. Un premier volume embrasse l’espace et crée un patio autour duquel vont s’articuler salle de conférence, hall d’exposition et halle de collecte. Un escalier hélicoïdal jouant le rôle de colonne vient capter dans le patio les usagers souhaitant rejoindre directement le plateaux des designers. Ce programme s’étend sur un plan libre de 588 m² où les usagers expérimentent les phases de concept, de prototypage et de mise au point des objets passés par la halle de collecte. Les grandes machines numériques sont placées dans des cabines insonorisées pour préserver le confort des utilisateurs. L’esprit de collaboration, de création et de rencontre se propage dans le sky bar, qui se repartit sur deux niveaux. Cet espace de détente permet de profiter d’une vue à 360° sur la ville et la mer. Mais surtout, il propose un angle de vue inédit sur les Trois Cheminées.

ombre,transparence, vertige, récit d’un projet

Mise en scène vertigineuse des Trois Cheminées depuis le sky bar

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Le hall d’exposition peut s’étendre dans le patio. Les programmes supérieurs se déploient sur le toit des «boîtes» inférieures. Ainsi, les espaces de travail se multiplient. Les usagers se retrouvent sous les coussins d’ETFE qui filtrent la lumière. Le filet en façade verticale laisse passer l’air et rend agréable cet espace intermédiaire. Le toit du plateau des designers devient une terrasse généreuse qui favorise la rencontre avec le sky bar. Le toit de ce dernier est le belvédère le plus haut du projet, situé à 25,5 mètres d’altitude.

133 ombre,transparence, vertige, rĂŠcit dâ&#x20AC;&#x2122;un projet

design lab depuis lâ&#x20AC;&#x2122;axe des trois cheminĂŠes

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bio-urban lab

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Nom: Bio-urban Lab Localisation: Face à la mer Forme de caractère: De nature longitudinale, elle imite le silence de l’horizon Superficie: 750 m² Hauteur: 31 m

Accueil et laboratoires pédagogiques 205 m² 137

Salle de conférence 158 m²

Laboratoires d’expérimentation 136 m²

N+2

Laboratoires d’observation 251 m²

Promenade alternative 947 m²

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138

N+1

N+2

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Bio-urban Lab constitue l’interface avec le paysage en régénération. Les laboratoires au sol permettent de déployer des investigations directement sur les écosystèmes à proximité. Ils permettent également d’accueillir le public dans une démarche de sensibilisation et de participation en vue de l’impliquer dans la réhabilitation du littoral. Le laboratoire d’observation est le seul volume suspendu. Les utilisateurs de cet espace horizontal se retrouvent face à la mer pour observer et comprendre la renaissance du paysage environnant.

ombre,transparence, vertige, récit d’un projet

Le laboratoire d’observation suspendu, baigné de lumière, face à la mer

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Comme les deux autres personnages Bio-urban Lab propose une promenade alternative. Ce parcours intermédiaire prend tout son sens ici avec l’intégration de la nature. Les espaces intermédiaires générés sous la maille deviennent des supports d’appropriation en substitution du sol extérieur alors en régénération.

141 ombre,transparence, vertige, rĂŠcit dâ&#x20AC;&#x2122;un projet

bio-urban lab, témoin d’une régénération paysagère

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6.5. Continuum urbain

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Si le bâtiment peut paraître monumental, son emprise au sol laisse un espace public généreux. Le dedans et le dehors se tissent sans se confondre. Le piéton choisit librement l’ordre ou le désordre de la visite. Les trois personnages génèrent une cour centrale qui se recompose avec le traitement du sol. L’axe des Trois Cheminées est marquée par un traitement différent pour rappeler que leur omniprésence. Open Lab, Design Lab et Bio-urban Lab fabriquent des espaces plus intimes par leur morphologie. Ce sont des espaces protégés par les personnages mais qui appartiennent à la ville, ils sont gratuits et fait pour être ensemble.

145 ombre,transparence, vertige, récit d’un projet

Le «coeur» du projet

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Paysage Le paysage aride est structuré par les palmiers, symboles de la reconquête du littoral.

Divertissement Les trois bâtiments offrent à la ville un espace public couvert inédit.

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Sport L’échelle du lieu lui permet de devenir le support d’événements de masse.

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Culture L’auditorium de Open Lab et les salles de conférences de Design Lab et Bio-urban Lab s’ouvrent sur le coeur.

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Le Centre d’éveil aux Ressources Planétaires donne la mesure du Centre d’Interprétation de l’énergie de la Catalogne dans son milieu. Les façades, la matière et la lumière font du projet un carrefour plutôt qu’une barrière.

...vers une étrangeté attractive Le Centre d’éveil aux Ressources Planétaires s’insère dans l’archipel de «pièces» urbaines du littoral barcelonais. Ce projet devient un équipement structurant de cette partie du territoire, tant au niveau programmatique qu’au niveau urbain. Les usages qu’il propose tissent des liens entre une pratique quotidienne de la ville et une attractivité internationale. L’aménagement qu’il génère vient en contre-point de celui du Forum. Le rôle important laissé à la nature fait écho à l’impression d’artificialisation des places et parcs qui participent à la création d’un décor touristique dans Barcelone, aseptisé et sans défaut, ne laissant aucune place à la spontanéité. L’espace public tient une place particulière dans la capitale catalane pour les touristes et les locaux. Le projet met en avant une alternative d’aménagement en conciliant rythmes local et métropolitain, dans une dimension humaine et environnementale.

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En tissant une continuité dans la métropole, le projet interroge le mono-tourisme en impliquant les visiteurs aux côtés des habitants. Dans la «tradition» barcelonaise, le projet se sert de l’intérêt des visiteurs pour les monuments. En théâtralisant l’étrangeté, il sollicite l’imaginaire afin de focaliser les regards sur la consommation des ressources planétaires.

153 ombre,transparence, vertige, rĂŠcit dâ&#x20AC;&#x2122;un projet

Nous souhaitons remercier Fred Guillaud, notre directeur de mémoire pour son enthousiasme dans la conception du projet et pour son accompagnement pendant notre séjour à Barcelone. Stephanie David pour son regard vif dans le suivi du projet. Cécile Léornardi pour son accompagnement dans la structure du mémoire. Nous souhaitons également remercier Gloria Viladrich, architecte responsable de la Mairie de Sant Adriá de Besos et Roger Hoyos, responsable de la plateforme de sauvegarde «Tres Xemeneies»; pour leur collaboration lors de notre séjour à Barcelone.

BIBLIOGRAPHIE Livres : ALSINA, Josep, Sant Adriá de Besós, historia d’un canvi, El punt: Ajuntament de San Adria de Besos, 2004 BAHAMON, Alejandro, The magic of tents: transforming space, New York: Harper Design International, 2004 BERGER, Horst, Light structures Structures of light, Basel: Birkhäuser, 1996 BRION, Jacques, Post-oil city: Wolrd Architecture Workshop, Montpellier: Champ libre, 2008.

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BURKHARD, Berthold, Tents, Stuttgart: Institute for Lightweight Structures, 1976 BUSQUETS GRAU, Joan, The urban evolution of a compact city, Nicolodi, 2005. CLÉMENT, Gilles, Où en est l’herbe?: réflexions sur le Jardin Planétaire, Actes Sud, 2006 MASBOUNGI, Ariella, La ville innovante, Paris, Le Moniteur, 2010. MENDOZA, Eduardo, La ville des prodiges, Editions Points, «Points Grands Romans», 2007, 505 p. NERDINGER, Winfried, Frei Otto: complete works: lightweight construction, natural design, Bâle: Birkhäuser, 2005 TORRE MONMANY, Jesus de la, Barcelone, Paris: Cité de l’architecture et du patrimoine, 2012

Articles de revue : DONAIRE, José Antonio, «Tourisme vs Barcelona. First Round» 4 setembre 2014, URL : http://www.comunicatur.info/es/turismo-vs-barcelona-first-round/ CLÉMENT, Gilles, «À l’école du jardin planétaire», 2014, URL : http://actualitepoitou-charentes.info/gilles-clement-a-lecole-du-jardin-planetaire/

Sites web : Barcelano Regional: http://www.bcnregional.com/en/ Blog de la plateforme de sauvegarde: https://sites.google.com/site/3xemeneies/ 5-5 Design Studio http://www.5-5designstudio.com/fr/projet/2003-sauvez-lesmeubles http://actualite-poitou-charentes.info/gilles-clement-a-lecole-du-jardin-planetaire/

Mémoires: FRUH, Charly, NICOLOSO, Simon, 22! Barcelona, Grenoble: Ecole nationale supérieure d’architecture de Grenoble, 2013 ABITBOL, Julien, Les tres Xemeneies, Strasbourg: Ecole nationale supérieure d’architecture de Strasbourg, 2010

CHIBÁS, Eduardo, «Bye bye Barcelone», 2014, URL : http://http://www. byebyebarcelona.com/#!enlaces/cgdp COPAN, Richard; NEUMAN, Stan, Phaeno: le Batiment paysage, Architecture: Arte France. COPAN, Richard, Le Centre Georges Pompidou, Architecture, Arte France.

Ressources in situ Gloria Viladrich - Architecte responsable de la Mairie de Sant Adriá de Besos. Roger Hoyos - Responsable de la plataforme de sauvegarde «Tres xemeneies».

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